Sommaire
DÉDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
IV
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET
GRAPHIQUES
VII
GLOSSAIRE
IX
AVANT PROPOS
XI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIÈRE PARTIE : LES EFFETS DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE AU NIVEAU DE L'ÉQUILIBRE INTERNE
9
CHAPITRE 1 : LE COMPORTEMENT DU
SECTEUR PRODUCTIF ET DES MÉNAGES
10
SECTION 1 : LES
MÉNAGES
10
SECTION 2 : LE SECTEUR
PRODUCTIF
23
CHAPITRE 2 : LA PRISE EN COMPTE DES
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
40
SECTION 1 : LE CADRAGE
BUDGÉTAIRE DE L'ETAT
40
SECTION 2 : LE COMPORTEMENT DE
L'ETAT À TRAVERS LES DÉPENSES PUBLIQUES
51
DEUXIÈME PARTIE : LA PRISE EN
COMPTE DE L'EXTÉRIEUR ET PERSPECTIVES D'AVENIR
69
CHAPITRE 3 : EVOLUTION DU COMMERCE
EXTÉRIEUR DU PAYS
70
SECTION 1 : LES
EXPORTATIONS
70
SECTION 2 : LES
IMPORTATIONS
82
CHAPITRE 4 : LES LIMITES AU NIVEAU DES
PERFORMANCES EXTÉRIEURES DU TCHAD ET PERSPECTIVES D'AVENIR
92
SECTION 1 : LES LIMITES DES
PERFORMANCES EXTÉRIEURES DU TCHAD
92
SECTION 2: LES PERSPECTIVES
D'AVENIR
103
CONCLUSION GÉNÉRALE
111
BIBLIOGRAPHIE
115
ANNEXES
118
TABLE DES MATIERES
119
Dédicace
A feu SINIKI SOUILLANRIBA Paul.
Remerciements
Ce travail est le fruit des efforts conjugués d'un
certain nombre de personnes dont nous ne pourrions taire les noms. En effet,
nos remerciements vont :
v A notre Dieu, qui est notre roc ; nous
nous réfugierons en lui (Psaumes 18 : 2) ;
v Aux autorités de la Faculté de Sciences
Sociales et de Gestion (FSSG) et du bureau de stage ;
v A la Coordination d'Economie de Gestion, notamment au
Coordonnateur, Professeur Hubert NGNODJOM et son assistante,
Mme Laetitia AKUE ;
v A M. Thomas DEFO qui nous a encadré
dans cet exercice ;
v A la coordination du GRAMP/TC, particulièrement au
Coordonnateur, M. Gilbert MAOUNDONODJI, à la
Chargée des Programmes, Mme Céline MAIPEUR et au
Chargé de Département Socioéconomique, M.
DOUDJIDINGAO Antoine qui nous ont aidé dans notre
démarche stagiaire ;
v A nos collaborateurs du GRAMP/TC: Maxime
NELNGAR, Vincent MOUTEDE et Eugène
TONE pour leurs différents suivis;
v A notre mère, Mme SINIKI née MATALET
TEZERE Sarah pour toute son assistance de mère ;
v A tous nos frères et soeurs :
Danielle, Ange, Romial,
Alexandre, Fandebnet,
Layebet, Teyabet, Gen-serbé
et Hyppolite pour leurs diverses
collaborations;
v A tous nos amis, nos camarades et nos condisciples de
l'UCAC pour leurs différents apports ;
v Et pour tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation de ce document.
Sigles et
abréviations
AFD : Agence Française de
Développement
AN : Assemblée Nationale
APD : Aide Publique au
Développement
BDL : Brasseries Du Logone
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BEI : Banque Européenne des
Investissements
BGT : Boissons et Glacières du
Tchad
BM : Banque Mondiale
BTP : Bâtiment et Travaux
Publics
CCIAMA : Chambre de Commerce,
d'Industrie, d'Agriculture, des Mines et de l'Artisanat
CCSRP : Collège de Contrôle
et de Surveillance des Ressources Pétrolières
CDMT : Cadre de Dépenses à
Moyen Terme
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CF : Contrôle Financier
CID : Cadre Informatisé des
Dépenses
CIMA : Conférence Interafricaine
des Marchés d'assurances
CN : Comptabilité Nationale
COTCO : Cameroon Oil Transportation
Corporation
CotonTchad : Société
Cotonnière du Tchad
CST : Compagnie Sucrière du
Tchad
DAAFM : Direction des Affaires
Administratives, Financières et du Matériel
DCPE : Document Cadre de la Politique
Economique
DEP : Direction des Etudes et de la
Prévision
DGB : Direction Générale
du Budget
DGDDI : Direction Générale
des Douanes et Droits Indirects
DGT : Direction Générale
du Trésor
DO : Direction de l'Ordonnancement
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
ECOSIT : Enquête sur la
Consommation et le Secteur Informel au Tchad
FASR : Facilité d'Ajustement
Structurel Renforcé
FBCF : Formation Brute de Capital
Fixe
FCFA : Franc de la Coopération
Financière en Afrique Centrale
FSSG : Faculté de Sciences
Sociales et de Gestion
GBM : Groupe de la Banque Mondiale
GRAMP/TC : Groupe de Recherches
Alternatives et de Monitoring du Projet Tchad-Cameroun
GUNT : Gouvernement d'Union Nationale du
Tchad
ICY : Institut Catholique de
Yaoundé
INSEED : Institut National de
Statistiques et des Etudes Economiques et Démographiques
IPPTE : Initiative des Pays Pauvres
Très Endettés
MCT : Manufacture de Cigarettes du
Tchad
MEG : Maîtrise d'Economie de
Gestion
MPS : Mouvement Patriotique du Salut
OSC : Organisation de la
Société Civile
OHADA : Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PME/PMI : Petite et Moyenne Entreprise
ou Industrie
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PPT/RDA : Parti Progressiste du
Tchad/Rassemblement Démocratique en Afrique
PVD : Pays en Voie de
Développement
RCA : République CentrAfricaine
RDC : République
Démocratique du Congo
RDM : Reste Du Monde
SFI : Société
Financière Internationale
SNER : Société Nouvelle
d'Etudes et de Réalisations
SNRP : Stratégie Nationale de
Réduction de la Pauvreté
STAR : Société Tchadienne
d'Assurances et de Réassurances
STEE : Société Tchadienne
d'Eau et d'Electricité
TOFE : Tableau des
Opérations Financières de l'Etat
TOTCO : Tchad Oil Transportation
Corporation
TRI : Taux de Rentabilité Interne
UCAC : Université Catholique
d'Afrique Centrale
UDEAC : Union Douanière des Etats
de l'Afrique Centrale
UNIR : Union Nationale pour
l'Indépendance et la Révolution
VAN : Valeur Actuelle Nette
Liste des figures,
tableaux et graphiques
Figure 1 : Fonction de consommation
15
Figure 2 : Fonction de consommation avec
c>C/Y
15
Figure 3 : Fonction de consommation
générale
17
Figure 4 : Fonction d'investissement
30
Figure 5 : Répartition des ressources
pétrolières
60
Tableau 1: Seuils de pauvreté alimentaire et
globale en 1995-1996 par tête et par jour
19
Tableau 2 : PIB par habitant au Tchad entre
1995-2005
19
Tableau 3: Consommation des ménages et
revenu global au Tchad entre 1995-2005
20
Tableau 4 : FBCF global au Tchad entre
1995-2005
36
Tableau 5 : Dépenses effectuées
par ESSO auprès des entreprises tchadiennes dans la phase de
construction de l'oléoduc
39
Tableau 6 : Liste des programmes
économiques au Tchad
58
Tableau 7 : Investissements et dépenses
publics au Tchad entre 1995 et 2005
59
Tableau 8 : Taux de pression fiscale au Tchad
entre 1995 et 2005
63
Tableau 9 : Emprunts au Tchad entre 1995 et
2005
65
Tableau 10 : Quantité et redevance
pétrolières
77
Tableau 11 : Exportations des biens et
services et du pétrole entre 1995 et 2005
79
Tableau 12 : Symboles des agrégats et
multiplicateurs des pays A et B
84
Tableau 13 : Importations des hydrocarbures en
2002
87
Tableau 14 : Importations des biens et
services entre 1995 et 2005
88
Tableau 15 : Liste des biens et services
fournis par les entreprises locales dans la phase de construction du pipe
line
90
Tableau 16 : Liste des biens et services
fournis par les entreprises locales dans la phase de production
91
Tableau 17 : Liste des régimes
politiques au Tchad de 1960 à nos jours
102
Graphique 1 : Evolutions de la consommation finale
et du revenu global
21
Graphique 2 : Evolution du PIB par habitant
22
Graphique 3 : Evolutions de la FBCF totale et de la
FBCF pétrolière
37
Graphique 4 : Evolution FBCF/PIB
38
Graphique 5 : Evolution des dépenses
publiques
61
Graphique 6 : Evolution de l'investissement
public
62
Graphique 7 : Evolution de la pression fiscale
64
Graphique 8 : Evolution des encours de la dette par
rapport aux recettes budgétaires
67
Graphique 9 : Ventilation sectorielle des branches
d'activités en 2000
75
Graphique 10 : Evolutions des exportations totales
et des exportations pétrolières
80
Graphique 11 : Evolutions du PIB global et du PIB
pétrolier
80
Graphique 12 : Evolution des importations
89
Graphique 13 : Evolution de la production de
coton-graine
98
Glossaire
Agrégat : une grandeur
synthétique qui mesure le résultat de l'activité de
l'ensemble de l'économie. Les principaux agrégats sont le PIB, le
revenu national, la consommation, la FBCF et l'épargne.
Chômage : les personnes
supposées chercher du travail mais dépourvues d'emplois.
Comptabilité nationale :
une technique statistique qui donne une vision synthétique et
macroéconomique de l'économie nationale pendant une
période donnée (généralement l'année) ;
elle décrit la manière dont est produite, investie,
consommée et distribuée la richesse d'un pays ; elle cherche
également à donner de l'économie nationale une
représentation simplifiée et chiffrée du fonctionnement
d'un ensemble économique.
Consommation
intermédiaire : elle correspond à la valeur
des biens et services transformés ou entièrement consommés
au cours du processus de production.
Consortium : un ensemble
d'entreprises chargées de la mise en valeur des champs
pétrolifères ; nous utilisons souvent le vocable
unité pour designer la même chose.
Croissance : une augmentation
pendant une période donnée d'un indicateur ou d'un agrégat
mesurant l'activité économique donnée.
Economie politique : une
discipline scientifique qui s'intéresse aux principes (théories)
de base de la création de richesse.
Equilibre : il correspond
à la résolution des problèmes économiques. C'est la
situation dans laquelle les plans, les anticipations, les intentions des
différents agents sont compatibles (équilibre ex ante).
Ce concept peut également s'exprimer du point de vue comptable à
la fin du processus. A cet effet, il est une situation qui constate la
réalisation effective des grands plans en fin de processus
(équilibre ex post). L'équilibre macroéconomique
est le suivant : Y + M = C + I + G + X où Y, le
revenu national ; M, les importations ; C, la
consommation ; G, les dépenses publiques et X,
les exportations. On distingue deux (2) types d'équilibre :
l'équilibre interne (Y = C + I + G) et l'équilibre
externe (X = M).
Inflation : une hausse
généralisée et continue des prix dans une
économie.
Macroéconomie : une
discipline qui étudie les comportements de groupe à travers les
agrégats de l'économie nationale (différents des
comportements individuels).
Pauvreté et sous
développement : une situation dans laquelle les
besoins fondamentaux de l'individu ne sont pas satisfaits. C'est une situation
de manque ou de privation.
PIB (Produit Intérieur
Brut): une mesure de la production nationale c'est-à-dire de l'ensemble
des biens et services produits au cours d'une période donnée (en
général l'année). Le PIB se rattache étroitement
à la notion de la valeur ajoutée.
PNB (Produit National
Brut) : un agrégat retenu par le
système de comptabilité nationale des Nations Unies. Il permet de
faire des comparaisons internationales. Il est peu différent du PIB.
Pour passer du second au premier, il suffit de prendre en considération
les revenus du travail, de la propriété de l'entreprise
(intérêts et dividendes) reçus du et versés au Reste
Du Monde (RDM).
Politiques économiques :
un ensemble de mesures cohérentes que l'Etat prend pour atteindre les
objectifs fixés en économie.
Politiques
macroéconomiques : un ensemble de mesures de
politique économique par lesquelles le gouvernement peut trouver des
soutiens aux problèmes économiques.
Production : une
activité qui consiste à fabriquer des biens et à fournir
des services sous le contrôle et la responsabilité d'une
unité institutionnelle.
Taxe : une contribution
payée en retour d'un service ou d'une concession d'un patrimoine de la
collectivité locale.
Unité institutionnelle :
un centre économique élémentaire jouissant de l'autonomie
de décision pour exercer ses activités, percevoir des revenus et
en disposer, accumuler du capital, prêter et emprunter.
Valeur ajoutée : la
différence entre la production totale et la somme des consommations
intermédiaires (dans le cadre d'une économie).
Avant
propos
Dans le cadre de leur formation, les étudiants de
Maîtrise d'Economie de Gestion (MEG) de la FSSG de l'Université
Catholique d'Afrique Centrale (UCAC)/Institut Catholique de Yaoundé
(ICY) sont appelés à produire un travail de recherche. Ce travail
qui tient lieu de mémoire est présenté et soutenu en vue
de valider le deuxième certificat. Le mémoire de MEG attendu doit
traiter d'un problème ou d'une question de manière scientifique
et critique dans la perspective d'une application concrète sur le
terrain, que ce soit une entreprise ou une administration.
C'est dans cette optique que nous, soucieux des enjeux que
représente l'exploitation du pétrole dans les économies,
avons bien voulu traiter de l' « impact
macroéconomique d'un consortium d'exploitation
pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba
au Tchad ».
En tout état de cause, ce travail est, sinon une
application pratique, du moins la matérialisation des quatre (4)
années d'enseignement théorique reçu à l'UCAC.
En outre, il permet d'apporter notre modeste contribution
à l'explication des phénomènes macroéconomiques
liés à l'exploitation du pétrole au Tchad.
Introduction
générale
L'économiste doit être
« mathématicien, historien, homme d'Etat, philosophe, dans une
certaine mesure...aussi « au-dessus de la
mêlée » et incorruptible qu'un artiste et pourtant,
parfois aussi proche de la réalité qu'un dirigeant
politique. »
John Maynard Keynes
CONTEXTE GÉNÉRAL DE
L'ÉTUDE
Matière première stratégique par
excellence, le pétrole a été durant la deuxième
partie du 20ème siècle et reste à l'aube de la
mondialisation triomphante, un enjeu majeur des conflits politiques et
économiques internationaux. La course vers la spécialisation des
grandes firmes, pour son exploration ou son exploitation, a mis de l'eau dans
le gaz entre les Etats exportateurs et /ou consommateurs potentiels. C'est
pourquoi, à l'intérieur de certains pays d'Asie ou d'Afrique,
notamment en Angola et en République Démocratique du Congo (RDC),
la découverte de cet or noir a conduit à l'instabilité
politique et même, paradoxalement, à la paupérisation des
populations déjà pauvres tel le cas du Nigeria.
Ainsi, dans le contexte mondial de l'énergie, le
pétrole peut être appréhendé d'abord comme une
réalité économique du fait qu'il est indispensable
à la plupart des opérations industrielles et ensuite comme une
réalité politique. En effet, les conséquences qui ont
découlé du premier choc pétrolier (1973) et du second
(1979) sont considérables non seulement à l'égard des pays
industrialisés, mais aussi pour ceux qui ne le sont pas, qui, bien
entendu, a priori n'ont pas de ressources énergétiques
propres. Aussi a-t-il transformé le Moyen-Orient en un véritable
paradis de milliardaires. Politiquement, il a donné aux grandes
compagnies pétrolières les véritables rênes du
pouvoir et enfin, il fait figure de potion magique pour les systèmes
politiques défaillants des Pays en Voie de Développement (PVD),
qui finissent très souvent par y laisser des plumes.
Par ailleurs, situé au coeur du continent africain dans
la zone intertropicale, entre les 8éme et
23éme degrés de latitude nord et les
14éme et 24éme degrés de longitude
est, le Tchad, dépositaire de cette manne est un territoire vaste
de 1 284 000 km² avec une population estimée en 2004 à 8,6
millions d'habitants selon le rapport annuel de la Banque Mondiale (BM). Il est
limité à ses frontières par la Libye au Nord, par le
Soudan à l'Est, par la République CentrAfricaine (RCA) au Sud et
par le Niger, le Nigeria et le Cameroun à l'Ouest. Sa situation
géographique lui fait subir les effets de la désertification et
de l'assèchement progressif. Enclavé de par cette situation
géographique le séparant à plus de 1000 km du port
maritime le plus proche c'est-à-dire celui de Douala (Cameroun), le
Tchad est classé parmi les pays les plus pauvres de la planète
occupant à ce titre la 167ème place sur 177 pays selon
le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans son
rapport annuel de 2004. Entre temps, le PIB du Tchad est
estimé à 2,6 milliards de dollars en 2003 selon un rapport de la
Banque Mondiale (BM) paru en 2004.
En outre, depuis son accession à l'indépendance
en 1960 et malgré l'avènement de la démocratie au
début des années 1990, le Tchad a peu connu la stabilité
politique en raison de multiples conflits qui ont jalonné son histoire.
Sur le plan économique, en revanche, en raison des
mutations internationales et régionales ainsi que des mesures ou
réformes qui les accompagnent, les changements font apparaître
deux (2) types de problèmes pour ce pays. Il s'agit des problèmes
exogènes et de ceux endogènes. En effet, les problèmes
d'ordre exogène sont le poids de la dette extérieure et la
diminution de l'Aide Publique au Développement (APD). Dans l'ordre
endogène, la paupérisation croissante de la population depuis les
indépendances caractérisée par le plus bas niveau des
indicateurs socioéconomiques du pays démontre l'échec des
multiples programmes parmi lesquels le Programme d'Ajustement Structurel
(PAS).
Ces programmes, somme toute, n'ont pas abouti à une
transformation substantielle des structures de l'économie nationale
toujours caractérisée par une très faible
productivité, une vulnérabilité extrême aux chocs
intérieurs et extérieurs, une absence d'un secteur privé
dynamique et des contraintes conjoncturelles devenues structurelles (crise
énergétique, eau, etc.).
En somme, c'est dans ces contextes politique,
économique et social que le Tchad est entré dans le club des pays
exportateurs de pétrole et cela, comme il fallait s'y attendre, offre de
nouvelles perspectives en terme de croissance. Et par voie de
conséquence, l'exploitation du pétrole au Sud du pays dans les
champs de Doba inscrit dorénavant le pays dans une nouvelle donne de
l'économie internationale.
CONTEXTE SPÉCIFIQUE
Amorcées depuis 1969, les recherches
pétrolières au Tchad ont révélé l'existence
des gisements dans le Sud en 1975. Elles ont abouti à l'identification
de cinq (5) zones pétrolifères potentielles: le bassin de Doba,
le bassin de Dosséo, le bassin du Salamat, le bassin de Bongor et le
bassin du Lac-Tchad. Les bassins du Salamat et de Bongor, n'étaient pas
considérés à l'époque comme viables pour le
développement. En 1981, suite à la guerre civile de 1979, les
travaux d'exploration ont été suspendus. En 1988, le cadre
juridique du projet pétrolier de Doba sera mis en place, et ce à
la faveur d'un retour de la paix civile au Tchad. En 1993, d'importantes
ressources pétrolières ont été confirmées
dans la région de Doba. L'exploration sismique réalisée
entre 1993 et 1996 a permis de définir plus précisément la
taille et l'emplacement des gisements du pétrole.
Hésitant à donner sa caution morale et politique
au début du projet, la BM engagée avec la Banque
Européenne des Investissements (BEI) ont finalement financé la
participation du Tchad et du Cameroun au capital des deux (2) compagnies
responsables de l'oléoduc à savoir la TOTCO (Tchad Oil
Transportation Company) et la COTCO (Cameroun Oil Transportation Company). En
réalité, la contribution de la BM a été de 92,9
millions de dollars américains (39,5 millions de dollars
américains pour le Tchad et 53,4 millions de dollars américains
pour le Cameroun). La Société Financière Internationale
(SFI), une filiale de la BM, a financé le projet sous forme de
prêts à hauteur de 100 millions de dollars versés aux deux
(2) sociétés : TOTCO et COTCO. En plus de cet apport direct,
la SFI a mobilisé 100 millions de dollars sous forme de prêts
syndiqués.
En gros, ces financements du Groupe de la Banque Mondiale
(GBM) ont permis de mobiliser un total de 4,3 milliards de dollars,
nécessaires pour les travaux de la construction de l'oléoduc qui
relie Doba au Tchad à Kribi au Cameroun d'une longueur de 1 070 Km et
d'une durée de vie estimée à 25 ans.
Le Projet pétrolier Tchad-Cameroun, communément
connu sous l'appellation de « Projet d'Exportation
Tchadien », vise le développement de 300 puits
des champs pétrolifères de Komé,
Miandoum et Bolobo dans le
bassin de Doba au Sud du Tchad.
La production du brut est assurée par un consortium
composé de trois (3) entreprises : Exxon Mobil, Petronas et
Chevron. Il a été formé en mars 2000 avec, comme chef de
file et opérateur, la filiale ESSO Tchad (Exxon Mobil,
États-Unis) pour une part de 40 %. Le reste appartient à la
compagnie américaine Chevron (25 %) et la compagnie malaisienne Petronas
(35 %).
En outre, l'exploitation du pétrole tchadien
obéit à la logique de la réduction de la pauvreté
au Tchad. Cadre dans lequel s'est inscrite son exploitation. Ce qui a permis,
par ailleurs, la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs parmi lesquels les
gouvernements tchadien et camerounais, le GBM, les Organisations de la
Société Civile (OSC) et les compagnies pétrolières
représentées par le consortium.
La date du 10 octobre 2004 a marqué l'entrée
officielle du Tchad dans le club des premiers producteurs de pétrole en
Afrique subsaharienne. L'exploitation des gisements pétroliers de Doba
devrait permettre au Tchad de figurer, au cours de cette décennie,
« parmi les cinq (5) premiers producteurs d'Afrique
subsaharienne, probablement en quatrième position derrière le
Gabon mais avant le Congo »1(*). Au total, le Tchad devrait mettre sur le
marché international une production comprise entre 12 et 15 millions de
tonnes par an, et ce, pendant environ 20 ans.
En même temps, le cadrage macroéconomique et
financier proposé par le Ministère du Plan, du
Développement et de la Coopération dans le cadre de la
Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP)
prévoit une croissance des recettes pétrolières qui
pourraient culminer jusqu'à 220 milliards FCFA en 2009 avant de
décliner de 2010 à 2013 pour retrouver le niveau escompté
entre 2004 et 2008. Le revenu total escompté par le Tchad est de 5 100
milliards de FCFA.
L'augmentation de l'assiette fiscale à travers les
revenus distribués dans le secteur pétrolier doit relever
substantiellement le niveau des recettes fiscales. Ce qui, toutes choses
étant égales par ailleurs, doit compenser la baisse
prévisionnelle des revenus pétroliers entre 2009 et 2013. La
progression actuelle des dépenses budgétaires de 42,51% devrait
se stabiliser à 9% dans les prochaines années selon les
prévisions du Ministère du Plan. En outre, les dépenses
budgétaires prévues dans le cadre de la SNRP devraient
croître à un rythme soutenu de 7% jusqu'à 2015 mais
resteront inférieures à celui des recettes fiscales.
Eu égard à ce qui précède,
l'introduction des revenus pétroliers dans l'économie tchadienne
marque une rupture dans les finances publiques et permet au Tchad de se situer
durablement sur le sentier de croissance à deux (2) chiffres.
En fin de compte, on remarque qu'au Tchad, les indicateurs
sociaux et les agrégats macroéconomiques qui semblent virer au
rouge - fruit d'une faiblesse structurelle - auront un coup de pouce avec
l'avènement des revenus pétroliers. C'est pourquoi, à ce
niveau et dans le cadre de l'exploitation de ses champs
pétrolifères de Doba, l'on se
demande quel peut être « l'impact
macroéconomique de cette unité de production
pétrolière pour le Tchad? »
EXPOSÉ DE LA PROBLÉMATIQUE
La macroéconomie est
l'approche théorique qui étudie l'économie à
travers les relations existant entre les grands agrégats
économiques c'est-à-dire le
revenu, l'
investissement, la
consommation, le
taux de
chômage, l'
inflation, etc. En tant
que telle, elle constitue l'outil essentiel d'analyse des
politiques
économiques des États ou des organisations internationales.
Partie de relations très simples, à l'image du modèle
IS /LM reliant le marché des
capitaux et celui de la
monnaie ou de la
courbe de
Phillips reliant inflation et chômage, la macroéconomie a
évolué vers la construction de
modèles
économiques complexes incluant à la fois des relations
supposées entre variables et des relations comptables servant à
définir les agrégats.
En considérant d'emblée les relations entre les
grands agrégats de l'économie, la macroéconomie cherche
à expliciter ces relations et à prédire leur
évolution face à une modification des conditions, qu'il s'agisse
d'un choc (augmentation de prix du pétrole) ou d'une
politique
économique délibérée.
Ainsi, l'injection de la rente pétrolière dans
l'économie tchadienne par le canal budgétaire sera
accompagnée d'un choc de la demande aussi bien publique que
privée. Un choc de demande qui se matérialisera d'une part, pour
la demande intérieure, par une forte progression de la consommation
totale et des investissements bruts et d'autre part, pour la demande
extérieure, par une nette tendance haussière des exportations. Ce
qui permettra en conséquence, d'améliorer les grands
équilibres macroéconomiques.
Fort des effets macroéconomiques que peut provoquer
l'introduction d'une rente dans une économie et du cadre de notre
travail qui se propose de montrer l'impact macroéconomique de
l'unité de production pétrolière de Doba, nous nous
efforcerons de répondre à la question centrale
suivante : «les revenus issus de l'exploitation des
champs pétroliers de Doba contribuent-ils à améliorer la
stabilité macroéconomique au
Tchad ? »
OBJECTIFS
Nos objectifs de travail se déclinent en deux (2)
principaux et quatre (4) spécifiques.
OBJECTIFS PRINCIPAUX
Avant d'énoncer nos objectifs de travail, il convient
de préciser quelques fondamentaux. Par conséquent, nous nous
proposons de donner un bref aperçu des principaux éléments
qui définissent la stabilité macroéconomique au sein d'une
économie. Car, toutes les économies sont définies par un
ensemble complexe de relations entre des individus et des institutions
effectuant des opérations économiques. En effet, la
Comptabilité Nationale (CN) dénombre généralement
deux (2) types d'équilibres en macroéconomie. Il s'agit de
l'équilibre interne et de l'équilibre externe. Au niveau interne,
certes ils sont très nombreux, les acteurs ou agents économiques
encore appelés en macroéconomie unité
institutionnelle sont regroupés en trois
(3) catégories: les entreprises, les ménages et les
administrations souvent appelées aussi Etat. Au niveau externe, on prend
en compte tous les agents résidents à l'étranger et ayant
des relations avec l'économie nationale via les importations et les
exportations.
A ce titre, notre travail peut se forger deux (2) objectifs
principaux :
Ø Dans un premier temps, étudier
l'équilibre interne du Tchad avant l'exploitation du pétrole et
l'effet que produit cette dernière sur les différentes
unités institutionnelles considérées;
Ø Dans un second temps, et dans la même optique
que précédemment, prendre en compte la stabilité externe
avant l'avènement de la rente pétrolière et l'impact de
celle-ci sur le comportement du commerce extérieur.
Cet objectif général nous emmène sur les
pistes de réflexion secondaires suivantes :
OBJECTIFS
SPÉCIFIQUES
ü Analyser la situation des ménages tchadiens
avant l'ère pétrolière et montrer l'impact de
l'exploitation du pétrole sur la conduite de ceux-ci;
ü Analyser l'environnement du secteur productif durant la
période pré pipe line et comprendre la contribution du
pétrole à l'amélioration ou à la dynamisation de ce
secteur;
ü Comprendre l'évolution du budget de l'Etat et le
pilotage de ce dernier à travers les dépenses publiques et
montrer l'importance de l'exportation du brut tchadien depuis 2003 impliquant
l'entrée des revenus issus de la manne pétrolière dans les
différents canaux budgétaires dès 2004 sur celles-ci et
leurs modes de financements ;
ü Etudier enfin la structuration du commerce
extérieur avant le début de la construction de l'oléoduc
et montrer l'effet des exportations pétrolières sur la structure
des exportations tchadiennes constituées traditionnellement pour
l'essentiel par l'activité agro-pastorale et la pèche.
HYPOTHÈSES
Notre travail convoque trois (3) hypothèses principales
:
Hypothèse 1 :
l'exploitation des champs pétrolifères au Tchad permet
l'observation d'une relation positive entre l'évolution de la
consommation des ménages et du revenu national.
Hypothèse
2 : l'installation sur le
territoire tchadien du consortium et des sociétés sous-traitantes
dynamise les entreprises tchadiennes autant dans le secteur public que dans le
secteur privé.
Hypothèse 3 :
l'injection des ressources pétrolières dans les différents
canaux budgétaires augmente le volume des dépenses publiques et
renforce les performances liées au commerce extérieur.
