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L'électrification rurale par l'énergie solaire. Etude de cas au Bénin.

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par Julie Bobée
Université Libre de Bruxelles - Master en Sciences de la Population et du Développement 2010
  

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Economiques
DEPARTEMENT DE SCIENCES SOCIALES

Année académique 2009-2010

L'ÉLECTRIFICATION RURALE PAR L'ÉNERGIE SOLAIRE.
ÉTUDE DE CAS AU BÉNIN.

Julie BOBEE

Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de Master en Sciences de la Population et du Développement

Directeur : M. le Professeur Zaccaï

Remerciements

Je tiens à remercier M. Zaccaï et M. Huart pour leurs précieux conseils dans la rédaction de ce mémoire.

Je remercie également l'équipe de l'Agence Béninoise de l'Électrification Rurale et de la Maîtrise de l'Énergie, pour l'ensemble des connaissances et de l'aide qu'ils m'ont apporté, ainsi que pour leur convivialité.

Une pensée particulière est adressée à M. Dossou-Bodjrènou, directeur de Nature Tropicale, et à toute son équipe pour m'avoir formée et intégrée à leur équipe ainsi que pour avoir partagé leurs connaissances sur la problématique de l'énergie solaire et de m'avoir permis de mener à bien mes recherches.

Mes remerciements s'adressent également aux personnels des différents centres de documentation fréquentés et particulièrement à celui du Ministère de l'Environnement du Bénin, du COTA et de l'APERE à Bruxelles.

Je souhaite également remercier M. Adjallala, agronome béninois, pour avoir partagé ses connaissances sur Tori-Cada, ainsi qu'à ma famille pour leurs conseils.

Un grand encouragement et respect s'adressent à l'ensemble de la population de Dangbo et de Tori-Cada qui m'ont accueilli avec grande sympathie.

Table des matières

Introduction

1. Deux projets d'électrification solaire photovoltaïque mis en place au Bénin

 
 

5
8

1.1. Les projets de l'ABERME : cas du village de Tori Gada

 
 

8

1.1.1. Généralités sur Tori-Cada

 

8

 

1.1.2. L'électrification à Tori-Cada

 

9

 

1.1.2.1. État des lieux avant l'installation des modules photovoltaïques

10

 
 

1.1.2.2. Tori-Cada, un arrondissement électrifié grâce au solaire?

10

 
 

1.2. Les projets ponctuels : cas du projet de Nature Tropicale ONG

 
 

13

1.2.1. Généralité sur la commune de Dangbo

 

14

 

1.2.2. Présentation de Nature Tropicale et de son projet sur l'énergie solaire

 

17

 

1.2.2.1. Nature Tropicale ONG en quelques traits

17

 
 

1.2.2.2. Le volet énergie solaire de l'ONG

17

 
 

1.2.3. Mise sur place du photovoltaïque dans les villages de Dangbo

 

20

 

1.2.3.1. Kits pour les radios simples

20

 
 

1.2.3.2. Les « options solaires » pour les téléphones portables

21

 
 

1.2.3.3. L'électrification de centres communautaires

22

 
 

2. L'électrification rurale au Bénin et les différentes options développées

 
 

25

2.1. État des lieux : des zones rurales peu électrifiées et développement de l'électrification rurale décentralisée 26

2.1.1. La situation de l'électrification dans les zones rurales béninoises 26
2.1.1.1. Un lien entre la faible densité de la population rurale et l'électrification

rurale quasi inexistante 26

2.1.1.2. Les problèmes de fourniture d'énergie électrique 28

2.1.1.3. Les alternatives développées pour l'électrification rurale avant la mise en

place de la politique d'électrification rurale

28

 
 

2.1.2. L'organisation béninoise du secteur de l'électricité

 

31

 

2.1.2.1. La situation dans les années 1990

31

 
 

2.1.2.2. Aspects institutionnels et réglementaires

33

 
 

2.1.2.3. Les acteurs du secteur de l'électricité

35

 
 

2.1.2.4. Les capacités de production d'électricité

36

 
 

2.1.3. ... et la décentralisation du service de l'électrification rurale

 

36

 

2.1.3.1. Les concessions

36

 
 

2.1.3.2. L'auto-production

37

 
 

2.1.3.3. La politique d'électrification rurale et son financement

37

 
 

2.2. Les options développées par l'agence étatique pour l'électrification rurale

 
 

40

2.2.1. Les critères de choix et d'éligibilité

 

40

 

2.2.2. Les sources d'énergies possibles pour la micro-électrification

 

42

 

2.2.3. Les options développées par l'ABERME

 

43

 

3. Avantages et inconvénients du solaire photovoltaïque pour les localités rurales du Bénin. .46 3.1. Explications simplifiées de cette technologie attrayante 46

3.1.1. La composition d'un système photovoltaïque 46

3.1.2. La maintenance 49

49

3.1.3. Les applications du photovoltaïque 50

3.1.3.1. Les applications pour les sites isolés : de quelques watts à 1 kW...50
3.1.3.2. Les applications de quelques kilowatts au mégawatt 51

3.2. Les avantages du solaire dans un pays en développement

 

51

3.2.1. Les avantages de tout système solaire pour les zones rurales

51

 

3.2.2. Les avantages particuliers des applications du photovoltaïque

52

 

3.3. ... et ses inconvénients

 

53

3.3.1. Les problèmes techniques

54

 

3.3.2. Les problèmes économiques

55

 

3.3.3. Les problèmes politiques

58

 

3.3.4. Les problèmes environnementaux

58

 

3.3.5. Les problèmes géographiques

59

 

4. Surmonter les obstacles

 

62

4.1. Surmonter l'obstacle financier

 

62

4.1.1. Une étude préalable approfondie

62

 

4.1.2. Proposer des facilités de paiement

65

 

4.2. Assurer une maintenance adéquate

 

72

4.2.1. Concentration des installations et mise en place d'un relais local

73

 

4.2.2. Une formation réelle et adaptée

76

 

4.3. L'installation par une structure avec de l'expérience

 

78

4.4. Un dialogue multisectoriel et l'implication de tous les acteurs

 

79

4.5. Permettre l'apport de ressources financières supplémentaires par le développement des

activités professionnelles 80

4.6. Penser à l'après-vie des composants 81

4.7. Réflexion sur les autres types d'électrification solaire 82

Conclusion 84

Bibliographie 88

Annexe 1 : Carte de la commune de Tori-Bossito 95

Annexe 2 : Carte de la commune de Dangbo 96

Annexe 3 : Cartes du réseau électrique et de la densité de population 97

Annexe 4 : Ensoleillements et latitudes au Bénin 98

Annexe 5 : Plan de financement d'une opération type, selon René Massé 99

Index 100

Introduction

« Électrification rurale » et « Afrique Subsaharienne » : des termes antinomiques? Si en matière d'électrification, de nombreuses disparités existent entre les pays en développement, c'est bien l'Afrique Subsaharienne qui se retrouve en fin de palmarès et en particulier dans le domaine de l'électrification rurale. En effet, alors que l'on estime que 56% des zones rurales dans les pays en développement sont électrifiées, seules 8% des zones rurales d'Afrique Subsaharienne le sont1. Le Bénin - classé par le PNUD en 2004 parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) - ne fait donc pas exception à la règle.

Ce pays, d'une superficie de 112 622 km2 pour une population de 7 184 043 habitants2 avec une majorité de ruraux (61,1% de population rurale contre 38,9% d'urbains)3, est faiblement électrifié avec une grande disparité entre les villes et les campagnes. En effet, si on s'arrête sur le taux d'électrification - défini par René Massé comme le « rapport entre la population desservie et la population totale de la zone »4 - on constate qu'il était en 2004 aux alentours des 22%5 et ce taux descend à moins de 2% pour la population rurale (contre 53% pour la population urbaine)6. Une couverture plus large de la population en matière d'électrification représente donc un défi pour ce pays d'Afrique de l'Ouest et en particulier pour pallier à cette inégalité criante entre ville et campagne. Nous allons donc nous focaliser sur l'électrification rurale au Bénin et en particulier sur les potentialités réelles offertes par la technologie du solaire photovoltaïque dans ce domaine. L'électrification rurale peut être développée de différentes manières et à partir de différentes technologies. En effet, on peut procéder par électrification centralisée ou décentralisée, la différence étant la centralisation ou non de la production d'énergie ainsi que la distribution ou non par réseaux. L'électrification rurale décentralisée est promue pour les pays en développement depuis plus d'une trentaine d'années et depuis le séminaire de Marrakech7 en 1995, il est de plus en plus question de développer ce type d'électrification. Par ailleurs, on peut mettre en place soit la technologie éolienne ou hydraulique, soit les groupes électrogènes ou encore le solaire photovoltaïque, ou une

1 Fall 2008, 84

2 D'après le 3ème recensement général de la population et de l'habitation réalisé par l'Institut de la Statistique et de l'Analyse Économique (INSAE) en 2002.

3 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, s.d.b, 6

4 Massé 2007, 1

5 Fall 2008, 89

6 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, s.d.c, 14

7 Le séminaire de Marrakech a été organisée par la France et le Maroc. Il se voulait une contribution pour les travaux de la Commission pour le Développement Durable des Nations-Unies (CDD). Son thème principal était l'électrification décentralisée.

combinaison de ceux-ci. Dans le cas du Bénin, l'électrification rurale décentralisée est promue notamment via l'Agence Béninoise pour l'Électrification Rurale et la Maîtrise de l'Énergie (ABERME) avec la mise en place de différentes technologies selon les situations géographiques des localités et, parmi elles, le solaire photovoltaïque. Des projets d'électrification par le solaire photovoltaïque sont également mis en oeuvre par des associations ou organisations non gouvernementales (ONG) dans différents villages.

L'énergie solaire est donc une option pour l'électrification rurale qui se développe dans ce pays dont l'irradiation solaire est assez abondante (moyenne de 5000Wh/m2 par jour8). Mais alors que l'on considère que la durée de vie d'un module photovoltaïque est d'environ vingt ans, est ce que l'énergie solaire, telle qu'elle est mise en place, représente une solution durable pour l'électrification des villages au Bénin ?

L'accès à l'énergie est considéré comme faisant partie des « basic requirements »9, on peut donc estimer que les populations rurales ont besoin et souhaitent avoir accès à l'électricité (hypothèse 1). Pour répondre à ce désir, il semblerait que l'énergie solaire soit une bonne opportunité pour les populations rurales béninoises, non reliées au réseau électrique, pour avoir accès à l'électricité notamment car le coût du raccordement au réseau traditionnel des localités isolées est très lourd pour ce pays parmi les plus pauvres au monde (hypothèse 2). Par ailleurs, alors que les projets mis en place dans les années 1990 ont montré de nombreuses limites et n'ont pas été « durables », les leçons ont dû être tirées afin qu'aujourd'hui les installations soient pérennes (hypothèse 3).

Pour analyser le sujet, une méthodologie en trois temps a été appliquée. La première partie du travail consiste en une recherche scientifique sur l'électrification dans les régions rurales en Afrique de l'Ouest et plus particulièrement sur l'électrification décentralisée et l'électrification solaire. Ce travail s'appuie sur divers ouvrages dédiés à ce sujet (livres, revues, articles scientifiques...). Vient ensuite une recherche sur la situation énergétique au Bénin et spécialement en milieu rural en se basant en grande partie sur des données récoltées auprès de l'ABERME et des ministères au Bénin. La dernière phase de la recherche s'appuie sur une

8 AMOUSSOU et al. s.d., 11

9 Selon la déclaration finale du Sommet mondial pour le développement durable (SMDD) qui s'est tenu à Johannesbourg en 2002.

recherche de terrain avec la visite de villages électrifiés par l'énergie solaire, l'analyse des projets et des entretiens informels.

Ces recherches permettent dans un premier temps de faire un état des lieux de deux endroits électrifiés par le solaire, en s'arrêtant sur le village de Tori-Cada, qui a bénéficié d'un projet émanant de l'agence d'électrification rurale visant à électrifier 24 villages béninois par le solaire photovoltaïque, puis en regardant les actions menées sur le solaire par une ONG (Nature Tropicale ONG) dans la commune de Dangbo. Pour comprendre pourquoi différentes structures cherchent à installer l'électricité dans les zones rurales il est nécessaire de revenir sur la situation de ces zones en terme d'accès à l'électricité ainsi que sur les différentes options qui sont actuellement mises en place ou qui sont envisagées. Une de ces options est le solaire photovoltaïque représentant à la fois des avantages et des inconvénients qui seront mis en lumière grâce à une explication simplifiée de cette technologie accompagnée d'une analyse de ses bons et mauvais aspects dans le contexte particulier des pays en développement (PED) selon la littérature sur le sujet et en comparaison avec ce qui est mis sur pied au Bénin. Par la suite seront envisagées les conditions à requérir pour surmonter les obstacles sur la base des recommandations de la littérature et d'une réflexion sur le cas particulier du Bénin.

1. Deux projets d'électrification solaire photovoltaïque mis en place au Bénin

1.1. Les projets de l'ABERME : cas du village de Tori Gada

L'ABERME - un établissement public à but non lucratif avec pour mission de mettre en oeuvre la politique de l'État dans les domaines des énergies renouvelables dans les zones rurales ainsi que de la maîtrise d'énergie - a lancé un projet d'électrification par solaire photovoltaïque dans vingt-quatre localités dont Tori-Cada, grâce à un financement conjoint du budget national et de la Banque Islamique du Développement (BID).

1.1.1. Généralités sur Tori-Cada

Pour présenter la situation géographique de Tori-Cada, il est nécessaire en premier lieu de s'arrêter sur le découpage administratif du Bénin. D'une superficie de 114 763 km2, le pays est découpé en 12 départements10, chaque département est divisé en communes, elles-mêmes constituées d'arrondissements rassemblant les villages et quartiers de villes alentours. Administrativement Tori-Cada est donc un arrondissement (avec cinq autres arrondissements) de la commune de Tori-Bossito, qui est située dans le département de l'Atlantique (département comptant huit communes)11. (Cf. Annexe 1) Par ailleurs, Tori-Cada est un arrondissement important en terme démographique. En effet, avec ses 11 952 habitants, il regroupe 27% de la population de la commune12, une population constituée pour moitié de femmes (6 029 femmes)13 et en grande partie analphabète. En effet, l'arrondissement compte une population à plus de 68% analphabète alors que ce taux est aux environs de 46,6% pour la commune14. Il est également important de relever que cette commune est faiblement urbanisée (28% d'urbains) et que les activités sont fortement liées à l'agriculture au sens large (production végétale, élevages, pêche, pisciculture, exploitation forestière). En effet, 60% de la population travaille dans l'agriculture et 26% se consacre au commerce y compris le

10 Du découpage administratif du Bénin résulte la division du pays en 12 départements : Alibori, Atacora, Atlantique, Borgou, Collines, Couffo, Donga, Littoral, Mono, Ouémé, Plateau et Atlantique.

11 Gouvernement du Bénin, « Commune de Tori-Bossito », [ www.gouv.bj/spip.php?article1029] (page consultée le 30 mars 2010)

12 La commune de Tori-Bossito a une population de 44 569 personnes.

13 Mairie de Tori Bossito 2005, 12-14

14 Selon les données tirées du Plan de développement de la commune de Tori-Bossito (Mairie de Tori Bossito op.cit, 12-14)

commerce de produits agricoles et de produits issus des transformations agro-alimentaires15. Par ailleurs, le niveau de vie de la population est assez faible. Selon une enquête développée par l'INSAE en 200716, alors que dans les zones rurales pour l'ensemble du Bénin on considère que les dépenses totales annuelles d'un ménage (constitué de 5,4 personnes) sont de 967 829 FCFA17 - soit 180 552 FCFA par tête - ces chiffres sont plus faibles pour la commune de Tori-Bossito. Les dépenses totales annuelles y sont de 624 616 FCFA par ménage (ménage de 4,2 personnes), soit 149 375 FCFA par tête. Par ailleurs, selon les renseignements récoltés sur le terrain, dans l'arrondissement de Tori-Cada, le pouvoir d'achat d'un ménage de cet arrondissement est encore plus faible que cela car il avoisine les 300 000 FCFA par an (soit aux alentours de 450 euros).

Pourtant la commune s'est fixée comme objectif que « Tori-Bossito, [soit] en 2019, une commune bien gouvernée, jouissant d'un bien-être social et d'un rayonnement culturel, avec une économie prospère basée sur une agriculture moderne, dont les filles et fils sont unis et solidaires »18. Or, sans électricité, envisager d'atteindre de tels objectifs semble assez difficile. Il est donc intéressant d'analyser la situation en matière d'électrification dans un des arrondissement de Tori-Bossito (Tori-Cada) grâce à une description de la situation avant la venue du photovoltaïque suivi de celle résultant de l'installation solaire.

1.1.2. L'électrification à Tori-Cada

Du point de vue de l'électrification, seule une partie de la commune est électrifiée par le réseau conventionnel. En effet, seuls 284 ménages sur 7 km sont abonnés à la SBEE par une ligne moyenne tension reliant l'arrondissement de Tori-Bossito à celui de Tori-Gare qui est doté d'une gare ferroviaire. L'arrondissement de Tori-Cada n'est donc pas relié au réseau électrique conventionnel. L'accès à l'électrification dans ces villages pose donc problème à la fois pour la population mais également pour les installations communautaires car sans électricité on ne peut pas avoir de frigidaire dans un centre de santé, on ne peut pas faire fonctionner de château d'eau, etc.

15 Mairie de Tori Bossito op.cit., 21

16 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique 2009, 3-14

17 1 FCFA équivalent à 0,00152249 euros.

18 Mairie de Tori Bossito op.cit., 36

1.1.2.1. État des lieux avant l'installation des modules photovoltaïques

Avant la mise en place des modules solaires, les habitants de l'arrondissement n'avaient pas accès à l'électricité car peu d'entre eux possédaient des groupes électrogènes. Seuls les commerçants et les fonctionnaires utilisaient des groupes électrogènes en raison de moyens financiers plus importants. La population devait donc trouver des alternatives pour s'éclairer de nuit (de 19h à 6h30 en moyenne). Elle avait essentiellement recours à la lanterne (on entend par là une lampe à pétrole que l'on alimente généralement par de l'essence frelatée, importée du Nigeria et que l'on trouve facilement dans les villages, sur les routes et chemins...). Par ailleurs, la majorité de la population utilisait des téléphones portables, pour les recharger ils devaient donc se rendre à Tori-Bossito où ils pouvaient le faire contre 100 FCFA19 (soit 15 cents d'euros). Quant à l'eau potable, la population avait accès gratuitement à différentes installations communautaires. En effet étaient mis à leur disposition des puits à grand diamètre couvert, des pompes hydrauliques manuelles ou pour pieds et des citernes qui étaient correctement protégées. En matière d'accès au soin, une maternité et une infirmerie fonctionnaient dans le chef lieu de Tori-Cada malgré qu'il n'y ait ni eau courante, ni électricité, car elles n'étaient pas dotées de groupes électrogènes. Par conséquent, il n'y avait pas de frigidaire pour garder des vaccins, d'ampoule pour éclairer à la nuit tombée les salles de soins et les chambres, ni d'accès aisé à l'eau lors des accouchements, etc. L'arrondissement20 n'était pas non plus doté de groupes électrogènes et des lanternes étaient donc utilisées pour l'éclairage lorsque cela était nécessaire .

1.1.2.2. Tori-Cada, un arrondissement électrifié grâce au solaire?

Lors de l'élaboration du « programme d'action pour l'électrification des localités rurales du Bénin »21, Tori-Cada avait été sélectionnée avec 35 autres par le « projet d'électrification de 154 localités », afin de recevoir une étude de faisabilité pour l'électrification de la localité. Ce projet, sous la tutelle du Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique et sous la responsabilité de la Société Béninoise d'Énergie Électrique (SBEE), prévoyait une phase d'étude de 2003 à 2008 grâce à un financement de la Banque Mondiale. Finalement, un arrêté a défini en 2005 que Tori-Cada ferait partie des concessions de l'ABERME (et non de la SBEE). C'est ainsi que Tori-Cada a bénéficié d'un projet de

19 Pour comparaison, le pain est vendu à 120 FCFA.

20 « L'arrondissement » est le terme désignant au Bénin le chef lieu de l'arrondissement.

21 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, s.d.c., 31

l'ABERME visant à équiper 24 localités en systèmes solaires photovoltaïques et comportant deux volets.

- Volet adduction d'eau

> Alimentation de la population en eau potable : objectif de construire un château d'eau et un mini réseau d'adduction d'eau avec des forages équipés de pompes solaires.

- Volet électricité avec différents objectifs

> Électrification publique : vise à fournir un éclairage public, c'est-à-dire des rues grâce à des lampadaires solaires.

> Électrification des centres sociaux communautaires : les dispensaires, les maternités, les écoles, le logement de l'infirmier, les centres de loisirs, etc., doivent être électrifiés et dotés de réfrigérateurs solaires (en particulier les centres de santé).

> Électrification de la population : les habitants ont la possibilité d'installer chez eux des kits solaires permettant de faire fonctionner 4 à 6 ampoules. Les kits sont subventionnés et la population peut les faire installer sur demande en échange d'un financement étalé sur un maximum de trois ans.

En 2005, diverses installations photovoltaïques ont donc été installées à Tori-Cada. Ainsi, des lampadaires solaires ont été implantés pour éclairer les rues. Un château d'eau a été construit et comme la maternité, l'infirmerie et l'arrondissement, il a été équipé de modules solaires. Pour faciliter les installations, ces différents bâtiments ont été concentrés au même endroit. C'est ainsi que le château d'eau a été construit à côté de la maternité et de l'infirmerie. Il se trouve de ce fait en hauteur par rapport au reste de l'arrondissement, ce qui facilite la distribution de l'eau. L'arrondissement a donc dû être déplacé grâce aux financements du budget national comme le projet ne prévoyait pas de fonds pour sa reconstruction.

La compagnie qui a remporté l'appel d'offre de l'ABERME a donc installé :

- Pour alimenter l'arrondissement : 2 panneaux de 4 modules chacun (soit 8 modules)

- Pour alimenter le château d'eau et la maternité ensemble : 8 panneaux de 6 modules chacun (soit 48 modules)

- Pour alimenter l'infirmerie : 2 panneaux de 4 modules chacun (soit 8 modules)

- Pour l'éclairage public : 12 lampadaires solaires (lampes photovoltaïques autonomes montées sur poteaux)

Exemple d'installation coordonnée l'ABERME, pour le centre de santé

· Module : 85 Wc (18V - 4,72 A) de BP Solar

· Batterie : ouverte à plomb-acide, de 24 V / 400 Ah, adaptées au photovoltaïque

· Régulateurs : 12V-24V/45A.

· Onduleurs : 1200 VA (entrée de 24V et sortie de 230 V / 50Hz)

· Disjoncteur

· Ampoules économiques

· Réfrigérateur - Congélateur : 24 litres (réfrigérateur) et 2,4 litres (congélateur), 230V / 50Hz, conçu pour les conditions tropicales et pouvant fonctionner avec de l'électricité et du kérosène

 

Selon le responsable de l'arrondissement, le matériel installé fonctionne correctement malgré quelques problèmes. Comme il n'y a pas de service de maintenance quand ils se retrouvent face à des problèmes - aussi minimes soient-ils - ils doivent faire appel à leurs propres frais à la société qui a installé le matériel. Par exemple, elle doit se déplacer quand le niveau d'électrolyte des batteries est bas et qu'il faut remettre de l'eau distillée. Il y a eu également du retard dans la livraison de certaines pièces et certains composants ne sont jamais arrivés. A cela s'ajoute quelques vols. Des modules ont été volés et n'ont pas été remplacés, il y a ainsi plusieurs lampadaires qui ne fonctionnent plus. Par ailleurs, alors qu'ils rentrent dans la cinquième et dernière année du projet, ils n'atteindront pas tous les objectifs d'électrification car les habitants n'envisagent pas de faire installer des kits chez eux. En effet, seul un particulier - à la suite des séances de sensibilisation - a fait installer pour son habitation un kit solaire. Ce kit de 85 Wc et son installation reviennent à 650 000 FCFA, au lieu de 1 350 000 FCFA grâce aux subventions, et la possibilité est offerte de payer par échelonnement à travers des caisses locales durant au maximum trois ans, en prenant en considération le caractère saisonnier des revenus. Cependant malgré ces avantages financiers (Cf. Partie 2.2), la population tirant une grande partie de ses revenus de l'activité agricole, a un pouvoir d'achat trop faible et irrégulier pour envisager d'installer chez elle ces kits.

Les habitants continuent donc comme avant le projet d'utiliser la lanterne et les groupes électrogènes pour les quelques particuliers qui en étaient dotés. Ils se rendent également toujours à Tori-Bossito pour recharger leurs téléphones portables contre 100 FCFA. Pourtant, chaque personne interrogée - et notamment un groupe de femmes de l'arrondissement suivant une formation sur l'agriculture - dit souhaiter avoir chez soi l'électricité. Une des raisons - donnée par l'ingénieur agronome donnant la formation - est qu'avec l'électricité il serait possible de vendre les produits agricoles au niveau supranational car alors on pourrait faire fonctionner les moulins et autres machines agricoles. Cependant il ne semble pas que les habitants de la localité puissent avoir un meilleur accès à l'électricité dans le moyen terme.

