MÉMOIRE D'INSERTION
PROFESSIONNELLE
VOLUME I
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Collectionneurs & Paquebots
Constitution et préservation d'un héritage
patrimonial et culturel
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Bricault Cécile
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Master Pro 2, Administration
patrimoniale : Gestion de sites du Patrimoine
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Sous la direction de
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Mme Anne-Marie Legaré, Maitre de
conférences
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Mr Jean-Paul Deremble, Maitre de
conférences
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UFR Sciences Historiques, Artistiques et
Politiques
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Université Charles de Gaulle / Lille
3
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2008-2009
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Ce mémoire by
Cécile
Bricault est mis à disposition selon les termes de la
licence
Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de
Modification 2.0 France.
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Avant - propos
« Collectionner n'est pas une ridicule
manie ; c'est un besoin de notre tempérament, presque une loi de la
nature, comme celle qui pousse l'abeille à faire son miel, le ver
à soie à tisser son cocon et la fourmi à réunir en
été les provisions de l'hiver.
On collectionne tout : objets d'art et objets
vulgaires, porcelaines et timbres-poste, armures et pipes, tapisseries des
Gobelins, et chaussures anciennes, palettes de peintres, et autographes de
maîtres. Il y a même des amateurs de belles pensées
humaines ».
Tiré de EVDEL Paul (1837-1911), Collections et
collectionneurs1(*).
« J'étais un
bateau gigantesque Capable de croiser mille ans J'étais un
géant j'étais presque Presqu'aussi fort que
l'océan... [...] Quand je pense à la vieille
anglaise Qu'on appelait le "Queen Mary" Je ne voudrais pas finir comme
elle Sur un quai de Californie... [...] Que le plus grand navire de
guerre Ait le courage de me couler Le cul tourné à
Saint-Nazaire Pays breton où je suis né... »
SARDOU Michel, Le France. 1975.
Remerciements
En préambule à ce mémoire, je souhaite
adresser ici tous mes remerciements aux personnes qui m'ont apporté leur
aide et qui ont ainsi contribué à l'élaboration de ce
mémoire.
Tout d'abord Monsieur Jean-Paul Deremble, directeur de ce
mémoire, Maitre de conférences à Lille 3, et responsable
de la formation Master 2 Gestion de sites du Patrimoine, pour ses conseils qui
m'ont aidée à développer ma réflexion, et le temps
qu'il a bien voulu me consacrer.
Je remercie également Madame Anne-Marie Legaré,
Professeur à Lille 3, pour l'attention qu'elle a apporté à
la lecture de ce mémoire.
J'aimerais aussi témoigner ma reconnaissance à
Monsieur Patrick Le Nouëne, Conservateur en Chef des Musées
d'Angers, pour m'avoir acceptée comme stagiaire au sein du Service
Conservation, stage qui a eut une incidence sur mon choix de sujet.
J'exprime ma gratitude à Monsieur Daniel Sicard,
Conservateur d'Escal'Atlantique, pour ses conseils, à Monsieur Aymeric
Perroy, Responsable scientifique des collections de French Lines, pour
son soutien et son intérêt, ainsi qu'à Madame Audrey Alais
qui a assuré le suivi des envois de questionnaires auprès des
collectionneurs adhérents de l'association French Lines.
Je remercie également tous les collectionneurs
privés, qui ont bien voulu répondre à mon enquête
avec honnêteté, sincérité, et je l'espère,
avec plaisir, et qui m'ont encouragée et permis ainsi de partager leur
passion de ce monde du paquebot : Madame L.X, Messieurs C.X, P. X, M. X,
B. X, J. X, F. X, E. X, J.X, F. X, ainsi que ceux qui ont souhaité
garder l'anonymat.
Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements
à Madame Graziella Bricault, et à Madame Françoise
O'Connor, pour l'aide qu'elles m'ont apportée dans la rédaction
et la traduction en anglais et allemand de mon questionnaire d'enquête,
ainsi qu'à tous mes proches et amis, notamment Valérie Bricault,
Brandon Girard, Marie Métivier, Véronique Matignon, Audrey
Tampère, qui m'ont toujours soutenue et encouragée au cours de la
réalisation et de la correction de ce mémoire.
Introduction
« Il faut encourager, chez les enfants, l'amour
et la passion de la collection » expliquait Pierre Bergé,
un des grands collectionneurs de France, passionné d'objets datant de la
Renaissance, interrogé par Stéphane Bern lors d'une
émission Secrets d'Histoire sur le thème de Catherine de
Médicis2(*).
« L'histoire appartient à tous et
à personne, ce qui lui donne vocation à l'universel. La
mémoire s'enracine dans le concret, dans l'espace, le geste, et l'objet.
L'histoire ne s'attache qu'aux continuités temporelles, aux
évolutions et aux rapports des choses. La mémoire est un absolu
et l'histoire ne connaît que le relatif »3(*). La collection relève du
primordial car elle opère une fusion entre mémoire et histoire,
entre objets, oralité et faits intangibles.
La collection relève de la mémoire, de quelque
chose de subjectif, induit par les souvenirs, la sensibilité du
collectionneur, ses goûts et ses envies, son interprétation du
passé. Elle impose aussi la sauvegarde la plus sérieuse du
patrimoine, en ce sens que les objets collectionnés sont mis à
l'abri d'éventuelles disparitions, restaurés, choyés,
étudiés parfois. A contrario du musée, sorte de
collectionneur public4(*),
astreint parfois à la seule objectivité historique5(*), le collectionneur privé
suit son instinct, ses goûts et ses passions. Ainsi Krzysztof Pomian
souligne qu'« un lien fort commence à unir le
collectionneur à sa collection, qui devient, pour lui, une partie et un
prolongement de lui-même, et, pour les autres, son autoportrait
composé d'objets qu'il a choisis et exposés, l'expression tant de
son statut et de sa richesse que de son intériorité : de son
savoir, de sa sensibilité, de ses aspirations, ses intérêts
et ses goûts »6(*). L'étude des collectionneurs et de leurs
collections s'avère donc un sujet passionnant, car elle permet de sonder
l'âme humaine. La collection est révélatrice des passions
de l'homme et de son comportement vis-à-vis de son patrimoine culturel,
ou de ce qu'il considère comme tel. On assiste à une anamorphose
entre le collectionneur et les objets qu'il favorise, une véritable
transcendance et une sacralité mutuelle.
De par la constitution d'un patrimoine personnel, d'un
héritage patiemment collecté, la collection fonde
l'identité d'une personne, et lui permet de s'intégrer de
diverses manières à la société qui l'entoure.
Le collectionneur privé est une personne très
particulière en ce qu'elle est un pont entre les oeuvres
fréquemment délaissées par les contemporains, et la
mémoire, partant les musées. Les collections sont toutes diverses
et doivent autant à la valeur des objets aimés qu'à
l'intérêt des collectionneurs. Les champs de la mémoire et
du patrimoine s'élargissent au fur et à mesure de
l'écoulement du temps et de notre désir grandissant de
sauvegarder notre passé. De nouveaux sujets se positionnent alors au
sein du monde des collections et attirent à eux un grand nombre
d'amateurs7(*).
Ainsi est apparu un type original de collectionneur, un
spécialiste d'une époque précise de l'histoire maritime et
internationale, et partant d'une collection d'objets contemporains, amateur de
l'univers extraordinaire qu'est le monde du paquebot...
Cette étude se propose d'étudier le monde des
collectionneurs privés à travers ces collectionneurs du monde du
paquebot, d'objets de paquebot...
PREMIÈRE PARTIE
LE MONDE DU PAQUEBOT
&
SES AMATEURS
1 Le monde du paquebot
& ses amateurs
« Tout n'est que luxe, calme et
volupté »8(*) me répondit un collectionneur, lorsque je lui
demandais ce que représentait pour lui le paquebot9(*). Cette citation de Baudelaire,
réécrite, traduit bien a postériori le souvenir
ébloui que gardent les amoureux du paquebot10(*)...
Les paquebots classiques qui ont forgé la
légende du paquebot sont tous aujourd'hui disparus. Mais cette perte
n'empêche pas un véritable engouement de se faire jour parmi les
amateurs. Le boum des croisières, la découverte du
Titanic, les nombreux films sur la fin dramatique du
Lusitania11(*),
ont attiré une foule, avide de drames et qui a vu son comportement
qualifié de « paquebot-mania ». Mais il
existe des amateurs, au sens culturel du terme, des « collectionneurs
du paquebot ». Qui sont-ils ? que recherchent-ils à
travers les objets-restes des disparus ?
Ces dernières années, de nombreuses ventes aux
enchères12(*) ont
attiré un public de plus en plus nombreux, tandis que les objets de
paquebots s'échangeaient, se vendaient en brocantes, chez les
antiquaires ou bien sur les sites d'enchères virtuelles. A travers un
objet, patiemment cherché et acquis au prix parfois de longues
négociations, l'amateur tente de faire revivre le paquebot, un paquebot.
Une affiche rappellera ses lointains voyages ; un sucrier de l'argenterie
Christofle, le service du thé ou du café et la vie à bord.
L'amateur sent, en touchant-caressant une carafe ou une tasse, d'autres mains
que les siennes se servir de cet objet. Il se transpose dans un autre temps, en
un autre lieu. Il transcende son passé en s'imaginant lui franchir la
passerelle, et vivre au milieu de ces objets.
Chaque paquebot a un esprit différent d'un autre, une
aura intrinsèque, accordée par son histoire personnelle, son
usage, ses passagers... Chacun des objets-témoins et survivants
évoque les individus, l'âme de son paquebot... Création
d'un monde, le paquebot le transcende. Il devient le microcosme d'un univers
auquel il ressemble mais duquel il diffère. Plusieurs dimensions
cohabitent en lui. Pan du patrimoine européen, le paquebot écrit
et participe à l'Histoire. Le paquebot symbolise ainsi plusieurs
époques, styles de vie, et la plongée dans un monde imaginaire. A
l'heure actuelle, le paquebot a évolué en accord avec la
société. La démocratisation culturelle et la culture du
loisir ont transformé les liners en navires de croisière13(*). Mais le rêve a quelque
peu déserté ces nouveaux paquebots.
Les collectionneurs créent un lien avec le
passé. En se spécialisant sur les paquebots d'un ancien temps,
ils s'introduisent au coeur de l'histoire et par leur volonté
mémorielle, nous permettent de partager cet héritage. Ils
sacrifient leur bien-être et leur vie à ces navires d'un âge
d'or de la Marine. Cette notion du sacrifice, développée par
Krzysztof Pomian14(*), est
tout à fait appropriée aux collections d'objets de paquebots,
puisqu'il s'agit d'« objets naturels ou artificiels que l'on sort
de la sphère des activités utilitaires pour les soumettre
à une protection spéciale et les exposer au regard dans des lieux
clos destinés à cet effet »15(*). Le collectionneur du paquebot
est la résultante et l'avenir de ce passé social et technique
européen comme international que représente le paquebot. De ce
fait, il nous est apparu intéressant d'axer notre étude sur
lui.
Cette étude s'est réalisée grâce
à l'élaboration d'un questionnaire d'enquête16(*). Etabli avec attention, ce
questionnaire ne devait surtout pas heurter les sensibilités des
collectionneurs interrogés. Nombreuses sont donc les questions, parfois
détournées, ouvertes ou fermées, ce qui incluait à
la fois un facteur de confiance, et un risque d'essoufflement. Néanmoins
plusieurs questions se recoupent, afin d'aider les collectionneurs à
s'ouvrir, et à accepter de réfléchir sur eux-mêmes
et leur collection. J'ai d'abord envoyé cette enquête à mes
propres contacts. Grâce à ceux-ci et à l'association French
Lines, j'ai pu élargir le cercle des collectionneurs interrogés.
L'enquête a ainsi pu toucher quarante personnes17(*), dont sept étrangers -
anglais américains, canadiens, italiens, suisses, allemands18(*). Malheureusement aucun de
ceux-ci n'a répondu ou du moins répondu favorablement... Cette
contrainte ne m'a donc pas donné la possibilité d'établir
des comparaisons entre les différents pays. Néanmoins ce
questionnaire a été reçu positivement par onze
collectionneurs français, qui se sont pris au jeu et m'ont
renvoyé leurs réponses. Afin de garantir leur anonymat, chaque
questionnaire a reçu un code d'identification, en relation avec la date
de sa réception19(*).
Le dépouillement des questionnaires a été
assez difficile. En effet, les profils des collectionneurs apparaissaient
très différents les uns des autres. Cependant à leur
lecture, la comparaison entre toutes leurs réponses me permit de
m'interroger sur les causes de ce phénomène et la valeur
de cette collection exceptionnelle.
En quoi la collection d'objets de paquebots est-elle
révélatrice du monde des collectionneurs privés ?
Que représente exactement le monde du paquebot dans
l'esprit de ses amateurs, ces voyageurs ? Comment et pourquoi devient-on
passionné de ce monde, un collectionneur au sens plein du terme ?
Que revêt aux yeux d'un collectionneur la présence des ces objets
de paquebots ? Comment dès lors qu'ils souhaitent collectionner,
ces curieux constituent-ils leurs collections, les mettent-ils en
valeur ?
1.1 Paquebot et objets
Le sujet même de cette collection, sujet de la
curiosité et de la convoitise insatiable de l'amateur - collectionneur,
se trouve être à la fois le paquebot - un contenant - et ses
objets - le contenu. Le tout forme un ensemble complexe, tissé de
mystères et de légendes. Il entremêle l'immatériel
au matériel, participe de l'histoire, du patrimoine et de la
mémoire.
Lors de sa conférence donnée à la
faculté de Lille 3, sur la « valorisation patrimoniale des
grands paquebots », Aymeric Perroy a ainsi insisté,
à travers l'exemple de l'association French Lines, sur les
nombreux aspects que revêtaient, aux yeux de nos contemporains, le
paquebot, son mythe et ses souvenirs20(*).
L'association French Lines apparait en effet comme
une symbiose intéressante entre le collectionneur public et le
collectionneur privé21(*). Association Loi 1901, donc reconnue par l'Etat
d'utilité publique, French Lines possède un immense
patrimoine avec des réserves d'environ 3000 m2 d'objets
extrêmement variés, ayant appartenu aux divers paquebots et aux
diverses compagnies françaises. Cependant, à l'encontre d'autres
associations dont les collections s'avèrent entrer dans le domaine
public et participent de l'inaliénabilité qui leur est
accordée, ou même des nombreux musées de la Marine, une
partie des collections de French Lines reste aliénable. En
effet, les objets conservés sont issus de la fabrication sérielle
industrielle. Ainsi a été accordée à French
Lines l'autorisation de vendre les objets dont certains exemplaires se
trouvent déjà dans les collections inaliénables. Par
exemple, sur 100 affiches, cinq seront gardées et encadrées, les
95 restantes vendues et feront ainsi le bonheur de collectionneurs
privés. Cela permet ainsi d'entretenir les collections, par l'inventaire
des objets présents et par des achats.
Le patrimoine conservé par French Lines, et
également par les collectionneurs privés, est un patrimoine
remarquable de par sa diversité, la variété de ses formes
et types de collections. En effet, le paquebot - contenant et contenu - est
intimement lié à l'évolution industrielle des
années 1840 à nos jours22(*). Objet intrinsèquement historique et
artistique, il est le fidèle reflet du progrès technique23(*). Révélateurs et
présentateurs, les objets du paquebot se révèlent donc
initiateurs de progrès, participateurs des avancées en tous
domaines... Ambassadeur d'un pays, d'une compagnie, le paquebot était -
est toujours par ailleurs - à la fois le premier maillon d'une
chaîne et la ligne d'arrivée24(*).
Chaque série d'objets produite pour un paquebot
particulier est reproduite en nombreux exemplaires. Il était de
notoriété publique que bon nombre de pièces
d'orfèvrerie sont passées par-dessus bord - soit lors d'un
naufrage, soit parfois dans d'autres circonstances. Un collectionneur
privé explique en effet avoir ouï dire de sa mère - qui
voyageait toujours en première classe - qu'elle avait un jour vu le
steward venu lui apporter un plateau en cabine ouvrir le hublot et jeter
l'ensemble dans les flots afin de s'éviter de le rapporter en
cuisine ! Cette anecdote - avérée - faisait dire en souriant
aux témoins de la scène que s'il était possible de
descendre sous les mers et de localiser tous les objets qui y reposaient, on
pourrait facilement retrouver le sillage des navires français ! Ces
objets ressurgissent lors d'un héritage dispersé en salle des
ventes. Ils exercent encore leur attraction sur le public. Souvent argenterie,
mais aussi porcelaine, cristallerie, affiches, serviettes, nappes, aquarelles,
cendriers en forme des cheminées du Normandie ou fanions, drapeaux,
menus, tous ces objets sont des traces. Recueillis par des collectionneurs, car
« évoquer les traces, c'est se référer
à ce qui subsiste d'un passé. Ces survivances, ces vestiges, ces
ruines, peuvent témoigner d'un climat, d'un événement,
d'une filiation, d'une activité humaine, d'une culture. Ces traces ont
toujours intéressé les hommes dans la mesure où elles
matérialisent ce qui a disparu, lui donnent une image, permettent de se
le représenter, de l'étudier, de se souvenir, de
commémorer, de montrer une évolution en remontant le
temps. »25(*).
Pour les collectionneurs rencontrés, plusieurs raisons
dévoilent leur engouement des objets du paquebot. Celles-ci
s'interpénètrent souvent et évoquent ainsi les diverses
dimensions teintées de matériel et d'immatériel du
paquebot.
1.1.1 Culture de paquebot
Les objets sauvegardés par l'association French
Lines ou dans des collections privées sont un reflet d'une culture
du paquebot, appropriée par l'acquéreur, le voyageur, l'armateur
et l'amateur.
Il existe en effet une « culture » du
paquebot, des règles, des us et coutumes26(*)... En effet, le paquebot symbolise un art de vivre,
le savoir-vivre, et même la grande tradition culinaire
française27(*),
pour les paquebots français par exemple. Le paquebot cristallise en lui
nombre de visions du monde. Il en offre une nouvelle, la sienne. Le paquebot
est ainsi un monde à part, où se heurtent diverses cultures, tels
les marins, les officiers, les différentes catégories ou classes
sociales, sans oublier les fameuses première, deuxième et
troisième classes, immortalisées par les services de table, le
mobilier, les cartes postales, les films d'archives et aujourd'hui par le
cinéma...
Toute culture suppose des objets, qui la symbolisent et la
représentent. Ainsi le paquebot, lui-même objet, désigne
tous les objets qu'il contient en tant que lieu. Un lieu transgresseur,
où se côtoient cultures et individus qui ne se seraient jamais
croisés ailleurs, mais également un lieu fermé,
sécurisé, sorte de microcosme social, enfermé dans une
coquille de métal face à l'immensité océane. Un
lieu ambigu, dont la culture se veut également le reflet. Un cadre
magique qui cache des rêves, ou des désillusions, des drames, des
morts, ou encore des surprises, médailles et récompenses. Ainsi
par le phénomène inverse, un seul objet rappelle aux yeux du
collectionneur sa provenance « paquebot ».
Lorsqu'à partir du lot X annoncé par le
commissaire priseur, l'esprit du collectionneur évoque une image, vient
non seulement celle d'un liner28(*), de l'apparence extérieure du navire,
représentée par une maquette ou par nombre d'aquarelles ou de
peintures. L'image s'accompagne aussi d'un parfum d'exotisme rappelé par
les nombreuses destinations du navire. Elle imagine le tintement des verres,
lors d'un repas de première classe, les lumières tamisées
qui se reflètent sur des décors somptueux, le luxe des services,
les cabines, les rires et les menus des grandes classes. Ainsi le pensait le
« marketing publicitaire » de l'époque, lors de
l'impression des affiches annonçant les dernières destinations
mystérieuses, qui mêlent Japonaises, palais hindous et jeunes
Africains, à l'instar de la publicité pour Banania.
L'image que forme notre mémoire, nos souvenirs, nos envies constitue un
tout, nous présente un lieu à part, presque hors du monde
réel.
Le paquebot est un enjeu culturel car il est porteur d'une
histoire, et même de plusieurs. Sa propre histoire en premier lieu
comprend l'ébauche de ses plans, sa construction dans les chantiers
navals, comme ceux de Saint-Nazaire en France, ou de Southampton au
Royaume-Uni, sa décoration intérieure, fruit de tous les corps de
métiers, travaillant pour la gloire du pays -ou de la compagnie -
commanditaire et propriétaire du navire29(*). Son baptême, enfin, occasion d'une grandiose
cérémonie qui précipite son lancement et la
première fois qu'il franchira les eaux du port, le nom qui lui est
donné, sous-entendant déjà tout un mythe, des
légendes... Enfin il porte en lui les souvenirs des hommes, qui ont
oeuvré pour lui, de ceux qui vivent par lui, et des voyageurs qui vivent
sur et en lui quelques temps. Dès l'origine, le paquebot est donc
porteur de nombre de mémoires, qu'il transcende en lui. Chaque paquebot
est différent dès sa conception. De par le nom qui lui est
donné, il acquiert une identité propre et par là une aura
personnelle et différente30(*). Ainsi chacun est ambassadeur d'une culture
sensiblement égale, mais néanmoins divergente. Cultures et mondes
entièrement différents qui se côtoient, mais jamais ne se
mêlent. Cultures plurielles et culture singulière31(*).
Symbole donc d'une culture matérielle et d'une culture
immatérielle, le paquebot reflète la définition de la
culture donnée par Nietzche : « l'unité du
style artistique dans toutes les manifestations vitales d'un
peuple »32(*). S'il existe un style paquebot, il existe un
style par paquebot. La culture présuppose une communion entre
la vie et l'art. Le paquebot est le lieu par excellence de cette fusion :
l'art au service de la vie à bord, des créations extraordinaires
dans un espace défini, qui révèlent une vision du monde,
des constructions mentales et des personnalités. Certains
collectionneurs se fascinent ainsi pour les décorations et le mobilier
de ces paquebots de légende. Un lit, un bureau, une table, un meuble
sont néanmoins des objets rares et demandent une mise financière
importante ; les chaises des salles à manger ou les fauteuils des
salons paraissent plus disponibles... Le paquebot façonne les artistes
et les hommes qui le créent, mais aussi les hommes qui y vivent. Le
paquebot est à la fois un lieu et un milieu de
mémoire.
Lieu de culture, le paquebot devient aussi lieu de patrimoine.
Il est lui-même intrinsèquement un patrimoine, puisque le
patrimoine est « l'ensemble de tous les biens naturels ou
créés par l'homme sans limite de temps ou de
lieu »33(*). Alors le paquebot ainsi que tout ce qui a
été créé pour lui, et par lui, appartient à
un ensemble complexe culturel, mais également patrimonial. Cette
dimension est d'autant plus forte que peu d'anciens paquebots ont
survécu au désintérêt général de la
société d'après guerre, au démantèlement des
compagnies et à leur usure matérielle, et que ne restent donc que
les objets créés dans un usage décoratif, domestique,
commercial ou publicitaire. Ils ont perdu leur lieu d'origine et leur valeur
d'usage premier. Ils changent de destination et deviennent des symboles d'un
passé perdu et glorifié34(*), objets de deuil, objets de mémoire et
« milieu[x] de mémoire »35(*).
1.1.2 Mythe : voyage, mer,
éternité
Le paquebot présente un univers fictif. Il ressemble
à une ville flottante, hors de la terre ferme, hors de tout
repère, et conséquemment hors du monde réel.
« Ce qui est fascinant, écrit un collectionneur,
c'est en fait de vivre ainsi que l'a si bien décrit Jules Verne dans
« une ville flottante » - comme si une communauté -
éphémère - se trouvait réunie pour une aventure de
quelques jours, ou de plusieurs semaines en mer, avec parfois des surprises de
toutes sortes. Mais en mer, l'on ne ressent pas les choses comme à
terre : une fois les amarres déhalées, un navire a sa propre
vie, détaché de son lien avec la terre »36(*).
Une carte postale représente un navire à quai,
des voyageurs montent sur la passerelle. En brocante, le collectionneur
s'arrête, regarde, la prend dans ses mains et contemple.
Entrer dans un paquebot, franchir la passerelle, marcher sur
les premières lattes du pont d'embarquement, et voilà le seuil
d'une autre dimension, d'un autre lieu hors temps/espace, comme un
curseur dans la course du temps immobile et mouvant. « Passer un
pont, traverser un fleuve, franchir une frontière, c'est quitter
l'espace intime et familier où l'on est à sa place pour
pénétrer dans un horizon différent, un espace
étranger, inconnu, où l'on risque, confronté à ce
qui est autre, de se découvrir sans lieu propre, sans
identité »37(*). Le pont d'embarquement du paquebot offre un passage
entre deux mondes et partant deux identités. Le voyageur-collectionneur
abandonne sa propre identité, ou du moins, car le terme est sans doute
un peu fort, la relègue dans un coin de son esprit. Il se laisse envahir
par la nouvelle identité de passager de tel paquebot, sentiment
procuré par le franchissement du seuil. Sentiment d'appartenance
à un tout, qui ne va certes pas durer, mais qui lui apporte une
socialité sécuritaire nécessaire et une sociabilité
différente. Le voyageur-passager devient explorateur d'un nouveau monde,
découvreur de nouveaux horizons. Il pénètre dans l'univers
du paquebot. Partant il entre dans son propre mythe. Il est, à l'instar
des grands explorateurs Ulysse, Marco Polo..., un nouvel aventurier, à
la conquête d'un ailleurs, et à la conquête de
lui-même. Il est acteur de sa propre histoire, il écrit son
histoire. Découvrir, s'ouvrir à de nouvelles cultures et à
de nouveaux mondes, les intégrer en soi dans cette nouvelle
identité qui se construit peu à peu au cours du voyage... Un
collectionneur m'avouait d'ailleurs admirer ces aventuriers aux rêves
utopiques d'un monde meilleur, ces émigrants, qui quittaient leurs
patries d'origine, afin de rebâtir une autre vie sur un autre
territoire38(*). Qui mieux
que ces familles, ces gens, représentent ce passage à sens
unique, ce franchissement dont ils ne reviendront pas, décision
irrévocable d'arrachement et de mort, dans un nouveau
commencement ?
L'imaginaire se mêle à l'irréel ressenti
du voyage. Le paquebot est seul, perdu au sein d'une surface bleutée,
fusion des éléments : la mer et le ciel s'unissent autour de
lui. Le paquebot symbolise un voyage à plusieurs sens. Il s'agit d'abord
de voyages d'agrément, d'affaires souvent, de transferts des
fonctionnaires et des militaires dans les colonies lointaines, et donc
transfert d'identité territoriale. Mais également des voyages
dont on revient changé, puisque le voyageur ne peut s'empêcher de
se comparer à l'immensité de ce qui l'entoure.
Sécurisé par la présence du paquebot, par son apparente -
mais si fragile parfois - protection39(*), le voyageur-collectionneur peut laisser sa
pensée dériver sans entrave d'aucune sorte40(*). Son imaginaire, ses
rêves lui apparaissent teintés de réalité. Il vient
chercher sur le paquebot autre chose, un ailleurs. Le paquebot appartient alors
à cet univers oral, mémoriel, des mythes fondateurs des voyages.
Le temps ne suit pas le même cours que dans la vie « sur
terre ». En mer, il est coutume de dire, « les jours se
suivent et ne se ressemblent pas », car la mer est partout semblable
et toujours différente. Le voyageur se situe ici encore à une
frontière, la lisière entre temps et espace. Néanmoins, il
est quelque part, intrinsèquement, à la recherche du temps... A
la poursuite du temps, dans un vain effort pour l'arrêter, car il ne peut
s'empêcher d'envisager le futur et d'anticiper avec angoisse la fin du
voyage et la possible transformation qui s'opère en lui. Une poursuite
ambiguë, qui mêle présent, passé et futur en un seul
lieu.
Le but recherché est toujours désiré,
connu, lointain, mais souvent atteint. Il révèle les mutations
opérées sur le voyageur. Dans cette quête inconsciente de
lui-même, de son identité, de sa place dans le temps, le voyageur
bénéficie de repères grâce aux divers objets qui
parsèment son voyage et qui l'accompagnent sur le paquebot.
Publicités, affiches, films d'inauguration l'ont aidé à
pré-visualiser son voyage : ainsi ceux des inaugurations du
Cambodge, du Laos et de l'Ile-de-France,
présentés dans l'exposition Histoires de paquebot, Du
chantier de Dunkerque aux mers lointaines, au Musée Portuaire de
Dunkerque41(*). Il demeure
aujourd'hui chez les collectionneurs nombre de ces publicités, foulards,
petits drapeaux, brochures, affiches toujours encadrées scrupuleusement
voire même restaurées. Le plaisir de la découverte est ici
anticipé, contrôlé presque, car connu. L'exotisme des
décors, des escales, des objets, ne représente plus un univers
complètement étranger. Les créations artistiques les plus
originales ressemblent néanmoins aux objets quotidiens dont il use chez
lui. Le dépaysement induit par le voyage n'est pas total.
Lieu de mémoire mouvant, « mer de la
mémoire vivante »42(*), l'objet est empreint de la mémoire du
paquebot, des mémoires du monde, des mémoires et des souvenirs
des passagers-voyageurs... Et des collectionneurs, nouveaux passagers, nouveaux
voyageurs...
1.1.3 Mémoire de paquebot
L'objet est la mémoire du paquebot. Il participe au
sauvetage mémorial de ces paquebots détruits les uns après
les autres, par l'usure ou l'indifférence de nos contemporains. La
disparition des anciens paquebots conduit à la perte de lieux de
mémoire. Ils ne prétendent même pas être ces
« coquilles sur le rivage quand se retire la mer de la
mémoire vivante »43(*), puisque certains, comme l'ex-France,
ex-Norway, sont démantelés dans des pays
étrangers. Même si d'autres deviennent des restaurants,
hôtels ou casinos de luxe, tel le Queen Mary44(*) - musée
restaurant, ils ont perdu leur usage premier, leur valeur
intrinsèque...45(*)
Les collectionneurs sont ici unanimes : un paquebot est fait pour
naviguer, et non pour être
« attaché » à un quai46(*). Quelques uns
préfèrent néanmoins une seconde vie, qui sauve le paquebot
et ses objets, à la destruction volontaire du bâtiment47(*) : puisque les objets
restent sur le navire. Perte - temporaire - pour les collectionneurs... Ainsi
s'expliquent la colère et le dépit de certains collectionneurs,
ayant appris l'incendie volontaire, par les troupes irakiennes, du
Mariott-Hôtel, bateau ancré à Koweit et
transformé en hôtel de luxe.
Ne demeure alors que le milieu de mémoire...
Objets, anciens matelots, officiers, voyageurs, tous transmettent leurs
mémoires. Une mémoire orale, parfois écrite,
teintée donc de matériel et d'immatériel. Mémoire
de quoi ? de qui ? D'une époque, d'un style de vie,
d'anecdotes liées à un voyage, un personnage ou un objet...
La mémoire se satisfait du patrimoine matériel.
Les objets-survivants de cette période faste des paquebots sont les
derniers supports d'un patrimoine immatériel en voie de
disparition : art de vivre, savoir-faire, métiers, traditions,
histoires, souvenirs... Les collectionneurs sont ainsi souvent d'anciens
voyageurs ou d'anciens marins, qui gardent par devers eux encore des traces,
des supports, néanmoins souvenirs lointains et empreints de
subjectivité et de leur sensibilité... Mais de milieu de
mémoire, l'objet-survivant devient alors un lieu de
mémoire, puisqu' « un lieu de mémoire
dans tous les sens du terme, va de l'objet le plus matériel et concret,
et éventuellement géographiquement situé, à l'objet
le plus abstrait et intellectuellement construit »48(*). Or les objets-survivants des
paquebots font l'objet de constructions mentales de la part des musées,
des collectionneurs. L'élaboration d'une histoire mémorielle
permet de replonger dans la mémoire d'un passé, amène la
réappropriation du patrimoine du paquebot et de sa mémoire. Les
objets deviennent commémoratifs, en ce sens qu'ils rappellent
incessamment des événements, des personnages, des lieux49(*).
Ainsi Escal'Atlantic fonctionne de par les
collections présentées, collectées, et parfois issues de
dons de collectionneurs. L'écomusée de Saint-Nazaire50(*), très
apprécié des collectionneurs, a recréé un
« centre d'interprétation » du paquebot. Les
visiteurs pénètrent dans un univers rêvé et
utopique, que n'offrent plus forcément les nouveaux paquebots. Cette
restauration du passé fait la part entre patrimoine et mémoire.
Elle recrée une mémoire artificielle. De plus la plupart des
visiteurs ne sont jamais montés à bord d'un paquebot. Ils
trouvent là un avant-goût de leurs envies inconscientes de fuite
devant la réalité, désirs d'aventures, et d'un peu de
merveilleux... Transmission d'un héritage, traduction d'un passé,
remémoration de scènes, peintures de genre... Trahison ?
Paul Ricoeur l'exprime ainsi : « lorsqu'il existe trace, ce
n'est plus de la mémoire vraie, il y a médiation et histoire
comme rapport entre le présent et le passé dont on ne
connaît que des traces, résultat d'une reconstruction, d'un tri
opéré dans ces traces laissées par l'activité
humaine »51(*).
De même le dernier paquebot construit par Disney Line
Cruise se veut être l'héritier fidèle de la ligne des plus
grands liners. A son bord les personnages de Disney, que l'on retrouve
également à Disneyland, participent de cette apparence de conte
de fée, réalité vécue le temps d'un voyage.
L'imaginaire des enfants et des adultes se réjouit de cette
plongée réelle dans un monde merveilleux. Il s'agit là
d'une nouvelle façon de magnifier la mémoire du paquebot et son
patrimoine. Bien évidemment, ce dernier paquebot n'échappe pas
à la grandiloquence américaine, cependant il signifie une
nouvelle étape pour l'univers du paquebot. Celui-ci est entré
dans le monde de la légende et du conte de fée, à l'instar
d'un château fantastique. Il devient là une nouvelle sorte de lieu
de mémoire, un lieu encore une fois hors du temps et de l'espace.
Ainsi les compagnies Costa Croisières52(*) et TMR53(*) ont décidé de
collaborer afin de redonner vie à la légende des
Croisières Paquet54(*). Elles souhaitent ressusciter à travers un
navire choisi avec le plus grand soin, l'Allegra, qui prendra la suite
du Mermoz55(*),
« l'Ame nostalgique des croisières, une certaine alchimie
intemporelle du bien-être »56(*). Ici aussi la
« mémoire vivante » 57(*)se rappelle encore à
nous, à travers une retraduction et une transformation consciente du
passé, pour un futur attendu.
Le collectionneur voit dans l'acte d'acquérir ces
objets sa contribution pour la sauvegarde d'un patrimoine, et parfois
même héritage familial. Pour lui il s'agit d'un devoir
sacré, d'un « devoir de mémoire ».
Alors celui-ci « fait de chacun l'historien de
soi »58(*).
Le collectionneur devient l'historien de ses propres souvenirs et de sa propre
mémoire. La collection « relie la question de la trace
à celle du deuil et de l'héritage, mais aussi à la
pensée, à l'intelligibilité de ce qui fut
hier »59(*).
1.2 Le collectionneur du paquebot
« Il y a deux sortes de collectionneurs, celui
qui cache ses trésors et celui qui les montre, on est placard ou bien
vitrine ; je suis vitrine » Sacha Guitry.60(*)
Le collectionneur du paquebot est toujours sur la passerelle
qui relie le navire au quai. Il est un pont entre passé et
présent : un curseur placé à un endroit précis
du temps. Il voit la recherche du passé comme une construction pour
l'avenir. « Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui
est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son
identité c'est se perdre et cesser d'être. On se connaît, on
se construit par le contact, l'échange, le commerce avec l'autre. Entre
les rives du même et de l'autre, l'homme est un
pont »61(*). Un pont entre l'objet et les autres, un pont qui
permet à la mémoire de créer une brèche dans le
temps continu de l'Histoire.
Le collectionneur crée le mythe fondateur de la
collection. Il apparait toujours héros de sa propre histoire. En outre
cette collection possède un cachet particulier, car beaucoup d'objets
sont contemporains des acquéreurs, excepté les objets concernant
les navires du milieu XIXe au début XXe. Les collections s'enracinent
ainsi dans une histoire familiale, un vécu mémoriel.
« La mémoire n'est jamais achevée comme le
passé, ce donné « qui ne laisse plus de place au
possible » »62(*).
Chaque collectionneur est le gardien d'un passé, de son
passé maritime. Un héritage qu'il conserve précieusement
et parfois jalousement, clé de son identité, et qu'il souhaite
transmettre ensuite. La volonté de recueillir cette histoire et de
l'inscrire dans une durée amène le collectionneur à
effectuer une intervention dans le cours de l'Histoire. Il échappe
à l'objectivité, et tisse un lien subjectif autour des objets
qu'il soustrait à la marche historique du temps.
Une typologie est assez difficile à mettre en oeuvre.
En effet, les collectionneurs affichent tous différents profils. Il
n'est donc pas envisageable de proposer un profil type du collectionneur du
paquebot, ce qui, par ailleurs, ôterait l'originalité de ces
façons différentes d'appréhender la collection de
paquebots. Néanmoins les réponses apportées au
questionnaire permettent de cibler les identités variées du
collectionneur du paquebot à travers divers axes : comment
devient-il collectionneur ? comment se dévoile-t-il ? comment
se considère-t-il ? quels sont ses comportements ?
1.2.1 Devenir collectionneur
Le collectionneur « rêve non seulement
qu'il s'en va dans un monde lointain et révolu, mais aussi dans un monde
meilleur »63(*). Il existe différentes manières de
devenir un collectionneur du paquebot. Ces contextes favorables à
l'éclosion d'une telle passion sont bien évidemment uniques pour
chacun, personnels à chaque histoire. Néanmoins, ils peuvent se
regrouper et s'interpénétrer.
La collection débute par le souvenir64(*) ou par un souvenir65(*). Celui-ci suppose toujours un
héritage transmis, qui va se révéler entièrement
à un esprit... En ce qui concerne le monde du paquebot, les souvenirs
sont divers, et varient à l'infini les raisons qui poussent un homme
à devenir collectionneur de cet univers.
1.2.1.1 Souvenirs d'enfance
Dans un ordre chronologique, la première des raisons
remonte à l'enfance : lorsque l'enfant commence à
appréhender le monde par lui-même, qu'il atteint une phase
d'éblouissement, de perception et parfois de compréhension. Phase
qu'en tant qu'adultes, nous avons parfois du mal à retrouver.
Parmi les dix collectionneurs, trois ont commencé leurs
collections vers l'âge de 10 à 13 ans. L'un parce qu'enfant, il a
voyagé sur les lignes françaises qui menaient les Français
vers les colonies Outre-Mer66(*). Il collectait alors tous les renseignements,
conservait tous les papiers relatifs aux paquebots empruntés. Le
contexte décrit ici révèle dans ce premier besoin de
collectionner, un trauma qui peut prendre ses causes dans ces nombreux voyages
et dans le besoin inconscient de stabilité souhaité par l'enfant.
A travers sa collecte de papiers, il garde des repères et se crée
ses propres repères.
Les deux suivants débutent de manière similaire
après avoir reçu un cadeau de leur père ou d'un ami. Le
premier a ainsi entre les mains une silhouette en métal du paquebot
Normandie67(*), et le
lendemain ses yeux ne voient sur la brocante que les objets venant de ce
paquebot68(*). Nouvel
objet de curiosité, le paquebot entre dans la vie du jeune garçon
et n'en sortira plus. Ce premier objet est d'une importance cruciale dans la
construction identitaire de ce collectionneur, puisqu'en cas de vente de sa
collection, il sera l'un des seuls objets dont son possesseur ne pourra se
séparer.
Le deuxième reçoit un lot important de cartes
postales sur les paquebots69(*), et se lance dans des lectures concernant le Titanic.
Premier héritage et première transmission dans la possession.
Première prise de conscience d'un ailleurs, sous la
forme d'objet en 3D, de papiers qui laisse à l'imaginaire le soin de
suppléer au réel, ou la forme d'un vécu que l'on se
remémore.
1.2.1.2 Souvenirs professionnels
Le travail est également une des raisons de l'affection
vouée aux paquebots. Le service dans la marine est la raison
invoquée par six collectionneurs. Certains ont même eu leur
père et grand-père officiers de la marine70(*). Deux sont retraités de
la marine marchande71(*),
le père d'un autre travaillait sur le France, l'Ile-de-France ou le
Liberté...72(*)
Trois ont fait leur « service militaire dans cette
arme »73(*).
Un des collectionneurs explique son engouement par le fait
qu'il a travaillé comme officier de marine sur la passerelle de
commandement. Ainsi sa collection se constitue d'objets nautiques, d'objets de
navigation, et ne se réserve pas aux seuls paquebots.
« Imaginez, écrit-il, un grand compas de marine
sur son fût d'acajou :combien d'heures de veille a-t-il vu passer
avec un homme de barre maintenant le cap à suivre : ces objets ont
une âme, et sans eux, l'homme en mer serait
perdu »74(*). Les mots de ce collectionneur dévoilent une
grande sensibilité à l'égard de ces objets ainsi qu'un
immense respect pour eux, qui, s'ils savaient parler, nous apprendraient
énormément de la vie à bord. Ces objets particuliers, si
nécessaires à la survie d'un navire en haute mer, tiennent le
destin du paquebot et de ses voyageurs.
Héritage personnel et patiemment constitué de
l'histoire du collectionneur mêlée à l'aura
intrinsèque et l'usage des objets.
1.2.1.3 Souvenirs de voyage
Le voyage sur un paquebot est également une des
motivations les plus fortes. Le souvenir d'un voyage allume ce désir.
Souvent d'ailleurs le collectionneur tente ensuite de retrouver les objets du
ou des paquebots sur lesquels il a voyagé. Il recrée à
partir d'eux un univers qu'il espère ressembler à celui dans
lequel il a vécu.
Ainsi l'un a voyagé sur les lignes coloniales, lignes
d'Asie et d'Afrique75(*),
un autre sur le Normandie et collectionne uniquement sur ce paquebot depuis ce
moment76(*). Enfin un
dernier indique qu'il a voyagé douze fois sur le France 196277(*) et exprime une vive et
sincère affection pour ce paquebot78(*). Il souhaite retrouver dans sa collection les moments
extraordinaires qu'il a partagés avec France. D'ailleurs il
nomme le paquebot sans article précédent le nom, ce qui donne au
navire une dimension hors-norme. Il parle de lui, comme si France
était non un paquebot, mais une véritable personne, dotée
d'un corps et d'un esprit.
1.2.1.4 Amour de la Marine
Tous ces collectionneurs se rejoignent dans un
« amour [commun] de la
Marine »79(*). Influencés par leurs histoires familiales -
un certain nombre de collectionneurs avouent être de famille de
marins80(*) - un
passé professionnel maritime, ils deviennent
« passionné[s] par la marine »81(*). Tous paraissent, en quelque
sorte, « initiés ».
Pourquoi cet « amour » ? Le
thème de la Marine exploite cette part de rêve, et d'aventure. La
mer représente l'infini des possibles, une aventure toujours
variée. La Marine évoque des tranches du passé du
collectionneur, la beauté des réalisations techniques pour ceux
qui sont passionnés de la ligne82(*), de la décoration extérieure comme
intérieure... Voyages, découvertes et rencontres multiples,
cultures différentes...
Mais la Marine englobe davantage que les paquebots. Pourquoi
alors ne s'intéresser spécifiquement qu'aux paquebots et pas
à la marine à voile ? Une attirance, un instinct, le
rêve sans doute et l'imaginaire de la vie luxueuse des premières
classes... ?
La mémoire familiale les a guidés dans cette
direction. Elle les amène à concrétiser leur histoire par
une collection qu'ils transforment en héritage.
1.2.1.5 Révélation d'un
manque
Tous révèlent un manque. Un besoin
d'évasion, d'imaginaire, qu'ils comblent dans la contemplation de leurs
pièces, dans la gestion contrôlée et le classement de leurs
papiers. La collection est une
« quête »83(*), une recherche qui les amène à se
dépasser eux-mêmes afin de demeurer le gardien de ces objets.
La collection leur amène une complétude, un
repos, un ressourcement dont ils ne peuvent se priver que si leur passion
s'éteint. Ainsi un des collectionneurs, devant un manque plus important,
dont la recherche lui apparait davantage primordiale, se résout-il
à vendre sa collection84(*). « Collectionner, explique Werner
Muensterberger, s'avère par conséquent être aussi bien
un moyen de calmer un besoin fondamental, déclenché par des
traumatismes anciens, qu'une soupape permettant d'évacuer des sentiments
de danger et de perte. Mais outre un procédé efficace pour
soulager ces pressions, c'est aussi une activité ressentie comme une
source de plaisir et d'assouvissement »85(*). Cependant le manque n'est
jamais complètement comblé tant que dure la passion et la
collection. Il existe même certains collectionneurs, qui se
réveillent un jour leur passion assouvie et vendent tout. Ils
recommencent souvent une toute nouvelle collection avec autant d'ardeur et de
passion qu'ils exprimaient pour l'ancienne. Ainsi le manque réapparait
toujours. Le collectionneur est toujours en quête d'un ailleurs, qui lui
permet de se confronter à ses visions du monde et à s'en
créer de nouvelles.
1.2.2 Dévoiler le
collectionneur
A travers cette enquête, le collectionneur se
dévoile et révèle de lui-même. Par le choix de ses
mots, de ses expressions, par sa plume lorsqu'il se laisse aller au jeu des
questions ouvertes, ou bien qu'il les refuse. Envoyés par mail, de
nombreux questionnaires m'ont été retournés par courrier,
les réponses écrites à la main. En outre, lors de
rencontres, ils ne peuvent se cacher ou déguiser le son de leurs voix.
Au-delà des mots tapuscrits, manuscrits, au-delà de la forme des
lettres, et des voix, c'est l'émotion et la passion qui transparaissent.
1.2.2.1
Originalité
La collection est souvent le reflet de son
propriétaire. Tempérament et caractère sont à
l'origine de cet acte de collectionner et y trouvent matière à se
compléter. Ainsi la majorité des questionnaires
révèlent que le collectionneur se reconnait dans sa
collection86(*). Les
réponses toutes positives - excepté une, sans explication -
expriment l'amour de la possession, l'amour du beau, de l'histoire, celui d'un
navire, le côté aventurier, le côté
« calme et réfléchi », ou encore la
citation de Baudelaire « Là, tout est luxe, calme et
volupté »87(*). Personnalité réelle, ou
personnalité rêvée ? La collection devient, selon
l'expression de Krzysztof Pomian, une partie de son identité, un
prolongement extérieur de son moi inconscient.
Il existe cependant un aspect particulier de sa
personnalité qui caractérise tout collectionneur, à tout
moment de sa collection :
l' « originalité »88(*). Le collectionneur ne se
satisfait pas tout à fait de ce qui l'entoure.
En ce sens la collection est une réaction au besoin
inconscient d'originalité dans sa vie. Le collectionneur ressent la
nécessité d'être différent du monde et des gens qui
l'entourent. L'originalité appartient à sa construction
identitaire.
Cependant cette originalité est revendiquée,
elle le place au dessus des autres, mais niée en même temps, car
le collectionneur ne veut absolument pas se faire remarquer. On assiste
là au dilemme de l'ambivalente intrinsèque au collectionneur.
Comment être soi-même, mais être comme les autres ?
1.2.2.2 Culte du
secret
Alors pour se prémunir contre une trop grande
exposition, le collectionneur garde le silence sur lui et sur ses objets. Un
silence qui peut être nuancé, mais n'en est pas moins
éloquent. Lors de l'envoi des questionnaires d'enquêtes, j'ai bien
évidemment proposé de garder l'anonymat des collectionneurs selon
leur volonté. Les réponses sont assez curieuses. La plupart ne
refusent pas d'être cités en remerciements, cependant ils ne
veulent pas que leur nom apparaisse en regard des réponses fournies dans
le questionnaire. Ils se perdent dans leur besoin de valorisation et de
reconnaissance face à l'angoisse de l'autrui.
La première réponse que je reçus par mail
fut assez édifiante de ce point de vue. Un collectionneur, de
nationalité suisse, furieux que je connaisse son adresse et par
extension sa passion, argua du fait que je lui avais envoyé le
questionnaire en langue française, et que sa maitrise de cette langue
n'était pas suffisante pour y répondre. Je lui proposai alors une
traduction en anglais et en allemand. Après deux jours d'attente,
acculé, il fut forcé d'avouer qu'il ne voulait pas
répondre à mon enquête et partager sa passion. Ce refus est
aussi intéressant que le courage des autres collectionneurs qui y ont
participé.
En effet ce piège du secret les entraîne dans une
peur du regard et du jugement des autres, une peur de voir étalée
au grand jour la valeur connue des objets qu'ils possèdent. Se
décèle alors un côté de thésaurisateur, qui
ne supporte pas de composer avec autrui du bien-fondé de sa collection.
En en parlant, il emprisonne sa collection dans des mots qui n'expriment pas
forcément l'intensité de ses sentiments. En la donnant à
voir, il a l'impression d'une violence, comme le viol d'une sépulture
longtemps cachée à la convoitise des autres. Le collectionneur se
retrouve dans la même position que ces Arabes au début du
siècle que les voyageurs occidentaux voulaient portraiturer, et qui se
récriaient, croyant que leur âme s'envolerait avec la photo. La
vision d'un autre crée un vol de la conscience du collectionneur.
A contrario l'anonymat m'assure également une certaine
sincérité des réponses. En outre, le fait de
connaître déjà certains collectionneurs indiquait assez que
j'étais « initiée » au monde du paquebot,
digne de confiance et donc apte à une compréhension plus juste de
leur passion.
1.2.2.3 Passion
Sa passion deviendra le « trait saillant de sa
conduite, l'idée prédominante qu'il exprime, empêchant
d'analyser et d'observer tout le reste »89(*). Ainsi la passion
développée chez l'enfant qui tient une maquette du Normandie pour
la première fois, l'empêche de voir d'autres objets sur la
brocante que ceux en rapport avec le paquebot. Certains collectionneurs parlent
de leur collection comme d'une passion, ainsi ce collectionneur qui
m'écrivit que l'enquête cernait bien leur
« passe-temps et passion ».
« Une passion dévorante »,
une main qui tremble, des lettres refaites, réécrites afin de
paraitre plus lisibles, parce que la main s'est laissée emporter et ne
contrôle plus le stylo90(*). Trois mots qui touchent énormément
lorsqu'on les voit écrits, parce que le collectionneur se met à
nu. Avec une sincérité presque douloureuse. D'autant que ce
collectionneur est étonnant. Il refuse la plupart des questions
ouvertes, et se laisse guider par les réponses qui sont
proposées. Mal-être ? devant l'enquête ? devant sa
collection ? face à lui-même ? Il refuse d'appartenir
à la « paquebot-mania »... Sa passion
apparait vécue comme une angoisse, comme un complément
existentiel.
Tous les collectionneurs se disent
« passionné[s] »91(*), mais un plus grand
« contrôle » émane de leurs réponses.
Une interprétation est possible concernant ces deux profils
différents. En effet, celui-là ne collectionne que depuis huit
ans, tandis que pour les neuf autres, la durée de collection oscille
entre 15 ans à plus de 30 ans. La passion, toujours présente,
s'est « calmée » pour laisser place à une
vision beaucoup plus sereine et moins « étouffante »
de la collection.
1.2.2.4
Angoisse
L'angoisse des collectionneurs se ressent ainsi dans la perte
de contrôle de leur écriture ou de mots qu'ils
réécrivent plusieurs fois, en se trompant dans les lettres...
Angoisse du regard de l'autre, angoisse dans le rapport à l'autre,
angoisse du jugement de l'autre. Les questionnaires sont aussi perçus
comme une provocation, pour fuir leurs angoisses, pour obliger l'autre à
accepter ces interlocuteurs tels qu'ils sont, c'est-à-dire
collectionneurs dans l'âme92(*).
Dans une lettre que m'a adressée un des
collectionneurs, avec le questionnaire, je reçus deux très belles
cartes postales récentes des paquebots Queen Elisabeth II et
Queen Mary II avec ce mot « Ci-joint deux cartes
postales pour que vous puissiez commencer votre collection... Attention au
virus ! ». Outre la démarche très
agréable, appréciée93(*), touchante, car le don symbolise toujours le partage,
l'ouverture, et outre le fait que cela m'a également rappelé une
ancienne collection de cartes postales que j'avais entamée en fonction
des lieux que je visitais, et qui peut-être ravivera cette passion, un
terme me parait révélateur : l'emploi de
« virus ». Sans doute, le collectionneur l'a-t-il
utilisé avec humour. Néanmoins son utilisation ne me semble pas
anodine, et traduit bien l'importance vitale de la collection pour son
possesseur. Il s'agit d'une maladie qui s'attrape, d'une
« affection », au deuxième sens du terme
« altération de la santé,
maladie »94(*), qui nous ramène au premier
« attachement, tendresse »95(*). Une maladie angoissante, mais
dont le collectionneur ne souhaite pas véritablement guérir... Un
rappel de la « maladie d'amour ? »
chantée par Michel Sardou96(*) ? Comment vivre sans sa collection ?
