5.2-Etat de conservation des
espèces endémiques
5.2.1- Présentation
des espèces endémiques menacées
Les espèces sont exposées à des
conditions géo-climatiques différentes suivant leur localisation
dans le département. Toutes les espèces ne réagissent pas
de la même façon face une même situation. Le traitement
reçu, l'utilisation courante qu'on en fait et leur niveau de
rusticité leur confère des statuts différents. Il y a des
espèces qui sont totalement disparues à cause qu'elles n'ont pas
subi de traitement favorable, d'autres sont très rares à trouver
pour des causes naturelles et artificielles, d'autres sont menacées,
vulnérables ou en danger mais ont quand même une chance moyennant
une attention spéciale et il y en a qui sont
indéterminées. Parmi ces dernières, il est évident
que qu'il y en a qui sont fragiles surtout dans les zones
méprisées car il n'y a pas d'études qui soient faites
pouvant révéler leur statut.
Le tableau 4 permet d'avoir une idée sur le niveau de
menace auquel font face les ressources naturelles végétales du
Sud.
Tableau 4 Espèces
Endémiques du Sud menacées suivant la liste rouge de
l'UICN
Statut
|
Rare-%
|
Vulnérable-%
|
En danger-%
|
Indéterminée
%
|
Total
|
Espèces End. du Sud
|
4
|
1,95
|
5
|
2,43
|
23
|
11,21
|
11
|
5,36
|
205
|
Source: Elaboration à partir de la liste rouge de l'UICN,
1994
Ce tableau montre que environ trente deux (32) espèces
endémiques sont très menacées se basant sur les
études déjà réalisées et menacent
d'être disparues si l'on ne réagit pas. Les cent soixante treize
(173) qui ne sont pas mentionnées sont de statut
indéterminé jusqu'à présent mais avec la
persistance de la dégradation de l'environnement et qu'il n'y a pas de
nouvelles études pouvant prononcer sur leur statut. On peut
déduire alors qu'il y en a sans doute qui sont aussi menacées.
Ces menaces concourent à une rareté extrême voir extinction
totale de certaines espèces si des mesures de préservation et de
protection ne sont pas prises.
5.2.2- Etude de cas sur les espèces endémiques
à Camp-Perrin
Une étude de cas à Camp-Perrin prouve que les
choses vont de mal en pis. Les espèces ne sont pas vraiment
protégées. Les interventions ne répondent pas aux vrais
problèmes. Selon les résultats des travaux déjà
réalisés, seize (16) espèces sont endémiques
à Camp-Perrin mais pour l'instant la situation est changée.
D'abord, voici la flore endémique de Camp-Perrin présenté
dans le tableau 5.
Tableau 5 Liste des
espèces endémiques recensées à Camp-Perrin
Genre
|
Epithète
|
Famille
|
Colubrina
|
berteroana Urb.
|
Rhamnaceae
|
Cissus
|
haitiensis Urb. et Ekman
|
Vitaceae
|
Carpodiptera
|
simonis Urb.
|
Tiliaceae
|
Sagraea
|
cinerea Urb. & Ekman
|
Melastomataceae
|
Mecranium
|
microdictium Urb & Ekman
|
Melastomataceae
|
Pilea
|
distantifolia (L) Liebm
|
Urticaceae
|
Phenax
|
ekmanii (L) Liebm
|
Urticaceae
|
Manekia
|
urbanii Trel.
|
Piperaceae
|
Psychotria
|
plumieri Urb.
|
Rubiaceae
|
Exostema
|
angustifolium Rich.
|
Rubiaceae
|
Rhytidophyllum
|
bicolor Urb.
|
Gesneriaceae
|
Bourreria
|
albo-punctata Jacq.
|
Boraginaceae
|
Micrpholis
|
polita Griseb
|
Sapotaceae
|
Eugenia
|
plinoides Urb & Ekman
|
Myrtaceae
|
Eugenia
|
perrianiana Urb. & Ekman
|
Myrtaceae
|
Guarea
|
sphenophylla Urb.
|
Meliaceae
|
Source: Flore d'Haiti, 1930 et Flora hispaniola,
1996
Actuellement, cette flore diminue considérablement et
ceci a plusieurs causes. Parmi les espèces endémiques de
Camp-Perrin, d'abord il faut dire qu'il y en a qui sont naturellement rares
comme le Cissus haitiensis Urb et Ekman,
Rhytidophyllum bicolor Urb,
Eugenia plinoides Urb & Ekman et
Eugenia perrianiana Urb. & Ekman. Cela sous
entend que cette situation ne dépend pas tellement des actions de
l'homme; elle y serait même en absence de l'homme. On dit qu'elles sont
naturellement rares car avec les changements effectués dans notre
planète, les conditions qu'elles réclament pour un bon
fonctionnement deviennent différentes de jour en jour de celles offertes
par l'environnement de la zone. Ces espèces naturellement rares
représentent environ 25% de l'ensemble des espèces
endémiques de Camp-Perrin.
5.2.2.1- Causes de rareté
Cependant, outre la cause de rareté naturelle, il y a
d'autres qui reçoivent des menaces qui sont directement liées
à des actions de l'homme à savoir l'utilisation locale qu'on en
fait, au mode d'exploitation du milieu où elles se trouvent. Ensuite,
leur localisation géographique et les exigences propres des
espèces endémiques peuvent être une cause de rareté
car la pérennité de l'espèce réclame un ensemble de
facteurs liés directement au climat et à la géographie.
5.2.2.1.1- Utilisation locale
Pour ce qui est de l'utilisation locale, l'abattage à
outrance des arbres pour la charpenterie, l'ébenisterie, le chauffage,
la fabrication du charbon de bois et surtout pour l'augmentation de l'espace
cultivable constituent la cause principale. Ceci est directement lié
à la situation socio-économique des gens. Environ quatre vingt
pourcent (80%) de la population est rurale et vit de l'agriculture or
l'agriculture souvent pluviale ne permet pas à toute la population de
subsister. Durant les périodes de soudure, les gens sont bien
obligés d'en faire ces utilisations.
5.2.2.1.2- Localisation, mode d'exploitation et
exigences du milieu
Concernant la localisation, le mode d'exploitation du milieu
et les exigences des espèces endémiques, les
végétaux sont différents. Chacun a ses exigences
géo-climatiques propres. Elles ne poussent pas n'importe où
dépendant des facteurs et des composantes du climat. C'est ce qui
explique que dans telle zone on trouve telle espèce et pas telle autre.
Suivant le résultat du travail fait à Camp-Perrin,
l'espèce vérifiée se trouve à des situations
climatique, topographique et géographique différentes. Le tableau
6 ci-après présente les détails.
Tableau 6
Représentativité des espèces endémiques
menacées vérifiées à Camp-Perrin
Espèces
|
Noms scientifiques
|
Localité
|
Nbre de pop/ Nbre de sujets
|
Coordonnées géographiques (élev,
Latt, Long)
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Laporte
|
4/ 29
|
301m, 18.32000o N, 0785613o
W
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Bas-Camp
|
2/ 16
|
298m, 18.321000o N, 0786324o W
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Laporte
|
3/ 16
|
229m, 18.321100N, 073.866240W
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Bas-Camp
|
1/ 1
|
193m, 18.322500N, 073.89460W
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Lasivet
|
2/ 20
|
298m, 18.319310N, 073.8563310W
|
Bois d'ortie rouge
|
Carpodiptera simonis Urb
|
Lasivet
|
1/ 7
|
263m, 18.336630N, 073883870W
|
Source: Enquête de l'auteur
Ce qui est représenté dans le tableau ci avant
est le résultat d'une étude de cas faite à Camp-Perrin
pour vérifier la réalité. Une seule espèce en
réalité a été vraiment vérifier dans toute
la zone de Camp-Perrin et ceci à des positions géographiques
différentes. Vu le problème qui existe à pouvoir trouver
parfois le nom vulgaire de quelques plantes, il peut avoir la présence
d'une éventuelle espèce dont on ignore son nom vulgaire. Souvent
le nom qu'on donne à l'espèce dans la zone n'est pas celui
formellement utilisé dans les ouvrages. D'où la difficulté
de faire une bonne vérification. Donc ce résultat n'est pas
exhaustif.
L'espèce en question est le bois d'ortie rouge ayant
pour nom scientifique Carpodiptera simonis Urb.
Elle se présente parfois dans des populations denses et parfois
clairsemées. On dirait qu'elle s'adapte à différents types
d'écosystèmes. Dans son environnement immédiat, il y a
d'autres espèces forestières comme le bois pinny, la trompette,
l'acajou, le bois blanc et le flamboyant, des espèces fruitières
comme manguiers, avocatiers et cirouelle mais sont soit introduites ou de
nature exotique. Dans quelques parcelles il y a des cultures
saisonnières telle comme le maïs, la banane, le haricot et le
manioc. Cette espèce s'organise en de petits groupes ou de petites
populations composées ayant en moyenne six (6) sujets qui sont en
majorité des jeunes.
Presque toutes les parcelles où elle est présent
sont en propriété et l'une des raisons qu'il y en a beaucoup
parce que les propriétaires savent quand même son importance. On
l'utilise souvent dans la charpenterie et dans l'ébénisterie.
Parfois la nécessité financière oblige les habitants
à les abattre pour faire du charbon surtout dans les parcelles en faire
valoir indirect. C'est l'une des raisons pour lesquelles on ne constate que de
jeunes sujets dans ces parcelles. En outre, dans les centres de production de
plantules, cette espèce n'est pas prise en considération car la
régénération se fait par graine et souvent de façon
naturelle.
5.2.3- Description du Bois d'ortie rouge
(Carpodiptera simonis
Urb)
5.2.3.1- Description botanique
Carpodiptera simonis Urb de nom
vulgaire bois d'ortie rouge est un arbre moyen faisant dix mètres de
hauteur environ. Il a des feuilles pennées avec des pennes
allongées et un port un peu étalé. Il appartient à
la famille des tiliaceae. Il développe parfois un grand tronc
utilisé dans l'ébénisterie. Ses feuilles peuvent
être utilisé dans l'alimentation animale.
5.2.3.2- Position géo-climatique et
édaphique
Le bois d'ortie rouge est un arbre qui pousse à
différents milieux. Présent dans presque tous les types
d'écosystème de la zone, on le recense à des altitudes
relativement basses (220 m) comme des moyennes altitudes (350 - 400 m). Il
habite partout surtout dans des écosystèmes humides; au bord de
ravine, en flanc de morne à relief pentu et très accidenté
et même sur les plateaux semi humides.
Il pousse dans une très grande variabilité de
sol qui quelque part est de couleur brun foncé et d'autre part est rouge
ou brun gris. La texture est le plus souvent sableuse à basse altitude
et un peu argilo-sableuse ou un peu fine à haute altitude.
5.2.3.3- Analyse de cet état de
fait
Cette espèce à ce qu'il parait n'est pas
exigeante. Contrairement aux autres soit qui sont naturellement rares ou bien
ce qui ne sont pas rustiques, elle pousse partout ou il y a des conditions
différentes. Une hypothèse que Camp-Perrin répond aux
exigences faites par le bois rouge serait vérifiée.
Les espèces endémiques au département du
Sud ne sont pas prises en considération par les acteurs. Parfois, les
espèces touchées ne sont celles qui nécessitent vraiment
les interventions.
Il est à se questionner sur l'éventuelle
possibilité d'application de la philosophie du bailleur. Les projets ont
souvent des titres évocateurs mais une réalisation trompeuse car
si l'on prend par exemple la protection de la biodiversité
végétale devrait contenir logiquement des actions de protection
concrète des espèces végétales endémiques.
|