FACULTE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET
DE
GESTION
BP. 1365 YAOUNDE-CAMEROUN
Tel. 22 21 34 41 / Fax. 22
23 79 12
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Diplôme
d'Etudes Approfondies (
DEA) en Sciences Economiques
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN
PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
UNITE DE FORMATION DOCTORALE: ECONOMIE MATHEMATIQUE ET
ECONOMETRIE (Deuxième promotion)
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YA O UNDE II
Option: Economie Mathématique et
Econométrie
Francis MENJO BAYE (Ph. D)
Chargé de cours à l'Université de
Yaoundé II
NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves
Maître
ès Sciences Economiques
Option: Economie Internationale
Année académique 2006 - 2007
Sous la direction de:
Par:
FACULTY OF ECONOMICS
AND
MANAGEMENT
P. O. Box. 1365 YAOUNDE-CAMEROON
Tel. 22 21 34 41 / Fax. 22 23 79 12
AVERTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II n'entend
donner aucune approbation aux opinions contenues dans ce mémoire.
Celles-ci doivent être considérées comme étant
propres à l'auteur. »
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 2 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
DEDICACE
A
Ma mère NGOUETSO Rosalie,
Ma
grand-mère NGOUEGNI Régine,
Et à la
mémoire de mon père TAMEKO Elias
Fouédong.
REMERCIEMENTS
La présente étude ne pouvait être
réalisée sans le concours précieux de certaines
personnalités à qui je voudrai adresser mes remerciements les
plus sincères.
Je commence par témoigner toute ma gratitude à
l'éternel Dieu tout puissant qui, par sa grâce m'a permis de
réaliser tout mon cursus.
Je remercie profondément le docteur Francis MENJO BAYE,
mon directeur, qui a suivi et encadré ce travail avec beaucoup
d'assurance et de précision. Qu'il trouve ici l'expression de ma
gratitude et de ma sincère reconnaissance.
Je concède un merci grandiose au docteur Paul NINGAYE
pour ses conseils multiples et la mise à ma disposition de sa
documentation.
J'adresse également mes remerciements à tous les
enseignants de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de
l'Université de Yaoundé II, sans qui ce travail n'aurait jamais
été pensé.
Je remercie aussi tous mes camarades de la deuxième
promotion de DEA en Economie Mathématique et Econométrie pour
l'entraide qui a existé entre nous durant toute la formation.
Je témoigne ma reconnaissance aux familles
Fouédong et Talonchélé pour leur soutien sans limite
à l'élaboration de ce travail. Particulièrement, ma
reconnaissance est adressée à MM TIABOU TAMEKO Séverin,
TCHIMEKEM Donatien, TSAKOU JP, DZEUTIO Laurent, TIYONG Christophe, TCHOFFO
Alphonse, KAZOU Salomon, et leurs épouses, à Mmes DOUANLA
née NGOUEKEM Rachel, NOTEPIEHE née NOGNING Françoise,
NZOMO née TAMEKO Séverine et leurs époux, à TSAGMO
Emmanuel, MEZINDJOU Elie, DJUFFO Marie, NZAPA Alex, NOGUEU Awriole, TIABOU
Scoldfield, TAMEKO Chasnelle, NKENFACK Charlie, DJOUMENE Arthur, TALLA
Stéphanie, NGOUEMETA Karelle, TCHINDA Orline, TIOBOU Junior, DOUANLA
Charly, etc.
Ma reconnaissance est adressée aussi à tous mes
amis, particulièrement LEKEUFACK Calvain, MBENDA Ferdinand, NTUNGWANAYO
Diomède, KINFACK Emilie, KUETE Eric, MANFO Simplice, TCHOFFO Hyacinthe,
HYEFOUAIS Achille, FOTIO Cyrille, TSASIER Serges, TIEKAM Eric, TCHOUPOU
Bertrand, DJOMO Serge, DZOYEM Germain, TAKEM JC, MAGNITOUO Yvonne, MEKONTSO
Alexandre, NKEUFACK Célestin, DJOUDA Elvis, FOUOMENE Emmanuel, SONKOUE
Ernestine, TIOBOU Ghislain et tous mes voisins de la Mini Cité de
l'Unité.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 4 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT 2
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
TABLE DES MATIERES 5
RESUME 8
ABSTRACT 9
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 10
LISTE DES TABLEAUX 12
LISTE DES FIGURES 13
Chapitre I : 14
INTRODUCTION GENERALE 14
I.1. Contexte et problématique 14
I.2. Questions de recherche 16
I.3. Objectifs de l'étude 16
I.4. Hypothèses de recherche 16
I.5. Importance de l'étude 17
I.6. Méthodologie 18
I.7. Définition des termes clés 19
I.8. Portée et limite de l'étude 20
I.9. Organisation du travail. 21
Chapitre II : 22
REFORMES MACROECONOMIQUES, INEGALITE ET POLARISATION
AU
CAMEROUN 22
II.1. Introduction 22
II.2. Les réformes macroéconomiques et leurs
conséquences au Cameroun 22
II.2.1. L'économie camerounaise pendant les Plans
Quinquennaux de Développement
..23
II.2.2. Le Cameroun face à la crise (1985-1993) : la
nécessité des PAS 27
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 5 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
II.2.3. La reprise économique : de la dévaluation
du FCFA à l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE 32
II.3. Inégalité et polarisation au Cameroun 36
II.3.1. Disparités dans la distribution des revenus et
l'inégalité au Cameroun 36
II.3.2. La disparition de la classe intermédiaire et la
polarisation au Cameroun 37
II.4. Conclusion 38
Chapitre III : 39
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE
39
III.1. Introduction 39
III.2. Cadre conceptuel 40
III.2.1. Concept et mesures de l'inégalité 40
III.2.2. Concept et mesures de polarisation 43
III.2.3. Lien entre inégalité et polarisation 45
III.3. Revue de la littérature 47
III.3.1. Revue théorique 47
III.3.2. Revue empirique 51
III.4. Conclusion 57
Chapitre IV : 58
METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE 58
IV. 1. Introduction 58
IV.2. Mesures d'inégalité et de la polarisation et
leur décomposition 58
IV.2.1. Mesures de l'inégalité 58
IV.2.2. Mesures de la polarisation 64
IV.3. Données et logiciel d'analyse 69
IV.3.1. Données d'analyse 69
IV.3.2. Logiciel d'analyse 71
IV.4. Conclusion 72
Chapitre V : 73
RESULTATS EMPIRIQUES 73
V. 1. Introduction 73
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 6 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
V.2. Evolution de l'inégalité et de la polarisation
au Cameroun entre 1996 et 2001 73
V.3. Variation de l'inégalité et de la polarisation
au Cameroun entre 1996 et 2001 76
V.3.1. Evolution des dépenses totales selon les milieux de
résidence au Cameroun 76
V. 3.1.1. Inégalité selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996 et 2001 78
V.3.1.2. Polarisation selon les milieux de résidence au
Cameroun sur la période 1996-
2001 . 81
V.3.2. Inégalité et polarisation selon les
régions au Cameroun en 1996 et 2001 85
V.3.2.1. Variation de l'inégalité selon les
régions de résidence au Cameroun entre 1996
et 2001 ..86
V.3.2.2. Polarisation selon les régions de
résidence au Cameroun sur la période 1996-
2001 ..92
V.4. Conclusion 96
Chapitre VI : 98
CONCLUSION GENERALE 98
VI. 1. Résumé des résultats 98
VI.2. Recommandations de politiques économiques 100
VI.3. Perspectives de recherche future 102
BIBLIOGRAPHIE 103
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 7 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
RESUME
Dans le souci d'analyser l'évolution de la
répartition des revenus au Cameroun durant 1996 et 2001 afin de
comprendre celle-ci dans le contexte des changements macroéconomiques
survenus au cours de cette période, cette étude a essayé
d'évaluer d'abord le trend de l'inégalité spatiale en
utilisant le coefficient de Gini et la classe des mesures d'entropie
généralisée. Ensuite, elle a analysé empiriquement
l'évolution de la polarisation au Cameroun pendant et après les
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) aux moyens de l'indice
Duclos-Estéban-Ray ( ) et de l'indice Foster-Wolfson (W ).
Enfin, elle a essayé
DER
de comparer ces deux évolutions dans le but de faire
ressortir les différences et similitudes entre ces deux
phénomènes au Cameroun. Pour cela elle a utilisée les
données des deux Enquêtes Camerounaises Auprès des
Ménages de 1996 et de 2001.
Les résultats font état d'une augmentation de
l'inégalité et attribue celle-ci aux milieux ruraux, exception
faite de la région Rurale Savane qui comme les grandes métropoles
Douala et Yaoundé ont connue une amélioration de leurs niveaux
d'inégalité. Les deux mesures de polarisation donnent des
résultats opposés au niveau national, la mesure FosterWolfson
indiquant une hausse pendant que les mesures font état d'une baisse.
De
DER
manière générale, inégalité
et polarisation évoluent de façon similaire dans les milieux et
régions mais diffèrent ou se ressemblent selon les mesures
utilisées au niveau national.
Cette étude recommande que toute mesure de politique
visant à réduire l'inégalité au Cameroun soit
focalisée sur la composante intra-groupe. Plus d'équité
dans la redistribution améliorerait la croissance et réduirait la
pauvreté. Les mesures à prendre doivent pouvoir réduire la
pauvreté et atténuer l'inégalité et la polarisation
de façon simultanée. Celles qui abordent de manière
consistante ces trois concepts peuvent bien être conçues dans le
cadre des transferts ciblés (développement des infrastructures
routières, facilité d'accès aux médicaments et
lutte contre la corruption par exemple) qui soient neutre aux groupes, mais
touchent les segments les plus vulnérables de chacun des groupes.
Mots clés : Inégalité, Polarisation,
Programmes d'Ajustement Structurel
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 8 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
ABSTRACT
In order to assess the trend in income distribution in
Cameroon during 1996 and 2001 periods and to understand it in the context of
macroeconomics changes that occur during this period, this study attempts
firstly to appreciate the trend in spatial inequality using the Gini index and
the Generalised class of entropy index. Secondly, it empirically analyses the
trend in polarization in Cameroon during and after Structural Adjustment
Programmes (SAP's) via the Duclos-Esteban-Ray index ( ) and Foster-Wolfson
index (W ). And finally, it tries to
DER
compare these two variations with a view to bring out
divergences and similarities between these twins phenomena in Cameroon. To do
it, this study used the 1996 and 2001 Cameroon household consumption
surveys.
The results show an increase in inequality and attribute this
to rural areas, with the exception of Rural Savannah region which, as the urban
areas and the largest cities Douala and Yaounde experienced an improvement in
their inequality levels. The two measures of polarization give conflicting
results at the national level, the Foster-Wolfson index showing an increase
while indexes indicate a decrease. In general, inequality and polarization
DER
move together in areas and regions but conflict at the national
level.
This study recommends that any policy to reduce inequality in
Cameroon must focus more on within-group components. More fairness in income
redistribution would improve growth and reduce poverty and mitigate inequality
and polarization in a simultaneous fashion. Those addressing these three
aspects in a consistent manner can best be designed within the ambit of
carefully targeted transfers (road construction, drugs access facilities and
fight against corruption for instance) that are group neutral, yet reaching the
vulnerable segments of each group.
Key words: Inequality, Polarization, Structural
Adjustment Programmes
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 9 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
A : Indice d'Atkinson
CV : Coefficient de variation
DER : Classe des mesures Duclos-Esteban-Ray
ER : Mesure Esteban-Ray
EGR : Mesure Esteban-Gradin-Ray
G : Coefficient de Gini
GE : Classe des mesures d'Entropie
Généralisée
$US : Dollar des Etats-Unis d'Amérique
AFD : Agence Française de
Développement
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BAD : Banque Africaine de
Développement
BM : Banque Mondiale
CEPAL : Commission Economique pour
l'Amérique Latine de l'ONU
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur
le Commerce et le Développement
DAD : Logiciel d'Analyse Distributive
DSCN : Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
EBC : Enquête Budget Consommation
ECAM II : Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages de 2001
ECAM I : Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages de 1996
FASR : Facilité d'Ajustement Structurel
Renforcée
FCFA : Franc de la Coopération
Financière en Afrique Centrale
FF : Franc Français
FMI : Fonds Monétaire International
FRPC : Facilité pour la Réduction
de la Pauvreté et la Croissance
GUCE : Guichet Unique des opérations du
Commerce Extérieur
INS : Institut National de la Statistique
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programmes d'Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programmes des Nations Unies pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
RDA : Recommended Dietary Allowances
TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaire
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
USA : Etats Unis d'Amérique
W : Mesure Foster-Wolfson
ZK : Indice Zhang et Kanbur
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun avant les PAS
(en million de $US) 24
Tableau 2 : Evolution
de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun pendant les
PAS (en million de $US) 28
Tableau 3 :
Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun
après les PAS
(en million de $US) 33
Tableau 4 : Inégalité des revenus
: Indice de Gini et dépense moyenne par quintile 37
Tableau 5 : Polarisation dans la distribution
des niveaux de vie au Cameroun 38
Tableau 6 : Récapitulatif de quelques
travaux empiriques sur l'inégalité et la polarisation 56
Tableau 7 : Inégalité et
polarisation au Cameroun en 1996 et 2001 74
Tableau 8 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996-2001
77
Tableau 9 : Evolution de l'inégalité selon
les milieux de résidence au Cameroun en 1996 et
2001 79
Tableau 10 : Evolution de la
polarisation au Cameroun selon les milieux de résidence en
1996 et 2001 82
Tableau 11 : Evolution des
dépenses totales par équivalent adulte des ménages au
Cameroun
selon les régions de résidence
86
Tableau 12 : Décomposition de
l'inégalité selon les régions de résidence au
Cameroun (1996
et 2001) 88
Tableau 13 : Evolution de la
polarisation selon la région de résidence du chef de
ménage au
Cameroun (1996 et 2001) 93
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 12 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1965 et 1983 25
Figure 2 : Evolution
graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun
entre
1984 et 1994 28
Figure 3 : Evolution
graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun
entre
1995 et 2003 33
Figure 4 : Evolution de la
dépense moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996-2001 77
Figure
5 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent
adulte selon les régions de
résidence au Cameroun entre 1996-2001 86
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 13 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Chapitre I :
INTRODUCTION
GENERALE
I.1. Contexte et problématique
Malgré la mise en oeuvre des plans quinquennaux en
début des années 60, l'économie camerounaise a connu au
milieu des années 80 une récession qui l'a conduite à
adopter à partir de 1988 les Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS)1.
En effet, l'économie du Cameroun s'est bien
portée jusqu'à la seconde moitié des années 80,
lorsque les cours mondiaux de ses exportations2 ont chuté.
Vers la fin de ces années 1980, la longue et profonde crise
sociopolitique3 et économique combinée aux effets de
la baisse des cours mondiaux des matières premières et la baisse
du cours du dollar ont entraîné une aggravation de cette
situation. La surévaluation du franc CFA4 par rapport au
Dollar américain ($US), devise dans laquelle est libellée la
plupart des exportations camerounaises, et les déficiences structurelles
du pays ont été en grande partie responsables de la crise
économique.
Suivant la précarité de la situation
économique et les chutes de revenus émanant de la crise, le
gouvernement, sous les auspices des institutions de Bretton Woods - Banque
Mondiale (BM) et Fonds Monétaire International (FMI) - a
abandonné les programmes de long termes en cours depuis 1961 (plans
quinquennaux) pour adopter les programmes de moyen termes appelés
Programmes d'Ajustement Structurel dans le but de restaurer l'équilibre
macroéconomique et d'améliorer la croissance et l'efficience de
l'économie. Une série de mesures de réduction des
dépenses a ainsi été engagée, les entreprises
publiques ne dégageant pas de profit ont été
liquidées et celles ayant un profit marginal ont été
privatisées.
1 Ces programmes avaient pour but d'aider les pays
en crise à atteindre une stabilisation macroéconomique et une
transformation structurelle de l'économie équilibrées et
durables. Elles ont été adoptées au Cameroun en 1988.
2 Il s'agit des biens que le Cameroun exporte ; en
l'occurrence les produits agricoles (café, cacao, banane, etc.) et les
matières premières (pétrole, etc.).
3 Il s'agit de l'instabilité politique et les
événements qualifiés de « villes mortes » qui
ont précédé les élections présidentielles de
1992 au Cameroun.
4 Pour la Zone CEMAC, FCFA signifie franc de la
Coopération Financière en Afrique centrale tandis que pour
l'UEMOA, FCFA signifie franc de la Communauté Financière
Africaine.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 14 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Les dépenses publiques en matière
d'éducation et de santé ont été compressées.
L'année 1993 a vécu une double baisse des salaires dans le
service public,5 ceci ayant pour objet d'amener une baisse
d'ensemble dans les coûts de production, ce qui devrait relancer
l'économie (Baye et Fambon, 2001).
Cependant, cinq ans après, l'économie
camerounaise est restée stagnante. C'est pourquoi le Cameroun et les
autres membres de la Zone Franc ont dévalué le FCFA (Franc de la
Coopération Financière en Afrique Centrale) de 50% par rapport au
FF (Franc Français) le 12 janvier 1994. Etant la pièce centrale
de l'ajustement, la dévaluation avait pour but de freiner la
consommation des biens importés et de réaffecter les ressources
des biens non commercialisés vers les biens commercialisés,
notamment les exportations agricoles.
En outre, ces politiques et reformes ne sont pas
demeurées sans incidences sur la situation économique et sociale
du Cameroun, notamment la montée des inégalités et de la
polarisation des revenus de la population. Les effets de la hausse des prix
résultant de la dévaluation, la confusion dans le sous-secteur
produit due à sa libéralisation et les maigres salaires ont
contraint et forcé plusieurs camerounais à adopter des
comportements de débrouillardise. Parmi ces comportements, on
relève par exemple le travail au noir (secteur informel), les
changements des tendances régionales d'activité, les changements
dans l'occupation des structures, la baisse de la productivité et
l'adoption des « innovations comportementales » comme la corruption
et autres vices de la société. Ces adaptations ont défini
des tendances spécifiques de distribution de revenu, marquées par
les inégalités entre leurs niveaux et la concentration entre les
mains d'un petit nombre de personnes de la quasi- totalité des revenus
distribués.
La crise a donc eu pour conséquence majeure la
recrudescence de la pauvreté dont la lutte passe par une
amélioration de la croissance et une réduction des
disparités. En fait, l'analyse économique traditionnelle a
longtemps considéré qu'une politique de développement
devait se concentrer sur la croissance économique afin d'entraîner
une élévation générale du niveau de vie susceptible
de réduire la pauvreté. L'analyse récente tend à
mettre en avant le rôle que peut jouer une politique de redistribution et
de réduction des inégalités dans la croissance
économique et donc la réduction de la pauvreté (Valier,
2000 et
5 Une en janvier et l'autre en novembre (ces baisses
s'élevant à une moyenne de 60%).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 15 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Bourguignon, 2000). Nous allons dans cette étude
analyser et comparer les évolutions de la polarisation et de
l'inégalité au Cameroun afin de mieux décrypter les
différences et similitudes qui existent entre elles ; notre souci
étant de proposer un moyen de lutte contre la pauvreté par
l'approche de réduction de l'inégalité et de la
polarisation.
I.2. Questions de recherche
La question principale analysée ici est de savoir comment
ont évolué l'inégalité et la polarisation pendant
les différentes périodes de réformes économiques au
Cameroun ?
Plus spécifiquement, il s'agit de déterminer :
- Quelle a été l'évolution des
inégalités au Cameroun pendant et après les PAS?
- Comment a évolué la polarisation au Cameroun
dans les périodes 1996 et 2001 ?
- S'il existe une différence significative entre les
trends de la polarisation et de
l'inégalité au Cameroun pendant ces deux
périodes ?
I.3. Objectifs de l'étude
L'objectif principal de cette étude est d'analyser et
de comparer les évolutions de la polarisation et de
l'inégalité au Cameroun pendant et après les PAS afin de
proposer un moyen de lutte contre la pauvreté qui tienne compte de ces
phénomènes.
Trois objectifs spécifiques sont poursuivis :
- Evaluer le trend de l'inégalité spatiale en
utilisant le coefficient de Gini et la classe des mesures d'entropie
généralisée.
- Analyser empiriquement l'évolution de la polarisation
au Cameroun de 1996 à 2001
aux moyens de l'indice Duclos-Estéban-Ray et de l'indice
Foster-Wolfson.
- Comparer ces deux évolutions dans le but de faire
ressortir les différences et
similitudes entre elles au Cameroun.
I.4. Hypothèses de recherche
Pour aborder la problématique de notre étude
avec tact, nous formulons l'hypothèse générale suivante
qui va avec la pensée de Duclos, Esteban et Ray (2004) : la polarisation
est un concept largement différent de l'inégalité.
Plus spécifiquement, nous avons les hypothèses
ci-dessous :
H1 : L'inégalité a augmenté
au Cameroun pendant et après les PAS.
H2 : La polarisation a évolué de
manière croissante entre 1996 et 2001 au Cameroun.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 16 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
H3 : L'inégalité et la
polarisation ont suivi des évolutions différentes pendant et
après les PAS au Cameroun.
I.5. Importance de l'étude
+ Importance théorique :
Depuis plusieurs années, un grand intérêt
s'est porté sur l'impact des reformes économiques sur la
pauvreté et particulièrement sur la distribution du
bien-être dans les sociétés africaines. L'échec des
PAS introduit au Cameroun depuis 1988 suscite des débats quant à
l'effet qu'a eu les reformes des institutions de Bretton Woods sur les
politiques de redistribution au Cameroun. Notre étude évalue les
trends de l'inégalité et de la polarisation des dépenses
des ménages au Cameroun sur la période des reformes
économiques et celles d'après. Elle contribue à la
littérature existante de trois manières :
- D'abord, l'analyse des effets de ces mesures d'ajustement
sur la redistribution n'a pas été effectuée de
manière intensive et rigoureuse jusqu'ici. A notre connaissance,
très peu d'études6 sur le Cameroun analysent
l'évolution de la polarisation et de l'inégalité de
revenu, utilisant simultanément les deux bases de données de 1996
et 2001.
- Ensuite, notre étude se concentre sur la dynamique
spatio-temporelle de l'inégalité et de la polarisation au
Cameroun dans le but d'aider à comprendre leurs évolutions
à différentes étapes de la situation économique du
pays.
- Enfin, cette étude introduit le concept de
polarisation dans la distribution de revenu, chose encore inexplorée
dans le dialogue du bien-être au Cameroun.
+ Importance empirique :
Les études empiriques menées ici sont d'une
importance considérable pour les décideurs politiques dans la
mesure où elles permettent d'identifier simultanément la
structure de la polarisation et de l'inégalité des revenus et la
nature des changements de celles-ci au cours du temps. Munies des ces
informations, les autorités gouvernementales peuvent prendre des mesures
spécifiques en vue d'améliorer la distribution des revenus entre
les différentes couches de la population. De plus, se baser uniquement
sur le trend de l'incidence de la pauvreté comme on l'a toujours fait
jusqu'ici, peut ne pas nous permettre d'avoir une vue globale sur la situation
de la pauvreté au Cameroun. L'inégalité (évolution
des disparités dans
6 Comme étude de ces phénomènes
sur le Cameroun on peut citer Baye, 2008.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 17 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
la distribution des revenus) et la polarisation nous donnent des
résultats significatifs pour une bonne appréhension de la
pauvreté.
I.6. Méthodologie
Nous utilisons dans cette étude une approche qui
décompose l'inégalité par groupe. Une décision sur
l'unité d'analyse s'impose de même que les mesures
d'inégalité et de polarisation qui reflètent la
distribution totale des revenus ou dépenses. Ainsi, une analyse de
l'inégalité et de la polarisation entre les dépenses par
équivalent-adulte est choisie comme indiquées par les
données des enquêtes de 1996 et 2001. Nombres de mesures ont
été proposées dans la littérature pour
caractériser la polarisation (Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson, 1994 ;
Tsui et Wang, 1998 ; Zhang et Kanbur, 2001) et l'inégalité dans
la distribution des revenus (Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ; Fields, 1980 ;
Theil, 1979 ; Sen, 1973 ; Shorrocks, 1984 et Litchfield, 1999).
Nous allons procéder par une décomposition
statique par sous-groupe, l'inégalité totale étant
exprimée comme une moyenne pondérée de la même
mesure pour différents groupes constitués (composante
intra-groupe) plus la mesure d'inégalité de l'échantillon
dans sa totalité, chaque membre ayant la dépense moyenne de son
groupe particulier (composante inter-groupe). Certaines mesures
d'inégalité comme la classe des indices d'entropie
généralisée sont facilement décomposable en
composantes intra et inter groupes : Itotale=Iintra+Iinter (Litchfield, 1999 ;
Cowell, 1995 et Ahuja et al, 1997). La popularité de l'indice de
Gini7 garantit son inclusion dans chaque étude de
l'inégalité. Les variantes de la classe des indices d'entropie
généralisée sont la déviation logarithmique
moyenne, l'indice de Theil et la variance du logarithme qui n'est autre que la
moitié du carré du coefficient de variation. Ainsi, une baisse de
l'inégalité dans l'un des sous-groupes conduira à une
baisse de l'inégalité totale.
Les mesures de polarisation doivent être
caractérisées par leur sensibilité locale à
l'interaction entre l'aliénation
(hétérogénéité inter-groupe) et
l'identification (homogénéité intra-groupe). L'analyse de
la polarisation se fera à l'aide de la classe des mesures
DuclosEstéban-Ray et de l'indice Foster-Wolfson. Ces mesures sont
sensibles à la concentration des
7 L'indice de Gini est décomposable par groupe
seulement si les partitions ne chevauchent pas dans le vecteur de revenus /
dépenses. Il est cependant décomposable par sources de
revenus.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 18 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
individus autour de leurs revenus respectifs. C'est ce que
Duclos, Esteban et Ray (2004) ont appelé identification.
L'analyse dans cette étude est basée sur les
données de l'Enquête Camerounaise auprès des Ménages
de 1996 (ECAM I) réalisée par la Direction de la Statistique et
de la Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun et de l'Enquête
Camerounaise auprès des Ménages de 2001 (ECAM II)
réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS) du
Cameroun. Les résultats empiriques seront obtenus à partir du
logiciel d'analyse de distribution appelé DAD.
I.7. Définition des termes clés
Pour faciliter la compréhension de notre travail, il est
judicieux de définir quelques termes clés.
+ L'inégalité.
L'inégalité est un phénomène de
distribution qui capture les disparités qui existent entre les niveaux
dans une distribution de bien-être. L'inégalité des revenus
peut être définie comme la différence entre le revenu des
riches et des pauvres au sein d'un même pays. Celle- ci est
généralement mesurée à l'aide de l'indice de Gini,
chiffre situé entre 0 et 1, la valeur la plus faible indiquant une plus
grande égalité (Loungani, 2003)8. Un indice
d'inégalité mesure ainsi essentiellement l'étendue totale
de la distribution des niveaux de vie. Il met l'accent sur la déviation
par rapport à la moyenne globale et ignore le regroupement autour des
moyennes locales.
+ La polarisation
La polarisation est un phénomène de distribution
qui capture l'étendue par laquelle la population devient
regroupée, de sorte qu'à l'intérieur de chaque groupe, les
membres sont semblables mais entre les groupes les membres sont très
différents (Fedorov, 2002). Les mesures de polarisation cherchent donc
une évidence de regroupement en bas et au sommet de la distribution de
bien-être. La polarisation diffère de l'inégalité en
ce sens que la dernière n'impose aucune condition de regroupement
à l'intérieur de la distribution. Les mesures de la
8 D'autres mesures d'inégalité
consistent en l'indice d'Atkinson, la classe des indices d'entropie
généralisée, etc., pour les mesures numériques et
la courbe de Lorenz comme mesure graphique.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 19 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
polarisation capturent le regroupement autour des moyennes
locales, aspect ignoré par les mesures d'inégalité.
+ Les PAS
L'ajustement structurel est défini comme une «
série de mesures tendant à restaurer l'équilibre des
agrégats macroéconomiques de manière à relancer et
à soutenir le processus de croissance et de développement ».
Les Programmes d'Ajustement Structurel visaient avant tout à
rétablir la balance extérieure courante et un niveau de
dépenses viables, de façon à réduire les baisses de
production à court terme et à préserver la capacité
de l'économie à poursuivre sa croissance (Pagni, 1988). Ces
programmes sont des plans de développement de moyen termes
institués par le FMI et la BM aux pays qui sont entrés dans la
récession du milieu des années 80 afin de les aider à
faire face à celle-ci.
I.8. Portée et limite de
l'étude
+ Portée de l'étude
Les débats récents sur les possibles
différences entre inégalité et polarisation suscitent
l'intérêt de comparer les résultats des mesures de ces deux
concepts qui ont été proposées dans la littérature.
Cette étude essaye de faire ces comparaisons en utilisant les
données de deux enquêtes ménages distincts. Elle prend en
compte les enquêtes ECAM I de 1996 et ECAM II de 2001. En
s'étendant sur ces différentes enquêtes, cette étude
intègre deux phases différentes de l'évolution
économique du Cameroun marquée par la crise des années 80
et la reprise qui s'en est suivie.
+ Limite de l'étude
Considérant le fait qu'il existe d'autres sources de
données comme celles de la Banque Mondiale qui auraient pu être
utilisées pour augmenter la praticabilité et
l'appréhension de cette étude, le choix de ces deux
enquêtes auprès des ménages camerounais peut procurer des
résultats peu robustes.
