Paragraphe 2 : Les facteurs externes
Les facteurs externes qui influencent le niveau
d'efficacité d'une banque sont ceux qui ne sont pas sous l'emprise de la
banque elle-même, mais plutôt sous l'emprise d'un facteur
extérieur. On peut en distinguer deux catégories : les facteurs
résultants de l'action Etatique (2.1), et les facteurs tributaires de la
structure du marché bancaire (2.2).
L'efficacité technique des banques et ses facteurs
explicatifs : application à la Commercial Bank - Cameroun
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2.1- Résultants de l'action
Etatique
Parmi les facteurs résultants de l'action
étatique, l'on a principalement recensé les différentes
réformes ou la libéralisation financière (Hao, Hunter et
Young 1999, Cook et al. 2000, Dahmane 2002, etc.).
Hao, Hunter et Young (1999)1 ont examiné
l'efficience productive d'un échantillon de banques coréennes
privées après le programme de déréglementation
initié par le gouvernement au début de 1980, soit de 1985
à 1995. En considérant un ensemble de variables
économiques, structurelles et financières, ils ont
démontré que les banques larges, avec des réseaux de
branches installés dans tout le pays profitent mieux des mesures de
libéralisation et réalisent les niveaux d'efficience les plus
élevés. Ces effets étaient toutefois
contrebalancés, lorsque ces banques ont payé des niveaux de
salaires élevés par rapport au total actif ou employé plus
de salariés par rapport au total actif ou également entrepris des
investissements larges pour attirer les dépôts des clients,
étant donné le pouvoir des unions de travail en Corée.
Cook et al. (2000)2 ont eux aussi examiné
les effets de la libéralisation financière sur l'efficience du
système bancaire tunisien au cours de la période 1992-1997, en
utilisant les méthodes DEA. Ils ont procédé par la suite
à des analyses de régression pour tester la
significativité de la relation hypothétique entre l'efficience et
un ensemble de variables relatives à la taille d'actifs, au total des
crédits problématiques, à la structure de
propriété et au temps. Leurs résultats montrent une
relation négative et statistiquement significative entre la taille ainsi
que des crédits problématiques et l'efficience. L'effet de la
structure de propriété a été trouvé positif
et statistiquement significatif. En revanche, aucune relation n'a
été trouvée entre l'efficience et le temps. Cook et al.
(2000) ont expliqué l'efficience supérieure des banques
privées par le fait qu'elles courent moins de problèmes de
crédits, enregistrent une participation étrangère dans
leur capital et sont généralement plus petites que les banques
publiques.
1 Cités par Lahyani et Salah (2009).
2 Cités par Lahyani et Salah (2009).
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Dahmane (2002) mesure l'efficacité technique des
banques tunisiennes pendant la période de réformes
financières, de 1983 à 2000 en employant la méthode des
frontières stochastiques. Il démontre que la politique
monétaire est un facteur explicatif de la performance des banques. En
revanche, les réformes entreprises par l'Etat (libéralisation
financière) n'ont pas eu d'impact positif sur l'efficience des banques
pendant la période. Il souligne également que la taille des
banques n'est pas corrélée à leur niveau
d'efficacité.
2.2- Résultants de la configuration du marché
bancaire
Parmi ceux résultants de la configuration du
marché bancaire, l'on peut relever des facteurs tels que la concurrence
bancaire (Grigorian A. 2006, Ion Lapteacru 2009), la concentration et
l'accessibilité aux services bancaires (Lahyani 2009).
Grigorian (2006) s'atèle à rechercher les
facteurs explicatifs de la performance des banques dans des divers pays de
l'Europe de l'Est et de l'ex URSS entre 1995 et 1998. A l'aide d'un
modèle à deux étapes (méthode DEA et modèle
de Tobit), et sur un échantillon de 17 pays soient 1074 unités,
il montre que les banques capitalistes placées dans un environnement de
concentration génèrent plus d'unités efficientes. Elles
ont également des meilleurs taux d'intermédiation, et il
décrit leur situation comme étant l'architecture optimale d'un
système bancaire. Il montre également, entre autres, que les
banques des pays ouverts à l'échange avec le monde
extérieur performent mieux que celles des pays appliquant des politiques
plus restrictives sur ce point.
Lapteacru (2009) entreprend à son tour de
déterminer la relation entre le niveau de la concurrence et le niveau
d'efficience des banques. Cet auteur emploie la méthode de
Panzar et Rosse pour évaluer le niveau de
concurrence des banques, et les deux méthodes (paramétrique et
non paramétrique) pour déterminer le niveau d'efficience. A la
dernière étape, il utilise la méthode par la
régression linéaire pour faire ressortir la corrélation
entre les deux, sur la période de 1999 à 2002. Les
résultats montrent que l'efficience et la concurrence sont
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positivement corrélées pour l'efficience de
coût et de profit, et négativement corrélées pour
l'efficience de revenu d'intérêt.
Lahyani et Salah (2009) étudient les
déterminants de l'efficience des banques commerciales tunisiennes tout
au long de la période 1989 - 2006. Ils suggèrent que
l'accessibilité aux services bancaires a un effet négatif sur
l'efficience des banques. En revanche, les variables de taille et de
concentration présentent un coefficient positif et statistiquement
significatif. Ils utilisent le modèle à une étape des
frontières stochastiques pour trouver le niveau d'efficience et les
déterminants.
Après cette revue (non exhaustive1) des
travaux ayant porté sur les déterminants de l'efficience, le
moment est venu de présenter en détail les différents
modèles permettant d'analyser ces facteurs.
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