UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP
CONFÉRENCE DES INSTITUTIONS
DE DAKAR
D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES
ÉCONOMIQUES ET DE GESTION EN
ET DE GESTION (FASEG)
AFRIQUE (CIEREA)
Mémoire pour l'obtention du Diplôme
d'Études Approfondies (DEA)
Option : Macroéconomie
Appliquée
Spécialité : Économie
Internationale
Thème :
CONSOMMATION D'ÉLECTRICITÉ ET
CROISSANCE DANS L'UEMOA : UNE ANALYSE EN TERMES DE
CAUSALITÉ
Présenté et soutenu par :
Sous la direction de
:
Idrissa Yaya DIANDY
Pr. Moustapha KASSÉ
1ère promotion
Email : idiandy@yahoo.fr
Tel : 00221 776410779
Année académique 2008-2009
SOMMAIRE
LISTE DES ABRÉVIATIONS
2
Liste des tableaux et graphiques
4
INTRODUCTION
6
Chapitre 1. Contexte économique, profil
énergétique et cadre des réformes du secteur de
l'énergie dans l'UEMOA
10
Section 1. Contexte économique
10
Section 2. Le profil énergétique de
la région : les ressources, les consommations et l'accès à
l'électricité
17
Section 3. Cadre des réformes du secteur
énergétique dans l'UEMOA
27
Chapitre 2 : Consommation d'énergie
électrique et croissance : une revue de la littérature
35
Section 1 : Revue Théorique
36
Section 2 : Eléments empiriques
42
Chapitre 3 : Analyse empirique de la
causalité entre la consommation d'énergie électrique et la
croissance
53
Section 1. Méthodologie de la recherche
54
Section 2. Estimation et interprétation des
résultats
56
Section 3. Recommandation de politiques
économiques
69
CONCLUSION
76
BIBLIOGRAPHIE
79
ANNEXES
82
TABLE DES MATIERES
92
LISTE DES ABRÉVIATIONS
AFD : Agence Française de
Développement
AIE : Agence Internationale de
l'Énergie
APE : Accords de Partenariat
Économique
ASEAN : Association des Nations de l'Asie du
Sud-Est
BAD : Banque Africaine de
Développement
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
BOAD : Banque Ouest Africaine de
Développement
CEA : Commission Economique pour l'Afrique
CEDEAO : Communauté Économique des
États de l'Afrique de l'Ouest
CIE : Compagnie Ivoirienne
d'Electricité
DSRP : Document de Stratégie pour la
croissance et la Réduction de la Pauvreté
EEEOA : Système d'Echanges d'Energie
Electrique Ouest-Africain
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FDE : Fonds de Développement de
l'Electricité
FMI : Fonds Monétaire International
IRED : Initiative Régionale pour
l'Énergie Durable
MCA : Millennium Challenge Account
MERCOSUR : Marché Commun du Sud
NAFTA : North American Free Trade Agreement
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le
Développement industriel
PEC : Politique Énergétique
Commune
PGAO : Projet de Gazoduc de l'Ouest Africain
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
SADC : Southern African development
Community
SCA : Stratégie de Croissance
Accélérée
SENELEC : Société National
d'Electricité du Sénégal
SOPIE : Société
d'Opération Ivoirienne d'Electricité
TEP : Tonne Equivalent Pétrole
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
VAR : Vecteur Auto Régressif
MESURES
1 kilowatt (kW) = 1000 watts
1 mégawatt (MW) = 1000
kilowatts
1 kilowatt/heure (kWh) = 1000
watts/heure
1 mégawatt/heure (MWh) = 1000
kilowatts/heure
1 gigawatt/heure (GWh) = 106
kilowatts/heure
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Page
Tableau 1 : Comparaison de l'UEMOA avec les
grands ensembles
économiques du
monde..........................................................
Tableau 2 : Nombre de pays ayant
respecté les critères en matière de
convergence sur la période
2000-2007........................................
Tableau 3 : Réserves et ressources
énergétiques fossile et
hydroélectrique
(2005)............................................................
Tableau 4 : Evolution de la production
totale d'électricité dans l'UEMOA...........
Tableau 5 : Niveau de consommation
d'électricité dans l'UEMOA....................
Tableau 6 : Causalité entre
consommation d'énergie et revenu :
quelques résultats
empiriques..................................................
Tableau 7 : Causalité entre
consommation d'électricité et revenu : cas
spécifiques pour l'Afrique subsaharienne........................
Tableau 8 : Résumé des
résultats des tests
économétriques..........................
|
12
14
23
24
26
44
51
67
|
Graphique 1 : Taux de croissance (en%) du
PIB par Etat membre de l'Union...
Graphique 2 : Répartition du
potentiel prouvé en hydroélectricité (en %)...........
Graphique 3 : Taux d'accès à
l'électricité au sein de l'UEMOA (en %)..............
Graphique 4 : Consommation d'énergie
et IDH (2003)..................................
Graphique 5 : Evolution du PIB et de la
consommation d'électricité.................
|
15
22
25
40
58
|
Encadré 1 : Objectifs
assignés à
l'UEMOA.................................................
Encadré 2 : Le financement de
l'EEEOA par la Banque Mondiale...................
Encadré 3 : Définition de la
notion de service énergétique.............................
|
10
31
39
|
Figure 1 : Schéma simplifié du
flux d'électricité...........................................
Figure 2 : Chaîne
énergétique.................................................................
|
17
41
|
Résumé
L'objectif de la présente recherche est d'utiliser
certains développements récents de l'économétrie
des séries temporelles non stationnaires, notamment la théorie de
la cointégration, pour explorer la liaison causale entre la croissance
économique et la consommation d'énergie électrique pour un
certains nombre de pays de l'UEMOA. En effet, les relations complexes entre ces
deux variables sont très peu étudiées en Afrique
subsaharienne, alors que l'unanimité est faite sur la
nécessité de les connaître afin de mener des politiques
énergétiques adéquates et efficaces. L'analyse s'appuie
sur les modèles à correction d'erreur, les tests de
causalité à la Granger, la modélisation VAR.
Il ressort du test de cointégration qu'il existe une
relation de long terme entre la consommation d'électricité et le
revenu en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, ces deux variables
évoluant de manière déconnectée dans les autres
pays. Ainsi pour ces derniers, la consommation d'électricité
n'est ni la cause ni l'effet de la croissance. En outre, l'analyse de la
causalité révèle que pour la Côte d'Ivoire, la
consommation d'électricité « cause à la
Granger » la croissance.
Les résultats de cette recherche suggèrent
qu'une restructuration du secteur de l'énergie est nécessaire
afin que l'électricité puisse jouer un véritable
rôle dans le développement, comme cela fut le cas dans les pays
industrialisés. En outre ce travail laisse entrevoir la
possibilité d'obtenir une croissance plus économique en
énergie et permet d'envisager des politiques d'utilisation rationnelle
de l'électricité pour faire face à court terme à la
crise de l'offre dans l'UEMOA.
INTRODUCTION
L'énergie a joué un rôle majeur dans le
développement humain et économique ainsi que dans le
bien-être de la société. Par exemple, le bois de chauffage
est utilisé depuis des siècles pour faire du feu, tandis que les
premières civilisations utilisaient déjà le vent pour
naviguer en mer. Les sociétés modernes utilisent de plus en plus
d'énergie pour l'industrie, les services, les habitations et le
transport. C'est particulièrement vrai pour le pétrole, qui est
aujourd'hui le produit le plus commercialisé1(*), mais aussi pour
l'électricité qui est indispensable dans les économies
contemporaines caractérisées par l'omniprésence des
technologies de l'information, de la communication et du digital.
L'économie des pays d'Afrique ne cessant de
croître, il est légitime de se soucier des défis
énergétiques, qui constituent un obstacle à la croissance
globale du continent, notamment la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). Même si elle est
dotée d'importantes sources d'énergies, qui restent très
souvent inexploitées, le continent est marqué par la faiblesse
de ses services énergétiques.
Par ailleurs, bien que la disponibilité de
l'énergie électrique ne constitue pas à elle seule la
panacée aux problèmes économiques et sociaux se posant en
Afrique, on pense néanmoins que l'approvisionnement régulier en
électricité soit une condition nécessaire pour le
développement économique et social du continent. Les statistiques
montrent que la consommation d'électricité est fortement
corrélée avec la richesse et un faible accès aux services
énergétiques modernes est également corrélé
avec le nombre de personnes vivant avec moins de 2 $US par jour (AIE, 2002).
Même au niveau individuel, la recherche prouve aussi que le service de
l'électricité semble être l'un des services les plus
importants pour améliorer le bien-être de l'individu pauvre (AIE,
2002). Dans cette ère du numérique, il est vraiment difficile
d'envisager le développement sans des services électriques
adéquats. Ainsi, l'électricité et d'autres sources
d'énergie moderne sont nécessaires pour le développement
économique et social (AIE, 2002).
Au moment où la consommation mondiale
d'électricité par habitant s'est sensiblement relevée au
cours des trois dernières décennies, celle de l'Afrique stagne.
La consommation d'électricité par habitant en Afrique
subsaharienne (Afrique du sud exclue) a baissé, passant de 132,6 kWh en
1980 à 112,8 kWh en 2000 (Banque mondiale, 2003). En outre, moins de 10%
de la population ont accès à l'électricité. La
consommation d'électricité est largement confinée aux
secteurs intensifs en énergie que sont l'industrie et le commerce, et
dans une moindre mesure les ménages ayant un revenu élevé.
L'acuité avec laquelle se posent les problèmes d'accès
à l'énergie électrique justifie certainement la
définition d'une politique et d'une stratégie
énergétiques tenant en compte de la forte corrélation qui
existerait entre le développement d'un pays et l'énergie qu'il
utilise, et en même temps des ressources financières
limitées des pays africains2(*).
En ce qui concerne les pays de l'UEMOA, le mouvement des
réformes du secteur de l'électricité a commencé
dans les années 1990 à la suite des programmes d'ajustement
structurel imposés par les bailleurs de fonds internationaux (FMI,
Banque mondiale). Généralement, les réformes se composent
d'une restructuration, d'une privatisation et de l'introduction de nouveaux
acteurs dans le secteur de l'électricité. Elles ont pour but
d'améliorer les performances de gestion et de lever la contrainte
financière qui empêche l'extension de l'électrification
dans les agglomérations et surtout dans les zones rurales. La Côte
d'Ivoire reste pionnière dans l'adoption des réformes dans la
zone.
Néanmoins, ces réformes n'ont pu empêcher
les pays membres de l'UEMOA d'être confrontés, depuis plusieurs
années, à une crise énergétique découlant
principalement d'une offre insuffisante en énergie électrique
face à une demande en forte croissance. Cette situation a pu être
aggravée par la conjoncture défavorable pour les pays
importateurs de pétrole, du fait de la hausse continue du prix des
hydrocarbures qui a atteint en 2008 des niveaux jamais égalés.
Afin d'éviter que des services
énergétiques adéquats ne constituent un obstacle à
l'atteinte des OMD, il est nécessaire de faire évoluer la
politique des pays de l'UEMOA dans le secteur énergétique.
L'approche qui a prévalu jusqu'ici visant l'augmentation de l'offre,
essentiellement par l'extension du réseau électrique, a
démontré ses limites.
Le temps est venu de considérer véritablement le
rôle joué par les services énergétiques modernes
pour stimuler le développement humain (PNUD, 2005), car la croissance
économique ne saurait être assurée sans connaître
réellement la nature et l'importance de l'apport de
l'électricité dans le développement. Par
conséquent, la connaissance de la direction de la causalité entre
la consommation d'électricité et la croissance économique
est d'une importance capitale si des mesures appropriées de politiques
énergétiques doivent être conçues.
En dépit de la littérature en pleine expansion
sur l'étude de la causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance économique, il y a peu de
cas qui se sont intéressés à l'Afrique (Jumbe, 2004),
à fortiori aux pays de l'UEMOA. En plus du souci de combler ce gap, nous
nous concentrons sur l'électricité en raison du rôle pivot
qu'elle a pu jouer dans les pays développés et dans le
progrès technologique.
Pour les pays de l'UEMOA, existe-t-il une relation entre la
croissance de l'activité économique et la consommation
d'énergie électrique ? Nous serions tentés de
répondre par l'affirmative à cette question, tellement cette
dernière a été déterminante dans l'essor des pays
industrialisés. L'objectif général de cette recherche est
d'analyser les relations complexes qui lient la croissance à la
consommation d'électricité.
Il s'agira de façon spécifique :
· de vérifier l'existence d'une relation de long
terme entre la consommation d'énergie électrique et la croissance
économique ;
· de déterminer la direction de la
causalité entre ces deux variables, en vue de faire des suggestions sur
la manière dont la question énergétique pourrait
être abordée à l'avenir dans l'UEMOA.
En outre, nous estimons que la question de la croissance est
plus utilement analysée si elle est placée dans un contexte plus
large et donc la prise en compte des formes d'énergie, ici la
consommation d'électricité, rendrait l'analyse de la croissance
encore plus pertinente. Le cas de l'UEMOA, une Union où les questions de
convergence et de politique économique commune sont au premier rang des
priorités, est d'autant plus intéressant que les conclusions
tirées pourraient être utiles à l'analyse de blocs
économiques régionaux de plus grande taille comme la CEDEAO.
Dans cette optique, la méthodologie utilisée
pour traiter notre thème a consisté :
· Dans un premier chapitre, à dégager le
profil énergétique de la région et à résumer
la politique énergétique de l'Union. Une présentation du
cadre macroéconomique a été faite au préalable.
Cette partie permet d'avoir une vision d'ensemble et
comparative de la situation économique de l'Union, ainsi qu'une
appréciation de la situation énergétique et par
conséquent des défis à surmonter dans le secteur de
l'énergie électrique.
· Ensuite, dans un deuxième chapitre, à
faire une revue de la littérature théorique et empirique
concernant la relation de causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance.
· Enfin, un modèle vectoriel à correction
d'erreur permettant de tester la causalité entre ces deux variables est
exposé dans un troisième et dernier chapitre.
Ce présent document est complété par une
bibliographie et des annexes constituées essentiellement d'articles et
de travaux.
CHAPITRE 1. CONTEXTE ÉCONOMIQUE, PROFIL
ÉNERGÉTIQUE ET CADRE DES RÉFORMES DU SECTEUR DE
L'ÉNERGIE DANS L'UEMOA
Dans ce chapitre, nous procéderons d'abord à une
présentation de l'UEMOA dans sa genèse et son évolution,
mais aussi en faisant une analyse du cadre macroéconomique actuel
marqué par des crises à répétition. Ensuite, dans
une deuxième section, le profil énergétique de la
région sera dégagé à travers les ressources, les
consommations et l'accès à l'énergie électrique.
Enfin, la dernière section fera référence à la
politique énergétique de l'Union, à travers notamment les
programmes et projets de l'UEMOA dans le secteur de
l'électricité.
SECTION 1. CONTEXTE ÉCONOMIQUE
1.1. PRÉSENTATION DE
L'UEMOA
Dans différentes régions du monde, plusieurs
regroupements économiques se sont constitués donnant aux
entreprises de ces zones un marché local plus large constituant une base
solide pour affronter les marchés mondiaux. Un des enjeux de la mise en
oeuvre effective de l'UEMOA est donc la création d'un socle
économique solide et intégré, permettant de mieux
réussir l'insertion de la sous-région dans l'économie
mondiale.
L'UEMOA est ainsi née le 10 janvier 1994, dans un
contexte où l'ampleur de la crise économique et l'impact
limité des politiques d'ajustement mises en oeuvre ont
révélé l'impérieuse nécessité, pour
les États membres, d'agir dans un cadre communautaire cohérent,
pour améliorer leurs performances économiques et assurer le
bien-être de leurs populations.
Encadré 1 :
Objectifs assignés à l'UEMOA
À travers le Traité de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), les États membres ont
décidé de relever ensemble les défis de la croissance
durable, du développement économique et social et de la lutte
contre la pauvreté. Pour rappel, les objectifs assignés à
l'UEMOA par le Traité du 10 janvier 1994 sont relatifs :
· Au renforcement de la compétitivité des
activités économiques et financières des États
membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et un
environnement juridique rationalisé et harmonisé ;
· À l'instauration des conditions de convergences
des performances et des politiques économiques des États membres,
par l'institution d'une procédure de surveillance
multilatérale ;
· À la création d'un Marché Commun
entre les Etats membres basé sur la libre circulation des personnes, des
biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des
personnes exerçant une activité indépendante ou
salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une
politique commerciale commune ;
· À l'institution d'une coordination des
politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et
éventuellement de politiques communes, notamment dans les domaines
ci-après : ressources humaines, aménagement du territoire,
infrastructures, transport, télécommunications, environnement,
agriculture, énergie, industries et mines ;
· À l'harmonisation des législations des
Etats membres et particulièrement le régime de fiscalité.
Source : UEMOA, ONUDI, 2002.
L'Union s'est donc fixée pour vocation, entre autres,
de consolider l'économie de ses États membres, pour leur
conférer la taille critique requise, en vue de participer, de
façon plus efficiente, à une compétition internationale de
plus en plus rude. En effet, depuis sa création, l'UEMOA
développe un processus d'intégration régionale à la
fois monétaire et économique, qui marque profondément les
économies de ses huit États membres. Déjà le
1er janvier 2000, l'union douanière est entrée en
vigueur avec la mise en place d'un Tarif Extérieur Commun qui limite le
taux de droit de douane à 20% maximum. Ainsi, l'UEMOA constitue
aujourd'hui un marché de près de 90 millions de consommateurs et
pèse environ 60 milliards de dollars US en termes de PIB3(*) (au prix courant).
Si l'UEMOA représente une avancée significative
pour les pays qui la composent (dont la taille est généralement
inférieure à 10 millions d'habitants), elle reste cependant de
taille relativement modeste par rapport aux grands pôles
régionaux. Le tableau suivant établit une comparaison de l'Union
avec quelques groupements économiques du monde.
Tableau 1 :
Comparaison de l'UEMOA avec les grands ensembles économiques du
monde
Zone d'échange
|
PIB au prix courant (en milliards de $US)
|
Nombre d'habitants (en millions)
|
Europe des 27
|
16905,620
|
493,833
|
NAFTA (Amérique du Nord)
|
16266,452
|
440,113
|
Mercosur (Amérique du Sud)
|
2013,881
|
291,836
|
ASEAN (Asie du sud-est)
|
1281,854
|
575,525
|
SADC (Afrique australe)
|
438,950
|
249,854
|
UEMOA
|
57,291
|
87,098
|
Source : FMI, World Economic Outlook
Database, Octobre 2008 ; calcul de l'auteur.