Cependant, l'enquête étant une photographie
à une période particulière, les données
d'enquêtes en un temps donné et à une période
donnée ne peuvent guère être assez différentes. Les
données utilisées ici peuvent donc être
considérées comme satisfaisantes.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 20 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
I.9. Organisation du travail.
Après une mise au point au chapitre introductif, la
suite de notre étude s'articule autour de cinq chapitres. Le
deuxième chapitre présente les réformes
macroéconomiques, l'inégalité et la polarisation au
Cameroun. Le troisième chapitre présente le cadre conceptuel et
la revue de la littérature relative à l'inégalité
et de la polarisation. Le chapitre quatrième nous situera sur la
méthodologie de l'étude qui nous permettra dans le chapitre cinq
de procéder à l'analyse empirique de la décomposition de
l'inégalité et de la polarisation des dépenses totales et
leur évaluation en utilisant le coefficient de Gini, la mesure
d'entropie généralisée, la mesure
Duclos-Estéban-Ray et la mesure Foster-Wolfson. En dernier ressort, une
conclusion nous résumera les principaux résultats de
l'étude et nous permettra de faire quelques recommandations de
politiques de lutte contre les inégalités, la polarisation et la
pauvreté.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 21 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Chapitre II :
REFORMES MACROECONOMIQUES,
INEGALITE ET
POLARISATION AU CAMEROUN
II.1. Introduction
Au milieu des années 1980, le Cameroun est
entré dans une phase de turbulences. Dix ans plus tard, il n'en
était toujours pas sorti. La longueur et la durée de la crise
qu'a connu ce pays amène à s'interroger sur l'origine et les
déterminants d'une telle remise en question du régime de
croissance antérieur que tous reconnaissent comme exemplaire et que l'on
a même pu qualifier de « miracle camerounais »(Aerts et al,
2000).
II.2. Les réformes macroéconomiques et
leurs conséquences au Cameroun
Au regard des indicateurs de performances économiques
comme ceux qui cherchent à cerner la cohésion des politiques
économiques, le Cameroun a perdu son statut de modèle
régional pour figurer parmi les « mauvais élèves
» stigmatisés par les rapports des institutions
multilatérales (Banque Mondiale, 1994). Depuis l'indépendance,
trois régimes de croissance ont pu être identifiés. Ces
trois régimes couvrent aussi trois périodes de réformes
différentes. Le premier correspond à la période 1960-1984
marquée par l'implémentation des plans quinquennaux de
développement. Elle est caractérisée par une croissance
modérée et équilibrée au début, suivi d'une
forte croissance due à la découverte et à l'exploitation
de pétrole. Le second régime fondé sur la crise s'ouvre en
1985 / 86 avec la chute des cours des principaux produits de rente, la baisse
du dollar et l'épuisement progressif des ressources
pétrolières. C'est au lors de ce régime que le Cameroun
sous les auspices de la BM et du FMI a adopté et a mis sur pied les PAS.
Et le troisième régime sanctionné par la reprise d'une
économie fondée sur la demande qui prend cours après la
dévaluation du FCFA par rapport à sa monnaie de
référence, le FF. Ce régime est sanctionné vers sa
fin par l'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative de
réduction de la dette des Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 22 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
II.2.1. L'économie camerounaise pendant les Plans
Quinquennaux de
Développement
Tout juste après les indépendances, les Etats
africains ont adoptés et réalisés différents plans
de développement en vue de renforcer les acquis issus de la
colonisation. Au Cameroun, de 1961 à 1986, cinq plans de
développement ont été mis en oeuvre, le sixième
ayant été interrompu par le retournement brutal de la situation
économique du pays.
Le premier et le second plan (1961-1970) étaient
destinés à consolider l'indépendance nouvellement acquise.
Une multitude d'institution ont été crées pour
gérer le secteur agricole à l'instar du « Marketing Board
» dans la région anglophone et le Fonds de stabilisation dans la
région francophone. On observera ici une forte intervention
étatique dans les secteurs agricoles et infrastructurels.
Durant les troisième et quatrième plans (197
1-1980), on a noté un accroissement de l'intérêt de l'Etat
pour le secteur agricole. Cette période a été surtout
marquée par une augmentation dans la procuration et la distribution des
inputs agricoles (engrais, insecticides, etc.), la création des organes
de centralisation des décisions, la division des programmes d'extension
agricole en deux systèmes parallèles (un piloté par le
ministère de l'agriculture et l'autre par les institutions de
développement régional intégrées) et l'augmentation
de la taxation indirecte des paysans à travers les retraits
effectués par le Fonds de stabilisation et le « Marketing Board
»(Baye et Fambon, 2001).
Le cinquième plan (198 1-1985) a été
marqué par une augmentation considérable des revenus de
pétrole (40% des exportations totales). Les revenus du pétrole
étaient utilisés pour améliorer les infrastructures,
substituer le secteur agricole qui souffrait de la chute des prix mondiaux et
améliorer la production et l'exportation du cacao et du café,
ceci en réduisant les taxes à l'exportation et en mettant sur
pied un mécanisme de stabilisation.
Le sixième plan de développement qui devrait
englober une période allant de 1986 à 1991, a été
endommagé par la chute des prix des exportations des biens, la baisse du
cours du dollar américain qui est la principale monnaie de
dénomination des exportations camerounaises et les faibles politiques
macroéconomiques mises en place par le gouvernement. En 1988, la
sévérité de la crise va amener les dirigeants camerounais
à
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 23 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
abandonner ce plan pour adopter les plans de développement
de moyens termes des institutions de Bretton Woods appelés Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS).
Le Cameroun, au contraire de nombreux pays d'Afrique
Subsaharienne (ASS), a longtemps été considéré
comme un modèle de prospérité économique. Dans les
années 1960, tout juste après l'indépendance, bien que
très dépendant de la production des produits primaires, le
dynamisme du Cameroun repose sur un tissu économique assez
diversifié et une main d'oeuvre relativement bien adaptée
à ses besoins. Cette phase de développement est
caractérisée par une croissance modérée mais
équilibrée, exempte de distorsions des prix relatifs et des
déficits externes ou internes insoutenables.
De 1965 à 1977, la croissance atteint un rythme moyen
annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du Produit
Intérieur Brut (PIB) par tête. De 1968 à 1976, la
croissance des quatre grands secteurs (agriculture, industrie extractive,
manufacturière et secteur tertiaire) est relativement harmonieuse. La
structure par secteurs reste stable. En volume, l'agriculture compte pour 30%
du PIB, l'ensemble de l'industrie 20% (répartis à
égalité entre l'industrie manufacturière et le secteur
minier) et le tertiaire 50%. Cette évolution relativement uniforme est
manifeste tant en volume qu'en valeur, l'indice de prix relatif agriculture /
industrie restant constant durant toute la période (Aerts et al, 2000 ;
Tableau 1 et Figure 1).
Tableau 1 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun avant les PAS
(en
million de $US)
Période
|
PIB
|
Exportations
|
Importations
|
Consommation
|
Investissement (%PIB)
|
Epargne (%PIB)
|
1965
|
814
|
193
|
198
|
716
|
13
|
12
|
1966
|
853
|
179
|
201
|
761
|
13
|
11
|
1967
|
934
|
193
|
211
|
824
|
14
|
12
|
1968
|
1 053
|
233
|
259
|
939
|
13
|
11
|
1969
|
1 152
|
269
|
263
|
1 023
|
11
|
11
|
1970
|
1 160
|
304
|
286
|
956
|
16
|
18
|
1971
|
1 234
|
284
|
335
|
1 080
|
17
|
13
|
1972
|
1 431
|
292
|
373
|
1 251
|
18
|
13
|
1973
|
1 759
|
364
|
422
|
1 467
|
20
|
17
|
1974
|
2 256
|
574
|
514
|
1 811
|
17
|
20
|
1975
|
2 753
|
624
|
703
|
2 282
|
20
|
17
|
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 24 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
1976
|
3 077
|
697
|
842
|
2 681
|
18
|
13
|
1977
|
3 366
|
844
|
936
|
2 500
|
28
|
26
|
1978
|
4 410
|
1 043
|
1 240
|
3 229
|
31
|
27
|
1979
|
5 811
|
1 225
|
1 641
|
4 570
|
29
|
21
|
1980
|
6 741
|
1 880
|
1 829
|
5 275
|
21
|
22
|
1981
|
7 636
|
1 670
|
2 170
|
6 138
|
27
|
21
|
1982
|
7 323
|
2 432
|
2 117
|
5 158
|
25
|
30
|
1983
|
7 382
|
2 244
|
2 163
|
5 377
|
26
|
27
|
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la Banque Mondiale 2005
Figure 1 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1965 et 1983
40
30
20
10
0
8000
6000
10000
4000
2000
0
2500
2000
1500
1000
500
0
PIB au prix du marché entre
1965-1983
(million de $US courant)
Importations totales entre 1965-1983 (million
de $US
courant)
Investissement intérieur brut entre
1965-
1983 (%GDP)
8000
6000
4000
2000
0
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Exportations totales entre 1965-1983 (million
de $US
courant)
Consommation totale entre 1965-1983
(million de $US
courant)
35
30
25
20
15
10
5
0
Epargne intérieure brute entre 1963-
1983
(%GDP)
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 1
La découverte, puis l'exploitation de pétrole
inaugurent un second régime de croissance de l'économie
camerounaise, caractérisé par une forte croissance qui dure
jusqu'en 1985. En effet, une hausse significative de la production de
pétrole, débutant dans la fin des
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 25 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
années 1970, a doublé la croissance du PIB,
atteignant 15% en 1980 et environ 8% dans la moitié des années
1980. Tout au long de cette phase de décollage, le PIB réel par
tête a augmenté à près de 1100 $US, plaçant
le Cameroun dans la catégorie des pays à revenu
intermédiaire selon la classification de la Banque Mondiale. Le rythme
élevé de la croissance se traduit par une amélioration
sensible des niveaux de vie, comme en témoigne indirectement
l'élévation de la consommation privée par tête.
La croissance du PIB s'accélère très
fortement (elle triple) sous l'effet d'un bond en avant spectaculaire du PIB
minier lié à la découverte et à l'exploitation des
gisements pétroliers. La contribution de cette branche à la
croissance totale passe ainsi de 5 à 30% de la première à
la seconde période. La richesse ainsi dégagée provoque un
fort effet d'entraînement sur les autres secteurs, via les revenus
distribués par le secteur public : le rythme de croissance triple dans
l'agriculture et l'industrie manufacturière, tandis qu'il double dans
les services. La croissance moyenne de ces trois secteurs se situe autour de
10%. En fait, les bonnes performances de l'agriculture proviennent
entièrement du secteur vivrier, qui progresse de 13,5% par an. Les
volumes produits par l'agriculture de rente, qui était jusque-là
la principale source de richesse du pays restent à la traîne, sans
toutefois régresser (+2,9%).
De 1982 à 1985, la croissance globale baisse de
régime tout en restant soutenue (+8% par an). Même si le rythme
d'extraction pétrolière faiblit, cette
décélération est imputable à la faible dynamique
des industries manufacturières (+2,5%) et, surtout à la
quasi-stagnation du secteur agricole (+1,2%). Dans l'agriculture, le secteur
vivrier s'effondre avec une croissance proche de zéro, sans pour autant
que les exportations prennent le relais. Ces derniers continuent leur lente
progression (+2,4% par an). Seuls les services poursuivent leur expansion (+13%
par an). D'aucuns pouvaient voir en cette poussée du secteur des
services un début de « Syndrome Hollandais », du moment
où la manne pétrolière commence à
s'atténuer. Mais les symptômes d'une telle « maladie »
restent embryonnaires dans la mesure où l'appréciation du taux de
change effectif réel du Cameroun reste limitée.
Il faut aussi noter des changements dans la dynamique de
croissance. Les moteurs de la croissance de l'économie camerounaise se
modifient radicalement : tirée par la consommation au début, la
croissance est soutenue par les exportations à la fin de cette
période après une phase intermédiaire d'investissement
intense. Ainsi, les modifications des aspects sectoriels de la croissance se
manifestent tout d'abord par une forte poussée de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 26 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
l'absorption, sous l'effet de l'investissement, puis par une
importante contribution du solde extérieure à la croissance qui
devient à peu près égale à celle de l'absorption.
L'envolé de l'investissement est due à la mise en place des
forages pétroliers. Son volume triple pendant que la croissance de la
consommation augmente également (+50% en volume sur la même
période). Le réinvestissement des ressources
pétrolières9 joint à l'évolution
favorable des termes de l'échange du pétrole qui ne compense que
progressivement la dégradation de ceux des produits primaires non
énergétiques, font que le Cameroun connaisse au début des
années 1980 une prospérité forte et rapide au contraire de
la plupart de ses pays voisins qui sont en phase d'ajustement (Tableau 1 et
Figure 1).
Cependant, cette prospérité s'interrompt
brutalement au milieu de la décennie 80 à cause de la chute des
cours mondiaux des principaux produits d'exportation du Cameroun.
II.2.2. Le Cameroun face à la crise (1985-1993) : la
nécessité des PAS
C'est dans la période d'expansion
pétrolière de la production et de la consommation que se
développent les facteurs de vulnérabilité structurelle de
l'économie camerounaise. La progression proportionnelle des
dépenses publiques induite par cette hausse des revenus
pétroliers s'est traduite par une dépendance forte de
l'économie à l'égard du secteur pétrolier. Cette
dépendance est plus visible en raison de la croissance moins que
proportionnelle des exportations du secteur non pétrolier10
du fait notamment de la tendance à la baisse des exportations agricoles
traditionnelles (Tableau 2 et Figure 2). Ce phénomène connu sous
le nom de « Syndrome Hollandais », bien que Aerts et al (2000) aient
précisé que ses symptômes étaient encore
embryonnaires au Cameroun, est venu se greffer à l'accumulation des
mauvaises performances des entreprises publiques dont les subventions leur
étant octroyées exerçaient une ponction grandissante sur
les finances publiques (FMI, 1988)11.
9 De 1980 à 1985, le poids des
dépenses de l'Etat, mesuré en part du PIB, passe de 14% à
22% tandis que les recettes augmentent de 15% à 20%, après avoir
atteint un maximum de 24% en 1983 et 1984 où l'on enregistre un
excédent budgétaire.
10 3% en moyenne durant la période.
11On estime à 150 milliards de F.CFA le montant
des subventions versées aux entreprises publiques en 1984/85 (FMI,
1988).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 27 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Tableau 2 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun pendant les
PAS (en
million de $US)
Période
|
PIB
|
Exportations
|
Importations
|
Consommation
|
Investissement (%PIB)
|
Epargne (%PIB)
|
1984
|
7 802
|
2 612
|
2 418
|
5 571
|
26
|
29
|
1985
|
8 148
|
2 725
|
2 573
|
5 975
|
25
|
27
|
1986
|
10 621
|
2 473
|
2 414
|
7 858
|
26
|
26
|
1987
|
12 303
|
2 054
|
2 538
|
9 720
|
25
|
21
|
1988
|
12 493
|
2 003
|
1 994
|
9 873
|
21
|
21
|
1989
|
11 140
|
2 307
|
1 980
|
8 905
|
17
|
20
|
1990
|
11 152
|
2 251
|
1 931
|
8 845
|
18
|
21
|
1991
|
12 434
|
2 487
|
1 820
|
9 695
|
17
|
22
|
1992
|
11 396
|
2 342
|
2 087
|
9 512
|
14
|
17
|
1993
|
11 891
|
2 032
|
1 904
|
9 798
|
17
|
18
|
1994
|
7 866
|
1 737
|
1 534
|
6 456
|
15
|
18
|
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la Banque Mondiale 2005
Figure 2 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1984 et 1994
15000
10000
5000
0
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
PIB au prix du marché entre
1984-1994
(million de $US courant)
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Importations totales entre 1984-1994
(million de $US
courant)
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
30
25
20
15
10
5
0
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Investissement intérieur brut entre
1984-
1994 (%GDP)
40
30
20
10
0
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Consommation totale entre 1984-1994
(million de $US
courant)
Exportations totales entre 1984-1994 (million
de $US
courant)
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Epargne intérieure brute entre
1984-1994
(%GDP)
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 2
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 28 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Pires encore, à partir de l'exercice fiscal 1985 / 86,
le Cameroun se trouve confronté à une évolution
extérieure extrêmement défavorable à la suite de la
baisse persistante et concomitante du dollar12 et des cours de ses
principaux produits d'exportation que sont le pétrole13, le
cacao, le café et le coton. A cela s'ajoute une gestion
macroéconomique laxiste. Malgré un rythme de croissance soutenu
et une apparente santé financière, le Cameroun entre brutalement
en crise pour n'en sortir que 10 ans plus tard à la faveur du
réajustement monétaire intervenu en janvier 1994.
L'économie Camerounaise est frappée en deux ans
seulement par une baisse de 40% de ses termes de l'échange globaux,
après cinq années de stabilité14. La croissance
du PIB baisse drastiquement en 1987, passant de 8% en termes réels en
1986 à 2,6% en 1987. Ce recul inhabituel traduit une dépression
économique générée par le fléchissement
total de 38% entre 1986 / 87 et 1987 / 88, avec cependant une baisse beaucoup
plus prononcée pour l'investissement public (52% contre 26% pour
l'investissement privé). Après un excédent record de 424
milliards de francs CFA en 1984 / 85, la balance s'équilibre en 1985 /
86 (+28 milliards de francs CFA) et enregistre un déficit de 174
milliards de francs CFA un an plus tard. Le pays ne rétablit son
équilibre extérieur qu'en 1988 / 89 et cet excédent n'est
définitivement acquis qu'à partir de 1990 / 91, au prix d'un
ajustement « par le bas », signe plutôt d'une récession
que d'une véritable amélioration de la situation
économique du pays.
De 1986 / 87 à 1989 / 90, les prix à
l'exportation en franc CFA des sources essentielles de revenus agricoles
perdent près de la moitié de leur valeur (40% pour le cacao,
entre 65 et 70% pour le café robusta et arabica). A l'opposé,
plusieurs secteurs agricoles, dont la situation plutôt mauvaise dans la
première moitié des années 1980 a provoqué des
mesures de restructuration, résistent mieux à la crise. Il s'agit
du coton dont la part dans les exportations d'agriculture de rente passe de
3,5% en 1983 / 84 à 8,6% en 1986 / 87 pour atteindre 21% en 1992 / 93.
Cependant, la valeur de ces exportations demeure limitée, 26 milliards
de francs CFA, soit le niveau le plus bas des exportations de cacao et de
café. La
12 La dépréciation du dollar par rapport
au FCFA est de l'ordre de -18% durant les deux années 1985 / 86 et
l'année suivante.
13 En monnaie nationale, le prix à
l'exportation des produits pétroliers perdent 42% en 1985 / 86 et
à nouveau 39% l'année suivante. En dollar, la diminution du cours
international du baril du pétrole atteint -29% en 1985 / 86 et -26%
l'année suivante. Cette dégradation apparaît comme la
conjonction de deux phénomènes concomitants : la baisse des prix
exprimés en dollars sur le marché mondial et la
dépréciation du taux de change nominal du dollar par rapport au
franc CFA.
14 Cette baisse atteint même 50% pour les biens
considérés seuls à l'exclusion des services.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 29 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
banane quant à elle, bénéficie de
circonstances particulièrement favorables, en particulier le libre
accès au marché européen dans la limite de 200 000 tonnes,
soit une quantité trois fois supérieure au volume d'exportation
enregistrée en 1984 / 85 (60 000 tonnes). La bonne tenue de ses cours
sur le marché européen, jointe à l'accroissement rapide
des volumes exportés à partir de 1988 / 89, fait passer la valeur
de ces exportations de 6 à 26 milliards de francs CFA de 1984 / 85
à 1991 / 93 (Tableau 2 et Figure 2).
A partir de l'exercice 1987 / 88, le gouvernement met en
oeuvre des sévères restrictions budgétaires. Malgré
ces mesures, le retard accumulé et le recours à un refinancement
extérieur se traduisent par un déficit chronique et une expansion
très rapide de la dette. Les principaux rouages de l'économie
camerounaise sont donc déréglés par ces chocs externes,
entraînant un déséquilibre durable des finances publiques
et une récession brutale dans la plupart des secteurs productifs que
l'ajustement structurel ne corrigera pas. Des efforts de reformes sont
entrepris au Cameroun dès 1987 et avec l'appui des organisations
internationales à partir de 1988, pour résoudre les
désordres macroéconomiques constatés. Il s'agit de la
reforme de la fonction publique, la libéralisation du régime
commercial, la liquidation et la privatisation des entreprises publiques, la
restructuration du secteur bancaire, etc. Tout ceci regroupé sous
l'appellation Programmes d'Ajustement Structurel (PAS).
Les PAS constituent un ensemble de dispositions dont certaines
agissent sur la conjoncture et d'autres sur les structures et qui
résultent d'une négociation entre un pays endetté et le
FMI pour recourir à des financements de cet organisme (Azam, 1995 ; Ali,
2003). Ces crédits sont dénommés entre autres prêts
d'ajustement structurel ou prêts d'ajustement sectoriel. Les PAS ont
été adoptés au Cameroun en 1988, suite aux désirs
du FMI, de la BM et du gouvernement de relancer l'économie en plein dans
la récession. Les étapes du suivi des PAS sont appelées
conditionnalités. Les institutions de Bretton Woods imposent au pays
sous ajustement :
- La réduction des dépenses publiques à
travers la mise en place des politiques d'austérité ;
- L'augmentation des recettes publiques par la privatisation
des entreprises d'Etat : le but est soit d'élaguer les entreprises qui
pèsent sur le budget de l'Etat par leurs déficits chroniques,
soit de réaliser l'actif pour diminuer l'endettement pour les
entreprises rentables ;
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 30 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
- L'amélioration de la gouvernance : elle passe par le
combat contre la corruption et la non-discrimination de l'investissement
à travers l'augmentation des droits des investisseurs étrangers
;
- La mise en place des politiques de croissance en adoptant
des réformes visant à supprimer les entraves au
développement économique.
Les PAS ont un objectif double : la restauration de
l'équilibre budgétaire, préalable à
l'aménagement de la dette et le retour à la viabilité
extérieure du pays. Au Cameroun, les réformes mises en place dans
le cadre des PAS consistaient en :
- La réforme fiscalo-douanière qui avait pour
but d'accroître les recettes fiscales par l'accroissement des taux. En
fait, depuis 1994, le budget a bénéficié des
réformes structurelles importantes telles la TCA (Taxe sur le Chiffre
d'Affaires), introduite par la réforme fiscale et douanière de
juin 1993 et remplacée par la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) en
1999. cela a permis à la fois une augmentation et une plus grande
transparence des rentrées fiscales non pétrolières.
- La réorganisation de la fonction publique et la
réduction des effectifs.
- La libéralisation économique ;
- L'investissement dans l'éducation et la santé
;
- L'investissement dans les infrastructures.
Malgré ce diagnostic, ces reformes ont
été lentes (à l'exception de la libéralisation des
échanges) et insuffisantes pour stopper la détérioration
économique. C'est ainsi que la persistance des difficultés
aggrava le solde de la balance courante en 1990 et l'effort de fiscalisation
initié conduisit à un amenuisement des recettes
budgétaires qui baissèrent de 50 milliards de FCFA en valeur
absolue entre 1989 et 1990. Au total, le PIB se contracta de plus du quart
entre 1984 et 1993 et le revenu réel par tête de plus de la
moitié tandis que le taux d'investissement brut chutait de près
de 27% à moins de 11%. Compte tenu des résultats mitigés
obtenus sur le front de l'ajustement réel, le recours au
réaménagement du dispositif monétaire de la zone Franc
s'avérait indispensable pour le rétablissement de la
croissance.
Les besoins de financement public et extérieur ont
été tout juste stabilisés en francs courants à des
niveaux très élevés ; la dette extérieure
représente plus de deux ans d'exportation, la dette publique plus de
trois ans de recettes fiscales. L'une et l'autre continuent de
s'accroître rapidement malgré les annulations par le Club de Paris
et les remises
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 31 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
dues à l'atteinte du point d'achèvement de
l'initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). La
production stagne, l'emploi régresse alors que les demandes non
satisfaites s'accroissent à tous les niveaux de qualification.
II.2.3. La reprise économique : de la
dévaluation du FCFA à l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE
L'ajustement du taux de change de janvier 1994 a
été l'un des facteurs clés du renversement de la situation
économique du Cameroun. Le secteur des biens échangeables a
répondu favorablement au changement des prix relatifs comme l'a
démontré l'expansion des exportations, lesquelles sont
passées de 1737 millions de $US en 1994 à 2048 millions en 1996
(Tableau 3 et Figure 3). Parallèlement, le manque de vitalité de
la demande intérieur résultant de la chute marquée du
revenu disponible a contribué à fléchir les importations.
Le taux de croissance en termes réels est redevenu positif au cours du
deuxième trimestre de 1994, même si l'inflation mesurée par
l'indice des prix à la consommation à Yaoundé s'est
élevée à 48%.
Les finances publiques ne sont pas restées en marge et
l'on y a noté une hausse des recettes budgétaires, lesquelles
sont passées à 648 milliards de FCFA en 1995 et à plus de
1100 milliards en 1996, soit près du double du niveau d'avant
dévaluation. Dans l'ensemble, l'impact de cette dévaluation sur
les agrégats a été significatif. Ainsi, dès le
premier semestre de l'exercice 1994 / 95, on notait (Fambon et al, 2005) :
- Une amélioration des activités agricoles
liée à la forte demande étrangère à des prix
intéressants et aussi aux effets de la libéralisation qui
permettent aux producteurs de bénéficier directement des
retombés de l'embellie des cours mondiaux ;
- La progression des exportations aussi bien des produits
d'origine agricole que des produits industriels à forte utilisation des
matières premières locales ;
- L'expansion du transport ferroviaire et portuaire ;
- L'amélioration des recettes fiscales ;
- Le payement de la dette publique intérieure ;
- La reprise des investissements.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 32 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Tableau 3 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun après les PAS
(en
million de $US)
Période
|
PIB
|
Exportations
|
Importations
|
Consommation
|
Investissement (%PIB)
|
Epargne (%PIB)
|
1995
|
7 963
|
2 045
|
1 645
|
6 399
|
15
|
20
|
1996
|
9 108
|
2 048
|
1 867
|
7 528
|
15
|
17
|
1997
|
9 115
|
2 306
|
2 041
|
7 375
|
16
|
19
|
1998
|
8 686
|
2 306
|
2 176
|
7 032
|
18
|
19
|
1999
|
9 187
|
2 241
|
2 268
|
7 496
|
19
|
18
|
2000
|
8 879
|
2 729
|
2 383
|
7 073
|
16
|
20
|
2001
|
8 591
|
2 736
|
2 506
|
6 836
|
18
|
20
|
2002
|
9 855
|
2 704
|
2 852
|
8 197
|
18
|
17
|
2003
|
12 491
|
3 189
|
3 173
|
10 354
|
17
|
17
|
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la BM 2005
Figure 3 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1995 et 2003
20
15
10
5
0
15000
10000
5000
0
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
PIB au prix du marché entre
1995-2003
(million de $US courant)
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Importations totales entre 1995-2003 (million
de $US
courant)
Investissement intérieur brut entre
1995-
2003 (%GDP)
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
21
20
19
18
17
16
15
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Exportations totales entre 1995-2003 (million
de $US
courant)
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Consommation totale entre 1995-2003
(million de $US
courant)
Epargne intérieure brute (%GDP)
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 3
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 33 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Avec la dévaluation de janvier 1994, le Cameroun a
enregistré un regain de croissance avec des taux avoisinant 4 à
5% or la croissance démographique n'a été que de l'ordre
de 2,7% sur la période, ce qui implique un accroissement du PIB par
habitant compris entre 1,5% et 2,7%. Depuis 1996, le Cameroun connaît des
résultats satisfaisants avec un taux de croissance supérieur
à 4% et une inflation modérée (inférieure à
3%). Ce taux va atteindre 5% en 2002 / 03, ceci dû à
l'accroissement des exportations dont la moyenne est de 5,7% en volume et 8,7%
en valeur. Le pays présente en outre des statistiques éducatives
et médicales meilleures que celles des autres pays d'ASS.
La forte hausse du cours du baril en 2000 a renforcé le
poids du pétrole dans l'économie camerounaise en doublant
quasiment la contribution de celui-ci au PIB courant. Elle est passée de
5,6% en 1998 / 99 à presque 11,5% en 2000 / 01. Cette hausse des prix
marque néanmoins un repli net du secteur en volume (-4,7%). Au sein du
secteur secondaire, le bâtiment et travaux publics et le secteur
manufacturier ont connu une croissance appréciable en 2000 liée
à la reprise de l'investissement public et à la remise à
niveau de la consommation (Banque Africaine de Développement, BAD,
2004). C'est cependant le secteur tertiaire qui semble avoir apporté la
contribution la plus conséquente à la croissance du PIB en 2000 /
01 avec une statistique de 4,5% sur les 5,4% enregistrés au total. Avec
la crise économique, le secteur informel a pris une importance
croissante au Cameroun.
A partir de 2000 / 01, la croissance non
pétrolière est soutenue essentiellement par la demande interne.