MÉTHODOLOGIE
Pour rendre opératoire notre recherche, nous la
construisons suivant les démarches méthodologiques qui respectent
les canons scientifiques. A partir de cela, notre recherche entre dans une
optique hypothético-déductive
c'est-à-dire nous déduisons de nos observations, du moins de nos
hypothèses de travail en vue d'une formalisation. Dans ce sens, le
processus de la recherche débute avec les analyses théoriques,
traduites par des hypothèses testables. Aussi peut-elle être dans
une moindre mesure clinique en ce sens que l'on
observe sur un temps plus ou moins long pour suivre les évolutions
naturelles ou les changements provoqués. C'est notamment le cas de
certaines recherche-actions où le chercheur enregistre toutes les
variations, les adaptations et les transformations du sujet.
SOURCES DE DONNÉES
Nous avons travaillé avec les données
recueillies dans le cadre de nos trois (3) mois de stage académique au
sein du GRAMP/TC. Le stage en question s'est déroulé du 22 juin
au 22 septembre 2006.
En effet, le GRAMP/TC est une Organisation Non Gouvernementale
(ONG) sans but lucratif autorisée à fonctionner par le
ministère de l'Intérieur le 05 décembre 2001 sous le folio
N°1226. Il a été créé au début de
l'exploitation pétrolière et constitue pour cela un dispositif
alternatif susceptible de jouer le contrepoids en vue de la réelle prise
en compte des préoccupations des populations locales de la zone
d'exploitation. Le GRAMP/TC dispose d'un réseau de partenariat
très riche aussi bien au niveau national qu'au niveau local. C'est
au niveau national que nous avons pu tirer les données de l'Institut
National des Statistiques et des Etudes Economiques et Démographiques
(INSEED). Ce dernier est le seul sur le plan national habileté à
fournir toutes les statistiques concernant le Tchad. Il est sous la tutelle du
Ministère du Plan et de la Coopération.
En outre, nous nous sommes servi des informations fournies par
la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) et par ESSO.
De manière pratique, nous avons utilisé la
documentation proposée par le GRAMP/TC et ses réseaux, la
bibliothèque de l'UCAC et tout autre apport électronique. La
conception des textes et des figures est réalisée au moyen des
logiciels WORD, EXCEL et INFOSTAT. Nous nous sommes servi également des
autres outils d'OFFICE telle que la calculatrice pour effectuer certaines
opérations.
En somme, les informations recueillies à l'issu de ce
stage au sein de cette structure nous permettent de mettre en évidence
notre stratégie d'accès au réel et de répondre
ainsi aux questions soulevées par ce travail.
PREMIÈRE
PARTIE : LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PÉTROLE AU NIVEAU DE
L'ÉQUILIBRE INTERNE
D'entrée de jeu, en
économie fermée, il faut déjà postuler que les
secteurs institutionnels concernés sont les ménages, les
entreprises et les administrations. Notre étude prend ainsi en compte
chacun d'eux en essayant de les approcher théoriquement au moyen de la
CN. De manière pratique et en vue de déterminer l'impact de
l'exploitation pétrolière sur chaque agent économique
considéré, le travail s'organise en deux (2) temps : la
période pré pipe line et la période avec ou post pipe
line. Nonobstant cette organisation, nous agençons cette partie en deux
(2) articulations :
Ø Chapitre 1: le comportement du secteur productif
et des ménages
Ø Chapitre2 : la prise en considération des
administrations
Chapitre 1 : Le comportement du secteur productif et des
ménages
« Les fluctuations de la production, de l'emploi,
de la consommation, de l'investissement et de la productivité
constituent toutes une réaction naturelle et désirable d'un
individu aux changements inévitables de son
environnement ».
Gregory N. Mankiw
Les agents économiques considérés dans ce
chapitre sont les entreprises et les ménages. Le circuit des
échanges peut en fait être appréhendé sous deux (2)
optiques différentes : celle de la production et celle du revenu
pour les ménages (Section 1), d'une part, et celle pour les entreprises
(Section 2), d'autre part.
Section 1 : Les
ménages
« La consommation est l'objectif unique et ultime
de toute production.»
Adam Smith
Les ménages inclus dans chaque catégorie
socioprofessionnelle ont des conditions de vie et de travail similaires et
présentent un comportement homogène dans les domaines de la vie
économique, sociale et culturelle. Ainsi, les décisions de
consommation des ménages affectent le comportement d'ensemble de
l'économie tant à court qu'à long termes. Depuis l'origine
des recherches en macroéconomie, nombreux sont les économistes
qui ont étudié le comportement des ménages et
suggéré diverses manières d'interpréter les
données relatives à la consommation. Cependant, quelques notions
relatives aux ménages seront précisées avant
d'étudier le cas des ménages tchadiens.
I.
Approche institutionnelle et évaluation des ménages
Nous abordons notre étude des ménages
grâce à une approche institutionnelle avant de chercher à
les évaluer au moyen d'un agrégat qu'est la consommation. Cette
approche institutionnelle tient de la catégorisation des ménages
retenue par la CN. Or, c'est à travers la fonction de consommation qu'on
peut véritablement comprendre le comportement des ménages.
A. APPROCHE
INSTITUTIONNELLE DES MÉNAGES
Nous définirons de prime à bord les
ménages et appréhenderons ensuite la consommation à
travers une approche qui, au demeurant, reste notionnelle.
1. DÉFINITION DES
MÉNAGES
Les ménages sont les unités institutionnelles
dont la fonction économique principale est la consommation et
éventuellement la production quand elle est organisée dans le
cadre d'une entreprise individuelle. Ils offrent aux entreprises des facteurs
de production notamment le travail, moyennant un revenu qui leur permet de
consommer.
Les ménages peuvent être dissociés selon
plusieurs critères mais c'est la décomposition selon la
catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage qui est
privilégiée. Cette dissociation est destinée à
classer l'ensemble de la population active en un nombre restreint de grandes
catégories présentant chacune une certaine
homogénéité sociale.
La nomenclature retenue par la CN décompose ce secteur
en neuf (9) sous-secteurs : agriculteur exploitant, salarié
agricole, indépendant non agricole, cadre supérieur, cadre moyen,
employé, ouvrier, inactif et autres ménages.
Après cette approche définitoire et
institutionnelle des ménages, il est temps pour nous de les
évaluer à travers la consommation.
2. APPROCHE NOTIONNELLE DE LA
CONSOMMATION
L'agrégat retenu par la CN pour évaluer les
ménages est la consommation finale. En effet, la consommation finale au
niveau d'un pays regroupe la consommation des ménages, des
administrations publiques et privées. En revanche, dans cette partie
nous ne considérerons que la consommation finale des ménages.
a. Définition de la
consommation
La consommation d'un bien est « la
quantité de ce bien qui par usure ou destruction permet de satisfaire
directement les besoins des agents économiques intéressés
sans concourir à l'accroissement de la
production »2(*). La consommation dont il est question ici ne vise que
la consommation finale de biens et services et n'a rien à voir avec la
consommation intermédiaire.
La consommation finale représente à ce titre la
valeur de biens et services utilisés pour la satisfaction directe des
besoins humains, fussent-ils individuels ou collectifs. Ainsi, la consommation
finale des ménages est composée de l'ensemble des biens (à
l'exception des logements) et des services marchands qu'ils utilisent pour
satisfaire leurs besoins individuels ; des services domestiques (non
marchands) qu'ils produisent pour eux-mêmes en tant qu'employeurs de
personnel domestique salarié ; des paiements partiels aux
administrations publiques et privées pour les services non marchands
qu'elles leur fournissent.
En outre, la consommation finale des ménages qui vient
d'être présentée ne permet pas d'appréhender toute
la réalité de la consommation. La notion de
« consommation élargie » permet d'obtenir
une vision complète. Pour l'évaluer, il faut ajouter à la
consommation finale des ménages une évaluation des services
produits par les administrations publiques et privées
(éventuellement les entreprises) dont ils bénéficient
directement et gratuitement.
La consommation élargie de la population est donc
égale à la somme de la consommation finale des ménages
résidents et de la consommation finale non marchande des administrations
publiques et privées en enseignement, santé, action sociale et
services récréatifs, culturels et sportifs.
b. Structure de la
consommation
Deux (2) décompositions sont habituellement
retenues pour structurer la consommation:
Ø la décontraction par groupes de
produits : le rapport annuel sur les Comptes de la Nation présente
une ventilation de la consommation des ménages par groupes de produits.
Il s'agit des produits alimentaires, de l'énergie, des produits
industriels et des services.
Ø la décontraction selon la
durabilité : cette dernière décontraction tient
compte de la durée de vie des biens. Elle repartit la consommation des
ménages en quatre (4) ensembles : les biens durables, les
biens semi-durables, les biens non durables et les services.
Les biens durables regroupent les automobiles, les
téléviseurs, les postes radio, les réfrigérateurs,
les machines à laver, les lave-vaisselles, les meubles, les caravanes,
etc.
Au sein des biens semi-durables sont rassemblés la
verrerie, les articles en textile, les articles en cuir, les produits de
travail de bois et les produits en industries diverses.
Dans les services sont réunis les dépenses
relatives aux réparations, les hôtels, les cafés et
restaurants, les transports en commun, les télécommunications, le
logement, les locations diverses, les services de santé, les assurances
et les services non marchands.
B. LA FONCTION DE
CONSOMMATION
Les économistes contemporains qui étudient
souvent la fonction de consommation font appel à des techniques
sophistiquées d'analyse de données, surtout à l'aide de
l'informatique. Dans les années 1930, faute de pouvoir s'appuyer sur
l'analyse statistique, Keynes choisit de formuler un ensemble
d'hypothèses relatives à la fonction de consommation
regroupé sous le nom générique de « la
Théorie générale de Keynes ».
1. L'ANALYSE CLASSIQUE DE
LA FONCTION DE CONSOMMATION
Avant d'aborder cette fonction proprement dite, nous nous
permettons de situer quelques basiques nécessaires pour énoncer
la théorie. Il s'agit des propensions à consommer et les lois
d'Engel.
a. Les propensions
à consommer et les lois d'Engel
Si l'on rapproche l'évolution des différentes
consommations de celle du revenu national, on peut en tirer deux (2)
catégories d'informations concernant les propensions à consommer
et les lois d'Engel.
1) Les propensions à consommer
On appelle propension moyenne à consommer notée
c le rapport de la consommation totale au revenu national : c
= C/Y
En raisonnant sous forme d'accroissement, nous pouvons
écrire :
C = c'Y où C, l'accroissement
de la consommation ; Y, l'accroissement du revenu national et
c', la propension marginale.
On appelle propension marginale à consommer le rapport
de l'accroissement de consommation entre t et t + 1 à
l'accroissement du revenu entre t et t + 1.
Propension marginale = C/Y
Notons qu'il existe autant de propensions moyennes et
marginales à consommer qu'il existe de façons
d'appréhender la consommation et le revenu. Il est possible de calculer
la propension à consommer par rapport au revenu national ou au revenu
national disponible d'où les lois d'Engel.
2) Les lois d'Engel
On appelle coefficient d'élasticité le rapport
des variations relatives d'une variable y aux variations relatives
d'une variable x. L'élasticité de la consommation par
rapport au revenu est égale au rapport de la propension marginale
à consommer sur la propension moyenne à consommer.
La signification est de nous indiquer, en pourcentage, la
variation de la consommation quand le revenu est de n%.
b. L'énoncé
de la fonction de consommation
La fonction de consommation a pour objectif d'analyser
l'évolution de la consommation globale des ménages à
l'aide d'un certain nombre de variables explicatives.
Dans son analyse, J-M Keynes relie les variations de la
consommation des ménages aux variables du revenu global en
énonçant deux (2) hypothèses :
Ø les dépenses de consommation sont une fonction
stable du revenu réel ;
Ø la propension marginale à consommer est
positive et inférieure à 1.
La fonction de consommation peut être
schématisée par une droite d'équation C = aY + b
dont la représentation est faite au graphique ci-dessous avec :
C, la consommation ; Y, le revenu ; a, la
propension marginale à consommer et b, la consommation
incompressible.
Figure 1 : Fonction de consommation
C = aY + b
Consommation
Revenu
Les premières vérifications statistiques
effectuées aux Etats-Unis à partir des budgets familiaux ont
confirmé le bien fondé de l'analyse keynésienne, mais ont
fait apparaître le caractère très contraignant des
premières hypothèses formulées.
Deux (2) autres hypothèses, moins clairement
affirmées par Keynes, permettent d'établir une fonction de
consommation plus réaliste :
Ø la propension moyenne à consommer est
supérieure à la propension marginale ; elle diminue par
conséquent avec l'accroissement du revenu ;
Ø la propension marginale, elle-même, diminue
avec l'accroissement du revenu.
La fonction de consommation est alors la suivante :
Figure 2 : Fonction de consommation avec
c>C/Y
C = f(Y)
Consommation
Revenu
En somme, l'analyse keynésienne retient que la
consommation évolue avec le revenu pour les individus. Ainsi, pour toute
une nation, la consommation des ménages évoluera avec le niveau
de revenu global. Elle est une approximation qui nous permet d'élaborer
des modèles simples d'analyse du court et du long termes.
Néanmoins, cette simplicité empêche d'expliquer totalement
le comportement de consommation.
2. LA PRISE EN
CONSIDÉRATION DES AUTRES FACTEURS NÉCESSAIRES À
L'EXPLICATION DU COMPORTEMENT DES MÉNAGES
Il existe une diversité de facteurs qui influencent le
comportement de consommation des ménages. Dans le cadre de ce travail,
nous ne considérons que les décalages inter temporels et
énoncerons cependant quelques uns des autres facteurs.
a. Les décalages
inter temporels
Pour expliquer ce phénomène, Duesenberry
introduit un nouveau facteur : le décalage temporel. La raison de
la moindre diminution de la consommation en période de récession
tient au fait que les ménages ajustent leur dépense de
consommation non seulement à leur revenu actuel, comme le pensait
Keynes, mais également à leurs revenus antérieurs et
spécialement au plus haut revenu obtenu dans le passé. Dans ces
conditions, en période de dépression, les consommateurs essaient
de protéger leur niveau de consommation en réduisant leur
épargne.
En période d'expansion, par contre, la consommation
s'élève lentement car l'accroissement des revenus permet aux
ménages de reconstituer leur épargne. Quand le revenu
dépasse le niveau ancien le plus élevé, la consommation
reprend plus vigoureusement. C'est ce que Duesenberry appelle
« l'effet cliquet ».
En reprenant par Y le revenu le plus
élevé obtenu dans le passé, la fonction de consommation
présente la forme générale suivante :
Ct= aYt + bY
En période de croissance économique, il arrive
souvent que le revenu le plus élevé obtenu dans le passé
corresponde au revenu de l'époque précédente, de sorte que
la forme générale de la fonction de consommation
devienne :
Ct = aYt + bYt-1
Figure 3 : Fonction de consommation
générale
Y
C
Consommation
Revenu
Temps
b. Les autres facteurs
nécessaires pour accroître la consommation
A côté du revenu et de la richesse, un certain
nombre de variables furent avancées par des différents
économistes pour expliquer les variations de la consommation des
ménages. On peut citer l'hypothèse du cycle de vie de Franco
Modigliani3(*).
Parmi tous les facteurs avancés par les
différents économistes, nous pouvons retenir le taux
d'intérêt, le montant des dépenses publicitaires et
commerciales, l'évolution des prix relatifs des différents
biens.
Une plus grande compréhension des facteurs
socioéconomiques et psychologiques (attitudes, motivations et
anticipations) permet d'améliorer l'explication des variables de la
consommation des ménages. Par ailleurs, les changements
démographiques sont très lents à se manifester mais
peuvent appréhender la réalité de la consommation.
Cependant, toutes ces réalités semblent-elles s'adapter au cas
tchadien surtout avec l'augmentation des revenus pétroliers ?
II. LES EFFETS DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE SUR LE COMPORTEMENT DE CONSOMMATION DES
MÉNAGES AU TCHAD
Une étude d'impact des revenus pétroliers sur la
structure de consommation des ménages au Tchad implique qu'on
s'intéresse dans un premier temps à leur situation avant
l'avènement de ceux-ci. Puis dans un second temps, nous nous
intéresserons au nouveau comportement même des ménages.
A. SITUATION DES
MÉNAGES AU TCHAD AVANT L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
Cette analyse portera sur la configuration des ménages
au Tchad et sur une approche quantitative de leur situation avant
l'exploitation du pétrole.
1. CLASSIFICATION ET
CARACTÉRISATION DES MÉNAGES
Au Tchad, tout porte à croire que les ménages
sont subdivisés en deux (2) grandes catégories : les
ménages urbains et les ménages ruraux. Cette classification est
marquée par le phénomène de la pauvreté qui affecte
toutes les couches sociales. L'incidence de la pauvreté alimentaire est
plus élevée dans les campagnes que dans les villes. Ce
dénuement extrême apparaît plus important encore quand on
intègre dans les calculs des composantes autres qu'alimentaires. Les
données statistiques disponibles ne permettent pas de procéder
à une analyse approfondie de la pauvreté suivant les
catégories socioprofessionnelles. Toutefois, l'on peut retenir que les
travailleurs du secteur primaire (paysans, pasteurs et pêcheurs) dirigent
les ménages les plus pauvres. Ensuite, viennent les ménages
dirigés par les opérateurs du secteur informel urbain qui, bien
que ne représentant pas plus de 20% de la population, contribuent avec
le secteur primaire pour 70% au PIB, comptant donc 32% à son
actif4(*).
2. ANALYSE QUANTITATIVE DES MÉNAGES AU TCHAD
AVANT L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
Au niveau national, les seuils de pauvreté alimentaire
et globale sont estimés respectivement à 173 FCFA et 218 FCFA par
tête et par jour entre 1995-1996. En termes absolus, l'écart
entre les deux (2) seuils est faible en milieu rural et plus
élevé à N'Djaména. Rapporté au seuil de
pauvreté alimentaire, cet écart est de 22,6% en milieu rural et
de 33% à N'Djaména, mais atteint dans les autres villes une
proportion plus importante (39%)5(*).
Tableau 1: Seuils de pauvreté alimentaire et
globale en 1995-1996 par tête et par jour en FCFA (les chiffres entre
parenthèse sont en dollars américains)
|
Milieu rural
|
N'Djaména
|
Autres villes
|
Seuil de pauvreté alimentaire
|
151(0,303)
|
311(0,623)
|
213(0,43)
|
Seuil de pauvreté globale
|
195(0,39)
|
414(0,83)
|
276(0,55)
|
Source : ECOSIT, 1997.
L'évolution du PIB par habitant, tablée, autour
de la moyenne de 120 000 FCFA par habitant par an jusqu'en 20006(*), dresse un tableau assez sombre
de la situation des ménages au Tchad.
Tableau 2 : PIB par habitant au Tchad entre
1995-2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
PIB par habitant (en milliers FCFA)
|
109,3
|
122,2
|
129,9
|
145,9
|
129,1
|
131,9
|
163,4
|
175,9
|
195,8
|
281,2
|
364,7
|
Source : INSEED
Par ailleurs, le rapport national du PNUD sur le
développement humain au Tchad (2000), montre que la pauvreté
concernait globalement 6 Tchadiens sur 10. Ainsi, près de 42% de la
population vivait en dessous du seuil de la pauvreté alimentaire
(c'est-à-dire ne disposait pas des trente cents euros qui lui auraient
permis, certainement pas de se nourrir à sa faim, mais plus modestement
de couvrir a minima ses besoins nutritionnels journaliers). En
définitive, plus du tiers des Tchadiens risquent de mourir avant
l'âge de 40 ans. Passé ce seuil, il ne restera aux survivants que
7 ans d'espérance de vie.
En outre, le pétrole injecté dans le circuit
économique imposera sans nul doute un nouveau comportement aux
ménages tchadiens.
B. L'ÉVOLUTION DU
COMPORTEMENT DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES MODIFIÉE PAR
L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
Cette étude nous amène à
considérer l'évolution de la consommation des ménages. Or,
celle-ci est liée à l'évolution du revenu national ;
mais aussi les effets qu'elle produit sur les dits ménages.
1. LES ÉVOLUTIONS DE
LA CONSOMMATION ET DU REVENU NATIONAL
Pour mémoire, l'évolution de la consommation des
ménages est quasiment constante entre 1995 et 2000 et tourne autour de
la moyenne annuelle de 397 milliards FCFA7(*). L'injection de la rente pétrolière a
provoqué une forte progression du PIB ou du revenu global. Le
schéma implicite de croissance retenu par les autorités
tchadiennes est clairement keynésien : les revenus
pétroliers injectés dans l'économie ont des effets
multiplicateurs via la consommation finale des ménages.
Tableau 3: Consommation des ménages et revenu
global au Tchad entre 1995-2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Consommation finale (en milliards de FCFA)
|
296
|
331
|
443
|
426
|
420
|
389
|
473
|
547
|
533
|
545
|
645
|
Revenu global (en milliards FCFA)
|
1440
|
1631
|
1899
|
2098
|
1947
|
2027
|
2721
|
3332
|
3370
|
4140
|
5114
|
Source : INSEED
La lecture de ce tableau nous montre que, tout comme le revenu
national (sous l'hypothèse des apports du pétrole), la
consommation des ménages évolue de la même
manière.
Graphique 1 : Evolutions de la consommation finale et
du revenu global
Source : INSEED
On constate que ces deux (2) agrégats évoluent
de la même manière. Ainsi, la consommation finale des
ménages avec les ressources globales ont évolué quasiment
de 100 milliards FCFA entre 2004 et 2005 même si on a déjà
remarqué une baisse de 547 milliards en 2002 contre 543 milliards en
2003. Entre temps, la demande globale pendant la période 2004-2005 a
également évolué d'environ 100 milliards FCFA8(*). Cette croissance
« bipolaire » se reflète à travers le
comportement des ménages.
2. LES EFFETS DE L'ÉVOLUTION DE LA CONSOMMATION
DES MÉNAGES
Le Tchad, influencé par l'économie rurale, a une
intensité de pauvreté probablement plus élevée que
ne laisse transparaître les indicateurs portant sur les moyennes.
Cependant, on se rend compte que le pétrole a considérablement
modifié la structure de la situation globale des ménages au
regard des chiffres.
La moyenne des années 2000 a vite grimpé
à 195 800 FCFA par habitant par an pour atteindre 364 700 FCFA par
habitant par an en 20039(*).
Ce qui suppose une nette amélioration de la situation des
ménages.
Graphique 2 : Evolution du PIB par
habitant
Source : INSEED
Mais nous nous gardons de nuancer cette conclusion et faisons
l'économie de certains commentaires car les derniers résultats
d'ECOSIT ne sont pas encore disponibles. Il y a tellement de paramètres
qui entrent en jeu dans la mesure de la situation réelle des
ménages. Ce qui pourrait handicaper nos analyses.
Si les variations du revenu national expliquent en grande
partie les variations de consommation des ménages, il ressort de
l'ensemble des études que d'autres facteurs doivent être pris en
considération car les fonctions keynésiennes sont incapables
d'expliquer parfaitement tout le comportement des ménages ou toutes les
variations de la consommation .
A part l'augmentation du revenu national par l'effet du
début des activités pétrolières, d'autres effets
ont accompagné celles-ci. Selon l'INSEED, les autres branches
d'activités traditionnelles ont vu leurs productions baisser en raison
du début de l'exploitation des champs pétrolifères ;
on peut assimiler ce fait à l'effet publicité et sûrement
à l'importance de la rémunération dans le secteur
pétrolier. Ainsi, la balance des services pâtit de la fin des
activités de fret liées à la construction de
l'oléoduc.
Après avoir étudié l'impact des revenus
pétroliers sur la consommation des ménages, nous nous
intéressons maintenant au secteur productif.
SECTION 2 : LE
SECTEUR PRODUCTIF
« (...) Le développement du secteur
privé favorisera la croissance et multipliera les perspectives
économiques pour les pauvres ».
Directive Opérationnelle 4.15.6, la
BM.
Le secteur productif rassemble toutes les entreprises,
qu'elles appartiennent à l'Etat ou à des opérateurs
privés. Elles ont pour fonction économique principale la
production de biens et de services à but lucratif. Mais avant
d'étudier l'impact du pétrole sur ce secteur institutionnel, nous
nous proposons de l'appréhender à l'aide d'une approche
institutionnelle.
I.
Approche institutionnelle et évaluation du secteur productif
Comme pour les ménages, cette approche institutionnelle
est celle retenue par la CN. Nous étudierons ensuite l'agrégat
retenu toujours par celle-ci pour évaluer le secteur productif.
A. APPROCHE
INSTITUTIONNELLE DU SECTEUR PRODUCTIF
Elle distingue les sociétés financières
des sociétés non financières.
1. LES INSTITUTIONS NON FINANCIÈRES
Les institutions non financières constituées par
les sociétés et quasi-sociétés non
financières sont des unités institutionnelles
résidentes dont la fonction économique principale est
« la production de biens et services marchands non
financiers »10(*). Plusieurs dissociations permettent d'établir
la diversité des sociétés et quasi-sociétés
non financières. Nous nous appuyons sur la considération
juridique dans un premier temps puis la considération économique
dans le second.
a. La nature juridique des
sociétés et quasi-sociétés non
financières
La nature juridique des sociétés et
quasi-sociétés non financières conduit à distinguer
les sociétés privées des sociétés
publiques.
1) Les sociétés
et quasi-sociétés publiques
Les sociétés et
quasi-sociétés publiques sont toutes les sociétés
qui sont contrôlées par l'Etat ou par les collectivités
publiques et qui jouissent de la personnalité juridique. Elles ont des
statuts juridiques différents. On y trouve :
Ø des établissements publics à
caractère industriel et commercial. Il s'agit des sociétés
dont tout le capital social appartient à l'Etat ;
Ø des sociétés d'économie
mixte ;
Ø des sociétés à statut juridique
spécial.
Les quasi-sociétés publiques, quant à
elles, sont des organismes publics producteurs de biens et services marchands
non financiers mais elles n'ont pas la responsabilité juridique. Elles
doivent être de grande taille et vendre la majeure partie de leur
production au public.
2) Les sociétés et
quasi-sociétés privées
Les sociétés et
quasi-sociétés privées sont les sociétés
privées ayant des statuts juridiques variés. On
distingue :
Ø les sociétés de capitaux ;
Ø les sociétés de personnes (entre autres
les sociétés en nom collectif) ;
Ø les coopératives ;
Ø les sociétés civiles ;
Ø les Groupements d'Intérêt
Economique ;
Malgré l'absence de personnalité juridique, les
sociétés en participation sont incluses dans les
sociétés et quasi-sociétés privées. Par
contre, les grandes entreprises individuelles ne sont pas
intégrées dans les sociétés privées.
b. Le critère de
l'activité principale et l'impact économique des
sociétés et quasi-sociétés non-
financières
Nous organisons cette étude sous deux (2)
angles : le critère de l'activité
principale et l'impact économique des sociétés et
quasi-sociétés non- financières.
1) Le critère de l'activité
principale
Le critère de l'activité principale permet de
regrouper les sociétés et quasi-sociétés non
financières en secteurs de production. Un secteur de production, en
outre, est un « regroupement d'entreprises qui ont la même
activité principale »11(*).
2) L'impact économique des
sociétés et quasi-sociétés non-
financières
Cette dissociation vise à distinguer les entreprises
nationales des autres sociétés et quasi-sociétés
non financières.
Les grandes entreprises nationales présentent
trois (3) caractéristiques : elles ont une position monopolistique,
sont sous la dépendance directe de l'Etat et ont une taille très
importante. Ces grandes entreprises nationales permettent à l'Etat
d'exercer une action directe sur l'équilibre et le développement
de l'économie.
Les sociétés et
quasi-sociétés non financières hors des grandes
entreprises nationales réunissent toutes les autres
sociétés et quasi-sociétés non
financières.
2. LES INSTITUTIONS
FINANCIÈRES
Nous étudierons successivement les institutions de
crédit et les entreprises d'assurance.
a. Les institutions de
crédit
Les institutions de crédit sont des unités
institutionnelles dont la fonction principale est de financer
l'économie, c'est-à-dire de collecter, de transférer et de
repartir les disponibilités financières. Elles constituent un
ensemble assez hétérogène. La CN distingue en effet deux
(2) sous-ensembles :
1) Les institutions de
crédit monétaires
Il s'agit des institutions de crédit qui ont un
rôle prépondérant dans la création monétaire
et la gestion de la monnaie.
2) Les institutions de
crédit non monétaires
Ce sous-secteur regroupe les institutions de crédit qui
utilisent les ressources essentiellement non monétaires pour distribuer
et financer les crédits. Il comprend la caisse des dépôts
et consignations et les autres institutions de crédit.
La CN exclut des institutions de crédit certains
organismes qui, de par leur activité, pourraient a priori
être classés dans ce secteur institutionnel. Il s'agit des
organismes effectuant des opérations financières pour le compte
d'un nombre limité d'agents économiques (holding,
sociétés de portefeuille) et des agents à vocation
financière mais considérés comme producteurs de
services.
Les unités institutionnelles dont l'activité
principale consiste en un rôle d'intermédiaire financier ne sont
pas incluses parmi les institutions de crédit. Les agents de change, les
remisiers et les maisons de titres ne font pas partie du secteur des
institutions de crédit.
b. Les entreprises
d'assurance
Les entreprises d'assurance ont pour fonction
économique de transformer les risques individuels en risques collectifs
en garantissant le paiement d'une somme en cas de réalisation de
risque.
