Section 1 : Variables et Hypothèses du
modèle
La revue de littérature présentée au
chapitre précédent a mis en relief l'ensemble des variables qui
peuvent expliquer les niveaux d'efficacité technique des banques. Parmi
ces variables, nous avons retenu 3 hypothèses pour expliquer
l'efficacité technique de la CBC : le risque de défaut, le niveau
de fonds propres et le niveau de trésorerie (Paragraphe 1). Nonobstant
cela, il est nécessaire d'intégrer au modèle toutes les
variables à notre disposition, si l'on peut
soupçonner qu'elles sont liées à
l'évolution de l'efficacité technique des banques. C'est pourquoi
dans la suite, nous présenterons ces variables complémentaires
(paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Formulation des hypothèses
Dans l'environnement du système bancaire camerounais,
les rares études menées jusqu'ici sur l'efficacité
technique des banques ne nous lèguent pas un éventail très
riche de facteurs explicatifs. Par ailleurs, compte-tenu du fait que notre
analyse porte sur une banque
L'efficacité technique des banques et ses facteurs
explicatifs : application à la Commercial Bank - Cameroun
|
2010
|
|
|
particulière, certaines variables comme
l'accessibilité aux services bancaires (nombre d'agences), la
concurrence ou l'origine du capital sont d'ores et déjà
écartées. En réalité, la banque et son
environnement n'ont pas connu de changement majeur sur ces points pendant la
période d'étude.
Inversement, les éléments comptables semblent
très appropriés comme facteurs explicatifs potentiels du niveau
d'efficience, dans la mesure où ces données varient à
fréquence mensuelle. En effet, ces éléments varient au
même rythme que la production des crédits ou la collecte des
dépôts, et partant, que le niveau d'efficacité technique
selon notre optique (l'optique d'intermédiation).
Après une brève présentation des
hypothèses (1.1), nous observerons sur un graphique le comportement des
variables - hypothèses par rapport à la variable expliquée
(1.2).
1.1 Présentation des hypothèses
Dès le départ, notre étude se fixe 3
hypothèses : L'efficacité technique de la CBC est
influencée par le risque de défaut (1.1), par le niveau de fonds
propres (1.2) et par le taux de liquidité (niveau de trésorerie,
1.3). Elles se formulent ainsi qu'il suit :
Hypothèse 1 : Effet du risque de défaut
:
Un taux de créances douteuses élevé a une
influence négative sur le niveau d'efficacité technique. Comme
l'expliquent Kamgna & Dimou (2008), plus la proportion des créances
douteuses dans les crédits augmente, moins la banque transforme les
dépôts en crédit. Lorsqu'une banque accumule les
créances douteuses, elle devient réticente à octroyer des
crédits et ainsi devient techniquement inefficace. Aussi pourrait-on
ajouter que l'augmentation des créances douteuses conduit à une
baisse des ressources disponibles pour octroyer davantage de crédits, ce
qui réduit la vitesse de transformation.
Hypothèse 2 : Effet du niveau de fonds
propres
L'effet du niveau de fonds propres est perceptible de deux
manières au minimum :
L'efficacité technique des banques et ses facteurs
explicatifs : application à la Commercial Bank - Cameroun
|
2010
|
|
|
Tout d'abord, l'on a le poids des fonds propres dans le total
des crédits. Cette variable traduit l'état des contraintes
réglementaires en matière de capital. En général
(Dahmane 2002, Kamgna 2008), cette variable a un impact négatif sur le
niveau d'efficience des établissements bancaires. En d'autres termes,
plus les fonds propres sont importants dans le total des crédits, moins
la banque transforme les dépôts.
Ensuite, le niveau de fonds propres peut signifier la
solvabilité de l'établissement. On représente ce facteur
par la proportion des fonds propres dans le total de l'actif. A contrario,
cette variable a coutume de jouer positivement sur le niveau d'efficience des
établissements bancaires (Kamgna 2008). En réalité, un
ratio de fonds propres plus élevé traduit une forte
capacité à absorber les pertes, et donc une faible aversion pour
le risque : Ce sont-là les caractéristiques propres d'une banque
qui est prompte à profiter de ses ressources au maximum, en distribuant
efficacement des crédits.
Hypothèse 3 : Effet du niveau de
liquidité
Le niveau de liquidité d'une banque est mesuré
par ses excédents de trésorerie. En général, l'on
calcule ses excédents de trésorerie en faisant la
différence entre les emplois et ressources de trésorerie. Dans le
jargon de notre système bancaire, c'est le « solde payeur ».
D'un autre point de vue, il est possible d'évaluer la trésorerie
disponible par la soustraction classique entre le FR (Fonds de roulement) et le
BFR (Besoin en fonds de roulement) : Il s'agit bien là du montant de
trésorerie qui apparaît au bilan. En comptabilité bancaire,
ce poste se nomme « opération interbancaires et trésorerie
».
En réalité, ce poste comporte l'excédent
de ressources dont dispose la banque après avoir octroyé les
crédits aux clients. Pourtant, le « solde payeur » standard
mesure la liquidité disponible après crédits à la
clientèle, prêts et emprunts sur le marché interbancaire et
à la banque centrale. Il nous apparaît donc plus pertinent de
retenir la trésorerie du bilan, car nous sommes en train d'expliquer le
phénomène de transformation des dépôts en
crédits à la clientèle.
L'efficacité technique des banques et ses facteurs
explicatifs : application à la Commercial Bank - Cameroun
|
2010
|
|
|
Kamgna et Dimou (2008) affirmaient dans leurs résultats
que plus les excédents de trésorerie augmentent, moins la banque
est efficace dans sa transformation des ressources. Ils avaient ainsi
mesuré la liquidité au regard du solde payeur. Dans cette
hypothèse 3, nous postulons à notre tour que l'opulence de la
trésorerie (du bilan cette fois) manifeste une faible transformation des
ressources. En d'autres termes, l'hypothèse est que l'abondance du
niveau de trésorerie agit négativement sur l'efficacité
technique.
|