« Quels que soient les particularismes propres
à chaque collectionneur, le type d'objets qu'il a choisis et la
manière dont il collectionne, il demeure un fait essentiel : les
objets qu'il possède sont tous une garantie suprême, souvent
inconsciente, contre le désespoir et la solitude. Ils jouent le
rôle de protection, au service de l'affirmation de soi. Ce sont des
remèdes magiques pour chasser le doute existentiel et, par-dessus tout,
des témoins de crédibilité »97(*). Les propos du psychanalyste
Werner Muensterberger, adaptables à tous collectionneurs, se voient ici
transcendés par la dimension marine de la collection de paquebot. Objets
magiques, objets de mémoire(s) qui jouent le même rôle que
des reliques, premiers objets bénéficiant d'une attention
sacrée particulière de la part des hommes98(*). Reliques, non parce qu'ils
étaient les éléments d'un corps humain, ils sont les
éléments d'un corps de métal qui contient plusieurs
dimensions humaines. Reliques parce que témoins de disparus, d'individus
qui ont existé. Le collectionneur s'approprie ces mémoires, se
glisse parmi ces gens, trouve une place et un but sans sa vie. L'angoisse est
atténuée.
Un doute existentiel qui traduit une angoisse
métaphysique. Mais cette angoisse se teinte aussi d'originalité,
car l'angoisse pour le complément de la collection supplante l'angoisse
de la fin de vie. Ainsi peu d'entre eux ont véritablement pensé
à l'avenir de leur collection99(*). Le questionnaire a d'ailleurs permis à
quelques uns d'y porter attention.
1.2.2.5 Besoin
d'évasion
Le stress, la fatigue et la monotonie d'un travail
astreignant, qui demande énormément d'attention et de
concentration, voilà les principaux facteurs du « besoin
d'évasion »100(*) que souhaite tout un chacun.
La chance du collectionneur du paquebot est qu'il n'a pas
besoin forcément d'attendre de partir sur les routes en vacances, pour
voyager à bord de tel navire, sur telle ligne, regarder tel film qui
présente telle escale... Il voyage dans sa tête à partir
d'un objet. Il se crée un univers mental, son propre monde onirique.
Quelques collectionneurs voyagent sur les paquebots de
croisière actuels101(*). Cherchent-ils à retrouver ce qu'ils ont
connu naguère, ou ce qu'ils ont imaginé de la vie à bord,
quelques éclats des luxes d'antan ? Voyages effectifs,
réels, transcendés par leur imaginaire et leur vision des choses.
Les collectionneurs concernés sont fascinés par l'aspect mobile
du navire, le fait de faire le tour du monde ou de quelques pays, les
différentes escales, l'immersion et l'ouverture aux cultures
étrangères. Le « voyage » est un
« échappatoire ». « Voir la
mer »102(*) et découvrir des terres lointaines les
comblent.
Mais les voyages actuels ne leur donnent pas
entièrement satisfaction. Inconsciemment, il leur manque toujours
quelque chose. Et les collectionneurs recommencent l'année
d'après une autre croisière, changent de navire, les
découvrent, les « testent »... essayent de les
apprécier à leur juste valeur...
1.2.3 Comment se
considère le collectionneur ?
Les enquêtes laissent transparaître une certaine
lucidité des collectionneurs. Beaucoup savent prendre du recul, face
à leur collection-passion. Bien sûr les réponses
dévoilent le besoin de revalorisation que connaît tout
collectionneur, le besoin aussi d'être accepté tel qu'il est et
tel qu'il se perçoit.
1.2.3.1
Exhaustivité/éclectisme
Le problème le plus épineux qui occupe chaque
collectionneur est celui de la teneur de sa collection. Doit-elle ne se
consacrer qu'à un sujet limité et précis, mais le fouiller
le plus profondément possible ? Ou bien, s'intéresser un peu
à tout est-il le meilleur moyen d'avoir une vision globale du monde du
paquebot ou d'une compagnie ?
Le nombre d'objets ne permet que très rarement
l'exhaustivité sur un sujet. « L'exhaustivité est
impossible dans ce domaine »103(*). En effet il est proprement impossible pour un
collectionneur de collecter tous les objets d'une série ou tous les
objets concernant un paquebot ou son thème de prédilection. Il
s'approche néanmoins de cet idéal par une recherche toujours
approfondie de son sujet. L'éclectisme est ainsi ce qui traduit le mieux
la curiosité104(*) et le désir de possession qui poussent sans
arrêt le collectionneur dans sa quête.
Cependant, et c'est là le chemin suivi par nombre de
collectionneurs, même s'il se veut éclectique par lucidité,
le collectionneur tente toujours d'aller plus avant et d'être exhaustif,
le plus possible. Tout posséder est en effet une raison secrète
qui préside à toute collection. En réalité, savoir
si un collectionneur d'objets de paquebot est éclectique ou exhaustif se
révèle être presque une fausse question. Il est
éclectique par nécessité et exhaustif par passion.
1.2.3.2 Un
conservateur
Les collectionneurs interrogés se considèrent
tous comme des « conservateur[s] éclairé[s] d'un
patrimoine spécifique voué à la
disparition » 105(*). En effet le conservateur est ordinairement
considéré comme un gardien du patrimoine, qu'il soit
spécialiste des monuments historiques, des musées, ou de
l'inventaire général. Le patrimoine est en effet
« l'ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la
propriété publique ou privée, qui présentent un
intérêt historique, artistique, archéologique,
esthétique, scientifique ou technique »106(*). Or chaque collectionneur a
une idée très précise de la valeur patrimoniale de sa
collection. Il s'agit de « garder un témoignage de ce
temps-là »107(*). Les objets sont considérés comme des
« témoins du passé et [de la] mémoire
maritime »108(*).
Il est vrai que les réponses peuvent être
nuancées. Il est certain qu'aucun n'aurait répondu
« pilleur d'épaves », et aucun ne l'a fait. Quoique
certains se permettent de qualifier ainsi d'autres collectionneurs qu'ils
méprisent. Ou bien leurs vives émotions concernant la
dernière vente aux enchères de l'ex-France-Norway-Lady
Blue, pourraient sous-entendre parfois qu'elle participait d'un
« pillage d'épaves ». Néanmoins peu se
considéreront comme des antiquaires spécialisés, puisque
le principe même de l'antiquaire est de connaitre la valeur marchande
d'une oeuvre d'art ou d'une oeuvre ancienne, afin d'en tirer
bénéfice. Or parmi les collectionneurs de paquebots, peu
revendent des objets. Et uniquement quand ils ont trouvé un autre
exemplaire qui correspond mieux à leurs attentes, ou quand leur
collection est finie. Mais la « revente » n'est jamais le
but premier du collectionneur du paquebot.
Ils paraissent avoir la même démarche qu'un
conservateur du patrimoine dans un musée :
« rassembler et faire connaître » parait
être leur commune devise109(*). Cependant cet idéal est en contradiction
avec leur nature de collectionneur privé. En effet ils rassemblent
certes, mais ne font pas connaitre par des
expositions110(*), des
rassemblements ou des publications, le patrimoine qu'ils conservent. Ils
autorisent exclusivement des personnes de confiance à contempler,
à visiter leur collection. Le grand public n'y aura jamais accès,
excepté en cas de vente aux enchères, ou lors de prêts -
assez rares - pour des expositions. Conservateurs, oui, mais au sens strict du
terme.
Nonobstant ils sont bien des conservateurs d'un patrimoine
tout à fait particulier, qui sans eux, risquerait de ne plus être
connu.
1.2.3.3 Un
chercheur
De conservateur, ils deviennent également archivistes
et documentalistes. Ils accordent beaucoup d'importance à la
conservation des objets, au point de ne jamais regarder des objets fragiles,
emballés une fois et jamais ressortis à la lumière du
jour111(*). Ils
connaissent très exactement l'état de leur collection, et n'ont
pas forcément besoin d'un inventaire papier pour se remémorer les
caractéristiques de chaque objet112(*).
Cette grande capacité mémorielle leur permet de
se plonger dans des recherches fascinantes, dès lors qu'ils
acquièrent un objet. Ils recherchent son origine, donc son lieu de
fabrication, son créateur parfois, son lieu de réception. Ils
veulent tout connaître de la vie de l'objet, et partant du passé
du paquebot, de la compagnie, etc.
Le collectionneur se considère comme un chercheur.
D'ailleurs la « recherche » est un des
comportements qui revient le plus souvent, si l'on se base sur les
réponses du questionnaire113(*). Six collectionneurs sur neuf le placent en
deuxième position dans leur liste personnelle114(*). Un le sous-entend,
puisqu'il préfère parler de la « connaissance du
passé » des objets115(*). Un autre encore intègre la
« recherche » parmi plusieurs autres des
comportements proposés116(*). Enfin le dernier indique
« non » à côté de cette
proposition117(*).
Leur motivation ? « Le fait d'être
"expert" dans un domaine »118(*), répond un des collectionneurs. Expert...
chercheur... Ils compilent un nombre incalculable de données et sont
capables de parler des heures sur un objet. Ils effectuent parfois
d'importantes recherches, dans leur quête des origines d'un objet, de
l'historique de telle compagnie, tel navire, tel artisan parfois... Leurs
recherches s'apparentent aux recherches scientifiques, techniques, historiques
et même artistiques. Leur quête de la pièce rare les
amène à s'instruire et lire. Des ouvrages écrits en langue
étrangère ne leur posent aucun souci, leur passion faisant office
d'interprète.
Il est cependant dommage que les collectionneurs du paquebot
écrivent peu, et n'osent pas révéler leur
intérêt et leur curiosité. Ils ne divulguent pas leurs
recherches, qu'ils considèrent comme personnelles. Ils se coupent
là encore du grand public. Ce faisant ils affirment encore une fois leur
originalité et leur solitude.
1.2.3.4
« Paquebot-mania »...
Aujourd'hui il n'existe pas de terme spécifique pour
désigner les collectionneurs de paquebots. On évoque cet
engouement sous le vocable - aux connotations quelque peu négatives - de
« paquebot-mania »119(*).
Les réponses à la question 33
« Diriez-vous que vous appartenez au mouvement de la
« paquebot-mania ? » sont assez
partagées. Sur neuf collectionneurs, cinq ont répondu
« oui », dont un nuancé par l'expression
« sans aucun doute »120(*). Parmi les quatre non, se trouvent les deux
collectionneurs qui ne s'intéressent qu'au France et qu'au
Normandie121(*), et un
qui exprime sa réticence devant ce vocable, même s'il n'existe
malheureusement pas actuellement d'autre terme.
Cette combinaison des mots « paquebots »
et « mania », est dangereuse, car elle suppose que la
collection est une « manie ». Or le mot mania
signifie folie en latin et en grec. Ce qui, si nous nous rapportons à la
définition du Larousse, voudrait dire que les collectionneurs font
preuve d'une « habitude, un goût bizarre qui provoque la
moquerie ou l'irritation », et au deuxième sens,
« d'un goût excessif pour quelque chose, d'une obsession,
d'une idée fixe »122(*). Suit la définition de la
« manie » dans le vocabulaire
psychiatrique123(*). Or
il ne semble pas que tous ceux qui s'intéressent aux paquebots, ou qui
vont jusqu'à former des collections de ces objets, soient
« paquebots-maniaques » et atteints de folie... Ou
alors ce serait penser que tous les collectionneurs, et non seulement les seuls
collectionneurs du paquebot, soient l'objet de manies et agissent en
« maniaques »...
Au contraire, les réponses de la question 39124(*) expriment pour cinq d'entre
elles « un passe-temps agréable »125(*) ; deux d'entre elles
évoquent « plutôt une
passion »126(*) ou un passe temps voire « une grande
passion »127(*). Une réponse est
détournée : il s'agit de la
« matérialisation nostalgique de moments
exceptionnels »128(*). Enfin deux collectionneurs expriment sans
détour que leur collection est « une passion
dévorante »129(*), ou le fut jusqu'à un certain
moment130(*). Même
s'ils se considèrent tous comme passionnés131(*), nombreux sont ceux qui ne
consacrent à leur collection que quelques heures par semaine132(*). En outre, dans tous les
cas, leur collection n'a pas le monopole des « meilleurs moments
de leur vie »133(*), bien qu'elle joue un grand rôle de
détente, de relaxation et d'évasion.
Pour ces raisons, parler de
« paquebot-mania » pourrait s'avérer dangereux. Ce
terme implique un côté très négatif, et fait du
collectionneur du paquebot, la risée de ses pairs et infériorise
cette collection par rapport aux autres.
1.2.3.5 Ou
« Paquebot-philie » ?
En lieu et place de ce terme de
« paquebot-mania », je parlerais davantage de
« paquebot-philie ». J'ai toujours
considéré les collectionneurs du paquebot que je connais et
côtois, comme des amis du paquebot134(*). Ces amoureux du paquebot, je les nommais des
« paquebot-philes »...
En effet le mot öéëåéí
signifie en grec « aimer » et
öéëïò, « ami ». La langue
grecque a cette chance, contrairement à la nôtre, de proposer
divers mots en fonction des divers sens du verbe « aimer ».
öéëåéí a ainsi la signification
très précise135(*) d'aimer au sens
d' « apprécier », de chercher. Il s'agit d'un
amour intellectuel, d'une affection de l'esprit. Au même titre qu'un
« philosophe » est un amant de la sagesse.
L'affection évidente que portent les collectionneurs
à ces navires et à ce qu'ils suggèrent, évoquent
davantage le comportement d'un amoureux que d'un
« maniaque » au sens strict. Les collectionneurs
choisissent leurs objets avec attention, et presque avec scrupule,
éprouvent des « coups de coeur »136(*), s'intéressent
à son histoire, ses pérégrinations. Ils ne se
précipitent pas sur tous les objets qui évoquent le paquebot,
comme une maquette récente en plastique pour les enfants qui
représentent le Titanic ou un autre. Ce dernier comportement s'apparente
à la « paquebot-mania ».
Le collectionneur de paquebot vit sa collection d'une
façon intellectuelle. Il s'agit d'une occupation spirituelle137(*), de l'otium
véritable préconisé par Sénèque138(*). L'otium est, dans
l'idéal de vie romaine, la caractéristique de l'homme libre,
consacré à un rôle social ou politique dans la cité.
L'otium est l'occasion de s'occuper d'activité humaines, comme
la vie publique, les sciences et les arts. Aujourd'hui, notre mot
« loisir », encore mal choisi, englobe néanmoins
cette notion sous l'expression « loisirs
culturels »139(*). L'otium se pratique sur le temps libre,
permet à l'esprit de se tenir en éveil... Un temps qui importait
davantage que le negotium140(*) - le travail, qui s'accordait avec lui.
Aujourd'hui le negotium, nouvelle vertu de l'homme libre depuis le
XVIIIe141(*), a tendance
à vouloir allonger sa durée temporelle et laisse de moins en
moins de place pour l'otium, ou ce que Paul Valéry nomme aussi
le « loisir intérieur »142(*). La collection permet de
remédier à cet état de fait.
Cette occupation amène le collectionneur à
réfléchir, à penser, à reconsidérer le
monde, à travers le destin de ces navires, de leurs passagers, la
fabuleuse destinée des objets, qui ressurgissent parfois des profondeurs
d'un grenier ou lors d'une vente. « Méditer sur la
sociologie du paquebot »143(*) est donc le propre d'une activité
intellectuelle induite par la collection d'objets et son sujet, le paquebot.
1.2.4 Comportements
de collectionneur
Le collectionneur se comporte souvent d'une manière
ambiguë. Il est tiraillé entre deux forces contraires. L'une le
place à l'écart des autres, et au-dessus des autres, le renferme
à l'intérieur de lui-même, le nomme gardien d'un secret. La
deuxième le conjure d'aller vers l'extérieur, de s'ouvrir, de se
mêler aux autres, de partager sa passion et son intérêt.
Quelque part le secret est trop lourd à celer. Werner Muensterberger
indique que « le besoin de recevoir la garantie et l'approbation
des experts est le reflet de deux forces qui habitent le collectionneur :
le désir de s'affirmer par la possession et le sentiment d'être
coupable d'orgueil et de pulsions narcissiques »144(*). L'enquête
menée nous permet d'aborder certains des comportements
intrinsèques au collectionneur du paquebot.
1.2.4.1
Solitude
La solitude est le lot des collectionneurs d'objets de
paquebot, comme de tous les autres amateurs. Le gardien du trésor est
toujours seul.
En effet, par manque de confiance en l'autre, et
également un manque inconscient de confiance en soi145(*), les collectionneurs
échangent peu, se rencontrent peu. Les contacts sont cependant la cause
nécessaire d'un bon achat, d'une bonne vente. Ils en sont aussi la
conséquence inéluctable. Parfois les contacts sont bons et vont
jusqu'à l'amitié146(*). Cependant, inconsciemment encore chacun se
méfie de la pensée et du jugement de l'autre. Chacun reste seul
et veille jalousement sur ses objets. Cette méfiance engendrée
par ce besoin de solitude explique le peu de prêts d'objets pour des
expositions. Les quelques associations, qui existent, permettent de les mettre
en relations. Mais elles n'empêchent en rien la solitude inhérente
à la collection, lorsque le collectionneur se retrouve face à ses
objets.
Néanmoins la solitude se délite lorsque la
durée des collections est importante. Elle permet une plus grande prise
de recul et une lucidité, due au fait que la solitude imposée par
la collection amène le collectionneur à réfléchir
aux questions dites existentielles qui taraudent l'esprit de tout être
humain.
De plus la réaction de la famille est d'une importance
cruciale. La famille rompt sa solitude. Le collectionneur craint sa
réaction147(*).
En règle générale, celle-ci joue le rôle d'un
« garde-fou »148(*). Elle accorde de l'espace pour la collection, ce qui
lui assure la reconnaissance du collectionneur, qui tente dès lors de
grignoter l'espace afin d'en posséder davantage. Elle s'intéresse
souvent, les enfants posent des questions, tous aident en brocante à
chiner. Certaines familles partagent ou comprennent la passion du père.
Il est d'ailleurs intéressant de remarquer la proportion de
collectionneurs de sexe masculin qui ont répondu - favorablement ou non
- à l'enquête : 12/13. Cependant la famille refuse de
considérer la collection comme plus importante qu'elle. Ce qui
amène le collectionneur à un conflit intrafamilial
intérieur, et ajoute à son angoisse. Mais l'amène
également à ne pas se perdre dans cette passion. A lui permettre
« d'analyser et d'observer tout le
reste »149(*).
En effet l'attitude du collectionneur s'apparente à un
comportement antisocial. « Leur comportement et la nature de leur
passion sont souvent caractérisés par l'alternance de phase
d'euphorie, d'allégresse et de phase de tension, de détresse, de
doute, de culpabilité. Cette passion est capable d'emmener certains vers
la dévastation de leur vie entière : profession, famille,
obligations et responsabilités sociales... »150(*). Ces aspects, très
humains par ailleurs, sont exacerbés par cette retraite volontaire. Elle
les oblige à un continuel va-et-vient entre leur vie
« réelle » et leur vie
« rêvée », et accentue encore leur
solitude.
1.2.4.2
Désir de possession
Le désir de possession est un
« symptôme » très fort qui caractérise
toute collection. Les collectionneurs du paquebot n'y échappent pas.
« Posséder les objets qui ont
vécu »151(*) est le leitmotiv de bien des amateurs.
« Retrouver les objets de la
marine »152(*) est un besoin fondamental, et induit la
nécessaire attirance pour la recherche. Ce désir de possession
les rend chercheurs scientifiques, mais également infatigables
chercheurs de trésor. Cette attitude les incite au secret, car le secret
est le plus fidèle gardien des trésors. Plus un collectionneur
contemple d'objets dans sa caverne personnelle d'Ali-Baba, plus il devient
taciturne sur sa collection. Paradoxalement le mystère dont il
s'entoure, augmente d'autant son besoin de posséder. Le
« fait impératif et compensatoire d'avoir et de garder un
objet »153(*) est toujours une réponse subconsciente
à un manque inconscient...
Même si la collection est jugée satisfaisante,
elle n'est jamais terminée. En effet, il existe toujours une
pièce qui manque, un objet à chercher. La quête de la
pièce rare s'apparente à une quête du Graal :
« trouver l'objet manquant et rare »154(*). Cette insatisfaction
permanente conduit le collectionneur à amasser nombre d'objets. Et
même s'il les sélectionne, les choisit avec soin, il lui est
très difficile de résister à un « coup de
coeur »155(*).
Il transforme alors son lieu de vie en un lieu qui est
dévolu à ses objets. Cette possessivité extrême
adressée aux objets leur accorde une importance capitale.
« L'accumulation des reliques est typique de ce que signifie tout
le processus de la collection »156(*). En effet, la relique est un
objet que l'on retire de sa sphère usuelle, pour la placer sur un
piédestal, à la vénération des fidèles. Elle
est un symbole religieux, civique, ou même patrimonial. Pensons à
nos monuments aux morts. Ainsi les objets collectés par l'amateur
occupent une place transcendée et deviennent sacrés.
1.2.4.3
Curiosité
« Qu'est-ce qui pousse un amateur à
rechercher, acheter et collectionner des objets
« curieux » ? La curiosité ?
Peut-être, mais une curiosité qui ne ressemble plus à celle
de l'enfant ou du chercheur scientifique. Citons encore une fois Paul
Valéry : « La curiosité est comme la pression
d'existence du possible ». Cette formule admirable nous donne la
véritable clef de la passion du collectionneur, cette forme
supérieure de l'instinct de conservation. L'objet en devenant inutile a
regagné au centuple sur le mode possible ce qu'il a perdu dans le
domaine réel »157(*).
La curiosité est ainsi le déclencheur de la
passion du collectionneur. Et il faut bien avouer, que dans le cadre d'une
collection du paquebot, la curiosité est toujours
éveillée.
D'après le psychanalyste Donald Winnicott, la
curiosité est le phénomène conduisant l'enfant - au
départ, mais cette observation se rapporte aussi à notre cas -
à « déplacer le plaisir de la présence de
l'autre vers un objet transitionnel, puis sublime cette
présence à travers la connaissance ou la
culture »158(*). Le transfert de l'intérêt sur un objet
permet un investissement ensuite au niveau intellectuel et culturel. En outre
« l'extension de la transitionnalité aux
phénomènes culturels présente la culture sous l'aspect
d'une sauvegarde contre l'angoisse de perdre l'objet »159(*). La curiosité est
intrinsèquement liée au désir de possession. Elle en est
sa cause première.
Ouverture de l'esprit au monde qui l'entoure, la
curiosité permet au collectionneur de déclencher sa quête.
En effet, le collectionneur du monde du paquebot se déplace et voyage
presque autant que l'objet de son affection. Il court de ventes aux
enchères en brocantes, s'arrête chez les antiquaires. Il est
présent aussi aux vide-greniers, car de nombreux objets, dont la valeur
n'était pas connue, sont disséminés ainsi lors d'un
héritage non désiré. Enfin la curiosité le pousse
à visiter des expositions concernant même des paquebots qu'il ne
collectionne pas : ainsi l'exposition sur le Titanic à la Villette
a-t-elle attiré des collectionneurs qui ne s'intéressent pas
particulièrement à ce navire160(*).
De même ils visitent les nombreux musées de la
Marine. Les collectionneurs interrogés sont tous français, et ne
vont pas facilement visiter les musées étrangers. Le musée
de Paris est le plus cité. Viennent ensuite les musées de Toulon,
Nice, Brest, Marseille et Dunkerque. Malheureusement les musées
français ne remportent pas les suffrages, car ils ne sont pas
consacrés exclusivement aux paquebots - ce qui est normal, puisqu'il
s'agit de musées de la « marine ». Cependant peu
d'objets sont présentés, en comparaison des réserves
existantes, et de surcroît mal présentés161(*). Quelques musées
étrangers sont cependant indiqués avec la mention
« ont plu » : Hambourg, Bremerhaven,
Rotterdam, Gênes, Monaco...162(*) Mais aucun d'eux ne remporte autant d'approbation
que l'écomusée de Saint-Nazaire où
Escal'Atlantique est entièrement dédié au
paquebot163(*). La
curiosité les pousse à revenir plusieurs années de suite,
afin d'observer les changements, et de visiter les nouvelles expositions.
1.2.4.4 Respect de
l'objet
Ce respect des objets qu'ils déplorent ne pas trouver
au sein des musées, les collectionneurs du paquebot en font leur devise
personnelle.
En effet les objets, sortis de leur contexte premier, entament
une longue transformation. Soumis à une perte de sa valeur d'usage, au
sens patrimonial du terme164(*), l'objet se réifie, se condamne à une
chosification certaine. Il perd toutes ses significations premières,
d'objet d'usage - au sens propre du terme cette fois - et d'objet d'un
quotidien transcendé.
Cependant le collectionneur traque, par delà
l'apparence de l'objet, la « vie des objets touchés,
réparés, "rescapés" ». "Si les objets
parlaient" »165(*), que nous apprendraient-ils ? Il entraine un
phénomène d'intention dans sa quête, et est à la
fois sensible à ce que l'objet lui dévoile de lui-même,
à l'aura de cet objet-survivant et témoin, et à la place
de cet objet en particulier au sein d'un ensemble qu'il a lui-même
constitué. « L'aura isole l'objet [...] de son
environnement, mais elle crée par là même les conditions
d'une résonance avec d'autres singularités pareillement
isolées »166(*). Le collectionneur accorde alors une autre
importance à l'objet que celle qui lui était
intrinsèquement dévolue. Nouveau démiurge, il lui permet
d'entamer une nouvelle vie, brillante et glorieuse - car il est preuve d'un
passé mythique, mais également celée au reste du monde,
car il ne se confronte plus qu'au regard du collectionneur.
Ce respect est sujet à de nombreux paradoxes. Au final
il ne respecte et ne considère pas l'objet en tant que tel. Il
transforme l'aura de l'objet, par son intention et son attention. Une autre
contradiction avérée chez le collectionneur du paquebot est son
attitude face aux objets. En règle générale, le
collectionneur dépose ses reliques dans des endroits
sécurisés, où elles ne craignent ni les attaques humaines
ni celles du temps. Ainsi les objets fragiles ne sont jamais exposés,
jamais montrés. Le collectionneur lui-même se soustrait à
leur vision et leur contemplation, par pure vénération et
tentative de les élever à une dimension immortelle et
intemporelle. Cependant, le collectionneur du paquebot a cette chance de
posséder des objets dont il peut faire usage. Cet usage-là est
encore différent des précédents. Il incarne en effet, un
retour dans le passé, une sauvegarde des rituels du paquebot, à
l'instar de ce collectionneur contemporain qui affectionnait la Renaissance et
qui ne s'habillait qu'en habits du XVIe167(*)... Par exemple, de nombreux collectionneurs se
servent des services à vaisselle en porcelaine, des couverts en
argenterie, ou bien des verres en cristal, ou encore des services à
café, à thé, lors de dîners ou de rencontres entre
amis. Certains usent des fauteuils et sièges dans leurs salons,
salle-à-manger ou bureau168(*). Les transats169(*) en état peuvent également être
occupés l'été dans le jardin ou dans une véranda.
Ou bien encore le linge de cabine, de table... peut agrémenter l'accueil
des invités170(*). Cette distinction entre se servir des
objets et ne pas s'en servir est importante, car elle
révèle les dissensions entre les collectionneurs. Certains
refuseront de se servir de leurs objets, car le caractère sacré
qu'ils leur confèrent, les rend trop précieux à leurs
yeux171(*). A contrario,
ceux qui les utilisent, se persuadent consciemment de leur rendre un grand
hommage, en permettant aux objets de trouver une nouvelle valeur d'usage - au
sens patrimonial, une nouvelle vie.
Devenir collectionneur du paquebot demande donc un ancrage
profond dans un monde sur le point de disparaitre, mais qui survit de diverses
manières. Le collectionneur en est une des survivances les plus
inattendues, car il mène une guerre contre l'Histoire, qui avance
toujours, en faisant de la Mémoire et du Patrimoine ses devises.
1.3 Collections d'objets de
paquebots
« Les objets [...] sont, en dehors de la
pratique que nous en avons, à un moment donné, autre chose de
profondément relatif au sujet, non seulement un corps matériel
qui résiste, mais une enceinte mentale où je règne, une
chose dont je suis le sens, une propriété, une
passion.» Jean Baudrillard172(*).
La passion meut les aspirations et les désirs du
collectionneur. Il acquiert nombre d'objets selon des critères
précis, individuels, inconscients même. La collection d'objets est
le prolongement matériel des aspirations du subconscient du
collectionneur. Elle le représente, car il se met en scène
à travers elle.
Les thématiques sont très variées et sont
souvent en accord avec d'autres collections entamées par les
collectionneurs dans le même domaine d'objets : vaisselle,
transports, médailles/monnaies...
« Ce ne sont pas les objets que l'on
désire, c'est l'objet qui vient vers vous »173(*). Renversement subtil des
valeurs, puisque le collectionneur n'a plus à chercher, l'objet se
présente de lui-même. La collection représente une
synthèse de différents instants de l'Histoire. La mémoire
de chaque collectionneur crée un temps continu selon une logique et une
cohérence propre. « C'est à cet instant qu'on
reconnait précisément le collectionneur. Il se fiche de la mode.
Il transcende le temps »174(*). L'objet se déniche, se déclare, se
révèle lui-même au sein d'un ensemble qui ne lui est pas
familier dès l'abord.
Ainsi à travers sa préoccupation des objets, le
collectionneur du paquebot s'intéresse à la constitution et la
préservation d'un ensemble défiant la marche temporelle.
1.3.1 Quels objets
collectionner ?
Le collectionneur d'objets de paquebot est un collectionneur
comme un autre, plus qu'un autre peut-être, car il peut tout
collectionner. Tout est sujet à être collectionné.
Parmi les objets recherchés par les collectionneurs du
paquebot, se distinguent plusieurs thématiques. L'enquête permet
de mieux délimiter les champs d'investigation de ces collectionneurs du
paquebot175(*).
1.3.1.1 Quels
paquebots ?
Les paquebots en eux-mêmes paraissent bien
évidemment être ce que nous pourrions nommer la matière
première de ces collections. Cependant les directions suivies par les
collectionneurs divergent toutes, selon leurs convictions et leurs
intérêts.
En effet, si la plupart des collectionneurs interrogés
sont français, cinq seulement ne collectionnent que des paquebots
français, sachant que deux collectionnent un paquebot
particulier176(*). Les
cinq autres collectionneurs s'intéressent, outre à la France,
à l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Europe ou à tous les
pays177(*). Cinq
collectionneurs s'intéressent aux navires du milieu ou fin XIXe,
jusqu'au milieu du XXème à peu près178(*). Deux débutent leur
collection à l'année 1935 jusqu'aux dernières
années du XXème179(*). Un commence en 1900 et s'arrête au France
1962180(*). Peu
collectionnent sur les navires de croisières actuels.
Les compagnies maritimes suivent conséquemment ces
choix. Pour autant, les collectionneurs ciblent également ce
thème. La CGT, Compagnie Générale
Transatlantique181(*), est bien évidemment la plus citée, et
la plus appréciée des collectionneurs français,
grâce aux paquebots Normandie, France, etc. Viennent
ensuite les Messageries Maritimes182(*), compagnie citée par quatre collectionneurs.
Seuls deux collectionneurs citent d'autres compagnies
françaises183(*),
« Société Générale de Transports
Maritimes, Fraissinet et Cyprien Fabre, Paquet, Compagnie de Navigation
Mixte »... ou encore « Chargeurs
Réunis[...], la Sud Atlantique »... en raison de
leurs thématiques plus ouvertes.
Bien évidemment les compagnies étrangères
sont notifiées, comme la compagnie anglaise Cunard184(*), pour les amateurs de
paquebots tels les Queen Mary I et II, ou les Queen
Elizabeth I et II... ; ou bien la Norddeutscher
Lloyd185(*),
Hamburg America Line186(*), Italia di Navigazione187(*), la Deutsche Ost
Afrika188(*), et
bien d'autres...189(*)
Quant aux paquebots eux-mêmes, certains les citent,
d'autres indiquent des années préférentielles, d'autres
encore estiment que la liste des compagnies indiquent suffisamment les navires
qui les passionnent190(*). Au final, la plupart des collectionneurs se
retrouvent sur une période, fin XIXe-début XXe aux deux guerres
mondiales.
1.3.1.2 Quels types
d'objets ?
Plusieurs types d'objets intéressent les
collectionneurs191(*).
La question de l'enquête était très
détaillée, presque trop, ce qui n'a pas incité les
collectionneurs à affiner leurs réponses. Cependant certains ne
collectionnent pas tout, et ont marqué leur préférences
par des croix, des « oui », des rajouts...
La première série d'objets collectionnés
concernent les documents écrits. « Embarqué sur un
porte-conteneurs sur lequel se trouvaient encore des menus des paquebots des
Messageries Maritimes illustrés par Albert Brenet192(*) et également des
certificats de passage de l'Equateur, j'ai commencé à les
collectionner »193(*). En effet, ce sont les moins encombrants, les plus
aisés à ranger et presque à conserver. Menus, affiches,
CPA, albums humoristiques, éventails, calendriers, diplômes de
passage de la ligne, les collectionneurs s'intéressent à tout ce
qui se rapporte à leur thématique de départ,
excepté deux collectionneurs dont un qui ne collecte pas les
CPA194(*).
Les documents audiovisuels - photos, films, diapos - sont
moins importants en terme de nombre que les documents écrits. Cependant
ils sont un témoignage rare, précieux et de ce fait très
recherché195(*).
Outre les nombreux tournages cinématographiques sur des paquebots comme
France, Queen Mary..., les voyages et surtout ceux d'inauguration
étaient filmés196(*). Certaines vidéos sont même visibles
sur internet, sur Youtube, Yahoo Video et d'autres197(*).
Les objets du quotidien sont également des objets fort
importants dans une collection portant sur le monde du paquebot. Ils concernent
tous les aspects de la vie à bord et des arts de la table :
vêtements, linge de cabine, de table, vaisselle, argenterie,
orfèvrerie, cristallerie, porcelaine, cendriers...198(*) De même le mobilier
intéresse nombre de collectionneurs : fauteuils, chaises,
bureaux...199(*)
Quant aux maquettes, de taille variable suivant les
échelles, elles demandent de ce fait plus ou moins d'espace. Les petites
maquettes sont à 95% en plomb à l'échelle
1/1,250e. Les grandes sont en bois, en métal, parfois en
plastique, mais aussi en kit à monter soi-même200(*). Plusieurs magasins de
modélisme vendent ainsi des maquettes de paquebots. Ils se trouvent
principalement en Allemagne, Pays-Bas ou aux Etats-Unis.
Cependant certains collectionneurs refusent également
catégoriquement de s'intéresser à certains types d'objets,
souvent pour des questions de goûts : cendriers, timbres, les
« souvenirs » fabriqués par la mania autour
de certains paquebots, les paquebots maudits, les cargos, les ferries...
1.3.1.3 Evolution
de la collection
La collection ne reste jamais figée. Elle est
considérée comme « vivante » par
tous les collectionneurs interrogés. Les thématiques, les
spécialités évoluent.
Celles-ci sont très variées. Il peut s'agir de
types d'objets, maquettes201(*), argenterie202(*), ou objets nautiques203(*)... ou bien de
thématiques géographiques204(*) - lignes d'Asie / d'Amérique / d'Afrique, de
thématiques nationales205(*) - par compagnies, annuelles206(*), ou encore
maritimes207(*).
L'évolution s'effectue de deux façons
différentes. En règle générale, les collectionneurs
finissent par cibler davantage leurs thématiques. La collection
s'intériorise pendant qu'ils se spécialisent sur un thème
particulier.
Néanmoins la collection peut se tourner
également vers l'extérieur. Un collectionneur explique qu'il
collectionnait « au départ les compagnies, d'abord
françaises qui entretenaient des lignes maritimes avec les anciennes
colonies ; puis ma collection s'est développée sur les
coloniales allemandes, compagnies hollandaises, portugaises ; enfin
élargissement sur les autres compagnies françaises qui
naviguaient entre l'Europe et l'Amérique »208(*). Un tel élargissement
de sa thématique d'origine n'est pas fréquent chez les
collectionneurs. Il révèle la notion d'universalité
défendue dans la singularité d'une collection209(*).
1.3.2 La gestion
des objets
« Le goût de la collection est un
espèce de jeu passionnel »210(*). Comme tel, il a ses
règles de fonctionnement, ses usages... Aspect fondamental d'une
collection, la gestion des objets demande des moyens temporels et
matériels, que le collectionneur sacrifie avec joie dans cette
quête des objets.
1.3.2.1 Se procurer
les objets
Se procurer les objets demande une attention quotidienne.
Cette recherche dépend bien évidemment du budget alloué.
Peu de collectionneurs ont un budget défini pour leur collection. En
règle générale, ce budget est considéré
comme celui des loisirs et est fonction de nombreux critères propres
à chaque collectionneur.
Les moyens sont multiples211(*) : achats, ventes, reventes, héritages,
cadeaux, échanges... Tous ne sont pas évidemment mis en oeuvre.
Huit collectionneurs pratiquent des achats réguliers212(*). Beaucoup ne revendent pas
leurs objets. S'ils le font, c'est en fonction de contexte particulier :
un objet en meilleur état, ou un changement de thématiques dans
la collection.
Les méthodes dépendent de l'envie que procure
l'objet, de sa valeur intrinsèque et de celle définie par le
marchand ou l'intermédiaire, et bien évidemment des moyens
financiers. Les différentes manières d'acheter sont les
suivantes : achat immédiat, marchandage, enchères. Les
collectionneurs usent de toutes sans discrimination, jouant entre la valeur
réelle, la valeur affective et la valeur donnée par le vendeur.
Tout est ainsi mis en oeuvre dans la recherche de la
pièce rare, espoir que cultive chaque collectionneur et qui fait que la
collection n'est jamais terminée.
1.3.2.2 Lieux de
vente
Les lieux de vente où les collectionneurs peuvent se
procurer des objets, sont assez diversifiés. Ils s'y déplacent en
général en personne.
Les brocantes, et les vide-greniers ont eu leur heure de
gloire. Certains collectionneurs ont ainsi parcouru des kilomètres sur
toute la France, pour chiner sur telle brocante...213(*) Malheureusement, les anciens
officiers de la Marine Marchande dont les héritages étaient
dispersés ainsi, ont à l'heure actuelle souvent disparu. Ces
lieux ne recèlent désormais que peu de trésors, sauf
exception évidemment.
Les collectionneurs cherchent également chez les
antiquaires. Ceux-ci récupèrent en effet souvent des
héritages, et partant parfois ceux des officiers de Marine ou des
voyageurs. La valeur des objets est ici reconnue, voire même selon
l'intérêt qu'elle peut procurer, augmentée... Les
antiquaires craignent en effet que certains acheteurs ne soient pas
réellement collectionneurs et revendent les objets acquis.
En outre, l'on assiste en ces lieux à une certaine
entraide entre collectionneurs214(*). En effet si plusieurs vont ensemble sur une
brocante, se séparent pour couvrir tous les stands, s'ils remarquent un
objet qui peut intéresser leur ami, ils le contactent et en fonction le
réservent pour lui, ou l'achètent et le lui revendent au
même prix. Certains vont même jusqu'à offrir certains objets
à d'autres collectionneurs.
Quant aux ventes aux enchères, les collectionneurs
préfèrent s'y déplacer en personne. Elles exercent un
attrait puissant, ne serait-ce que pour apercevoir les autres collectionneurs
qui y participent. Elles permettent de prendre contact avec les experts en
charge de la vente des objets, et de connaître leur valeur estimée
objective et la valeur subjective accordée par l'acheteur. Les plus
beaux objets partent ainsi.
La présence du collectionneur sur le lieu de vente peut
être également virtuelle. En effet les enchères peuvent
avoir lieu par téléphone ou par internet215(*), ce qui augmente le nombre
d'acheteurs potentiels, mais frustrent également les acheteurs
présents. En outre de nombreux sites internet de ventes aux
enchères proposent des objets qui intéressent les collections de
paquebots, tels Ebay216(*), ou Delcampe.net217(*)...
Ces sites internet connaissent une très grande
affluence, pour ceux des collectionneurs qui bénéficient des
moyens de connexion. Ils permettent également à une certaine
forme de relations amicales et intellectuelles de voir le jour.
Cependant un des risques de ces sites est que le
collectionneur ne voit que des photos de l'objet avant l'achat, qu'il soit
immédiat ou soumis à une enchère. Ce qui provoque
inévitablement des risques d'impostures ou de mauvaise information, au
sujet de l'état véritable de l'objet. Afin de pallier à ce
problème, les objets sont généralement
photographiés de divers angles, et de la façon la plus
précise et détaillée possible.
1.3.2.3
Inventaires
L'inventaire occupe une place à part chez les
collectionneurs. D'après l'enquête, seuls trois collectionneurs
sur dix effectuent un inventaire de leur collection218(*). Les autres réponses
ne sont constituées que d'un « non », qui ne laisse
guère de place à l'imagination.
Cependant chaque collectionneur envisage une manière
différente de récoler les objets qu'il possède. Le plus
simple est encore de faire un inventaire sur papier, ou sur informatique, ce
qui oblige au maniement de logiciels de gestion, comme Excel, ou
Access. D'autres logiciels permettent également de pouvoir en
face de chaque fiche ajouter des photos numériques des objets.
Malheureusement cette partie de l'inventaire demande énormément
de temps et d'espace. Les photos sont donc laissées souvent de
côté. Cependant tous les objets ne figurent pas forcément
dans l'inventaire par manque de temps. Celui-ci est toujours actualisé.
La plupart des collectionneurs préfèrent
effectuer l'inventaire dans leur tête. Leur mémoire est
exponentielle en ce qui concerne les objets qu'ils possèdent.
L'inventaire garde ainsi une part de mystère, et le visiteur est
dépendant du collectionneur, puisqu'aucune donnée n'est
disponible autrement. Cependant cette technique s'expose à des risques
extérieurs comme vols, inondations ou incendies... En ce cas, aucune
preuve ne peut malheureusement être fournie aux assurances, et ces objets
sont entièrement disparus ou abîmés.
1.3.2.4
Classement
A contrario de l'inventaire, le classement est une
démarche précise auquel ne déroge pratiquement aucun
collectionneur. En revanche les critères de classement sont assez
variés.
Quelques uns sont
« bohèmes »219(*) ou n'ont pas de classement
particulier220(*).
D'autres ont une organisation précise. Ils classent les documents
papiers par exemple par compagnies, navires et dates de lancement221(*). D'autres classent les
objets par thèmes, arts de la table / vie à bord /
distraction...222(*)
En général, les objets, dont la vaisselle et
l'argenterie, sont rangés dans des vitrines, spécialisées
ou non, des armoires, ou emballés dans des malles, des cartons. Les
documents sont placés sous feuilles plastiques dans des classeurs, ou
entrés dans des albums photos comme les CPA. Les affiches sont quelques
fois plastifiées, souvent encadrées et placées comme
décoration murale. Le rangement des maquettes dépend bien
évidemment de leur taille. Les grandes sont parfois
protégées par des encadrements en verre, tandis que les petites
au 1/1250e peuvent être mises en scène en des
dioramas... Les collectionneurs n'hésitent pas à nettoyer
eux-mêmes leurs objets, ou dans le cas de réparations plus
techniques, à contacter des restaurateurs qualifiés et
spécialisés.
Paradoxalement ces classements ne dépendent pas
vraiment de la durée passée à
« contempler » 223(*) sa collection224(*). Néanmoins plus le collectionneur passe de
temps au milieu de ses objets, plus sa gestion sera optimale et son agencement
proportionné au besoin de contemplation récurrent chez nombre de
collectionneurs.
1.3.3 La mise en
valeur de ses objets
Les collectionneurs ont diverses manières de mettre en
valeur les objets qu'ils conservent en dehors du temps. Jean Baudrillard
rappelle ce qu'est un objet. « Tout objet a ainsi deux
fonctions : l'une qui est d'être pratiqué, l'autre qui est
d'être possédé. Ces deux fonctions sont en raison inverse
l'une de l'autre. A la limite, l'objet strictement pratique prend un statut
social : c'est la machine. A l'inverse, l'objet pur, dénué
de fonction, ou abstrait de son usage, prend un statut strictement
subjectif : il devient objet de collection »225(*). Or les
collectionneurs d'objets de paquebots jouent sur ces deux fonctions à
travers leurs diverses propositions de valorisation et de monstration de ces
objets.
1.3.3.1 Le
« Musée »
Nombreux sont les collectionneurs qui présentent leurs
objets de collections dans une pièce, voir plusieurs, auxquelles ils
vouent une attention particulière. Six collectionneurs indiquent avoir
au moins une pièce réservée226(*). La dénomination de
cette pièce varie en fonction des collectionneurs : de
« bureau », elle devient
« pièce marine » pour atteindre un statut
particulier lorsqu'elle est désignée sous le vocable
« musée »227(*).
En fonction des types d'objets et de leur nombre, les
collectionneurs se partagent entre plusieurs conceptions de ce
« musée ».
La première mise en valeur est la présentation
en vitrines des objets parmi les plus précieux aux yeux de son
possesseur. Cette vitrinisation concerne principalement les médailles,
la cristallerie, la porcelaine, l'argenterie et parfois les maquettes. Elle est
également une manière de conserver des objets. Sept
collectionneurs utilisent ainsi des vitrines228(*). D'autres usent d'étagères, de meubles
de rangements, ou de bibliothèques229(*).
La muséographie est adaptée aux lieux
d'habitation. Le collectionneur utilise les dessus des meubles pour poser ses
maquettes. Les affiches et certains documents sont encadrés et
placés au mur. Les vitrines sont placées dans la pièce
réservée, mais aussi en dehors, dans les couloirs, le salon...
Au sein de cette antre particulière et sacrée,
certains opèrent une recontextualisation des objets en forme de
dioramas. Ainsi un collectionneur expose ses maquettes au 1/1,250e
dans un meuble de présentation qu'il a conçu et fait
fabriqué sur mesure230(*). Il y reconstitue en grande partie le port de
Hambourg. Ce « port » présente des
maquettes de navires de toutes sortes : paquebots, cargos, porte
conteneurs, pétroliers... Mais le décor est également
constitué de quais, de maisons miniatures de Hambourg ou d'autres
monuments célèbres qui sont répliqués en
miniatures. Il s'agit presque d'une collection d'objets tournant
autour de la collection principale.
Ce musée est aussi l'occasion pour le collectionneur de
se faire guide, et d'inviter au voyage ceux de ses amis ou de sa famille qu'il
désire initier. Il prend ici pleinement conscience de son rôle
d'intermédiaire entre les objets et les visiteurs. Le
« musée » est un lieu hors du temps et de l'espace,
confié à la garde de l'amateur et à ses soins pour la
transmission d'un héritage.
1.3.3.2
« Musée imaginaire »
Cependant certains collectionneurs ne sacrifient pas au rituel
de l'espace vital de l'objet231(*). Ils se contentent, si l'on peut dire, de
les connaitre, au sens intellectuel du terme, à savoir qu'ils
possèdent l'intégralité de leur collection dans leur
tête. Ils ne voient donc pas la nécessité de l'exposer. Les
objets sont ainsi précieusement emballés, et pratiquement jamais
déballés. Ainsi deux collectionneurs précisent qu'ils
n'ont pas de pièces réservées à cet usage232(*).
Ils se créent en revanche une sorte de
« musée imaginaire », selon l'expression
d'André Malraux233(*). Simplement il s'agit d'une représentation
différente. Pour Malraux, l'esprit cultivé peut se permettre de
choisir des oeuvres, a priori disparates et sans rapport entre elles, de les
décontextualiser et de les placer ensemble dans une sorte de sanctuaire
spirituel et intellectuel dédié à la culture et à
l'art. Ici, le collectionneur connait précisément tous les objets
qu'il possède. Même ceux qui font usage d'un inventaire papier,
savent vous dire exactement si cet ouvrage figure dans leur
bibliothèque, si telle carafe, telle tasse, ou telle carte postale est
présente parmi leurs objets. Ils savent précisément toute
l'histoire de l'objet, ou du moins, tout ce qu'ils ont pu découvrir
à son sujet. Contrairement à Malraux, chaque objet est
contextualisé de façon conceptuelle certes, mais il est
perçu comme une partie d'un tout, en même temps que pour
lui-même.
1.3.3.3
Musée virtuel
Il existe également une autre manière de
valoriser des collections personnelles. Ce que nous pourrions appeler un
musée virtuel. Certains collectionneurs proposent en effet sur
des sites internet ou des blogs, des reproductions ou scans d'objets de leurs
collections. Ne serait-ce que l'association French Lines, qui donne
sur son site internet la possibilité au visiteur virtuel de contempler
des objets non exposés par manque de locaux234(*). D'autres collectionneurs
privés exposent également leurs possessions sur des blogs
personnels235(*). Ainsi
ils mettent en place un système de monstration particulier, qui n'impose
ni contraintes de lieux, ni de sécurité.
La forme de ces musées est quelque peu originale,
puisqu'elle ne nécessite pas d'effort de recontextualisation en 3D
particuliers. En effet, les images sont présentées seules sans
cadre par exemple et avec une simple légende. L'intérêt
principal de cette valorisation étant l'approche d'un très large
public et l'ambition d'apporter à sa connaissance.
1.3.3.4
Musée « usuel »
Jean Baudrillard exprime l'idée que l'objet, une fois
affranchi de son rôle usuel, se trouve sujet à une affection
étrangère qui le renvoie à un autre lui-même,
revêtu d'une signification abstraite presque spirituelle236(*). Or le collectionneur
d'objets de paquebot se joue de cette définition de l'objet de
collection, puisqu'il se place au croisement de deux idées : se
servir ou ne pas se servir de ces objets237(*).
Certains objets sont en effet plus faciles d'utilisation que
d'autres. Les menus imprimés ne peuvent pas être
réutilisés par exemple. En revanche un menu vierge peut servir de
décor pour un repas et même être usité plusieurs
fois. Certains collectionneurs usent ainsi du mobilier qu'ils
acquièrent, chaises, fauteuils... installés en permanence dans le
salon ou la salle à manger, ou qui servent même de chaises de
bureaux dans la pièce réservée à la
collection238(*). Le
linge de table, nappes, serviettes, ou de cabines, peignoirs... offrent un
confort inégalé lors de réceptions familiales ou
amicales239(*). Enfin la
vaisselle, porcelaine, argenterie et cristallerie, sous réserve d'avoir
réussi à trouver des services entiers, retrouvent une nouvelle
vie sur de nouvelles tables.
Certains collectionneurs n'hésitent donc pas à
se servir de leurs objets. Il s'agit là d'une troisième fonction
de l'objet, puisque celui revient à sa fonction initiale, chargé
cependant d'un affect véritable. Son aura240(*), sa valeur ont
changé, puisqu'il est ici usité comme objet de collection. Ici
les objets atteignent un degré de monstration particulier, qu'il serait
impossible de proposer dans un musée par exemple.
1.3.3.5 Exposition
organisée, participée
Certains collectionneurs prêtent ainsi leurs objets,
mais cela leur demande une importante mise en confiance pour des questions de
sécurité. L'exposition du Musée Portuaire de Dunkerque en
collaboration avec French Lines a bénéficié par
exemple de nombreux prêts privés.
Trois collectionneurs ont participé ou organisé
des expositions241(*).
Un autre indique même la mention « en projet ». Cette
volonté de partage se dévoile bien à travers l'exemple
suivant.
Un des collectionneurs interrogés avait organisé
une exposition, avec un autre collègue, afin de faire découvrir
à des scolaires le monde de la Marine. Ils ont ainsi, basé leur
enseignement annuel d'une classe de seconde autour de la littérature, de
la poésie, ou des calculs autour des étoiles, de l'utilisation du
compas etc. Ces thématiques ont ainsi permis de monter une exposition
intitulée « La Mer et ses voyages » en
collaboration avec Daniel Sicard, de l'Ecomusée de Saint-Nazaire, et le
Musée des Arts décoratifs de Boulogne242(*). La découverte de ce
monde maritime s'est poursuivie par une visite commentée des Chantiers
navals de Saint-Nazaire.
Ce même collectionneur avait également
participé à une autre exposition pour une école primaire,
et avait accueilli la classe chez lui pour la visite de son
musée personnel : il avait montré ainsi aux
enfants, maquettes à l'appui, toutes les différences entre les
différents types de navires.
1.3.4 Penser
à l'avenir de la collection
L'avenir de sa collection est un sujet auquel le
collectionneur ne pense pas, ou préfère occulter dans un coin de
son esprit, dans un sursaut de désir d'immortalité. Parmi les
collectionneurs interrogés, peu d'entre eux ont pour le moment
envisagé ce futur angoissant243(*). Leurs déclarations sont évidemment
placées sous le sceau de la confidentialité. Cependant
l'enquête a permis, au moins pour quelques autres, d'y porter attention.
1.3.4.1 Dispersion
de collections
Malheureusement ces non-dispositions amènent à
la dissolution des collections, ce qui, me faisait remarquer un collectionneur,
est tout à fait bénéfique aux amateurs des
générations suivantes244(*), et constitue un « cycle de
vie »245(*) ou un « feu d'artifice
sacrificiel »246(*).
L'expression est particulièrement intéressante,
car elle explore la notion de sacrifice en l'inversant. En effet, le sacrifice
est souvent perçu comme étant effectué par le
collectionneur247(*) au
bénéfice des objets, considérés comme des
déités. Ici il s'agit au contraire d'un sacrifice
différent, qui ressemble fort au sacrifice des objets quotidiens du
défunt, dans l'Antiquité. Néanmoins, au lieu d'être
enterrés avec lui, ces objets gagnent un sursis, connaissent une
nouvelle fois la célébrité, et partant, permettent au nom
du collectionneur disparu248(*) de bénéficier d'une part
d'éternité. Ils gardent en eux la présence de ce premier
collectionneur, il appartient à leur histoire d'objets de collection.
Les collectionneurs supportent difficilement le rappel de la
fragilité du destin de leur collection. Ils ont peur de la dispersion,
mais savent qu'elle fera le « bonheur d'un [d'autres]
collectionneur[s] »249(*). Eux même ont collectionné ainsi. Il
s'agit d'un cycle, d'un éternel recommencement.
Les collectionneurs estiment qu'ils sont les plus à
même de respecter les objets qu'ils découvrent, qu'ils
choisissent... Ils ne peuvent simplement pas donner leur collection à un
autre, car ils n'ont aucune garantie que celle-ci restera intègre. La
dispersion d'une collection « personnelle » les
déchire, car ils se méfient des lieux de conservations publics,
tels les musées ou les associations, et sont extrêmement
partagés en ce qui concerne la dissolution de leur collection. Beaucoup
tentent de reléguer le problème, car il leur apporte une angoisse
supplémentaire.
Nonobstant quelques collectionneurs ont réfléchi
au problème que constitue l'avenir de leur collection250(*). Ils souhaitent ainsi
contrôler encore une fois ce destin par deux moyens : la vente et le
legs.
1.3.4.2 Le Legs
Plusieurs sortes de legs sont envisagés par les
collectionneurs, même parmi ceux qui n'ont pas encore pris de
dispositions.
Le premier concerne les héritiers présomptifs du
collectionneur. Certains souhaitent, comme beaucoup d'autres collectionneurs,
que l'héritage qu'ils ont ainsi accumulé durant tant
d'années et qui a acquis une valeur certaine, reste intègre au
sein de leur famille, voire même que leur quête soit poursuivie par
leurs descendants, ou à tout le moins sauvegardée pendant
quelques générations251(*). Les héritiers sont les premiers
intermédiaires du collectionneur. Malheureusement celui-ci est
suffisamment lucide, pour se douter que peut-être, sa collection
n'intéressera pas les membres de sa famille. Il lui faut prévoir
d'autres options.
Le legs à une association est regardé avec
réticence par les collectionneurs, surtout ceux du monde du paquebot.
Tout d'abord parce qu'il n'existe que peu d'associations concernant les
paquebots, susceptibles de conserver leurs legs. En outre, l'association
comporte toujours un futur incertain, car elle n'est pas exempte du risque de
dissolution, ce qui implique un partage ou la vente des biens lui appartenant.
Ainsi toutes les collections du Musée Maritime Chantereyne de
Cherbourg ont-elles été mises en vente en novembre 2008252(*). Ce qui a motivé
l'association French Lines à faire préserver une partie
de ses collections d'objets de paquebots sous le domaine public et de
l'inaliénabilité. Cependant cette dernière n'est pas
considérée comme un partenaire légataire
intéressant, car il parait à peu près certain qu'elle
possède déjà dans ses collections l'équivalent de
ce que possèdent les collectionneurs. Même si le cas
échéant, quelques objets peuvent l'intéresser, la
collection ne saurait être intégrée dans son
intégralité à ses possessions.
Léguer à un musée ? Cela peut se
révéler intéressant en fonction des termes du contrat de
legs. Cependant tous les musées ne peuvent agir comme
l'Internationales Maritimes Museum Hamburg253(*), qui recueillit,
grâce à une fondation254(*), l'intégralité de l'incroyable
collection privée de Peter Tamm. Un étage - le Deck 9 - est ainsi
consacré exclusivement à la présentation des 36 000
maquettes de navires à l'échelle 1/1,250. Encore en vie, ce
collectionneur vient visiter ce musée quotidiennement, et continue
d'enrichir sa collection.
Si certains collectionneurs envisagent de léguer
quelques pièces à un musée, peu pensent léguer la
totalité de leur collection, malgré l'aspect positif de la
pérennité et de l'inaliénabilité offertes255(*). Certains souhaitent en
effet que leur collection, une fois léguée, soit exposée
pratiquement dans son intégralité, dans une salle
spéciale, ou éventuellement parmi d'autres objets. Or les
contraintes actuelles concernant les legs au musée, ainsi que les
espaces dévolus aux expositions, ne permettent pas forcément de
mettre en oeuvre ces souhaits. Cependant le fait que le musée puisse
apporter à la connaissance du public est un élément majeur
à prendre en compte et qui poursuit la quête des collectionneurs,
dans leurs désirs de sauvegarder un patrimoine et de - si possible - le
partager.
1.3.4.3 La
vente
La vente d'une collection est l'avenir le plus fréquent
pour une collection. Elle effraie mais subjugue les collectionneurs. Sentiment
ambiguë, mais qui reflète leur souhait paradoxal : la trahison
de voir dévoiler leur intimité, si l'on peut dire, et l'espoir de
reconnaissance qui ne manquera pas devant l'exposition d'un tel ensemble,
estimé à sa valeur par des pairs.
La vente aux enchères est un des moyens les plus
sûrs pour un collectionneur de connaitre le destin final de ces objets.
Seulement si elle est effectuée de son vivant. En effet, le
collectionneur, de par la fréquentation assidue des salles
d'enchères, connait assez bien le petit monde des experts du paquebots.
Il connait lui-même la valeur - intrinsèque comme marchande - de
ses objets, et peut donc surveiller de près cette dispersion voulue et
contrôlée. En somme, un dernier acte de possession, de regard,
avant la disparition d'objets anciennement convoités.
Evidemment si le collectionneur ne prend pas de dispositions
particulières, et que les héritiers ne s'intéressent pas
à cette collection, celle-ci risque énormément. La grande
période des brocantes, vide-greniers, et même antiquaires lors
d'un héritage, l'a démontré. Peu de vendeurs - hors les
antiquaires, bien entendu - connaissaient parfois la valeur réelle des
objets dont ils ne voulaient plus. La collection ainsi dispersée fait
bien évidemment le bonheur des autres collectionneurs. Cependant, elle
n'est pas reconnue à sa juste valeur, ainsi que la lutte incessante de
son ancien propriétaire dans l'édification de cet ensemble.
Les collections d'objets de paquebots sont à la fois
toutes semblables et toutes dissemblables. Chacun est seul maître
à bord de sa collection et pourtant toutes permettent la naissance d'un
immense lieu dédié au paquebot. La quête à laquelle
il se sacrifie le dépasse, car elle le transforme, à l'instar des
autres collectionneurs, en porteur de Mémoire(s).
Conclusion
La collection d'objets de paquebot est la clef d'un univers
mémoriel et patrimonial. Elle exige beaucoup du collectionneur, en
termes de moyens temporels, matériels et immatériels, en
échange d'une place privilégiée au sein d'un univers
revisité. Elle lui offre l'appréhension et la
compréhension d'objets les plus variés. Objets qui s'accompagnent
d'une aura très particulière, très différente,
d'une mémoire contextuelle, individuelle, mais également
multiple... « Seules les traces font rêver »
exprimait René Char256(*). Les objets sont investis d'une charge
émotionnelle puissante, d'une charge historique, comme témoins
objectifs du passé disparu.
Une collection de ces objets est comme une succession de
« traces », de mémoires. Reprenons avec
Krzysztof Pomian les propos de Daniel Cordier : la collection est
« un éblouissement qui `participe de la
révélation' »257(*).
Le collectionneur d'objets de paquebot se crée une
filiation originale : il devient l'héritier du monde du paquebot,
un héritage partagé par tous ceux qui, comme lui, sauvegardent
les objets de ce passé exceptionnel. Il devient aussi l'héritier,
le gardien de la mémoire de ces 72 millions d'Européens, qui ont
vogué ainsi à la recherche d'une nouvelle vie, d'une vie
meilleure, ou de ceux, fonctionnaires, ingénieurs, qui se rendaient
à l'étranger pour leur travail... Gardien des mémoires
d'une société toute entière et d'époques
historiques diverses et variées, le collectionneur
paquebot-phile mérite donc une place particulière au
sein des collectionneurs privés. Dépositaire de ces
« traces » matérielles,
immatérielles, il lui revient de les rechercher, les collecter, les
conserver, les révéler enfin, à un moment choisi par lui
ou lorsque lui-même ne sera plus que
« traces » dans l'esprit des vivants.
Le collectionneur permet ainsi la résurgence dans le
temps présent de souvenirs du passé. Mécène du
Patrimoine, il ne peut que saluer ceux qui oeuvrent à la sauvegarde des
paquebots et de leurs vestiges, et que stipendier ceux qui profitent d'un
paquebot reconnu à d'autres fins que la glorification de la
Mémoire. Ainsi la vente du France-Norway, qui a
déchainé bien des passions, prend ici une autre dimension. Ce
symbole public et même national, qui eût pu être un monument
commémoratif d'un passé particulier, et un lieu de
mémoire, s'est retrouvé délaissé par ceux-là
même qui en avaient assuré la commande. Un témoignage
affirme avec tristesse et désappointement que la récente vente
aux enchères fut une « très bonne opération
de communication de la part des organisateurs qui ont su exploiter la
crédulité et la vanité de nombreux acheteurs258(*). Les motivations de
l'acheteur de l'épave sont le révélateur du manque de
repères artistiques et historiques de notre époque.
L'étrave du Norway va finir comme une épave au milieu d'un
rond-point situé dans une résidence de vacances (quelle faute de
goût), alors que sa juste place aurait été à
l'Ecomusée de Saint-Nazaire, son berceau, et le don à ce
musée aurait été un geste de
générosité pertinent. Le temps faisant son oeuvre, la
vanité va se transformer en pépites de
rouilles »259(*). Attitude typique de la paquebot-mania, qui
dessert les véritables amateurs de ce monde. Nouvelle
« institutionnalisation d'un culte du
souvenir »260(*), mais bien éloignée d'une quelconque
glorification commémorative. Faut-il s'étonner ensuite, de la
méfiance ressentie, dans les enquêtes, par les collectionneurs du
paquebot, à l'égard des autorités culturelles ?
En parlant des collectionneurs d'art contemporains, Krzysztof
Pomian indique que « si le collectionneur reste[...] une figure
irremplaçable, c'est dans la mesure où ses choix personnels [...]
savent révéler, cachés dans les brumes du présent,
les contours de l'avenir »261(*). Le collectionneur du paquebot est ainsi le seul
lien qui relie encore le paquebot au temps présent et à l'avenir.
Il se crée un univers psychique et physique, où il est à
la fois acteur et sujet de sa propre collection. Il agit dans le
présent, dépend du passé, construit le futur.
En cela le collectionneur du paquebot se révèle
l'égal de ces collectionneurs d'art contemporain, à une
époque où les musées n'acquéraient pas ces oeuvres
et ne les présentaient pas. Ainsi espérons-le, la présence
de ces collectionneurs et de leurs collections incitera peut-être
à la création de musées ou de lieux de mémoire,
spécialement dévolus à la présentation de ces
objets au public.
« Il ne suffit pas de partager un patrimoine
commun, encore faut-il vivre dans le même
monde »262(*). Ainsi le collectionneur du paquebot
espère-t-il arriver à davantage de compréhension et
à éviter le rejet, parmi ses proches. Cette volonté de
transmission, paradoxale à son statut de gardien de trésors, les
incite à s'intéresser au phénomène de la
collection. Il parvient ainsi à susciter la création de familles
de collectionneurs, ultime héritage...
DEUXIÈME PARTIE
PROJET PROFESSIONNEL
AGENCE CURIOSIT
2 Concept de
l'agence CuriosiT
« Collectionner représente l'acte magique
par lequel l'homme trouve à sublimer la cause de son désir pour
répondre à l'énigme de son être dans la promesse du
futur... » Jean-Michel Ribettes263(*).
La collection est donc le complément nécessaire
à l'être humain dans sa recherche intrinsèque de
lui-même, dans son besoin de compréhension et
d'appréhension du monde qui l'entoure.
« Tout est culturel »264(*) affirmait Jack Lang. Sans
mettre en doute cet aphorisme, il revient de remarquer l'extraordinaire
croissance des collections particulières, ou plus exactement du
sentiment de collection qui fleurit dans notre société.
« Tout est culturel », et somme-nous tentés
de continuer, tout est patrimoine ; tout est objet de collection.
Il ne nous appartient pas de juger ici la qualité des diverses
« collections » qui participent au succès des
sociétés de ventes par correspondance. Cependant ces
résultats témoignent d'un engouement qui touche, semble-t-il,
tous les publics, tous les thèmes et tous les objets. La collection est
ce qui permet d'« assumer le patrimoine, sous toutes ses formes,
comme un élément générateur de citoyenneté,
notamment par les jeunes générations qui doivent être
préparées à prendre le relais de sa conservation et de sa
mise en valeur. [...] Le patrimoine doit être facteur d'insertion, pas
d'exclusion ; de compréhension, pas de
rejet »265(*).
Le patrimoine se satisfait des traces matérielles tant
que celles-ci suggèrent l'immatériel. La collection pour la
collection n'existe pas. La collection est toujours sujette à des
règles invisibles, offerte à des divinités
tutélaires, propres à chaque individu266(*). « La passion
de l'objet amène à le considérer comme une chose
créée par Dieu : un collectionneur d'oeufs en porcelaine
trouve que Dieu n'a jamais créé de forme aussi belle ni plus
singulière et qu'il l'a imaginée pour la seule joie des
collectionneurs... »267(*). Ainsi l'objet, créé pour le bonheur
du collectionneur, pare celui-ci d'un nouveau statut, car en possédant
l'objet, des objets, et en créant autour d'eux tout un univers, il
devient démiurge. Comme tel, il lui revient de protéger sa
création, mais aussi de la partager, afin que d'autres suivent ses
« traces » et prennent sa relève.
Cette dernière partie propose ainsi un projet de
création d'une agence268(*), concernant les collectionneurs privés, dont
la fin est de promouvoir les différentes conceptions de la construction
identitaire et de l'appréhension d'une culture individuelle existant
paradoxalement au sein d'un ensemble patrimonial.
2.1 L'agence CuriosiT
L'idée de ce projet m'est venue en écoutant
l'interview de Pierre Bergé, dont je cite une nouvelle fois les
propos : « Il faut encourager, chez les enfants, l'amour et
la passion de la collection »269(*).
En effet, la constitution d'une collection chez les jeunes
enfants leur permet de construire leur identité propre, de se reposer
sur des bases solides en ce qui concerne leur intégration dans la
société. La collection est, selon les réflexions de Jean
Baudrillard, un des mécaniques inhérents à la
transformation de l'enfant en adulte : « c'est chez l'enfant
le mode le plus rudimentaire de maîtrise du monde extérieur :
rangement, classement, manipulation. La phase active de collectionnement semble
se situer entre sept et douze ans, dans la période de latence entre la
prépuberté et la puberté » 270(*). Ainsi les jeunes enfants
seraient les premiers bénéficiaires de cette agence pour les
collectionneurs.
Seulement, ils ne peuvent apprendre sans modèles. Cela
demande une double pédagogie verticale et horizontale, de par la
présentation d'exemples : des enfants qui collectionnent les
voitures, ou les ours en peluches, mis en parallèle avec des adultes qui
collectionnent le même objet, s'inscrivent dans une continuité et
une filiation originale. En ce sens il apparait indispensable de travailler
avec des collectionneurs adultes, de deux catégories
différentes : ceux qui ont constitué leur collection enfant,
ce qui permet à l'enfant d'appréhender un ensemble d'objets et
l'intérêt presque mythique de nouvelles cavernes d'Ali
Baba ; ceux ensuite qui débutent une collection à
l'âge adulte, et amène l'enfant à se passionner dans ces
courses aux trésors.
Le nom choisi vient de l'adjectif latin Curiosus, a,
um, qui signifie selon le dictionnaire Gaffiot « qui a du
soin, soigneux : in omni historia curiosus, (Cicéron) qui apporte
ses soins à toute espèce de recherche
historique », et au troisième sens, « avide
de savoir, curieux »271(*). Curiosi représente donc les
collectionneurs privés, ces hommes curieux de tout, sacrifiant tout leur
bien être dans une recherche vitale pour eux. En outre le
« T » majuscule permet d'associer l'idée
homonyme de curiosité, élément addictif à l'origine
de l'acte de collectionner. Cet ensemble à l'avantage de mélanger
les polices des lettres, à la manière du système
d'écriture actuel, usité dans les sms par exemple. Cela
pourrait ainsi attirer l'attention d'un public jeune et l'intéresser au
principe de la collection. La curiosité est le principe même de la
collection, elle est également le moteur de bien des agissements des
adultes comme des jeunes. En outre CuriosiT sera un rappel des
cabinets de curiosité, lointains ancêtres des lieux de collection.
Cette idée est novatrice dans le sens où cette
agence se positionne dans un champ culturel et patrimonial précis :
le monde des collectionneurs privés. Elle se propose d'agir dans
plusieurs directions en fonction de trois critères principaux : la
gestion, l'exposition et l'avenir d'une collection. La politique de l'agence
sera d'agir en faveur de la constitution et de la préservation
d'héritages patrimoniaux et culturels. Elle aura à coeur de
favoriser également les échanges
intergénérationnels dans le partage, la connaissance et la
jouissance intellectuelle d'un héritage à transmettre.
2.2 Trois pôles
Chacune des missions de l'agence nécessite un
environnement précis. Les trois pôles suivants me sont apparus
essentiels. Ils s'interpénètrent les uns les autres Leur mise en
place peut être évolutive, conséquemment au contexte
d'apparition et d'intégration et à la portée de l'agence.
2.2.1 Le cabinet-conseil
Le premier s'avère être un cabinet-conseil pour
les collectionneurs. Plusieurs champs thématiques sont possibles. Il
peut s'agir au départ d'un simple site internet, qui évoluerait
ensuite vers une structure localisée. Ceci afin de toucher davantage de
public concerné par cette agence, ainsi que les partenaires
indispensables.
Son intention première est d'aider les collectionneurs,
particulièrement à leurs débuts. La mise en réseau
est donc une étape importante. En effet, il est indispensable pour un
collectionneur, de sentir qu'il n'est pas le seul à s'intéresser
à tel objet en particulier. Ainsi l'agence aiderait le collectionneur
à s'insérer dans un réseau comprenant d'autres
collectionneurs, des associations, des musées - cela dépend du
type d'objets collectionnés ou de la thématique historique
choisie. Enfin le réseau favoriserait les contacts avec des
restaurateurs indépendants par exemple, des experts, des conseillers...
La deuxième mission de ce cabinet consiste à
conseiller le collectionneur dans sa gestion en elle-même de sa
collection. Ainsi la mise en place de « catalogues »,
d'inventaires photos et textes, aiderait le collectionneur à avoir une
idée précise de sa collection, avec une mention de
confidentialité et d'anonymat dans cette prestation pour des questions
évidentes de sécurité. De plus ces inventaires et la
possibilité de faire expertiser ses objets, favoriseraient les
démarches d'assurances nécessaires.
Troisième mission : aider les collectionneurs
à mettre en scène leur collection chez eux et à
aménager ainsi l'espace, en fonction de leur habitat, de leur contexte
familial etc. L'exposition est un facteur important de développement
d'une collection, qu'elle soit privée ou publique. La mise en valeur
peut comporter l'installation de quelques vitrines à la mise en place
d'une pièce spécialisée.
Enfin la dernière mission et non des moindres consiste
en la publication des recherches et des études des collectionneurs sur
leurs collections. Il est en effet dommageable que les collectionneurs ne
fassent pas davantage bénéficier de leurs connaissances sur des
types d'objets ou des périodes historiques précises, les
différents publics qui s'y intéressent. L'agence les
encouragerait alors à éditer leurs recherches et leurs analyses.
2.2.2 L'espace
événementiel
Le deuxième pôle serait plus
spécifiquement un espace événementiel. Cet espace
demande des locaux susceptibles d'accueillir des expositions, des
séminaires et des réserves, afin de pouvoir déballer et
emballer selon les normes les objets présentés.
La première mission de cet espace
événementiel comprend l'organisation et la mise en place
d'expositions temporaires publiques à thématiques variées
régionales, urbaines ou nationales, voire même internationales.
Tous les sujets sont représentables, à partir du moment où
ils sont sujets d'une collection privée. De même tous les objets
présentés ne doivent provenir que de collections privées.
Il s'agirait d'expositions thématiques, ou sur l'ensemble d'une
collection. Ainsi l'agence peut s'intéresser aux collections
d'entreprises, et se voir confier la mission d'organiser des expositions
temporaires. Représentations des collectionneurs, ces expositions
permettraient au grand public d'approcher des connaissances et des objets
souvent inaccessibles de par leur contexte même d'objets de collection.
Deuxième mission, conséquente à la
première, permettre les rencontres entres les collectionneurs, par la
création de « salons » ou de rencontres non
virtuelles. Ces salons existent déjà pour certains types de
collection, mais tels le Salon du Jouet ancien de
Wambrechies272(*), ils
se rapprochent davantage d'un lieu d'échange d'objets par l'achat, que
d'un lieu d'échange de connaissances ou de débats.
Troisième mission, des cycles de conférences sur
les grands collectionneurs, les différentes collections, au niveau
historique ou artistique ou même du marché de l'art et des
antiquaires, agrémentés de films sur le sujet. Ces
conférences pourraient amener à la mise en place de colloques, et
de publications autour des expositions proposées, à
l'égard aussi bien des professionnels, scientifiques, que des publics
différents qui constitue, ou pourrait constituer le monde des
collectionneurs.
2.2.3 Le centre des collectionneurs
Enfin le troisième pôle proposerait aux
collectionneurs, dont les collections n'intéressent pas encore les
musées, de les conserver et de les pérenniser. Il serait
intéressant de pouvoir accorder à ces collections le statut de
l'inaliénabilité des possessions du domaine public, afin de
garantir la crédibilité de ce centre, en cas de disparition de
l'agence.
La politique d'acquisition sera au coeur de la première
mission de ce centre. Soumis aux volontés des collectionneurs, et en
fonction des locaux et de l'espace, aux directives qu'ils donneront quant
à l'exposition de leur collection, ce centre verra donc se constituer
une collection, composée des diverses collections privées,
à charge de les exposer et de les faire visiter, de transmettre la (ou
les) mémoire(s) des collectionneurs.
La gestion de la collection est indispensable au bon
fonctionnement du centre. Il est évidemment nécessaire de
bénéficier de réserves, et d'inventorier
précisément tous les objets acquis. L'inventaire, sur papier et
sur informatique, se baserait sur celui utilisé dans les musées.
Il serait également judicieux de collecter, avec l'accord des
collectionneurs, quelques informations sur l'historique de leur collection, et
d'établir une fiche de chaque collectionneur-donateur. Des partenariats
avec des restaurateurs et des experts permettraient d'assurer au mieux la vie
des objets.
La présentation de la collection permanente des objets
est un enjeu important. Il s'agit de l'aboutissement de la quête du
collectionneur : acquérir pour sauvegarder et pour partager. Les
collections ne pourront bien évidemment être exposées
intégralement, selon les souhaits des collectionneurs, excepté en
cas de recherche sur une collection particulière. Il serait ainsi
intéressant de présenter les collections à la fois par
collectionneurs et par thématiques, périodes historiques etc.
Cela nécessite la mise en place d'un mouvement entre les objets
exposés, afin que ces changements permettent à
l'intégralité des collections d'être vues, tout en
entretenant l'attractivité du centre.
2.3 Statut et stratégies
L'agence CuriosiT se positionne au sein des
opportunités offertes à l'ingénierie culturelle. La
viabilité du concept passe par l'orientation des stratégies
concernant, ainsi que par la communication mise en place autour du projet.
2.3.1 Statut
Le statut choisi est celui d'une entreprise privée.
Ceci en faveur de l'indépendance culturelle dont elle peut davantage
faire preuve par rapport à un établissement créé
par la volonté publique. En effet, si l'entreprise est financée
majoritairement par des fonds publics273(*), il est normal que la puissance publique ait un
droit de regard sur ses thématiques et ses stratégies274(*).
Bien que proposant nombre de prestations intellectuelles, mais
également nombre d'activités commerciales, l'agence aura donc un
statut juridique commercial et aura les statuts d'une société
à responsabilité limitée, d'une SARL275(*).
L'organisation de cette agence demande
énormément de souplesse au niveau de chacun de ses pôles,
dont les activités pourront parfois s'interpénétrer. Ainsi
il est souhaitable de mettre en place un système de direction à
la fois horizontal et vertical : que chaque pôle ait un organe de
direction et qu'ensuite une direction générale supervise
l'ensemble. Le personnel sera recruté parmi des professionnels du
patrimoine, formé en recherche, informatique, gestion de l'inventaire,
scénographie...
Les locaux dépendront de l'évolution du projet.
La mise en oeuvre qui commencerait par l'installation du premier pôle, le
cabinet consulting, pourrait se satisfaire pour ses débuts d'un site
internet. Une présence humaine et non virtuelle sera peu à peu
ajoutée. L'agence se placerait dans une ville à grand rayonnement
culturel, par exemple Paris, Berlin, Londres, puis New York... A long terme, il
peut être envisageable de mailler les territoires d'agences de
proximité, qui proposeraient une spécialisation dans un
domaine de collection.
2.3.2
Viabilité et démarches
En vue de la viabilité du projet, il convient de
considérer plusieurs démarches, dans le cadre de la mise en
oeuvre du concept de l'agence CuriosiT.
2.3.2.1 La notion
d'intérêt général
En théorie il faudrait que l'agence CuriosiT soit
reconnue comme un organisme d'intérêt
général, afin de pouvoir prétendre à plusieurs
aides concernant le secteur culturel, tels que le mécénat...
Cependant en tant qu'entreprise de droit privé, elle ne correspond pas
aux critères mentionnés au 1a de l'article 238 bis du CGI,
à savoir une activité non lucrative, une gestion
désintéressée, la notion d'utilité sociale, et ne
pas fonctionner au profit d'un cercle restreint de personnes276(*).
Néanmoins, l'agence CuriosiT correspond
à un critère particulier. Elle se situe comme un organisme
privé à caractère culturel,
« c'est-à-dire dont l'activité est
consacrée, à titre prépondérant, à la
création, à la diffusion ou à la protection des oeuvres de
l'art ou de l'esprit, [...] ou au développement de la vie
culturelle »277(*). D'une certaine manière elle correspond ainsi
au critère d'utilité publique. Ainsi elle appartient
aux « sociétés ou organismes publics ou
privés, agréés à cet effet par le ministre
chargé du budget en vertu de l'article 4 de l'ordonnance n° 58-882
du 25 septembre 1958 relative à la fiscalité en matière de
recherche scientifique et technique »278(*) et peut en théorie,
donc, recevoir des dons soumis aux réductions d'impôt selon
l'article 238Bis.
Néanmoins il est aussi envisageable de donner le statut
de fondation d'entreprise au troisième pôle de la
société, le Centre des collectionneurs. Dans ce cas, les
démarches de mécénat sont légales, ainsi que
l'adéquation aux critères d'intérêt
général.
2.3.2.2
Partenariat public et privé
2.3.2.2.1 Aide départementale,
régionale et nationale
En tout état de cause, la première
démarche concerne l'implantation de l'agence. Pour cela, il est
nécessaire d'obtenir une aide de la part des cadres administratifs
départementaux, régionaux, voire nationaux.
Expliquer aux élus locaux les bénéfices
de l'implantation de l'agence sur leur territoire, revient à solliciter
le caractère d' « intérêt public »
de CuriosiT, ainsi que la renommée possible du site, en terme
d'image et de rayonnement culturel. D'un point de vue plus concret, il faut
évoquer également les gains pour la collectivité
territoriale en taxe professionnelle279(*), ainsi que les dividendes reçus en cas
d'investissement280(*).
En outre, l'implantation de l'agence sera génératrice d'emplois
locaux, ce qui est d'une grande importance pour les élus.
L'agence pourra aussi demander la participation d'un ABF,
surtout si l'implantation se réalise dans une zone
protégée281(*). Même si leur avis concernant les permis de
construire en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et
paysager, a été supprimé par l'Assemblée en juin
2009, il s'agit pour l'agence CuriosiT de se confronter au monde
architectural dans le patrimoine et de nouer ainsi des relations qui
s'avéreront certainement utiles, lors de la mise en oeuvre des divers
pôles de la société.
2.3.2.2.2 Participation
internationale
Une inclusion est possible dans un pôle d'excellence
universitaire, comme l'Université d'Avignon et des Pays de
Vaucluse et l'UQAM à Québec, qui ont
créé un diplôme commun en
muséologie/médiation/patrimoine282(*). De même le Laboratoire Culture et
Communication, rattaché à Avignon, et qui entretient des
relations privilégiées au Portugal et en Tunisie, ce qui
permettrait de disposer d'un réseau européen et international.
283(*). D'autres
universités, technopoles ou centre de recherches, peuvent être
aussi abordés, en ce qui concerne les recherches en cours, les cycles de
conférences proposés...
L'agence sera bien entendu en relation avec les autres
secteurs du monde éducatif et culturel, comme les établissements
scolaires ou centres de loisirs, qui sont une cible privilégiée.
L'implantation de l'agence se fera en fonction du
positionnement souhaité en Europe, et international. Ainsi un
positionnement dans l'est de la France assure une visibilité
européenne. La proximité de l'agence avec la ville de Strasbourg,
par exemple, est intéressante, pour plusieurs raisons: présence
du Parlement Européen ; proximité avec l'Allemagne
et par là avec les pays de l'Est européen... ; existence
d'aéroports internationaux, gares SNCF... ; et existence d'un
pôle culturel et même multiculturel, avec la création de
plusieurs centres comme le Musée associatif d'Art
contemporain Fernet Branca284(*), près de Mulhouse, la Fondation
Beleyer, à Riehen, créée par les collectionneurs
Hildy et Ernst Beleyer 285(*), le Musée Tinguely286(*), créé à
partir des oeuvres de la carrière de Jean Tinguely, le
Schaulager à Müchenstein, grâce à la
collection d'Emanuel Hoffmann-Stiftung287(*), ou encore simplement l'instauration du Pass
Musées entre la France, l'Allemagne et la Suisse288(*)...
En outre, le modèle de l'agence CuriosiT est
exportable. L'implantation principale reste en France, mais des agences
subordonnées se créeraient dans le cadre d'un maillage
européen et international. Ainsi l'agence pourrait avoir recours
à des fonds européens.
2.3.2.3
Stratégies économiques
2.3.2.3.1 Internet et médias
Un référencement internet est
indispensable289(*). Le
site serait même le soutien premier et la première ouverture vers
le public, car un site internet permet également une navigation et une
mise en relation facilitée. L'agence devra alors acheter un nom de
domaine, c'est-à-dire créer une adresse au nom de la
société, par exemple
http://www.Agence-CuriosiT.com
290(*). Ou encore
l'agence pourra louer un serveur pour la création d'un forum. La mise de
fonds est intéressante, car elle rend possible la création du
projet pour un minimum de 100€ par an, en fonction des serveurs.
L'implantation virtuelle requiert les services d'un webmaster. Le réseau
internet permettra de visualiser la bannière du site sur de nombreux
autres sites, et agrandir ainsi la visibilité et le rayonnement de
l'agence CuriosiT, ainsi que ses publics.
Le secteur des médias doit également être
pris en compte, dans une stratégie de communication. La publicité
de l'agence portera ainsi sur la télévision et les chaines
câblées, avec des chaînes comme Histoire etc ;
des sites culturels, en rapport avec des collectionneurs, tels les lieux
gérés par l'agence Culturespaces291(*) : la Villa Ephrussi
de Rothschild, le Musée Jacquemart-André, ou la
Villa Kérylos sont ainsi des lieux dédiés aux
collectionneurs privés et à la présentation de leurs
collections. Du point de vue de la presse, il serait intéressant de
créer des partenariats avec des revues spécialisées sur le
sujet des collectionneurs, comme le magasine
Collectionneur-Chineur292(*).
2.3.2.3.2
« Mécénat » probable et parrainage
Il s'agit ici tout d'abord de l'extension des collections et
des collectionneurs. En effet, les collectionneurs privés sont les plus
à même d'apporter un concours et un soutien au projet. Ne
serait-ce que par des donations, ou leur participation aux diverses oeuvres de
l'agence.
Le mécénat est une des manières d'assurer
le bon fonctionnement de l'agence CuriosiT, du point de vue culturel
et financier, en particulier si l'agence peut recourir à la notion
d' « intérêt
général » ou
d' « utilité publique ». Le
mécénat revêt plusieurs formes, il peut être
financier, technologique, ou apporter un soutien en compétences ou en
nature293(*). Il ne
demande aucune contrepartie au receveur du don.
Cependant, si l'agence ne peut recourir aux deux notions
précédentes, elle peut bien évidemment solliciter le
parrainage ou des partenariats entre entreprises. Dans ce cas, l'entreprise
parrainée aide à promouvoir l'image de marque de l'entreprise qui
parraine.
L'agence pourra alors proposer des partenariats de
compétence ou de nature, des accords avec des travailleurs
indépendants dans le secteur de l'art et de la culture, comme des
restaurateurs, des experts, ou d'autres secteurs du monde de l'art susceptibles
d'intéresser le monde du collectionneur, comme les agences de
muséographies, scénographies.
En revanche, l'agence CuriosiT peut elle-même
mécèner des associations ou organismes à droit public ou
privé dans le secteur culturel.
2.3.2.3.3 Echanges patrimoniaux
Le prêt inter-musée est une donnée
importante des échanges patrimoniaux. L'agence pourrait ainsi travailler
avec les musées, en fonction de chaque thématique expositionnelle
et des cycles de conférences... A contrario, l'agence pourrait
prêter des oeuvres de ses collections à un musée, s'il
s'avère que ce dernier en ait besoin pour une recherche ou une
exposition temporaire.
De même dans le cadre d'un maillage national, l'agence
regrouperait les collections selon des thématiques, en fonction bien
évidemment de l'offre culturelle proposée dans chaque
région où l'agence est présente294(*). Cela permettrait des
échanges prometteurs en vue de la recherche au sujet de
l'historicité, de l'esthétique de tel sujet de collection, ou de
ses motivations.
En outre, il peut s'avérer intéressant
d'établir des rapprochements interculturels, par des manifestations et
des expositions présentant des collections internationales ou des
thématiques multiculturelles.
2.3.2.3.4 Participations populaires
Afin d'amener les différents publics à engager
les services de l'agence CuriosiT, celle-ci propose des prestations
tarifaires variables. En effet, chacun des pôles de la
société présente des services différents, et
adressés à des publics différents. Pour le
Cabinet-conseil, les tarifs seront souvent déclinés en
forfaits, avec certainement des réductions, en fonction par exemple de
la situation financière et juridique du collectionneur. Cependant le
Centre des collectionneurs bénéficiera d'une politique
tarifaire particulière, afin de permettre à une plus grande
diversité des publics d'y accéder. Il ne faut pas négliger
pour autant la nécessité qu'a l'agence de tenir son
indépendance et son fonctionnement de ces profits.
L'invitation de collections privées à des fins
de monstration appartient aux offres de l'agence. Elle peut ainsi s'approcher
de plusieurs associations de collectionneurs qui n'ont pas forcément de
locaux et d'espace, pour exposer leurs collections. Ces associations sont
nombreuses, et certains proposent déjà des salons ou des
rencontres. L'agence assure ainsi une présence marketing grâce
à des stands lors des salons etc.
Enfin il reste important que l'agence soit habilitée
à recevoir des dons monétaires ou des legs, sous condition que
ceux-ci aient un rapport avec des collections privées.
2.4 Conclusion
L'agence CuriosiT se tourne ainsi résolument
vers le public actuel, très porté vers le monde virtuel, mais
afin de lui permettre de dépasser ce monde, en revenant vers la
réalité et en partageant la contemplation et la proximité
d'objets de collection, aimés et choyés.
« La consommation patrimoniale peut devenir
`consumation' et le surdéveloppement économique s'accompagner de
sous-développement culturel »295(*). Bien que forte, cette
assertion n'en est pas moins terrible en ce qu'elle suggère le
désintérêt des publics pour leur patrimoine et leur
passé. La collection peut ainsi être un moyen efficace de contrer
cette réalité menaçante.
« Le collectionneur est un créateur
essayant de bâtir un tout cohérent et par là capable de
faire oeuvre originale »296(*). La collection est une nouvelle façon de
concevoir le Patrimoine à travers la construction de son propre
patrimoine, sa propre culture intrinsèque. C'est une nouvelle
façon de permettre à la Mémoire de sauver l'Histoire.
« Collectionner, c'est être capable de
vivre de son passé »297(*). Cela demande de savoir assumer son passé, ce
qui n'est possible que par l'appropriation et l'appréhension personnelle
d'un patrimoine commun.
L'agence CuriosiT souhaite ainsi permettre à
chacun cette renaissance culturelle grâce à la collection. Ainsi
elle permet aux jeunes d'accéder à un patrimoine méconnu
et de perpétuer la transmission d'héritages patrimoniaux,
entamés par leurs aînés. Elle parvient ainsi à la
diffusion d'une société de collectionneurs.
Conclusion
S'intéresser au monde des collectionneurs privés
est se rapprocher finalement de la vision de chaque homme de sa place au sein
de l'univers et de son propre espace.
Une collection est comme un tableau sans cadre298(*) : on
pénètre directement dans un monde différent, dans la
pensée même de l'amateur et dans sa conception cosmogonique. En
suivant Alberti, une collection est une fenêtre donnant sur le
monde299(*). La
collection comme le tableau est pour nous « une fenêtre
ouverte par laquelle on puisse regarder l'Histoire ». Elle
permet la métamorphose de l'être humain en
révélateur de la Mémoire dans l'Histoire.
« On ne doit collectionner que ce qu'on aime,
car on s'entoure d'oeuvres d'art et on vit avec elles à cause du plaisir
qu'elles procurent. Plaisir très variable selon les individus, et, chez
chacun, selon les âges de la vie : tantôt plus sensuel,
tantôt plus intellectuel ; tantôt venu de la conformité
de l'oeuvre à une tradition, tantôt de ce qu'elle transgresse les
normes consacrées ; dû tantôt à
l'évocation par l'oeuvre d'autres oeuvres, tantôt au contraire,
à ce qu'elle comporte de sans précédent et d'unique ;
résultant tantôt de sa vertu tranquillisatrice, tantôt de sa
capacité d'inquiéter »300(*). Révéler le
monde des collectionneurs revient à dévoiler l'esprit. La
collection est une émanation des interrogations humaines au sujet de
l'existant. Le collectionneur est sa propre offrande sur l'autel de
l'invisible... patrimoine immatériel.
Replacer le phénomène humain qu'est la collection
depuis la nuit des temps, au centre même de la culture d'une civilisation
et de la base des sociétés.
L'éphémère devient durable... selon
l'expression de Francis Haskell301(*).
Rêve
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MAX Remy, Ports d'Europe. L'âge d'or des
paquebots. Marine Editions, 2007.
MICKELSON Liliane, « De la dépouille du
« France », les plus belles pièces sont à
Saint-Nazaire ». Article in Le Marin, Tribune,
février 2009.
MUENSTENBERGER Werner, Le collectionneur : Anatomie d'une
passion. Payot, 1996.
NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Gallimard.
1997.
Passions privées, collections particulières
d'art moderne et contemporain en France. Catalogue d'exposition au
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, paris musées,
décembre 1995-mars 1996.
PERROY Aimery, La valorisation patrimoniale des grands
paquebots. Conférence du 22 janvier 2009, Lille 3.
POMIAN Krzysztof, Collectionneurs, amateurs et curieux,
Paris, Venise, XVIè-XVIIIè siècles.
Bibliothèque des Histoires, Gallimard, 1987.
POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art
moderne, Venise-Chicago, XIIIe-XXe. Avant-propos, Gallimard, 2003.
POULOT Dominique, « De la raison patrimoniale aux mondes
du patrimoine », N°19-2006, Les Mondes du Patrimoine. Site
Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.
http://socio-anthropologie.revues.org/index753.html
POULOT Dominique, Musées, nation, patrimoine.
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RHEIMS Maurice, Les Collectionneurs.
RICOEUR Paul, « Cultures, du deuil à la
tradition ». Article in Le Monde, 23 mai 2004.
RICOEUR Paul, La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli.
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RIEGL Aloïs, « Le culte moderne des
monuments ». N°9-2001, Commémorer. Site
Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.
http://socio-anthropologie.revues.org/index5.html
TYLOS, La culture primitive, 1871.
VANDEVILLE Gwénaëlle, Le Collectionneur : un
Acheteur et Consommateur frustré, passionné, maniaque,
insatisfait. Le cas d'un collectionneur de Spiderman. Proposé et
amendé par Richard Ladwein, professeur à l'IAE de Lille.
Mémoire Lille 1,
Site :
http://ladwein.free.fr/cas%20collectionneur/cas%20cca.htm
VARD Kenneth, Liners in Art. Kingfisher Publications,
1990.
VERNANT Jean-Pierre, « Franchir un
pont ». Texte commandé pour le cinquantième
anniversaire du Conseil de l'Europe, inscrit sur une borne du Pont de l'Europe
qui relie Strasbourg à Kehl.
VIAN Louis-René, Arts décoratifs à
bord des paquebots français, 1880/1960. Ed. Fonmare, 1992.
Annexes
Annexe 1 Questionnaire d'enquête
91
Annexe
2 Le Mermoz (image non disponible)
97
Annexe
3 Le Paquebot des sables (image non disponible)
98
Annexe 4 TMR & Costa: l'Allegra (image non
disponible)
100
Annexe 5 Exposition La Mer et ses voyages(image non
disponible)
102
Annexe 6 Article de Liliane Mickelson sur la vente
aux enchères du France-Norway (image non disponible)
103
Annexe 1 Questionnaire
d'enquête
Clauses
Ce questionnaire ne sera pas divulgué et restera anonyme
et personnel.
Néanmoins, je vous demande des renseignements personnels
afin de travailler sur des parallèles entre les différents pays.
Au cas où j'aurais besoin de vous citer, je m'engage à n'indiquer
que l'initiale de votre nom, ou prénom, au choix.
Je vous demande de m'autoriser à utiliser les informations
fournies dans les réponses à cette enquête, dans le cadre
uniquement de mon étude et de la rédaction de mon mémoire.
Puis-je vous citer ou citer vos propos ? oui/non
Puis-je citer votre nom dans les remerciements d'usage ?
oui/non
Préférez-vous garder l'anonymat ? oui/non
En remerciement de votre temps passé à
répondre à ce questionnaire, je vous enverrai un exemplaire de
mon mémoire par e-mail en format pdf, lorsque celui-ci sera
terminé et validé (septembre 2009).
S'il vous plait, détaillez les réponses. Le format
word permet de prendre l'espace nécessaire pour écrire votre
réponse, alors n'hésitez pas.
Merci d'avance.
Questionnaire sur les collectionneurs de paquebot
|
Q1
|
Nom et nationalité
|
Q2
|
Age
|
Q3
|
Profession
|
Q4
|
Situation familiale
|
Q5
|
Adresse email
|
Q6
|
Etes vous collectionneur ? depuis combien de temps ?
|
Q7
|
Si non, pourquoi vous intéressez-vous aux objets de
paquebots ?
|
Q8
|
Etes-vous le seul collectionneur de votre foyer ? si non que
collectionnent vos proches ?
|
Q9
|
Comment réagit votre famille face à votre
collection ?
|
Q10
|
Vous aide-t-elle à l'entretenir ? à la
préserver ?
|
Première partie : l'objet de la
collection
|
Q11
|
Faites vous une autre collection parallèle ? Si oui,
laquelle ?
|
Q12
|
Pourquoi collectionnez - vous les objets de paquebots ?
|
Q13
|
Quelles sont vos motivations ?
|
Q14
|
Que représentent ces objets pour vous ?
|
Q15
|
Que vous apporte votre collection dans votre imaginaire ?
dans votre vie ?
|
Q16
|
Comment en êtes-vous arrivé à collectionner
ces objets ? (souvenir, nostalgie, intérêt, hasard,
cadeau...)
|
Q17
|
Etes vous marin ou de famille de marins ?
|
Q18
|
Avez-vous déjà voyagé sur des
paquebots ? sur ceux que vous collectionnez
|
Q19
|
Voyagez-vous maintenant sur les paquebots contemporains ?
|
Q20
|
Qu'est-ce qui vous intéresse et fascine le plus dans un
paquebot ?
|
Q21
|
Quels objets collectionnez vous ?
· Docs écrits : menus, affiches, CPA/albums,
éventails, calendriers
· Audiovisuels : photos, films, diapos
· Objets du quotidien : vêtements, linge de
cabine, de table, vaisselle, argenterie, orfèvrerie, cristallerie,
porcelaine, cendrier...
· Maquettes...
|
Q22
|
Avez-vous une (des) spécialité(s) ?
|
Q23
|
Une (des) thématique(s) ?
|
Q24
|
Y a-t-il des objets que vous ne voulez absolument pas
collectionner ?
|
Q25
|
Quels types de paquebots collectionnez-vous ?
|
Q26
|
De quels siècles ? de quelles années ?
|
Q27
|
De quels pays ?
|
Q28
|
De quelles lignes ?
|
Q29
|
De quelles compagnies ?
|
Q30
|
Quels paquebots plus particulièrement ?
|
Q31
|
Collectionnez-vous sur une (ou des ) compagnie(s) ou sur quelques
paquebots particuliers ?
|
Q32
|
Quand vous voyagez sur un bateau, prenez-vous des photos, des
films ?
|
Q33
|
Diriez-vous que vous appartenez au mouvement de la
« paquebot-mania » ?
|
Q34
|
Etes vous sensible aux phénomènes de mode :
Titanic, France...
|
Q35
|
Achetez-vous des souvenirs (porte-clefs, tee-shirts...) ?
|
Q36
|
Comment réagissez-vous face à un documentaire
« inédit » présenté à la
TV ?
· Vous ne le regardez pas car vous pensez qu'il ne vous
apportera rien
· Vous le regardez mais vous le critiquez
sévèrement
· Vous le regardez et vous l'enregistrez car il
présente un intérêt pour votre collection
|
Q37
|
Comment vous qualifiez vous en tant que collectionneur ?
· Amateur
· Dilettante
· Averti
· Passionné
|
Q38
|
Quel comportement avez-vous en tant que collectionneur ?
· Consommateur
· Désir de possession
· Pragmatisme
· Opportunisme
· Recherche
|
Q39
|
Votre collection est-elle le fruit d'un engouement passager, un
passe-temps agréable ou une passion dévorante ?
|
Q40
|
Est-ce que vous diriez que votre collection reflète votre
personnalité ? pourquoi ?
|
Q41
|
Pensez-vous l'arrêter un jour ? pourquoi ?
|
Deuxième partie : méthodes du
collectionneur
|
Q42
|
Comment vous procurez vous ces objets ? (eBay, brocantes,
vide-grenier, héritage, échanges, cadeaux, ventes aux
enchères, antiquaires...)
|
Q43
|
Assistez-vous aux ventes en enchères en personne ou par
téléphone interposé ?
|
Q44
|
Avez-vous déjà participé à une
avant-première à Sotheby's , ou ailleurs ?
|
Q45
|
Quelles sont vos méthodes ? achat immédiat,
concurrence, enchère, marchandages...
|
Q46
|
Vous êtes-vous déjà accroché avec un
autre collectionneur pour l'acquisition d'un objet ?
|
Q47
|
Verbalement ? Physiquement ?
|
Q48
|
Lui en gardez-vous rancune ?
|
Q49
|
Quand vous achetez un objet, quels critères de choix
avez-vous ? prix, valeur sentimentale, rareté, beauté,
forme, couleur...
|
Q50
|
Comment choisissez-vous les objets que vous
désirez ?
|
Q51
|
Faites vous des achats réguliers ?
|
Q52
|
Achetez-vous pour garder, échanger, (re)vendre ?
|
Q53
|
Revendez-vous certains de vos objets ? si oui, pourquoi, en
fonction de quels critères ?
|
Q54
|
Quelles relations nouez-vous avec les autres acheteurs ou les
vendeurs ?
|
Q55
|
Votre conception de la collection est-elle définitive ou
vos choix peuvent-ils évoluer ?
|
Q56
|
Dans ce cas, que faites-vous de vos objets acquis
précédemment ?
|
Q57
|
Préférez-vous un objet unique ou bien achetez vous
des oeuvres fabriquées en série ?
|
Q58
|
Préférez-vous acquérir des objets
authentiques (même en mauvais état), ou bien achetez vous des
copies (plus présentables...) ?
|
Q59
|
Cherchez-vous la pièce rare ?
|
Q60
|
Cherchez-vous l'exhaustivité sur un sujet ou
êtes-vous éclectique ?
|
Q61
|
Vous priverez-vous de certaines pièces pour en
acquérir une autre ? si oui précisez, dans quelles
conditions ?
|
Q62
|
Avez-vous déjà regretté d'avoir
acheté un objet et dans quelles circonstances ?
|
Q63
|
Avez-vous regretté de ne pas pouvoir acquérir un
objet et dans quelles circonstances ?
|
Q64
|
Si vous vous (re)trouviez par hasard, chez un ami, un concurrent,
un objet que vous auriez aimé acquérir :
· Vous l'admirez et vous félicitez le
propriétaire
· Vous expliquez au propriétaire que cet objet serait
mieux dans votre collection et vous lui faites une offre d'achat ou
d'échange
· Vous ne dites rien, mais vous êtes malheureux
· Vous êtes jaloux
|
Q65
|
Vous trouvez un objet qui peut
« intéresser » un de vos amis collectionneurs
· Vous l'appelez pour qu'il vienne l'acheter en personne
· Vous le lui achetez et le lui offrez gratuitement
· Vous l'achetez et le lui revendez au même prix
· Vous l'achetez et le lui revendez plus cher
· Vous ne lui achetez pas, mais lui en parlez plus tard
|
Q66
|
Que vous inspire le démantèlement du France,
ex-Norway et la vente qui a suivi ?
|
Q67
|
Etiez-vous présent à cette vente aux
enchères ?
|
Q68
|
Avez-vous acheté à cette vente ?
|
Q69
|
Que pensez-vous de la transformation d'un bateau en hôtel /
casino / restaurant de luxe ?
|
Q70
|
Pensez-vous que la seconde vie d'un bateau enlève ou
accroit la valeur d'une collection qui lui est consacrée ?
|
Troisième partie : la
collection
|
Q71
|
Quelle est pour vous la plus belle pièce de votre
collection ? dites pourquoi ?
|
Q72
|
Faites-vous un inventaire précis et détaillé
de votre collection ? comment ?
|
Q73
|
Quels sont vos critères d'organisation et de gestion de
votre collection ?
|
Q74
|
Quelle durée moyenne (en heures) estimez-vous le temps
passé dans une semaine à la gestion de votre collection ?
|
Q75
|
Y travaillez-vous tous les jours ?
|
Q76
|
Diriez-vous (au soir de votre vie) que le temps passé
à gérer votre collection a représenté les meilleurs
moments de votre existence ?
|
Q77
|
Votre collection vous a-t-elle amené à effectuer
des recherches, des voyages, des lectures qui vous ont enrichi ?
|
Q78
|
La crise économique actuelle a-t-elle une influence sur la
gestion de votre collection ? sur votre stratégie d'achat ? de
vente ? précisez.
|
Q79
|
Faites une estimation du nombre d'objets que vous avez ?
|
Q80
|
Citez cinq paquebots de votre collection par ordre de
préférence ?
|
Q81
|
Citez cinq paquebots de votre collection par ordre de grandeur en
fonction du nombre d'objets acquis de ou sur ce paquebot ?
|
Q82
|
Citez cinq paquebots sur lesquels vous aimeriez
collectionner ?
|
Q83
|
Citez cinq autres paquebots (hors collection) ?
|
Q84
|
Sur quels paquebots refusez-vous de collectionner ?
|
Q85
|
Votre collection a-t-elle pour vous une valeur marchande ?
une valeur sentimentale ? mémoriale ? ou patrimoniale ?
|
Q86
|
Comment mettez-vous en valeur votre collection ?
|
Q87
|
Occupe-t-elle un espace important chez vous ?
|
Q88
|
Avez-vous une (ou des) pièce(s) réservée(s)
pour votre collection ?
|
Q89
|
Comment qualifiez-vous ou appelez-vous cette (ou ces)
pièce(s) ?
|
Q90
|
Quels accessoires et/ou meubles utilisez-vous pour mettre en
valeur vos objets ?
|
Q91
|
Exposez-vous des objets dans d'autres pièces que votre
pièce réservée ?
|
Q92
|
Les exposez-vous à la vue de vos invités ?
|
Q93
|
Si vous avez une pièce réservée, la
faites-vous visiter à vos amis ? vos connaissances ?
|
Q94
|
Comment exposez-vous dans cette pièce ?
|
Q95
|
Exposez-vous par thématique ?
|
Q96
|
Exposez-vous tous vos objets, ou bien préférez-vous
changer les objets présentés et selon quelles fréquences
et quels critères ?
|
Q97
|
Diriez-vous que votre collection est vivante ?
|
Q98
|
Votre collection symbolise-t-elle un art de vivre ? ou bien
est-ce juste (ou plus) qu'un passe-temps ? une occasion de s'évader
en vacances ou par l'imaginaire ?
|
Q99
|
Préférez-vous les paquebots mythiques, les
paquebots disparus, les paquebots anciens, les paquebots
contemporains ?
|
Q100
|
Quelles différences voyez-vous en eux ?
|
Q101
|
Vous servez-vous de certains de vos objets de collection ?
lesquels ? pourquoi ? dans quelles occasions ?
|
Q102
|
Organisez-vous des repas en vous servant de la vaisselle,
argenterie, cristallerie acquises ?
|
Q103
|
Mettez-vous en scène vos objets dans des décors
rappelant l'intérieur d'un paquebot, ou selon vos souvenirs ?
|
Q104
|
Avez-vous organisé des repas ou des soirées sur le
thème des paquebots ?
|
Q105
|
Vous rencontrez-vous avec d'autres collectionneurs amis pour
discuter, échanger... ?
|
Q106
|
Faites-vous parti d'une association ? laquelle ?
|
Q107
|
Avez-vous organisé ou participé à des
expositions ?
|
Q108
|
Avez-vous déjà prêté certains de vos
objets ?
|
Q109
|
Offrez-vous des cadeaux à vos amis, ou à votre
famille en choisissant certains objets possédés ou que vous
achetez ?
|
Q110
|
Avez-vous un budget réservé à votre
collection ? le dépassez-vous ?
|
Q111
|
Lisez-vous des revues/romans/ouvrages ou regardez-vous des films
qui traitent des paquebots ?
|
Q112
|
Avez-vous écrit ou publié sur le thème des
paquebots et des objets que vous collectionnez ?
|
Q113
|
Votre collection est-elle terminée ?
|
Q114
|
Etes-vous satisfait de l'état actuel de votre
collection ? précisez.
|
Q115
|
Connaissez-vous et aimez-vous visiter les musées
présentant des collections de paquebots ?
|
Q116
|
Lesquels vous ont plu/déplu ? pourquoi ?
|
Q117
|
Vous semble-t-il judicieux de rassembler et de présenter
ainsi des collections ?
|
Q118
|
Que pensez-vous de la dispersion des objets lors d'une vente aux
enchères ?
|
Q119
|
Pensez-vous qu'il est préférable qu'un particulier
possède une collection privée et la fasse vivre ?
|
Q120
|
Ou qu'un musée possède une collection
entière accessible à tous publics ?
|
Q121
|
Collectionner, pour vous, c'est rassembler et cacher, ou
rassembler et faire connaître ?
Diriez-vous que le collectionneur est
· Un pilleur (d'épaves)
· Un antiquaire spécialisé
· Un conservateur éclairé d'un patrimoine
spécifique et voué à la disparition
|
Q122
|
Avez-vous pensé à l'avenir de votre
collection ?
|
Q123
|
Pensez-vous que vos héritiers conserveront votre
collection ? ou qu'ils la vendront ?
|
Q124
|
Comment voulez-vous pérenniser votre collection ?
|
Q125
|
Aimeriez-vous léguer, donner, votre collection à un
musée ? dites pourquoi ?
|
Q126
|
Aimeriez-vous léguer, donner votre collection à une
association ? dites pourquoi ?
|
Q127
|
Aimeriez-vous léguer, donner, vendre à un autre
particulier collectionneur ? dites pourquoi ?
|
Q128
|
Aimeriez-vous que votre collection soit dispersée à
votre mort ? Par une vente aux enchères entre vos amis ou des
inconnus ?
|
Table des matières
Avant - propos
2
Remerciements
4
Introduction
5
1 Le monde du paquebot & ses
amateurs
8
1.1 Paquebot et objets
11
1.1.1 Culture de paquebot
14
1.1.2 Mythe : voyage, mer,
éternité
17
1.1.3 Mémoire de paquebot
20
1.2 Le collectionneur du paquebot
23
1.2.1 Devenir collectionneur
25
1.2.2 Dévoiler le collectionneur
30
1.2.3 Comment se considère le
collectionneur ?
36
1.2.4 Comportements de collectionneur
43
1.3 Collections d'objets de paquebots
49
1.3.1 Quels objets collectionner ?
50
1.3.2 La gestion des objets
54
1.3.3 La mise en valeur de ses objets
58
1.3.4 Penser à l'avenir de la
collection
63
Conclusion
67
2 Concept de l'agence CuriosiT
71
2.1 L'agence CuriosiT
73
2.2 Trois pôles
75
2.2.1 Le cabinet-conseil
75
2.2.2 L'espace
événementiel
76
2.2.3 Le centre des collectionneurs
77
2.3 Statut et stratégies
78
2.3.1 Statut
78
2.3.2 Viabilité et
démarches
79
2.4 Conclusion
85
Conclusion
86
Bibliographie
87
Annexes
90
Table des matières
97
* 1 EVDEL Paul, Collections
et collectionneurs, sur le site de Gallica.
* 2 Emission du 31 juillet 2008,
diffusée sur la chaîne France 3.
* 3 NORA Pierre, Les lieux
de mémoire. Introduction La fin de l'Histoire-Mémoire. P.25.
* 4 Qui se doit donc de
respecter les objets, de les étudier et les restaurer, en vue de leur
présentation au public et de leur transmission aux
générations futures. Loi des Musées 2002. Code du
Patrimoine 2004.
* 5 Démentie
néanmoins par la subjectivité de l'art et des goûts.
* 6 POMIAN Krzysztof, Des
saintes reliques à l'art moderne, Venise-Chicago, XIIIe-XXe.
Avant-propos, p.11, Gallimard, 2003.
* 7 Le terme
« amateur » sera dans cette étude utilisé en
synonyme de « collectionneur ». En effet selon Jean
BAUDRILLARD, la « distinction [...] n'est pas décisive. La
jouissance chez l'un comme chez l'autre vient de ce que la possession joue
d'une part sur la singularité absolue de chaque élément,
qui en fait l'équivalent d'un être, et au fond du sujet
lui-même - d'autre part sur la possibilité de la série,
donc de la substitution indéfinie et du jeu. Quintessence qualitative,
manipulation quantitative ». Le système des
objets. P 124.
Or les collectionneurs que j'ai rencontrés et dont je
fais moi-même parti, regardent les objets comme à la fois un tout
et une partie d'un tout - d'une série.
* 8 BAUDELAIRE Charles,
Invitation au voyage. La citation exacte est
« Là, tout n'est qu'ordre et beauté,/ Luxe, calme
et volupté. ». (1821-1867).
* 9 Interview de MEC5, lors de
la remise du questionnaire.
* 10Selon la
définition du dictionnaire PETIT ROBERT, le paquebot est d'abord
« un navire de dimension moyenne, transportant passagers et
courrier », et ensuite, un « grand navire de
commerce principalement affecté au transport des passagers.
Paquebot-mixte, transportant aussi des marchandises. Paquebot transatlantique,
le paquebot `France' ». Le paquebot est donc dès
l'origine, un moyen de transport, agréable, qui sera supplanté
par l'aviation commerciale dans les années 1960.
Historiquement, le succès de ce transport de masse date
de l'adaptation de la machine à vapeur sur les navires. Les premiers
paquebots à vapeur datent donc des années 1840. Le paquebot
devient ensuite synonyme en France, d'un navire de grande taille, et sert alors
à désigner les navires des lignes transatlantiques jusqu'à
la seconde Guerre Mondiale. La marine marchande a ainsi créé des
lignes postales, lignes qui acheminaient nouvelles et fonctionnaires, ou
visiteurs, dans des contrées étrangères et lointaines.
Transporteurs de courrier, de passagers luxueux, d'émigrants en
quête d'un meilleur, de troupes militaires également lors des
guerres, les paquebots, créations occidentales, ont touché le
monde entier, et ont ainsi permis de tisser des liens internationaux, et
d'accroître les dialogues et les échanges interculturels.
* 11 Pour ne citer que les
tragédies les plus célèbres.
* 12 Des ventes
célèbres eurent lieu à la salle des ventes de Drouot
à Paris, avec le thème de « Mémoires de
paquebots », comme celles du 28 mars 2000, du 17 décembre
2000. La dernière en date fut la vente sur l'ex France 1962 en
février 2009.
* 13 « Les
paquebots ont connu une véritable révolution. Ils sont en effet
passés d'un statut de moyen de transport à celui d'un lieu de
destination en à peine quarante ans. Avec la disparition des lignes
maritimes traditionnelles et l'explosion du marché de la
croisière, les voyageurs ont laissé place aux
vacanciers ». Paquebot: symbole des mutations
urbaines ? vendredi 24 octobre 2003 avec: Didier
BOURDIN, Chantiers de l'Atlantique, Cédric RIVOIRE-PERROCHAT, Royal
Caribbean International, et Jean-Philippe ZOPPINI, architecte de l'Ile AZ.
Site www.transit-city.com/ateliers/precedentes/paquebot
* 14 POMIAN Krzysztof, Des
saintes reliques à l'art moderne. Introduction.
* 15 POMIAN Krzysztof, Des
saintes reliques à l'art moderne. P8.
* 16 Annexe 1. Questionnaire.
* 17 Parmi elles, trois de
ces contacts étaient Gérard Boucher, expert, Aymeric Perroy,
responsable scientifique de French Lines, et Daniel Sicard, conservateur de
l'Ecomusée de Saint-Nazaire.
* 18 Le questionnaire a
été ainsi traduit en anglais et en allemand.
* 19 Ce code est
composé de chiffres et de lettres. Le « M » est pour
« monsieur », car je pensais ne mettre au
départ que les initiales des noms. Cependant, cela ne garantissait pas
assez l'anonymat des personnes qui me l'avaient demandé. Par
égalité, j'ai étendu cette valeur à tous les
questionnaires. La lettre suivante symbolise ainsi la date d'arrivée du
questionnaire rempli. Les deux valeurs suivantes correspondent à
« Collectionneur » et un chiffre qui me permet de
le mieux situer (qu'une lettre) au sein du groupe de collectionneurs
interrogés.
* 20 Aymeric PERROY,
responsable scientifique des collections de l'association French Lines,
dont le siège se situe au Havre, conférence du 22 janvier
2009, Lille 3.
* 21 Association French
Lines. En 1976 a lieu la fusion entre les Messageries Maritimes et la CGT.
La disparition des derniers paquebots entrainent la volonté de l'Etat de
restructurer l'ensemble des compagnies. En 1995 la CGM se privatise. Le PDG
sensibilise l'Etat au sujet du patrimoine collecté, reflet de 150 ans de
travail. Cela demande la mise en place d'une conservation obligatoire et
gérée par une seule entité et non plus par une entreprise.
La mise en place d'une association Loi 1901 permet ainsi d'assurer
l'indépendance du patrimoine conservé. De plus les collections
entrent sous le régime de l'inaliénabilité des oeuvres
tombées dans le domaine public.
6 km2 d'archives linéaires comprennent plans
des navires, rapports de voyage, agences, projets d'artistes, les AG, CA,
comptabilité, administration, photographies et distinctions... fond
iconographique important, car les compagnies ont fait appel aux artistes
contemporains en vue de la publicité des navires, tableaux, affiches et
aquarelles, argenterie, vaisselles et services, décorations en fonction
des classes, maquettes, tissus des pavillons ou costumes...
French Lines est également propriétaire
des noms des paquebots et des compagnies et par là même de leurs
marques. L'association fonctionne grâce à un budget annuel de
400000 €, les cotisations des membres, les ventes des objets
aliénables ainsi que les licences des marques. Elle compte deux
équipes de travail, une basée au Havre, l'autre à
Marseille, et a conclu un partenariat avec le CMT de Roubaix (archives du Monde
du Travail),qui prévoit la sauvegarde des archives en cas de dissolution
de l'association.
Enfin un site internet permet d'améliorer la
valorisation des fonds, puisque French Lines ne dispose pas de locaux
pour l'exposition de ses collections. Le site propose les bases de
données sur les navires, des listes nominatives ainsi que des forums de
discussions et une exposition virtuelle. Le centre de documentation est ouvert
au public, et permet les recherches sur place comme les demandes à
distance.
Enfin l'association organise plusieurs expositions parfois
itinérantes, et prête ainsi nombre de ces objets à la
découverte du public. Ces expositions peuvent faire l'objet de
partenariat avec les musées, comme l'exposition Histoires de
paquebots. Du chantier de Dunkerque aux mers lointaines, organisée
en partenariat avec l'Association des Anciens des Chantiers de France et
l'Association French Lines, au Musée Portuaire de Dunkerque.
www.museeportuaire.com/IMG/pdf/dossier%20de%20presse.pdf
* 22 Le paquebot apparait
comme un témoin de son époque, d'une société, et
ambassadeur d'un pays, en est également le reflet de ses industries et
de ses talents. Il s'agit d'un objet-témoin précieux pour
l'histoire des Arts décoratifs, pour celle des techniques, de la
photographie, ou encore l'histoire des mentalités, l'histoire des
grandes compagnies, de la Marine Marchande, l'histoire sociale contemporaine
des paquebots, de l'émigration, de l'histoire européenne et
mondiale même...
* 23 Electricité,
réfrigération, eau chaude courante... autant d'inventions
utilisées sur les paquebots avant leur diffusion dans la vie courante.
Même le système social d'entraide aux marins préfigure ce
qui deviendra le système des retraites de la sécurité
sociale après 1945...
* 24 Chaine qui comprenait
décideurs, constructeurs, décorateurs, publicitaires... Sans
oublier les voyageurs de toutes catégories sociales et métiers
confondus.
* 25 BOURSIER Jean-Yves, La
mémoire comme trace des possibles. P1. Socio-Anthropologie.
N°12-2002, Traces.
http://socio-anthropologie.revues.org/document145.html
* 26 Selon la
définition anthropologique de ce terme, TYLOS, La culture
primitive, « la culture est un ensemble complexe, incluant
les savoirs, les croyances, l'art, les moeurs, le droit, les coutumes, ainsi
que toutes les dispositions ou usages acquis par l'homme vivant en
société ».1871.
* 27 Des grands chefs
étaient engagés pour la restauration.
* 28 Désignation
anglaise pour paquebot.
* 29 Ainsi
« Normandie représente l'archétype de la
décoration intérieure des années 1930. Les plus grands
noms de l'art avaient participé à sa décoration :
Pierre Patout et Henri Pacon dessinèrent la salle à manger des
premières classes, volume immense recouvert d'or et de luminaire de
Lalique; Emile Gaudissard réalisa les cartons des tapisseries pour les
chauffeuses basses du salon des 1ere Classe. Cette disposition d'un espace
aussi grand au centre du paquebot avait été obtenue en
dédoublant les conduits de fumée qui se réunissaient juste
sous les cheminées. Jean Dupas dessina les panneaux de laques du fumoir
et bien d'autres décorateurs participèrent à ce manifeste
flottant, tant vanté par Le Corbusier, tel Maurice Daurat qui contribua
en fabricant huit vases monumentaux en étain et palissandre. Jean de
Brunhoff avait entièrement décoré la salle à manger
des enfants sur le thème de sa création, l'éléphant
Babar. Les sculptures des couloirs étaient l'oeuvre de Georges Saupique.
Jean Dunand a participé à la décoration du fumoir et d'une
partie du salon des premières classes.
Beaucoup des décorations de Normandie
faisaient référence, directement ou non, à la province qui
lui avait donné son nom. Les dessins et photos d'époque montrent
de vastes salles communes décorées avec beaucoup
d'élégance. La salle à manger des premières
était particulièrement remarquable, non seulement par ses
dimensions (93 x 14 x 8,5 m, 700 couverts), mais aussi par la richesse de sa
décoration (Raymond Quibel). Afin de pallier l'absence de lumière
naturelle, les décorateurs avaient installé douze
« piliers lumineux » de cristal Lalique que
complétaient trente-huit colonnes lumineuses murales et deux immenses
chandeliers, eux aussi en cristal.
Normandie était équipé de
piscines couvertes et découvertes (le second navire ainsi
équipé après le paquebot italien Rex), d'une
chapelle, et d'un cinéma transformable en théâtre.
De nombreux éléments de l'orfèvrerie
comme les soupières avec des boules dans les poignées sont
présentées à l'écomusée de
Saint-Nazaire. » Source : WIKIPEDIA, article
« Normandie ».
Des CP, des affiches, des albums photos témoignent de
cet art de vivre somptueux.
* 30 BARBIER-GUYOT
Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1
professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.
* 31 RICOEUR Paul,
« Cultures, du deuil à la tradition »
Article in Le Monde, 23 mai 2004.
* 32 NIETZSCHE, cité
par Roland BARTHES, Culture et tragédies, 1942.
* 33 DESVALLÉES A.,
« Emergence et cheminements du mot patrimoine »,
Musées et collections publiques de France, 1995, 3,
n°2008, p.6-29. Cité par Claude BADET, Benoit COUTANCIER, Roland
MAY, Musées et Patrimoine, CNFPT, 1997, p.11.
* 34 Cf. BARBIER-GUYOT
Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1
professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.
* 35 NORA Pierre. Les
lieux de mémoire. Gallimard, 1997.
* 36 Questionnaire MBC5.
Réponse de la Q20.
* 37 VERNANT Jean-Pierre,
« Franchir un pont », texte commandé pour
le cinquantième anniversaire du Conseil de l'Europe, inscrit sur une
borne du Pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl.
* 38 Questionnaire MJC10.
* 39 Rappelons-nous les
nombreux naufrages et ceux célèbres du Lusitania ou de
l'insubmersible Titanic, du Georges Philippar des Messageries
Maritimes en Mer Rouge, où trouva la mort le célèbre
journaliste Albert Londres...
* 40 Souvent d'ailleurs les
collectionneurs d'objets de paquebot tentent de retrouver ces impressions en
effectuant des croisières sur les paquebots actuels.
* 41 Exposition
organisée en partenariat avec l'Association des Anciens des Chantiers de
France et l'Association French Lines,
www.museeportuaire.com/IMG/pdf/dossier%20de%20presse.pdf.
* 42 NORA Pierre, Les lieux
de mémoire. Introduction La fin de l'histoire-mémoire.
Gallimard, 1997.
* 43 NORA Pierre, Les
lieux de mémoire. Introduction La fin de l'Histoire-Mémoire.
* 44 Et bientôt le
Rotterdam dans le port du même nom, dans sa livrée
d'origine.
* 45 BARBIER-GUYOT
Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1
professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.
* 46 Questionnaire MBC5, Q70.
* 47 Annexe 1. Questionnaire,
Q66 à Q70.
* 48 NORA Pierre, Les
lieux de mémoire. Gallimard, 1997.
* 49 RIEGL Aloïs,
« Le culte moderne des monuments ». N°9-2001,
Commémorer, Site Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.
http://socio-anthropologie.revues.org/document5.html
* 50 Ecomusée de
Saint-Nazaire, dirigé par Daniel SICARD, conservateur.
* 51 RICOEUR Paul, Temps et
récit, Paris, Seuil, tome III, Le temps raconté,
1985.
* 52
http://www.fr.worldofcosta.com/la_storia.aspx
http://www.costacroisieres.fr/B2C/F/Default.htm
* 53
http://www.tmr-international.com/
* 54 Costa est
dépositaire de la marque Paquet.
* 55 Annexe 3. Le
Mermoz, ex Jean Mermoz, de la Compagnie Fraissinet,
desservait la C.O.A. jusqu'à Libreville.
* 56 Jean-Maurice Ravon,
directeur de TMR. Brochure envoyée aux croisiéristes au sujet de
la croisière inaugurale de la nouvelle Compagnie Paquet. Voir en Annexe
5.
* 57 NORA Pierre, Les
lieux de mémoire. Introduction, La fin de
l'Histoire-Mémoire.
* 58 NORA Pierre, Les
lieux de mémoire. Introduction, La fin de
l'Histoire-Mémoire, p.32. Gallimard. 1997.
* 59 BOURSIER Jean-Yves,
La mémoire comme trace des possibles. Socio-Anthropologie.
N°12-2002, Traces.
http://socio-anthropologie.revues.org/document145.html
* 60 Sacha GUITRY, cité
dans RHEIMS Maurice, Les Collectionneurs.
* 61 RICOEUR Paul,
« Cultures, du deuil à la tradition »
Article in Le Monde, 23 mai 2004.
* 62 BOURSIER Jean-Yves,
La mémoire comme trace des possibles. N°12-2002, Traces.
Site revues.org, catégorie Socio-Anthropologie. Il cite
Marc BLOCH, Apologie pour l'histoire, Paris, Armand Colin, 1974,
(1ère ed. 1941), p. 107.
* 63 PRAZ Mario, La
maison de la vie. Trad. M. Bacelli Galli, p.40. 1993. Cité par
RHEIMS Maurice, Les collectionneurs.
* 64 Au sens du souvenir
créé par l'esprit et notre mémoire.
* 65 Au sens
d'objet-souvenir.
* 66 Questionnaire MEC5, Q6
et Q12.
* 67 Questionnaire MJC10, Q6
et Q13.
* 68 « Le
Normandie était un paquebot transatlantique de la Compagnie
générale Transatlantique, construit par les Chantiers de
Penhoët à Saint-Nazaire. Considéré par beaucoup comme
le plus beau paquebot jamais construit, c'était aussi le plus grand
à sa sortie du chantier en 1932. Après seulement quatre ans de
service, il est réquisitionné par la marine américaine
afin d'être converti en transport de troupes avec une capacité de
plus de 10.000 soldats. Durant des travaux dans le port de New-York un incendie
se déclare en 1942 et le paquebot chavire sous le poids de l'eau
déversée par les pompiers. Renflouée, l'épave est
ferraillée en 1946. Normandie laisse le souvenir d'un âge d'or des
transatlantiques luxueux, dont le Queen Mary II est aujourd'hui
l'héritier». Source : Wikipédia. Article
« Normandie ».
* 69 Questionnaire MAC1, Q6 et
Q13.
* 70 Questionnaire MGC7, Q17.
* 71 Lettre MDC4. Questionnaire
MBC5.
* 72 Questionnaire MFC6. Q17.
* 73 Questionnaire MAC1, Q17.
* 74 Questionnaire MBC2,
Q13.
* 75 Questionnaire MEC5.
* 76 Questionnaire MIC9, Q6.
* 77 Il existe plusieurs
paquebots France. Le plus célèbre est sans contexte le France
1962, devenu Norway après rachat d'une compagnie
norvégienne. Laquelle après 21 années de service le vendit
en Inde pour être démantelé. La pétition contre la
destruction du paquebot fut sans effet. Une dernière vente les 8 et 9
février 2009 clôture sa vie, mais non l'affection des
collectionneurs.
Il existe cependant un France 1912, très
côté également.
* 78 Questionnaire MCC3, Q6 et
Q12.
* 79 Questionnaire MHC8. Q12.
* 80 Questionnaire MFC6, Q12.
Questionnaire MHC2, Q17.
* 81 Questionnaire MGC7. Q16.
* 82 Questionnaire MIC9. Q20.
* 83 Questionnaire MAC1, Q14.
* 84 Questionnaire MJC10.
* 85 MUENSTERBERGER Werner,
Le collectionneur : anatomie d'une passion. P. 64. Seuil, 1996.
* 86 Questionnaire en Annexe
1. Q40. Est-ce que vous diriez que votre collection reflète votre
personnalité ? pourquoi ?.
* 87 Cf. Note 1
* 88 Questionnaire MFC6. Q15.
* 89 RHEIMS Maurice, Les
Collectionneurs. P. 69.
* 90 Annexe 1. Questionnaire
Q39. Questionnaire MHC2.
* 91 Annexe 1. Questionnaire
Q37. Comment vous qualifiez-vous en tant que collectionneur ?
amateur ? dilettante ? averti ? passionné ?
* 92 Cela rappelle aussi le
problème de la paquebot-mania. Voir supra.
* 93 J'en remercie encore ce
collectionneur.
* 94 PETIT LAROUSSE, Article
« Affection », sens médical. P42.
* 95 PETIT LAROUSSE, Article
« Affection », premier sens.
* 96 Michel Sardou a
également dédié une chanson au paquebot France.
* 97 MUENSTERBERGER Werner,
Le collectionneur : anatomie d'une passion. P.65.
* 98 POMIAN Krzysztof,
Des saintes reliques à l'art moderne, Venise-Chicago,
XIIIe-XXe. Avant-propos, Gallimard, 2003.
* 99 Annexe 1. Questionnaire
Q123. Avez-vous pensé à l'avenir de votre
collection ?
* 100 Questionnaire MGC3. Q15.
* 101 Une proportion de 4/9
collectionneurs voyagent fréquemment sur les paquebots contemporains. Un
autre l'a fait une fois. Questionnaires MFC1, MAC4, MBC5, MEC8, MJC9. Q19.
* 102 Questionnaire MJC9.
Q15.
* 103 Questionnaire MAC4.
Question Q60.
* 104 Au sens du
« gout du « curieux » de
l'amateur. » PETIT ROBERT. Article
« curiosité ».
* 105 Annexe 1.
