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Biomonitoring d'exposition à  l'aluminium et au mercure dans la population kinoise : etude réalisée au quartier matadi dans la commune de Bumbu

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par READY KONDA KUMBUTA
Université de Kinshasa - Licence en Biologie 2008
  

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Chapitre I : Revue de la littérature

1. Aluminium

1.1. Définition et répartition

L'aluminium est un métal blanc gris (HACHET, 1992). Constituant à peu près 8% de l'écorce terrestre, il est le troisième élément après l'oxygène et le silicium. C'est un métal léger, de numéro atomique 13 et de poids atomique 27, mais qui se comporte comme un métal lourd dans l'organisme (MOREAU, 1993).

Par ailleurs, les nombreuses propriétés physico-chimiques de l'aluminium (basse densité environ 2,70 g/cm3, grande malléabilité, grande ductilité, bonne conductivité électrique et chimique, résistance à la corrosion, à la traction, etc.) en font un métal très utilisé pour des applications diverses et variées (GOURIER-FRERY, 2003).

1.2. Formes chimiques

L'aluminium existe principalement sous deux formes : les poussières métalliques et les sels solubles (HACHET, 1992). En effet, la forme chimique sous laquelle l'aluminium est ingéré par l'organisme se présente sous la forme de sels qui, pour être absorbés, doivent être solubles. Ainsi, on ne devrait même pas parler d'aluminium mais plutôt des sels d'aluminium < www.invs.santé.fr/publications/2004> (17-04-2008). Ceci revient à dire qu'il se trouve très souvent sous la forme combinée, lié à d'autres molécules inorganiques comme le chlore, le fluor, ou lié à des acides organiques comme l'acide citrique, l'acide glutamique, l'acide lactique, le maltol, etc. (PILETTE, 2008).

1.3. Principales sources d'exposition anthropiques

(HACHET, 1992 ; MOREAU, 1993 ; REICHL, 2002 ; PILETTE, 2008)

Cimenterie et
ciments

Les additifs alimentaires (colorants, anticoagulants)

Cosmétiques et produits
d'hygiène (brunisateur,
dentifrices, déodorants,
antiperspirants, rouge à
lèvres,...)

Usage médicamenteux
(substances actives contenant
l'Aluminium par ex. les
antiacides, l'Al vaccinal,...)

Traitement de l'eau du robinet
ou de ville (alun sulfate
d'aluminium, chlorure de
polyaluminium,...)

Usage professionnel et
industriel (fonderie de minerai
avec les risques occultés de
pluies d'Al,...)

Modes de cuisson et
de préparation
(papillotes, ustensiles
de cuisine,...)

Conditionnements
et acidités
(canettes,
emballages,...)

Figure 1 : Schéma illustrant les sources d'exposition aluminique pour l'homme.

1.4. Importance dans l'organisme

L'aluminium est omniprésent dans notre vie quotidienne. Il est cependant, un cation dangereux à dose relativement forte mais nécessaire comme oligoélément à très faible dose pour éviter l'insomnie, l'anxiété et diverses névrites. Cofacteur de la vitamine B 1, il stimule les fonctions cérébrales et régularise le sommeil. Lorsque la fonction rénale est normale, une absorption journalière d'environ 20 mg d'Al ne pose

pas de problème. La prise d'aluminium par l'intermédiaire de l'alimentation (thé, carotte, etc.) ne présente aucun danger et peut-être utile dans la prévention des effets nocifs de surcharges aluminiques grâce à ses propriétés anti-oxydantes (REICHL, 2002 ; PILETTE, 2008) < www.naturosante.com/rubriques/conseils/> et < www.imaage-paris.com/actu/article> (17-04-2008).

1.5. Toxicité et organes cibles

La toxicité de l'aluminium a été prise en compte vers 1972 chez les insuffisants rénaux dialysés chroniques (MOREAU, 1993). En médecine de l'environnement, on s'intéresse principalement aux composés inorganiques d'aluminium avec l'ion trivalent Al3+ (REICHL, 2002). Seuls les sulfates, nitrates et chlorures d'aluminium, solubles, sont potentiellement toxiques mais pas les silicates et les phosphates d'aluminium qui sont insolubles < www.invs.sante.fr/publications/2004> (17-04-2008).