La CN distingue deux (2) sous-secteurs : les organismes
d'assurance et de capitalisation d'une part, les sociétés
mutualistes d'autre part.
1) Les organismes
d'assurance et de capitalisation
Ce sont les unités institutionnelles dont
les ressources principales sont constituées par des primes
d'assurance et qui versent à leurs assurés des indemnités
en constituant des provisions techniques. Sont comprises dans ce sous-secteur
les entreprises qui pratiquent l'assurance - dommage et la
responsabilité civile, l'assurance-vie, les compagnies de
réassurance et la caisse nationale de
prévoyance
2) Les sociétés
mutualistes
Ce deuxième sous-secteur comprend les
sociétés dont « les ressources sont
constituées par des cotisations sociales volontaires et qui versent des
prestations sociales sans constituer de provisions »12(*) car elles fonctionnent sous un
régime de répartition.
La dissociation du secteur productif étant retenue,
nous allons chercher à l'évaluer.
B. L'ÉVALUATION DU
SECTEUR PRODUCTIF
L'évaluation retenue généralement par la
CN pour les entreprises est l'investissement ou encore la Formation Brute de
Capital Fixe (FBCF).
1. L'INVESTISSEMENT OU LA
FBCF
Les investissements sont définis comme
« des biens achetés par les entreprises pour en produire
d'autres (notamment les biens de consommation) et venant grossir
régulièrement leur stock en capital »13(*). En France, l'investissement
est appelé Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). Après en
avoir rappelé la définition, on présente le poids de cet
agrégat dans l'activité économique et on étudie la
structure de la FBCF par secteur institutionnel et par fonction.
a. Définition de
la FBCF
La FBCF représente « la valeur de biens
durables acquis par les unités productrices résidents afin
d'être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de
production »14(*). La FBCF comprend essentiellement :
Ø des immeubles acquis par les agents
économiques (logement des ménages, bâtiments acquis par les
sociétés et les quasi-sociétés non
financières, les administrations, les instituions de
crédit...) ;
Ø des biens meubles acquis par les mêmes agents
(machines et autres biens d'équipement).
L'investissement est un agrégat dont les fluctuations
sont généralement assez marquées.
b. Le poids de la
FBCF
L'importance de l'investissement dans une économie peut
être mesurée à l'aide du taux d'investissement. Le taux
d'investissement est égal au rapport de la FBCF au montant du PIB.
Mathématiquement, il s'écrit :
Taux d'investissement = FBCF/PIB
Ce rapport mesure la part du PIB consacrée aux achats
de biens d'investissement.
2. LES DÉTERMINANTS
DE LA FBCF
Il s'agit notamment des variations du taux
d'intérêt et de la demande de biens de consommation.
a. Les variations du taux
d'intérêt
Le taux d'intérêt est une variable clé de
l'investissement car la décision d'investir est gouvernée par la
rentabilité. Le rôle du taux d'intérêt peut se
comprendre intuitivement si on examine les deux (2) modalités de
financement de biens d'investissement.
Si l'entreprise emprunte des fonds, elle doit payer des
intérêts aux prêteurs (ménages, institutions
financières...). Si elle finance ses investissements sur ses fonds
propres (autofinancement), elle encourt un « coût
d'opportunité » mesuré par les
intérêts qu'elle aurait pu recevoir en prêtant ses fonds.
La rentabilité d'un investissement peut
s'étudier en utilisant la règle de la valeur actuelle (ou
actualisée) ou celle du taux de rentabilité interne (TRI). Ces
deux (2) critères aboutissent au même résultat quant
à la décision d'investir.
1) La règle de la
valeur actuelle nette (VAN)
Pour financer ses investissements une entreprise utilise ses
fonds propres, et dans ce cas elle s'autofinance, ou emprunte les sommes
nécessaires à son investissement à des agents ayant des
capacités de financement (ménages, institutions
financières) :
Ø autofinancement des investissements : une
entreprise dispose de fonds propres. Le choix de leur emploi peut se poser de
façon simple : acheter une machine (ce que nous nommerons
investissement) ou placer sur le marché financier, par exemple en
obligations (ce que nous appellerons placement). La durée de vie de
l'équipement est d'un an et sa valeur de revente est nulle. Pour
comparer les deux (2) emplois possibles, il faut connaître la somme que
l'entrepreneur doit placer aujourd'hui pour disposer d'un montant égal
au revenu procuré par l'investissement. L'entreprise investit tant que
la valeur actuelle des revenus de cet investissement est supérieure
à son coût d'achat. VA = Po = R1/
(1+i)>Co ;
Ø le financement des investissements par
l'emprunt : le résultat de la règle de la valeur actuelle
n'est pas modifié si l'entreprise doit emprunter
l'intégralité des fonds nécessaires à l'acquisition
de la machine. L'entrepreneur doit emprunter Co et
rembourser Co (1+i) à la fin de la première
année. L'investissement sera décidé si le remboursement
est inférieur au revenu net R1 de la machine ; en
d'autres termes si : R1> Co
(1+i) ;
En divisant les deux (2) membres de cette
inégalité par (1+i) nous obtenons :
R1/ (1+i) = VA = Po>Co
2) Le TRI
Noté r, le TRI d'un projet d'investissement
est le taux d'intérêt pour lequel la valeur actuelle du flux de
revenus nets est égale au coût initial d'investissement.
En somme nous aboutissons à la conclusion selon
laquelle l'investissement varie avec le taux d'intérêt. Lorsque le
taux d'intérêt baisse, les projets d'investissement deviennent
rentables. La fonction d'investissement établit donc l'existence d'une
relation négative entre le montant de l'investissement et le niveau du
taux d'intérêt.
I = f (i), avec dI/di0
Figure 4 : Fonction d'investissement
Taux d'intérêt
Montant de l'investissement
Plus le taux d'intérêt est élevé,
plus la valeur actuelle des projets est faible, et moins nombreux sont les
investissements rentables. Dans ce cas, les investissements sont relativement
faibles. Avec la baisse du taux d'intérêt les projets deviennent
rentables et les dépenses d'investissement deviennent plus
importantes.
b. Les variations de la
demande des biens de consommation
En ce qui concerne les variations de la demande de
biens de consommation, la proposition selon laquelle l'investissement
dépend de la demande de biens de consommations est contenue dans le
principe d'accélération. Le but du principe
d'accélération est de montrer qu'une variation de la demande de
biens de consommation entraîne une variation plus importante de la
demande de biens d'investissement. Albert Aftalion, l'un des premiers qui se
soient penchés sur le phénomène, écrivait en
1913 : « il suffit d'insensibles oscillations à
la base de la pyramide économique pour déterminer de terribles
ébranlements, des écroulements retentissants parmi les
constructions qui sont au sommet ».
1) L'exposé du
principe d'accélération
Pour énoncer le principe d'accélération,
le plus simple est de procéder à l'aide d'un exemple :
Supposons à l'année t la production
Pt et que pour produire Pt il faut un
stock de capital Kt. Ces données permettent de
définir le coefficient moyen de capital qui est égal au
rapport du stock de capital Kt à la production
Pt : k = Kt /Pt.
Le coefficient moyen du capital est supposé être
constant. La signification est simple : pour accroître la production
d'un pourcentage donné, il faut augmenter le stock de capital dans la
même proportion. L'investissement nouveau est dans ces
conditions :
In = ?K = k?P.
Si le coefficient moyen de capital est constant, il est
égal au coefficient marginal de capital. En effet : k = K/P =
?K/?P.
Si la durée de vie est de n, l'investissement
de remplacement est : Ir = K/n.
En fin de compte, il se dégage trois (3) conclusions de
variation de la demande :
Ø La croissance de la demande finale entraîne
une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement.
Ø La stagnation de la demande finale ramène
l'investissement brut au niveau de l'investissement de remplacement. Toute
récession dans la demande provoque une baisse de l'investissement.
Ø La baisse de la demande finale entraîne
théoriquement un désinvestissement. Ce dernier n'ayant pas lieu
en pratique, il y a apparition de capitaux oisifs qui seront remis en service
dès que la demande aura terminé son mouvement de baisse.
2) La formulation du principe
d'accélération
Au sens strict du terme, le principe
d'accélération ne s'applique qu'aux périodes de hausse de
la demande finale. Il fut en effet vérifié, dans les conclusions
précédentes, que toute stagnation ou baisse de la demande finale
réduisait ou annulait la demande de biens d'investissement.
La formulation du principe d'accélération
suppose que le stock de capital s'adapte parfaitement à la
production : si l'économie (ou la branche, ou l'entreprise)
désire augmenter sa production d'un certain pourcentage, elle doit
augmenter son capital et investir en conséquence.
Soit : It+1 : l'investissement
brut en t + 1 ; Ir t+1 :
l'investissement de remplacement en t + 1 ; D
t+1 : la demande finale en t + 1 ; P
t : la production en t ; K
t : le capital en t
Le capital nécessaire est : K
t+1 = kD t+1
Le capital existant est : K t = kP
t
D'où Int+1 = ?K = K t+1
- K t
Int+1 = kD t+1 - kP
t
En retenant l'investissement brut I t+1 =
I nt+1 + I nt+1, on a :
I t+1 = k (Dt+1 -
Pt) + Irt+1, k est appelé
l'accélérateur. L'investissement à réaliser peut
donc être calculé si l'on possède des prévisions sur
la demande finale.
Fort de cette approche théorique, nous allons analyser
l'impact de l'exploitation du pétrole sur le secteur productif
tchadien.
II. Les
effets de l'exploitation du pétrole sur le comportement du secteur
productif au Tchad
En prélude à l'étude des effets de
l'exploitation du pétrole sur les entreprises au Tchad, il convient de
signaler le cadre d'évolution de celles-ci.
A. CADRE
D'ÉVOLUTION DES ENTREPRISES TCHADIENNES
Le cadre d'évolution est marqué par la politique
économique du Tchad orientée vers le secteur privé.
Cependant, avant d'étudier cet environnement, on peut essayer de
catégoriser les entreprises au Tchad.
1. CATÉGORISATION
DES ENTREPRISES TCHADIENNES
Les entreprises tchadiennes peuvent être
catégorisées diversement en fonction des critères retenus.
Ainsi, en se basant sur les critères d'importance et de
caractère, on distingue quatre (4) types d'entreprises :
Ø La première catégorie est
composée des entreprises publiques et parapubliques
bénéficiant de la protection de l'Etat et du privilège en
matière d'accès au crédit bancaire même en dehors
des critères traditionnels imposés par les banques en la
matière. Nous citons les cas de la STEE qui a un capital
équivalent à 90 milliards FCFA reparti entre l'Etat (81,28%) et
l'AFD (18,72%), de la Société Nouvelle d'Etudes et de
Réalisations (SNER), la plus importante des entreprises tchadiennes de
Travaux Publics dont le capital équivaut a 600 millions FCFA et de la
Société Tchadienne d'Assurances et de Réassurances (STAR),
une Société Anonyme (SA) régie par le code CIMA, qui
produit aujourd'hui près de 90% du chiffre d'affaires du marché
tchadien des assurances15(*);
Ø La deuxième catégorie comprend les
commerçants, les marchands et négociants, les
sociétés manufacturières, les transporteurs et autres
patrons des PMI/PME caractérisée par une surface
financière très faible et employant des technologies peu
sophistiquées. Elles opèrent parfois sous une double forme. Une
partie de leurs activités est exercée dans le cadre formel et
l'autre partie de manière informelle (sous-traitance avec des vendeurs
ambulants, des fraudeurs etc.) ;
Ø La troisième catégorie est
constituée des opérateurs du secteur informel qui sont soit des
anciens formels, soit des sous-traitants des grandes entreprises mais non
formellement reconnues, soit des petits vendeurs ou artisans à la
recherche des moyens de subsistances ;
Ø La dernière catégorie est celle des
artisans du secteur rural, des paysans pratiquant l'agriculture de subsistance
ou de rente, des bergers et commerçants de bétails, des
pêcheurs, etc.
Une autre catégorisation est utilisée au Tchad.
Celle qui distingue le secteur formel du secteur informel. Malgré ces
différentes catégorisations, la politique économique au
Tchad est tournée vers le secteur privé.
2. LA POLITIQUE
ÉCONOMIQUE DU TCHAD ORIENTÉE VERS LE SECTEUR PRIVÉ
Dans les pays d'Afrique Subsaharienne tout comme dans d'autres
pays en voie de développement, la faillite constatée du
rôle économique et social de l'Etat a conduit à de vastes
programmes de réformes administratives économiques sous
l'égide des institutions de Bretton Woods. Elles ont
débouché sur la privatisation massive des entreprises publiques
et parapubliques. L'objectif recherché était de laisser place au
secteur privé sensé avoir l'efficience dans la production des
biens et services.
Au Tchad, cela s'est traduit par des réformes
entamées à partir de 1987 dans le cadre du PAS et du
Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR), et qui ont
conduit à la privatisation et à la restructuration de 13
Sociétés d'économie mixte, quatre (4) banques et 25
sociétés d'Etat et établissements publics, soit 42
unités qui vont ensuite passer à 4716(*).
La politique économique quasi-libérale
adoptée par le Tchad depuis le début des indépendances a
orienté les actions dans le secteur privé. Au plan légal,
le souci de faire du secteur privé le moteur de la croissance
économique a conduit à la mise en place d'un code des
investissements en harmonie avec les objectifs de l'intégration
régionale. Ce qui favorise autant les entreprises locales que celles de
la sous région. Ce code distingue quatre (4) régimes d'exercice
des entreprises : régimes A, B, C et D.
En effet, le régime A définit une petite et une
moyenne entreprise ou industrie (PME/PMI) comme toute entreprise industrielle
et d'appui au développement du secteur industriel, dont
« l'activité consiste en la fabrication des produits finis et
semi-finis ou s'exerce dans le cadre de services dont les capitaux et la
direction sont majoritairement constituées et détenus par les
nationaux, les fonds propres sont inférieurs ou égaux à
100 millions FCFA »17(*). Ce régime autorise les entreprises
détentrices de capitaux issus d'autres pays et les surccusales
d'entreprises à acquérir des droits de toute nature, utiles
à l'exercice de leur activité.
Les entreprises de régime B sont celles
« dont l'activité est limitée au territoire de la
République du Tchad »18(*). Le montant de leur investissement cumulé
pendant la durée du régime se situe entre 500 millions et 2,5
milliards FCFA.
Le régime C vise les entreprises ou
établissements « dont le marché principal
s'étend aux territoires de deux (2) ou plusieurs Etats de l'Union
Douanière des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC) »19(*).
Les entreprises d'une grande importance pour le
développement sont placées sous le régime D. Le montant de
leur investissement est supérieur à 2,5 milliards FCFA.
Sur le plan institutionnel, on retiendra d'une part
l'existence de la Chambre de Commerce, d'Industrie, d'Agriculture, des Mines et
de l'Artisanat (CCIAMA) et d'autre part, la mise en place des tribunaux de
commerce dans toute l'étendue du territoire en vue de garantir les
droits des opérateurs économiques exerçant au Tchad.
Eu égard au contexte économique propice au
développement du secteur privée, on se demande quelle peut
être la structuration du nouvel environnement favorisé par
l'implantation du consortium, du moins quelles sont les opportunités
d'affaires offertes par l'économie tchadienne au secteur
productif ?
B. L'ÉVOLUTION DE
L'ENVIRONNEMENT DU SECTEUR PRODUCTIF AVEC L'EXPLOITATION
PÉTROLIÈRE
Cette étude mérite qu'un regard soit jeté
sur le contexte des entreprises tchadiennes avant l'exploitation du
pétrole pour pouvoir vraiment appréhender les effets de
celle-ci.
1. VUE D'ENSEMBLE SUR LES
ENTREPRISES AVANT L'EXPLOITATION DU PÉTROLE
Les entreprises tchadiennes exercent dans un environnement peu
favorable à leur expansion. Plusieurs éléments illustrent
cela : l'importance de la corruption, la faible indépendance du
pouvoir judiciaire, le faible accès au crédit, le faible
développement financier et le poids écrasant de la
fiscalité aggravé par le coût très
élevé de l'énergie.
En outre, le faible niveau de revenu justifie le choix
potentiel des activités de subsistance par la majorité de la
population et surtout le faible niveau d'investissement national. Ce qui fait
que l'aide extérieure reste la principale source des projets de
développement.
Par ailleurs, les principales installations modernes de
production sont groupées dans la capitale N'Djaména et dans les
deux (2) principales villes économiques que sont Moundou et Sarh. De
manière générale, l'évolution de la FBCF n'est pas
trop significative entre 1995 et 2000. Elle suit une moyenne annuelle de 113,5
milliards FCFA20(*).
Tableau 4 : FBCF globale au Tchad entre
1995-2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
FBCF globale (en milliards FCFA)
|
82
|
99
|
101
|
119
|
130
|
150
|
440
|
790
|
664
|
602
|
671
|
FBCF pétrolière
|
5
|
12
|
24
|
24
|
25
|
46
|
310
|
641
|
487
|
398
|
441
|
Source : INSEED
Si les différents facteurs mis en évidence ici
pèsent sur le développement du secteur privé tchadien, le
développement des activités pétrolières
entamées a changé radicalement la donne.
2. LA PRISE EN COMPTE DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE SUR LE COMPORTEMENT DE L'INVESTISSEMENT DU
TCHAD
Le cadre législatif joue un rôle très
important dans l'explication de l'évolution de la FBCF au Tchad surtout
dans la lecture de l'impact lié aux activités du
pétrole.
a. Des dispositions
conventionnelles propices aux opportunités d'affaires pour les
entreprises tchadiennes
Dans ses préoccupations majeures, le Consortium
pétrolier a intégré la participation des opérateurs
économiques tchadiens à la fourniture des biens et des services
pour la construction des installations. Les entreprises tchadiennes sont
particulièrement préférées pour les contrats de
construction, d'approvisionnement ou de services à niveau de prestation
équivalent à ceux fournis par les sociétés
étrangères pour la qualité, le coût, la
fiabilité, le calendrier d'exécution et les conditions de
paiement. Selon la Convention de Recherches, d'Exploitation et de Transport des
Hydrocarbures de 1988 en son article 27.2 : « le
consortium, ses actionnaires, les sociétés affiliées et
les contractants s'engagent à ne procéder qu'aux importations
(...) que dans la mesure ou lesdites marchandises ne sont pas disponibles en
République du Tchad en quantité, qualité, prix,
délais et conditions de paiement équivalents, à moins
d'exigences ou d'urgences techniques particulières
présentées par le Consortium, ses actionnaires, les
sociétés affiliées et les
contractants ».
L'engagement du Consortium et de ses sous-traitants
s'accompagne par ailleurs d'une volonté de renforcement des
capacités des entreprises nationales.
Afin d'honorer ces engagements, il a été
souhaité la mise en place d'une coordination locale ESSO pour faciliter
les contacts entre ESSO et les Opérateurs économiques, la
création d'une banque des données des entreprises tchadiennes, la
publicité sur les opportunités d'affaires, etc. Tout le
dispositif prévu à cet effet devrait aboutir à une plus
grande information des entreprises sur les possibilités d'affaire et une
meilleure connaissance des mécanismes de soumission aux appels
d'offre.
b. L'impact des phases de
construction du pipe line et d'exploitation du pétrole sur
l'évolution de la FBCF
Au Tchad, l'année 2000 marque le pic de la FBCF
atteignant 710 milliards FCFA, mais les fluctuations restent importantes
surtout entre 2000 et 200521(*).
Cependant, il faut noter que le secteur pétrolier a
occupé une place très importante dans ces fluctuations.
Graphique 3 : Evolutions de la FBCF totale et de la
FBCF pétrolière
Source : INSEED
On comprend aisément ces fluctuations eu égard
aux fluctuations du secteur pétrolier car ce dernier occupe entre 1995
et 2000, une moyenne de 28,28% dans la FBCF privée. Or, l'année
2000 marque l'implantation du consortium sur le sol tchadien et celle des
sociétés sous traitantes. A partir de cette année, cette
moyenne a atteint 84,72% avec un pic de 90,28% en 200222(*).
Les chiffres indiquent que la phase de construction du projet
a influencé de manière importante le rythme de la croissance
économique au Tchad. Ainsi, le poids de l'investissement ou de la FBCF a
fluctué de manière très importante.
Graphique 4 : Evolution FBCF/PIB
Source : INSEED
De 1999 à 2002, la croissance annuelle du PIB est
passée de 1% à presque 11%. Cet accroissement du PIB suit la
courbe des achats des biens et services du Projet23(*).
De 2000 à 2003, le projet a dépensé 248,5
milliards de FCFA pour l'achat des biens et services locaux auprès des
commerces tchadiens24(*).
D'après ESSO, plus de 1000 entreprises tchadiennes ont
fourni des biens et services dans la phase de construction du projet
pétrole. C'est ainsi que pendant la phase de construction, les
dépenses effectuées auprès des commerces locaux sont
estimées à 248,5 milliards FCFA, soit 382 millions Dollars.
Tableau 5 : Dépenses effectuées par
ESSO auprès des entreprises tchadiennes dans la phase de construction de
l'oléoduc (les données sont en milliards FCFA)
Année
|
1er semestre
|
2e semestre
|
3e semestre
|
4e semestre
|
Total cumulé
|
2003
|
27,9
|
30,4
|
21,9
|
17,5
|
99,7
|
2002
|
24,6
|
27,5
|
33,0
|
27,2
|
112,3
|
2001
|
5,2
|
6,6
|
11,0
|
14,1
|
36,9
|
2000
|
|
|
|
1,6
|
1,6
|
Total
|
|
|
|
|
248,5
|
Source : ESSO
CONCLUSION PARTIELLE
En somme, qu'il s'agisse des ménages ou des
entreprises, les effets de l'exploitation du pétrole sont
déjà perceptibles. En effet, pour la première
catégorie de secteur institutionnel, l'orientation est d'abord du type
keynésien. L'injection de la rente pétrolière dans le
circuit économique au Tchad ayant provoqué une forte progression
du PIB ou du revenu global a, par voie de conséquence,
entraîné une hausse substantielle de la consommation des
ménages. A cela s'ajoutent d'autres facteurs toujours liés au
pétrole expliquant la tendance haussière de la consommation des
ménages au Tchad.
En outre, en ce qui concerne les entreprises, la FBCF a
augmenté en flèche dès les années 2000 avec le
début de l'implantation du consortium et des sociétés
sous-traitantes sur le territoire national. Le cadre législatif aidant,
les opportunités d'affaires et d'emplois se sont offertes et continuent
à s'offrir aux entreprises locales et camerounaises pendant la phase de
construction et la phase d'exploitation. Mais il serait difficile de comprendre
les effets de l'exploitation du pétrole tchadien sur ces deux (2) agents
sans recourir à la puissance publique chargée d'orienter les
politiques économiques.
Chapitre 2 : La prise en
compte des administrations publiques
« La théorie économique ne fournit
aucun ensemble constitué de conclusions immédiatement utilisables
pour définir les politiques. Il s'agit d'une méthode plutôt
que d'une doctrine, d'une série d'outils intellectuels qui aident leurs
détenteurs à tirer des conclusions correctes ».
John Maynard Keynes
Les administrations publiques (Etat, collectivités
locales, Sécurité sociale...) consomment et investissent comme le
secteur privé. Les dépenses publiques sont des achats qui
suscitent une production qui, à leur tour, créent des revenus. On
ne peut apprécier véritablement les administrations publiques
qu'à travers le budget de l'Etat (Section 1) qui est un cadre de
définition de politiques publiques en matière des dépenses
publiques (Section 2).
Section 1 : Le cadrage
budgétaire de l'etat
« La Commission a pour
mission de mettre au point le Budget Général de l'Etat sur la
base du cadrage macroéconomique,(...) avec la Banque Mondiale et des
enveloppes tenant lieu de plafonds maxima de crédits alloués aux
Institutions et Départements Ministériels ».
Arrêté N° 404/MF/SG/DGB/DESB/2006 du
23/08/2006 portant Création et Composition de la Commission
chargée de la préparation du budget 2007. Article 2.
Outil essentiel dans la définition et
l'appréciation de l'orientation des politiques économiques de
l'Etat, le budget est devenu indispensable au fonctionnement de la vie
publique. Le budget du Tchad, depuis quelques temps, est entré dans un
processus de reformes pour se conformer aux dispositions internationales.
I.
fondements theoriques de l'elaboration du budget de l'etat
L'étude du budget de l'Etat nous amène à
situer d'abord ce dernier dans la CN.
A. APPROCHE
INSTITUTIONNELLE DE L'ETAT
Les comptables nationaux subdivisent ce secteur institutionnel
en trois : les administrations publiques centrales, les administrations
publiques locales et les administrations de sécurité sociale.
Dans le cadre de notre travail, nous distinguerons les administrations
publiques elles-mêmes des administrations de sécurité
sociale.
1. LES ADMINISTRATIONS
PUBLIQUES
Les administrations publiques regroupent les unités
institutionnelles dont la fonction économique principale
est la production de services non marchands destinés aux autres
unités institutionnelles et la réalisation d'opérations de
répartition du revenu et du patrimoine national.
a. Les administrations
publiques centrales
Les administrations publiques centrales sont des
administrations dont leur compétence et leur financement sont nationaux.
On y distingue l'Etat et les organes divers d'administration centrale. L'Etat
regroupe l'ensemble des services administratifs dont les dépenses et les
recettes sont retracées dans le budget général, les
budgets annexes et les comptes spéciaux du Trésor publiés
dans la loi de finances.
Les organes divers d'administration centrale sont des
organismes disposant de l'autonomie financière et produisant des
services non marchands. Leurs ressources sont constituées par des
subventions de l'Etat ou des contributions obligatoires comme les taxes
parafiscales perçues à l'échelon national.
b. Les administrations
publiques locales
Les administrations publiques locales sont les
administrations dont leurs ressources sont d'origine locale et leur
compétence, limitée à une partie du territoire, s'exerce
dans les domaines spécialisés. Les comptables nationaux
distinguent les collectivités locales et les organes divers
d'administration locale.
Les collectivités locales regroupent les
régions, les départements et les communes ainsi que les
organismes qui émanent des départements et communes :
syndicats départementaux, communaux, interdépartementaux,
intercommunaux, districts, communautés urbaines, régies, etc.
Les organes divers d'administration locale produisent des
services non marchands à partir des ressources ayant une origine locale.
Ce sont en général des établissements publics qui
disposent de la personnalité juridique.
2. LES ADMINISTRATIONS DE
SÉCURITÉ SOCIALE
Ces unités institutionnelles ont pour fonction
économique la production du service non marchand de
sécurité sociale. Elles distribuent des revenus sous forme de
prestations sociales à partir des cotisations sociales obligatoirement
versées par les autres unités institutionnelles. On distingue le
régime général et les régimes particuliers
(agricole, professions libérales, salariés d'entreprises
publiques, retraites complémentaires, assurance chômage, etc.).
Cette classification ainsi faite, intéressons-nous
maintenant de plus près au budget de l'Etat.
B. LE BUDGET DE L'ETAT
Appelé encore Loi de finances, le budget de l'Etat est
le cadre qui retrace l'ensemble des dépenses et ressources de celui-ci.
La notion du budget sera étudiée dans sa définition et
dans ses différentes caractéristiques.
1. DÉFINITION DU
BUDGET DE L'ETAT
Le budget est l'ensemble des comptes qui
décrivent, pour une année civile, les Ressources et les Charges
de l'Etat. C'est également l'acte juridique par lequel sont
prévues et autorisées les recettes et les dépenses
annuelles de l'Etat.
Les lois de finance déterminent la nature, le montant
et l'affectation des ressources et des charges de l'Etat. On distingue la loi
de finance initiale et les dépenses de finance restrictives (souvent
dénommées « collectif
budgétaire »).
La loi de finance initiale prévoit et autorise, pour
chaque année civile, l'ensemble des ressources et charges de l'Etat. Les
collectifs budgétaires modifient en cours d'exercice la loi de finance
initiale.
Les budgets économiques et le budget social de la
Nation ne doivent pas être confondus avec le budget de l'Etat.
Les comptes économiques sont des comptes nationaux
prévisionnels présentés en annexe du projet de loi de
finances. Ils contiennent les prévisions de l'activité au cours
de l'année considérée. Ils permettent de simuler les
principales conséquences d'aléas conjoncturels ou de politiques
alternatives sur l'équilibre économique général et
le budget de l'Etat.
Le budget social de la Nation décrit, pour une
année donnée, l'ensemble des transferts sociaux, ou, plus
précisément, les dépenses qui couvrent, en totalité
ou en partie, les charges qui pèsent sur les ménages :
maladie, vieillesse, maternité, accidents du travail, chômage,
pensions et prestations diverses.
Deux (2) grands principes régissent
l'établissement du budget : celui de l'annualité et celui de
l'universalité.
Ø Le principe de l'annualité signifie que
l'autorisation de percevoir des impôts pour effectuer des dépenses
est annuelle. Ce principe est rigide dans la mesure où, pour certaines
dépenses, l'horizon annuel est trop court (grands travaux et
dépenses d'investissement par exemple). L'autorisation de programme
permet d'assouplir la règle : c'est un accord donné par le
parlement au gouvernement, permettant à ce dernier d'effectuer des
travaux qui ne peuvent être réalisés en une seule
année. L'étalement des dépenses sur plusieurs
années permet d'éviter le déséquilibre du budget
d'une année donnée.
Ø Le principe de l'universalité
budgétaire veut qu'aucune recette ne soit affectée à une
dépense particulière. Ce qui aboutit à l'équilibre
budgétaire.
En outre, l'équilibre du budget ne peut être
compris sans référence à deux (2) termes, somme toute,
trop souvent confondus : le déficit budgétaire (ou son
inverse, l'excédent) et le découvert.
Le déficit budgétaire est l'excédent des
dépenses définitives sur les recettes définitives.
Le découvert est l'excédent des charges sur les
recettes du budget général et des comptes spéciaux du
Trésor, retracés dans les opérations à
caractère définitif et temporaire.
2. LES
CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET DE L'ETAT
Il s'agit ici de déterminer la structuration et la
procédure budgétaires.
a. La structure du budget
de l'Etat
En effet, le budget de l'Etat peut faire l'objet d'une
présentation juridique ou d'une présentation fonctionnelle.
1) La présentation
juridique
Dans la présentation juridique, le budget de l'Etat
regroupe les opérations à caractère définitif et
les opérations à caractère temporaire.
Ø Les opérations à
caractère définitif : les sommes inscrites au titre des
dépenses à caractère définitif ne seront jamais
récupérées par la puissance publique. Tel est le cas des
traitements versés aux fonctionnaires. Ces opérations sont
ventilées entre le budget général et les comptes
spéciaux du Trésor.
Le budget général comprend les recettes fiscales
(la Taxe sur la Valeur Ajoutée ou TVA, l'impôt sur le revenu et
sur les sociétés etc.) et non fiscales (revenus des exploitations
industrielles et commerciales) ainsi que les dépenses de fonctionnement
et d'investissement tant civiles que militaires.
Les comptes spéciaux du Trésor retracent les
dépenses et les recettes de l'Etat entre lesquelles est établi un
lien, contrairement au principe de non affectation. Ainsi en est-il de la taxe
sur les produits pétroliers, en partie affectée au fonds
spécial d'investissement routier et de la redevance audiovisuelle.
Les budgets annexes retracent les dépenses et les
recettes de services de l'Etat dont les activités sont orientées
vers la production de biens et services donnant lieu à paiement.
Ø Les opérations à
caractère temporaire : ces opérations recouvrent les
prêts, les avances et toutes les opérations analogues pour
lesquelles la dépense sera récupérée au bout d'un
certain temps. Ce sont pour l'essentiel des prêts et avances consentis
par le Trésor à des entreprises ou collectivités publiques
et à certains Etats étrangers.
2) La présentation fonctionnelle
Dans la présentation fonctionnelle, l'objectif
de est de fournir une estimation du prix à payer pour l'exécution
d'un service donné (par exemple : que coûte au citoyen la
défense nationale ?). Pour ce faire, les dépenses de l'Etat
correspondent aux grands secteurs d'activité ou l'intervention des
pouvoirs publics.
b. La procédure
budgétaire
La procédure budgétaire, c'est-à-dire
« l'ensemble des études, discussions et décisions
comprises dans la préparation, l'approbation et l'exécution du
budget de l'Etat »25(*), est l'un des actes les plus importants de la vie
publique. On sait depuis longtemps qu'une bonne procédure
budgétaire constitue une garantie contre les abus de pouvoir. C'est
d'ailleurs pourquoi une partie des dispositions qui la régissent est
inscrite dans la Constitution.
Actuellement la procédure relative au budget de l'Etat
met en jeu trois (3) partenaires : les services ministériels, le
gouvernement et le parlement.
La préparation du budget est l'oeuvre du gouvernement
aidé par les services ministériels au premier rang desquels se
situe le ministère de l'Economie et des Finances. L'approbation du
budget résulte d'un dialogue ou d'un affrontement entre le Parlement et
le Gouvernement. L'exécution du budget enfin est le fait des services
ministériels étroitement contrôlés par le
ministère de l'Economie et des Finances.
Au Tchad par ailleurs, plus d'une dizaine de
départements ministériels dont la majorité est prioritaire
sont déjà dans le cycle de budgets programmes ; les autres
les rejoindront progressivement.
II. le
budget de l'état du Tchad
Le Tchad est entré dans un processus de reformes en
matière de finance publique (élaboration du budget). Le budget de
l'Etat est passé d'un modèle uniquement structuré par
nature de moyens et contrôlé par la régularité au
regard de la réglementation à un modèle également
structuré par les objectifs et contrôlé par les
résultats obtenus.
A. PROCESSUS
D'ÉLABORATION DU BUDGET DU TCHAD
La procédure d'élaboration du budget
général de l'Etat comporte deux (2) phases dont la
première est administrative et la seconde est
législative.
1. LA PHASE ADMINISTRATIVE
Elle relève de l'autorité du Gouvernement qui,
à travers le Ministère des Finances, de l'Economie et du Plan,
est chargé de prévoir les recettes et les dépenses de
l'Etat. L'élaboration du Budget commence par le cadrage
macroéconomique qui détermine les enveloppes globales et
sectorielles à l'horizon de moyen terme.
a. Le cadrage
macroéconomique
Le cadrage macroéconomique est l'analyse des quatre (4)
secteurs de l'économie (primaire, secondaire, tertiaire et
extérieur) et leurs projections à moyen terme à partir
d'un modèle macroéconomique.
L'INSEED est chargé des prévisions
macroéconomiques et alimente le modèle de la Direction des Etudes
et de la Prévision (DEP). Celle-ci est chargée des
prévisions des finances publiques. A partir de son modèle, elle
met en place les prévisions de recettes fiscales, non fiscales,
pétrolières et les enveloppes globales de dépenses qui
tiennent compte des contraintes financières du Tchad.
Les prévisions macroéconomiques permettent de
déterminer le taux de croissance du PIB, le taux d'inflation, le taux de
pressions fiscales. Ces prévisions sont discutées et
adoptées en réunion avec le Comité de cadrage.
A partir du cadrage macroéconomique, on élabore
le Tableau des Opérations Financières
de l'Etat (TOFE) prévisionnel qui détermine le volume
des recettes et des dépenses globales à moyen terme de
l'Administration Centrale ainsi que le Financement du Solde.
Sur la base du TOFE prévisionnel on procède
à l'actualisation du TOFE du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP). Après l'actualisation du
TOFE du DSRP et tenant compte de l'exécution du budget de l'Etat de
l'année n et l'année n-1 ; de
l'orientation de la politique économique du Gouvernement pour
l'année budgétaire n+1 ; des recommandations des
revues des dépenses publiques s'il y a lieu, on procède à
l'allocation des dépenses dans le Cadre de Dépenses à
Moyen Terme (CDMT).
Le CDMT étant un cadre mis en place par le Gouvernement
dans le but de faciliter l'élaboration de stratégies de
politique publique dans la préparation du budget est une composante
à part entière du cycle annuel du budget.
Ainsi la composante fondamentale du CDMT est la perspective de
moyen terme dans les domaines de la contrainte globale des finances
publiques et de la reconnaissance du rôle central de l'allocation
intersectorielle et du management stratégique au niveau de l'Etat.
Les objectifs du CDMT sont :
Ø la définition d'un cadre de ressources
cohérentes et réalistes, favorable à la création
d'un environnement macroéconomique équilibré ;
Ø la mise en place d'un système de
répartition des ressources plus conforme aux priorités
stratégiques sectorielles ;
Ø la définition des politiques de financement
prévisibles qui permettent aux ministères d'élaborer des
stratégies d'action et de mettre en place des programmes plus
soutenables.
Le Budget Programme, quant à lui, est un budget
orienté vers la performance et structuré sous forme de programmes
et d'actions. Il joue un rôle très important dans l'allocation
des enveloppes.
b. L'allocation
intersectorielle des enveloppes budgétaires
Comme indiqué plus haut, les éléments
permettant d'allouer les enveloppes proviennent :
Ø pour les départements prioritaires des
éléments de l'an II des budgets programmes ;
Ø pour les départements non prioritaires des
directives contenues dans la note circulaire du Premier ministre.
Il est à rappeler que le travail du cadrage
macroéconomique commence en mars de l'année n. Par
exemple pour l'année 2007, les travaux du cadrage ont commencé
effectivement en mars et pris fin en début Mai 2006.
Une fois le Budget adopté par le Gouvernement, il est
envoyé à l'AN, qui l'examine à travers sa commission
Finances.
2. LA PHASE
LÉGISLATIVE (EXAMEN ET ADOPTION DE LA LOI DE FINANCES PAR L'AN)
Selon l'article 129 de la Constitution révisée,
l'AN dispose de 80 jours au plus pour voter les projets de lois de finances. La
Commission Finances de l'Assemblée examine les lois de finances dans
cette période de temps indiqué ci-dessus et rédige un
rapport à l'attention de la plénière. Au cours de l'examen
du projet de lois de finances, la commission auditionne quelques
départements de son choix en présence du représentant de
la Direction Générale du Budget (DGB). Le Ministre des Finances
est auditionné en dernier ressort. Les lois de finances sont
votées par titre.
Après l'adoption des lois de finances par l'AN, le
Président de la République promulgue les dites lois de finances
et signe les décrets de répartition des crédits.
Si les projets de lois de finances envoyées par le
Gouvernement à l'AN ne sont pas votées au 31 décembre de
l'année n, le Gouvernement envoie à l'AN un projet de
loi l'autorisant à percevoir les recettes. L'exécution des
dépenses est autorisée par un décret du douzième
provisoire au titre du Budget de l'année n-1 en attendant le
vote du projet de loi de finances.
B. L'EXÉCUTION ET
LE CONTRÔLE DU BUDGET DU TCHAD
L'exécution du budget de l'Etat du Tchad est suivie
d'un travail de contrôle et suivi.
1. L'EXÉCUTION DU
BUDGET DE L'ETAT DU TCHAD
L'exécution du budget de l'Etat fait intervenir
plusieurs structures de l'Etat. Cette exécution concerne les recettes
que le dépenses.
a. L'exécution du
budget en recettes
Les recettes sont recouvrées à partir du 1er
Janvier de l'année n par les grandes Régies
Financières et les services administratifs générateurs de
recettes et reversées au Trésor.
b. L'exécution du
budget en dépenses
Les dépenses sont initiées par les Directeurs
des Affaires Administratives, Financières et du Matériel (DAAFM)
et autres administrateurs de crédits. Ces dépenses sont soit des
dépenses classiques à partir d'un devis ou d'une facture
proforma, soit des marchés à partir d'un appel d'offre.
L'exécution du budget en dépenses se fait en procédure
dite normale et/ou simplifiée.
1) La procédure
normale
La procédure normale constitue la règle et
repose sur les quatre (4) phases suivantes : l'engagement, la
liquidation, l'ordonnancement et le paiement.
Ø Engagement : l'administrateur de crédits
saisit un nouvel engagement au Cadre Informatisé des Dépenses
(CID) ; le projet d'engagement est envoyé à la DGB pour
contrôle et visa du DGB. Après visa du DGB, le projet d'engagement
est envoyé au Contrôle Financier (CF). Le CF réceptionne le
projet d'engagement, effectue un contrôle de régularité et
renvoie le projet à la DGB pour validation. En cas de mauvais dossier,
on renvoie à la case de départ avec motif de rejet. Pour les
dossiers réguliers, on les renvoie après validation à
l'Administrateur de crédit pour la liquidation.
Ø Liquidation : elle est déclenchée
par l'arrivée d'une facture accompagnée d'un bon de commande
correspondant envoyé par le prestataire de services ou le fournisseur.
L'Administrateur de crédits saisit la liquidation à partir des
données de l'engagement validée par la DGB. Une fois la
liquidation saisie, le dossier est envoyé à l'Ordonnancement.
Ø Ordonnancement : les services de
l'Ordonnancement valident la liquidation après contrôle,
éditent un mandat de paiement et l'envoient au trésor.
Ø Paiement : les services de la dépense du
Trésor réceptionnent le mandat de paiement envoyé par la
Direction de l'Ordonnancement (DO), effectuent un contrôle et envoient le
mandat à la prise en charge. Une fois le mandat pris en charge, on
programme le paiement.
2) La Procédure Simplifiée
La Procédure Simplifiée
cumule l'Engagement et la Liquidation, et le dossier passe directement
à l'Ordonnancement.
2. LE CONTRÔLE DE
L'EXÉCUTION DU BUDGET
Il existe au Tchad plusieurs organes de contrôle mais
les types qui nous intéressent pour le moment sont les contrôles
a priori c'est-à-dire les contrôles assurés
par le Contrôleur Financier et le Comptable.
a. Le contrôle
financier
Le contrôle financier est matérialisé par
un visa du contrôleur :
Ø sur les actes financiers : engagements,
ordonnances ;
Ø sur les actes juridiques engageant
financièrement l'Etat.
Ainsi, le contrôleur financier veille au respect de
la disponibilité des crédits ; il s'assure de la
régularité des actes juridiques engageant financièrement
l'Etat ; cependant il ne se prononce pas sur l'opportunité de la
dépense.
b. Le contrôle comptable
Le contrôle comptable est défini dans les textes
portant sur le règlement de la Comptabilité Publique. Il est
exercé sur :
Ø la qualité de l'Ordonnateur ;
Ø la disponibilité des crédits ;
Ø l'exacte imputation des dépenses ;
Ø la validité de la créance.
Durant la décennie 90 - le Tchad étant soumis
aux plans d'ajustement structurel - le problème des administrations
économiques et financières était d'assurer
l'équilibre des recettes mais les dépenses étant peu
compressibles, le problème revenait en fait à procurer des
ressources à l'Etat.
section 2 : Le comportement de l'Etat à travers
les dépenses publiques
« Le fait d'assurer une couverture (...) de bonne
qualité en matière des services sociaux de base, constitue l'un
des moyens (...) les plus efficaces de réduire la
pauvreté ».
Carol Bellamy, Directeur Exécutif -
UNICEF
L'objet de cette section est construit autour de la
problématique des dépenses publiques et de ses modes de
financements. Et comme dit plus haut, elles constituent à ce titre le
référentiel des politiques économiques d'un pays
donné.
I.
Analyse théorique de la notion des depenses publiques
Les dépenses publiques ont vu leur importance relative
par rapport au PIB s'accroître de manière très
significative au point d'atteindre aujourd'hui un niveau jugé excessif
par de nombreux économistes et responsables politiques.
Elles sont par ailleurs souvent considérées
comme un levier très important à la disposition des pouvoirs pour
agir sur l'activité économique et l'emploi ; ce qui est sans
doute vrai. Il ne faudrait cependant pas oublier les effets pervers qu'engendre
le mouvement intempestif des dépenses publiques sur l'inflation et le
déséquilibre extérieur.
L'intervention des pouvoirs publics dans le système
économique et financier est un trait majeur dans toutes les
sociétés contemporaines. Elle se manifeste selon des
modalités diverses. Certaines sont monétaires, d'autres non. Les
premières prennent la forme de dépenses et de recettes publiques.
Elles seules retiendront notre attention dans ce paragraphe. La notion de
dépenses publiques sera d'abord précisée ainsi que son
évaluation.
Force est de constater cependant que les dépenses
publiques ne sont pas mesurées par un agrégat spécifique.
Il convient de les évaluer à partir des comptes des
administrations publiques centrales (essentiellement l'Etat), des
administrations publiques locales (régions, départementales,
communes) et de la sécurité sociale. Elles désignent des
biens et services achetés par les pouvoirs publics. On y retrouve des
éléments aussi disparates que les équipements militaires,
les autoroutes ou les services rendus par les fonctionnaires.
Les dépenses afférentes au fonctionnement et au
développement des services regroupent les salaires versés, la
consommation intermédiaire et les investissements. Les opérations
de redistribution recouvrent essentiellement les subventions et les prestations
sociales. Les intérêts versés sont ceux des emprunts
émis par l'Etat ou les collectivités locales.
En somme, les dépenses publiques servent à
financer les investissements publics.
A. APPROCHE NOTIONNELLE DE
L'INVESTISSEMENT PUBLIC VIÀ LE MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT
D'entrée de jeu, on suppose que l'investissement
supplémentaire initial a pour conséquence d'entraîner un
accroissement du revenu national supérieur au montant de l'accroissement
initial de l'investissement public. Ce postulat nous permet d'énoncer le
multiplicateur d'investissement public et ses conditions d'action.
1. ENONCÉ DU
MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT PUBLIC
Supposons que dans une économie les pouvoirs publics
décident d'accroître le montant de l'investissement ; cette
décision, qui se traduit par la mise en service d'un capital productif
additionnel, aura pour conséquence d'accroître le nombre de
travailleurs et par là même d'accroître les revenus des
salariés. Face à cet accroissement de revenu, les salariés
vont augmenter leurs achats de biens alimentaires et industriels ; cet
accroissement des achats de biens de consommation va dégarnir les
stocks, ce qui nécessitera pour leur reconstitution un accroissement de
production avec distribution supplémentaire de revenus à une
seconde catégorie de salariés etc.
Deux (2) hypothèses seront successivement
envisagées. Dans la première, l'accroissement de l'investissement
public se réalise en une seule fois et ne se répète pas.
Dans la seconde, l'accroissement de l'investissement est supposé se
reproduire pendant plusieurs périodes.
a. L'effet de
l'accroissement d'un investissement public non
répété
Le circuit des revenus et des dépenses que nous venons
d'exposer peut se formuler d'une manière simple :
?Y = k?I, avec ?Y, l'accroissement du
revenu, ?I, l'accroissement de l'investissement et k, le
multiplicateur d'investissement.
La question revient à calculer k et à
rechercher les facteurs qui le déterminent. Les revenus
supplémentaires, obtenus par la première catégorie de
salariés, sont dépensés pour l'achat des biens de
consommation ou industriels, ce qui a pour conséquence de
dégarnir les stocks. Il est bien évident que si les
salariés dépensent tout leur supplément de revenu, la
diminution des stocks sera telle que l'accroissement de production pour leur
reconstitution sera beaucoup plus important que si l'on dépense
uniquement la moitié du supplément de revenu.
Le multiplicateur d'investissement dépend de la
propension marginale à consommer : plus celle-ci sera forte plus
l'accroissement de la production et du revenu sera important, plus la
propension marginale à consommer sera faible plus réduit sera
l'accroissement de production et du revenu national.
Nous pouvons formaliser ce raisonnement sous forme d'une
relation algébrique ;
?Y = k?I
D'où k = ?Y/?I
Or Y = C + I
Donc ?Y = ?C + ?I
D'où ?I = ?Y - ?C
On peut écrire : k = ?Y/(?Y - ?C)
En divisant par ?Y nous avons : k = 1/
(1-?C/?Y)
Or ?C/?Y = la propension marginale à
consommer.
D'où 1 - ?C/?Y = la propension marginale
à épargner.
Conclusion : le multiplicateur d'investissement
est égal à l'inverse de la propension à
épargner.
b. L'effet de
l'accroissement d'un investissement public pendant plusieurs
périodes
Pour chaque période apparaît un accroissement de
l'investissement public ?I qui entraîne une augmentation de la
consommation et du revenu plus importante que dans l'hypothèse du non
renouvellement de l'investissement envisagé
précédemment.
2. LES CONDITIONS D'ACTION
DU MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT
Les principales sont les deux (2) suivantes :
Ø la première est celle de sous-emploi. Tout
investissement supplémentaire entraînera un accroissement du
produit national à la condition que le travail et le capital soient
partiellement inemployés, sinon la hausse du revenu serait purement
nominale et déboucherait sur l'inflation ;
Ø la seconde est celle de la stabilité de la
propension moyenne à consommer.
Cependant cette condition est difficilement acceptable en
raison de l'instabilité des habitudes de consommation.
B. LE FINANCEMENT DES
DÉPENSES PUBLIQUES
Un déficit budgétaire et un accroissement de
dépenses publiques peuvent être financés selon trois (3)
modalités différentes : l'émission d'emprunts, la
création monétaire et le recours à l'impôt. Cette
dernière option concerne évidemment le financement d'un
supplément de dépenses. On voit mal, en effet, un accroissement
de fiscalité financer un déficit budgétaire
provoqué par une réduction de la fiscalité. La situation
n'est cependant pas impossible s'il s'agit d'impôts ou de contribuables
différents. Dans les trois (3) hypothèses, l'effet multiplicateur
de dépenses publiques risque d'être sérieusement
réduit. Le freinage sera cependant différent selon la
modalité retenue.
1. LE FINANCEMENT DU
DÉFICIT BUDGÉTAIRE PAR LA FISCALITÉ
Le financement d'un déficit budgétaire par un
accroissement de la fiscalité affaiblit très sensiblement l'effet
multiplicateur des dépenses publiques. Si l'économie fonctionne
toutefois selon les principes précédemment décrits,
l'équilibre budgétaire n'est pas incompatible avec un effet
multiplicateur.
L'augmentation des dépenses publiques G induit
un accroissement du revenu national :
Y = 1 x G/1 - c (1)
Si la hausse du déficit budgétaire induite par
l'accroissement des dépenses publiques est financé par une
augmentation de la fiscalité, cet accroissement des recettes fiscales
T induit une baisse du revenu national égale à c x
T/1 - c.
L'effet net de ces variations de sens inverse sera de
l'importance relative de G, T et de la valeur de la
propension marginale à consommer c.
On pourrait à la limite penser qu'une hausse des
dépenses publiques financée par un accroissement identique des
recettes fiscales n'exercerait aucun effet sur le revenu national.
Les pouvoirs publics accroissent simultanément les
dépenses publiques d'un montant égal à G et les
recettes fiscales T. Ils ne font pas varier le montant de
l'investissement et les dépenses de transfert. Les variables I
et R demeurent constantes.
Lorsque les variations simultanées des dépenses
publiques et des recettes fiscales ont épuisé tous leurs effets,
le nouveau revenu national d'équilibre est égal
à :
Y + Y = 1 x [Co - c (T + T) + cR + Io + Go + G]
(2)
En soustrayant l'équation (1) par (2), nous
obtenons :
Y = 1 x [-cT] + 1 x [G]/1 - c (3)
Dans la mesure où G = T, nous pouvons
écrire :
Y = 1x [-cG]/1-c + 1 x [G]/1-c
Y = 1x [G (1-c)]/1-c
Y = G
La conclusion à retenir de cette démonstration
de Haavelmo est qu'un accroissement des dépenses publiques
financé par une variation identique de la fiscalité accroît
le revenu national d'un montant égal à l'accroissement des
dépenses publiques. L'effet multiplicateur est très faible mais
il n'est pas nul. Il est égal à 1.
De manière plus générale, on peut
déduire que le maintien dans le temps de l'équilibre
budgétaire n'est pas incompatible avec un effet multiplicateur.
2. LE FINANCEMENT DU
DÉFICIT BUDGÉTAIRE PAR L'EMPRUNT
Si le gouvernement refuse d'accroître les impôts,
il peut recourir à l'emprunt. L'épargne se dirigera vers les
nouvelles émissions publiques si le taux d'intérêt est
supérieur à celui offert sur le marché par des titres de
même nature présentant un risque identique. Il devrait s'en suivre
une hausse des taux. A leur tour, les entreprises désirant
émettre des obligations pour financer leurs investissements devront
pratiquer des taux supérieurs à ceux du secteur public si elles
veulent attirer l'épargne privée.
L'ampleur de la hausse des taux d'intérêt
dépend de la présence ou non de ressources financières
oisives dans l'économie. S'il existe de l'épargne
inutilisée, l'accroissement de la demande de fonds ne conduira pas
nécessairement à une hausse très élevée des
taux. Si, en revanche, la demande des entreprises et des pouvoirs publics
excède les ressources d'épargne, les taux d'intérêt
auront tendance à s'établir à un niveau largement
supérieur à celui qui se serait manifesté en l'absence
d'emprunt public.
Cette forte présomption d'une hausse des taux
d'intérêt conduit de nombreux économistes à douter
de l'efficacité d'une politique budgétaire financée par
l'emprunt. Dans la mesure où l'investissement dépend du niveau
des taux d'intérêt, celui-ci diminue quand le taux augmente. Par
voie de conséquence, la demande globale diminue puisque l'investissement
en est l'un des principaux déterminants. Dans ces conditions, l'effet
positif d'un accroissement des dépenses publiques est partiellement ou
totalement réduit du fait de la dépression de l'investissement
productif. La capacité de la politique budgétaire à
relancer l'activité et à réduire le chômage est en
conséquence légitimement mise en cause.
La hausse des taux d'intérêt conduit à un
effet d'éviction dont l'importance dépend de la
sensibilité de l'investissement aux variations des taux
d'intérêt nominaux et de l'existence ou non des ressources
financières inutilisées.
Au Tchad et comme dans d'autres pays en voie de
développement, les dépenses publiques sont orientées vers
le financement des investissements publics qui, eux aussi, sont
orientés, vers des besoins de base et de lutte contre la
pauvreté.
II.
L'impact des ressources pétrolieres sur les dépenses publiques et
leurs modes de financement au Tchad
Les ressources pétrolières tout comme les
ressources de l'Etat tchadien sont utilisées dans le processus de lutte
contre la pauvreté. Mais la question qu'on se pose également est
comment les ressources pétrolières ont influencé les modes
de financement « classiques » du budget de l'Etat
tchadien ?
A. L'ORIENTATION DES
DÉPENSES ET INVESTISSMENTS PUBLICS VERS LE DÉVELOPPEMENT DU
TCHAD
Longtemps, les dépenses publiques étaient
orientées vers les secteurs de développement. L'exploitation du
pétrole au Tchad est inscrite dans la même optique. Les ressources
issues des revenus pétroliers contribuent à financer les
investissements publics. Mais nos analyses prendront en compte la
période pré pipe line et la période post pipe line.
1. L'ORIENTATION DES
DÉPENSES ET INVESTISSEMENTS PUBLICS AU TCHAD AVANT LE DÉBUT DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE
L'histoire économique du Tchad est marquée par
des préoccupations des autorités politiques du pays à
améliorer les conditions de vie de la population. A cet effet, cinq (5)
plans et plusieurs programmes de développement ont été
conçus, mis en place et appuyés par les bailleurs de fonds et
partenaires au développement :
Tableau 6 : Liste des programmes
économiques au Tchad
Programmes
|
Période
|
Montant (en FCFA)
|
Objectifs
|
Premier plan
|
1966 - 1970
|
47 milliards
|
augmenter la production du coton
|
Deuxième (plan d'urgence)
|
1984 - 1986
|
157 milliards
|
reconstruire le pays détruit par la guerre civile de
1979
|
Troisième plan (plan
intérimaire)
|
1986 - 1988
|
-
|
Assurer le lien entre le plan d'urgence. Il met l'accent sur
les finances publiques et le développement du secteur
agro-sylvo-pastoral ainsi que la création des infrastructures sociaux
(écoles, dispensaires, etc.) et économiques (routes, postes,
télécommunication etc.) pour désenclaver le pays au plan
intérieur et extérieur en intégrant le
développement des ressources humaines afin d'accroître
l'efficacité des services publics
|
Quatrième plan (plan d'orientation)
|
1990 - 2000
|
-
|
Relever les indicateurs socio-économiques notamment de
la santé et de l'éducation
|
Cinquième plan (plan d'orientation
révisé)
|
1998 - 2005
|
686 milliards
|
Lutter contre la pauvreté
|
Source : auteur
Par ailleurs, d'autres instruments de gestion de politique
économique se sont greffés à ces plans : le Document
Cadre de la Politique Economique (DCPE) et le document de gestion des
ressources économiques.
Le taux d'investissement, déjà faible dans les
années 1960 et 1970 (aux alentours de 15% du PIB) s'est
littéralement effondré au début des années 1980
sous l'effet de la guerre civile.
Jusqu'en 1999, les investissements publics sont restés
en dessous de la barre de 100 milliards FCFA. Entre 1995 et 2002, les
dépenses publiques au Tchad étaient autour de la moyenne annuelle
de 90,85 milliards FCFA avec un taux de croissance sensiblement constant
de 10,67%26(*).
Tableau 7 : Investissements et dépenses
publics au Tchad entre 1995 et 2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Investissement public (en milliards FCFA)
|
65,6
|
74,6
|
85,5
|
78,4
|
90,9
|
106
|
110,5
|
145
|
195,5
|
240,5
|
227
|
Dépenses publiques (en milliards
FCFA)
|
68,7
|
77,2
|
95,1
|
82,5
|
97,9
|
111
|
115,8
|
150,8
|
210,3
|
270,6
|
275,8
|
Source : INSEED
Le projet pétrole est entré dans une dynamique de
réduction de la pauvreté au Tchad et surtout par l'enveloppe
importante accordée aux secteurs prioritaires en vue de lutter contre la
pauvreté.
2. L'INSCRIPTION DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE DANS LA POLITIQUE D'INVESTISSEMENT DE L'ETAT
DU TCHAD
L'injection de la rente pétrolière dans le
budget passe par les investissements dans les secteurs dits prioritaires. C'est
pourquoi, un certain nombre de ministères ont été
érigés en ministères prioritaires. Il s'agit en effet de
la Santé, des affaires sociales, de l'Education, du Développement
rural, des Infrastructures, de la Bonne gouvernance etc.
Pour se conformer aux exigences des institutions de Brettons
Wood, le gouvernement a fait passer une loi dite la Loi n° 001/PR/99
du 11 janvier 1999, portant gestion des revenus pétroliers,
adoptée par l'AN en sa séance du 30 décembre 1998.