Les améliorations de salaires dans la fonction publique (suite à
l'épurement progressif des arriérés et aux hausses de 1997
et 2000) ont parallèlement permis une certaine relance de la
consommation. L'investissement a amorcé son redressement passant de
16,5% en 1993 à 18,3% en 2001 / 02 pour retomber à 17,3% en 2002
/ 03. Cette reprise est cependant réduite en raison de la stagnation des
revenus agricoles et d'un chômage urbain important.
Depuis juillet 1997, année de la signature d'une
FASR, Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée
triennal (juillet 1997 / juin 2000), avec le Fonds Monétaire
International, FMI, le pays a accompli de réels efforts
d'ajustement. Une nouvelle FRPC, Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance, signée avec le FMI en décembre
2000 pour 3 ans (octobre 2000 / septembre 2003) ainsi que le troisième
crédit d'ajustement structurel de la
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 34 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Banque Mondiale permettent de poursuivre le soutien à
la croissance et aux réformes structurelles, orientées
désormais vers la lutte contre la pauvreté. Les réformes
structurelles sont destinées, dans un souci d'efficacité,
à libéraliser certains secteurs, notamment via un programme de
privatisations, et à stimuler l'initiative privée. Les
privatisations de la Socapalm, de Camsuco, d'Hévécam, de Camrail
et de la Sonel (Electricité) ont ainsi déjà
été menées à terme. La libéralisation du
secteur des télécommunications a conduit à l'attribution
de deux licences de téléphonie mobile. Reste à
présent à accélérer le processus de privatisation
d'entreprises stratégiques: Snec (eau), Camtel (téléphonie
fixe), CDC (agroindustrie) et CAMAIR (transport aérien).
Ainsi, après dix années de récession
ininterrompue (1985-1995), l'économie
camerounaise croît depuis 1996 au rythme moyen de 4,5%
l'an. Ce retournement de tendance,
ajouté à un net redressement des finances
publiques est intervenu dans un contexte marqué
par les principaux faits suivants (Agence Française de
Développement, AFD, 2002) :
- Remise d'un Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP) provisoire en août 2000 et franchissement du
point de décision pour l'initiative Pays Pauvres Très
Endettés (PPTE) renforcée le 11 octobre 2000. Le DSRP
définitif a été remis en novembre 2002 et le point
d'achèvement a été atteint en avril 2006,
- Signature d'un accord de rééchelonnement du
Club de Paris le 23 janvier 2001,
- Accord du Club de Londres en mai 2002 pour le rachat de la
dette commerciale avec décote.
Lancée au Sommet du G7 à Lyon en septembre 1996,
l`initiative de réduction de la dette en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés, a pour but de venir en aide à ces pays afin
qu`ils retrouvent certaines marges de manoeuvre budgétaire pour mener
à bien des programmes de lutte contre la pauvreté. C'est ainsi
que les 37 milliards dont a bénéficié le Cameroun par
l'atteinte du point d'achèvement vont être dirigés sur
l'amélioration des infrastructures afin de rehausser l'économie
du pays.
La réhabilitation des infrastructures, dont l'entretien
avait été laissé à l'abandon durant la
décennie de la crise, constitue aussi un enjeu majeur pour
l'économie camerounaise via l'abaissement du coût des transports.
Avec le soutien de plusieurs bailleurs de fonds et la mise en place d'un fonds
routier destiné à assurer les coûts récurrents, le
réseau routier s'étend et sa gestion s'organise. Les populations
ont d'ailleurs souligné l'importance de l'amélioration des
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 35 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
infrastructures dans la lutte contre la pauvreté. Les
dépenses qui sont entrain d'être engagées dans ce secteur
dans le cadre de l'initiative PPTE contribuent notamment au
désenclavement des zones rurales et à la réhabilitation
des voiries de Yaoundé et Douala. La libéralisation de certaines
activités du port de Douala et la mise en place du Guichet Unique des
opérations du Commerce Extérieur (GUCE) devraient en outre
favoriser l'abaissement des coûts de transport et de transit
internationaux.
La reprise d'une santé économique doit
être suivie d'une justice distributive qui contribue à
l'efficacité économique. Il est donc nécessaire de savoir
comment a évolué la répartition des revenus au Cameroun
durant ces périodes.
II.3. Inégalité et polarisation au
Cameroun
La longue et profonde crise socio-économique du milieu
des années 80 a eu pour conséquence majeure la montée des
disparités dans la redistribution dans l'ensemble des pays d'ASS.
II.3.1. Disparités dans la distribution des
revenus et l'inégalité au Cameroun
Le Cameroun n'a pas été épargné
par la recrudescence des disparités dans la distribution des revenus,
caractéristique d'inégalités. Les valeurs des indices de
Gini de 0,42 et de Theil = 0,297 (pour alpha = 0) montrent clairement que
l'inégalité est réelle même si comparativement aux
autres pays à l'instar de la Côte d'Ivoire15, le
Cameroun est plus égalitaire.
En effet, pour l'ensemble du pays, les dépenses totales
réelles par équivalent-adulte des ménages ont
diminué d'environ 40% entre 1984-1996 suivant ainsi la même
tendance que la croissance négative du PIB observée pour la
même période. La répartition régionale suit la
même tendance. La profonde crise a appauvri davantage le Cameroun. Le
pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de
pauvreté16 a augmenté de 40% en 1984 à 53,3% en
1996 avant de retomber à 40,2% en 2001 du fait de la reprise
économique de l'après dévaluation. Cette lente
réduction du niveau de pauvreté n'a pas été suivie
par une réduction des inégalités. Le coefficient de Gini
montre que malgré le ralentissement de la pauvreté, les
15 La valeur de l'indice de Gini pour la Côte
d'Ivoire est de 0,44 calculé sur la base de l'enquête ivoirienne
LSMS (Glewwe, 1986, 1991).
16 Les seuils de pauvreté ont varié de
68 800FCFA en 1984 à 185 490FCFA en 1996 et 232 547FCFA en 2001. Ces
seuils ont été estimés à partir de la consommation
des ménages à différentes périodes
concernées.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 36 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
inégalités sont demeurées constantes et
ont dans certains cas augmenté (Tableau 4). Par exemple, en 1996, les
20% plus riches de la population ont consommé sept fois plus que les 20%
les plus pauvres. En 2001, le ratio était de huit pour un.
Tableau 4 : Inégalité des
revenus : Indice de Gini et dépense moyenne par quintile
Indice de Gini
|
1996
|
2001
|
Urbain
|
Rural
|
Total
|
Urbain
|
Rural
|
Total
|
0.449
|
0.345
|
0.406
|
0.406
|
0.369
|
0.408
|
Dépense moyenne par quintile (CFA francs)
|
Pauvres (plus bas 20%)
|
77,824
|
80,398
|
79,724
|
94,166
|
83,956
|
85,495
|
Riches (plus haut 20%)
|
663,805
|
491,856
|
585,168
|
758,960
|
600,618
|
693,882
|
Total
|
332,421
|
200,805
|
243,240
|
408,115
|
233,734
|
294,403
|
Source : INS (2002), Rapport sur la
pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001
L'observation spatiale du Cameroun montre une importance
relative des inégalités en milieu urbain comparativement à
l'inégalité en milieu rural et à l'inégalité
totale (Tableau 4). Yaoundé et Douala sont des régions avec de
fortes inégalités. La situation inégalitaire s'est
améliorée en milieu urbain mais s'est
détériorée davantage en milieu rural en termes de
fluctuation. Cependant, l'inégalité est restée
prépondérante en milieu urbain. Ceci s'explique en partie par
l'exode rural qui suscite une ruée vers les villes des populations
pauvres et sans qualification qui viennent s'agrouper dans des quartiers
périphériques avec une misère galopante.
II.3.2. La disparition de la classe intermédiaire
et la polarisation au Cameroun
La disparition de la classe intermédiaire, surtout dans
les grandes villes (Yaoundé et Douala) où l'on observe une
poussée des bidonvilles à côté des quartiers
résidentiels, est devenue un phénomène réel au
Cameroun.
La situation distributive du Cameroun montre une concentration
de la quasi-totalité des revenus entre les mains des 20% plus riches de
la population. La situation des dépenses vient confirmer cette
concentration et l'on remarque aisément que les plus riches consomment
sept fois plus que les plus pauvres (1996) et huit fois plus en 2001. Cette
concentration des revenus et dépenses sanctionnent une disparition
presque réelle de la tranche de population à revenus moyens. La
polarisation place beaucoup d'emphase sur la concentration. Plusieurs
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 37 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
phénomènes, comme la disparition de la classe
intermédiaire et la concentration aux extrémités de la
distribution, peuvent être décrits comme la polarisation (Zhang et
Kanbur, 2001).
Au Cameroun, la concentration aux deux
extrémités de la distribution est devenue réelle, et, la
disparition de la classe intermédiaire un fait. La montée des
comportements malsains tels la corruption et autres vices de la
société camerounaise a favorisé la disparition de la
classe des populations à revenus moyens, ce qui insinue une
recrudescence du phénomène de la polarisation. La polarisation
est plus importante en milieux urbain et semiurbain que dans le pays entier
(Tableau 5). Celle-ci a pris de l'ampleur en milieu rural et a fortement
baissé en milieu semi-urbain.
Tableau 5 : Polarisation dans la distribution
des niveaux de vie au Cameroun
Mesure
|
Périodes
|
Indice de Wolfson
|
1996
|
2001
|
Urbain
|
Semi-Urbain
|
Rural
|
Total
|
Urbain
|
Semi-Urbain
|
Rural
|
Total
|
0.392
|
0,398
|
0,248
|
0,360
|
0.326
|
0,293
|
0,280
|
0,335
|
Source : Baye, M. F. (2008)
Contrairement à la situation inégalitaire qui
s'est détériorée au Cameroun, la polarisation a
baissé et cette baisse est attribuable aux milieux urbain et
semi-urbain. Ces deux phénomènes diffèrent de part leur
évolution au niveau du pays tout entier mais sont similaires de part
leur baisse et leur augmentation simultanées respectivement en milieu
urbain et rural.
II.4. Conclusion
En somme, la pauvreté qui sévit au Cameroun
depuis la crise des années 80 a été capitale pour la
poussée des inégalités entre les populations. La double
baisse des salaires a entraîné un développement des
innovations comportementales comme la corruption qui a eu un impact
énorme dans la concentration des revenus. Ces comportements malsains
contribuent à creuser l'écart entre pauvres et riches et une
concentration de la quasi-totalité des revenus entre les mains des plus
riches qui continuent de s'enrichir au détriment des plus pauvres, ce
qui amplifie la polarisation au Cameroun.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 38 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Chapitre III :
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE
III.1. Introduction
Les inégalités dans le monde ont augmenté
considérablement ces dernières années. La pauvreté
devient de plus en plus insoutenable, affirme Valier (2000), expliquant un
regain d'intérêt face à ce phénomène qui
alimente nombres de débats. La question des inégalités
tient en fait une place centrale dans les débats sur la mondialisation.
En effet, les bouleversements économiques et sociaux
entraînés par la mondialisation ne semblent légitimes que
dans la mesure où ils stimuleraient les processus de
développement et permettraient des processus de rattrapage notamment au
bénéfice des pays les plus pauvres. Ainsi, la réduction de
la pauvreté est un objectif majeur ; cependant, l'influence d'un
processus de croissance sur la résorption de la pauvreté
dépend non seulement de l'accroissement des revenus moyens mais aussi de
la forme de la distribution des revenus ; autrement dit de l'ampleur des
inégalités.
La lutte contre la pauvreté passe donc par une
réduction des inégalités car le niveau de pauvreté
extrême dans lequel est plongé certaines régions du globe
terrestre, en occurrence l'ASS, contraste avec le degré de richesse
mondiale qui s'avère être au plus haut niveau. Pire encore, on
assiste à une quasi-bipolarisation du monde. Les pays
industrialisés, dont la richesse ne fait qu'augmenter, sont
côtoyés au quotidien par les pays que l'on dit « en
développement » où la pauvreté évolue de
manière galopante. Cette situation se retrouve aussi bien à
l'intérieur des pays industrialisés qu'à
l'intérieur de ceux en développement où riches et pauvres
jonchent ruelles et avenues faisant naître aux côtés de
faubourgs, des bidonvilles où misères et pauvretés
extrêmes font partie du quotidien. Il est donc judicieux de
s'intéresser à la manière par laquelle les
inégalités et la polarisation ont évolué depuis le
XIXème siècle et déterminer ensuite comment ces
deux réalités se comportent mutuellement ?
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 39 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
De nombreuses études théoriques17 et
empiriques18 ont été menées dans le but
d'apporter une réponse à ces questions. Elles nous aiderons
à proposer un essai de réponse aux différentes
préoccupations posées en allant d'une analyse conceptuelle (1)
à une revue de la littérature tant théorique qu'empirique
(2).
III.2. Cadre conceptuel
III.2.1. Concept et mesures de
l'inégalité
On conceptualise l'inégalité comme la dispersion
de la distribution des attributs des indicateurs de bien-être de la
population, comme le revenu et la dépense. L'inégalité est
inversement liée aux écarts de préservation moyenne
égalitaires ; c'est-à-dire que dans une distribution
donnée, si l'on effectue un ensemble de transferts de revenu d'une
personne quelconque à une autre avec un revenu inférieur, cela
conduit à une distribution moins inégale. Ceci ne requiert pas
forcement que le donneur soit riche (à droite de la distribution) et que
le bénéficiaire soit pauvre (à gauche de la distribution)
mais simplement que l'un soit plus riche que l'autre.
Nonobstant le fait qu'il existe plusieurs manières de
mesurer l'inégalité, de nombreuses mesures apparemment sensibles
se comportent de façons perverses. Par exemple, la variance, qui peut
être l'une des plus simples mesures de l'inégalité, n'est
pas indépendante de l'échelle des revenus : en doublant
simplement tous les revenus, l'on quadruplerait cet estimateur de
l'inégalité. Pour remédier à cette situation,
plusieurs mesures ont été proposées pour
caractériser l'inégalité dans la distribution de revenu
(Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ; Fields, 1980 ; Theil, 1979 ; Sen, 1973 ;
Shorrocks, 1984 et Lietchfield, 1999). D'après ces auteurs, un
indicateur approprié d'inégalité doit
généralement satisfaire aux cinq propriétés
suivantes :
17 On peut citer les théories
économiques classiques à savoir celles de Smith (1776), de
Ricardo (1817), de Malthus (1798) et de Mill (1873), qui considèrent
dans une certaine mesure que les inégalités sont
nécessaires pour l'enrichissement économique. Les théories
socialistes de Proudhon (1840), de Marx (1862) et de Mises (1938) qui
décrivent la manière dont les richesses sont reparties chez les
capitalistes et considèrent ce mode de répartition comme
étant à l'origine de la misère dans le monde. Les
théories de Keynes (1936) qui viendront réconcilier les deux
écoles de pensées précédentes en proposant
l'interventionnisme étatique pour palier aux imperfections des
mécanismes du marché...etc.
18 Bourguignon et Morrison (1992), Montaud (2002),
Fambon et Baye (2002), Lachaud (2005).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 40 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
a) L'indépendance par rapport à la moyenne :
cette condition est satisfaite lorsque la multiplication de tous les revenus
par une constante positive laisse invariante la mesure de
l'inégalité.
b) L'indépendance par rapport à la taille de la
population : cette condition est réalisée si la baisse ou
l'augmentation de la population d'une même proportion à travers
toutes les classes de revenus n'affecte pas la mesure de
l'inégalité.
c) La sensibilité aux transferts de Pigou-Dalton :
cette condition est respectée lorsqu'un transfert de revenu d'une
personne moins pauvre à une personne plus pauvre entraîne une
baisse dans la mesure de l'inégalité sans changer le rang relatif
de ces personnes.
d) La symétrie : La propriété de
symétrie suppose que la mesure de l'inégalité doit
être indépendante de n'importe quelle caractéristique des
individus autre que leur revenu ou dépense.
e) La décomposition : cette propriété
signifie que l'inégalité totale peut s'exprimer comme la somme de
deux composantes ; la composante intra-groupe et la composante inter-groupe.
Les groupes s'identifient à des catégories de ménage,
définies sur la base de critères de différentiation qui
peuvent être géographiques (régions ou zones
écologiques), socio-économiques (niveau d'instruction, âge,
sexe du chef de ménage, taille du ménage). La
décomposition peut aussi prendre la forme de décomposition par
sources de revenus ou à travers les parts de revenus des
ménages.
a. Le coefficient de Gini
(G)
Le coefficient de Gini est basé sur la courbe de Lorenz
; cette courbe de fréquence cumulative qui compare la distribution d'une
variable spécifique (exemple, le revenu) à celle de la
distribution uniforme qui représente l'égalité.
Pour construire la courbe de Lorenz, on représente les
pourcentages cumulés des individus ou ménages sur l'axe
horizontal et les pourcentages cumulés des dépenses ou revenus
sur l'axe vertical. Le coefficient de Gini est défini par le ratio de
l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite et la
courbe de Lorenz sur la somme de celle-ci et l'aire de la zone à
l'extérieur de la courbe de Lorenz.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 41 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
b. Les mesures d'entropie
généralisée (GE) Il
peut être démontré que toute mesure qui satisfait tous les
axiomes auxquels
I (y)
doivent satisfaire toute mesure appropriée
d'inégalité est un membre de la classe des mesures d'entropie
généralisée d'inégalité (Cowell, 1980, 1995,
2006).
(GE )
Les mesures d'entropie généralisée avec
les paramètres 0 et 1 deviennent par la règle de l'hôpital,
les deux mesures de Theil d'inégalité (Theil, 1967, 1979) ; la
déviation logarithmique moyenne et l'indice de Theil respectivement.
c. Les mesures d'inégalité d'Atkinson
(A)
Une autre classe de mesures d'inégalité a
été proposée par Atkinson. Cette classe dispose aussi d'un
paramètre de pondération å (qui mesure l'aversion
à l'inégalité) et certaines de ses
propriétés théoriques sont similaires à ceux de
l'indice de Gini.
d. Le ratio de dispersion
inter-décile
La mesure simple et plus largement utilisée est le
ratio inter-décile de dispersion qui présente le ratio de la
consommation moyenne de revenu des 10% les plus riches de la population sur le
revenu moyen des 10% les plus pauvres. Ce ratio peut aussi être
calculé pour d'autres centiles. Le ratio inter-décile est
directement interprétable comme il exprime le revenu des 10% les plus
riches comme un multiple de celui des 10% les plus pauvres. Cependant, il
ignore les informations concernant les revenus du milieu de la distribution et
n'utilise pas aussi les informations concernant la distribution à
l'intérieur des déciles considérés.
En outre, il faut noter que les mesures
d'inégalité n'ont pas de signification précise en termes
de concentration. En particulier, ils n'ont aucun lien direct avec le rapport
masse sur effectif alors que ce rapport pour un groupe donné est une
mesure indiscutable de son état de concentration : plus ce rapport
augmente, plus la masse se concentre sur ce groupe.
Pour appréhender l'évolution de
l'inégalité dans cette étude, on fera recours à la
classe des mesures d'entropie généralisée (GE) et
le coefficient de Gini (G).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 42 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
III.2.2. Concept et mesures de polarisation
La polarisation est un phénomène de distribution
qui capture l'étendue par laquelle la population devient groupée
de sorte qu'à l'intérieur de chaque groupe les membres sont
similaires, mais entre les groupes les membres sont très
différents (Fedorov 2002). Une distribution est polarisée lorsque
les revenus sont concentrés dans les deux quintiles extrêmes,
celui des plus riches et celui des plus pauvres. Il y a donc disparition de la
classe intermédiaire c'est-à-dire ceux disposant des revenus
moyens. La polarisation concentre donc la distribution de revenu sur plusieurs
modes polaires et implique la disparition de la classe médiane.
En outre, la polarisation n'est pas un phénomène
lié seulement au revenu. Aux Etats Unis (USA) par exemple, le
regroupement des niveaux de revenus des noirs et blancs est tout aussi
explicatif de la disparition de la classe du milieu. Il en va de même
pour le regroupement géographique (cas de la Chine, du Ghana, etc.) et
régional. La possibilité qu'une société soit
divisée en différents groupes avec une
homogénéité intra-groupe mais une
hétérogénéité entre les groupes souligne la
nécessité de mesurer la polarisation.
Des phénomènes comme « la disparition de la
classe intermédiaire » ou « le regroupement autour des
extrêmes » n'apparaissent pas être capturés de
manière aisée par les mesures standard d'inégalité.
C'est pour caractériser ces phénomènes qu'Esteban et Ray
(1994), Wolfson (1994), Tsui et Wang (1998) et Zhang et Kanbur (2001) ont
proposé des indices alternatifs de la polarisation dans la distribution
de revenu en bas et au sommet de la distribution.
a. La mesure d'Esteban et Ray (1994)
Plusieurs mesures proposées pour capter le
phénomène de polarisation sont positives. La mesure d'Esteban et
Ray a une essence normative en elle, pour ses prétentions de
(ER)
capter quelques implications comportementales à travers
la dérivation axiomatique. Les mesures d'Esteban et Ray sont
basées sur deux axiomes (identification et aliénation) dont les
principes essentiels sont :
- La polarisation augmente lorsque
l'hétérogénéité entre les groupes augmente.
La polarisation augmente lorsqu'une classe extrême s'éloigne de la
classe centrale, si et seulement si l'autre classe ne se déplace dans le
même sens.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 43 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
- Lorsque la classe centrale gagne du poids, la polarisation
baisse.
- La polarisation maximale est obtenue lorsque la distribution
est partitionnée en deux groupes homogènes, chacun comportant la
moitié de la population et situé aux extrémités de
la distribution.
b. Extension d'Esteban, Gradin et Ray (1999)
Cette extension traite les problèmes suivants de la
mesure ER :
- Sensibilité à la formation des groupes, qui
dépend presque toujours de la disponibilité des
données.
- Manque d'identification croisée entre groupes.
- Le paramètre d'aversion est neutralisé lorsqu'on
normalise la taille de chaque groupe c'est-à-dire lorsqu'on utilise les
déciles comme groupes.
La nouvelle mesure est la mesure ER corrigée
par le terme d'erreur basé sur le regroupement. Le terme d'erreur est la
différence entre l'inégalité dans la société
et l'inégalité hypothétique qui aurait été,
si l'on suppose que tous les individus dans chaque groupe ont un même
revenu égal au revenu moyen du groupe. Le terme d'erreur peut être
interprété comme un manque d'identification intérieur.
L'indice Esteban-Gradin-Ray ( ) a les mêmes
EGR
avantages que l'indiceER mais il ne peut être
utilisé que lorsque la fonction de densité de la distribution de
revenu est calculée auparavant.
c. Mesure de Foster et Wolfson
(W)
Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont proposé
un indice de polarisation lorsqu'ils discutaient des différences
conceptuelles entre polarisation et inégalité. Esteban, Gradin et
Ray (1999) note que la mesure de Foster et Wolfson est la transformation de
l'indice lorsque les groupes adjacents sont de même taille. La
polarisation maximale
EGR
serait ainsi atteinte lorsque la moitié de la population
possède un revenu nul et l'autre moitié possède deux fois
la moyenne.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 44 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
d. Mesure de Tsui et Wang (1998)
Tsui et Wang (1998) ont généralisé la
nouvelle classe des indices basés sur la mesure de Wolfson. Ils
utilisent les deux axiomes d'ordre partiel : l'augmentation de la polarisation
et l'augmentation de l'étendue de la polarisation.
e. L'indice de Zhang et Kanbur
(ZK)
Zhang et Kanbur (1999) ont suggéré un nouveau
moyen d'appréhender la polarisation et l'ont appliqué dans
l'évolution des disparités régionales en Chine,
principalement les milieux intérieurs et côtiers. L'une des
motivations de Zhang et Kanbur était le fait que les indices de
polarisation les plus populaires ont évolué de près avec
les indicateurs d'inégalité. Ils ont considéré une
façon différente de penser à la polarisation argumentant
que ce nouveau moyen de mesure est venu palier aux manquements des autres.
L'indice de Zhang et Kanbur est basée sur la
décomposition des mesures
(ZK )
d'inégalité et est donnée par le ratio de
la composante inter - groupe de la classe GE sur sa composante intra -
groupe.
f. La mesure de Duclos-Esteban-Ray
(DER)
Duclos, Esteban et Ray (2004) ont développé la
théorie de la mesure de la polarisation où les distributions sont
décrites par les fonctions de densité. Elle est une extension
naturelle de la mesure ER dans le cas des densités
continues.
La classe des mesures Duclos-Esteban-Ray ( ) et l'indice
Foster-Wolfson (W )
DER
sont les des deux mesures de la polarisation qui seront
utilisées dans cette étude.
III.2.3. Lien entre inégalité et
polarisation
Dans les années récentes, il y a eu un regain
d'intérêt face au phénomène de la polarisation. Les
débats sur les possibles différences entre
inégalité et polarisation ont attiré l'attraction des
chercheurs depuis les années 1990 (Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson, 1994
; Wolfson, 1997 ; Zhang et Kanbur, 2001 ; Rodriguez et Salas, 2003 ; Duclos et
al, 2004). Ces deux concepts ont été affirmés capter des
caractéristiques différentes de la distribution. Par
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 45 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
exemple, les phénomènes comme « la
disparition de la classe intermédiaire » ou « la concentration
autour des extrêmes » apparaissent ne pas être captés
par les mesures standard d'inégalité. Les indices
d'inégalité mesurent essentiellement l'étendue totale de
la distribution des niveaux de vie. Les indices de polarisation quant à
elles cherchent une évidence de regroupement en bas et au sommet de la
distribution de bien-être.
Une importante motivation de soulignant
l'inégalité est l'axiome Pigou-Dalton qui stipule que tout
transfert du riche au pauvre, toute chose égale par ailleurs, baisse
toujours l'inégalité. La polarisation met plus d'emphase sur le
« regroupement » ou la « disparition de la classe
intermédiaire » qui sont des phénomènes qui ne
respectent pas forcement l'axiome Pigou-Dalton. Par exemple, une redistribution
du bien-être de la classe intermédiaire aux individus
situés à l'extrémité basse de la distribution peut
certes réduire l'inégalité mais rendre la
société plus polarisée.
Ravallion et Chen (1997) ont essayé de faire ressortir
cette différence en comparant pour un ensemble de pays croisés,
l'indice de Gini à l'indice de Wolfson, et ont abouti a la conclusion
selon laquelle « il y a étonnamment une correspondance très
rapprochée entre ces deux mesures pour ces données ». La
polarisation n'est autre chose qu'une manifestation d'inégalité
où il y a presque disparition de la classe intermédiaire. Wolfson
(1994) stipulera que la distribution la plus bipolarisée est très
éloignée du milieu, de sorte qu'il y a peu d'individus ou de
familles avec un niveau de revenu médian. En addition, cet écart
est associé à une tendance bimodale ; un entassement des niveaux
de revenus médians soit au niveau des revenus faibles, soit au niveau
des revenus élevés.
Duclos, Esteban et Ray (2004) pensent que la polarisation est
un concept largement différent de l'inégalité et que ces
deux concepts peuvent en principe être liés par différents
aspects de changements sociaux, économiques et politiques.
D'après ces derniers, la polarisation est expliquée par
l'aliénation que des individus ou groupes peuvent ressentir chacun des
autres, mais cette aliénation est alimentée par des notions
d'identité intra-groupe (Duclos et al, 2004 ; Esteban et Ray, 1991,
1994). Ces auteurs définissent « un antagonisme effectif de la
société » basé sur l'addition de deux fonctions
comportementales : l'identification et l'aliénation. La polarisation est
une fonction croissante de l'homogénéité intra-groupe
(identification) et de l'hétérogénéité entre
les groupes (aliénation). En fait, les axiomes des deux effets
impliquent que les transferts progressifs qui traversent la médiane
de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 46 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
la distribution augmentent la polarisation alors que cette
dernière baisse si ces transferts prennent place dans chaque
moitié de la distribution divisée par la médiane.
L'inégalité à la différence de la
polarisation est expliquée par une aliénation interpersonnelle,
mais capture un aspect de la polarisation, ce qui explique un rapprochement
entre ces deux notions. En effet, si deux groupes sont de plus en plus
séparés par une distance économique croissante,
l'inégalité et la polarisation vont vraisemblablement
croître ensemble. Cependant, une égalité locale des
différences de revenus à deux niveaux différents de la
distribution de revenu peut baisser l'inégalité mais
accroître la polarisation.
De nombreuses études empiriques viennent
réaffirmer ces différences et similitudes entre les concepts de
polarisation et d'inégalité tout en laissant entrevoir une
recrudescence de ces fléaux tant au niveau des pays
développés, qu'en développement.
III.3. Revue de la littérature
III.3.1. Revue théorique
III.3.1.1. Théories sur les
inégalités
« Les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent
» telle est l'expression qu'utilise Loungani (2003) pour qualifier la
situation désastreuse et en perpétuelle croissance des
inégalités mondiales. Si l'on se réfère à
l'analyse de Bourguignon et Morrison (2002), le phénomène
d'inégalité est aussi vieux que le monde. Celui-ci a pris de
l'ampleur avec la révolution industrielle du XVIIIème
Siècle. En effet, cette révolution a contribué à
diviser la population en deux classes : une classe ouvrière à
très faible revenu et une classe capitaliste détentrice des
propriétés et à très haut revenu. Le débat
à cette époque tournait autour des méthodes de partage du
revenu de la production, principale cause de l'enrichissement de la classe
bourgeoise et de l'appauvrissement de la classe prolétaire.
Sen (2000) a rappelé l'obligation pour la
communauté mondiale de s'appesantir sur le problème
d'inégalité pour une meilleure intégration des plus
pauvres dans le village planétaire. Il s'agit pour lui d'analyser les
causes profondes des inégalités et d'établir le lien entre
l'inégalité, la répartition, la croissance et la
pauvreté dans le but de faire prévaloir dans le cadre des
politiques économiques un peu plus d'équité et de justice
sociale au nom de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 47 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
« l'idéal égalitaire »
prôné par les théories démocratiques. Les
progrès considérables réalisés ces dernières
années nous ont permis de mieux comprendre les relations
théoriques pouvant exister entre l'inégalité et la
croissance. Il y a environ vingt-cinq ans, le courant dominant affirmait
l'existence d'une relation inverse, due à un mécanisme
kaldorien19 simple, entre le degré d'équité de
la distribution des revenus, ou une redistribution progressive des revenus et
le taux de croissance de l'économie. Ces dernières années,
plusieurs auteurs sont arrivés à la conclusion selon laquelle, en
raison de l'inefficacité inhérente aux économies
réelles, une relation positive existerait entre le degré
d'équité de la distribution des actifs productifs et des revenus
dans une économie et son taux de croissance.
En effet, la pensée classique soucieuse
d'accroître la richesse mondiale préconisait un mode de
répartition des fruits de la révolution par essence
inégalitaire. Pour les tenants de cette école, les ouvriers ne
doivent avoir droit qu'au salaire de subsistance et la grande partie de la
richesse créée est destinée aux capitalistes qui vont
réinvestir pour accroître la richesse de la nation. Ce mode de
répartition est à l'origine des inégalités criardes
et une bipolarisation du monde entre prolétaires et bourgeois. Malthus
(1978) dans son Essai sur le principe de population s'appesantira sur
les méfaits de la redistribution tout en affirmant qu'aider les pauvres
c'est encourager la misère. Smith (1776) et Ricardo (1817) à
travers leurs théories respectivement des avantages absolus et des
avantages comparatifs justifieront un comblement de l'écart au niveau de
la répartition ou des distributions initiales par le commerce ou
l'échange.
C'est Mill (1873) qui, dans ses Principes
d'économie politique proposera un mode de répartition qui
s'éloigne un peu de ceux de ses prédécesseurs. Pour lui,
les profits naissent non seulement pas du jeu des échanges et de
l'accroissement du capital, mais aussi de la puissance productive du travail.
Il préconise ainsi le partage de la valeur ajoutée entre
salariés et capitalistes à travers un interventionnisme
étatique vue que le marché est incapable d'assurer ce partage. Il
s'oppose avec énergie à toute idée d'égalitarisme,
mais tolère une justice sociale
19 Pour l'école de pensé classique,
la croissance économique est basée préalablement sur le
degré d'accumulation du capital où un niveau élevé
du profit constitue aussi bien une source d'épargne qu'une incitation
à l'investissement (Kaldor, 1957). Toute politique de réduction
des inégalités à travers une redistribution des revenus
des riches entraînerait une baisse du taux de l'épargne et, de ce
fait, celle du taux de croissance de l'économie.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 48 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
dans un capitalisme tempéré et
préfère la liberté à l'égalité. Les
théoriciens néoclassiques expliquent l'inégalité de
revenus par l'inégalité de salaires qui est due aux
différences de productivité car la rémunération se
fait à la productivité marginale.
Les idées de Mill bien qu'annonçant la
thèse socialiste quant à la redistribution ne font guère
de lui un précurseur de la pensée socialiste. L'un des pionniers
de la pensée moderne socialiste est l'économiste français
Proudhon. Ce dernier, en 1840, s'oppose farouchement à l'exploitation
ouvrière par le système de propriété. Pour lui,
« la propriété c'est le vol » et c'est l'appropriation
de la force collective par les capitalistes qui est à l'origine des
inégalités de revenus. La plus grande critique de
l'économie politique et de l'orthodoxie économique
présentée par la branche classique est l'oeuvre de Marx (1862).
Pour ce dernier, c'est le mode de répartition capitaliste qui est
responsable des inégalités. Marx prédit la chute du
capitalisme par l'instabilité de son évolution (baisse
tendancielle du taux de profit). Le capitalisme sera donc renversé par
un soulèvement des prolétaires et une instauration de leur
dictature qui mettra fin à la misère du monde. Le problème
du socialisme est en fait celui de la répartition et son but en
économie est de parvenir aux lois qui régissent une
répartition égalitaire et harmonieuse dans une
société.
La crise de 1929 viendra atténuer l'opposition entre
classiques et socialistes. De même, les idées de Keynes (1936)
apporteront un tempérament aux controverses classiques - socialistes.
Keynes considère en effet la vision classique du marché comme
mode de régulation de l'activité économique mais
recommande l'intervention de l'Etat pour rétablir les grands
déséquilibres causés par les imperfections des
mécanismes du marché. Cette théorie de l'interventionnisme
de l'Etat dans la redistribution des revenus a aussi été
défendu par les économistes de l'école du choix qui ont
affirmé la nécessité de donner des moyens à l'Etat
pour mettre sur pied un système de redistribution qui permette à
la fois de ne pas trop perturber les mécanismes du marché et les
incitations qu'il offre aux individus tout en préservant les vertus
d'égalité.
Banerjee et Newman (1993), Galor et Zeira (1993), Aghion et
Bolton (1997) mettront en évidence la relation négative entre la
croissance et l'inégalité à travers la théorie de
l'imperfection du marché du capital. D'après cette
théorie, dans un pays caractérisé par une grande
inégalité, seul un petit nombre d'individus ont la
possibilité d'entreprendre des projets rentables (puisque l'accès
à un projet dépend de la richesse initiale). Redistribuer les
richesses
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 49 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
d'un individu riche à un individu ayant un capital d'un
montant juste inférieur au seuil est susceptible d'accroître le
pourcentage total des individus qui investissent ce qui accélère
indéniablement la croissance.
III.3.1.2. Théories sur la
polarisation
De manière heuristique, la polarisation requiert que
les membres de la société soient classés en de groupes
différents. Chaque groupe est caractérisé par la
ressemblance des attributs de ses membres. Ces attributs diffèrent entre
les groupes. Pendant que l'inégalité régionale
s'intéresse à la distribution totale d'un indicateur
régional particulier, la polarisation régionale assigne ces
régions à une catégorie spécifique basée sur
nombres de caractéristiques communes et mesure alors les
différences entre ces catégories (Fedorov, 2002). Cet auteur veut
ainsi montrer la nécessité de prendre des mesures qui, en plus
des inégalités vont lutter efficacement contre la polarisation
dont les conséquences sont plus aiguës sur la croissance et la
pauvreté.
En effet, la polarisation est source d'instabilité et
de violence politique dans la société. Il est plus difficile
à l'Etat de maintenir la stabilité et la démocratie
lorsque les majeures sources de gains économiques sont
distribuées de manière inégale et surtout lorsque la
société est polarisée. Il est possible que la
réduction de l'inégalité conduise à moins de
violence. Cependant, cette prédiction peut ne pas tenir si la baisse de
l'inégalité est accompagnée d'une augmentation de la
polarisation. Par conséquent, la polarisation est une source potentielle
de nouvelles informations sur la distribution de richesse dans la
société et son impact sur d'autres issues politiques et
économiques telles l'instabilité, la croissance et le
développement.
Alesina et Parotti (1993), par l'approche
politico-économique20 montreront qu'il y a une
corrélation positive entre l'inégalité, la polarisation et
le degré d'instabilité politique et aussi entre ces derniers et
le niveau d'investissement. Ainsi, pour eux, la polarisation engendre
l'instabilité politique, qui à son tour déprime le niveau
d'investissement et donc retarde la croissance.
20 Le modèle « d'économie
politique » représentant la relation négative,
résultant d'un processus de décision public, entre le taux de
croissance de l'économie et le degré d'inégalité de
la distribution du capital humain et/ou physique, et par conséquent
celui de la distribution des revenus est représentatif de la
première vague de travaux récents sur la relation entre la
croissance, l'inégalité et la polarisation. Il a
été initié par Bertola (1993), Alesina et Rodrick (1994)
et Persson et Tabellini (1994).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 50 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Persson et Tabellini (1994) ont, à leur tour,
montré en utilisant le modèle politicoéconomique de
croissance et intégrant les données statistiques de 56 pays pour
la période 1960-1985, qu'il existait une relation négative entre
l'inégalité, la polarisation et la croissance. En effet, la
polarisation suscite des pressions de la couche la plus
défavorisée de la société ce qui amène les
autorités gouvernementales à adopter des politiques
économiques populistes qui ne tiennent pas compte des droits de
propriété et qui ne permettent pas une totale appropriation
privée des bénéfices de l'investissement.
Cependant, l'approche politico-économique a
été remise en question parce qu'il existe des pays où la
distribution des revenus est inéquitable et polarisée mais pas
d'instabilité politique. Les partisans de cette approche
répondent à cette critique par le fait qu'il existe deux sortes
de polarisation : la polarisation légitime c'est-à-dire celle qui
est socialement acceptable et donc le degré varie selon les
sociétés et la polarisation illégitime qui est souvent
marquée par l'existence d'une pauvreté très rependue et
qui est source d'instabilité. C'est cette dernière qui nuit
à la croissance.
III.3.2. Revue empirique
III.3.2.1. Evolution des inégalités dans le
monde
Les études empiriques relatives aux
inégalités sont nombreuses. Elles nous permettent de
réaliser à quel point les inégalités ont
augmenté dans le monde et combien la pauvreté est devenue
insoutenable.
Selon le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD)21, à la fin des années
quatre-vingt, la quasi-totalité des 60% les plus pauvres de la
population mondiale, qui ne perçoivent que 5,6% du revenu mondial, vit
dans les pays du Tiers-monde. Les 20% les plus pauvres ne se partagent que 1,4%
du revenu mondial, alors que les 20% les plus riches,
quasi-intégralement composés d'une population vivant dans les
pays développés se partagent 82,7% de ce revenu. On assiste donc
à de très fortes inégalités qui se sont
accentuées depuis 30 ans : les 20% les plus riches de la population
mondiale avaient en 1960 un revenu 30 fois supérieur à celui des
20% les plus pauvres, en 1995, ce rapport était de 8222. En
1997, les 225
21Programme des Nations Unies pour le
Développement (1992), Rapport mondial sur le développement
humain, Economica, p. 97 et suivante.
22PNUD, (1998), Rapport mondial sur le
développement humain, Economica, p.32
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 51 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
plus grosses fortunes du monde représentent
l'équivalent du revenu annuel des 47% d'individus les plus pauvres de la
population mondiale (2,5 milliards de personnes).23
On note à travers les travaux de Valier (2000), une
forte augmentation de la pauvreté et de l'inégalité en
Amérique Latine durant la décennie quatre-vingt. Ceci est due
à la crise économique des années 80 qui a eut un triple
effet : accroissement du nombre de pauvres faisant suite à la baisse des
années 70, approfondissement de leur pauvreté, en particulier
celle des couches déjà plus pauvres - la brèche de
pauvreté se creuse - et l'accentuation des inégalités
entre riches et pauvres et entre pauvres eux-mêmes.24 Une
étude de la Commission Economique pour l'Amérique Latine (CEPAL)
de l'Organisation des Nations Unies (ONU) montre que durant les phases de
récession des années 80, sur quinze cas observés en
Amérique latine, les revenus des 40% les plus pauvres diminuent quinze
fois tandis que ceux des 10% les plus riches augmentent dans huit
cas.25 Pour l'ensemble de l'Amérique latine, durant la
décennie quatre-vingt, les 10% les plus riches de la population voient
leur part dans le revenu augmenté de plus de 10% tandis que celle des
10% les plus pauvres diminue de 15%.26
En Asie, dans les années 80, la croissance est encore
forte. Par ailleurs, l'inégalité dans la répartition des
revenus est beaucoup moins ample en Afrique qu'en Amérique
latine.27 Dans une étude réalisée à
partir de données de la seconde moitié des années 80, la
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
(CNUCED) a classé les pays selon le degré
d'inégalité dans la répartition des revenus. On voit donc
que dans le groupe des pays le plus inégalitaire, où les 20% les
plus riches reçoivent plus de 60% du revenu, et les 40% les plus
pauvres, 10%, il y a quatorze pays tous africains ou latino- américain
à l'exception de la Thaïlande, le Brésil arrivant en
tête des inégalités. Au contraire, on constate que la
plupart des pays d'Asie, Hong Kong, Singapour, Corée du Sud,
Taïwan,
23Ibid., p.33. Le chiffre est significatif
même si l'on tient compte que dans un cas, il s'agit d'un stock, et
l'autre de flux. Ces 225 fortunes se répartissent ainsi : 143 dans les
pays de l'OCDE, 43 en Asie, 22 en Amérique latine et Caraïbes, 11
dans les pays arabes, 4 en Europe de l'Est et dans la CEI, 2 en ASS.
24Les coefficients de Gini passent en Argentine de
0,365 en 1980 à 0,423 en 1990, au Brésil de 0,5944 en 1979
à 0,6331 en 1989.
25 Les mêmes politiques qui aggravèrent
la pauvreté, fournirent à ceux qui disposaient de revenus
élevés des possibilités de s'enrichir, en souscrivant
à des titres publics indexés au cours du Dollar.
26 Banque Interaméricaine de
développement, Rapport 1998, pp.14-15.
27 Les coefficients de Gini, en 1988, sont de 0,32 en
Asie de l'Est, 0,31 en Asie du Sud, 0,44 en Afrique, 0,49 en Amérique
latine.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 52 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Indonésie, figurent dans les deux groupes les moins
inégalitaires, où les 20% les plus riches reçoivent 40
à 50% du revenu, et les 40% les plus pauvres, 20%.
Les études de Giddens (2000) révèlent une
augmentation des inégalités aux Etats-Unis entre 1960 et 1996.
Pour cet auteur, cette recrudescence des inégalités est due aux
changements technologiques, à l'accroissement démographique, aux
changements du modèle de travail au sein des familles et à
l'esprit des revenus financiers. Moins de 30% de l'augmentation des
inégalités aux USA entre 1969 et 1992 sont liés aux
inégalités entre les travailleurs.
En France, Fitoussi et Rosanvallon (1996) ont noté la
présence des inégalités dans de nombreux domaines tels que
l'emploi, la santé et le logement. Il faut noter en ce qui concerne les
pays développés que la nette amélioration du niveau de
bien-être cache une certaine persistance de l'inégalité.
Ainsi, les inégalités existent dès la naissance,
persistent tout au long de la hiérarchie professionnelle et se
prolongent pendant les années de retraite.
Les inégalités dans les pays en
développement et en particulier celles de l'ASS sont plus
prononcées que dans les pays développés. Nombres
d'études ont été axées sur les
inégalités et la polarisation dans cette région. Nous
pouvons citer entre autre celles de Lachaud (2005) au Burkina Faso qui note une
réduction de l'inégalité de niveau de vie des
ménages et des autres membres du groupe et l'amélioration du taux
d'emploi par ménages.
Les études de Montaud (2002), qui analysent
l'évolution des inégalités dans quatre pays de l'ASS,
aboutissent aux résultats selon lesquels les composantes
démographiques et les revenus primaires contribuent largement à
renforcer les inégalités de vie urbaines alors que les revenus de
transfert semblent jouer un rôle marginal.
Baye (2008) dans son étude, trouve que
l'inégalité nutritionnelle et l'inégalité de revenu
évoluent de manière contradictoire au Cameroun. Pour cet auteur,
l'inégalité de nutrition a augmenté de 27 points de
pourcentage pendant que l'inégalité de revenu a baissé de
2,7 points de pourcentage. Il trouve aussi que selon les deux dimensions
(revenu et santé) considérées, les évolutions
d'inégalité sont plus une inquiétude rurale qu'urbaine au
Cameroun quoiqu'en termes de niveaux, l'inverse soit vrai dans la dimension
revenu.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 53 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Baye et Fambon (2002) nous permettent dans leur étude
sur la décomposition de l'inégalité dans la distribution
du niveau de bien-être de constater de grandes inégalités
dans la distribution des revenus associés aux faibles ratios de
pauvreté au Cameroun.
Ainsi, l'inégalité, que l'on se place du
côté des pays développés, en transition ou en
développement, à eu une évolution similaire qui va de
manière croissante. Cette évolution croissante est aussi
marquée par une disparition progressive de la classe des revenus
intermédiaires et une division bimodale des revenus,
caractéristique de la polarisation.
III.3.2.2. Evolution de la polarisation dans le
monde
Plusieurs études empiriques ont été
faites pour mettre en exergue l'évolution de la polarisation au fil du
temps. Ainsi, certaines études dédiées à
l'inégalité dans les pays de Nafta,28 ont
alimenté les discussions non nécessairement sur
l'inégalité mais sur l'évolution de la polarisation.
D'après elles les changements dans la distribution des gains aux USA
dans les années 80 et 90, sont caractérisés par une
croissance des parts de revenus des ménages recevant les salaires les
plus hauts et les plus bas. Ceci reflète donc l'acception populaire de
disparition de la classe intermédiaire discutée ces
dernières années, et qui est caractéristique du
phénomène de polarisation.
Plus récemment, les observations similaires ont
été faites sur la distribution de revenus dans les pays en
transition. Il a été démontré que la distribution
des revenus en Russie est devenue bimodale, avec un nombre assez important de
la population groupé autour du niveau de revenu faible, une disparition
de la classe médiane, et une augmentation de la classe des riches ;
« les nouveaux Russes ».
La polarisation n'a pas été qu'un
phénomène propre aux économies développées.
Ainsi, Li (1996) dans son étude a montré que la chine est devenue
une société polarisée en deux dimensions : rural-urbain et
interne-côtier. En effet, les écarts internes-côtiers et
ruraux- urbains sont devenus inquiétants en chine.29
Modéré au début des reformes dans les années 1970,
ils ont cru considérablement dans les années 1980 et 1990.
28 North American Free Trade Agreement, anglicisme de
ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Americain).
29 Lyons, 1991 ; Tsui, 1991, 1996 ; Chen et Fleisher,
1996 ; Jian et al, 1996 ; Jalan et Ravallion, 1998 et Zhang et Kanbur,
1999).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 54 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Alby (2006) dans son étude sur
l'inégalité et la polarisation de l'économie formelle de
la Côte d'Ivoire arrivera à la conclusion selon laquelle la
polarisation a augmenté sur le marché de travail formel ivoirien
et que la catégorie de travailleurs apparaît comme le
déterminant principal du niveau de polarisation observé. Dans le
même ordre d'idées, Awoyemi et al (2006) ont examiné
l'évolution et l'origine de la polarisation, de la bipolarisation et de
l'inégalité dans la distribution régionale du revenu par
tête et comment ces derniers contribuent à la pauvreté au
Nigeria. Leur étude montre une relation positive entre
l'inégalité, la polarisation et la découverte des puits de
pétrole au Nigeria. Au Ghana, par contre, Vanderpuye-Orgle (2002) montre
que la polarisation est un phénomène spatial. Les
résultats de son étude établissent que la population
ghanéenne est regroupée et la polarisation y est croissante.
Baye (2008) note qu'en termes de niveaux, la polarisation est
plus un problème urbain et semi urbain que rural au Cameroun. Cependant,
l'évolution de ce phénomène montre une augmentation de la
polarisation en milieu rural. Cet auteur vérifie que
l'inégalité et la polarisation sont plus corrélées
que distinct au Cameroun. La montée des comportements malsains tels la
corruption et autres vices de la société camerounaise a
favorisé la disparition de la classe des populations à revenus
moyens, ce qui insinue une recrudescence du phénomène de la
polarisation.
En outre, que ce soit dans les pays développés,
en transition ou en développement, la polarisation est un
phénomène réel qui prend de plus en plus de l'ampleur.
Elle est souvent source de conflit et de rébellion (Garcia-Montalvo et
Reynal-Querol, 2002) et son comportement de même que celui de
l'inégalité vis à vis de la croissance détermine
son aptitude à être combattu.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 55 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Tableau 6 : Récapitulatif de quelques
travaux empiriques sur l'inégalité et la polarisation
Auteurs
|
Année
|
Travaux
|
Période
|
Pays
|
Mesures
|
Taux
|
Varia- tion
|
CNUCED
|
1988
|
Inégalité
|
Années 80
|
Asie de l'Est
|
Gini
|
0,32
|
|
Asie du Sud
|
Gini
|
0,31
|
|
Afrique
|
Gini
|
0,44
|
|
Amérique latine
|
Gini
|
0,49
|
|
Canagarajah et al.
|
1997
|
Mesure de l'inégalité
|
1985-1992
|
Nigeria
|
Gini
|
44,9%
|
+6,8%
|
Valier
|
2000
|
Inégalité
|
1980-1990
|
Argentine
|
Gini
|
0,423
|
+0,158
|
Brésil
|
Gini
|
0,633
|
+0,038
|
Hourriez et Roux
|
2000
|
Inégalité
|
1970-1997
|
France
|
Gini
|
0,25
|
-0,07
|
Theil
|
0,11
|
-0,06
|
A(-0,25)
|
0,12
|
-0,08
|
A(0,25)
|
0,08
|
-0,04
|
INS
|
2002
|
Inégalité
|
1996-2001
|
Cameroun
|
Gini
|
0,408
|
+0,002
|
Baye et Fambon
|
2002
|
Inégalité
|
1984-1996
|
Cameroun
|
Gini
|
0,406
|
-0,016
|
Entropie
|
0,269
|
-0,029
|
Baye et Fambon
|
2002
|
Inégalité dans la distribution des
niveaux de vie
|
1996
|
Cameroun
|
GE(1)
|
0,3170
|
|
GE(0)
|
0,2694
|
|
G(2)
|
0,4060
|
|
Vanderpuye- Orgle
|
2002
|
Inégalité, polarisation
|
1987-1998
|
Ghana
|
Gini
|
0,418
|
+0,036
|
GE(0)
|
0,300
|
+0,064
|
Andalon et Lopez-Calva
|
2002
|
Inégalité et polarisation
|
Années 90
|
Mexique
|
Gini
|
0,441
|
+0,072
|
Theil
|
0,3 89
|
+0,048
|
GE(0)
|
0,341
|
+0,086
|
ZK
|
0,019
|
+0,00
|
W
|
0,4 13
|
+0,028
|
Lachaud
|
2005
|
Inégalité
|
Années 80
|
Burkina Faso
|
Gini
|
0,472
|
+0,045
|
Alby
|
2006
|
Inégalité et polarisation
|
1999-2002
|
Côte d'Ivoire
|
Gini
|
0,539
|
-0,009
|
CV
|
1,307
|
-0,108
|
Theil
|
0,530
|
-0,038
|
Wolfson
|
0,635
|
+0,006
|
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 56 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Dayioglu et Baslevent
|
2006
|
Inégalité et polarisation
|
1990-2000
|
Turquie
|
Gini
|
0,556
|
0,016
|
CV
|
21,36
|
+3,93
|
A(1)
|
0,399
|
+0,021
|
Araar et Awoyemi
|
2006
|
Inégalité
|
Années 90
|
Nigeria
|
Gini
|
0,46
|
|
Baye
|
2008
|
Pauvreté, Inégalité
et Polarisation
|
1996-2001
|
Cameroun
|
Gini-Revenu
|
0,429
|
-0,027
|
Gini-Santé
|
0,404
|
+0,270
|
GE(1)-
Revenu
|
0,364
|
-0,035
|
GE(1) - Santé
|
0,428
|
+0,417
|
Wolfson
|
0,360
|
-0,025
|
DER(1)
|
0,214
|
-0,018
|
Source : Compilé par l'auteur
III.4. Conclusion
En somme, la place qu'occupe le problème
d'inégalité et de polarisation dans l'élaboration des
politiques de lutte contre la pauvreté amène les chercheurs en
économie, de même que la classe politique à s'interroger
sur la manière la plus efficace de résorber ces derniers pour une
efficience des politiques de redistribution adoptées.
L'inégalité et la polarisation ont donc pris de l'ampleur sur la
scénette internationale, le fossé entre riches et pauvres s'est
profondément creusé au fil du temps. Les nouvelles
théories qui mettent en exergue la relation négative entre
l'inégalité, la polarisation et la croissance contrairement
à l'ancienne conception font de l'inégalité et la
polarisation des problèmes cruciaux de l'économie qu'il faille
résoudre pour une meilleure équité dans le
développement. La croissance des pays en développement, dont le
Cameroun, est liée à une réduction des
inégalités et de la polarisation.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 57 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Chapitre IV :
METHODOLOGIE ET DONNEES
D'ANALYSE
IV.1. Introduction
De façon générale, pour comparer
l'inégalité et la polarisation au cours du temps, l'on doit non
seulement disposer des séries d'enquêtes consécutives
auprès des ménages, mais également adopter une
méthode qui rende les mesures comparables et qui reflète le
coût différencié de la vie des régions, secteurs et
dates. Le cadre d'analyse de l'inégalité et de la polarisation
requiert une décision sur deux problèmes importants :
l'unité d'analyse et le choix de différentes mesures qui
reflètent l'entière distribution des revenus ou dépenses.
Les données d'enquête ECAM I et ECAM II nous amènent
à considérer la distribution des dépenses par
équivalent-adulte comme mesure de bien-être. Nous allons donc
mesurer l'inégalité et la polarisation entre les dépenses
par catégorie de ménages.
IV.2. Mesures d'inégalité et de la
polarisation et leur décomposition IV.2.1. Mesures de
l'inégalité
Comme nous l'avons souligné dans le chapitre
précédent, plusieurs mesures on été
proposées dans la littérature pour caractériser
l'inégalité dans la distribution des revenus / dépenses.
Nombres de ces mesures satisfont aux quatre premiers axiomes définis
pour toute mesure appropriée d'inégalité à savoir
l'indépendance à la moyenne, l'indépendance à la
taille de la population, la sensibilité au principe de transfert
Pigou-Dalton et la symétrie. Le cinquième axiome (la
décomposition) n'est pas toujours satisfait par certaines mesures. La
classe des indices d'entropie généralisée satisfait
à cet axiome de part ses propriétés d'invariance à
l'échelle et d'invariance à la reproduction (Shorrocks, 1980,
1984). Cowell (1995) montre que toute mesure qui satisfait tous les axiomes
décrits plus haut, est un
I (y)
membre de la classe des mesures d'entropie
généralisée d'inégalité .
(GE )
La popularité de l'indice de Gini garantit son
inclusion dans chaque étude d'inégalité. Cet indice, bien
que très populaire ne peut être décomposable que lorsque
les revenus des différents sous-groupes formés ne chevauchent
pas. En d'autres termes, l'indice de Gini n'est
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 58 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
décomposable que lorsque les revenus d'un sous-groupe
inférieurs sont tous inférieurs à ceux de l'autre
sous-groupe.
a. Le coefficient de S-Gini
La mesure simple d'inégalité la plus largement
utilisée est le coefficient de Gini. Celui-ci est basé sur la
courbe de Lorenz ; cette courbe de fréquence cumulative qui compare la
distribution d'une variable spécifique (exemple : le revenu, la
dépense, etc.) à celle de la distribution uniforme qui
représente l'égalité.
Pour construire la courbe de Lorenz, on représente les
pourcentages cumulés des individus ou ménages (partant des
pauvres aux riches) sur l'axe horizontal et les pourcentages cumulés des
dépenses ou revenus sur l'axe vertical.
Le coefficient S-Gini est donné par la formule :
1
G x ñ p L x p k p ñ
dp
( ) ( ) ( ; )
= ? [ - ](1)
0
Où
- Lx (p) est la courbe de Lorenz
pour une distribution des dépenses (ou de revenu) x.
Elle indique le pourcentage des dépenses totales d'une
société qui sont détenues par les p %
individus les plus pauvres. Sa définition formelle est la
suivante pour des valeurs de percentiles p variant de 0 à 1
:
L x
( )
p
x 0
1
u
- 1
( )
p
F x
y
.dF x
( )
y
(2)
?
Fx 1 p
- est la fonction inverse de répartition des
dépenses, la fonction de répartition
( )
des dépenses étant notée par p =
F x (y) ;
- ux est la moyenne des dépenses ;
- k(p; ñ) est une fonction
qui génère à différents percentiles p, des
poids éthiques applicables aux distances entre les courbes de Lorenz et
la ligne de 45°. Sa forme fonctionnelle30 est donnée par
:
( 2 )
k p ñ ñ ñ ñ
( ; ) ( 1)(1 ) -
= - - ñ (3)
30 Cette forme fonctionnelle a été
proposée par Yitzhaki (1983, 1994) et Donaldson et Weymark (1980).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 59 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
qui ne dépend que de la valeur du seul paramètre
ñ31.
Plus la valeur de ñ est élevée,
plus les poids éthiques se déplacent vers les percentiles p
les plus faibles. Pour des valeurs de ñ tendant vers
l'infini, on ne mesure la distribution des dépenses qu'à partir
du sort réservé aux plus pauvres. Plus Lx
(p) s'éloigne de p, plus Gx (p
) augmente.
Si ñ = 2, on obtient le coefficient de Gini
standard32 qui est l'un des indicateurs
d'inégalité le plus utilisé et se calcule
facilement à partir de la courbe de Lorenz. Par
définition et
en terme de graphique, ce coefficient est définie par le rapport A
(A + B),
A étant l'aire de la zone entre la diagonale
d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz et B l'aire de
la zone à l'extérieur de la courbe de Lorenz. Certains auteurs
proposent que l'on se contente d'une valeur approchée de ce coefficient
en évaluant l'aire de la région délimitée par la
courbe de Lorenz et la diagonale d'égalité parfaite qu'on
multiplie par deux33.
Une formule générale de calcul du coefficient de
Gini pour une distribution de dépense entre n individus est
donnée par l'expression suivante (Morrisson, 1996) :
1(4)
u
G
2 n 2
?? yi-
yj
Où u est la dépense moyenne de la
population totale et et sont les dépenses
yi yj
des individus i et j. Le calcul du
numérateur est plus aisé si l'on organise les informations
en
une matrice carrée d'ordre (H*H) dont l'élément mesure la
valeur absolue de la
( i , j )
différence entre la dépense de la ligne et celle de
la colonne
ij.
Lambert (1993) a proposé une formule équivalente
à la précédente dans le cas où n est
suffisamment grand. Lorsque les unités de dépense sont
classées par ordre croissant du niveau de dépense, cette formule
est donnée par :
31 Pour une généralisation à deux
paramètres de cette forme, voir Duclos (1997).
32 Si ce qui signifie que la répartition est
complètement inégalitaire. Il est impossible d'avoir car si
G = 1 G = 1
tel est le cas, cela suppose qu'un des segments constituants
la courbe de Lorenz aurait une pente non définie, ce qui est impossible,
les pentes étant différentes de 0. Si G = 0 ce qui
signifie que la répartition est égalitaire (il n'y a donc pas
d'aspect de concentration).
33 Les proportions cumulées varient de
zéro à un et l'aire en dessous de la diagonale est égale
à 1 2 ; d'où G = 2A =1- 2B
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 60 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
1 2( 2 1 3 2 1 )
y y y Hy
H + H + H + +
- - K (5)
H u
G = + -
1H 2
Où H est le nombre d'individus.
Lerman et Yitzhaki (1989) ont démontré que le
coefficient de Gini peut être calculé à partir de la
covariance entre le niveau de revenu et leurs rangs. On a :
G cov ( F ( p ), p
2 - 1
=
u
|
) (6)
|
Une propriété intéressante du coefficient
de Gini standard est qu'il est égal à la moitié de la
moyenne normalisée de la distance moyenne entre tous les niveaux de vie.
Ainsi, si le coefficient de Gini obtenu est de , l'interprétation est
que la distance moyenne entre les
0,3
niveaux de vie de cette distribution est de l'ordre de de la
moyenne.
60%
Le coefficient de Gini n'est pas décomposable ou additif
en sous-groupes c'est-à-dire que le Gini total n'est pas égal
à la somme des Gini des sous-groupes.
b. La classe des indices d'entropie
généralisée
La classe des mesures d'entropie généralisée
est donnée par la formule générale suivante :
1 ? n
1 ? y ? ?
á
? ? ? - 1 ? (7)
á = ?=
i
GE ( )
- ? n i ?
á ( á 1)
? ? y
1 ? ?
Où est le nombre d'unité dans l'échantillon,
nyi est la dépense par équivalent adulte
1
y = ?= yi
n i 1
dans le ménage , et
i i = 1,2, K , n
n
est la moyenne arithmétique des dépenses.
Les valeurs des mesures GE varient entre 0 et 8, avec
zéro représentant des niveaux de dépenses égales
c'est-à-dire que toutes les dépenses sont identiques et les
valeurs élevées de GE représentant des hauts
niveaux d'inégalité. Le paramètre á dans
la classe GE représente le poids donné aux distances
entre dépenses à différentes parties de la
distribution,
et peut prendre toute valeur réelle. Pour des faibles
valeurs de
|
á, est plus sensible aux
GE
|
variations dans le voisinage de l'extrémité gauche
de la distribution et pour des valeurs élevé de
á, est plus sensible aux changements qui affectent le
côté riche (extrémité droite).
GE
Les valeurs communément utilisées de
á sont 0, 1 et 2. Ainsi, la valeur á = 0
accorde plus
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 61 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
de poids aux distances entre les dépenses du voisinage
de l'extrémité gauche de la distribution (faibles
dépenses), á = 1 applique des poids égaux
à travers la distribution, tandis que la valeur á =2
donne proportionnellement plus de poids aux écarts à
l'extrémité droite de la distribution où les
dépenses sont élevées.
Les différentes variantes des mesures d'entropie
généralisée sont :
- Pour á = 0, on a la déviation
logarithmique moyenne. Elle est ainsi appelée parce qu'elle donne
l'écart type de log(y). On a :
n
(8)
(9)
1 n ? y ?
?= ?
i 1 ? y ?
GE (0)
log ? i
- Pour á = 1, on a l'indice de Theil qui est
donnée par :
n
1 y ? y ?
i
T GE
= = ?= y
(1) i log ? ?
n y
i 1 ? ?
- La mesure GE avec le paramètre á
= 2 devient la moitié du carré du coefficient de variation
(CV). On a :
GE = i = (10)
(2) CV
var( )
2 y 2 2
y 1 ( )2
CV
et
?
??
2
n
1 1
? ?=
y n
?? i 1
1
2
( )
y i y
-
(11)
Cette mesure d'inégalité est décomposable
exactement en groupes, ce qui est très utile dans notre étude. En
effet, les mesures d'inégalité décomposables en groupes
ont l'avantage d'être utilisées pour diviser une
inégalité globale en inégalité au sein des
différents groupes et les inégalités entre ces groupes
afin d'identifier l'effet potentiel sur l'inégalité globale des
stratégies visant à réduire les disparités entre
ces groupes.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 62 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
c. Décomposition statique34 de
l'inégalité des dépenses
La décomposition par sous-groupes requiert que
l'inégalité totale soit liée de manière consistante
aux sous-groupes dans la partition (Bourguignon, 1979)35. La mesure
d'inégalité pour toute la population doit être exprimable
comme une moyenne pondérée de la même mesure pour les
différents groupes (composante intra-groupe), plus la mesure
d'inégalité pour toute la population où chaque membre
reçoit le revenu moyen de son groupe (composante inter-groupe).
La décomposition de l'inégalité des
dépenses par sources36 de revenu est inappropriée dans
cette étude puisque les données relatives aux dépenses
dans nos deux bases de données sont insuffisantes pour étudier le
niveau de vie.
Pour cette étude, nous allons mettre l'accent sur la
déviation logarithmique de Theil GE(0), la mesure de Theil et
la variance du logarithme des dépenses .
GE(1) GE(2)
Lorsque l'inégalité totale est
décomposée en sous-groupes de population, la
( Itotale )
classe d'entropie généralisée peut
s'exprimer comme la somme de l'inégalité inter-groupe
(Iinter) et de l'inégalité intra-groupe .
( I int ra )
k
L'inégalité intra-groupe peut être
définie par : , avec
I ra w j GE j
int (á)
= ?
j=1
w j v j f j
á - á
1
=
|
, où est la portion de population correspondant au
groupe , et
fj j j = 1,2, K , k
|
vj
|
est la part de dépenses de chaque partition .
j
|
L'inégalité inter-groupe est définie par
l'expression suivante:
34 Nous n'utiliserons pas dans ici la
décomposition dynamique qui décompose l'inégalité
totale en trois composantes : l'effet d'allocation (qui est obtenu en faisant
varier le nombre de ménages dans différentes partitions), l'effet
revenu (qui vient des changements dans les revenus relatifs entre les
partitions) et finalement l'effet d'inégalité pure (qui est
obtenu en faisant varier l'inégalité à l'intérieur
des partitions). L'arithmétique est ici compliquée pour certaines
mesures, donc cette décomposition est de manière usuelle
appliquée uniquement à GE(0) (Mookerjee et Shorrocks,
1982).
35 D'autres formes de décomposition ont
été proposées par des auteurs tels Chameni, 2006,
Shorrocks, 1982, etc.
36 La décomposition par source ne divise pas
la population en plusieurs groupes. Elle divise plutôt le revenu de tout
le monde en plusieurs sources. Dans ce cas, l'inégalité totale
pourrait être divisée en somme pondérée
d'inégalités par sources de revenu, en tenant compte
explicitement ou implicitement de la covariance entre les sources de revenu.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 63 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Iint er
á
? k
1 ? y ?
? f j ? -
á á y
j ?
- ? ? ?= 1
( 1) j 1 ? ?
où yj est la moyenne de la
dépense de chaque partition j.
Cowell et Jenkins (1995) ont montré que les composantes
inter et intra groupes de l'inégalité sont liées à
l'inégalité totale par la relation simple suivante :
Itotale = Iintra +
Iinter (13)
Par conséquent, ils ont suggéré une mesure
synthétique , du montant de l'inégalité
Rb
expliqué par les différences entre groupes avec
une caractéristique particulière ou un
ensemble de caractéristiques. s'exprime par la formule
suivante :
Rb
Rint
b I
= I
totale
er
(14)
Ainsi, nous pouvons conclure que si de l'inégalité
totale est expliquée par les
x%
inégalités inter-groupes, alors (100 -
x)% est expliquée par les inégalités
intra-groupes (Cowell et Jenkins, 1995 ; et Ahuja et al, 1997). En augmentant
le nombre de partitions, nous pouvons mettre en évidence les effets d'un
grand nombre de facteurs.
IV.2.2. Mesures de la polarisation
a. La mesure de Foster-Wolfson
Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont proposé un
indice de polarisation (W ) lorsqu'ils discutaient des
différences conceptuelles entre polarisation et
inégalité.
W
)
2(2 T Gini
-
Où T=0,5-L(0,5)
L(0,5) est la part de revenu de la moitié
inférieure de la population (la population est divisée en deux
groupes séparés par la valeur médiane) et est le ratio de
la médiane sur la
m tan
moyenne.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 64 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Wolfson (1994) normalise l'indice arbitrairement de sorte qu'il
prend des valeurs entre
0 et 1.
Estéban, Gradin et Ray (1999) note que la mesure de Foster
et Wolfson est la transformation de l'indice EGR si les groupes
adjacents sont de même taille.
Une façon alternative d'exprimer W d'après
Zhang et Kanbur (1999) est :
m (17)
Où u * est le revenu moyen corrigé
(u* = u(1 - Gini)). est le revenu moyen de la
u L
première moitié de la population et m est
la médiane de la population.
La polarisation maximale serait ainsi atteinte lorsque la
moitié de la population possède un revenu nul et l'autre
moitié possède deux fois la moyenne.
b. La mesure de Duclos-Estéban-Ray
(DER)
Duclos, Estéban et Ray (2004) ont développé
la théorie de la mesure de la polarisation où les distributions
sont décrites par les fonctions de densité.
Ces auteurs partent des lacunes que présente la mesure
Estéban-Ray (ER). La mesure
ER est basée sur un ensemble fini et discret
des groupes de revenu situé dans un espace ambiant continu des valeurs
de revenu possibles. Ceci génère deux problèmes majeurs :
l'un conceptuel et l'autre pratique. Au niveau conceptuel, la mesure
ER présente une discontinuité désagréable
due au fait qu'elle est basée sur une population distribuée sur
un nombre de points discrets et distincts. La difficulté pratique est
que la population est supposée avoir déjà
été concentrée dans des groupes appropriés. Cette
caractérisation rend la mesure moins utile pour plusieurs
problèmes intéressants.
La mesure DER est une extension naturelle de la
mesure ER dans le cas des distributions continues. Elle résout
par conséquent les deux problèmes posés par la mesure
ER et est donnée par :
P f T f x x y f x f y dxdy
( ) ( ), ( ) . ( )
= ?? ( - )(18)
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 65 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Avec f(.) la fonction de densité de la
distribution, x et y sont les niveaux de dépenses de
deux individus tels que l'individu situé à x ressente
une aliénation monotonique à la distance x - y
vis-à-vis de l'autre localisé ày.
Un individu localisé à un niveau de dépense
x éprouve un sens d'identification qui dépend de
f(x) la densité de x.
T(i, a) est une fonction non
négative qui représente l'antagonisme de x envers
y (sous f), avec i=f(x) et
a= x-y.
T est croissant en son deuxième argument et
T(i,0) = T(0, a) = 0.
La polarisation telle que mesurée par l'indice n'est rien
d'autre que la somme
DER
proportionnelle de tous les antagonismes effectifs. En effet,
en contraste avec l'inégalité, les indices de polarisation
doivent être caractérisés par leur sensibilité
locale à l'interaction entre l'aliénation et l'identification qui
forme ce que Duclos, Esteban et Ray appellent « antagonisme » (Araar,
2008).
Cependant, la mesure à ce stade n'est ni très
utile, ni opérationnelle bien qu'elle
DER
prenne en compte la structure identification-aliénation.
Tout dépend en fait de la forme fonctionnelle de T. Celle-ci
dépend des quatre axiomes suivants :
AXIOME 1) Si la distribution est composée d'une
seule densité de base, alors la compression de cette dernière ne
peut augmenter la polarisation.
Soit f une densité de base avec la moyenne
u et soit ë? [0;1], la ë-compression de
ë 1 x 1
? - -
[ ëu ] ?
f est une transformation de la forme f f
(19)
= ë
?? ??
ë
Cet axiome présente cependant une ambiguïté
parce que la compression à ce niveau crée la réduction de
l'aliénation interpersonnelle mais augmente l'identification pour la
mesure positive des agents localisés au centre de la distribution.
L'ancien impact positif sur la polarisation peut donc être contré
par le nouvel impact négatif.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 66 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
AXIOME 2) Si une distribution symétrique est
composée de trois densités de base avec la même racine et
des supports mutuellement disjoints, alors une compression symétrique
des densités situées aux extrémités ne peut
réduire la polarisation.
Cet axiome argumente qu'une compression « locale »
(opposée à la compression « globale » de la
distribution totale de l'axiome 1) ne doit pas baisser la polarisation. A ce
stade, il y a un écart explicit par rapport à la mesure de
l'inégalité.
AXIOME 3) Si une distribution symétrique est
composée de quatre densités de base avec la même racine et
des supports mutuellement disjoints, alors un élargissement vers
l'extérieur des deux densités du milieu (en gardant toujours tous
les supports disjoints) augmentera la polarisation.
AXIOME 4) Si P(F) =
P(G) et ?p f 0, alors , avec et
P ( pF ) = P ( pG )
pFpG
les multiples identiques des populations de et G
respectivement.
F
Cet axiome n'est rien d'autre que le simple principe
d'invariance à la population. Il stipule que lorsqu'une situation exhibe
une grande polarisation que l'autre, il doit continuer de l'être si la
population dans les deux situations augmente ou baisse d'un même montant,
en maintenant les distributions relatives inchangées.
La mesure P, telle que décrite plus haut
satisfait les axiomes 1 à si et seulement si
4
elle est proportionnelle à :
P(f) = ??f(x)1 + á
f(y)y-xdydx (20)
á
Avec á ? [0.25, 1]. Les auteurs montrent que
pour satisfaire les axiomes précédents, le degré du
paramètre de sensibilité à la polarisation doit être
compris entre 0,25 et 1. plus ce paramètre est grand, plus large est
l'écart entre l'indice DER et le coefficient standard de Gini
et vice versa. Il est vérifié que la mesure DER est
égale au coefficient de Gini lorsque le paramètre
á est fixé à 0.
En normalisant tous les revenus par leur moyenne, devient
homogène de degré
Pá ( f )
zéro.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 67 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
c. Estimation et inférence statistique
En associant les questions d'inférence statistique
à l'estimation de la mesure DER, on obtient :
P f f y a y dF y
( ) ( ) á ( ) ( )
= ?(21)
á
y
y
Avec a y y F y xdF x
( ) u 2 ( ) 1 2 ( )
= + - -
( ) ? (22)
-8
Supposons alors que nous voulons estimer en utilisant un
échantillon aléatoire
Pá (F)
de observations de dépenses indépendamment et
identiquement distribuées ,
n yi i = 1,2,K , n
tirées de la distribution et classées de sorte
que
F(y)y1 =
y2 = K = yn . Un estimateur
naturel de P á (F) est :
n
P F n f y á a y
á ?
( à ) à ( ) à ( )
= (23)
- 1
i i
i = 1
Où aà(yi ) est
donnée par :
i 1
a y u y n i n y y
à ( ) à 1 (2 1) 1 1 2
( ) ? ?
= + - - - ? ? +
-
- - ? (24)
i i j i
?j = 1 ?
à
Où uà est la moyenne de
l'échantillon et est estimé de manière non
( yi ) á
f
paramétrique en utilisant les procédures
d'estimation à noyau37. Ces procédures utilisent
une
fonction à noyau symétrique définie telle que et
(Le noyau
K(u ) ?8 -8 K ( u ) du
= 1 K ( u ) = 0
à
Gaussien est utilisé dans l'illustration). L'estimateur
est alors défini par :
f ( y )
à
f y
( )
n
= - -
n K h y y i
1 ( )
?=
i 1 (25)
Avec Kh (z)h
1 K ( z h )
= , étant le paramètre de grandeur. Une technique
usuelle
- h
pour sélectionner un h optimal consiste
à minimiser l'erreur carrée moyenne de l'estimateur étant
donné la taille de l'échantillon n. Une formule de
routine qui peut être utilisée dans ce contexte est :
h ? n (26)
* 4,7 0 , 5 óá 0 , 1
-
Facilement calculée, cette formule donne bien avec la
distribution normale dès lors qu'elle ne peut s'éloigner de plus
de 5% du qui minimise vraiment l'erreur carrée
h *
37 La littérature sur l'estimation de la
densité à noyau est large - voir par exemple Silverman (1986),
Härdle (1990) et Pagan et Ullah (1999).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 68 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
moyenne. Pour un compression plus grande (plus de 6%), la formule
approximative la plus robuste de est donnée par :
h *
(3,76 1 4,7 )
+ ó
h ? n IQ
* 0 , 5 ln
- (27)
(1 1,09 . 1 0 )
- +
4 ( 7268 15323 )
á
+ ó ln
Où IQ est l'interquartile et
óln la variance des logarithmes des dépenses.
Le produit ( ( à ) ( ))
n 0 , 5 P á F - P
á F suit une distribution asymptotiquement normale
N (0; Vá ) avec
V f y a y y f x dF x x y f x dF x
= + + ? + ?8 -
var) ( (1 ) ( ) ( ) ( ) ( ) 2 ( ) ( ) ( )
? á á á ?
á á
?? ?? (28)
f y y
IV.3. Données et logiciel d'analyse
IV.3.1. Données d'analyse
L'analyse de la distribution des dépenses, ici, est
basée sur les données des enquêtes ECAM I la Direction de
la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun (DSCN,
1997a, 1997b, 2002) et d'ECAM II réalisée par l'Institut National
de la Statistique (INS, 2002).
Les données relatives aux dépenses nominales
provenant de ces enquêtes sur les régions sont converties en
termes réels en les corrigeant dans le temps et l'espace et par rapport
à une région et à une période donnée. La
réalisation de cet exercice nécessite non seulement que les
différentes bases de données soient comparables du point de vue
de la méthode de sondage, mais qu'on ait également la
possibilité de neutraliser rigoureusement l'effet de l'inflation par
l'utilisation d'indices des prix régionaux et temporels dans le but de
tenir compte de la variation du niveau de vie d'une région à une
autre et d'une période à une autre.
a. ECAM I
L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages
de 1996 (ECAM I) est la deuxième enquête de grande envergure
réalisée par la DSCN du Cameroun après l'EBC de 1983 / 84.
Elle a duré trois mois, couvrait les dix provinces du pays et concernait
un échantillon de 1 731 ménages urbains et ruraux. Elle visait
trois principaux objectifs à savoir mesurer les effets de la crise et de
mesures d'ajustement sur le niveau et les conditions de vie des ménages
; établir
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 69 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
les interrelations entre les dimensions des niveaux de vie ; et
analyser les tendances et les évolutions par rapport aux autres sources
de données.
Il s'agissait d'une enquête stratifiée à deux
degrés à Yaoundé et à Douala et à trois
degrés dans les autres villes du pays avec la distinction
urbaine-rurale.
b. ECAM II
L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages
(ECAM II) est la troisième enquête d'envergure toujours
réalisée au Cameroun par l'INS en 2001. Cette enquête a
été initiée pour corriger les erreurs faites à la
précédente. Elle concernait 11 553 ménages desquels 10 992
ont été réellement visités. Les objectifs
principaux de ECAM II étaient :
- De proposer une méthodologie adéquate pour
calculer les niveaux de vie des ménages et déterminer une ligne
de pauvreté qui serait accepté par la majeure partie des
partenaires de développement et qui servira de référence
pour des analyses futures ;
- D'analyser la pauvreté monétaire, la
pauvreté en termes de niveau de vie de la plupart des ménages et
la pauvreté potentielle et essayer d'établir la
corrélation entre elles ;
- L'extension des analyses passées à
l'échelle régionale et nationale en isolant les deux grandes
villes (Douala et Yaoundé) et en distinguant les milieux de
résidence (urbain et rural) ;
- Et enfin la production d'une base de données
adéquates pour les différentes statistiques, notamment la
consommation des ménages dans les comptes nationaux et la mise à
jour des calculs utilisés pour déterminer les indices de prix.
L'enquête ECAM II a été
réalisée dans dix provinces. La ligne de pauvreté de
référence ainsi que le niveau de vie de référence
ont été construites, de même que la consommation annuelle
finale des ménages.
c. Comparaison des différentes bases de
données
La comparaison de l'inégalité et de la
polarisation entre 1996 et 2001 doit partir de la comparaison entre ECAM I et
ECAM II38 . Une première étape doit consister à
structurer de la même façon les deux bases de données.
38 La comparaison entre ces deux bases de
données a été réalisée par l'Institut
National de la Statistique avec l'assistance d'une mission de la Banque
Mondiale du 17 juin au 1er juillet 2002.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 70 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Les dépenses entre les différentes
périodes doivent être ramenées à la même base.
Les données de 2001 ont été retraitées de
manière à considérer la même période de
collecte qu'en 1996, soit sept jours dans chaque milieu (urbain et rural). Un
facteur multiplicatif d'oubli39 a été utilisé
pour corriger les déclarations des ménages ruraux.
Concernant les dépenses de non consommation entre ces
deux enquêtes, les dépenses similaires collectées sur la
même période de référence et basées sur la
taille d'échantillon ont été regroupées et
calibrées par un indicateur de niveau de vie de la population. Les
dépenses ayant un niveau élevé de disparité entre
ces périodes d'enquête n'ont pas été pris en compte
par cet indicateur. Rendues comparables, les dépenses ont
été corrigées des fluctuations temporelles et spatiales
des prix. L'année 2001 a été considérée
comme année de référence de part sa
crédibilité. Pour égaliser les dépenses de 96
à celles de 2001, l'indice des prix temporel a été
construit en considérant le mois d'octobre 2001 comme mois de
référence (INS, 2002).
Sur le plan spatial, la ville de Yaoundé a
été retenue comme région de référence pour
les deux enquêtes. Pour déflater les dépenses, l'indice
spatial de 2001 a été utilisé pour les deux
opérations, sous l'hypothèse que le coût de la vie relatif
entre les différentes régions ne s'est pas beaucoup
modifié. L'indice de Paasche a été utilisé pour
déflater les dépenses utilisées pour la comparaison au
niveau des régions, parce qu'il tient compte des pondérations de
chaque régions (INS, 2002).
Pour tenir compte de la taille des ménages,
l'échelle d'équivalence RDA (Recommended Dietary
Allowances)40 qui pondère le niveau de consommation de
l'individu avec l'âge et le sexe a été
préférée aux autres échelles.
IV.3.2. Logiciel d'analyse
Les résultats empiriques, ici, seront obtenus en
utilisant le logiciel d'analyse de distribution DAD version 4.5,
développé par les chercheurs du CREFA de l'Université
Laval (Duclos et al., 2000 ; Duclos et Araar, 2004). DAD est un logiciel qui
facilite les analyses et les comparaisons de bien-être,
d'inégalité, de la pauvreté et de l'équité
entre les distributions
39 Selon Chris Scott, après trois jours, il
faut corriger les dépenses par un facteur d'oubli de 2,9% par jour (INS,
2002).
40 Pour plus de précisions, voir ECAM II :
Document de méthodologies ; Tome 4, INS, 2002.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 71 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
de niveaux de vie. Ses caractéristiques incluent
l'estimation d'un large nombre d'indices et de courbes qui sont importants pour
des comparaisons des distributions de même que la provision des erreurs
types asymptotiques qui permettent l'inférence statistique. Ses
caractéristiques incluent aussi les statistiques descriptives de base et
fournissent des simples estimations non paramétriques des fonctions de
densité et de régression.
IV.4. Conclusion
En somme, notre étude utilise un indicateur de
bien-être qui intègre toutes les catégories de
dépense des ménages. Ceci étant, la dépense par
équivalent-adulte est un estimateur fiable du revenu des ménages.
Parmi les mesures utilisées pour l'inégalité, nous
accordons plus de poids à la classe d'entropie de part sa
complète décomposabilité. Plus de poids sont
accordés à la classe des mesures Duclos-Esteban-Ray qui prend en
compte la structure identification-aliénation chère à la
polarisation. Elle se distingue des autres mesures par son approche axiomatique
et son obéissance à l'ensemble des propriétés
désirables des mesures de polarisation. Il s'agit du fait qu'elle soit
définie sur une fonction continue de revenu, elle ne requiert pas que
les groupes soient identifiés par un revenu fixe, elle est
normalisée par la taille de la population et peut être
normalisée par l'échelle de revenu. Ceci facilite les
comparaisons entre les distributions pour tout phénomène de
distribution comme la pauvreté, l'inégalité et la
polarisation. Le logiciel DAD 4.5 nous donne les résultats empiriques
nécessaires pour notre analyse
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 72 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Chapitre V :
RESULTATS EMPIRIQUES
V.1. Introduction Dans ce chapitre, nous
utiliserons successivement l'indice S-Gini G(ñ) et la
classe
des indices d'entropie généralisée
GE(á) pour mesurer la variation de
l'inégalité des
dépenses totales par équivalent adulte entre
1996 et 2001 au Cameroun. Pour mesurer la variation de la polarisation des
mêmes dépenses, nous utilisons l'indice Foster-Wolfson
(W) et la mesure Duclos-Esteban-Ray DER(á).
Les calculs sont obtenus par le logiciel
d'analyse de distribution appelé DAD. Ces calculs sont
faits en tenant suivant le milieu de résidence du chef de ménage
d'une part et d'autre part de sa région de résidence. Suivant le
milieu de résidence du chef de ménage, l'échantillon est
séparé en milieux urbain et rural. Selon la région de
résidence du chef de ménage, l'échantillon est
divisé en six strates : Yaoundé, Douala, les Autres villes, la
région Rurale Forêt, la région Rurale Hauts Plateaux et la
région Rurale Savane.
V.2. Evolution de l'inégalité et de la
polarisation au Cameroun entre 1996
et 2001
Nous traitons dans cette section l'évolution de
l'inégalité et de la polarisation sur la période 1996-2001
en utilisant des mesures basées sur les dépenses41.
Le Tableau 7 présente les dépenses totales
réelles par équivalent adultes des ménages, les mesures
d'inégalité et de la polarisation pour les périodes 1996
et 2001.
Pour l'ensemble du pays, les dépenses
totales42 réelles par équivalent adultes des
ménages ont augmenté d'environ 15% suivant ainsi la reprise de la
croissance du PIB du pays amorcée après la dévaluation de
1994. La répartition régionale suit la même tendance.
41 Une alternative serait de mesurer
l'inégalité et la polarisation des revenus ou autres actifs qui
sont plus efficients que la consommation (donnée par la dépense).
Cependant, le revenu comme ces autres actifs sont difficiles à
être quantifiés et leurs données ne sont pas disponibles
dans ECAM I et ECAM II. En plus, la consommation dans certains cas peut
être une mesure plus appropriée du niveau de bien être d'un
individu.
42 Celles-ci sont calculées en fonction de la
moyenne des dépenses mensuelles des ménages urbains et ruraux.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 73 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Tableau 7 : Inégalité et
polarisation au Cameroun en 1996 et 2001
Concepts
|
Mesures
|
1996
|
2001
|
Variation (en%)
|
Différence
|
Dépense moyenne par équivalent adulte
|
|
310,494
|
356,315
|
+14,76
|
|
Inégalité
|
Coefficient de Gini ñ = 2
|
0,4062 (0,0169)
|
0,4078 (0,0078)
|
+0,39
|
0,0016 (0,0186) [0,0860]
|
Déviation logarithmique de Theil GE(0)
|
0,2722 (0,0227)
|
0,2906 (0,0141)
|
+6,76
|
0,0184 (0,0830) [0,2217]
|
Indice de Theil GE(1)
|
0,3174 (0,03 00)
|
0,3163 (0,0154)
|
-0,35
|
-0,0011 (0,0337) [-0,0326]
|
Variance du logarithme des dépenses GE(2)
|
0,5442 (0,0786)
|
0,5556 (0,0527)
|
+2,09
|
0,0114 (0,0947) [0,1204]
|
Polarisation
|
Indice Foster-Wolfson
|
0,3325 (0,0219)
|
0,3466 (0,0081)
|
+4,24
|
0,0141 (0,0233) [0,6052]
|
Indice Duclos-Esteban-Ray
DER (0,5)
|
0,2462 (0,0116)
|
0,2422 (0,0031)
|
-1,67
|
-0,0041 (0,0 120) [-0,3417]
|
DER (1)
|
0,1976 (0,0158)
|
0,1874 (0,0036)
|
-5,16
|
-0,0102 (0,0162) [-0,6296]
|
Notes : -Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types et les valeurs entre crochets sont les
z-statistiques. -Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576
à 1%.
-Les différences marquées de *, ** et *** sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
L'inégalité tout comme la polarisation sont des
phénomènes réels au Cameroun. Le coefficient standard de
Gini (ñ = 2) pour le pays est estimé à 0,4062 en
1996 et à 0,4078 en
2001. L'indice de Foster-Wolfson estimé à 0,3325
en 1996 et à 0,3466 en 2001 rassure de la présence du
phénomène de polarisation dans la distribution des
dépenses au Cameroun (Tableau 7). Plus les valeurs de ces mesures
tendent vers zéro, moins inégale ou moins polarisée est la
distribution des dépenses, alors que lorsque ces valeurs tendent vers
un, plus inégale et plus polarisée est la distribution des
revenus.
La valeur du coefficient standard de Gini de 0,4062 en 1996
implique que la distance entre les niveaux de vie au Cameroun est de l'ordre de
82% de la moyenne du niveau de vie standard du pays. En 2001, cette valeur
s'élève à 0,4078 témoignant ainsi une
légère augmentation de l'inégalité dans l'ensemble.
Cependant, l'inégalité n'est pas un phénomène
très poussé au Cameroun comparativement aux autres pays en
développement. Les valeurs du
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 74 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
coefficient de Gini de 0,4062 en 1996 et de 0,4078 en 2001 et
des indices de Theil de 0,3174 en 1996 et de 0,3163 en 2001 montrent que le
Cameroun possède une distribution assez égalitaire lorsqu'il est
comparé aux autres pays de l'ASS tels que la Côte d'Ivoire et le
Ghana dont les coefficients de Gini respectifs sont estimés à
0,530 en 2002 et 0,454 en 1998 (Alby, 2006 ; Vanderpuye-Orgle, 2002).
Par ailleurs, en dehors de l'indice de Theil (á
= 1), toutes les autres mesures d'inégalité
considérées montrent que l'inégalité des
dépenses totales par équivalent adulte a augmenté au
Cameroun sur la période 1996-2001. Le coefficient de Gini montre une
augmentation moins importante (+0,39%) que celle fournies par les mesures
d'inégalité de la classe d'entropie. La déviation
logarithmique de Theil fournit le pourcentage le plus
GE(0)
élevé d'augmentation en valeur absolue (+6,76%)
suivie de la variance du logarithme GE(2) qui procure une augmentation
de +2,09%. Ceci indique que l'augmentation de l'inégalité est
obtenue soit lorsque l'on accorde plus de poids aux dépenses
situées en bas de la distribution, soit lorsque l'on accorde plus
d'importance aux dépenses situées en haut de la distribution.
Cependant, les variations dans ce dernier cas sont moindres.
En ce qui concerne la polarisation, les indices de
Foster-Wolfson et de DuclosEsteban-Ray nous montrent que c'est un
phénomène présent au Cameroun. Les valeurs de ces indices
toutes plus proche de 0 que de 1 prouvent que le phénomène est
encore dérisoire au Cameroun (W = 0,3325en 1996 et W =
0,3466 en 2001, en 1996 et
DER (0,5) = 0, 2462
DER (0,5) = 0,2422 en 2001, DER(1) = 0,1976 en
1996 et en 2001).
DER (1) = 0, 1874
Comparativement aux autres pays de l'ASS et de
l'Amérique latine tels que la Côte d'Ivoire et le Mexique dont les
valeurs de l'indice Foster-Wolfson sont respectivement 0,635 et 0,413, le
Cameroun est moins polarisée en terme de dépenses.
La mesure Foster-Wolfson fait état d'une augmentation
de la polarisation au Cameroun de 1996 à 2001 (+4,24%). La polarisation
évoluant ainsi dans le même sens que l'inégalité.
Les mesures Duclos-Esteban-Ray pour á = 0,5 et á
= 1 quant à elles nous indiquent plutôt une baisse de la
polarisation durant cette période (-1,67% et -5,16% respectivement). Ces
résultats nous montrent une différence dans les sens de variation
de l'inégalité et de la polarisation. En valeur, le coefficient
de Gini et tous les indices d'entropie sont supérieurs à l'indice
Duclos-Esteban-Ray quelle que soit la valeur du paramètre
á et
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 75 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
l'année considérée. Ceci témoigne
de l'ampleur de l'inégalité face à la polarisation au
Cameroun. Duclos et al. (2004) montrent que la corrélation entre l'ordre
de classement des entités baisse clairement lorsque la distance entre
les paramètres d'aversions a augmente43. Pour eux,
la polarisation et l'inégalité sont naturellement
corrélés, mais sont aussi empiriquement distincts. Plus encore,
l'étendue avec laquelle les comparaisons de la polarisation ressemblent
à celles de l'inégalité dépend du
paramètrea, qui capture essentiellement l'ampleur de l'effet
d'identification.
Au regard de l'indice Foster-Wolfson, du coefficient de Gini et
de la classe d'entropie pour a = 0 et 2, on assimilerait la
polarisation à l'inégalité de part leur évolution.
En fait ces
deux phénomènes augmentent simultanément si
l'on considère le coefficient de Gini (de
0,2722 en 1996 à
0,2906 en 2001), les mesures d'entropie lorsque plus de poids sont
accordés
aux extrémités de la distribution ( varie de
0,2722 en 1996 à 0,2906, varie de
GE(0) GE(2)
0,5442 en 1996 à 0,5556 en 2001) et la mesure de
Foster-Wolfson (Wvarie de 0,3325 en 1996 à 0,3466 en 2001).
V.3. Variation de l'inégalité et de la
polarisation au Cameroun entre 1996
et 2001
V.3.1. Evolution des dépenses totales selon les
milieux de résidence au Cameroun
Le milieu de résidence du chef de ménage peut
constituer un déterminant important d'inégalité et de la
polarisation des dépenses par équivalent adulte. Les populations
sont divisées suivant leurs différents milieux de
résidence : les populations urbaines et les populations rurales. Les
données des enquêtes ECAM I et ECAM II nous amènent
à constater une large concentration des revenus entre les mains de la
population urbaine (Tableau 8 et Figure 4)
En 1996, la population urbaine qui ne représentait que
34,89% de la population totale détenait plus de 128% de la moyenne des
revenus du pays estimés ici par la dépense moyenne par
équivalent adulte. La population rurale plus nombreuse (65,11%) n'avait
droit qu'à 81,84% de la moyenne des dépenses. Le ratio urbain /
rural des dépenses égale à 1,777 témoigne d'un
grand écart des revenus entre les populations urbaines et rurales. Ce
ratio se
43 En fait, le coefficient standard de Gini (p
= 2) peut être assimilé à la valeur ; cependant,
les
DER (0)
arguments de cette mesure ne peuvent exister pour a p
0,25 (Duclos et al, 2004).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 76 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
trouve modéré en 2001 (1,566 en 2001 contre
1,777 en 1996) mais cache une recrudescence de la part des dépenses des
populations urbaines qui détiennent 128,17% de la moyenne des
dépenses contre seulement 78,65% destinées aux populations
rurales qui constituent 65,2 1% de la population totale (Tableau 8 et Figure
4).
Tableau 8 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence
au Cameroun entre 1996-2001
Milieux
|
Moyenne des dépenses (en millier de FCFA)
|
Part de dépense (en % de la moyenne du pays)
|
Proportion de population en %
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
Urbain
|
397 953
|
497 896
|
128,17
|
139,73
|
34,89
|
34,79
|
Rural
|
254 123
|
280 233
|
81,84
|
78,65
|
65,11
|
65,21
|
Cameroun
|
310 494
|
356 315
|
|
|
100
|
100
|
Ratio (Urbain/Rural)
|
1,777
|
1,566
|
|
|
|
|
Source : Calculé par l'auteur à
partir des données d'ECAM I et II
Figure 4 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence
au Cameroun entre 1996-2001
400 000
600 000
500 000
300 000
200 000
100 000
0
Urbain Rural Cameroun
2001
1996
Source : Construit par l'auteur à partir
du Tableau 8
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 77 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
V.3.1.1. Inégalité selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996 et
2001
Les données du Tableau 9 montrent, au regard du
coefficient de Gini, que l'inégalité des dépenses totales
qui valait 40,62% en 1996 a augmenté légèrement par la
suite pour se situer à 40,78% en 2001. Les estimateurs de ce coefficient
montrent en général que l'inégalité est plus
élevée en milieu urbain (0,4490 en 1996 et 0,4060 en 2001) qu'en
milieu rural (0,3459 en 1996 et 0,3690 en 2001).
En 1996, les valeurs du coefficient de Gini indiquent que
l'inégalité est plus élevée en milieu urbain
(44,90%) que dans le pays tout entier (40,62%). En 2001, elle est restée
sensiblement la même en milieu urbain et le pays dans l'ensemble. En
milieu rural par contre, l'inégalité a toujours été
faible comparativement à tout le pays. L'on remarque aussi
aisément que l'inégalité a fortement baissé en
milieu urbain entre 1996 et 2001 (-9,6%) mais a augmenté en milieu rural
(+6,7%). Celle-ci s'est accrue dans le pays pris dans l'ensemble quoique cette
augmentation reste faible (+0,4%).
Le Tableau 9 nous fournit aussi une décomposition de la
classe des indices d'entropie en composantes intra et inter groupes en
utilisant les valeurs 0, 1 et 2 pour le paramètre
d'aversioná. D'après cette classe,
l'inégalité totale est passée de 0,2722 en 1996 à
0,2906 en 2001, soit une augmentation de 6,8% si l'on accorde plus de poids aux
dépenses situées au bas de la distribution(á =
0). La composante inter-groupe ici qui captait 9,73% de
l'inégalité
des dépenses totales en 1996 a augmenté
d'environ trois points de pourcentage en 2001. La composante intra-groupe a
connu une décroissance d'environ trois points de pourcentage (de 90,27%
en 1996 à 87,32% en 2001).
Si les mêmes poids sont accordés aux dépenses
le long de la distribution(á = 1), la classe nous fait
état plutôt d'une diminution dans l'inégalité totale
(-0,3%). La
GE
composante inter milieux captait environ 8,6% de
l'inégalité des dépenses totales par équivalent
adulte en 1996 et a augmenté de plus de trois points de pourcentage en
2001. La composante intra-milieu a connu une baisse passant de 0,914 en 1996
à 0,8796 en 2001, soit une diminution marginale de plus de deux points
de pourcentage sur la période de l'étude.
Tableau 9 : Evolution de
l'inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun en
1996 et 2001
Milieux
|
Proportion de population
|
|
Gini (p = 2)
|
GE(0)
|
GE(1)
|
GE(2)
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
Urbain
|
0,3489
(0,0428)
|
0,3479
(0,0235)
|
Contribution absolue
GE (a) j
|
|
|
|
0,1181 (0,0166)
|
0,0968 (0,0078)
|
-18,0
|
0,1740 (0,0272)
|
0,1547 (0,0136)
|
-11,1
|
0,3787 (0,0825)
|
0,3838 (0,0521)
|
+1,3
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,4339 (0,0489)
|
0,3332 (0,0259)
|
-23,2
|
0,5483 (0,0564)
|
0,4890 (0,0274)
|
-10,8
|
0,6959 (0,0547)
|
0,6908 (0,0318)
|
-0,7
|
Urbain
|
0,4490 (0,0203)
|
0,4060 (0,0096)
|
-9,6
|
0,3384 (0,0308)
|
0,2783 (0,0132)
|
-17,8
|
0,3763 (0,0397)
|
0,3207 (0,0206)
|
-14,8
|
0,6178 (0,0932)
|
0,5741 (0,0653)
|
-7,1
|
Rural
|
0,6511
(0,0428)
|
0,6521
(0,0235)
|
Contribution absolue
GE (a) j
|
|
|
|
0,1276 (0,0212)
|
0,1569 (0,0117)
|
+23,0
|
0,1161 (0,0246)
|
0,1236 (0,0078)
|
+6,5
|
0,1371 (0,0386)
|
0,1320 (0,0108)
|
-3,7
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,4688 (0,0685)
|
0,5400 (0,0287)
|
+15,2
|
0,3657 (0,0804)
|
0,3906 (0,0301)
|
+6,8
|
0,2519 (0,0396)
|
0,2376 (0,0127)
|
-5,7
|
Rural
|
0,3459 (0,0274)
|
0,3690 (0,0086)
|
+6,7
|
0,1960 (0,0310)
|
0,2407 (0,0161)
|
+22,8
|
0,2160 (0,0367)
|
0,2387 (0,0115)
|
+10,5
|
0,3090 (0,0641)
|
0,3212 (0,0203)
|
+3,9
|
Inégalité inter groupe
|
|
|
GE (a) j
|
|
|
|
0,0265 (0,0011)
|
0,0369 (0,0008)
|
+39,2
|
0,0273 (0,0008)
|
0,0381
(0,0005)
|
+39,6
|
0,0284 (0,0004)
|
0,0398 (0,0001)
|
+40,1
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,0973
|
0,1268
|
|
0,0860
|
0,1204
|
|
0,0522
|
0,0716
|
|
Inégalité intra groupe
|
|
|
GE (a) j
|
|
|
|
0,2457 (0,0504)
|
0,2538 (0,0240)
|
+3,3
|
0,2901 (0,0299)
|
0,2782 (0,0153)
|
-4,1
|
0,5158 (0,0786)
|
0,5158 (0,0527)
|
+0,0
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,9027
|
0,8732
|
|
0,9 140
|
0,8796
|
|
0,9478
|
0,9284
|
|
Cameroun
|
1 (0)
|
1 (0)
|
GE (a) j
|
0,4062 (0,0169)
|
0,4078 (0,0078)
|
+0,4
|
0,2722 (0,0227)
|
0,2906 (0,0141)
|
+6,8
|
0,3174 (0,0300)
|
0,3 163 (0,0154)
|
-0,3
|
0,5442 (0,0786)
|
0,5556 (0,0527)
|
+2,1
|
Note : Les valeurs entre parenthèses sont
les écarts-types et A(%) représentent des variations en
pourcentage.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
Lorsque l'on accorde maintenant plus de poids en haut de la
distribution (á = 2), la classe nous montre que
l'inégalité dans l'ensemble s'est accrue d'un pourcentage de
GE
2,1% ( est passée de 0,5442 en 1996 à 0,5556 en
2001). L'inégalité inter groupe qui
GE(2)
représentait 5,22% en 1996 a augmenté en 2001 pour
atteindre 7,16%. L'inégalité intra groupe a baissé de
près de deux points de pourcentage durant la période.
En 1996, le milieu urbain ne représentant que 35% de la
population totale détenait plus de 128% de la moyenne des
dépenses totales et contribuait de 43, 55 à 70 points de
pourcentage à l'inégalité intra milieu conformément
aux trois valeurs du paramètreá.
En 2001, ce milieu dont la population est restée
sensiblement la même détenait près de 140% de la moyenne
des dépenses totales et a contribué de 33, 49 à 69 points
de pourcentage à l'inégalité intra groupe (pour des
valeurs de á = 0, 1 et 2). Les estimateurs de la
classe GE
ici, nous indiquent que l'inégalité a fortement
baissé dans le milieu urbain et ceci de manière grandiose si l'on
accorde plus de poids au bas de la distribution.
Le milieu rural quant à lui, plus fourni en termes de
population (plus de 65%) ne détenait qu'environ 82% de la moyenne des
dépenses. Cette part s'est détériorée en 2001
passant ainsi à 79% alors que la population est restée
sensiblement la même. La contribution du milieu rural à la
composante intra zonale décroît en 1996 selon que l'on accorde
plus de poids au bas ou en haut de la distribution. Elle sera ainsi de 46,88%
pour á = 0, elle devient 36,57% pour á = 1 et
25,19% pour á = 2. Cette tendance à la baisse reste
vérifiée en 2001 où pour á = 0, la
contribution est de 54% ; elle passe à 39,06% lorsque á
= 1 et si á = 2, elle baisse à 23,76%
Les composantes de l'inégalité entre ces deux
différents milieux restent très faibles en 1996 (9,73% pour
á = 0, 8,60% pour á = 1 et 5,22% pour
á = 2). Celles-ci augmentent légèrement en 2001
(12,68% pour á = 0, 12,81% pour á = 1 et 7,16%
pour á = 2) mais restent cependant très faibles. Ceci
montre que toute mesure de politique économique visant à
égaliser les revenus ou les dépenses entre ces deux
régions sera insignifiante dans la modification de
l'inégalité totale. Les composantes intra-milieux quoique ayant
baissé entre 1996-2001 (quel que soit la valeur attribuée
à á) restent fortes (supérieures à 87%).
Ceci
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 80 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
révèle l'efficience de toute mesure de
réduction de l'inégalité totale dont l'objectif serait
orienté vers la réduction de l'inégalité à
l'intérieur des différents milieux
V.3.1.2. Polarisation selon les milieux de
résidence au Cameroun sur la
période 1996-2001
Dans les sections précédentes, nous avons
traité de l'évolution de l'inégalité sur la
période 1996-2001. Maintenant, nous nous tournons vers le
phénomène de polarisation durant la même période.
Pour cette fin, nous utilisons les mesures Foster-Wolfson et DuclosEsteban-Ray
basées sur la dépense des ménages, et centrons notre
analyse sur le Cameroun comme un tout en addition aux milieux ruraux et urbains
(Tableau 10).
Les résultats des mesures de la polarisation entre les
milieux urbains et ruraux récapitulés dans ce tableau font
état d'une importance relative de ce phénomène dans les
deux différents milieux au Cameroun. La polarisation est plus
développée en milieu urbain qu'en milieu rural. Les valeurs des
différentes mesures utilisées le prouvent. En 1996, la valeur de
la mesure Foster-Wolfson qui n'est que de 0,28 10 en milieu rural est de 0,4132
en milieu urbain. La polarisation est plus poussée en milieu urbain que
dans le pays entier (0,3325). En 2001 ces grandeurs sont sensiblement les
mêmes, la polarisation ayant baissé en milieu urbain alors qu'elle
augmente dans le pays tout entier et dans la zone rurale. On note tout de
même une faiblesse relative de la polarisation en milieu rural par
rapport au pays entier. Les mesures Duclos-Esteban-Ray nous montrent aussi une
portée importance de la polarisation en milieu urbain par rapport non
seulement au milieu rural mais aussi au pays tout entier. Cette affluence n'est
pas aussi large que lorsque l'on mesure la polarisation par l'indice
FosterWolfson. Les écarts ne varient en général que de
l'ordre d'un à deux points de pourcentage. La faiblesse de la
polarisation reste observée en milieu rurale quel que soit la valeur
attribuée
L'examen minutieux du Tableau 10 indique une différence
dans l'évolution de la polarisation au Cameroun selon que l'on utilise
comme mesure l'indice Foster-Wolfson où les mesures
Duclos-Esteban-Ray.
Tableau 10 : Evolution de la polarisation au
Cameroun selon les milieux de résidence en 1996 et 2001
Milieux
|
Proportion de population
|
Indice Foster-Wolfson
|
Mesures Duclos-Esteban-Ray
|
DER (0,5)
|
DER (1)
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
Urbain
|
0,3489
(0,0428)
|
0,3479
(0,023 5)
|
0,4132 (0,0278)
|
0,3360 (0,0083)
|
-0,0773*** (0,0290) [-2,6665]
|
-18,68
|
0,2639 (0,0055)
|
0,2452 (0,0032)
|
-0,0187*** (0,0064) [-2,9219]
|
-7,09
|
0,2053 (0,0068)
|
0,1963 (0,0039)
|
-0,0091 (0,0078) [-1,1667]
|
-4,38
|
Rural
|
0,6511
(0,0428)
|
0,6521
(0,0235)
|
0,2810 (0,0270)
|
0,3225 (0,0102)
|
0,0415 (0,0289) [1,4360]
|
+14,77
|
0,2231 (0,0434)
|
0,2265 (0,0039)
|
0,0034 (0,0435) [0,0782]
|
+1,52
|
0,1793 (0,0427)
|
0,1723 (0,0036)
|
-0,0070 (0,0429) [-0,1632]
|
-3,90
|
Cameroun
|
1 (0)
|
1 (0)
|
0,3325 (0,0219)
|
0,3466 (0,0081)
|
0,0141 (0,0233) [0,6052]
|
+4,24
|
0,2462 (0,0116)
|
0,2422 (0,0031)
|
-0,0041 (0,0120) [-0,3417]
|
-1,62
|
0,1976 (0,0158)
|
0,1874 (0,0036)
|
-0,0102 (0,0162) [-0,6296]
|
-5,16
|
Notes : -Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types, les valeurs entre crochets sont les
z-statistiques, Asig représente les différences et A(%)
représente de
variations en pourcentage.
-Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576
à 1%. -Les différences marquées de *, ** et ** * sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
Ainsi, d'après la mesure Foster-Wolfson, la
polarisation s'est accrue au Cameroun entre 1996 et 2001, passant de 33,25%
à 34,66%, soit une augmentation de +4,24% du niveau de polarisation de
1996. Son évolution est donc similaire à celle de
l'inégalité durant la même période lorsque cette
dernière est mesurée par le coefficient de Gini et la classe des
mesures d'entropie pour les valeurs de paramètre á = 0
et 2. Cependant, considérant la mesure DER
respectivement pour á = 0,5 et 1, la
polarisation a relativement baissé au Cameroun
( ) varie de 0,2462 en
1996 à 0,2422 en 2001 et régresse de 19,76% à
DER (0,5 DER (1)
18,74% pendant la même période). Cette baisse est
donc beaucoup plus forte (-5,16%) lorsque la population a une aversion forte
à la polarisation (á = 1).
La différence dans l'évolution de la
polarisation étant données les mesures se ressent aussi dans le
milieu rural. La valeur de l'indice Foster-Wolfson indique une forte
augmentation de la polarisation en milieu rural (+14,77%). L'augmentation reste
faible pour la mesure DER lorsque á = 0,5, la mesure
variant ainsi de 22,3 1% en 1996 à 22,65% en
2001. On note plutôt une baisse dans la polarisation
lorsque le paramètre d'aversion augmente c'est-à-dire lorsque
á = 1 ; ceci contrairement à l'évolution de
l'inégalité qui augmente dans ce milieu quel que soit la mesure
considérée.
En milieu urbain par contre, la polarisation baisse durant la
période quel que soit la mesure considérée. Cette baisse
est d'autant importante que la mesure Foster-Wolfson baisse de 41,32% en 1996
à 33,60% en 2001, soit une diminution de plus de douze points de
pourcentage. Considérant les mesures DER, la baisse est plus
forte pour á = 0,5 (-7,09%) et
modérée pour á = 1 (-4,3 8%).
Dans ce milieu, l'inégalité et la polarisation évoluent
dans le même sens. Ceci peut dans une certaine mesure s'expliquer par le
développement du secteur informel en milieu urbain qui fait naître
des ménages à revenus intermédiaires atténuant
l'antagonisme qui existait entre les quintiles à faibles et ceux
à hauts revenus.
Au regard de ces résultats, on peut penser que la
polarisation est un phénomène d'urbanisation. Ceci peut
s'expliquer par la forte concentration des dépenses entre les mains des
populations urbaines (128,17% en 1996 et 139,73% en 2001). La polarisation
reste tout de même un phénomène qui n'est pas très
important au Cameroun. Les valeurs des indices Foster-Wolfson et
Duclos-Esteban-Ray sont faibles et proches de zéro (la plus grande
valeur
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 83 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
étant de 41,32%). Les valeurs des mesures DER
sont les plus faibles comparativement aux valeurs de la mesure W.
En outre, on peut aisément remarquer que
l'inégalité et la polarisation ne sont pas liées à
l'accroissement du niveau de vie. En effet pendant que la part de revenus des
ménages des milieux urbains s'accroît, l'intensité de
l'inégalité baisse dans ce milieux durant les périodes
1996-2001. Cette intensité augmente dans les milieux ruraux alors que la
part de revenus des ménages s'est améliorée. Ces deux
phénomènes se comportent ici soit de façon similaire, soit
de façon différente. Leur comportement dépend des mesures
utilisées.
Considérant la mesure de Foster-Wolfson pour la
polarisation, on se rend compte que l'inégalité et la
polarisation évoluent dans le même sens durant les périodes
1996-2001. Les deux baissent simultanément en milieu urbain mais
à des degrés différents. Ils augmentent aussi
simultanément en milieu rural et dans le pays entier lorsque l'on
accorde plus de poids aux dépenses situés aux
extrémités de la distribution. Les amplitudes ne sont pas
identiques. Dans tous les cas, l'amplitude est plus grande dans
l'évolution de la polarisation que de l'inégalité. La
similitude entre l'indice Foster-Wolfson et le coefficient est toute naturelle
et peut s'expliquer par le fait que le premier est fonction du second.
Les évolutions de ces deux phénomènes
diffèrent lorsque l'on change la mesure de la polarisation. En utilisant
les mesures de Duclos, Esteban et Ray, on assiste à une baisse
d'ensemble de la polarisation au Cameroun. Par contre, on assiste plutôt
à une augmentation de l'inégalité lorsque plus de poids
sont accordés aux dépenses en bas (á = 0) et en
haut
(á = 2) de la distribution. La seule similitude
apparaît lorsque les mêmes poids sont accordés
à tous les revenus le long de la distribution. En
milieu urbain, la polarisation tout comme l'inégalité ont
diminué plus qu'au niveau national. En milieu rural, on assiste à
une hausse de la polarisation lorsque l'aversion à celle-ci est faible
et une forte baisse de celle-ci lorsque le paramètre d'aversion
augmente. L'inégalité quant à elle augmente quel que soit
l'aversion de la population à cette dernière. La
différence entre inégalité et polarisation est donc
attribuable aux différentes mesures utilisées.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 84 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
V.3.2. Inégalité et polarisation selon les
régions au Cameroun en 1996 et 2001
Tout comme le milieu, la région de résidence
peut constituer un déterminant important de l'inégalité et
de la polarisation des dépenses par équivalent adulte des
ménages. Le Tableau 11 et la Figure 5 nous donnent une
répartition des dépenses entre les populations des six
différentes régions prises en compte par l'indicateur des
dépenses élaboré par l'INS en 2002. Il s'agit de
Yaoundé, Douala, les Autres villes (d'au moins cinquante mille habitants
selon les estimations de 1995), la région cacao dite «Rurale
Forêt» (localités rurales des provinces du Centre, du Sud, et
de l'Est), la région café dite «Rural Hauts plateaux»
(localités rurales des provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest
et du Littoral) et la région coton - élevage dite «Rurale
savane» (localités rurales des provinces septentrionales :
Extrême Nord, Nord et Adamaoua).
Dans le Tableau 11 et sur la Figure 5, l'on remarque qu' en
1996, la population de Yaoundé qui ne représentait que 7% de la
population totale détenait presque 129% de la moyenne des
dépenses du pays. Cette part évolue et passe à plus de
168% de la moyenne alors que la proportion de population dans cette ville ne
s'est accrue que de moins de deux points de pourcentage.
La population de Douala estimée à presque 10% de
la population totale en 1996 détenait environ 155% de la moyenne des
dépenses du pays. Cette part a régressée en 2001 passant
ainsi à presque 147% quoique la population soit restée
sensiblement stable. Les populations des Autres villes détenaient aussi
une part de dépenses supérieures à la moyenne (118,6%) et
représentaient environ 13% de la population totale. La population dans
ces villes s'est légèrement accrue en 2001 de même que leur
part de dépense qui est passée à 124,7%. Les
régions rurales quant à elles, représentant en 1996 plus
de 70% de la population ne détenaient que 63% de la moyenne des
dépenses totales pour la région Rurale Forêt, 85% pour la
région Rurale Hauts Plateaux et 93% pour la région Rurale Savane.
La part de population de ces régions a baissé en 2001 en raison
de l'exode rural des jeunes de même que les différentes parts de
revenu des régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane qui ont
fortement baissé. La part des dépenses de la région Rurale
Forêt a plutôt légèrement augmenté.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 85 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
Tableau 11 : Evolution des dépenses
totales par équivalent adulte des ménages au Cameroun
selon
les régions de résidence
Régions
|
Moyenne des dépenses (en millier de FCFA)
|
Part de dépense (en % de la moyenne du pays)
|
Proportion de population en %
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
Yaoundé
|
400 396
|
565 112
|
128,95
|
158,60
|
7,10
|
8,72
|
Douala
|
480 552
|
522 947
|
154,77
|
146,77
|
9,76
|
9,70
|
Autres villes
|
368 144
|
444 292
|
118,57
|
124,69
|
12,85
|
16,37
|
Rurale Forêt
|
196 350
|
276 335
|
63,24
|
77,55
|
18,16
|
14,47
|
Rurale Hauts Plateaux
|
262 890
|
279 146
|
84,67
|
78,34
|
27,91
|
26,25
|
Rurale Savane
|
290 217
|
283 902
|
93,47
|
79,68
|
24,22
|
24,50
|
Cameroun
|
310 494
|
356 315
|
|
|
100
|
100
|
Source : Calculé par l'auteur à
partir des données d'ECAM I et II
Figure 5 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent adulte selon les régions
de
résidence au Cameroun entre 1996-2001
400 000
200 000
600 000
500 000
300 000
100 000
0
Yaoundé Douala Autres
villes
Rurale
Forêt
Rurale
Hauts
Plateaux
Rurale
Savane
Cameroun
2001
1996
Source : Construit par l'auteur à partir
du tableau précédent
V.3.2.1. Variation de l'inégalité selon les
régions de résidence au Cameroun
entre 1996 et 2001
Le Tableau 12 fait état de la décomposition de
l'inégalité des dépenses selon les régions
mesurée par la classe d'entropie. Il donne également les
contributions inter et intra
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 86 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
groupes à l'inégalité totale pour les
valeurs de paramètre a = 0, 1 et 2. Ce tableau fait
aussi état de l'évolution de l'inégalité des
dépenses à travers le coefficient de Gini.