Par contre toutes les personnes interrogées sont satisfaites de l'électrification des installations communautaires22 et, selon le responsable de l'arrondissement, l'arrondissement compte prendre en charge les coûts des futures réparations nécessaires à leur bon fonctionnement. Par ailleurs, ces installations communautaires fonctionnent mieux depuis qu'elles sont dotées de l'électricité. En effet, au niveau des centres de santé, les conditions d'hygiènes sont améliorées grâce à l'accès à l'eau et à l'électricité, les vaccins peuvent être conservés, les gardes de nuit sont facilitées grâce à l'éclairage électrique, etc. Il faut cependant noter que les horaires d'ouverture des centres de santé n'ont pas été modifiés avec l'installation de l'électricité. Quant à l'arrondissement grâce au courant électrique, il peut faire fonctionner des ordinateurs, avoir des pièces ventilées, etc. Ce dernier point n'est pas négligeable dans ce pays où il fait une trentaine de degrés, cela permet par exemple, de mettre en place des formations dans de bonnes conditions (comme pour les séances de formation sur l'agriculture à destination des femmes).

1.2. Les projets ponctuels : cas du projet de Nature Tropicale ONG

L'électrification des zones rurales béninoises n'émane pas seulement d'initiatives de structures étatiques, mais également d'actions menées par la société civile. On retrouve ainsi des organisations non gouvernementales qui installent des kits solaires dans certaines localités. En raison de moyens - financiers et humains - limités, leur champ d'action est souvent plus restreint (il se limite souvent à une ou deux localités). Les actions de Nature

22 Ces avis ont été recueillis lors d'entretiens sous forme de discussions informelles. Les personnes interrogées peuvent donc se sentir libres de donner leur avis. Cependant cela reste un entretien entre un étranger et un local et, pour beaucoup, l'étranger représente une source de financement et/ou d'aide potentielle.

Tropicale ONG dans la commune de Dangbo peuvent ainsi être prises comme un exemple concret de ce qui peut-être mené par la société civile. Pour se faire, il est nécessaire de procéder en premier lieu à une présentation de la commune puis de l'ONG et de son projet solaire, pour ensuite décrire la façon dont ce dernier s'est mis concrètement en place dans les villages de la commune.

1.2.1. Généralité sur la commune de Dangbo

Située au sud-ouest du Bénin dans le département de l'Ouémé, la commune de Dangbo compte une population de 66 055 habitants (INSAE 2002) pour une superficie de 340 km2. (Cf. Annexe 2) Cette population est répartie comme suit entre les sept arrondissements de la commune.

Arrondissements

Hommes

Femmes

Total

Dekin

3 435

3 460

6 895

Gbeko

4 899

5 425

10 324

Houedomey

6 016

6 208

12 224

Hozin

4 698

5 378

10 076

Kessounou

4 876

4 926

9 802

Zoungue

3 915

4 411

8 326

Dangbo

3 899

4 509

8 408

Total

31 738

34 317

66 055

 

Tableau 1: Répartition de la population entre les différents arrondissements de Dangbo

En matière des potentialités de la commune, on retrouve :

- les ressources agricoles : maïs, arachides, haricot, manioc, niébé23, patate douce, igname, sésame, palmier à huile, haricot, canne à sucre

- les ressources en élevage : bovins, porcins, volailles, ovins

- les cultures de rente : manioc, canne à sucre

- les ressources naturelles : carrière de sable fluviale et d'argile

- les ressources touristiques : forêts sacrées, étangs, jardin public, sur la route des Aguégués...

En vue de ces potentialités, il n'est pas étonnant de constater que l'activité principale est liée à l'agriculture au sens large avec l'élevage, la pêche, le commerce, l'exploitation de bois de feu, les transformations agricoles. De leur côté, l'industrie et l'artisanat se limitent à une activité informelle alors que les activités liées au commerce et au transport sont plus significatives en raison de nombreux marchés, de présence de boutiques... Les activités touristiques ne sont quant à elles pas significatives. En ce qui concerne le secteur bancaire, on ne compte que la

23 Légumineuse morphologiquement proche du haricot.

présence d'une Caisse Locale de Crédit Agricole (CLCAM).

Ces activités n'engendrent pas d'importants revenus monétaires pour la population qui a par conséquent un faible pouvoir d'achat. Si on reprend les indices de l'INSAE24, on constate que les dépenses totales annuelles d'un ménage - constitué de 4,7 personnes - ne s'élèvent qu'à 900 626 FCFA25 soit 190 531 FCFA26 par tête et par an. On est également face à une population peu alphabétisée. En effet, selon une enquête de l'INSAE27, seul 24,7% de la population de plus de 15 ans est alphabétisé28.

Par ailleurs, se trouvant dans la vallée du fleuve Ouémé, une partie des sept arrondissements et des 41 villages et quartiers29 sont lacustres. Pour se rendre d'un village à l'autre, le transport en pirogue est donc bien souvent la seule possibilité et ce en particulier en période de crue. Dans ces conditions d'accès difficiles, on ne dénombre que peu de villages électrifiés (environ 323 ménages de la commune sont abonnés à la SBEE) et les quelques localités connectées à la SBEE se trouvent dans les arrondissements de Hozin et de Dangbo, des arrondissements non lacustres.

La population doit donc trouver des alternatives à l'électricité afin de pouvoir s'éclairer à la nuit tombée, recharger ses téléphones portables...

Recharger les téléphones portables n'est pas une préoccupation marginale tant l'usage de ceuxci est répandu. L'usage de la téléphonie mobile a connu une expansion très importante ces dernières années. La population elle-même l'explique en faisant référence à leur culture. En effet, elle a l'habitude de se rendre régulièrement chez différents membres de la famille et chez des amis, pour les saluer et prendre de leurs nouvelles. Avec l'usage de la téléphonie mobile, on est face à une transposition de cette coutume : on prend aussi des nouvelles grâce aux appels téléphoniques, des appels souvent courts (de l'ordre d'une ou deux minutes) mais très fréquents et réguliers. Cet usage est rendu possible aujourd'hui car chaque village a une couverture téléphonique. Seulement, comme ils ne sont pas tous couverts par les mêmes opérateurs téléphoniques et qu'il existe des tarifs préférentiels pour les appels entre mêmes opérateurs, il est commun de posséder deux voire trois téléphones portables avec des cartes sim d'opérateurs différents. Or, pour les recharger, il est nécessaire de se rendre chez une

24 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique op. cit., 5

25 Soit environ 1 379 euros.

26 Soit environ 290 euros.

27 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique op. cit., 24

28 Ce taux d'alphabétisation remonte à 59,2% si on prend la tranche d'âge des 15-24 ans.

29 La commune de Dangbo compte 35 villages et six quartiers.

personne, généralement un commerçant, possédant l'électricité où ce service est rendu contre rémunération (100 FCFA). Pour cela ils doivent donc souvent se rendre - en pirogue, à pied ou/et en moto - dans un autre village électrifié ou chez quelqu'un possédant un groupe électrogène.

En ce qui concerne l'éclairage, la population a recours aux lanternes mais également aux torches. Selon une enquête menée par Nature Tropicale30, plus de 95% des personnes interrogées sur l'ensemble de la commune utilisent des torches fonctionnant avec des piles jetables.

Cette même enquête rapporte également que 87% d'entre eux possèdent une radio simple fonctionnant à pile. En effet, l'usage de la radio est très répandu au Bénin et notamment dans les zones rurales, où elle constitue bien souvent le seul média facilement accessible. La télévision étant essentiellement le privilège des abonnés à la SBEE voir de ceux possédant des groupes électrogènes.

En ce qui concerne l'usage de la réfrigération, on constate qu'il est très peu développé. En effet, il est rare que les ménages abonnés à la SBEE possèdent un réfrigérateur car il représente un coût important par sa grande consommation d'énergie, mais également parce que les coupures d'électricité sont fréquentes et peuvent parfois durer plusieurs heures voire plusieurs jours. Mais il ne faudrait pas non plus négliger le poids du mode de vie. Malgré le climat chaud et humide la population - n'ayant jamais eu recours à la réfrigération - a développé des techniques de cuisson et des habitudes culinaires adaptées à leur mode de vie. L'utilisation de la réfrigération ne leur apparaît donc pas comme primordiale.

Du point de vue des installations communautaires, la situation au sein de la commune est différente selon si le village dans lequel on se trouve est électrifié ou non. Dans les villages non électrifiés, aucun éclairage n'existe dans les centres de santé et les écoles. Par exemple, certains collèges doivent arrêter les cours plus tôt le soir en raison de l'obscurité. Certains centres de santé ne possèdent également ni l'eau potable, ni l'électricité. La situation en matière d'accès à l'eau potable est réellement différente d'un endroit à l'autre car certains arrondissements possèdent des sources d'eau (dont des sources d'eau chaude) alors que d'autres n'ont à leur disposition que l'eau du fleuve31.

30 Nature Tropicale ONG 2009, 10

31 Selon une enquête de l'INSAE, 26,4% de la population de Dangbo n'a pas accès à l'eau potable. (Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique op. cit., 20)

1.2.2. Présentation de Nature Tropicale et de son projet sur l'énergie solaire 1.2.2.1. Nature Tropicale ONG en quelques traits

Depuis 1995, cette organisation à but non lucratif lutte pour la conservation et l'utilisation rationnelle de la diversité biologique, à travers l'information, l'éducation et la sensibilisation des différents acteurs. Son siège est basé à Cotonou et au sein de celui-ci un musée des sciences naturelles est installé depuis 1996. Avec ses quinze ans d'expériences, l'ONG a développé différentes activités regroupées sous des programmes plus vastes. Elle compte ainsi un programme de sauvegarde des espèces menacées et des écosystèmes aquatiques fragiles du Bénin (tortues marines, baleines, dauphins, forêts humides), un programme graine future et opération « Arbres Vie », un programme écotourisme dans les zones humides du sud Bénin, un programme audiovisuel, un programme de gestion durable des ressources génétiques ainsi qu'un programme de promotion des technologies de l'énergie solaire. La réalisation de ces activités est rendue possible grâce aux financements de partenaires et en particulier de l'International Union for Conservation of Nature - Pays-Bas (IUCN-NL). Les membres de l'ONG ne sont quant à eux que des béninois, ce qui représente de nombreux avantages dont notamment la compréhension des coutumes et des préoccupations de la population ainsi que la maîtrise des langues locales.

1.2.2.2. Le volet énergie solaire de l'ONG

Dans le cadre de la coopération sud-sud pour un développement durable entre le Bénin, le Bhoutan et le Costa-Rica - coopération fondée lors de l'Accord sur le Développement Durable entre ces trois pays du 21 mars 199432 - un Programme d'Éducation, de Promotion et de Développement des Technologies des énergies renouvelables à moindre coût au Bénin, Bhoutan et Costa Rica a été mis en place grâce à des financements venant principalement du Royaume des Pays-Bas et ce programme est administré par le Centre de Partenariat et d'Expertise pour le Développement Durable (CePED) du Bénin. L'objectif général du programme est de « contribuer à l'amélioration de la sécurité énergétique et la lutte pour la réduction de la pauvreté à travers un partenariat public - privé au Benin, au Bhoutan et au Costa Rica. Il [s'agit] entre autres d'engager [...] des actions qui contribueront à élever la conscience des communautés locales sur les avantages et bénéfices des énergies

32 Accord mis en place à la suite de la proposition du Royaume du Pays-Bas de créer une coopération bilatérale entre ces trois pays avec pour objectif le développement durable.

renouvelables dont le solaire, le renforcement des capacités des différents acteurs et surtout de la jeunesse et la promotion de l'énergie solaire à moindre coût au profit des communautés locales »33.

Les partenaires techniques de ce programmes sont le BUN-CA34 pour le Costa Rica, le department of Energy (DoE) - Renewable Energy Division - Ministry of Economic Affairs (MEA) RED/DoE35 pour le Bhoutan et Nature Tropicale ONG pour le Bénin. A chaque partenaire correspond un mécanisme national partenaire. Pour le Costa-Rica c'est la Fundecooperacion36, pour le Bhoutan c'est le Sustainable Development Secretariat37, quant au Bénin, c'est le CePED38. En ce qui concerne les ressources, le coût total39 est de 643 576,97 dollars dont 600 000 dollars proviennent directement du Programme de Coopération Sud-Sud et une grande partie des 43 576,97 dollars restant de l'IUCN-NL. La majorité des fonds provient donc des Pays-Bas (Royaume des Pays-Bas et IUCN-NL).

Au Bénin les actions sont donc menées par Nature Tropicale sous la tutelle du CePED. L'ONG développe ainsi, depuis janvier 2009, un programme énergie solaire de 20 mois dans la commune de Dangbo. Les bénéficiaires visés sont :

- les communautés locales et les autorités des zones humides rurales et urbaines de la partie Sud du Bénin et plus précisément de la Commune de Dangbo

- les ONG membres du Forum Biodiversité du Bénin40 actives dans la promotion des énergies renouvelables dans la région.

Ces personnes doivent bénéficier de diverses activités allant de « la conscientisation par l'information, l'éducation et la sensibilisation [...] à la réalisation et [...] vulgarisation [...] de kits solaires »41. Pour cela différents objectifs sont fixés dans le cadre logique du programme42.

33 Nature Tropicale ONG 2008, 2

34 ONG costaricaine oeuvrant dans le domaine des énergies.

35 Département de l'énergie, de la division des énergies renouvelables du ministère des affaires économiques.

36 Fondation pour le développement durable, créé au Costa-Rica pour faire fonctionner l'Accord Bilatéral pour le Développement Durable.

37 Secrétariat pour le développement durable.

38 Le CePED assure le fonctionnement au Bénin de l'Accord Bilatéral pour le Développement Durable.

39 Fonds à partager entre les pays.

40 En 2001, Nature Tropicale a mis en place le Forum Biodiversité du Bénin. Ce forum se veut un cadre informel de réflexion et d'action pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique au Bénin notamment par la concertation permanente de divers acteurs locaux travaillant sur différents volets de la diversité biologique.

41 Nature Tropicale ONG s.d., 3

42 Nature Tropicale ONG 2008, 4-7

Un de ces objectifs est d'« accroître la sensibilisation des communautés locales, les pouvoirs publics et du grand public pour l'utilisation commerciale des technologies d'énergies renouvelables »43. Pour cela on veut arriver à ce que « les communautés cibles et les autorités locales [soient] pleinement conscientes des conséquences de l'utilisation de piles jetables et les possibilités d'utilisation de l'énergie solaire comme alternative au Bénin »44, ainsi qu'élaborer et mettre en oeuvre d'« un plan de collecte et de recyclage des piles sèches jetables »45. Un autre objectif est de « renforcer les capacités techniques des acteurs surtout les jeunes et [de] développer une stratégie de marketing pour la promotion des technologies d'énergies renouvelables dans des partenariats privés / publics »46. Dans ce cadre un rapport sur la stratégie de commercialisation de kits solaires devrait être mis en place, en parallèle du renforcement des capacités techniques de 150 jeunes concernant les techniques solaires. L'installation de douze kits photovoltaïques dans les groupes cibles et la diffusion de « dispositifs solaires [pour de] meilleures pratiques de cuisson47»48 sont également prévues.

C'est donc dans ce cadre que depuis janvier 2009 l'ONG mène ses actions dans la commune de Dangbo. Une grande partie de ses activités se concentre sur des séances de formation et de sensibilisation des habitants et des autorités locales (chefs de villages, maire, chefs d'arrondissement, etc.) sur le danger - bien souvent ignoré - que représentent les piles usagées à la fois pour la santé et pour l'environnement lorsqu'elles sont jetées sur les voies publiques, dans la nature, dans les eaux, ou lorsqu'elles sont utilisées dans l'agriculture, etc. Ce phénomène n'est pas anodin, étant donné que l'usage des piles jetables est très répandu et ce en particulier dans les zones non électrifiées. Par ailleurs aucun système de recyclage n'existe au Bénin et le service de voirie pour les ordures est très peu développé voire bien souvent inexistant. L'ONG a donc pris l'initiative de collecter des piles usagées et de distribuer des paniers pour les garder, dans les différentes localités qu'elle visite49. Seulement, la population ne diminuera pas significativement son utilisation des piles jetables si aucune alternative n'est

43 Id., 5

44 Ibid.

45 Id., 6

46 Ibid.

47 La promotion du solaire pour la cuisson ne sera pas développée étant donné qu'il ne touche pas en tant que tel au problème de l'électrification mais plutôt à celui de la déforestation pour le bois de cuisson. Mais également par ce que les dispositifs proposés sont peu concluant en raison de leur inadéquation avec le mode de vie de la population et cela pour deux raisons principales : leur temps de cuisson est extrêmement lent et ils demandent une modification des habitudes culinaires.

48 Nature Tropicale ONG id, 7

49 Elle collecte ainsi les piles usagées pour réduire leur impact sur l'environnement mais il n'existe pas encore de solution pour ces piles récoltées malgré l'ambition écrite de mettre en oeuvre un plan de collecte et de recyclage des piles sèches jetables.

proposée. L'ONG a donc développé un modèle de mini kit solaire de six volts pour faire fonctionner les radios simples.

1.2.3. Mise sur place du photovoltaïque dans les villages de Dangbo

En octobre 2009, le site internet Mediaterre50 - comme d'autres médias - a publié un article flatteur et ambitieux sur le projet de Nature Tropicale. Mais est-ce que comme il est écrit le projet permet aux communautés cibles d'avoir accès à l'énergie électrique à moindre coût?

Promotion des énergies renouvelables au Bénin :

Dangbo, commune piote de l'expérimentation de l'énergie solaire

« D'un coût global de 64.357.697 de dollars, un projet d'électrification par l'utilisation d'énergie solaire dans le département de l'Ouémé a été mis en place et devrait durer une vingtaine de mois. Il a pour objectif de lutter contre la pauvreté à travers une sécurité énergétique durable. En effet, avec ce projet, les communautés cibles pourront avoir accès à l'énergie électrique à moindre coût. [...] (Dangbo est la commune retenue pour abriter la phase pilote avant son extension aux autres communes du département). »

l'expérimentation de l'énergie solaire », Mediaterre, 28 octobre 2009, [ www.mediaterre.org/afriqueouest/actu,20091028223306.html] (page consultée le 25 février 2010)

 

1.2.3.1. Kits pour les radios simples

Comme il a été vu précédemment, Nature Tropicale a développé un modèle de kit solaire adapté aux besoins en alimentation des radios simples utilisées dans les villages. Ces kits, produits au siège de l'ONG, sont d'une conception simple et utilisent des modules de silicium amorphe. Selon l'ensoleillement, ils fournissent une tension comprise entre 6 et 10 volts. La tension est donc toujours suffisante pour faire fonctionner sans piles des radios simples (de 6 volts). Il est également possible de rajouter à ce dispositif un boîtier pour recharger des piles (rechargeables) durant la journée, afin de pouvoir écouter à l'aide de celles-ci la radio à la nuit tombée.

Lors de questionnaires effectués dans les villages, de formations données et de séances de

50 Mediaterre est un « système mondial d'information francophone pour le développement durable » reconnu par les Nations Unis et initié par l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la francophonie (IEPF) et le Centre International de Ressources et d'Innovation pour le Développement Durable (CIRIDD).

sensibilisation, où cette technologie simple ainsi que la conception de tels kits ont été présentées, la population rurale était intéressée par cette possibilité car elle répond à un réel besoin. Cependant seules quelques personnes souhaitaient réellement acheter ce kit en raison de son coût (8 000 FCFA) qui est élevé pour les populations paysannes avec peu de revenus monétaires. Mais également car l'achat n'est pas envisagé dans le moyen terme alors que le coût pourrait être amorti en trois mois avec la diminution des dépenses en matière d'achat de piles (selon les enquêtes menées par Nature Tropicale dans la commune de Dangbo).

1.2.3.2. Les « options solaires » pour les téléphones portables

Comme l'usage de la téléphonie mobile est de plus en plus répandu, y compris dans les zones lacustres les plus reculées et non électrifiées, Nature Tropicale développe une borne de recharge solaire pour les téléphones portables et fait la promotion de chargeurs solaires pour téléphones portables, MP3, appareils photos.

Le but premier est de faire savoir à la population que ces possibilités existent, fonctionnent et sont adaptées à leur situation. Il suffit de charger la batterie du chargeur au soleil pour pouvoir ensuite recharger des téléphones portables, le chargeur étant livré avec différents adaptateurs correspondant à différents modèles de téléphones portables. Ces chargeurs, produits en Chine, sont achetés sur le marché au Nigeria et les personnes intéressées peuvent les acheter auprès de Nature Tropicale pour 10 000 FCFA51. La population montre un réel enthousiasme face à cette possibilité et quelques personnes décident d'en faire l'acquisition. Ce sont les personnes parmi les plus aisées économiquement et celles devant souvent se déplacer.

L'autre option, actuellement en cours de développement par l'ONG et mise au point par l'électrotechnicien et l'ingénieur de l'ONG, est le kit multiGSM : une batterie de 12 V est reliée à un module de silicium polycristallin afin de pourvoir recharger une dizaine de téléphones portables à la fois grâce à différents adaptateurs reliés à la batterie et correspondant à la grande majorité des modèles en circulation. L'idée est de pouvoir recharger les téléphones portables de plusieurs villageois à la fois. Le coût d'un tel système est de 90 000 FCFA52 mais il est présenté comme rentable car le propriétaire d'un tel système pourrait faire payer les personnes qui utiliseraient cette borne de recharge. Des facilités de paiement sont également proposées : le kit est livré après un premier versement de 30 000 FCFA puis chaque jour le propriétaire doit verser 500 FCFA pour rembourser son achat.

51 10 000 CFA équivaut à environ 15 euros et représente le salaire d'une semaine d'une femme de ménage.

52 90 000 FCFA équivaut à environ 137 euros.

1.2.3.3. L'électrification de centres communautaires

Des kits photovoltaïques ont été installés dans différents villages par l'électrotechnicien et l'ingénieur de l'ONG. C'est ainsi que trois centres de santé, deux écoles et la mairie de la commune se sont vus dotés du photovoltaïque. Des kits ont été également installés sur le camion de l'ONG afin de pouvoir présenter lors de ses déplacements, le fonctionnement du solaire et ses éventuelles applications (une télévision, un ventilateur et une multiprise). Pour la même raison, un kit a été installé au siège de l'ONG afin de présenter aux visiteurs le photovoltaïque.

Dans la commune de Dangbo, ce sont les centres de santé qui ont reçu la majorité des kits. En effet, le centre de santé de Dekin a reçu une installation de 24 V, les deux centres de santé de Hetin-Godomey et de Hetin-Sota ont eu une installation de 12 V. Pourtant l'idée première était de faire bénéficier ces kits aux écoles, notamment aux écoles primaires. Seulement, les responsables de la commune ont souhaité que ce soit en priorité les centres de santé et les Collèges d'enseignement général (CEG) pour la raison que l'électricité est plus utile dans un centre de santé (par exemple, pour assurer une garde de nuit) que dans une école primaire. Les écoles primaires, ouvrant leurs portes de 7h à 17h, bénéficient de la lumière naturelle. Par contre, on donne classe habituellement dans les CEG, jusqu'à 19h. Or les CEG non électrifiés de la commune doivent arrêter de donner cours à 17h en raison du manque de luminosité. Deux CEG ont donc bénéficié d'installations photovoltaïques de 24 volts afin de pouvoir continuer à donner cours ou d'ouvrir une étude dans deux salles de classe. Les installations permettent d'avoir de l'électricité dans deux pièces, de faire foncionner une télévision53 et d'éclairer le couloir à l'avant du bâtiment bénéficiaire de l'installation.

53 Si la télévision est peu consommatrice d'électricité. Il faut donc avoir un poste télévision récent.

Composition type d'un kit solaire installé par Nature Tropicale

· Module : 65 Wc / 85 Wc (importé de Chine ou fourni par l'Aberme au prix subventionné)

· Batterie blindée : 12 V /100 Ah (importée de Chine)

· Convertisseur : 12 V ou 24 V / 1 000 W (fabriqué au Bénin par Guédou SARL)

· Régulateur de charge : 12 V ou 24 V (fabriqué au Bénin par Guédou SARL)

· Câbles (achetés au marché)

· Ampoules : 4 ampoules économiques par module de 12 volts (achetées au marché)

 

En matière de réception du projet, elle est très positive au niveau de la motivation des bénéficiaires pour que ces kits fonctionnent et ils sont prêts à participer au bon fonctionnement des installations.

