CONCLUSION
Cette recherche s'est basée sur les avancées
économétriques récentes des tests de racine unitaire et de
cointégration, afin de vérifier l'existence d'une relation de
long terme entre la consommation d'énergie électrique et la
croissance. Empiriquement, l'application de cette théorie
nécessite la démarche suivante (Ambapour et Massamba, 2005) :
· tester l'ordre d'intégration des séries
(tests de racine unitaire) pour s'assurer qu'elles suivent une marche
aléatoire (seul domaine d'application du théorème de
représentation de Granger) ;
· tester la cointégration pour déterminer
l'existence d'une relation d'état stationnaire entre les variables ;
· estimer le modèle à correction d'erreur
qui vise à rendre compte dans une même équation d'un
écart éventuel par rapport à un équilibre de long
terme et du processus d'ajustement à court terme de cet
équilibre.
À l'issue de cette analyse économétrique,
il est apparu que les deux séries étudiées ne sont
cointégrées que pour le cas de la Côte d'Ivoire, impliquant
l'absence d'une relation de long terme entre la consommation
d'électricité par tête et le revenu par tête pour les
autres pays. Le test de causalité dans le cadre du modèle
à correction d'erreur révèle que, dans le seul cas de la
Côte d'Ivoire, la croissance économique « cause »
au sens de Granger la consommation d'énergie, ces deux variables
évoluant de manière indépendante pour les autres pays.
Ces résultats laissent présager que les pays de
l'UEMOA doivent davantage structurer le secteur de l'énergie
électrique pour qu'il puisse avoir l'apport qu'il a eu dans les pays
industrialisés. Ceci passe par de bonnes politiques de réformes
du secteur, un accès aux services énergétiques de
l'électricité pour les populations défavorisées,
mais aussi un bon système de planification, sans oublier le
développement du partenariat régional et l'achèvement des
projets d'interconnexion des réseaux électriques. Ils doivent
aussi miser sur les politiques d'économie d'énergie d'autant plus
que la crise actuelle que connait l'Union est essentiellement due à
l'insuffisance de l'offre face à une demande en pleine croissance.
L'espace UEMOA possède également des avantages relatifs pour les
énergies renouvelables. Ces dernières peuvent être d'un
grand apport et doivent en conséquence être mises à forte
contribution. Leur potentiel de développement est important,
particulièrement pour l'hydroélectricité (Kane, 2009). La
politique énergétique dans l'Union doit s'articuler autour de la
garantie de sécurité et de l'offre d'une énergie
électrique à des prix très compétitifs. Elle doit
aussi garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant
l'accès de tous à l'énergie.
L'électricité est omniprésente dans la
vague de restructuration actuellement en cours dans beaucoup de pays de
l'UEMOA. Cela montre la prise de conscience du fait qu'elle peut jouer un
rôle central dans le développement social et économique des
pays membres, ce qui n'est pas encore le cas dans la région
d'après les résultats de notre recherche. Il est donc reconnu
implicitement que l'investissement dans l'électricité et les
efforts pour rendre ce secteur plus efficace peuvent favoriser la croissance
économique.
Plus récemment, la reconnaissance du lien entre
l'énergie et le développement humain (Modi, 2004) a fait
apparaître la nécessité de cibler l'accroissement de
l'accès des populations aux services énergétiques comme
une priorité pour permettre le développement et atteindre les OMD
au niveau de la région. Cet aspect constitue le second volet de
l'engagement au niveau régional, déjà formulé dans
la convention de collaboration UEMOA-CEDEAO d'août 2005, et a abouti
à l'élaboration du Livre Blanc. La compréhension et la
capitalisation des mécanismes mis en oeuvre pour le développement
des initiatives régionales est essentielle pour assurer un appui
adéquat aux États Membres, et leur permettre de répondre
au défi de l'accroissement massif de l'accès à des
services énergétiques des populations des zones rurales ou
périurbaines.
Les résultats de cette présente recherche
devraient, cependant, être interprétés avec réserve
du moment où la consommation d'électricité
représente moins de 5 % de la consommation d'énergie totale dans
l'UEMOA. De plus, seule l'électricité fournie en réseau
est prise en compte. En outre, les difficultés d'obtention de
séries longues sur l'électricité nous ont contraint
à restreindre l'analyse empirique sur un certains nombre de pays de
l'UEMOA. Ce problème se posant, les résultats de cette recherche
exigent d'autant plus la nécessité d'une souplesse
d'interprétation.
Pour cela, dans le prolongement de cette recherche, des
approfondissements pourront être apportés sur deux
points :
D'abord une différenciation des différents
secteurs de l'économie s'impose pour pouvoir mieux appréhender la
relation de long terme et le lien de causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance et avoir une information plus
précise quant à la contribution de la consommation
d'électricité par l'industrie, les services et les ménages
au développement.
De plus, la crise énergétique actuelle montre
que les déterminants de la demande d'énergie électrique
doivent être mieux identifiés afin de comprendre la forte
croissance de la consommation d'électricité observée ces
dernières années alors qu'elle ne se reflète guère
sur le développement des pays de l'UEMOA.
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