Conformément à cette loi, les ressources
pétrolières sont constituées par des revenus directs qui
comprennent les dividendes et les redevances et des revenus indirects
composés des impôts, taxes et droits de douanes liés
à l'exploitation du pétrole.
Cette loi définit somme toute comment la manne
pétrolière doit être repartie entre les secteurs
prioritaires dans la lutte contre la pauvreté, les populations de la
région productrice de pétrole et les générations
futures.
La pomme de discorde engendrée par la modification
unilatérale du Gouvernement et de l'AN du Tchad de la Loi 001 portant
gestion des revenus pétroliers qui a fait couler tant d'encre porte
essentiellement sur les points suivants :
Ø l'augmentation de 15 à 30% du fonds
destiné au fonctionnement de l'Etat ;
Ø la suppression des 10% réservés aux
générations futures ;
Ø l'extension de la Loi à tous les champs
d'exploitation contrairement à l'ancienne qui ne prend en
considération que les trois (3) champs de Doba : Komé,
Miandoum et Bolobo.
Ø l'extension des secteurs prioritaires aux secteurs de
l'armée, de la sécurité, de l'administration du
territoire, de l'énergie et de la justice. Le nombre passe alors
à onze (11) par addition aux anciens ;
Ø la nouvelle orientation du fonctionnement du
Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources
Pétrolières (CCSRP) qui voit l'implication du Ministère du
Contrôle Général d'Etat et de la moralisation et le Conseil
économique et social à travers la nomination d'un membre du futur
Conseil économique et social. Le mandat des membres est désormais
de neuf (9) ans renouvelable.
Ce qui fait que, pour l'Etat, la répartition se fait de
la manière suivante: 30% sont réservés au Trésor
public ; 65%, destinés aux secteurs prioritaires et 5% pour la
région productrice. La nouvelle clé de répartition donne
le tableau suivant :
Figure 5 : Répartition des ressources
pétrolières
Revenus directs
12,5% redevances
Revenus indirects
(Taxes, Impôts)
Trésor public
Compte off shore
City Bank
Services Dettes
Revenus Pétroliers
Compte de l'Etat
65% Ministères prioritaires
30% Fonctionnement
de l'Etat
5% Région productrice
Source : adaptation de l'auteur
Cette volonté affirmée des autorités
tchadiennes d'investir dans le secteur public est due en grande partie aux
faibles performances accusées par le passé. En effet, les faibles
performances à long terme de l'économie tchadienne s'expliquent
principalement par une accumulation faible du capital.
A partir de 2003, le taux de croissance des dépenses a
augmenté de plus de 5 points (15,58%) pendant que la moyenne double
(193,83 milliards FCFA) pour atteindre 68,27% en 200427(*).
Graphique 5 : Evolution des dépenses
publiques
Source : INSEED
En outre, les dépenses budgétaires
programmées dans le cadre de la SNRP doivent croître à un
rythme soutenu (+7% par an) entre 2003 et 2015, inférieur
néanmoins à celui des recettes (+15% par an) sur la même
période. Les dépenses courantes (constituées
essentiellement par les charges de personnel) doivent connaître une
progression plus marquée. Avec une croissance prévue de +11% par
an entre 2003 et 2015, les dépenses courantes doivent plus que tripler
sur la période de projection. Les dépenses d'investissement
doivent connaître, en revanche, une progression nettement moins sensible
(multiplication par 1,6 entre 2003 et 2015 correspondant à une
croissance de +3,8% par an)28(*).
Le respect de la contrainte budgétaire (le
déficit public est réduit de 10 à 3% du PIB) dans un
contexte d' « explosion » des dépenses
courantes impose une mobilisation permanente de l'épargne internationale
pour financer les investissements publics. Comme signalé plus haut, les
dépenses publiques servent à financer l'investissement et dans le
cadre du Tchad elles servent à financer l'investissement au
développement.
Ainsi, l'évolution de l'investissement public au Tchad
donne ce qui suit :
Graphique 6 : Evolution de l'investissement
public
Source : INSEED
Jusqu'en 1995, le taux d'effort est demeuré en moyenne
aux alentours des 5% (soit un taux proche de l'amortissement, ce qui conduit
à supposer qu'il n'y a eu pratiquement aucun investissement de
capacité au cours des quinze années). On assiste, depuis la
dévaluation de 1994, à une remontée du taux
d'investissement qui retrouve vers l'année 2000 le niveau moyen des
années 1960. A partir de 2004, l'investissement public a connu un boom
atteignant 240 milliards FCFA29(*). On comprend qu'il est influencé par
l'investissement des revenus pétroliers dans les secteurs
prioritaires.
B. LES MODES DE FINANCEMENT DES DÉPENSES PUBLIQUES
AU TCHAD
Le Tchad, du fait de son appartenance à la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC),
dont le taux de change nominal est fixe, la politique budgétaire devra
jouer le rôle principal pour atteindre la stabilité
macroéconomique. C'est pourquoi, dans le cadre de ce travail, nous
ferons abstraction de cette dernière hypothèse et analyserons
successivement le financement du déficit budgétaire par la
fiscalité et par l'emprunt.
1. LE MODE DE FINANCEMENT
PAR LA FISCALITÉ
Cette étude se fait en deux (2) temps : la
fiscalité avant les ressources pétrolières et la
fiscalité avec les ressources pétrolières.
a. Le comportement de la fiscalité avant les
ressources pétrolières
Le Tchad est le pays le moins fiscalisé dans la sous
région parce que sa production tient en majeure partie du secteur
primaire (agriculture et élevage) qui n'est pas fiscalisé. Or
l'agriculture occupe plus de 80% de la population active mais ne contribue
qu'à 40% à peine du PIB. On estime, en plus, que 70% de la
production vivrière est autoconsommée30(*).
Tableau 8 : Taux de pression fiscale au Tchad
entre 1995 et 2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Taux de pression fiscale (en pourcentage)
|
5,50
|
6,40
|
6,80
|
6,70
|
7,20
|
6,90
|
6,30
|
7,10
|
7,10
|
8,10
|
8,10
|
Source : INSEED
La faiblesse de l'assiette (représentée
globalement par le PIB) réduit mécaniquement le montant des
recettes fiscales. Celles-ci s'élevaient, en 2000, aux alentours des 80
milliards FCFA. La pression fiscale est de l'ordre de 8% du PIB (en
augmentation par rapport aux 6% prévalant en moyenne au cours de la
décennie 1988-1998). Ces ressources, essentiellement assises sur la
fiscalité indirecte, ne couvrent pas les dépenses de
fonctionnement (près de 100 milliards FCFA en 2000)31(*).
b. Le comportement de la fiscalité avec les
ressources pétrolières
Après une période stagnante entre 2002 et 2003
avec un taux de pression fiscale de 7,10%, celui-ci a vite atteint 8,10% en
2004 et 2005. Les recettes non pétrolières sont supposées
bénéficier d'un effet d'assiette (et du relèvement de la
pression fiscale moyenne à 12% du PIB). Elles compenseraient largement
les diminutions attendues des revenus pétroliers entre 2009 et
201332(*).
Graphique 7 : Evolution de la pression
fiscale
Source : INSEED
En somme, malgré l'exploitation
pétrolière, la fiscalité au Tchad ne
bénéficie pas directement de manière substantielle et
considérable de celle-ci. En effet, on comprend que les investissements
effectués par le consortium et ses sous-traitants dans le cadre des
travaux de construction bénéficient des avantages fiscaux selon
les dispositions de la Convention de recherches, d'exploitation et de
transports des hydrocarbures de 1988. Ils sont exonérés
« de tout autre impôt direct sur le revenu frappant les
résultats des opérations pétrolières, les
bénéfices et les distributions des bénéfices ;
(...) de tout taxe, droit, impôt ou contribution de quelque nature que ce
soit frappant la production ou la vente des hydrocarbures et tout revenu y
afférent, ou exigible sur les opérations
pétrolières ou à l'occasion de l'établissement et
du fonctionnement du Consortium, y compris la patente » (Art.
24.1). Cette exonération concerne aussi bien les transferts de fonds,
achats et transports d'hydrocarbures destinés à l'exploitation,
services rendus, et plus généralement tous revenus et
activités du consortium nécessaires aux opérations
pétrolières.
Un autre domaine d'exonération est celui de
l'impôt sur le chiffre d'affaire pour les acquisitions de biens et
services nécessaires à la réalisation des
opérations pétrolières. (Art. 24.2).
Si les revenus pétroliers n'ont pas modifié
considérablement la structure de la fiscalité, nous pouvons
accuser le cadre réglementaire qui n'a pas profité à ce
mode de financement des déficits budgétaires.
2. LE MODE DE FINANCEMENT
PAR LES EMPRUNTS
Comme pour le premier mode de financement du budget,
l'étude du financement par les emprunts envisagé ici en deux (2)
axes : la situation avant et après l'exploitation du
pétrole.
a. Panorama des emprunts avant le projet
pétrole
Au Tchad, malgré que la stabilité
macroéconomique soit caractérisée par un endettement
soutenable, le poids de la dette extérieure et la diminution de l'APD
sont notamment les problèmes d'ordre exogène qui se posent
à l'économie. Souvent citée comme cause du
sous-développement, la dette extérieure du Tchad absorbe les
maigres ressources nationales.
L'Etat tchadien a eu recours aux emprunts pour financer ses
recettes budgétaires dans le contexte des années 1995-2000. Ce
mode de financement va toujours croissant pour atteindre le point culminant
(573,20%) des recettes budgétaires en 200033(*).
Tableau 9 : Emprunts au Tchad entre 1995 et
2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Encours de la dette/Recettes budgétaires (en
pourcentage)
|
416,7
|
420,6
|
430,9
|
470,8
|
510,9
|
573,2
|
494,9
|
404,8
|
462,4
|
264,7
|
245
|
Source : INSEED
L'aide prodiguée par la communauté
internationale s'est élevée au total à près de 240
milliards FCFA entre 1994 et 2000 (soit environ 35 milliards FCFA par an,
représentant 4% du PIB tchadien). Toutefois, ces transferts publics
n'ont pas couvert la totalité des besoins de financement. Les emprunts
extérieurs sont venus gonfler la dette qui est passée de 415
milliards FCFA en 1995 à 732 milliards FCFA en 2000 (+12% par an en
termes nominaux)34(*).
Par ailleurs, l'APD n'a cessé de
décroître, passant de 18,2% du PIB en 1990 à 11,2% du PIB
en 2001. Dans le même temps, le paiement des intérêts de la
dette ne cesse de croître : de 10,3% du PIB en 2000, ces
intérêts sont évalués à 13,8% du PIB en 2004.
Le niveau de la dette extérieure (essentiellement
publique) n'est pas soutenable à long terme. Si l'encours
rapporté au PIB est relativement modéré (73%), si le ratio
du service de la dette demeure encore (mais pour peu de temps) inférieur
à 15%, en revanche, le stock de dette dépasse largement le seuil
de 150% des exportations35(*).
Or, les agences des Nations Unies arguent que
l'insoutenabilité de la dette résulte moins de son volume que de
la capacité de l'économie à générer les
ressources (en devises) pour faire face à son remboursement. La
contrainte financière s'exerce sur l'Etat qui consacre, depuis 1997
entre 20 et 30% de ses recettes budgétaires au remboursement de la dette
extérieure.
S'agissant de la dette intérieure, il subsiste un
volant important d'arriérés de paiement dont il faut programmer
le remboursement, notamment pour rendre financièrement viable le
système de pensions des retraités.
Le Tchad a été considéré comme
éligible à l'Initiative des Pays Pauvres Très
Endettés (IPPTE) renforcée en 2001 et bénéficie
d'une assistance intérimaire d'un montant de 8,7 milliards FCFA la
même année. Cette période coïncide avec
l'avènement du projet pétrole de Doba.
b. L'amélioration des emprunts avec le projet
pétrole
A partir de 2001, la dette a commencé à diminuer
jusqu'au point le plus bas en 2005 c'est-à-dire 234% des recettes
budgétaires36(*).
Dans le cadrage macroéconomique de la SNRP, les indicateurs de
soutenabilité de la dette devraient s'améliorer
considérablement à moyen terme grâce à la production
et à l'exportation de pétrole et l'allégement de la dette
au titre de l'IPPTE.
Graphique 8 : Evolution des encours de la dette par
rapport aux recettes budgétaires
Source : INSEED
La SNRP soutient que l'emprunt extérieur total net
(décaissements - amortissements) a reculé progressivement de 172
millions de dollars en 2003 à 90 millions de dollars en 2015, du fait de
l'amélioration du solde épargne - investissement. Sur la
même période, le ratio de valeur actualisée nette de la
dette aux exportations devrait chuter de 266% à environ 50% entre
2005-2009, période d'expansion des exportations
pétrolières, avant de remonter graduellement. Le service de la
dette aux exportations épouserait le même profil chutant de 15% en
2003 à environ 2,6% en 2004-2009. Les apurements prévus doivent
conduire, à partir de 2006, à une stabilisation de l'encours de
la dette extérieure aux alentours des 50% d'exportations.
En somme, il ressort que la réduction de la dette au
Tchad reste beaucoup plus liée à l'IPPTE qu'aux revenus
pétroliers.
CONCLUSION PARTIELLE
En admettant que le budget de l'Etat soit le cadre qui retrace
l'ensemble des dépenses et ressources de celui-ci, le poste des
dépenses publiques a commencé à occuper une place
importante dans celui du Tchad dès 2004 avec l'entrée dans les
finances publiques des ressources pétrolières. En effet, ces
dépenses sont orientées vers la politique d'investissement
à travers les dispositifs dits prioritaires. Force est de constater que
le pétrole tchadien n'a pas changé le mode de financement de son
budget. Au contraire, la législation n'a pas aidé le fisc
-auparavant l'un des modes « traditionnels » de financement
des déficits budgétaires - en ce sens que les
sociétés pétrolières et celles qui sous-traitent
avec elles sont exonérées de toute taxe. En fait, la pression
fiscale ne tire pas grand avantage du pétrole. De surcroît, la
réduction de la dette publique semble plutôt être
liée à l'IPPTE depuis 2001 qu'aux effets de la production
pétrolière.
Fort de cet impact au niveau interne, c'est-à-dire au
regard des évolutions de la consommation des ménages, de la FBCF
des entreprises et des dépenses publiques de l'Etat, et compte tenu du
fait que l'Etat tchadien entretient des relations économiques avec
l'extérieur, il convient de considérer ce dernier aspect.
DEUXIÈME
PARTIE : LA PRISE EN COMPTE DE L'EXTÉRIEUR ET PERSPECTIVES
D'AVENIR
Au chevet de cette partie,
nous admettons que toutes les économies entretiennent des relations avec
l'extérieur. L'économie tchadienne n'est pas du reste, en effet.
Ainsi, comme dans la première partie, nous appréhenderons
l'extérieur en théorie dans les préludes. Or,
l'exploitation du pétrole au Tchad a changé la structure
« traditionnelle » du commerce extérieur qui
pourtant, depuis quelques années a des vers dans le fruit. C'est
pourquoi, au finish, nous sommes tentés de proposer des scénarios
futurs, si quelques conditions sont, bien entendu, réunies. En effet,
nous scindons cette partie de la manière suivante :
Ø Chapitre 3 : l'évolution du commerce
extérieur
Ø Chapitre 4 : les limites du commerce
extérieur et les perspectives d'avenir
Chapitre 3 : Evolution du commerce extérieur du
pays
« Aucune nation n'a jamais été
ruinée par le commerce. »
Benjamin Franklin
L'extérieur regroupe l'ensemble des agents
résidents à l'étranger ayant des relations avec
l'économie nationale (notamment au niveau des importations et des
exportations). Il n'est pas véritablement un secteur institutionnel. Il
prend en considération un ensemble de comptes retraçant les flux
entre les unités institutionnelles résidentes et non
résidentes. L'économie nationale entretient avec le Reste Du
Monde (RDM) des relations via les exportations (section 1) et les importations
(Section 2).
Section 1 : Les
exportations
« Les hydrocarbures étant une ressource non
renouvelable, il faut bien considérer que chaque quantité de
pétrole et de gaz exportée est au départ un
appauvrissement de la nation au profit du reste du monde »
M. Benbitour
Les exportations de biens et services sont l'un des emplois de
la production nationale. Leur impact économique ne peut être
passé sous silence. Elles sont, en effet, génératrices de
revenus et d'emplois pour l'économie nationale. Mais avant de
s'intéresser au cas soumis à notre étude
c'est-à-dire le cas tchadien, il convient d'entrée de jeu nous
situer dans une perspective théorique.
I. La
structure théorique des exportations
Nous allons appréhender les exportations par le biais
de leurs déterminants et de leurs effets au niveau d'une
économie.
A. LES DÉTERMINANTS
DES EXPORTATIONS D'UNE ÉCONOMIE
Les principales variables explicatives du montant des
exportations d'un pays, à un moment donné, sont la demande
mondiale, les marges de capacité de l'économie et la
compétitivité des produits exportés.
1. LA DEMANDE MONDIALE ET
LES MARGES DE CAPACITÉ DE PRODUCTION
La conjoncture du RDM est un facteur explicatif important du
montant des exportations. Cependant, c'est l'écart entre la croissance
de la demande étrangère et la croissance de la demande
intérieure qu'il convient de retenir.
Lorsque l'économie est proche du plein emploi et les
capacités de production faibles, une croissance de la demande
extérieure ne peut qu'entraîner une faible augmentation des
exportations en volume. Inversement, la présence de capacités
disponibles, traduisant un état de sous-emploi, devrait favoriser la
croissance des exportations et l'équilibre du commerce
extérieur.
2. LA
COMPÉTITIVITÉ DES PRODUITS EXPORTÉS
La compétitivité est la capacité d'une
économie ou d'une industrie donnée à vendre ses produits
sur les marchés extérieurs. Cette capacité
dépend d'un ensemble de facteurs : l'évolution des prix
intérieurs comparée à celle de l'étranger, la
qualité des produits, les délais de livraison, les réseaux
commerciaux et financiers etc. Les trois (3) derniers éléments
étant difficilement mesurables, c'est la
compétitivité-prix qui est retenue.
Cette notion n'est cependant pas difficile à
quantifier. La mesure la plus simple consisterait à comparer
l'évolution des prix à la consommation pratiquée par les
partenaires commerciaux et les prix intérieurs au cours d'une
période donnée. Cette mesure est trop grossière et il est
préférable de prendre en considération le prix des
exportations. Cette mesure de l'exportation est égale au rapport de
l'évolution des prix des exportations des partenaires commerciaux
(ramenés à la monnaie courante grâce au taux de change)
à l'évolution des prix des exportations nationales.
Le rapport est égal Pex
/Pfx avec
Pex , l'indice des prix des exportations
étrangères et Pfx,
l'indice des prix des exportations nationales.
Il est évident qu'une amélioration de la
compétitivité-prix due aux variations du change et à la
compression des marges bénéficiaires ne peut être que
fragile si la maîtrise des coûts n'est pas assurée. Les
variations du change échappent en partie à l'économie
nationale et une compression indéfinie des marges est impossible. Vient
un moment où les entreprises doivent récupérer cette
compression par une hausse des prix sur le marché intérieur.
B. LES EFFETS DES
EXPORTATIONS SUR L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
Les exportations de biens et services produits sur le
territoire national sont créatrices de revenus pour l'économie
nationale. Elles sont à l'origine, comme l'investissement et les
dépenses publiques, d'un effet multiplicateur sur l'activité
économique. Elles exercent également un impact important sur
l'emploi.
1. LES EFFETS
MULTIPLICATEURS DES EXPORTATIONS
Dans une économie n'entretenant aucune relation avec
l'extérieur et en faisant abstraction des dépenses publiques,
l'équilibre se concrétise sous la forme d'une double relation.
Y = C + I (1)
Y = C + S (2)
Avec Y, le revenu intérieur brut ;
C, la consommation finale ; I, l'investissement et
S, l'épargne.
De ces relations, nous tirons l'identité
définissant l'équilibre économique
I = S (3)
Si l'économie s'ouvre sur l'extérieur
l'égalité (1) devient :
Y + M = C + I + X (4)
Avec M, les importations et X, les
exportations
Puisque Y = C +S, l'égalité (4) peut
s'écrire :
C + S + M = C + I + X (5)
En soustrayant C dans chaque membre de cette
égalité, on obtient :
S + M = I + X (6)
Cette égalité signifie que les importations ont
des effets identiques à ceux de l'épargne : elles ne
créent pas de revenus dans l'économie nationale, mais dans le
RDM. Les exportations exercent de leur coté le même effet que
l'investissement : elles créent des revenus dans l'économie
nationale.
Nous allons montrer que les exportations ont des effets
multiplicateurs identiques à ceux de l'investissement.
En terme d'accroissement, l'égalité (6)
s'écrit :
ÄS + ÄM = ÄI + ÄX (7)
En divisant chaque membre par ÄY, on
obtient :
(ÄS + ÄM)/ÄY = (ÄI + ÄX)/
ÄY
Cette relation permet d'écrire :
ÄY = (ÄI + ÄX). ÄY/ (ÄS +
ÄM)
En divisant le numérateur et le dénominateur de
ÄY/ÄS + ÄM par ÄY, il vient :
ÄY = (ÄI + ÄX). 1/ (ÄS/ÄY +
ÄM/ÄY) (8)
Les rapports ÄS/ÄY et
ÄM/ÄY étant les propensions marginales à
épargner et à importer, l'égalité (8)
s'écrit : ÄY = (ÄI + ÄX). 1/(s + m) (9)
Pour isoler l'effet des exportations sur le PIB, nous posons
ÄI = 0.
L'égalité (9) devient :
ÄY = ÄX. 1/(s + m) (10)
Soit ÄY/ ÄX = 1/(s + m) (11)
Le rapport 1/(s + m) est le multiplicateur du
commerce international. Il signifie que tout accroissement des exportations
entraîne une hausse plus que proportionnelle du PIB. L'effet
multiplicateur est d'autant plus important que les propensions marginales
à importer sont fortes et que les importations sont indispensables. Cet
accroissement induit des importations ne risque-t-il pas d'annuler la hausse
initiale des exportations?
Le multiplicateur des exportations peut
s'écrire :
ÄY = k ÄX (12)
Avec k = 1/(s + m) (13)
Le supplément d'importations ÄM induit
par la hausse du PIB s'écrit :
ÄM = mÄY
Avec m = ÄM/ÄY, la propension marginale
à importer.
En remplaçant dans cette égalité
ÄY par sa valeur en (12) nous obtenons :
ÄM = m.kÄX (14)
Puisque k = 1/(s + m), on peut
écrire :
ÄM = m. ÄX/(s + m) (15)
Comme m et s sont supérieur à
0 et inférieur à 1, on déduit ÄM et
ÄX. Les importations induites par la hausse du PIB sont
inférieures à l'augmentation initiale des exportations. Ce
résultat doit être cependant tempéré, car il ne
tient pas compte des variations relatives des prix des exportations et des
importations.
2. LES EXPORTATIONS ET
L'EMPLOI
Du fait de leurs multiplicateurs, les exportations ont un
impact sur l'emploi. Plus une branche industrielle exporte, plus elle
crée d'emplois directs et indirects.
De manière pratique, l'exportation du pétrole
tchadien affecte de manière considérable la structure
générale de ses exportations.
II.
Les portees de l'exportation du pétrole sur la structure GENErale des
exportations du Tchad
Le développement des champs pétroliers de Doba,
qui a démarré en 2001, est en train de modifier
profondément la structure de l'économie tchadienne qui, jusqu'en
2000, était dominée par l'activité agropastorale et le
secteur des services.
A. L'INFLUENCE SECTORIELLE
DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES SUR LA STRUCTURE DES EXPORTATIONS DU
TCHAD AVANT LA PRODUCTION DU PETROLE
Les secteurs dits « traditionnels »
d'exportation au Tchad concernent les produits d'agriculture, d'élevage,
de pêche, etc. Cette économie agricole (hors secteur de rente)
n'entretient que très peu de relation avec le RDM. Comme souligné
plus haut, on estime que 70% de la production vivrière est
autoconsommée.
Le secteur primaire (agriculture et élevage) occupe
environ 2,9 millions de personnes dans la population active mais ne contribue
qu'à hauteur d'à peine 40% du PIB (estimé
à 1000 milliards aux prix du marché 2000).
Graphique 9 : Ventilation sectorielle des branches
d'activités en 2000
Source : INSEED
1. LE SECTEUR AGRICOLE
Le rapprochement de ces données laisse
transparaître une productivité apparente du travail dans le
secteur primaire extrêmement faible (la valeur ajoutée annuelle
d'un actif ne dépassant pas les 160 euros, soit quarante centimes euros
par jour seulement)37(*).
L'agriculture est la première activité primaire
(50% du total). Les cultures vivrières dominent (80 à 85% du sous
secteur). Le coton et la gomme arabique constituent pour l'essentiel les
cultures industrielles qui sont totalement exportées.
Premier pôle de l'économie tchadienne,
l'agriculture (et l'élevage) est un secteur peu dynamique. D'une part,
sa croissance est demeurée faible (+1,5% par an en termes réels
entre 1994 et 2000), inférieure à la pression de la demande
urbaine et à la croissance probable du nombre d'actifs agricoles (ce qui
laisserait supposer une tendance à la baisse de la productivité
apparente du secteur)38(*). D'autre part, les activités agricoles sont
tributaires des aléas climatiques. Or, la filière Coton est
déterminante dans cette tendance.
La filière de la gomme arabique, qui compte localement
moins d'une dizaine de sociétés exportatrices, toucherait environ
200 000 emplois directs et indirects ; la cueillette se fait par ailleurs
de façon artisanale39(*).
Les exportations sont passées à 17 100 tonnes en
2004, contre 16 000 tonnes en 2003. Toutefois, la production locale serait
restée stable, à 12 000 tonnes entre 2003 et 200440(*), ce qui laisse penser qu'une
partie de la gomme arabique vendue à partir du Tchad y est
préalablement importée.
La production sucrière a progressé à la
suite des investissements importants effectués par la CST (Compagnie
sucrière du Tchad) pour améliorer sa productivité. En juin
2004, la CST a estimé sa production sur l'année à 33,8
milliers de tonnes contre 31,7 milliers de tonnes en 2003, soit une progression
de 6,4%, après une quasi-stagnation en 200341(*).
2. LE SECTEUR PASTORAL
L'élevage contribue à environ 30% des
exportations. Ce secteur se comporte encore mieux car il ne connaît pas
les problèmes récurrents du secteur agricole. L'élevage de
type transhumant, qui s'effectue dans la partie nord du pays, est notamment
très difficile à formaliser. Malgré tout, son PIB n'a
cessé de s'accroître.
En réalité, l'État ne tire pratiquement
aucune recette de ce secteur et l'essentiel du bénéfice du
secteur s'effectue via les exportations du bétail sur pied et, de
façon plus marginale, de celles de viande fraîche (le pays compte
trois abattoirs dont un qui ne serait plus en fonctionnement). Les exportations
de bétail sont essentiellement destinées au Nigeria mais les
quantités restent difficilement contrôlables, malgré le
renforcement des effectifs aux frontières et des points de
contrôle. En 2004, les exportations de bétail sur pied ont
augmenté et atteint 314 800 têtes, contre 307 100 en 200342(*).
Dans cette dynamique, les exportations occupent de 1994
jusqu'en 2002 moins de 20% en moyenne par an de l'ensemble du PIB. A partir de
2003, elles occupent 52,8% du PIB. En 2004, la production initiale
représente 36 points de pourcentage du taux de croissance du PIB total,
amenant ce dernier à croître de 42,4%43(*). Cette tendance
haussière est sans doute le fruit des exportations
pétrolières.
B. L'IMPORTANCE DU SECTEUR
PÉTROLIER DANS LE NOUVEL ENVIRONNEMENT DES EXPORTATIONS DU TCHAD
Les exportations du pétrole ont augmenté en
termes de volume et monétaire les exportations globales au Tchad.
Au-delà du fait qu'elles assurent une bonne couverture en volume, elles
ont des effets sur toute l'économie.
1. LA PRODUCTION
PÉTROLIERE AU TCHAD
A partir de 2003, le Tchad a commencé à
bénéficier des recettes pétrolières. Il faut
signaler que toutes les quantités produites par les champs
pétroliers sont mises sur le marché international.
Tableau 10 : Quantité et redevance
pétrolières
Année
|
Quantité vendue (en
millions de barils)
|
Prix moyen du baril (en
dollars américains)
|
Redevance (en milliards de
dollars américains)
|
2003
|
8,6
|
27,50
|
0,236
|
2004
|
61,3
|
28,80
|
1,77
|
2005
|
63,5
|
35,40
|
2,25
|
Total
|
133,4
|
-
|
4,26
|
Source :
Ministère du pétrole44(*)
A en croire les chiffres, le Tchad a déjà
bénéficié des royalties déjà à
environ 307 millions de dollars américains depuis le début de
l'exploitation. Cependant les projections estiment à 5 100 milliards de
FCFA le revenu total du pétrole jusqu'à la fin de la
période d'exploitation45(*).
On totalise 4,26 milliards de dollars. Les recettes du Tchad
d'octobre 2003 à fin décembre 2005
Or, le Tchad perçoit 12,5 % des revenus totaux, sous
forme de royalties, soit environ 399 millions de dollars, dont 307 millions ont
été réellement transférés au pays. Ils sont
répartis comme suit :
Ø Fonds pour les générations futures :
36,2 millions de dollars, soldés et récupérés par
le gouvernement tchadien début janvier 2006.
