IMES
Institut Maristes d'Enseignement
Supérieur
Année Académique 2009/2010 Mémoire
n°
Mémoire Professionnel
1ère Année de Licence
Professionnelle : Année d'Initiation
Option en Sciences Politiques et Relations
Internationales
Présenté et soutenu
publiquement
Le : 28 Juillet
Par : DIOUF PAPA SAMBA
A : L'Institut Mariste d'Enseignement Supérieur
(IMES)
JOURNALISME ET SOCIETE : ANALYSE D'UNE
INFLUENCE
Membres du jury
Madame CUENOT MARIE HELENE (Présidente du jury)
Monsieur COLY JEAN MARTIN (Directeur de mémoire)
Monsieur DJIVO HONORE GABRIEL (Co-directeur de mémoire)
Au nom d'Allah, le Très Miséricordieux, le Tout
Miséricordieux, Je prie sur son Prophète Mohamed(PSL).
Je voudrais témoigner ma gratitude à tous ceux
qui, de près ou de loin, m'ont apporté un appui nécessaire
à l'écriture de ce mémoire.
A Monsieur Honoré Gabriel Djivo, pour ses remarques et
suggestions qui m'ont permis de ne pas m'éloigner de mon propos.
Au-delà de la qualité et de la finesse de l'encadrement,
j'insisterais sur ses qualités humaines, je veux parler de sa
disponibilité et de sa serviabilité qui a fait que, travailler
avec lui a été pour moi un grand plaisir.
Je remercie avec beaucoup de vivacité le Dr Mouhamadou
Lamine Yade qui a aussi contribué à l'aboutissement de ce
travail.
Je dédie ce mémoire à mon père, ma
mère, grand-père, à toute la famille Yade dont le soutien
moral n'a jamais faibli et renforce continuellement ma soif d'apprendre
toujours davantage
Pages
Introduction..................................................................................................1
I. Problématique et
Hypothèses......................................................................3
Hypothèse
1................................................................................6
Hypothèse
2................................................................................9
· Dérives des
journalistes................................................................11
II. Le journaliste :
Définition........................................................................13
L'engagement
journalistique..........................................................13
Code de déontologie des
journalistes................................................15
Statu juridico-formel des
journalistes................................................16
III. Rôle de la presse dans la société
dakaroise.....................................................17
1. Journalisme et Société
dakaroise.....................................................19
Conclusion................................................................................................22
Bibliographie.....................................................................................23
Webographie.....................................................................................24
Annexes
1........................................................................................25
Annexe
2..........................................................................................27
Introduction
Afin de valider notre première année de licence
à l'Institut Mariste d'Enseignement Supérieur, chaque
étudiant doit rédiger un mémoire. Ce mémoire est
une étape importante pour nous, non seulement du point de vue de la
scolarité, mais aussi d'un point de vue personnel. C'est dans cette
perspective que j'ai passé mon stage à Canal Infos News en vue
d'approfondir le thème de mon mémoire professionnel qui porte sur
l'influence du journaliste sénégalais sur la
société dakaroise. Il convient ici, en tant que futur diplomate,
de m'interroger sur l'influence bonne ou mauvaise des journalistes sur la
société dakaroise et de voir le pourquoi cette influence.
La place des médias au Sénégal est due
à l'histoire de notre pays. Elle est liée à l'histoire
coloniale et missionnaire. Les habitants des quatre communes (Saint-Louis,
Gorée, Rufisque et Dakar) de plein exercice vivaient une activité
médiatique intense (importante). A partir de l'indépendance, le
transfert des technologies et l'ouverture du Sénégal au reste du
monde a davantage contribué au développement des
médias ; à Dakar en particulier qui était la
capitale de l'Afrique occidentale française (AOF). De ce fait, le
Sénégal est l'un des premiers pays africains à avoir connu
la diversité dans ce domaine. Mais durant cette période, la
préoccupation des journaux fut essentiellement politique. C'est
seulement à la fin des années 1980 qu'on assiste à la
libéralisation avec l'avènement de journaux privés
d'informations générales.
« Il n'y a jamais de liberté sans
responsabilité et les limites de la liberté, c'est justement la
responsabilité » disait Hubert BEUVE-MERY1(*), le
fondateur du quotidien français Le Monde. Les
professionnels des médias ont de tout temps et à divers endroits
de la planète, revendiqué cette liberté sans laquelle ils
ne pourraient pas accomplir convenablement leur travail. Pour l'accompagner,
pas question que le pouvoir étatique intervienne, ils pensent à
l'autorégulation car : « le journaliste n'accepte en
matière d'honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs,
à l'exclusion de toute ingérence gouvernementale ou
autre »2(*). Liberté et responsabilité seraient donc
les deux versants indispensables pour le développement harmonieux des
médias, le premier étant assuré par la législation
d'un pays tandis que l'autre est du ressort de la profession. Telle est, en
tout cas, la vision globale des codes et chartes internationaux qui ont
inspiré les textes nationaux qui régissent les médias dans
les pays démocratiques.
Cependant, autant la censure est contraire à
l'affirmation d'une presse libre, autant les dérapages liés
à un excès de liberté sont nuisibles à une presse
qui se veut de qualité. Et si les professionnels parlent de
responsabilité ou d'autorégulation cela veut dire qu'ils
reconnaissent les dégâts que pourraient causer les dérives
de certains d'entre eux en usant de cette liberté. Au
Sénégal, les journalistes jouissent d'une liberté leur
permettant d'aborder les sujets de leur choix pour mener leurs investigations.
Au nom de cette liberté, les médias ont toujours
revendiqué leur rôle civique en se considérant comme des
« sentinelles de la démocratie »3(*). Mais, cette liberté
tant louée et si salvatrice semble produire un effet des moins
inattendus. Au cours de ces dernières années se sont produits pas
mal de dérives et de manquements manifestes aux principes
éthiques et déontologiques qui sont sensés régir la
profession. C'est ce qui nous pousse à nous
interroger sur l'influence du journaliste sénégalais sur la
société dakaroise.
Dans ce travail, nous nous intéresserons à la
question suivante : Comment expliquer l'influence du journaliste
sénégalais sur la société
dakaroise ?
Notre analyse nous amènera d'abord à faire le
point sur la problématique et les hypothèses. Ensuite, il sera
question de la définition du journaliste. En dernier lieu, nous
présenterons le rôle de la presse ; en particulier du
journaliste dans la société dakaroise.
I. Problématique et
Hypothèses
Dans nos sociétés, les médias jouent un
rôle éminent, entretenant un lien social minimal entre des
individus que les modes de vie contribuent à isoler et garantissant une
communication minimale entre les gouvernants et leurs assujettis. Dès
lors, on ne peut que s'interroger sur le pouvoir des médias et de ceux
qui y diffusent des informations, surtout quand la stricte étymologie du
média-médiateur (celui qui est au milieu, qui assure le contact)
est dépassée au profit d'un média-acteur (qui joue un
rôle propre et autonome influant sur ce qu'il est censé simplement
relayer). Le comportement de l'ensemble de la société, du
système politique aux citoyens, en passant par les enfants a
été modifié par l'intrusion des médias de masse,
notamment audiovisuels. Les journalistes dans ce schéma ont
forcément acquis un certain pouvoir. Mais les conclusions hâtives
et la survalorisation des médias, des journalistes sont à bannir.
La question du pouvoir des médias a en effet donné lieu à
une vaste littérature et à de nombreuses polémiques qui
sont loin d'être closes. Les études de cas et les approches
théoriques s'affrontent sans que l'on puisse fixer une
interprétation univoque. Pour les chercheurs les effets sont
jugés directs ou indirects, à court ou moyen termes, ponctuels ou
durables, immédiats ou cumulatifs, puissants, limités ou nuls.
Certains insistent sur les effets de renforcement des opinions ou du pouvoir en
place, alors que d'autres mettent en valeur les effets de changement ou
d'évolution que les médias induisent4(*).
Nous vivons dans un monde médiatisé. Les
médias nous apportent diverses informations. Dans ce sens, ils sont
utiles. Toutefois, il existe divers effets auxquels on ne s'attend pas ou on ne
pense pas toujours. Le journaliste en particulier intervient dans
différents aspects de notre vie quotidienne. Il peut influencer les
décisions politiques et les choix du consommateur ; il contribue
à la prise de conscience du citoyen, mais il peut aussi encourager des
comportements à risque ou des modes de vie malsains. Les faits qu'un
journaliste rapporte au public sont porteurs de sens, par exemple dans le
domaine de la
politique, de l'
économie ou de
la
culture. Cela confère
un pouvoir aux journalistes (dont la profession est souvent qualifiée de
quatrième pouvoir, par allusion aux
trois
pouvoirs constitutionnels) dans le processus de la formation de l'
opinion publique et
dans l'influence que la révélation de ces faits peut avoir dans
les prises de position de ce
public.
L'influence des médias sur la vie de tous les jours est
devenue un thème incontournable. En effet dans notre
société actuelle, le journaliste est de plus en plus
présent dans notre vie. Il est nécessaire de s'interroger sur
l'influence de ce dernier, bonne ou mauvaise, sur la société
dakaroise.
Il est d'abord intéressant de préciser que le
journaliste joue un rôle important dans la société.
Toutefois, le journaliste tente délibérément d'influencer
les attitudes du récepteur (la Société) en vue de
convaincre, de changer nos attitudes vis-à-vis des candidats politiques,
des produits de consommation par exemple. Théoriquement, l'information
doit suivre des étapes pour imprégner la mémoire du
récepteur et influencer son attitude et son comportement. Le
récepteur doit donc être exposé à une information
avec une attention suffisante qui lui permette d'y trouver un
intérêt. Il doit ensuite la comprendre pour pouvoir la traiter et
l'évaluer. Ce n'est qu'alors qu'il pourra se laisser influencer par le
contenu du message et le mémoriser. Le développement prodigieux
des modes d'expression et singulièrement celui des médias a
conduit à l'émergence d'un corps particulier de praticiens dont
le rôle, le poids social est allé en s'élargissant et en se
perfectionnant. C'est celui des journalistes.
Depuis les sociétés traditionnelles,
marquées du joug des souverains, la première préoccupation
de l'homme en quête de sa propre compréhension a été
le droit d'avoir une opinion qui lui soit propre, différente voire
opposée à celui du chef, le chef de famille, du mari, de
l'aîné... Si à cette période, le journaliste
n'était pas encore nommément désigné, la
première de ses fonctions était déjà manifestement
exprimée. C'est la fonction revendicatrice du droit à la
pensée, à la réflexion, à l'opinion.
Par la suite, le perfectionnement de l'écriture, la
vulgarisation de la chose imprimée a abouti à un premier commerce
de ces opinions, vite accompagné du souci de pouvoir les exprimer. La
formalisation du droit à l'expression a ainsi pris corps. Avec la
naissance de la presse écrite, l'occasion a en effet été
donnée de faire la publicité des opinions et des idées.
C'est dans cette période que va surtout s'ériger la stature
particulière du journaliste. Polémiste, pamphlétaire
d'abord, il va évoluer vers une mission d'observateur. Témoin des
évènements, il s'arroge le droit d'en rendre compte, mettant
ainsi sa propre personne, du moins son crédit en jeu dans la
sincérité de la relation. Cet aboutissement a reçu une
fonction sociale notamment à travers les proclamations politiques et
sociales entre le 18ème et le 20ème
siècle. Ainsi, la Déclaration universelle des droits de l'homme
de 1848 en son article 19 écrit :
« Tout individu a droit à la liberté
d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et
de répandre, sans considération de frontières, les
informations et les idées par quelque moyen que ce soit. »
Ce statut reconnu et ainsi labellisé prescrit un
rôle déterminant au journaliste, lequel va devoir être
assumé en pleine conscience.
Mais la déclaration va être avant tout
interprétée et élargie à la liberté de
communiquer, impliquant la liberté d'accès aux voies de
circulation de l'information. En effet, les évolutions
précédentes ont été accompagnées d'un
développement spécifique et autonome des médias qui en ont
fait l'objet d'un enjeu tout aussi spécifique. Pour y accéder, le
journaliste va être soumis à une compétition de plus en
plus sévère au cours de laquelle il sera tenu de composer
tantôt avec les intérêts essentiellement économiques
du média, son employeur, les exigences contradictoires de son auditoire,
ainsi que les affirmations autoritaires des divers groupes de pression.
Dès lors, il lui faudra ajouter à ses multiples obligations,
celui du médiateur, c'est-à-dire la capacité d'interaction
et de dialogue. Ce sont là de nouvelles obligations et
responsabilités.
Pendant ce temps, le flot informationnel grossissant a
introduit la possibilité d'une spéculation sur les faits. Ainsi,
le journaliste va être à son tour exposé à la
critique. De part et d'autre, on attend désormais de lui qu'il
assure à ses publics :
- Un plein accès à l'information dans sa toute
sa variété ;
- La présentation et l'explication des valeurs de la
société, lesquelles peuvent être contradictoires d'un
groupe à l'autre ;
- La réflexion fidèle des divers groupes
constituant la société ;
- La distribution des commentaires et des critiques ;
- Un compte rendu, complet, intelligent et sensé de
l'actualité placée dans le contexte le plus approprié.
- Pendant tout ce temps, le journaliste lui-même ne peut
s'oublier ni oublier ses propres préoccupations5(*).
C'est dans un tel cadre que s'exerce de nos jours la mission
sociale du journaliste. Il doit informer ses concitoyens tout en participant
à la vie de la cité. Tantôt juge, tantôt partie, il
en sera autant blâmé que sollicité. Il lui appartient pour
faire face à la controverse d'être pleinement responsable.
Les médias, en particulier les journalistes, jouent un
rôle crucial dans la formation de l'opinion publique. Les médias
sont les différents supports qui permettent de diffuser l'information.
Il en existe plusieurs : la télévision, la radio, la presse
écrite, internet... Aujourd'hui, personne ne peut échapper aux
médias car ils sont de plus en plus présents dans nos vies. Ils
permettent de s'informer, de se divertir, de se cultiver et de s'ouvrir au
monde. Mais, il faut prendre conscience que les médias influencent notre
mode de pensée et notre façon d'agir. Afin de prendre une
distance critique à la masse d'informations transmises par les
médias, il est important de savoir si l'influence qu'ils exercent sur
nous est positive ou négative. En effet, d'après le psychologue
MC Guire(1986), la fonction majeure des médias est « d'influencer
les cognitions, attitudes ou comportements du récepteur dans des
directions voulues.»6(*) Il s'agit de se positionner positivement ou
négativement à l'égard d'un objet, ce qui intervient dans
la manière de définir et de percevoir notre environnement.
C'est dans cette logique que nous avons émis deux
hypothèses qui sont les suivantes :
1. Plus le journaliste informe avec crédibilité,
plus il participe à l'ouverture des esprits ;
2. Plus la désinformation, la propagande, la censure
sont importantes chez le journaliste, plus il met la société en
danger.
Si nous établissons un rapport de cause à effet
entre l'information et l'ouverture des esprits dans la société
dakaroise, cela revient à dire que la position du journaliste est
centrale et qu'elle a des conséquences positives ou négatives
selon que l'information soit crédible ou pas.
Hypothèse1 : Information et
Ouverture des Esprits
Nous postulons l'hypothèse que dans le contexte
dakarois, l'information a un rôle important ; elle permet
l'ouverture des esprits à condition que le journaliste s'acquitte avec
crédibilité de sa fonction.
Le grand intérêt que présentent les
médias, que ce soit la presse écrite, la
télévision, l'internet ou encore la radio est d'informer
rapidement et largement la plupart de la population des faits importants, des
événements nationaux et internationaux. Ainsi, chaque citoyen
grâce à son poste téléviseur ou radio, son
ordinateur ou en achetant le journal dispose d'un compte rendu des derniers
événements. Les journalistes collectent pour le peuple les
informations et les éditent afin de les leur transmettre. Il est
fréquent d'entendre que le journalisme n'est pas une profession comme
les autres. On parle de «métier noble», de
«quatrième pouvoir», de «chien de garde», de
«garants de la société», etc. De tels propos
révèlent au passage un aspect fondamental, celui de la
liberté d'expression, et véhiculent une idée-force, celle
de la démarcation du professionnel de l'information dans sa fonction
sociale décisive tant pour le développement de la
personnalité des citoyens que pour l'évolution sociale et
démocratique d'un pays. Si l'activité journalistique consiste
dans le recueil de l'information factuelle, son traitement et sa communication
au public, au coeur donc de celle-là, on distinguera une seule
cause : rechercher la vérité et un seul but : servir au
mieux l'intérêt public. C'est en ce sens que l'un des pionniers de
la presse comme Théophraste Renaudot appréhende le journaliste
comme un «amoureux de la vérité» pratiquant un
«journalisme de conscience»7(*).
Nous avons établi un rapport de cause à effet
entre l'information et l'ouverture des esprits. Cela revient à dire que
le journaliste occupe une position centrale. En effet, le rédacteur en
chef de Canal Info News, Ousseynou Ndiaye soutient que «le journaliste
est l'instituteur des temps modernes». En effet, la classe du
journaliste est hétérogène par les âges, les niveaux
socio-culturels et accueille plusieurs millions d'élèves, jeunes
et adultes. Une classe dans laquelle on ne voit pas les absents, on ne donne
pas de notes, on ne fait pas de différence entre les douées et
les autres. Une classe (société) dont tous les
élèves possèdent une intelligence suffisante pour
comprendre les phénomènes de la vie. Ce qui fait dire à
Ousseynou Ndiaye que «la mission du journaliste est d'informer son
public avec crédibilité». Il doit toujours
écrire la vérité et doit être aussi neutre que
possible. Si le journaliste sénégalais informe bien, les lecteurs
apprennent beaucoup. La tâche de ce dernier consiste à rassembler
les informations et les présenter au peuple parce que nous voulons
savoir ce qui se passe. Ainsi le journaliste sénégalais nous
apprend beaucoup de choses intéressantes qui ne viendraient jamais
à la lumière du jour sans ce dernier. La fonction
première du journaliste est d'informer et il a un devoir
d'impartialité mais toutefois, le journaliste sénégalais
prend parfois position ; ce qui n'est pas la fonction du journaliste qui
doit être impartial. Ainsi par exemple, Ousseynou Ndiaye qualifie
l'attitude du journaliste Léopold Tamba
d'«irresponsable» dans l'affaire de la bâche
brûlée durant le meeting du Parti Socialiste
sénégalais à Thiès. Pour lui, Léopold Tamba
a été «irresponsable» en mettant son portable sur
main-libre devant les cadres du Parti Socialiste après un coup de fil de
Mamadou Lamine Massaly qui se revendiquait les faits. C'est dans cette logique
que Massaly fera l'objet d'une poursuite judiciaire et sera condamné
à deux ans de prison dont six mois fermes. Dès lors, il apparait
clairement que dans cette affaire, le journaliste Léopold Tamba a pris
position en s'alliant à l'opposition.
Un micro-trottoir dans les rues de Dakar-Plateau nous a permis
de voir que la mission éducative du journaliste sénégalais
est essentielle. Ici, le journaliste délivre des messages et des
leçons de tolérance : apprendre à vivre ensemble,
à régler pacifiquement les conflits, à participer au
dialogue et à la paix. Lors du combat de lutte opposant Balla Gaye 2
à Modou Lo, les journalistes sénégalais ont appelé
les supporters des deux camps a plus de responsabilité car soutenant
qu'ils sont tous des frères et que la victoire ne sortira pas du
Sénégal. Dans cette logique d'ouverture des esprits, le
journaliste sénégalais a joué un rôle important
pendant les élections présidentielles de Mars 2000. En effet, la
presse a été, sans doute avec la jeunesse, l'un des
éléments les plus déterminants dans l'alternance politique
de Février-Mars 2000. Le rôle des médias privés a
été unanimement reconnu comme décisif dans la transparence
du processus électoral mais aussi et surtout dans la prise de conscience
des citoyens sénégalais. Le dynamisme de la presse privée
relativement récente et essentiellement composée de jeunes
journalistes utilisant les nouvelles technologies des
télécommunications a indéniablement changé la
donne. Le rôle des journalistes dans les élections
présidentielles de Mars 2000 a été très souvent
magnifié par la presse internationale, ils reconnaissent l'importance
cruciale qu'ils ont eu dans le cours des événements.
Sur ce point, il est intéressant de voir comment le
contexte a évolué au Sénégal. En effet dans les
années 1970, Léopold Sédar SENGHOR rappelait à ceux
qui ne le sauraient pas encore qu' « il n'existe pas, dans
notre vie politique de quatrième pouvoir, qui serait le
« pouvoir journalistique » et qui ferait régner
sa loi8(*). Fin 1980, Abdou DIOUF son successeur instaure le
libéralisme médiatique et, en quelque sorte, il en sera la
principale victime lors de l'élection présidentielle de 2000.
Abdoulaye WADE l'actuel président ne peut éluder ce qui, à
ses yeux est devenu une réalité. Lors d'un débat
radio-télévisée le 9 décembre 2000, il affirme que
« nous n'avons pas créé le concept de
quatrième pouvoir mais il correspond bien à notre
réalité (...) Je considère que la presse est tellement
puissante qu'il faut la réglementer »9(*). Dès lors, il apparait
clairement que les médias peuvent être utiles d'une part mais
peuvent s'adonner à des dérapages, d'autre part l'importance ou
même la nécessité d'une réglementation.
Par ailleurs, les journalistes sénégalais ont
abondamment utilisé les téléphones portables pour
communiquer en temps réel les résultats ; ce qui
n'autorisait plus certaines manipulations frauduleuses. Le simple fait de
pouvoir divulguer aux populations les résultats au fur et à
mesure qu'ils tombaient, d'un bureau de vote à un autre fut
extrêmement important dans l'histoire électorale du
Sénégal. Il n'en a pas toujours été ainsi.
Hypothèse2 : Désinformation,
Propagande, Censure
Par conséquent, dans la logique de la
première, notre seconde hypothèse repose sur le fait que par la
désinformation, la propagande, la censure, le journaliste incite
à des comportements qui sont dangereux.
Les médias, particulièrement les médias
de masse, sont nés sous le régime du soupçon. Leur
étude systématique se développe dès
l'entre-deux-guerres. Depuis, elle se poursuit en mesurant des « pouvoirs
» contre lesquels les uns nous mettent en garde et que les autres
relativisent. Outils d'embrigadement guerrier ou de contrôle politique,
les médias sont d'abord pensés comme les multiplicateurs de la
propagande « dure », mais aussi comme les responsables d'une
aliénation douce et d'une molle passivité. Au moment où
les nouveaux médias suscitent un discours enthousiaste, les camps se
reforment. Les uns prêtent aux technologies des vertus
libératrices, voire libertaires, les autres en dénoncent les
périls. Une tradition intellectuelle oppose la communication à la
violence comme la plume à l'épée, une autre dénonce
les spectacles comme illusion contraire de la vie. La pensée
stratégique pénètre donc ici sur un terrain qui est tout
sauf vierge.
L'histoire nous révèle que c'est dans le sillage
du colonisateur que les médias, en particulier la presse et la radio,
ont été introduits en Afrique noire essentiellement pour servir
les besoins d'information de l'administration coloniale. Et c'est surtout
après l'accession à l'indépendance à la fin des
années 1950 que la gestion des médias revient aux élites
autochtones, avec un fait majeur à la clef : la mainmise des politiques
sur les médias au nom de la nécessité de la construction
de nations stables et prospères. Dans cette logique, les gouvernants
vont adopter les principes du système autoritaire comme méthode
de gestion de l'Etat, dont le contrôle des médias. C'est la
consécration d'un journalisme dit d'«union nationale» ou de
«développement» qui va servir plutôt de porte-voix,
d'outil de propagande aux pouvoirs politiques en place. Un homme politique
pouvait intervenir à tout moment dans un journal pour qu'on donne un
écho à ses propos ou qu'on place sa photo à la une. La
couverture des organes de presse était centrée sur les personnes
politiques et non sur la réalité sociale.
Les médias jouent un rôle crucial dans la
formation de l'opinion publique. La télévision, la radio, la
presse écrite et aujourd'hui l'Internet, constituent les moyens majeurs
par lesquels une grande partie de cette opinion publique règle son
comportement aussi bien dans le domaine de la politique que pour ce qui est de
la consommation. Cela confère, comme nous l'avons déjà
dit, une puissance inestimable à ces masses médias. D'où
la question : est-ce que ces derniers pourront, pour une raison ou une
autre, résister à la tentation de se servir de cette masse
d'individus, à leur merci, pour faire passer leurs intérêts
crypto-personnels ? Les médias ont tous pour objectif, du moins
dans leur principe, d'informer objectivement le citoyen de ce qui se
passe ; cela se lit à travers leur devise. Seulement, ce sont des
hommes qui manient ces instruments, et, en général, on trouve
derrière ces médias de grands groupes industriels, des
entreprises, des partis politiques etc. Soumis à la pression de ceux-ci,
est-ce que les médias ne pourraient pas être portés
à se défaire de leur vocation principale qui est d'informer juste
et vrai, pour finalement servir de moyens de propagande à ces
derniers ? Ajouté à cela, nous pouvons évoquer
l'appât du gain, les risques de corruption, l'argent facile, les
chantages que peuvent éventuellement subir les journalistes, mais aussi
la loi du marché qui valorise l'efficacité en termes de
rentrées de fonds au détriment de la scientificité
(l'audimat, le volume de tirage...). Ainsi, dans le contexte dakarois, nous
pouvons donner l'exemple des hommes politiques qui disposent d'organes de
presse et qui influencent le traitement de l'information journalistique. Par
exemple, le quotidien «Messager»
appartient à Farba Senghor. La désinformation peut aussi
être due à l'appartenance politique des journalistes. En effet,
dans notre pays, certains journalistes ont des cartes dans les partis
politiques qui les poussent à prendre position pour leur parti.
La ruse est une mise en scène, souvent de ses propres
actes ou de sa propre apparence, pour accréditer une version fausse de
la réalité. Elle mène un adversaire ou concurrent à
perdre quelque chose : du temps, de l'énergie, des soutiens ou des
alliés, une position favorable. Cet art de fourvoyer agit sur le contenu
ou sur le contexte de l'information si bien que son destinataire adopte
l'interprétation qu'on lui suggère. Les moyens de communication
introduisent un autre facteur, l'opinion. Du coup, apparaît une
discipline du faux, la désinformation. Elle consiste à tromper
l'opinion sur le contenu, sur la source et sur le sens de l'information : un
désinformateur qui parlerait à la première personne, ce
serait un propagandiste. Il doit aussi dissimuler le but visé :
démoraliser l'opinion, discréditer l'adversaire auprès de
la population, de ses alliés, des autorités. Introduisant au
moins un partenaire de plus, multipliant les masques et faux-semblants, jouant
sur les bandes et les rebonds, la désinformation est une forme
raffinée de falsification. Elle prolifère à la mesure des
réseaux d'information.
Dans cette partie, il s'agit aussi de bien cerner cette notion
de désinformation. En effet, la désinformation consiste à
fournir des informations qui font croire quelque chose de contraire à la
vérité. A part le mensonge pur et simple que les journalistes
évitent soigneusement, la désinformation se fait par deux
moyens :
§ Ne dire qu'une partie de la vérité, celle
qui conforme le point de vue qu'on veut défendre ou celle qui
génère le plus d'émotion : c'est la
désinformation par omission.
§ Donner à certaines informations une importance
et un poids très différent de leur poids réel en faisant
paraitre important un fait qui en réalité l'est bien moins :
c'est la désinformation par exagération.
Par propagande, on entend un type de discours à
visée persuasive, qui enjoint explicitement le récepteur de
penser et/ou d'agir de telle ou telle façon. La propagande se
caractérise par une action systématique sur le public pour lui
faire partager une doctrine politique ou sociale, ou pour l'amener à
soutenir une position ou une personnalité (en particulier dans une
compétition électorale)10(*). De par la propagande, le journaliste peut passer
à l'aide des médias des informations souvent fausses ou
exagérées, qui leur sont favorables. La fabrique de l'opinion
peut se baser sur les propagandes journalistiques. En effet, dans la logique de
la deuxième hypothèse, le journaliste sénégalais a
subi une profonde mutation passant de l'information à la
désinformation en passant par la propagande. Ainsi, il est clair que
l'information est une arme et celui qui le contrôle a un pouvoir.
· DÉRIVES DES JOURNALISTES
Selon TIDIANE KASSE11(*), « Si la conscience du devoir
d'informer et la liberté devenue effective d'informer ont donné
une presse qui passe pour un des piliers de l'édifice
démocratique dans nos Etats, cela ne mène pas toujours au
triomphe du bien. On peut faire plus mal encore en usant de cette
liberté ».
Dérives ou pas, certains événements qui
se sont produits ces dernières années ont interpellé les
observateurs du paysage médiatique sénégalais. Concernant
la presse indépendante dite sérieuse, ce n'est pas vraiment une
nouveauté. L'affaire Sud-CSS (compagnie sucrière
sénégalaise) de 1996 est là pour nous le rappeler. Cet
épisode avait fait couler beaucoup d'encre et de salive. A cette
époque, la presse indépendante fut accusée par le pouvoir
étatique d'être devenue très puissante, incapable de
s'autoréguler ce qui pourrait mener à toutes sortes de
dérives. Quant aux journalistes, ils se sont naturellement
ralliés à leurs confrères
de Sud Quotidien dénonçant de concert
une entrave à la liberté de presse. Par contre ce qui peut porter
un intérêt particulier concernant les dérives ou les
manquements aux principes éthiques c'est cette nouvelle presse dite
populaire qui, en quelques années, a battu tous les records de par le
nombre d'affaires portées devant les tribunaux. Pour ce qui est du
quotidien gouvernemental, après l'alternance, le peuple
sénégalais était dans le droit d'attendre d'Abdoulaye WADE
qu'il supprime ou privatise Le Soleil, média
public mais au service du parti au pouvoir. Ce journal qui lui avait
causé tant de mal alors qu'il était dans l'opposition, il semble
s'en accommoder aujourd'hui qu'il est arrivé au pouvoir.
II. Le Journaliste :
Définition
Le journaliste est celui qui collecte, rassemble,
vérifie et commente des faits. Un vrai journaliste est celui qui
respecte le principe d'objectivité le plus possible. Il doit en effet
avoir une distance critique entre les faits et sa propre opinion. Pour autant,
le journaliste a ensuite le choix entre deux types d'article: l'article factuel
qui se contente de rapporter les faits comme le fait divers par exemple et
l'éditorial où le journaliste commente l'actualité,
analyse et interprète des faits à partir de ses propres
convictions, son mode de pensée, ses affinités...12(*)
Il est fréquent d'entendre que le journalisme n'est pas
une profession comme les autres. On parle de «métier noble»,
de «quatrième pouvoir», de «chien de garde», de
«garants de la société», etc. De tels propos
révèlent au passage un aspect fondamental, celui de la
liberté d'expression et véhiculent une idée-force, celle
de la démarcation du professionnel de l'information dans sa fonction
sociale décisive tant pour le développement de la
personnalité des citoyens que pour l'évolution sociale et
démocratique d'un pays. L'activité journalistique consiste dans
le recueil de l'information factuelle, son traitement et sa communication au
public. Donc, au coeur de celle-là, on distinguera une seule cause,
rechercher la vérité, et un seul but, servir au mieux
l'intérêt public comme mentionné
précédemment.
L'engagement journalistique
Très souvent, on définit, de deux
manières et de façon contradictoire, le journaliste.
- Par le négatif, on met à l'index son manque
d'objectivité ;
- Par le positif on salue quelques fois sa pugnacité.
L'objectivité est un non-sens pour un journaliste s'il
doit signifier l'observance d'une attitude équilibrée entre les
deux pôles d'un phénomène. A ce sujet, le journaliste
Claude SERILLON disait : « l'objectivité pour moi, ce
n'est pas un kilo de vérité face à un kilo de
mensonges »13(*). L'engagement du journaliste est d'abord un
engagement vis-à-vis de sa propre conscience. Un engagement à ne
pas tricher avec soi-même.
C'est le premier moyen pour ne pas tricher avec autrui. Avec
ce dernier, l'engagement journalistique est un acte de loyauté et de
respect mutuel. Il en est ainsi du fait même de la nature du
métier. En effet, la transaction matérielle est rarement
présente entre le journaliste et son public. La rencontre physique entre
les deux est rare. Ce n'est pas le journal qui est acheté mais
l'information qu'il contient. Cela se perçoit mieux encore en radio et
en télévision où en dehors de toute émission le
poste peut à la rigueur servir de pièce de décor dans une
maison. Or, l'information n'est pas la propriété du journaliste.
C'est un fait public qui doit retourner au public. Ce qui veut dire que le seul
objet de la transaction, c'est l'implication du journaliste dans les faits
qu'il a pris au public. Ainsi, l'information journalistique peut être
considérée de trois manières au moins :
- C'est une information qui s'occupe de la
vérité des faits et non de la vérité personnelle ou
individuelle.
- L'information journalistique ne se rapporte pas à des
vérités mathématiques, elle est donc extrêmement
périssable alors même que le journaliste conclut un pacte de
longue durée avec son public.
- L'information journalistique confrontée à la
politique devient fragile parce que cette dernière a la faculté
de la transformer en opinion.
Ces trois critères déterminent l'exigence
d'honnêteté régulièrement confondue avec
l'objectivité. Dans cette exigence, le journaliste peut céder
facilement à la tentation de substituer sa vérité à
la vérité des faits, de l'inscrire dans une illusoire
postérité, en somme de préférer son opinion
à l'information. Or, si le journaliste a pour devoir d'éclairer
son auditoire, de l'aider à se forger une opinion, il ne peut pas
s'arroger le droit de faire commerce de son opinion personnelle sans tomber
dans le viol de conscience. Le travail journalistique doit être
revêtu d'honneur à tous les stades. Cependant, les stades suivants
ne peuvent échapper à l'honneur sans danger pour le journaliste
et la société.
Au niveau des sources d'information :
Le journaliste doit se persuader qu'une source n'est jamais
indéfiniment et complètement fiable. Pour cette raison, il
s'impose dans tout traitement la règle du recoupement de ses sources. Il
lui faut par ailleurs être exigeant sur la transparence de ses sources,
laquelle transparence doit bénéficier au public.
La rectification : Par respect de
la vérité, toute information qui s'avère erronée
devra être rectifiée.
Plaidoyer pour une presse utile et
dynamique : La presse peut faire beaucoup. Parce qu'elle
touche une foule nombreuse et diverse, elle peut servir de moteur à des
missions de mobilisation. Parce qu'elle nourrit les esprits, elle peut
constituer un instrument indispensable d'éveil des consciences. Mais
cela a un prix. Les journalistes, moteur de cette presse, s'ils sont en mesure
d'occuper dignement leur place dans la société, constitueront
sans aucun doute un vivier de modèles à suivre par l'ensemble du
corps social. Dans le cas contraire, ils serviront de repoussoirs que les
foules tiendront à distance et avec eux les valeurs sociales qui leur
sont reconnues14(*).
Code de déontologie des
journalistes : Plus qu'à tout autre citoyen, les
règles et règlements s'imposent au journaliste. On peut penser
à priori qu'il y a contradiction entre la liberté de presse, la
liberté des journalistes et le sens de la responsabilité, voire
le respect des lois. Un journaliste peut difficilement dans son fonctionnement
quotidien se situer au-dessus des lois. Toutefois, son observation des
règles ne peut être non plus un conformisme aveuglant qui lui
enlèverait sa capacité à expliquer. Respecter la loi,
c'est savoir en relever les insuffisances, interpeller la conscience du
législateur et quand il le faut prendre à témoin
l'opinion, l'alerter sur les dangers imminents face à une loi mal
pensée ou à l'application dévoyée d'un texte. Cela
doit se faire en maîtrisant ses propres passions. Le journaliste doit
savoir que ses actes en ce qu'ils comportent de positif ou de négatif
échappent au domaine privé. La stature du journaliste imprime
à son moindre geste des effets grossissants qui ont vite fait
d'élever au rang de modèle ce qui ailleurs passe inaperçu.
Si un journaliste se trompe, le risque est grand qu'il trompe l'opinion. C'est
pourquoi, le journaliste, pourtant exposé en permanence à
l'erreur, a difficilement droit à celle-ci, parce que astreint à
un rôle de service public.
Bien souvent, on a défini le droit à
l'information en rapport avec les journalistes, compris comme professionnels.
La définition est la plupart du temps, formulée sous forme de
revendication en direction des instances publiques. Mais, les publics ont des
exigences à formuler également qui s'adressent plus aux
journalistes. Il faut à ceux-ci de plus en plus inclure leurs publics
récepteurs dans l'énonciation du droit à l'information.
Surtout, il leur faut être réceptif aux préoccupations de
ces publics. En effet, le développement autonome des médias a
créé des récepteurs captifs, attachés
particulièrement à des organes d'information. Ce sont autant des
auditoires pour les journalistes que de la matière première
commerciale pour les détenteurs de ces organes. Si de par son emploi le
journaliste est redevable à son employeur, il est autant serviteur,
soumis à la règle de la loyauté et n'a pas le droit de
décevoir, de trahir son audience. Ici, le journaliste doit partager sa
rigueur morale. Il a un devoir de protection à l'endroit de son public.
De plus, les capacités des médias modernes à transgresser
les genres, les ordres établis et les frontières font
pratiquement du journaliste un gardien de consciences.
Statut juridico-formel :
Jusqu'à présent, c'est la loi 96-04 qui régule la
presse sénégalaise. Etat, journalistes, techniciens, patrons de
presse, juristes, société civile et parlementaires sont
maintenant conscients du caractère de ce texte. Celui-ci ne prend
pas en compte toutes les préoccupations des journalistes et des
entreprises de presse, de manière générale. C'est
pourquoi, le nouveau Code de la presse est jugé salutaire, en ce sens
qu'il permet de réguler le secteur des médias. Il est aussi un
instrument qui aidera à assainir un milieu où la formation est
désormais primordiale pour revendiquer le statut de journaliste.
« De l'affirmation du principe de la liberté
de la presse, nous sommes passés au droit du public à
l'information. Mais, il n'y a pas de liberté sans limites. Ce qui
implique la responsabilité des médias et des professionnels des
médias. Le Code de la presse va consacrer ces principes
»15(*). Ces propos de
Papa Atoumane Diaw, coordonnateur de la pré-concertation nationale sur
la presse, témoignent du souci de l'Etat de doter le secteur des
médias d'un Code de la presse qui tienne compte de l'accès
à l'information plurielle pour le citoyen, comme de l'accès aux
sources d'informations pour la presse.
III. Rôle de la presse dans la
société dakaroise
Le
journaliste a,
dans les démocraties, un rôle absolument fondamental. Il a pour
mission de collecter, traiter, analyser et diffuser l'
information afin
d'éclairer le citoyen sur le déroulement de la vie publique. Afin
que l'
information soit
la plus objective possible, il doit pouvoir exercer sa profession de
manière libre et indépendante. Il a donc été
nécessaire de lui conférer un statut particulier que ce soit dans
l'accès à la profession ou dans les relations avec son employeur,
notamment au moment de la rupture du contrat de travail.
Selon Jean Claude BERTRAND, il existe
quatre régimes de presse possibles. Deux despotiques (l'un autoritaire,
l'autre communiste) et deux autres démocratiques (libéral et de
responsabilité)16(*). Le régime libéral est né en
Europe au siècle des lumières (18e). Il se
caractérise évidemment par son libéralisme,
c'est-à-dire par un désengagement de l'Etat qui laisse
faire : « il suffit que tous les faits soient objectivement
rapportés et que toutes les opinions soient mises sur le marché
des idées ». Quant au régime dit
de responsabilité sociale, il n'est en fait que
le prolongement du précédent en s'efforçant toutefois
d'associer liberté et qualité des médias. Les
médias doivent être indépendants, donc des entreprises
commerciales à la recherche du profit, mais ils doivent aussi être
responsables vis-à-vis des groupes de la société.
Le régime adopté par le Sénégal
est une conjugaison des deux derniers : le régime libéral de
responsabilité qui règne dans une démocratie.
Déjà en 1947, l'application de la loi française du 29
juillet 1881 jusque-là partielle, devenait effective. La constitution
sénégalaise de 1963 en son article 8 garantit à chaque
citoyen la liberté d'expression : « chacun a le droit
d'exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume et
l'image ». Cette garantie est une source où s'abreuve la
liberté de presse. Une loi, encore appelée code de la presse fut
votée à l'assemblée le 11 avril 1979. Jugée
incompatible avec l'évolution démocratique du
Sénégal, elle fut abrogée en 1986 par une autre loi, celle
du 16 juin 1986 qui, à son tour, fut remplacée par la loi du 02
février 1996 actuellement en vigueur17(*). En outre, cette nouvelle loi donne plus de
liberté aux journalistes contrairement à la
précédente qui leur fixait plus de devoirs que de droits. Elle
stipule que « le journaliste ou le technicien de la communication
sociale a libre accès à toutes sources d'informations non
confidentielles et a le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui
conditionnent la vie publique »18(*).
En nous référant aux travaux de Jean
STOETZEL19(*), nous allons essayer de réduire ces six
fonctions en trois, mise à part la fonction évidente et
principale qui est l'information. Nous retiendrons :
- la fonction d'appartenance sociale ou
mobilisatrice : concernant la presse
sénégalaise, la presque quasi-totalité des journaux se
disent indépendants. Mais l'analyse du contenu rédactionnel d'un
journal comme Le Soleil montre pourtant une
évidence qui ne souffre d'aucune ambiguïté, à savoir
son allégeance au pouvoir étatique. Des journaux
comme Walfadjri, Sud Quotidien... ont
joué le rôle de « sentinelles de la
démocratie » en accompagnant la victoire du Front pour
l'alternance (FAL)20(*)
lors de la présidentielle. En se faisant le relais des tensions
populaires mais également en fustigeant l'action du défunt
gouvernement, n'est-ce pas là une manière de mobiliser tous les
insatisfaits d'un système ?
- la fonction récréative ou de
divertissement : les journaux sénégalais
assument aussi cette fonction comme en témoignent les rubriques Sports,
Culture et les jeux qu'ils proposent aux lecteurs
- la fonction
psychothérapeutique : elle semble proche de la
précédente mais se différencie par son effet
cathartique : elle se manifeste particulièrement dans les articles
de faits-divers.
En définitive, il est évident qu'il ne peut y
avoir de presse libre en dehors d'une démocratie comme il est aussi
impossible de parler de démocratie sans presse libre.
Débarrassée de toute contrainte, elle est à même
d'assumer le rôle qui lui est dévolu. Qu'elle soit mobilisatrice,
récréative ou psychothérapeutique, elle doit viser
à servir toutes les franges de la société. Au
Sénégal, cette expression des sensibilités plurielles fait
passer la presse indépendante pour une presse d'opposition,
anti-gouvernementale.
Avec les différents éléments
abordés, on peut tout affirmer que le rôle du journaliste est
multiple. Ils ont pour rôle premier d'informer. Par le biais des
médias, ils informent sur l'actualité et sur les
événements. Mais plus encore, ils commentent l'actualité,
ils donnent leur avis sur les événements et les informations.
C'est en cela qu'ils sont très importants et utiles pour le Pouvoir en
place : ils influencent. Il y a aussi un aspect de divertissement de la
part des médias. Les médias incarnent une certaine notion
de Liberté. Enfin, il y a l'aspect collectif, l'aspect
communautaire et participatif des médias.
1. Journalisme et Société
dakaroise
Ancienne capitale de l'Afrique Occidentale Française
(AOF), puis de l'éphémère Fédération du
Mali, Dakar est depuis le 4 avril 1960 celle de la République du
Sénégal. Son emplacement géographique, à
l'extrémité occidentale de l'Afrique a facilité
l'installation des premiers colons, puis le commerce avec l'Europe et les
Amériques. Dakar est le siège de la Banque Centrale des
États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de l'Institut Fondamental
d'Afrique Noire (IFAN). Dakar présente la structure classique des villes
portuaires africaines : port, quartier colonial à l'urbanisme
(actuellement le quartier du Plateau avec des infrastructures telles que
l'Assemblée, le palais présidentiel, la cathédrale du
Souvenir Africa), quartier indigène (actuellement la Médina, les
SICAP...) ainsi que le remarquable patrimoine de l'
île
de Gorée à moins de trente minutes du port.
Depuis l'indépendance, des édifices plus
modernes tels que l'Université Cheikh Anta Diop, la Grande
Mosquée, l'immeuble de la BCEAO, la Porte du Troisième
millénaire ont été édifiés.
Récemment, la corniche reliant l'aéroport au centre-ville a
été aménagée en voie expresse permettant
d'éviter les embouteillages spectaculaires que connaissait cet
itinéraire.
Avec plus d'un million d'habitants, Dakar regroupe 25% de la
population et concentre 80 % des activités économiques du
pays21(*). Cette forte
concentration humaine ainsi que la géographie particulière de la
presqu'île sont responsables d'un engorgement croissant. La
société dakaroise constitue un tissu ethnique, culturel et
religieux complexe formé de plus d'une vingtaine d'ethnies ayant chacune
une langue et des traits culturels spécifiques. Grâce à une
longue tradition de tolérance, à une religion largement
partagée (Islam, 94% des sénégalais)22(*) et en raison de l'urbanisation
qui a transformé les modes de vie, les représentants des diverses
ethnies respectent leurs différences et ont appris à vivre et
à travailler ensemble. Cette paix sociale conjuguée à la
stabilité politique a favorisé l'épanouissement de
l'État de droit et la reconnaissance de l'égalité de tous
devant la loi. Néanmoins, il subsiste des iniquités importantes
entre hommes et femmes, entre ruraux et citadins, entre riches et pauvres. La
population du Sénégal est estimée à 11 126 832
habitants pour l'année 2005. Cette population est surtout
concentrée dans la région de Dakar qui abrite 25 % de la
population totale alors qu'elle ne couvre que 0,3 % de la superficie nationale.
La région de Dakar enregistre ainsi une densité de population de
4 251 habitants au km2 en 2004 contre une moyenne nationale de 53 habitants au
km223(*).
Comme mentionnée en introduction, la place des
médias au Sénégal est liée à l'histoire
coloniale. Dakar qui faisait partie des quatre communes de plein exercice
vivait une activité médiatique intense. A partir de
l'indépendance, les médias vont plus se développer. Le
Sénégal est un pays stable, Dakar a un bon réseau de
transports et d'excellentes connexions avec le monde. La Constitution garantit
la liberté d'expression, la liberté de la presse et le droit
à l'information. Cette garantie constitutionnelle s'effectue sous le
contrôle du Haut Conseil de l'Audiovisuel (HCA) et des nombreux syndicats
de la presse telle que l'Agence de Presse Sénégalaise. Les
quotidiens de la presse écrite sont nombreux et variés.
Concernant les nombreux titres de la presse sénégalaise, on peut
noter une originalité, à savoir l'existence de quotidiens
satiriques. Ainsi, nous avons : Le Soleil, quotidien
gouvernemental, Sud quotidien, Walfadjri, L'Actuel, La
Pointe, Le Matin, Le populaire, Frasques Quotidiennes... Il
y a également des hebdomadaires tels Eco Hebdo, La
Vérité, La Source, Le courrier du Sud, Le journal
de L'économie, Le Politicien, Le Témoin, Nouvel
Horizon etc. Le pluralisme radiophonique est reconnu et un haut conseil de la
radiotélévision (loi 92-57 du 25 août 1992) y veille. On
note, en plus de la radio gouvernementale, les radios Sud FM, Dunya
FM, Nostalgie, Diamono FM, Energie FM, Téranga
FM, Oxyjeunes, Radio Dunya, Sept FM, Sokhna
FM, WalFadjiri FM, ainsi que des stations internationales comme RFI
(Radio France Internationale), Africa n°1, BBC (British Broadcasting
Corporation). Plusieurs télévisions étrangères
comme Canal Horizon ou TV5 émettent au
Sénégal. De nos jours, les médias, en particulier les
journalistes, sont confrontés à de nouveaux défis. Des
pressions commerciales et politiques menacent leur crédibilité et
affaiblissent leur influence sur la société. Ils doivent faire
preuve de transparence et assumer leurs responsabilités pour
établir une relation de confiance avec leurs lecteurs, auditeurs ou
téléspectateurs, ainsi qu'avec les divers autres acteurs
concernés : leur propre personnel, les annonceurs, le public en
général, la société civile, les pouvoirs publics,
etc.
Le contexte social et culturel est marqué par les
mêmes grandes tendances sociologiques et culturelles que dans les pays
développés, tendances qui contribuent au développement de
l'interactivité. La forte déstabilisation des identités
sociales, la fin des idéologies ont stimulé le retour en force de
la subjectivité. Ces tendances, avec d'autres, ont contribué au
changement de régime en 2000 avec, pour la première fois depuis
l'indépendance, la prise du pouvoir par une majorité
libérale prônant une politique fondée sur la libre
entreprise et la responsabilité individuelle. Il est d'ailleurs
important de souligner que les radios communautaires ont contribué
fortement de l'aveu même des responsables politiques, à la
victoire d'Abdoulaye Wade, même si par la suite les relations entre Wade
et la presse se sont rapidement dégradées, le pouvoir cherchant
par des pressions de plus en plus pressantes sur la presse et les
journalistes.
Toutefois, des différences de contextes importantes
séparent les medias du Sénégal des médias des pays
développés. Certaines ne vont pas dans le sens du
développement des émissions interactives. Les normes
traditionnelles sont encore fortement prégnantes. La faible emprise de
la démocratie, la corruption, le rôle des confréries, le
fatalisme qu'inspire la perpétuation de la misère par-delà
les changements politiques ont progressivement délégitimer le
débat politique et la démocratie. Ici aussi, les journaux sont
également plus ou moins contrôlés mais la différence
est que nos journalistes ont tendance à s'autocensurer de façon
plus ou moins consciente. Du fait d'avoir un patron qui dépend du
pourvoir en place.
Conclusion
Cette étude se voulait une analyse de l'influence des
journalistes sénégalais sur la société dakaroise.
L'histoire coloniale et missionnaire en est le point de départ. En
effet, le Sénégal est l'une des premières colonies
où s'implantèrent les premiers journaux d'expression
française. A cette époque, l'histoire
politique du pays fut marquée par la reconnaissance des ressortissants
des quatre communes (Saint-Louis, Gorée, Rufisque, Dakar) comme des
citoyens français. Ce qui a accru l'intérêt des
Sénégalais pour la chose politique très tôt.
Au plan local, on assiste à une certaine
diversité médiatique, presque chaque parti possédait un
organe de presse. C'est de cette période que datent les premiers
journaux privés. Aujourd'hui, ces organes idéologiques ont
cédé la place à des journaux d'informations
générales.
Dans cette perspective, il ne faut pas perdre de vue la
capacité qu'ont les médias à toucher une large audience.
Ainsi, les journalistes sénégalais tentent de jouer le rôle
qui leur sied, c'est-à-dire contribuent à consolider la
démocratie sénégalaise en informant la population sur tout
sujet digne d'intérêt national. Quoique leur existence
témoigne d'un environnement libéral, les dérives des
journalistes ne doivent pas rester impunies sous prétexte de
préservation de la démocratie. Cette liberté doit
s'exercer par un encadrement juridique, on parle alors de régulation
extérieure ou d'une régulation par la profession elle-même,
il s'agira dans ce cas d'autorégulation. La régulation
extérieure est essentiellement assurée par la loi sur la presse
de février 1996. Celle-ci se caractérise par son aspect
libéral. Inspirée des plus grands textes internationaux comme la
charte de Munich, elle fixe un certain nombre de droits tout en instaurant des
devoirs dont la déviance est réprimée par la justice.
Toutefois, du fait de la désinformation, de la
propagande, de la censure, le journaliste peut inciter à des
comportements dangereux.
En effet, l'information journalistique peut avoir deux
fonctions. D'une part, elle peut être considérée dans un
but éducatif, c'est-à-dire élever l'esprit, et d'autre
part elle peut être considérée comme déformatrice,
ce qui aura pour but de "déterminer une attitude et un comportement".
Pour mieux apprécier l'influence des journalistes
sénégalais sur la société dakaroise, les
dérives et les dérapages, il aurait été plus
bénéfique d'être en possession de tous les articles
incriminés. De même, nous déplorons le fait de n'avoir pas
pu obtenir beaucoup plus d'entretiens avec les instigateurs. Mais comme nous le
disions plus haut, nous envisageons de toute manière, si l'occasion nous
est offerte, de compléter ce travail.
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www.lesoleil.sn
www.spresse.net
www.aps.sn
http://www.etat.sciencespobordeaux.fr/institutionnel/senegal.html
ANNEXE1 : CHARTE DES JOURNALISTES DU
SENEGAL
|
Le citoyen sénégalais a droit à une
information exacte, pluraliste et impartial en vue de mieux exercer son droit
à la satisfaction de ses aspirations. Ce droit ne peut être
réalisé sans l'existence d'une presse libre, indépendante,
plurielle et forte jouant pleinement sa fonction de "chien de garde" du
système démocratique. Par conséquent, le journaliste a une
responsabilité particulière dans l'exercice de son métier
et doit veiller à respecter les principes qui fondent sa profession et
qui, généralement, ont un caractère universel. A cet
effet, dans l'exercice de sa profession, le journaliste
sénégalais s'engage à respecter les principes qui sont
énoncés dans cette Charte des Journalistes du
Sénégal ainsi que les normes professionnelles
généralement admises dans les pays où la presse est libre
et qui sont identifiées en fonction des progrès techniques,
notamment avec le développement des nouvelles technologies de
l'information et de la communication. Ces principes sont ceux à partir
desquels le Comité pour le Respect de l'Ethique et de la
Déontologie du Sénégal (CRED) veillera à
défendre l'exercice d'un journalisme libre et responsable au
Sénégal.
1. Considérer que le droit du public à une
information juste et équilibrée prime sur toute autre
considération.
2. Respecter la vérité sans tenir compte
d'aucune considération personnelle
3. Défendre l'indépendance et la liberté
de la presse dans tous aspects, notamment en ce qui concerne la liberté
d'information, d'expression, de commentaire, de critique et d'enquête et
l'interdiction de la censure
4. Respecter la dignité de la personne humaine et des
groupes sociaux, notamment les groupes minoritaires, en toute circonstance
5. Ne procéder à une aucune altération de
l'information, notamment par la suppression d'éléments essentiels
à son équilibre et à son impartialité
6. Collecter l'information par des moyens professionnels,
notamment en s'identifiant comme journaliste. Le recours à des moyens
clandestins doit être exceptionnel et justifié par
l'intérêt de l'information pour le public et
l'impossibilité d'obtenir ces informations par des méthodes
professionnelles éprouvées. Lorsque le journaliste a recours
à ces moyens clandestins, il devra en informer le public dans la
relation des faits
7. Respecter la vie privée des individus. Cependant, le
journaliste n'est pas tenu à ce principe lorsque:
· certains éléments de la vie privée
d'une personnalité publique ou d'une personne ayant une charge publique
sont pertinents pour comprendre l'exercice de sa fonction ou pour mettre en
perspective sa vie publique et son comportement public
· la personne elle-même à sa vie
privée un caractère public
· les faits privés se déroulent sur la
place publique
8. Publier seulement les informations dont l'origine est
connue
9. Rectifier sans délais toute information
erronée
10. S'interdire la diffamation, la calomnie, le plagiat, les
accusations sans fondements, l'injure, l'apologie de la violence et la haine
entre des groupes sociaux
11. Garder le secret professionnel et ne pas divulguer ses
sources d'information devant quelque instance que ce soit, sauf si la source a
volontairement trompé le journaliste; ne faire recours à des
sources anonymes que dans des cas exceptionnels
12. Ne pas utiliser les informations publiées ou non
à des fins autre que l'information du public
13. Refuser et dénoncer toute directive professionnelle
en dehors de son équipe rédactionnelle
14. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec
celui de publicitaire ou de propagandiste; refuser et dénoncer toute
consigne, directe ou indirecte, des annonceurs
15. Eviter les situations de conflits d'intérêts
ou d'apparence de conflits d'intérêts, en se mettant ou en
semblant se mettre, avec ou sans avantages personnels, au service
d'intérêts particuliers
16. Invoquer la clause de conscience chaque fois que de
besoin, notamment en refusant toutes pratiques contraires à
l'éthique et la déontologie de sa profession et en assumant la
responsabilité pleine et entière des informations
diffusées sous sa signature
17. Respecter le droit de réponse du public
18. Proscrire toute omission ou publication d'une information
en vue d'en tirer un privilège personnel ou au profit de ses proches
19. Cultiver un esprit confraternel dans la collecte et la
diffusion de l'information, notamment en s'interdisant de participer
directement ou non à toute entreprise visant à nuire à un
journaliste ou à une entreprise de presse
20. Exercer sa profession sur la base d'un contrat respectant
les normes minimales édictées dans la Convention collective des
Journalistes et Techniciens de la communication du Sénégal.
ANNEXE2 : Déclaration des devoirs et
des droits des journalistes (Munich, 1971)
Préambule
Le droit à l'information, à la libre expression
et à la critique est une des libertés fondamentales de tout
être humain. Ce droit du public de connaître les faits et les
opinions procède l'ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime
toute autre responsabilité, en particulier à l'égard de
leurs employeurs et des pouvoirs publics. La mission d'information comporte
nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes
s'imposent spontanément. Tel est l'objet de la déclaration des
devoirs formulés ici. Mais ces devoirs ne peuvent être
effectivement respectés dans l'exercice de la profession de journaliste
que si les conditions concrètes de l'indépendance et de la
dignité professionnelle sont réalisées. Tel est l'objet de
la déclaration des droits qui suit.
Déclaration des devoirs
Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la
rédaction et le commentaire des événements, sont :
[1] respecter la vérité,
quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même,
et ce, en raison du droit que le public à de connaître ;
[2] défendre la liberté de
l'information, du commentaire et de la critique ;
[3] publier seulement les informations dont
l'origine est connue ou les accompagner, si c'est nécessaire, des
réserves qui s'imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles
et ne pas altérer les textes et les documents ;
[4] ne pas user de méthodes
déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des
documents ;
[5] s'obliger à respecter la vie
privée des personnes ;
[6] rectifier toute information
publiée qui se révèle inexacte ;
[7] garder le secret professionnel et ne pas
divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ;
[8] s'interdire le plagiat, la calomnie, la
diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque
avantage en raison de la publication ou de la suppression d'une information
;
[9] ne jamais confondre le métier de
journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste; n'accepter aucune
consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
[10] refuser toute pression et n'accepter de
directives rédactionnelles que des responsables de la
rédaction.
Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d'observer
strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le
droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n'accepte, en matière
d'honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion
de toute ingérence gouvernementale ou autre.
Déclaration des droits
[1] Les journalistes revendiquent le libre
accès à toutes les sources d'information et le droit
d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie
publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas
être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs
clairement exprimés.
[2] Le journaliste a le droit de refuser
toute subordination qui serait contraire à la ligne
générale de son entreprise, telle qu'elle est
déterminée par écrit dans son contrat d'engagement, de
même que toute subordination qui ne serait pas clairement
impliquée par cette ligne générale.
[3] Le journaliste ne peut être
contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une
opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience.
[4] L'équipe rédactionnelle
doit être obligatoirement informée de toute décision
importante de nature à affecter la vie de l'entreprise.
Elle doit être au moins consultée, avant
décision définitive, sur toute mesure intéressant la
composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et
promotion de journaliste.
[5] En considération de sa fonction et
de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au
bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un
contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et
morale ainsi qu'une rémunération correspondant au rôle
social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance
économique.
Munich, 1971
* 1 BEUVE-MERY
HUBERT, Parole écrite, Grasset, Paris, 1991, p.134
* 2 Cf. Charte internationale
des droits et des devoirs des journalistes adoptée à Munich en
1971
* 3 Cf. Institut
PANOS, Médias et élections au Sénégal,
NEAS, Dakar, 2002
* 4 Cf. Arnaud Mercier «
Pouvoir des journalistes, pouvoir des médias ? », communication,
Forum du Centre des sciences sociales de la Défense, 23 janvier
2002.
* 5 Cf :
Les
responsabilités sociales des journalistes
* 6 CANTAGREL Benoît
Influence des médias
* 7 Cf. LE JOURNALISME ET LA
QUESTION DE LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DANS LES PAYS AFRICAINS
NÉCESSITÉ D'APPROPRIATION DES VALEURS ÉTHIQUES ET
DÉONTOLOGIQUES Par Taïrou BANGRE
* 8 Cité par LOUM NDIAGA
Pluralisme de l'information et groupes multimédias au
Sénégal, thèse de doctorat, Bordeaux III 2001 p.
335
* 9 Institut PANOS, Ne
tirez pas sur les médias : éthique et déontologie de
l'information en Afrique de l'Ouest, L'Harmattan, Paris, 1996, p. 200
* 10 Cf : Le «
pouvoir des médias »
* 11 Mouhamadou Tidiane KASSE,
journaliste, Institut PANOS, Ne tirez pas sur les
Médias, Harmattan, Paris 1996
* 12
http://www.come4news.com/definition-du-journalisme-citoyen-4.html
* 13
Textes/uaco/responsabilité
sociale.doc
* 14
Textes/uaco/responsabilité
sociale.doc
* 15 DIAW PAPA ATOUMANE,
coordonnateur de la PRE-CONCERTATION NATIONALE SUR LES MÉDIAS :
L'esprit et la lettre d'un Code de la presse consensuel
* 16 BERTRAND JEAN
CLAUDE : Les fonctions des médias, régime acteurs
rôle in Médias : Introduction à la presse, radio et
télévision, Ellipses, Paris 1999
* 17 Loi du 2 février
1996, loi n°92-16, chp 4, art 15
* 18 Loi du 2 février
1996, loi n°92-16, chp 4, art 26
* 19 BALLE et J.-G.
PADIOLEAU, Sociologie de l'information : textes
fondamentaux, Larousse, Paris 1972, pp. 281-282
* 20 Nom donné à
la coalition de l'opposition menée par Abdoulaye WADE lors de
l'élection présidentielle de 2000
* 21
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dakar
* 22
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dakar
* 23
http://www.ancs.sn/Senegal%20situation%20demographique.htm
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