MEMOIRE DE RECHERCHE APPLIQUEE
Présenté et soutenu par
Imad BENLAHMAR
La finance islamique est elle un rempart à la
finance Conventionnelle face à la crise?
2010
Pilote de mémoire: Mr Yves RAKOTONDRATSIMBA
Sommaire
REMERCIEMENT
3
1- INTRODUCTION
4
2- CRISE
FINANCIÈRE
6
2-1- ORIGINE DE LA
CRISE
6
2-2- LES FAILLES DU
SYSTÈME
8
2-3- SORTIE DE LA
CRISE
9
3- LA FINANCE
ISLAMIQUE
13
3-1- LES FONDEMENTS
DE L'ÉCONOMIE ISLAMIQUE
13
3-2- LES SOURCES DE
LA SHARIA
14
3-3- PRINCIPES DE
LA FINANCE ISLAMIQUE
15
3-4- LE RÔLE
DU SHARIA BOARD
19
3-5- PRODUITS
FINANCIERS ISLAMIQUES
20
4- RECHERCHE
27
4-1-
MÉTHODOLOGIE
27
5- ANALYSE DES
DONNÉES
32
5-1- AVANTAGES ET
POTENTIELS DE LA FINANCE ISLAMIQUE
32
5-2- LES LIMITES ET
DÉFIS DE LA FINANCE ISLAMIQUE FACE À LA CRISE
35
APPENDIX
40
BIBLIOGRAPHIE
40
Remerciement
En préambule à ce mémoire, je souhaite
adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont
apporté leur aide et qui ont contribué à
l'élaboration de ce mémoire.
Ce mémoire n'aurait jamais pu voir le jour sans le
soutien actif des membres de ma famille à qui je tiens à les
remercier personnellement
Je tiens à remercier dans un premier temps, toute
l'équipe pédagogique de l'INSEEC Paris et plus
particulièrement les professeurs de la majeure finance pour la
qualité des enseignements formations qu'ils m'ont offert durant mes
études.
Je tiens à remercier tout particulièrement mon
tuteur de stage Mr Yves RAKOTODRATSIMBA pour m'avoir suivi et conseillé
tout au long de la réalisation de ce mémoire.
Je souhaite également remercier les différents
interviewés et plus particulièrement Monsieur Adil MSATFA, pour
le temps qu'ils m'ont consacré tout au long de cette période de
recherche.
1-
Introduction
Le monde est depuis trois années sous l'emprise d'une
crise financière, la pire depuis celle de 1929. Ses effets se sont fait
sentir dans l'économie réelle et la mondialisation a
accéléré sa propagation en effet domino à travers
le monde entier. Cette crise, initialement axée sur des titres
financiers américains obsolètes, n'a pas cessé de
s'étendre. Ainsi, les bourses internationales ont essuyé des
pertes colossales, des piliers de la finance mondiale se sont effondrés
du jour au lendemain. Les pertes réelles ne sont pas encore
cernées par les autorités politiques et monétaires
mondiales. Pour limiter les effets de cette crise, plusieurs pays
développés ont adoptés des politiques
d'austérité, ce qui n'a pas empêché de connaitre une
quasi-faillite de certains états réputés solides du point
de vu économique.
En revanche, cette crise financière a eu le
mérite de mettre en évidence la fragilité du
système capitaliste face aux dérives spéculatifs et face
à la spirale de la dette. Le fort impact qu'a eu la crise
financière sur les économies des pays développés et
émergents a poussé plusieurs économistes et analystes
à se pencher sur les raisons de la crise, ses conséquences, ainsi
que les moyens qui doivent être mis en place afin d'éviter que
cela se reproduise.
A ce titre, la commission d'experts de l'ONU, réunie
à New York sous la présidence de Joseph Stiglitz, met en exergue
la nécessité vitale de réformer les principes qui
gouvernent les systèmes monétaires et financiers pour
éviter de nouvelles crises. Parmi les lignes directrices de cette
commission, une nouvelle porte a été ouverte pour s'inspirer des
principes propres à la finance islamique. Ainsi, grâce à sa
remarquable ascension ces dernières années, le système
financier Islamique a particulièrement intéressé
l'ensemble des analystes économiques dans le monde. En effet, la finance
islamique est estimée, à l'horizon 2010, à près de
1000 milliards de dollars d'actifs, et sa croissance dans les cinq prochaines
années est annoncée comme deux fois plus rapide que celle de la
finance conventionnelle, autour de 15 % par an (financialislam.com, 2010).
Il s'agit d'un système de finance éthique, qui
se base sur des valeurs morales tirées du Coran et plus globalement de
la Sharia, la loi islamique. On compte parmi ses principaux fondements
l'interdiction de la pratique de l'intérêt, l'interdiction des
pratiques spéculatives, le principe de partage des profits et des
pertes, l'obligation de l'asset-backing ou encore l'interdiction d'investir
dans des sociétés dont les activités sont jugées
illicites dans l'Islam.
C'est dans le cadre de ce mémoire que nous allons
aborder la problématique de la crise financière, ses origines et
ses issues. Nous allons ensuite étudier les fondements de la finance
islamique. Le rapport tentera d'analyser les caractéristiques de ce
système et évaluer les possibilités de transposer quelques
uns de ses atouts positifs dans le système conventionnel pour lui donner
plus de crédibilité et de solidité face à
d'éventuelles crises dans le futur.
Ainsi, nous avons choisi pour sujet principal de ce
mémoire :
La dernière crise financière a
impacté le système bancaire de tous les pays
développés et émergents. Ses effets ont été
relativement limités dans quelques pays qui se basent principalement sur
un système financier islamique.
La Finance Islamique est elle un rempart à la
finance conventionnelle face à la crise?
L'intérêt de ce mémoire est de se demander
quelles contributions peuvent apporter la finance islamique au système
financier international. Ce rapport commencera par définir les aspects
de la crise financière à travers un rappel de
l'enchaînement des événements liés,
déclencheurs de cette crise. Il nous relatera une vue globale des
différentes faits d'actualités et analyses menées pour
comprendre l'origine de la crise et les issues possibles. Ensuite nous
aborderons le sujet de la finance islamique en décrivant ses principes
et les aspects qui ont contribué à son succès. Puis, nous
exposerons la méthodologie de notre recherche et le processus
d'échantillonnage relatifs aux interviews pour enfin élaborer les
résultats qui ont découlés de cette recherche sous forme
d'avantages et de limites de la finance islamique par rapport à la
finance conventionnelle, en particulier en période de crise. Pour
conclure ce rapport, nous présenteront une synthèse de cette
recherche avec les éventuels aspects à approfondir.
2- Crise financière
2-1- Origine de la crise
Les prémices de la crise financière actuelle ont
vu le jour au cours de l'été 2007. Un ralentissement de
l'activité économique conjugué à une hausse des
taux d'intérêt a contribué à l'augmentation du taux
d'endettement de ménages américains. En effet, l'injection
massive de crédits à des ménages à faible revenus,
qui a permis de booster les achats de biens immobiliers, a conduit à un
phénomène de bulle inflationniste (The subprime Crisis and House
Price Appreciation, Goetzmann, Peng, Yen, Mai 2009). Mais lorsque les
familles modestes se sont retrouvées dans l'incapacité de
rembourser leurs crédits, les banques n'étaient plus capables de
récupérer les fonds prêtés dans les tranches
« subprime », ce qui a causé de forts dommages aux
établissements financiers américains.
Pour amortir ces effets des crédits supbrimes, les
banques ont procédé à des opérations de titrisation
afin de rendre leurs prêts bancaires illiquides, par nature, en titres
négociables sur des marchés financiers. Ces titres qui
présentaient des rémunérations fortement prometteuses ont
séduits de nombreux fonds spéculatifs à travers le monde.
Ainsi une des causes qui a contribué à la propagation de la
crise, fut la découverte par les investisseurs de montages financiers
extrêmement risqués, ou plutôt de montages dont le risque
était impossible à évaluer (Philippe Jurgensen, La crise
morale qui a entrainé la crise financière ; 22/10/2008). Les
révélations des valeurs détériorées des
produits titrisés ont provoqué une contagion de cette crise
jusqu'en Europe et en Asie.
Toutefois, l'évènement majeur de cette crise qui
la fait basculer en crise systémique a été la faillite de
la banque d'investissement Lehman Brothers, en septembre 2008. Cette faillite a
accentué la crise de confiance entre les établissements. Les
banques refusaient par précaution de prêter de l'argent à
leurs clients ou même entre elles. Rapidement, certains
établissements bancaires ont manqué de liquidité et n'ont
plus été capables d'honorer leurs engagements financiers. Ces
banques n'ont plus eu de solutions pour réagir à ce manque de
liquidité que de vendre leurs actions et obligations en masse.
Ceci a eu un impact plus grave sur les bourses mondiales et
les valeurs boursières des banques qui ont connu des chutes brutales
entrainant avec eux les chutes des actions des entreprises dans les autres
industries. Ainsi, en une semaine, du 9 au 16 août 2007, les principaux
indices boursiers mondiaux ont connu des corrections brutales à la
baisse: « En Allemagne, Dax: - 4,42 % ; Aux Etats-Unis, Dow Jones: -
5,95 % ; Nasdaq: - 6,16 %; Au Royaume-Uni, FTSE 100: - 8,37 % ;Au Japon,
Nikkei: - 10,3 % ; Et en France, CAC 40: - 8,42 %» (Journal du net,
Crise économique et financière : causes et situation,
2010). C'est ainsi que la crise initialement bancaire s'est transformée
en crise également boursière.
Le schéma suivant décrit l'enchainement des
effets liés à cette crise, et résume le lien entre le
système d'octroi du crédit, la crise de liquidité et les
faillites qui s'en sont suivies.
Frédéric Combelle, SES Toulousen,
http://automne-ses.ac-toulouse.fr
2-2- Les failles du système
Le système bancaire Américain a
été largement critiqué à la suite de la crise
financière mondiale, les analystes lui reprochent un libéralisme
laxiste et dénoncent l'opacité des transactions effectuées
par les plus grandes institutions financières Américaines. Mais
les critiques ne se sont pas limitées au système bancaire, elles
ont même été généralisées à
tout le système capitaliste qui a été qualifié par
plusieurs experts d'immoral. Ainsi, selon Jacques Tripon, responsable de la BFI
de BNP Paribas dans la région du Golfe, le subprime a mis en
évidence une absence de moralité et a démontré la
nécessité de renforcer plus d'aspects moraux et éthiques.
Mais le philosophe Français André Comte-Sponville trouve que
« le capitalisme ne peut être moral, ni contre la morale. Il
est tout simplement amoral ». En effet, l'économie de
marché est, par principe, favorable au développement, à la
concurrence et à la dérégulation.
D'autant plus que le système bancaire est soumis
à des règles prudentielles strictes qui sont censés
limiter la croissance de son bilan donc de ses activités, en
particulier, celle de monteur et distributeur de crédits. Mais ces
règles ont prouvé leurs inefficacités depuis quelques
années. Ainsi, bien avant la crise actuelle, le géant Enron
avait réussit à détourner le système de supervision
de la FED (Salim Lamrani, « Enron et Libéralisme »,
2009).
Les mêmes manques de transparence ont contribué
à la propagation rapide des effets de la crise actuelle. En effet, afin
d'accroître la capacité de crédit du système
bancaire, les organismes financiers ont eu largement recours à la
titrisation. L'utilisation massive de cette technique fait justement partie des
erreurs ayant été à l'origine de la crise selon le
prix Nobel J
oseph
Stiglitz qui a présidé la commission d'experts de l'ONU
relative à la crise hypothécaire. D'ailleurs, au travers des
multiples produits créés via cette technique, les banques
d'investissement, principalement américaines, ont pu développer
dans les années 2000 un véritable modèle de distribution
de crédits destinés directement à être revendus et
titrisés, tout ceci transitant via des véhicules non
régulés. La traçabilité de ces crédits
devenait difficile et le risque global très complexe à
évaluer. De plus, selon un rapport intitulé `La crise bancaire et
la régulation financière de Monique Bourven & M. Yves Zehr,
(2009), la crise résulterait d'un ensemble de comportements
délibérés de la part des acteurs. Le rapport
dénonce les excès d'une des activités financières,
en particulier le transfert du risque du prêteur à des
contreparties diversifiées.
En somme, c'est la conjugaison du recours massif à la
titrisation et la multitude des produits dérivés
créés à ce propos partout dans le monde, qui ont conduit
à une situation explosive, résultant du gonflement excessif des
engagements hors bilan sur un nombre limité de contreparties.
Plus largement, la commission
Stiglitz
souligne les responsabilités des différents protagonistes
responsables de la crise. En plus des emprunteurs et des institutions
financières qui ont négligé tous les signaux d'alerte, la
commission pointe du doigt également les agences de notation. Ces
dernières ont joué un rôle important de
quasi-régulation financière puisqu'elles ont pour fonction
d'évaluer les risques associés aux produits financiers, y compris
les plus complexes.
2-3- Sortie de la crise
Dés l'éclatement de la crise, plusieurs
économistes avaient prédit que la sortie ne serait pas si facile.
Ainsi, le thème de la sortie de crise à été
très discuté, et les avis des analystes ont varié selon d'
un côté ou de l'autre de l'atlantique. Les actions ont
également été différentes selon la période
de propagation de la crise. A cet effet, plusieurs économistes ont
très tôt appelé les organismes Américains à
adopter une régulation à l'européenne comme a notamment
préconisé Georges Hübner, professeur à HEC. Il
souligne dans son rapport « Quel capitalisme pour
demain ? L'innovation et la finance » que les initiatives visant
à exercer un meilleur contrôle sur le secteur financier doivent
avant tout résulter dans des mesures adéquates et que les actions
des différents autorités bancaires doivent être
coordonnées.
C'est justement en pompiers monétaires, que les banques
centrales américaine (FED) et européenne (BCE) ont
décidé à plusieurs reprises d'injecter des
liquidités dans le circuit monétaire afin de permettre aux
banques impactées de se renflouer, et ainsi envoyer le signal de
confiance aux opérateurs qu'elles sont prêtes à agir avant
que les risques ne se matérialisent. Mais malgré les
interventions coordonnées des différentes banques centrales,
plusieurs économistes ont prévenu que la solution ne sera pas
sans conséquence pour l'économie mondiale. Pour
l'économiste Français 2, le modèle capitaliste actuel est
autogéré et la crise actuelle fait seulement partie d'un cycle
périodique qui se résoudra par lui-même sans intervention
de l'état. D'ailleurs le fait que la monnaie injectée par les
banques centrales n'existe pas concrètement, favorise l'augmentation des
prix, l'inflation. De plus selon l'économiste canadien Bernard Elie, le
risque encouru, sur le moyen terme, était un resserrement de la
politique du crédit.
Le professeur d'économie à l'Université
de Paris Dauphine IX, Pascal Salin, a été du même avis et
dans son livre « Revenir au capitalisme pour éviter les
crises » (Mars 2010), il affirme que l'intervention des
autorités monétaires n'a fait qu'amplifier la crise. Selon lui,
cela ne se serait pas produit si les taux d'intérêts avaient
été librement fixés sur les marchés financiers sans
intervention arbitraire des autorités monétaires. Selon lui, la
réglementation empêche la régulation, et la
déréglementation est le meilleur moyen de rendre possible
l'autorégulation. A partir du moment où l'Etat intervient, on est
dans le domaine de l'immoralité, parce qu'on est dans le domaine de la
contrainte qui permet de porter atteinte aux droits légitimes d'autrui.
De ce fait, l'aspect moral et éthique a commencé
à prendre place dans les différents débats. Plusieurs
économistes ont affirmé que l'interventionnisme étatique
est immoral puisqu'en sauvant les établissements les plus mal
gérés de la faillite, on enracine l'idée que
l'irresponsabilité n'est pas grave et que l'Etat et les contribuables
seront là pour éviter la sanction de la faillite aux banques
privées mal gérées.
C'est pour cela que Georges Hübner préconise dans
son rapport de viser, en premier lieu, à ce que les produits et services
fournis fassent l'objet d'une meilleure compréhension par les parties
concernées. Il juge qu'une meilleure compréhension irait de paire
avec une responsabilisation accrue. Hübner précise également
que des techniques telles que la titrisation doivent être
analysées. Le compromis entre la contribution qu'elles apportent aux
objectifs de transformation d'échéance et d'allocation efficace
des risques entre les acteurs, et les dangers qu'elles occasionnent en cas de
manque de maîtrise des risques qu'elles induisent. Dans le même
sens, Bernard Elie affirme dans son livre « L'origine de la
crise » (Février 2009), que s'il n'est pas possible de
moraliser les banques de force, au moins les autorités politiques et
prudentielles peuvent jouer de tout leur poids pour recentrer leurs
activités sur le thème de l'intermédiation
financière et de la facilitation des investissements de
développement sur le long terme. Les gouvernements peuvent
également devenir des actionnaires de référence dans de
nombreuses institutions. A ce titre il leur est demandé de jouer un
rôle activiste afin de permettre, sans déroger à leur
responsabilité fiduciaire vis-à-vis des autres actionnaires, aux
banques de fournir des impulsions particulières dans des projets
orientés sur le long terme. De même, Joseph Stigliz retient qu'une
des grandes leçons de la crise financière est que l'Etat a un
rôle crucial à jouer dans le développement
économique, à la fois dans la prévention des crises
et dans la mise en oeuvre de mesures idoines permettant d'éviter de les
amplifier et de les transformer en dépression.
Et c'est toujours dans le sens de la moralisation du
système bancaire que des observateurs ont noté la
résilience particulièrement forte qu'ont démontré
quelques systèmes, dits « éthiques »,
à la crise financière. Ce fut particulièrement le cas de
la finance islamique. En effet, grâce à une véritable
traçabilité de ses transactions et du fait de son appartenance au
compartiment des finances prônant des valeurs morales et
éthiques. Elle a su jongler entre risque de spéculation et
risque systémique en jouant la carte de la sécurité.
D'ailleurs, Jamie Bowden, ambassadeur britannique de Bahreïn, trouve que
la finance islamique présente une alternative intéressante pour
les entreprises et que les britanniques doivent continuer d'intégrer
cette finance afin de devenir un partenaire de choix pour les investisseurs.
Selon lui, la finance islamique est un outil d'avenir. Cette même
idée a été reprise dans plusieurs ouvrages
économiques récents dont le livre intitulé «La
finance islamique, une solution à la crise »
coécrit par Olivier Pastré et Elies Jouiny, où ils
affirment que la Finance islamique pourrait être un système qui
éviterait une nouvelle crise des subprimes.
Du coup, la finance islamique commence à s'imposer
comme une alternative crédible au système actuel et qui
permettrait de présenter une protection contre les
dérives constatées avant et pendant la crise grâce
à ses valeurs morales et son sens de l'éthique. Ainsi, le
journaliste économiste Beaufils Vincent, directeur de la
rédaction du magazine Challenges, affirme qu' « ... au moment
où nous traversons une crise financière qui balaie tous les
indices de croissance sur son passage, c'est plutôt le Coran qu'il faut
relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides de
rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu
la Sharia, nous n'en serions pas là. ». Ainsi, selon ce
journaliste le principe Islamique qui stipule que l'argent ne doit pas produire
de l'argent, pourrait se traduire par le fait que tout crédit doit avoir
en face un actif bien identifié, et les produits toxiques qui
contribuaient largement à cette crise tels que les ABS et CDO seraient
interdits dans un système Islamique à partir du moment où
leur complexité dépasserait les systèmes de contrôle
mis en place.
3- La finance islamique
3-1- Les Fondements de l'économie Islamique
L'économie islamique désigne la pratique de
l'économie en accord avec les principes de la doctrine islamique. Elle a
été conçue au début du vingtième
siècle pour faire face aux idéologies communistes et
capitalistes, et avait pour but de libérer les économies des pays
musulmans du poids de l'exploitation et de l'oppression des forces coloniales
(financialislam.com, 2010).
Comme toute théorie économique,
l'économie Islamique aspire à atteindre un idéal de
société où les besoins humains fondamentaux sont
satisfaits, où les ressources sont utilisées de manière
optimale et où les richesses sont partagées équitablement
pour toucher toutes les classes sociales, et ceci sans trop limiter la
liberté individuelle ou créer des déséquilibres
macroéconomiques et écologiques continus.
Toutefois, les principes qui régissent le
fonctionnement d'un système économique islamique sont
différents de l'esprit des systèmes conventionnels. En effet, le
système Islamique se distingue principalement par ses dimensions morale
et religieuse dans la définition des problèmes
économiques, ce qui implique que les agents économiques ne
doivent pas considérer la profitabilité comme l'unique ni le
principal critère de prise de décision.
En conséquence, un système financier islamique,
tout en intégrant des objectifs de rentabilité et
d'efficacité, se doit de respecter l'ensemble des principes
éthiques de la Sharia. Ainsi d'autre paramètres sont à
prendre en compte lors de toute évaluation économique, ceux-ci
comprennent des objectifs tels que la fraternité humaine, la justice
socio-économique, la paix mentale, le bonheur, la famille, ou encore
l'harmonie sociale.
Bien que ce paradigme Islamique soit pratiquement impossible
à quantifier, l'application de la loi Islamique aux activités
économiques vise à apposer les règles de la Sharia sur les
opérations courantes relatives aux dépenses, à
l'épargne, à l'investissement, aux dons, etc. La structure
générale de ce système peut s'exposer en trois principaux
piliers qui sont, selon Muhammad Umar Chapra (1996) de la Banque Islamique de
développement:
1- Le principe de la double propriété.
2- Le principe de la liberté économique dans un
cadre limité.
3- Le principe de la justice sociale.
3-2- Les sources de la Sharia
Le terme « Sharia », qui
littéralement signifie en arabe « Le chemin à
suivre », désigne un système légal basé
sur l'éthique musulmane. Ce système fait figure de
référence juridique et indique la ligne de conduite dans tous les
domaines de la vie des musulmans, y compris le domaine économique. Les
deux principales sources de la Sharia sont :
· Le Coran : Le livre saint de
l'Islam rend compte du message de Dieu tel que révélé au
Prophète Mohammed (SAWS), il constitue la première source en
termes de loi. Tout élément tiré d'autres sources
juridiques doit impérativement être en totale conformité
avec la parole de Dieu dans le Coran.
· La Sounna : Ce terme englobe
l'ensemble des enseignements transmis par le Prophète Mohammed (SAWS)
via ses paroles, ses expressions, ses actes, et son approbation tacite.
Ces deux sources constituent les bases essentielles permettant
de déterminer la conformité de toute action avec les
règles et la finalité de la Sharia. Toutefois, la Sharia reste
ouverte aux possibles interprétions et développements. Ainsi nous
pouvons rajouter deux autres sources de la Sharia :
· L'Ijmaa : Dans sa dimension technique,
Ijmaa signifie le consensus des juristes musulmans sur un point de droit. En
pratique, l'Ijmaa fait office de preuve si aucun élément du Coran
ou de la Sounna ne permet de trancher sur un cas.
· Le Qiyass (raisonnement par analogie)
: cette technique consiste à affecter, sur la base
d'une caractéristique sous-jacente commune, la règle juridique
d'un cas existant trouvée dans les textes du Coran, de la Sounna et/ou
de l'Ijmaa à un nouveau cas dont la règle juridique n'a pas pu
être clairement identifiée. Ceci tout en restant fidèle
à l'esprit des sources traditionnelles du droit musulman.
3-3- Principes de la finance islamique
Ce qui distingue l'approche islamique des pratiques
financières conventionnelles est une conception différente de la
valeur du capital et du travail. Au lieu d'une simple relation
prêteur-emprunteur, le système financier islamique repose sur un
partage plus équitable du risque entre le prêteur et le
propriétaire d'entreprise (Haque Zia Ul, 1980). Cette pratique
découle de cinq piliers principaux sur lesquels se base le modèle
financier islamique: il s'agit de l'interdiction du Riba (usure),
l'interdiction du Gharar (spéculation) et du Maysir (incertitude),
l'exigence d'investissement dans les secteurs licites, l'obligation de partage
des profits et des pertes et enfin le principe d'adossement des investissements
à des actifs tangibles de l'économie réelle.
3-3-1. Interdiction de la Riba
Le terme « Riba » désigne, dans le
droit musulman, tout avantage ou surplus perçu par l'un des contractants
sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue de la
Sharia. Le Riba a deux formes principales:
· Riba-Al-fadl : Il s'agit de tout surplus
concret perçu lors d'un échange direct entre deux choses de
même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
· Riba-Annassia : Le surplus perçu lors
de l'acquittement d'un dû, dont le paiement a été
posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement
différé. Riba-Annassia est le type le plus répandu
dans la société, notamment à travers les crédits,
des prêts et des placements proposés par les établissements
bancaires et les organismes de financement traditionnels.
Ce qui différencie le Riba de la vente d'un bien ou
d'un service, est que la contrepartie perçue n'est
considérée comme acceptable dans le droit musulman, que si elle
vise à compenser quelque chose de légitime, comme :
· la perte de valeur liée à l'usage
d'un bien (dans le cas de la location d'un bien),
· l'effort fourni pour la réalisation d'un
objet (dans le cas de la vente d'un bien produit par le vendeur),
· ou le travail accompli pour l'obtention d'un bien
matériel et le risque engagé dans sa prise en charge (dans le cas
de la vente d'une marchandise achetée à autrui).
Selon l'orientaliste français Jacques Austruy («
l'islam face au développement économique», collection
économie et humanisme, les éditions ouvrières. Paris 2006,
p.52.), la prohibition du Riba dans toutes ses formes semble être l'une
des conséquences de l'égalitarisme recherché dans la loi
musulmane. D'après lui, cette interdiction est fondée sur la
double affirmation que le temps appartient à Dieu seul et que l'argent,
en lui même, n'est pas productif. Ainsi, la Sharia interdit le retrait
par le prêteur d'un quelconque avantage de son prêt, sauf si cet
avantage est librement accordé par l'emprunteur après
remboursement du prêt et sans en constituer une condition tacite ou
explicite.
3-3-2. Interdiction du Gharar et du
Maysir
La Sharia exige également, dans les affaires et le
commerce, qu'il n'est pas permis de conclure de transaction qui renferme du
Gharar. Le Gharar peut être définit comme étant tout flou
non négligeable au niveau d'un des biens échangés et/ou
qui présente en soi un caractère hasardeux et incertain.
("Comprendre la finance islamique", Publication de la Cellule de Fiqh du Centre
Islamique de la Réunion, Avril 2008 - Édition spéciale).
C'est le cas notamment :
· lorsque la vente porte sur une marchandise qui
n'est pas déterminée de façon précise.
· lorsque la transaction est conclue sans que le prix
de la marchandise ne soit fixé de façon claire.
· lorsque la transaction porte sur une marchandise
déterminée que le vendeur ne possède pas encore.
· lorsque le transfert de propriété est
conditionné à un évènement hasardeux.
Ceci correspond en finance conventionnelle aux produits ou
transactions à terme caractérisés par une incertitude
évidente quant à leur réalisation, tels que les Futures,
les Swaps ou les autres produits financiers plus complexes comme les Subprimes.
De la même manière, le Sharia interdit les
transactions basées sur le Maysir. Etymologiquement, le Maysir
était un jeu de hasard, dans le domaine économique, il
désigne toute forme de contrat dans lequel le droit des parties
contractantes dépend d'un événement aléatoire.
Ainsi, chaque contrat doit avoir tous les termes fondamentaux (tels que
l'objet, le prix, les délais d'exécution et l'identité des
parties) clairement définis au jour de sa conclusion. Les juristes
musulmans encouragent par ailleurs fortement la satisfaction de toutes les
conditions préalables avant la signature du contrat. Ceci
différencie clairement les banques Islamiques des institutions de
prêt à intérêt, basées sur le principe que
l'on peut acheter sans payer et vendre sans détenir, ce qui alimente
constamment la spéculation et porte préjudice à la
stabilité du système bancaire.
Le risque calculé d'un investissement est
autorisé par la Sharia, en revanche l'interdiction des contrats à
terme impliquant le Gharar et le Maysir vient du fait que le risque de fausse
anticipation d'évolution des marchés pourrait remettre en cause
la réalisation de transactions basées sur l'incertitude, la
spéculation, ou même la détention délictuelle d'une
information privilégiée et préalable. Les juristes
musulmans justifient également la prohibition de ces transactions par la
nécessité d'orienter les fonds disponibles au financement de
l'économie réelle, au lieu de les laisser alimenter les bulles
financières vides de toute productivité et de richesse utile.
(Zerouali, 2009)
3-3-3. Interdiction des investissements
illicites
La Sharia exige également que tout musulman ne peut
traiter des biens jugés illicites ou Haram. En effet, il existe des
exigences quant à la nature de l'activité dans laquelle un
investissement demeure conforme aux impératifs moraux et religieux tels
que dictés par l'Islam. Ainsi, les
jeux de hasard, les
activités en relation avec l'
alcool, avec
l'élevage
porcin ou encore avec l'
armement,
avec l'
industrie
cinématographique suscitant ou suggérant la
débauche et les
activités liées à la pornographie en particulier
constituent des secteurs d'investissement prohibés dans l'Islam. On
retrouve ce principe d'exclusion dans la finance éthique en faveur du
développement durable et dans l'investissement socialement
responsable.
Du point de vue financier, les sous-jacents de tout type de
contrats doivent également être conformes à la Sharia.
Typiquement, dans le cadre d'une prise de participation sous la forme
d'actions, un certain nombre de secteurs dont les activités sont
considérées comme illicites sont à exclure de l'univers
d'investissement.
3-3-4. Principe du Partage de Profits et
de Pertes
La finance islamique est souvent qualifiée de «
participative », à partir du fonctionnement des contrats de
participation. Elle a mis en place un système basé sur le Partage
des Pertes et des Profits (appelé communément le principe des
« 3P »). Ce système permet d'associer le capital financier au
capital humain, et exige que la participation doit être fixée dans
une proportion et non par un bénéfice à la signature du
contrat.
Plus concrètement, un investisseur doit confier ses
fonds à un entrepreneur avec qui il partagera les
bénéfices en fonction de la performance de l'actif sous-jacent,
il devra également partager toute perte éventuelle avec cet
entrepreneur si celle-ci n'est pas due à une négligence ou une
faute grave de ce dernier. Ainsi le client d'une banque Islamique a
pratiquement un statut d'actionnaire dans les investissements liés
à ses contrats et son revenu prend la forme de dividende. C'est dans ce
sens que la finance islamique est considérée comme étant
liée au capital-risque et au private equity.
3-3-5. L' « Asset Backing »
Toute transaction financière doit être
sous-entendue par un actif pour être valide selon la Sharia. La
tangibilité de l'actif signifie que toute opération doit
être obligatoirement adossée à un actif tangible,
réel, matériel et surtout Détenu.
Ce principe de l'« Asset Backing » permet de
renforcer le potentiel en termes de stabilité et de maîtrise des
risques et rassure notamment quant aux problématiques de
déconnexion de la sphère financière à la
sphère réelle.
Le principe de la tangibilité des actifs est
également une manière pour la finance islamique de participer au
développement de l'économie réelle par la création
d'activité économique dans les autres domaines.
3-4- Le rôle du Sharia Board
La plupart des institutions financières islamiques et
des banques conventionnelles offrant des produits Islamiques disposent d'un
comité de conformité, appelé communément
« Sharia Board », qui établit de façon
indépendante les conditions de validité des transactions au
regard des règles et principes de la Sharia.
Ce comité est un organe collégial composé
en général de 4 à 7 oulémas (savants de la Sharia),
qui ont tous une compétence avancée en matière bancaire et
financière. Selon l'institution financière, les membres des
comités peuvent ne pas être permanents, et se réunir
périodiquement, afin d'examiner la conformité des produits et des
processus. Il est fréquent que des oulémas siègent aux
Sharia Boards de multiples institutions, et certains juristes de
renommée internationale font partie de plus d'une quinzaine de
comités.
Les oulémas du comité sont chargés
d'approuver les différentes opérations ou produits offerts par la
banque islamique. Ils examinent également en détail la structure
et la documentation juridique des transactions, ainsi que les
caractéristiques des produits qui leur sont soumis.
Le Sharia Board est un élément clé de la
structure d'une institution financière islamique. Par leur pouvoir, les
oulémas peuvent avoir une influence forte sur le développement
ces institutions qu'ils conseillent. Leur indépendance par rapport aux
dirigeants de la banque et leur autorité leur permettent de rejeter
toute transaction jugée contraire à la Sharia. En outre, le
comité peut être appelé à porter un jugement sur les
cas individuels qui lui sont soumis, visant à déterminer si des
demandes spécifiques des clients d'affaires sont acceptables à
l'institution.
Bien que l'ensemble des oulémas s'accordent sur les
grands principes fondamentaux de la finance islamique, quelques opinions et
interprétations avancées peuvent différer entre
différents Sharia Boards. Cela empêche l'harmonisation des
produits ou des procédures financières islamiques. En effet,
selon l'institution financière, certains requièrent une
adhésion stricte aux principes religieux, d'autres sont plus ouverts aux
exigences du marché. La nomination des oulémas dans les
comités religieux pourrait se révéler un des plus grands
défis à relever par la finance islamique.
C'est pour cette raison que dans des pays comme la Malaisie,
la Banque Centrale a créé un Sharia Board central qui statue sur
la conformité des produits financiers. En parallèle, chaque
institution peut avoir son propre Sharia Board, mais elle doit, en premier
lieu, se conformer aux normes édictées par ce Sharia Board
central. Aux pays du Golfe, la cohérence est assurée par le fait
que la plupart des Oulémas siègent dans plusieurs Sharia Boards
à la fois, et émettent par conséquent des fatwas conformes
à travers les différentes institutions financières.
3-5- Produits financiers Islamiques
Dans le paragraphe précédent, nous avons vu les
bases sur lesquels repose la finance islamique. Nous allons voir dans cette
partie les différents mécanismes juridico-financiers que les
banques islamiques et les filiales islamiques des banques conventionnelles ont
développé pour rester dans la légalité islamique.
En effet, la mobilisation et l'emploi des capitaux dans la finance islamique
reposent sur des concepts juridiques différents de ceux des banques
traditionnelles (Muhsin Muhammad, 1981). Au cours de son
développement, la finance islamique a créé plusieurs
instruments afin de satisfaire les besoins de leurs clients. Certains de ces
instruments sont des constructions arabes préislamiques
développées à l'origine pour les besoins des
villes-états marchandes déjà citées.
Compte tenu du nombre de contrats existants aujourd'hui, nous
avons décidé d'évoquer les contrats les plus
utilisés et les plus connus dans le secteur de la finance islamique.
Ceux-ci ont joué un rôle prépondérant dans
l'évolution croissante de la finance islamique.
Pour cela, nous devons dissocier les instruments dits
« participatifs » qui comportent la Murabaha, la Mudaraba
et la Musharaka et les instruments dits « de financement »
qui regroupent les contrats tels que l'Ijara et l'Istisna. Ce graphique nous
permet d'avoir un aperçu de la tendance des contrats utilisés
dans ce secteur.
Répartitions des actifs islamiques selon le type
de produit, Rapport moral sur l'argent dans le monde (2005),
Association d'Economie Financière.
3-5-1. Mudaraba
La Mudaraba est une technique de financement utilisée
par les banques islamiques. La banque joue le rôle de l'investisseur
(Rab el Mal). Elle s'engage à financer intégralement le projet.
En contrepartie, l'entrepreneur (Moudarib) doit assurer la gestion du projet.
La rémunération est fondée sur un pourcentage de
bénéfices de l'entrepreneur fixé à l'avance. Les
pertes éventuelles doivent être supportées par le seul
bailleur de capitaux. Le chef d'entreprise renonce à une
rémunération variable de son travail. Aujourd'hui, la Mudaraba
peut s'appliquer à diverses activités économiques.
Principe de Mudaraba, Herbert Smith (2009), le guide de la
finance islamique .
3-5-2.
Musharaka
La Musharaka est un contrat entre la banque et le client en
vertu duquel la banque et le client apportent chacun des capitaux en vue d'un
projet spécifique. Les partenaires apportent les fonds, mais seul un
d'eux, dispose de la charge de la gestion du projet.
Les conditions de partage des profits sont
prédéfinies. La répartition des bénéfices
réalisés est au prorata. Le remboursement obéit à
un tableau d'amortissement qui comprend, outre le capital principal, les
bénéfices tirés par la banque pour cette opération.
Les pertes sont partagées en fonction de l'apport en capital investi.
Principe de Musharaka, Herbert Smith (2009), le guide de la
finance islamique
3-5-3. Murabaha
La Murabaha est contrat de vente, entre un vendeur et un
acheteur, par lequel ce dernier achète les biens requis par un acheteur
et les lui revend à un prix majoré. Les bénéfices
(marge bénéficiaire) et la période de remboursement
(versements échelonnés en général) sont
précisés dans un contrat initial. Cela permet à un client
d'acquérir un bien sans contracter un emprunt avec
intérêt. Les conditions de vente telles que la marge
bénéficiaire pour le vendeur ou les détails de
remboursement des échéances sont prédéfinies entre
les différentes parties.
Principe de Murabaha Herbert Smith (2009), le guide de la
finance islamique
3-5-4. Ijara
L'Ijara est un mode de financement à moyen terme par
lequel la banque achète des machines et des équipements puis en
transfère l'usufruit au bénéficiaire pour une
période durant laquelle elle conserve le titre de
propriété de ces biens. L'Ijara est l'équivalent
du contrat crédit-bail. Toutefois, il y a quelques
différences qu'il convient de souligner. Ce qui le diffère du
crédit bail, c'est l'absence de pénalité en cas de non
paiement mensuel ou en cas de retard car les pénalités qui
surviendraient pour ces motifs seraient considérées comme des
intérêts, or la finance islamique réfute ce
procédé. Les conditions de contrat sont
prédéfinies, en cas de modification d'une des conditions,
même avec l'accord des deux parties, un nouveau contrat doit être
réalisé avec les nouvelles conditions.
Principe d'Ijara, Herbert Smith Herbert Smith (2009), le
guide de la finance islamique
3-5-5. Istisna
L'Istisna est un moyen de financement progressif. C'est un
contrat de fabrication (ou de construction) au terme duquel le participant
(vendeur) accepte de fournir à l'acheteur, dans un certain délai
et à un prix convenu, des biens spécifiés après
leur fabrication (construction) conformément au cahier des charges. En
effet, le vendeur s'engage à fournir dans un délai précis
et à un prix convenu préalablement le bien immobilier selon les
conditions émises lors de l'élaboration des cahiers de charges.
En contrepartie, l'acheteur s'engage à payer le vendeur en fonction de
l'avancée des travaux.
Principie d'Istisna, Herbert Smith (2009), le guide de la
finance islamique
3-5-6. Sukuk
Le Sukuk est l'équivalent islamique d'une obligation
où l'intérêt devient un profit prévu à
l'avance à risque quasi-nul. Cette forme d'obligation est
particulièrement utilisée pour les financements immobiliers.
Le Sukuk permet de rémunérer un placement en
évitant l'usage de l'intérêt. L'investisseur possède
une part de propriété dans un actif sous-jacent. En
échange, celle-ci lui assure un revenu. Pour cela, la
société émettrice doit repérer les actifs
destinés à la vente afin de les proposer aux investisseurs
Sukuk. Cette opération se réalise avec l'intervention d'une
société ad Hoc. Les investisseurs percevront alors l'usufruit de
ces actifs en fonction du prorata de leur investissement. Les risques de cette
opération sont partagés. Les investisseurs supportent les risques
de crédit de l'émetteur et les risques liés aux actifs
sont supportés par la société ad Hoc. La
particularité des Sukuk est qu'elles peuvent être cotées et
notées en fonction du marché cible.
4-
Recherche
4-1-
Méthodologie
En raison de la complexité de la recherche, des
dimensions à la fois économique et sociologique, le choix d'une
approche qualitative du terrain a été privilégié.
La démarche triangulée suivante a été ainsi
appliquée au cours de l'année 2010 :
· La revue de littérature a permis de cerner la
problématique de la recherche;
· Une sélection puis une première
consultation (par des entretiens individuels d'environ 40 minutes) d'un panel
de douze experts (des consultants bancaires relevant des banques
différentes, des journalistes économistes ) ont permis de
sélectionner les cas à tester auprès des experts;
· Ces cas ont été préalablement
étudiés à partir des différents matériaux
secondaires (rapports annuels, analyses, articles, sites internet)
référencés dans la bibliographie, suivant l'approche
préconisée par Miles & Huberman.
· Les verbatims des entretiens ont
été indexés et exploités par des analyses de
contenu, qui ont permis de dégager les avis des professionnels
La finance islamique est elle un rempart à la finance
conventionnelle ? Pour répondre à cette
problématique, nous avons dû réaliser une analyse
qualitative auprès des différents acteurs. Le choix d'analyse
qualitative se justifie par la nature même du sujet qui ne
nécessite pas de statistique ni de réponse ferme. En effet, le
but de notre étude est d'analyser les différents points de vue
sans forcément trancher d'un côté ou de l'autre.
Pour cela, nous avons dû concevoir un entretien qui a
été utilisé en tant qu'instrument de mesure. Nous avons
eu recours à des entretiens semi directifs. Avant les entrevues, nous
avons pris le soin de préparer une trame qui nous servait de guide pour
les entretiens avec les principaux intéressés. Cela dans le but
d'obtenir des informations profondes ainsi que des avis de chaque
interviewé selon le contexte professionnel, géopolitique et
académique.
4-1-1. Etape 1 : Définir ce que
l'on cherche
Dans un premier temps, nous avons commencé par
définir le thème de nos entretiens. Le but des entretiens
était de tenter de dégager un point de vue de ces professionnels
sur les différents thèmes qui nous semblaient importants.
4-1-2. Etape 2 : Définir les
sources de données
· Qui interroger ?
Compte tenu de la complexité du sujet, nous avons
choisi de cibler des personnes qui avaient des connaissances dans le domaine de
l'économie et de la finance. La cible de nos entretiens était des
académiciens et des professionnels qui exercent dans le domaine de la
finance islamique ainsi que des journalistes économistes étant
experts dans la finance islamique.
· Combien de personnes interroger ?
Nous avons pu réaliser 12 entretiens semi-directifs. 50
% de nos entretiens étaient téléphoniques, 25%
étaient par conversation textuelle (chat) et 25 % étaient des
entretiens physiques.
|
Position
|
Pays
|
Type d'interviews
|
Durée de l'interview
|
Acteur1
|
Consultant en finance
|
France
|
Direct
|
1H
|
Acteur2
|
Professionnel Bancaire
|
France
|
Direct
|
40 MIN
|
Acteur3
|
Auditeur en Banque
|
France
|
téléphone
|
45 MIN
|
Acteur4
|
Professeur Chercheur
|
France
|
Direct
|
30 MIN
|
Acteur5
|
Gestionnaire de fonds Islamiques
|
Dubai
|
chat
|
|
Acteur6
|
Contrôleur de produits Islamiques
|
Dubai
|
chat
|
|
Acteur7
|
Professeur de finance islamique
|
Malaisie
|
téléphone
|
|
Acteur8
|
Gestionnaire de fond
|
Qatar
|
téléphone
|
20 MIN
|
Acteur9
|
Banquier
|
Maroc
|
téléphone
|
35 MIN
|
Acteur10
|
Journaliste économiste
|
Algérie
|
téléphone
|
40 MIN
|
Acteur11
|
Professeur enseignant
|
Royaume-Uni
|
chat
|
50 MIN
|
Acteur12
|
Consultant en finance
|
Royaume-Uni
|
téléphone
|
15 MIN
|
4-1-3. L'Entretien-Etape 3 : Elaborer le
Guide d'Entretien
Compte tenu de l'identité des interviewés, nous
avons dû réaliser un guide d'entretien en deux langues : en
français et en Anglais. Avant les entretiens, nous avons
décidé d'élaborer un guide d'entretien afin de faciliter
la collecte de données car il est bon de rappeler qu'il est difficile de
recueillir des données lors d'un entretien
téléphonique.
Nous avons choisi délibérément de diviser
notre entretien en quatre parties
· La tendance de la finance islamique aujourd'hui
· L'intégration de la finance islamique dans le
système financier occidental
· La finance islamique, une solution
alternative ?
· Les limites et défis de la finance
islamique ?
Il convient de préciser que dans chaque thème,
nous avons conçu des questions afin de diriger l'interviewé
à répondre à nos questions sur les thèmes qui nous
semblaient primordiaux à la réalisation de notre étude.
4-1-4. L'Entretien-Etape 4 : Contacter
les individus à interroger
Après avoir réalisé le travail
préparatoire de nos entretiens, nous devions réaliser une
prospection afin de contacter les personnes cibles à notre étude.
Nous avons eu la chance d'avoir l'opportunité de réaliser un
entretien semi directif avec un jeune diplômé (IIBI). Nous avons
donc rencontré cette personne lors d'un forum sur un site oumna.com
dédié à la Finance islamique. Lors d'un échange
téléphonique, nous avons pu convenir d'un rendez-vous pour
évoquer le thème de mon mémoire. A la suite de ce
rendez-vous, il nous a donné des contacts téléphoniques et
emails des personnes qui seraient susceptibles de nous aider. La plupart
d'entre eux étaient des anciens enseignants qu'il avait
côtoyé durant sa formation. Cette aide nous avait
été bénéfique car elle nous avait permise de
décrocher quelques entretiens téléphoniques. Par la suite,
nous avons fait des recherches sur les sites des universités
britanniques afin de contacter d'éventuels professeurs.
4-1-5. L'Entretien- Etape 5 : La
Conduite de l'Entretien
Pour mener à bien un entretien semi directif, il
convient de prendre en compte quatre points essentiels :
· La « Programmation temporelle
»
Les entretiens ont été à 50 %
téléphoniques en raison de la distance qui nous séparait
de nos interlocuteurs. La durée moyenne de nos entretiens était
de 40 minutes excepté pour le premier entretien qui a duré
beaucoup plus que ce qui était prévu.
· L'Environnement Matériel et
Social
Notre entretien physique s'est déroulé dans le
bureau de l'interviewé à 21h00. Nous avons fixé cette
entrevue à cette heure ci car l'intéressé n'était
disponible qu'à ce moment. Il est à noter que c'était
pendant la période de diffusion des comptes 2009 des
sociétés et que son emploi du temps était chargé.
Nos entretiens téléphoniques et les
conversations par texte avaient lieu le soir car les professionnels et
académiciens ne pouvaient se libérer qu'à ce moment.
· La Distribution des
Acteurs
Nos interlocuteurs étaient des professeurs
d'universités portant le titre de docteur ou des professeurs titulaires
d'un PhD ainsi que des professionnels spécialisés dans la Finance
islamique ainsi que des journalistes économistes.
Afin de faciliter nos entretiens, nous avons dû
mentionner lors de nos conversations téléphoniques l'objet de
notre prise de contact.
· Le cadre contractuel
Après avoir fait les présentations, nous avons
dû présenter les motivations de notre appel. Nous mentionnions
à chaque appel que nous menions une enquête dans le cadre d'un
projet de recherche réalisé au sein de l'INSEEC, en expliquant
que les résultats seront intégrés dans des études
de cas à but pédagogique, dans des ouvrages, des cours voire des
articles de recherche publiés dans des revues académiques ou
présentés dans des conférences.
5-
Analyse des données
A la suite des séries des entretiens effectués,
les différents acteurs ont souligné un ensemble d'avantages
liés à la finance islamique. Ces avantages pourraient permettre
de représenter une alternative fiable à notre système
actuel, en particulier en période de crise.
5-1- Avantages et
Potentiels de la finance islamique
5-1-1. La finance islamique basée
sur des valeurs éthiques
La finance islamique connaît un essor sans
précédent en raison de l'augmentation de la sensibilité
des musulmans qui sont à la recherche de services financiers conformes
aux principes islamiques. Aujourd'hui, l'Islam est la religion qui croit
le plus vite dans le monde. Ajoutés à cela, les problèmes
géopolitiques (Stigmatisation des musulmans avec l'attentat du World
Trade Center, les tensions Israélo-palestiniennes, la Guerre d'Iraq),
ont accentué l'antagonisme des musulmans envers le système
capitaliste. Acteur 1 n'a pas hésité à employer le terme
« boycotter » pour montrer le changement comportemental
d'une partie de la population qui ne veut plus utiliser les services issus des
banques conventionnelles. Il constate : « qu'il y a
actuellement une forte demande d'un grand nombre de musulmans qui recherchent
des services financiers qui sont conformes à leurs
croyances ». Toutefois, la finance islamique n'est pas exclusivement
réservée aux pays musulmans et aux musulmans. Acteur 11 nous le
rappelle dans l'entretien : « Malgré le fort
intérêt des musulmans pour la finance islamique, il ne faut pas
négliger les non musulmans qui sont très intéressés
par la valeur morale et les garanties moins risquées que prônent
la finance islamique à l'inverse de la finance conventionnelle. Les
investissements ne doivent avoir lieu que dans des activités
jugées licite « Hallal ». Le Royaume-Uni en ait le
parfait exemple. Aujourd'hui, les banques islamiques britanniques ont
enregistré une hausse de la clientèle non musulmane ».
La finance islamique est souvent associée à la
finance éthique. En effet, la finance islamique est basée sur la
Sharia. Dans les entretiens que nous avons eu, les interviewés ont
commencé à rappeler les valeurs qui caractérisent l'Islam.
Acteur 6 nous a expliqué à travers ce passage ce que l'Islam
attend de ses croyants « Un musulman qui respecte la sharia ne doit
pas être obnubilé par la recherche de profits. Il doit être
fort moralement et matériellement pour atteindre les valeurs de sagesse
et de pitié comme le recommande la loi islamique ». La sharia
propose un modèle de responsabilité sociale des entreprises.
L'homme doit trouver un équilibre entre son but personnel et
l'intérêt des autres personnes. Acteur 9 nous a rappelé
durant notre entretien l'origine de cette initiative : « Au
cours du 14ème siècle, le savant Al Shatibi avait
démontré que la licité ou non d'une action ne pouvait
être appréciée par un Homme. La décision doit
être prise selon les cadres de la loi islamique : la
Sharia ». Cependant, lors de notre entretien avec Acteur 6, il a tenu
à nuancer la définition de la finance islamique en tant que
finance éthique. Beaucoup de professionnels caractérisent la
finance islamique en tant que finance éthique. Il la perçoit
différemment : «Je dirai plutôt que la finance islamique
c'est l'éthique musulmane incorporée dans la
finance. »
Le livre écrit par Michel Dion confirme les valeurs
morales et éthiques de la finance islamique : « Les
musulmans doivent chercher à gagner des surplus, dans la mesure
où ils ont reçu des talents à faire fructifier. Mais les
surplus doivent être utilisés non pas pour
l'élévation de soi, mais pour des buts socialement responsable
qui plaisent à Allah »
5-1-2. Une finance rassurante
La finance islamique représente une technique de
financement fondée sur la participation. Le principe des « 3
P » (Partage des Profits et des Pertes), comme l'a souligné
acteur 10, est fondamental dans les opérations bancaires islamiques. Il
poursuit : « lorsque vous prenez la technique de la Musharaka,
la banque et l'entrepreneur vont s'associer à un projet. Les profits et
les pertes éventuels seront partagés au prorata du montant
investi entre les deux parties »
Les interviewés ont tous sans exception rappelé
les principes de la finance islamique qui diffèrent de la finance
conventionnelle comme le système de partage de profits et pertes. En
effet, les banques interviennent dans une relation de partenariat avec un
entrepreneur. Les banques ont une responsabilité importante dans la
gestion des fonds. Acteur 7 compare le mode de fonctionnement des deux
finances : « les banques islamiques vont accompagner les
entrepreneurs à maximiser la rentabilité économique du
projet alors que les banques dans la finance conventionnelle ne prennent aucun
engagement et ne se soucient pas de la retombée du projet, une fois le
prêt accordé ». En utilisant les principes de la
finance islamique en lieu et place de notre système financier actuel,
nous n'aurions pas connu de crise de « subprimes ». Acteur
8 a déclaré durant notre entretien : « Si notre
système avait été basé sur les principes de la
finance islamique, nous n'aurions pas connu de crise des subprimes »
pour la simple raison que celle-ci est intervenue en raison de l'octroi de
prêts immobiliers à des ménages surendettés qui
n'étaient pas solvable. Or avec la finance islamique, nous n'aurions pas
octroyé ces prêts »
Certes en appliquant la finance islamique, les interlocuteurs
et les professionnels s'accordent à affirmer que n'aurions pas connu de
crise des subprimes. Outre les valeurs éthiques et morales que
dégage la finance islamique, elle joue un rôle important dans le
fonctionnement et/ou dans le développement d'une économie.