Il est par contre plus difficile de mesurer si la maintenance sera efficace ou non étant donné que les kits ne sont installés que depuis novembre 2009. Il était prévu de donner des connaissances techniques sur le photovoltaïque à 150 jeunes de Dangbo mais ces formations, qui ont lieu dans les écoles principalement, sont plutôt de l'ordre de la sensibilisation et ne leur permettent pas de pouvoir détecter et résoudre les problèmes facilement. Par ailleurs, un bureau s'est ouvert à Hozin pour faire l'intermédiaire entre la population et le siège de l'ONG, qui se trouve à 45 km de la commune. Il peut ainsi aider à la maintenance des systèmes, il possède des pièces de rechange pour éviter de se rendre sur Cotonou voire au Nigeria (certains composants se trouvant plus facilement au Nigeria et à meilleur marché). Le bureau est un point de renseignement sur les installations solaires que l'ONG propose. Dans cette optique l'ONG a mis en place une stratégie de commercialisation des kits solaires avec trois possibilités offertes : du 12 V pour 368 000 FCFA, du 220V/300-500 W pour 660 000 FCFA ou du 220 V/1000 W pour 1.166.000 FCFA.

Pour résumer, cette ONG béninoise fait une réelle promotion des diverses possibilités offertes par le photovoltaïque. Cela va du simple kit de 6 V pour les radios au kit plus élaboré pour éclairer, faire fonctionner une télévision... Le public visé est lui aussi assez vaste car il touche toutes les couches de la commune : des notables aux paysans en passant par les jeunes. Le volet sensibilisation fonctionne relativement bien. Les populations, y compris les analphabètes, qui ont participé aux diverses activités ont maintenant connaissance de ces possibilités et semblent particulièrement intéressées. Leur intérêt se porte particulièrement sur

les chargeurs pour téléphones portables et sur les kits pour radios en raison de leur adéquation avec les besoins réels et quotidiens des villageois et de leurs coûts plus ou moins abordables. Il y a également un intérêt pour les kits solaires mais leur coût apparaît très souvent comme trop élevé.

Quant aux kits installés gratuitement dans les centres communautaires, ils permettent d'éclairer et d'avoir des prises électriques. Les bénéficiaires sont donc satisfaits de pouvoir faire fonctionner pour quelques heures de plus leurs écoles ou leurs centres de santé. Mais ces installations ne restent que ponctuelles et la question se pose de savoir si la maintenance sera suffisante pour qu'elles continuent à fonctionner d'autant plus que les installations sont éparpillées sur l'ensemble de la commune.

Par ailleurs, on ne peut pas parler d'électrification de nouveaux villages car les habitations individuelles ne bénéficient pas de l'électricité solaire et n'en bénéficieront sûrement pas ou que très peu, tout comme à Tori-Cada. Il est donc intéressant de se pencher sur les raisons de ces résultats mitigés.

2. L'électrification rurale au Bénin et les différentes options développées

L'électricité est communément considérée comme un facteur important pour le développement d'un pays. Tellement important que l'accessibilité à l'électricité est devenue une condition siné qua non pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, selon le rapport « Les Objectifs du Millénaire pour le développement au Bénin : Situation actuelle et perspectives », un des déterminants à prendre en considération pour « éliminer l'extrême pauvreté et la faim »54 au Bénin (OMD n°1) est « l'accès aux infrastructures économiques »55, c'est à dire l'accès au logement, à la santé, à l'eau, aux télécommunications et ... à l'électricité. De même, pour atteindre l'objectif d'un environnement durable (OMD n°7), le secteur de l'énergie rentre en ligne de compte avec principalement sept actions spécifiques. Parmi ces actions, on retrouve la « production d'énergie électrique, [l']extension et [la] réhabilitation du réseau électrique»56, ou encore les « systèmes électriques hors réseau dans les écoles et bâtiments sanitaires avec des stations de recharge pour les batteries »57 ainsi que l'« approvisionnement de toutes les communautés rurales [et] l'accès à des services modernes dans le domaine de l'énergie »58.

Si le secteur de l'énergie et en particulier l'électricité attire au Bénin autant l'attention aujourd'hui c'est bien parce que son accès est encore fortement limité. En effet, l'accès à cette énergie est à la fois faible, car seule 22% de la population y a accès, et inégale, ce pourcentage descendant à moins de 2% pour les zones rurales. Il est donc intéressant de voir en premier lieu en détail la situation dans les localités rurales du Bénin puis d'analyser la façon dont le Bénin tente de résoudre le problème d'accès à cette forme d'énergie dans les zones rurales. Le gouvernement béninois a élaboré pour la première fois dans les années 2000 une politique énergétique ainsi qu'une Politique d'Électrification Rurale (PER). Ces réformes s'inscrivent dans la logique de la gouvernance politique prônée aujourd'hui par toute grande instance internationale : la décentralisation. La PER sera donc basée sur l'électrification rurale décentralisée et la responsabilité de sa mise en oeuvre reviendra à l'ABERME, créée à l'occasion et anciennement Cellule de Coordination de la Pré-électrification et du Programme

54 PNUD 2009, 10

55 Ibid.

56 Id., 27

57 Ibid.

58 Ibid.

Solaire (CCPS). Il est donc nécessaire de s'arrêter sur l'organisation du secteur de l'électricité et sa décentralisation puis de regarder les options développées et prévues par la politique d'électrification rurale décentralisée.

2.1. État des lieux : des zones rurales peu électrifiées et développement de l'électrification rurale décentralisée

2.1.1. La situation de l'électrification dans les zones rurales béninoises

Au Bénin, le niveau d'accès des ménages ruraux au service de fourniture d'électricité est très faible (taux d'électrification59 inférieur à 2%) alors que leur poids démographique n'est pas négligeable. Selon le troisième recensement général de la population humaine de 2002 (RGPH3), les ruraux représentent 61,1% de la population totale, soit 4 139 781 habitants. Dans les années à venir, malgré un taux de croissance de la population urbaine prévu plus élevé que celui de la population rurale, ils représenteront toujours une part importante de la population. En effet, selon l'INSAE, la population rurale devrait représenter en 2015 encore plus de la moitié de l'ensemble avec 4 972 444 habitants (soit 51% de la population totale estimée)60. Pour autant il est peu probable que cette population rurale soit raccordée au réseau conventionnel. Cette quasi absence d'électrification dans les zones rurales dans les PED, et en particulier en Afrique sub-saharienne, s'explique par les faibles densités de population, le coût important que peut représenter l'électricité pour un ménage, le problème de maintenance, le manque de moyens au niveau national pour étendre le réseau électrique vers des zones reculées et faiblement peuplées, la diffusion lente des techniques décentralisées, etc.

2.1.1.1. Un lien entre la faible densité de la population rurale et l'électrification rurale quasi inexistante

Si on regarde de plus près la situation au Bénin en matière de densité de population, on avoisine pour l'ensemble du pays les 78 hab./km2 en 2009 (selon The World Factbook, CIA, 2009). Seulement, la situation est loin d'être homogène car la population est très inégalement

59 Le taux d'électrification représente la population effectivement desservie (c'est à dire ayant effectivement accès au service) par rapport à la population totale de la zone considérée. Il est à distinguer du taux de desserte, qui représente le rapport entre la population desservie et la population des localités électrifiées. L'échelle géographique est plus restreinte pour le taux de desserte, qu'elle ne l'est pour le taux d'électrification.

60 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, s.d.b., 29

répartie. Pour ainsi dire la moitié des habitants (45,52%) vivent dans les six départements du sud, soit sur 10% du territoire61. Les parties du centre et du nord du pays ont donc une densité de population très faible, oscillant le plus souvent entre 0 et 20 hab/km2, excepté dans le département de l'Atacora autour de Natitingou. Si on compare ces données (carte de la densité de la population, Cf. Annexe 2) avec le réseau électrique existant (carte de la configuration générale des réseaux de transport d'énergie électrique proposée à l'horizon 2025, Cf. Annexe 2) on constate que les lignes électriques sont actuellement implantées (lignes pleines sur la carte) où les densités de population sont les plus élevées donc au sud du pays et dans les environs de Natitingou.

Pour une compagnie privée d'électricité, relier au réseau électrique les zones éloignées des grandes villes du sud et de Natitingou, représente un coût important (pour la mise en place des installations et pour la maintenance de celles-ci) et est peu rentable économiquement. Une faible densité de population signifie une population peu nombreuse et dispersée, des distances importantes entre habitations ou villages, des conditions d'accès parfois difficiles (peu de routes en bon état et goudronnées en dehors des axes entre les grandes villes, des zones inaccessibles lors de la saison des pluies), des pertes d'électricité importantes (les pertes étant proportionnelles à la longueur des lignes)... Par ailleurs, le prix du kilowattheure (kWh) de la SBEE étant élevé et les populations rurales ayant peu de revenus monétaires leur consommation en électricité serait sûrement faible si elles étaient raccordées, or les infrastructures sont quasiment identiques pour alimenter de gros ou de petites consommateurs. Raccorder les zones rurales dans ces conditions et face à cette faible demande potentielle solvable représente un investissement à perte pour une compagnie électrique qui prend en considération des facteurs économiques et financiers. D'où une nécessaire intervention financière de l'État car les trois paramètres (coût global du service, contraintes de disponibilité à payer et rentabilité des investissements privés) qui conditionnent l'équilibre financier global d'un projet d'électrification rurale ne sont pas conciliables dans les zones rurales d'un PED62. Par ailleurs, même dans le sud du Bénin et près de Natitingou les zones rurales sont loin d'être électrifiées comme le montrent les exemples de Tori-Cada et de Dangbo, toutes deux au sud du pays. On a ainsi des localités non raccordées au réseau de la SBEE alors que des localités voisines le sont. Le problème de l'électrification des zones rurales se pose donc sur l'ensemble du territoire.

61 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, Id., 6

62 De Gouvello et al. 2000, 139-174

2.1.1.2. Les problèmes de fourniture d'énergie électrique

Il semble également important de faire remarquer qu'il y a d'autres problèmes dans le domaine de l'électricité au Bénin. En effet, la tension reçue n'est pas régulière et il y a de très nombreuses interruptions d'électricité63, en raison de l'approvisionnement difficile du Bénin en électricité64. La consommation d'électricité annuelle au Bénin est de l'ordre de 660 gigawattheure65 or la capacité interne de production électrique du Bénin est très limitée66. Le taux d'autosuffisance en énergie électrique n'est donc qu'aux alentours de 10,5% (chiffre de 200267). Cela entraîne une grande dépendance envers l'extérieur : 85% de la fourniture d'électricité provient des importations d'électricité du Nigeria et les importations de la Communauté Électrique du Bénin (CEB) viennent principalement du Ghana68. Cependant, la combinaison de la production nationale et des importations n'est pas suffisante pour couvrir les besoins actuels en électricité alors même que l'ensemble du territoire est loin d'être électrifié.

2.1.1.3. Les alternatives développées pour l'électrification rurale avant la mise en place de la politique d'électrification rurale

Si la quantité d'électricité disponible au Bénin est insuffisante et que le raccordement au réseau d'électricité conventionnel représente un coût freinant l'électrification des zones rurales par la SBEE, on pourrait envisager que d'autres systèmes aient été mis en place pour répondre aux besoins de la population rurale en matière d'électricité (besoins essentiellement domestiques).

En 1993, le gouvernement à travers le ministère de l'Énergie initia ainsi trois programmes spécifiques pour les zones rurales. Ces programmes étaient financés par le budget national et, en 1996, la CCPS a été créée pour les gérer.

L'un de ces programmes consistait en la pré-électrification par des groupes diesels de gros villages (villages avec une population dépassant les 3 000 habitants).

63 Notamment, il y a de nombreux délestages en fin d'année et en début d'année, période de fête et de sécheresse.

64 Badarou & Kouletio 2009, 21

65 La demande journalière des 345 725 abonnés est de 200 MW.

66 Le Bénin possède une micro-centrale à Yéripao au nord et des centrales thermiques principalement à Parakou, Natitingou, Porto-Novo

67 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.b, 16

68 La CEB importe de l'électricité en provenance du Ghana et de la Côte d'Ivoire.

Un autre programme visait la pré-électrification et l'adduction d'eau villageoise de localités frontalières.

Le troisième tentait d'améliorer les conditions de vie en milieu rurale par l'électrification solaire69. C'est ainsi que certaines localités rurales ont été électrifiées à partir du solaire photovoltaïque seulement la maintenance posa problème car elle était faite par une entreprise aux propres frais des comités de gestion70. Les installations laissées sans entretien n'ont donc plus fonctionné. De façon plus générale la gestion communautaire des équipements n'était pas adaptée, que ce soit au niveau des décisions techniques à prendre face aux problèmes techniques ou de la gestion des fonds. Ainsi la plupart des villages électrifiés sont « retournés dans le noir » en raison des systèmes de maintenance mis en place.

Ces projets pilotes qui cherchaient à « accélérer l'électrification des zones rurales à partir de projets spécifiques »71, n'ont pas beaucoup fait évoluer la situation car ils n'ont pas amené des programmes à grande échelle. A la fin 2004 seules 39 localités ont été électrifiées (soit 5 localités par an).

Des centres communautaires d'activités72 (CCA) furent également construits en 1997 dans certains villages. La gestion de leurs systèmes solaires fut déléguée à BHVE, une société privée locale de BURGEAP73 qui avait la gestion au préalable de ces projets. Selon Marcel Dossou Kohi (responsable de BHVE), les CCA font partie des rares projets d'ERD qui ont fonctionnés car ils étaient « gérés de façon professionnelle par une personne morale »74. Il ajoute que le problème principal de ces installations était principalement technique car les équipements étaient vétustes et qu'il n'y avait pas les fonds nécessaires pour les renouveler. En 2003, le responsable de BHVE préconise donc de « créer un environnement juridique et institutionnel favorable, d'exonérer de taxes douanières les équipements d'ERD, d'encourager les entreprises privées [et] d'aider les entreprises qui s'engagent dans ce secteur d'activité »75. Car finalement, bien que la CCPS fût rattachée au Ministère de l'Énergie, les actions étaient

69 Le solaire avait commencé à être introduit dans les années 1980 mais les actions commenceront réellement dans les 1990.

70 Au problème de maintenance s'ajoute des problèmes d'ordre politique car la réalisation des installations a été attribuée à une entreprise sans appel d'offre, des fonds récoltés pour assurer la maintenance ont été détournés...

71 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie, s.d.b., 21

72 Le CCA est un concept multiservice avec l'alimentation en eau potable, une cabine téléphonique, une buvette, un centre de télévision - vidéo, une recharge de batterie, la location de kits d'éclairage domestique et des lampadaires publics.

73 BURGEAP est une ingénierie indépendante basée essentiellement en France mais intervenant sur l'ensemble des continents.

74 Dossou Kohi 2003, 8

75 Dossou Kohi Id., 9

faites en dehors d'un cadre institutionnel et ce n'est qu'en 2004 que le Bénin se dota d'une politique d'électrification rurale.

La grande majorité de la population rurale ne possède donc ni électricité conventionnelle, ni groupe électrogène, ni électricité solaire, pour répondre à ses besoins domestiques mais également pour ses activités génératrices de revenus. En effet, l'électricité est requise pour alimenter de nombreuses machines, conserver et transformer rapidement les produits agricoles... Or, le secteur agricole est un secteur très important pour le monde rural qui tire la majorité de ses ressources des activités agricoles et ceci encore plus avec la monétarisation des conditions de vie. Par ailleurs, il est très difficile de monter une entreprise si l'on ne possède pas d'électricité. C'est pourquoi on considère communément que le développement des localités non électrifiées, voire du pays entier, est conditionné en partie par cette composante énergie.

Le service de l'électricité est donc à la croisée de diverses problématiques : celle de la rareté/abondance de l'énergie, celle du développement rural, celle des infrastructures, celle de la citoyenneté avec l'accès au service de base et celle plus large du développement social et économique.

La population a cependant recours à des alternatives pour répondre à ses besoins en électricité. Ces derniers ne sont pas négligeables étant donné que la population adopte de plus en plus des habitudes de la société de consommation. En effet, depuis quelques années, il y a une « expansion mondiale du système économique et technique issu de la révolution industrielle [...] [qui] induit des transformations dans leur cadre naturel et socioéconomique »76.

Les besoins des ménages en énergie sont principalement pour l'éclairage, l'audiovisuel et la cuisson que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. Pour pallier à l'absence d'électricité pour l'éclairage, la population a recours principalement à la lanterne et de plus en plus aux torches à piles. Les dépenses en petits consommables sont donc importantes (pétrole pour les lanternes, piles pour les torches...). Par ailleurs, ces solutions peuvent apparaître pour les utilisateurs comme pénibles et inefficaces en comparaison avec l'éclairage électrique. Par ailleurs, du fait du mimétisme des modes de vie, de nouveaux besoins apparaissent :

76 De Gouvello et al. op.cit., 57-60

l'audiovisuel pour lequel on recourt aux batteries autos ; les radios fonctionnant à pile ; les services de santé ; les services d'éducation et la ventilation. Plus récemment, on voit également une utilisation exponentielle de la téléphonie mobile. Alors que l'on comptait un abonné pour 100 habitants en 2000, huit années plus tard ce rapport a été multiplié par 4077. Or les téléphones portables ont besoin d'être régulièrement rechargés, les villageois doivent donc se déplacer vers des endroits électrifiés où en échange de rémunérations (généralement 100 FCFA), ils peuvent recharger leur téléphone portable.

Généralement dans les villages un certain nombre d'habitants a également recours aux groupes électrogènes mais ils représentent un coût important du fait de l'achat de pétrole nécessaire à leur fonctionnement donc peu de personnes en bénéficient en plus de poser le problème de l'approvisionnement en pétrole.

Une offre du marché local existe donc pour répondre aux besoins des ménages non électrifiés ainsi qu'une demande pour le service d'électricité. Pour autant ces solutions « traditionnelles » peuvent apparaître comme insatisfaisantes pour la population (coût important, service limité, qualité faible, etc.) et pour le gouvernement étant donné qu'elles ne permettent pas une réelle électrification alors que celle-ci constitue une priorité de développement.

2.1.2. L'organisation béninoise du secteur de l'électricité ... 2.1.2.1. La situation dans les années 1990

Si on envisage la question de l'électrification dans un espace temporaire plus vaste, on se rend compte que la vision a fortement évolué. Dans les années 1950, la solution réseau avec l'intervention de l'État fut prônée pour les zones rurales des PED en se basant notamment sur la théorie des rendements croissants78. L'État - à travers les dépenses publiques - apparaissait comme un acteur central pour le « développement des PED ». C'est dans ce contexte que le Bénin - à l'époque nommé Dahomey - devint indépendant en 196079. Mais les

77 The World Bank Group, « World Development Indicators database », Septembre 2009 [ http://ddpext.worldbank.org/ext/ddpreports/ViewSharedReport? &CF=&REPORT_ID=9147&REQUEST_TYPE=VIEWADVANCED] (page consultée le 10 décembre 2009)

78 La théorie des rendements croissants vient contrebalancer le modèle de Heckscher-Ohlin-Samuelson qui privilégie la concurrence pure et parfaite, alors que la première justifie le protectionnisme pour aider un secteur à se développer et devenir concurrentiel. Le rôle de l'État joue un rôle alors déterminant pour pouvoir démarrer le processus.

79 Le Dahomey, créé en 1625, sera colonisé par les Français. En 1984, ces derniers créent la colonie du Dahomey, qui deviendra indépendante le 1er août 1960.

choses changèrent avec la crise pétrolière car les PED virent dans les années 1980 leur endettement s'accroître. Au Bénin, le secteur bancaire s'effondra et les recettes de l'État chutèrent. Le régime marxiste-léniniste (1972-1990) se retrouva alors face à une sévère crise politico économique et il devint difficile de financer les infrastructures de base comme l'électricité. Les théories du développement changèrent alors de direction et prônèrent des thèses libérales. Le « consensus de Washington », dans lequel l'État est réduit à un rôle minimal et où le marché doit être « sans entrave », apparut alors comme la solution pour les pays endettés. On passa ainsi en 1990 d'une économie régulée par l'État à une économie de marché. Au Bénin, le régime marxiste-léniniste disparut en 1990 lors d'une profonde réforme politique et administrative accompagnée de l'adoption d'une constitution fondée sur le libéralisme économique et un régime politique de démocratie pluraliste. En 1994 la Banque Mondiale préconise le modèle de délégation de gestion ou encore le « Partenariat PublicPrivé » pour gérer les services publics. L'orthodoxie libérale prévaut alors et dans ce contexte l'électrification rurale n'a pu progresser car ce n'est pas un domaine rentable où les mécanismes de marché peuvent jouer librement. Un cercle vicieux s'installe alors où l'électricité est l'un des éléments incontournables pour engendrer un développement économique des zones rurales. C'est dans ce contexte que l'on vit s'accroître la présence des ONG afin de répondre à la défaillance de l'État qui avait traditionnellement la responsabilité de l'électrification. Les ONG jouent donc un rôle croissant avec de petits projets d'électrification souvent à l'échelle villageoise, dans des lieux où l'État ne s'engage pas.

Les initiatives prises dans les années 1990 ont donc été un échec que la Direction de l'Énergie expliquait en 2004 par les éléments suivants :

- la gestion des projets

La gestion des projets a posé problème car la conception des projets d'électrification rurale ne prenait en compte que les besoins d'investissements initiaux. On se retrouvait donc dans le cas d'un affermage où la gestion est privée80 : l'opérateur n'a à charge que le service rendu et pas l'investissement assumé par l'État. Leur exploitation et leur entretien a posé problème à la fois pour la gestion technique mais également pour la gestion financière.

- l'organisation institutionnelle mise en place

80 D'après Noémie Zambeaux (Zambeaux 2006, 83-88) dans la gestion par affermage, la conception, la construction, le financement et la propriété sont publics. L'exploitation, la maintenance et la facturation sont quand à eux privés ou gérés par le privé.

L'étude APPLIMAR81 a identifié « sept familles d'acteurs devant constituer les parties prenantes de ces programmes »82 à savoir les pouvoirs publics (pour définir le cadre et arbitrer son application), les bureaux d'études, les entreprises professionnelles (pour l'installation, la gestion et la maintenance des équipements), les banques et les institutions de micro finance (gestion des mécanismes de financement), les entreprises de fourniture d'équipements, les usagers et les ONG. Or, selon le rapport, au Bénin les acteurs n'étaient pas suffisamment impliqués et il n'y avait pas de procédure pour permettre la concertation entre eux et la coordination de leurs actions.

- la définition et la planification des projets

Selon le rapport APPLIMAR, la priorité était donnée à des localités pour des raisons de sécurité (priorité aux localités frontalières) et pour éviter l'exode rural mais sans définir clairement les critères de décision. A cela s'ajoute une absence de coordination des actions de la SBEE (électrification conventionnelle) et de la CCPS (électrification rurale décentralisée), ainsi qu'aucun cadre de concertation et d'échange entre les « différents secteurs du développement ». Les projets d'électrification visaient donc essentiellement les besoins sociocommunautaires et les besoins domestiques en mettant de côté les besoins pour les activités économiques.

- le financement

Les financements provenaient de subventions du budget national ou de bailleurs de fonds internationaux. Seulement, il n'y avait aucune règle générale d'attribution donc cela se faisait au cas par cas. Le rapport APPLIMAR souligne donc que cette situation ne permet pas d'attirer les investisseurs privés qui restent méfiants.

- le cadre législatif et réglementaire de mise en oeuvre des projets

Il n'existait aucun cadre législatif et réglementaire, ni de standards techniques et de qualité, pour servir de fondement à l'électrification rurale.

2.1.2.2. Aspects institutionnels et réglementaires

Il y avait ainsi un vide de l'État dans le domaine de l'électrification rurale jusqu'en 2004. Ce n'est qu'à cette date que, pour la première fois au Bénin, une politique énergétique

81 Le séminaire de Marrakech en 1995 - organisé par l'Union Européenne, l'Agence de Développement et de la Maîtrise d'Énergie (ADEME), l'IEPF, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Gouvernement du Maroc - visait à définir les conditions pour la réussite de programmes d'électrification rurale décentralisée à grande échelle. Pour cela une étude (APPLIMAR) a été menée par l'ADEME dans plusieurs pays dont le Bénin.

82 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.b., 25

ainsi qu'une réforme institutionnelle du secteur de l'électricité furent mises sur pied, bien qu'une tentative de planification du secteur de l'énergie avait été amorcée en 1997 avec la création de la Direction de l'énergie. L'année suivante un Schéma Directeur de l'Électrification Rurale du Bénin (SDERB) fut initié pour développer des outils d'aide à la planification de l'électrification rurale. Le SDERB a permis entre autre grâce à ses études et à ses cartographies, de donner les connaissances nécessaires pour envisager en 2004 l'élaboration d'une stratégie d'électrification rurale, ainsi que son organisation et son financement.