L'examen de ce tableau montre que les valeurs des indices
d'entropie augmentent naturellement avec l'accroissement du paramètre
d'aversion a, traduisant ainsi plus d'inégalité. Par
ailleurs, Yaoundé et Douala sont des régions avec les plus fortes
inégalités. Les coefficients de Gini et les valeurs de la classe
GE y sont les plus élevés. Cette situation peut
être expliquée par le fait que les ménages les plus
fortunés du pays sont concentrés dans la capitale politique aux
côtés des ménages les plus pauvres inondant les
bidonvilles. L'inégalité a fortement baissé dans chacune
de ces régions entre 1996 et 2001. La valeur du coefficient de Gini qui
était de l'ordre de 48,69% en 1996 à Yaoundé a
diminué de plus de 5 points de pourcentage en 2001. Celle-ci est
passée à Douala de 48,45% à 41%, soit une diminution de
plus de 7,5 points de pourcentage. Les valeurs d'entropie sont passées
de 39,58%, 46,34% et 85,36% à 31,68%, 37,85% et 72,21% pour la ville de
Yaoundé respectivement pour a = 0, 1 et 2. Pour ces
mêmes valeurs de paramètre à Douala, les valeurs
de la classe GE sont passées de 40,26%, 41,39% et
58,48% à respectivement 28,14%, 32,90% et 58,51% durant la
période.
L'inégalité au niveau national est plus
élevée que dans les strates Autres villes, Forêt, Hauts
Plateaux et Savane. Le coefficient de Gini et les trois a -valeurs
indiquent que c'est dans la région Rurale Forêt que
l'inégalité des dépenses par équivalent adulte est
la plus faible. Celle-ci a baissé dans les Autres villes et la
région Rurale Savane mais a plutôt augmenté dans les
régions Rurale Forêt, Hauts Plateaux et le pays entier durant la
période 1996-2001. Les diminutions de l'inégalité dans les
strates Autres villes et Rurale Savane n'ont pas été consistantes
(-4,77% et -6,66% respectivement d'après le coefficient de Gini). Les
augmentations d'inégalité ont été plus fortes en
régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux que dans le pays
entier (+31,33% en Forêt, +15,12% dans les Hauts Plateaux et seulement
+0,39% au Cameroun selon le coefficient de Gini).
Tableau 12 : Décomposition de
l'inégalité selon les régions de résidence au
Cameroun (1996 et 2001)
Régions
|
Proportion de population
|
|
Gini (p = 2)
|
GE(0)
|
GE(1)
|
GE(2)
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
A(%)
|
Yaoundé
|
0,0710
(0,0096)
|
0,0872
(0,0056)
|
GE(a)j
|
|
|
|
0,0281 (0,0070)
|
0,0276 (0,0032)
|
-1,78
|
0,0422 (0,01 58)
|
0,0524 (0,0084)
|
+24,17
|
0,0998 (0,0579)
|
0,1586 (0,0387)
|
+58,92
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,1033 (0,0236)
|
0,0951 (0,0104)
|
-7,94
|
0,1331
(0,0454)
|
0,1656 (0,0227)
|
+24,42
|
0,1833 (0,0513)
|
0,2854 (0,0320)
|
+55,70
|
Yaoundé
|
0,4869 (0,0478)
|
0,4327 (0,0203)
|
-11,13
|
0,3958 (0,0797)
|
0,3168 (0,0297)
|
-19,96
|
0,4634 (0,1147)
|
0,3785 (0,0434)
|
-18,32
|
0,8536 (0,3098)
|
0,7221 (0,1281)
|
-15,41
|
Douala
|
0,0976
(0,0141)
|
0,0970
(0,0062)
|
GE(a)j
|
|
|
|
0,0393 (0,0079)
|
0,0273 (0,0029)
|
-30,53
|
0,0662 (0,0167)
|
0,0477 (0,0077)
|
-27,95
|
0,1535 (0,0524)
|
0,1275 (0,0352)
|
-16,94
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,1444 (0,0255)
|
0,0939 (0,0097)
|
-34,97
|
0,2087 (0,0438)
|
0,1507 (0,0213)
|
-27,79
|
0,2820 (0,0448)
|
0,2294 (0,0301)
|
-18,65
|
Douala
|
0,4845 (0,0302)
|
0,4100 (0,0196)
|
-15,38
|
0,4026 (0,0549)
|
0,2814 (0,0270)
|
-30,10
|
0,4139 (0,0569)
|
0,3280 (0,0410)
|
-20,75
|
0,5848 (0,0946)
|
0,5851 (0,1233)
|
+0,05
|
Autres villes
|
0,1285
(0,0193)
|
0,1637
(0,0166)
|
GE(a) j
|
|
|
|
0,0341 (0,0050)
|
0,0394 (0,0046)
|
+15,54
|
0,0479 (0,0088)
|
0,0511 (0,0065)
|
+6,68
|
0,1036 (0,0308)
|
0,0930 (0,0161)
|
-10,23
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,1254 (0,0196)
|
0,1355 (0,0164)
|
+8,05
|
0,1509 (0,0295)
|
0,1617 (0,0207)
|
+7,16
|
0,1904 (0,0286)
|
0,1673 (0,0154)
|
-12,13
|
Autres villes
|
0,3966 (0,0218)
|
0,3777 (0,0090)
|
-4,77
|
0,2656 (0,0287)
|
0,2406 (0,0113)
|
-9,41
|
0,2961
(0,0380)
|
0,2576 (0,0155)
|
-13,00
|
0,5088 (0,1104)
|
0,3860 (0,0420)
|
-24,14
|
Rurale Forêt
|
0,1816
(0,0224)
|
0,1447
(0,0216)
|
GE(a) j
|
|
|
|
0,0241 (0,0025)
|
0,0386 (0,0098)
|
+60,17
|
0,0169 (0,0021)
|
0,0273 (0,0048)
|
+61,54
|
0,0138 (0,0025)
|
0,0283 (0,0058)
|
+105,1
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,0884 (0,0109)
|
0,1328 (0,0307)
|
+50,23
|
0,0534 (0,0088)
|
0,0863 (0,0151)
|
+61,61
|
0,0254 (0,0027)
|
0,0510 (0,0057)
|
+100,7
|
Rural Forêt
|
0,2869 (0,0168)
|
0,3768 (0,0179)
|
+31,33
|
0,1325 (0,0152)
|
0,2668 (0,0499)
|
+101,3
|
0,1405 (0,0168)
|
0,2532 (0,0264)
|
+80,21
|
0,1726 (0,0247)
|
0,3523 (0,0530)
|
+104,1
|
Rurale Hauts Plateaux
|
0,2791
(0,0397)
|
0,2625
(0,0277)
|
GE(a) j
|
|
|
|
0,0547 (0,0092)
|
0,0733 (0,0090)
|
+34,00
|
0,0478 (0,009 1)
|
0,0580 (0,0066)
|
+21,34
|
0,0525 (0,0131)
|
0,0632 (0,0084)
|
+20,38
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,2009 (0,0339)
|
0,2521 (0,0290)
|
+25,49
|
0,1505 (0,0328)
|
0,1833 (0,0217)
|
+21,79
|
0,0965 (0,0136)
|
0,1137 (0,0086)
|
+17,82
|
Rural Hauts Plateaux
|
0,3460 (0,0259)
|
0,3983 (0,0150)
|
+15,12
|
0,1959 (0,0316)
|
0,2792 (0,0241)
|
+42,52
|
0,2161
(0,0338)
|
0,2785 (0,0210)
|
+28,88
|
0,3001 (0,0603)
|
0,3829 (0,0365)
|
+27,59
|
Rurale Savane
|
0,2422
(0,0310)
|
0,2450
(0,0281)
|
GE(a)J
|
|
|
|
0,0512 (0,0116)
|
0,0446 (0,0056)
|
-12,89
|
0,0548 (0,0175)
|
0,0379 (0,0049)
|
-30,84
|
0,0776 (0,0335)
|
0,0402 (0,0057)
|
-48,20
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,1881 (0,0383)
|
0,1535 (0,0214)
|
-18,39
|
0,1728 (0,0547)
|
0,1199 (0,0175)
|
-30,61
|
0,1425 (0,0331)
|
0,0724 (0,0061)
|
-49,19
|
Savane
|
0,3539 (0,0385)
|
0,3304 (0,0107)
|
-6,64
|
0,2114 (0,0452)
|
0,1821 (0,0117)
|
-13,86
|
0,2233 (0,0462)
|
0,1881 (0,0121)
|
-15,76
|
0,3116 (0,0656)
|
0,2420 (0,0197)
|
-22,34
|
Inégalité inter groupe
|
|
|
GE (a) J
|
|
|
|
0,0407 (0,0023)
|
0,0398 (0,0009)
|
-2,21
|
0,0415 (0,0023)
|
0,0419 (0,0008)
|
+0,96
|
0,0435 (0,0025)
|
0,0449 (0,0008)
|
+3,22
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,1495
|
0,1371
|
|
0,1306
|
0,1325
|
|
0,0799
|
0,0808
|
|
Inégalité intra groupe
|
|
|
GE (a) J
|
|
|
|
0,2315 (0,0480)
|
0,2508 (0,0234)
|
+8,34
|
0,2759 (0,0295)
|
0,2744 (0,0153)
|
-0,54
|
0,5008 (0,0782)
|
0,5107 (0,0527)
|
+1,98
|
Contribution relative
|
|
|
|
0,8505
|
0,8629
|
|
0,8694
|
0,8675
|
|
0,9201
|
0,9192
|
|
Cameroun
|
1 (0)
|
1 (0)
|
GE (a) J
|
0,4062 (0,0169)
|
0,4078 (0,0078)
|
+0,39
|
0,2722 (0,0227)
|
0,2906 (0,0141)
|
+6,76
|
0,3174 (0,0300)
|
0,3163 (0,0154)
|
-0,35
|
0,5442 (0,0786)
|
0,5556 (0,0527)
|
+2,09
|
Notes : Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types, A(%)représente des variations en
pourcentage et les GE(a) J
représentent les contributions absolues à
l'inégalité. Source : Les calculs sont
effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS
La tendance observée pour le coefficient de Gini est aussi
saisie par la classe qui
GE
montre notamment que l'inégalité a
diminué dans les grandes villes Yaoundé et Douala, les Autres
villes, la région Rurale Savane, et a augmenté dans le reste de
régions de même qu'au niveau national. Suivant la
décomposition de cette classe d'indice, Yaoundé qui ne comptait
que 7,10% de la population totale en 1996, capturait environ 129% de la moyenne
des dépenses totales et contribuait environ 10, 13 et 18 points de
pourcentage à l'inégalité intrarégion
conformément aux valeurs respectives du paramètre d'aversion
(a = 0, 1 et 2
respectivement). Quoique la part des dépenses de cette
région ait augmenté (158,6%), la
contribution de celle-ci
à l'inégalité intra-région en 2001 n'a
baissé que pour les dépenses
situées en bas de la
distribution (a = 0) mais a augmenté de 3 à 10 points de
pourcentage
selon que l'on accorde les mêmes poids aux dépenses
le long de la distribution (a =1) ou que l'on accorde plus de poids
aux dépenses situées en haut de la distribution (a =
2).
De manière similaire, Douala qui ne représente
que 9% de la population a vue ses dépenses baisser de 154,77% à
146,77% et sa contribution à l'inégalité
intra-région qui était respectivement de 14,44%, 21% et 28% a
chuté de près de 5 points de pourcentage quel que soit la valeur
du paramètre a. Il en est de même pour les Autres villes
où malgré l'augmentation de la part de population de plus de 3%
et un accroissement de la part des dépenses de plus de 6%, ces villes
réunies ne contribuant que 12, 15 et 19 points de pourcentage à
l'inégalité intra-groupe en 1996 (respectivement pour les trois
valeurs 0, 1 et 2 de a) ont connu une augmentation de presque 1%
lorsque a = 0 et 1 mais a connu une baisse
de plus de 2% lorsque a s'est accru durant 2001.
Parmi les régions rurales, uniquement la région
Rurale Savane a connue une baisse de sa contribution à
l'inégalité intra-région. Constituée de plus de 24%
de la population, la région Rurale Savane qui capturait moins de 93% de
la moyenne des dépenses en 1996 a vue cette part diminuer d'environ 14
points de pourcentage en 2001. Sa contribution à
l'inégalité totale a chuté de 3, 6 et 7 points de
pourcentage pendant et après les PAS respectivement pour les trois
valeurs de a considérées. Les régions Rurale
Forêt et Rurale Hauts Plateaux, au contraire ont vu leur part dans
l'inégalité intra-groupe progresser. La région Rurale
Forêt où la part des dépenses a augmenté de plus de
15% s'est vue doter d'un poids plus important dans l'explication de
l'inégalité intra-région. Ses parts ont varié ainsi
de 9, 5 et 3 points de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 90 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
pourcentage pour les valeurs respectives de 0, 1 et 2 de
a à 13, 9 et 5 points de pourcentage, soit une augmentation
moyenne de 3%. La région Rurale Hauts Plateaux quant à elle,
déjà très importante au départ dans l'explication
de cette même composante intra-régionale a vu ce poids
s'accroître d'environ 2 à 5%. Sa contribution à
l'inégalité totale est passée ainsi de 20, 15 et 10%
à respectivement 25, 18 et 11% selon quea = 0,1 ou
2.
Suivant les valeurs respectives de a,
l'inégalité entre les différentes régions se situe
respectivement entre 15, 13 et 8% de l'inégalité totale en 1996.
Ceci implique que les mesures de politique économique ayant pour but de
réduire l'inégalité entre ces régions vont certes,
être importantes dans la réduction de l'inégalité
totale mais seront moins effectives. Cependant, l'inégalité
intra-groupe représentait cette année environ 85, 87 et 92% de
l'inégalité totale suivant les valeurs respectives du
paramètre d'aversion a. Ainsi, toute stratégie de
réduction de l'inégalité intra-région sera plus
efficace dans l'éradication de l'inégalité totale. Les
variations en 2001 n'ont pas été les mêmes suivant les
a -valeurs. La décomposition de l'inégalité
totale révèle que la contribution intra-régionale explique
incontestablement l'augmentation de l'inégalité entre 1996 et
2001 avec des contributions variant de 85,05% à 86,29% pour a =
0 et de 9 1,92% à 92,01% pour a = 2. Cette tendance change de
sens lorsque le paramètre d'aversion à l'inégalité
prend la valeur 1. La contribution intra-régionale expliquant
plutôt une tendance à la baisse de l'inégalité avec
des contributions variant de 86,94% à 86,75% pour a = 1.
C'est donc plutôt les composantes
inter-régionales qui, de part leur hausse respectives, expliquent la
hausse de l'inégalité lorsque a = 0 et 1. Il
faut cependant noter que lorsque l'on
attribue les mêmes poids aux dépenses le long de
la distribution c'est-à-direa = 1, la contribution
intra-régionale tendant à baisser l'inégalité
totale l'emporte sur la contribution inter-groupe, ce qui se résume par
une baisse de l'inégalité totale.
Une observation importante qui peut être déduite
de ces résultats, et qui semble être vérifier sur toute
l'analyse est que plus la dépense moyenne est élevée dans
une région, plus celle-ci est inégale et vice versa.
L'implication de ceci est qu'au Cameroun, la pauvreté est inversement
liée à l'inégalité.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme 91 d'Etudes Approfondies ( DEA) en
Economie Mathématique et Econométrie
V.3.2.2. Polarisation selon les régions de
résidence au Cameroun sur la
période 1996-2001
Les résultats des mesures de polarisation selon les
régions de résidence récapitulés dans le Tableau 13
indiquent que la polarisation est un phénomène présent au
Cameroun et dont la variation pendant et après les PAS n'est pas
uniforme si l'on considère différentes mesures de celle-ci.
Ainsi, d'après l'indice Foster-Wolfson, en 1996, les
grandes métropoles (Douala et Yaoundé) et les Autres villes
constituaient les régions les plus polarisées du pays avec un
niveau de polarisation supérieur à celui du pays tout entier.
Douala qui détenait moins de 10% de la population et dont la part des
dépenses était la plus élevée (154,77% de la
moyenne) se situait au sommet avec un niveau de polarisation de 49,3 7% suivie
de Yaoundé (7% de population et 129% de la moyenne des dépenses)
avec 45,67%. Les régions rurales étaient celles les moins
polarisées avec chacune un taux de polarisation inférieur d'au
minimum 1 point de pourcentage à celui du pays. La région Rurale
Forêt était la zone la moins polarisée de toute (24,83%)
suivie par la région Rurale Hauts Plateaux (27,63%). Ce niveau
relativement faible de polarisation peut s'expliquer par le fait que les
populations de ces régions, généralement tournées
vers les secteurs agricole et informel, ont des revenus sensiblement
similaires.
La tendance a sensiblement changé en 2001. La
polarisation a baissé dans les grandes métropoles, les Autres
villes et la région Rurale Savane. Cette réduction plus intense
à Douala et à Yaoundé a ramené le degré de
polarisation de ces villes presque au niveau de celui des autres régions
où l'on a plutôt vécu une augmentation des index de
polarisation. On est ainsi quitté de 49,37% à 33,14% à
Douala et de 45,67% à 35,69% à Yaoundé.
La baisse de la polarisation a été moindre dans
les Autres villes et dans la région Rurale Savane (-4,84% et -3,57%
respectivement). La région Rurale Savane est ainsi devenue en 2001, la
région la moins polarisée du pays du fait de l'augmentation de la
polarisation dans les autres régions rurales.
Tableau 13 : Evolution de la polarisation selon
la région de résidence du chef de ménage au Cameroun (1996
et 2001)
Régions
|
Proportion de population
|
Indice Foster-Wolfson
|
Mesures Duclos-Esteban-Ray
|
DER (0,5)
|
DER (1)
|
1996
|
2001
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
1996
|
2001
|
Asig
|
A(%)
|
Yaoundé
|
0,0710 (0,0096)
|
0,0872 (0,0056)
|
0,4567 (0,0624)
|
0,3569 (0,0183)
|
-0,0997 (0,0651) [-1,5315]
|
-21,85
|
0,2879 (0,0093)
|
0,2616 (0,0081)
|
-0,0263** (0,0124) [-2,1210]
|
-9,14
|
0,2287 (0,0 125)
|
0,2126 (0,0097)
|
-0,0161 (0,0159) [-1,0126]
|
-7,04
|
Douala
|
0,0976 (0,0141)
|
0,0970 (0,0062)
|
0,4937 (0,0529)
|
0,33 14 (0,0148)
|
-0,1623*** (0,0549) [-2,9563]
|
-32,87
|
0,2880 (0,0084)
|
0,2511 (0,009 1)
|
-0,0369*** (0,0124) [-2,9758]
|
-12,81
|
0,2207 (0,0096)
|
0,2051 (0,0121)
|
-0,0156 (0,0154) [-1,0130]
|
-7,07
|
Autres villes
|
0,1285 (0,0193)
|
0,1637 (0,0166)
|
0,3429 (0,0345)
|
0,3263 (0,0120)
|
-0,0167 (0,0365) [-0,4575]
|
-4,84
|
0,2436 (0,0 100)
|
0,2346 (0,0028)
|
-0,0090 (0,0103) [-0,873 8]
|
-3,69
|
0,1870 (0,0104)
|
0,1832 (0,0031)
|
-0,0038 (0,0 109) [-0,3486]
|
-2,03
|
Rural Forêt
|
0,1816 (0,0224)
|
0,1447 (0,0216)
|
0,2483 (0,0138)
|
0,3288 (0,0196)
|
0,0805*** (0,0240) [3,3542]
|
+32,42
|
0,2038 (0,0250)
|
0,2311 (0,0048)
|
0,0273 (0,0254) [1,0748]
|
+13,40
|
0,1715 (0,0186)
|
0,1766 (0,0069)
|
0,0050 (0,0 199) [0,2513]
|
+2,97
|
Rural Hauts plateaux
|
0,279 1 (0,0397)
|
0,2625 (0,0277)
|
0,2764 (0,0314)
|
0,3564 (0,0217)
|
0,0800** (0,0382) [2,0942]
|
+28,94
|
0,2258 (0,0547)
|
0,2407 (0,0089)
|
0,0149 (0,0554) [0,2690]
|
+6,60
|
0,1833 (0,0462)
|
0,1805 (0,0068)
|
-0,0028 (0,0467) [-0,0600]
|
-1,53
|
Rurale Savane
|
0,2422 (0,0310)
|
0,2450 (0,0281)
|
0,2973 (0,0558)
|
0,2867 (0,0136)
|
-0,0106 (0,0574) [-0,1847]
|
-3,57
|
0,2277 (0,0561)
|
0,2165 (0,0064)
|
-0,0113 (0,0565) [-0,2040]
|
-4,92
|
0,1754 (0,0426)
|
0,1720 (0,0050)
|
-0,0034 (0,0429) [-0,0793]
|
-1,94
|
Cameroun
|
1 (0)
|
1 (0)
|
0,3325 (0,0219)
|
0,3466 (0,0081)
|
0,0141 (0,0233) [0,6052]
|
+4,24
|
0,2462 (0,0116)
|
0,2422 (0,0031)
|
-0,0041 (0,0120) [-0,3417]
|
-1,62
|
0,1976 (0,0158)
|
0,1874 (0,0036)
|
-0,0102 (0,0162) [-0,6296]
|
-5,16
|
Notes : -Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types, les valeurs entre crochets sont les
z-statistiques, Asig représente les différences et A(%)
représente de
variations en pourcentage.
-Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576
à 1%. -Les différences marquées de *, ** et *** sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
En fait, la région Rurale Forêt a battu le record
en termes d'augmentation de la polarisation passant de 24,83% en 1996 à
32,88% en 2001 et se hissant de ce fait devant les Autres villes lorsqu'on
classe par ordre décroissant les régions en termes de
degré de polarisation. La hausse de la polarisation dans la
région Rurale Hauts Plateaux (de 27,64 à 35,64%) l'a
propulsé en 2001 au deuxième rang des régions les plus
polarisées du pays juste après Yaoundé qui a pris le
dessus sur Douala.
Au regard des mesures Foster-Wolfson et de Gini, il est facile
de noter que l'inégalité et la polarisation se sont
comportées de façon similaire à savoir une diminution dans
les grandes métropoles, les Autres villes et la région Rurale
Savane mais plutôt une augmentation dans les autres régions
rurales. Cependant, les taux d'accroissement de ces deux
phénomènes ne sont pas les mêmes. Ils sont plus intenses
pour les mesures de la polarisation que pour les celles de
l'inégalité. Cette similitude entre l'évolution de la
polarisation et de l'inégalité reste observée en grande
partie lorsque ces dernières sont mesurées respectivement par
l'indice Foster-Wolfson et la classe d'entropie.
Considérant les mesures Duclos-Esteban-Ray, on se rend
compte que la polarisation reste un phénomène important dans les
régions de résidence au Cameroun. Comme pour l'indice
Foster-Wolfson, la mesure DER (pour á = 0,5) classe la
polarisation sensiblement
dans le même ordre que celui fait par la mesure
précédente. Ce classement diffère légèrement
lorsque le paramètre d'aversion á s'accroît.
Pour á = 0,5, l'indice DER classe
Douala et Yaoundé au sommet des zones les plus
polarisées avec un taux de 28,8% en 1996 suivie des
Autres villes (24,36%). Les deux grandes métropoles Douala et
Yaoundé étaient plus polarisées que le pays pris dans
l'ensemble. En 2001, la polarisation a baissé dans les régions
urbaines, ceci de manière plus intense à Douala (-12,8 1%).
Yaoundé est devenue de là, la région la plus
polarisée suivie de Douala. Tout comme avec l'indice Foster-Wolfson, la
région Rurale Forêt est devenue la région la moins
polarisée en 1996 avec un taux de 20,38%. En 2001, la polarisation a
augmenté dans les régions Rurale Forêt et Rurale Hauts
Plateaux et a baissé en région Rurale Savane, faisant de cette
dernière, la nouvelle région la moins polarisée.
Lorsque le paramètre á s'accroît,
l'ordre de classement de la polarisation diffère un peu du
précédent mais cette différence reste
légère. La différence fondamentale se situe au niveau de
la région Rurale Hauts Plateaux où l'on enregistre une baisse de
la polarisation entre 1996-2001, contrairement à l'indice et à
l'indice Foster-Wolfson. Les
DER (0,5)
mesures DER avec les valeurs de paramètre
á = 0,5 et 1 révèlent une baisse de la
polarisation dans le pays entier contrairement à la mesure
Foster-Wolfson.
Considérant donc la mesure , la polarisation peut
être appréhendée comme un
DER
phénomène distinct de l'inégalité de
part leurs évolutions différentes au niveau du pays. En effet,
pendant que la mesure indique une baisse de la polarisation, le coefficient de
Gini
DER
et la classe GE nous font plutôt état d'une
hausse de l'inégalité au niveau du pays entier, ceci lorsque l'on
accorde plus de poids aux dépenses des extrémités de la
distribution.
Dans les régions de résidence,
l'inégalité et la polarisation ont une évolution similaire
si l'on considère que ces deux phénomènes sont
mesurées respectivement par le coefficient de Gini et la mesure
DER pour á = 0,5. Pendant que ces deux
phénomènes diminuaient dans les régions Douala,
Yaoundé, les Autres villes et la région Rurale Savane durant les
PAS, on enregistrait plutôt une hausse de ceux-ci dans les régions
Rurale Hauts Plateaux et Rurale Forêt. Lorsque la polarisation est
mesurée par l'indice DER avec le paramètre á
= 1, inégalité et polarisation suivent toujours les
mêmes sens d'évolution dans les régions de résidence
à l'exception de la région Rurale Hauts Plateaux où
l'inégalité augmente tandis que la polarisation baisse. Cette
différence est aussi observée au niveau national où
inégalité et polarisation évoluent en opposition de phase.
La baisse de la polarisation proportionnellement plus intense est
sanctionnée par une légère hausse de
l'inégalité.
En mettant en commun les mesures DER pour la
polarisation et la classe des mesures d'entropie d'inégalité, on
se rend compte que l'inégalité et la polarisation restent presque
similaires en termes d'évolutions régionales. Les
différences très peu signifiantes se situent au niveau de la
région de Douala où il y a contraste entre hausse
d'inégalité mesurée par l'indice GE(2) et la
baisse de la polarisation. Il en est de même pour la région Rurale
Hauts Plateaux dans laquelle la forte augmentation de l'inégalité
d'après la classe est suivie d'une
GE
augmentation de la polarisation lorsque le paramètre
d'aversion est faible mais celle-ci
changeant de tendance lorsque le
paramètre s'accroît. Par contre, inégalité et
polarisation
baissent simultanément lorsque l'indice est utilisé
pour mesurer l'inégalité. L'intensité
GE(1)
de la baisse est en faveur de la polarisation qui connaît
une forte diminution quel que soit la valeur du paramètre
á (-1,62% lorsque á = 0,5 et -5,16%
lorsqueá = 1).
La décomposition de l'inégalité et de la
polarisation selon les milieux urbains-ruraux ne donne pas des résultats
différents de ceux donné par cette décomposition selon les
six régions ou zones agroécologiques (Yaoundé, Douala,
Autres villes, région Rurale Forêt, région Rurale Hauts
Plateaux et région Rurale Savane). On a enregistré une baisse de
l'inégalité et de la polarisation en milieu urbain. Ce
résultat a été retrouvé dans les strates
Yaoundé, Douala et Autres villes qui sont en fait les constituants du
milieu urbain. Le milieu rural ainsi que les régions Rurale Forêt
et Rurale Hauts Plateaux ont toutes connu une augmentation de leurs niveaux
d'inégalité et de polarisation entre 1996 et 2001. Ce n'est qu'en
région Rurale Savane où les résultats ont
été quelque peu différents. L'on y a enregistré
plutôt une baisse de l'inégalité et de la polarisation.
V.4. Conclusion
L'inégalité est un phénomène plus
intense au Cameroun que la polarisation de part leur niveau relatif. Il en est
de même lors de leur répartition au niveau des milieux et
régions de résidence. On constate aisément que ces deux
phénomènes qui semblaient en 1996 être liés à
l'urbanisation ne le sont pas en réalité. En 2001, polarisation
et inégalité sont d'autant élevées dans les grandes
villes que dans certaines régions rurales comme les Hauts Plateaux et la
région Forêt. Elles peuvent être liées au niveau de
richesse car l'on remarque que celles-ci ont pris de l'ampleur dans les
régions où les parts de dépenses ont augmenté et
ont baissé dans le cas contraire. En outre, la distinction entre les
deux phénomènes de part leurs évolutions, est liée
aux différentes mesures utilisées pour les appréhender.
Ainsi, il est facile de remarquer que la mesure Foster-Wolfson
utilisée pour la polarisation se rapproche plus du coefficient de Gini
d'inégalité puisqu'ils font état d'une évolution
similaire des deux phénomènes. Les mesures qui donnent une
évolution de la polarisation différente de celle de
l'inégalité sont les mesures Duclos-Esteban-Ray .