Les échanges intra-communautaires sont estimés
à 15,2% de l'ensemble des flux de commerce extérieur
cumulés des Etats de l'Union (ONUDI, UEMOA, 2002). Globalement,
l'Afrique subsaharienne représente une part négligeable du
commerce mondial (0,04%)4(*)
et doit faire face à une menace croissante de marginalisation. Par
ailleurs, les accords commerciaux préférentiels qui liaient les
pays membres de l'UEMOA à leurs partenaires privilégiés
(notamment l'Union Européenne dans le cadre des accords UE - ACP)
disparaissent progressivement avec l'application des règlements de l'OMC
et l'arrivée des nouveaux Accords de Partenariat Economique (APE). Ces
accords de l'OMC visent, à terme, une libéralisation totale des
marchés mondiaux. L'ensemble du tissu économique de l'UEMOA va
devoir faire face à ce nouvel environnement.
1.2. SITUATION
MACROÉCONOMIQUE ACTUELLE
1.2.1. Un climat économique instable
marqué par la crise financière internationale
Au début de la crise, « l'Afrique sans
réaction a minimisé les risques et n'a pris aucune initiative
d'envergure pour le long terme » (Kassé, 2008)5(*). Pourtant, l'Afrique est
très fortement concernée par la crise financière mondiale
et la réforme de l'architecture de la gouvernance mondiale pour trois
raisons : d'abord parce qu'elle est extrêmement
insérée dans la mondialisation (son économie fonctionne
par et pour l'économie mondiale), ensuite parce que ses États
constituent la principale clientèle des organisations internationales
même si leur poids et leur voix restent encore assez insignifiants et
enfin parce que les nouvelles stratégies de lutte contre la
pauvreté sont initiées par les Institutions de Bretton
Woods.6(*)
Au niveau de la balance des paiements, les économies de
l'UEMOA restent vulnérables aux chocs exogènes dus au commerce
mondial, à cause d'un nombre limité de produits de base, objet de
l'échange. Cette vulnérabilité s'explique par le
déficit structurel de la balance des paiements courants de l'Union de
tous les États membres, à l'exception de la Côte d'Ivoire
sur la période 1997 - 2008.
Pour les pays de l'UEMOA, l'année 2008 est
caractérisée par une aggravation du déficit global des
finances publiques, en rapport avec une progression importante des
dépenses due à l'accroissement des dépenses de transferts
et subventions, des dépenses de fonctionnement et de la masse salariale.
L'analyse de l'impact de la crise financière internationale sur les
critères de convergence montre que ces critères n'ont pas
été respectés en 2008, notamment le critère relatif
au taux d'inflation, avec une situation qui se détériore par
rapport à la période 2000-2007.
Tableau 2 : Nombre de pays
ayant respecté les critères en matière de convergence sur
la période 2000-2007.
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Solde Budgétaire de base / PIB
|
2
|
4
|
4
|
3
|
4
|
3
|
3
|
5
|
Inflation
|
6
|
1
|
4
|
6
|
8
|
1
|
7
|
6
|
Taux d'endettement
|
2
|
2
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5
|
5
|
Non Accumulation d'arriérés
|
4
|
4
|
5
|
5
|
5
|
4
|
4
|
5
|
Masse salariale / Recettes fiscales
|
3
|
3
|
3
|
4
|
4
|
3
|
5
|
4
|
Investissement sres.pr / Recettes fiscales
|
2
|
4
|
3
|
5
|
4
|
4
|
4
|
4
|
Solde compte courant (hors dons)
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Taux de pression fiscale
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Source : UEMOA, Impacts de la
Crise Financière Internationale sur les Economies de l'UEMOA, Janvier
2009.
D'abord, il faut retenir que l'analyse des résultats de
convergence de l'Union et des États membres sur la période de
2000 à 2007 n'est pas reluisante. Cette analyse met en exergue la
vulnérabilité des différentes économies nationales
par rapport aux chocs exogènes, tels que les aléas climatiques,
les fluctuations (à la baisse) des cours mondiaux des matières
premières exportées par l'Union et le renchérissement
continu des prix des produits pétroliers et de l'énergie
électrique. Par conséquent, la situation de convergence d'avant
les crises de l'année 2008 montre que l'insuffisance du rythme de
convergence a été telle qu'aucun État membre de l'Union
n'a respecté de manière durable les quatre critères de
premier rang. L'annexe 3 indique le nombre de critères respectés
par chaque pays entre 2000 et 2007. Seuls des États comme le
Bénin, le Mali et le Sénégal ont fait des efforts dans le
respect d'un nombre élevé de critères de convergence. Le
Niger, quant à lui, a progressé ces deux dernières
années.
Ainsi, la conjonction des effets de la crise financière
avec les chocs sévères des prix des produits alimentaires,
énergétiques et d'autres matières premières, a
négativement influencé la situation économique de
l'Union.
1.2.2. Une activité économique peu
performante : croissance décevante et recrudescence de
l'inflation
L'activité économique s'est relativement
contractée, dans l'ensemble, par rapport aux prévisions.
Cependant, en 2008, l'Union enregistre un taux de croissance de 3,9% contre
3,3% en 2007. Cette accélération serait le fait de la hausse de
la croissance dans pratiquement tous les États membres.
L'amélioration observée concerne particulièrement le
secteur primaire qui aurait bénéficié de meilleures
conditions climatiques. Par pays, le taux de croissance se présente
comme suit : Bénin (5,3%), Burkina (4,5%), Côte d'Ivoire (2,9%),
Guinée-Bissau (3,1%), Mali (4,7%), Niger (5,9%), Sénégal
(3,9%), Togo (0,8%)7(*).
Graphique 1:
Taux de croissance (en%) du PIB par Etat membre de l'Union
Source : UEMOA, Rapport annuel
2008 de la Commission
Pour l'année 2009, les perspectives indiquent un taux
de croissance de 4,7%, sous l'hypothèse de conditions climatiques
favorables, l'apaisement des tensions socio politiques grâce à la
poursuite de la mise en oeuvre satisfaisante du processus de paix en Côte
d'Ivoire, et à la poursuite des travaux de construction
d'infrastructures. Toutefois, la réalisation de cet objectif pourrait
être compromise par la forte récession attendue dans les pays de
l'OCDE. Dans la plupart des Etats membres, un taux de croissance plus
élevé est attendu en 2009. Par pays, le taux de croissance
économique se présenterait comme suit : Bénin (6,1%),
Burkina Faso (5,5%), Côte d'Ivoire (4,3%), Guinée-Bissau (3,2%),
Mali (5,1%), Niger (4,5%), Sénégal (5,2%), Togo (3,3%). Cette
croissance est réalisée dans un contexte de fortes tensions
inflationnistes, dues à la crise alimentaire, à la crise
énergétique et aux mauvais résultats de la campagne
agricole 2007/2008. Pour l'année 2008, le taux d'inflation annuel moyen
se fixe à 7,6% contre 2,4% en 2007. Ces résultats ont
été obtenus en dépit des nombreuses mesures prises par les
Gouvernements des États membres pour atténuer l'impact de la
hausse des prix des produits alimentaires. Ces mesures concernent
essentiellement la suspension de la perception des droits de douane et de la
TVA sur les produits de grande consommation ainsi que la mise à la
disposition des couches vulnérables, des céréales à
des prix sociaux. Par pays, le taux d'inflation annuel moyen se présente
comme suit : Bénin (8,1%), Burkina Faso (10,8%), Côte d'Ivoire
(6,5%), Guinée-Bissau (10,6%), Mali (9,6%), Niger (11,1%),
Sénégal (6,3%), Togo (8,4%) (UEMOA, 2008).
En 2009, il sera nécessaire de mettre en oeuvre les
mesures communautaires identifiées lors du Conseil des Ministres de
l'Union (2009). Elles ont trait notamment à la mutualisation des achats
d'intrants agricoles de qualité au niveau de l'Union, la mise en place
d'entreprises d'aménagement de périmètres irrigués,
le respect de la libre circulation des personnes et des biens, la mise en place
d'une législation foncière appropriée et harmonisée
au sein de l'Union et le renforcement des capacités administratives des
États membres en matière de gestion des projets agricoles.
Il faudra aussi s'attaquer au problème relatif à
l'accès aux énergies modernes et plus particulièrement
à la crise de l'énergie électrique qui continue de grever
la performance des entreprises de la sous-région.
SECTION 2. LE PROFIL ÉNERGÉTIQUE DE LA
RÉGION : LES RESSOURCES, LES CONSOMMATIONS ET L'ACCÈS À
L'ÉLECTRICITÉ
La production, le commerce et la consommation sont les
principaux éléments nécessaires pour avoir une vue
d'ensemble du flux de l'électricité dans un pays. La figure 1
représente le flux de l'électricité depuis sa production
jusqu'à sa consommation. Les centrales produisent de
l'électricité et la quantité totale
d'électricité produite est appelée « production brute
d'électricité ». Les centrales consomment une partie de
l'électricité pour leur usage propre. La production nette
d'électricité est obtenue en déduisant cette
quantité de la production brute.
Figure 1 : Schéma
simplifié du flux d'électricité
Source : AIE (2005), Manuel sur
les statistiques de l'énergie, Paris.
Cette production nette est distribuée aux consommateurs
finaux via les réseaux de transport et de distribution nationaux.
L'électricité peut aussi être exportée vers un autre
pays via les interconnexions des réseaux si elle est
excédentaire, ou importée en cas de pénurie.
2.1. FORMATION DES INDUSTRIES DE
RÉSEAUX ÉLECTRIQUE ET RÉFORMES DU SECTEUR DE
L'ÉLECTRICITÉ DANS L'UEMOA
2.1.1. Les monopoles publics des industries de
réseaux électriques (1960-1990)
L'organisation en monopole public verticalement
intégré des industries de réseaux électriques a
été la première option des pays de l'UEMOA (Kane,
2009)8(*). À la fin
des années 60, tous les pays avaient opté pour cette architecture
dont les principes de base sont :
· Confier à un seul opérateur la gestion du
secteur de l'électricité ;
· Regrouper à l'intérieur d'une même
entreprise les trois segments de l'activité électrique
(production, transport, distribution) ;
· Soumettre cet ensemble au contrôle de la
puissance publique.
Dans ses analyses de la performance des industries
électriques de quelques pays de l'UEMOA, Girod (1992) estime qu'au plan
technologique, aucune tendance régulière et significative
n'apparaît en ce qui concerne la consommation de combustibles par kWh
produit. À l'exception du Burkina, les techniciens de l'énergie
montrent que l'indicateur du rendement de la production électrique, qui
est approximé par les pertes entre la production et la vente, s'est
progressivement affaibli durant les années 80 dans tous les pays de
l'UEMOA. L'évolution de la productivité a connu une croissance
rapide en Côte d'Ivoire, passant de 461 MWh en 1980 à 518 MWh en
1990, entraînant une augmentation des ventes qui passent de 1522 à
1940 MWh (Kane, 2009).
En termes d'efficacité économique, les
compagnies électriques de l'UEMOA ont connu un développement
considérable entre 1970 et 1980. Durant cette période, les
capacités de production électrique ont été
doublées au Sénégal et même triplées en
Côte d'Ivoire. Les décennies 70 et 80 ont permis aux pays de
l'UEMOA d'intensifier le processus d'électrification qui passe de 13%
(1970) à 32% (1980) en Côte d'Ivoire et un accroissement de 25% au
Sénégal (Kane, 2009).
Cependant, à partir des années 80, on assiste
à une dégradation des indicateurs d'efficacité
économique et technique du secteur électrique dans presque tous
les pays de l'UEMOA. La capacité totale d'installation du Burkina Faso,
de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal s'accroît
seulement de 241 MWh contre plus de 800 MWh entre 1970 et 1980. La production
d'électricité quant à elle passe de 2559 GWh en 1980
à 3623 GWh en 1990, soit un taux annuel moyen de 3,5% (Kane, 2009). Les
ventes, connaissent aussi une chute considérable au
Sénégal et en Côte d'Ivoire.
Aussi, l'efficacité des monopoles publics verticalement
intégrés est remise en cause à la fin des années 90
avec l'application d'une série de réformes.
2.1.2. Réformes du secteur de
l'électricité dans les pays de l'UEMOA
Dans les années 90, les pays de l'UEMOA ont
procédé à d'importantes réformes dans l'ensemble
des infrastructures dont le secteur de l'électricité. C'est le
cas de certains pays comme la Côte d'ivoire, le Sénégal et
le Mali qui ont entrepris un processus de privatisation. Même si des
échecs ont été enregistrés, la Côte d'Ivoire
peut servir d'exemple (voir annexe 2).
La Côte d'Ivoire : la privatisation de
référence9(*)
La Côte d'Ivoire a été le premier
État africain à se lancer dans une procédure de
privatisation dans le secteur de l'électricité. La
restructuration en Côte d'ivoire s'est faite pendant la première
phase, dans les années 90, par un contrat de concession entre
l'État et la CIE, pour une durée de quinze ans. Cette concession
concernait un contrat d'affermage (le service public de production, de
transport, de distribution et de commercialisation, ainsi que les
activités d'importation et d'exportation de
l'électricité). Cette restructuration a permis l'installation de
deux entités (CIPREL et AZITO), ce qui nécessitait la
création d'un organe de régulation.
Suite aux résultats d'exploitation jugés non
satisfaisants dans le secteur de l'électricité, un nouveau cadre
institutionnel a été mise en place composé de trois
opérateurs que sont :
· La Compagnie Ivoirienne d'Electricité (CIE)
· L'Énergie Electrique de Côte d'Ivoire
(EECI)
· Le Bureau National d'Étude Technique et de
Développement (BNETD)
En 1998, intervient une deuxième restructuration
poursuivant le même objectif, notamment celui d'améliorer la
rentabilité du secteur. La réforme de 1998 permet la
création de structures nouvelles, notamment :
· L'Autorité Nationale de Régulation du
secteur de l'Electricité (ANARE), organe de régulation du secteur
de l'électricité ;
· La Société d'Opération Ivoirienne
d'Electricité (SOPIE), chargée de la maîtrise d'oeuvre des
travaux revenant à l'Etat, en tant qu'autorité concédante
et du développement du secteur ;
· La Société de Gestion du Patrimoine de
l'Électricité (SOGEPE) chargée de la gestion du patrimoine
et des flux financiers du secteur de l'électricité.
Face à ces structures, l'État conserve donc la
propriété des infrastructures, assure la mission de
développement, ainsi que le renouvellement en ce qui concerne les
travaux majeurs. Mais cette réforme a également connu quelques
dysfonctionnements. Cela a conduit les autorités à
procéder à une autre restructuration, qui a permis une diminution
du nombre d'intervenants et la redéfinition de leurs rôles. C'est
notamment le cas du principe de séparation de pouvoirs entre les
fonctions de régulation et de gestion du service public de
l'électricité.
Le cas du Sénégal10(*)
La période des années 90 marque le processus de
restructuration complète du secteur de l'énergie au
Sénégal, grâce à la mise en vigueur de lois visant
la refonte du cadre juridique et réglementaire, qui régit les
sous-secteurs des combustibles domestiques, des hydrocarbures et celui de
l'électricité. Cette période se caractérise par la
promulgation de plusieurs lois relatives à la réforme du secteur
électrique. La première expérience de privatisation de la
Société d'électricité du Sénégal
(SENELEC) a été mise en oeuvre en 1999. Au bout de 18 mois cette
expérience s'est traduite par une rupture du contrat entre le Partenaire
Stratégique et l'État, ce dernier jugeant que les objectifs
visés n'ont pas été atteints.
À la suite de la rupture de ce premier partenariat, un
second processus lancé en 2001, s'est avéré infructueux
par le gouvernement en juillet 2002. Le gouvernement sénégalais a
réitéré son intérêt pour une
libéralisation, et une implication accrue du privé dans le
secteur de l'électricité. Cette seconde privatisation
fondée sur le régime de la concession, a également conduit
à une modification des dispositions réglementaires.
En somme, ces réformes ont contribué d'une part
à introduire la participation du secteur privé, et d'autre part,
à réduire dans une certaine mesure le rôle de l'État
dans la gestion des entreprises, et par conséquent, le contrôle
qu'il est en mesure d'exercer sur l'économie. Il apparaît de plus
en plus évident que cet objectif ne peut être atteint que par une
redéfinition fondamentale du rôle des intervenants. Cela passe
nécessairement par l'élaboration d'un bilan des réformes.
2.2. UN POTENTIEL
ÉNERGÉTIQUE IMPORTANT ET INÉGALEMENT RÉPARTI
Les États de l'Afrique de l'Ouest sont bien
dotés en ressources énergétiques, avec notamment :
a. Un potentiel hydroélectrique
(concentré dans cinq pays) estimé à 25 000 MW et qui n'est
exploité qu'à hauteur de 16% (Kouo, 2005).
En ce qui concerne les pays de l'UEMOA, le Mali et la
Côte d'Ivoire sont relativement mieux dotés en
hydroélectricité avec respectivement 34% et 28% des
réserves prouvées d'hydroélectricités, suivis du
Burkina Faso (15%), du Niger (6%), du Sénégal et du Bénin
(5%), du Togo (4%) et enfin de la Guinée Bissau (environ 1%).
Graphique 2 :
Répartition du potentiel prouvé en
hydroélectricité.
Source : UEMOA, CEDEAO, 2006.
b. En matière d'énergies
fossiles, le Nigeria concentre plus de 98% des réserves prouvées
de pétrole brut, de gaz naturel et de charbon, soit 30% des
réserves prouvées africaines en pétrole brut (3 017
millions de tonnes) et 31% des réserves prouvées africaines de
gaz naturel (3 581 milliards de m3) (Kouo, 2005).
c. La biomasse constitue l'une des
principales ressources énergétiques. Elle est principalement
concentrée dans la partie tropicale humide au sud de la région,
et les quantités disponibles varient d'un pays à l'autre en
fonction de la climatologie. La superficie des forêts en Afrique de
l'Ouest a été estimée, en 2000, à environ
6.9822.000 Ha (UEMOA, CEDEAO, 2006). Selon des évaluations
récentes, le potentiel forestier serait encore suffisant dans beaucoup
de pays pour couvrir la demande globale en combustible (bien que des
disparités internes existent entre des zones).
d. L'énergie éolienne, avec des
vitesses de vent honorables le long des côtes ou dans les zones
désertiques, peut constituer une solution attractive du fait des
coûts d'investissements qui ont significativement diminué au cours
des dernières années pour atteindre des niveaux quasiment
équivalents à ceux des grandes unités thermiques (de
l'ordre de 1000 $ / kW, dépendant des conditions locales).
e. En termes bruts, l'ensoleillement moyen en
Afrique de l'Ouest représente un potentiel d'environ 5 à 6
kWh/m2/jour, contre seulement 3 kWh/m2/jour en zone
tempérée européenne. L'importance de l'ensoleillement et
la perspective réelle mais lente de réduction des coûts de
la technologie photovoltaïque ont conduit à prévoir une
contribution très significative de l'énergie solaire pour
l'accès des populations rurales à un service électrique de
base - mais qui s'est avérée surestimée.
Tableau 3 :
Réserves et ressources énergétiques fossile et
hydroélectrique (2005)
|
Potentiel prouvé
hydroélectricité (MW)
|
Réserves prouvées de pétrole brut
(millions tonnes)
|
Réserves prouvées de gaz
naturel (millions m3)
|
Réserves prouvées
de charbon
(millions tonnes)
|
Benin
|
300
|
21
|
2800
|
0
|
Burkina Faso
|
900
|
0
|
0
|
0
|
Côte d'Ivoire
|
1650
|
13
|
20000
|
0
|
Guinée Bissau
|
60
|
nd
|
0
|
0
|
Mali
|
2000
|
nd
|
0
|
nd
|
Niger
|
400
|
0
|
0
|
70
|
Sénégal
|
300
|
10
|
500
|
15
|
Togo
|
250
|
0
|
0
|
nd
|
Source : UEMOA, 2006.
L'industrie électrique est un maillon du système
énergétique. De ce fait, les dotations d'un pays ou d'une
région en combustible fossiles influencent le choix de la filière
énergétique, mais aussi le développement de
l'activité électrique. On distingue traditionnellement plusieurs
filières énergétiques, mais la
thermoélectricité et l'hydroélectricité sont les
principales sources dans l'UEMOA. La plupart des pays ont enregistré une
tendance à la hausse de leur production d'électricité
d'origine thermique, mais avec une forte pente pour la Côte d'Ivoire.
Tableau 4 :
Évolution de la production totale d'électricité dans
l'UEMOA (GWh) de 1998 à 2005.
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Bénin
|
79
|
72
|
84
|
66
|
63
|
80
|
81
|
82
|
Burkina
|
364,6
|
386,42
|
416,85
|
391,9
|
391,68
|
471,55
|
500,25
|
568,09
|
Côte d'Ivoire
|
4022
|
4817
|
4800
|
4885
|
5294
|
5087
|
5403
|
5738,63
|
Guinée-Bissau
|
53
|
55
|
60,19
|
62,26
|
62,26
|
63,83
|
65,76
|
68,15
|
Mali
|
463,1
|
460,1
|
699,85
|
746
|
854
|
940,76
|
1084,45
|
1231,45
|
Niger
|
190,4
|
175,39
|
204,75
|
179,8
|
190,56
|
187,66
|
190,66
|
188,66
|
Sénégal
|
1546
|
1596
|
1669
|
1904
|
2046
|
2155
|
2351
|
2614,76
|
Togo
|
301
|
312
|
275
|
167
|
234
|
291
|
262
|
266,44
|
UEMOA
|
7019
|
7873,9
|
8209,64
|
8409
|
9135,5
|
9276,8
|
9938,12
|
10758,2
|
Source : Kane, C. S. (2009) :
« Réformes structurelles des réseaux
électriques et analyse de l'intensité énergétique
du produit intérieur brut dans l'UEMOA », Thèse
d'Etat.
2.3. DES NIVEAUX DE
CONSOMMATION D'ÉLECTRICITÉ PARMI LES PLUS FAIBLES DE LA
PLANÈTE
La consommation d'électricité est
influencée par la structure de l'économie. Au niveau de l'UEMOA,
la demande industrielle détermine essentiellement la consommation finale
d'électricité. Par ailleurs, l'accès à
l'électricité reste insuffisant, tel que le montre le graphique
suivant.
Graphique 3: Taux
d'accès à l'électricité au sein de l'UEMOA (en
%)
Source : UEMOA, 2006.
À la lecture de ce graphique, trois pays sur les huit
ont un taux d'accès global au service de l'électricité
compris entre 20 et 50% : le Bénin, le Sénégal, et la
Côte d'Ivoire. L'écart d'accès aux services de
l'électricité entre régions urbaines de 40% en moyenne et
de 6 à 8% en zones rurales est très important. Cette
inégalité en termes d'offre se double d'une
inégalité en matière tarifaire. Dans les zones urbaines,
le faible niveau du tarif résidentiel est lié soit aux
subventions publiques, soit à la production, pour compenser le
différentiel de coût de production thermique
d'électricité par rapport à
l'hydroélectricité, soit dans le cadre des grilles tarifaires
concernant une certaine couche sociale subventionnée par l'État.
Mais il est alors fréquent que la distinction ne soit guère
praticable entre les usagers résidentiels, les services et les
administrations. Il n'en est pas de même en zone rurale où les
opérateurs de réseaux locaux, souvent entrepreneurs locaux,
opèrent selon des tarifs directement ordonnés à la
réalité des coûts supportés par la petite production
thermique.
Ces données viennent de nouveau corroborer la
corrélation entre niveau de développement humain (IDH) et
consommation énergétique, comme le montre le tableau ci-dessous.
Les niveaux de consommation des populations de l'UEMOA sont le reflet de la
situation de pauvreté énergétique qui caractérise
en particulier les zones rurales et périurbaines.
Tableau 5 :
Niveau de consommation d'électricité dans l'UEMOA
|
% population urbaine
|
Accès des
foyer à
l'électricité
|
Conso.
d'électricité/
pop.
(kWh
/hab)
|
Conso.
d'énergie
finale par
hab.
kgep/hab
|
Intensité
énergétique
du PIB
kgep/$95
|
IDH
|
Bénin
|
46
|
22%
|
45
|
228
|
0,761
|
0,421
|
Burkina Faso
|
19
|
5%
|
36
|
234
|
0,8
|
0,302
|
Côte d'Ivoire
|
46
|
39%
|
157
|
227
|
0,512
|
0,399
|
Guinée Bissau
|
36
|
5%
|
74
|
147
|
1,067
|
0,350
|
Mali
|
34
|
8%
|
57
|
160
|
0,583
|
0,326
|
Niger
|
23
|
8%
|
26
|
63
|
0,392
|
0,292
|
Sénégal
|
55
|
32%
|
125
|
210
|
0,498
|
0,437
|
Togo
|
36
|
12%
|
208
|
160
|
1,020
|
0,495
|
OCDE
|
|
|
|
3224
|
0,19
|
0,911
|
USA
|
|
|
|
5418
|
0,25
|
0,939
|
Monde
|
|
|
|
1145
|
0,29
|
0,729
|
Source : UEMOA, 2006.
En outre, la situation énergétique des
États membres de l'Union, hormis quelques spécificités, se
caractérise par un certain nombre de facteurs limitant. Le bilan
énergétique est dominé par l'utilisation massive de la
biomasse11(*) (bois de
feu, charbon de bois et déchets végétaux) à environ
80 %, accentuant ainsi le phénomène de déforestation. La
forte dépendance vis-à-vis des approvisionnements en hydrocarbure
constitue un lourd fardeau pour les économies de l'Union.
La part de l'électricité dans le bilan
énergétique de l'Union est restée relativement faible
(environ 5%). Ainsi, l'accès à l'électricité reste
très limité, le taux d'électrification de l'ensemble de
l'Union se situant autour de 17% (UEMOA, CEDEAO, 2006). Ce taux cache un
important déséquilibre non seulement entre les pays, mais
également entre les milieux urbains et ruraux. Les coûts des
produits pétroliers et de l'électricité restent
très élevés pour l'activité économique et
pour une population à dominante rurale et pauvre. L'utilisation des
énergies renouvelables demeure faible (moins de 0,1% dans le bilan
énergétique de l'Union) malgré l'importance du potentiel
de l'espace régional. En outre, il est noté d'une part, une
absence quasi totale de planification énergétique et d'autre
part, une coopération sous régionale encore insuffisante
malgré l'existence de quelques lignes d'interconnexion électrique
entre certains pays de la région.
SECTION 3. CADRE DES RÉFORMES DU SECTEUR
ÉNERGÉTIQUE DANS L'UEMOA
3.1. CONDUITE DE LA POLIQUE
ÉNERGÉTIQUE DANS L'UNION
Les contextes économiques et financiers des pays de
l'UEMOA sont marqués par la pauvreté et il est aujourd'hui clair
que les OMD ne pourront pas être atteints à l'horizon 2015 sans un
accès durable aux services énergétiques modernes (UEMOA,
CEDEAO, 2006). L'analyse des problématiques régionales et du
potentiel en ressources naturelles de la région démontrent la
nécessité d'une action collective et d'une coopération
régionale efficace et créative pour réussir le défi
du changement d'échelle qui s'annonce et augmenter significativement
l'accès aux services énergétiques modernes
(l'électricité notamment) dans les Etats Membres.
3.1.1. La Politique Energétique Commune
(PEC)
Adoptée en 2001, la PEC s'inscrit dans la
continuité des mandats que l'UEMOA exerçait avant les
réformes sectorielles nationales qui ont modifié les relations
entre les opérateurs énergétiques et les pouvoirs publics.
La PEC porte sur :
· la mise en place d'un système de planification
énergétique intégré,
· la promotion des Energies Renouvelables,
· l'accélération de l'interconnexion des
réseaux électriques en collaboration et sous l'égide de la
CEDEAO.
3.1.2. La Politique Régionale (UEMOA,
CEDEAO)
Les États Membres ont décidé de
s'engager, en 2005, dans une politique régionale ambitieuse pour
accroître l'accès aux services énergétiques
modernes, et se fixent pour objectif, à l'horizon 2015, de permettre au
moins à la moitié de la population d'avoir accès à
l'électricité. Cela correspond à 36 millions de foyers
supplémentaires et plus de 49 000 localités
supplémentaires ayant un accès à des services
énergétiques modernes (UEMOA, CEDEAO, 2006). Ce qui
représente une multiplication par quatre par rapport au nombre de
personnes desservies en 2005. Dans cette lancée, Le Livre
Blanc12(*) a
été conçu et est avant tout l'affirmation de la
volonté des États de l'Afrique de l'Ouest de coordonner leurs
efforts autour d'une politique énergétique commune ambitieuse.
L'objectif en dix ans, est de multiplier par quatre l'accès aux services
énergétiques modernes en zones rurales et périurbaines.
3.1.3. Stratégie de résolution durable
de la crise de l'énergie électrique dans les Etats membres de
l'UEMOA
À l'occasion de sa 12ème session
ordinaire tenue à Ouagadougou, le 17 janvier 2008, la Conférence
des Chefs d'État et de Gouvernement a décidé la mise en
place d'une commission chargée de proposer, entre autres, des solutions
définitives aux questions liées à la crise de
l'énergie. Dans le cadre des travaux de cette commission, une
étude sur la résolution de la crise de l'énergie
électrique dans les Etats membres a été
réalisée.
La stratégie proposée repose sur
l'amélioration conséquente de l'offre d'électricité
avec, notamment, un recours accru aux énergies renouvelables, la
promotion des économies d'énergie et la mise en place d'un
mécanisme de financement du secteur, efficace et pérenne. Elle
met aussi l'accent sur la restructuration des sociétés
d'électricité, en vue d'en accroître les performances.
L'ensemble de la stratégie se décline en une Initiative
Régionale pour l'Énergie Durable (IRED).
L'IRED s'appuie sur une vision à long terme, qui se
décline en trois objectifs stratégiques prioritaires :
· faire passer le taux d'électrification dans
l'UEMOA de 17% en 2007, à 80% en 2020 et 100% en 2030 (accès
universel au service de l'électricité) ;
· réduire le prix moyen de
l'électricité dans l'espace UEMOA à 30 F CFA le kWh,
à l'horizon 2030 ;
· accroître la proportion d'énergies
renouvelables et durables (hydroélectricité, solaire,
éolien) dans le parc de production de 36% en 2007, à 82% en
2030.
3.2. LES INITIATIVES DANS LE
SOUS SECTEUR DE L'ÉLECTRICITÉ
Au niveau national, les années 90 voient la mise en
oeuvre de réformes qui ont la particularité d'être (mono)
sectorielles, puisqu'elles ne concernent que le seul secteur de
l'énergie, sans réellement se préoccuper des effets
directs sur les autres secteurs, comme il ressort de l'examen des DSRP des
États.
Dans le sous secteur de l'électricité, les
réformes concernent la modification de la réglementation en
vigueur (lois et codes) et le changement des modes et des formes de
propriété des entreprises (privatisation) pour assurer la
viabilité financière du sous secteur. Le secteur qui était
jusqu'alors exclusivement ou majoritairement à capitaux publics s'ouvre
aux opérateurs privés dans une démarche de partenariat
public - privé. Au-delà de la spécificité de chacun
des États membres, la segmentation du marché entre les secteurs
urbains et les zones rurales aboutit à la création d'agences
spécifiquement dédiées au développement de
l'électrification rurale.
Historiquement, au plan régional, la priorité a
été donnée à l'impact de l'énergie sur la
croissance économique, au travers d'une recherche systématique de
réduction des coûts de la fourniture d'énergie. Cette
approche a permis des réalisations comme le Projet de Gazoduc de
l'Afrique de l'Ouest (PGAO), ou le système d'Échanges
d'Énergie Électrique Ouest-Africain (EEEOA) basées sur des
regroupements régionaux tels que l'Organisation de Mise en Valeur du
Fleuve Sénégal (OMVS), l'Organisation de Mise en Valeur du Fleuve
Gambie (OMVG), ou encore l'ABN (Aménagement du Bassin du Niger)13(*). Les politiques
d'intégration régionale, avec le développement de grandes
infrastructures d'interconnexion énergétiques, constituent la
trame de la stratégie de développement énergétique
mise en oeuvre à partir des années 1990.
3.2.1. Le Système d'Echanges d'Energie
Electrique Ouest Africain (EEEOA)
Le Système d'Échanges d'Énergie
Électrique Ouest-Africain (l'EEEOA) a été adopté en
décembre 1999 en vue d'intégrer les opérations des
systèmes électriques nationaux dans un marché
régional d'électricité unifié. L'EEEOA mise sur le
développement des moyens de production d'énergie et
d'interconnexion des réseaux électriques, avec l'objectif
affiché de multiplier par quatre la capacité d'interconnexion
entre les pays de l'Afrique de l'Ouest sur la période 2005-2020.
Il s'inscrit donc dans un cadre plus large (CEDEAO). Son
ultime objectif est d'assurer, à moyen et à court terme, de
l'énergie électrique stable, fiable et abordable. Ce qui servira
de tremplin facilitant ainsi le développement équilibré
des diverses ressources énergétiques en Afrique de l'Ouest,
à travers une coopération durable dans le secteur
énergétique, une fourniture ininterrompue de l'énergie
électrique et l'accroissement des échanges transfrontaliers
d'énergie électrique.
Encadré 2 : Le financement de l'EEEOA par
la Banque Mondiale
D'un montant de 350 millions US$, la facilité est
divisée en trois tranches de 100US$, 125 et 125 millions, avec pour
objectif de fournir un financement souple aux compagnies
d'électricité membres de l'EEEOA pour la réalisation des
infrastructures de production, de transport et de rénovation/
construction de centres de conduite identifiés comme critiques sur la
période 2005-2011. Le principe en est que, pour 1/3 de financement
acquis dans le cadre du programme «pays», un financement
complémentaire de 2/3 du projet peut provenir de l'enveloppe
régionale si ce projet a un caractère d'intégration
régionale.
Le critère d'éligibilité d'un pays est la
ratification du Protocole sur l'Energie de la CEDEAO. Négocié en
janvier 2003, ce Protocole sur l'Energie formalise le cadre juridique de la
garantie offerte aux investissements directs étrangers dans le secteur.
Pris individuellement, les États Membres n'auraient probablement pas
réussi à mobiliser un tel budget pour les interconnexions.
Source : UEMOA, CEDEAO, 2006
L'EEEOA porte sur la réalisation de l'interconnexion de
réseaux électriques nationaux sur une longueur d'environ 5 600 km
dans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest (Nigeria, Bénin, Togo,
Ghana, Côte d'Ivoire, Niger, Burkina Faso et Mali). Au total, les
investissements à réaliser sur l'ensemble des infrastructures de
production et de lignes d'interconnexion envisagées
s'élèvent environ à 11,8 milliards de dollars US sur une
période de 19 ans. Ces infrastructures permettraient de doter la
région d'une capacité installée d'environ 17 000 MW,
correspondant à la capacité nécessaire pour satisfaire la
demande estimée d'ici à l'an 2023. (CEDEAO, 2005).
3.2.2. Projet du gazoduc de l'Afrique de l'Ouest
(PGAO)
Véritable exemple d'intégration régionale
ouest africaine, le Projet de Gazoduc Ouest Africain a été
effectivement lancé en 1995 par les gouvernements du Bénin, du
Ghana, du Nigeria et du Togo. Le PGAO utilise quelques 18 milliards de
m3 de gaz naturel du Nigeria qui sont actuellement
brûlés en torchère. Il constitue l'outil
complémentaire de la stratégie régionale de
développement des ressources hydroélectriques de l'EEEOA. Le
gazoduc, long de 678 km, d'un coût estimé de 617 millions de $US
va pouvoir alimenter des centrales thermiques au Bénin, au Ghana et au
Togo. Il permettra également de disposer d'une capacité de 3 000
MW au bout de 20 ans.
Le PGAO a effectué ses premières livraisons de
gaz naturel au Ghana en décembre 2008. Au cours des 10 dernières
années, le Ghana s'est battu pour satisfaire la demande en
matière d'énergie électrique fiable et accessible, dont le
taux de croissance annuelle se situe autour de 8%. Le Bénin et le Togo
tiraient déjà une partie de leur consommation en énergie
électrique du Ghana, qui disposait de capacités
excédentaires grâce au barrage d'Akosombo érigé sur
la Volta. L'Autorité du Fleuve Volta (VRA), qui produit la
quasi-totalité de l'énergie électrique du Ghana, et en
fournit à quelques pays voisins dans la sous-région, sera
responsable du transport d'environ 90% du gaz initialement importé du
Nigeria, tandis que les compagnies électriques au Bénin et au
Togo auront une part de capital de 5% chacune.
Le Projet Gazoduc Afrique de l'Ouest est très important
dans l'effort d'accélérer l'intégration économique
en Afrique de l'Ouest. Il constitue une grande avancée dans
l'harmonisation des cadres institutionnel, juridique et réglementaire
régionaux.
3.2.3. Des Projets de Réseau Electrique de
l'OMVS (Projets de 2ème Génération)
Le fleuve Sénégal et ses affluents comportent,
dans la partie de leurs cours située dans le Haut-Bassin, un certain
nombre de chutes, rapides et bassins d'accumulation. À cet égard,
il a été identifié près d'une dizaine de sites de
barrages présentant un potentiel hydroélectrique
évalué à plus de 4 000 GWh/an. Avec des objectifs
multiples - irrigation, production d'électricité -, l'OMVS
(Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal) est un exemple
de coopération régionale et regroupe trois pays : le Mali,
la Mauritanie et le Sénégal.
Le volet énergie comprend :
· la construction au pied du barrage de Manantali d'une
centrale hydroélectrique d'un productible de 800 GWh / an, garantie 9
ans sur 10. Elle est effectivement fonctionnelle depuis 2001 et se
caractérise par 5 groupes de 40 MW chacun, donc une puissance
installée de 200 MW. Cette production est rendue possible grâce
à une retenue pouvant stocker environ 11milliards de m3. Le
barrage de Manantali constitue le premier maillon de ce complexe de production
hydroélectrique ;
· le transport de l'énergie vers les principaux
centres urbains des États membres est assuré par un réseau
de transport "Haute Tension" d'environ 1300 km de long ;
· à l'heure actuelle, outre les efforts faits en
direction des autres volets de son programme, l'OMVS s'attelle à
promouvoir l'électrification rurale. Dans le même ordre
d'idées et pour faire face à une demande sans cesse croissante,
des efforts non négligeables sont faits en vue de développer les
projets de barrages dits de « seconde
génération » au niveau des sites de petit Gouina et du
Félou pour mieux valoriser Manantali, à travers les Projets
Hydroélectriques de 60 MW OMVS-SOGEM
(Société de Gestion de l'Energie de Manantali) dans le
cadre des « Réseau Electrique de l'OMVS » (Projets
de 2ème Génération).
S'agissant de la fourniture d'énergie
électrique, elle se fait conformément à la clé de
répartition sectorielle actuellement en vigueur, soit : 52% pour le
Mali, 15% pour la Mauritanie et 33% pour le Sénégal. Au 31 mars
2003, la Centrale de Manantali a produit 642 GWh. La fourniture de l'Energie de
Manantali aux trois États membres de l'Organisation a permis
d'améliorer de façon sensible la qualité des
réseaux nationaux d'électricité respectifs, en même
temps qu'elle engendre des économies substantielles pour les
États membres par rapport à la production d'énergie
d'origine thermique.
3.2.4. D'autres exemples d'initiatives
régionales
À un niveau opérationnel, et au-delà de
l'EEEOA ou du PGAO qui se focalisent respectivement sur les échanges
électriques ou de gaz naturel, d'autres projets régionaux qui
touchent des domaines précis et qui n'ont pas fait l'objet de la
même approche concertée sont en cours. Ce sont notamment :
· le Programme Régional de Promotion des
Énergies Domestiques et Alternatives au Sahel (PREDAS). Il est
mis en oeuvre par le CILSS (Comité permanent Inter-États de Lutte
contre la Sécheresse) et les États sahéliens avec l'appui
de l'Union Européenne (5.4 Millions d'Euros) et de la Coopération
Allemande. Le PREDAS vise à aider les États membres à
concevoir, adopter et mettre en oeuvre leur Stratégie Energie
Domestique ;
· le projet Plates-Formes Multifonctionnelles
(PTF) pour la mise à disposition de force motrice en zones
rurales. Il a été initié au Mali en 1996 avec l'appui du
PNUD et de l'ONUDI, et a depuis été étendu au
Sénégal, au Burkina Faso, au Ghana, au Niger et à la
Guinée. Ce projet vise à réduire la pauvreté en
général, et celle des femmes rurales en particulier, en
créant des opportunités génératrices de revenus
à travers l'approvisionnement en services énergétiques
abordables.
Tous ces projets et programmes rompent définitivement
avec les analyses traditionnelles de la croissance. En effet, ces
dernières reposaient sur une conception exogène de la croissance
dont le rythme dépend des évolutions de la population et de la
technologie. Cette considération classique était illustrée
à travers le modèle de Solow à la fin des années
50. Les post-keynésiennes (Harrod et Domar) vont chercher à
proposer les possibilités d'une croissance équilibrée en
prolongeant l'analyse de Keynes.
Les théories de la croissance endogène vont
donner à l'État un rôle particulier dans le processus de
croissance. Ses tenants vont montrer que l'État peut stimuler la
croissance en incitant les agents à investir dans la recherche et
développement en encourageant l'innovation. Dans cette perspective, la
croissance fut remise dans un contexte plus vaste et on assiste, depuis les
années soixante dix, à un regain d'intérêt dans la
recherche pour déterminer le rôle spécifique de
l'énergie dans la croissance.
CHAPITRE 2 : CONSOMMATION D'ÉNERGIE
ÉLECTRIQUE ET CROISSANCE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
L'économie de l'énergie est assurément
dominée par deux mythes qui traduisent, l'un la croyance que le
progrès social est fonction de la quantité produite de richesses
et partant de la quantité consommée d'énergie, l'autre
l'idée que les choix énergétiques retenus sont la
résultante de processus rationnels de décisions que les
mécanismes du marché sont susceptibles de provoquer14(*).
Le rapport qui existe à un moment donné, dans un
pays donné, entre la consommation d'énergie et le Produit
Intérieur Brut est très variable dans le temps et dans l'espace.
De nombreux facteurs interfèrent sur ce rapport : le climat,
l'organisation de l'espace, la structure de la production, la technologie
utilisée, le prix directeur de l'énergie, la
réglementation en vigueur, le comportement des agents économiques
etc. (Percebois, 2000). Durant la période d'après Guerre, les
relations énergie-croissance sont en général
abordées, au niveau global, par le biais d'élasticités et,
à un niveau sectoriel, à l'aide de coefficients
d'intensité énergétique des différents produits.
À un niveau global, la corrélation constatée dans le
passé, et ce dans tous les pays industrialisés, entre le taux de
croissance du PNB et le taux de croissance de la consommation d'énergie
s'est imposée comme un postulat irréfutable, tant et si bien que
chercher à diminuer la consommation énergétique par
tête c'est, aux yeux de beaucoup, remettre en cause le bien-être
social (Percebois, 2000). Le calcul, sur la période d'après
Guerre, de l'élasticité de la consommation primaire
d'énergie par rapport au produit national brut pour les pays
développés, donne un coefficient qui, dans la plupart des cas,
est proche de l'unité (voir annexe1).
Mais au début des années soixante, cette loi
dite de « l'élasticité-unitaire », qui avait
pu laisser penser que la consommation d'énergie et le revenu doivent
évoluer au même rythme, a soulevé de nombreuses
controverses pour laisser finalement place à la thèse selon
laquelle, historiquement et donc conceptuellement, on peut déconnecter
les deux mouvements et opter pour des élasticités revenu
inférieures à l'unité. Certaines fonctions de production
intégrant l'énergie comme facteur de production à part
entière vont alors être élaborées. Ces fonctions de
type KLEM15(*), qui ont
suscité beaucoup de travaux empiriques et théoriques dans les
années soixante-dix et quatre vingt, postulent une stricte
complémentarité entre les différents facteurs tandis que
d'autres admettent une substituabilité partielle, voire quasi-parfaite
entre les facteurs. Le recours à des fonctions de production putty-putty
(substituabilité ex ante et ex post) ou clay-clay
(complémentarité ex ante et ex post) ou putty-clay
(substituabilité ex ante mais complémentarité ex post) et
l'utilisation de fonction à génération de capital vont
permettre de mieux comprendre et mesurer les relations entre l'énergie
et les autres facteurs de production au sein du système productif,
à un niveau agrégé comme à un niveau
désagrégé. Une polémique a cependant opposé
à la fin des années 70 Berndt et Wood, d'un côté,
Gregory et Griffin de l'autre. Les premiers postulent la
complémentarité du capital et de l'énergie, et les seconds
défendent la large substituabilité de ces deux facteurs.
SECTION 1 : REVUE THÉORIQUE
1.1. LE RÔLE DES SERVICES
D'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE DANS LE DÉVELOPPEMENT
Ferguson et al (2000) ont constaté que pour
les pays développés, il y a une corrélation forte entre
l'augmentation de la richesse dans le temps et l'augmentation de la
consommation d'énergie. De plus, il y a une corrélation
plus forte entre la consommation d'électricité et la
création de richesse qu'entre la consommation totale d'énergie et
le revenu (Ferguson et al, 2000). L'expérience de pays
développés montre aussi que le secteur de production
d'énergie électrique a joué un rôle crucial dans
leur développement économique non seulement comme un intrant
principal dans le développement industriel, mais également comme
un facteur clef dans l'amélioration de la qualité de la vie des
populations (Rosenberg, 1998). L'utilisation croissante de
l'électricité a été identifiée comme une
source importante d'amélioration de la productivité des pays
développés et c'est le secteur qui alimente actuellement
« la nouvelle économie digitale » (Ebohon, 1996 ;
Rosenberg, 1998).
Pour des pays en voie de développement, une
corrélation significative a été constatée entre la
diversification des exportations, la consommation d'électricité
par habitant et la production d'électricité par travailleur en
Afrique (CEA, 2004). On s'attend à ce que des pays ayant une
consommation d'électricité par habitant élevée
aient des coûts énergétiques inférieurs et
vice-versa. La diversification des exportations est positivement
associée à la consommation d'électricité par
tête et la production d'électricité par tête,
impliquant que les pays qui ont plus accès à
l'électricité ont tendance à avoir un coût
énergétique relativement plus faible, et sont plus
diversifiés (CEA, 2004). Les faits suggèrent aussi que de bonnes
infrastructures énergétiques soient un préalable pour la
diversification des exportations et la croissance soutenue. De ce fait,
l'incapacité de beaucoup de pays africains à fournir des services
énergétiques adéquats a été une contrainte
majeure dans la diversification des exportations et la croissance (CEA,
2004).
Mis à part la disponibilité physique
d'énergie, le changement de la qualité de service
énergétique est un des conducteurs les plus importants de
productivité économique (Toman et Jemelkova, 2003). Le processus
de développement économique implique nécessairement une
transition des niveaux bas de consommation d'énergie vers des niveaux
plus élevés où les liens entre l'énergie, les
autres facteurs de production et l'activité économique changent
significativement au fur et à mesure qu'une économie passe par
différentes étapes de développement (Toman et Jemelkova,
2003). En outre, pendant que l'économie progresse, les combustibles
fossiles commerciaux et finalement l'électricité deviennent
prédominantes (Toman et le Jemelkova, 2003). Ainsi, bien qu'actuellement
les pays d'Afrique subsaharienne ne consomment qu'une fraction de la
quantité d'électricité consommée par les pays
industrialisés, l'urbanisation rapide, combinée à la
croissance économique, vont probablement accélérer la
transition de l'énergie traditionnelle à l'utilisation
d'énergie commerciale, l'électricité notamment (AIE,
2002).
Il est maintenant largement admis que si les pays d'Afrique
subsaharienne doivent poursuivre l'objectif de croissance économique
soutenue, qui est essentiel à leurs efforts de lutte contre la
pauvreté et de développement social, un service fiable assurant
l'approvisionnement régulier en électricité est
nécessaire. En outre, l'expansion de l'offre d'énergie est
importante pour les pays d'Afrique subsaharienne afin de réduire la
consommation d'énergie traditionnelle (biomasse) qui est responsable du
déboisement massif, de la désertification et des problèmes
de santé associés à la consommation du charbon de bois
(AIE, 2002).
1.2. LA DIMENSION
ÉNERGÉTIQUE DE LA PAUVRETÉ
1.2.1. La pauvreté énergétique :
une dimension souvent méconnue de la pauvreté
L'énergie, dans un contexte de développement,
nécessite que soit pleinement compris le rôle qu'elle joue dans de
développement d'un pays et l'amélioration des conditions de vie
des populations pauvres. En effet l'énergie moderne,
particulièrement l'électricité, influence
profondément le bien-être des individus, que ce soit à
travers l'accès à l'eau, la productivité agricole, la
santé, l'éducation, la création d'emploi ou la
durabilité environnementale (UEMOA, CEDEAO, 2006).
Cependant, en 2002 encore, 1,6 milliards d'individus vivant
dans les Pays en Développement (PED) n'ont pas accès à des
services énergétiques modernes fiables et abordables
(électricité, butane, etc.), alors que 89% de la population en
Afrique subsaharienne consomme de la biomasse traditionnelle pour cuire ses
aliments et se chauffer (AIE, 2002). Ils payent un prix élevé
pour bénéficier d'une énergie de substitution de mauvaise
qualité et d'efficacité médiocre (essentiellement la
biomasse), alors que le poste de dépenses réservé à
l'énergie représente dans certains pays plus d'un tiers du budget
d'un ménage.
La pauvreté énergétique peut être
ainsi définie comme étant l'absence de choix suffisants
permettant un accès à des services énergétiques
modernes adéquats, abordables, fiables, efficaces et durables en termes
environnementaux en vue de soutenir le développement économique
et humain (Reddy, 200016(*)).
Encadré 3 :
Définition de la notion de service
énergétique
La notion de services énergétiques (ou
énergie utile) est utilisée pour décrire les usages finaux
que l'apport d'énergie permet. Ces services représentent le
dernier maillon de la « chaîne énergétique »
(voir figure 2). Cette notion considère la fourniture du service final
et la satisfaction des besoins humains, plutôt que la source
d'énergie ou les technologies de production, de transport et de
distribution utilisée.
Source : UEMOA, 2006.
La pauvreté énergétique interagissant
avec d'autres manifestations de la pauvreté, il est dès lors
essentiel d'explorer les nombreuses problématiques qui l'entourent, y
compris ses implications sur la croissance.
1.2.2. La forte corrélation entre
énergie et développement humain
Pour illustrer concrètement les zones
géographiques où la pauvreté énergétique
s'exprime le plus fortement, plusieurs études (Modi, 2004) ont
comparé la relation entre la consommation énergétique
(Kj/habitant) et le niveau de développement humain (IDH), mettant ainsi
en lumière la corrélation qui existerait entre ces deux
variables.
Concernant la situation en Afrique de l'Ouest, la majeure
partie des États appartiennent à la catégorie des Pays les
Moins Avancés (PMA), une situation qui se reflète
également dans des niveaux de consommations d'énergie par
habitant parmi les plus faibles de la planète : en moyenne, ils
consomment 88 kWh d'électricité par habitant et par an (Enerdata
2005), à comparer par exemple aux 350 kWh pour l'Asie de l'Est.
L'analyse statistique présentée par le graphique 4
démontre la forte corrélation entre le niveau de
développement humain (IDH) et la consommation énergétique
dans les pays de l'UEMOA et de la sous-région.
Graphique 4 : Consommation
d'énergie et IDH (2003)
Source : UEMOA-CEDEAO, Livre
Blanc pour une Politique Régionale sur l'accès au Services
Energétiques, janvier 2006.
Cette faiblesse des niveaux de consommation se conjugue avec
une grande inefficacité des modes de consommation et de production.
Ainsi, pour générer une unité de richesse nationale (1000
$ US), l'Afrique consomme 0,787 tonne équivalent pétrole (tep)
alors que les pays de l'OCDE ont besoin de quatre fois moins avec seulement
0,19 tep.
Le très important recours aux énergies
traditionnelles - 67% de dépendance à la biomasse pour l'Afrique
et environ 80% pour les pays de l'UEMOA - en est une des explications
essentielles, sans qu'il faille pour autant négliger la faible
efficacité énergétique moyenne du secteur industriel ou de
la climatisation des bâtiments dans les capitales. Cette forte
dépendance à la biomasse résulte pour l'essentiel d'une
incapacité économique des populations concernées à
avoir recours à des énergies modernes : la faiblesse des revenus
monétaires conduit à consommer beaucoup plus d'énergie par
unité de valeur ajoutée que dans les pays
développés. Les surconsommations induites conduisent à des
conséquences néfastes sur l'environnement (érosion des
sols, désertification, etc.). Cette absence de sources d'énergie
modernes vient ainsi renforcer la spirale de la pauvreté.
Sur la base de ces éléments, il apparaît
clairement qu'un large accès à des services
énergétiques abordables et de qualité pour l'industrie, le
secteur des services et pour les populations est susceptible d'induire des
changements considérables dans les conditions de vie de ces derniers,
tout en contribuant à l'atteinte des OMD dans l'UEMOA.
1.2.3. Le rôle des services
énergétiques modernes dans l'atteinte des OMD
Si l'énergie n'est pas prise en compte en tant que
telle parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement, la
contribution des services énergétiques modernes à
l'atteinte de ces objectifs est désormais largement reconnue. Notons
tout d'abord que l'accent est mis (en ce qui concerne les liens entre
l'énergie et les OMD) sur les services énergétiques, et
donc les besoins d'usage, et non uniquement sur les questions d'infrastructure.
Comme Reddy (2000) l'a souligné, ce dont se soucie le consommateur ou
l'utilisateur final, c'est le service que va lui apporter l'énergie. Le
défi consiste maintenant à transformer les quantités
d'énergie en services susceptibles de contribuer à l'atteinte des
OMD, et considérer comment l'économie dans son ensemble peut en
bénéficier.
Figure 2 : Chaîne
énergétique
Source : UEMOA-CEDEAO, Livre
Blanc pour une Politique Régionale sur l'accès au Services
Energétiques, janvier 2006.
Bien que l'influence de l'énergie sur la croissance
économique et le développement humain soit désormais
clairement comprise, il n'en demeure pas moins qu'une compréhension
chiffrée de ces liens commence seulement à émerger dans
les pays d'Afrique subsaharienne, comme l'a bien souligné
l'équipe du Projet du Millénaire avec l'appui de
l'Université Columbia (Modi, 200417(*)).
SECTION 2 : ELÉMENTS EMPIRIQUES
La connaissance de la direction de la causalité entre
la consommation d'électricité et la croissance économique
est d'une importance capitale si des mesures appropriées de politiques
énergétiques et d'économies d'énergie doivent
être conçues. Dans cette section, nous passerons en revue les
travaux empiriques effectués pour dans ce domaine.
2.1. RETOUR SUR LA
CAUSALITÉ ÉNERGIE-REVENU
Le lien entre la consommation d'énergie et le revenu
est devenu une question récurrente depuis quelques années dans le
débat du développement économique et de l'environnement.
Cependant, un consensus quant à la nature de cette relation n'existe
toujours pas. Jusqu'à présent, la causalité peut
fonctionner dans les deux sens.
Ainsi, si c'est la consommation d'énergie qui
détermine le revenu, cela indique que l'économie dépend de
l'énergie de telle sorte que la consommation de celle-ci affecte
directement le revenu, impliquant qu'une déficience dans
l'approvisionnement d'énergie peut avoir des conséquences
néfastes sur la croissance (Masih et Masih, 1998). En outre, si le
mécanisme de causalité est inversé, cela suggère
une économie moins tributaire à l'énergie. Ainsi, les
politiques d'économie d'énergie mises en application peuvent
avoir peu d'effet ou ne pas avoir de répercussion sur le revenu (Jumbe,
2004). Enfin, une absence de causalité dans l'une ou l'autre direction,
soit l'hypothèse de neutralité (Yu et Choi, 1985), signifie que
les politiques d'économie d'énergie n'affectent pas le revenu.
Kraft et Kraft (1978), dans une analyse de l'économie
américaine entre 1947 et 1974, ont été les premiers
à mettre en évidence l'existence d'une causalité
unidirectionnelle qui montre qu'aux États-Unis, c'est le produit
national brut qui détermine la consommation d'énergie. Ce
résultat implique que les politiques d'économie d'énergie
pourraient être mises en oeuvre sans affecter la croissance du produit
national brut. Ainsi, dans ce cas de figure, une politique d'économie
d'énergie peut être menée sans détériorer la
dynamique économique. Cependant, Akarca et Long (1980) n'ont pu obtenir
des résultats similaires quand ils ont réduit
l'échantillon des données de Kraft et Kraft (1978), ce qui prouve
que la période choisie peut fortement influencer les résultats
(instabilité temporelle).
Des études empiriques ont été
prolongées plus tard et ont couvert beaucoup de pays en voie de
développement en vue d'aider à la mise en oeuvre de politiques
énergétiques plus appropriées. Yu et Hwang (1984) ont
réactualisé les données concernant les États-Unis
pour la période 1947-1979 pour confirmer l'absence de relation de cause
à effets entre le produit national brut et la consommation
d'énergie en utilisant une série de tests élaborés
par Sims (1972). Yu et Choi (1985), utilisant des données de cinq pays,
ont confirmé l'absence de la causalité entre le PNB et la
consommation totale d'énergie pour les USA, le Royaume-Uni et la
Pologne, mais un lien causal du PNB sur la consommation d'énergie a
été détecté pour la Corée du Sud et le
contraire pour les Philippines.
Yu et Jin (1992) ont utilisé les tests d'Engle et
Granger pour tester la cointégration entre la consommation
d'énergie et le revenu pour les Etats-Unis sur la période
1974-1990 et ont abouti à l'absence de relation de long terme entre ces
deux variables.
Dans le but de réactualiser les travaux dans ce
domaine, qui utilisaient en général le test de causalité
standard de Granger, Masih et Masih (1996), Glasure et Lee (1997) et
Asafu-Adjaye (2000) présentent une revue entière des travaux
récents couvrant ce sujet. Le but de ces recherches est d'évaluer
la relation causale entre la consommation d'énergie et le revenu pour
des pays en voie de développement, utilisant la cointégration et
les techniques de correction d'erreur. Les résultats sont mitigés
et parfois opposés.
Le tableau 6, résumé par Chien-Chiang Lee
(2005), récapitule les résultats empiriques des essais de
détermination de la causalité entre la consommation
d'énergie et le revenu pour un certain nombre de pays en
développement.
Tableau 6 :
Causalité entre consommation d'énergie et revenu : quelques
résultats empiriques
Auteur
|
Méthode Empirique
|
Période
|
Pays
|
Relation de
causalité
|
Yu et Choi (1985)
|
Test standard de Granger
|
1954-1976
|
Corée du Sud
Philippines
|
Revenu?Energie
Energie?Revenu
|
Morimoto et Hope (2004)
|
|
1960-1998
|
Sri Lanka
|
Energie?Revenu
|
Fatai et al. (2004)
|
Toda et Yamamoto (1995)
|
1960-1999
|
Inde et Indonésie
Thaïlande et les Philippines
|
Energie?Revenu
Energie?Revenu
|
Masih et Masih (1996)
|
Modèle à correction d'erreur
|
1955-1990
|
Malaisie, Singapour et les Philippines
Inde
Indonésie
Pakistan
|
Pas de cointégration
Energie?Revenu
Revenu?Energie
Energie?Revenu
|
Glasure et Lee (1997)
|
|
1961-1990
|
Corée du Sud et Singapour
|
Energie?Revenu
|
Masih et Masih (1998)
|
|
1955-1991
|
Sri Lanka et Thaïlande
|
Energie?Revenu
|
Yang (2000)
|
|
1954-1997
|
Taiwan
|
Energie?Revenu
|
Asafu-Adjaye (2000)
|
|
1973-1995
|
Inde et Indonésie
Thaïlande et les Philippines
Turquie
|
Energie?Revenu
Energie?Revenu
Energie?Revenu
|
Soytas et Sari (2003)
|
|
1950-1992
|
Argentine
Corée du Sud
Turquie
Indonésie et Pologne
|
Energie?Revenu
Revenu?Energie
Energie?Revenu
Pas de cointégration
|
Oh et Lee (2004)
|
|
1970-1999
|
Corée du Sud
|
Energie?Revenu
|
Paul and Bhattacharya (2004)
|
|
1950-1996
|
Inde
|
Energie?Revenu
|
Jumbe (2004)
|
|
1970-1999
|
Malawi
|
Revenu?Energie
|
Source : Chien-Chiang
Lee (2005), «Energy consumption and GDP in developing countries: A
cointegrated panel analysis», Energy Economics.
Bien que les résultats sont très varies, la
tendance dominante est le cas de figure où la consommation
d'énergie détermine la croissance.
2.2. CONSOMMATION
D'ÉLECTRICITÉ ET REVENU : QUELQUES RÉSULTATS
EMPIRIQUES
2.2.1 Des travaux empiriques
récents
La littérature a toujours donné des
résultats controversés quant à la relation entre la
consommation d'énergie et la croissance économique. Cette
situation pourrait être attribuée aux différences de
structures institutionnelles et de politiques suivies par les pays, mais aussi
aux différences méthodologiques. Les tests de Granger et Sim, qui
ont été largement utilisés dans beaucoup de recherches
pour voir la causalité, ont subi des critiques majeures car les
données peuvent souffrir d'instabilité temporelle. Aussi, la
plupart des études ont supposé que les données
utilisées sont stationnaires et, de ce fait, ont adopté des
techniques d'estimation inappropriées.
La question centrale aujourd'hui est de savoir si la
consommation d'électricité stimule, retarde ou est neutre
vis-à-vis de la croissance économique. Certains soutiennent que
l'utilisation d'énergie moderne est un préalable au
progrès économique, social et technologique dans la mesure
où elle complète le travail et le capital dans le processus de
production (Ebohon, 1996 ; Templet, 1999). Pour les partisans de cette
hypothèse, une déficience dans la fourniture d'énergie
électrique peut limiter la croissance économique et le
progrès technologique. Ils croient que l'électricité a
été une source majeure d'amélioration du niveau de vie des
pays avancés et a joué un rôle crucial dans l'avancement
technologique et scientifique de ces pays (Rosenberg, 1998). Même dans
des pays en développement, il a été découvert que
l'accès à l'électricité est associé à
l'amélioration de la santé et du niveau d'éducation des
pauvres (IEA, 2002). D'autres par contre affirment que le rôle de
l'énergie est minime ou est neutre par rapport à la croissance
économique. Cela parce ce que le coût de l'énergie est
très faible par rapport au PIB et ainsi, la consommation
d'énergie n'est pas susceptible d'avoir un impact significatif sur la
croissance de la production. De plus, ils soutiennent qu'au fur et à
mesure qu'une économie se développe, sa structure de production
va plus se situer dans le secteur tertiaire qui est moins intensif en
énergie, comparé au secteur industriel (Ghali et l'EL-Saka,
2004).
Ceci peut, cependant, ne pas être vrai pour le
secteur de l'électricité, comme le prouve l'expérience des
Etats-Unis où l'économie est devenue simultanément moins
vorace en énergie, mais plus intensive en électricité
(Rosenberg, 1998).
Les hypothèses contrastantes ci-dessus ont
poussé beaucoup de chercheurs à s'interroger sur la direction de
la causalité entre la consommation d'électricité et le
développement économique. Les résultats empiriques sont
très variés, reflétant des hypothèses divergentes
avec une causalité pouvant être bi ou unidirectionnel (Jumbe,
2004; Wolde-Rufael, 2004; Ghali and El-Saka, 2004).
Ainsi, Yang (2000) a trouvé une causalité
bidirectionnelle entre la consommation d'électricité et la
croissance économique pour Taiwan, ainsi que Morimoto et Hope (2004)
pour le Sri Lanka, Glauser et Lia (1997) pour la Corée du Sud et le
Singapour. Une causalité allant de la croissance économique
à la consommation d'électricité a été
trouvée pour l'Inde (Ghosh, 2002), pour l'Australie par Narayan et Smyth
(2005) et par Fatai et al (2004) et pour les Etats-Unis (Thoma, 2004).
En revanche, Shiu et Lam (2004) ont trouvé que pour la Chine, c'est la
consommation d'électricité qui cause la croissance
économique, de même que Wolde-Rufael (2004) pour Shanghai18(*).
2.2.2 Cas spécifiques pour l'Afrique
subsaharienne
· Cointégration, modèle à
correction d'erreurs et causalité.
Depuis quelques temps, les travaux de ce type abondent
combinant cointégration, modèle à correction d'erreurs et
causalité. Signalons trois études concernant l'Afrique
subsaharienne.
La première est celle de Ebohon O. (1996) sur la
Tanzanie et le Nigeria. Utilisant le test classique de Granger, cet auteur
trouve une causalité bidirectionnelle entre la croissance
économique et la consommation d'énergie pour ces deux pays.
La deuxième étude plus récente concerne
le Malawi et a été réalisée par Jumbe C. (2004).
S'appuyant sur la méthodologie de Engle et Granger de la
cointégration et la causalité au sens de Granger, son analyse a
abouti à la conclusion selon laquelle, d'une part, il y a une
causalité bidirectionnelle entre les consommations
d'électricité et le PIB et d'autre part, il existe une
causalité unidirectionnelle du PIB non agricole vers les consommations
d'électricité.
Dans une étude récente, Ambapour S. et Massampa
C.19(*) (2005) utilisent
la cointégration et le modèle à correction d'erreur pour
étudier la relation de cause à effet entre la croissance
économique et la consommation d'énergie électrique au
Congo. La méthodologie adoptée est une approche en trois
étapes. La première étape consiste à
vérifier les propriétés des séries chronologiques
(stationnarité et ordre d'intégration) de la croissance
économique et de la consommation d'énergie à l'aide des
tests de racine unitaire de Dickey-Fuller et Phillips-Perron. La
deuxième utilise la théorie de la cointégration
développée par Engle et Granger pour examiner les relations
à long terme entre la croissance économique et la consommation
d'énergie. Cet examen est fait en adoptant l'approche multivariée
de Johansen fondée sur le maximum de vraisemblance. Enfin dans la
troisième étape, le test de causalité de Granger dans le
cadre d'un modèle à correction d'erreur est effectué pour
déterminer la direction de la causalité entre la croissance
économique et la consommation d'énergie. Les résultats des
tests de cointégration indiquent qu'il existe une relation à long
terme entre la croissance économique et la consommation
d'énergie. Le test de causalité de Granger révèle
l'existence d'une causalité unidirectionnelle du PIB vers la
consommation d'énergie.
Ces résultats contradictoires ont des implications
importantes en matière de politique énergétique. Si c'est
la consommation d'électricité qui cause la croissance
économique, la réduction de la consommation de
l'électricité pourrait mener à une baisse de la croissance
économique (Asafu-Adjaye, 2000). Au contraire, si c'est la croissance
économique qui détermine le niveau de consommation
d'électricité, cela implique que des politiques d'économie
d'énergie électrique peuvent être mises en oeuvre sans
ralentir la croissance économique. En outre, s'il y a aucune
causalité qui ne fonctionne dans les deux sens, la réduction de
la consommation d'électricité ne devrait pas affecter le revenu
et les politiques d'économie d'énergie peuvent ne pas affecter la
croissance économique (Asafu-Adjaye, 2000 ; Jumbe, 2004). Enfin, s'il y
a une causalité bidirectionnelle, la croissance économique peut
exiger plus d'électricité tandis qu'une augmentation de la
consommation d'électricité peut accélérer la
croissance économique : la consommation d'électricité
et la croissance économique se complètent et les mesures
d'économie d'énergie peuvent négativement affecter la
croissance économique.
La diversité des résultats empiriques, ainsi que
le rôle important qu'a joué la consommation
d'électricité dans le développement économique,
rendent nécessaire non seulement davantage de recherches mais
également de nouvelles méthodes pour examiner le rapport entre la
consommation d'électricité et la croissance économique.
· Une expérience sur 17 pays africains sur
données de panel (Yemane Wolde-Rufael, 2006.)
Nous avons porté notre choix sur cette étude
empirique, parce ce que tenant sur un échantillon de pays africains,
mais aussi pour l'originalité de la méthodologie
utilisée.
Dans ce papier, Yemane Wolde-Rufael20(*) se propose de tester
la relation de long terme entre la consommation d'électricité par
habitant et le produit intérieur brut réel (PIB) par habitant
pour 17 pays africains sur la période 1971-2000, en utilisant un test de
cointégration nouvellement développé et proposé par
Pesaran et al (2001) ainsi qu'une version modifiée du test de
causalité de Granger dû à Toda et à Yamamoto (1995).
L'approche proposée par Pesaran et al (2001) peut être
appliquée aux études dont l'échantillon est de petite
taille, comme c'est le cas pour la présente étude avec 31
observations pour chaque pays. L'approche est basée sur
l'évaluation d'un modèle à correction d'erreur dynamique
et teste si vraiment les variables retardées sont statistiquement
significatives.
Le test consiste en évaluer le modèle à
correction d'erreur sans restriction suivant (UECM21(*)) considérant chaque
variable à son tour comme une variable dépendante.
Avec le logarithme du PIB par habitant, le logarithme de la consommation d'électricité
mesuré en kWh par habitant.
Les résultats empiriques montrent qu'il y a une
relation de cointégration entre la consommation
d'électricité par habitant et le PIB par habitant pour seulement
9 pays. Ainsi, pour 5 pays (République du Congo, Gabon, Nigeria, Afrique
du Sud et Zimbabwe), il y a une relation de long terme quand le PIB a
été employé comme variable dépendante, alors qu'il
y a une relation de long terme pour 4 pays (Bénin, Cameroun, Maroc et
Zambie) quand la consommation d'électricité par habitant a
été employée comme variable dépendante.
Pour 6 pays il y a une causalité unidirectionnelle
fonctionnant du PIB à la consommation
d'électricité et un résultat opposé pour 3
pays. Enfin, une causalité bidirectionnelle est trouvée pour 3
pays.
· Cas des pays de l'UEMOA (Kane,
2009)
Kane Chérif Sidy (2009), en se fondant aussi sur
l'économétrie des données de panel
hétérogènes non stationnaires cherche à
déterminer les variables explicatives de l'intensité
énergétique du produit intérieur brut dans l'UEMOA. En
outre, il procède à une application du test de causalité
au sens de Granger dans un modèle de panel
hétérogène en s'appuyant sur les travaux de Hurlin (2008).
L'intérêt de transposer la causalité sur les panels
réside en la détermination des délais. Pour des retards
d'un et de deux ans, il n'y a pas de causalité qui existe entre la
richesse et la consommation d'électricité par tête. Par
contre, lorsqu'il considère un retard de trois ans, l'hypothèse
de non causalité est rejetée, ce qui veut dire qu'il existe au
moins un pays de l'UEMOA dans lequel le revenu par tête cause la
consommation d'électricité.
Le tableau 7 résume quelques travaux effectués
en Afrique subsaharienne ainsi que les résultats auxquels ils ont
abouti.
Tableau 7 :
Causalité entre consommation d'électricité et
revenu : cas spécifiques pour l'Afrique subsaharienne
Auteur
|
Méthode Empirique
|
Période
|
Pays
|
Relation de causalité
|
Ebohon O. (1996)
|
|
1970-1999
|
Tanzanie Nigéria
|
Energie?Revenu
|
Jumbe (2004)
|
|
1970-1999
|
Malawi
|
Revenu?Energie
|
Ambapour, Massampa (2005)
|
Modèle à correction d'erreur
|
1960-1999
|
Congo
|
Revenu?Energie
|
Wold-Rufael, Y. (2006)
|
Modèle à correction d'erreur
|
1971-2000
|
17 pays africains
|
Energie?Revenu
Revenu?Energie
Energie?Revenu
|
Kane, C. S. (2009)
|
Test de causalité sur panel
|
1971-2005
|
UEMOA
|
Pas de causalité
|
Source : Auteur
Ainsi la plupart des recherches et études concernant
notre champ d'application ont eu pour objet principal de répondre
à la question posée par Masih et Masih (1998) : « Does
economic growth take precedence over energy use, or can energy use itself be a
stimulus for economic growth via the indirect channels of effective aggregate
demand and human capital, improved efficiency and technological progress ?
». En d'autres termes :
· le PIB est-il la cause de la consommation
d'énergie électrique :
CKWh = f(PIB) ?
· la consommation d'énergie est-elle la
cause du PIB : PIB = f(CKWh) ?
À ces deux cas, qui constituent nos hypothèses
de travail, on peut ajouter deux autres situations souvent rencontrées
:
· l'existence d'une causalité
bidirectionnelle entre le PIB et la consommation d'énergie
électrique ;
· l'indépendance des deux
variables.
CHAPITRE 3 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA CAUSALITÉ
ENTRE LA CONSOMMATION D'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE ET LA CROISSANCE
Dans ce chapitre, nous présenterons dans un premier
temps la méthodologie. L'approche adoptée est celle de Ambapour
et Massampa22(*) (2005)
utilisant la cointégration et le modèle à correction
d'erreur pour étudier la relation de cause à effet entre la
croissance économique et la consommation d'énergie. On
précise la notion de causalité utilisée. Elle repose sur
la définition de Granger qui considère qu'une variable est
causée par une autre dès lors qu'il existe des informations dans
le passé de l'une qui soient utiles dans la prévision de l'autre,
et qui ne sont pas déjà contenues dans son passé. Loin
d'être exhaustive, cette définition est donc une étape
essentielle d'une étude statistique.
Dans un deuxième temps, la causalité sera
étudiée dans le cadre de variables cointégrées en
optant pour une approche en trois étapes. Dans la première
étape, nous vérifierons la stationnarité des
séries, ainsi que leur ordre d'intégration à l'aide des
tests de racine unitaire de Dickey-Fuller (1979). Cela est nécessaire
parce que d'une part, les tests de causalité sont très sensibles
à la stationnarité des séries et d'autre part, il a
été constaté que la plupart des séries
macroéconomiques ne sont pas stationnaires (Nelson et Plosser, 1982).
Dans l'étape suivante, nous introduirons la théorie de la
cointégration qui est en fait la version multivariée du concept
de racine unitaire. Dans la troisième et dernière étape,
nous décrirons très brièvement le modèle à
correction d'erreur qui, selon Engle et Granger, permet de représenter
les séries cointégrées : c'est un mécanisme qui
force la déviation de court terme par rapport à
l'équilibre à une période donnée à revenir
à la période suivante.
Enfin, nous terminerons cet exposé
méthodologique par la présentation du test de Granger dans le
cadre d'un modèle à correction d'erreur. L'objectif essentiel
visé est de savoir si les deux séries étudiées sont
dynamiquement interdépendantes ou si au contraire la liaison dynamique
est unidirectionnelle.
La dernière section est consacrée aux
recommandations de politiques économiques pour les pays de l'UEMOA.
SECTION 1. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
1.1. CAUSALITÉ AU SENS
DE GRANGER
En économétrie, la causalité entre deux
chroniques est généralement étudiée en termes
d'amélioration de la prévision selon la caractérisation de
Granger, ou en termes d'analyse impulsionnelle, selon les principes de Sims. Au
sens de Granger, une série « cause » une autre série si
la connaissance du passé de la première améliore la
prévision de la seconde. Selon Sims, une série peut être
reconnue comme causale pour une autre série, si les innovations de la
première contribuent à la variance d'erreur de prévision
de la seconde. Entre ces deux principaux modes de caractérisation
statistique de la causalité, l'approche de Granger est certainement
celle qui a eu le plus d'échos chez les économètres ; elle
sera donc retenue dans le cadre de notre recherche.
Le fondement de la définition de Granger est la
relation dynamique entre les variables. Comme indiqué ci-dessus, elle
est énoncée en termes d'amélioration de la
prédictibilité d'une variable. Chez Granger, la succession
temporelle est centrale et on ne peut discuter de la causalité sans
prendre en considération le temps. On peut formaliser la
causalité au sens de Granger comme suit : si l'on note par xt
et yt deux séries stationnaires ; en effectuant la
régression linéaire de yt sur les valeurs
passées ys, s < t, et sur les valeurs passées
xs, s < t ; si l'on obtient des coefficients significatifs, alors
la connaissance de leurs valeurs peut améliorer la révision de
yt : on dit que xt cause yt
unidirectionnellement. Il y a causalité instantanée lorsque la
valeur courante xt apparaît comme une variable explicative
supplémentaire dans la régression précédente.
Une version du test de Granger issue directement de la
représentation autorégressive précédente, propose
d'estimer par la méthode des moindres carrés les deux
équations suivantes :
(1)
(2)
Où PIBt représente le
produit intérieur brut au temps t et CKWht la
consommation d'électricité au temps t.
En utilisant cette représentation autorégressive
(équations (1) et (2)), PIBt ne cause pas
CKWht au sens de Granger si i =0 ; CKWht ne cause pas
PIBt si =0.
1.2. CAUSALITÉ DANS LE
CAS DE VARIABLES COINTÉGRÉES
Depuis plus d'une vingtaine d'années, de nombreux
articles révèlent que la majorité des séries
macroéconomiques sont non stationnaires, en particulier l'article de
Nelson et Plosser (1982). Ceci suppose qu'avant d'appliquer une quelconque
méthode d'estimation, une analyse approfondie des
propriétés des séries est indispensable. L'objectif
principal visé est celui de repérer l'éventuel non
stationnarité des séries. C'est en quelque sorte, l'étape
de la détermination de leur ordre.
Engle et Granger (1991) ont montré que si les variables
sont intégrées, le test classique de Granger, basé sur le
VAR, n'est plus approprié. Ils recommandent pour ce faire d'utiliser le
modèle à correction d'erreur. En outre, le test de
causalité basé sur le modèle vectoriel à correction
d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale même
si aucun coefficient estimé des variables d'intérêt
décalées n'est significatif. Les équations (1) et (2) sont
réécrites de la manière suivante :
Modèle vectoriel à correction
d'erreur
(3)
(4)
Où zt-1 est le terme à correction
d'erreur issu de l'estimation de la relation de la cointégration, Ä
l'opérateur de différence.
En utilisant le modèle vectoriel à correction
d'erreur (équation (3) et (4)), PIBt ne cause pas
CKWht au sens de Granger si i=i=0 ; CKWht ne cause pas
PIBt si ==0.
Les tests classiques de Fisher et de Student permettront de
valider le modèle.
SECTION 2. ESTIMATION ET INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS
2.1. DONNÉES ET
HYPOTHÈSES
Dans de nombreuses recherches concernant le sujet
traité ici, les termes de croissance économique et de
consommation d'énergie ne sont généralement pas clairement
définis. Un certain nombre de variables sont souvent utilisées
pour les représenter. En ce qui nous concerne, étant donné
la difficulté d'obtenir des données fiables sur la consommation
d'énergie électrique et faute d'une longue série pour tous
les pays de l'UEMOA, quatre pays ont été choisis : le
Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.
Nous avons considéré par ailleurs le PIB par
habitant comme proxy de la croissance économique. Nos données
sont annuelles et couvrent la période allant de 1971 à 2005.
Elles ont été extraites de la base de données du FMI
(World Development Indicators 2008 CD Rom.)
La consommation d'électricité est mesurée
en kWh et le PIB en dollars US. Dans ce type de recherche, les données
sont soit utilisées comme telles, soit transformées de
différentes manières. Il arrive souvent de considérer le
PIB et la consommation d'énergie par tête. Pour des raisons
d'échelle, nous utilisons le logarithme de ces variables.
LPIB est le logarithme du PIB par tête,
LCKWh celui de la consommation d'électricité par
habitant.
Compte tenu de cette difficulté d'obtention de
séries longues sur l'énergie, nous postulons l'hypothèse
suivante :
Hypothèse 1 : le Bénin, la
Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo vont servir de support
à notre recherche empirique ;
En outre, au regard de la revue de la littérature et
à travers le modèle choisi, nous posons :
Hypothèse 2 : il y a une relation
de long terme entre la consommation d'électricité et la
croissance ;
Hypothèse 3 : la consommation
d'électricité cause la croissance du PIB ;
Hypothèse 4 : le PIB cause la
consommation d'électricité.
2.2. EXAMEN GRAPHIQUE
Le graphique ci-dessous décrit l'évolution du
Produit Intérieur Brut et de la consommation d'électricité
par habitant pour les quatre pays de l'UEMOA. En ce qui concerne le
Bénin, on peut observer que ces deux variables présentent des
évolutions de long terme semblables et sont caractérisées
par un trend général à la hausse. Cela semble bien
traduire qu'il existe une relation d'équilibre ou de
cointégration entre ces deux séries.
Graphique 5 : Evolution
du PIB et de la consommation d'électricité (1971-2005)
SENEGAL
|
COTE D'IVOIRE
|
BENIN
|
TOGO
|
Source : À partir des
données de la Banque mondiale, World Economic Outlook CD Rom 2008.
Par contre, pour le Sénégal, la Côte
d'Ivoire et le Togo, il est bien plus difficile de statuer sur l'allure des
courbes.
2.3. TEST DE RACINE
UNITAIRE
Les tests de racine unitaire permettent de détecter la
présence de racine unitaire dans une série. Deux tests de racine
unitaire sont usuellement utilisés, à savoir le test de
Dickey-Fuller augmenté (ADF) et celui de Phillips-Perron (PP). En ce qui
nous concerne, c'est le test de Dickey-Fuller augmenté (ADF) qui sera
utilisé car il est facile à mette en oeuvre sur le logiciel
Eviews que nous avons utilisé. Il est basé sur l'estimation des
moindres carrés des trois modèles suivants :
Processus sans trend et sans constante :
Processus sans trend et avec constante :
Processus avec trend et avec constante :
Il consiste à vérifier l'hypothèse nulle
H0 : ñ=1 (non stationnarité) contre l'hypothèse
alternative H1 : ñ<1 (stationnarité).
La décision se fait en comparant
« ADF » à « critical value : Si
ADF>CV, alors on accepte l'hypothèse nulle de
non-stationnarité de la variable considérée et si
ADF<CV, on rejette l'hypothèse nulle de non-stationnarité.
SENEGAL
Test de stationnarité sur la variable LCKWh en
niveau
ADF Test Statistic
|
-2.619659
|
1% Critical Value*
|
-4.2605
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5514
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2081
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LCKWH)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 1973 2005
|
Included observations: 33 after adjusting endpoints
|
ADF > CV (-2,619>-3,551), on accepte H0 : LCKWh est
non stationnaire.
Test de stationnarité en différence
première
ADF Test Statistic
|
-7.123140
|
1% Critical Value*
|
-4.2712
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5562
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2109
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LCKWH,2)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Conclusion : ADF < CV, on accepte
H1 : LCKWh est intégrée d'ordre 1.
Test de stationnarité sur la variable LPIB en
niveau
ADF Test Statistic
|
-0.789558
|
1% Critical Value*
|
-4.2605
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5514
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2081
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 15:10
|
Sample(adjusted): 1973 2005
|
Included observations: 33 after adjusting endpoints
|
ADF > CV, on accepte H0 : LPIB est non
stationnaire.
Test de stationnarité sur la variable
décalée
ADF Test Statistic
|
-5.470879
|
1% Critical Value*
|
-4.2712
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5562
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2109
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 15:19
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Conclusion : la variable LPIB est
intégrée d'ordre 1.
De même, pour le Bénin, la Côte d'Ivoire et
le Togo, toutes les variables sont intégrées d'ordre 1 (voir
annexe 4).
2.4. TEST DE
COINTÉGRATION DE JOHANSEN
L'approche « en deux étapes »
d'Engle et Granger est très restrictive. En effet, cette approche n'est
applicable que dans le cas d'une seule et unique relation de
cointégration (donc un seul vecteur cointégrant). Comme
alternative à l'approche de Engle et Granger, on utilise plutôt le
test de cointégration de Johansen. Ce test permet de déterminer
le nombre de relations d'équilibre de long terme entre des variables
intégrées quelle que soit la normalisation utilisée.
Les différents sous-modèles du modèle
général testés sont les suivants :
· modèle 1 : il n'existe pas de constantes et de
tendances linéaires dans le VAR et la relation de cointégration
ne comprend pas non plus de constante et de tendance linéaire ;
· modèle 2 : il n'existe pas de constantes et de
tendance linéaire dans le VAR, mais la relation de cointégration
comprend une constante (pas de tendance linéaire) ;
· modèle 3 : il existe de constantes (pas de
tendances linéaires) dans le VAR et la relation de cointégration
comprend une constante (pas une tendance linéaire) ;
· modèle 4 : il existe de constantes (pas de
tendances linéaires) dans le VAR et la relation de cointégration
comprend une constante linéaire ;
· modèle 5 : il existe de constantes et de
tendances dans le VAR et la relation de cointégration comprend une
constante et une tendance linéaire.
L'existence d'au moins une relation de cointégration
est nécessaire pour attester de l'opportunité et de
l'adéquation du modèle vectoriel à correction d'erreur
pour connaître le sens de la causalité. L'existence d'au moins une
relation de cointégration traduit celle d'une relation de long terme
entre l'évolution des deux variables.
Le test d'hypothèse est le suivant :
H0 : Non cointégration (rang de cointégration
vaut zéro)
H1 : Cointégration (rang de cointégration
supérieur ou égal à 1)
Les résultats des tests sont présentés
dans les tableaux ci-après.
Sénégal
Sample: 1971 2005
|
Included observations: 33
|
Test assumption: No deterministic trend in the data
|
|
|
|
Series: LCKWH LPIB
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
0.191048
|
9.919784
|
12.53
|
16.31
|
None
|
0.084773
|
2.923252
|
3.84
|
6.51
|
At most 1
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%)
significance level
|
|
|
L.R. rejects any cointegration at 5% significance level
|
|
|
|
Côte d'Ivoire
Sample: 1971 2005
|
Included observations: 33
|
Test assumption: No deterministic trend in the data
|
|
Series: LCKWH LPIB
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
0.279706
|
20.15956
|
19.96
|
24.60
|
None *
|
0.246329
|
9.332376
|
9.24
|
12.97
|
At most 1 *
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%) significance
level
|
L.R. test indicates 2 cointegrating equation(s) at 5%
significance level
|
|
|
|
|
|
Unnormalized Cointegrating Coefficients:
|
Bénin
Sample: 1971 2005
|
Included observations: 33
|
Test assumption: Linear deterministic trend in the data
|
|
|
Series: LCKWH LPIB
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
0.298272
|
12.93170
|
15.41
|
0.036960
|
1.242785
|
3.76
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%)
significance level
|
|
|
L.R. rejects any cointegration at 5% significance level
|
|
|
Togo
Sample: 1971 2005
|
Included observations: 33
|
Test assumption: No deterministic trend in the data
|
|
|
|
|
Series: LCKWH LPIB
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
0.369039
|
17.38127
|
19.96
|
24.60
|
None
|
0.064051
|
2.184396
|
9.24
|
12.97
|
At most 1
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%) significance
level
|
L.R. rejects any cointegration at 5% significance level
|
Seul le cas de la Côte d'Ivoire présente une
cointégration entre deux variables. Pour ce pays, il y a donc une
relation de long terme entre la consommation d'électricité et la
croissance.
En testant ces différents sous-modèles, le
critère d'information de Schwarz se trouve optimisé pour le
modèle 2, avec deux retards (voir annexe 4). Le test de
cointégration de Johansen montre donc l'existence de deux relations de
cointégration. Ce modèle indique qu'il n'existe pas de constantes
et de tendance linéaire (trend) dans le VAR, mais la relation de
cointégration comprend une constante (pas de tendance
linéaire)
2.5. ESTIMATION DU
MODÈLE À CORRECTION D'ERREUR
La théorie postule qu'on peut associer un modèle
à correction d'erreur à des variables cointégrées
(cas de la Côte d'Ivoire). Le théorème de
représentation de Engle et Granger démontre que les séries
non-stationnaires, plus particulièrement celles qui possèdent une
racine unitaire, doivent être représentées sous forme de
modèle à correction d'erreur si elles sont
cointégrées, c'est-à-dire s'il existe une combinaison
linéaire stationnaire entre elles. L'estimation du modèle
vectoriel à correction d'erreur passe par la détermination de la
relation de long terme ci-dessous :
LPIB = 2,597 LCKWh - 19,413 (No trend)
D'après cette relation, à long terme, le PIB et
la consommation d'électricité vont de pair car le coefficient de
la consommation d'électricité est positif. Ainsi, à long
terme, une augmentation de 1% de la consommation d'électricité
entraîne une augmentation de près de 2% du PIB. L'estimation du
modèle à correction d'erreur est donnée dans le tableau
ci-dessous.
Modèle vectoriel à correction
d'erreur
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting
|
Endpoints
|
Standard errors & t-statistics in parentheses
|
Cointegrating Eq:
|
CointEq1
|
|
LPIB(-1)
|
1.000000
|
|
|
|
|
LCKWH(-1)
|
2.597852
|
|
|
(1.42244)
|
|
|
(2.92333)
|
|
|
|
|
C
|
-19.41324
|
|
|
(7.04700)
|
|
|
(-2.75482)
|
|
Error Correction:
|
D(LPIB)
|
D(LCKWH)
|
Zt-1
|
-0.059165
|
-0.021675
|
|
(0.01921)
|
(0.04832)
|
|
(-3.07942)
|
(-0.44858)
|
|
|
|
D(LPIB(-1))
|
0.316407
|
0.629596
|
|
(0.18978)
|
(0.47728)
|
|
(1.66725)
|
(1.31913)
|
|
|
|
D(LPIB(-2))
|
-0.070927
|
-0.098487
|
|
(0.18499)
|
(0.46525)
|
|
(-0.38340)
|
(-0.21169)
|
|
|
|
D(LCKWH(-1))
|
0.026093
|
-0.164163
|
|
(0.09480)
|
(0.23841)
|
|
(0.27526)
|
(-0.68859)
|
|
|
|
D(LCKWH(-2))
|
0.074477
|
0.167464
|
|
(0.08646)
|
(0.21743)
|
|
(0.86143)
|
(0.77018)
|
R-squared
|
0.405939
|
0.115885
|
Adj. R-squared
|
0.317930
|
-0.015095
|
Sum sq. resids
|
0.038693
|
0.244731
|
S.E. equation
|
0.037856
|
0.095206
|
F-statistic
|
4.612464
|
0.884754
|
|
|
|
La première ligne contient les variables
expliquées du modèle et la première colonne les variables
exogènes, le terme de correction d'erreur, le coefficient de
détermination et la statistique de Fisher. Les deux équations
estimées peuvent donc s'écrire :
(0.275) (1.667) (0.861) (-0.383)
(-3,079)
(1.319) (-0.688) (-0.211) (0.77)
(-0.448)
La qualité de l'estimation de ce modèle semble
bonne au regard de la statistique de Fisher et du coefficient de
détermination.
De plus, le paramètre du terme à correction
d'erreur (Zt-1) est négatif et
significatif dans l'équation du PIB (première équation),
confirmant ainsi l'existence d'une relation de long terme entre la consommation
d'électricité et la croissance. Le modèle à
correction peut être validé dans ce cas. La valeur de ce
paramètre indique, en outre, qu'en cas de déséquilibre de
court terme, le PIB semble revenir plus lentement de son sentier
d'équilibre (la vitesse de convergence est estimée à
près de 6% seulement).
La validation de la première équation permet
d'affirmer qu'il est mieux d'expliquer le PIB par la consommation
d'électricité que d'expliquer cette dernière par le
PIB.
2.6. TEST DE CAUSALITÉ
DE GRANGER
L'étude du sens de causalité entre la
consommation d'électricité et la croissance constitue la
préoccupation majeure de notre travail. Elle nous permet d'assurer une
bonne formulation de politique économique au sein de l'UEMOA grâce
au test de causalité de Granger.
Cette relation entre la croissance économique et la
consommation d'énergie est aujourd'hui bien établie dans les
différentes études. Cependant, la direction de la
causalité reste un sujet très controversé. La
détermination du sens de cette causalité est importante et a des
implications en matière de politique économique. En outre, le
test de causalité basé sur le modèle vectoriel à
correction d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale
même si aucun coefficient estimé des variables
d'intérêt décalées n'est significatif.
Pour le Sénégal, le Bénin et le Togo,
l'absence de relation de long terme implique qu'il n'y ait aucune
causalité dans les deux sens. Il y a donc un rejet systématique
des hypothèses 3 et 4 au profit de l'hypothèse de
neutralité (Yu et Choi).
Sénégal
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
1.00122
|
0.32476
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
0.43713
|
0.51340
|
Bénin
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
0.47067
|
0.49778
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
2.25114
|
0.14363
|
Togo
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
2.28362
|
0.14087
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
0.18957
|
0.66629
|
Pour la Côte d'Ivoire, l'existence d'une relation de
cointégration entre ces deux variables entraîne l'existence d'une
relation causale entre celles-ci dans au moins une direction. Cette relation de
causalité est examinée ici à l'aide du test de
causalité de Granger basé sur le modèle vectoriel à
correction d'erreur. Les résultats de ce test sont
présentés dans le tableau suivant :
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 2
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
33
|
2.04665
|
0.14805
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
4.99265
|
0.01398
|
Prob < 5%, on accepte H1 : LCKWh cause au sens de
Granger LPIB.
Le test de causalité de Granger révèle
donc l'existence d'une causalité unidirectionnelle de la consommation
d'électricité vers la croissance du PIB dans l'économie
ivoirienne, ce qui conduit à accepter notre hypothèse 3.
Le tableau 8 résume les résultats obtenus
à l'issue de nos tests :
Tableau 8 :
Résumé des résultats des tests
économétriques
Méthode Empirique
|
Période
|
Pays
|
Relation de
causalité
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Bénin
|
Pas de cointégration
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Côte d'Ivoire
|
Electricité ? croissance
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Sénégal
|
Pas de cointégration
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Togo
|
Pas de cointégration
|
Source : Auteur
Si c'est la consommation d'énergie qui détermine
le revenu, cela indique que l'économie dépend de l'énergie
si bien que la consommation d'énergie affecte directement le revenu,
impliquant qu'une déficience dans l'approvisionnement en énergie
peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance (Masih et
Masih, 1998.)
En outre, Wolde-Rufael (2006) note que l'absence de
causalité dans les deux sens pourrait statistiquement signifier que les
mesures permettant d'économiser l'électricité peuvent
être prises sans compromettre le développement économique.
Cependant, il souligne que réduire la consommation de
l'électricité chez les populations qui ont un accès
difficile à cette ressource n'est pas une option envisageable : les pays
africains n'ont pas encore atteint un niveau d'autonomie
d'électricité pour se permettre une réduction de leur
consommation ; cependant, ils peuvent prévenir les conséquences
néfastes liées à la consommation accrue de
l'électricité. Au contraire en rendant
l'électricité accessible à tous, cela pourrait contribuer
à réduire non seulement la pauvreté, mais aussi à
améliorer la qualité de vie des populations.
Au lendemain des indépendances, la conjonction de
facteurs favorables avait facilité la mise en oeuvre de l'objectif de
développement des réseaux électriques en Afrique
francophone. Le choix du monopole et de l'intégration verticale comme
modèle d'organisation industrielle avait ouvert la possibilité
d'exploiter les économies d'échelle et d'envergure. Des
politiques de restructuration avaient ainsi permis un renforcement des
capacités de production. Toutefois, ce dynamisme de l'offre ne s'est pas
traduit par une résorption de l'écart entre l'offre et la demande
au regard des faibles taux d'accès à l'électricité.
Les progrès réalisés dans le développement des
capacités de production ont été très importants
à la suite de la création des entreprises publiques
d'électricité. En effet, les politiques de restructuration
sectorielle ayant eu pour principaux aspects la création d'un
réseau centralisé, et la gestion du secteur à un
opérateur unique, ont permis très rapidement d'exploiter les
économies d'échelle et d'envergure escomptées. Ce
modèle a été tout entier tourné vers la
création et le développement intensif des infrastructures
électriques, en s'appuyant sur la planification sectorielle et la
centralisation au plus haut niveau de l'Etat.
Cependant, cette évolution ne connaîtra pas la
même intensité d'un pays à un autre. Elle a
été plus forte en Côte d'Ivoire qu'ailleurs (voir tableau
4), en partie pour des raisons liées aux disparités concernant
les dotations en sources d'énergie fossiles et le développement
du tissu industriel.
Les résultats obtenus dans notre recherche semblent
confirmer le statut de la Côte d'Ivoire en tant que « bon
élève » et référence dans la
sous-région en matière de structuration du secteur de
l'électricité. En effet, ce pays a été l'un des
pionniers en Afrique Occidentale à se lancer dans un processus de
réforme de ce secteur. De ce fait, comme l'atteste les résultats
des tests, ce secteur a été suffisamment structuré pour
avoir un impact réel sur le développement économique.
Quant aux autres pays de l'UEMOA, ils ont pratiquement tous
connu un échec de la privatisation (Sénégal, Mali, Togo).
Un processus de privatisation est toutefois en cours pour le Bénin, le
Niger et le Burkina, ces derniers ayant tardivement enclenché la
restructuration de leur secteur énergétique.
SECTION 3. RECOMMANDATION DE POLITIQUES ÉCONOMIQUES
Les résultats des tests de causalité montrent
que globalement, pour les pays testés, la consommation
d'électricité et la croissance évoluent de manière
indépendante (hypothèse de neutralité de Yu et Choi,
1985). À part la Côte d'Ivoire (qui présente simplement une
causalité unidirectionnelle de la consommation
d'électricité à la croissance), il n'y a point de
causalité ni de relation de long terme entre ces deux grandeurs. Ces
résultats sont semblables avec ceux obtenus par Kane (2009) sur
données de panel hétérogènes pour les pays de
l'UEMOA. Cette situation peut s'expliquer par le fait que l'énergie
électrique occupe une part négligeable dans le bilan
énergétique de l'Union, dominé par la biomasse. Cela
montre aussi que ce secteur n'est pas encore assez structuré pour
assurer le rôle qu'il a joué dans le développement des pays
industrialisés car la contribution de ce secteur de l'énergie et
son influence sur la croissance économique restent incontestables, tel
que le montre la chaîne énergétique économique dans
la figure 2.
Face à une situation pareille, la recommandation
principale reste la réorganisation du secteur de
l'électricité et la poursuite de l'extension des réseaux
électriques vers les populations ayant un accès difficile
à cette ressource. Si cette politique tarde à donner des
résultats dans les pays de l'Union, c'est parce qu'elle n'a pas
été accompagnée de mesures adéquates.
D'après les résultats obtenus à travers ce travail de
recherche, quelques recommandations supplémentaires de politiques
économiques peuvent être faites. Elles vont essentiellement dans
le sens d'une restructuration du secteur de l'électricité. De
plus, vu le rejet de l'hypothèse de causalité dans la plupart des
pays testés, une politique d'économie d'énergie doit
être d'avantage mise en exergue dans un contexte de crise
énergétique caractérisée par l'insuffisance de
l'offre d'énergie électrique.
3.1. DÉVELOPPER LES
INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES RÉGIONALES
Toutes les théories de la croissance s'accordent sur le
fait que l'accumulation du capital physique est un facteur essentiel de la
croissance. De façon générale, ces infrastructures
comprennent entre autres le réseau de fourniture
d'électricité et ont un double rôle : accompagner la
production des secteurs productifs et satisfaire les besoins des consommateurs
(Kassé, 2002).
L'UEMOA doit rechercher de manière vigoureuse des
solutions aux problèmes d'infrastructures en vue de maintenir et
d'accélérer sa croissance économique. Pour un grand nombre
de pays, des actions indépendantes sur le plan international ne pourront
pas combler l'écart énergétique en raison du coût
élevé des investissements dans le secteur et de la
répartition inégale des ressources énergétiques.
Par conséquent, pour assurer une exploitation judicieuse des ressources
hydroélectriques, de gaz naturel et d'autres ressources, il faudra
renforcer l'intégration régionale et développer des
infrastructures énergétiques régionales.
Concernant le financement de l'infrastructure
énergétique pour la croissance, certaines questions importantes
doivent être considérées, notamment : (a) les options de
financement des grands besoins d'infrastructure énergétique sans
pour autant augmenter le fardeau de la dette ; (b) l'importance de
l'intégration régionale dans la promotion du commerce
transfrontalier de l'énergie électrique ; (c) la promotion de la
mise en commun des ressources énergétiques ; (d) la
nécessité d'intégrer les politiques
énergétiques aux stratégies nationales de
développement et d'aborder la question des allocations
budgétaires inadéquates au secteur énergétique.
3.2. ORIENTATIONS EN
MATIÈRE DE RESTRUCTURATION ET DE RÉGULATION DU SECTEUR
Quelques orientations sont nécessaires concernant le
processus de privatisation, la réglementation et la
libéralisation (l'ouverture à la concurrence) du secteur
électrique.
Sur la privatisation du secteur électrique
Il est nécessaire d'élaborer une phase
préparatoire de formulation réglementaire, de restructuration de
l'entreprise privatisée et des réseaux, ce qui conditionne en
général le succès ou l'échec de l'opération.
De plus il faudrait revoir la structure des prix souvent à la hausse
sans tenir compte de son importante imputation sur les consommateurs. En
définitive, les États membres doivent :
· envisager un cadre harmonisé au niveau
régional permettant de définir les effets de la privatisation ;
· mettre en place une banque de données
harmonisée au niveau sous-régional afin d'évaluer,
comparer et capitaliser les expériences de privatisation.
Sur la réglementation du secteur
électrique
En matière de régulation, il est
nécessaire de définir une réglementation au
préalable, en vue d'une bonne formulation des termes du contrat de
concession de l'entreprise publique au secteur privé. En plus il est
opportun pour les pays de l'UEMOA de se doter d'un cadre juridique permettant
de réglementer le marché, puis le secteur. En outre, une
régulation efficace du secteur électrique s'impose, car la
réussite de la privatisation en dépend. De ce fait, avec la
segmentation du marché de l'énergie en sous-secteur (production,
transport et distribution), la réglementation devient
nécessairement plus complexe et les agences de régulation
indépendantes de préférence, doivent dorénavant
accomplir certaines fonctions qui étaient tenues auparavant par l'Etat
pour plus d'efficacité.
3.3. ACCÈS À
L'ÉNERGIE POUR LES POPULATIONS DÉFAVORISÉES
Malgré les efforts d'expansion réalisés
par les entreprises publiques d'électricité, une observation
importante concerne l'absence de modification réelle du schéma
d'électrification à deux vitesses ayant caractérisé
le modèle colonial. C'est ainsi que l'accès à
l'énergie est resté un phénomène urbain,
bénéficiant aux grandes villes, puis aux villes moyennes et
petites. Cette faible pénétration du service est illustrée
par la part très réduite de la consommation
d'électricité dans la structure des consommations
énergétiques. Ces constats conduisent à relativiser les
progrès réalisés en matière de construction
d'infrastructures et expliquent certainement la faible influence
constatée de l'électricité sur la croissance. Ils
suggèrent que la demande insatisfaite est importante, ce qui correspond
à une situation de pénurie de l'offre et donc de
sous-équipement.
Pour relever le double défi d'accroître
l'accès à l'énergie pour les pauvres tout en assurant un
bon fonctionnement des infrastructures énergétiques existantes,
les pays membres doivent réaliser des résultats concrets dans les
domaines suivants :
Action nationales
a) Renforcer les cadres de planification en vue de prendre en
compte les besoins énergétiques pour la croissance
économique et la réduction de la pauvreté, et
intégrer l'énergie dans les stratégies nationales et
sectorielles de développement ;
b) Promouvoir l'usage des ressources
énergétiques locales en vue de créer un environnement
favorable à la sécurité énergétique et
à la création des emplois ;
c) Améliorer l'accès à l'énergie
pour les pauvres à travers des politiques appropriées de
détermination des tarifs, de distribution et de composition des
approvisionnements en énergie.
Actions Régionales
Elles doivent se situer essentiellement au niveau de
l'accélération des initiatives en cours telles que le barrage
d'INGA et les projets d'interconnexion, la mise en commun des ressources
énergétiques sur le plan régional, le projet de gazoduc.
Des efforts doivent être consentis pour renforcer les institutions
régionales telles le NEPAD en tant que propulseurs de l'action
régionale.
3.4. DÉVELOPPER DES
MODÈLES DE PLANIFICATION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE
La gestion effective de l'énergie et sa planification
en Afrique sub-saharienne est difficile, pour plusieurs raisons. Parmi elles on
note l'absence de données fiables sur l'énergie et d'une
structure coordonnée de planification de l'énergie. En outre, les
quelques efforts nationaux et sous-régionales dans ce domaine ne sont
pas suffisamment organisés pour être utilisés dans la
conduite d'une activité régionale. Il est donc important
d'organiser la collecte de données et la gestion des systèmes
d'informations, et que soit établie une stratégie pour coordonner
les plans de développement. Ce sont des conditions préalables
pour que les chercheurs, scientifiques et ingénieurs puissent appliquer
leurs compétences analytiques à la modélisation.
Il faudrait donc développer des modèles
énergétiques permettant d'optimiser, de gérer de
manière efficace, et de planifier la production d'énergie et
l'utilisation de l'énergie dans la région. Les différents
systèmes d'échange d'énergie électrique comme le
West African Power Pool (EEOA) ont clairement démontré les
capacités régionales à coordonner le développent du
secteur énergétique, même si ces initiatives sont à
des stades différents.
Le développement de modèles et scénarios
énergétiques qui tiennent en compte les réalités et
les priorités de la région offrent des possibilités
d'établir des réseaux de modélisation régionale de
l'énergie. Ceux-ci, à leur tour, permettront d'optimiser les
ressources énergétiques de l'UEMOA (vu les ressources
financières limitées des pays) et de renforcer les revenus et le
développement du capital humain des pays membres. Pour cela, il faudra
développer une solide base de données harmonisée
d'énergie utile pour la modélisation.
3.5. ENVISAGER DES POLITIQUES
D'ÉCONOMIE D'ÉNERGIE (ENERGY EFFICIENCY)
La demande d'énergie mondiale est appelée
à augmenter significativement durant les prochaines décennies,
particulièrement dans les pays en développement (ONUDI,
2008)23(*). En ce qui
concerne les pays de l'UEMOA, le prix de l'électricité est
intrinsèquement lié au rythme de consommation qui augmente les
charges d'exploitations des entreprises de distribution mais aussi les besoins
d'investissement. Dans une situation de crise énergétique
caractérisée par une offre d'énergie électrique
nettement inférieure à une demande en pleine croissance, Il faut
prévenir les conséquences néfastes liées à
la consommation accrue de l'électricité.
Une solution pour le court et le long terme est une politique
d'économie d'énergie. Pour cela il faudrait :
· encourager les consommateurs à utiliser
l'énergie de manière efficace à travers la
détermination des tarifs, des avantages fiscaux et des programmes de
sensibilisation du public. Le changement de la structure tarifaire avec un
passage vers un système de tarification progressif constitue une
solution possible puisqu'elle contribuerait à préserver les
usagers à faibles revenus et tout en incitant à l'économie
de l'énergie ;
· promouvoir une politique d'efficacité
énergétique dans les procédés industriels en
améliorant les techniques de production : bien vrai que le niveau
de développement diffère considérablement au sein des pays
de l'UEMOA, seuls quelques pays réalisent une contribution de plus de
20% de leur secteur manufacturé dans le PIB. Pour beaucoup de pays, la
contribution de ce secteur dans le PIB se situe à moins de 15%. La
productivité est, entre autres raisons, compromise par les
surcoûts énergétiques. La forte intensité
énergétique, combinée à la faible
industrialisation, attestent d'une utilisation inefficiente de l'énergie
(ONUDI, 2008). Un effort substantiel doit être fait dans l'utilisation
rationnelle de l'énergie électrique pour améliorer la
compétitivité et la productivité des industries de
l'UEMOA. À cet effet, toute stratégie globale ayant comme
objectif le développement économique doit chercher à
améliorer leur compétitivité.
En définitive, même si une distinction est
à faire par pays, il n'empêche qu'au sein de l'UEMOA
l'accès à l'énergie électrique reste non pas une
condition suffisante pour assurer le processus de développement
économique, mais une condition indispensable. L'accès à
l'électricité par toutes les couches des populations et son
utilisation de manière efficiente doivent faire partie des objectifs
prioritaires du développement économique et social durant les
décennies à venir.
CONCLUSION
Cette recherche s'est basée sur les avancées
économétriques récentes des tests de racine unitaire et de
cointégration, afin de vérifier l'existence d'une relation de
long terme entre la consommation d'énergie électrique et la
croissance. Empiriquement, l'application de cette théorie
nécessite la démarche suivante (Ambapour et Massamba, 2005) :
· tester l'ordre d'intégration des séries
(tests de racine unitaire) pour s'assurer qu'elles suivent une marche
aléatoire (seul domaine d'application du théorème de
représentation de Granger) ;
· tester la cointégration pour déterminer
l'existence d'une relation d'état stationnaire entre les variables ;
· estimer le modèle à correction d'erreur
qui vise à rendre compte dans une même équation d'un
écart éventuel par rapport à un équilibre de long
terme et du processus d'ajustement à court terme de cet
équilibre.
À l'issue de cette analyse économétrique,
il est apparu que les deux séries étudiées ne sont
cointégrées que pour le cas de la Côte d'Ivoire, impliquant
l'absence d'une relation de long terme entre la consommation
d'électricité par tête et le revenu par tête pour les
autres pays. Le test de causalité dans le cadre du modèle
à correction d'erreur révèle que, dans le seul cas de la
Côte d'Ivoire, la croissance économique « cause »
au sens de Granger la consommation d'énergie, ces deux variables
évoluant de manière indépendante pour les autres pays.
Ces résultats laissent présager que les pays de
l'UEMOA doivent davantage structurer le secteur de l'énergie
électrique pour qu'il puisse avoir l'apport qu'il a eu dans les pays
industrialisés. Ceci passe par de bonnes politiques de réformes
du secteur, un accès aux services énergétiques de
l'électricité pour les populations défavorisées,
mais aussi un bon système de planification, sans oublier le
développement du partenariat régional et l'achèvement des
projets d'interconnexion des réseaux électriques. Ils doivent
aussi miser sur les politiques d'économie d'énergie d'autant plus
que la crise actuelle que connait l'Union est essentiellement due à
l'insuffisance de l'offre face à une demande en pleine croissance.
L'espace UEMOA possède également des avantages relatifs pour les
énergies renouvelables. Ces dernières peuvent être d'un
grand apport et doivent en conséquence être mises à forte
contribution. Leur potentiel de développement est important,
particulièrement pour l'hydroélectricité (Kane, 2009). La
politique énergétique dans l'Union doit s'articuler autour de la
garantie de sécurité et de l'offre d'une énergie
électrique à des prix très compétitifs. Elle doit
aussi garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant
l'accès de tous à l'énergie.
L'électricité est omniprésente dans la
vague de restructuration actuellement en cours dans beaucoup de pays de
l'UEMOA. Cela montre la prise de conscience du fait qu'elle peut jouer un
rôle central dans le développement social et économique des
pays membres, ce qui n'est pas encore le cas dans la région
d'après les résultats de notre recherche. Il est donc reconnu
implicitement que l'investissement dans l'électricité et les
efforts pour rendre ce secteur plus efficace peuvent favoriser la croissance
économique.
Plus récemment, la reconnaissance du lien entre
l'énergie et le développement humain (Modi, 2004) a fait
apparaître la nécessité de cibler l'accroissement de
l'accès des populations aux services énergétiques comme
une priorité pour permettre le développement et atteindre les OMD
au niveau de la région. Cet aspect constitue le second volet de
l'engagement au niveau régional, déjà formulé dans
la convention de collaboration UEMOA-CEDEAO d'août 2005, et a abouti
à l'élaboration du Livre Blanc. La compréhension et la
capitalisation des mécanismes mis en oeuvre pour le développement
des initiatives régionales est essentielle pour assurer un appui
adéquat aux États Membres, et leur permettre de répondre
au défi de l'accroissement massif de l'accès à des
services énergétiques des populations des zones rurales ou
périurbaines.
Les résultats de cette présente recherche
devraient, cependant, être interprétés avec réserve
du moment où la consommation d'électricité
représente moins de 5 % de la consommation d'énergie totale dans
l'UEMOA. De plus, seule l'électricité fournie en réseau
est prise en compte. En outre, les difficultés d'obtention de
séries longues sur l'électricité nous ont contraint
à restreindre l'analyse empirique sur un certains nombre de pays de
l'UEMOA. Ce problème se posant, les résultats de cette recherche
exigent d'autant plus la nécessité d'une souplesse
d'interprétation.
Pour cela, dans le prolongement de cette recherche, des
approfondissements pourront être apportés sur deux
points :
D'abord une différenciation des différents
secteurs de l'économie s'impose pour pouvoir mieux appréhender la
relation de long terme et le lien de causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance et avoir une information plus
précise quant à la contribution de la consommation
d'électricité par l'industrie, les services et les ménages
au développement.
De plus, la crise énergétique actuelle montre
que les déterminants de la demande d'énergie électrique
doivent être mieux identifiés afin de comprendre la forte
croissance de la consommation d'électricité observée ces
dernières années alors qu'elle ne se reflète guère
sur le développement des pays de l'UEMOA.
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2008 de la Commission.
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www.energie-omd.org
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www.iea.org
www.jstor.org
www.mkasse.com
www.uemoa.int
www.undp.org
www.worldbank.org
www.worldenergy.org
ANNEXES
Annexe 1 : Calcul, sur la période
d'après Guerre, de l'élasticité de la consommation
primaire d'énergie par rapport au produit national brut pour les pays
développés
Le calcul, sur la période d'après Guerre, de
l'élasticité de la consommation primaire d'énergie par
rapport au produit national brut, donne un coefficient qui, dans la plupart des
cas, est proche de l'unité.
La relative stabilité sur longue période de
l'élasticité annuelle de la consommation d'énergie
primaire par rapport au PNB, c'est-à-dire de l'élasticité
empirique obtenue en faisant le rapport permet de recourir à un ajustement exponentiel du type
où á est un coefficient moyen
d'élasticité sur l'ensemble de la période.
Un des grands débats énergétiques est de
savoir précisément si les facteurs qui militent en faveur d'une
réduction de la consommation d'énergie tendent ou non a
l'emporter sur les facteurs d'accroissement.
Au niveau sectoriel, les relations énergie-croissance
peuvent être appréhendées grâce a des tableaux
d'échanges interindustriels et à la mise en évidence de
coefficients d'intensité énergétique des produits,
lesquels permettent d'apprécier l'évolution temporelle de la
« productivité » de l'énergie dans un pays
donné, et de faire apparaitre en conséquence les secteurs
où les mesures d'économies seraient les plus appréciables
(surtout si dans le même temps une comparaison avec la structure
productive de pays de même niveau de développement est
établie). De tels systèmes matriciels sont, de plus,
opératoires dans une perspective prévisionnelle, puisqu'ils
indiquent la quantité d'énergie à utiliser pour produire,
une année terminale donnée, les divers éléments de
la demande globale, pour autant bien sûr que l'on ait fait une
hypothèse sur l'évolution attendue des coefficients techniques de
consommation directe et indirecte d'énergie (ce qui revient en quelque
sorte a tracer la trajectoire des choix techno-logiques du futur...).
En adoptant la formulation
[1- A] X = Y
où [A] est la matrice des coefficients techniques de
production (à la fois la production nationale et les importations), X
est le vecteur des productions disponibles des branches, Y est le vecteur de la
demande finale totale, les éléments aij de la matrice
[A] sont définis comme les produits intermédiaires provenant de
la branche i nécessaires pour produire une unité de production
dans la branche j. On calcule ainsi des coefficients techniques de consommation
directe d'énergie qui traduisent la quantité d'énergie
vendue au cours de la période considérée (l'année
en général) par la branche « énergie »
a une branche quelconque pour les besoins de sa production. À côte
de ces coefficients directs, il est nécessaire de calculer des
coefficients totaux qui reflètent l'utilisation à la fois directe
et indirecte de ressources énergétiques par chaque branche et qui
constituent les éléments bij de la matrice [B] obtenue
par transposition:
X = [1 - A]-1 Y = [B] Y
On peut ainsi mettre en évidence les besoins nouveaux
en produits énergétiques issus d'un accroissement anticipe de la
demande d'une catégorie particulière de biens et services et
faire apparaître d'éventuels goulots d'étranglement au
niveau des ressources disponibles. Ces goulots sont différents, pour un
pays donné, selon la structure de son approvisionnement et il importe de
passer de coefficients établis à partir de valeurs
monétaires à des coefficients calculés sur des
quantités physiques (tec ou tep). La conversion des flux intersectoriels
représentant des unités monétaires en des quantités
physiques d'énergie peut se faire, via un système de prix
relatifs, en construisant une matrice [F] de flux énergétiques.
La matrice [B] est alors remplacée par une expression de la forme [E] =
[F] [1-A]-1 exprimée en tec ou en tep par unité monétaire
de demande finale, ou [F] est la matrice des coefficients de consommation
énergétique directe exprimés non plus en unités
monétaires mais en tec ou en tep par unité monétaire de
production totale. Les éléments de la matrice
énergétique totale [E], les eij, donnent la production
totale en tec ou en tep de la branche « énergie » i
nécessaire pour que l'économie puisse faire face a un
supplément unitaire de demande finale.
Jacques PERCEBOIS, Energie, croissance et calcul
économique, Revue économique, Vol. 29, No. 3 (Mai 1978), pp.
464-493
Annexe 2 : Etat des régulations du secteur de
l'électricité dans l'UEMOA
Pays
|
Etat du processus de privatisation/
libéralisation
|
Existence d'une régulation
|
Forme de la régulation
|
Indépendance
|
Période d'interven-tion
|
Evaluation qualitative
|
Burkina Faso
|
Privatisation en cours
|
Non
|
Non Définie
|
-
|
-
|
Pas encore mis en service
|
Bénin
|
Privatisation en cours
|
Non, mais prévue
|
Autorité sectorielle
|
Prévue
|
-
|
-
|
Côte d'Ivoire
|
Succès de la privatisation
|
Oui
|
Autorité sectorielle
|
Non
|
Après privatisation
|
Absence d'adéquation entre les attributs et les
ressources
|
Guinée Bissau
|
Succès de la privatisation
|
Oui
|
Une DG rattachée à l'administration centrale
|
Non
|
Avant privatisation
|
Attributions, moyens et compétences inadéquats
|
Mali
|
Echec de la privatisation
|
Oui
|
Autorité administrative indépendante CREE
|
Oui
|
Après privatisation
|
- Pouvoir d'enquête, d'investigation, d'injonction et de
sanction
- Rôle défini de façon floue
|
Niger
|
Processus de la privatisation au point mort
|
Oui
|
Autorité administrative indépendante :
autorité de régulation multisectorielle
|
Oui
|
Avant et pendant processus
|
- Bonne adéquation moyens, attributions,
compétences
- Pouvoirs à la fois décisionnels et
consultatifs
- Difficulté de relancer la privatisation de la NIGELEC
|
Sénégal
|
Echec de la privatisation
|
Oui
|
Autorité sectorielle CRE
|
Oui
|
Pendant processus
|
- Bonne adéquation moyens, attributions et
compétences
- A adopté une démarche participative
intéressante
- Dispose d'un pouvoir décisionnel
- Doit s'imposer
|
Togo
|
Echec de la privatisation
|
Oui
|
Autorité sectorielle : ARSE
|
Oui
|
Après privatisation
|
- Insuffisance des ressources humaines
- Pouvoirs à la fois décisionnels et
consultatifs
|
Source : Kenfack, Y., Nyama,
A. M. (2007) : La reforme du secteur de l'électricité en
Afrique francophone : Le cas des pays de la CEMAC et de l'UEMOA, Groupe
Intergouvernemental d'Experts du Droit et de la Politique de la Concurrence.
Annexe 3 : Nombre de critères
respectés par chaque Etat membre sur la période
2000-2007
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Bénin
|
5
|
4
|
6(+)
|
5
|
4
|
2
|
3
|
6(+)
|
Burkina Faso
|
4
|
3
|
4
|
4
|
8
|
3
|
4
|
4
|
Côte d'Ivoire
|
2
|
2
|
1
|
1
|
4
|
1
|
2
|
3
|
Guinée Bissau
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
0
|
1
|
0
|
Mali
|
4
|
4
|
4
|
5
|
4
|
4
|
6(+)
|
5
|
Niger
|
1
|
0
|
2
|
3
|
4
|
3
|
6(+)
|
6(+)
|
Sénégal
|
5
|
5
|
6(+)
|
7
|
1
|
6(+)
|
6
|
6
|
Togo
|
1
|
1
|
1
|
3
|
1
|
1
|
2
|
2
|
Source :
UEMOA, Impacts de la Crise Financière Internationale sur les
Economies de l'UEMOA, Janvier 2009.
Annexe 4 : TESTS ECONOMETRIQUES
Test de racine unitaire pour la Côte
d'Ivoire
Test de stationnarité sur la variable LCKWh en
niveau
Test de stationnarité sur la variable LCKWh (1st
difference)
ADF Test Statistic
|
-3.835362
|
1% Critical Value*
|
-4.2712
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5562
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2109
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LCKWH,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 19:21
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Test de stationnarité sur la variable LPIB en niveau
ADF Test Statistic
|
-0.800794
|
1% Critical Value*
|
-3.6422
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9527
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6148
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB)
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/03/09 Time: 09:43
|
Sample(adjusted): 1973 2005
|
Included observations: 33 after adjusting endpoints
|
Test de stationnarité sur la variable en
différence premier
ADF Test Statistic
|
-3.129223
|
1% Critical Value*
|
-3.6496
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9558
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6164
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/03/09 Time: 09:34
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Test de racine unitaire pour le
Bénin
Test de stationnarité sur la variable LCKWh en
niveau
ADF Test Statistic
|
-2.199739
|
1% Critical Value*
|
-3.6422
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9527
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6148
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LCKWH)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 19:39
|
Sample(adjusted): 1973 2005
|
Included observations: 33 after adjusting endpoints
|
Test de stationnarité sur la variable en
différence premier
ADF Test Statistic
|
-6.493264
|
1% Critical Value*
|
-3.6496
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9558
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6164
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LCKWH,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 19:41
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Test de stationnarité sur la variable LPIB en niveau
ADF Test Statistic
|
-2.204077
|
1% Critical Value*
|
-4.2605
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5514
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2081
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 19:49
|
Sample(adjusted): 1973 2005
|
Included observations: 33 after adjusting endpoints
|
Test de stationnarité sur la variable LPIB en
différence premier
ADF Test Statistic
|
-4.643616
|
1% Critical Value*
|
-4.2712
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5562
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2109
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(LPIB,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 06/23/09 Time: 19:53
|
Sample(adjusted): 1974 2005
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Test de cointégration Côte
d'Ivoire
Sample: 1971 2005
|
Included observations: 33
|
Series: LPIB LCKWH
|
Lags interval: 1 to 1
|
Rank or
|
No Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
No. of CEs
|
No Trend
|
No Trend
|
No Trend
|
Trend
|
Trend
|
|
|
Log Likelihood by Model and Rank
|
|
|
|
0
|
93.80028
|
93.80028
|
97.40513
|
97.40513
|
98.31064
|
1
|
99.07572
|
99.21387
|
102.4152
|
104.2413
|
104.4632
|
2
|
99.95477
|
103.8801
|
103.8801
|
107.2979
|
107.2979
|
|
Akaike Information Criteria by Model and Rank
|
|
|
0
|
-5.442441
|
-5.442441
|
-5.539705
|
-5.539705
|
-5.473372
|
1
|
-5.519741
|
-5.467507
|
-5.600921
|
-5.650990
|
-5.603830
|
2
|
-5.530592
|
-5.477276
|
-5.647276
|
-5.625204
|
-5.633204
|
L.R. Test:
|
Rank = 0
|
Rank = 2
|
Rank = 0
|
Rank = 0
|
Rank = 0
|
Annexe 5:
Source : ENERDATA, 2008,
www.enerdata.fr
Annexe 6 : Map Energy Indicators - World -
Electricity Consumption 2006.
Source : ENERDATA, 2008,
www.enerdata.fr
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABRÉVIATIONS
2
Liste des tableaux et graphiques
4
INTRODUCTION
6
Chapitre 1. Contexte économique, profil
énergétique et cadre des réformes du secteur de
l'énergie dans l'UEMOA
10
Section 1. Contexte économique
10
1.1. Présentation de l'UEMOA
10
1.2. Situation macroéconomique actuelle
13
Section 2. Le profil énergétique de
la région : les ressources, les consommations et l'accès à
l'électricité
17
2.1. Formation des industries de réseaux
électrique et réformes du secteur de l'électricité
dans l'UEMOA
18
2.2. Un potentiel énergétique
important et inégalement réparti
21
2.3. Des niveaux de consommation
d'électricité parmi les plus faibles de la planète
24
Section 3. Cadre des réformes du secteur
énergétique dans l'UEMOA
27
3.1. Conduite de la polique
énergétique dans l'union
27
3.2. Les initiatives dans le sous secteur de
l'électricité
29
Chapitre 2 : Consommation d'énergie
électrique et croissance : une revue de la littérature
35
Section 1 : Revue Théorique
36
1.1. Le rôle des services d'énergie
électrique dans le développement
36
1.2. La dimension énergétique de la
pauvreté
38
Section 2 : Eléments empiriques
42
2.1. Retour sur la causalité
énergie-revenu
42
2.2. Consommation d'électricité et
revenu : quelques résultats empiriques
45
Chapitre 3 : Analyse empirique de la
causalité entre la consommation d'énergie électrique et la
croissance
53
Section 1. Méthodologie de la recherche
54
1.1. Causalité au sens de Granger
54
1.2. Causalité dans le cas de variables
cointégrées
55
Section 2. Estimation et interprétation des
résultats
56
2.1. Données et hypothèses
56
2.2. Examen graphique
57
2.3. Test de racine unitaire
58
2.4. Test de cointégration de Johansen
61
2.5. Estimation du modèle à
correction d'erreur
63
2.6. Test de causalité de Granger
65
Section 3. Recommandation de politiques
économiques
69
3.1. Développer les infrastructures
énergétiques régionales
70
3.2. Orientations en matière de
restructuration et de régulation du secteur
71
3.3. Accès à l'énergie pour
les populations défavorisées
72
3.4. Développer des modèles de
planification de l'énergie électrique
73
3.5. Envisager des politiques d'économie
d'énergie (energy efficiency)
73
CONCLUSION
76
BIBLIOGRAPHIE
79
ANNEXES
82
TABLE DES MATIERES
92
* 1 AIE, Manuel sur les
statistiques de l'énergie, 2005.
* 2 BAD,
« Sénégal, Projet Centrale Electrique de St
Louis », Rapport d'évaluation de la performance de projet,
juillet 1983.
* 3 FMI, 2008
* 4 ONUDI,
UEMOA, Document de projet du Programme Sous-régional Pilote de
Restructuration et de Mise à Niveau pour les Pays de l'UEMOA, Mai
2002.
* 5 Moustapha KASSE, La
crise financière : comment et quels effets sur l'Afrique ?,
Septembre 2008.
* 6 Moustapha KASSE, Crise
financière et perspective de réforme de la gouvernance mondiale :
Pour l'Afrique, «Nous pas bougé », Novembre 2008,
www.mkasse.com
* 7 UEMOA, Rapport annuel 2008
de la Commission.
* 8 Kane, C. S. (2009) :
« Réformes structurelles des réseaux
électriques et analyse de l'intensité énergétique
du produit intérieur brut dans l'UEMOA », Thèse
d'Etat, UCAD.
* 9 Kenfack, Y., Nyama, A. M.
(2007) : « La reforme du secteur de
l'électricité en Afrique francophone: Le cas des pays de la CEMAC
et de l'UEMOA », Groupe Intergouvernemental d'Experts du Droit
et de la Politique de la Concurrence.
* 10 Kenfack, Y., Nyama, A. M.
(2007) : « La reforme du secteur de
l'électricité en Afrique francophone: Le cas des pays de la CEMAC
et de l'UEMOA », Groupe Intergouvernemental d'Experts du Droit
et de la Politique de la Concurrence.
* 11 UEMOA,
« Programme Economique Régional PER 2006-2010 »,
Volume I, Diagnostic et vision stratégique, juillet 2006.
* 12 UEMOA-CEDEAO,
« Livre Blanc pour une Politique Régionale sur
l'accès au Services Energétiques », janvier
2006.
* 13 UEMOA-CEDEAO, Livre
Blanc pour une Politique Régionale sur l'accès au Services
Energétiques, janvier 2006.
* 14 Jacques PERCEBOIS,
Energie, croissance et calcul économique, Revue
économique, Vol. 29, No. 3 (Mai 1978), pp. 464-493
* 15 K comme capital, L comme
travail, E comme énergie et M comme matière
* 16 Voir Livre Blanc pour une
Politique Régionale sur l'accès au Services Energétiques,
UEMOA-CEDEAO, janvier 2006.
* 17 Modi, V. (2004) :
«Energy services for the poor, (Commissioned paper for the
Millennium Project Task Force 1)». Earth Institute and Department of
Mechanical Engineering Columbia University (USA).
* 18 Voir Yemane Wolde-Rufael,
(2006), « Electricity consumption and economic growth: a time series
experience for 17 African countries », Energy Policy 34 (2006)
1106-1114.
* 19 Ambapour, S., Massamba, C.
(2005) : Croissance économique et consommation d'énergie
au Congo : une analyse en termes de causalité, BAMSI-Brazaville.
* 20 Yemane Wolde-Rufael, 2006,
« Electricity consumption and economic growth: a time series
experience for 17 African countries », Energy Policy 34 (2006)
1106-1114.
* 21 Unrestricted error
correction model
* 22 Ambapour, S., Massamba, C.
(2005) : Croissance économique et consommation d'énergie
au Congo : une analyse en termes de causalité, BAMSI-Brazaville.
* 23 UNIDO, (2008) :
Powering Industriel Growth - the Challenge of Energy Security for Africa,
Working Paper.
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