En 2004, plusieurs objectifs sont alors visés avec en particulier la création d'un cadre institutionnel, juridique et réglementaire qui va déboucher sur la création d'un code de l'électricité. Ce dernier définit « les orientations de la politique générale d'organisation du secteur de l'électricité en République du Bénin [et] le cadre juridique au sein duquel sont exercées les activités de production, de transport et de distribution de l'énergie électrique en République du Bénin »83. Dans ce code, « les activités de production, de transport, de distribution, d'importation et d'exportation de l'énergie électrique pour les besoins du public sur l'ensemble du territoire national constituent une mission de service public84 placée sous la responsabilité exclusive de l'État » et l'État peut confier « à toute personne de droit public ou privé au moyen d'accord ou de convention (Concession85 ou autres) » ces activités86. Ainsi, comme dans d'autres pays africains, la réforme du secteur électrique entreprise ne donne pas un secteur de l'électricité totalement dé-intégré, concurrentiel et privé87 car à travers les concessions la concurrence est limitée.

Un autre objectif non négligeable de la réforme est le développement de l'électrification des zones rurales. A la suite d'une formation donnée à l'IEPF sur « le renforcement des capacités et le développement des compétences [...] pour démocratiser l'accès à l'énergie, développer les énergies renouvelables [et] promouvoir l'efficacité énergétique »88 à laquelle le Bénin

83 Article 1 : Objet ; Chapitre I : dispositions générales ; Code de l'électricité en République du Bénin

84 Le « service public » est défini dans le code de l'électricité comme « toute activité d'intérêt général exercée directement par l'Etat ou, par délégation, par une personne morale, publique ou privée et soumise aux exigences de conditions d'équité, de continuité, de permanence et d'égalité de traitement. »

85 Une « concession » est définie dans le code de l'électricité comme une « convention de délégation de gestion du service public de fourniture d'énergie électrique par laquelle le Maître d'ouvrage, appelé Autorité Concédante, permet à un opérateur, appelé Concessionnaire contre paiement d'une redevance fixée à l'avance, de développer et d'exploiter des installations de production, de transport ou de distribution d'énergie électrique en vue de satisfaire les besoins du public pour une durée déterminée et dans des conditions prévues à ladite Convention. Selon les obligations imposées au Concessionnaire en matière d'investissements, la Concession de service public peut prendre la forme d'une Concession d'ouvrage ou d'un Affermage. »

86 Article 4 : Service public de l'électricité ; Chapitre 1 : dispositions générales ; Code de l'électricité en République du Bénin

87 Wamukonya et al. 2006, 39

88 Levy & Ged 2006, 51

participa, un cadre global négocié avec la Banque Mondiale et une approche sur l'électrification rurale furent mis en place au Bénin. La Direction générale de l'énergie (sous la tutelle du Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique89) élabora ainsi une politique d'électrification rurale avec la collaboration de ses partenaires (c'est-à-dire la Belgique, la France mais aussi l'Algérie, la Tunisie...) dans le but d'inciter les investisseurs privés - qui sont demandeurs d'un cadre légal, réglementaire et fiscal clair et incitatif - à s'engager dans l'électrification rurale.

2.1.2.3. Les acteurs du secteur de l'électricité

En terme d'acteurs dans le secteur de l'électricité, on compte trois acteurs publics majeurs : la CEB, la SBEE et l'ABERME.

- Communauté Électrique du Bénin

De sa création en 1968 à la réforme du secteur en 2004, la CEB détenait le monopole de la production et du transport de l'énergie électrique au Bénin et au Togo. Mais, depuis 2004, la production et la distribution de l'électricité sont ouverts à des opérateurs privés. Pour autant elle garde le monopole de l'importation de l'énergie électrique et du transport de l'électricité dans les zones où elle a son réseau de transport. Dans ces zones elle détient également le statut d'acheteur unique de la production des opérateurs indépendants.

- Société Béninoise d'Énergie Électrique

La Société Béninoise d'Énergie Électrique - anciennement Société Béninoise d'Électricité et d'Eau90 - est sous la tutelle du Ministère chargé de l'Énergie avec un statut para étatique. Elle possède donc une certaine autonomie de gestion, même si les domaines de la tarification et des investissements importants sont décidés au niveau du conseil des ministres. Depuis 2004 avec l'appui de la Banque Mondiale, sa mise en concession est prévue. La SBEE va ainsi être divisée en une société de patrimoine et en une société commerciale et elle n'aura plus à charge que les zones urbaines.

89 Au niveau institutionnel c'est le Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique qui gère le secteur de l'énergie. Il a sous-tutelle le Bureau des Opérations Pétrolières (BOP) et la Direction Générale de l'Énergie (DDGE). Cette dernière planifie le développement du secteur de l'énergie, fait les propositions pour des réglementations du secteur, suit l'application des réglementations ainsi que les projets et programmes du secteur, etc.

90 La Société Béninoise d'Électricité et d'Eau a été créée en 1974. Avec la réforme du secteur de l'énergie, en janvier 2004, la gestion des activités de fourniture d'eau et d'électricité a été séparée entre la Société Béninoise d'Énergie Électrique et la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB).

- Agence Béninoise pour l'Électrification Rurale et la Maîtrise de l'Énergie

Pour les zones rurales, l'ABERME a été créée en 2004 afin de mettre en oeuvre la politique de l'État dans les domaines de l'électrification rurale et de la maîtrise de l'énergie.

Par ailleurs, il est à noter que les nouvelles politiques et réformes prévoient la mise en place d'une Autorité de Régulation des secteurs de l'Électricité et de l'Eau.

2.1.2.4. Les capacités de production d'électricité

Comme le gouvernement cherche à accroître le nombre de localités91 électrifiées, une augmentation de l'offre d'énergie électrique est nécessaire. Sont donc envisagées la construction par la CEB d'un deuxième barrage hydroélectrique sur le fleuve Mono (pour produire 325 GWh par an), la construction de turbines à gaz92 reliées au réseau interconnecté, la réalisation du projet de construction du Gazoduc de l'Afrique de l'Ouest93, etc.

2.1.3. ... et la décentralisation du service de l'électrification rurale

Par électrification rurale décentralisée on sous-entend non seulement des choix technologiques (réseaux / hors réseaux) et géographiques (rural / urbain) mais également une production locale de l'électricité et une décentralisation de la décision d'entreprendre94. Dans le cas du Bénin, ce sont les communes95 qui sont responsables de l'élaboration et de l'exécution de leurs programmes de développement local.

2.1.3.1. Les concessions

Dans le contexte de décentralisation de la gestion de l'énergie, le Bénin se retrouve divisé en 15 zones de concessions d'électrification, où des gestionnaires seront recrutés (dans un futur très proche) pour chacune d'elles sur appels d'offres publics et internationaux et auxquels la société civile peut participer.

Le concessionnaire a des obligations en ce qui concerne la fourniture d'électricité que ce soit

91 Par localité, le programme entend un ensemble de villages proches, qui constituent une « grappe ».

92 Une turbine à gaz de 80 mégawatts à Maria Gléta est en construction.

93 Le Gazoduc de l'Ouest Africain devrait être un gazoduc de 678 km de long pour alimenter de 18 milliards de m3 de gaz naturel du Nigéria des centrales thermiques au Bénin, au Ghana et au Togo.

94 Massé 2004, 8

95 Le Bénin est découpé en 12 départements qui sont divisés en communes. Ces dernières sont constituées d'arrondissements qui comprennent des zones urbaines avec des quartiers de ville et des zones rurales avec un ensemble de villages.

au niveau de la distribution d'énergie comme de l'accessibilité à ce service96. Il a alors l'exclusivité des activités d'achat, de production et de distribution de l'électricité dans le périmètre de la concession.

Pour l'électrification rurale, il est prévu que l'opérateur doit financer au moins 15 à 20% de

l'investissement97. On se retrouve donc face à une « gestion déléguée avec subvention »98on fait l'hypothèse qu'une partie des coûts d'investissement peut être couverte par les tarifs.

Une partie de l'investissement se fait donc sur fonds propres de l'investisseur et le reste par des subventions publiques. Institutionnellement, ce mode de gestion a donc été préféré à celui de la gestion sans subvention publique et à celui de l'affermage ou service totalement subventionné.

2.1.3.2. L'auto-production

Définir des règles de concession n'est pas suffisant, il est également nécessaire de permettre le développement d'électrification rurale autonome afin que les populations non desservies - en raison de la logique de rentabilité du concessionnaire - puissent légalement se trouver des alternatives. Or dans les textes de loi on reconnaît la possibilité d'autoproduction : les localités non électrifiées par le concessionnaire peuvent développer à leur initiative des projets d'électrification à l'échelle locale ou régionale et peuvent alors recevoir un encadrement technique de l'ABERME et un appui financier de l'État.

Cependant, à partir d'une production d'une puissance totale installée de plus de 500 kVA aux bornes des installations de production, il est nécessaire de faire une demande d'autorisation préalable à leur réalisation et une redevance doit être payée.

Si leur puissance est inférieure à 500 kVA, elles ne sont pas soumises à cette demande d'autorisation mais une déclaration doit être faite à l'Organe de Régulation avant leur mise en service99.

2.1.3.3. La politique d'électrification rurale et son financement

Le document de politique d'électrification rurale est décliné en programmes et comprend un programme d'action, c'est-à-dire un cadre précis avec trois phases (une phase de

96 Article 25 : Obligations relatives à la fourniture d'énergie électrique ; Section V : Droits et obligations des Concessionnaires et Exploitants ; Code de l'électricité en République du Bénin

97 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.c, 29

98 De Gouvello et al. op.cit., 57-60

99 Article 36 et 27 ; Section VII : Régimes de l'auto production ; Chapitre III : Régime juridique du secteur de l'électricité

préparation 2006-2007, une phase de lancement 2008-2010 et une phase de consolidation et développement des actions d'électrification rurale 2011-2015). Le but affiché est de créer les conditions pour favoriser l'accès des populations rurales à l'électricité pour les usages domestiques, communautaires et le développement des activités économiques, dans l'optique qu'elles ne peuvent supporter seules les coûts du service et parce que l'électrification rurale se fait dans une logique de service public, étant donné que dans les PED, les coûts du service sont généralement supérieurs aux capacités de paiement et aux disponibilités à payer des populations rurales100.

De plus, les pouvoirs publics - pour impulser l'électrification rurale - doivent mettre en oeuvre un mécanisme de financement de l'électrification rurale pour que cette dernière soit réalisable. Pour résoudre le problème du secteur privé étranger habituellement non intéressé par l'électrification rurale en raison des faibles taux de retour sur investissement et d'absence de stratégies d'implication du secteur privé locale, il est préconisé d'avoir une agence, un programme et un fonds d'électrification rurale s'appuyant sur une loi d'électrification rurale101. C'est ainsi qu'au Bénin un Fonds d'Électrification Rurale (FER) a été mis en place. Il tire une partie de ses ressources de dotations de l'État. Seulement, l'effort financier ne provient pas entièrement de l'État étant donné que les ressources de tout pays en développement sont limitées et qu'il y a des arbitrages à effectuer pour les répartir entre les différents secteurs (santé, éducation, etc.), sans compter que le Bénin ne possède aucune ressource du sous-sol (ni pétrole, ni diamant, ni or...) ainsi que très peu d'industries et la majorité de ses devises proviennent principalement de l'agriculture. De plus, l'électrification rurale exige un investissement continu et durable. On fait ainsi appel à des ressources extérieures publiques et privées (subventions de bailleurs de fonds, dons, legs et emprunts) mais également à des prélèvements sur les acteurs de l'électrification avec des redevances à payer par les concessionnaires et des prélèvements sur les kilowattheures vendus aux consommateurs (taxe de 3 FCFA par kWh). D'autres sources de financement sont également cherchées pour pouvoir atteindre l'électrification chaque année d'au moins 150 localités rurales et qu'en 2015 le taux d'électrification rurale soit de 40%. Pour parvenir à ces objectifs 35 à 40 milliards chaque année de Francs CFA sont nécessaires.

100 Antoine Nogier et Rafik Missaoui définissent la capacité de paiement comme la capacité des ménages à payer un service électrique correspondant à leurs besoins (liée à la contrainte monétaire des ménages). La disponibilité à payer est quant à elle définie comme le montant moyen que les usagers sont prêts à dépenser par mois en tenant compte de leurs besoins exprimés et de leur acceptabilité du prix du service proposé. (De Gouvello et al. op.cit., 139-174)

101 Wamukonya et al. op. cit., 41

Une taxe sur le litre d'essence et le gasoil fut envisagée mais avec la flambée du prix du pétrole, l'idée fut abandonnée. Il est donc plutôt prévu de s'appuyer sur les ressources propres du système financier national, les apports des entreprises de service de fourniture d'électricité en milieu rural ainsi que ceux des collectivités locales. On envisage également de faire appel aux fonds spéciaux du mécanisme des Nations Unis (pour les projets d'électrification par les énergies renouvelables102). Le double objectif du FER est de promouvoir l'investissement privé pour l'électrification rurale et d'impliquer les banques commerciales nationales ainsi que les institutions de micro finances dans la mise en oeuvre de la politique de financement de l'électrification rurale au Bénin.

De tels dispositifs s'inscrivent dans l'optique qui veut que subventionner l'électrification rurale permet de créer des conditions de rentabilité sur trois niveaux : la subvention compense la rareté des capitaux et des prêts à long terme ; elle réduit les charges financières (capitaux investis et dettes), ce qui équilibre la rentabilité financière de l'électrification rurale et permet de réduire les tarifs ; elle permet d'imposer des exigences de qualité, de fourniture de service publique à des tarifs particuliers (exemple : centres communautaires) et de garantie103. Par ailleurs, ces subventions directes104 permettent une équité entre ruraux et urbains et peuvent inciter à promouvoir des sources d'énergie propre.

Ainsi les ressources du FER sont placées sur un compte de la BCEAO et sont utilisées comme ressources d'investissement, de garantie des emprunts, d'avance remboursable et de subvention ainsi que de prêt participatif pour les opérateurs. Les utilisateurs doivent ouvrir un compte d'épargne et les opérateurs un compte courant dans une des institutions décentralisées de crédit et d'épargne. Ce sont les banques qui ont la décision finale en terme d'attribution de crédit.

Par ailleurs, dans le document sur les mécanismes de financement de l'électrification rurale105,
on envisage de mettre en place un régime fiscal spécial pour les projets d'électrification rurale

102 Dans le cadre de la convention Climat et du protocole de Kyoto, deux mécanismes financiers ont été mis en place pour les projets induisant des réductions d'émission de CO2 dans les pays du Sud : le Fonds pour l'environnement mondial (Fem) et le Mécanisme de Développement Propre (MDP).

103 Massé 2004, 16

104 Selon Antoine Nogier et Rafik Missaoui, il y a deux types de transferts : les subventions croisées et les subventions directes. Ces premières sont des transferts monétaires entre les secteurs ou consommateurs pour lesquels le service est « sur-tarifé » et ceux pour qui il est « sous-trarifé » (comme pour les tarifs de la SBEE). Les secondes sont quant à elles allouées directement par l'État sur son propre budget pour certains consommateurs. (De Gouvello et al. op.cit., 139-174)

105 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique 2005, 10

avec, éventuellement, une exonération de la taxe douanière sur le matériel et les équipements destinés à l'électrification des localités rurales, une exonération de la TVA pour les achats locaux de matériels et autres, afin de réduire le coût des projets et d'attirer l'investisseur privé. Le schéma de base pour le financement des investissements - tel qu'il se trouve dans le Programme d'actions pour l'électrification des localités rurales du Bénin106 - est décomposé comme suit :

· un autofinancement de l'opérateur d'au moins 15 à 20% de l'investissement

· une contribution des localités locales jusqu'à 10% de l'investissement initial

· des crédits aux opérateurs

> avance de 30% de l'investissement initial accordée à l'opérateur par l'État, remboursable sans intérêt sur cinq ans à partir de la sixième année

> 40 à 45% de crédits : crédits sur les ressources du fonds de crédit des bailleurs de fonds (pourcentage négocié par les bailleurs de fonds) et crédits sur les ressources propres des banques commerciales

> (si nécessaire) subvention pour l'opérateur afin de garantir une rentabilité financière

Ce schéma reprend exactement les recommandations de René Massé107 concernant le plan de financement d'une opération type108. (Cf. Annexe 5)

2.2. Les options développées par l'agence étatique pour l'électrification rurale

2.2.1. Les critères de choix et d'éligibilité

Il reste à voir quelles sources d'énergie pour l'électrification rurale décentralisée (ERD) sont développées au Bénin pour répondre aux besoins des populations rurales. L'ERD doit prendre en compte différents paramètres : la répartition géographique des habitants, la satisfaction des besoins minimums (eau et santé), l'amélioration du cadre de vie (éclairage...), la petite force motrice pour « assurer des conditions de vie minimum » et l'état des lieux de la pré-électrification spontanée109. Au Bénin, le choix des options à développer se fait au cas par

106 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique s.d.c, 29

107 Ingénieur et expert de l'électrification rurale.

108 Massé 2001, 30

109 Bal 2002, 14

cas en s'appuyant sur les critères de position de la localité par rapport aux réseaux MT et HT existants, en cours de réalisation ou en projet, la taille de la population et l'existence d'un potentiel d'énergies renouvelables économiquement exploitables (solaire, éolienne, hydraulique et biomasse). Si plusieurs options sont envisageables, c'est la plus économique par rapport au coût du kWh fourni ou à celui du raccordement par abonné domestique qui sera retenue110. Les choix se font comme le préconise Abdelhanine Benallou et ses collaborateurs111: si chacun des systèmes est techniquement possible, le choix doit se faire sur des bases économiques, leur compétitivité dépendant de la puissance souhaitée. Par ailleurs, un ordre d'éligibilité des localités sera mis en place pour une « utilisation optimale des ressources financières disponibles »112, selon l'importance de la population de la localité et son importance économique dans sa région (Il y a-t-il un marché régional? Est-ce un pôle économique régional?), sa situation par rapport aux réseaux routiers, l'existence d'infrastructures socio-communautaires (écoles, centres de santé, services administratifs) et la priorité donnée par les pouvoirs publics à certains types de localités. Cet ordre d'éligibilité une fois établi permet au Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique de déterminer avec les pouvoirs publics décentralisés (c'est-à-dire les communes) les projets prioritaires avant le lancement d'études d'avant projets détaillées.

Par ailleurs, étant donné que la « responsabilisation des populations dès le départ est [vu comme] un gage de succès »113, le choix définitif sera conditionné par la demande auprès de l'ABERME des localités souhaitant bénéficier d'un programme d'électrification . La localité doit ensuite « mobiliser les ressources financières correspondant à sa participation à l'investissement initial nécessité par son électrification [et au moins 30%] des ménages de la localité (...) doivent avoir, à partir de leurs propres ressources ou en souscrivant aux aides financières remboursables accordées par le programme d'électrification rurale, réaliser leurs installations électriques intérieures, ouvrir un compte d'épargne au niveau d'une institution financière décentralisée impliquée dans la mise oeuvre du programme et y déposer les frais d'abonnement au système d'électrification envisagé »114.

Ainsi si la localité se trouve à moins de 20 kilomètres du réseau de la SBEE et si elle a une
population importante (1 000 habitants) ou si elle est sur route d'une localité importante, alors

110 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.b., 35-36

111 Benallou & Rodot 2002, 35

112 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.b., 36-37

113 Idem.

114 Idem.

on envisage son raccordement au réseau conventionnel. On donne donc la priorité à l'électrification conventionnelle aux localités les plus peuplées et les plus faciles d'accès considérant que la demande potentielle en électricité est relativement forte et le coût d'infrastructure par abonné relativement faible. Pour les autres des solutions de microélectrification (électrification décentralisée hors réseau) seront développées pour répondre aux usages spécifiques de l'électricité (communication et éclairage), aux usages mécaniques (pompage et mouture) et aux usages thermiques (réfrigération).

2.2.2. Les sources d'énergies possibles pour la micro-électrification

Généralement les différentes sources d'énergies pouvant être utilisées sur des sites isolés, lorsque l'électrification au réseau traditionnel n'est pas possible, sont les suivantes :

- la biomasse

Par « biomasse » on entend l'ensemble des matières organiques que l'on peut convertir en énergie, mais le plus souvent ce terme est utilisé en Afrique pour le bois et le charbon de bois. Le biogaz (une des formes de biomasse) est quant à lui souvent envisagé à part. Ce dernier consiste en une fermentation de composants organiques afin de produire du gaz pouvant servir à la cuisson des aliments et à l'éclairage. Grâce à la biomasse on peut obtenir de l'électricité, du combustible, de la chaleur directe et du carburant.

- l'énergie solaire

Par énergie solaire on peut regrouper pompes solaires, énergie solaire thermique et énergie solaire photovoltaïque.

Les pompes solaires sont des pompes électriques fonctionnant par conversion thermodynamique : grâce à des capteurs solaire et à un moteur thermique qui utilise la vapeur solaire, on obtient de l'énergie mécanique.

L'énergie solaire thermique fonctionne grâce à des capteurs qui captent la chaleur directe. Elle peut être utilisée pour des séchoirs solaires (la chaleur est alors transformée en énergie solaire 115), pour les chauffe-eau solaires (généralement pour les milieux urbains ou pour des applications industrielles) ou bien pour les cuiseurs solaires116.

L'énergie solaire photovoltaïque est quant à elle issue de la conversion de l'énergie solaire en

115 Avec les séchoirs solaires, on expose soit le produit au rayonnement solaire, soit on utilise un système de ventilation ou encore un système solaire ou hybride.

116 Il y a trois types de cuiseurs solaire : les concentrateurs qui renvoient le rayonnement sous le récipient de cuisson ; les cuiseurs boîtes munis ou non de réflecteurs extérieurs ; les cuiseurs à capteur plan où un fluide (air, huile) est chauffé puis conduit jusqu'au caisson de cuisson.

courant continu par des cellules photovoltaïques. Elle permet de fournir de l'électricité. - l'énergie éolienne

L'énergie éolienne provient du vent et on peut l'utiliser soit directement (exemple : pompage) soit indirectement (production d'électricité via un générateur). L'éolien permet de produire de l'électricité.

- l'énergie hydraulique

L'énergie hydraulique peut être fournie au niveau des cours d'eau ou des stockages d'eau et elle produit de l'électricité.

2.2.3. Les options développées par l'ABERME

- Raccordement au réseau de la SBEE

Même dans le cas du raccordement au réseau conventionnel des financements externes sont nécessaires. On voit ainsi que le raccordement de cinquante-huit localités au réseau de la SBEE n'est possible que par une aide de la Banque d'Investissement et de Développement de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (BIDC) et par des fonds venant du gouvernement indien dans le cadre d'un accord de prêts liés (l'appel d'offre pour la fourniture du matériel est ouvert seulement aux entreprises indiennes). De même, cinquanteneuf autres localités rurales devraient être raccordées grâce à un financement de plusieurs partenaires dont l'Union Européenne (Facilité Énergie117) et l'Agence Française de Développement118 (AFD).

- Plateforme multifonctionnelle

L'objectif affiché de la plateforme multifonctionnelle est de lutter contre la pauvreté en allégeant le travail des femmes grâce à la production d'énergie électrique et mécanique. Une plateforme est constituée d'une unité de production d'énergie électrique où un moteur indien de 8 à 20 chevaux couplé à un alternateur triphasé permet de transformer les produits agricoles : des machines et des modules mécaniques, installés par le projet, transforment du maïs, du manioc et des noix de palme.

117 La Facilité Énergie « est un instrument de co-financement établi en 2005 pour soutenir des projets améliorant l'accès aux services énergétiques durables et abordables en milieu rural et péri-urbain dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ».(Commission européenne, Facilité ACP-UE pour l'Énergie, [ http://ec.europa.eu/europeaid/where/acp/regional-cooperation/energy/index_fr.htm ] (site consulté le 10 février 2010) )

118 L'AFD s'est engagée en 2008 à contribuer à hauteur de 38,8% (soit cinq milliards de FCFA) au Programme d'électrification rurale pour raccorder une soixantaine de localités rurales à la SBEE et pour renforcer les capacités de la SBEE et de l'ABERME. (Massé 2008)

On parle de « multifonctionnel » car le soir la plateforme fournit de l'électricité (de 19h à minuit) grâce à un réseau électrique de distribution et de branchement des abonnés et de lampadaires pour l'éclairage public.

Le projet est actuellement dans sa phase d'expérimentation dans deux villages (Igba IgboAbikou et Djegou Nagot). Vingt-sept localités devraient être pourvues de plateformes multifonctionnelles grâce à un financement de l'Union Européenne (Facilité Énergie).

- Projet solaire sous deux volets

> Volet adduction d'eau

Des forages avec de bons débits sont équipés de pompes solaires et on y installe un champ solaire. L'installation est complétée par un mini-réseau d'adduction d'eau et un château d'eau. > Volet électricité

On peut alors parler d'électrification publique car des lampadaires solaires sont mis en place, des centres sociaux communautaires (dispensaires, maternité, école, logement de l'infirmier, centre de loisirs...) sont électrifiés pour un accès à l'éclairage, à la réfrigération, voire à la télévision.

Dans le même temps pour les particuliers des kits photovoltaïques sont installés sur demande suite à une séance de sensibilisation où le fonctionnement, les puissances possibles et autres, sont expliqués. Les kits distribués sont subventionnés. Le kit de 85 Wc et son installation par l'ABERME revient ainsi à 650 000 FCFA (soit environ 990 euros) au lieu de 1 350 000 FCFA (soit environ 2 058 euros) sur le marché. Par ailleurs, la possibilité est offerte de payer par échelonnement à travers des caisses locales, non par mensualités mais par saisons de récoltes sur un maximum de trois ans.