Questionnaire Q122. Diriez-vous que le collectionneur est : un pilleur
(d'épaves) ? Un antiquaire spécialisé ? Un
conservateur éclairé d'un patrimoine spécifique et
voué à la disparition ?
* 106 Code du Patrimoine.
Article L1. 2004.
* 107 Questionnaire MEC8. Q13.
* 108 Questionnaire MGC3. Q14.
* 109 Annexe 1.
Questionnaire Q121. Collectionner, pour vous, c'est rassembler et cacher,
ou rassembler et faire connaître ?
* 110 Excepté
quelques rares collectionneurs, qui prêtent parfois des objets pour des
expositions, ou en organisent. Mais pour des questions de
sécurité, il ne sera jamais exposé une collection
complète, hors vente posthume par enchères.
* 111 Questionnaire MEC5.
* 112 Voir supra 1.3.3 La
gestion des objets.
* 113 Questionnaire Q38.
Quel comportement avez-vous en tant que collectionneur ?
Consommateur/Désir de
possession/Pragmatisme/Opportunisme/Recherche ?
* 114 Questionnaires
MHC8 ; MAC1 ; MBC2 ; MIC9 ; MEC5 et MJC10.
* 115 Questionnaire MFC6. Q38.
* 116 Questionnaire MGC7.
Q38.
* 117 Questionnaire MCC3. Q38.
* 118 Questionnaire MAC1. Q13.
* 119 L'expression
« paquebot-mania » a été trop
utilisée lors des films à succès comme le Titanic de James
Cameron, ou lors des péripéties de France. A mon sens, il
reflète davantage une foule en délire, fanatisée, que la
constitution affective certes mais patiente et rigoureuse d'une collection.
* 120 Questionnaires MGC7,
MAC1, MBC2, MEC5 et MJC10.
* 121 Questionnaires MCC3 et
MIC9.
* 122 PETIT LAROUSSE, article
« manie », p.610. 1991. Ainsi peut-on reprendre la
définition de la curiosité par LA BRUYÈRE, dans Les
Caractères...
* 123 PETIT LAROUSSE,
article « manie », « Etat de
surexcitation psychique caractérisé par l'exaltation ludique de
l'humeur, l'accélération désordonnée de la
pensée et les débordements instinctuels ». p.610. 1991.
* 124 Annexe 1.
Questionnaire Q39 : Votre collection est-elle le fruit d'un engouement
passager, un passe-temps agréable ou une passion
dévorante ?
* 125 Néanmoins il
est possible que ces réponses soient à nuancer, dû à
l'incertitude du jugement d'autrui. Nous partirons cependant du postulat
qu'elles expriment avec sincérité la vision qu'a le
collectionneur de cette occupation.
Questionnaires MFC6, MGC7, MBC2, MIC9, MEC5. Q39.
* 126 Questionnaire MAC1.
Q39.
* 127 Questionnaire MIC9.
Q39.
* 128 Questionnaire MCC3.
Q39.
* 129 Questionnaire MHC8.
* 130 Questionnaire MJC10.
* 131 Annexe 1. Questionnaire
Q37. Comment vous qualifiez-vous en tant que collectionneur ?
amateur ? dilettante ? averti ? passionné ?
* 132 Annexe 1.
Questionnaire Q74 et Q75. Quelle durée moyenne (en heures)
estimez-vous le temps passé dans une semaine à la gestion de
votre collection ?
Y travaillez-vous tous les jours ?
* 133 Annexe 1.
Questionnaire Q76. Diriez-vous (au soir de votre vie) que le temps
passé à gérer votre collection a représenté
les meilleurs moments de votre existence ?
* 134 « Amis du
Paquebot » est le nom de deux associations
« paquebot-philes » : Les Amis du Paquebot,
et l'Association Méditerranéenne des Amis du Paquebot.
* 135 Selon l'utilisation
de Platon et d'Aristote.
* 136 Questionnaire...
* 137 Au sens d'une
occupation de l'esprit, et non au sens religieux. Quoique ce dernier sens
pourrait également être valable.
* 138
SÉNÈQUE,
* 139 En revanche, les
loisirs organisés se rapporteraient davantage à la notion de
negotium, en tant qu'activités calquées sur le travail.
Cf. note 100.
* 140 Le negotium
se caractérise par les besoins nécessaires à la
satisfaction des besoins vitaux, et pour rendre possible l'otium.
* 141 Encyclopédie
de l'Agora, article « Loisir ». Quand l'homme
n'est plus digne du loisir. « L'Encyclopédie de
Diderot a beaucoup contribué à faire du travail et de l'esprit
d'entreprise des valeurs modernes. Pourtant, sans le loisir de ses principaux
collaborateurs, L'Encyclopédie n'aurait jamais vu le jour ».
[...] Bien qu'il « soit ce à quoi « l'homme est
condamné par son besoin », le travail est désormais
« ce à quoi il doit en même temps sa santé, sa
subsistance, sa sérénité, son bon sens et sa vertu
peut-être ».
* 142 VALERY Paul,
Conferencia. « J'ai signalé il y a quelque
quarante ans, comme un phénomène critique dans l'histoire du
monde, la disparition de la terre libre, c'est-à-dire l'occupation
achevée des territoires par des nations organisées, la
suppression des biens qui ne sont à personne. Mais parallèlement
à ce phénomène politique, on constate la disparition du
temps libre. L'espace libre et le temps libre ne sont plus que des souvenirs.
Le temps libre dont il s'agit n'est pas le loisir, tel qu'on l'entend
d'ordinaire. Le loisir apparent existe encore, et même ce loisir apparent
se défend et s'organise au moyen de mesures légales et de
perfectionnements mécaniques contre la conquête des heures par
l'activité. Les journées de travail sont mesurées et ses
heures comptées par la loi.
Mais je dis que le loisir intérieur, qui est tout
autre chose que le loisir chronométrique, se perd. Nous perdons cette
paix essentielle des profondeurs de l'être, cette absence sans prix,
pendant laquelle les éléments les plus délicats de la vie
se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle
l'être, en quelque sorte se lave du passé et du futur, de la
conscience présente, des obligations suspendues, des attentes
embusquées... Point de souci, point de lendemain, point de pression
intérieure ; mais une sorte de repos dans l'absence, une vacance
bienfaisante, qui rend l'esprit à sa liberté propre. Il ne
s'occupe alors que de soi-même. Il est délié de ses devoirs
envers la connaissance pratique et déchargé du soin des choses
prochaines, il peut produire des formations pures comme des
cristaux ». Novembre 1935.
* 143 Questionnaire MEC5.
Q20.
* 144 MUENSTENBERGER Werner,
Le collectionneur : Anatomie d'une passion. P.72.
* 145 Rappelons-nous que la
collection est l'expression matérielle d'un manque inconscient.
* 146 Questionnaire. Q54.
* 147 Nous parlons ici de
la première cellule familiale : époux, enfants. Cela ne
concerne pas les collectionneurs célibataires, proportion de 2/10.
* 148 Questionnaire MAC1. Q9
et 10.
* 149 RHEIMS Maurice, Les
Collectionneurs. P. 69.
* 150 VANDEVILLE
Gwénaëlle et LADWEIN Richard, Le Collectionneur : un
Acheteur et Consommateur frustré, passionné, maniaque,
insatisfait Le cas d'un collectionneur de Spiderman.
http://ladwein.free.fr/cas%20collectionneur/cas%20cca.htm
* 151 Questionnaire MHC8. Q15.
* 152 Questionnaire MHC8. Q13.
* 153 MUENSTERBERGER Werner,
Le collectionneur : anatomie d'une passion. P. 64.
* 154 Questionnaire MHC8. Q13.
* 155 Questionnaire MCC3. Q45.
* 156 MUENSTENBERGER Werner,
Le collectionneur : Anatomie d'une passion. P.75.
* 157 RHEIMS Maurice, Les
collectionneurs. P. 10.
* 158 WINNICOTT Donald,
« Objets transitionnels et phénomènes
transitionnels » in De la pédiatrie à la
psychanalyse, pp. 109-125, Payot, 1969. Cité dans l'article
« Objet transitionnel » Source :Wikipedia.
* 159 Idem.
* 160 Questionnaire MCC3.
Q34.
* 161 Questionnaire MAC1 et
MFC6. Q 115-116.
* 162 Questionnaire MEC5. Q
115-116.
* 163 Voir infra. 1.1.3.
Mémoire de paquebot.
* 164 BARBIER-GUYOT
Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1
professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.
* 165 Questionnaire MBC2.
Q15.
* 166 Vincent BONTEMS,
philosophe post-doctorant au LARSIM, CEA. Cité par BARBIER-GUYOT
Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. P 6.
* 167 RHEIMS Maurice, Les
collectionneurs.
* 168 Questionnaire MIC7.
MEC8.
* 169 Chaises longues qui se
trouvaient sur les ponts extérieurs des navires face à la mer.
* 170 Questionnaire MCC6.
* 171 Questionnaire MJC9.
* 172 BAUDRILLARD Jean, Le
système des objets. P120.
* 173 Questionnaire MCC3.
* 174 ETHIER-BLAIS Jean,
Les pays étrangers.
http://www.dicocitations.com/citation.php?mot=collection
* 175 Questionnaire Q21-31.
* 176 Questionnaires
MFC6 ; MHC8 ; MCC3 ; MIC9 ; MJC10.
* 177 Questionnaires
MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MEC5 ; MKC11.
* 178 Questionnaires
MHC8 ; MAC1 ; MJC10 ; MEC5 ; MKC11.
* 179 Questionnaires
MBC2 ; MGC7.
* 180 Questionnaire MFC6.
* 181 Questionnaires
MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MIC9 ;
MEC5 ; MJC10.
http://www.frenchlines.com/histoire/histoire_cgt_dates_fr.php
;
http://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_g%C3%A9n%C3%A9rale_transatlantique
* 182 Questionnaires
MHC8 ; MBC2 ; MEC5 ; MKC11.
http://www.es-conseil.fr/pramona/p1mm.htm
* 183 Questionnaires
MBC2 ; MEC5.
* 184 Questionnaire MGC7.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cunard_Line;
http://www.cunard-france.com/
http://www.nxtbook.fr/newpress/cieintdecroisieres/cunard/voyages_avril_2010_avril_2011/index.php#/1/OnePage
* 185 Questionnaires
MKC11 ; MEC5.
http://de.wikipedia.org/wiki/Norddeutscher_Lloyd;
http://www.norwayheritage.com/p_shiplist.asp?co=ndlaa
* 186 Questionnaires
MKC11 ; MEC5. http://www.theshipslist.com/ships/lines/hamburg.html;
http://en.wikipedia.org/wiki/Hamburg_America_Line
* 187 Questionnaire MKC11.
http://www.liguria.cgil.it/categorie/filt/settori/italiadinavigazione.htm;
http://it.wikipedia.org/wiki/Italia_-_Societ%C3%A0_di_Navigazione
* 188 Questionnaire MEC5.
http://www.timetableimages.com/maritime/images/dal.htm
* 189 Les compagnies
anglaises ne sont indiquées que chez un seul collectionneur
interrogé : British India, P&O (Peninsular
and Oriental Steam Navigation Co)...
* 190
Général Mangin, Mermoz, Foch, Césarée,
Ancerville, France 1912, 1962, Renaissance, Conte di Savoia, Rex, Bremen,
Normandie, Paul Lecat, Champollion etc.
* 191 Questionnaire Q21.
* 192 Albert Brenet
(1903-2005) est un peintre français. Originaire de la région du
Havre, il dessine déjà enfant les bateaux du port. Il part suivre
l'école des Beaux-Arts de Paris en 1920, mais c'est son embarquement
pour 7 mois sur l'un des trois derniers voiliers de commerce du Havre, le
Bonchamp avec lequel il part aux Antilles qui est déterminant
pour sa carrière de peintre. Il continue ainsi à sillonner les
mers du monde sur différents navires réalisant croquis, peintures
à l'huile, gouaches des navires, des ports mais aussi de la vie des
équipages. Auteur d'une oeuvre prolifique, il est également connu
pour ses affiches pour les compagnies transatlantiques. Il couvre ainsi le
lancement et la traversée inaugurale des paquebots Normandie en
1935 et du France en 1961.
Albert Brenet est nommé Peintre de la Marine en 1936.
Il est le premier à avoir été peintre de la Marine,
peintre de l'Air (1936) et peintre de l'Armée (de Terre) (1959). Avec
Marin-Marie qu'il rencontre en 1931 et Roger Chapelet, il est l'un des trois
grands peintres de marine français du
XXe siècle.
* 193 Questionnaire MKC11.
* 194 Questionnaire
MCC3 ; MJC10.
* 195 Questionnaires
MKC11 ; MAC1 ; MBC2 ; MEC5 ; MIC9 ; MCC3 ; MFC6.
* 196 Cf. Exposition au
Musée Portuaire de Dunkerque.
* 197 Quelques exemples
(adresses actuellement valables) : Lorsque le France était le
plus beau paquebot au monde:
http://fr.video.yahoo.com/watch/40770/1513866.
Lancement du France :
http://www.youtube.com/watch?v=HZaGOu1L-Qs
Le Normandie :
http://www.youtube.com/watch?v=AyxQQndVwuU
Le RMS Aquitania :
http://www.youtube.com/watch?v=-xMZ5ioAsnA
Le RMS Queen Mary :
http://www.youtube.com/watch?v=J5W3CDrjoxA
* 198 Questionnaires
MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MCC3 ;
MEC5 ; MJC10 ; MKC11.
* 199 Questionnaires
MEC5 ; MFC6 ; MIC9...
* 200 Pour les
« fans » du Titanic, à la grande époque de la
Titanicomania, les éditions Hachette proposaient une maquette
en bois du paquebot à construire.
* 201 Questionnaire MGC7.
* 202 Questionnaires
MFC6 ; MCC3.
* 203 Questionnaire MBC2.
* 204 Questionnaires
MEC5 ; MAC1 ;
* 205 Questionnaires
MAC1 ; MEC5.
* 206 Questionnaire MJC10.
* 207 Questionnaires
MBC2 ; MKC11.
* 208 Questionnaire MEC5.
Q22.
* 209 Cf. RICoeUR Paul,
La Traduction. La collection est une des multiples
réinterprétations du passé possibles.
* 210 RHEIMS Maurice,
La vie étrange des objets, cité dans BAUDRILLARD Jean,
Le système des objets. 2007. P122.
* 211 Questionnaire. Q42.
* 212 Questionnaires
MFC6 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MCC3 ; MIC9 ;
MEC5 ; MJC10.
* 213 Les brocantes sont
répertoriées sur l'agenda annuel des brocantes.
* 214 Questionnaire. Q65.
* 215 Une proportion de
seuls 2/11 collectionneurs interrogés effectuent également
certaines enchères par téléphone.
* 216
http://annonces.ebay.fr/
* 217
http://delcampe.net/
* 218 Questionnaire. Q72.
* 219 Questionnaire MBC2.
* 220 Questionnaire
MKC11 ; MJC10.
* 221 Questionnaire MAC1.
* 222 Questionnaire MEC5.
* 223 Questionnaire MBC2.
* 224 Questionnaire. Q74.
* 225 BAUDRILLARD Jean, Le
système des objets. P121.
* 226 Questionnaires
MHC8 ; MAC1 ; MEC5 ; MIC9 ; MBC2 ; MJC10. Q87-88-89.
* 227 Questionnaires
MEC5 ; MJC10 ; .
* 228 Questionnaires
MFC6 ; MHC8 ; MAC1 ; MIC9 ; MEC5 ; MJC10 ; MKC11.
* 229 Questionnaires
MBC2 ; MEC5 ; MGC7.
* 230 Questionnaire MEC5.
* 231 Questionnaires MFC6.
* 232 Questionnaires
MFC6 ; MGC7.
* 233 MALRAUX André,
Le Musée Imaginaire. Folio essais, 2006.
* 234
http://www.frenchlines.com/collections_fr.php
* 235
http://andries.unblog.fr/tag/collection-paquebots-transatlantique/
* 236 BAUDRILLARD Jean, Le
système des objets. P121.
* 237 Cf. Infra. 1.2.4.4
Respect de l'objet.
* 238 Questionnaires
MEC5 ; MFC6.
* 239 Questionnaires
MCC3 ; M
* 240 BARBIER-GUYOT Alexandra,
L'aura et/ou la valeur d'usage.
* 241 Questionnaires
MHC8 ; MEC5 ; MBC2 ; MAC1.
* 242 Article du 7 juin 1996,
in Courrier de l'Ouest. Annexe 6.
* 243 Une proportion de 3/10.
* 244 Questionnaires
MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ;
* 245 Questionnaire MJC10.
* 246 Questionnaire MAC1.
* 247 Selon les
théories de Kristof POMIAN.
* 248 Ou à celui du
navire disparu.
* 249 Questionnaire MHC8.
* 250 Une proportion de 5/10
des collectionneurs interrogés.
* 251 Questionnaires
MBC2 ; MGC7.
* 252 Questionnaire MGC7.
http://www.alliance-encheres.com/fr/vente.php?idvente=229&PHPSESSID=171a660e29e0b1a794021ad2e01bac84
* 253 Fondé par la
Peter Tamm Fondation, installé depuis 2004 au Kaispeicher
B, bâtiment prêté par la ville d'Hambourg.
http://www.internationales-maritimes-museum.de/
* 254 Une fondation demande
une déclaration de volonté du fondateur et la reconnaissance
d'utilité publique (décret au Journal Officiel en France). Elle
exige une mise de fond importante, puisque le capital doit être suffisant
pour assurer le financement de son fonctionnement.
* 255 Cinq collectionneurs
envisagent sérieusement ou réfléchissent au fait de
léguer à un musée, dont trois pensent préserver
ainsi quelques pièces.
* 256 BOURSIER Jean-Yves,
La mémoire comme trace des possibles. N°12-2002, Traces.
Site Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.
* 257 POMIAN Krzysztof,
Des saintes reliques à l'art moderne. P312.
* 258 Paquebot-mania.
* 259 Questionnaire MKC11.
* 260 BOURSIER Jean-Yves,
Le monument, la commémoration et l'écriture de
l'Histoire.
N°9-2001,
Commémorer. Site Web Revues.org, catégorie
Socio-Anthropologie.
* 261 POMIAN Krzysztof,
Des saintes reliques à l'art moderne. P312
* 262 PLENEL Edwy,
Secrets de jeunesse.
http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=Patrimoine
* 263 Ribettes Jean-Michel,
psychanalyste, critique d'art, commissaire d'expositions et conservateur. In
Passions privées, collections particulières d'art moderne et
contemporain en France, catalogue d'exposition au Musée d'Art
moderne de la Ville de Paris, paris musées, décembre 1995-mars
1996.
* 264 Jack Lang, ministre de
la Culture.
* 265 DUFOUR Michel,
secrétaire d'Etat au Patrimoine et a la décentralisation
culturelle. Discours d'ouverture de la 5ème rencontre nationale en
région sur le thème «Associations et patrimoine
» 21 avril 2001
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/duffour-2001/associations-patrimoine.htm
* 266 POMIAN Krzysztof,
Des saintes reliques à l'art moderne. Introduction.
* 267 RHEIMS Maurice, La
vie étrange des objets, cité par BAUDRILLARD Jean, Le
système des objets, p 123.
* 268 Le projet est soumis
aux droits d'auteur, en tant que prestation intellectuelle, selon l'Article L.
111-1 du Code de la propriété
intellectuelle : « L'auteur d'une oeuvre de l'esprit
jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de
propriété incorporelle exclusif et opposable à
tous. »
* 269 Pierre BERGÉ,
interviewé par Stéphane BERN lors d'une émission
Secrets d'Histoire sur le thème de Catherine de
Médicis. Emission du 31 juillet 2008, diffusée sur la
chaîne France 3.
* 270 BAUDRILLARD Jean, Le
système des objets, p123.
* 271 GAFFIOT, article
« Curiosus, a, um ». P457. 1934.
* 272 Département du
Nord.
* 273 BLOT Jacques.
Rapport pour la création d'une agence culturelle. 2005. P 5.
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/rapport_blot.pdf
* 274 Le droit privé
permet également une plus grande souplesse que le droit public au niveau
de la comptabilité et du personnel.
* 275 La
société à responsabilité limitée (S.A.R.L)
et S.A.R.L de presse (diffusion d'infos sur Internet ou édition papier).
C'est la forme la plus utilisée pour les sociétés. Les
associés ne sont pas responsables sur leurs biens personnels, juste
à hauteur de leurs apports. Elle est toujours commerciale (voir
E.U.R.L). Les frais de constitution sont inférieurs à 250 euros.
Les associés minoritaires ou égalitaires (50 % des parts sociales
ou moins) peuvent avoir le statut de salarié. Si aucun salaire n'est
versé, il n'y a aucune charge sociale à payer. Il n'est pas
obligatoire de rémunérer le ou les gérants. Les
associés majoritaires (51 % des parts sociales et plus) ont le statut
social et fiscal des entrepreneurs individuels. Ils doivent payer des charges
sociales, même si aucun salaire n'est versé.
1°- la S.A.R.L à capital fixe. Pour
monter une S.A.R.L dans sa forme traditionnelle, à capital fixe, le
capital minimum est de 1 euro. Si ce capital est plus
important, on peut ne libérer que 20 %, le reste étant
apporté dans les 5 années suivantes.
2°- la S.A.R.L à capital variable. idem
à la S.A.R.L à capital fixe. Cependant, la S.A.R.L à
capital variable est plus souple : on peut faire varier le capital social (par
augmentation ou par l'arrivée et départ de nouveaux
associés) entre le capital minimum souscrit qui ne peut être
inférieur à 1 euro et un autre montant qui sera
appelé "capital maximum". Par exemple, 20.000 euros. En cas de variation
du capital, il n'y a pas de modifications à apporter aux statuts
(augmentation ou réduction), donc, pas de déclaration à
produire au greffe du tribunal, et par conséquent, aucun droit à
payer (dans une S.A.R.L à capital fixe, il y a lieu de payer une
taxe de 230 euros pour chaque modification). La responsabilité des
associés n'est fixée qu'à hauteur du capital social
(exemple : 1 euro) et non pas sur le montant du capital maximum qui n'engage
à rien.
3°- la S.A.R.L (ou E.U.R.L) de presse. La
société de presse peut prendre la forme d'une S.A.R.L ou d'une
S.A. Le capital minimum est de 1 euro. Des avantages fiscaux (comme
l'exonération de la taxe professionnelle) sont prévus pour les
sociétés de presse. Une S.A.R.L de presse (ou E.U.R.L) se
crée et se gère comme une S.A.R.L classique (elle peut d'ailleurs
être à capital variable également. Si votre activité
vise le secteur de l'édition (sous toutes ses formes) ou la presse, mais
aussi l'information diffusée par internet (ou minitel !), à la
condition de respecter quelques règles, ce statut est le bon choix. Ses
associés ne sont pas responsables sur leurs biens personnels, et peuvent
être salariés s'ils sont égalitaires ou minoritaires. Les
sociétés de presse sont exonérées de la taxe
professionnelle. Info utile : la police ne peut pas faire librement de
perquisition au siège de l'entreprise de presse. Elle doit
obligatoirement être accompagnée d'un magistrat.
Fiscal. Pour ce qui concerne l'imposition sur les
bénéfices, les entreprises soumises à l'impôt sur
les sociétés (I.S) sont imposées à 33,33 % .
Exemple : après avoir payé toutes les factures, salaires et TVA,
il reste un bénéfice distribuable de 100 euros. L'impôt sur
les sociétés sera de 33,33 euros. Le reste, soit 66,67 euros sera
distribué aux associés en proportion de leurs parts. Toutefois,
il peut arriver que les associés décident de ne pas prendre ces
bénéfices (en fin d'exercice), et de les laisser à la
disposition de la société. Dans ce cas, (au 1er Juin 2005)
l'imposition sur les bénéfices ne sera que de 15 % (soit plus de
50 % en moins que l'imposition « normale »).
http://www.documentationjuridique.com/choisirstatut.htm
* 276
http://www.admical.org/default.asp?contentid=166#Utilite_soc
* 277 EVRARD Yves, Le
management des entreprises artistiques et culturelles. P202.
* 278
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006069577&idArticle=LEGIARTI000006309076&dateTexte=&categorieLien=cid
* 279 Il s'agit d'une taxe
payée par les entreprises lors de l'implantation sur un territoire.
* 280 Si une
collectivité territoriale investit dans l'agence, elle
récupère un pourcentage sur les profits réalisés.
* 281 Suppression de l'avis
des ABF le 11 juin 2009, par l'Assemblée. La suppression avait
été refusée dans le premier texte par le Conseil
Constitutionnel, comme n'ayant pas de rapport avec le Plan de relance. Le 19
mai, cette motion a été réintroduite en commission avant
la deuxième lecture du Grenelle II par les députés et
acceptée.
* 282
http://www.univ-avignon.fr/fr/international/doctorat-international.html
* 283 Relations avec le CETAC
de l'université de Porto (Portugal) et le Laboratoire des ressources
patrimoniales de Tunisie de l'université de Manouba.
* 284
http://www.museefernetbranca.fr/index.html#I000000ce
* 285
http://www.beyeler.com/fondation/f/html_02stiftung/sti_fr_main01ges.htm
* 286
http://www.tinguely.ch/fr/museum/index.html
* 287
http://www.schaulager.ch/de/index.php?pfad=schaulager/entstehung
* 288
http://www.museumspass.com/
* 289
http://www.mes-collections.com/
* 290 Il est apparu que le
nom de domaine
http://www.curiosit.com
était déjà utilisé pour la visibilité
virtuelle de l'herbier de Gaston Bonnier. D'où la proposition
http://www.Agence-CuriosiT.com,
adresse qui n'existe pas et donc ne fonctionne pas.
* 291
http://www.culturespaces.com/
* 292
http://www.collectionneur-chineur.fr/
* 293
http://www.mecenat.culture.gouv.fr/
* 294 A savoir les
musées, les associations etc...
* 295 MORAND-DEVILLER
Jacqueline, In Le patrimoine architectural et l'ingénierie culturelle.
* 296 MELOT Michel, Revue de
l'Art, n° 21.
http://www.dicocitations.com/citation.php?mot=collection
* 297 CAMUS Albert, Le
mythe de Sisyphe. 1942
* 298 Malraux André, Le
musée imaginaire. P213.
* 299 ALBERTI, De
Pictura. 1435.
* 300 POMIAN Krzysztof,
Des saintes reliques à l'art moderne. P312.
* 301 HASKELL Francis, Le
musée éphémère.
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