Ø Compte des secteurs prioritaires : 245,6 millions de
dollars.
Ø Compte des régions productrices : 15,3
millions de dollars.
Ø Budget général : 46 millions de
dollars46(*).
Projection des recettes
pétrolières
Sur la base des activités d'extraction projetées
et d'un cours mondial de l'ordre de 17 dollars par baril pour le brut tchadien,
les recettes que l'Etat tirerait de l'exploitation pétrolière
seraient en moyenne de 114 milliards FCFA par an sur la période
2004-2015. Les recettes tirées des champs de Doba comprennent les
redevances sur la production, l'impôt acquitté par les
sociétés d'exploitation, l'impôt versé par TOTCO et
les dividendes versés par cette société et COTCO.
Toutefois, les lourdes charges d'amortissement que doivent opérer les
sociétés d'exploitation et TOTCO doivent plus que dépasser
leur revenu imposable pendant les premières années
d'exploitation. Ce facteur, ajouté au profil de production signifie que
les recettes que l'Etat tirera du pétrole varieront d'une année
à l'autre, même si les prix du pétrole sont stables.
Le cadrage macroéconomique et financier proposé
le Ministère du plan, du développement et de la
coopération dans le cadre de la SNRP prévoit une croissance des
recettes pétrolières qui pourraient culminer jusqu'à 220
milliards FCFA en 2009 avant de décliner de 2009 à 2013 pour
retrouver alors le niveau escompté entre 2004 et 2008 (soit un peu plus
de 110 milliards FCFA).
|
Dans le scénario actuel, à partir de 2004, la
production doit fléchir entre 2005 et 2009 avant de chuter sensiblement
de 14% chaque année par la suite. En effet, d'après ESSO, la
production totale pour toute la période d'exploitation est de 1 milliard
de barils avec une production de pointe estimée à 225 000 barils
par jour.
2. LA NOUVELLE CONFIGURATION DES EXPORTATIONS DU TCHAD
INFLUENCEE PAR L'EXPOITATION PÉTROLIÈRE
Les exportations sont restées autour de la moyenne de
250 milliards FCFA jusqu'en 2002. C'est à partir de 2003, et notamment
avec la production pétrolière que le niveau des exportations a
doublé la moyenne de 1995 et 2001 et triplé en 200447(*).
Tableau 11 : Exportations des biens et services
et du pétrole entre 1995 et 2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Exportations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
168
|
152
|
182
|
212
|
172
|
197
|
240
|
242
|
402
|
1177
|
1690
|
Exportation du pétrole brut (milliards
FCFA)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
115
|
584,4
|
588,5
|
Source : INSEED
Le solde de la balance commerciale passe d'un déficit
de 800 milliards de FCFA (1 379,7 millions de dollars) à un
excédent de 260,4 milliards de FCFA (492 millions de dollars). Le
pétrole devient le premier poste d'exportation, comptant
désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. Les
exportations pétrolières sont ainsi passées de 8,6
millions de barils en 2003 à 61,3 millions de barils en 2004,
correspondant à un bond exceptionnel des ventes, qui décollent de
115 milliards FCFA (224,2 millions de dollars) en 2003 à 588, 5
milliards FCFA en 200548(*).
Le niveau des exportations est vite relevé par
l'introduction des exportations pétrolières dans le schéma
traditionnel du circuit économique.
Graphique 10 : Evolutions des exportations totales et
des exportations pétrolières
Source : INSEED
On comprend ainsi l'importance de la faiblesse des
exportations tchadiennes influencées par le secteur agro-pastorale avant
le pétrole et l'importance des exportations pétrolières
dans la nouvelle structuration. Le pétrole a donc permis une
augmentation considérable du niveau des exportations du Tchad. Les
années 2004 et 2005 sont celles qui ont changé
véritablement le comportement des exportations atteignant 1690 milliards
FCFA en 200549(*).
C'est pourquoi, les exportations occupent une place
très importante dans la structure économique du Tchad même
si elles ne lui permettent pas de sortir de l'auberge de la pauvreté.
L'injection de la rente pétrolière a provoqué une
très forte croissance du PIB.
Graphique 11 : Evolutions du PIB global et du PIB
pétrolier
Source : INSEED
Selon les projections réalisées par le
Ministère du Plan dans le cadre de la SNRP, le PIB doit doubler (en
termes réels) au cours des années 2002 et 2007 (+14% de
croissance moyenne par an). Et l'importance du pétrole est très
déterminante dans cette nouvelle perspective.
En bref, le démarrage des exportations
pétrolières a fait bondir la croissance du PIB.
Par ailleurs, d'après ESSO, les données
relatives à la branche pétrolière pour l'emploi direct
sont les suivantes : les emplois dans la construction sont de 7 000
et les emplois opérationnels sont de 500.
On note par ailleurs que 80% des emplois sont occupés
par les Tchadiens et les Camerounais pendant les phases de construction et
d'opération.
En outre, en économie ouverte, les importations sont
l'une des différentes manières d'utiliser le revenu global. Nous
sommes tentés en effet d'étudier la structure des importations au
Tchad surtout avec la production du pétrole sur le sol tchadien.
SECTION 2 : LES
IMPORTATIONS
Elles comprennent l'ensemble des biens et services fournis par
les non résidents à des résidents. Les importations de
biens et services regroupent la valeur de l'ensemble de biens et services
destinés à l'étranger. Cette donnée inclut la
valeur des marchandises, du fret, des assurances, transports, etc. En effet, la
division internationale du travail implique qu'une partie des biens de
consommation finale et d'équipement fasse l'objet d'importations et
d'exportations. Et il en va naturellement de même pour les consommations
intermédiaires. Dès lors, l'accroissement du produit et du revenu
total se traduit en général par une croissance des importations.
Au Tchad, avec l'implantation des sociétés
pétrolières et sous traitantes, une attention mérite bien
d'être prêtée aux exportations. Cependant, une place sera
d'abord accordée à la théorie.
I.
Fondéménts théoriques de la fonction d'importation
Dans ce paragraphe, nous allons appréhender les
importations à l'aide d'une fonction d'importation avant de nous
intéresser aux multiplicateurs.
A. EVALUATION DES
IMPORTATIONS À TRAVERS LA FONCTION D'IMPORTATION
En considérant comme parfaitement autonomes les
importations et les exportations d'un pays, on constate que le multiplicateur
k de dépense autonome demeure ce qu'il était en
économie fermée, c'est-à-dire exclusivement
déterminé par l'importance des propensions marginales à
consommer et à investir. Seul varie, dans l'analyse des divers processus
possibles de multiplication, le nombre des éléments composant la
demande autonome.
Il est cependant devenu classique de considérer le
niveau des importations comme partiellement induit par le niveau de revenu
global Y. Cette hypothèse nouvelle est logique. En revanche, on
peut, en première approximation, considérer les exportations
comme autonomes, en ce sens qu'elles dépendent davantage du niveau
d'activité économique des pays clients que du niveau
d'activité interne du pays considéré.
En terme linéaire, on écrira :
M = m'Y + Mo,
Dans cette équation, la constante
Mo représente la part autonome (relativement
à Y) des importations, le terme m, constituant la
propension marginale à importer ÄM /ÄY. Le
produit m'Y représente en conséquence les importations
induites résultant du résultat de Y (1). La propension
« m' » est comprise entre 0 et 1 :
0<m'<1 (2)
Prenons donc en considération l'existence
d'importations induites et étudions dans cette perspective le
problème de l'équilibre macroéconomique.
A l'équilibre, on a, en désignant par D
la demande globale :
Y = D = C + I + X - M.
Comme posé dans les chapitres
précédents:
C = c'Y + Co
I = i'Y + Io
X = Xo
M = m'Y + Mo
On peut donc écrire (équilibre):
Y = D = (c' + i' - m') Y + (Co + Io
+ Xo - Mo).
D'où l'on tire:
Y = (Co + Io + Xo -
Mo)/ (1 - c' + i' - m')
Ou encore en posant 1 - c' = s' (propension marginale
à épargner) et Xo - Mo =
No.
Y = (Co + Io + No)/ (s' -
i' + m'). (2)
Le multiplicateur désormais obtenu est donc
ke = 1/ (s' - i' + m').
En hypothèse d'économie fermée, ou en
hypothèse d'économie ouverte avec des exportations purement
autonomes, on avait k = 1/ (1 - c' + i') = 1/ (s' - i'). De toute
évidence, ke<k.
Ainsi l'introduction d'une hypothèse d'importations
partiellement induites (m'>0) conduit à constater une
réduction de l'importance du multiplicateur de dépenses dans le
pays considéré. Ceci est parfaitement normal puisque les
importations ont le même effet, du point de vue du pays concerné
et quant à la détermination du niveau d'équilibre, que
l'épargne (fuite de revenu réduisant d'autant la demande
intérieure). Et, de toute évidence, la formule du nouveau
multiplicateur ke montre que sa valeur est d'autant plus
faible que la propension marginale à importer est plus forte.
B. LA CONSIDÉRATION
DES AUTRES MULTIPLICATEURS
Nous avons précédemment établi qu'en
économie ouverte et en supposant partiellement induites les
importations, le multiplicateur peut s'écrire pour un pays
quelconque : ke = 1/ (s' + m'- i'). D'autre part, le
revenu (ou produit) global d'équilibre est alors : Y= 1/ (s' +
m'- i') = (Co + I o + N o).
Nous supposons, dans le but de simplifier les formalisations,
que i' = 0. Autrement l'investissement intérieur est
purement autonome (i = I o). Dans ces conditions, on
obtient ke x 1/ (s' + m') et à l'équilibre, Y =
1/(s' + m') (C o + I o + N o). Ceci
permet encore de poser : (s' + m') Y = C o + I o
+ N o (1)
Rappelons que N o = X o - M o
(différence entre Exportations et Importations autonomes).
Considérons deux (2) pays, soit un pays A et un pays B (ce dernier peut
représenter le reste du monde pour le pays A). Les symboles
utilisés seront les suivants :
Tableau 12 : Symboles des agrégats et
multiplicateurs des pays A et B
Désignation
|
Pays A
|
Pays B
|
Produit (revenu total)
|
Y1
|
Y2
|
Propension marginale à
épargner
|
s'1
|
s'2
|
Propension marginale à importer
|
m'1
|
m'2
|
Consommation autonome
|
C o 1
|
C o 2
|
Investissement autonome
|
I o 1
|
I o 2
|
Exportations autonomes
|
X o 1
|
X o 2
|
Importations autonomes
|
M o 1
|
M o 2
|
Différence (X o -
M o)
|
N o 1
|
N o 2
|
La fonction d'importation est, pour le pays A :
M1 = m'1Y1 +
M o 1.
La fonction d'importation est, pour le pays B :
M2 = m'2Y2 +
M o 2.
A l'équilibre on peut donc écrire pour
A :
(s'1 +
m'1)Y1 = C o 1 +
I o 1 + X o 1 - M o
1.
A l'équilibre on peut donc écrire pour
B :
(s'2 +
m'2)Y2 = C o 2 + I o
2 + X o 2 - M o
2.
Or, on peut assimiler les importations de A aux exportations
de B (M1 = X o 2) et les
importations de B aux exportations de A (M2 = X o
1).
Pour le pays A :
(s'1 +
m'1)Y1 = C o 1 +
I o 1 + m'2Y2 -
M o 2 - M o 1 (2)
Et le pays B :
(s'2 +
m'2)Y2 = C o 2 +
I o 2 + m'1Y1 -
M o 1 - M o 2 (3)
Substituons, dans les équations (2) et (3) ci-dessus,
leurs variations aux grandeurs Y1, Y2, C o
1, C o 2, I o 1,
I o 2, M o 1 M o
2, M o 1, on obtient :
Pour le pays A :
(s'1 + m'1)
ÄY1 = ÄC o 1 + ÄI
o 1 + m'2ÄY2 - ÄM o
2 - ÄM o 1 (4)
Et le pays B :
(s'2 + m'2) ÄY2 =
ÄC o 2 + ÄI o 2 +
m'1ÄY2 - ÄM o 1 -
ÄM o 2 (5)
Ces équations (4) et (5) autorisent la
définition de divers multiplicateurs du commerce extérieur selon
que l'on les suppose nulles ou au contraire différentes de zéro.
Les variations des importations autonomes d'un pays induisent
des effets opposés sur son point global et sa balance commerciale,
l'inverse exact pouvant être observé chez les partenaires.
Plus précisément toute augmentation autonome des
importations d'un pays réduit, ceteris paribus, son revenu
d'équilibre et dégrade sa balance commerciale, mais induit des
résultats exactement contraires chez ses partenaires commerciaux. A
l'inverse toute réduction des importations d'un pays élève
son propre produit d'équilibre et améliore sa balance
commerciale, mais provoque des résultats strictement opposés chez
ses partenaires.
Ainsi l'action sur les grandeurs liées en commerce
international peut constituer, en économie ouverte, une mesure de
politique économique. En période de déficit commercial
(pour ne prendre qu'un exemple) le pays A peut fort bien envisager
d'améliorer sa balance commerciale en tentant de stimuler ses
exportations et/ou de réduire ses importations. Mais une telle
politique, en induisant des résultats opposés dans les autres
pays, revient à soigner un mal par contamination des partenaires. Ses
conséquences ne sont donc pas sans danger. Aussi lui
préfère-t-on en général les politiques de relance
interne.
II.
Les conséquences de la production du pétrole sur les importations
au Tchad
La situation des importations avant le pétrole nous
éclaircit sur la nouvelle structuration des importations au Tchad.
A. LES PRINCIPAUX PRODUITS
ET LES PARTENAIRES A L'IMPORTATION DU TCHAD
Cette partie s'articule comme son nom l'indique en deux (2)
axes : d'un coté, nous verrons les principaux produits
importés et de l'autre coté les partenaires.
1. LES PRINCIPAUX PRODUITS IMPORTÉS
Dépourvue d'industrie de transformation et
enclavé de surcroît, c'est vers les pays voisins que le Tchad va
chercher une bonne partie des produits nécessaires à la
satisfaction des besoins les plus élémentaires de sa population.
En effet, 43% des importations tchadiennes sont constituées de biens de
consommations courantes contre 17% seulement de biens d'investissement. La
mauvaise répartition des importations par rapport aux produits se double
d'une répartition très inégale au niveau des sources
d'approvisionnement.
Le Nigeria fournit à lui seul les 80,22 % du carburant
consommé au Tchad50(*). Il est évident que si le Tchad avait la
possibilité d'acheter son carburant à plusieurs autres
fournisseurs que le Nigeria, le problème se poserait avec beaucoup moins
d'acuité. Un autre exemple concerne les matériaux de construction
dont le ciment qui est fourni exclusivement par le voisin camerounais. Le prix
pratiqué sur le marché n'est ni plus ni moins un prix de
monopole.
Depuis 1994 jusqu'en 2003, les produits pétroliers sont
les produits les plus importés en volume tout comme en valeur. Toujours
en quantité, en seconde place se trouvent la farine, le ciment, les
engrais, les céréales et le sucre. Ensuite viennent les machines
et appareils mécaniques, les véhicules, les produits du papier
et les produits pharmaceutiques.
Parmi les biens de consommation courante des ménages,
il faut citer les produits alimentaires divers, la plupart du temps
manufacturés, les boissons, le tabac, dont une partie entre dans la
fabrication des cigarettes MCT et le textile. Les biens d'équipement
entrés sur le territoire, en dehors des admissions temporaires, ont
également un poids important dans les importations (15%)51(*).
2. LES PRINCIPAUX PARTENAIRES À L'IMPORTATION
DU TCHAD
Les principaux pays partenaires du Tchad sont d'abord les pays
frontaliers que sont le Cameroun, le Nigeria, le Soudan, la Libye et le Niger.
Les autres sont la France, la Belgique - Luxembourg, les Etats-Unis
d'Amérique, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Uni, la Chine
populaire et l'Union européenne. Pour les hydrocarbures par exemple, le
Tchad n'entretient de relations qu'avec les voisins les plus proches.
Tableau 13 : Importations des hydrocarbures en
2002
Pays
|
Tonne
|
Montant en FCFA
|
Libye
|
3,9
|
1,0
|
Soudan
|
24,7
|
5,7
|
Niger
|
0
|
0
|
Nigeria
|
57 008,5
|
11 840,0
|
Cameroun
|
14 026,6
|
2838,0
|
RCA
|
0
|
0
|
TOTAL
|
71 063,7
|
14 684,7
|
Source : INSEED
B. LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PETROLE SUR LA
STRUCTURE DES IMPORTATIONS
Nous jetterons un coup d'oeil d'abord sur la situation des
importations avant l'exploitation pétrolière puis sur la
situation avec la production pétrolière.
1. ETAT DES LIEUX DES IMPORTATIONS AVANT LE
PÉTROLE
En 1996, sur 221 210 tonnes de marchandises importées
des pays voisins 217261 tonnes proviennent des frontières sud-ouest soit
98,21 en pourcentage, alors que la frontière nord-est, malgré son
ouverture sur la mer, n'approvisionne le Tchad que dans le rapport de 1%
environ du volume total des importations.
Entre 1995 et 2000, la moyenne annuelle est de l'ordre de 349
milliards FCFA52(*). Cette
tendance a commencé à s'améliorer avec l'installation des
sociétés pétrolières et sous-traitantes.
Tableau 14 : Importations des biens et services
entre 1995 et 2005
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Importations des biens et services (en milliards
FCFA)
|
270
|
307
|
341
|
379
|
375
|
421
|
637
|
901
|
778
|
744
|
825
|
Source : INSEED
Les importations ont chuté d'environ 20% en passant de
900 milliards FCFA à 778 milliards FCFA pour 2003. Cette baisse
coïncide avec la fin du projet pétrolier et le retrait des
investisseurs, (le secteur pétrolier constituant à lui seul 63 %
du total des importations)53(*).
2. DIAGNOSTIC DES
IMPORTATIONS AVEC L'EXPLOITATION DES CHAMPS PÉTROLIERS
Les fluctuations des importations sont en grande partie le
fait des sociétés pétrolières et des
différents partenaires qui se sont installés sur le sol tchadien.
Par contre, la couverture exportation /importation s'est vite
relevée avec le début des exportations atteignant jusqu'à
140% en 2004. Cette tendance a baissé considérablement à
moins de 20% en milieu de 2002 grâce au début de l'exploitation
pétrolière et surtout à l'importance du volume des
importations.
Les exportations de marchandises (de l'ordre de 122 milliards
FCFA en moyenne depuis 1994) ne couvrent que 85% des importations (qui
avoisinent, toujours en moyenne annuelle, les 44 milliards FCFA)54(*). De façon
cohérente, le solde des transactions courantes doit s'améliorer
grâce à la dynamique des exportations et des importations. Au
déficit commercial s'ajoute celui des services (facteurs et non
facteurs), de sorte que la balance courante avant transferts officiels accuse
un déséquilibre important (de l'ordre de 15% du PIB).
Graphique 12 : Evolution des importations
Source : INSEED
Les achats tchadiens dans le secteur pétrolier ont
diminué de 30 % pour atteindre 744 milliards FCFA en 2004 en provenance
essentiellement de France, qui reste le premier fournisseur
d'équipements pour l'oléoduc. Les importations du secteur
public ont légèrement augmenté cette année de
8%55(*).
Les entreprises nationales, publiques ou privées, ont
fourni des biens et services dans le cadre des activités de la
construction et d'entretien des routes, de la logistique, des
télécommunications, de la pose et de l'entretien du pipeline, des
installations de production et des travaux de forage. Ces biens et services ont
été majoritairement importés.
Tableau 15 : Liste des biens et services fournis
par les entreprises locales dans la phase de construction du pipe
line
Professionnels
|
Matériaux et services
|
Transports
|
Diverses fournitures
|
Services divers
|
Topographie
|
Construction et maintenance des routes
|
Routier
|
Ordinateur, Progiciels
|
Gardiennage
|
Assurance
|
Contrôle de la poussière sur les routes
|
Aérien
|
Fournitures d'articles ménagers et de bureau
|
Puits d'eau
|
Juridique
|
Achat et vente de matériels divers
|
Manutention et Grutage
|
Subsistances
|
Bureaux
|
Publicité
|
Electricité, Mécanique et Instrumentation
|
Agence de voyage
|
Papier de bureau
|
Peinture
|
Comptabilité
|
Construction générale
|
Location de matériel
|
Carburants et lubrifiant
|
Nettoyage des bureaux et des campements
|
Laboratoires d'analyse
|
Extraction gravier, pierre et de
carrière/rivière, latérite
|
-
|
Alimentation générale
|
Photographie, Vidéo
|
Imprimerie
|
Remise en état des sites après les travaux
|
-
|
Gaz industriel
|
Installation des clôtures
|
-
|
-
|
-
|
Dépôt de matières premières et
fournitures diverses
|
Contrôle médical, sanitaire
|
Source : ESSO
Dans la phase de production, beaucoup de biens et services
divers ont été fournis à ESSO et continuent toujours
à lui être fournis.
Tableau 16 : Liste des biens et services fournis
par les entreprises locales dans la phase de production
Matériaux
|
Services
|
Equipements des puits
|
Entretien des forages
|
Outillage
|
Electriciens industriels
|
Structures métalliques
|
Instrumentation
|
Produits chimiques
|
Nettoyage industriel
|
Tuyauterie
|
Opérateurs véhicules et engins lourds
|
Instruments électriques
|
Travail en hauteur
|
Pièces électriques et moteurs
|
Maintenance vannes du sectionnement
|
Graisses
|
Gardiennage
|
Peintures
|
Etc.
|
Source : ESSO
CONCLUSION PARTIELLE
Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au
Tchad, on peut noter qu'il est soumis traditionnellement à la logique de
la répartition sectorielle des branches d'activité où le
secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure
des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est
resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet
d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière
de l'économie tchadienne. Cependant, l'exportation du pétrole a
changé ce schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole
acquiert une primauté dans les postes d'exportation, comptant
désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. De plus,
les importations ont vu leur rythme évoluer surtout pendant la phase
d'installation sur le sol tchadien des sociétés
pétrolières et des différents partenaires.
Il est vrai que le pétrole tchadien a contribué
à adopter une nouvelle lecture du commerce extérieur, mais ne
perdons pas surtout de vue le fait que le commerce extérieur tchadien
rencontre des difficultés depuis quelques années.
Chapitre 4 : Les limites au
niveau des performances extérieures du tchad et perspectives
d'avenir
« C'est une erreur fatale de construire des
théories avant de connaître les faits. Elle induit insensiblement
à conformer les faits aux théories, au lieu de
l'inverse »
Sherlock Holmes
Le centre du pays est couvert d'une steppe
propice aux pâturages. Elle fait place, dans le Sud, à une savane
arborée où se trouve l'essentiel des terres cultivables. Les
poissons des fleuves Chari et Logone sans oublier ceux du
Lac-Léré représentent une ressource importante, de
même que les mines de natron (carbonate de sodium). Le Sud recèle
un important gisement pétrolifère dans la région de Doba,
dont l'exploitation a débuté en octobre 2003. Malgré cette
diversité naturelle, le Tchad est classé parmi les pays les plus
pauvres du monde et limité énormément au niveau des
performances extérieures (Section 1). Sans pour autant se placer dans la
logique d'annoncer les événements futurs, avec les faits
remarqués, nous proposons les sources de croissance futures pour cette
économie avec l'exploitation du pétrole (Section 2).
Section 1 : Les limites des
performances extérieures du Tchad
La diversité naturelle offre certainement des
potentialités économiques au Tchad. Elles se s'illustrent
à travers tous les secteurs productifs du pays. Cependant, tout laisse
à croire que ce sont les problèmes d'ordre structurel qui sont
à l'origine des faibles performances extérieures des secteurs
productifs. Nous examinerons donc successivement les forces puis les faiblesses
liées aux performances extérieures.
I.
Forces des performances extérieures liées aux secteurs
d'activités économiques
Les forces des performances extérieures sont
liées aux différents secteurs productifs c'est-à-dire les
secteurs primaire, secondaire et tertiaire et surtout aux filières
minière et énergétique avec la découverte du
pétrole dans d'autres bassins.
A. LES FORCES DES
SECTEURS PRIMAIRE ET SECONDAIRE
Le Tchad dispose de sources potentielles de croissance dans le
domaine agro-pastoral (exportations traditionnelles et non traditionnelles) et
en matière de ressources naturelles (eau, terre cultivable, etc.).
D'autres exemples de secteurs aux potentiels de croissance considérables
comprennent entre autres l'élevage, la pêche et plusieurs autres
produits.
1. LE SECTEUR
AGRICOLE
Traditionnellement, l'économie du Tchad est assise sur
l'agriculture qui absorbe plus de 80% de la population. Ce secteur exporte,
rappelons le, principalement le coton. Après avoir été le
premier pays africain exportateur de coton jusqu'au milieu des années
70, le Tchad aurait la capacité de produire le coton en plus grande
quantité et de meilleure qualité si les conditions locales de
production s'amélioraient. D'autres pays de la
« région cotonnière » de l'Afrique
ont amélioré leurs rendements beaucoup mieux que le Tchad pendant
les trois (3) dernières décennies. Gérée de
manière appropriée, la filière coton offre des
possibilités de réduction de la pauvreté pour plus de 300
000 personnes (sans compter les membres de la famille au sein des
ménages producteurs) engagées dans la production. C'est de la
filière coton que les ruraux tirent les revenus les plus importants.
Bien que cette filière soit la mieux structurée et qu'elle
bénéficie d'appuis considérables de la part de l'Etat et
des bailleurs de fonds, elle doit faire face à de graves
problèmes qui affectent toute la chaîne de production.
Par ailleurs, le Tchad est le deuxième producteur
mondial de gomme arabique après le Soudan. Le marché
international, en progression de 40% depuis dix (10) ans, a bien profité
au pays dont la part de marché est passée de 10 à 25% sur
cette période56(*).
Enfin, la superficie des terres cultivables est estimée
à 39 millions d'hectares, soit 30% du territoire national dont seulement
2,2 millions d'hectares (soit 5,6%) sont annuellement cultivés. Les
zones irrigables totalisent environ 5,6 millions d'hectares, mais seulement
7 000 hectares sont effectivement irrigués. C'est dire que les
ressources en terres sont largement sous exploitées.
Quant aux ressources en eau, elles sont constituées des
cours d'eau permanents ou semi permanents, des nappes souterraines et des eaux
de surface. Le volume des eaux souterraines varie de 263 à 455 milliards
de mètres cubes par an, avec un renouvellement de 20,6 milliards de
mètres cubes57(*).
Le pays est donc suffisamment doté de ressources en eau, contrairement
aux autres pays du Sahel, mais sa maîtrise reste encore
problématique. L'utilisation judicieuse de ces ressources en eau
permettrait d'assurer la sécurisation des productions agricoles.
2. LE S SECTEURS
SYLVO-PASTORAL ET TERTAIRE
Étroitement intégrée avec les
activités agricoles, la pêche dans le bassin du lac Tchad
génère des revenus et de l'emploi pour des dizaines de milliers
de ménages pauvres.
Les ménages de pêcheurs tchadiens pourraient
obtenir une plus grande part des avantages économiques de
l'activité avec l'amélioration de l'accès au
marché, des infrastructures disponibles et de leur organisation. Au
nombre des espèces présentant des possibilités
d'exploitation figurent la spiruline, l'arachide et les produits halieutiques.
Depuis la crise du coton et avant l'arrivée du
pétrole, l'élevage s'était imposé comme le premier
poste d'exportation du pays avec, en 2004, un cheptel estimé par la BEAC
à 16,7 millions de têtes. Ces statistiques, toutefois, sont peu
fiables en l'absence d'enquêtes récentes. L'élevage de type
transhumant, qui s'effectue dans la partie nord du pays, est notamment
très difficile à formaliser.
Les avions cargo quittent Dubaï plus d'une fois par
semaine à destination de l'aéroport de N'Djaména et
rentrent régulièrement en grande partie vide. Avec les
infrastructures appropriées et les circuits d'intermédiation du
commerce, les cargaisons de retour pourraient inclure la viande de même
que d'autres exportations potentielles du Tchad.
En somme, le bétail tchadien, actuellement
exporté de façon informelle à pied, principalement vers le
Nigeria, peut produire une viande de haute qualité pour approvisionner
les marchés régionaux et même, à long terme, les
marchés d'outre-mer y compris le Moyen-Orient.
Le secteur tertiaire reste très dynamique, avec un taux
de croissance - tiré par les administrations et la branche commerce -
qui passe de près de 3% en 2003 à plus de 8% en 200458(*). La vigueur dans la branche
transports et télécommunications se poursuit en 2004 sous l'effet
des investissements pour l'extension des réseaux de
télécommunication cellulaire dans les provinces, avec une
croissance, selon les estimations, de 7,6%59(*).
La vente de bière par les BDL (Brasseries du Logone)
poursuivait sa tendance à la baisse, passant de 111 388 hectolitres en
2003 à 97 324 en 2004 (-12.6%), après deux années
euphoriques en 2001 et 200260(*), correspondant aux travaux de construction de
l'oléoduc.