(DER )
Cette mesure est basée sur le double principe
d'identification-aliénation. Duclos et al (2004)
stipulent en effet
que la polarisation est liée à l'aliénation que les
individus ou groupes
ressentent réciproquement l'un de l'autre mais
cette aliénation est alimentée par les notions
d'identité intra-groupe. L'inégalité, de
part son aliénation interpersonnelle ne capture qu'un aspect de la
polarisation. Ces deux phénomènes ne varient dans le même
sens que lorsque la distance économique qui sépare les groupes de
dépenses de la distribution considérée est grande.
Chapitre VI :
CONCLUSION GENERALE
Cette étude a essayé d'analyser de
manière compréhensive les évolutions de
l'inégalité et de la polarisation en utilisant les enquêtes
auprès des ménages camerounais pendant et après les PAS.
Elle a, à cet effet, axé sa problématique sur la
comparaison des évolutions de la polarisation et de
l'inégalité au Cameroun afin de mieux décrypter les
différences et similitudes qui existent entre elles, notre soucis
étant de proposer un moyen de lutte contre la pauvreté par une
approche de réduction de l'inégalité et de la
polarisation. La méthodologie utilisée a été celle
qui décompose l'inégalité dans les milieux et
régions de résidence et qui permette de déterminer comment
s'est comportée la polarisation durant ces périodes,
comparativement à l'inégalité. Ceci a été
fait aux moyens du coefficient de Gini, de la classe des mesures d'entropie
généralisée pour l'inégalité, de l'indice de
Foster-Wolfson et de la classe des mesures Duclos-Esteban-Ray pour la
polarisation. Les résultats empiriques ont été obtenus de
DAD 4.5 en utilisant les données d'ECAM I et d'ECAM II avec comme
indicateur la dépense par équivalent-adulte.
VI.1. Résumé des résultats
De manière générale, les résultats
présentés par les mesures d'inégalité et de
polarisation utilisées ici sont complexes. Ils sont condensés
dans les questions suivantes : Est- ce que le retour de croissance induit par
la dévaluation du 12 janvier 1994 a produit une réduction
considérable de l'inégalité et de la polarisation au
Cameroun ? La polarisation et l'inégalité ont-elles eu une
évolution similaire ou dissemblable durant la période sous revue
? Dans l'effort de fournir des réponses à ces questions, cette
étude a examiné les changements dans les estimations des indices
d'inégalité et de polarisation. Elle a essayé de comparer
ces évolutions pour dégager les différences et similitudes
qui existent entre elles.
Le coefficient de Gini nous a fait état d'une
augmentation de l'inégalité au Cameroun entre 1996 et 2001 et
dans les milieux et régions rurales excepté la région
Rurale Savane et d'une baisse de celle-ci en milieux urbains. La classe
d'entropie généralisée vient confirmer ce résultat
tout en rappelant que l'augmentation de l'inégalité n'est
effective au Cameroun que
lorsque l'on accorde plus de poids aux revenus situés
aux extrémités de la distribution. La décomposition de
cette classe d'indices par milieux et régions de résidence du
chef de ménage indique que l'inégalité, que ce soit
pendant ou après les PAS, est plus prononcée dans les milieux
urbains que dans les milieux ruraux. Elle est plus forte à
Yaoundé la capitale politique, suivi de Douala la capitale
économique, ces deux villes étant les plus grandes au Cameroun.
Le plus faible degré d'inégalité est observé dans
la région Rurale Forêt. Cet ordre est resté le même
malgré la baisse d'inégalité dans les deux grandes
métropoles entre 1996- 2001.
Les résultats les plus complexes restent ceux
donnés par les mesures de polarisation. Les deux mesures
utilisées ici divergent de part leurs différents
résultats. Ainsi, pendant que l'indice Foster-Wolfson nous fait
état d'une augmentation de la polarisation au Cameroun, les mesures
Duclos-Esteban-Ray nous indiquent plutôt une baisse de celle-ci. Ce n'est
qu'en milieu urbain où les résultats des deux mesures convergent
et nous font état d'une baisse de la polarisation dans ce milieu entre
1996 et 2001. Les villes de Douala et Yaoundé connaissent les plus
fortes diminutions.
Les différences entre les évolutions de
l'inégalité et de la polarisation sont liées aux mesures
utilisées. Ainsi, inégalité et polarisation sont
similaires en termes d'évolution dans les différentes strates
considérées, mais évoluent de façon
différente au niveau national lorsque la polarisation est mesurée
par les mesures DER. En effet, la mesure Foster-Wolfson nous fait
état de la baisse de la polarisation en milieu urbain (principalement
dans les villes) et en région Rurale Savane et d'une hausse de celle-ci
en régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux durant la
période 1996-2001 tout comme l'inégalité qu'elle soit
mesurée par le coefficient de Gini ou par la classe d'entropie.
Les mesures Duclo-Esteban-Ray quant à elles nous font
état aussi bien d'une baisse de la polarisation dans les villes et en
région Rurale Savane et une hausse en régions Rurale Forêt
et Rurale Hauts Plateaux comme pour l'inégalité, mais
plutôt une baisse de celle-ci niveau national contrairement à
l'inégalité qui y a été croissante.
Conformément à ceci, le choix des mesures qui luttent contre ces
deux phénomènes au sein du pays doit tenir compte de ces
évolutions divergentes au cours du temps. Les décideurs doivent
choisir des politiques de réduction d'inégalité qui
stimulent en même temps la baisse de la polarisation.
En outre, une observation importante est qu'en termes de
niveau, inégalité et polarisation sont plus des problèmes
urbains que ruraux. Yaoundé vient en première position des zones
les plus polarisées suivie de Douala avec des niveaux de polarisation
supérieurs à celui du pays en général. La
région Rurale Forêt qui était la moins polarisée et
la moins inégale en 1996 va perdre ce statut en 2001 en ce qui concerne
la polarisation au profit de la région Rurale Savane.
L'observation que les milieux et régions qui regorgent
des hauts revenus par tête sont plus inégales et plus
polarisés en termes de dépenses tend à faire accepter la
conventionnelle considération que la croissance économique dans
ces principaux milieux et régions est associée à une forte
inégalité et une forte polarisation. Il peut être
déduit de ces résultats que plus la dépense moyenne est
élevée dans une région, plus celle-ci est inégale
et polarisée et vice versa. Ceci est dû au fait que la grande
majorité des bénéficiaires de gros revenus de
propriété et de commerce lucratif et la plupart des personnes les
plus vigoureuses, qui gagnent relativement de gros revenus, résident aux
côtés des personnes les plus pauvres. La réduction des
phénomènes d'inégalité et de polarisation entre
1996 et 2001 dans ces milieux est attribuable à l'absorption
grandissante du travail migrant du fait de la reprise de croissance de la
seconde moitié des années 90 qui a amélioré
légèrement les revenus des personnes présentes en villes
et a assuré pour certains une stabilité de leurs emplois.
VI.2. Recommandations de politiques
économiques
Après l'atteinte du point d'achèvement de
l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) d'avril 2006,
annonciatrice d'un renforcement de la reprise de croissance amorcée au
Cameroun aux lendemains de la dévaluation, il aurait été
judicieux pour les preneurs de décision de résoudre le
problème de pauvreté par des mesures devant améliorer les
conditions de redistribution des fruits de la croissance. Bourguignon (2000)
nous rappelle cette nécessité en faisant valoir qu'en
dépit des considérations anciennes stipulant que
l'amélioration générale du niveau de vie est
engendrée par la croissance uniquement, celle-ci peut être
favorisée par une politique de redistribution et de réduction des
inégalités et de la polarisation.
La question qui se pose ici est celle de savoir comment
redistribuer de manière efficiente le fruit de la croissance ? Dans les
pays en voie de développement, les recettes fiscales résultent en
majorité d'impôts et de droits indirects qui ne prêtent
guère à une
redistribution des revenus. Cela a conduit les
économistes de développement à mettre l'accent sur des
systèmes de redistribution relativement simples reposant plus sur
l'effet des dépenses publiques égalitaires (éducation,
nutrition et santé) que sur la progressivité de l'impôt
(car un impôt sur le revenu est souvent trop coûteux et se
prête trop à l'évasion fiscale). Il est donc possible et
souhaitable de redistribuer directement aux plus pauvres par une politique de
développement des infrastructures et de transferts en nature. Ceci
consiste en :
- La promotion de la formation à l'auto-emploi dans le but
de rendre utile toutes les couches de populations,
- La construction des routes dans des zones rurales où
l'on n'arrive pas à évacuer les
produits champêtres, ce qui relèverait les niveaux
de vie des populations rurales,
- Rendre l'accès aux médicaments faciles aux
couches défavorisées en les
subventionnant, ce qui améliorerait la redistribution des
revenus de la croissance,
- L'abduction d'eau potable dans les régions rurales
aiderait à améliorer l'état de santé
des populations de ces régions,
- L'électrification rurale améliorerait les
conditions de vie des populations rurales et relèverait de ce fait leurs
différents niveaux de revenus,
- La lutte contre la corruption et les détournements de
derniers publics, ce qui peut engendrer des effets sur les revenus des
corrompus et des plus riches et contribuer ainsi à résorber
l'écart entre les différents niveaux de revenus
- L'exonération des produits alimentaires de toute taxe
: Ahmad et Stern (1987) ont montré par simulation pour l'Inde que le
passage d'un système de TVA à taux uniformes à un
système dans lequel tous les produits alimentaires seraient
exonérés augmenterait de plus de 3,5 % le revenu des plus
pauvres.
Cependant, ces mesures de politique doivent tenir compte des
différentes évolutions d'inégalité et de
polarisation. Les décideurs doivent choisir des politiques de
réduction d'inégalité qui stimulent en même temps la
baisse de la polarisation. Concernant les inégalités, il
apparaît que toute mesure de politique visant à réduire
l'inégalité au Cameroun doit se focaliser sur
l'inégalité intra-groupe et se concentrer principalement sur les
grandes métropoles Douala et Yaoundé. L'observation que les
niveaux de vie élevés sont associés aux fortes
inégalités et vice versa, jumelée au résultat que
l'inégalité intra-groupe est extrêmement plus forte que
l'inégalité inter-groupe signifie que les preneurs de
décisions doivent faire face à un dilemme de politique. Ceci
appelle à plus d'efforts concertés dans le choix des mesures qui
puissent réduire la pauvreté et atténuer
l'inégalité et la polarisation de façon
simultanée.
Les mesures qui abordent de manière consistante ces
trois concepts peuvent bien être conçues, comme nous l'avons
spécifier plus haut, dans le cadre des transferts de nature
ciblés qui soient neutre aux groupes, mais touchent les segments les
plus vulnérables de chacun des groupes.
VI.3. Perspectives de recherche future
L'un des problèmes de cette étude est qu'elle
s'est limitée à comparer les évolutions de
l'inégalité et de la polarisation uniquement pendant et
après les Programmes d'Ajustement Structurel au Cameroun. Nous pourrons
envisager faire cette comparaison entre deux, trois, ou un panel de pays afin
de mieux cerner les contours des phénomènes
d'inégalité et de polarisation qui sont devenus
déterminant dans l'efficience du développement de nos
économies. Nous pourrons aussi pour d'éventuelles études
futures développer et tester empiriquement un indice composite qui
englobe l'inégalité, la polarisation et la pauvreté.
BIBLIOGRAPHIE
Aerts J. J., Cogneau D., Herrera J., Monchy G., Rouchaud
F. (2000), L'économie camerounaise : un espoir
évanoui, éd. Karthala, Les Afriques, Paris.
Agence Française de Développement
(2002), Projet de Financement Bilatéral additionnel
à
l'Initiative PPTE, Conseil de Surveillance de l'AFD,
Agence de Yaoundé / GOB.
Aghion, P. et Bolton, P.
(1997), «A Theory of Trickle-Down Growth and
Development»,
Review of Economic Studies, vol. 64, No. 2, pp. 15
1-172.
Ahmad, E. et Stern, N. (1987),
«Alternative Sources of Government Revenue: Illustration from India»,
in, Newbery et Stern, (eds), The Theory of Taxation for Developing
Countries, Oxford University Press.
Ahuja, V., Bidani, B., Ferreira, F. et Walton, M.
(1997), Everyone 's Miracle? Revisiting
Poverty and Inequality in East Asia, August 1997, The
World Bank, Washington DC. Alby, P. (2006), «Polarization
and Inequality in the Formal Ivoirian Economy», The Journal
of Economic Inequality, Manuscript Draft.
Alesina, R. et Parotti (1993), «Income
Distribution, Political instability and Investment», European Economic
Review, vol. 40, No. 6, pp. 1203-1228.
Alesina, R. et Rodrik, D. (1994),
«Distributive Politics and Economic Growth», Quaterly Journal of
Economics, vol. 109, No. 2, pp. 465-490.
Ali, A. G. (2003), «Structural
Adjustment Programs and Poverty in Sub-Saharan Africa: 1985-1995», in,
Thandika Mkandawire and Charles C. Soludo, (eds), African Voices on
Structural Adjustment, Council for Development of Social Science Research
Centre, Ottawa, pp.189-228, also available on,
http://www.idrc.ca/, 12
juillet 2007.
Andalon, L. M. et Lopez-Calva, L. F. (2002),
«The Many Mexicos : Income Inequality and polarization in Urban Mexico
During the 90's», Conference Paper, The Cornell-LSEWIDER Conference on
Spatial Inequality, London, June 28, 29, and 30th.
Araar, A. (2008), «On the Decomposition
of Polarization Indices: Illustrations with Chinese and Nigerian Household
Surveys», Working Paper, CIRPEE and PEP, Université Laval,
Québec, Canada G1K7P4.
Araar, A. et Awoyemi, T. T. (2006),
«Poverty and Inequality Nexus: Illustrations with Nigerian
Data», Cahier de Recherche, No. 0638, CIRPEE.
Awoyemi, T. T., Oluwatayo, I. B. et Oluwakemi, A.
(2006), «Inequality, Polarization and Poverty in Nigeria»,
6th PEP Research Network General meeting, available on, http:
//
www.pep-net.org, 18
mai 2007.
Azam, J. P. (1995), «Les effets
incertains de l'ajustement structurel sur la répartition des revenus en
Afrique Subsaharienne», in Rolph Van Der Hoeven et Fred Van Der Kraaj,
(eds), L'ajustement structurel et au-delà en Afrique
Subsaharienne, éd. Karthala, Paris, pp. 159-178.
Banerjee, A. et Newman, A. (1993),
«Occupational Choice and the Process of
Development», Journal of Political Economy, vol.
101, No. 2, pp. 274-298.
Banque Africaine de Développement (2004),
«Le Cameroun», in, Perspectives
Economiques en Afrique, BAD, OCDE, pp. 127-141.
Banque Mondiale (1994), L'ajustement en
Afrique: Réformes, résultats et chemin à parcourir,
World Bank, Washington.
Baye, M. F. (2008), «Exact Configuration
of Poverty, Inequality and Polarization Trends in the Distribution of
Well-being in Cameroon», Conference Paper, Centre for the Study
of African Economies (CSAE), Conference 2008 on «Economic Development in
Africa», St Catherine's College, Oxford.
Baye, M. F. et Fambon, S. (2002),
«Decomposition of Inequality in the Distribution of Living Standards in
Cameroon», African Journal of Economic Policy, vol. 9, No. 2, pp.
51-75.
Baye, M. F., et Fambon, S. (2001), «The
impact of macro and sectoral policies on the extend of poverty in
Cameroon», in Globalisation and Poverty: The Role of Rural
Institutions in Cameroon, Background Paper submitted to FASID, Tokyo,
Japan.
Bertola, G. (1993), «Factor Shares and
Savings in Endogenous Growth», American Economic Review, vol. 83,
No. 5, pp. 1184-1198.
Bourguignon, F. (2000), «Redistribution
et développement», in, François Bourguignon, Christian
Chavagneux et Laurence Tubiana, Pierre Salma, Jacques Valier, (eds),
Développement : Rapports du Conseil d'Analyse Economique, La
Documentation Française, Paris, pp. 11-42.
Bourguignon, F. (1979), «Decomposable
Income Inequality Measures», Econometrica, vol. 47, pp.
901-920.
Bourguignon, F. et Morrisson, C. (2002),
«Inequality among World Citizens: 1820-1992», American Economic
Review, vol. 92, No. 4, pp. 727-744.
Canagarajah, S., Ngwafon, J. et Thomas, S.
(1997), «The evolution of poverty and welfare in Nigeria,
1985-92», Policy Research Working Paper, No. 1715.
Chameni N. C. (2006), «Linking Gini to
Entropy: Measuring Inequality by an interpersonal class of indices»,
Economics Bulletin, Vol. 4, No. 5, pp. 1-9
Chen, J. et Fleisher, B. M. (1996),
«Regional Income Inequality and Economic Growth in
China», Journal of Comparative Economics, vol. 22,
No. 2, pp. 141-164.
Cowell, F. A. (2006), «Inequality:
Measurement», STICERD, London School of Economics,
available on,
http://sticerd.lse.ac.uk/DARP,
21 juin 2008.
Cowell, F. A. (1995), Measuring
Inequality, (2nd edition), Harvester Wheatsheaf, Hemel
Hemstead.
Cowell, F. A. (1980), «On the Structure of
Additive Inequality Measures», Review of Economic Studies, vol.
47, pp. 521-53 1.
Cowell, F. A. et Jenkins, S. P. (1995),
«How much inequality can we explain? A methodology and an Application to
the USA», Economic Journal, vol. 105, pp. 421- 430.
Davidson, R. et Duclos, J. Y. (1997),
«Statistical Inference for The Measurement of the
Incidence of Taxes and Transfers», Econometrica,
vol. 65, No. 6, pp. 1453-1465.
Dayioglu, M. et Baslevent, C.
(2006), «A Subgroup Decomposition of the Atkinson Index:
Imputed Rents and Regional Income Inequality in Turkey»,
Urban Studies, Draft.
Donaldson, D. et Weymark, J. A.
(1980), «A Single Parameter Generalization of the Gini
Indices of Inequality», Journal of Economic Theory,
vol. 22, pp. 67-86.
Duclos, J. Y. (1997), «The Asymptotic
Distribution of Linear Indices of Inequality, progressivity and
Redistribution», Economic Letters.
Duclos, J. Y. et Araar, A. (2004),
Poverty and Equity: Measurement, Policy, and Estimation with DAD,
International Development Research Centre, CREFA, Université Laval,
Canada, also available on,
http://www.idrc.ca/, 12
juillet 2007.
Duclos, J. Y., Araar, A. et Fortin, C. (2000),
DAD, A Software for Distributive Analysis / Analyse
Distributive, MIMAP Programme, International Development Research Centre,
Government of Canada, and CREFA, Université Laval.
Duclos, J. Y., Esteban, J. et Ray, D. (2004),
«Polarization: Concepts, Measurement, Estimation»,
Econometrica, vol. 72, No. 6, pp. 1737-1772.
Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale (2002), Conditions de vie des
populations et profile de pauvreté au Cameroun en 2001, Rapport
principal de l'ECAM II, DSCN, Yaoundé.
Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale (1997b), Distribution des revenus et
consommation des ménages au Cameroun en 1996, Résultats de
l'ECAM I, DSCN, Yaoundé.
Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale (1997a), Conditions de vie
des
ménages au Cameroun en 1996, Résultats de
l'ECAM I, DSCN, Yaoundé.
Esteban, J., Gradin, C. et Ray, D. (1999),
«Extensions of a Measure of Polarization with an
Application to the Income Distribution of Five OECD
countries», Working Paper,
Instituto de Analisis Economico.
Esteban, J. et Ray, D. (1994), «On the
Measurement of Polarization», Econometrica, vol. 62, No. 4, pp. 8
19-852.
Esteban, J. et Ray, D. (1991), «On the
Measurement of Polarization», Working Paper 18, Boston University,
Institute for Economic Development.
Fambon, S., Baye, F. M., Tamba, I., Noumba, I., Amin,
A. A. et Tawah, R. (2005), «Dynamique de la Pauvreté et de
la Répartition des Revenus au Cameroun durant les années 80 et
90», in, Réformes Economiques et Pauvreté au Cameroun
durant les années 80 et 90, Recherche Collaborative sur la
Pauvreté au Cameroun, Consortium pour la Recherche en Economie en
Afrique (CREA), AERC, Rapport final.
Fedorov, L. (2002), «Regional inequality
and regional polarization in Russia, 1990-99», World Development,
vol. 30, No.3, pp. 443-456.
Fields, G. S. (1980), «Poverty, Inequality
and Development», Cambridge University Press, Cambridge.
Fitoussi, J. P. et Rosanvallon, P. (1996),
Le nouvel âge des inégalités, ed. Seuil, Paris.
Fonds Monétaire International (1988), «The
implication of Fund-Supported Adjustment
Programs for Poverty», IMF Occasional Papers, No. 58,
Washington, DC.
Foster, J. E. et Wolfson, M. C. (1992),
«Polarisation and the Decline of the Middle Class:
Canada and U.S.», Working Document, Vanderbilt
University.
Galor, O. et Zeira, J. (1993), «Income
Distribution and Macroeconomics», Review of Economic Studies,
vol. 60, No. 1, pp. 35-52.
Garcia-Montalvo, J. et Reynal-Querol, M.
(2002), «Why Ethnic Fractionalization? Polarization, Ethnic
Conflict and Growth», Working Papers, No. 660, Universitat Pompeu
Fabra.
Giddens, A. (2000), The Third Way and its
critics, Policy Press, U. S.
Glewwe, P. (1991), «Investigating the
determinants of household welfare in Côte d'Ivoire», Journal of
Development Economics, vol. 24, pp. 59-76.
Glewwe, P. (1986), «The distribution of
income in Sri Lanka in 1969 to 70 and 1980 to 81: A
decomposition analysis», Journal of Development
Economics, vol. 24, pp. 255-274. Härdle, W.
(1990), Applied Nonparametric Regression, Cambridge
University Press,
Cambridge.
Hourriez, J. M. et Roux V. (2000), «Vue
d'ensemble des inégalités économiques», série
des Documents de Travail, Direction des Statistiques Démographiques et
Sociales, Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques,
INSEE.
Institut National de la Statistique (2002),
Evolution de la pauvreté au Cameroun entre 1996 et
2001, Rapport, INS, Yaoundé.
Jalan, J. et Ravallion, M. (1998), «Are
There Dynamic Gains from a Poor-area Development Program?», Journal of
Public Economics, vol. 67, No. 1, pp. 65-85.
Jian, T., Sachs, J. et Warner, A. (1996),
«Trends in Regional Inequalities in China», National Bureau of
Economic Research, Working Paper, No. 5412.
Kaldor, N. (1957), «Alternative Theories of
Distribution», Review of Economics Studies, vol. 23, pp.
94-100.
Kakwani, N. (1980), Income Inequality and
Poverty, Methods of Estimation and Policy Applications, Oxford University
Press, Oxford.
Keynes, J. M. (1936), Théorie
Générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la
Monnaie, éd. Payot, Paris.
Lachaud, J. P. (2005), «Les
déterminants de l'inégalité de bien-être au
Burkina-Faso : une décomposition de régression», PNUD.
Lambert, P. J. (1993), The Distribution and
Redistribution of Income: A Mathematical Analysis, 2ème edition,
Manchester University Press, Manchester.
Lerman, R. I. et Yitzhaki, S. (1989),
«Improving the Accuracy of Estimates of Gini Coefficients»,
Journal of Econometrics, vol. 42, pp. 43-47.
Li, P. (1996), «Has China Become
Polarized?», Chinese Economic Studies, vol. 29, No. 3, pp.
73-76.
Lyons, T. P. (1991), «Interprovincial
Disparities in China: Output and Consumption, 1952-
1987», Economic Development and Cultural Change,
vol. 39, No. 3, pp. 357-3 82. Litchfield, J. A. (1999),
«Inequality: Methods and Tools», The World Bank, Washington DC,
available on,
http://www.worldbank.org/poverty/inequal/index.htm,
17 juin 2008.
Loungani, P. (2003),
«L'inégalité : Une réalité en trompe-l'oeil ;
Vous la voyez, et puis vous
ne la voyez plus», L 'ABC de l 'Economie, Finance
& Développement, pp. 22-23. Malthus, T. R.
(1978), Essai sur le principe de population.
Mill, J. S. (1873), Principes
d'économie politique.
Montaud, J. M. (2002), «Origine des
inégalités de niveau de vie dans les villes africaines»,
Cahier de Travail.
Moorkherjee, D. et Shorrocks, A. F. (1982),
«A Decomposition Analysis of the Trend in U.K. Income Inequality»,
Economic Journal, vol. 92, pp. 886-902.
Morrisson, C. (1996), Les
inégalités de revenues, Paris: Collection Que sais-je?
Presse Universitaire de France.
Pagan, A. R. et Ullah, A. (1999),
Nonparametric Econometrics, Cambridge University Press, Cambridge.
Pagni, L. (1988), «L'Ajustement
structurel», Le Courrier, p. 50.
Persson, T. et Tabellini, G. (1994), «Is
Inequality Harmful to Growth», American Economic Review, vol. 84,
pp. 600-621.
Prieto-Rodriguez, J. P., Rodriguez, J. G. et Salas, R.
(2003), «Polarization Characterization of Inequality-Neutral Tax
Reforms», Economics Bulletin, vol. 4, No. 19, pp.1 -7, also
available on,
http://www.economicsbulletin.com/,
14 juin 2007.
Programme des Nations Unies pour le Développement
(1992, 1998), Rapport mondial sur le développement
humain, Economica, PNUD.
Proudhon, P. J. (1840), «Qu'est ce que la
priorité», in, Histoire des pensées
économiques, éd. Sirey.
Ravallion, M. et Chen, S. (1997), «What
can New Survey Data tell us about Recent Changes in Distribution and
Poverty», World Bank Economic Review, vol. 11, No. 2, pp. 357-
382.
Rodriguez, J. G. (2004), «Measuring
Polarization, Inequality, Welfare and Poverty», Working Document.
Rogriguez, J. G. et Salas, R. (2003),
«Extended bi-polarization and inequality measures», Research on
Economic Inequality, vol. 9, pp. 69-83.
Ricardo, D. (1817), On the Principles of
Political Economy and Taxation, vol. 1, in, Piero Straffa, (éd),
Works and Correspondence, Cambridge.
Sen, A. K. (2000), Un nouveau modèle
économique: développement, justice, liberté,
éd. Odile Jacob, Paris, 356p.
Sen, A. K. (1973), On Economic
Inequality, Oxford University Press, Oxford.
Shorrocks, A. F. (1984), «Inequality
Decomposition by Population Subgroups», Econometrica, vol. 52,
No. 6, pp. 1369-1386, also available on, http: //
links.jstor.org/,
09 mars 2003.
Shorrocks, A. F. (1980), «The Class of
Additively Decomposable Inequality Measures», Econometrica, vol.
48, pp. 613-625.
Silverman, B. W. (1986), Density Estimation
for Statistics and Data Analysis, Chapman and Hall, London.
Smith, A. (1776), Recherches sur la nature
et les causes de la richesse des nations, Gallimard, Paris.
Theil, H. (1979), «The measurement of
inequality by component of income», Economic Letters, vol. 2, pp.
197-199.
Theil, H. (1967), Economics and Information
Theory, North Holland, Amsterdam.
Tsui, K. (1996), «Economic Reform and
Interprovincial Inequalities in China», Journal of Development
Economics, vol. 50, No. 2, pp. 353-368.
Tsui, K. (1991), «China's Regional
Inequality, 1952-1985», Journal of Comparative Economics, vol.
15, No. 1, pp. 1-21.
Tsui, K. et Wang, Y. (1998), «Polarization
Ordering and New Classes of Polarization Indices», Mimeo.
Valier, J. (2000), «Pauvretés,
inégalités et politiques sociales dans les Tiers-mondes depuis la
fin des années quatre-vingt», in, François Bourguignon,
Christian Chavagneux et Laurence Tubiana, Pierre Salma, Jacques Valier, (eds),
Développement : Rapports du Conseil d'Analyse Economique, La
Documentation Française, Paris, pp. 127-156.
Vanderpuye-Orgle, J. (2002), «Spatial
Inequality and Polarization in Ghana, 1987-99», Working Document,
Cornell University Correspondence: 317a Warren Hall, Department of Applied
Economics and Management, Cornell University, Ithaca, NY 14853-7801.
Wolfson, M. C. (1997), «Divergent
inequalities: theory and empirical results», Review of Income and
Wealth, vol. 43, pp. 401-421.
Wolfson, M. C. (1994), «When Inequalities
Diverge», American Economic Review, vol. 84, No. 2, pp.
353-358.
Yitzhaki, S. (1994), «Economic Distance and
Overlapping of Distributions», Journal of Econometrics, vol. 61,
pp. 147-159.
Yitzhaki, S. (1983), «On an Extension of
the Gini index», International Economic Review, vol. 24, pp.
Zhang, X. et Kanbur, R. (2001), «What
Difference Do Polarization Measures Make? An
Application to China»,
Journal of Development Studies, vol. 37, No. 3, pp. 85-98.
Zhang, X. et Kanbur, R. (1999), «Which
regional inequality?: The evolution of rural-urban and inland-coastal
inequality in China from 1983 to 1995», Journal of Comparative
Economics, vol. 27, No. 4, pp. 686-701.