C'est ainsi que 24 villages sur l'ensemble du territoire béninois ont bénéficié d'un tel projet grâce aux financements de la BID et d'une assistance technique étrangère.

- Hydroélectricité

Le programme d'hydroélectricité se met progressivement en place depuis 2004. L'ABERME a obtenu de l'Agence Canadienne de Développement Internationale (ACDI) un crédit pour la réalisation des études de faisabilité (par des ingénieurs canadiens) pour l'aménagement de 10 sites hydroélectriques (études de faisabilité en 2009). L'ABERME veut développer l'hydraulique comme source d'énergie tout en diversifiant ces sources en raison des changements climatiques.

- Éolien et biomasse

L'option éolienne n'est pas envisageable car le vent n'est ni constant ni suffisant. Elle ne pourrait se faire que sur la zone côtière et seulement sur 2 ou 3 mois dans l'année.

La biomasse en revanche pourrait être une source d'électricité avantageuse pour le Bénin. En effet, on pourrait tirer profit des résidus des récoltes. Par exemple, à la fin des récoltes du coton (une culture importante au Bénin), on pourrait utiliser les tiges au lieu de les brûler, ce qui aurait également un impact positif sur l'environnement car cette pratique dégrade le sol, pollue... Les résidus de mil, de maïs, d'arachides, pourraient également être tirés à profit pour produire de l'électricité.

Le but recherché est, de façon progressive, de diversifier les sources d'énergie. Un comité multisectoriel est en train de se mettre en place afin d'aboutir à une synergie entre le secteur de l'énergie et les autres secteurs de développement (santé, éducation, transformation agroalimentaire...). Désormais, il sera nécessaire quand un projet sera mis en place de connaître les autres programmes développés dans cette même localité par les autres structures. Par exemple, il faudra connaître le plan de construction de l'hôpital avant de procéder au projet d'électrification. Les séances ont déjà commencé et le décret pour la mise en place de ce comité a déjà été pris, il ne reste désormais qu'à le mettre en pratique.

Au Bénin l'électrification rurale va donc se développer à partir de programmes élaborés à l'initiative de l'État et suivant ses priorités. L'État à travers l'ABERME passe des appels d'offres, attribue les concessions et accordent les facilités nécessaires aux opérateurs privés. On cherche ainsi à donner à l'État la maîtrise de la planification de l'électrification des zones rurales dans le contexte de la décentralisation et à éviter un monopole national chez les opérateurs. Seulement, il y a du retard dans la mise en place du FER et l'ABERME se retrouve avec une faible capacité financière119. Par ailleurs, seul un petit nombre de projets d'électrification par le photovoltaïque au Bénin fonctionnent. Il est donc intéressant d'analyser de plus près cette technologie, qui semble à première vue idéale dans un pays très ensoleillé, en s'arrêtant sur son fonctionnement, ses avantages et inconvénients.

119 Codjo Djaïto 2007

3. Avantages et inconvénients du solaire photovoltaïque pour les localités rurales du Bénin

Les systèmes solaires sont généralement perçus comme une opportunité intéressante pour répondre aux besoins en électricité des pays en développement. C'est ainsi que dans le cadre coordonnant l'électrification des zones rurales du Bénin le solaire est l'une des

possibilités envisagées. Seulement, que ce soit à travers ce cadre (comme dans le cas de ToriCada) ou en dehors de celui-ci (comme avec des actions d'ONG), les villages ayant la possibilité de s'électrifier grâce au photovoltaïque sont encore loin de voir l'électrification généralisée à l'ensemble du village et de la voir fonctionner correctement et durablement. Il est donc nécessaire de revenir sur le fonctionnement d'une installation photovoltaïque puis d'envisager les avantages et les inconvénients pour comprendre les difficultés rencontrées. L'analyse suivante se focalisera sur la technologie solaire dans un objectif d'électrification, par conséquent le solaire pour l'adduction d'eau ne sera pas traité.

3.1. Explications simplifiées de cette technologie attrayante 3.1.1. La composition d'un système photovoltaïque

a) le module

Produire de l'électricité photovoltaïque c'est produire de l'électricité (« voltaïque ») à partir de la lumière (« photo ») et cela grâce à des photopiles, dites également cellules photovoltaïques, qui captent l'énergie des photons composant la lumière. Ce sont ces photopiles montées en série et composées de cristaux de silicium120 qui constituent un module121.

Les trois filières les plus utilisées pour la fabrication des cellules photovoltaïques sont le silicium monocristallin, le silicium polycristallin et le silicium amorphe. Le silicium monocristallin est produit à partir de monocristal de silicium très pur. Les modules constitués de ce silicium sont donc les plus coûteux mais assurent le meilleur rendement. Le silicium polycristallin est moins pur que le monocristallin car il provient des rebuts de l'industrie

120 Le silicium est un matériau tiré du sable ou du quartz, tous deux riches en silice.

121 Généralement un module est constitué de 36 ou de 72 cellules photovoltaïques et donnera une tension de 12 ou de 24 volts. On dit d'un module de 36 cellules qu'il est de 12 volts car il permet de charger une batterie de 12 volts même si sa tension nominale de sortie se trouve autour de 17 volts.

électronique. Pour autant, cette technologie est très utilisée car son rendement de conversion n'est que légèrement inférieur à celui du monocristallin mais pour un coût plus faible. Les filières du silicium monocristallin et polycristallin représentent 85% du marché. Quant au silicium amorphe, il est obtenu par dépôt de couches minces sur du verre. Son coût est beaucoup plus faible que pour les deux premiers mais son rendement de conversion est également largement inférieur. Il est donc utilisé pour les applications de faible puissance.

Pour évaluer la quantité d'énergie transformée quotidiennement par un module, on multiplie la puissance crête par l'ensoleillement journalier. La puissance crête étant la puissance122 d'un module donnée par le fabriquant, exprimée en watt-crête (Wc) et correspondant à la puissance produite par le module dans les conditions optimales d'ensoleillement et de température : un ensoleillement de 1000 W/m2 (ensoleillement maximal à la surface de la terre), une masse d'air123 de 1,5 et une température de jonction124 de 25°C.

Par exemple au Bénin l'ensoleillement global125 est de 5 kWh/m2/jour126 donc un module de 85 Wc produira 425 Wh/jour. Seulement, l'irradiation solaire est inégalement répartie : elle est plus abondante au nord qu'au sud (Cf. Annexe 4). D'autre part, si le ciel est nuageux, notamment durant l'harmattan127, l'ensoleillement sera plus faible et la puissance fournie sera alors moindre. De même, au dessus de 25°C, la puissance fournie diminue de 0,5% pour chaque degré Celsius d'augmentation de la température du module photovoltaïque.

Les modules représentent aujourd'hui 30 à 35% du prix du système.

b) la structure-support

La structure-support va fixer les modules à l'endroit désiré (généralement sur la toiture). Les structures fixes sont à privilégier aux structures mobiles puisque les systèmes de ces dernières peuvent se bloquer et qu'ils consomment de l'énergie...

D'autre part, la structure doit être orientée vers le sud étant donné que le Bénin se trouve dans
l'hémisphère nord128, à au moins 20 cm au dessus de la toiture pour permettre la ventilation et

122 La puissance est l'énergie électrique ou la quantité de travail obtenue en une unité de temps et s'exprime en watt (W).

123 La masse d'air est l'épaisseur relative de la couche d'atmosphère traversée par le rayonnement solaire.

124 La température de jonction caractérise le fonctionnement thermique du module : plus elle augmente, plus le rendement de conversion augmente.

125 Au Bénin le rayonnement solaire global est de 700 Kj/cm2/an avec sept heures par jour d'ensoleillement.

126 Wh/m2/jour : mesure l'ensoleillement ou le rayonnement qu'une surface au sol d'un mètre carré reçoit du soleil pendant une journée

127 L'harmattan est un vent sec soufflant du Sahara et au Golf de Guinée de fin novembre à début mars.

128 Les pays de l'hémisphère sud doivent orienter les modules vers le nord.

avec une inclinaison de 10 ° par rapport à l'horizontale. L'angle d'inclinaison doit être égal à la latitude du lieu mais dans le cas des pays, comme le Bénin, proches de l'équateur - latitude comprise entre 0 et 10° - on choisit un angle de 10°. (Cf. Annexe 4)

c) les batteries

L'énergie produite durant la journée doit être stockée et pour cela on a recours à des batteries plomb-acide. Il peut s'agir de batteries de voiture ou de batteries adaptées pour le photovoltaïque, ces dernières durant trois à cinq fois plus longtemps. Le choix des batteries est important : il faut prendre en considération à la fois leur coût à l'installation et leur coût pour la durée de vie du système photovoltaïque car on doit les remplacer périodiquement (environ tous les 4 ans).

d) le régulateur

Le régulateur gère la charge et la décharge de la batterie pour éviter qu'elle soit endommagée.

e) les onduleurs

L'électricité produite est en courant continu. Pour le convertir en courant alternatif de 220 volts - nécessaire pour certains équipements comme les réfrigérateurs, certains téléviseurs, etc. - on utilise des onduleurs.

f) les convertisseurs

Les convertisseurs permettent de convertir du courant continu en courant continu dans le cas où l'on souhaite une tension129 inférieure à celle à la sortie de la batterie (par exemple si l'on souhaite une tension de 6 volts au lieu de 12 volts).

g) câblages, fusibles et coupe-circuits

Le câblage permet de relier électriquement tous les composants du système. Des fusibles et des coupe-circuits sont également installés pour protéger l'installation ou pour assurer la maintenance du système : le fusible protège contre les court-circuits et les coupe-circuits permettent de couper l'alimentation en cas d'urgence ou lors de la maintenance.

h) les récepteurs/applications Les récepteurs/applications sont l'ensemble des appareils qui fonctionnent grâce à

129 La tension mesure la force ou la poussée que reçoivent les électrons dans un circuit électrique et s'exprime en Volt (V)

l'électricité photovoltaïque. Lorsque l'on a un système avec une tension de 12 volts utilisant une batterie de voiture, on peut utiliser des réglettes fluorescentes, une télévision en noir et blanc 12 volts et ces appareils peuvent être moins coûteux que les appareils fonctionnant avec du 24 ou du 48 volts.

Certains appareils fonctionnent en courant continu (CC) : les réglettes fluorescentes, les ventilateurs, les télévisions en noir et blanc de 12V. D'autres nécessitent un courant alternatif (CA) et donc la présence d'un onduleur : les ampoules incandescentes, les télévisions, les magnétoscopes, les ordinateurs, les réfrigérateurs.

Les récepteurs font partie intégrante du système, leur choix ayant une incidence sur son bon fonctionnement. Il est ainsi nécessaire de privilégier des appareils économes en énergie car ils permettent d'augmenter la durée de vie de la batterie et d'éviter les appareils restant en veille qui entraînent des consommations supplémentaires d'électricité (l'onduleur fonctionnant lors de leur veille).

Schéma d'un système photovoltaïque de base

3.1.2. La maintenance

Il est nécessaire d'avoir à la fois un petit entretien et une maintenance plus poussée pour garantir la pérennité du système. En effet, l'utilisateur doit régulièrement nettoyer les modules, vérifier l'absence d'ombres sur les modules, vérifier le niveau d'électrolyte des batteries... A cela s'ajoute une maintenance plus approfondie à effectuer par un technicien qualifié. Une maintenance adéquate permet de garantir le fonctionnement optimal des installations.

3.1.3. Les applications du photovoltaïque

3.1.3.1. Les applications pour les sites isolés : de quelques watts à 1 kW

a) les systèmes solaires domestiques ou communautaires

Les systèmes solaires domestiques permettent d'alimenter en électricité les habitations ou les centres communautaires (centre de santé, école, administration...). Ils sont constitués au minimum d'un ou deux modules, d'une batterie, d'un régulateur et d'applications (souvent limitées à l'éclairage avec des réglettes fluorescentes de 8 watts). Il est possible de dimensionner spécifiquement l'installation selon les applications souhaitées ou d'installer des kits solaires standardisés. De façon générale, pour avoir de la lumière quelques heures par jour, une puissance comprise entre 10 à 50 Wc est nécessaire. Pour l'éclairage et l'audiovisuel, la puissance doit se situer entre 20 et 100 Wc. Enfin, pour l'éclairage, l'audiovisuel et la réfrigération, la puissance passe à un ordre de grandeur entre 100 et 2 000 Wc.

b) les lampes portables et chargeur solaire d'accus

Par « lampe portable », on entend une lampe fluorescente portable branchée sur une batterie que l'on alimente grâce à un petit système photovoltaïque et par « chargeur solaire d'accus », le dispositif qui permet grâce à de petits modules photovoltaïques de quelques wattcrête de recharger des accumulateurs rechargeables.

c) les systèmes hybrides

Un système hybride allie une source d'énergie renouvelable à une autre source d'énergie. On peut ainsi avoir une installation photovoltaïque couplé à un groupe électrogène afin d'avoir plus d'électricité et plus souvent.

d) l'éclairage de rue

Pour éclairer les rues d'un village, il est possible de monter sur des poteaux des lampes photovoltaïques autonomes130. Le dispositif est constitué d'un module, d'un boîtier abritant une batterie, d'une lampe et éventuellement d'une minuterie ou d'un détecteur de mouvement pour réduire la consommation en électricité qui peut être assez élevée.

f) la réfrigération

Par des systèmes solaires on peut alimenter des conservateurs de vaccins, des réfrigérateurs domestiques ou agro-alimentaires. Les réfrigérateurs photovoltaïques fonctionnent grâce à un moteur électrique alimenté en courant continu (12 ou 24 V) ou en

130 Les lampes photovoltaïques sont de type fluorescent, à vapeur de mercure ou à sodium basse tension.

courant alternatif (120 ou 220 V). Il y a également une deuxième source d'énergie - comme un stockage de froid sous forme de blocs de glace - pour assurer une autonomie de fonctionnement, primordiale pour la conservation de vaccins. Par ailleurs, le système de stockage doit être correctement dimensionné afin qu'il y ait toujours suffisamment d'électricité pour l'alimenter.

3.1.3.2. Les applications de quelques kilowatts au mégawatt

a) les mini-réseaux photovoltaïques

Les mini-réseaux photovoltaïques reprennent le système de distribution habituellement utilisé lorsque l'on a un raccordement réseau ou une électrification par groupe diesel. Un champ photovoltaïque (ensemble de modules photovoltaïques interconnectés) produit alors une grande quantité d'électricité que l'on achemine par un réseau de distribution aux villages et habitations alentours.

b) les centrales de recharge

Une centrale de recharge produit grâce à un champ photovoltaïque de l'électricité, qui permet de recharger, par des chargeurs reliés aux modules, des batteries, elles même pouvant servir pour les besoins domestiques en éclairage. L'utilisateur amène sa batterie déchargée à la centrale et va, soit la laisser charger et venir la chercher à la fin de la journée, soit l'échanger contre une batterie pleine.

c) les applications professionnelles

Les générateurs utilisés pour les applications professionnelles (télécommunication, balisage...) sont similaires à ceux utilisés pour les applications domestiques ou collectives : ce sont les mêmes composants mais le générateur est divisé en sous-ensembles ce qui permet une utilisation en continue même si un problème a lieu sur l'un des composants.

3.2. Les avantages du solaire dans un pays en développement 3.2.1. Les avantages de tout système solaire pour les zones rurales

Tout d'abord la connexion au réseau - difficile et coûteuse dans les zones rurales et isolées du Bénin - n'est plus envisagée car l'électricité est produite sur son lieu de consommation, sauf dans le cas où l'électrification est envisagée par mini-réseau photovoltaïque (ce qui n'est aujourd'hui pas le cas au Bénin). Par ailleurs, le système

photovoltaïque en général est fiable et a une durée de vie élevée. En effet les modules de bonne qualité ont une durée de vie de vingt ans. De plus, même si la maintenance est primordiale, son coût est plus faible que pour les systèmes conventionnels tels que les groupes électrogènes et l'entretien demandé à l'utilisateur est assez faible. Il est également possible de faire évoluer l'installation selon les besoins et les financements en raison de sa structure modulaire.

De même, aucun carburant et aucun gaz ne sont nécessaires pour faire fonctionner l'installation. Cela permet une autonomie, notamment énergétique car ce sont des énergies fossiles importées, ainsi qu'un certain confort en raison d'une émission nulle de gaz, d'un risque réduit d'incendie et d'un meilleur éclairage que celui procuré par les lanternes ou les torches. En terme de coût, l'utilisation réduite de pétrole et de piles jetables - notamment pour l'éclairage - permet des dépenses moins élevées, ce qui amortit en partie sur le long terme le coût élevé du système.

3.2.2. Les avantages particuliers des applications du photovoltaïque

a) les avantages des systèmes solaires domestiques ou communautaires

Les systèmes photovoltaïques individuels sont adaptés pour les petites quantités d'électricité (puissance entre 0,1 à 5kWc) notamment pour celles ayant une valeur ajoutée commerciale ou sociale élevée comme dans les cliniques, les écoles, les ateliers ruraux, les télécommunications, l'habitat isolé et dispersé... Par ailleurs, en dehors des avantages cités précédemment (qualité de l'éclairage, autonomie...), le coût d'un système photovoltaïque est avantageux en comparaison avec les groupes électrogènes. En effet, il est estimé que pour une consommation de 3 kWh/jour le coût du photovoltaïque est inférieur à celui de l'électricité procurée par un groupe électrogène si le litre d'essence est à 0,6 euros/litre131. Or, au Bénin l'essence frelatée est vendue aux alentours des 300/400 FCFA le litre soit entre 0,45 et 0,60 euros le litre.

b) avantages des lampes portables et des chargeurs solaires d'accus

Les lampes portables permettent de répondre au besoin d'éclairage des foyers avec de faibles demandes d'énergie sans devoir acheter du pétrole pour les lanternes ou des piles pour les torches tout en apportant une luminosité de qualité. De même les chargeurs solaires permettent de réduire l'utilisation des piles jetables qui engendrent des dépenses non négligeables pour les foyers à faible revenu, durent peu de temps et constituent une source de

131 Benallou & Rodot op. cit., 42-43

pollution non négligeable.

c) avantages des systèmes hybrides

De nombreux avantages sont associés à l'installation d'un système hybride : réduction des capacités de stockages et donc des coûts d'exploitation, amélioration de l'offre d'électricité ainsi qu'une limitation du recours à l'essence et une limitation de l'émission de gaz à effet de serre en comparaison avec un groupe électrogène seul.

d) avantages de la réfrigération

La réfrigération grâce au solaire permet d'avoir accès à l'énergie sur le lieu même des besoins, afin de conserver des vaccins, d'éviter les gaspillages de denrées alimentaires, de permettre la réalisation d'une chaîne du froid, ce qui peut entre autre apporter des avantages économiques pour la vente de produits.

e) avantages des mini-réseaux photovoltaïques

Les mini-réseaux photovoltaïques reprennent une configuration semblable à celle du réseau avec un courant alternatif de 220 volts, le même type d'applications peut donc y être utilisé.

f) avantages des centrales de recharges

Lorsque l'électrification se fait par des centrales de recharge, une distinction est faite entre l'investissement pour l'équipement de la centrale et les équipements chez l'utilisateur (c'est-à-dire les lampes, les installations électriques...). Le premier peut être pris par l'État et le second assumé par l'utilisateur, ce qui peut amener un financement plus viable du système.

g) avantages des applications professionnelles

L'installation procure une certaine souplesse et ne nécessite qu'une maintenance assez légère. A cela s'ajoute une absence de pollution induite par son fonctionnement et une fiabilité de fonctionnement. Les pannes enregistrées avec ces systèmes sont généralement moins élevées qu'avec une alimentation classique132.

3.3. ... et ses inconvénients

Comme toute forme d'énergie, l'électricité photovoltaïque comporte différents problèmes que l'on peut répertorier - en suivant la classification des problèmes énergétiques de Bernadette Mérenne-Schoumaker133 - en problèmes techniques, problèmes économiques, problèmes politiques, problèmes environnementaux et problèmes géographiques.

132 Id., 50

133 Mérenne-Schoumaker 1997, 3

3.3.1. Les problèmes techniques

Produire de l'électricité solaire demande des installations complexes, ce qui pose la question de la maîtrise de cette technologie en particulier car elle est importée et fonctionne différemment de l'électrification par le réseau conventionnel134. Il est donc nécessaire que l'utilisateur comme les techniciens locaux s'approprient cette technologie : ils doivent la comprendre, l'accepter et la maîtriser. En particulier en raison de la maintenance régulière et de qualité qui est requise de la part de l'utilisateur et des techniciens. Cette maintenance est primordiale car si les modules ont une durée de vie de vingt ans la défaillance d'un autre composant de l'installation réduira la capacité de vie du système. Or si dans le Nord il est facile d'avoir accès à un support technique, cette situation est différente en Afrique subsaharienne où la maintenance peut constituer un réel obstacle.

Un des composants les plus critiques est la batterie: elle est à la fois fragile et nécessite un entretien rigoureux. Sa capacité de stockage dépend du courant de décharge, de la maintenance, du temps et de la température (la capacité de stockage diminue avec une température supérieure à 25°C). Par ailleurs, certains villages - comme celui de Dekin de l'arrondissement de Dekin dans la commune de Dangbo - alimentés en eau grâce à des pompes solaires, voient leurs structures abandonnées au bout de vingt ans lorsque l'appui technique se termine, la population ne sachant pas comment les réhabiliter malgré la volonté de voir de nouveau leur village alimenté en eau potable. L'appropriation se pose donc tout au long de la durée de vie de l'installation mais également au delà pour permettre une continuité de l'offre de service.

D'autres problèmes techniques résident dans la capacité et la production en tant que tel d'électricité. L'électricité photovoltaïque n'est pas produite de façon continue : elle est produite la journée puis est stockée pour être utilisée à la nuit tombée. Son stockage ne permet donc que l'utilisation pour quelques heures par jour de l'éclairage et de l'audiovisuel. Par ailleurs le nombre de modules ne permet pas d'offrir de fortes puissances pour utiliser des fers à repasser, des réfrigérateurs de grandes tailles et autres. Même si jusqu'à aujourd'hui de tels appareils sont loin d'être généralisés135 mais pourraient l'être avec le mimétisme des modes de

134 Le réseau conventionnel fournit du courant alternatif de 220 volts alors que le photovoltaïque (sans onduleur) produit du courant continu de 12 ou 24 volts, sauf lorsque l'on procède à une électrification solaire par minréseau.

135 La population n'a recours qu'à des fers à repasser au charbon et utilise très peu de frigidaires, y compris dans les foyers électrifiés et urbains.

consommation. De même, les générateurs photovoltaïques utilisés pour les applications professionnelles ne permettent pas de faire fonctionner de gros ateliers mais seulement des systèmes de puissances très modestes.

Le stockage de l'électricité se pose également pour les mini-réseaux où il est également limité. Cela a pour conséquence de conditionner les modes de consommation : certains utilisateurs pourraient être amenés à consommer la quasi totalité de l'énergie stockée, ce qui empêcherait d'autres utilisateurs d'y avoir accès. Pour éviter cette situation des dispositifs peuvent être mis en place afin de fixer un seuil à la consommation individuelle. Seulement, ils peuvent être mal acceptés par l'usager étant donné qu'ils lui imposent une limitation forcée. Il est également difficile de dimensionner un tel système. Cette configuration est à éviter sauf dans les cas où les demandes d'électricité sont connues précisément (dans les écoles, dispensaires...)136.

Les difficultés rencontrées dans les centrales de recharge sont également liées à la composante batterie mais sont d'un autre ordre : une batterie en fin de vie accumulera peu d'énergie. Or la tarification de la centrale ne peut en tenir compte et alors les tarifs appliqués ne correspondent pas réellement au service rendu. Ce phénomène est amplifié par le comportement des utilisateurs qui, n'étant pas propriétaires des batteries, leur font subir des décharges profondes, raccourcissant leur durée de vie. Par ailleurs, les batteries étant transportées par les utilisateurs (généralement les enfants) elles peuvent, en plus de constituer un désagrément par leur transport, être détériorées et constituer un risque pour la santé (éclaboussures d'acide). L'organisation d'un tel système est complexe en raison de la rotation des batteries et demande du personnel en permanence présent à la centrale.

Quant aux systèmes hybrides, ils peuvent résoudre les problèmes de stockage et de puissances limitées. Seulement, la conception de tels systèmes est plus complexe que celui de systèmes avec une seule technologie.

3.3.2. Les problèmes économiques

D'un point de vue financier, de nombreux obstacles entravent la généralisation des installations : le prix du système est élevé alors que les capacités de financements sont limités et que peu de revenus sont escomptés. En effet, les installations ne permettent pas de développer en soi le système productif et le marché du photovoltaïque est peu étendu. La littérature sur le sujet envisage donc généralement de décider en fonction du service rendu et non des coûts car par ce service on veut répondre aux besoins de base de la population.

136 Benallou & Rodot op. cit., 45

Seulement, l'aspect financier va jouer un rôle déterminant en termes de durabilité du système. Par exemple, si les moyens financiers ne sont pas suffisants pour avoir recours aux techniciens le système aura de fortes chances de péricliter car leur rôle est primordial pour la maintenance de l'installation et pour son bon fonctionnement. Des ressources économiques doivent donc être mobilisées tout au long de la vie de l'installation voire même au delà si l'on souhaite faire installer un nouveau système.

On constate donc en premier lieu que le coût d'achat du système est élevé. En effet, le kit proposé par l'ABERME et par Nature Tropicale le moins cher et d'une puissance de 85 Wc revient à l'achat à 650 000 FCFA avec les subventions (1 350 000 FCFA sur le marché). Cela signifie mobiliser pour un ménage rural deux tiers de ses dépenses totales annuelles (les dépenses totales annuelles par ménage - de 5,4 personnes - dans les zones rurales du Bénin étant de 967 829 FCFA en 2007137). Cette proportion est pour autant sûrement plus importante car dans un pays en développement les moyennes sont à prendre avec précaution étant donné l'existence de fortes inégalités, elles ne permettent donc que de renseigner sur les difficultés financières que rencontrent les ménages ruraux pour acquérir un kit photovoltaïque. D'autant plus que les capacités financières des ménages ruraux ne sont pas les mêmes d'un endroit à l'autre. Par exemple, les dépenses moyennes les plus faibles par ménage se trouvent dans le département du Zou où pour un ménage (de 4,5 personnes) elles n'atteignent que de 685 324 FCFA138, soit pour ainsi dire le prix du kit subventionné. Certes l'ABERME propose de payer par mensualité sur trois ans au maximum afin de répartir les coûts mais même au bout de trois années l'utilisateur continuera à avoir des dépenses importantes étant donné que les batteries ont une durée de vie limitée. Tous les quatre ans environ il sera nécessaire de changer de batterie dont le prix s'élève à plus de 100 000 FCFA. Par ailleurs, en matière de réfrigération solaire, le prix d'un réfrigérateur est très élevé et se situe autour des 650 000 FCFA. De même, les systèmes plus modestes constituent un coût élevé. Ainsi acheter une lampe portable revient à payer lors de son achat la totalité du coût du système : l'utilisateur paye en une seule fois la totalité de l'électricité qu'il va consommer sur plusieurs années.

La technologie solaire est donc loin d'être gratuite comme on l'imagine. Notamment car si
l'énergie solaire est disponible gratuitement, un système de conversion est nécessaire afin de
transformer cette énergie en électricité, ce qui entraîne des coûts importants à l'investissement

137 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique, op.cit., 3

138 Ibid.

(matériel et main d'oeuvre) et pour sa maintenance. Sans compter que les modules peuvent être volés ou brisés en cas de vandalisme car étant en verre ils sont fragiles.

Par ailleurs, une formation de l'utilisateur est nécessaire pour une exploitation et une maintenance correcte du système ainsi que la présence de techniciens à proximité. Des compétences sont donc nécessaires à la fois pour assurer les formations mais également pour assurer la maintenance or ces compétences se trouvent généralement dans les grandes villes. De même, la présence de moyens financiers est également primordiale pour financer les formations, pour changer et réparer les installations ainsi que pour assurer un revenu aux techniciens.

Se pose donc la question des sources de financements : un soutien public semble donc nécessaire étant donné que les coûts du solaires sont importants. Seulement comme les moyens financiers de l'État béninois ainsi que des populations sont limités, on fait appel à des ressources extérieures. D'autant plus si l'on envisage de mettre en place un mini-réseau photovoltaïque car au coût élevé des équipements s'ajoutent le coût du réseau à installer, son entretien et ses réparations.

Les ressources extérieures proviennent généralement de la coopération internationale139, elles sont donc affectées de façons ponctuelles et dépendent des priorités des bailleurs de fonds. De plus, une fois le programme de coopération terminé (généralement sur trois ou cinq ans), si aucune autre alternative au financement n'est trouvée les installations courent le risque d'être abandonnées. En effet, une petite panne pouvant entraîner l'arrêt du système, s'il n'y a aucun moyen financier pour faire venir un technicien ou pour payer la réparation, la panne ne pourra être résolue et le système sera inutilisable. Par ailleurs, une aide extérieure est généralement accompagnée de conditions clairement définies ou sous-entendues, elle n'est donc jamais neutre.

La question des devises n'est pas à négliger étant donné que les différents composants du système ne sont pas produits au Bénin et qu'en général 70% des composants sont importés140, ce qui implique l'acquisition de devises pour pouvoir les importer du marché international. Or, l'apport des devises provient essentiellement de la production agraire et notamment de la

139 Il peut y avoir également des fonds extérieurs provenant de mouvements religieux. Par exemple, dans un des villages non électrifiés de la commune de Dangbo, la mosquée est équipées d'un kit solaire grâce à des fonds provenant de cheik du Pakistan.

140 Wamukonya 2007, 6-14

monoproduction du coton. Faudrait-il donc augmenter les cultures pour l'exportation au risque de délaisser les cultures vivrières, ces dernières jouant un rôle important pour les ménages aux faibles revenus monétaires? Doit-on favoriser le photovoltaïque dans le cas où il permettrait de générer des revenus et des devises?

Le problème des devises et des sources de financements sont de premier abord des problèmes économiques mais s'étendent à la sphère politique car ils dépendent des stratégies et des choix que les différentes instances politiques sont amenées à faire et à arbitrer.

3.3.3. Les problèmes politiques

La question de l'électrification rurale n'est pas sans engendrer des problèmes d'ordre plus politiques même si le Bénin a déjà résolu l'un d'eux en mettant en place une politique pour l'électrification rurale. Gérer des programmes d'énergies renouvelables demande du personnel qualifié pour assurer le côté technique (mettre au point et fabriquer les équipements) et pour développer une critique constructive dans le pays grâce à des analystes politiques, des responsables économiques et des ingénieurs maîtrisant le domaine du solaire. Actuellement, le pays possède du personnel qualifié et il existe une critique constructive notamment au sein de l'ABERME et dans le domaine des ONG employant des ingénieurs et des techniciens qualifiés dans l'énergie solaire. Seulement ces ressources humaines restent marginales et se concentrent dans les grandes villes et en particulier à Cotonou. Les personnes opérant dans le domaine de l'électricité et de la mécanique le font généralement dans le cadre du secteur informel, sans nécessairement posséder de qualification141, et ce en particulier dans les zones rurales. Cela peut expliquer le faible taux d'adoption des énergies du photovoltaïque dans les zones rurales car les utilisateurs de cette technologie doivent compter sur des expatriés ou des techniciens installés en ville142.

3.3.4. Les problèmes environnementaux

L'électrification solaire comporte également des problèmes environnementaux, notamment en termes de gestion des déchets avec les batteries et les tubes fluorescents qui doivent être changés au cours de la durée de vie du système. Étant donné qu'aucun système de traitement des déchets n'existe au Bénin, si rien n'est prévu pour les traiter (sur place ou à l'étranger), ils risquent d'être jetés dans la nature et de polluer l'environnement. Il en va de

141 Les électriciens sont obligés désormais de suivre une formation pour pouvoir travailler dans le secteur.

142 Dessus 2007, 26- p.47

même pour les accumulateurs utilisés pour les chargeurs solaires : ce sont généralement des accumulateurs au nickel-cadmium qui, malgré de nombreux avantages (charge simple et rapide, grande durée de vie, faible coût...), s'auto-déchargent rapidement et le cadmium constitue un polluant. Quant aux modules, leur recyclage pose également problème : même s'ils étaient envoyés dans des pays avec des capacités de traitement des déchets, aucune filière spéciale n'existe aujourd'hui pour les recycler et on ne sait aujourd'hui recycler que 20% des modules étant donné qu'il est difficile de séparer les différents matériaux (silicium, verre, aluminium)143.

3.3.5. Les problèmes géographiques

L'énergie en général rencontre des problèmes géographiques en matière d'approvisionnement, de réseaux de distribution... Avec l'électrification rurale décentralisée par le solaire ce problème se pose moins, excepté pour les mini-réseaux photovoltaïques pour lesquels se pose le problème de raccordement des usagers. Par ailleurs les systèmes hybrides avec des groupes électrogènes posent le problème de l'approvisionnement en pétrole étant donné que le Bénin ne produit aucun hydrocarbure.

Par ailleurs, l'électrification par l'énergie solaire peut entraîner un problème d'image auprès des populations locales144 qui peuvent craindre que l'installation du photovoltaïque retarde leur raccordement au réseau conventionnel. Pour autant, les populations rurales au Bénin ne semblent pas préoccupées par ce point et ce en partie parce qu'elles placent peu d'espoir dans un raccordement au réseau conventionnel dans le moyen terme.

Faire le choix de procéder à l'électrification rurale par l'énergie solaire devrait donc n'être fait qu'en pleine conscience de ces inconvénients afin de les surmonter pour rendre le système solaire mis en place viable et durable. En effet, même si le choix du solaire comporte de nombreux avantages, il suffit qu'un maillon de la chaîne ne fonctionne pas correctement pour faire péricliter le projet d'électrification.

Si on reprend les projets de l'ABERME et de Nature Tropicale, le maillon financement apparaît comme le plus faible : les populations étant majoritairement des agriculteurs ou vivant du secteur informel, elles ont peu de ressources monétaires constantes. Par conséquent, un seul habitant du village de Tori-Cada s'est équipé d'un kit solaire, les autres habitants ne

143 Boulanger 2006, 3-5

144 « L'Afrique, parent pauvre de l'énergie solaire photovoltaïque », renouvelle, Webmag 09, décembre 2008

possédant que trop peu de ressources pour en faire l'acquisition alors même que le kit est subventionné et que des facilités de paiement sont offertes. De même, la plus grande réticence de la population pour acheter les modules solaires pour les radios, les bornes de recharges pour les portables, etc., proposés par Nature Tropicale réside dans le prix. Finalement, les installations solaires ne sont installées que dans les centres communautaires car elles le sont gratuitement grâce à des financements de la coopération internationale. C'est donc principalement à travers cette source de financement que l'électrification rurale par le solaire a lieu aujourd'hui. D'autre part, les installations photovoltaïques de l'ABERME dans les différents villages, dont Tori-Cada, ont connu de nombreux vols, qui, faute de moyens financiers, ne sont pas remplacées.

Les problèmes techniques ne sont pour autant pas à négliger car la maintenance fait défaut, ce qui empêche les installations mises en place d'être durables. En effet, dans les villages électrifiés par l'ABERME, la maintenance est assurée par l'entreprise qui a procédé à l'installation. Alors même qu'il est habituellement préconisé qu'une petite maintenance soit faite par l'utilisateur - comme vérifier le niveau d'électrolyte et ajouter de l'eau distillée dans les batteries lorsque c'est nécessaire - celle-ci est faite par l'entreprise. La communauté doit donc à ses propres frais faire appel à l'entreprise pour qu'elle se déplace et assure cette petite maintenance. Aujourd'hui, l'ABERME envisage de remettre sur pied le projet d'électrification de 24 villages par le solaire en prenant en considération le maillon primordial de la maintenance.

De même, dans le cas de Nature Tropicale le technicien et l'ingénieur spécialisés dans le solaire se trouvent à Cotonou à plus de 50 km des installations. C'est pourquoi un bureau a été mis en place dans la commune pour répondre aux besoins des utilisateurs et pour leur vendre du matériel. Pour acheter les différents composants des systèmes il est soit possible de le faire à Cotonou dans une boutique spécialisée dans l'énergie solaire, soit de l'importer directement ou encore de se rendre au Nigeria où les prix sont meilleur marché. Dans tous les cas les coûts sont importants car le matériel est importé et seuls les convertisseurs et régulateurs sont fabriqués au Bénin.

Finalement même si le problème des financements était résolu, il ne resterait pas moins à
assurer une maintenance adéquate pour voir de façon durable les zones rurales électrifiées par
le solaire. Dans le cas contraire les installations seront abandonnées, constituant alors un

risque de pollution et amenant les populations à ne pas envisager le solaire comme une solution sérieuse pour l'électrification rurale. Cela pourrait même empêcher dans le moyen terme l'électrification de ces zones considérées comme électrifiées. Il est donc nécessaire d'évaluer comment surmonter ces différents obstacles au Bénin pour que les systèmes solaires fournissent de l'électricité dans les zones qui en sont dépourvues.

4. Surmonter les obstacles

Encore aujourd'hui les systèmes mis en place sont loin d'être durables et il est nécessaire d'envisager les solutions qui amèneraient à une pérennité de l'électrification rurale photovoltaïque car « le déploiement de [l'énergie solaire] n'est pas un problème d'existence de la ressource mobilisable mais plutôt une question de "mobilisation" de cette ressource à partir de l'action du marché et/ou de politiques volontaristes »145. Ces solutions passent nécessairement par une étude approfondie des zones à électrifier ainsi que des facilités de paiement pour avoir les moyens financiers nécessaires. Au contraire de la situation sur le continent européen où les personnes qui investissent dans la technologie photovoltaïque sont celles prêtes à prendre des risques financiers et intéressées par cette technologie, on est en Afrique face à une population largement rurale et périurbaine pauvre, incapable de supporter les coûts élevés du photovoltaïque146. Cependant, le financement n'est pas la seule faiblesse, la problématique de maintenance, allant de paire avec celle de l'appropriation, doit être résolue. Les aspects financiers et ceux autour de la maintenance sont primordiaux mais d'autres paramètres sont également indispensables pour mener à bien l'électrification solaire. L'instauration d'un dialogue multisectoriel et entre les différents acteurs est l'un de ces paramètres. Il est également intéressant d'envisager la mise à disposition de systèmes hybrides pour favoriser les activités économiques ainsi que de posséder des solutions quant à la gestion des composants usagés. Ces diverses recommandations visent à promouvoir l'électrification rurale en tant que service à la portée des différents individus et cela au moyen de kits photovoltaïques, mais une réflexion doit être également faîte concernant les autres types d'électrification solaire pour le développement du service d'électrification rurale.

4.1. Surmonter l'obstacle financier 4.1.1. Une étude préalable approfondie

Une erreur serait d'appliquer un modèle standard pour l'électrification solaire, les kits photovoltaïques standards de 50Wc ne représentant pas toujours la demande moyenne des

145 Dessus et al. 2007, 16

146 Wamukonya op.cit. 6-14

foyers ruraux147, les programmes doivent donc se bâtir à partir de l'existant148. Une autre serait de ne pas évaluer correctement la valeur réelle des projets en raison de leur aspect souvent gratuit149. Les projets émanant généralement de la coopération internationale sont donnés et l'indicateur de leur réussite ne relève que de leur bonne mise en place, les experts ne se préoccupant que de l'exécution du projet avec pour objectif le résultat final, dans le court terme et pour le moindre coût. Pourtant la diffusion de la technologie photovoltaïque dans une optique d'électrification rurale est complexe étant donné que se combinent des aspects techniques, économiques, logistiques, sociaux, culturels, organisationnels et de gestion. Les études à élaborer doivent donc reposer sur la pluridisciplinarité et sur une équipe interdisciplinaire150.

Une étude correctement menée permet de ne pas concevoir de programmes irréalistes à l'image du projet éclairer le Bénin rural grâce à des générateurs hybrides éoliens/solaires151, présenté au concours Lighting Africa 2008 et sélectionné parmi les cinquante deux propositions présélectionnées, alors même qu'il est largement connu que le vent est insuffisant pour faire fonctionner des installations éoliennes. (Cf. Partie 2.2.3)

Il est donc nécessaire de procéder, avant la mise en place d'une option décentralisée, à des études techniques, sociologiques, anthropologiques et économiques afin d'identifier les conditions de vie, les formes d'organisation, la demande réelle, les moyens financiers pouvant être déployés pour payer le service d'électricité, la technologie la plus adaptée... Par ailleurs, la structure et la dynamique de la vie quotidienne des ruraux sont complexes et varient d'un pays à l'autre ainsi qu'au sein d'un même pays152. Il est donc important de prendre en considération les connaissances des membres de la communauté afin de pouvoir ajuster la technologie aux standards culturels locaux.

Les études doivent également envisager l'évolution de la demande car la diffusion des modes
de vie et de consommation ne se propagent pas uniformément et l'électrification rurale
accélère ce phénomène. Des enquêtes doivent donc avoir lieu à la fois auprès des ménages

147 De Gouvello & Maigne op. cit., 60-137

148 Massé 2001, 21-33

149 Wamukonya op. cit., 6-14

150 Serpa & Zilles 2007, 80

151 Projet proposé par Greentecno, une compagnie oeuvrant dans les secteurs de l'énergie, de l'eau et de l'éducation. Leur projet n'a pas été sélectionné pour faire partie des seize gagnants.

152 Barrios 2008, 3-7

ruraux raccordés et auprès de ceux non raccordés au réseau153. D'autre part, c'est le service découlant de l'énergie et non l'énergie elle-même qui intéresse le consommateur, ce n'est donc pas le coût en soit mais le coût pour un type de service, sa qualité ainsi que se flexibilité154 qu'il faut prendre en compte pour effectuer une comparaison de coût entre les différentes possibilités d'électrification.

Un regard critique doit également prévaloir lors de toute enquête. Ont-ils réellement envie d'avoir une installation solaire ou leur réponse affirmative ne découle-t-elle pas d'une certaine politesse? Qu'est-ce que les individus peuvent payer et comment peuvent-ils le monnayer? Leur volonté correspond-elle réellement à leurs possibilités financières? Il arrive souvent que durant les enquêtes de marché le consommateur développe une idée fausse sur le service fourni par les systèmes photovoltaïques et qu'ensuite, lorsqu'il est conscient des limites de la technologie, préfère ne pas acquérir le système155. Une attention particulière doit être portée sur l'évaluation des capacités financières réelles des ménages tant il est difficile d'évaluer le marché potentiel. Par exemple, les dépenses en petits substituables ne feront que diminuer car des torches et autres objets fonctionnant à piles continueront à être utilisés, notamment lors des périodes d'arrêts du système. Dans les zones les plus riches, de nouvelles dépenses pourront apparaître comme pour l'achat d'un ventilateur. Il est donc préférable de prendre en considération la capacité de paiement des ménages, sans omettre que la contrainte monétaire auquel elle est liée peut avoir un caractère saisonnier.

Il est ainsi préférable d'avoir recours à des enquêteurs locaux et acceptés par la population, tels que des membres d'ONG du monde paysan, à la fois pour éviter qu'ils soient exposés aux revendications des chefs locaux (comme c'est le cas avec les commanditaires officiels156) mais également car ils seront plus à même de comprendre les besoins formulés par la population. En effet, ils connaissent les conditions de vie réelles, la langue locale, les codes sociaux pouvant influencer les réponses...

153 De Gouvello & Maigne op. cit., 60-137

154 Wamukonya op. cit., 6-14

155 Ibid.

156 De Gouvello & Maigne op. cit., 60-137

Condition n°1

Effectuer une étude pluridisciplinaire, en prenant en considération les aspects sociologiques et anthropologiques, afin d'adapter les installations aux besoins et aux modes de vie de la population, tout en considérant les possibilités financières réelles de la population. L'étude de terrain, menée par des acteurs locaux, permet de choisir la solution d'électrification décentralisée la plus adaptée.

4.1.2. Proposer des facilités de paiement

Proposer à la population comme il se fait aujourd'hui un étalement dans le temps du financement, grâce à un prêt à 0% paraît de prime abord intéressant étant donné que l'achat d'un kit standard subventionné est inabordable pour un individu langda. Son coût (660 000 FCFA) représente plus des deux tiers des dépenses annuelles moyennes d'un ménage rural (967 829 FCFA pour un ménage de 5,4 personnes157). De plus l'installation ne permettra pas l'apport de réels revenus additionnels, les avantages tirés étant plutôt de l'ordre de l'amélioration du bien être158. Par ailleurs, la durée de vie d'une batterie étant de quatre ans, le crédit octroyé ne pourra s'étaler sur plus de quatre années afin d'avoir ensuite des ressources disponibles pour la changer. Seulement, même dans ce cas, le ménage doit rembourser 13 542 FCFA par mois, ce qui représente pour ainsi dire les dépenses moyennes d'un membre du ménage (14 936 FCFA/personne/mois). Or, dans un contexte où la majorité de la population rurale vit en auto-subsistance, cette amputation dans les finances familiales est très lourde et représente bien plus que le budget affecté au poste énergie. Donc seuls les ruraux les plus aisés pourraient y prétendre.

Il est alors nécessaire de recourir à une autre option pour le tarif du service. Ce dernier doit couvrir les coûts d'amortissement des infrastructures, les coûts de maintien de celles-ci, les frais d'exploitation, la rémunération des opérateurs, voire le développement des infrastructures159. Avec les systèmes photovoltaïques individuels, les coûts d'exploitation ne dépendent pas de l'intensité d'utilisation du système alors que les coûts du système et de renouvellement sont conditionnés par la puissance désirée. Une tarification forfaitaire est donc plus adaptée. Il est ainsi généralement recommandé de payer des frais de raccordement

157 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique op. cit., 3-14

158 Wamukonya op. cit., 6-14

159 De Gouvello & Maigne op. cit., 139-174

(10% selon René Massé160) puis de payer un abonnement forfaitaire couvrant le remboursement de l'emprunt d'investissement, la maintenance des équipements, le renouvellement du matériel et la marge de l'opérateur. Cependant, les frais de raccordement initiaux limitent l'accès aux moins favorisés et un service public juste ne peut être assuré. Or, l'optique développée par le gouvernement à travers l'ABERME se veut être celle d'un service public. La question se pose autrement pour les projets émanant d'actions individuelles privées (telles que les ONG) car leur objectif n'est pas d'offrir un service public mais de mettre à la disposition de la population des dispositifs permettant de répondre à leur besoin d'électricité, même si seules les couches les plus aisées peuvent y avoir accès. Dans l'optique d'une généralisation de ce service public, l'implication de l'État est donc primordiale et son rôle doit être dominant par rapport à celui du secteur privé161.

Cependant, l'État béninois, à l'exemple de la majorité des pays d'Afrique Sub-saharienne, a des ressources limitées qui proviennent en grande partie de l'aide extérieure, cette dernière représentant en moyenne 35% du budget de l'État béninois162. De part ces ressources limitées et les nombreux besoins émanant des différents secteurs, l'état est dans l'obligation de faire des arbitrages entre ces secteurs. Cela rend plus difficile les investissements plus importants dans le secteur de l'électrification rurale. Les systèmes solaires sont d'autant plus généralement financés par la coopération avec l'implication d'entrepreneurs du nord qui influencent directement les décisions. Cependant, malgré ces contraintes, la volonté politique est indispensable pour que la population puisse avoir accès aux systèmes photovoltaïques et donc que l'implication financière demandée aux bénéficiaires soit beaucoup moins lourde. Tout d'abord, cela passe par plusieurs mesures : diminuer le coût du système et penser à un paiement forfaitaire adapté aux moyens financiers des populations rurales.

Plusieurs mesures permettent de réduire le coût d'un système. En premier lieu, les droits de douanes pour les produits importés doivent être supprimés ou rendus obsolètes. Cette mesure envisagée dans la politique d'électrification rurale du Bénin permettrait de baisser le coût des composants importés, donc d'une grande majorité des composants.

Pour autant il serait nécessaire de favoriser la production nationale de composants simples et
intermédiaires des systèmes photovoltaïques car ceux-ci sont à la portée du Bénin au contraire

160 Massé 2001, 28

161 Wamukony et al. op.cit., 43

162 Manga-Akoa 2009, 38

des composants provenant des technologies avancées (cellule et modules photovoltaïques, onduleurs, ensembles électroniques spéciaux...). Ces derniers demandent en effet une grande capacité d'investissement, une main d'oeuvre hautement qualifiée, de l'énergie électrique en grande quantité et des produits particuliers163. Il est donc important de promouvoir et d'intégrer dans les systèmes le maximum de composants produits sur place : coffrets, câbles, accumulateurs, régulateurs... Le montage sur place de modules solaires pour réduire les coûts peut être éventuellement envisagé, à l'exemple de ce qui est fait au Togo, pays frontalier avec le Bénin. En effet, l'ONG Solar Zonder Grenzen à partir de mai 2010 prévoit d'assembler à Kpalime, avec une équipe locale formée, des cellules solaires fournies par une entreprise belge afin de proposer des modules à moindre coût. Ce projet de petite envergure (équipe de trois personnes et production de cinquante produits), s'il est correctement mené, pourrait permettre d'envisager dans le futur des solutions de ce type pour réduire le coût des modules dans la sous-région. La promotion de composants produits localement, outre les avantages d'éviter le recours aux devises étrangères et de réduire les coûts à la fois au moment de leur achat mais également lors d'éventuelles réparations, permet de consolider le secteur productif béninois ou, du moins, permet l'émergence de celui-ci (les composants aujourd'hui créés dans le pays émanant d'initiatives individuelles). De même cela favorise le développement des programmes d'énergies renouvelables grâce à la présence d'individus qualifiés permettant une analyse critique à la fois dans les zones rurales et dans les zones urbaines. L'intégration de ces composants demandent une volonté politique forte de la part du gouvernement pour imposer cette condition aux éventuels bailleurs de fonds, ainsi qu'une souplesse de la part de ces financeurs et entreprises partenaires pour les intégrer dans les systèmes promus. Par ailleurs, ces composants doivent être fiables pour garantir la durabilité des systèmes dans lesquels ils sont incorporés. Des normes doivent donc être édictées et respectées car aujourd'hui elles n'existent pas même si, lors de projets précédant, l'agence d'électrification rurale béninoise s'était vue attribuée le rôle de contrôler les systèmes installés164. L'État doit donc instaurer des standards en matière d'équipement ainsi que des procédures de certification afin d'assurer la qualité des systèmes installés, tout en restant flexibles pour permettre aux acteurs béninois de progresser dans ce marché.

163 Benallou & Rodot op. cit., 83

164 Martinot et al. 2001, 39-57

Condition n°2

Le rôle de l'État doit être renforcé pour assurer un service public juste et de qualité. Il doit réduire les tarifs douaniers sur les composants devant être nécessairement importés et promouvoir le développement du secteur des composants pouvant être produits sur place, notamment en imposant leur intégration dans les systèmes installés. Pour assurer la qualité de cette production locale, il doit instaurer des normes et des procédures de certification souples.

La contribution financière de l'individu doit être la plus faible possible. Les coûts d'investissement doivent donc être assumés majoritairement par l'État ou les acteurs de la coopération internationale165. Or, comme il a été vu précédemment que les ressources sont limitées, d'autres apports financiers doivent être trouvés. Le mécanisme de développement propre (MDP) peut être l'un d'eux car il permet de contribuer à « l'équilibre des opérations d'ERD [en permettant] aux pays industrialisés et à leurs entreprises de financer des réductions d'émissions réalisées dans le cadre de projets spécifiques mis en oeuvre dans les pays en développement et d'accumuler en retour des crédits d'émission »166. La technologie photovoltaïque permet de réduire les émissions de carbone. Benjamin Dessus estime qu'un module de cinquante watts sur une durée de vie de vingt-cinq ans en climat ensoleillé, produit autour de 2 000 kWh d'électricité et évite 0,5 tonnes de carbone167. Actuellement des projets d'électrification rurale par le photovoltaïque sont développés grâce au crédit carbone notamment au Bangladesh168. Pour autant il est difficile de mobiliser de tels fonds. En premier lieu, les systèmes mis en place dans les zones rurales ne remplacent que de faibles quantités de kérosène et de bougies ainsi qu'une utilisation restreinte de batterie plomb-acide pour la télévision. Le coût de la réduction de l'émission étant assez élevé, il est peu attractif pour les investisseurs169. D'autre part, un des critères demandés par le MDP est la preuve de l'additionnalité. Le projet doit donc prouver qu'il n'aurait pu être implanté sans le MDP, or

165 « Les bonnes pratiques qui montrent la voie. Électrification rurale par énergies renouvelables en Afrique SubSaharienne », Scarabée N°19-20, novembre 2007, pp.4-17

166 Bineau 2003, 7-9

167 Dessus op. cit., 27

168 La compagnie Infrastructure Development Company Ltd (IDCOL) bénéficie du fonds carbone de la Banque Mondiale pour un projet (2008-2015) d'installation de 226 700 systèmes solaires (30 à 120 watts) car en comparaison avec l'utilisation du kérosène et du diesel, il permettrait de réduire l'émission de gaz à effet de serre de 34 854 tonnes de CO2 par an. Un financement similaire est également attribué à Grammen Shakti pour son projet d'installation de 1 004 970 systèmes individuels.

169 Wamukonya op. cit., 6-14

l'intégration de la composante solaire dans la politique énergétique du Bénin rend difficile la justification de cette additionnalité170. Ce mécanisme est donc plus facile à développer pour les projets indépendants. Mais il faut alors recourir aux procédures simplifiées pour ces projets et les coûts de transaction qu'il entraîne doit apparaître dans le descriptif du projet171. Aujourd'hui peu de pays bénéficient du MDP car il y a une pénurie de compétences, de capacités analytiques et institutionnelles face à ce processus complexe et long172.

Condition n°3

L'État (ou la coopération internationale) doit assurer en grande partie l'investissement et pour cela doit envisager éventuellement d'autres sources de financements. Le MDP peut être l'un d'entre eux, même s'il est difficile à mobiliser lorsque le projet s'inscrit dans la politique énergétique du gouvernement. Par contre, le MDP peut-être une source de financements supplémentaires pour les projets émanant de structures non étatiques.

Cependant, ne pouvant supporter tous les coûts comme nous l'avons vu précédemment, et parce qu'il serait injuste que les raccordés au réseau payent pour leur consommation alors que certains auraient un service similaire gratuitement, une contribution financière doit être demandée. Un paiement forfaitaire est plus réaliste que le financement (même partiel) du système. Il devra être fixé à la suite d'une étude approfondie (Cf. Condition n°1) afin d'évaluer combien les individus sont disposés à payer, sur combien d'années et avec quelle régularité. La somme prélevée ne doit pour autant pas être plus élevée qu'une facture de la SBEE dont les tarifs sont déjà inabordables pour la majorité de la population (104 FCFA par kWh173).

Les fonds récoltés seront ensuite réunis dans un fonds communautaire afin de faire face aux divers coûts. Dans ce sens il est recommandé que le forfait s'étale sur la durée de vie de l'installation pour pouvoir couvrir les différents coûts que l'État (ou l'organisme financeur dans le cas d'un projet autonome) ne peut supporter, mais aussi les frais de remplacement du matériel en fin de vie, des sommes qui peuvent être importantes mais qu'un étalement sur une longue période rend abordable. Il est possible de fixer un paiement forfaitaire pour une durée de dix ans renouvelable et ainsi les installations ne seront plus abandonnées à la moindre

170 Ibid.

171 Bineau op.cit.

172 Kerekezi et al., 45

173 Depuis le premier avril 2010, le tarif de la SBEE est passé à 104 FCFA par kWh et devra augmenter chaque année de 10 FCFA par kWh.

défaillance, faute de moyens pour les faire réparer.

Un tel modèle de contribution forfaitaire est utilisé par l'Association Béninoise pour l'Éveil et le Développement (ABED) dans son projet pilote d'électrification rurale par le photovoltaïque dans le village Hon, situé dans le centre sud du Bénin (entre Allada et Bohicon). Des modules de 40 Wc sont proposés pour un coût de 1 500 FCFA/mois durant vingt ans. Les fonds récoltés doivent servir au renouvellement des batteries (quatre fois sur vingt ans), au paiement du salaire (salaire mensuel équivalant à la moitié du salaire mensuel minimum) des deux femmes responsables de la maintenance et de la personne collectant les fonds et pour les pièces de rechanges, tout en ayant une marge financière dans l'optique de s'en servir pour doter le village de nouvelles infrastructures174. L'évaluation des succès et des difficultés rencontrés par ce projet - aujourd'hui encore trop récent pour l'évaluer - sera intéressante à prendre en considération pour la mise en place de systèmes forfaitaires similaires. D'autres approches similaires ont cours dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest sans toutefois émaner de projets de grande envergure ou menés par une structure étatique, à l'exemple d'une région cotonnière du Mali où un projet d'électrification solaire175 applique l'approche free-forservice. Dans cette région avec des ressources financières et des devises dues à l'exportation de coton, les individus payent chaque mois pour recevoir le service d'une société176 de service décentralisée (SDD) fonctionnant grâce aux sommes versées. Si les sommes dues ne sont pas versées alors l'installation solaire est retirée.

Par ailleurs, dans un contexte d'irrégularité des revenus, il serait judicieux de prévoir des paiements toutes les semaines plutôt qu'un forfait mensuel pour éviter les défauts de paiement, ainsi qu'une flexibilité dans les montants demandés en fonction des récoltes agricoles. Par exemple, le paiement pourrait s'effectuer le jour du marché avec un montant plus élevé lors de la saison des récoltes, mais encore ici, seule une étude correctement menée permet d'envisager la meilleure solution. Les sommes ainsi récoltées seraient ensuite placées sur un compte communautaire dans une banque locale avec de préférence de l'expérience dans l'électrification rurale et des dispositions nécessaires devront être mises en place pour éviter tout détournement de fonds.

Les fonds permettront donc notamment à couvrir les frais de remplacement de matériel, il sera

174 Adedjoumon 2009

175 Projet d'électrification rurale solaire recevant les financements de l'Union Européenne (à travers le programme facilité énergétique) et en partenariat avec l'entreprise NUON.

176 L'entreprise a été créée à l'occasion et est une filiale d'une entreprise déjà implantée dans le pays.

donc nécessaire de fixer des critères pour le remplacement. Par exemple, si les batteries, utilisées dans les conditions climatiques du Bénin, ont une durée de vie de quatre ans mais, qu'en raison d'une mauvaise utilisation de l'installation, il est nécessaire de la changer au bout d'une année, alors le ménage devra couvrir avec ses propres moyens le rachat de la batterie. En fixant ainsi des règles simples et clairement expliquées, les utilisateurs seront incités à utiliser de façon optimale la système et éviteront tout détournement. Ces règles doivent tout de même être souples et ne peuvent être mises en place que si parallèlement des normes de qualité existent pour le matériel utilisé (condition n°2). Un contrat clair devra être signé par toutes les parties impliquées afin que les différentes règles et devoirs de chacun ainsi que le montant des contributions, soient fixés pour éviter tout malentendu. Ce contrat permettra également de stipuler les différentes conditions quant à la propriété des systèmes. L'optique de pouvoir devenir propriétaire du système permet également d'éviter tout détournement des composants. Idéalement l'utilisateur deviendrait propriétaire du système au bout de quelques années s'il paye régulièrement son forfait, tout en pérennisant le payement pour couvrir les frais de maintenance. De la même façon, bien que les conditions maximales devront être mises en place pour prémunir contre le vol, le contrat devra mentionner les conditions d'aide en cas de vol de matériel étant donné que les composants disparus sont rarement remplacés, ce qui fait péricliter les installations.

Condition n°4

Une somme forfaitaire, fixée suite aux études préalables approfondies, sera demandée à chaque utilisateur à intervalle régulier et sera versée sur un fonds communautaire auprès d'une banque locale afin de couvrir les coûts non pris en charge par l'organisme financeur, ainsi que les divers frais de maintenance et de remplacement des composants, durant toute la durée du système. Un contrat clairement défini devra stipuler les différentes conditions de paiement, les responsabilités des différents intervenants et les conditions d'intervention de ce fonds communautaire.

Le critère financement est primordial pour la pérennité mais surtout pour la mise en place des installations. La demande dépend du contexte mais également de l'offre donc sans un système de financement adéquat il est impossible d'électrifier les habitations et on se retrouve comme dans le village de Tori-Cada où une seule personne a pu acquérir le système. Les villageois avec un peu plus de ressources financières possèdent déjà des groupes électrogènes, ils n'ont

donc aucune nécessité réelle d'acquérir un module et les autres villageois, faute de ressources financières suffisantes, ne pourront donc ni posséder de groupes électrogènes ni de kits photovoltaïques. N'électrifier alors que les installations communautaires est un non-sens. En effet, soit le village sera considéré comme électrifié et alors il n'y aura plus la possibilité d'être raccordé au réseau conventionnel et les villageois, sans possibilité d'investir, ne pourront avoir accès à l'électricité, soit on reconnaîtra le caractère imparfait de l'électrification et on envisagera une autre forme d'électrification et en particulier le raccordement au réseau de la SBEE. Les installations pour les centres communautaires deviendraient alors obsolètes ou du moins perdraient de leur intérêt, même s'il y aurait quelques avantages. En effet, avec une gestion de la situation bien menée il pourrait y avoir une continuité de la fourniture d'électricité même en période de délestage et une réduction des factures de la SBEE.

Dans une optique de service publique, il apparaît donc nécessaire de ne procéder à l'électrification photovoltaïque pour les centres communautaires que lorsque la majorité de la population alentour a les moyens et les possibilités d'avoir accès simultanément à l'électrification rurale décentralisée, idéalement par la même source d'énergie (la généralisation du photovoltaïque à l'ensemble de la localité facilitant la maintenance des installations), voire par groupes électrogènes.

Condition n°5

L'électrification des centres communautaire par des systèmes photovoltaïques doit être conditionnée par les possibilités réelles des populations alentours d'avoir accès à l'électrification décentralisée et idéalement aux systèmes photovoltaïques individuels.

4.2. Assurer une maintenance adéquate

Quand on parle de maintenance, on envisage deux niveaux complémentaires l'un à l'autre et indispensables pour la fiabilité et la continuité du service d'électricité. Le premier est le petit entretien qui doit être régulièrement effectué par l'utilisateur : nettoyage des modules, vérification de l'absence d'ombre sur les modules, vérification du niveau d'électrolyte et ajout si nécessaire d'eau distillée, remplacement des tubes fluorescents. Le deuxième niveau est celui de la maintenance plus poussée qui doit être effectuée par un technicien qualifié tous les six mois177. Une maintenance adéquate ne peut avoir lieu qu'avec la mise en place d'un relais

177 Louineau 2001, 20

local pour la coordonner et donc avec une concentration géographique des installations, ainsi qu'avec une formation adaptée des différents acteurs pour assurer les différents niveaux de maintenance.

4.2.1. Concentration des installations et mise en place d'un relais local

Grâce aux études préliminaires à toute installation (condition n°1), des zones géographiques favorables peuvent être sélectionnées, c'est-à-dire les zones regroupant les plus grandes chances de voir l'électrification solaire menée à bien. Une des raisons de l'échec du solaire mené par l'ABERME réside dans ce non regroupement des installations, étant donné que la politique d'électrification rurale du Bénin n'envisage pas de focaliser les différents types d'énergies rurales décentralisées par zone mais en fonction principalement de considérations économiques. (Cf. Partie 2.2.1) Il y a actuellement une prise de conscience par l'agence d'électrification rurale de ce problème car, que ce soit au Bénin ou dans un autre pays africain, la dispersion des installations rend très difficile la mise en place d'une maintenance adéquate. Par exemple cette difficulté se retrouve dans le Programme pilote d'électrification rurale décentralisée au Maroc où les relais locaux n'ont pu être opérationnels en raison d'une dispersion des installations178.

Condition n°6

Les installations solaires doivent être regroupées dans une zone géographique et non éparpillées par petit nombre sur l'ensemble du territoire pour pouvoir assurer une gestion adéquate.

Par ailleurs, la mise en place de relais locaux est primordiale à la fois au niveau villageois et au niveau de la zone électrifiée (donc de l'ensemble des villages) afin de faciliter les installations, la récolte de l'argent et la maintenance étant donné que les villages peuvent être à la fois éloignés les uns des autres et de la capitale. Ces relais doivent être choisis de façon à assurer leur acceptation par la population, par les chefs locaux et par les responsables de l'électrification.

Pour répondre à ce rôle d'interface au niveau villageois des membres d'associations locales
déjà implantées et acceptées sont les plus adaptés. Ils peuvent ainsi former un comité
villageois, auquel adhère l'ensemble des utilisateurs afin de s'assurer une implication de la

178 Barrakad 2001, 11

population. Actuellement, même si dans la politique d'électrification rurale figure l'exigence d'une « responsabilisation des populations dès le départ [comme] gage de succès »179, aucune disposition n'est mise en place dans ce sens, bien que la littérature sur le sujet en stipule la nécessité depuis longtemps.

En matière de gestion du comité il est nécessaire que deux membres soient nommés de façon permanente pour assurer sa continuité, car alors même en l'absence de l'un d'eux180, le comité continue à avoir un représentant. Le choix de ces responsables est pour autant difficile car comme il a été vu précédemment ils doivent être acceptés par l'ensemble du village et notamment par les leaders locaux, il peut donc y avoir des conflits d'intérêts. D'autre part ils feront partie vraisemblablement des quelques lettrés et donc des personnes importantes dans le village. Il y a donc ainsi un risque d'impunité par exemple s'ils opèrent des détournement de fonds car les villageois sont généralement liés plus ou moins étroitement aux uns et aux autres par des liens de parenté, il est alors très difficile de dénoncer ou de sanctionner les irrégularités181.

Par ailleurs, un règlement intérieur devra stipuler les règles, obligations et droits de chacun. On y retrouvera le fonctionnement et le rôle du comité, l'approbation du contrat, le montant des redevances à payer et l'obligation de les régler, les sanctions en cas d'impayés, les règles quant à l'entretien des installations, de la maintenance et du changement des composants. Chaque utilisateur devra approuver ce règlement et s'engager à le respecter. Ainsi, avec un comité villageois il y aura un interlocuteur unique et influent, jouant un rôle de médiateur, ce qui permettra entre autre un meilleur règlement des litiges182.

Par ailleurs, le comité peut rendre plus efficace l'appui technique en identifiant et en réglant les problèmes simples et, pour ceux plus complexes, permettre une communication entre l'usager et le relais de la zone183. Cet autre relais, que l'on pourrait dénommer maison du solaire, se veut la référence pour l'ensemble des comités villageois de la zone. Deux personnes doivent avoir à charge cette maison du solaire, pour les mêmes raisons que pour les comités villageois et avec les mêmes risques et limites quant au risque d'impunité. Elles seront de préférence sélectionnées parmi les techniciens et électriciens locaux exerçant dans le

179 Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Hydraulique, Direction Générale de l'Énergie s.d.b., 36-37

180 Par exemple, il est fréquent de devoir se rendre à l'enterrement d'un proche et dans le cas où les obsèques ont lieu dans une autre partie du pays, de devoir s'absenter durant plusieurs jours voire plusieurs semaines.

181 Blundo & De Sardan 2001, 8-37

182 Massé René MASSE 2001, 21-33

183 De Gouvello & Maigne op. cit., 249-261

secteur formel ou informel.

Leur rôle principal consiste à assurer la maintenance poussée des systèmes. Ils doivent donc se rendre tous les six mois dans chaque habitation pour contrôler les installations et effectuer la maintenance nécessaire, ainsi que se déplacer à la demande des usagers (à travers les comités villageois qui peuvent évaluer le problème) en cas de panne. Un contrat de maintenance devra être passé avec les usagers et avec les comités villageois afin de clarifier la nature et la fréquence des opérations. Un système de rémunération doit être également mis en place pour éviter que les techniciens formés ne partent faire valoir leurs compétences ailleurs. Leur rémunération devra donc être comprise dans le forfait payé par les individus. De façon générale, il est préférable d'éviter la rotation des personnes impliquées (dans les maisons solaires comme dans les comités villageois). Par ailleurs, une maison du solaire doit posséder différentes pièces de rechange nécessaires pour pouvoir assurer rapidement des réparations. Une maison du solaire aura ainsi les moyens et le matériel requis pour assurer un service après-vente et par là la pérennité des installations.

Ces recommandations de différenciation du relais local prévalent dans le contexte où le développement du photovoltaïque est de grande envergure, comme dans le cas de l'électrification par l'agence d'électrification rurale. Si à contrario on est face à un projet plus limité géographiquement, à l'instar des projets d'ONG, le comité villageois et la maison du solaire se confondent en un comité villageois avec les mêmes missions que précédemment mais auxquelles on ajoute celles de la maison du solaire. Pour cela les deux membres du comité seront des techniciens/électriciens acceptés par l'ensemble de la communauté afin de pouvoir effectuer la maintenance et les réparations nécessaires. De la même façon, un contrat liera les usagers à ce comité et le travail des techniciens sera rémunéré.

Condition n°7

Au niveau des villages électrifiés, un comité villageois, constitué de deux membres acceptés par l'ensemble des acteurs, doit être mis en place afin de renforcer l'implication des usagers, s'assurer leur adhésion pour qu'ils effectuent la petite maintenance et le paiement des redevances, grâce à l'autorité qu'ils ont dans le village ainsi que par le contrat qui les lie aux usagers. Il sera l'interface entre les usagers et la maison du solaire.

La maison du solaire est l'idée d'un relais local à un niveau supérieur c'est-à-dire pour la zone électrifiée entière. Constituée de deux techniciens/électriciens locaux rémunérés grâce au forfait payé par les utilisateurs, elle assure la maintenance poussée de toutes les installations tous les six mois ainsi que les réparations impromptues à la demande de l'utilisateur, via le comité villageois (la maison possédant un stock de différents composants).

Dans le cas d'installations mises en place dans une zone géographique très restreinte, comme lors de projets d'ONG ne visant l'électrification que d'un ou deux villages, le comité villageois doit combiner les divers rôles et missions mentionnés ci-dessus du comité villageois et de la maison du solaire.

4.2.2. Une formation réelle et adaptée

Une maintenance correcte ne peut se faire sans formation préalable des différents acteurs. La première étape dans le processus de formation est d'informer objectivement les usagers potentiels des avantages et des limites des systèmes solaires individuels pour éviter toute déception et mauvais usages futurs184. A la suite de ces sensibilisations, une formation complète doit avoir lieu pour les futurs usagers étant donné que l'électrification photovoltaïque est complexe. La petite maintenance ne pourra être effectuée correctement que si l'usager a une compréhension totale de son importance. Donc que ce soit la formation ou la sensibilisation, elles doivent être complètes, objectives et adaptées au public ciblé. Une attention particulière devra être portée sur le niveau d'éducation du public, le contenu ne pouvant être présenté de la même façon à des personnes analphabètes qu'à des individus alphabétisés qui pourraient se référer à des écrits lors d'éventuels doutes. Il est également primordial que la formation se fasse dans une langue comprise et parlée par tout le public

184 Louineau op. cit.

(généralement le dialecte local). D'autre part, les différents membres de la famille doivent pouvoir suivre une formation similaire afin que chacun puisse être capable de l'entretenir. Des séances doivent donc être aménagées à différents horaires pour que chacun ait la possibilité d'y participer, en prenant en considération les heures de travail au champ, les horaires de l'école, les jours de marché...

Pour pouvoir combiner ces différentes exigences et pour assurer une formation de qualité, les formateurs doivent à la fois être des professionnels du solaire et de bons formateurs comprenant les réalités de la population en face d'eux. L'idéal est donc qu'ils viennent de la région ou du pays, ce qui représente l'avantage supplémentaire d'accroître l'acceptabilité de la technologie en évitant que le solaire soit considéré comme la « technologie du blanc ». Les formateurs seront donc des locaux exerçant dans le domaine de l'énergie solaire ou des professionnels de l'électricité ayant suivi une formation spécifique sur l'énergie solaire. L'adéquation étant que ces formateurs soient les techniciens de la maison solaire ayant suivi une formation poussée quant à la maintenance et les réparations à effectuer avec des installations solaires. Leur formation doit être donnée par des personnes compétentes en matière d'électrification solaire décentralisée.

Grâce à la formation adéquate, les usagers comprennent la nécessité d'utiliser de façon optimale les systèmes, assimilent la nécessité de la maintenance et sont capables d'effectuer la petite maintenance, ce qui garantit en partie la pérennité du système. Les membres des comités locaux doivent également être correctement formés pour s'assurer le soutien des usagers et pour qu'ils aient les capacités d'assumer leurs responsabilités. Une attention particulière devra être portée sur celle des techniciens de la maison du solaire pour qu'ils puissent réellement entretenir les systèmes avec d'éventuelles formations complémentaires selon les évolutions et les besoins. D'autre part, leur formation - si elle est envisagée sous l'angle d'un transfert de connaissances techniques - comporte un avantage plus large : celui de rompre une relation de pouvoir et de domination de l'extérieur qui maîtrise la technologie et ainsi entrevoir une possible autonomie et durabilité dans les programmes185. Jusqu'à présent, la technologie est principalement maîtrisée par les acteurs étrangers et ce n'est que timidement qu'émergent des acteurs locaux spécialisés dans le domaine. Pour autant, ces acteurs existent et mettre à contribution leur savoir en les faisant participer aux formations permet d'augmenter leur crédibilité mais également de contribuer à l'appropriation de la technologie.

185 Serpa & Zilles op.cit., 78-87

Condition n°8

Les (futurs) utilisateurs doivent avoir une sensibilisation et une formation adaptées et de qualité afin qu'ils assimilent les possibilités et les limites des systèmes, qu'ils s'approprient la technologie et acquièrent les connaissances suffisantes quant à la petite maintenance qu'ils doivent effectuer.

La formation est également indispensable pour les membres des comités et en particulier pour ceux ayant à charge la maintenance des installations et pouvant être chargés de la formation des utilisateurs. Cette dernière devra être effectuée par un acteur local afin d'être au mieux adaptée aux besoins de la population.

4.3. L'installation par une structure avec de l'expérience

Par ailleurs, l'installation des kits solaires doit être effectuée ou coordonnée par une structure solide ayant de l'expérience dans le domaine de l'électrification rurale, à l'instar de l'agence d'électrification rurale ou d'une entreprise opérant dans ce secteur. Les projets ponctuels de petites structures opérant pour la première fois dans le domaine ont moins de chance d'être correctement menés étant donné qu'elles sont novices dans ce secteur et qu'elles n'ont pu tirer des leçons des installations antérieures, or l'électrification rurale décentralisée est un secteur avec des exigences particulières inhérentes aux différents contextes où elle est implantée. Il est également préférable de privilégier les structures locales pour les installations, à la fois pour promouvoir le secteur, développer des emplois locaux (et ainsi dépasser en partie le problème du manque de support technique, Cf. Partie 3.3.1) mais aussi pour faciliter le recours à cette structure en cas de problème technique ne pouvant être résolu par la maison du solaire.

Condition n°9

Les installations doivent être effectuées et/ou coordonnées par une structure avec de l'expérience dans le domaine de l'électrification rurale décentralisée et de préférence locale, dans le but de favoriser le secteur béninois, de s'assurer une installation correcte et un possible recours technique dans le cas de défaillance des installations.

4.4. Un dialogue multisectoriel et l'implication de tous les acteurs

Même si une politique existe déjà en matière d'électrification rurale, il reste nécessaire de garder une analyse critique sur les options développées pour prendre des décisions en conséquence de cause. L'instauration d'un dialogue est donc nécessaire à tous les niveaux et plus particulièrement au niveau national et local pour coordonner les actions. Ce dialogue doit s'instaurer entre les différents secteurs, c'est-à-dire avec les secteurs de la santé, des communications, de l'éducation...

Au niveau supranational, le Club des agences et structures nationales en charge de l'électrification rurale, donc l'ABERME est membre186, permet d'instaurer un dialogue entre les différentes structures d'électrification rurale. Pour autant, les décisions ne devront être prises qu'au niveau national et ce club ne devrait servir qu'à élargir ses connaissances quant aux possibilités d'électrification, afin de garder un pouvoir décisionnel.

Au sein du Bénin se met en place un comité multisectoriel de mise en synergie entre le secteur de l'énergie et les autres secteurs de développement (santé, éducation, transformation agroalimentaire...). (Cf. Partie 2.2.3) Il est donc primordial de n'entreprendre un projet d'électrification solaire qu'avec une concertation préalable de ce comité pour que les efforts soient uniformisés. Même dans le cas d'un don, des études et une évaluation critique doivent se faire avant toute acceptation en consultation avec des experts locaux, le caractère gratuit ne devant pas occulter les difficultés pour permettre la pérennité des installations. En effet, même alors, les différentes conditions décrites ci-dessus restent valables et indispensables pour mettre en place une électrification durable. Le pays doit pouvoir prendre ses propres décisions et, en raison de la proportion importante de pauvreté, il ne peut se permettre de coûteux échecs. C'est pourquoi une évaluation critique de tous les investissements est nécessaire.

Par ailleurs, pour tout projet monté par une structure indépendante (principalement les ONG) un dialogue doit s'instaurer avec l'ABERME afin de connaître les plans d'électrification rurale pour la zone visée et d'éviter tout projet redondant mais également pour éventuellement profiter d'avantages financiers (comme obtenir des kits subventionnés). L'agence d'électrification rurale doit donc ainsi être le lieu de rencontre et de coordination des acteurs

186 Les pays membres sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Canada, le Congo, le Congo RDC, la Côte d'Ivoire, la France, le Gabon, le Ghana, la Guinée, Madagascar, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, la République Centre Afrique, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

dans le domaine187.

L'instauration d'un dialogue ainsi que d'une coordination entre les différents acteurs du développement, et pas seulement ceux du secteur électrique, sont indispensables pour prendre des décisions rationnelles. De même, la planification à court terme et l'approche projet doivent être dépassées pour mettre en place une planification à long terme188 afin que la planification de l'électrification rurale solaire soit réellement adaptée et pérenne.

Condition n°10

Le dialogue entre les différents secteurs (énergie, santé, éducation, communication...) à travers le comité multisectoriel doit être effectif et est indispensable à toute installation d'électrification rurale y compris pour les installations offertes. Une analyse critique doit avoir lieu et l'approche d'électrification doit s'inscrire dans une vision de stratégies multisectorielles de long terme. Si toutefois une approche projet émane indépendamment de toute structure étatique, celle-ci doit se faire en coordination avec l'agence d'électrification rurale pour éviter toute redondance d'action et profiter éventuellement d'avantages financiers.

4.5. Permettre l'apport de ressources financières supplémentaires par le développement des activités professionnelles

L'installation de kits photovoltaïques en raison de puissances trop faibles, n'est pas adaptée pour le développement d'activités professionnelles. Pourtant un apport supplémentaire de ressources économiques ne pourrait que faciliter l'exigence de durabilité des installations en atténuant la contrainte financière. Permettre le développement d'une activité économique - existante ou nouvelle - est envisageable avec la mise en place d'un système hybride combinant technologie photovoltaïque et groupe électrogène. Cette solution est intéressante car un tel système est particulièrement adapté pour la transformation des produits agricoles et que les activités principales des zones rurales découlent de l'agriculture au sens large (Cf. Partie 1.2.1).

L'ajout d'un groupe électrogène est préférable aux autres sources d'énergies renouvelables
étant donné que le vent est insuffisant pour produire de l'électricité à partir de l'éolienne, que

187 Bineau op. cit.

188 Wamukonya op. cit., 6-14

l'hydraulique est encore peu étendue et ne peut se développer que sous des conditions particulières. De même en milieu rural, l'utilisation de l'eau pour l'agriculture est prioritaire sur celle de la production d'électricité, alors que dans l'ensemble du pays il est possible de se fournir en pétrole, même si celui-ci est importé et peut-être coûteux.

Cette solution n'est à développer pour les personnes intéressées que si la contrainte coût le permet. En effet, ajouter un groupe électrogène alourdi d'autant plus le prix de l'installation car, au coût de l'achat de matériel, s'ajoute celui de la consommation d'essence. Dans le cas de l'installation d'un système hybride, de nouvelles conditions de financement devraient donc être trouvées pour permettre son acquisition.

Condition n°11

Les systèmes proposés doivent être flexibles et, si les ressources financières le permettent, proposer des systèmes hybrides individuels alliant groupe électrogène et photovoltaïque. Et ce en particulier pour les individus exerçant (ou souhaitant développer) une activité professionnelle afin d'apporter des revenus supplémentaires et ainsi favoriser la pérennité des installations.

4.6. Penser à l'après-vie des composants

Des solutions quant à l'après-vie des composants doivent être envisagées avant même leur installation pour éviter tout effet néfaste sur l'environnement. La maison du solaire devrait assumer la collecte des composants usagés étant donné qu'elle a à charge la maintenance et donc le remplacement de ces derniers. Idéalement une solution de recyclage devrait être trouvée mais actuellement celle-ci n'est pas faisable au Bénin, où aucune structure de traitement des déchets n'existe (les composants devraient être exportés si l'on souhaite les recycler). Des dispositions financières et institutionnelles doivent donc être mises en place pour faciliter le traitement. Pour autant, on ne sait pas aujourd'hui recycler totalement tous les composants. Par exemple, seuls 20% des modules peuvent être recyclés189 étant donné qu'il est difficile de séparer les divers matériaux (silicium, verre, aluminium) et qu'aucune filière de recyclage des modules photovoltaïques n'existe à ce jour190.

189 Boulanger op. cit., 5

190 Solarworld met actuellement au point une usine pilote de traitement des modules photovoltaïques.

Condition n°12

Dès la mise en place de programmes solaires, des solutions doivent être envisagées pour la gestion des composants usagés, à la fois en terme de collecte (idéalement par la maison du solaire) que pour leur stockage et leur traitement. Des dispositifs doivent donc être mis en place notamment pour faciliter leur exportation lors d' un éventuel recyclage.

4.7. Réflexion sur les autres types d'électrification solaire

Jusqu'à aujourd'hui l'électrification solaire par des kits photovoltaïques a connu de nombreux ratés pour les raisons vues précédemment (Cf. Partie 3). En effet, il suffit qu'un maillon de la chaîne soit défaillant pour que l'électrification périclite. Il est donc nécessaire de suivre les conditions développées ci-dessus pour éviter une telle situation. Mais que faire si l'on souhaite promouvoir l'énergie solaire et qu'il est impossible de rassembler les différentes conditions, donc si l'électrification solaire individuelle n'est pas tenable?

Certains auteurs, comme Benjamin Dessus191, croient au photovoltaïque sur réseau, notamment pour des raisons économiques avec l'argument que seuls les coûts des modules devraient chuter dans le futur. Pourtant la solution photovoltaïque par mini-réseau semble dérisoire car elle demande également des investissements très importants. Or, si les investissements sont généralement insuffisants pour l'électrification individuelle, ils le seront d'autant plus pour un mini-réseau qui demande à la fois un nombre conséquent de modules pour constituer un champ photovoltaïque ainsi que le raccordement au mini-réseau. Par ailleurs, la deuxième contrainte se rencontre avec le dimensionnement correcte des installations ainsi qu'avec le partage équitable entre les utilisateurs de l'électricité produite en quantités limitées (Cf. Partie 3.3.1). Il n'est donc pas conseiller de s'engager dans la voie du mini-réseau photovoltaïque.

Comme pour les mini-réseaux photovoltaïques, si les moyens financiers constituent une barrière difficilement surmontable pour les kits individuels, ils le seront tout autant pour les centrales solaires de recharge de batterie qui par ailleurs procurent notamment un confort et une qualité moindres que les kits individuels. Leur mise en place est donc à proscrire dans le cadre d'un objectif de service public.

Une dernière solution employant l'énergie est envisageable et possible si les financements

191 Dessus op. cit., 26-27

sont limités. Celle-ci est à l'image d'un micro-centre commercial mis en place dans les zones rurales d'Afrique du Sud192. Ce centre est une sorte de maison communautaire électrifiée par le photovoltaïque193 et permet de rendre divers services nécessitant l'accès à l'électricité. Ainsi en Afrique du Sud, elle abrite une téléboutique pour téléphoner, envoyer des fax ou recharger les portables, ainsi que des petites échoppes - comme une échoppe pour réparer les radios - et une cyber-échoppe pour permettre l'accès à internet. Cette solution est soit envisageable si dans le moyen et long terme aucune possibilité d'électrification rurale n'est envisagée pour la localité ou soit dans le cas où une électrification rurale par solaire est mise en place pour répondre aux besoins des populations des plus pauvres de la localité ne pouvant se permettre d'installer chez eux l'électricité. Des commerçants pourraient louer des locaux pour exercer une activité ne demandant pas de grandes quantités d'énergie, un point de recharge de téléphone portable pourrait être installé ainsi que si possible une salle informatique. Idéalement une salle d'étude ventilée et éclairée quelques heures par soir pourrait être mise à disposition des écoliers ou autres. La mise en place d'une telle infrastructure demande au préalable une étude approfondie pour connaître les besoins de la localité et ses potentialités réelles. Cette étude devra donner lieu à des concertations avec les différents leaders locaux, la population, les associations et les éventuels (futurs) commerçants.

Par ailleurs, il ne faut pas omettre toutes les possibilités de mini-électrification. Si les conditions ne sont pas réunies pour envisager l'électrification des habitations par le photovoltaïque et qu'aucune autre solution d'électrification rurale ne peut être dans l'immédiat mise en place, il reste la possibilité de promouvoir de petites technologies solaires pour répondre aux besoins immédiats de la population, à l'exemple de ce que fait l'ONG Nature Tropicale. Les mini-kits solaires pour les radios et ceux pour recharger les téléphones portables offrent des solutions ponctuelles répondant aux besoins de la population. Cependant, des facilités de paiement avec la possibilité de payer en plusieurs fois doivent être proposées à la population, ainsi qu'une formation sur leur utilisation (pour optimiser leur durée de vie) et sur leur réelle capacité, notamment pour les chargeurs de téléphones portables qui contiennent une batterie. De même, une solution pour leur traitement en fin de vie et leur réparation éventuelle doit être proposée à la population.

192 Piro 2003, 14-16

193 Les modules fournissent 1500Wh/jour.

Conclusion

Face à la faible électrification des zones rurales, l'énergie solaire apparaît comme une solution attrayante. Mais représente-t-elle, ainsi mise en place, une solution durable pour l'électrification des villages au Bénin?

Répondre à cette interrogation sous-entend considérer que les populations rurales ont besoin et souhaitent avoir accès à l'électricité (hypothèse 1) et que pour répondre à ce désir l'énergie solaire est à moyen terme une bonne opportunité pour les populations rurales non raccordées au réseau de la SBEE (hypothèse 2). Mais également que des leçons ont été tirées des limites et des difficultés rencontrées dans les projets des années 1990, pour que les installations solaires actuellement mises en place soient pérennes (hypothèse 3).

Traiter un tel sujet exige la combinaison d'un travail de terrain et d'un travail scientifique car chaque pays est différent, il n'existe donc pas de solution universelle mais bien des solutions appropriées aux particularités de chaque pays. C'est pourquoi la réflexion doit être adaptée au contexte et ne pas être une réflexion générale. La première partie du travail est ainsi basée sur les constats faits dans deux localités ayant reçu des installations solaires. Cette réalité de terrain a ensuite été appuyée par une analyse de la situation actuelle de l'électrification au Bénin et de ce qui est développé par la récente politique d'électrification rurale. Pour comprendre les difficultés constatées dans les villages visités, il a été ensuite nécessaire d'aborder la technologie solaire avec une analyse comparative de ses avantages et de ses inconvénients, afin de pouvoir dans une dernière partie faire évoluer la réflexion vers des recommandations à suivre pour la pérennité des installations dans les zones rurales du Bénin.

Cette étude est nécessaire car dans le cas du Bénin, les installations solaires actuellement mises en place sont loin d'apporter une électrification réelle. Pour la localité recevant les installations de l'agence d'électrification rurale, seul ce qui est considéré comme besoin minimum, c'est-à-dire l'eau et la santé, bénéficie du photovoltaïque alors que les particuliers n'ont pas accès à l'énergie solaire pour répondre aux usages spécifiques de l'électricité (éclairage et communication) et aux usages mécaniques (mouture et autres). L'arrivée du photovoltaïque n'a donc que très peu modifié la situation de la localité d'autant plus qu'auparavant la population avait déjà accès à l'eau. De même, le projet émanant de l'ONG ne

permet pas une réelle électrification et la population ne peut se permettre d'acquérir que de petites alternatives électriques pour répondre aux besoins en électricité. Dans les deux cas, seules les installations communautaires bénéficient du solaire car elles en sont équipées gratuitement alors que les individus avec des revenus monétaires insuffisants ne peuvent acquérir les kits photovoltaïques. Par ailleurs, le système de maintenance fait défaut dans les localités bénéficiant d'installations photovoltaïques.

On est donc loin d'électrifier ces localités. Pourtant une nouvelle volonté politique est apparue depuis les années 2000 avec la mise en place d'une politique, d'une agence et d'un fonds d'électrification rurale. Une place importante est accordée aux différentes possibilités d'électrification rurale décentralisée et notamment au solaire dont découlent divers avantages. A ce titre on peut citer en particulier son autonomie énergétique, sa modularité, sa production d'électrification sur le lieu même de consommation, la durée de vie des modules élevée... Seulement de nombreux inconvénients et difficultés viennent contrebalancer ces avantages. Notamment au niveau du financement et de la maintenance, deux aspects nécessaires pour une appropriation adéquate. Par ailleurs, le service rendu n'est pas comparable à celui du réseau conventionnel, en particulier car la puissance fournie est limitée et parce qu'une installation standard (un ou deux modules) ne permet d'avoir de l'électricité que quelques heures par jour (pour l'éclairage et éventuellement pour l'audiovisuel). Selon le type d'électrification solaire (par mini-réseau, borne de recharge, kits, etc.) les avantages et inconvénients diffèrent mais l'attention a été ici portée plus particulièrement sur les kits solaires parce que c'est la solution la plus communément promue et celle utilisée dans les deux cas étudiés.

Finalement même si les projets mis en oeuvre dans les années 1990 connurent des écueils semblables, les problèmes de maintenance et de financement continuent aujourd'hui malgré les recommandations de la littérature concernant l'importance de ces deux composantes. L'hypothèse 3 est donc invalidée et dans de telles conditions l'hypothèse 2 l'est également. Cependant la première hypothèse reste valable. L'électrification solaire telle qu'elle est mise en place actuellement doit ainsi répondre à l'exigence de durabilité.

Il a donc été intéressant de se pencher sur les conditions nécessaires pour la pérennité de
l'électrification rurale par le solaire au Bénin. La première d'entre elles est la mise en place
d'une étude de terrain pluridisciplinaire afin de fonder correctement tout projet

d'électrification. Cette condition bien qu'elle soit sine qua non à la pérennité de l'installation, n'est aujourd'hui pas pour autant concrétisée. Les solutions proposées peuvent donc ne pas être adaptées à la réalité et aux besoins des localités. D'autres conditions visent à garantir des facilités de financement avec diverses mesures pour réduire la charge financière qui pèse sur les ménages. Parmi elles se trouvent la formule de paiement au forfait sur la durée de vie de l'installation et couvrant les frais de maintenance ainsi que la réduction du coût du système avec l'incorporation de composants produits au Bénin et d'une réduction des droits de douanes sur les composants devant être nécessairement importés. Il est important que les coûts supportés par les ménages soient les plus faibles possibles si l'on souhaite que la population puisse bénéficier de l'électricité photovoltaïque et pour cela l'implication de l'État est primordiale. Celle-ci demande des ressources supplémentaires, des arbitrages et une coordination multisectorielle. Parallèlement, d'autres conditions doivent être combinées pour assurer une maintenance de qualité et adéquate avec notamment une concentration géographique des localités électrifiées par le solaire, une implication et formation effectives des acteurs locaux afin d'avoir sur place une main d'oeuvre qualifiée capable d'assurer la maintenance des installations. Par ailleurs, installer le photovoltaïque pour des installations communautaires doit se faire avec l'assurance que le reste de la localité pourra réellement être électrifiée.

Assurer la durabilité des installations demande donc de suivre un ensemble de conditions fortement corrélées les unes aux autres car il suffit que l'une d'elles ne soit pas remplie pour que le projet d'électrification périclite. Actuellement le Bénin est loin de son objectif d'électrification de 150 localités rurales par an alors même que l'agence d'électrification rurale a conscience des difficultés et souhaite y remédier. Cette situation pose un problème plus large - en particulier car certaines conditions dépendent fortement de paramètres extérieurs - et amène à s'interroger sur les possibilités d'actions réelles du gouvernement étant donné qu'il a des moyens financiers limités, qu'il doit procéder à des choix entre les différents secteurs et qui, dépendant de l'aide extérieure, doit répondre à un ensemble de conditionnalités.

Une limite à l'étude apparaît ici avec le questionnement plus large des possibilités du gouvernement et de sa volonté pour lancer une réelle campagne de service public pour l'électrification rurale. Particulièrement dans un contexte de renforcement de la décentralisation où un poids décisionnel très important est donné aux communes et alors que

les objectifs du fonds d'électrification rurale sont de promouvoir l'électrification rurale par le marché. L'optique actuelle est donc en partie à contrecourant de l'analyse qui a été faite ici où le rôle de l'État est envisagé comme primordial sur celui du marché. De la même façon l'objectif de Nature Tropicale se fait dans une optique commerciale pour la diffusion du photovoltaïque.

Il serait donc intéressant de se pencher sur les causes politiques plus profondes qui influencent le contexte dans lequel se font les installations photovoltaïques et qui conditionnent en partie leur réussite.

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Annexe 1 : Carte de la commune de Tori-Bossito

Sources : Mairie de Tori Bossito, « Plan de développement de la commune de Tori-Bossito (2005-2009). Version Finale », Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, février 2005

Annexe 2 : Carte de la commune de Dangbo

Source : Atlas monographique des communes du Bénin, Département Ouémé, [ http://atlasbenin.africa-web.org/Oueme/Dangbo.htm] (site consulté le 1 novembre 2009)

Annexe 3 : Cartes du réseau électrique et de la densité de population

Densité de population

Source (carte réseau électrique) : ABERME [http:/ aberme.org] (site consulté le 20 octobre 2009)

source (carte densité de population) : Food and Agriculture Organization of the United Nations, FAO Country Profiles and Mapping Information System

[ www.fao.org/countryprofiles/Maps/BEN/10/pt//index.html] (site consulté le 20 octobre 2009)

Annexe 4 : Ensoleillements et latitudes au Bénin

Natitingou

Ensoleillement
(kWh/m2/jour)

janvier

5,59

février

5,88

mars

5,88

avril

5,91

mai

5,78

juin

5,29

juillet

4,67

août

5,32

septembre

4,7

octobre

5,31

novembre

6

décembre

5,2

Latitude

10°N

Cotonou

Ensoleillement
(kWh/m2/jour)

janvier

4,72

février

5,25

mars

5,32

avril

5,24

mai

5,07

juin

4,06

juillet

4,09

août

4,43

septembre

4,62

octobre

4,59

novembre

5,04

décembre

4,75

Latitude

6°24N

Kandi

Ensoleillement
(kWh/m2/jour)

janvier

5,49

février

6,13

mars

6,1

avril

6,13

mai

6,15

juin

6,87

juillet

6,44

août

4,98

septembre

5,28

octobre

6,01

novembre

5,73

décembre

5,38

Latitude

11°07N

Parakou

Ensoleillement
(kWh/m2/jour)

janvier

5,38

février

5,95

mars

5,95

avril

5,81

mai

5,74

juin

5,06

juillet

4,25

août

4,01

septembre

4,36

octobre

5,26

novembre

5,15

décembre

5,11

Latitude

9°25N

source : AMOUSSOU et al. s.d., 11

Annexe 5 : Plan de financement d'une opération type, selon René Massé

Schéma moyen de financement du coût total de l'investissement :

- 30% par autofinancement dont :

- 10% : apport des utilisateurs (frais de raccordement non remboursable) - 20% : apport de l'opérateur professionnel

En cas d'insuffisance d'apport initial une épargne préalable est exigée.

- 35% de subventions d'équipements remboursables sur cinq ans sans intérêt à partir de la huitième année.

- 35% de crédits dont :

> 25% sur ressources du fonds de crédit des bailleurs de fonds, remboursements mensuels, 7ans, au taux des ressources des bailleurs de fonds (6%) majoré de 5% pour rémunérer la banque commerciales

> 10% sur ressources propres de la banque commerciale, remboursements mensuels, sur 5 ans au prime rate (soit environ 11%)

Au total, les ressources de financement sont apportées par les bailleurs de fonds pour 60% (35% subvention et 25% crédit), par les bénéficiaires (30%) et par la banque commerciale (10%).

Source : Massé 2001, 21-33

Index

ABERME Agence Béninoise pour l'Électrification Rurale et la Maîtrise de l'Énergie

ACDI Agence Canadienne de Développement Internationale

ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique

ADEME Agence de l'Environnement et de la maîtrise de l'Énergie

AFD Agence Française de Développement

BCEAO Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest

BID Banque Islamique du Développement

BIDC Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO

BOP Bureau des Opérations Pétrolières

CA Courant alternatif

CC Courant continu

CCA Centre communautaire d'activités

CCPS Cellule de Coordination de la Pré-électrification et du Programme Solaire

CDD Commission pour le Développement Durable des Nations Unies

CEB Communauté Électrique du Bénin

CEDEAO Comité Économique des État de l'Afrique de l'Ouest

CEG Collège d'Enseignement Général

CEMAC Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CePED Centre de Partenariat et d'Expertise pour le Développement Durable

CIRIDD Centre International de Ressources et d'Innovation pour le Développement

Durable

CLCAM Caisse Locale de Crédit Agricole

CCPS Cellule de Coordination de la Pré-électrification et du Programme Solaire

DDGE Direction Générale de l'Énergie

ERD Énergie Rurale Décentralisée

FCFA Monnaie commune de 14 pays africains membres de la Zone Franc

Franc de la Communauté Financière d'Afrique (pour les pays membres de l'UEMOA)

Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale (pour les pays membres de la CEMAC)

FED Fonds d'Électrification Rurale

Fem Fonds pour l'environnement mondial

FER Fonds d'Électrification Rurale

GRET Groupe de Recherches et d'Échanges Technologiques

IDCOL Infrastructure Development Company, Ltd

IEPF Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie

INSAE Institut de la Statistique et de l'Analyse Économique

IUCN International Union for Conservation of Nature

IUCN-NL International Union for Conservation of Nature - Pays-Bas

MDP Mécanisme de Développement Propre

ONG Organisation Non Gouvernementales

PED Pays En Développement

PER Politique d'Électrification Rurale

PMA Pays les Moins Avancés

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

RGPH3 3ème recensement général de la population humaine

SBEE Société Béninoise d'Énergie Électrique

SONEB Société Nationale des Eaux du Bénin

SDD Société de Service Décentralisée

SDERB Schéma Directeur de l'Électrification Rurale du Bénin

SMDD Sommet Mondial pour le Développement Durable

UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault