V.1.4. La vision 2020 du gouvernement Rwandais
L'intégration du Rwanda à la CAE est
influencée par les facteurs tant au niveau international,
régional et national. Particulièrement dans les années
1990, le modèle néolibéral (réformes structurelles,
marchés libéralisés, réduction du rôle de
l'Etat) s'est imposé aussi bien au niveau national, régional que
mondial comme une conditionnalité pour l'insertion à
l'économie mondialisée (M. Boguikouma, 1999, p.59). L'un des
éléments importants est l'ouverture des marchés afin de
promouvoir l'insertion.
Au niveau régional, le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie
se sont efforcés de faire fonctionner la CAE après une dizaine
d'années de sommeil. C'est dans cette situation que le Rwanda a fait une
demande d'adhésion en 1996. A cela s'ajoute, la politique nationale du
gouvernement rwandais qui prône pour l'intégration
régionale. C'est le cas notamment du 6 eme pilier de la vision 2020 qui
met l'accent sur l'intégration régionale.
Suivant l'exemple de Singapour, le Rwanda dépourvu des
ressources naturelles, s'est engagé résolument dans la voie
de la technologie afin d'être la plaque tournante de la région. En
effet, pour que cela se concrétise, il faut une intégration
régionale avec une zone de libre-échange où les biens
produits au Rwanda circulent sans entrave dans la région. Il convient de
mentionner que contrairement à la plupart d'organisations
régionales des PED, la CAE a un ambitieux programme de l'unification
territoriale.
Ceci constitue un atout pour le Rwanda où
l'étroitesse du pays génère des problèmes divers.
E.Kodjo (1985, p. 263) se posait déjà en 1985 comment le Rwanda
et le Burundi, pays de vingt-six mille trois cent trente-huit kilomètres
carrées, et vingt-huit mille kilomètres carrées de
superficie, aux ressources limitées mais à forte densité
de population (plus de quatre millions d'habitants chacun, qui seront en
toute vraisemblance plus de huit ou neuf millions d'ici l'an 2000)
pourront-ils survivre en tant qu'états indépendants ?
La prévision d'Edem Kodjo est sans doute parfaite car
le Rwanda a déjà plus de neuf millions d'habitants malgré
le génocide des Tutsis de 1994 qui a emporté plus d'un million de
Rwandais. Les dirigeants du Rwanda se sont rendu compte de l'ampleur du
problème et ils oeuvrent avec détermination à l'union avec
la CAE. Ceci permettra de supprimer aux antagonismes soit disant ethniques, qui
n'ont de valeur que dans le cadre d'Etats théoriques
« découpées à la diable », a la trame
précaire et dès le départ « inoculées
d'abâtardissement », pour reprendre une expression
d'Aimé Césaire, cité par E.Kodjo (1985, p.266).
En sus de tout ce qui précède, se demande
E.Kodjo (1985, p.272), le principe de l'intangibilité des
frontières, qui sembla si précieux au départ, n'est-il
devenu, au fil des ans un principe pervers aux effets négatifs pour
l'avenir des peuples d'Afrique ? A-t-il réellement su éviter
les multiples conflits de toute nature qui ont frappé l'Afrique de
l'est ? Le génocide au Rwanda, les massacres au Burundi et en RDC
constituent de belles illustrations. C'est pourquoi, l'intégration du
Rwanda a aussi des visées sécuritaires.
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