Certains facteurs ont dynamisé la demande en 2004,
comme l'achèvement de la construction de la route Bisney-Ngoura-Bokoro,
le lancement des travaux d'aménagement des voies et le démarrage
des ventes de pétrole brut. De plus, des recrutements dans les secteurs
prioritaires de la fonction publique ont été effectués.
On note toutefois quelques améliorations sur le plan
légal et juridique, telles que l'approbation d'une charte sur les
investissements dans la sous région, la création des tribunaux de
commerce et l'harmonisation du droit des affaires dans le cadre de l'OHADA
(Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires).
B. LES FILIÈRES MINIERE ET
ÉNERGÉTIQUE
Elles concernent le secteur pétrolier et d'autres
sources minières qui demeurent jusque là inexploitées.
1. LE SECTEUR PÉTROLIER
Outre les gisements de Doba, les travaux d'exploration en
cours actuellement dans le pays indiquent la présence des gisements dans
la région du Lac-Tchad, de Sédigui, de Bongor et de Moundou. En
effet, le gouvernement aménage dans la zone de Sédigui un petit
champ pétrolifère dont les réserves sont estimées
à 20 millions de barils et profiteraient à l'Etat à
hauteur d'une recette moyenne de 4 milliards sur 13 ans. Le pétrole de
Sédigui sera raffiné par une société privée
non encore identifiée ; celle-ci construira une raffinerie dont la
production devrait couvrir près de 50% des besoins du pays en produits
pétroliers. L'Etat tchadien envisage également diverses
possibilités d'exploitation de gaz naturel en vue d'accroître
l'offre intérieure de produits énergétiques.
L'ère pétrolière offre des
possibilités énormes de croissance du PIB par habitant. Les
projections faites dans le cadrage macroéconomique déclinent le
profil des recettes pétrolières.
L'objectif attendu de l'exploitation pétrolière
consiste à développer les politiques et les actions susceptibles
de maximiser l'impact de la croissance sur la réduction de la
pauvreté.
2. LE SECTEUR MINIER
Des gisements d'uranium et de manganèse, dans la bande
d'Aozou, demeurent encore inexploités. A cela s'ajoutent d'autres
sources minières au Nord et au Sud du pays. En bref, le sous sol
tchadien regorge de minerais que sont le sel, le natron, l'or, le diamant, le
kaolin, etc. pour la plupart non exploités.
II.
Les faiblesses du commerce extérieur
Elles sont liées à la ventilation sectorielle
des activités productives et aux problèmes d'ordre structurel.
A. LES FAIBLESSES SECTORIELLES DU COMMERCE
EXTÉRIEUR
En raison de la
sectorisation du commerce extérieur, les faiblesses de celui-ci entrent
dans la même dynamique. En effet, la filière coton qui constituait
la manne nourricière de cette économie avant le début de
production pétrolière au Sud du pays connaît depuis
quelques années de problèmes.
1. LE SECTEUR PRIMAIRE ET LA CRISE DE LA
FILIÈRE COTON
Après avoir constitué le moteur de la croissance
tchadienne, le secteur du coton est entré en crise depuis quelques
années et ce, pour différentes raisons. A cela s'ajoutent
d'autres contraintes au niveau des autres secteurs.
Dans le secteur du coton, le prix de vente au Tchad,
déjà parmi les plus bas au monde, a subi les effets de la chute
des cours mondiaux combinée à la dépréciation du
dollar. Le coton est ainsi devenu de moins en moins rémunérateur
pour les paysans. De plus, la société qui commercialise le coton,
la CotonTchad (créée en 1971), dont l'activité principale
est l'égrenage (90% de son activité à travers neuf (9)
usines) est entrée en crise.
La crise du secteur du coton, qui représentait le tiers
des recettes d'exportation avant l'arrivée du pétrole, a
commencé voilà plusieurs années, notamment avec la chute
des cours internationaux et les problèmes de gestion de la
société cotonnière du Tchad, la CotonTchad,
opérateur exclusif. Entre 1970 et 1988, les surfaces cultivées
avaient déjà diminué du tiers, passant de 300 000 hectares
à 200 000 hectares. Au total, après une moins bonne
récolte en 2003 due à la baisse des superficies plantées,
la campagne 2004-2005 était meilleure61(*).
La chute de la production s'explique en grande partie par le
prix d'achat -peu incitatif- et par des problèmes de commercialisation.
La production paysanne est souvent payée avec retard (jusqu'à 6
mois). Cette situation décourage la production et a des effets
très négatifs sur le plan de la réduction de la
pauvreté en milieu rural. Le gouvernement et ses partenaires ont
arrêté une liste de mesures à prendre-la feuille de route-
pour préparer une privatisation effective de la CotonTchad en juin
2007.
La production du coton est soumise aussi aux aléas
climatiques. En effet, les bonnes conditions climatiques et le
relèvement substantiel du prix au producteur en début de campagne
font prévoir une production de coton graine passant de 126 800 tonnes
à 180 000 tonnes (195 000 selon les données officielles de la
division des statistiques agricoles), soit une hausse de plus de 40%
après, il est vrai, une baisse de 19% sur la campagne 2003-200462(*).
Graphique 13 : Evolution de la production de
coton-graine
0
50
100
150
200
250
300
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Années
En milliers de tonnes
Source : INSEED
La production de coton est très variable. Elle
atteignait 186 300 tonnes en 1999-2000, mais elle a nettement diminué en
2002-2003, avant de remonter à 220 000 tonnes en 2003-2004. Les
exportations de coton fibre sont passées de 58 000 tonnes à 46
000 tonnes de 2003 à 2004, soit une baisse de 20%63(*). D'après l'INSEED, les
recettes issues de la vente de coton fibre ont diminué en 2004 à
40,02 milliards FCFA (75,6 millions de dollars), contre 44,65 milliards FCFA en
2003 (77 millions de dollars), soit -10% dus à la baisse des cours.
Toutefois, le relèvement contracyclique, en avril 2004,
du prix aux producteurs de 160 FCFA (0,3 dollar) le kilo à 190 francs
CFA (0,35 dollar)64(*),
alors que le cours mondial du coton était orienté à la
baisse après deux années de redressement, n'a pas suffi à
inverser durablement la tendance. En réalité, il n'est pas
certain que l'État soit en mesure de subventionner chaque année
la production ; cette subvention ne garantit d'ailleurs pas
l'amélioration de la rentabilité de la CotonTchad.
En même temps, En 2004, les ventes de bétail et
de gomme arabique s'annonçaient en hausse, respectivement de 10,4% et
6,7% (en volume).
2. LES SECTEURS SECONDAIRE ET TERTIAIRE
En ce qui concerne la Compagnie Sucrière du Tchad
(CST), la progression de cette industrie est gênée par la fraude
du sucre très importante en provenance du Cameroun et surtout, du
Nigeria qui concurrence le sucre tchadien.
Dans son ensemble, le secteur industriel ne contribue
qu'à hauteur de 13% du PIB ; l'apport des industries
manufacturières est encore plus faible (11% du PIB) et dû
essentiellement à quelques entreprises agro-alimentaires (brasserie,
manufacture de cigarettes et compagnie sucrière) ainsi qu'à des
unités de transformation du coton (huilerie, savonnerie).
Dans le domaine glacier, on note qu'en 2004, la production de
boissons gazeuses a également diminué selon les BGT (Boissons et
Glacières du Tchad), passant de 90 354 hectolitres en 2003 à 88
280 (-2%). En revanche, la production de cigarettes a enregistré un
boom, la MCT (Manufacture de Cigarettes du Tchad) ayant produit 48,3 millions
de paquets en 2004 contre 36 ,6 millions en 2003, soit une hausse de
32,1%. Cette performance est due au dynamisme de la consommation, après
une croissance faible de 2% en 200365(*).
Au total, l'activité du secteur secondaire aurait
chuté de près de 12% en 2004. Elle pâtit, d'une part, de
l'arrêt des travaux de recherche dans le secteur pétrolier - qui
ont connu leur apogée entre 2000 et 2002-2003, et, d'autre part, de la
crise dans le secteur du coton qui a ralenti l'activité
d'égrenage.
L'activité dans le BTP (Bâtiment et Travaux
Publics) est de nouveau dynamique (+25% en 2004), après un léger
ralentissement en 2003 de +4% seulement. Bien qu'insuffisante pour satisfaire
la demande, la production d'électricité a été
meilleure en 2004 (+10,8%), après un recul en volume (-13,4%) en
2003.
Le secteur privé reste peu dynamique et l'importance
des PME/PMI dans l'activité économique est difficile à
évaluer par manque de données. Au Tchad, est PME toute entreprise
détenue en majorité par des Tchadiens dont le capital est
inférieur à 100 millions FCFA (188 900 dollars). Au-delà,
il s'agit de grandes entreprises, au nombre de trente (30) environ dans le
pays.
En outre, les formalités pour la création
d'entreprises sont assez contraignantes : d'après Doing
Business, 19 procédures en 75 jours sont nécessaires pour
constituer une entreprise au Tchad, contre 11 procédures en 63 jours en
moyenne sur le continent africain. D'après le ministère en charge
des PME/PMI, le secteur principal d'exercice de la PME est l'agro-industrie. En
2004, 89 nouvelles entreprises auraient vu le jour (et 65 auraient
renouvelé leur enregistrement), contre 227 en 2003, année pour
laquelle il n'était pas encore obligatoire de renouveler son
enregistrement. Comme il n'y a pas de suivi des entreprises, ces chiffres
concernent les créations brutes à la suite des
déclarations d'intention66(*).
En somme, le secteur industriel est très restreint et
constitué entre autres des BDL, de la MCT, de la STEE et des BGT. Le
reste est constitué pour la plupart des petites unités
informelles mal maîtrisées et à très faible valeur
ajoutée. Le développement d'un secteur de transformation
permettra d'accroître les emplois, et donc les revenus.
Par ailleurs, ce secteur moins sensible aux aléas
climatiques, sera plus apte à assurer une croissance
régulière, à condition de lever les obstacles liés
à la réglementation, aux infrastructures économiques de
base, etc.
Les activités du tertiaire ont également une
faible productivité du fait qu'il s'agit de très petites
unités opérant dans le secteur informel et essentiellement
tournées vers le commerce et le transport. La productivité du
secteur est fortement handicapée par l'étroitesse du
marché national due à la faiblesse du pouvoir d'achat des
populations, aux difficultés de mise à disposition des biens et
services et par la fraude à l'importation qui défavorise les
opérateurs du secteur formel lourdement taxés par rapport
à ceux opérant dans l'informel.
Au-delà de ces problèmes qui, somme toute
semblent être « conjoncturels », il existe de
réels problèmes qui constituent un frein sérieux pour
notre économie.
B. LES PROBLÈMES
D'ORDRE STRUCTUREL
Ils sont très variés mais nous ne retenons que
l'enclavement et la situation politique du pays qui affectent
sérieusement le commerce extérieur.
1. L'ENCLAVEMENT DU
PAYS
L'enclavement du Tchad est l'un des plus grands obstacles au
développement de l'économie et l'isolement de plusieurs
régions est l'un des principaux facteurs de pauvreté. Le port le
plus proche, Douala (Cameroun) est situé à 1 700 km de
N'Djaména. Le Tchad utilise aussi d'autres accès à la mer
: Lagos (Nigeria) à 1 900 km de N'Djaména, Cotonou (Bénin)
à 2 000 km, Lomé (Togo) à 2 100 km, Pointe Noire (Congo)
à 2 700 km, et port Soudan est situé à 3 350 km67(*). L'enclavement du Tchad est
aggravé par des coûts de transport exorbitants à
l'intérieur du pays et sur les principaux axes régionaux qui
relient le pays à la mer.
Le réseau routier est moins développé
déjà à l'intérieur du pays. Ce qui affecte le
commerce en saison pluvieuse pour l'acheminent des produits agricoles vers les
centres urbains. Jusqu'en fin 2003, le réseau bitumé couvrait
à hauteur seulement d'environ 500 km de Massaguet à Gueledeng le
territoire national.
Parmi les obstacles au développement des PME,
l'enclavement du pays est l'un des plus importants, tout comme les coûts
des facteurs de production très élevés.
Le prix de l'électricité, en particulier, est
parmi les plus chers d'Afrique (197 FCFA le KW heure, soit 0,37 dollar hors
taxes en moyenne), et le coût de l'immobilier reste astronomique : la
construction d'un bâtiment peut ainsi peser jusqu'à 70% dans les
charges d'une entreprise. La grande majorité des entreprises est
composée d'entrepreneurs individuels qui s'autofinancent pratiquement
tous à leurs débuts. Par la suite, certains besoins ont du mal
à être satisfaits par le système financier actuel,
notamment pour ce qui concerne la demande en financement de l'exploitation -
crédits de campagne, crédits de stockage, fonds de roulement,
etc. - et la demande en investissement - crédits pour
l'équipement agricole et moyens de transport adaptés, technologie
de transformation alimentaire ou de fabrication artisanale, etc.
Le développement de la microfinance, encore faible au
Tchad, pourrait venir combler une partie de cette demande.
2. LA SITUATION POLITIQUE
DÉFAVORABLE AU COMMERCE EXTÉRIEUR
Bien que difficiles à mesurer, les problèmes
d'insécurité et la mauvaise gouvernance sont de nature à
peser sur le climat des affaires. Ils ne favorisent pas, en tout cas,
l'initiative individuelle. La sécurité des biens et des personnes
reste préoccupante au Tchad, tandis que l'appareil judiciaire est
déficient à cause d'un manque de compétences et de moyens
matériels.
Les quatre (4) décennies d'histoire politique
contemporaine du Tchad sont ponctuées par des mouvements d'oppositions
armées qui ont constamment menacé les régimes en place,
allant dans la plupart des cas à leur renversement. C'est pourquoi,
l'alternance au pouvoir s'est passée par la voie des armes qui a
été et semble encore l'être, le seul mode d'accession au
pouvoir au Tchad.
De 1960 jusqu'à aujourd'hui, plusieurs gouvernements
(cinq au total) parmi lesquels quatre (4) politico-militaires se sont
succédés.
Tableau 17 : Liste des régimes politiques
au Tchad de 1960 à nos jours
Régimes
|
Période
|
PPT/RDA (François N'Garta
Tombalbaye)
|
11 août 1960-13 avril 1975
|
Conseil militaire (Félix Malloum)
|
13 avril 1975-21 août 1979
|
GUNT (Goukouni Oueddeï)
|
21 août 1979-8 juin 1982
|
UNIR (Hissène Habré)
|
8 juin 1982-1er décembre 1990
|
MPS (Idriss Deby Itno)
|
1er décembre 1990 à nos jours
|
Source : auteur
Ces périodes sont sans doute cruciales pour comprendre
le Tchad moderne. Tous les ingrédients de la crise tchadienne y sont
présents : la scissiparité proverbiale des groupes
armés, l'opportunisme de leurs dirigeants, les interventions
extérieures multiformes (la Libye, la France, les Etats-Unis
d'Amérique, le Soudan et la Chine).
Au finish, les épisodes de guerre ont contribué,
d'une part, à forcer les paysans à arrêter les travaux
champêtres ou à l'exode rural quittant paradoxalement les zones
arides vers les refuges dans les terres sèches et d'autre part à
abattre un silence sur le projet d'exportation tchadien pendant plus de trois
décennies pour que celui-ci ne puisse voir le jour qu'en août 2003
et à maintenir très bas les indicateurs
socio-économiques.
SECTION 2: LES
PERSPECTIVES D'AVENIR
« Ainsi la tâche n'est point de contempler
ce que nul n'a pas encore contemplé mais de méditer comme
personne n'a encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux »
SCHOPENHAUER
Arrivé à ce stade de notre travail, plusieurs
questions peuvent être soulevées, notamment en rapport avec les
objectifs de la macroéconomie et les problèmes que se propose de
résoudre celle-ci car généralement en économie, les
faits présents nous imposent de proposer les scénarii futurs. En
effet, dans cette discipline, l'équilibre correspond à la
résolution des problèmes ou la situation dans laquelle, les
plans, les anticipations, les intentions de différents agents sont
compatibles. La macroéconomie se propose ainsi de résoudre un
certain nombre de problèmes :
Ø le chômage : il est mesuré par le
taux de chômage qui est le pourcentage de la population qui est
dépourvu d'emploi. Ses causes sont le manque de qualification des
chercheurs d'emploi, l'inadéquation entre formation et emploi
etc. ;
Ø la pauvreté ou le
sous-développement : pour arriver au développement, la
croissance économique doit être suivi des transformations
structurelles ;
Ø la croissance : elle est souvent mesurée
par le PIB ;
Ø l'inflation : il est mesuré par le taux
de l'inflation qui mesure l'augmentation en pourcentage du niveau moyen de prix
de biens et services, autrement dit, le taux de croissance annuelle en
pourcentage de l'indice de prix de détails des biens et services de la
consommation. Les causes de l'inflation sont la rareté qui est due
à la demande qui est influencée par le niveau des revenus.
En gros, ce travail se propose de mettre à la
disposition des décideurs économiques et politiques en
particulier les partenaires au développement de l'Etat tchadien, ainsi
que de tous les autres acteurs engagés dans le processus d'exploitation
du brut tchadien, un outil d'aide à la décision afin de combattre
toutes les formes de risques économiques liés à
l'exploitation du pétrole. Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous nous
pencherons sur l'aspect « prévisionnel » pour que le
pétrole constitue pour le Tchad une source de croissance et de
développement durable. Cependant, avant la réalisation de tous
les plans, il faut envisager les conditions nécessaires.
I. Les conditions
nécessaires à la croissance
Plusieurs mesures sont essentielles pour réaliser une
croissance économique forte : mener à bien les politiques
économiques et créer les structures économiques viables.
A. LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES
Dans le cadre du Tchad, il nous semble que les politiques
économiques doivent être marquées par la politique du
secteur financier et monétaire car le début de l'exploitation a
imposé une nouvelle logique, celle de l'inflation qu'il faut
maîtriser à court terme. En plus, il n'existe pas jusque là
des statistiques sur le taux de chômage. L'équilibre externe, par
ailleurs, étant déjà maîtrisé, les
éléments de politiques économiques sur lesquels l'on
pourrait également se pencher sont les politiques
budgétaires.
1. LES POLITIQUES BUDGÉTAIRES
L'analyse des contraintes spécifiques de la politique
budgétaire induites par l'existence de recettes
pétrolières aboutit aux constats et aux propositions
suivants :
Il est nécessaire de veiller à la
stabilité des dépenses, en particulier dans les secteurs
prioritaires, eu égard à l'hypervolatilité des recettes
pétrolières. Des variations de grande amplitude et
fréquentes auront des retombés néfastes sur les conditions
de la demande en général ainsi que sur certains postes de
dépenses de fonctionnement et d'équipement potentiellement
essentielles à la croissance des secteurs autres que le pétrole.
En outre, l'investissement dans le capital humain en serait
pénalisé.
Il faut éviter tout déséquilibre
budgétaire prononcé auquel peuvent donner lieu des projections
excessivement optimistes des prix pétroliers et la volatilité
intrinsèque de ces prix.
Compte tenu de la forte augmentation des recettes
budgétaires qui accompagne la période de production
pétrolière, il s'agit de veiller à l'utilisation optimale
de ces ressources temporaires, pour faire en sorte qu'elles contribuent au
maximum possible à promouvoir une croissance durable en veillant
à éviter tout gaspillage. Des dispositions spéciales
doivent être également prises pour que les ressources
pétrolières servent uniquement à porter les
dépenses allouées aux secteurs prioritaires à un niveau
supérieur à ce qu'il était avant l'arrivée des
recettes pétrolières.
Une planification attentive s'impose pour garantir un niveau
de dépenses budgétaires adéquat après l'ère
pétrolière, les recettes tirées du pétrole
étant par définition épuisables. Ceci est
nécessaire pour maximiser l'effet des ressources
pétrolières sur la croissance et préserver
l'équité entre les générations.
2. LES POLITIQUE DES SECTEURS MONÉTAIRE ET
FINANCIER
Tout effort réel de lutte contre
l'inflation ne peut être que difficile, risqué et long, parce que
la rigueur tend à réduire la production réelle et l'emploi
avant même que son efficacité se manifeste, alors que les mesures
de relance budgétaires et monétaires commencent au contraire par
faire augmenter l'activité économique avant de faire monter les
prix. Ce phénomène explique la prédominance des politiques
de relance.
Dans les conditions actuelles, l'inflation au Tchad pourrait
s'écarter de la moyenne de la BEAC, parce qu'une part importante de la
production du pays est non marchande et que la loi du prix unique ne s'applique
pas à tous les produits.
En plus, le marché du crédit au Tchad n'est pas
totalement intégré à celui de la CEMAC. Dans ces
conditions, les opérations monétaires seront mises à
profit pour maîtriser l'inflation à un bas niveau et
préserver la compétitivité extérieure pendant la
période à venir.
Une inflation faible et stable créera un environnement
favorable à la croissance économique ; elle réduira
l'incertitude concernant l'évolution des prix, facilitant la
planification à long terme et, partant, l'investissement ; elle
créera de surcroît un environnement propice à la croissance
et l'épargne du secteur privé, en rendant moins incertain le
rendement réel des actifs financiers.
Un taux d'inflation supérieur à celui des
partenaires commerciaux et des concurrents, entraînerait une
appréciation du taux de change réel, et réduirait
progressivement la compétitivité des secteurs existants, tout en
empêchant l'émergence de nouveaux secteurs. Au contraire, un taux
de change réel favorable encouragera une allocation rationnelle des
ressources en faveur de la production de biens échangeables et permettra
le développement d'activités et nouvelles dans le secteur
pétrolier. En outre, un taux d'inflation faible aura pour
conséquence directe de protéger les pauvres, la plupart d'entre
eux ayant des revenus définis en termes nominaux et détenant en
espèces leurs avoirs financiers, lorsqu'ils en ont. Cette option
permettra de répondre au besoin de la BM qui l'a amenée à
financer le projet pétrole : celui de la réduction de la
pauvreté.
B. LA NÉCESSITÉ DE CRÉATION DES
STRUCTURES ÉCONOMIQUES
Le pétrole étant la nouvelle source
d'approvisionnement de notre économie, il sied de développer les
branches « traditionnelles » d'activités et les
institutions financières afin de dynamiser celle-ci.
1. LE DÉVELOPPEMENT SECTORIEL DES BRANCHES
D'ACTIVITÉS
Au niveau du développement rural, du moins, au niveau
de la ventilation sectorielle des branches d'activité, les mesures sont
nombreuses à prendre.
Dans le domaine de l'agriculture, il faut :
Ø Améliorer l'efficacité des
marchés par la mise en place d'un cadre incitatif réglementaire,
institutionnel et économique ;
Ø Augmenter la productivité par
l'intensification des cultures en zone soudanienne et l'augmentation des
superficies cultivées en zone sahélo-soudanienne.
Ø Désenclaver les zones agricoles en saison
pluvieuse en construisant des infrastructures routières car le
réseau routier tchadien compte 40 000 kilomètres de routes
et pistes carrossables, dont 6 200 de routes et pistes classées
prioritaires et environ 33 000 de pistes rurales. Sur toute
l'étendue du territoire, seulement 583 kilomètres de routes inter
urbaines sont revêtus. Les routes prioritaires sont, pour la plupart,
praticables 6 à 8 mois dans l'année, et insuffisamment ou jamais
entretenues.
Ø Soutenir la dynamique du mouvement associatif et
coopératif ;
Ø Et moderniser les techniques de l'agriculture.
Dans le domaine de l'élevage, il faut :
Ø Créer des espaces disponibles pour les
éleveurs afin d'éviter les migrations Nord-Sud ;
Ø Réduire les taxes à l'exportation sur
les bétails pour éviter les exportations frauduleuses.
Dans la pêche enfin, il faut :
Ø Eviter la pression humaine sur les sites de
pêche ;
Ø Créer un cadre réglementaire et des
services de l'Etat dans le domaine.
2. LE DÉVELOPPEMENT DES ADMINISTRATIONS
FINANCIÈRES ET D'AUTRES DOMAINES D'ACTIVITÉ
Au niveau des administrations économiques et
financières, il faut prendre en compte les points essentiels
suivants :
Ø le meilleur contrôle interne de la chaîne
de dépenses publiques ;
Ø la mise en place d'un suivi statistique satisfaisant
de la réalisation des objectifs prioritaires définis par le
Gouvernement ;
Ø l'élargissement de l'assiette fiscale. Il
s'agit de faire participer le secteur informel et le secteur agricole aux
charges publiques.
Comme on peut aisément l'appréhender à
travers nos analyses, les enjeux de la contribution des pays voisins à
la satisfaction des besoins de la population tchadienne sont de deux (2)
ordres. Il y a d'abord le problème des monopoles détenus par
quelques pays sur de produits très stratégiques mettant ainsi le
Tchad dans une situation de dépendance économique. Le second
problème auquel il convient de porter une attention particulière
est la faiblesse de la production manufacturée intérieure qui
fait que le Tchad dépense plus de ressources à acheter des
produits de consommation courante fabriqués chez les voisins qu'à
investir dans l'acquisition des biens d'équipement.
Par conséquent, le Tchad doit se donner les moyens
d'amorcer son industrialisation et de diversifier ses sources
d'approvisionnement en rationalisant les liens d'échanges commerciaux
avec tous ses voisins, du Nord comme du Sud.
II. Les sources de croissance
Outre les activités pétrolières,
l'activité hors pétrole, doit normalement ralentir, notamment en
raison de la baisse des investissements dans le secteur pétrolier, des
licenciements dans les sociétés sous-traitantes du consortium
pétrolier intervenus tout au long de l'année 2003 et de la baisse
des revenus agricoles, imputable à la diminution des achats de coton
graine et à la réduction de la production vivrière.
A. LE SECTEUR PÉTROLIER
Malgré les potentialités que présente ce
secteur, elles semblent insuffisantes pour réduire la pauvreté au
Tchad d'où la nécessité des politiques économiques
appropriées à ce secteur.
1. LES RESSOURCES DIRECTES
PÉTROLIÈRES
La contribution directe de l'exploitation
pétrolière à la réduction de la pauvreté est
certes limitée car cette activité est hautement capitalistique
créant peu d'emplois mais peut contribuer à bien des
égards au développement du pays. En outre, une grande partie du
revenu du secteur pétrolier est destinée au consortium
privé international qui rapatrie l'essentiel. Cela explique le fait que,
malgré le bond du PIB à 42,4% en 2004 après le
démarrage de la production pétrolière, le Produit National
Brut (PNB) qui prend en compte les flux nets du revenu des facteurs n'a
augmenté que de 8,9%68(*). C'est pourquoi, il faudrait se tourner vers les
ressources indirectes.
2. LES RESSOURCES INDIRECTES
Dans ce secteur, on doit prendre en compte les revenus
indirects de l'activité pétrolière. Son impact sur la
réduction de la pauvreté est significatif, d'abord en raison de
la hausse des dépenses publiques dans les secteurs prioritaires et aussi
du fait de la demande accrue de produits des autres secteurs de la part de
l'industrie pétrolière et de ses employés. Les recettes
pétrolières permettront d'accroître les services sociaux
aux pauvres notamment en matière de santé et d'éducation,
contribuant ainsi au développement du capital humain. Par ailleurs, le
recours aux recettes pétrolières permettront le
développement des infrastructures propres à accroître la
productivité et stimuleront l'investissement privé et, partant,
la croissance et l'emploi dans les secteurs hors pétrole.
B. LES SECTEURS HORS PÉTROLE
Conformément aux projections sectorielles, les
prévisions de la SNRP estiment qu'à partir de 2004, le volume des
exportations non pétrolières doit progresser de 4,3% par an. En
particulier, les exportations traditionnelles (coton et élevage)
progresseraient de 3% par an. Ainsi, elles devaient progresser de 52 millions
de dollars en 2003. On note également une baisse de 30% par an en
moyenne en 2004 et 2005 expliquée par la fin des investissements au
projet de Doba.
1. LE SECTEUR PRIMAIRE
La croissance du PIB du secteur primaire est projetée
à 4,2% à partir de 2003. Dans le même temps, la valeur
ajoutée dans le sous-secteur des cultures vivrières doit
progresser de 5,6% grâce à la valeur de l'amélioration des
infrastructures et des services et un meilleur accès aux intrants et
à des techniques de production modernes. Ces facteurs doivent rehausser
la productivité et la diversification de la production des cultures
vivrières (fruits et légumes notamment), ainsi que l'utilisation
des terres arables sous-utilisées, mais ayant un bon potentiel. La
production des cultures de rente doit augmenter de 4,6%en moyenne par
an69(*), surtout en raison
de l'impact positif de la reforme en cours de la filière coton. En
outre, ces facteurs favorables à l'agriculture vivrière, de
même que le maintien de la compétitivité extérieure,
doivent stimuler l'expansion des autres cultures de rente, notamment la gomme
arabique et le karité. L'élevage doit croître à un
rythme plus faible - 2,9%70(*) en moyenne par an - et demeurer principalement
extensif. Néanmoins, des gains de productivité sont prévus
dans ce domaine, surtout en raison de l'amélioration des
infrastructures, l'expansion des services vétérinaires et le
développement graduel d'élevage à cycle court.
2. LES SECTEURS SECONDAIRE ET TERTIAIRE
Le PIB du secteur secondaire doit afficher un taux de
croissance moyen de 11% par an à partir de 2003, la production
pétrolière faisant partie de ce secteur. Hormis la production
pétrolière, ce secteur doit progresser de 8% par an en termes
réels71(*). Ces
bons résultats découleront de la hausse de la production des
usines d'égrenage de coton, des huileries et savonneries.
Le PIB du secteur tertiaire doit enregistrer une croissance
annuelle moyenne de 6,5% à partir de 2003 sous l'effet combiné
des facteurs suivants :
Ø croissance soutenue des secteurs primaire et
secondaire ;
Ø gains importants de productivité dans les
domaines des transports et du commerce grâce à
l'amélioration prévue des infrastructures ;
Ø « rattrapage » du
secteur financier, qui est relativement sous-développé à
l'heure actuelle ;
Ø Et accroissement de la valeur ajoutée de
l'administration publique du fait de l'expansion des services publics, surtout
dans les secteurs prioritaires.
CONCLUSION PARTIELLE
Aussi nombreuses soient-elles, les limites liées au
commerce extérieur du pays sont d'origines diverses. En effet, la crise
de la branche coton est tributaire des aléas climatiques et de la
concurrence internationale de la filière. Ainsi, il va de même
pour l'élevage et la production sucrière qui prennent au passage
le coup et la menace de la fraude. En tout et pour tout et au-delà de
ces considérations passagères, remédiables à simple
vue, mais qui au fil des années s'installent dans « les
habitudes », il existe bien des difficultés d'ordre
structurel. Nous citons l'enclavement du pays et l'instabilité politique
qui semble gouverner les logiques des régimes politiques du Tchad. Le
pétrole qui est censé ouvrir les portes de sortie à ce PVD
semble le plonger plutôt dans un cercle vicieux. A court terme les effets
de l'inflation enfoncent les populations déjà pauvres dans la
malédiction de l'or noir. La maîtrise de celle-ci appuyée
par les politiques budgétaires et les conditions appropriées aux
secteurs d'activité offrent des conditions de croissance au pays autant
dans les secteurs pétroliers que dans d'autres secteurs et lui
permettent ainsi d'être compétitif dans le commerce
extérieur.
Conclusion
générale
« Tous les économistes réunis ne
parviendraient pas à une conclusion »
George Bernard SHAW
Au finish de cette étude qui se veut de montrer
« l'impact macroéconomique de l'unité
d'exploitation pétrolière de Doba au
Tchad », un certain nombre de questions ont
été soulevées convoquant ainsi quelques hypothèses
de travail (au nombre de 3 au total).
En effet, cette recherche qui est organisée en deux (2)
principaux axes (ou parties) articulés en quatre (4) chapitres s'est
proposée de répondre à la question suivante :
«les revenus issus de l'exploitation des champs
pétroliers de Doba contribuent-ils à améliorer la
stabilité macroéconomique au
Tchad ? ».
En outre, pour comprendre l'impact macroéconomique de
l'exploitation pétrolière de Doba, la méthodologie nous a
proposé de subdiviser les agents économiques en secteurs
institutionnels.
De prime à bord, le bouclage est réalisé
sur le comportement de la consommation des ménages qui obéit
à la logique keynésienne. A vrai dire, la consommation des
ménages augmente dans le même sens que le revenu global ou le PIB.
Fruit, somme toute de l'impact de l'exploitation du pétrole. En guise
d'exemple, autant que le PIB, la consommation des ménages a
évolué d'environ 100 milliards FCFA entre 2004 et 2005.
Ensuite, les chiffres indiquent que la phase de construction
du projet pétrole a influencé de manière réelle le
rythme de la croissance économique au Tchad. Les achats de biens et
services par les sociétés pétrolières et
sous-traitantes ont basculé le rythme de croissance de la FBCF
jusqu'à plus de 80% du PIB entre 2002 et 2003. On note également
qu'avec l'apport de la législation, les entreprises tchadiennes et
camerounaises, plus favorisées dans la fourniture des biens
d'équipement aux sociétés pétrolières, ont
gagné en termes d'opportunités d'emplois et d'affaires. Cette
tendance, notons-le continue à se vérifier encore dans la phase
actuelle d'exploitation.
Par ailleurs, le Tchad est entré dans un processus de
reformes en matière de Finance Publique. En effet, à partir de
2003, le taux de croissance des dépenses publiques a augmenté de
plus de 5 points (15,58%) pendant que la moyenne a doublé (193,83
milliards FCFA) pour atteindre 68,27% en 2004. Cette augmentation est le fait
de l'injection via les canaux budgétaires des ressources
pétrolières. Ces dernières servent à financer les
dépenses des secteurs prioritaires, fers de lance de la politique
gouvernementale et de la lutte contre la pauvreté. Cependant, la
fiscalité qui est sensée bénéficier de l'assiette
fiscale à partir de l'exploitation pétrolière n'en tire
pas un grand gain.
L'exportation du brut tchadien a manifestement changé
la structure des exportations tchadiennes assises traditionnellement sur la
répartition sectorielle des branches d'activité. Ainsi, le
pétrole occupe depuis 2003 la primauté dans les postes
d'exportations du Tchad et génère des ressources très
importantes à l'économie de ce pays. Par le même effet, les
importations ont vu leur importance évoluer ex abrupto surtout
dans la phase de construction de l'oléoduc.
Enfin, compte tenu des limites que connaît le commerce
extérieur notamment avec la crise de la CotonTchad et de la
filière coton ainsi que celle de l'élevage associées
à d'autres facteurs, l'économie du Tchad semble de nos jours
être tournée vers la manne pétrolière. A court
terme, les effets non souhaités mais prévisibles de
l'exploitation ne s'ignorent plus. Surtout, dans les grands pôles
d'attraction du pays ou dans les zones pétrolières, l'inflation
gagne du terrain de jour en jour.
En réalité, fort de cette vue d'ensemble, on se
rend compte que l'exploitation du pétrole a des conséquences
« positives » sur les différents agents
institutionnels. En effet, le volume du PIB du Tchad qui s'est hissé en
25ème position africaine en 2006 (5 469 millions de
dollars), laisse place à une croissance économique
évaluée à 14,5% défiant toute concurrence en
Afrique subsaharienne et reste au niveau continental la première de tous
les pays africains72(*).
Or, ce qui est vrai, la croissance économique est
associée positivement à la réduction de la
pauvreté. Qu'à cela ne tienne, peut-on pour autant dire que le
Tchad a-t-il déjà emprunté le sentier du
développement ?
En outre, le développement vise à
améliorer la qualité de vie des individus et à
accroître leur capacité à influer sur leur avenir. Cet
objectif suppose généralement l'augmentation du revenu par
tête ainsi que bien d'autres éléments : un
système éducatif et un accès au marché du travail
plus équitables, une plus grande égalité de sexes, une
meilleure santé et une alimentation saine, un environnement naturel plus
propre et plus durable, un système judiciaire et juridique plus
impartial, des libertés civiles et politiques accrues et une vie
culturelle plus riche. La question qu'on peut se poser est de savoir comment
influer sur les processus de croissance au Tchad afin que les dimensions
qualitatives des résultats du développement augmentent
également ? Les institutions des Nations Unies affirment que la
prise en compte simultanée des aspects quantitatifs et qualitatifs du
processus de croissance permet d'énoncer trois (3) principes
élémentaires valables pour les pays industrialisés et en
développement :
Primo, l'accent est mis sur tous les actifs. Globalement, les
actifs importants en matière de développement sont le capital
physique, le capital humain et le capital naturel ; le progrès
technique affectant l'utilisation de ces actifs joue aussi un certain
rôle. Pour accélérer le taux de croissance, on accorde
traditionnellement beaucoup d'attention au capital physique. Dans cette
perspective, les enveloppes allouées aux secteurs prioritaires
témoignent de la volonté des acteurs et partenaires de
développement du Tchad à réduire la pauvreté dans
ce pays. Mais, ces enveloppes, à elles seules, suffisent-elles?
Secundo, l'importance est accordée à la mise en
place d'un cadre institutionnel approprié et à une bonne
gouvernance. Le fonctionnement efficace de l'administration, des organismes de
réglementation (chargées d'assurer la suprématie du droit
et de favoriser la participation) est important pour la croissance et le
développement. Les effets d'une mauvaise gouvernance, d'une bureaucratie
tatillonne et de la corruption sont régressifs et nuisent à la
durabilité de la croissance. L'appropriation, par une élite
nantie, des politiques, des lois et des ressources de l'Etat détourne
souvent les mesures d'incitation et les dépenses publiques vers des
actifs moins productifs socialement et, en réduisant leurs avantages
pour la société dans son ensemble, affaiblissent leur impact sur
le bien être social. La corruption montante avec la plus forte perception
en Afrique selon Transparency73(*) suivie des procédures d'accès aux
marchés publics ignorés, l'alternance politique inexistante,
etc., le Tchad peut-il déjà prétendre au
développement ?
Tierso, la place est accordée aux aspects distributifs.
Une distribution plus équitable du capital humain, des terres et des
autres actifs productifs implique une répartition plus juste des
perspectives d'enrichissement, afin d'augmenter la capacité des hommes
à tirer parti des technologies et à générer des
revenus. Ainsi, la meilleure affectation des revenus entre les populations est
l'objectif premier visé par toute politique économique. Or la
politique économique dans les PVD se donne une orientation beaucoup plus
planificatrice. Il est vrai qu'on prend en compte l'équilibre interne et
le programme de stabilisation ainsi que l'équilibre externe mais encore
faut-il que cette politique conduise à une planification. En effet, la
planification est présentée par bien des économistes comme
le moyen de pallier l'insuffisance des politiques économiques et les
difficultés qu'elles rencontrent. Au plan macroéconomique, les
ménages tchadiens bénéficient déjà des
avantages liés à l'exploitation du pétrole. Cela
implique-t-il par ailleurs qu'ils soient déjà engagés dans
le processus de développement ?
A ce niveau, une question d'ordre général,
déjà soulevée dans l'histoire des diverses
économies peut faire toujours office d'actualité :
« l'homme est-il au service de l'économie ou
l'économie au service de l'homme ? ».
Bibliographie
OUVRAGES
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15. Convention de Recherches, d'Exploitation et de Transport
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SITES WEB
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4. www.inseed-tchad.org
5. www.rfi.fr
6. www.worldbank.org
annexes
TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE
I
DÉDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
IV
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET
GRAPHIQUES
VII
GLOSSAIRE
IX
AVANT PROPOS
XI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIÈRE PARTIE : LES EFFETS DE
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE AU NIVEAU DE L'ÉQUILIBRE INTERNE
9
CHAPITRE 1 : LE COMPORTEMENT DU SECTEUR
PRODUCTIF ET DES MÉNAGES
10
SECTION 1 : LES MÉNAGES
10
I. APPROCHE INSTITUTIONNELLE ET ÉVALUATION
DES MÉNAGES
10
A. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DES MÉNAGES
11
1. DÉFINITION DES
MÉNAGES
11
2. APPROCHE NOTIONNELLE DE LA
CONSOMMATION
11
a. Définition de la consommation
12
b. Structure de la consommation
12
B. LA FONCTION DE CONSOMMATION
13
1. L'ANALYSE CLASSIQUE DE LA FONCTION DE
CONSOMMATION
13
a. Les propensions à consommer et les lois
d'Engel
13
1) Les propensions à consommer
14
2) Les lois d'Engel
14
b. L'énoncé de la fonction de
consommation
14
2. LA PRISE EN CONSIDÉRATION DES AUTRES
FACTEURS NÉCESSAIRES À L'EXPLICATION DU COMPORTEMENT DES
MÉNAGES
16
a. Les décalages inter temporels
16
b. Les autres facteurs nécessaires pour
accroître la consommation
17
II. LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PÉTROLE
SUR LE COMPORTEMENT DE CONSOMMATION DES MÉNAGES AU TCHAD
18
A. SITUATION DES MÉNAGES AU TCHAD AVANT
L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
18
1. CLASSIFICATION ET CARACTÉRISATION DES
MÉNAGES
18
2. ANALYSE QUANTITATIVE DES MÉNAGES AU
TCHAD AVANT L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
18
B. L'ÉVOLUTION DU COMPORTEMENT DE LA
CONSOMMATION DES MÉNAGES MODIFIÉE PAR L'EXPLOITATION
PÉTROLIÈRE
20
1. LES ÉVOLUTIONS DE LA CONSOMMATION ET
DU REVENU NATIONAL
20
2. LES EFFETS DE L'ÉVOLUTION DE LA
CONSOMMATION DES MÉNAGES
21
SECTION 2 : LE SECTEUR PRODUCTIF
23
I. APPROCHE INSTITUTIONNELLE ET ÉVALUATION
DU SECTEUR PRODUCTIF
23
A. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DU SECTEUR
PRODUCTIF
23
1. LES INSTITUTIONS NON
FINANCIÈRES
23
a. La nature juridique des sociétés
et quasi-sociétés non financières
24
1) Les sociétés et
quasi-sociétés publiques
24
2) Les sociétés et
quasi-sociétés privées
24
b. Le critère de l'activité
principale et l'impact économique des sociétés et
quasi-sociétés non- financières
25
1) Le critère de l'activité
principale
25
2) L'impact économique des
sociétés et quasi-sociétés non-
financières
25
2. LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES
25
a. Les institutions de crédit
25
1) Les institutions de crédit
monétaires
26
2) Les institutions de crédit non
monétaires
26
b. Les entreprises d'assurance
26
1) Les organismes d'assurance et de
capitalisation
26
2) Les sociétés
mutualistes
27
B. L'ÉVALUATION DU SECTEUR PRODUCTIF
27
1. L'INVESTISSEMENT OU LA FBCF
27
a. Définition de la FBCF
27
b. Le poids de la FBCF
28
2. LES DÉTERMINANTS DE LA FBCF
28
a. Les variations du taux
d'intérêt
28
1) La règle de la valeur actuelle nette
(VAN)
29
2) Le TRI
29
b. Les variations de la demande des biens de
consommation
30
1) L'exposé du principe
d'accélération
30
2) La formulation du principe
d'accélération
31
II. LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PÉTROLE
SUR LE COMPORTEMENT DU SECTEUR PRODUCTIF AU TCHAD
32
A. CADRE D'ÉVOLUTION DES ENTREPRISES
TCHADIENNES
32
1. CATÉGORISATION DES ENTREPRISES
TCHADIENNES
32
2. LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE DU TCHAD
ORIENTÉE VERS LE SECTEUR PRIVÉ
33
B. L'ÉVOLUTION DE L'ENVIRONNEMENT DU SECTEUR
PRODUCTIF AVEC L'EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
35
1. VUE D'ENSEMBLE SUR LES ENTREPRISES AVANT
L'EXPLOITATION DU PÉTROLE
35
2. LA PRISE EN COMPTE DE L'EXPLOITATION DU
PÉTROLE SUR LE COMPORTEMENT DE L'INVESTISSEMENT DU TCHAD
36
a. Des dispositions conventionnelles propices aux
opportunités d'affaires pour les entreprises tchadiennes
36
b. L'impact des phases de construction du pipe line
et d'exploitation du pétrole sur l'évolution de la FBCF
37
CHAPITRE 2 : LA PRISE EN COMPTE DES
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
40
SECTION 1 : LE CADRAGE BUDGÉTAIRE
DE L'ETAT
40
I. FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ELABORATION DU BUDGET
DE L'ETAT
41
A. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DE L'ETAT
41
1. LES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
41
a. Les administrations publiques centrales
41
b. Les administrations publiques locales
42
2. LES ADMINISTRATIONS DE
SÉCURITÉ SOCIALE
42
B. LE BUDGET DE L'ETAT
42
1. DÉFINITION DU BUDGET DE
L'ETAT
43
2. LES CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET DE
L'ETAT
44
a. La structure du budget de l'Etat
44
1) La présentation juridique
44
2) La présentation
fonctionnelle
45
b. La procédure budgétaire
45
II. LE BUDGET DE L'ÉTAT DU TCHAD
46
A. PROCESSUS D'ÉLABORATION DU BUDGET DU
TCHAD
46
1. LA PHASE ADMINISTRATIVE
46
a. Le cadrage macroéconomique
46
b. L'allocation intersectorielle des enveloppes
budgétaires
47
2. LA PHASE LÉGISLATIVE (EXAMEN ET
ADOPTION DE LA LOI DE FINANCES PAR L'AN)
48
B. L'EXÉCUTION ET LE CONTRÔLE DU
BUDGET DU TCHAD
48
1. L'EXÉCUTION DU BUDGET DE L'ETAT DU
TCHAD
49
a. L'exécution du budget en recettes
49
b. L'exécution du budget en
dépenses
49
1) La procédure normale
49
2) La Procédure
Simplifiée
50
2. LE CONTRÔLE DE L'EXÉCUTION DU
BUDGET
50
a. Le contrôle financier
50
b. Le contrôle comptable
50
SECTION 2 : LE COMPORTEMENT DE L'ETAT
À TRAVERS LES DÉPENSES PUBLIQUES
51
I. ANALYSE THÉORIQUE DE LA NOTION DES
DEPENSES PUBLIQUES
51
A. APPROCHE NOTIONNELLE DE L'INVESTISSEMENT PUBLIC
VIÀ LE MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT
52
1. ENONCÉ DU MULTIPLICATEUR
D'INVESTISSEMENT PUBLIC
52
a. L'effet de l'accroissement d'un investissement
public non répété
53
b. L'effet de l'accroissement d'un investissement
public pendant plusieurs périodes
54
2. LES CONDITIONS D'ACTION DU MULTIPLICATEUR
D'INVESTISSEMENT
54
B. LE FINANCEMENT DES DÉPENSES PUBLIQUES
54
1. LE FINANCEMENT DU DÉFICIT
BUDGÉTAIRE PAR LA FISCALITÉ
54
2. LE FINANCEMENT DU DÉFICIT
BUDGÉTAIRE PAR L'EMPRUNT
56
II. L'IMPACT DES RESSOURCES PÉTROLIERES SUR
LES DÉPENSES PUBLIQUES ET LEURS MODES DE FINANCEMENT AU TCHAD
57
A. L'ORIENTATION DES DÉPENSES ET
INVESTISSMENTS PUBLICS VERS LE DÉVELOPPEMENT DU TCHAD
57
1. L'ORIENTATION DES DÉPENSES ET
INVESTISSEMENTS PUBLICS AU TCHAD AVANT LE DÉBUT DE L'EXPLOITATION DU
PÉTROLE
57
2. L'INSCRIPTION DE L'EXPLOITATION DU
PÉTROLE DANS LA POLITIQUE D'INVESTISSEMENT DE L'ETAT DU TCHAD
59
B. LES MODES DE FINANCEMENT DES DÉPENSES
PUBLIQUES AU TCHAD
62
1. LE MODE DE FINANCEMENT PAR LA
FISCALITÉ
62
a. Le comportement de la fiscalité avant les
ressources pétrolières
63
b. Le comportement de la fiscalité avec les
ressources pétrolières
63
2. LE MODE DE FINANCEMENT PAR LES
EMPRUNTS
65
a. Panorama des emprunts avant le projet
pétrole
65
b. L'amélioration des emprunts avec le
projet pétrole
66
DEUXIÈME PARTIE : LA PRISE EN COMPTE DE
L'EXTÉRIEUR ET PERSPECTIVES D'AVENIR
69
CHAPITRE 3 : EVOLUTION DU COMMERCE
EXTÉRIEUR DU PAYS
70
SECTION 1 : LES EXPORTATIONS
70
I. LA STRUCTURE THÉORIQUE DES
EXPORTATIONS
71
A. LES DÉTERMINANTS DES EXPORTATIONS D'UNE
ÉCONOMIE
71
1. LA DEMANDE MONDIALE ET LES MARGES DE
CAPACITÉ DE PRODUCTION
71
2. LA COMPÉTITIVITÉ DES PRODUITS
EXPORTÉS
71
B. LES EFFETS DES EXPORTATIONS SUR
L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
72
1. LES EFFETS MULTIPLICATEURS DES
EXPORTATIONS
72
2. LES EXPORTATIONS ET L'EMPLOI
74
II. LES PORTEES DE L'EXPORTATION DU PÉTROLE
SUR LA STRUCTURE GENERALE DES EXPORTATIONS DU TCHAD
74
A. L'INFLUENCE SECTORIELLE DES ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES SUR LA STRUCTURE DES EXPORTATIONS DU TCHAD AVANT LA
PRODUCTION DU PETROLE
74
1. LE SECTEUR AGRICOLE
75
2. LE SECTEUR PASTORAL
76
B. L'IMPORTANCE DU SECTEUR PÉTROLIER DANS LE
NOUVEL ENVIRONNEMENT DES EXPORTATIONS DU TCHAD
77
1. LA PRODUCTION PÉTROLIERE AU
TCHAD
77
2. LA NOUVELLE CONFIGURATION DES EXPORTATIONS
DU TCHAD INFLUENCEE PAR L'EXPOITATION PÉTROLIÈRE
79
SECTION 2 : LES IMPORTATIONS
82
I. FONDÉMÉNTS THÉORIQUES DE LA
FONCTION D'IMPORTATION
82
A. EVALUATION DES IMPORTATIONS À TRAVERS LA
FONCTION D'IMPORTATION
82
B. LA CONSIDÉRATION DES AUTRES
MULTIPLICATEURS
84
II. LES CONSÉQUENCES DE LA PRODUCTION DU
PÉTROLE SUR LES IMPORTATIONS AU TCHAD
86
A. LES PRINCIPAUX PRODUITS ET LES PARTENAIRES A
L'IMPORTATION DU TCHAD
86
1. LES PRINCIPAUX PRODUITS
IMPORTÉS
86
2. LES PRINCIPAUX PARTENAIRES À
L'IMPORTATION DU TCHAD
87
B. LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PETROLE SUR LA
STRUCTURE DES IMPORTATIONS
87
1. ETAT DES LIEUX DES IMPORTATIONS AVANT LE
PÉTROLE
87
2. DIAGNOSTIC DES IMPORTATIONS AVEC
L'EXPLOITATION DES CHAMPS PÉTROLIERS
88
CHAPITRE 4 : LES LIMITES AU NIVEAU DES
PERFORMANCES EXTÉRIEURES DU TCHAD ET PERSPECTIVES D'AVENIR
92
SECTION 1 : LES LIMITES DES PERFORMANCES
EXTÉRIEURES DU TCHAD
92
I. FORCES DES PERFORMANCES EXTÉRIEURES
LIÉES AUX SECTEURS D'ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
93
A. LES FORCES DES SECTEURS PRIMAIRE ET
SECONDAIRE
93
1. LE SECTEUR AGRICOLE
93
2. LE S SECTEURS SYLVO-PASTORAL ET
TERTAIRE
94
B. LES FILIÈRES MINIERE ET
ÉNERGÉTIQUE
95
1. LE SECTEUR PÉTROLIER
95
2. LE SECTEUR MINIER
96
II. LES FAIBLESSES DU COMMERCE EXTÉRIEUR
96
A. LES FAIBLESSES SECTORIELLES DU COMMERCE
EXTÉRIEUR
96
1. LE SECTEUR PRIMAIRE ET LA CRISE DE LA
FILIÈRE COTON
97
2. LES SECTEURS SECONDAIRE ET
TERTIAIRE
98
B. LES PROBLÈMES D'ORDRE STRUCTUREL
100
1. L'ENCLAVEMENT DU PAYS
100
2. LA SITUATION POLITIQUE DÉFAVORABLE AU
COMMERCE EXTÉRIEUR
101
SECTION 2: LES PERSPECTIVES D'AVENIR
103
I. LES CONDITIONS NÉCESSAIRES À LA
CROISSANCE
104
A. LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES
104
1. LES POLITIQUES BUDGÉTAIRES
104
2. LES POLITIQUE DES SECTEURS MONÉTAIRE
ET FINANCIER
105
B. LA NÉCESSITÉ DE CRÉATION
DES STRUCTURES ÉCONOMIQUES
106
1. LE DÉVELOPPEMENT SECTORIEL DES
BRANCHES D'ACTIVITÉS
106
2. LE DÉVELOPPEMENT DES ADMINISTRATIONS
FINANCIÈRES ET D'AUTRES DOMAINES D'ACTIVITÉ
107
II. LES SOURCES DE CROISSANCE
107
A. LE SECTEUR PÉTROLIER
108
1. LES RESSOURCES DIRECTES
PÉTROLIÈRES
108
2. LES RESSOURCES INDIRECTES
108
B. LES SECTEURS HORS PÉTROLE
109
1. LE SECTEUR PRIMAIRE
109
2. LES SECTEURS SECONDAIRE ET
TERTIAIRE
109
CONCLUSION GÉNÉRALE
111
BIBLIOGRAPHIE
115
ANNEXES
118
TABLE DES MATIERES
119
Annexe 1 : Carte du Tchad
Annexe 2 : Oléoduc
Doba-Kribi
Annexe 3 : Les champs
pétroliers de Doba
* 1 Ministère des
Affaires Etrangères, Direction Générale de la
Coopération Internationale et du Développement (Septembre 2003),
Rapport d'Evaluation de la Coopération Française au Tchad
1992-2003, dme, SERES, N'Djaména, p. 46.
* 2 BERNIER, B. et SIMON, Y.
(2001), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris, p.
101.
* 3 MANKIW, M. (2003),
Macroéconomie, 2ème édition, De Boeck, Bruxelles,
p.523.
* 4 Ministère du Plan,
du Développement et de la Coopération, Comité de pilotage
de la SNRP (Juin 2003), Document de Stratégie Nationale de
Réduction de la Pauvreté, N'Djaména, p. 13.
* 5 Ministère du Plan,
du Développement et de la Coopération, Comité de pilotage
de la SNRP (Juin 2003), Document de Stratégie Nationale de
Réduction de la Pauvreté, N'Djaména, p. 11.
* 6 Source: INSEED.
* 7 Source: INSEED.
* 8 Source: INSEED.
* 9 Idem.
* 10 BERNIER, B. et SIMON,
Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris,
p. 49.
* 11 BERNIER, B. et SIMON,
Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris,
p. 51.
* 12 BERNIER, B. et SIMON,
Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris,
p. 104.
* 13 Idem, p. 117.
* 14 Ibidem, p.118.
* 15 Ministère des
Affaires Etrangères, Direction Générale de la
Coopération Internationale et du Développement (Septembre 2003),
Rapport d'Evaluation de la Coopération Française au Tchad
1992-2003, dme, SERES, N'Djaména, p. 167.
* 16 Ministère des
Affaires Etrangères, Direction Générale de la
Coopération Internationale et du Développement (Septembre 2003),
Rapport d'Evaluation de la Coopération Française au Tchad
1992-2003, dme, SERES, N'Djaména,p. 167.
* 17 Ordonnance N°
025/PR/87 portant code des investissements dans la République du
Tchad.
* 18 Idem.
* 19 Ibidem.
* 20 Source: INSEED.
* 21 Source: INSEED.
* 22. Source: INSEED.
* 23 Idem.
* 24 Source: ESSO.
* 25 RIVOLI, J. (1969),
Le budget de l'Etat, Seuil, Paris, p. 18.
* 26 Source : INSEED.
* 27 Source :
INSEED.
* 28 Ministère des
Affaires Etrangères, Direction Générale de la
Coopération Internationale et du Développement (Septembre 2003),
Rapport d'Evaluation de la Coopération Française au Tchad
1992-2003, dme, SERES, N'Djaména,p. 47.
* 29 Source: INSEED.
* 30 Source: INSEED.
* 31 Idem.
* 32 Ibidem.
* 33 Source: INSEED.
* 34 Idem.
* 35 Source: INSEED.
* 36 Idem.
* 37 Source: INSEED.
* 38 Idem.
* 39 Source: BEAC.
* 40 Idem.
* 41 Source: INSEED.
* 42 Source: BEAC.
* 43 Source :
INSEED.
* 44 Cité par le
CCSRP.
* 45 Source :
Ministère du Pétrole cité par le CCSRP.
* 46 Source : CCSRP.
* 47 Source: INSEED.
* 48 Idem.
* 49 Source: INSEED.
* 50 Source: INSEED.
* 51 Source: INSEED.
* 52 Source: INSEED.
* 53 Idem.
* 54 Ibidem.
* 55 CCSRP (2004),
Rapport annuel.
* 56 Source : BEAC.
* 57 Ministère du
Plan, du Développement et de la Coopération, Observatoire de la
pauvreté, (2005), Rapport de Suivi des Objectifs du
Millénaire pour le Développement, N'Djaména, p.41.
* 58 Source: BEAC.
* 59 Idem.
* 60 Ibidem.
* 61 Source: BEAC.
* 62 Source: INSEED.
* 63 Source: INSEED.
* 64 Source: BEAC.
* 65 Source: BEAC.
* 66 Source: INSEED.
* 67 Source: INSEED.
* 68 Source: INSEED.
* 69 Ministère du Plan,
du Développement et de la Coopération, Observatoire de la
pauvreté, (2005), Rapport de Suivi des Objectifs du
Millénaire pour le Développement, N'Djaména, p.65.
* 70 Idem.
* 71 Ministère du Plan,
du Développement et de la Coopération, Observatoire de la
pauvreté, (2005), Rapport de Suivi des Objectifs du
Millénaire pour le Développement, N'Djaména, p.65.
* 72 Jeune Afrique N°
2392, Ecofinance, Du 12 au 18 novembre 2006, in PIB : bouleversement
au sommet, p.93.
* 73 Jeune Afrique N°
2392, Ecofinance, Du 12 au 18 novembre 2006, in Transparency au
rapport, p. 14.
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