5-1-3. Le rôle important de la Finance islamique dans
le fonctionnement d'une économie
En effet tout crédit que la finance islamique octroie
aux particuliers doit être adossé à des actifs réels
et tangibles. En effet, les banques islamiques financent des opérations
liées à l'économie réelle. Contrairement à
la finance conventionnelle, les banques islamiques interviennent dans des
opérations où la notion du risque est très limitée.
Ce point là a été souligné par tous nos
interlocuteurs : « les banques islamiques financent des
activités où l'argent ne peut être utilisée que pour
financer l'économie réelle. A l'inverse, les banques
conventionnelles peuvent être tentées à se lancer dans des
procédures complexes basées sur des actifs non
tangibles ». En finançant toute opération liée
à une économie réelle, la finance islamique participe
activement au développement de son environnement. Deux interlocuteurs
soulignent les bienfaits de cette pratique qui se traduit par une croissance
économique : « En réalisant des opérations
sur l'économie réelle, cela va stimuler l'économie en
créant des emplois et dégager des liquidités »
5-1-4. Potentialités face à la crise
Le mot « liquidité » a
été employé à maintes reprises par les
interlocuteurs pour évoquer la potentialité de la finance
islamique dans l'économie mondiale. L'instauration d'un système
de finance islamique sera bénéfique pour tout Etat car elle
pourra attirer indirectement des investisseurs en provenance des pays du Golfe.
Ils ont la particularité de posséder des portefeuilles
conséquents et liquides. Il y a des liquidités abondantes
en provenance des monarchies du Golfe. Acteur 12 nous précise l'origine
de leurs intérêts : « l'argent qu'ils
génèrent provient du pétrole or ils sont conscients que le
pétrole n'est pas éternel. Ils souhaitent préparer
l'après-pétrole et sont sensibles aux opportunités que la
finance Internationale peuvent leur offrir. Cela fait les affaires des Etats
occidentaux qui sont en mal de liquidités »
La finance islamique ressort quatre avantages (finance
éthique, non spéculative, basée sur l'économie
réelle et la potentialité de ses investisseurs) qu'il faut
prendre en considération. 7 interviewés sur 12 n'ont pas
hésité à qualifier la finance islamique comme
« une alternative à la finance conventionnelle ». De
plus, lors de la conférence de Paris sur la finance islamique, le
gouverneur de la banque de France, Christian Noyer, appuie la thèse
citée par les sept interviewés en soulignant que la finance
islamique pourrait être une solution intéressante à la
finance conventionnelle et la qualifie comme « une finance
alternative intéressante ». Néanmoins, cinq
interviewés ont tenu à relativiser les avantages que peut
procurer la finance islamique dans notre système. Cette dernière
est certes une alternative intéressante mais le plus dur reste à
venir. Pour pouvoir s'implanter durablement dans le monde, la finance islamique
doit améliorer quelques points défaillants pour prétendre
à être une alternative fiable.
5-2- Les limites et
défis de la finance islamique face à la crise
Malgré l'engouement qu'ont montré nos
différents interviewés par rapport à l'essor de la finance
islamique et ses potentiels face à d'éventuelles crises, ils ont
tous tenté de relativiser ce succès en le plaçant dans son
contexte d'une industrie relativement jeune. En effet, bien avant la crise des
subprimes, la finance islamique a déjà été
confrontée à quelques crises financières graves comme
celles de « Dubaï Islamic Bank » en 1998 et de
« Ihlas Finans » en Turquie en 2001. Mais c'est la
récente crise qui, paradoxalement en permettant une meilleure exposition
de la finance islamique dans le monde, a mis en évidence un ensemble de
limites qu'elle doit surmonter pour assurer une croissance durable et
prétendre concurrencer la finance conventionnelle dans le futur.
À juste titre, plusieurs intervenants ont
exprimé quelques inquiétudes quant à la capacité de
la finance islamique à supporter sa montée en puissance tout en
gardant son authenticité et en restant fidèle aux principes qui
ont fait son succès jusque là. Nous pouvons catégoriser
les inquiétudes généralement exprimées dans quatre
différentes dimensions : Les barrières socioculturelles, Les
barrières légales et réglementaires, Le déficit en
ressources humaines et Les challenges liés à la structuration du
système pour lui donner une crédibilité plus large.
5-2-1. Barrières
socioculturelles
Le premier obstacle qui freine l'expansion de la finance
islamique vient de sa propre appellation. En effet, si pour une partie des
musulmans le mot « Islamique » pourrait être un
facteur qui les attire dans le choix de l'orientation des décisions
financières, une autre partie de musulmans refuse de lier la religion
à des transactions commerciales que la perversité de l'argent
pourrait salir, et n'acceptent pas l'utilisation de l'Islam comme un «
argument publicitaire » permettant de promouvoir un produit. Ainsi un de
nos interlocuteurs a affirmé que plusieurs clients potentiels des
banques Islamiques se posent la question si la finance islamique est vraiment
islamique ou bien est ce justement une composante de façade grâce
à « un mécanisme revu et corrigé d'un marketing
occidental islamisé pour l'occasion ».
A ce sujet, Acteur 3 considère que la réussite
de la finance islamique est le fruit d'une savante ingénierie
financière qui a pu trouver des produits conformes aux principes de
l'Islam pour remplacer tous les instruments de placement classique. Mais sans
la dimension éthique qu'était censée revêtir la
finance islamique, toutes les valeurs prônées par la Sharia auront
perdu tout leur sens.
De plus, dans quelques pays musulmans comme en Afrique du Nord
où l'interprétation religieuse est moins conservatrice qu'au
moyen orient, et où le modèle bancaire conventionnelle s'est
imposé historiquement, les banques Islamiques n'ont toujours pas
réussi à s'imposer. Ces institutions devront faire un plus grand
effort pour baisser les coûts élevés de leurs produits
islamiques pour convaincre les clients de ces pays à se convertir au
modèle financier Islamique.
De même, tous nos interlocuteurs ont admit une
possibilité de réticence de la part de clients ou d'investisseurs
qui ne seraient pas prêts à suivre un modèle se basant sur
des règles morales et non juridiques. Cet état des choses est
particulièrement vrai dans des pays Européens comme la France. En
effet, en l'absence de règles et standards universels, la finance
islamique continuerait à présenter un risque
supplémentaire lié aux avis religieux de membres de Sharia Boards
qui ne sont généralement pas originaires de ces pays et qui
peuvent ignorent la réalité du contexte économique
occidental.
5-2-2. Incertitudes et contraintes
réglementaires
L'univers de la finance islamique est
caractérisé par une extrême diversité. En effet,
l'Islam est, par nature, une religion où la jurisprudence a un
rôle fondamental. De part la diversité des courants de
pensée qu'il regroupe, les interprétations proposées dans
la mise en oeuvre des différentes transactions peuvent être plus
ou moins souples. Par exemple, des pays comme l'Arabie Saoudite se montrent
plus rigides dans l'application des normes éthiques de l'Islam, alors
que des pays comme la Malaisie ont une application de la finance islamique qui
est beaucoup plus « libérale ».
Mais il existe également des dissimilitudes à
l'intérieur des différentes régions et courants. Ainsi,
l'Iran et le Soudan ont entièrement islamisé leur secteur
financier depuis des années alors que le sultanat d'Oman a toujours
interdit la finance islamique et qu'au Maghreb des autorités religieuses
ont émis des fatwas qui justifient, à certaines conditions,
l'utilisation de taux d'intérêt, gommant un peu plus les
différences entre finance islamique et finance conventionnelle.
Toutefois, mes interviewés affirment que certaines
règles sont progressivement assouplies comme ce fut le cas des Sukuk,
créées dans les années 70 en Malaisie, et dont le
mécanisme de fonctionnement a été, dans un premier temps,
vivement condamné par les autorités des pays du Golfe pour
être, par la suite, très largement adopté par ces
mêmes pays. D'ailleurs Acteur1 a noté qu'à l'inverse, les
contrats d'assurance conventionnelle ont été acceptés dans
le passé dans la mesure où il n'y avait pas encore
d'équivalents islamiques. Mais depuis l'émergence des assureurs
du Takaful, plusieurs autorités réglementaires se sont mises
à convertir progressivement leurs systèmes d'assurance vers un
système Islamique.
Les tentatives d'homogénéisation des
règles de conformité à la Sharia sont d'autant plus
importantes qu'actuellement le cadre réglementaire des banques
islamiques est différent d'un pays à l'autre. Ainsi, les banques
du Qatar et des Émirats Arabes Unis, peuvent ouvrir des agences ou
filiales islamiques, alors que les banques conventionnelles du Koweït
n'ont pas le droit d'offrir de produits islamiques. Depuis cette année,
20% des actifs bancaires de chaque banque Malaisienne est censé
être conforme à la Sharia, alors que l'Arabie Saoudite n'est pas
décidée à réglementer la finance islamique ce qui
équivaudrait à reconnaître qu'il y aurait des banques
« illicites ». (Les habits neufs de la finance islamique, Anouar
Hassoune, Standard & Poor's, 2007).
Il est également urgent de statuer sur les normes
internationales liées à la gestion de la liquidité dans
les institutions financières Islamiques. Selon Acteur 6, il s'agit sans
doute d'une des plus importantes faiblesses des banques islamiques. La raison
est que les instruments de gestion de la liquidité sont
généralement des instruments de taux, donc Haram selon la Sharia.
De ce fait, et comme confirmé dans nos interviews,
plusieurs institutions internationales, tels que l'AAOIFI, l'IFSB, l'IIFM ou
l'Agence internationale de notation islamique, se consacrent à la
définition de normes de conformité à la Sharia et à
leur harmonisation entre les régions. Mais c'est la Banque Islamique de
Développement qui garde un rôle central dans la création de
normes et de procédures précises, immuables et internationalement
acceptables. De telles normes offriront aux contrôleurs une meilleure
visibilité sur la solidité, la stabilité et
l'intégrité des banques islamiques.
5-2-3. Déficit en ressources humaines
Un défi majeur de la finance islamique que nous avons
relevé au cours de nos différents entretiens a été
la rareté du capital humain. Il s'agit d'un enjeu important pour les
banques islamiques qui risquent d'être dépassés par leur
propre croissance sans avoir les personnes qualifiées pour accompagner
cet accroissement. En fait, le seul marché retail concentre la
majorité des emplois du secteur. C'est la raison pour laquelle Acteur1
estime qu'une diversification des emplois est nécessaire en particulier
au sein du secteur des Corporates.
Cependant, le plus gros problème que connaissent les
institutions financières Islamiques, et qui a été
unanimement cités par nos interviewés, est le manque
énorme en Oulémas qualifiés pour faire partie des
comités de conformités de la Sharia. En effet, par la nature de
leurs activités, les Oulémas des Sharia Board doivent avoir une
expérience significative pour pouvoir veiller à la juste
interprétation des termes employés afin de définir
correctement les instruments financiers Islamiques. Malgré les
programmes de formation lancés un peu partout dans le monde pour former
les futurs oulémas capables d'exercer dans le monde de la finance
islamique, la demande reste largement supérieure à l'offre.
En effet, il y a moins d'une centaine d'oulémas
musulmans dans le monde suffisamment formés et compétents pour
siéger dans des Sharia Boards. Pour contourner cette difficulté,
les oulémas les plus reconnus multiplient les mandats dans
différents comités islamiques des institutions
financières. Cela permet, certes, d'assurer, de manière
indirecte, une plus grande homogénéité dans les
décisions des différents Sharia Boards. Mais cela ne peut
être qu'une solution temporaire et risque par ailleurs d'engendrer des
situations de conflits d'intérêts.
Ce problème est particulièrement constaté
en France, où la finance islamique en est à ses premiers pas.
Ainsi selon Acteur4, lors d'un séminaire en février dernier qui
réunissait les plus grands oulémas de la planète, aucun
n'était francophone. Pour pallier à ce manque, des organismes,
comme Acerfi et Coffis, se sont lancés dans des programmes de formation
d'oulémas français `juniors' qui pourront être
encadrés par des oulémas plus expérimentés.
5-2-4. Réputation et
Crédibilité
Selon nos interlocuteurs, la finance islamique ne gagnera une
forme de reconnaissance internationale qu'en palliant aux insuffisances des
institutions financières Islamiques en termes de transparence, de
gouvernance, et de gestion de risque. Ces aspects constituent des faiblesses
qui risquent de nuire à la crédibilité du secteur, en
particulier en période de crise.
En ce qui concerne la transparence, Acteur3, de part sa
position d'auditeur dans le domaine financier, a affirmé que la lecture
des comptes des banques islamiques est un exercice difficile tant les concepts
et les termes employés sont étrangers au jargon financier
standard. Il juge également le contenu informationnel des états
financiers comme étant souvent pauvre en éléments
clés. De plus, à cause du manque de données suffisantes,
il est presque impossible de comparer les fonctionnements et les performances
des banques islamiques d'une région à l'autre. Ce n'est que
dernièrement que quelques banques centrales, comme en Malaisie ou au
Bahreïn, ont commencé à inclure dans leurs reportings
annuels des données agrégées relatives aux performances
des institutions financières Islamiques dans ces pays. De telles
informations donneraient une image plus claire de l'état financier du
secteur de la finance islamique dans ces pays, et encouragerait les clients et
les investisseurs à se lancer dans le secteur de la finance
islamique.
Quant au manque de gouvernance, cela vient principalement du
fait que les banques islamiques sont souvent actives dans des économies
émergentes qui valorisent assez peu les bonnes pratiques de gouvernance.
D'ailleurs, les règles appliquées par les banques islamiques sont
issues de principes - souvent jugées contradictoires - relevant des
théories anglo-saxonnes des organisations, d'une part, et de la loi
islamique, d'autre part. Les dirigeants de ces établissements sont en
fait soumis à des règles de gouvernance à la fois
actionnariale, partenariale et religieuse (« La gouvernance de la
banque islamique », C. Zied & J.J. Pluchart, 2006). Ces
contradictions peuvent avoir des effets négatifs sur quelques processus
de gestion aux seins des banques. Les failles de gouvernance peuvent atteindre
parfois quelques processus vitaux du fonctionnement de celles-ci, tel que le
processus de validation des produits financiers. D'ailleurs, un récent
événement a mis en évidence de graves disfonctionnements
internes dans des institutions financières Islamique, comme ce fut le
cas pour la société de gestion Koweitienne « Dar
Investment ». En effet, la haute cour d'Angleterre a jugé, en
Avril dernier, de l'annulation d'une décision du Sharia Board à
la demande même des avocats de la société (
Une
première qui risque de compromettre la crédibilité des
banques Islamiques, financialislam.com, 05/18/2010). Un tel jugement remet
en cause la crédibilité et l'indépendance des Sharia
Boards qui sont censées rassurer les investisseurs sur la licité
de leur investissements. C'est pour cela qu'il devient urgent de
réformer les modèles de gouvernance dans ces institutions pour
les munir d'éventuelles défaillances et offrir une meilleure
protection aux investisseurs privés.
Enfin, plusieurs cas de défauts de paiement sur des
obligations islamiques, comme celles du promoteur immobilier Emirati Nakheel,
ont révélé les fondations fragiles de gestion de risque
dans les institutions financières Islamiques. Ce sujet a
été très discuté avec nos interviewés, dont
les avis ont été partagés. Quelques uns ont argués
que le cas de défaut de paiement n'est pas spécifique à la
finance islamique et d'autres ont affirmé que le remboursement
récent de la dette de Dubai World prouve que ce n'était qu'une
crise passagère qui ne remet pas en question la solidité du
système. Mais Acteur 5 a tout de même tenu à
préciser que la dépendance excessive vis-à-vis de certains
secteurs comme l'immobilier et la construction, au caractère notoirement
cyclique, présente forcément un signe de non maturité du
système. De plus, la multiplication récente
d'événements de faillite de fonds Islamique a prouvé que
l'absence de culture du risque dans ces institutions, peut conduire à
des dérives dans le secteur. Ceci est d'autant plus vrai en raison de
l'absence de gardes fous réglementaires et de procédures de
contrôle clairement établies. C'est pour cela que des organismes
internationaux se penchent en ce moment sur le développement de
procédures de gestion de risque spécifiques au secteur de la
finance islamique, ceci est notamment le cas des nouvelles normes Bales III qui
devraient être finalisées dans les mois à venir.
6- Conclusion
Tout au long de ce travail de recherche, nous avons
démontré que la finance islamique représente une bonne
alternative à la finance conventionnelle
Pour cela, nous avons commencé, dans un premier temps,
par expliquer les causes de la dernière crise financière. Celle
-ci a indirectement mis en avant la finance islamique. En effet, tous les pays
ont été impactés par la crise financière qui a vu
le jour aux Etats-Unis pendant l'été 2007. Les pays du Golfe
n'ont pas été touchés par cette crise mondiale. Nous nous
sommes donc penchés sur leur modèle financier afin de comprendre
comment ont-ils pu éviter la récession. Ces pays utilisent un
système financier basé sur leurs croyances religieuses. Le nom
du modèle financier est la finance islamique basée sur les lois
islamiques. Ce modèle financier a suscité un fort
intérêt de notre part, ce qui nous a poussé à
s'intéresser de plus près aux caractéristique de
celle-ci.
Dans un second temps, nous avons débuté par
définir les principes sur lesquels repose la finance islamique. Celle-ci
est basée sur un ensemble de prohibitions telles que les
intérêts (Riba), la spéculation (Maysir, Gharar),
l'investissement dans des secteurs jugés illicite (Haram) par la loi
islamique (Sharia). Nous avons par ailleurs expliquer les principes des
« 3P » (Partage de Profits et de Pertes) et de l'adossement
des actifs tangibles. Toutes ces caractéristiques citées
précédemment traduisent des valeurs morales, humaines et
environnementaux qui sont très important aux yeux de la religion
musulmane. Après avoir vu les bases sur lesquels repose la finance
islamique, nous avons vu les principaux techniques de financement qu'offre la
finance islamique. Nous avons évoqué les instruments
dits : « participatifs » (Murabaha, Mudaraba et
Musharaka) et les instruments de « financement » (Ijara et
Istisna). Après avoir assimilé le fonctionnement de ce
modèle financier, nous avons dû réaliser une étude
afin de qualifier la finance islamique.
Pour répondre à notre problématique, nous
avons dû réaliser une étude qualitative. Nous avons
effectué 12 entretiens semi-directifs auprès des professionnels
qualifiés dans le domaine de la finance islamique.
L'objectif de cette étude était de
vérifier notre problématique (la finance islamique est elle un
rempart à la finance conventionnelle ?). Pour cela nous avons
essayé de sélectionner différents profils notamment des
professionnels exerçant dans le secteur bancaire islamique, des
académiciens et des journalistes économistes afin d'avoir une
meilleure visibilité sur notre hypothèse.
Dans l'ensemble, cette étude a montré que les
professionnels sont unanimement d'accord sur le fait que la finance islamique
peut être une bonne alternative à la finance conventionnelle.
Cependant, malgré leur optimisme, la majorité d'entre eux ont
reconnu que si la finance islamique devait être amenée à
devenir une très bonne alternative à la finance conventionnelle,
elle devra améliorer certains points afin de concurrencer la finance
conventionnelle.
Notre étude nous a montré que si nous avions
appliqué le système de la finance islamique aux Etats-Unis, nous
n'aurions pas connu de crise de « subprimes ». La finance
islamique se base sur des principes éthiques et moraux. A l'inverse, la
place de l'éthique dans la finance conventionnelle est quasi nulle. La
finance islamique propose des techniques de financement intéressantes
sans remettre en cause la stabilité financière. Elles sont
soumises à des contraintes auxquelles elles n'ont pas droit d'y
déroger. En cas d'incertitude sur la conformité de
l'opération, la banque fait appel à la Sharia Board qui va
statuer sur l'opération. Ce qui va diminuer fortement le risque.
Toutefois, notre étude aurait été plus
significative si nous avions eu plus d'intervenants au sein de notre
échantillonnage. La prise de contact avec les professionnels ont
été très difficile. La connaissance d'un jeune
diplômé en finance islamique nous a facilité la tâche
lors de notre mission de prospection. La barrière de la langue a
été un obstacle lors de nos prise de contact. Bon nombre de
conseillers religieux de Sharia Board, dans les pays asiatiques, avaient peu de
notions en Anglais. Cela a constitué un frein à notre
étude car il aurait été intéressant d'avoir leurs
opinions sur notre étude en raison de leurs connaissances profondes en
matière religieuse. Malgré ces freins, nous avons pu
réaliser une étude qui nous a permis de collecter des
données importantes. Notre étude est basée sur des
hypothèses qui sera vérifiée ou non dans les années
à venir.
La France, par la voix de Madame la Ministre de l'Economie et
des Finances (Mme Christine Lagarde), travaille actuellement sur
l'introduction de la finance islamique dans notre système financier.
Fort de ces 5 millions de musulmans, la France, selon Madame la Ministre, peut
être une place attractive pour les investisseurs des pays du Golfe. Elle
souhaite faire de Paris la place de la finance islamique en Europe et par la
même occasion détrôné le Royaume-Uni. Il sera
intéressant de suivre avec attention l'évolution de la finance
islamique en France. Va-t-elle connaitre un succès ? Va-t-elle
attirer des investisseurs ? Dès que l'instauration de la finance
islamique sera effective, nous pourrions réaliser à posteriori
une étude quantitative sur la place de la banque islamique en France.
Cette étude pourra confirmer ou non la tendance dégagée
par notre étude.
7-
Annexes
Taille du marché de la Finance Islamique (Total des
actifs, milliards de dollars)
Source : Rapport moral sur l'argent dans le monde (2005),
Association d'économie financière, Standard &
Poor's.
Tableau indicatif évoquant
la potentialité de la finance islamique
(source: www.dailybourse.fr)
8- Bibliographie
Abbassi Mas'Ud Ahmad, "Interest - An Economic study on the
Three Economics Systems, the Capitalistic, Socialistic and Islamic", The
Islamic Review and Arab Affairs, V.57, London (UK) 1969
Abdeen A.M. & Shook D.N.(1984), «The Saudi
Financial System in the Context of Western and Islamic Finance»,
Chichester, Johm Wiley.
Afridi, Ali (1985), "The Emirates Lay Down on Interest
Free Banking", International Finance Law Review, Vol 4.
Ahmad Lisân Al-Haqq (2001), « Al
Wasît » : en économie musulmane :
« politique et entreprises islamiques et contemporaines
».
Al-Faisal al Saud,Prince Mohamed (1982): "The Emergence
And Islamic Banking In the Eighties", Conférence de l'Association
des Banquiers, Londres.
André Comte-Sponville (2004), « le captalisme
est il moral ? »
Anouar Hassoun (2007), « Les habits neufs de la
finance islamique »
"A Report of the Most Important Achievements of the
International Association of Islamic Banks since its Establishment in 1977 till
1980", 1980;
Ariff, Mohammad (1982), "Monetary and Fiscal Policies of
Islam", International Center for Research in Islamics Economics, King Abd
al-Aziz University, Jeddah;
Banking and Insurance in Islam (1981)", International
institute of Islamic Banking and Economics, Paper 6/1 for "First Advanced
Course on Islamic Banks", Le Caire.
Beaufils Vincent (2008) « Le pape ou le
Coran »
http://www.challenges.fr/
Bernard Elie (2009), «L'origine de la crise»
Boudjelal Mohamed (1981), « le Système
bancaire islamique: aspects théoriques et pratiques éditions de
l'institut international de la pensée islamique à
Paris »
Georges Hübner (2009) « Quel
capitalisme pour demain ? L'innovation et la finance »
Goetzmann, Peng, Yen (2009), « The subprime
Crisis and House Price Appreciation»
Haque Zia Ul (1980), "Riba, Interest and Profit" Pakistan
Economist, V20 / 21 / 22, Karachi,
Heinrich J.B. (1987), "Les principaux contrats de
financement utilisés par les banques islamiques", La revue banque,
N.478
Herbert Smith (2009), « Le guide de la finance
islamique »
Homoud, Sami (1980), "The Theory and Practice of Islamic
Banking in the Modern World", Conférence de l'Association des
Banquiers Arabes et de la Chambre de Commerce arabo-britannique, Londres.
Jouini et Pastre (2008) « Enjeux et
opportunités du développement de la finance islamique pour la
place de Paris. ».
Jaques Austruy (2006), « l'islam face au
développement économique», collection économie et
humanisme, les éditions ouvrières ».
Mannan, M.Abdul (1970), «Islamics Economics, Theory
and Practice,» Lahore.
Mayer Anne Elizabeth, (1985) "Islamic Banking and Credit
Policies in the Sadat Era : The Socila Origins of Islamic Banking" Arab
Law Quaterly, V.1 p. 1.
Monique Bourven & M. Yves Zehr (2009), « La
crise bancaire et la régulation financière »
Muhammad Umar Chaqra (1996), «
Réglementation
et contrôle des banques islamiques »
Pascal Salin (2010) « Revenir au
capitalisme : Pour éviter les crises »
Piquard Patrice (1988), "Allah est grand et les banquiers
sont ses prophètes" L'Évènement du jeudi, 28 juillet
au 3 aout 1988.
Rashid, Ahmed (1985), "Forced Conversion to Islam",
Euromoney.
Salim Lamrani (2003), «Enron et liberalism».
"Scarcity, Choice and Opportunity Cost. Its Dimension in
Islamic Economics", Key Issues in Islamic Economics, The Muslim Institute
for Research and Planning, London (UK), 1980
The Islamic Review & Arab Affairs (1970),"Two Needs of
Islamic World» 1, vol. 58, Londres.
Verna, Gérard, Tiers-Monde (1989), « Exporter
et réaliser des projets », Syllery, Québec.
Stiglitz J. recommandation « le prix Nobel
d'économie, joseph stiglitz, propose la création d'une nouvelle
facilité de crédit et d'un autre système mondial de
réserves pour surmonter la crise »
http://www.un.org/News/fr
press/docs/2009/AG10815.doc.htm
ZEROUALI Mostefa (2009), « crise
financière mondiale : la finance islamique serait elle une
alternative »
Zouheir Obeidi (2003), «La Banque
Islamique»
Site internet
Financial Islam - All About Islamic Banking and Insurance,
2010,
http://www.financialislam.com
Oumma.com -Site où nous pouvons retrouver des
débats sur le thème de la finance islamique,
http://www.oumma.com
9- Table des Matières
REMERCIEMENT
3
1- INTRODUCTION
4
2- CRISE
FINANCIÈRE
6
2-1- ORIGINE DE LA
CRISE
6
2-2- LES FAILLES DU
SYSTÈME
8
2-3- SORTIE DE LA
CRISE
9
3- LA FINANCE
ISLAMIQUE
13
3-1- LES FONDEMENTS
DE L'ÉCONOMIE ISLAMIQUE
13
3-2- LES SOURCES DE
LA SHARIA
14
3-3- PRINCIPES DE
LA FINANCE ISLAMIQUE
15
3-3-1. INTERDICTION
DE LA RIBA
15
3-3-2. INTERDICTION
DU GHARAR ET DU MAYSIR
16
3-3-3. INTERDICTION
DES INVESTISSEMENTS ILLICITES
18
3-3-4. PRINCIPE DU
PARTAGE DE PROFITS ET DE PERTES
18
3-3-5. L' «
ASSET BACKING »
19
3-4- LE RÔLE
DU SHARIA BOARD
19
3-5- PRODUITS
FINANCIERS ISLAMIQUES
20
3-5-1. MUDARABA
22
3-5-2.
MUSHARAKA
22
3-5-3. MURABAHA
23
3-5-4. IJARA
24
3-5-5. ISTISNA
25
3-5-6. SUKUK
26
4- RECHERCHE
27
4-1-
MÉTHODOLOGIE
27
4-1-1. ETAPE 1 :
DÉFINIR CE QUE L'ON CHERCHE
28
4-1-2. ETAPE 2 :
DÉFINIR LES SOURCES DE DONNÉES
28
4-1-3.
L'ENTRETIEN-ETAPE 3 : ELABORER LE GUIDE D'ENTRETIEN
29
4-1-4.
L'ENTRETIEN-ETAPE 4 : CONTACTER LES INDIVIDUS À
INTERROGER
30
4-1-5. L'ENTRETIEN-
ETAPE 5 : LA CONDUITE DE L'ENTRETIEN
30
5- ANALYSE DES
DONNÉES
32
5-1- AVANTAGES ET
POTENTIELS DE LA FINANCE ISLAMIQUE
32
5-1-1. LA FINANCE
ISLAMIQUE BASÉE SUR DES VALEURS ÉTHIQUES
32
5-1-2. UNE FINANCE
RASSURANTE
33
5-1-3. LE
RÔLE IMPORTANT DE LA FINANCE ISLAMIQUE DANS LE FONCTIONNEMENT D'UNE
ÉCONOMIE
34
5-1-4.
POTENTIALITÉS FACE À LA CRISE
35
5-2- LES LIMITES ET
DÉFIS DE LA FINANCE ISLAMIQUE FACE À LA CRISE
35
5-2-1.
BARRIÈRES SOCIOCULTURELLES
36
5-2-2. INCERTITUDES
ET CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
37
5-2-3.
DÉFICIT EN RESSOURCES HUMAINES
39
5-2-4.
RÉPUTATION ET CRÉDIBILITÉ
40
6- CONCLUSION
42
7- ANNEXES
45
8-
BIBLIOGRAPHIE
48
GLOSSAIRE
A
`Arbun Dépôt avancé dans un
contrat de Bai' Al `Arbun
Asset Backing Adossement à un actif
tangible
AAOIFI Accounting and Auditing Organization for
Islamic Financial Institutions
C
CDO Collaterilazed Debt Obligation, obligation
adossée à des actifs
G
Gharar Incertitude
H
Haram Illicite, passible d'un châtiment
I
Ijmaa Consensus de jurisconsultes
ISR Investissement Socialement Responsable
IFSB Independence Federal Savings Bank
IIFM International Islamic Financial Market
M
Mayssir Spéculation
Q
Qiyass Raisonnement par analogie
R
Riba Intérêt usuraire
S
Saint Coran Parole de Dieu
Salam Equivalent islamique d'un contrat à
terme
Sharia Loi islamique
révélée au prophète Mohammed (pbsl) et inscrite
dans le Coran
Sharia Board Conseil de jurisconsultes musulmans
chargé de certifier et de contrôler la conformité à
la Sharia des produits bancaires et financiers
Sounna Paroles et actes du prophète
Mohammed (pbsl)
Sukuk Equivalent islamique d'une obligation
Résumé
La finance islamique a vu le jour durant la période des
« 30 glorieuses » (les années 70) . Les occidentaux
ne s'intéressaient très peu à ce système financier.
En 2007, la crise des « subprimes » a plongé
l'économie mondiale dans la récession et par la même
occasion a remis en cause le système de la finance conventionnelle. Les
pays du Moyen Orient ont été épargné par cette
crise ce qui nous a mené à nous intéresser à leur
modèle économique. La finance islamique , basé sur des
valeurs morales et éthiques, est le système sur lequel s'appuie
ces pays. Ce qui nous a poussé à réaliser une recherche
sur les principes de la finance islamique et de son évolution.
Mots clés : crise des subprimes/ Finance
islamique/ Finance conventionnelle/ Morales/Ethique
Abstract :
Islamic finance has emerged during the period of "30 glorious
years" (the 70's). Western countries do very little interest to the financial
system. In 2007, the subprimes crisis has plunged the world economy into
recession and at the same time the conventional finance system. Middle East
Countries have been spared by this crisis which has led us to be interested in
their business model. Islamic finance, based on moral and ethical values, is
the system that underpins these countries. This prompted us to carry out
research on the principles of Islamic finance and its evolution.
Keywords: subprime crisis / Islamic Finance / Finance
conventional / Morales / Ethics
|