Toxique en grandes quantités, l'aluminium semble affecter les os (causant sa fragilité ou ostéoporose), les reins, le cerveau, les poumons, l'estomac, et les muscles (REICHL, 2002) ; < www.pharmacorama.com/Rubriques/> (18-04-2008). Il est aussi génotoxique c'est-à-dire capable de provoquer des mutations dans les gènes, aussi bien dans les cellules végétales qu'animales (PILETTE, 2008).

1.6. Toxicocinétique

Certains facteurs jouent un rôle dans la manifestation des effets toxiques : l'espèce, l'âge, le sexe, l'appartenance ethnique, les variations individuelles, des facteurs physiologiques (grossesse, nutritions, hyperventilation, hypersudation,...), des états pathologiques (hépatites, asthme,...), des facteurs environnementaux, etc. (BERAUD, 2001).

Absorption : elle dépend de la spéciation et de la solubilité du composé dans le milieu biologique considéré. L'aluminium peut être ingéré par voie digestive (0,1 à 1%), inhalé par voie pulmonaire ou pénétré par voie transcutanée (De DUGGAN, et al. 1992). Son absorption au niveau intestinal est surtout facilitée par les acides organiques et le glutamate. Il peut aussi pénétrer par injection intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée (PILETTE, 2008).

Distribution et bioaccumulation : 80% de l'aluminium sont transportés liés aux protéines (albumine ou transferrine). La distribution tissulaire prédomine au niveau de l'os, siège de stockage (TESTUD, 1998). La charge naturelle en aluminium chez le sujet sain varie de 30 à 50 mg (ATSDR, 1999), et se répartit essentiellement dans les os (de l'ordre de 50%), les poumons (environ 25%) et le foie (20 à 25%). Le pourcentage restant se répartit dans les autres organes, notamment le SNC et la rate (GOURIER-FRERY, 2003).

Métabolisme : le lieu d'absorption serait plutôt stomacal ou duodénal proximal parce que l'aluminium est soluble à pH autour de 4 mais peu soluble à pH 6 à 9 (MOREAU, 1993). L'aluminium en se déposant au niveau des os est sous forme de phosphate d'aluminium difficilement soluble (REICHL, 2002).

Excrétion : elle est principalement rénale (95%) et faiblement fécale (<5%) (REICHL, 2002). En outre, l'arrêt de l'exposition est suivi d'un relargage à partir des os et d'une excrétion urinaire pendant plusieurs mois ou années (TESTUD, 1998). Cependant, il existe par ailleurs des différences importantes entre individus sans oublier l'effet de l'âge : « plus on vieillit, plus les fonctions rénales sont perturbées et moins on élimine l'aluminium » (GOURIER-FRERY, 2003 ; GUILLARD, 2004) < www.invs.santé.fr/publications/2004> (18-04-2008).

1.7. Toxicodynamique

Le rayon de l'ion Al3+ étant de 0,5 Å, il est donc très polarisant, ce qui explique qu'il interagit avec les molécules d'eau et les anions hydroxyle, sulfate, phosphate et fluorure < www.pharmacorama.com/Rubriques> (18-04-2008). Au contact d'un acide fort, des ions Al3+ peuvent se détacher pour être libéré en solution (REICHL, 2002).

La demi-vie dépend de la durée d'exposition mais aussi de la distribution de l'aluminium à partir des sites de stockage ; elle serait triphasique : une demi-vie urinaire d'environ 7 heures, une de quelques semaines et une de plusieurs mois voire années selon l'ancienneté de l'exposition (GOURIER-FRERY, 2003) < www.inrs.fr> (01-09-2008).

Interaction : dans l'organisme, l'ion aluminium présente des analogies avec l'ion ferrique avec lequel il pourrait entrer en compétition au niveau de certains enzymes ou sites de fixation < www.pharmacorama.com/Rubriques> (18-04-2008). Comme c'est le cas du fer, l'aluminium interfère aussi avec le métabolisme du fluor, du phosphore, du cuivre, du vanadium, du zinc, du silicium, ce qui peut donner lieu à de multiples désordres. Au niveau du foie, il perturbe le métabolisme des graisses et favorise ainsi l'obésité (PILETTE, 2008). Le manque de fer, de calcium et magnésium augmente également l'absorption de l'aluminium < www.invs.sante.fr/publications/2004> (18-04-2008).

1.8. Doses acceptables et valeurs d'exposition biologique

Des valeurs aux alentours de 10 iag d'Al/l de sang sont normales. Un taux supérieur à 60 iag d'Al/l de sang est le signe d'une véritable intoxication. Les symptômes cliniques apparaissent à partir de taux supérieur à 60 ig/l de sang pour les sujets professionnellement exposés (REICHL, 2002 ; TESTUD, 1998).

Tableau 1 : Valeurs limites pour l'aluminium (ACGIH, 2003 ; Toxi-UCL, 2007)

Formes physico-chimiques

TLV-TWA

Valeurs de référence

Métal et oxyde

Poudre pyrophorique Sels solubles

Alkyls

10 mg/m3 5 mg/m3 2 mg/m3 2 mg/m3

< 30 gg/g de créatinine
Idem
Idem
Idem

 

2. Mercure

2.1. Définition et répartition

Ce métal blanc argenté est le seul qui, à la température ordinaire, se présente sous la forme d'un liquide très mobile de densité 13,53 g/cm3 ; de numéro atomique 80 et de poids atomique 200,59. Il est non toxique lorsqu'il est pur. (HACHET, 1992). Le mercure n'est cependant pas biodégradable ni dégradable. Il reste un polluant tant qu'il est accessible pour les êtres vivants. En outre, il est assez peu abondant dans la nature (Encarta, 2007). Il est soluble dans les acides en formant des composés mono et bivalents ; il n'est attaqué ni par l'eau, ni par les alcalins.

Médicaments et vaccins
(mercurochrome,...)

Crémation des
ordures ménagères

Industrie chimique et
des métaux (peinture,
pigment,...)

Vapeur de mercure
provenant d'amalgames
dentaires, des thermomètres
brisés, baromètres,
Raffinerie, Papeterie,...)

Fongicides et
insecticides
(agriculture)

Produits cosmétiques &
Savons antiseptiques
(Mekako®, Top®,
Jaribu®,...)

Fabrication et destruction
des matériels électriques
(piles, ampoules,
batteries,...)

Industrie du textile et
du cuir

Poissons (surtout
les prédateurs)

2.2. Principales sources d'exposition anthropiques

(FREMY et al, 2000 ; HACHET, 1992 ; LANNOYE, 2001 ; Encarta, 2007).

2.3. Spéciation ou formes chimiques

Le mercure existe sous trois différentes formes : élémentaire ou métallique, inorganique (sels de mercure) et organique (composés arylés, alkoxyalkylés et alkylés) (FLEISHER, 2001).

2.4. Importance dans l'organisme

Le mercure n'a aucune fonction métabolique qui serait indispensable chez l'homme. Il peut donc causer une très grande variété d'effets délétères (FLEISHER, 2001).

2.5. Toxicité et organes cibles dominants

Le mercure est considéré comme le métal lourd le plus toxique. Il existe trois formes de toxicité : aiguë, à court terme (subaiguë ou subchronique) et à long terme (chronique). La toxicité peut varier en fonction de différents facteurs notamment la voie d'absorption, la rapidité d'administration, la concentration, la solubilité, la volatilité, la nature du véhicule servant à dissoudre la substance (BERAUD, 2001).

L'intoxication au mercure s'appelle « mercurialisme ou hydrargyrisme (hydrargyrie) ». Le mercure est aussi considéré comme un toxique polyvalent qui touche toutes les biomembranes et tous les systèmes enzymatiques. Il peut aussi avoir des activités génotoxiques et/ou cytotoxiques (LANNOYE, 2001 ; EXLEY et al. 2007).

La répartition du mercure dans l'organisme est dépendante de la forme chimique : la fixation concerne principalement le système nerveux central (SNC), les reins et à un degré moindre, les muscles et le foie. Le danger de l'exposition chez la femme en gestation vient du risque d'encéphalopathie foetale car la barrière placentaire étant aisément franchie par les dérivés de faible poids moléculaires tels que le méthylmercure, etc. (HACHET, 1992).

Tableau 2 : Toxicité comparée du mercure et de ses composés selon leur spéciation
(TESTUD, 1998)

Formes
chimiques

Voies d'entrées

Organes cibles dominants et effets

Hg élémentaire

Inhalation des vapeurs

· SNC (syndrome psychoorganique, tremblement, encéphalopathie)

· Peau et muqueuses (érythème, stomatite)

· Poumons (en aigu) : pneumonie mercurielle

· « Fièvre des métaux »

Hg inorganique

Ingestion ; inhalation de
vapeurs, poussières ou
aérosols ; pénétration cutanée

· Reins (glomérulopathie et/ou tubulopathie)

· Peau et muqueuse (brûlure, eczéma)

Hg organique

Idem

Dérivés alkylés

· SNC (encéphalopathie)

· Malformations congénitales Dérivés arylés et alkoxyalkylés

· Voies respiratoires (rhinites, asthme)

· Peau (eczéma)

· Reins (glomérulopathie et/ou tubulopathie)

 

2.6. Toxicocinétique

L'absorption du mercure peut se faire par ingestion (négligeable), inhalation (74 à 80%), pénétration cutanée (faible).

Distribution et bioaccumulation : en raison de sa grande diffusibilité et de sa liposolubilité notable, le mercure est distribué dans tout l'organisme. Toutefois, son temps de rétention le plus long se situe dans le cerveau et les reins (REICHL, 2002).

Métabolisme : dans un premier temps, le mercure métallique se trouvant dans le sang est rapidement oxydé en ion mercurique (Hg inorganique) dans les érythrocytes, par voie métabolique peroxyde d'hydrogène/catalase. L'oxydation peut également avoir lieu dans les poumons. En outre, des études chez les animaux suggèrent que le foie, le cerveau et d'autres tissus, jusqu'à un certain point, pourraient constituer des sites d'oxydation. Dans l'organisme, différentes biotransformations peuvent provoquer un phénomène de détoxification ou de toxification (BERAUD, 2001).

voie rénale et fécale respectivement à 60% et 40% ; les composés mercuriels organiques les sont aussi à hauteur de 10% et 90% d'excrétion par voie rénale et fécale (REICHL, 2002).

2.7. Toxicodynamique

Le mécanisme de l'action toxique du mercure repose sur l'inhibition des enzymes thiols dépendantes et sur la perturbation du système de transport des tubules rénaux. La réduction de l'activité anticholinestérasique du sérum qu'entraîne le mercure peut être utilisé comme test de dépistage de l'intoxication mercurielle (HACHET, 1992).

La demi-vie du mercure métallique dans le sang serait biphasique avec des demi-vies de 4 à 45 jours selon le modèle pharmacocinétique à base physiologique (TRUCHON, G., 2004) tandis que la demi-vie du mercure métallique dans l'urine est de l'ordre de 55 jours mais peut varier approximativement de 1 à 3 mois (ROELS et al. 1991 ; JONSSON et al. 1999).

Interaction : dans l'organisme des interactions entre toxiques peuvent conduire à des effets de synergie, antagonisme, induction ou inhibition enzymatique (BERAUD, 2001). Très souvent le mercure prend la place du cuivre dans le métabolisme de la tyrosine (MOREAU, 1993). L'ingestion d'alcool éthylique diminue la rétention pulmonaire des vapeurs de mercure de même que la pénicilline et ses dérivés augmentent l'excrétion urinaire du mercure organique (TRUCHON, 1999).

2.8. Valeurs acceptables et indices d'exposition biologique

Tableau 3 : Valeurs limites pour les composés mercuriels (REICHL, 2002 ; OMS,
1997 ; NHANES, 2003)

Formes chimiques

V1WE

I7E

PTWI

Valeurs de référence

Mercure (vapeur) Composés alkylés (en Hg)

Composés arylés et inorganiques (en Hg)

Méthylmercure Mercure total

0,05 mg/m3
0,01mg/m3

3

0,1 mg/m

2
2

2

50 gg/g de
créatinine

15 gg/l de sang

100 gg/l de sang

_

2
2

2

200 gg
300 gg

<5 gg/g de créatinine

 

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard