ISTOM
École d'Ingénieur en
Agro-Développement International
32, boulevard du Port F.-95094 - Cergy-Pontoise
Cedex Tél : 01.30.75.62.60 télécopie : 01.30.75.62.61
istom@istom.net
MEMOIRE DE FIN D'ETUDE
Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance
(Sénégal)
par l'ONG Océanium.
|
Figure 1 : « Trop de sel, gâche la
marmite » (CLERC, 2008) Commentaire au verso de cette
couverture
SOUTENU EN Juillet 2009
FAUGERE Nicolas
Promotion 95
Stage effectué à Dakar, Sénégal
Du 7/07/2008 au 7/01/2009
Au sein de : l'association « Océanium de Dakar
»
Maître de stage : GOEPP Jean
|
École d'Ingénieur en
Agro-Développement International
32, boulevard du Port F.-95094 - Cergy-Pontoise
Cedex Tél : 01.30.75.62.60 télécopie : 01.30.75.62.61
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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE
Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance
(Sénégal)
par l'ONG Océanium.
|
Figure 1 : « Trop de sel, gâche la
marmite » (CLERC, 2008) Commentaire au verso de cette
couverture
SOUTENU EN Juillet 2009
FAUGERE Nicolas
Promotion 95
Stage effectué à Dakar, Sénégal
Du 7/07/2008 au 7/01/2009
Au sein de : l'association « Océanium de Dakar
»
Maître de stage : GOEPP Jean
|
Explication du titre du dessin de la page de couverture
« Trop de sel gâche la marmite » est
la traduction du proverbe wolof «Xorom bu bëri day yaxx cinn
»1 qui signifie qu'à trop faire on finit par mal faire.
Appliqué au sujet du mémoire, ce proverbe illustre la
problématique de notre mémoire pour indiquer qu'à vouloir
faire trop de résultats on risque de gâcher l'objectif.
Explication du dessin de la page de couverture
Le dessin est signé CANTES. Le commentaire est
donné par (CLERC, 2008). Il s'agit du principe de la grenouille
chauffée. « Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans
laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la
marmite, l'eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La
grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.
La température continue à grimper. L'eau est maintenant chaude.
C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, ça la fatigue un
peu, mais elle ne s'affole pas pour autant. L'eau est cette fois vraiment
chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable,
mais elle s'est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La
température continue à monter jusqu'au moment où la
grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir. Si la même
grenouille avait été plongée directement dans l'eau
à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de
patte adéquat qui l'aurait éjectée aussitôt de la
marmite. Cette expérience montre que, lorsqu'un changement s'effectue
d'une manière suffisamment lente, il échappe à la
conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune
opposition, aucune révolte.»
Appliquée au mémoire, cette histoire rappelle
l'importance du suivi et de l'évaluation à mi-parcours.
Comment citer ce mémoire
FAUGERE.N. 2009. Etude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse- Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). Cergy
(FRA) : ISTOM, 80p.
N'IMPRIMEZ QU'EN CAS DE REELLE NECESSITE
La reproduction, même à des fins
non-commerciales, est interdite sans permission écrite préalable
du détenteur des droits d'auteur (art. L. 122-4, L. 122-5 et L.335-2 du
code de la propriété intellectuelle).
1 Prononcer : [Rorom bou béri daï yaro
tchiné]
« Il ne s'agit ni de moyens ni de connaissance. Il
s'agit d'engagement, de foi, de détermination. Il s'agit de croire que
le résultat ne dépend que de vous »
EL ALI Haïdar (2008)2, au sujet du
reboisement de mangrove en Basse-Casamance.
Extrait du discours énoncé par Haïdar EL
ALI, président de l'ONG « Océanium de Dakar », le 21
décembre 2008 à Ziguinchor, lors d'un congrès
réunissant plus de 700 personnes.
RESUME
La mangrove disparait en Casamance. La mangrove joue pourtant
un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de la
région de Casamance. L'ONG sénégalaise de protection de
l'environnement « OCEANIUM DE DAKAR » met en place en 2008 une grande
campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers pour 130 villages
du Sénégal. Beaucoup de moyens sont mis en oeuvre pour cette
campagne : une mobilisation forte de la part des bénéficiaires,
un soutien des bailleurs, une couverture médiatique large et une ONG
active. Tous unissent leurs efforts pour un objectif commun : « faire
revivre la mangrove ». Au bout du compte les résultats du projet
sont au delà des espérances. En 43 jours, 6.302.000 propagules de
palétuviers sont plantées sur 1.200 hectares grâce à
la participation de 11.000 villageois. 32.500 personnes ont été
sensibilisées et supportés par la couverture médiatique
internationale. Un mécénat est obtenu pour reboiser 6.000
hectares l'année suivante.
C'est par l'analyse de résultats obtenus que l'auteur
discute de l'objectif global du projet de « faire revivre la mangrove
». L'étude commente le traitement préférentiel
donné à l'obtention du résultat vis-à-vis d'un
objectif plurifactoriel. L'étude s'appuie notamment sur les enjeux du
suivi-évaluation.
Mots clés : Casamance, mangrove, reboisement,
palétuvier, Sénégal, participation, résultat,
projet, objectif.
SUMMARY
Mangrove disappears in Casamance. Mangrove plays a vital role
in food security for the region of Casamance. The Senegalese NGO for
environmental protection "OCEANIUM DAKAR" developed in 2008 a major campaign to
reforest 5 million mangroves for 130 villages in Senegal. Many means have been
implemented for this campaign: a strong commitment on the part of recipients,
donor support, wide media coverage and an active NGO. All combining their
efforts towards the shared objective of reviving the mangrove. Ultimately the
results for the project have been beyond expectations. In 43 days 6,3 02,000
mangrove propagules were planted on 1,200 hectares, 11,000 villagers have
participated in the campaign, 32,500 people have been sensitized, the media
coverage has been international and sponsorship has been obtained to reforest
6,000 hectares the following year.
It is through the analysis of results obtained that the author
discusses the overall objective of the project "to revive the mangrove».
The study explains the preferential treatment given to obtaining
result towards a multi-purpose goal. The study draws on the
issues of monitoring and evaluation.
Keywords: Casamance, mangrove, reforestation, mangrove,
Senegal, participation, result, project, goal, objective.
RESUMEN
Los manglares están desapareciendo en
Casamancia. Manglares desempeñan un papel vital en la seguridad
alimentaria en la región Casamancia. La ONG de Senegal para la
protección del medio ambiente "OCEANIUM DAKAR" pone en marcha en 2008
una importante campaña para reforestar 5 millones
manglares para 130 pueblos de Senegal. Muchos medios se aplican en esta
campaña: un fuerte compromiso por parte de los beneficiarios, el apoyo
de los donantes, una amplia cobertura de los medios y una ONG activa. Todos
juntos con un objetivo común: revivir el manglar. Al fin y al cabo, los
resultados del proyecto están más allá que las
expectativas. En 43 días se plantaron 6.302.000 propágulos de
manglar en alrededor 1.200 hectáreas, 11.000 habitantes participaron en
la campaña, 32.500 personas fueron sensibilizadas, los medios de
comunicación son internacionales y un patrocinio de cobertura se obtiene
para reforestar 6.000 hectáreas para el año siguiente.
Es a través del análisis de los resultados
obtenidos que el autor trata del objetivo general del proyecto «para
revivir los manglares». El estudio explica el trato preferencial dado a la
obtención del resultados frente a un objetivo multifactorial. El estudio
se apoya en las cuestiones de supervisión y evaluación.
Palabras claves: Casamancia, manglares,
reforestación, manglar, Senegal, participación, resultado,
proyecto, objetivo.
TABLE DES MATIERES
RESUME 5
LISTE DES ILLUSTRATIONS 7
9
TABLE DES TERMES ETRANGERS & LEXIQUE DES
ABREVIATIONS 10
REMERCIEMENTS 11
INTRODUCTION 12
AVANT-PROPOS 13
CHAPITRE I : Le projet de reboisement de 5 millions de
Rhizophora en Basse-
Casamance 14
CHAPITRE II : Analyse du projet 38
CHAPITRE III : Les améliorations possibles au
projet 47
CONCLUSION 72
LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES & DES
COMMUNICATIONS
PERSONNELLES 73
INDEX DES NOMS SCIENTIFIQUES 79
TABLE DES ANNEXES 81
LISTE DES ILLUSTRATIONS
FIGURES
Figure 1 : « Trop de sel, gâche la marmite
» (CLERC, 2008) 1
Figure 2 : Plan de mes vifs et sincères
remerciements à tous ceux dont la participation à ce
mémoire a été essentielle. 11
Figure 3 : Localisation de la zone d'étude
sur le fond de carte (CORMIER-SALEM, 1994a, modifié par FAUGERE, 2009).
1: Ziguinchor - 2: Cap Skirring - 3 : Kolda - 4 : Fafacourou - 5 :
Vélingara - 6: Dakar. 13
Figure 4 : Répartition du tonnage de
pêche et des espèces dominantes le long du fleuve Casamance,
(BARAN (1995) et COMIER-SALEM (1986), modifié par FAUGERE, 2008).
21
CARTES
Carte 1 : Localisation en Basse-Casamance des
villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE,
2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : C : villages de
Collecte - Villages de repiquage (en blanc). On note que les 130 villages se
situent le long du fleuve Casamance ou de ses affluents. 15
Carte 2: Localisation en Basse-Casamance des
villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE,
2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : A,B : zone de
mangrove - F : rizières profondes - G : rizières moyennes - H :
rizières hautes - E : Foret de plateau 18
Carte 3 : Localisation de la mangrove le long des
deux premiers tronçons (aval vers amont) du fleuve Casamance en 1997
(ISME, 1997). Légende : La zone en gris foncé est la zone
recouverte par la mangrove.27
Carte 4 : Illustration de l'étendue de la
zone intertidale sur la rive nord du fleuve Casamance au niveau de Ziguinchor
(FAUGERE, 2009, modifié de Google EarthTM, 2004). 29
Carte 5 : Illustration de la diversité des
religions en Basse-Casamance (LE FUR,
1988). 31
Carte 6 : Exploitation des mollusques en Casamance en
1985 et circuit de marchés des huîtres (CORMIER-SALEM, 1989b). 56
Carte 7 : Extension des terroirs de pêche de
Tionk-Essyl (CORMIER-SALEM, 1994c). 60
Carte 8 : Répartition des pêcheurs de
Casamance selon leur origine d'après CORMIER-SALEM, 1989a. 66
SCHEMAS
Schéma 1 : Différentiations
morphologiques entre les deux genres de mangrove les plus commun en
Basse-Casamance: Avicenia et Rhizophora (ISME, 2009). On différentie
à vue d'oeil les Rhizophora des Avicenia par le port de leur racine,
l'apparence de la tige, la forme de fleur et du fruit.16
Schéma 2 : Causes et conséquences, selon
Océanium, de la diminution de la surface en Rhizophora (FAUGERE 2009).
17
Schéma 3 : Transect perpendiculaire à
un bolon qui localise les zones de mangrove (VANDEN BERGHEN et al., 1999).
Légende: A : Mangrove à « palétuviers rouge »,
Rhizophora mangle - B : mangrove à Avicenia sp. «
palétuviers blancs » - C : Fourré
marquant la lisière des terres salées -
D : Forêt dense marécageuse de pente - E: Foret dense de
plateau. 19
Schéma 4 : Transects perpendiculaires au lit du
bolon des phases successives de la mise en culture d'une rizière
profonde (VANDEN BERGHEN, et al. 1999). 19
Schéma 5 : Représentation
schématique de la zone de frayère de la mangrove (KATHIRESAN, et
al., 2001 modifié par FAUGERE, 2009).22
Schéma 6 : Chaine trophique simplifiée
pour les poissons autour de la mangrove (ROBERTSON et al., 1992,
modifié par FAUGERE, 2009).23
Schéma 7 : Illustration du parcours d'une
propagule depuis sa collecte jusqu'à son repiquage (FAUGERE, 2009).28
Schéma 8 : Évolution de l'amplitude des
marées diurnes et semi-diurnes en Basse- Casamance (BRUNET-MORET, 1970).
29
Schéma 9 : Correction des causes et des
conséquences annoncées dans le projet par Océanium
(FAUGERE, 2009). Légende : traits discontinus= relations
discutées. 38
Schéma 10 : Impact d'un barrage anti-sel
d'Affiniam sur la mangrove (BLESGRAAF, et al., 2006).42
Schéma 11 : Parcours de distribution
utilisé en 2007 (FAUGERE, 2009). 50
Schéma 12 : Parcours de distribution
utilisé en 2008 (FAUGERE, 2009). 50
Schéma 13 : Parcours de distribution
suggéré pour 2009 (FAUGERE, 2009). 51
Schéma 14 : Organisation coutumière
d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007). Légende :
la zone exondée est l'espace de coteau et la zone tampon. 53
Schéma 15 : La mangrove se situe à
l'interface entre les terroirs et les parcours en Basse-Casamance
(CORMIER-SALEM, 1995).59
Schéma 16 : Anémographes de
fréquence et de directions des vents au sol entre 1971 et 1982 à
Ziguinchor (DIOP, 1990).64
Schéma 17 : Proposition d'un plan
stratégique pour l'année 2009 (FAUGERE, 2009).
72
TABLEAUX
Tableau 1 : Participation financière des
bailleurs du projet, d'après OCEANIUM, 2008. On remarque que le projet
se réalise essentiellement sur des fonds privés européens
et américains. 16
Tableau 2 : Calendrier des travaux de riziculture
(VANDEN BERGHEN et al., 1999 modifié par FAUGERE, 2009) 31
Tableau 3 : Chaine des effets pour les
résultats de l'objectif spécifique « planter 10 fois plus
qu'en 2007 » (FAUGERE, 2009, modifié de PNUD, 2002). 32
Tableau 4 : Chaine des effets pour les
résultats de l'objectif spécifique « mobiliser 10 fois plus
de villageois qu'en 2007» (FAUGERE, 2009 d'après PNUD, 2002). 34
Tableau 5 : Probabilité et gravité des
hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de l'objectif
global (FAUGERE, 2009).52
Tableau 6 : Points de débarquements, lieux
de pêche et principales espèces pêchées dans la
région de Ziguinchor (Service Régional des Pêches de
Ziguinchor, 2003-2004 dans (IDEE Casamance, 2008).62
Tableau 7 : Indicateurs nécessaires pour le
suivi du reboisement (FAUGERE, 2009). 68
Tableau 8 : Forces et faiblesses du projet de
reboisement en 2008 (FAUGERE, 2009).
69
Tableau 9: Bilan des 103 références
bibliographiques, FAUGERE, 2009. 73
TABLE DES TERMES ETRANGERS & LEXIQUE DES
ABREVIATIONS TERMES ETRANGERS
Bolon : Terme d'origine Mandingue désignant un
bras de mer bordé de palétuviers (OCEANIUM, 2008). La
photographie de l'annexe 10 illustre un bolon.
Niankatang : plat principal des Diola. Il se compose de
riz blanc agrémenté d'une sauce à l'huile de palme et de
petits poissons.
LEXIQUE DES ABREVIATIONS & SIGLES
SIGLES :
€ : Euro, monnaie utilisée par certains bailleurs
d'Océanium 1 € = 655,96 FCFA (le 15 novembre 2008)
1 € = 1,5155 USD (le 29 mai 2008)
% : pour-cent
C
Cf. : se conférer à
Com.Pers. : Communication Personnelle
CIRAD : Centre français de coopération
Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement.
CRODT : Centre de Recherche Océanographique de
DakarThiaroye, programme de coopération entre l'ISRA et l'IRD.
cm: centimètre
CNRS : Centre National français de Recherche Scientifique,
organisme public de recherche.
CSE: Centre de Suivi Ecologique, agence de l'Etat
Sénégalais de suivi de l'environnement du
Sénégal
E
Etc. : et cætera
Et al. : et collaborateurs
F
FAO : Food and Agriculture Organization, Organisation
des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.
FCFA : Franc de la Communauté Francophone d'Afrique,
monnaie utilisée par Océanium
1.000 FCFA = 1,52 € (le 15 novembre 2008)
FED : le Fonds Européen de Développement est un
instrument de la communauté européenne pour le
développement international
FEDES : Fédération Démocratique des
Ecologistes du Sénégal, parti politique pour lequel Haïdar
EL ALI est Secrétaire Général au moment du projet.
FUSAGx: Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de
Gembloux.
G
GRDR : Groupe de recherches et de réalisations pour le
développement rural. Le GRDR est une ONG internationale qui mène
de nombreux projets d'aménagement des digues anti-sel en
Basse-Casamance.
GRET : Groupe de Recherche et d'Échange Technologique,
association professionnelle de solidarité et de coopération
internationale
H
ha : hectare (1 ha = 10.000 m2)
I
IIED: International Institute for Environment and
Development, Institut International pour l'Environnement et le
Développement. IRD : Institut français de Recherche scientifique
pour le Développement en Coopération
ISME : International Society for Microbial Ecology, (Association
Internationale pour l'étude de l'écologie microbienne),
association basée à Wageningen au Pays-Bas. ISRA: Institut
Sénégalais de Recherche Agronomique
K
km : kilomètre
M
m2 : mètre carré
m : mètre
MAE : Ministère des Affaires Etrangères
français
N
N.B. : Nota Bene, précision
O
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ORANA : Organisme de Recherche sur l'Alimentation et la
Nutrition Africaine, il a mené une étude sur la consommation en
poisson en Basse-Casamance.
ORSTOM : ex-IRD
P
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PRODDEL : programme du ministère de l'environnement du
Sénégal d'appui à la décentralisation et au
développement local
R
RAMSAR : Convention internationale sur les zones humides,
signée à Ramsar, en Iran, en 1971.
RENZOH : Réseau National des Zones Humides, programme de
l'UICN
S
SITI : Système d'Information Taxonomique
Intégré, système d'information biologique par taxon
développé par le gouvernement du Canada le 18 mars 2008.
U
UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la Nature, ONG
internationale de protection de l'environnement, partenaire de l'ONG
Océanium.
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation,
la Science et la Culture.
USAID: agence des États-Unis pour le développement
international
USD : Dollars Américains, monnaie utilisée par
certains bailleurs d'Océanium (VPI et la Banque Mondiale)
1 USD = 0,706 € (le 29 mai 2008)
REMERCIEMENTS
Figure 2 : Plan de mes vifs et sincères
remerciements à tous ceux dont la participation à ce
mémoire a été essentielle.
Je tiens également à remercier les 130 villages du
projet pour leur aide et participation. Enfin, un grand merci à tous les
relectrices et relecteurs.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
INTRODUCTION
L'ONG OCEANIUM n'a pas de système de
suivi-évaluation de ses résultats. Nous tentons de montrer
pourquoi le suivi-évaluation est important particulièrement pour
OCEANIUM qui obtient des résultats notables et très
médiatisés. Pour cela, nous étudions son projet de
reboisement participatif de 5 millions de palétuviers
Rhizophora en Basse- Casamance. L'objectif du projet étant de
réhabiliter l'écosystème de mangrove de Basse- Casamance,
la problématique choisie est de se demander si «
l'obtention des résultats suffit à dire que le projet
a atteint son objectif »
Dans un premier chapitre nous étudions le projet de
reboisement au travers de ses acteurs, de ses enjeux et de sa méthode.
Nous présentons aussi les résultats obtenus à la fin de la
campagne de reboisement. Les résultats sont estimés en
comparaison à une situation « sans projet ».
Dans un second chapitre nous analysons la satisfaction de
l'objectif du projet (la réhabilitation de l'écosystème)
par les résultats obtenus (le reboisement participatif de 5 millions de
Rhizophora). Nous menons notre analyse par une étude des effets
puis par une étude des impacts du projet. Nous discutons de l'impact
social et économique des résultats obtenus pour les villageois
qui participent au projet.
Dans un troisième chapitre, nous discutons des
performances techniques et sociales du projet et nous proposons les
améliorations que le suivi-évaluation peut y apporter. Nous
mettons en évidence les points forts et les points faibles du projet,
puis nous présentons ses opportunités et ses menaces. Enfin, nous
proposons un plan d'aménagement technique, humain et financier comme
base nécessaire pour la mise en place d'un suivi-évaluation des
résultats.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
AVANT-PROPOS
Le fleuve Casamance prend sa source dans les environs de
Fafacourou (DIOUF, 1987), situé à une cinquantaine de
kilomètres au nord est de Kolda et se jette dans l'Atlantique à
une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Ziguinchor
(Basse-Casamance). On note que les mangroves ouest-africaines se situent sur le
littoral. Jusqu'au milieu du XXème siècle, la mangrove
est un milieu pas ou peu connu, le plus souvent très mal perçu
par les observateurs extérieurs et partiellement étudié.
La bibliographie sur la mangrove réalisée par Rollet en 1981
donne une idée du nombre de références selon les grandes
périodes entre 1600 et 1975 : avant 1600, seulement 14
références sont répertoriées, après 1951 la
production scientifique explose littéralement avec 3 197
références.
Figure 3 : Localisation de la zone d'étude sur le
fond de carte (CORMIER-SALEM, 1994a, modifié par FAUGERE,
2009). 1: Ziguinchor - 2: Cap Skirring - 3 : Kolda - 4 : Fafacourou - 5 :
Vélingara - 6: Dakar.
Le projet s'effectue en Basse-Casamance (Sénégal),
autour de Ziguinchor.
L'Institut Sénégalais de Recherche Agronomique
(ISRA) définit la mangrove de la manière suivante : « La
mangrove est un écosystème à l'interface des continents et
de la mer, de l'eau douce et de l'eau salée. Elle porte une
végétation spécifique des zones d'estuaire composée
de palétuviers. Par extension le terme englobe tout l'environnement de
la végétation (sol, eau, flore et faune) » (IDEE Casamance,
2003).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
CHAPITRE I : Le projet de reboisement de 5 millions de
Rhizophora en Basse- Casamance
Nous présentons le projet de reboisement en
débutant par ses acteurs. Nous présentons ensuite les causes et
les conséquences pour l'ONG OCEANIUM de la disparition des mangroves de
Basse-Casamance. Ensuite nous détaillons la méthode
utilisée pour le reboisement. Enfin, nous présentons les
résultats obtenus par le projet.
I.1. Les acteurs du reboisement de mangrove
Le projet fait intervenir 3 catégories d'acteurs : l'ONG,
les villageois et les bailleurs.
I.1.1 L'ONG « Océanium de Dakar »
L'ONG Océanium est à la fois un Centre de
plongée, un centre d'hébergement et de restauration et une
association de protection de l'environnement. Le président de
l'association de protection de l'environnement est Haïdar EL ALI.
D'après ses statuts (datés du 17 septembre 1985), l'association a
pour objet de favoriser et de développer par tous les moyens
appropriés la connaissance du monde subaquatique. L'association a son
siège à Dakar (Sénégal). L'organisation du bureau
de l'ONG n'est pas en conformité avec les statuts de
l'association3 puisqu'il n'y a pas de comité directeur. Au
sein de l'ONG, le projet est mené par le président (Haïdar
El ALI), le chef de programme (Jean GOEPP), la responsable administrative et
financière (Nadine TILLEUL) et la coordinatrice du projet (Élise
KABO). Il est important de mentionner que Haïdar EL ALI est aussi le
secrétaire général du FEDES. Le FEDES
(Fédération Démocratique des Écologistes du
Sénégal) est un parti politique d'opposition et la participation
de Haïdar aux activités du parti joue un rôle important dans
la méthodologie du projet (cf. page 26 : partie I. : La méthode
du reboisement).
Haïdar est un homme populaire au Sénégal.
Il est reconnu pour être « un homme d'action »,
souvent associé à un « homme de terrain »
(HERVIAUX, 2009). Il a été nommé Chevalier de l'Ordre
National du Lion en 1995, il est détenteur de la médaille
d'honneur de la Gendarmerie Nationale et a obtenu le diplôme d'Honneur
des Parcs Nationaux du Sénégal en 2006. Haïdar est aussi
conseiller municipal et Président de la Commission de l'Environnement
à la Mairie de Dakar depuis 2003 (OCEANIUM, 2007). Il est reconnu
à l'international. Il a été nommé « Ange
gardien de la mer » par la revue internationale Jonas en 2001 et le
Ministre français de l'Environnement, Madame Dominique Voynet, l'a
nommé Chevalier de l'Ordre National du Mérite en 1998.
Haïdar bénéficie aussi d'une légitimité
écologique par les médias sénégalais et
français. Il a été classé parmi les cents
écologistes les plus actifs de la planète par le journal Le
Monde, le 11 Juillet 2007. Il a aussi été élu «
homme de l'année 2002 » par les journalistes de la Radio
Télévision Sénégalaise (RTS). Aussi et surtout,
Haïdar passe régulièrement à la
télévision sénégalaise pour faire part de son
engagement pour l'écologie du Sénégal. Les populations de
Basse-Casamance lui sont reconnaissantes pour son intervention lors du naufrage
du Joola4. La popularité de Haïdar en Basse-Casamance
s'est ressentie dans la participation volontaire des villageois (cf. page 26,
partie I.: Participation volontaire de 130 villages). Océanium a su
attirer les médias et en profiter pour communiquer
3 Article 3.13 : « Le bureau comprend un
Président, deux Vice-présidents, un Secrétaire
Générale, Secrétaire Générale Adjoint, un
Trésorier, un Trésorier Adjoint, désignés en
comité directeur selon les modalités prévues à
l'article 3.12. ». Article 3.12 : « Le comité directeur
élit chaque année en son sein un bureau chargé
d'expédier les affaires courantes ». Article 3.5 : «
L'Association est administrée par un comité directeur de 15
membres. »
4 Le Joola est le ferry qui assurait la liaison
maritime entre Ziguinchor et Dakar depuis décembre 1990. 1.953
personnes, la plupart casaçaises, sont mortes noyés lors de son
naufrage le 26 septembre 2002. Haïdar a été le premier a
arrivé sur le lieu du naufrage pour porter secours.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
sur ses activités5. Les journaux ne relaient
pas seulement les projets d'Océanium. Ils participent à la
notoriété de Haïdar. Sa notoriété s'est
avérée bien utile dans la réalisation du projet. Elle nous
a permis de gagner facilement la confiance des villageois et nous a
facilité le passage des nombreux barrages militaires à
l'entrée de chaque ville.
Océanium a mené en 2006 et 2007 des actions
tests de reboisement en Casamance. En 2006, l'Océanium s'est
lancée dans une première opération et 65.000 plants de
Rhizophora ont été plantés en partenariat avec
les populations résidentes à Tobor village. Tobor est
situé sur la route de Ziguinchor à Bignona (cf. Carte 1, page
15). De très bons résultats sont obtenus : 85 % de reprise
après un an (OCEANIUM, 2008). En 2007, près de 500.000
palétuviers ont été plantés dans une dizaine de
villages. « Nous avons décidé de multiplier par 10 notre
objectif 2008 avec le projet 5.000.000 de propagules en Casamance »
(OCEANIUM, 2008). Il faut préciser que les actions de reboisement de
mangrove s'effectuent durant la saison des pluies, entre le début du
mois de juillet et le début du mois d'octobre.
I.1.2 Les villageois
« Pour s'assurer de la durabilité et comme gage de
bien-fondé de son action, Océanium fait appel à 130
villages » (OCEANIUM, 2008). Les 130 villages sont localisés sur la
carte ci-après.
Carte 1 : Localisation en Basse-Casamance des villages
de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE,
2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : C : villages de
Collecte - Villages de repiquage (en blanc). On note que les 130 villages se
situent le long du fleuve Casamance ou de ses affluents.
On remarque que les zones de collecte de propagules sont
proches de l'estuaire alors que l'essentiel des villages de repiquage se situe
à hauteur du Soungrougrou (affluent principal du fleuve Casamance). Le
reboisement comprend le repiquage et la collecte des graines de
5 Le press book de l'Océanium montre de
nombreux articles dans des revues de renommée internationale
(«National Géographic » Aout et février 2008, «
Géo » Janvier 2009, « Terre sauvage » Avril 2006), dans
des journaux à grand tirage (« le Monde » du 7/012009 et du
11/07/2007, « Ca m'intéresse » d'avril 2009), « le
journal du dimanche » (12/08/2007), « Télérama »
(fin juillet 2007). Par ailleurs Océanium participe à de
nombreuses émissions de radio (dont RFI "c'est pas du vent" du
16/02/2009 et "le journal" du 23/09/2008), et de TV (« TV5 Monde »
"Destination Réussite" le 25/052009, « Thalassa » "30 mn" le
19/01/2007, « France 2 » "journal de 20h" le 26/09/2008).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Rhizophora. Nous désignons par «
repiquage » l'action de planter les graines de Rhizophora en
germination, et « collecte » l'action de cueillir les graines sur les
plants adultes de R hizopho ra.
Les 130 villages sont regroupés par proximité
géographique en 7 zones de collecte et 14 zones de repiquage. La liste
des villages est le détail de leurs performances sont en annexe 2, page
86. Pour chaque zone, Océanium a nommé des «
responsables de zone ». Océanium a décidée
de s'appuyer sur des responsables de zone pour délégué son
intervention car les responsables sont en étroite relation avec les 130
villages (OCEANIUM, 2008). Les responsables sont le relais entre l'ONG et les
villageois et ils sont particulièrement chargés de sensibiliser
les villages au reboisement de Rhizophora.
I.1.3 Les bailleurs
La liste des bailleurs et leur participation financière
pour le projet de reboisement de 2008 sont indiquées dans le tableau
suivant. Ces partenaires ont étés sollicités avec le
documentation de présentation du projet, dont nous
référons au long de notre étude. La plupart des
partenaires du projet de reboisement sont aussi des partenaires pour les autres
projets d'Océanium (Création d'Aire Marine Protégée
et actions de sensibilisations et de nettoyage à Dakar).
BAILLEUR Yves Rocher
|
PARTICIPATION 70.000 €
|
Village Project International (VPI)6
|
36.000€
|
UICN
|
15.000€
|
Fondation Liens
|
5.000€
|
Banque Mondiale
|
3.362€
|
dons de particuliers
|
3.049 €
|
Fondation Phillipson
|
1 .3 00€
|
TOTAL
|
133.711€
|
Soutien privé européens et américain
|
83,8%
|
Soutien international
|
14%
|
Soutien privé sénégalais
|
2,2%
|
Tableau 1 : Participation financière des bailleurs
du projet, d'après OCEANIUM, 2008. On remarque que le projet se
réalise essentiellement sur des fonds privés européens et
américains.
I.2. Causes et conséquences de la disparition de la
mangrove de Basse- Casamance
Avicenia et Rhizophora sont les deux genres les
plus communs en Basse-Casamance (OCEANIUM, 2008). Le schéma
ci-après illustre quelques repères pour les
différencier.
Schéma 1 : Différentiations morphologiques
entre les deux genres de mangrove les plus commun en Basse-Casamance :
Avicenia et Rhizophora (ISME, 2009). On
différentie à vue d'oeil les Rhizophora des
Avicenia par le port de leur racine, l'apparence de la tige, la forme
de fleur et du fruit.
6 Village Projects International (VPI) est un
programme américain d'un organisme à but non lucratif
appelée « la collaboration internationale pour l'enseignement des
sciences et de l'environnement » (ICSEE). L'ICSEE se consacre à
l'organisation, l'encouragement et le soutien des projets de
développement communautaire durable, de protection de l'environnement,
de conservation et d'amélioration de l'accès à
l'éducation.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
N.B. : L'auteur du schéma,
l'ISME7, désigne la propagule de
Rhizophora comme un fruit, alors que ARSENAULT et BELL la
désigne comme une graine.
On reconnaît facilement les palétuviers du genre
Rhizopho ra car leurs racines s'allongent depuis la partie
inférieure du tronc aérien, d'abord horizontalement puis
s'infléchissent vers la vase, dans laquelle elles
pénètrent. On appel « propagule » l'organe de
dissémination (ou de « propagation ») et de
reproduction du Rhizophora. Une des spécificités du
genre Rhizophora réside dans la viviparité8
de ses semences. L'inflorescence et son développement se font sur
l'arbre mère, alors que le fruit et la graine sont encore
attachés à la plante (BELL, 1993). La jeune plantule se
détache une fois à maturité, c'est-à-dire une fois
complétée la « pré-germination »
(ARSENAULT et al., 1995). La germination provoque une
élongation de l'hypocotyle que nous repiquons ensuite dans la vase. Le
repiquage se fait avec l'extrémité effilée
inférieure de la plantule vers le bas, car c'est là que se situe
la radicule (racine séminale) (BELL, 1993).
Le reboisement est uniquement réalisé avec des
palétuviers du genre Rhizophora. Ce choix a été
fait du fait de la viviparité de Rhizophora qui facile le
transport et à le repiquage. Le reboisement d'Avicenia
nécessite une mise en pépinière qui requière plus
de temps et de moyens que le repiquage de Rhizophora (FAO,
2005). On distingue 3 espèces de Rhizopho ra en
Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa et
Rhizophora harrisonii9 (IDEE Casamance et al., 2003).
Aucune attention n'a été portée à l'espèce
de Rhizophora choisie. Nous détaillons dans le chapitre III
partie , page 52, les risques liés à cette non-prise en
compte.
Au cours de notre présentation, nous présentons
l'importance de la reforestation au travers des causes et des
conséquences de la diminution des surfaces de Rhizophora. Nous
voyons que la diminution des surfaces de Rhizophora en Basse-Casamance
participe à deux cycles vicieux : celui de l'abandon des anciennes
rizières villageoises et celui de la diminution de la ressource
halieutique à long terme. Le projet se base sur des affirmations que le
schéma suivant reprend.
Schéma 2 : Causes et conséquences, selon
Océanium, de la diminution de la surface en Rhizophora
(FAUGERE 2009).
7 ISME : International Society for Microbial Ecology,
(Association Internationale pour l'étude de l'écologie
microbienne), association basée à Wageningen au Pays-Bas.
8 On parle de viviparie quand l'hypocotyle
embryonnaire s'allonge avant la chute du fruit et des graines (BELL, 1993).
9 Son nom vernaculaire est « petit
palétuvier »
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Nous ne détaillons pas la participation de la
reforestation à lutte contre le réchauffement du climat, car le
dossier de présentation du projet (OCEANIUM, 2008) ne l'aborde pas. La
sensibilisation n'aborde pas cet atout du reboisement. En effet, le stockage du
carbone permet de lutter contre le réchauffement du climat. Par une
recherche bibliographique, nous avons calculé que le projet permet de
stocker 12,826 tonnes de CO2/ha/an. Le projet de reboisement de 1.000 hectares
permet donc de stocker 12.826 tonnes de CO2/an. Le détail du calcul se
trouve en annexe 1, page 85.
I.2.1. La création de nouvelles rizières
défriche la mangrove à Rhizophora
L'histoire de la Casamance est marquée par le primat de
la riziculture sur l'ensemble des systèmes productifs. On estime
l'introduction de la riziculture vers 1500-800 av. J. -C. (MONTOROI,
1998)10. Ceci est une réalité encore perceptible
aujourd'hui. En 1996 on dénombre 22.000 hectares de rizières
exploités dans région de Ziguinchor (MONTOROI, 1996). Sur la
photographie satellite suivante, on remarque que les rizières sont a
proximité des villages. On distingue aussi 3 rangs de rizières
inondables: profondes, moyennes et hautes11.
Carte 2: Localisation en Basse-Casamance des villages
de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008
modifié depuis Google EarthTM). Légende : A,B : zone de
mangrove - F : rizières profondes - G : rizières moyennes - H :
rizières hautes - E : Foret de plateau
La photographie de l'annexe 14 est prise au niveau du sol, le
long du transect, depuis F vers A et B.
10 « Le riz Oryza glaberrima (le riz africain), est
encore utilisé chez les Diolas dans les rites pour préserver le
lien avec les ancêtres » (ADRAO, 2005).
11 Dans les rizières hautes et moyennes, les rendements
effectifs en pluvial se situent en moyenne à 1 t/ha (MONTOROI, 1996).
Néanmoins ce rendement est obtenu avec très peu d'intrants
(engrais, pesticides et équipements) et est plus rentable que dans le
bassin de l'Anambé (UNEP, 2005) qui se situe sous la même courbe
isohyète 1.000 mm en cumule pluviométrique sur l'année
2005 (CSE, 2005). « Les rizières hautes et moyennes sont
situées à l'aval des terres bien drainés et en amont du
niveau atteint par les eaux salées lors des plus fortes marées.
Le sol de cette zone intermédiaire en pente douce, presque insensible,
portait probablement, à l'état naturel, une forêt
marécageuse ou humide, exclusivement alimentée par de l'eau de
douce provenant des pluies et des suintements » (VANDEN BERGHEN et
al. 1999).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Les casiers rizicoles du village sont à
proximité des bras du fleuve, car la riziculture nécessite
beaucoup d'eau. Les bras du fleuve sont les bolon(s)12, et
sont caractéristiques de la ria13 du fleuve Casamance
(OLIVRY, 1987). Le transect suivant illustre que ces bolons sont
colonisés par la mangrove à Rhizophora.
Schéma 3 : Transect perpendiculaire à un
bolon qui localise les zones de mangrove (VANDEN BERGHEN
et al., 1999). Légende : A : Mangrove à «
palétuviers rouge », Rhizophora mangle - B :
mangrove à Avicenia sp.14
« palétuviers blancs » - C : Fourré marquant la
lisière des terres salées - D : Forêt dense
marécageuse de pente - E : Foret dense de plateau.
La défriche de la mangrove à Rhizophora
est nécessaire pour l'installation d'une nouvelle rizière. La
photographie de l'annexe 13 illustre le recul de la mangrove suite à la
création de la rizière à Tobor. La défriche se fait
en plusieurs étapes illustrée par le schéma ci
après. La défriche requière la coupe franche de tous les
Rhizophora.
Schéma 4 : Transects perpendiculaires au lit du
bolon des phases successives de la mise en culture d'une
rizière
profonde (VANDEN BERGHEN, et al.
1999).
« Légende : A : Zonation de la
végétation naturelle, avant le début des travaux. De
gauche à droite : la plaine alluviale portant une mangrove à
« palétuviers rouges » et, un peu plus haut, à «
palétuviers blancs » ; le fourré de lisière de la
mangrove ; une forêt marécageuse sur la pente douce aboutissant
à une basse terrasse.
12 Terme d'origine Mandingue désignant un bras
de mer bordé de palétuviers (OCEANIUM, 2008)
13 Embouchure fluviale envahie par la mer
(BRUNET-MORET, 1970).
14 Pour l'auteur, « B » sont des «
palétuviers blancs ». Or les palétuviers blancs sont
Laguncularia racemosa (SITI, 2008) et sont des arbustes ou
petits arbres branchus à la base, comme l'illustre le dessin suivant :
Schéma de Laguncularia racemosa par (BERTRAND,
1991). IL semble y avoir une confusion sur la variété
citée par BERHEN (palétuviers noirs et non pas blancs).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
L'eau salée, sur le schéma, est à son
niveau le plus bas : lors d'une forte marée, elle recouvrira l'ensemble
de la mangrove jusqu'au fourré de lisière.- B : Deux digues
parallèles entre elles ont été édifiées :
elles sont percées de drains. Les terres endiguées ont
été défrichées. L'eau salée sur le
schéma, est à son niveau le plus élevé ; les drains
de la digue externe ayant été bouchés, elle ne peut plus
inonder les terres qui seront dessalées et mises en culture. - C :
Durant la saison des pluies, les terres mises à l'abri d'une inondation
par de l'eau salée sont inondées par de l'eau douce. Sur le
schéma, l'au salée est à son niveau le plus bas. L'eau
retenue derrière la digue est devenue saumâtre parce qu'une
fraction du sel contenu dans le sol s 'y est dissoute. En ouvrant les drains,
cette eau se déversera dans le bolon. - D : La parcelle la plus proche
du bolon n'a pas été labourée ; elle est utilisée
comme zone-tampon. La parcelle proche de la terrasse a été
travaillée : des plantules de riz ont été plantées
sur des banquettes. De l'eau douce est retenue derrière la digue interne
; elle peut être maintenue à un niveau optimal pour la culture du
riz par l'ouverture ou la fermeture des drains de la digue interne »
(VANDEN BERGHEN et al., 1999).
I.2.2. La disparition des Rhizophora laisse le sel entrer
dans les rizières
L'hydrologie superficielle de la Basse-Casamance est
dominée par la mer15 et en raison d'un relief très
plat16 et d'une pluviométrie déficitaire, la zone a
des problèmes très aigus de salinisation des rizières
(POSNER, 1988). Sur toute la Casamance, il s'agit de lutter pour la
récupération de 2.400 ha de rizières salées, et de
protéger 15.000 ha contre la montée des eaux salées
(DIEDHIOU, 1999).
Pour OCEANIUM, « La mangrove constitue un barrage naturel
contre le sel qui menace les rizières » (OCEANIUM, 2008).
BOUDOURESQUE17 nous renseigne que chez
Rhizophora, l'absorption du sel (chlorure de sodium, NaCl) est
bloquée au niveau des racines, grâce à l'absorption
sélective des ions potassium. Le barrage se fait donc au niveau des
racines. LEBRUSQ (1987) nous informe que dans les vasières à
mangrove des mouvements de nappes d'eau salée profondes allant du bolon
vers le plateau se réalisent. Par ailleurs MARIUS (1985) nous informe
que la rhizosphère des mangroves à Rhizophora est de 1
mètre de profondeur. La nappe d'eau salée passe donc sous la
mangrove. La mangrove ne constitue donc pas un barrage contre le sel.
Je n'ai trouvé aucune publication, scientifique ou
autre, vérifiant l'hypothèse selon laquelle la mangrove constitue
un barrage naturel contre le sel. Nous tentons d'apporter, dans la partie II.,
page 39, un avis sur le rôle de la mangrove dans la lutte contre la
salinisation des rizières.
I.2.3. Les villageois coupent la mangrove à
Rhizophora
En tant que matériau technologique, le
palétuvier joue un rôle important dans le fonctionnement des
populations de Casamance. « Le bois de nombreuses espèces de
palétuviers étant considéré comme durable et
résistant aux termites, on en fait des pieux et des poteaux largement
utilisés pour la construction de maisons rurales et de fondations
urbaines » (GAUDIN, 2006). Le Rhizophora tient une place
d'autant plus importante qu'il sert à construire les habitations des
casaçais. « La construction d'une case requiert 5 à 6
perches d'une circonférence moyenne de 22 cm. Un pieu d'environ 25
à 30 cm de circonférence est placé au centre de la case.
Ce poteau aide les chevrons à supporter la case. Le toit est
composé de 30 lattes d'une circonférence moyenne de 10 cm
» (VANDEN
15 La Basse-Casamance est un milieu paralique (milieu
lagunaire côtier soumis à l'influence marine) (OLIVRY, 1987).
16 Les crêtes d'interfluves (ligne de partage
des eaux de pluie) ne dépassent pas 30 à 40 mètres
d'altitude (OLIVRY, 1987).
17 Charles François BOUDOURESQUE est
océanologue et professeur en « structure et
fonctionnement des écosystèmes benthiques marins » à
l'Université de Marseille.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
BERGHEN, 1999). Le Rhizophora est aussi utilisé comme
bois de chauffe car il est reconnu pour ses propriétés
calorifiques. « Rhizophora est particulièrement
populaire car son bois est lourd, brûle en donnant une chaleur uniforme
et peu de fumée » (GAUDIN, 2006). Le bois de
Rhizophora donne aussi d'excellents piquets : les dalles des ponceaux
menant aux bras de mer sont supportées par des piquets en bois de
palétuvier (VANDEN BERGHEN et al., 1999).
Rhizophora est donc appréciés comme
bois d'oeuvre et bois de chauffe. A l'occasion de son utilisation, les
casaçais coupent la mangrove. La disparition du Rhizophora
constitue aujourd'hui un manque pour les populations qui l'utilisent.
I.2.4. Sans Rhizophora, plus de poisson
OCEANIUM fait le constat que « sans mangrove, plus de
poisson ». Nous détaillons le raisonnement d'OCEANIUM en deux
parties. Tout d'abord nous expliquons pourquoi OCEANIUM dit que « sans
Rhizophora, plus d'habitat pour les poissons », ensuite nous
expliquons pourquoi OCEANIUM affirme que « sans habitat, plus de poissons
».
Sans Rhizophora , plus d'habitat pour les
poissons.
Le schéma suivant illustre la localisation et le tonnage
des espèces les plus pêchées en Casamance.
Figure 4 : Répartition du tonnage de pêche
et des espèces dominantes le long du fleuve Casamance,
(BARAN
(1995) et COMIER-SALEM (1986), modifié par FAUGERE,
2008).
Légende : Cette figure met en parallèle
l'abondance de la mangrove (en gris clair) avec la quantité et les
espèces de poisson pêché le long du fleuve. Le fond de
carte utilisé a été établi par le CSE pour le
programme RENZOH (Réseau National des Zones Humides) de l 'UICN (Union
Mondiale pour la Conservation de la
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Nature). La répartition des quantités
pêchées est issue de l'étude de COMIER-SALEM (1986) et les
noms des espèces dominantes sont issus de l'étude de (BARAN,
1995).
On note que la mangrove est plus présente en
aval18 du fleuve qu'en amont. Ce constat est repris par
l'étude du Conseil Régional de Ziguinchor (Conseil
régional de Ziguinchor, 2003) selon lequel en 1980, 80% des mangroves de
Casamance se situent dans la région de Ziguinchor (qui forme l'aval du
fleuve). On note que les sardinelles jaunes (Ethmalosa fimbriata) et
les mulets (Liza falcipinnis) sont présents dans la zone
où la mangrove est la plus abondante (IDEE Casamance, 2008). Les
photographies ci-après représentent Ethmalosa fimbriata
et Liza falcipinnis.
photographie 1 : Ethmalosa fimbriata et Liza
falcipinnis d'après TITO DE MORAIS et al.,
(2007).
Ethmalosa fimbriata et Liza falcipinnis sont
des poissons de taille moyenne qu'on pêche dans les mangroves de
Basse-Casamance. Du fait de leur taille ils se refugient à marée
haute entre les racines échasses19 des Rhizophora,
et à marée basse dans les interstices formés sous la masse
de terre retenue par les racines de la mangrove, comme l'illustre le
schéma suivant.
Schéma 5 : Représentation
schématique de la zone de frayère de la mangrove
(KATHIRESAN, et al., 2001 modifié
par FAUGERE, 2009).
18 Par la suite nous nommons la zone aval par la région
naturelle qu'elle couvre : la Basse-Casamance. Cette zone correspond aussi
à la région administrative de la région de Ziguinchor (qui
recouvre 3 départements : Ziguinchor, Bignona au nord, Oussouye à
l'Ouest).
19L es racines des Rhizophora sont qualifiées
de « échasses » pour l'allure qu'elles leurs donnent. Les
palétuviers Bruguiera et Heritiera ont des «
racines en arceaux », tandis que les palétuviers Sonneratia,
Carapa, Avicenia ont des « racines-asperges » (pneumatophores)
(HUBERMAN, 1972).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Di
Diagramme 1 : Évolution de la valeur à la
débarque, en million de FCFA, par espèce de 2001 à
2003 (IDEE Casamance, 2008).
spè
300
200
100
0
Année 2001; 173
Année 2002;
223 Année 2003;
169
On note que les recettes des captures d'ethmaloses sont
globalement les mêmes de 2001 à 2003, autour de 200 millions de
FCFA, alors que le tonnage à la débarque a doublé.
Dès lors on peut supposer que les ethmaloses se vendent moins bien parce
qu'elles sont plus petites. En effet, COMIER-SALEM nous renseigne que le prix
au détail en 1992 de la carpe Sarotherodon melanotheron
(tilapia des estuaires) évolue du simple au double à mesure
qu'on augmente de taille (petite carpe à 82 FCFA/kg, moyenne à
160 FCFA/kg et grande à 391 FCFA/kg). Nous n'avons malheureusement pas
les prix pour les ethmaloses mais Sarotherodon melanotheron et
Ethmalosa fimbriata sont de la même catégorie (en prix et
en taille). Les poissons les plus petits sont pêchés parce qu'ils
ne peuvent plus se réfugier entre les racines échasses de la
mangrove. Les plus petits poissons sont aussi les plus jeunes (BARAN, 1995).
Les filets prennent donc des poissons de plus en plus petits, ce qui compromet
le renouvellement de la ressource (OCEANIUM, 2008).
I.2.5. L'augmentation de la salinité du fleuve tue
la mangrove
OCEANIUM fait le constat que « la salinité du
fleuve a augmenté ces dernières décennies» et
que « l'accumulation du sel tue la mangrove ». OCEANIUM en
conclut que l'augmentation de la salinité du fleuve tue la mangrove.
Nous détaillons le raisonnement d'OCEANIUM.
La salinité du fleuve a augmenté ces
dernières décennies
La salinité d'un lieu dépend de la
pénétration des marées, c'est-à-dire de leur
amplitude et de la topographie locale (BLESGRAAF et al., 2006). En
Basse-Casamance les eaux marines pénètrent profondément
dans le fleuve (OLIVRY, 1987). Dans la partie occidentale du fleuve (de
l'embouchure à Goudomp) la topographie est quasi plane (un
dénivelé d'environ 80 m sur 250 km de long) (BLESGRAAF et
al., 2006).
En considérant ces facteurs, le graphique suivant illustre
que la concentration en sel de l'eau du fleuve a augmenté ces
dernières décennies.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Graphique 2: Augmentation interannuelle de la
concentration en sel en fin de saison sèche en 1971 et 1984 le long du
fleuve Casamance (OLIVRY, 1987).
On note que de 1971 à 1984 la salinité du fleuve
a augmentée d'environ 25g/L au kilomètre 90, et 1 20g/L en amont.
« Cette progressive salinisation, dans le temps et de l'aval vers
l'amont, est due à une compensation des pertes par évaporation
par un excédent des volumes du flot (venu de l'aval) par rapport aux
volumes du jusant (ces volumes sont induits par l'onde de
marée)» (OLIVRY, 1987).
L'accumulation de sel tue la mangrove.
Suite au balancement des marées du fleuve, le sel s'est
accumulé dans les nappes d'eau souterraines des sols de mangrove
(MARIUS, 1985). Le déficit hydrique de ces dernières
années, lié à la sécheresse (LEBRUSQ, et
al., 1987) ou à l'arrêt du balancement des marées (cf.
partie III.3.1, page 52), a fait remonter le sel par capillarité
(Com.Pers. SOW, 2008). Le sel s'accumule et a un effet négatif
sur la végétation de mangrove (PAGES, et al., 1987),
bien que Rhizophora soit euryhalin, c'est-à-dire qu'il supporte
de grandes variations de salinité (ROBERTSON et al., 1992).
Nous n'avons pas trouvé de publications sur les conséquences de
l'augmentation de la concentration en sel de l'eau sur la biologie du
Rhizophora. Nous avons pourtant posé ces questions aux
scientifiques inscrits au forum de partage dédié à la
recherche sur les mangroves, créé par l'Université de
Perth en Australie20. On nous a recommandé de se
référer aux travaux de BIBER Patrick sur les Rhizophora
mangle, sans nous proposer de document.
En complément, nous recommandons une étude
approfondie de l'impact des sols salés de Basse-Casamance sur la
biologie du Rhizophora de Basse-Casamance. Cette étude doit
prendre en compte que chaque espèce de mangrove a son propre optimum de
salinité. Une concentration supérieure à cet optimum
induit une respiration proportionnellement supérieure, et une
concentration inférieure à cet optimum induit une maximisation de
la photosynthèse (THOM, 1984).
20 L'adresse du forum est :
http://lists.murdoch.edu.au/mailman/listinfo/mangrove
. Ce forum est très actif (une requête en moyenne par
semaine) et regroupe des centaines de chercheurs, essentiellement
d'Océanie et d'Asie.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
I.3. La méthode du reboisement
I.3.1. Participation volontaire de 130 villages
La sensibilisation pour la campagne 2008 s'appuie sur les
résultats des campagnes précédentes. « De nombreux
villages autour de Tobor (reboisé en 2006 et en 2007) ont
été sensibilisés par les résultats encourageants
obtenus et nous ont sollicités spontanément » (OCEANIUM,
2008). De plus, « les actions de 2006 et de 2007 sont accompagnées
d'un lobbying médiatique qui a amorcé une dynamique »
(OCEANIUM, 2008). En décembre 2007 une « réunion de suivi
» a été organisée pour le reboisement effectué
en 2006. Elle a permis de mettre en place le reboisement de 2008 avec les 10
villages qui ont participé à la campagne de 2007.
Du 27 février au 2 mars 2008 une mission de
sensibilisation permet d'établir des « responsables de
zone » pour chacune des zones de repiquage et de collecte. En 13
jours cette mission a effectué 12 cinéma-débats autour
d'un film qui aborde les problématiques environnementales au
Sénégal et d'un quizz sur les activités d'OCEANIUM. Elle a
aussi effectué 9 réunions de briefing et de formation au guide
technique du repiquage21, 2 visites de sites de repiquage (à
Diannah et à Digobel) et 8 annonces sonores en véhicule dans les
villages (le responsable de zone appelle les villageois à la
mobilisation). A l'issue de ces 13 jours de mission, 3.100 personnes ont
été sensibilisées.
Le 15 décembre 2006 et le 15 avril 2008 deux
réunions de coordination ont eu lieu. Durant ces réunions les
villageois et les responsables sont appelés à participer de
manière volontaire. Les villageois qui repiquent sont toutefois
indemnisés pour leur mobilisation. L'indemnité n'est seulement
qu'une « motivation » en vue des prochains reboisements et
doit permettre de financer le repas le jour du repiquage. L'indemnité va
de 1.064 FCFA/sac pour la zone 9 à 226 FCFA/sac pour la zone 13 (en date
du 12 octobre 2008). Le plus souvent ce sont les jeunes qui effectuent le
repiquage. Dans ce cas il a été décidé de confier
l'argent au responsable de l'association des jeunes plutôt qu'au
responsable de zone parce qu'il est arrivé qu'un responsable de zone ne
redistribue pas l'argent aux villageois (Com.Pers, Anonyme, 2008). Les
jeunes décident parfois de garder cette somme pour le foyer des jeunes.
Cependant, il n'a pas été possible de voir les
réalisations faites avec les indemnisations des projets de reboisement
de 2006 et 2007.
Océanium doit obtenir l'accord du village pour reboiser
sur ses terres et pour reboiser avec les habitants de son village.
Océanium délègue cette responsabilité aux
responsables de zone. Il est arrivé qu'un jeune responsable de zone
n'arrive pas à obtenir l'adhésion des anciens. Il nous a alors
demandé de nous entretenir avec le chef du village pour obtenir son
accord. Il n'a pas été rare d'utiliser la couverture
médiatique comme argument pour convaincre le chef de l'importance du
reboisement dans son village. Nous avons souvent vu les anciens assister au
repiquage. Cela est d'ailleurs rappelé dans l'affiche du projet, en
annexe 6.
Les partisans écologiques du FEDES
(Fédération Démocratique des Écologistes du
Sénégal), notamment « la jeunesse écologiste
», apportent leur soutien pour l'encadrement des journées de
repiquage, dans des activités de sensibilisation locale et
régionale ainsi que dans la communication régionale et
nationale.
21 Des extraits du guide technique sont en annexe
4.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Bien souvent les responsables sont des jeunes ou des
commerçants. Les responsables prennent leur rôle très
à coeur. Ils rencontrent cependant une difficulté à
fédérer les villages alentours, mais ils n'hésitent pas
à solliciter les techniciens de la communauté rurale pour faire
le relais. Les responsables ne reçoivent pas de per diem et ils
n'hésitent pas solliciter des fonds pour leurs déplacements entre
les villages.
I.3.2. Livraison « sur-mesure »
Où chercher les propagules?
La collecte s'effectue dans les zones qui ont beaucoup de
Rhizophora. Le repiquage s'effectue dans des zones où il y a
suffisamment de Rhizophora vivantes pour penser que les nouvelles
plantules vont survivre, mais où il n'y a pas assez de reproducteurs
pour une régénération naturelle non assistée. La
partie occidentale de la Casamance est la partie qui présente le plus
vaste réseau de « bolons » et le grand
développement de la mangrove (BADIANE, 1987). C'est sur cette zone que
le projet intervient. La carte ci-après localise la mangrove en
Basse-Casamance.
Carte 3 : Localisation de la mangrove le long des deux
premiers tronçons (aval vers amont) du fleuve Casamance en 1997
(ISME, 1997). Légende : La zone en gris foncé est la
zone recouverte par la mangrove.
Le fleuve Casamance peut être découpé en
cinq zones écologiques principales (SAMBA, 1987) dont les bornes sont
situées approximativement aux kilomètres 50, 85, 175 et 220 de
l'embouchure. Cet auteur admet que chacune de ces cinq zones écologiques
fonctionne d'une manière particulière et répondant d'une
façon différente aux variations climatiques.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Le mode opératoire
Le schéma suivant illustre le trajet qu'empreinte une
propagule (graine de Rhizophora) depuis sa collecte jusqu'à son
repiquage.
|
Schéma 7 : Illustration du parcours d'une
propagule depuis sa collecte jusqu'à son repiquage (FAUGERE,
2009).
(1) La collecte se fait à marée haute depuis
une embarcation pour atteindre la cime des palétuviers sans risquer de
s'écorcher sur les huîtres des racines échasses. Il faut
éviter de ramasser les propagules à terre ou de les mettre en
contact avec le sol, car elles risquent d'être attaquées par des
insectes ou des crabes. Il ne faut pas récolter les propagules avec des
points noirs parce que c'est le signe d'une infestation par Poecilips
fallax (SAN VALENTIN, 1980) et elles pourraient infester les autres. On
estime qu'il faut en moyenne 30 minutes pour collecter 2 sacs à
marée haute. Au moment de la collecte il faut garder le péricarpe
(marron) qui sert à protéger la propagule des chocs durant le
transport. Les propagules sont mises dans des sacs de riz. Chaque sac de riz
est rempli d'environ 1.000 propagules pour faciliter le comptage et le
transport.
(2) Il faut maintenir les sacs de propagules à l'abri
de la lumière (sous un arbre par exemple) pour empêcher la
poursuite de la germination, et les humidifier pour éviter qu'elles
sèchent. Il est possible de les garder ainsi 1 à 4 mois en les
conservant à température ambiante, tout en gardant un taux de
survie de 60 à 90 % à la germination (Banque Mondiale et
al., 2003). Les propagules sont collectées localement pour assurer
une adaptation et une survie des jeunes plants, pour minimiser les
déplacements, et pour collecter uniquement les propagules matures.
(3) Les sacs sont transportés en camions jusqu'au lieu
de repiquage. La photographie de l'annexe 11 illustre le chargement à
Diakène Wolof. Le camion utilisé est un camion tout- terrain qui
peut contenir jusqu'à 400 sacs. Les sites de repiquage sont
définis par les villageois, en suivant les indications du guide
technique de repiquage fourni par OCEANIUM (des extraits du guide technique
sont en annexe 4). Les zones de mangrove Rhizophora, tels
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
que définies dans ce guide, sont à la fois des
zones inondées chaque jour par les marées même au plus fort
de la saison sèche (c'est-à-dire les berges et les zones les plus
proches des bolons et des vasières). Il faut éviter les endroits
où les vagues ou les courants sont forts. Il faut choisir en
priorité les zones où il reste des rhizophora en bonne
santé. Il faut un sol de « potopoto »22 et
éviter le sable. Le repiquage s'effectue en zone intertidale.
L'étude de la propagation des marées sur une échelle
limnimétrique révèle que l'onde de la marée remonte
dans le fleuve Casamance jusqu'à plus de 200 km de son embouchure
(BRUNET-MORET, 1970)23. Le graphique suivant illustre que
l'amplitude maximale de la marée à Ziguinchor est de l'ordre de 1
mètre et que les marées sont en décalage suivant la
proximité de l'embouchure.
Schéma 8 : Évolution de l'amplitude des
marées diurnes et semi-diurnes en Basse-Casamance
(BRUNET-MORET, 1970).
La photographie satellite suivante est issue du logiciel Google
EarthTM et a été prise le 20 avril 2004. Elle permet
d'illustrer l'étendue de la zone intertidale au niveau de Ziguinchor.
Carte 4 : Illustration de l'étendue de la zone
intertidale sur la rive nord du fleuve Casamance au niveau de
Ziguinchor (FAUGERE, 2009, modifié de
Google EarthTM, 2004).
22 Terme empreinté à (CORMIER-SALEM,
1991) pour désigner la vase molle autour des mangroves.
23 Ingénieur hydrologue de l'ORSTOM
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
On note que la zone intertidale, comprise entre le niveau des
hautes mers et le niveau des basses mers s'étend sur environ 4 km
à partir de la rive nord du fleuve Casamance, au niveau de Ziguinchor.
Cette zone est traversée par un axe routier qui débute par le
pont Émile Badiane au sud et qui termine à Tobor au nord.
Dans cette zone intertidale et le long de l'axe routier,
Océanium a permis de reboiser 65.000 propagules le 30 Septembre 2006 (13
hectares avec un taux de reprise après un an de 85%, d'après
OCEANIUM 2008), 120.000 propagules en 2007 (sur 24 hectares) et 147.000
propagules en 2008 (sur 29,4 hectares). C'est donc au total 69,9 hectares qui
ont été reboisés dans cette zone en 3 ans.
(4) Au moment de repiquer les propagules, il faut retirer le
péricarpe et placer le bout de l'hypocotyle verticalement dans la boue.
Une équipe de personnes retire le péricarpe des propagules et les
met dans des seaux en plastique. Pendant ce temps une seconde équipe
plante l'hypocotyle dans la vase. Il est plus facile de planter à
marée basse car on s'enfonce moins dans le « poto-poto
», on prend donc moins de temps à planter, et on évite de
marcher sur les propagules plantées qui dépassent d'une vingtaine
de centimètre du sol et qui sont rapidement sous l'eau. Les
photographies de l'affiche de communication durant le reboisement, en annexe 9,
permet de se rendre compte de la situation. Au moment de planter il faut
veiller à respecter un espacement entre les propagules plantées.
L'espacement choisi par OCEANIUM est de 2 m entre les lignes et 1m entre les
plants, soit 5.000 propagules/ha.
Le calendrier des repiquages et celui des collectes doivent
être gérés ensemble. Les propagules ne doivent pas
être collectées sans qu'un site soit prêt à
être reboisé, et on ne peut pas prévoir de reboiser un site
sans être sûr d'avoir les quantités suffisantes en
propagules mâtures et collectées.
Les sacs de propagules sont parfois laissés aux
villageois pour qu'ils reboisent sans que l'équipe d'Océanium ait
besoin d'être là. Nous ne pouvons pas assister à tous les
repiquages (il y en a parfois plus d'un par village). Nous faisons
aléatoirement des visites de contrôle pour les repiquages auxquels
nous n'avons pas assisté. Il arrive que les préconisations du
guide technique de repiquage (en annexe 4) ne soient pas respectées. Le
plus souvent ce sont les espacements qui ne sont pas respectés. Nous
avons considéré que cette non-conformité n'empêche
pas les propagules de prendre racine et qu'à l'état naturel la
distance est aléatoire. Nous avons considérer que les 5 millions
de propagules ont bien été repiquées car nous avons
distribué 6.302 sacs, soit 26% en plus que ce qui a été
prévu. Nous pouvons ainsi couvrir une marge d'erreur de 260 propagules
par sac. Il nous semble raisonnable de considérer qu'au total au moins
les 3/4 des sacs ont été replantés correctement. Nous
avons donc bien planté 10 fois plus de propagules en 2008 qu'en
200724.
(5) A la fin de chaque journée le chauffeur remplit
une feuille de « suivi de parcours » faisant état des
endroits où il a chargé et déchargé les sacs de
propagule. Une fois rentré à la base, le chauffeur me remet cette
fiche. Les données de la fiche sont immédiatement rentrées
dans un tableur Excel permettant d'indiquer le trajet de chaque propagule :
« tel village a collecté tant de propagules ce jour là,
elles ont été distribuées à ce village ce jour-ci
» ou « tel village a reçu tant de propagules ce jour
là, ces propagules ont été récoltées tel
jour par tel village ». Ce suivi a permis d'indiquer au jour le jour
à chacun des villages le nombre de propagules
collectées/replantées ainsi que leur provenance/destination (cf
annexe 2, page 86). Les
24 En 2007, 500.000 propagules ont été
plantées (OCEANIUM, 2008). Nous avons donc bien planté 10 fois
plus de propagules en 2008 qu'en 2007. Le premier objectif spécifique
est satisfait.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
données sont affichées à la
base25, à Bignona, de manière à ce que les
visiteurs (journalistes, villageois ou voisinage) et les équipes de
terrain puissent avoir très rapidement un bilan de la situation. A la
fin de la campagne de reboisement, le chiffre total de propagules
plantées par village est reporté dans un fichier «
Google EarthTM». Avec un suivi par image satellite
depuis Google EarthTM il est alors possible d'estimer le taux de
survie, sachant qu'on estime que 1 hectare représente 5.000 propagules
plantées.
Une fois que les équipes sont en place il faut
s'assurer qu'elles sont approvisionnées en sacs de propagules au moment
où elles sont disponibles pour reboiser. Le repiquage de
Rhizophora doit se faire peu de temps après la cueillette des
propagules, pour éviter qu'elles meurent. Les propagules sont
mûres aux alentours de juillet. Le repiquage doit donc se faire en saison
des pluies (entre juillet et octobre). Cette période coïncide avec
beaucoup d'activités villageoises. C'est en effet la période de
travail du riz.
etat de la saison des pluies
|
début
|
|
|
milieu-fin
|
période habituelle du calendrier
|
de fin juin à début juillet
|
de début juillet à mi Aout
|
de début juillet à mi Aout
|
entre le 15 Aout et le 15 Octobre
|
travail
|
aménagement des
pépinières:
|
préparation du sol:
|
restauration des
|
repiquage: extraire les plantes du sol sans
blesser les racines, detacher le sable, transport jusqu'au rizières dans
des paniers, placer les plantules dans des trous sur la diguette et les
aligner
|
enrichissement du sol par des apports d'engrais organisques
(extraits de la fosse domestique)*, semi à la volée, recouvrement
du semi par une fine couche de terre prélevée dans les sillons,
surveiller la semi contre les oiseaux granivores, eventuellement proteger les
surfaces ensemencées (par des feuilles de palmier)
|
digues et des
|
elimination des plantes les plus robustes au "coupe- coupe",
laboure au kayendo**
|
diguettes: sarclage à la hachette et
à la main des plantes semi- ligneuses de grande taille***
|
main d'oeuvre
|
les femmes
|
hommes, jeunes hommes
|
jeunes
|
femmes
|
Tableau 2 : Calendrier des travaux de
riziculture (VANDEN BERGHEN et al., 1999
modifié par FAUGERE, 2009) *parfois le sommet d'une termitière
est décapé et la terre argileuse est répandue sur la
rizière pour améliorer la texture du sol **le kayendo est une
pelle à long manche
***elles sont ensuite séchées et
brûlées, les cendres sont étalées sur le sol des
rizières.
On note que le travail du riz se fait en fonction de la
pluviométrie et demande beaucoup de travail.
La période de reboisement coïncide aussi avec
beaucoup d'activités culturelles et religieuses (mariages,
décès, fête de circoncision, jeun). Nous avons
été confrontés à des imprévus, notamment des
décès qui mobilisent des villages entiers.
Carte 5 : Illustration de la diversité des
religions en Basse-Casamance (LE FUR, 1988).
25 La base est une petite maison de Bignona. Tous les
frais liés à la base (location sur 6 mois, équipement,
entretien) équivalent à 1% du budget (275.000FCFA, soit 420
€).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
On note que plusieurs religions coexistent en Casamance, avec
une prépondérance pour l'ISLAM. Bien que cette carte date de 1988
on note encore aujourd'hui un patchwork des religions en Basse-Casamance. Il
n'est pas rare que le reboisement se fasse en présence de l'imam. On
retrouve dans le reboisement certains principes évoqués par des
versets du Coran sur la gestion durable des ressources naturelles de leur
territoire (anonyme, 2007). 277 versets coraniques et 27 hadiths concernent la
sauvegarde de l'environnement (AHOUANSOU SOVI, 1998)26. Le
reboisement a été réalisé sur la même
période que le ramadan (du 2 septembre au 2 octobre). Étant
donné que le ramadan est suivi par la plupart des personnes qui
reboisent, il a fallu adapter les horaires de reboisement pour éviter de
faire des travaux physiques quand le soleil est au zénith.
D'autre part, la coordinatrice du projet, Élise Kabo,
est issu d'une famille très respectée, notamment parce que sa
mère, Baynouk27, était gardienne des bois
sacrés. A ce titre elle est conviée à de nombreuses
cérémonies religieuses. Son absence n'a pas empêché
les activités mais les a parfois rendues plus compliquées.
De plus, la plupart des villageois qui viennent reboiser sont
des jeunes. Les jeunes organisent pendant l'été des tournois
sportifs, de lutte et de football. Nous avons pris en compte le calendrier
sportif pour planifier les interventions. Les véhicules sont mis
à rude épreuve et les pluies ne facilitent pas l'accès aux
villages enclavés. Les imprévus les plus pénalisants sont
les « embourbages » à répétition
pouvant immobiliser le camion durant plusieurs jours. Nous avons dû faire
face à de nombreux autres imprévus, parmi lesquels des pannes
mécaniques à répétition, quelques contrôles
militaires prolongés, un contentieux sérieux avec un camion que
nous avions loué et des vols de sacs de propagules (sacs vides et sacs
pleins).
Pour s'assurer que toutes les zones de reboisement soient
prêtent au bon moment, j 'ai mis en place une procédure de suivi
des disponibilités. Il a fallu joindre par téléphone tous
les responsables de zones pour convenir avec eux des impératifs et des
dates auxquels ils ne seraient pas disponibles. Il a été
demandé aux responsables de zone de contacter tous les villages
disponibles dans leur secteur pour établir des listes. Un appui
financier de 1.000 FCFA en crédit de téléphone leur a
été envoyé par texto et un appel régulier a
été effectué. Le total des frais de coordination est de 1
million de FCFA (4% du budget total du reboisement, au 15 novembre 2008). La
chaine des résultats obtenus par le mode opératoire
présenté ci- dessus est la suivante.
Résultat
|
Apport d'OCEANIUM
|
Produit
|
Effet
|
organisation d'une équipe de planteur ou de collecteur par
village
|
guide technique; fonds pour la coordination entre les villages
d'une même zone; sacs pour les propagules;
|
responsable de zone formé
|
encadrement assuré
|
Fonctionnement d'une logistique pour l'approvisionnement et la
plantation
|
coordination par téléphone; location d'un second
camion
|
suivi des disponibilités
|
grande réactivité
|
récuperati on de 5 millions de propagules et faire
participer les 130 villages
|
planning adapté; vérification aléatoire des
sacs (sur la qualité et la quantité)
|
suivi au jour le jour
|
interventions précises et personnalisées
|
Tableau 3 : Chaine des effets pour les résultats
de l'objectif spécifique « planter 10 fois plus qu'en 2007
»
(FAUGERE, 2009, modifié de PNUD, 2002).
I.4. Les résultats obtenus
26 AHOUANSOU SOVI est consultant en Gestion des
Ressources Naturelles
27 Les Baynouk sont les peuples
primo-arrivants en Basse-Casamance.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
I.4.1. Plus de 5 millions de propagules sont
plantées
La campagne de reboisement s'est étalée du 17
août (date de la première collecte à Samatite) à
mi-octobre (date du dernier repiquage). Durant cette période il y a eu
45 jours de reboisement. 110 villages ont effectué un repiquage, et 18
ont effectué une collecte. 6.302 sacs de 1.000 propagules environ ont
été utilisés, soit 6.302.000 propagules plantées.
L'objectif de 5 millions de propagules a donc été
dépassé. A cette occasion, Océanium a publié une
affiche (en annexe 8) qui reprend les chiffres clés du reboisement.
La première collecte a commencée le 17
août 2008, dès que les premières propagules ont
été matures dans le sud ouest de la Basse-Casamance, et les
dernières ont été aux alentour du 10 octobre. Mis à
part le village de Diakène Wolof, la moyenne est de 100 sacs
collectés par village. On note une grande différence de
disponibilité en propagules entre les villages au même moment.
Plusieurs facteurs expliquent cela : la surface disponible de mangrove,
l'accessibilité aux mangroves et la disponibilité des
villageois.
Les sacs de propagules collectés sont achetés
1.000 FCFA par sac plein. Nous nous sommes assurés que chaque sac
contenait 1.000 propagules mûres et en pleine santé, en faisant
des comptages aléatoires. Les villages se sont organisés d'eux
même pour la répartition des gains. Dans le village de
Diakène Wolof, qui totalise 72% des collectes, chaque famille note le
nombre de sacs qu'elle collecte pour récupérer ses gains. Le
suivi « au jour le jour » mis en place permet de payer
« au comptant » les villages qui collectent. Malheureusement il n'a
pas été possible de les payer au jour le jour car la
trésorerie ne le permettait pas. En effet, les bailleurs n'ont
versé les fonds qu'en fin de campagne.
Plusieurs zones de repiquage ont pu être
approvisionnées en propagules en même temps. Cela a
été possible car elles sont proches les unes des autres et nous
avons loué un second camion.
I.4.2. Forte mobilisation
Les villageois se sont mobilisés au cours des
journées de travaux communautaires. En moyenne, 100 personnes par
village sont venues reboiser. Nous n'avons pas pu assister à tous les
repiquages, mais les chiffres annoncés par les villageois semblent
correspondre avec l'effort nécessaire à fournir pour reboiser la
quantité de sacs confiée, dans le temps imparti28. Si
la participation n'avait pas été volontaire les ressources
financières nécessaires auraient étés trop
élevés pour le projet. Nous étudierons plus
spécifiquement dans la suite du document la notion de volontariat.
Les villageois ont proposé de veiller chacun à
la protection des parcelles. En effet, la mise en défend physiquement
(contre le parcours du bétail ou le jet des filets de pêche) est
impossible étant donné l'étendue de la campagne et le peu
de moyens. A Marsassoum les gendarmes ont proposé de verbaliser les
pêcheurs qui jetteraient les filets sur les parcelles situées au
niveau du bac.
La chaine des résultats obtenu pour l'objectif
spécifique du reboisement ; « mobiliser 10 fois plus de
villageois qu'en 2007 », a été la suivante.
28 Nous avons remarqué qu'à marée
haute un adulte reboise 1 hectare en 1 heure.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Résultat
|
Apport d'OCEAN I UM
|
Produit
|
Effet
|
Participation
volontaire de 130 villages
|
sensibilisation; prime de collecte; indemnisation de
reboisement; implication dans la vie politique
|
motivation, reconnaissance
|
participation massive
|
Obtention de l'accord du village pour
reboiser sur ses terres
|
réunion avec le chef du village, couverture
médiatique
|
adhésion des anciens
|
légitimation de l'intervention
|
surveillance et protection des zones reboisées
assurées
|
guet par les gendarmes, engagement individuel
|
verbalisation, dénonciation
|
appropriation du projet
|
Tableau 4 : Chaine des effets pour les résultats
de l'objectif spécifique « mobiliser 10 fois plus de villageois
qu'en
2007 » (FAUGERE, 2009 d'après PNUD,
2002).
De grandes ONGs internationales et des ONGs de la
sous-région de protection de l'environnement ont félicité
le projet pour sa contribution au développement rural en lui
décernant le premier prix du « prix PRCM29 pour la
Conservation ». Plus de cent organisations ont participé
à ce prix. Un des six critères pour décerner le prix est
« l'implication des acteurs locaux dans la mise en oeuvre de
l'initiative » (PRCM, 2009). Le projet de reboisement a aussi
séduit de nouveaux mécènes, parmi lesquels la fondation
Danone qui finance le projet de reboisement de 2009.
I.4.3. Rentabilité économique importante
Nous avons calculé un TRIE30 de 72% sur 10 ans
(cf. annexe 3, page 88) du projet de reboisement tel qu'il a été
mis en place.
Pour le calcul du TRIE, nous supposons l'évolution des
Valeurs Économiques Totales (VET) sur un taux de survie de 75% des
Rhizophora plantées en 2008 (soit 1.000 hectares effectifs
à 5.000 pieds/ha) et une évolution constante des prix.
L'évolution choisie est arbitraire. Les valeurs sont estimés
vis-à-vis d'une situation « sans-projet ». Les objectifs
atteints en dixième année sont définis comme suit :
-1/4 des rizières à récupérer sont
exploitées à une rentabilité de 1 T/ha, à 1.000
FCFA la tonne de riz (cf. DIEDHIOU, 1999 : « il s'agit de lutter pour
la récupération de 2.400 ha de rizières salées
»).
-1/4 d'augmentation de la pêche intérieure de 2003
(cf. ENCADRE 1 ci-après, page 35), à 5.000 FCFA la tonne.
-Une légère augmentation des
prélèvements en huîtres sauvage.
Le TRIE est élevé grâce à beaucoup de
capitaux propres (issues de dons pour la plupart) sans annuités et sans
charge.
29 Le PRCM (Programme Régional de
Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l'ouest)
est une initiative conjointe du CSRP (Commission Sous-Régional des
Pêches), du WWF (Fonds Mondial pour la vie sauvage), de Wetlands
International (ONG international de protection des zones humides), de l'UICN
(Union Mondiale pour la Conservation de la Nature), de la FIBA (Fondation
International du Banc d'Arguin).
30 Le TRIE est calculé en recherchant le taux
d'actualisation pour lequel le total des investissements actualisés est
égal au total des valeurs ajoutées actualisées en
calculant investissements et valeurs ajoutées comme la différence
entre situations « sans projet » et « avec projet ».
Exprimé symboliquement, le TRIE correspond à la résolution
de l'équation :
avec VAB= Valeur Ajoutée Brute (annuelle), I=
Investissement, TA=Taux d'actualisation.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Le tableau suivant précise la part importante du fleuve
dans la pêche en Casamance.
10 215
10 309
9 433
7 647
4 349 5 196
Année 2001 Année 2002 Année 2003
9 433 309 10
sous total poisson pêche maritime (en Tonne
métrique)
Sous total poisson pêche intérieure (en Tonne
métrique)
isson
Diagramme 2 : Évolution de 2001 à 2003 de
la proportion des captures du fleuve dans le total des
captures des poissons de Casamance (IDEE Casamance,
2008).
On note que la proportion de poissons pêchés
dans le fleuve sur les 3 années est comprise entre 30 et 45 %.
Les possibilités de la pêcherie fluviale de
Casamance sont estimées à une productivité de 100 Kg/ha/an
(IDEE Casamance, 2008). « Selon la FAO, 14% de la pêche
continentale sont débarqués en Casamance, soit quelque 7 650
tonnes. Suivant la superficie retenue pour le milieu exploité, 400 ou
622 km2 (sur 1.400 km2 de superficie de plan d
'eau31), voire une valeur plus élevée, on trouve des
productions inférieures ou égales à 100 kg/ha/an,
jusqu`à 200 kg/ha/an au maximum. Si l'on rapproche ces chiffres des
productions par ha/an relevées par KAPETSKY en 1984 pour 106 milieux
saumâtres peu profonds, ces valeurs sont relativement
élevées puisque des productions supérieures à 100
kg/ha/an ne sont observées que dans 35 % des cas. Ce point de
repère de 100-200 kg/ha/an indique une exploitation déjà
intensive dans cette zone, mais pas nécessairement saturée
» (IDEE Casamance, 2007) d'après (CORMIER-SALEM,
1994b).
20 000
15 000 us t
10 000
5 000 érieu
0
I.4.4. Outils innovants
Instrumentalisation du politique
Tous les villageois et les responsables de zone sont fiers de
travailler aux cotés de Haïdar car c'est un homme très
respecté en Casamance et qui est très populaire au
Sénégal (cf. page 14, partie ).
Le projet s'appuie fortement sur le parti politique de
Haïdar (le FEDES, Fédération Démocratique des
Écologistes du Sénégal) pour mobiliser les villageois. La
quasi-totalité des 21 responsables de zone32 se revendiquent
du parti politique écologiste FEDES à la tête duquel se
trouve Haïdar EL ALI. La coordinatrice (Élise KABO) est membre du
FEDES et les responsables sous-régionaux des autres projets
d'Océanium (à savoir Fatou DOUCOURE, Malick DJIBA et Julien
BADJI) sont aussi délégués régionaux pour le FEDES.
L'amalgame entre « responsable de zone pour l'ONG » et
« responsable de zone pour le parti » est souvent fait.
Certains responsables n'hésitent pas à dire qu'ils font le
reboisement au nom du parti des écologistes.
La forte mobilisation a aussi été facilitée
par la venue des nombreux journalistes français et
sénégalais (2 photographes, 2 caméramen, plusieurs
reporters).
L'affiche du projet est imprimée en grand sur le flanc
du camion (voir photographie de l'annexe 7). Le camion utilisé navigue
beaucoup et il est parmi les seuls camions tout-terrain de la région. Il
est donc facilement reconnaissable.
31« tout calcul de morphométrie est rendu assez
illusoire, en aval par les innombrables bolons, en amont par les zones
inondées fréquentes » (PAGES, 1986a)
32 7 zones de collecte et 14 zones de reboisement,
parfois un responsable de zone de collecte est aussi responsable de zone de
reboisement.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Méthodes de sensibilisation
La sensibilisation se fait par une unité mobile qui
organise des cinéma-débats. Le cinéma- débat
à l'avantage d'être une mobilisation immédiate et massive
des villageois. L'image est utilisée comme une preuve de la
réalité, et c'est cela qui fait la force de son utilisation. Les
spectateurs sont souvent acteurs (ils s'identifient aux autres villageois) et
manifestent un grand intérêt. Les 12 courts métrages
d'Océanium, traduits en plusieurs langues et dialectes, sont
projetés durant le cinéma-débat.
La sensibilisation s'est aussi effectuée durant les
missions de préparations (cf. page 26, partie I.).
Durant la campagne de reboisement, Océanium a su
profiter d'une diversité d'outils pour communiquer sur son reboisement
de 2008, et ainsi sensibiliser son public. Le budget de communication est de
3.500.000 FCFA environ (14% du budget total du reboisement).
1.600 tee-shirts et 5.000 affiches reprenant le slogan «
plante ton arbre » ont été imprimés et
diffusés dans les villages de reboisement (affiche en annexe 6).
Le slogan a été repris sur les bouteilles d'eau
minérale Kirène (la plus rependue au Sénégal).
Un reportage sur RFI Afrique (Radio France Internationale) est
passé plusieurs fois sur les ondes durant le
reboisement33.
Un reportage de 3 minutes est passé le 24 septembre au
journal télévisé de 20h sur France 2 (chaîne
nationale française d'assez grande audience au Sénégal).
Un reportage est passé sur la chaîne du groupe Walf TV, de
très grande audience nationale.
Trois directs ont été réalisés avec
NAUSICAA34, deux depuis Dakar et un depuis la Casamance.
Des journalistes ont accompagné la mission de
reboisement, pour le compte des journaux suivants: « Le Monde
», « National Géographic », « La
Croix », « Express », « la Tribune
» et « Le Figaro ». Une représentante
du « Lonely Planete » a suivi une partie du reboisement. Des
agences de presses ont communiqué sur les activités de
reboisement d'Oceanium durant le reboisement: AFP (Agence France Presse), APS
(Agence de Presse Senegalaise), APA (Agence de Presse Africaine) et l'IRIN news
(agence de presse humanitaire des Nations Unies). Des magazines
spécialisés ont diffusé l'importance du reboisement
d'Océanium durant le reboisement : VIE (Vert, Info, Environnement,
magazine spécialisé dans l'environnement) et ACACIA (lettre des
amis de l'agriculture durable en Afrique). D'autres magazines ont publié
aussi autour du reboisement d'OCEANIUM durant le reboisement : les magazines
dakarois 221 et Waaw, le magazine d'Air Sénégal: Teranga.
En plus des sites internet des médias cités
précédemment, d'autres sites relaient les activités
d'Océanium:
-
www.ausenegal.com,
-
www.senegalaisement.com,
-
www.france24.com,
-
www.tv5.org,
-
www.afriklive.com,
-
www.orange.fr,
-
www.longitude181.com,
33 Plusieurs interviews et plusieurs annonces ont
été réalisés sur des radios communautaires
régionales (AWANA de Bignona, KABISSEUH de Oussouye, la radio
communautaire de Goudomp) et nationales (Walf FM, Sud FM, RFM, radio
nostalgie).
34 NAUSICAA est le centre national français de
la mer
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
-
www.capskiring.com, -
www.ecolopop.info.
Océanium a obtenu des résultats tangibles et
mesurables, grâce à ses outils innovants et adaptés, et
grâce à son savoir-faire. Les médias et certains organismes
d'intervention sur l'environnement ont fait largement écho de
l'obtention de ces résultats et les mettent en avant comme un gage de
réussite du projet. Dans le chapitre II, nous évaluons si un
projet a atteint son objectif. Pour cela on doit considérer les
résultats obtenus non plus en valeur absolue (le nombre de propagules
plantées, le nombre de villages ayant participé au reboisement)
mais en valeur relative intégrant les facteurs de risques pouvant
compromettre leur durabilité et éventuellement à terme
leur existence même.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
CHAPITRE II : Analyse du projet
Dans le chapitre II nous analysons le projet. Dans une
première partie, cette analyse rend compte de la non-satisfaction des
résultats obtenus vis-à-vis de l'objectif fixé, et de la
non- durabilité des résultats obtenus. Dans une seconde partie,
nous mettons en évidence que certains risques non maîtrisés
auraient pu l'être avant et pendant la mise en oeuvre du projet.
II.1. Analyse des effets du projet en Basse-Casamance
Nous détaillons pourquoi le projet n'est pas «
suffisant » (au-delà d'être « nécessaires»)
pour l'objectif fixé. Pour cela, nous analysons les effets du projet.
Nous nous rendons alors compte que certains effets annoncés ne sont pas
avérés, et que d'autres effets avérés ne sont pas
annoncés.
Nous proposons de corriger le Schéma 2 : Causes et
conséquences, selon Océanium, de la diminution de la surface en
Rhizophora (FAUGERE 2009), de la manière suivante.
Schéma 9 : Correction des causes et des
conséquences annoncées dans le projet par Océanium
(FAUGERE, 2009). Légende : traits discontinus= relations
discutées.
Nous abordons successivement les relations marquées en
pointillé dans ce schéma.
N.B. n°1: Nous n'évoquons pas les
conséquences des digues anti-sel sur la diminution de la surface de
Rhizophora, car, au moment d'écrire ce mémoire, nous
n'avons pas réussi à définir
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
leurs conséquences sur les surfaces de mangrove en
Basse-Casamance. Pour le GRDR35, rencontré à
Ziguinchor en Septembre 2008, les digues anti-sel n'affectent pas la diminution
de la surface en Rhizophora en Basse-Casamance. Pour Monsieur SOW,
responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de l'Ouest pour l'UICN, que
nous avons rencontré en octobre 2008, les digues anti-sel participent au
même titre que les grands projets d'aménagements rizicoles. Faute
de consensus, nous recommandons une étude approfondie des
conséquences des nouvelles digues anti-sel sur la diminution de la
surface en Rhizophora en Basse-Casamance.
N.B. n°2 : Nous n'évoquons pas les
conséquences de l'aménagement de bassins piscicoles et de
crevetticulture car, ces dernières décennies, il ne s'en est pas
créé de nouveau à grande échelle en Basse-Casamance
(CSE, 2008).
N.B n°3 : Nous ne traitons pas de
l'acidification36 des rizières résultant de la coupe
franche de palétuviers Rhizophora, car nous ne connaissons pas
les contraintes que cela implique sur le repiquage des propagules.
II.1.1. La disparition de Rhizophora diminue la
désalinisation des rizières
On retrouve plus de Rhizophora dans la zone où
la salinité est la plus faible (BLESGRAAF et al.
2006)37. Cependant, on ne peut pas en conclure que
Rhizophora diminue la salinité. Je n'ai trouvé aucune
publication relevant l'hypothèse selon laquelle la mangrove constitue un
barrage naturel contre le sel. Cette hypothèse reste donc à
être vérifiée.
Nous proposons une autre hypothèse : la mangrove permet
de lutter contre la salinisation des rizières « en faisant un
bouchon, avec les débris solides issus du couvert forestier »
(BLASCO, 1991) , entre les racines échasses des Rhizophora.
D'une telle manière, la mangrove participe à la
désalinisation des rizières en limitant les entrées d'eau
salée sur les rizières et en conservant plus d'eau douce de pluie
qui ruisselle sur les rizières de mangroves et participe à leur
lessivage et leur désalinisation. En 1988, seulement 6% de la pluie
s'écoulent et participent au lessivage des rizières de mangrove
(POSNER, 1988).
II.1.2. Une augmentation non raisonnée de la
pression de pêche diminue la
ressource halieutique disponible à long
terme
Selon Océanium, la ressource halieutique
s'épuise à mesure que la mangrove disparaît. La mangrove
est le lieu de reproduction, de fraye et de nourrissage de certains poissons
(cf. page 21, partie I.2.4). C'est pour cette raison qu'il faut
réhabiliter la mangrove
Je ne conteste pas cette hypothèse, je suggère
qu'on la croise avec l'hypothèse suivante : la diminution de la
ressource halieutique est aussi due à l'augmentation de l'effort de
pêche et au non-respect des périodes de repos biologique. Il est
important de prendre en compte cette hypothèse notamment au moment du
bilan du projet. On ne peut pas conclure que 100% du retour de la ressource
halieutique est possible grâce au repiquage seul.
35 GRDR : Groupe de recherches et de
réalisations pour le développement rural. Le GRDR est une ONG
internationale qui mène de nombreux projets d'aménagement des
digues anti-sel en Basse-Casamance.
36 On observe une rapide acidification des
rizières peu après la coupe des palétuviers (LE BRUSQ,
1986). « Dès le début de l'aération le pH baisse
rapidement, plus ou moins suivant l'origine des sols » (VIEILLEFON,
1977). « L'acidification ne semble freinée que lorsque la
teneur en eau du sol s'abaisse au-dessous de 35 à 40 % par rapport au
poids de sol sec » (VIEILLEFON, 1977). C'est la
végétation de Rhizophora qui est à l'origine de
l'acidification : « La végétation de mangrove à
Rhizophora est à l'origine d'une concentration en sulfures dans les
sols »(MARIUS, 1985), « leur présence entraine,
après une exondation prolongée, une acidification brutale, forte
(pH 7 à <3 en quelques jours) et irréversible »
(MOUGENOT, et al., 1990).
37 C'est-à-dire que trop de sel
détériore la mangrove, d'où l'expression choisie en
couverture : « trop de sel gâche la marmite ».
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
II.1.3. L'augmentation de la salinité du fleuve peut
diminuer la ressource
halieutique disponible à long terme
La ressource en poisson est affectée par l'augmentation
de la salinité dans le fleuve, indépendamment de la disparition
de la mangrove. « L'acclimatation à la salinité et
à ses variations implique les mécanismes d'osmorégulation.
Ces processus vont engendrer des dépenses énergétiques
fonction de l'intensité et de la durée de la perturbation. Ces
perturbations auront des répercussions directes sur les
caractéristiques biologiques des individus et des populations
(croissance et reproduction) » (LAE, et al., 1992). La
reproduction peut être ralentie. Dans ce cas la ressource halieutique
disponible diminue quand l'effort de pêche augmente.
II.1.4. L'abandon des rizières a conduit à
leur salinisation
Certaines rizières ont été
abandonnées. « En quelques années, des
paysans-pêcheurs diola, sont devenus des pêcheurs maritimes
à plein temps » (CORMIER-SALEM, 1994c). Nous ne contestons pas
que la dégradation de l'environnement a contribué à
amplifier et accé1érer les processus de salinisation des
rizières. Nous suggérons simplement que l'abandon des
rizières a contribué à la salinisation des 2.400 hectares
de rizières salées de Casamance (DIEDHIOU, 1999).
Pour protéger les 15.000 hectares (DIEDHIOU, 1999)
contre la salinisation des rizières, nous proposons d'agir aussi sur le
contexte économique. Les mauvaises récoltes des années de
sécheresses ont poussé les casaçais à se tourner de
plus en plus vers la pêche38 et à abandonner peu
à peu la riziculture39 (CORMIER-SALEM, 1986). Un
défaut d'entretien des rizières peut être la cause de leur
salinisation : « les systèmes d'aménagement des
mangroves permettant la riziculture n'ont pu résister à la crise
faute de main-d'oeuvre suffisante et ont été progressivement
abandonnés par les populations » (BOSC, et al.
1998)
II.1.5. Les grands projets rizicoles ont détruit la
mangrove à Rhizophora
L'enjeu économique est de taille puisque les
importations de riz représentent un tiers du déficit total de la
balance commerciale en 1995 (LINARES, 1989). La zone
éco-géographique de Casamance totalise 61% de l'ensemble des
terres destinées à la riziculture, mais elle ne contribue
qu'à hauteur de 29 % de la production nationale (LINARES, 1989). Les
projets d'aménagement rizicole de 1963 aux années 1990 ont
procédé à l'abattage systématique des
palétuviers sur plusieurs centaines, voire des milliers d'hectares de
mangrove pour l'établissement de nouvelles rizières (DIEDHIOU,
1999).
En 1963 le Sénégal fait appel à
l'assistance technique étrangère, notamment au projet danois
International Land Consultant (ILACO) pour mettre en oeuvre sa « politique
de rattrapage » dont les volets sectoriels s'appuyaient sur les
potentialités agronomiques de chaque région du pays. Ce projet
entreprit des actions de grande portée sur les vallées de
Nyassia, de Kamobeul et de Guidel, des aménagements de moindre
importance dans les vallées de Baïla, de Bignona, de Tobor et, un
peu plus timidement, sur les bolon du Soungrougrou, sur la rive nord du fleuve
(DIEDHIOU, 1999). Le projet menait des essais d'application du modèle
hollandais de poldérisation des sols.
38 « Source de revenus monétaires importants, la
pêche est de plus en plus « prioritaire » pour certains jeunes
qui, corrélativement, négligent les travaux des champs
» (CORMIER-SALEM, 1986).
39 On remarque que la pêche continue même
en hivernage dans un rayon de 5 à 10 km autour des villages (CORMIER-
SALEM, 1986)
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Par la suite, deux missions chinoises se sont
succédé. La première de 1963 à 1972 a
réalisé des casiers de démonstration de culture de riz
d'eau douce. La deuxième, de 1973 à 1979, initia les
premières constructions hydro-agricoles notamment les petits barrages
anti-sel de Diagnon, Mangacounda et celui de retenue de Tamp. Le PIDAC (Projet
Intermédiaire puis Intégré de développement
Agricole de la basse Casamance en 1974 a permis la construction de 29 digues
anti-sel et par conséquent la récupération de 300 hectares
de terres rizicoles salées et la protection de 8.000 hectares. Il a
été successivement financé par le FED, le PNUD et
l'USAID.
Les années 1980 ont vu la naissance de grands barrages
notamment celui de Guidel mis en service en 1983 et celui d'Affiniam mis en
service en 1988. Seulement, les constructions de ces ouvrages n'ont pas
été suivies d'un aménagement en amont suffisant qui aurait
permis une réelle valorisation des terres (DIEDHIOU, 1999).
Au début des années 1990, devant l'échec
de ces aménagements, et face aux restrictions budgétaires, la
tendance a été de multiplier les petits aménagements
réalisables partout où une source et une dénivellation
suffisante sont constatées sur des petits bassins secondaires et
tertiaires menacés par la salinité (DIEDHIOU, 1999). En plus
d'avoir montré que « les micro- barrages ont un taux de
rentabilité beaucoup plus élevé que les grands barrages
comme Guidel40 » (DIEDHIOU, 1999), la politique de relance
de l'agriculture proclamée par l'Etat du Sénégal a
cherché à s'appuyer sur l'agriculture vivrière et les
micro-entreprises rurales pour lutter plus efficacement contre le
déficit vivrier et le déséquilibre de la balance
commerciale du pays (DIEDHIOU, 1999). De nombreux petits barrages dotés
d'ouvrages évacuateurs ont été réalisés dans
différentes vallées de la Casamance avec le projet de
Développement Rural de la Basse Casamance (DERBAC), le Projet pour la
Gestion de l'Eau dans la zone Sud (PROGES), le projet Kamobeul
Bolon41 et, le Projet de Développement de la Vallée de
Baïla42. Divers programmes ont contribué à la fin
des années 90 à la promotion de l'utilisation de
variétés de semences améliorées comme le projet
WINROCK-ISRA et le PROGES (Projet de gestion de l'eau dans la zone sud).
BLESGRAAF (2006) confirme et illustre dans le schéma
ci-après, que la construction des grands barrages de Basse-Casamance
(Guidel, Affiniam) conduit à une sédimentation en aval du barrage
et diminue la surface de mangrove en amont et en aval du barrage.
40 Ce sont les études comparatives
menées par HARZA sur quatre barrages en Casamance (un grand et trois
petits) qui ont permis de tirer une telle conclusion. En effet, ces
études ont montré que le grand barrage de Guidel avait un taux de
rentabilité de 9% en saison pluvieuse et de -3% en saison sèche.
Comparativement, les petits barrages de Birkama avaient un taux de
rentabilité respectif de 47% et 22%, les petits barrages du
Soungroungrou 19,8% et 0,9% et, enfin, le petit barrage de Simbandi Balante 40%
et 22%.
41 Cofinancé par le Sénégal et
la république populaire de Corée avec comme réalisation la
mise en valeur de 6138 hectares de terres douces rizicultivables, la
réalisation de 77km de digues anti-sel ceinture, de 157 km de pistes de
production et de 173 km de canaux de drainage
42 Financé par la BOAD (banque ouest africaine
de développement) et le Sénégal, qui a permis
d'aménager 300ha de terres contre une prévision dans
l'étude de faisabilité de 31.000 hectares de terres.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Schéma 10 : Impact d'un barrage anti-sel
d'Affiniam sur la mangrove (BLESGRAAF, et al., 2006).
On note qu'entre 5 ans et 30 ans après la construction
du barrage la surface de mangrove morte s'agrandit. La construction du barrage
d'Affiniam a donc participé à la diminution de la surface de
Rhizopho ra.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
II.1.6. Les routes ont détruit la mangrove à
Rhizophora
Le projet ne prend pas en compte la modification de
l'écoulement, alors qu'elle peut être fatale à la survie
des Rhizophora repiquées.
Les routes ont modifié le régime des
marées et de l'inondation quotidienne de la Basse- Casamance en
déviant les lits mineurs et en asséchant des bas-fonds. En
faisant obstacle à l'écoulement de l'eau les routes favorisent et
accélèrent la sédimentation. Lorsque la charge
sédimentaire est forte, il s'en suit un relèvement rapide du
substrat. La vitesse de relèvement du substrat varie d'un point à
un autre, en fonction des propriétés géomorphologiques et
hydrodynamiques locales. Il arrive un moment où le relèvement du
substrat par sédimentation asphyxie43 les arbres. Les
mangroves « s 'autodétruisent » en piégeant
dans leurs racines aériennes des sédiments qui ne sont plus
évacués à la suite de l'apparition d'un obstacle à
l'écoulement de l'eau44. Les modifications sur le couvert
végétal se voient à l'oeil nu. Il y a de nombreux «
cimetières de mangrove » en Basse-Casamance. La
photographie de l'annexe 12 illustre le cimetière de mangrove de
Bafican.
Des précautions doivent être prises pour
minimiser l'impact écologique des routes qui traversent la mangrove
(comme par exemple l'axe Ziguinchor-Tobor, cf. Carte 4, page 29). Il faut
minimiser l'interférence avec le flux d'eau en construisant les routes
parallèlement au flot de surface (bolon et marées) (SAENGER,
HEGERL, & DAVIE, 1983) ou en aménageant des passages d'eau.
En rétablissant l'écoulement naturel on
participe aussi à la régénération naturelle des
Rhizopho ra. La régénération observée en
Basse-Casamance est dans un état sanitaire excellent45
(DOYEN, 1985).
II.1.7. L'augmentation du niveau de la mer diminue la
surface de Rhizophora de
l'embouchure
Les projections font état d'une élévation
de 50 cm à 1 m en moyenne à l'horizon 2100. La résolution
VIII de la convention Ramsar recommande, dans la protection et l'utilisation
durable des mangroves, de « prendre des mesures contre l'effet de
l'élévation du niveau de la mer qui pourrait entrainer la perte
d'habitats et de processus génétiques », et de «
tenir compte de l'éventuelle migration des mangroves vers
l'intérieur en réaction à l'élévation du
niveau des mers »(GAUDIN, 2006).
Dans l'estuaire de Gambie, à quelques dizaines de
kilomètres seulement de l'estuaire de la Casamance, la mangrove à
Rhizophora progresse vers l'amont (RUË, 2002). Une étude
de la dynamique des mangroves dans l'estuaire de Casamance permettra d'affiner
l'impact de l'élévation du niveau de la mer sur la diminution de
la mangrove à Rhizophora en Basse- Casamance.
Le projet ne prend pas en compte les effets ...ne prennent pas
en compte tous les facteurs qui agissent sur ses parce qu'il n'a pas
d'activité pour gérer les risques. Nous avons vu que le projet ne
satisfait pas son objectif car ses résultats ne suffisent et ne sont pas
durable.
43 Le manque d'oxygène a plusieurs causes, à
marée basse, lorsque la mer s'est retirée : la taille très
fine des particules d'argile, la persistance d'eau interstitielle,
l'utilisation de l'oxygène par les micro-organismes de
biodégradation et bien entendu, l'épaisseur accrue de la couche
sédimentaire.
44 De plus, la matière organique produite durant toute
la saison sèche demeure pratiquement intacte au sol, en raison de
l'élévation de la salinité et de l'arrêt presque
complet de l'activité microbienne de décomposition. Les arbres
perdent de leur vigueur et progressivement dépérissent.
45 La densité et la vigueur des plants en sont
les critères.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
II.2. Océanium ne s'est pas rendu compte des menaces
pour la durabilité de son projet
Nous avons vu que le projet ne satisfait pas son objectif car
ses résultats ne suffisent et ne sont pas durable. Dans une seconde
partie nous mettons en évidence que certains risques non
maîtrisés auraient pu l'être avant et pendant la mise en
oeuvre du projet.
II.2.1. La collecte dépend du village de
Diakène
Parmi les 18 villages de collecte, Diakène Wolof a
collecté 70% de la collecte totale. Le projet n'a pas non plus
réussi à mobiliser de manière homogène chacun des
villages. De plus, le projet dépend beaucoup de la participation de
Diakène Wolof, sans qui le projet aurait planté seulement
1.890.600 propagules. Si Diakène Wolof ne participe pas à la
réédition du projet en 2009, le projet devra trouver beaucoup
d'autres villages partenaires pour combler à son absence de collecte.
Océanium aurait pu palier à cette dépendance en
prospectant des villages de collecte dans les iles de l'embouchure, notamment
celles du petit Kassa.
II.2.2. Rien ne montre que la participation des 110
villages est volontaire
Le projet s'est conclu sur la participation de 130 villages au
reboisement. Or 18 villages ont collectés et 110 villages ont
effectué un repiquage. Les 18 villages de collecte sont
comptabilisés dans les villages de repiquage (car ils ont
participé au repiquage des 6.302.000 propagules). Ce sont donc 110
villages qui ont participé au reboisement.
Il est indéniable que les villageois des 110 villages
ont fait preuve d'une grande mobilisation (en moyenne 100 personnes par
repiquage) et ont participé aux reboisements dans la bonne humeur.
Olivier HERVIAUX, envoyé spécial pour le journal Le Monde,
présent au moment du reboisement, rapporte : « Tout le village
est rassemblé pour danser et chanter le début de
l'opération de reboisement de la mangrove ».
Cette forte mobilisation n'est pourtant pas la garantie d'un
volontariat. Il ne faut pas confondre spontanéité et volontariat.
Les motivations pour participer au projet ne sont pas toujours le volontariat
véhiculé par la sensibilisation. Lorsqu'on a posé la
question, devant la caméra, « pourquoi êtes vous venu au
reboisement » ils ont répondu :
« Mes amies m'ont expliqué que les blancs sont
venus pour récupérer la mangrove » Mignone COLY, 17
ans, collégienne de Bafican, département d'Oussouye
« Pour aider ceux qui ont fait le programme, et parce
que ça fait plaisir à nos parents » Francis COLY, 20
ans, Darsalam, département de Ziguinchor
« C'est important surtout pour nos parents. Quand ils
nous ont vus ils étaient très contents » Jacques Sagna,
collégien de Bafican, département d'Oussouye
Lorsqu'on a posé la question, devant la caméra,
« pourquoi êtes vous venu à la collecte »
à Emanuel Diatta, il nous a répondu :
« Parce que le maitre, qui est là, nous l'a
demandé »
Emanuel Diatta, 18 ans, collégien de Diakène,
département d'Oussouye
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
La sensibilisation de proximité n'est donc pas bien
comprise, malgré la forte communication autour du projet. La
sensibilisation au quotidien devait être assurée par les
responsables de zones, qui sont les agents de terrain locaux d'OCEANIUM.
Cependant, les responsables de zones n'ont pas suffisamment transmis aux
villageois les enjeux et la méthode décrite dans le guide de
reboisement. Dans certains sacs de propagules, on a retrouvé du sable et
des propagules de 1 an déracinées. De plus, les responsables de
zone ne maitrisent pas tous les enjeux du projet. L'entre-aide n'est jamais
citée comme motivation à leur participation. Quand Arnaud WUST
pose la question « pourquoi c'est important de participer au projet
? » à Eladj SONKO, responsable de la zone de Elinkine,
celui-ci répond seulement « Pour que nos enfants voient la
mangrove ».
Il n'y a pas non plus de prise de conscience de l'entre-aide
au niveau des villageois. Beaucoup de villageois qui collectent pensent
qu'Océanium emmène les sacs de propagule sur Dakar. L'entre-aide
n'est jamais citée comme raison à la participation. Lorsque le 20
septembre 2008, en fin de campagne de reboisement, Arnaud WUST (un journaliste
qui a suivi le projet) questionne Emanuel DIATTA, collégien de 18 ans
à Diakène (le village qui a collecté 70% des propagules du
projet) sur l'intérêt de l'entre-aide, voici ce qu'il
répond:
A.WUST : « est ce que tu te rends compte que ta
participation a permis à plein d'autres gens à une dizaine de
kilomètres de replanter ? Est-ce que tu te rends compte qu'il y a une
sorte de solidarité qui s'est installée ?»
E.DIATTA: « ça permet aussi aux blancs de venir
visiter les îles. Les blancs aiment circuler ici pour regarder le
fleuve »
A.WUST : « Mais pourquoi c'est important de s'aider,
d'aider les autres villages de la Casamance »
E.DIATTA, après un long silence : « ça
aide beaucoup de gens, les pêcheurs et les autres »
Par ailleurs, les villages sont indemnisés46
pour le repiquage. Cette indemnité permet de financer le repas du jour
du repiquage et de « motiver » les villageois en vue des prochains
reboisements. Le montant de l'indemnité varie de 1.064 FCFA/sac (pour la
zone 9) à 226 FCFA/sac (pour la zone 13) (en date du 12 octobre 2008).
Aucune raison n'est donnée par OCEANIUM pour justifier une telle
différence dans un rapport de (1 à 5. On peut supposer que
certains villages nécessitent un plus grand « dédommagement
» que d'autres. Mais un fort dédommagement n'est-il pas
perçu par certains villageois comme « un appât au
gain » ?
Il est nécessaire de mettre en place des indicateurs
pour vérifier l'impact de la sensibilisation au reboisement. Parmi les
indicateurs à mettre en place, les plus importants sont que «
au moins 80% des personnes qui ont assisté à un
cinéma-débat soient capables de citer 3 bénéfices
liés au reboisement », que « au bout de 5 ans les
bénéficiaires ont des pratiques plus durables » et que
« dans 5 ans, 80% des femmes ne coupent plus les racines des
palétuviers à la collecte des huitres ».
La sensibilisation, en plus de traiter de l'importance de la
mangrove pour les villageois, doit aussi traiter de l'importance de leur «
participation » au projet. Aucun film projeté avant le
reboisement ni aucune question du Quizz de sensibilisation n'aborde
spécifiquement ce sujet. Au moment du chargement dans le camion et du
déchargement des sacs, Océanium aurait insisté sur la
provenance et la destination des sacs, et invité les chefs des villages
de collecte à visiter les sites de reboisement, et inversement.
46 Les indemnisations représentent 2.440.000
FCFA, soit 10% du budget total du reboisement (au 15 Novembre 2008).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
II.2.3. Le projet n'est pas participatif
Océanium est reconnue comme expert dans
l'opérationnel de projets participatifs. Pour être participatif,
les villageois doivent prendre part à la planification, à la
préparation et à l'enregistrement des données (LAVIGNE
DELVILLE et al., 2000). La formation à la gestion autonome doit
prendre 70% du temps des activités, contre 30% pour la collecte des
données (GROSSO, 1996). La tendance actuelle est largement
inversée (30% du temps sur la formation, 70% sur la collecte des
données). Il en résulte que les responsables de zone ne sont pas
assez formés pour maîtriser les outils du projet.
Pour inverser la tendance il faut dégager du temps aux
formateurs pour former les responsables de zones, au-delà des
réunions de sensibilisation effectuées par OCEANIUM. Ce temps
peut être dégagé en embauchant plus de personnel, puisque
les ressources financières le permettent47. Nous recommandons
la mise en place, dans le projet, d'indicateurs d'autonomisation
financière, organisationnelle et technique. Nous recommandons aussi de
mettre en place des indicateurs objectivement vérifiables du
degré de prise de conscience par les villageois de l'objectif global. Un
des indicateurs à mettre en place durant le reboisement doit être
« le nombre de sac rempli correctement ».
On peut envisager une gestion autonome du reboisement les
années suivantes avec les moyens logistiques des communautés
rurales (tracteurs et véhicules du Président de la
Communauté Rurale). Océanium montre une volonté d'aller
dans le sens du renforcement des capacités villageoises. Les propos de
son président, Haïdar EL ALI, en témoignent : « Il
y a beaucoup de choses à faire de manière participative: en
parlant avec les gens on dégage des solutions applicables par eux et
reproductibles par d'autres » (EL ALI,
2008)48.
Pour Haïdar, les communautés ont une perception
directe des problèmes, des irrégularités, des risques
possibles concernant les actions réalisées dans leur
environnement, et sont ainsi les plus éclairées pour guider
l'action de développement.
Avant et surtout pendant sa mise en oeuvre, le projet n'a pas
maîtrisés certains risques alors qu'ils étaient
maîtrisables. Pour corriger ce manquement, durant sa mise en oeuvre et
avant sa réalisation, le projet doit mettre en place une
évaluation de ses reboisements précédents et un suivi pour
les reboisements à venir. Le chapitre III détail les points qui
doivent être suivi et les moyens qui doivent être
déployés pour le suivi du reboisement de l'année 2009.
47 Le projet a reçu 133.711€ (cf. page
Erreur : source de la référence non trouvée) et en a
dépensé environ 38.200€ (au 15 Novembre 2008, 1 mois
après la fin de la campagne de reboisement 2008) dont 12% pour le
personnel (1,5 millions de FCFA pour les frais de fonctionnement et 1,3
millions de FCFA pour les salaires). Océanium reçoit, pour le
financement du reboisement de 2009, un financement de 750.000€ par Danone
(pour l'année 2009) et 100.000€ de l'association «
Planète Mer » (pour 3 ans).
48 Sur le site
http://oceanium.blogspot.com/search/label/Casamance,
à la fin de la 2ème minute du film « Plante ton
arbre en vidéo ! »
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
CHAPITRE III : Les améliorations possibles au
projet
Les deux premières améliorations visent à
palier les menaces évoquées précédemment ; à
savoir s'assurer que le projet est participatif et volontaire, et faire en
sorte qu'il satisfait son objectif. La troisième recommandation est de
porter une attention au droit d'usage des parcelles reboisés car sa
négligence est un facteur de risque en plus pour la durabilité
des plantations. La recommandation suivante est qu'Océanium doit
consulter les scientifiques et leur faire partager ses résultats. Enfin,
nous proposons une ébauche pour le guide de suivi du reboisement. Pour
finir, nous dressons l'analyse des faiblesses, des points forts, des menaces et
des opportunités de l'ONG et nous lui proposons un plan
stratégique lui permettant d'intégrer le suivi dans son
fonctionnement.
III.1. S'assurer d'une participation volontaire
III.1.1. Pérenniser l'intervention
Pérenniser par une « logique
programme »
Nous suggérons à Océanium
d'intégrer une logique « programme » au lieu de faire
4 projets successifs de reboisement (2006-2007-2008 et bientôt 2009). Une
conséquence à l'absence de la logique « programme
» est qu'il n'y a pas de suivi des résultats des années
précédentes. La mise en place d'un programme de reboisement
permet de prendre en compte les risques à long terme du reboisement.
Nous définissons ces risques par la suite, dans la partie , à la
page 51.
L'intégration d'une logique programme permettrait à
OCEANIUM d'être éligible à plus de financements publics
(les bailleurs publics ne financent que 2,5% du projet, cf. page 16).
Pérenniser par un suivi toute
l'année
Aucune fiche de suivi n'a été
élaborée pour faire remonter les informations des responsables de
zones aux dirigeants d'Océanium (manière «
bottom-up »), ce qui fait que le temps de remontée de
l'information est long et la réactivité aussi. « Ce
problème est récurent au sein de l'association et handicape la
bonne mise en oeuvre des projets » (TILLEUL, 2008)49. Ceci
est notable en interne : peu de réunions de concertation d'équipe
et les réunions sont souvent informelles. Ceci est également
notable en externe : la fréquence des réunions et reporting avec
les bénéficiaires est insuffisante. Il faut quelquefois que les
partenaires sollicitent Océanium à plusieurs reprises avant
d'avoir un retour. Ce manque de disponibilité a des répercutions
négatives pour l'image de l'association. Les villageois reprochent
à Océanium ce manque de suivi et de réactivité. Les
résultats d'Océanium reposent sur la participation des
bénéficiaires et si les réproches continuent ils risquent
d'abandonner le projet. Océanium sait pourtant être réactif
une fois sur le terrain (pour faire face à des problèmes
techniques). Ce paradoxe est du à un trop grand nombre de «
foyers » allumés en même temps alors que le
personnel permanent est très restreint : 1 président (aussi
président du FEDES), 1 chef de programme (qui doit être
présent sur tous les terrains d'intervention à la fois), 1
assistante (assistante de projet, comptable et secrétaire de l'ONG).
L'organisation du
49 Nadine TILLEUL travail pour l'ONG Océanium,
assistante de Jean GOEPP, chef de programme de l'Océanium.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
travail, en plus de ne pas être défini clairement
(aucune fiche de poste), s'organise dans l'urgence et laisse peu de temps au
suivi-évaluation. De temps en temps, les nerfs lâchent ce qui ne
détend pas l'ambiance et explique un fort turn-over du personnel
embauché. Le personnel permanent est complété tout au long
de l'année par un stagiaire de 6 mois à qui on confie des
responsabilités de chef de mission. Du fait de ce roulement biannuel,
les villageois ont l'impression que le personnel permanent (les 3 piliers) se
« détachent » de leurs préoccupations. Nous
recommandons aux membres du bureau de se rapprocher physiquement de leurs
partenaires avant qu'ils ne démissionnent. Océanium est en
perpétuelle phase d'identification, toujours à la recherche de
nouveaux projets, sans avoir finalisé les projets actuels. « Le
projet, comme tous les projets de l 'Océanium, faute de temps, n 'a pas
fait l'objet d'une conception méthodique50.»
(TILLEUL, 2008)49. C'est là l'un des inconvénients de
l'activisme dont Haïdar est la locomotive. L'activisme désigne un
engagement privilégiant l'action directe. L'activisme de Haïdar ne
laisse pas de temps au suivi-évaluation et à
l'appréciation des risques des projets (défini au Tableau 5 :
Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises
en compte pour l'atteinte de l'objectif global (FAUGERE, 2009), page
52).
III.1.2. Reconnaitre tous les villages participants sur un
même pied d'égalité
Les villageois qui repiquent sont indemnisés pour leur
mobilisation. L'indemnité va de 1.064 FCFA/sac pour la zone 9 à
226 FCFA/sac pour la zone 13 (en date du 12/10/2008). La différence
d'indemnisation peut porter préjudice au projet pour les années
suivantes, si certains villages se sentent lésés.
III.1.3. Ne pas exclure l'administration
décentralisée
Le plus souvent, c'est uniquement avec les responsables de
zone (souvent des commerçants ou des agriculteurs) que nous nous sommes
entretenus pour obtenir l'accord de reboiser sur les terres du village. La
présence des anciens au moment du reboisement nous conforte dans
l'acceptation du projet par les villageois. En effet, les anciens sont les
représentants de l'autorité coutumière du village. Il est
bénéfique pour le projet de prendre en compte le droit coutumier,
d'autant plus que les zones de reboisement sont des zones de
propriété collective51 (THOMAS, 1959). Cependant le
projet ne prend pas en compte le droit régalien selon lequel les terres
sont la propriété de l'État qui délègue ses
pouvoirs aux Communautés Rurales. D'après la loi 96.07 du 22 mars
1996 portant transfert des compétences (PRODDEL, 1996), l'article 29
stipule que les opérations de reboisement sont de la compétence
des communes. C'est donc la Communauté Rurale du village où on
reboise, par l'intermédiaire du conseil rural et de son
Président, qui gère les attributions des terres, et donc les
droits de plantation. Le conseil rural est élu pour 5 ans, pour deux
tiers au suffrage universel direct et, pour un tiers, par l'assemblée
générale de la ou des coopératives fonctionnant dans la
communauté rurale. Il siège au village chef lieu de la
communauté rurale. Le conseil rural règle, par ses
délibérations, les affaires de la communauté rurale,
notamment les modalités d'exercice de tout droit d'usage pouvant
s'exercer à l'intérieur du terroir. Le président du
conseil rural est élu par ses membres, à la majorité
absolue et au scrutin public. Le président du conseil rural est
chargé de l'administration de la collectivité rurale. Il
représente le sous préfet dans la communauté rurale. Il
affecte les terres du domaine
50 D'où l'expression que nous avons choisie en
couverture : « trop de sel gâche la marmite ».
51 La propriété collective regroupe de droit
éminent et le droit d'usage collectif (REY, 2007). Le droit
éminent est le droit qu'a un groupe sur tout un espace, par un accord de
surnature. Il est détenu par les primo-arrivant qui ont un contrat moral
avec les génies ou les ancêtres (REY, 2007).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
national. Il prononce, le cas échéant, la
désaffectation de ces terres, contrôle l'exercice de tout droit
d'usage et autorise l'installation d'habitations ou de campements.
Haïdar est militant de l'opposition au gouvernement
actuel du Sénégal. Ses propos dans les médias accusent le
gouvernement et ses représentants d'être incompétents en
gestion de l'environnement.
« Comment est ce qu'on peut parler d'écologie
à des gouvernants qui sont corrompus, qui ne se préoccupent que
de vendre nos ressources au détriment de leur population. Je vis dans un
pays qui fait partie des pays les plus pauvres du monde, le deuxième
pays au monde le plus aidé. Et dans mon pays les dirigeants font partis
des hommes les plus riches du monde. Comment vous pouvez comprendre cela et
nous parler d'écologie dans ce pays le Sénégal ? Ce n'est
pas possible. »
Haïdar El Ali, mai 2008,
Extrait de sa déclaration au congrès mondial «
Global Greens 52» de Sao Paulo
« On ne peut pas atteindre de résultat concret
sans faire de politique, sans entrer à l'Assemblée nationale pour
décider des lois. Aujourd'hui, ceux qui décident sont
incompétents et ne se rendent pas compte de la dégradation du
milieu naturel. On ne peut plus attendre de voir le changement promis lors de
l'élection d'Abdoulaye Wade. On veut aider à le provoquer.
»
Haïdar El Ali, 2002,
Propos recueillis par Fanny Pigeaud pour la RTS
(Radio-Télévision Sénégalaise)
Le pays est en crise politique (discrédit de
1'État auprès de la majorité de la population),
économique et sociale. La crise sociale est exacerbée en
Casamance par le sentiment de marginalisation par rapport aux populations du
nord du Sénégal, proches de Dakar. Le reboisement est
instrumentalisé, souvent à l'insu du projet, pour l'expression
des revendications indépendantistes, dans le débat sur
l'appropriation des ressources communes renouvelables (CHAVEAU, et
al., 2000). Les partisans de ce débat se complaisent dans les
propos de Haïdar, et on les retrouve en Casamance.
« Dommage, en Casamance la chèvre de
désertification porte le képis et des galons. Dans 5 ans ce sera
le désert en Casamance si jamais on n'arrête pas de
délivrer les permis de complaisance et si jamais on n'arrache pas aussi
les tronçonneuses. Si aujourd'hui on crie, on parle de
l'émigration clandestine c'est parce qu'ils ont fini de saper toutes les
ressources halieutiques. Il n'y a pas une bonne gestion de l'environnement, des
ressources naturelles. » Groupe casamançais « Abdou
Elinkine », musique pour Haïdar. Un concert de ce groupe a
été organisé à Bignona en septembre 2008 en
l'honneur de reboisement d'Océanium.
Bien que la notoriété de Haïdar ait servi
au projet et qu'elle puisse constituer une innovation dans le mode
opératoire, d'autres questions méritent d'être
posées. Le fait que le président de l'ONG soit un activiste de
l'opposition est il un facteur d'exclusion de l'ONG, face à des
partenaires institutionnels tels que l'Agence des Eaux et Forêts de
Bignona par exemple ? Est-il involontairement un facteur d'exclusion de
certains bénéficiaires « pro- gouvernementaux
» ? Nous recommandons de séparer les activités politiques
des activités de l'ONG, conformément à l'Article 1.5 des
statuts de l'association (datés du 17 septembre 1985): «
L'Association ne poursuit aucun but lucratif, elle s'interdit toute
discussion ou
52 Le congrès mondial « Global Green
» est un congrès qui réuni les militants et les mouvements
politique écologistes.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
manifestation présentant un caractère racial,
politique ou confessionnel ». Nous recommandons notamment de
séparer la gestion des comptes et de la trésorerie.
III.2. Améliorer la logistique
d'approvisionnement
Le mode de distribution utilisé en 2007 est
différent de celui utilisé en 2008. Les schémas
ci-après illustrent les deux modes utilisés.
|
Schéma 11 : Parcours de distribution
utilisé en 2007 (FAUGERE, 2009).
Le mode de distribution utilisé pour le reboisement de
2008 est schématisé ainsi :
|
Schéma 12 : Parcours de distribution
utilisé en 2008 (FAUGERE, 2009).
On note que le mode de distribution utilisé en 2008
permet de limiter la manipulation des sacs en effectuant 1 chargement et 1
déchargement par sac. Cependant le mode de distribué
utilisé en 2007 permet de réduire la dépendance entre le
planning de collecte et le planning de reboisement.
Aucune raison particulière n'a été
clairement exprimée dans le changement de stratégie de
distribution entre 2007 et 2008. Il aurait été intéressant
de faire un examen à mi-parcours de la campagne 2008 pour étudier
les possibilités d'amélioration de la logistique. Il aurait
été intéressant de comparer les frais de carburant entre
l'année 2007 et l'année 200853. A
53 En 2008 les frais de carburant représentent
2.800.000 FCFA, soit 12% du budget total, pour environ 4.000 litres (à
700FCFA le litre) et une consommation moyenne de 15L/100km (1 pick-up et 2
camion).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés avec les
deux véhicules immobilisés dans une même zone. La panne la
plus contraignante a été une immobilisation des 2 camions durant
2 jours dans la boue. A plusieurs reprises, nous avons été
contrains d'immobiliser les véhicules à la base alors que le
camion était chargés de 400 sacs pleins de propagule. Il serait
intéressant pour la campagne 2009 qu'Océanium compare
l'efficacité de la stratégie employée en 2007 avec celle
de 2008, en vue d'améliorer l'efficience (par rapport au coût du
transport et au taux de survie des propagules). Pour l'année 2009
l'objectif est de reboiser 6 fois plus de mangrove qu'en 2008, sur la
même période (en 3 mois). Nous pensons qu'il faut envisager un
mode de distribution qui se rapproche du mode de distribution utilisé en
2007 et de profiter de la disponibilité des véhicules des
Présidents de Communautés Rurales (PCR), comme l'illustre le
schéma suivant.
Schéma 13 : Parcours de distribution
suggéré pour 2009 (FAUGERE, 2009). PCR : symbole des
véhicules 4X4 pick-up des Présidents des Communautés
Rurales.
Ce parcours permettrait de faire plusieurs reboisements
simultanément dans plusieurs zones, et ainsi de gagner du temps. En 2008
nous avons déchargé les sacs de propagules la veille de la
journée de reboisement. Si beaucoup de villageois étaient
présents aux journées de reboisements, très peu
l'était au moment du déchargement des sacs. Je recommande donc au
projet de prévoir deux personnes dans l'équipe pour
décharger les sacs et pour veiller à ce qu'ils ne soient pas
endommagés durant le transport.
Le mode de distribution proposé pour 2009 fait appel
aux véhicules des 24 Présidents de Communauté
Rurale54. La mise à disposition de leurs véhicules et
de leurs chauffeurs permettrait de faciliter la distribution des sacs de
propagules et d'en distribuer plus en moins de temps.
III.3. Satisfaire l'objectif global
54 Il y 5 communautés rurales dans le
département de Ziguinchor, les 5 du département d'Oussouye et les
14 du département de Bignona.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
La logique utilisé par Océanium est qu'il «
suffit d'agir » (10 fois plus) pour réhabiliter la
mangrove. On retrouve l'idée que l'action prime sur tout le reste dans
le discours de conclusion de la campagne de reboisement énoncé
par Haïdar EL ALI le 21 décembre 2008 (cf. page 4). On retrouve
souvent dans ses discours l'idée selon laquelle «plus on a de
résultats et plus on a de victoire »55. C'est en cela
que Haïdar est un activiste.
Aussi, il ne manque pas de faire remarquer que les
études n'apprennent rien au regard de ce que l'action enseigne (cf.
citation page 4). Cependant Haïdar a éliminé des
informations pertinentes pour la durabilité du projet. Le schéma
suivant permet de situer ces données par rapport au projet. Nous
proposons comment le projet doit intégrer ces informations à
l'action.
III.3.1. Le besoin d'une étude préalable du
risque
Aucune hypothèse critique n'est envisagée dans
le plan d'action du projet. Parmi les hypothèses de faillite du projet
les plus évidentes on trouve le risque de coupe et l'excès de sel
après le reboisement. Le graphique suivant place ces risques sur une
échelle de probabilité et de gravité.
PROBABILITE/FREQUENCE
Certaine
Surement Possible
Peu possible Rare
Zone « acceptable »
Zone « non acceptable »
Coupe Excès de sel
Mineur Medium Sérieux Majeur Catastrophique GRAVITE
Tableau 5 : Probabilité et gravité des
hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de
l'objectif
global (FAUGERE, 2009).
On note que la coupe a une probabilité «
possible » et une gravité « sérieuse
» pour le projet. L'excès de sel a une probabilité
« possible » et une gravité «
catastrophique ». Nous détaillons les niveaux de risque et
de gravité choisis pour chacune des hypothèses de risque, en
commençant par le risque de coupe.
La coupe des Rhizophora après le
reboisement
La coupe des Rhizophora a une conséquence
« sérieuse ». Il y a un risque « sérieux
» pour que les populations qui ne sont pas sensibilisées au moment
de reboiser refassent des coupes sèches de mangrove une fois la mangrove
suffisamment grande. La sensibilisation peut s'appuyer sur les règles
coutumières d'accès à l'espace d'exploitation. Le
schéma suivant illustre qu'il existe une gestion cohérente des
ressources sur tout le territoire villageois, permise par l'emprise des
autorités coutumières (REY, 2007).
55 En référence à la phrase de
Suzanne Martel (journaliste québécoise) :« Une victoire
est une victoire. C'est le résultat qui compte ».
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Schéma 14 : Organisation coutumière
d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007).
Légende : la zone exondée est
l'espace de coteau et la zone tampon.
On note que les formations denses de palétuvier en bord
de chenal sont interdites de coupe par les règles coutumières.
Les formations claires de palétuviers sont contrôlées par
les règles coutumières.
Cependant les règles coutumières ne sont
respectées que par ceux qui la reconnaissent. La probabilité de
risque reste donc « possible ».
Un excès de sel après le
reboisement
Contrairement aux idées reçues, les
problèmes de sel ne viennent pas de la mer mais du sol (plus salé
que la mer) (SOW56, 2008, Com.Pers.). La salinité des sols
est augmentée avec l'évaporation intense qui se manifeste pendant
la longue saison sèche et chaude (8 mois) (MOUGENOT et al.,
1990). Le déficit et la mauvaise répartition des pluies ont
rétréci les lits des cours d'eau (CSE, 2008). Il en
résulte au niveau des vasières un rétrécissement de
la mangrove à Rhizophora sur les bras principaux et sa
disparition presque totale sur les bras secondaires (LOYER et al.,
1987).
Il est impossible de prévoir avec certitude la
pluviométrie pour les années à venir. La
probabilité d'un excès de sel est donc encore « possible
». Si le risque se réalise les conséquences sont «
majeures » pour le projet. Cette hypothèse doit être
prise en compte dans le projet. Il est possible de réduire la
gravité du risque en créant de nouveaux lits de cours d'eau. Pour
cela on peut creuser des canaux d'irrigation à partir des les bolons.
D'une telle manière on augmente la surface de mangrove en bordure
d'eau.
56 Responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de
l'Ouest pour l'UICN
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Les conséquences d'un reboisement mono-genre,
sans distinction de l'espèce et sur 1.000 ha ne sont pas
questionnées
Aucune étude d'impact préalable au reboisement
mono-genre de 5 millions de Rhizopho ra n'a été
envisagée. Rhizophora et Avicenia ont pourtant les
mêmes niches écologiques : mêmes prédateurs,
mêmes habitants, mêmes consommations (LAWRENCE, 1984). Le
reboisement a augmenté la densité de Rhizophora dans une
zone où Avicenia et Rhizophora coexistent (IDEE
Casamance, 2008).
Aucune attention n'a été portée à
l'espèce plantée. Pourtant, il existe trois espèces de
Rhizophora en Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora
racemosa et Rhizopho ra harrisonii (IDEE Casamance et
al., 2003). Les villageois savent reconnaître les espèces les
unes des autres. Il est possible que certaines espèces soient en
compétition et que la dynamique du peuplement reboisé en soit
affecté (THOM, 1984). L'espèce la plus résistante et la
plus prolifique dominera et éliminera l'autre. Les résultats du
reboisement en seront donc affectés. D'autre part, une étude du
brassage génétique intra-spécifique et inter-specifique
doit être menée afin de s'assurer du maintien de la
diversité génétique.
Aucune raison n'a été donnée par
Océanium pour justifier 1.000 hectares à reboiser (ni plus, ni
moins), si ce n'est de « vouloir multiplier par 10 la quantité
plantée en 2008 ». Nous ne savons pas s'il existe un peuplement
optimal pour une régénération naturelle sur un site de
reboisement.
III.3.2. Compléter le projet en créant de
nouvelles activités
Le projet actuellement ne prend pas en compte la circulation
de l'eau de mer et ne propose pas de plan d'exploitation de la mangrove. Ces
deux points sont pourtant essentiels pour la réhabilitation des 1.000
hectares de Rhizophora plantés en 2008.
Prévoir une valorisation économique du
bois
Les populations habitent en zone de mangrove et en
périphérie, de manière à être proche de cette
ressource. La population actuelle de la Basse-Casamance représente un
fort potentiel de défriche (GAMMAGE, 1997). On dénombre 577.552
habitants en 2001 dans la région de Ziguinchor57 (CSE et
al., 2001). La distance de prospection de bois est estimée
actuellement à une dizaine de kilomètres (BENGA, 2000). Les
villageois sont organisés en groupements, conseils et associations. Les
groupes existants peuvent servir de base à la création de
groupements d'intérêts économique (GIE) qui se verront
confier la gestion et la maîtrise des écosystèmes de
mangrove et en seront les principaux gestionnaires, utilisateurs et
bénéficiaires. Pour les zones habitées où on
retrouve les terroirs villageois et les périmètres d'exploitation
saisonnière en mangrove on met en place des GIE villageois (GIEV). Au
niveau des aires inhabitées ou peu habitées des grands massifs
boisés de la mangrove, les activités sont menées par les
GIE fédérés (GIEF) (ARSENAULT, 1994). Le plan
d'aménagement est accompagné de crédits à
l'exploitation (pour l'achat des instruments de coupe) et des concessions sont
délivrées.
Le rôle d'Océanium dans le plan
d'aménagement va de la conception à la signature du procès
verbal établissant le bureau (président - vice président -
trésorier - secrétaire). Océanium doit initier
l'élan collectif au sein des villages de mettre en place le plan de
gestion, de définir les capacités d'emprunts en
micro-crédits. Les chefs de villages ont la présidence
57 Il y a 49.817 habitants dans le département
d'Oussouye, 224.617 dans celui de Bignona et 283.118 dans celui de
Ziguinchor.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
d'honneur des GIEV. C'est le vice-président qui veille
au respect du plan de gestion, à la conduite de l'aménagement
sylvicole et il dirige les coupes et renseigne régulièrement ses
partenaires. Le projet s'accompagne de formations techniques pour une
utilisation efficiente du bois de mangrove. « Les paysans de Casamance
connaissent une méthode pour accroitre la résistance du bois de
mangrove, déjà dur et dense. Elle consiste à couper les
branches et à les laisser plongées dans l'eau pendant 6 mois
environ. A l'issue de cette période d'immersion, le bois retiré
de l'eau et débité peut durer, selon les dires, plus de 20 ans
» (VANDEN BERGHEN, 1999). Le projet doit s'accompagner d'un projet
d'exploitation de mollusques, en veillant à ce que les femmes qui les
récoltent ne coupent pas les racines échasses. La carte de la
page 56 illustre que ce sont les femmes qui exploitent les mollusques de
Basse-Casamance et qu'il existe un circuit de commercialisation des
huîtres Crassostrea Gasar (appelé «
huître de palétuvier »de Basse-Casamance).
On note que l'exploitation des huîtres se concentre
surtout sur la rive droite, près du bolon d'Affiniam (IDEE Casamance,
2007). L'exploitation des mollusques est une entreprise féminine en
Basse-Casamance. Ils se vendent essentiellement sur deux marchés:
Bignona et Ziguinchor. Le rayon de prospection des femmes pour les huitres est
de 64 km (en pirogue) et l'enfoncement de 9 km à pied (GHYSELS,
2004).
En choisissant d'intégrer un plan d'aménagement
le projet doit modifier sa méthode de reboisement. Dans le cas de
sylviculture, un reboisement en ligne avec un écartement régulier
est recommandé pour optimiser l'expansion des arbres (UNESCO, 1986). Le
projet doit donc veiller au bon respect des distances, y compris quand les
reboisements se font en l'absence d'un responsable technique. Les outils
employés sont le nettoiement, l'éclaircie et la coupe
définitive avec réserve de semenciers et
régénération naturelle assistée et artificielle
selon la méthode de la coupe d'abri. Le nettoiement consiste à
éliminer, sans rompre l'état de massif, les non-valeurs, les
sujets mal conformés, morts, malades L'objectif est essentiellement
sanitaire. Il pourrait être effectué entre 10 et 20 ans.
L'âge d'exploitabilité des arbres est estimé de 50 à
160 ans(DOYEN, 1985). La durée de l'exploitabilité en Casamance
est de l'ordre de 60 ans (DOYEN, 1985). Il est recommandé de faire un
nettoiement à 10-20 ans de 5.000 à 3.000 pied/ha, puis un autre
à 20-30 ans de 3.000 à 1.500 pied/ha, et un dernier à 40-
60 ans de 1500 à 100 pied /ha. On estime la productivité à
l'état vert de 3,6m3/ha/an (DOYEN, 1985). En Malaisie, la
taille normale des arbres Rhizophora abattus est de 15 à 18
m de hauteur et 45 à 75 cm de tour (HUBERMAN, 1972). Le
système fondé sur une circonférence minimale d'abattage
est insuffisant dans les peuplements équiennes58
arrivés à maturité, ne comptant que quelques jeunes
arbres, et conserver des semenciers59 est souvent
considéré comme un gaspillage et comme de peu d'utilité
pour la régénération naturelle(DOYEN, 1985).
Rhizophora n'atteint pas régulièrement les dimensions
adéquates pour qu'il soit possible d'utiliser son bois dans la
filière du sciage traditionnel malgré les qualités
mécaniques dont il fait preuve. Toutefois, les billes de dimensions
suffisantes pourraient trouver un usage dans le domaine de la charpente, mais
dans ce cas, sa nervosité élevée impose un débit
peu de temps après l'abattage pour éviter les fentes de
dessiccation si préjudiciables au rendement du sciage (DOYEN, 1985).
Nous recommandons que la sylviculture soit une activité
complémentaire à d'autres revenus, sans être
l'activité principale, de sorte à diminuer la pression sur la
ressource en donnant un revenu aux populations sans inciter au
prélèvement brutal.
58 De même âge.
59 Le diamètre inférieur de
fructification (diamètre à hauteur de poitrine) est de 15 cm.
Carte 6 : Exploitation des mollusques en Casamance en
1985 et circuit de marchés des huîtres (CORMIER-SALEM,
1989b).
|
Concernant l'acquisition de la propriété
légale des reboisements de mangrove, « Dans les forêts
relevant des compétences des collectivités locales,
l'exploitation de ces produits est théoriquement assujettie à une
autorisation préalable du maire (commune) ou du président du
conseil rural (communauté rurale), puis le permis d'exploitation est
délivré par le service des Eaux et Forest qui doit se
référer aux prescriptions des plans d'aménagement
approuvés » (IDEE Casamance, et al., 2003). Le code
forestier (Ministère de l'environnement du Sénégal, 1998)
stipule dans son Article 1.2 : « Toutefois si des formations
forestières ont été régulièrement
implantées sur le domaine sous forme de plantations individuelles en
plein, d'alignement ou d'abris, elles sont la propriété des
personnes privées physiques ou morales, qui les ont
réalisées, à l'exclusion de toute forme d'appropriation du
terrain du domaine national ». « Il serait donc envisageable
que des groupements villageois ou même des familles possèdent leur
propres reboisements, encore faut il que ces reboisements aient
été « régulièrement plantés »
(IDEE Casamance, et al., 2003).
Envisager la mise en défens ne semble pas
appropriée puisque les casaçais ont besoin d'utiliser la
mangrove. Une solution possible pourrait être de classer les forêts
de mangrove en forêt communautaire. Cependant cela ne serait pas encore
une garantie contre la coupe. Nous proposons alors d'encourager une coupe
raisonnée, plutôt que de l'interdire. Les communautés
villageoises ont pour préoccupation la reproduction du système
(REY, 2007). La durabilité est donc leur préoccupation. Le
degré « possible » de risque se justifie à la
fois par la préoccupation de la durabilité (baisse du risque) et
par le non respect de cette préoccupations par d'autres (hausse du
risque). La mise en place d'un plan d'exploitation durable des plantations de
mangrove doit s'appuyer sur l'importance de l'exploitation raisonnée
comme sécurisation des revenus de la riziculture. On peut aussi
encourager le retour à des moyens de valorisation ancestrale de la
mangrove. « Le bois de palétuvier est utilisé
préférentiellement pour la fabrication de la chaux locale
à base de coquilles d'huitres. L'opération consiste à
amasser du bois de feu de palétuvier sur le tas de coquilles à
fondre» (VANDEN BERHEN, et al., 1999). Le bois de
palétuvier est aussi utilisé pour les besoins domestiques :
environ 0,5kg/j ours (BENGA, 2000) soit environ 1 80kg/habitant. On estime donc
qu'il faut une dizaine de pieds de Rhizophora60pour
satisfaire les besoins domestiques d'un habitant. On estime que 95% des
palétuviers utilisés sont des Rhizophora (BENGA, 2000).
Le stère (environ 30 kg) de bois de Rhizophora se vend environ
100 FCFA (GHYSELS, 2004). L'annexe 16 montre la taille du stère de bois
de Rhizophora.
Permettre à l'eau d'atteindre la
mangrove
Il s'agit de lutter contre, d'une part, le manque
d'approvisionnement en eau et, d'autre part, contre la salinisation. «Le
paramètre « salinité », en chaque point d'un delta, est
déterminé par le flux d'eau douce (lui-même
dépendant de la pluviométrie dans le bassin versant) et par
l'évaporation » (BLASCO, 1991). La salinité d'un lieu
dépend aussi de la pénétration des marées,
c'est-à-dire de leur amplitude et de la topographie locale.
Les pluies sont revenues, mais le réseau hydrique est
tellement modifié que la régénération ne reprend
pas (SOW, 200856, Com.Pers.). On pourrait alors creuser des canaux
d'irrigation pour permettre à l'eau de mer d'atteindre les plantations
de Rhizophora. Ces canaux doivent tenir compte des courants du fleuve
dans sa partie maritime61. Les courants qui s'observent dans la
partie maritime d'un fleuve sont les résultats des courants variables
60 Calculs effectués sur la base des chiffres
de (MARIUS, 1985).
qui accompagnent l'onde de marée et du courant dû
au débit fluvial (BRUNET-MORET, 1970). La salinité du flot
(courant vers l'amont) est différente de celle du jusant (courant vers
l'aval). Une étude approfondie du balancement du flot et du jusant
permettrait d'envisager des aménagements pour lutter contre le processus
de salinisation.
III.4. Le projet doit tenir compte des problèmes
fonciers
On retrouve souvent les explications du conflit actuel en
Casamance dans l'« accroissement de population » (BROWN et
al., 1977). « Un texte de 1862 (Archives Nationales du
Sénégal 13 G366) montre comment les villageois ont fait appel aux
autorités coloniales pour faire respecter la coutume, les gens de Mlomp
se plaignant des habitants de Pointe Saint Georges qui "ont pris du poisson
dans leurs pêcheries" » (CHAVEAU et al., 2000). A l'origine
des conflits armés, il y aurait donc un conflit sur la
délimitation des zones de pêches. En 1987 la pêche
était dominée par 3 ethnies de migrants (Guet-Ndariens, Niominka
et Lébou) (SAMBA, 1987). « Tant qu'il y avait dans l'océan
plus de poissons que l'on ne pouvait espérer pêcher, les conflits
d'intérêt portant sur les pêcheries étaient rares
» (BROWN, et al. 1977)62. Nous pensons que cette vision est
trop simpliste pour expliquer les origines du conflit en Casamance. Le conflit
a plusieurs catalyseurs. Parmi ces catalyseurs on peut citer la
délimitation non concertée de l'augmentation des surfaces pour la
riziculture. « On remarque que les conflits sont souvent à
l'occasion de la délimitation des terres rizicultivables de la mangrove,
comme en témoignent les tensions entre communautés villageoises
d'Affiniam et de Diatok à propos de l'appropriation des 30.000 ha de
rizières de mangrove à la construction du barrage
d'Affiniam63 » (CHAVEAU, et al., 2000).
L'augmentation des surfaces de riz n'a pas
résulté d'un compromis entre la législation officielle et
la juridiction coutumière, pouvant mener à des conflits entre
allochtones et autochtones64. « La réaffirmation et
la création, voire l'extension, des droits d'usages territoriaux se
heurtent à la fois à la législation officielle, qui ne
reconnaît pas les juridictions coutumières locales, et aux
stratégies spatiales des communautés allochtones »
(CHAVEAU, et al., 2000).
Le schéma suivant illustre la place que tient la mangrove
dans la zone de parcours et dans la zone de terroir villageois.
61 On appelle partie maritime d'un fleuve celle qui
s'étend de l'embouchure jusqu'au point où les plus fortes
marées, pendant les Périodes d'étiage du débit
fluvial, cessent de se faire sentir (BRUNET-MORET, 1970). La partie maritime du
fleuve Casamance s'étend de son embouchure à Diana-Malari sur le
fleuve lui-même soit sur 217 km et sur son affluent principal le
Soungrougrou jusqu'à Diaroumé (à 86 km du confluent et 184
km de l'embouchure) (BRUNET-MORET, 1970).
62 Pages 98 à 104.
63 Le barrage d'Affiniam est réalisé
entre 1985 et 1987 avec la coopération chinoise
64 Ces conflits participent aux revendications
indépendantistes.
Schéma 15 : La mangrove se situe à
l'interface entre les terroirs et les parcours en Basse-Casamance
(CORMIER- SALEM, 1995).
Le terme de terroir aquatique est utilisé en
priorité pour désigner les plans d'eaux susceptibles d'être
enclos telles les eaux intérieures et lagunaires, les zones de mangrove
et les récifs coralliens. Le terme de parcours de pêche
désigne davantage les espaces halieutiques maritimes, dont les limites
sont mobiles, les frontières plus ou moins perméables, les
ressources instables (CORMIER-SALEM, 1995).
On note que la mangrove se situe entre le terroir des
paysans-pêcheurs et le parcours des marins-pêcheurs.
La mangrove comme terroir aquatique
Les modalités d'appropriation et d'accès au
terroir aquatique sont variables selon les acteurs, les formes d'exploitation
et la saison. Certaines zones sont mises en défens une partie de
l'année ou même plusieurs années consécutives. Les
bas-fonds inondables sont les zones du terroir les plus proches du
village. Elles sont appropriées individuellement par les chefs de
ménage (CHAVEAU et al., 2000). Les bassins piscicoles
gagnés sur des zones de mangrove incomplètement
défrichées sont, en fonction de leur taille et de leur site,
appropriés collectivement par le lignage ou le clan. Les bolons,
qui donnent accès au village, et leurs rives colonisées par
la mangrove sont gérés collectivement par la communauté
villageoise qui en a l'usufruit (CHAVEAU et al., 2000). Seuls les
hauts-fonds, exploités de façon plus ou moins permanente
au moyen de barrages-palissades, considérés à ce titre
comme une parcelle d'eau, au statut équivalent à celui d'une
rizière, sont appropriés par le pêcheur ou son lignage. Au
total, les eaux intérieures, qui font partie du terroir
villageois, sont déterminées par la législation
coutumière (CHAVEAU et al., 2000). En revanche, la
mer, perçue comme un milieu dangereux, peu exploitée par les
paysans-pêcheurs locaux -les Diola- jusqu'à une date
récente, n'est soumise à aucun droit d'usage territorial
traditionnel bien établi (CHAVEAU et al., 2000). A la gestion
des espaces aquatiques comme des terroirs par les populations diola de
Casamance, s'oppose la gestion des espaces maritimes comme des parcours par les
pêcheurs migrants originaires des autres régions du
Sénégal. Si, en principe, le littoral et la mer
sont considérés comme des espaces ouverts et accessibles à
tous, dans les faits, tous les pêcheurs
ne sont pas égaux, du fait même de leur
compétence et de leurs moyens techniques mais aussi de leur appartenance
à une communauté qui s'identifie à un territoire de
pêche et en contrôle les droits d'usage. Les meilleurs fonds de
pêche tendent à être transmis au sein de la
communauté, considérés comme une chasse gardée,
dont sont exclues les autres communautés (CHAVEAU, et al.,
2000).
Dans ce contexte, il est essentiel de définir le mode
de protection des parcelles. En effet, « les espaces aquatiques non
aménagés du terroir villageois ne sont pas appropriés mais
tous les membres de la communauté villageoise peuvent en exploiter les
ressources » (CORMIER- SALEM, 199 1b). Ainsi, rien n'empêche
les pêcheurs de jeter leurs filets sur les espaces où les
propagules viennent d'être plantées. Un règlement moral est
plus susceptible de garantir la protection qu'un règlement légal
(CORMIER-SALEM, 1991b). N'étant pas avertis, les pêcheurs peuvent
jetter leurs filets sur les propagules sans le savoir car celles-ci sont
recouvertes par la marée. Il faudrait alors baliser, mettre une pancarte
ou tout autre indice indiquant la présence d'un « champ de
propagules de palétuviers ».
Il est d'autant plus important de définir le mode de
protection que les terroirs de pêches s'étendent. La carte
suivante illustre le déplacement de l'aire de pêche des villages
entre 1940 et aujourd'hui.
Carte 7 : Extension des terroirs65 de
pêche de Tionk-Essyl (CORMIER-SALEM, 1994c).
L'estuaire, encore largement sous-développé au
début du XXème siècle est dans les années 1980 un
lieu où la compétition pour la ressource met en rapport des
technologies variées, des communautés diverses et des populations
de plus en plus nombreuses (158.370 habitants à Ziguinchor en 2007)
(DIAW, 1986).
III.5. Se concerter pour partager les acquis et
bénéficier de ceux des autres
65 En Casamance, on a pu à juste titre parler de
terroirs aquatiques ou amphibies pour désigner les
espaces bornés, contro 1és et gérés par une
communauté villageoise, structurés par un système d'usages
multiples des ressources aquatiques (agricoles, piscicoles, halieutiques,
sylvicoles, pastorales). Ces terroirs sont nettement circonscrits ; leurs
limites ne sont pas matérialisées par des bornes mais n'en sont
pas moins réelles, reconnues par tous et transmises dans la
mémoire collective. Chaque terroir comprend, d'après CHAVEAU,
et al., 2000:
-les chenaux de marée, appelés localement
bolon, qui donnent accès au village,
-les îles couvertes de mangrove et de tannes
(étendues sursalées stériles) enserrées par
ces bolon,
-ainsi que des lieux de pêche et de campements.
Au vue du nombre de facteurs non pris en compte dans le projet
et de leur importance (cf. page 38, partie ) nous recommandons à
Océanium de consulter les publications sur la Casamance (en
commençant par ceux présents dans la bibliographie de ce
mémoire) et de rencontrer les scientifiques avant l'action. «
L'attention portée aux enquêtes sociaux économiques
prévues et états de référence des projets n 'a
jamais été prioritaire. Les quelques enquêtes
lancées ont été sous traitées, principalement
confiées à des étudiants en cours de formation dans des
travaux de recherche type mémoire (TILLEUL, 2008)49 ».
La contribution d'Océanium est importante pour les
scientifiques. Les scientifiques ont notamment du mal à définir
la surface de mangrove actuelle et son évolution.
Les estimations chiffrées de la superficie actuelle de
mangrove dans toute la Casamance varient suivant les sources. A titre d'exemple
le Centre de Suivi Écologique du Sénégal estime 75.272
hectares en 2001 (estimation faite en 2002) alors que le Centre de Suivi
Géologique des États-Unis d'Amérique (USGS) estime 132.000
hectares en 2001 (projection de 1998). Par contre, il existe un consensus entre
l'USGS et le CSE sur l'évolution de la superficie de mangrove en valeur
relative (1%) mais non sur la valeur absolue. L'USGS estime l'évolution
de 137.200 ha en 1975 à 132.000 ha en 2000, c'est-à-dire une
perte de 5.200 ha en 15 ans (TAPPAN, 1998), alors que le CSE estime de 75.681
ha en 1972 à 75.272 ha en 2002 (CSE, 2008), c'est-à-dire une
perte de 409 ha en 30 ans. Le bureau d'étude BUURSINK estime la vitesse
de dégradation de la mangrove en 2004 à 1.500 ha/an66,
là où l'USGS l'estime à 208 ha/an et le CSE à 13,6
ha/an. Pour Océanium, la mangrove ne couvre plus que 80.000 hectares
aujourd'hui et en une vingtaine d'année la surface des mangroves de
Casamance s'est réduite de près de moitié (OCEANIUM,
2008). L'argumentaire utilisé par Océanium se base sur ses
observations. Océanium peut apporter des échantillonnages de
terrain au désaccord scientifique. En retour Océanium peut
profiter des expériences internationales du réseau scientifique
sur des sujets qu'elle ne métrise pas bien, comme par exemple l'effet de
la salinité sur Rhizopho ra67.
III.6. Proposition d'un guide de suivi du reboisement
Sur le même principe que le guide de reboisement, un
guide de suivi doit être élaboré, avec des propositions de
solutions pour la gestion des risques. Nous recommandons de définir le
guide de suivi avec les villageois (de quelle manière l'information doit
être collectée, auprès de qui, par qui, avec quel outil, en
utilisant quel indicateur, à quel moment, etc.). Il faut penser le suivi
de manière à ce qu'il serve aux villageois et qu'il ne soit pas
perçu comme uniquement un contrôle à l'utilisation des
ressources financières. La planification du suivi doit être
établie avec les populations (programmation des visites de terrain,
programmation des réunions de reporting). Les animateurs villageois
doivent être associés à la conception des outils et des
fiches de suivi pour qu'ils se les approprient. Océanium doit
accompagner les animateurs villageois dans la création de comités
de suivi ainsi que d'une structure de gestion communautaire des ressources
nécessaires au suivi.
III.6.1. Où doit se faire la sensibilisation?
66 Cette étude a été
réalisée pour le PRAESC (Programme de la Banque Mondiale pour la
Relance des Activités Économiques et Sociales en Casamance).
67 En Floride et dans les Everglades Rhizophora
mangle s'est établi durablement dans un marais d'eau douce
(RUË, 2002).
La sensibilisation pour une utilisation durable des ressources
halieutiques de Basse- Casamance doit se faire aux points de
débarquement. Le tableau suivant dresse les points de
débarquement par département de la région de Ziguinchor.
Il indique aussi les zones de pêches et les principales espèces
pêchées.
Points de débarquement
|
Lieux dits de pêche
|
Principales espèces pêchées
|
Département de Ziguinchor
|
Ziguinchor commune (Boudody, Tessito, Port,
Katante), Niaguis, Fanda, Aniack, Baghagha, Adéane
|
Fleuve Casamance et ses affluents.
|
Ethmaloses, Barracuda Otolithe,
Crevette, Sole
|
Département de Bignona
|
Badiana Albadar, Diouloulou, Couba, Mantate, Boco, Sankoye
,Kabiline, Saloulou, Boune, Kassel
|
Affluents du fleuve
Casamance,
|
Ethmaloses, Mulet, Capitaine,
Barracuda, Otolithe, Tilapie,
Machoiron, sole, Huîtres, Arches
|
Tendouck, Boutégol, Mangagoulack, Elana, Bodé,
Thionck-Essyl, Mlomp, Thiobon, Karthiack, Bessire
|
Fleuve Casamance et ses affluents
|
Département d'Oussouye
|
Boudiédiéte, Katakalousse, Elinkine, Carabane,
Diogué, Eloubalire, Jivent
|
Fleuve Casamance et ses affluents
|
Capitaine, Sole, Machoiron,
Otolithe, Huîtres, Crevette
|
Tableau 6 : Points de débarquements, lieux de
pêche et principales espèces pêchées dans la
région de Ziguinchor (Service Régional des Pêches
de Ziguinchor, 2003-2004 dans (IDEE Casamance, 2008).
La sensibilisation ne doit pas seulement concerner les
pêcheurs. Elle doit aussi concerner les femmes. Ce sont elles qui font
les tâches de transformation et de commercialisation des produits
halieutiques. Elles doivent aussi être ciblées car elles
pêchent des juvéniles au moyen de paniers-cloches ou d'haveneaux
à mailles très fines. « Les femmes pêchent les
alevins et les petits poissons au moyen de nasses dans les casiers de
protection des rizières ou dans les bassins piscicoles; ces prises sont
destinées à la consommation ou, conservées dans du sel et
du citron, vendues à Oussouye et à Ziguinchor68
» (CORMIER-SALEM, 199 1a).
III.6.2. Comment doit se faire la sensibilisation
Une sensibilisation particulière doit être
adressée aux pêcheurs migrants pour le respect des règles
coutumières d'exploitation de la mangrove (définies
précédemment, cf. partie page 52). L'objectif est de
réduire la probabilité du risque de coupe, c'est-à-dire de
prévenir le risque de coupe.
La sensibilisation à la gestion durable des ressources
halieutiques doit aborder son rôle essentiel dans la nutrition des
casamançais. La plus grande partie des débarquements en
68 On peut distinguer les circuits courts et circuits longs de
commercialisation du poisson frais. Les circuits courts s'inscrivent
essentiellement dans l'espace économique régional
casamançais, voir sous-régional : approvisionnement des
hôtels et des petits marchés (Oussouye, Bignona). Les circuits
longs sont le fait d'agents plus spécialisés qui disposent
de moyens techniques plus élaborés (véhicules, pirogues
glacières). Ils approvisionnent les marchés de Ziguinchor et de
Moyenne et Haute Casamance (Kolda, Vélingara) ainsi que les
marchés d'autres régions (Kaolack, Dakar) où ils
écoulent des produits de haute valeur commerciale (brochets, capitaines)
(La gestion de l'espace aquatique en Casamance, 1986). Les acteurs de
la commercialisation en frais sont les mareyeurs, les «
bana-bana » et les détaillants (présents
sur les marchés). Les mareyeurs sont des commerçants
spécialisés qui disposent le plus souvent de leur propre
véhicule et opèrent sur les circuits longs. Les « bana-bana
» sont des semi-grossistes qui travaillent pour les mareyeurs sur les
points de débarquements. Ils collectent le poisson auprès des
piroguiers.
Casamance est destinée à la satisfaction des
besoins alimentaires locaux (CHABOUD, 1987). Le plat principal des Diola est le
niankatang et se compose de riz blanc agrémenté d'une
sauce à l'huile de palme et de petits poissons. Une enquête
réalisée par l'ORANA69 en 1979 indique une
consommation moyenne quotidienne par tête de 66 g de poisson dont 62 g de
poisson frais. Les produits d'origine halieutique représentent 15% du
total des protéines consommées et 67% des protéines
d'origine animale. On observe, cependant, une importante variabilité de
la consommation selon la situation géographique. La consommation
s'élève à 132 g en zone maritime pour chuter à 31 g
dans les zones éloignées des points de débarquement
(CHABOUD, 1987). Les utilisateurs des techniques de pêche qui ciblent les
alevins doivent être sensibilisés au problème de
renouvellement de la ressource.
Il est cependant important de différencier la
sensibilisation suivant les techniques de pêche et les espèces
pêchées. L'outil de pêche le plus utilisé en
Casamance est le filet maillant : le filet maillant
dérivant70 est utilisé par 54% des organisations de
pêcheurs, le filet maillant dormant par 16 % et le filet mailant
encerclant par 6% (IDEE Casamance, 2008). Les espèces
pêchées dépendent de la technique utilisée. Les
espèces principalement ciblées par le filet maillant sont les
ethmaloses et les mulets. Le filet maillant est la technique de pêche la
plus destructrice car c'est celle qui rapporte le plus avec le moins de
moyens71 (IDEE Casamance, 2008). La pêche continentale ne doit
pas être exclue. Deux types d'aménagement sont utilisés en
Basse-Casamance: les barrages-palissades et les bassins piscicoles72
(CORMIER-SALEM, 1986).
La sensibilisation doit aborder l'ensemble des
intérêts qu'ont les villageois à reboiser. Pour cela, nous
dressons la participation de la mangrove à Rhizophora aux
valeurs économiques.
La mangrove est une valeur commerciale
Du point de vue commercial pour la Basse-Casamance,
Rhizophora sert surtout à la culture des huîtres. On
estime la quantité variable d'huîtres prélevées dans
la mangrove entre 1.000 tonnes et 15.000 tonnes/an ou encore entre 2 et 30
millions de douzaines d'huîtres en coques (CORMIER-SALEM, 1989b).
Rhizophora mangle est aussi une plante mellifère (FAO,
2005).
La quantité de crevettes pêchées dans les
mangroves a beaucoup diminué en Basse- Casamance, au point que l'usine
de transformation de Ziguinchor a fermé. Cependant l'amélioration
des conditions environnementales, notamment des mangroves, permet le retour des
crevettes (LE RESTE, 1987).
L'ensemble de la chaine d'utilisation des productions de
l'écosystème de mangrove en Casamance est repris dans l'annexe 5,
page 90. Le projet peut envisager de valoriser ses utilisations, ou d'inciter
les villageois au reboisement en présentant les productions de la
mangrove comme une source de sécurisation des revenus.
La mangrove est une protection
69 Organisme de Recherche sur l'Alimentation et la
Nutrition Africaine, créé en 1953
70 Deux types de filets maillants dérivants
sont utilisés en Casamance : celui de surface et celui de fond.
71 La pêche au filet dormant ne nécessite
pas beaucoup de carburant, car les lieux de pêche sont situés
près de la côte.
72 Les bassins piscicoles sont des aménagements
hydrauliques situés en aval des rizières et sont utilisés
pour une pêche extensive.
La mangrove offre de protection pour les villages à sa
proximité (SAENGER, 1983). Elle protège les habitations contre
les embruns et les vents. Le schéma ci-après illustre qu'ils sont
très présents en Basse-Casamance.
Schéma 16 : Anémographes de
fréquence et de directions des vents au sol entre 1971 et 1982 à
Ziguinchor (DIOP, 1990).
Légende : Les chiffres au centre du cercle indiquent
les vitesses maximum et minimum enregistrées en m/s. La longueur des
segments calculée à partir du cercle est proportionnelle à
la fréquence.
Les mangroves servent surtout à protéger les
maisons contre l'action dévastatrice des tempêtes. Les mangroves
permettent aussi de protéger les terres contre la déflation
éolienne et la formation des dunes argileuses (BARBIREO et al.,
1998). Les mangroves participent aussi à la diminution de
l'intensité du flot et du jusant (BRUNET-MORET, 1970). Elles
protègent aussi contre le risque d'inondation lors des grandes
marées. La mangrove joue aussi un rôle dans la protection contre
les tsunamis. « Après le passage d'un tsunami, on remarque
qu'il y a plus d'habitations sur pied à l'arrière de la
végétation de mangrove que dans la zone non abritée
» (LATIEF et al., 2006).
La mortalité des mangroves serait l'une des causes de
l'érosion côtière, peut-être même une des cause
principales. « Dans de nombreux pays intertropicaux, on utilise les
palétuviers pour fixer durablement les sédiments et gagner ainsi
de nouvelles terres sur la mer. Le Bangladesh fait figure de pionnier, avec un
gain de plus de 100.000 hectares au cours des années 1980. [...] Ces
remarques nous conduisent à formuler l'hypothèse suivante :
l'érosion se déclenche et s'intensifie sur les littoraux lorsque
la mangrove meurt » (BLASCO, 1991). Après la coupe de mangrove, le
couvert végétal n'est plus là pour fixer les
sédiments qui s'en vont vers l'embouchure. Ce phénomène
est accentué avec les pluies violentes et de plus en plus
concentrées (beaucoup de millimètres d'eau tombent en peu de
temps, les sols saturent vite et l'eau ruisselle). Les graphiques de la page
suivante illustrent la répartition quotidienne des pluies et le bilan de
l'eau au cours d'une année à Ziguinchor.
Graphique 3 : Répartition quotidienne des pluies
et le bilan de l'eau au cours de l'année 1961 à
Ziguinchor (DIOP, 1990).
On note que les pluies tombent violemment (la moitié
des pluies tombées en 1961 fait plus de 50 mm) quelques jours de
l'année (43 jours). Il en résulte une grande part d'eau
disponible pour l'écoulement.
L'accentuation de ce phénomène, par la
déforestation accrue de ces dernières décennies, favorise
l'accumulation des sédiments à l'embouchure. Ceci pourrait avoir
pour effet à long terme de boucher l'écoulement et
d'empêcher le balancement des marées. Ce processus de
sédimentation peut transformer la ria13 de l'estuaire de Casamance en un
funnel73 (BLESGRAAF, 2006). Il pourrait alors y avoir une
disparition de la mangrove à certains endroits de la Basse-Casamance
(VIEILLEFON, 1977). Malheureusement, l'évolution de la
sédimentologie du littoral de Casamance est la formation
côtière la moins bien suivie du Sénégal, compte tenu
de la situation d'insécurité qui y règne depuis plusieurs
années (PELISSIER, 1989). Une étude mériterait
d'être menée notamment pour raisonner l'aménagement des
plages des hôtels de Karabane (une île de l'embouchure du fleuve)
de manière à éviter l'accumulation des sédiments
(CSE, 2005).
La mangrove est un écosystème riche
Les productions secondaires de la mangrove en Casamance sont
le zooplancton, la microfaune benthique et les macrobenthos. La
diversité spécifique en zooplancton diminue de l'aval vers
l'amont. La composition spécifique permet de distinguer une zone «
maritime », une zone d'estuaire, et une portion «
anti-estuarienne » (PAGES, 1986a) correspondant
grossièrement au découpage précédemment
présenté. Il semble qu'on puisse distinguer les variations
suivantes en zooplancton (PAGES, 1 986b) : une diminution
générale nette des effectifs en décembre, une chute
d'abondance plus prononcée en aval en début d'hivernage, un
maximum peu prononcé pendant l'hivernage. Concernant la microfaune
benthique, les thanatocoenoses semblent la règle (PAGES, 1 986b). La
diversité spécifique est maximale (35 espèces) dans
l'extrême aval, caractérisée par une abondance d'ostracodes
et de nombreux foraminifères à test calcaire (PAGES, 1986b). On
signale en zone « estuarienne » une prolifération
d'espèces macrobenthiques classiquement estuariennes (dont
Modiolus elegans et scoloples
chevalieri). L'abondance des mollusques augmente en
début d'hivernage dans cette zone et les densités et les
diversités diminuent en fin d'hivernage (entre aout et décembre)
(PAGES, 1 986a). La partie aérienne des arbres : branches, feuilles,
fleurs et fruits est colonisée par des animaux terrestres (insectes,
oiseaux et autres vertébrés). En ce qui concerne les insectes on
sait que certains sont entièrement terrestres, ce sont les «
visiteurs » comme les abeilles, les fourmis, les insectes du
tanne herbacé et les xylophages des palétuviers, assez peu
étudiés (DOYEN, 1985). D'autres ont des formes larvaires qui
dépendent du sol de la mangrove (moucherons de genre
Ceratopogonidae appelés localement « mout-mout
», et de nombreux moustiques). L'espèce de termite présente
semble être Microcerotermes fuscotibialis Sjöstedt
(DOYEN, 1985).
III.6.3. La sensibilisation doit connaitre l'historique de
la pêche en Casamance
La Casamance est dans la situation paradoxale où la
pêche se développe alors qu'en zone fluviale les espèces
deviennent moins diversifiées et les poissons moins nombreux et plus
petits (CHAVEAU, et al., 2000). Les centres de pêche sont
devenus permanents depuis le début des années 80. « Ce
développement semble dû à la fois à une
volonté politique de l'époque d'étendre la pêche
vers la mer, et à un intérêt personnel évident des
pêcheurs migrants de se sédentariser74 »
(SAMBA, 1987). La carte suivante localise les centres de pêche le long du
fleuve Casamance.
Carte 8 : Répartition des pêcheurs de
Casamance selon leur origine d'après CORMIER-SALEM,
1989a.
74 Le revenu brut moyen mensuel des pêcheurs migrants de
Casamance serait, à l'époque, environ le double de celui du
pêcheur resté à Saint-Louis, pour une même technique
de pêche : au filet dormant (SAMBA, 1987).
On remarque que l'extrême
hétérogénéité ethnique du tissu social
casamançais constitue une des données essentielles de la
structuration sociologique du secteur de la pêche en Casamance
(CORMIER-SALEM, 1992). L'arrivée successive de vague de peuplement a
augmenté la pression de pêche, notamment en apportant de nouvelles
techniques de pêche (DIAW, 1986). L'évolution des conditions
historiques du développement de la pêche en Casamance a
été la suivante :
Des années 1930 à 1950 les
pêcheurs somono arrivent dans les villages de Moyenne et de
Basse Casamance, où ils forment des unités familiales distinctes
de celles déjà présentes (DIAW, 1986). Ils introduisent la
version malienne du filet dérivant, le filet maillant
félé-félé (DIAW, 1986). Les
années 50 voient l'arrivée des pêcheurs
tukulër75 puis waalo-waalo originaires de la
vallée du Fleuve Sénégal (DIAW, 1986). On observe
conjointement le développement actif mais bref d'une économie du
poisson fumé, tournée vers la Guinée, basée entre
Fanda (à l'Est de Ziguinchor) et Niafor (dans le Balantakunda). Ils
jouent aussi un rôle décisif dans la diffusion d'un nouveau
modèle de félé-félé et de la senne
de plage en estuaire ainsi que dans l'expansion fantastique de la pêche
crevettière faisant suite à l'implantation d'usines de traitement
de ce produit. Cette période marque également le
développement d'une pêche maritime saisonnière
animée par les pêcheurs get-ndariens et lébu
(DIAW, 1986). L'industrie du poisson fumé va susciter des
activités intenses de pêche et d'échange, jusqu'à la
fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en
1958 (DIAW, 1986). Elle encourage le développement de l'immigration de
pêche, mais aussi l'insertion de nouvelles catégories sociales
(transformateurs Susu et commerçants Pël,
Malinke et Julo ou Jaxanke) dans une économie
estuarienne en expansion (DIAW, 1986). Entre 1971 et 1973,
l'usage du fil de nylon est introduit et la pêche à la senne
devient techniquement possible tout le long de l'année et une nette
tendance à la sédentarisation des waalo-waalo se
développe. Ziguinchor, qui passe d'une petit bourg Baynouk de
800 habitants au début du XXème siècle à 32.000
habitants en 1960 et 700.000 habitant en 1975, est le centre de gravité
de la pêche crevettière et de la pêche tout court (DIAW,
1986). L'économie crevettière est alors un facteur puissant de
déstructuration de l'environnement et de restructuration de la
pêche. Elle attire un nombre croissant de pêcheurs de poissons et
accentue les conflits entre pêcheurs (DIAW, 1986). Entre 1974 et
1985, par un effet d'entraînement du désenclavement de
CapSkiring (pour des activités touristiques76), un nombre
croissant de pêcheurs du Nord migrent vers le littoral casamançais
: des Lébou de la Presqu'île du Cap-Vert, des
Sérèr de la Petite Côte, des Waalo- Waalo
du Gandiole et du quartier de Guet-Ndar à Saint-Louis sur la Grande
Côte et des Niominka du Saloum (CHAVEAU et al., 2000).
Ces pêcheurs trouvent dans les complexes hôteliers un
débouché à leurs captures de poissons (soles) et
crustacés (langoustes) et fuyent, par ailleurs, la situation de plus en
plus difficile de leurs régions d'origine. C'est ainsi plus de douze
concessions de familles de pêcheurs, (soit environ 600 personnes
originaires des autres régions littorales sénégalaises),
et enfin, un campement de migrants saisonniers guinéens qui s'installent
(CHAVEAU et al., 2000). L'hivernage catastrophique de
1983, la chute brutale de la production et la fermeture
temporaire des usines l'année suivante (puis la fermeture permanente
quelques années plus tard), entrainent la dislocation de familles
entières qui vont « tenter leur chance » ailleurs,
notamment en Gambie, en Guinée-Bissau, à Dakar, et aussi en
France, au Gabon et en Cote d'Ivoire (DIAW, 1986).
75 Les premiers migrants tukulër
viennent d'abord en Casamance pour s'y procurer des pirogues faites
d'espèces abondantes en Casamance comme le caïcedrat. Le premier
type de pêche pratiqué par les Subalbes (caste des
pêcheurs tukulër) en Casamance est la pêche au harpon
utilisé pour chasser le crocodile (pour sa peau) et le lamantin (pour sa
chair).
76 Un aéroport est construit dès 1971, qui relie
de nos jours quotidiennement le Cap-Skiring à l'aéroport
international de Dakar. Le village de vacances du Club
Méditerranée est ouvert en 1974, jouxtant le campement de
pêcheurs migrants. La "Route du Sud", bitumée et donc praticable
toute l'année, est achevée en 1981 et permet d'atteindre
Cap-Skiring en moins d'une heure depuis Ziguinchor, capitale régionale.
En une dizaine d'années, la plage, autrefois inoccupée, devient
le lieu d'occupation de plus de 10 hôtels et campements touristiques
d'une capacité totale de 1190 lits (CHAVEAU, et al., 2000).
III.6.4. Les indicateurs à suivre
Nous recommandons d'utiliser des indicateurs de suivi
opérationnel en complément aux indicateurs de suivi
économique (bilan financier, calculs d'amortissements)
déjà en place. Nous avons proposés au cours de notre
présentation les indicateurs suivants.
Indicateur
La moitié des rizières salinisés
(c.à.d. 1.200 ha) sont récupérés et
exploités à une rentabilité de 1 T/ha, en 10 ans
|
Source de
vérification
Image satellite, suivi de production
|
Auteur à consulter
Lamine DIEDHIOU, 1999
|
15.000 ha rizières protégées de la
salinisation, en 10 ans
|
Image satellite
|
|
Augmentation de la pêche intérieure à
hauteur de la moitié de la pêche
intérieure de 2003 (c.à.d. 3.800 tonnes de poissons
pêchées en plus) dans les zones de Rhizophora du projet,
en 10 ans
|
Suivi des pêcheries
|
IDEE Casamance et le service des pêches de Ziguinchor
|
2 millions de douzaines d'huitres récoltées en
plus dans les zones de mangrove du projet, en 10 ans
|
Suivi des ventes
|
CORMIER- SALEM,1994a
|
99% des sacs collectés sont collectés sans
erreur
|
Échantillonnage
|
|
80% des bénéficiaires peuvent citer l'entre- aide
comme motivation à leur participation
|
Fiche d'évaluation
des cessions de formation
|
|
80% des juvéniles pêchés sont
relâchés par les pêcheurs
|
Visite de pêche
|
|
Les pêcheurs respectent la période de repos
biologique des poissons
|
Enquête aux zones de débarquement
|
|
Les canaux d'irrigation creusés couvrent 20% de la surface
replantée
|
Image aérienne
|
ISME
|
Les canaux d'irrigations sont entretenus tous les 2 ans
|
Visite de terrain
|
ISME
|
75% de taux de survie chaque année
|
Transects annuel,
échantillonnage
|
CIRAD, Nadine
TILLEUL
|
70% du temps à la gestion autonome des villageois
(planification, préparation, enregistrement des données), 30%
pour la collecte des données.
|
Calendrier de travail
|
|
Tableau 7 : Indicateurs nécessaires pour le suivi
du reboisement (FAUGERE, 2009).
III.7. Analyse SWOT de l'ONG et de son intervention
Nous proposons l'analyse SWOT suivante, pour l'ONG et son
intervention. Cette analyse reprend quelques points déjà
cités qui concernent le projet de reboisement de l'ONG.
FORCES FAIBLESSES
-sait communiquer (supports
adaptés, développement d'outils) -sait agir
-comprend et connait la réalité des populations
cibles
-sait lever des fonds (diversité des partenaires) et
connait les bailleurs de fonds
-partenariat avec les médias -communication sociale
-absence de capitalisation vis-à-vis des
précédents reboisements
-ne gère pas durablement (absence de logique programme,
absence d'étude d'impact, absence de plan de gestion, absence de
suivi-évaluation)
-ne responsabilise pas (formations à gérer le
reboisement, incitation à l'échange)
- absence de plan de gestion
-visibilité financière à moyen terme
-absence de logique programme, donc ne peut pas requérir
des financements pluriannuels
-absence de suivi-évaluation
-manque de compétence dans la réponse à un
appel d'offre
-n'arrive pas à respecter les chronogrammes (dead line)
-manque de ressource humaine dans les bureaux (d'où difficulté
à respecter les échéances de reporting) -toujours en phase
de prospection
-communique tellement qu'on a l'impression qu'elle a toutes
les ressources techniques, humaines et financières
nécessaires.
-exclusion de l'administration décentralisée
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
|
|
-vulgariser le partage des
informations et des expériences
-réaménagement du balancement des marées
-financements structurels (en plus des financements
opérationnels)
|
-Risque de coupe
-Problèmes fonciers
-Non irrigation des plantules
-Augmentation du niveau de la mer -Sécheresse
-Augmentation de la pression de pêche
|
Tableau 8 : Forces et faiblesses du projet de reboisement
en 2008 (FAUGERE, 2009).
III.8. Proposition d'un plan stratégique pour
2009
L'analyse SWOT nous sert à établir le plan
stratégique à mettre en oeuvre en 2009. Le plan
stratégique proposé est schématisé ci-après.
Ce plan stratégique peut servir à une demande de financement
structurel.
Nous remarquons que l'effort concerne surtout Haïdar.
Haïdar est très respecté au sein de l'ONG. Il est le leader
idéologique de l'ONG et le « père » de ses
employés. Il habite d'ailleurs au bureau de l'ONG avec ses enfants et le
personnel du centre de plongée. Peu de personnes osent le contredire. Il
prend souvent les décisions par lui-même malgré l'article
3.3 des statuts de l'association : « Les décisions sont prises
à la majorité simple des membres présents ou
représentés à l'Assemblée. La présence ou la
représentation du quart de ses membres est nécessaire.
».
Schéma 17 : Proposition d'un plan
stratégique pour l'année 2009 (FAUGERE,
2009). Légende : +++ : délais urgent - ++ :
délais pressant - + : délais court
CONCLUSION
Pour évaluer si un projet a atteint son objectif, il
est commun de se baser sur les résultats tangibles et mesurables
obtenus. Océanium a obtenu de nombreux résultats grâce
à ses outils innovants et adaptés, et grâce à son
savoir-faire. Les médias et certains organismes d'intervention sur
l'environnement ont fait largement écho de l'obtention de ces
résultats et les mettent en avant comme un gage de réussite du
projet.
Pour évaluer si un projet a atteint son objectif on
doit considérer les résultats obtenus non pas en valeur absolue
(le nombre de propagules plantées, le nombre de villages ayant
participé au reboisement) mais en valeur relative intégrant les
facteurs de risques pouvant compromettre leur durabilité et
éventuellement à terme leur existence même (cf. « trop
de sel gâche la marmite » : à vouloir trop planter sans
maîtrise des facteurs environnementaux et socio-économiques
environnants, on peut aboutir à un résultat nul : survie de
propagules pendant 1 an ou deux puis disparition) .
Dans le cadre du projet de reboisement mené par
Océanium, il subsiste de nombreux risques non maîtrisés qui
peuvent compromettre la durabilité des résultats.
Premièrement, le risque de coupe des Rhizophora doit être
géré par un plan d'exploitation des valeurs commerciales de la
mangrove. Ensuite, le risque de salinisation des vasières de
Rhizophora doit être pris en compte par l'aménagement du
ruissellement et du balancement des marées. Enfin, le risque de
reboisement avec un seul genre de palétuvier doit être
étudié dans le cadre du maintien de la biodiversité.
Par ailleurs, la participation des villageois a plus
reposé sur une incitation ponctuelle (en partie
rémunérée) à une journée d'action collective
festive que sur une véritable connaissance des enjeux à moyen
terme de la préservation de leur environnement et des ressources qu'ils
en tirent. Une sensibilisation plus approfondie doit être menée
dans la zone d'intervention pour une véritable prise en main du projet
et une gestion concertée des risques par les villages concernés
par la disparition de la mangrove.
Ce n'est donc pas parce qu'on obtient les résultats
attendus que l'objectif est forcément atteint. Le
suivi-évaluation permet de piloter les résultats pour leur
durabilité. Nous recommandons donc à OCEANIUM de mettre en place
un suivi-évaluation sur la base du plan stratégique
proposé pour 2009.
LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES & DES
COMMUNICATIONS PERSONNELLES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TYPE DE DOCUMENT Articles de
périodique
|
SUPPORT Support papier
|
Quantité 9
|
Ouvrage
|
Support papier
|
52
|
Support électronique
|
21
|
Chapitre d'ouvrage
|
Support papier
|
6
|
Acte de congrès
|
Support électronique
|
1
|
Mémoire ou thèse
|
Support papier
|
1
|
Support électronique
|
1
|
Carte et Atlas
|
Support électronique
|
2
|
Site web
|
Support électronique
|
9
|
Vidéo
|
Support électronique
|
1
|
Tableau 9: Bilan des 103 références
bibliographiques, FAUGERE, 2009.
A
AHOUANSOU SOVI, L. (1998). 277 versets coraniques et 27 hadiths
pour sauver l'environnement. Abres, Forêts et Communautés
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COMMUNICATIONS PERSONNELLES
Anonyme, (18 juillet 2008), Bignona.
COLY, M. (4 septembre 2008) 17 ans, collégienne de 17 ans
à Bafican, département d'Oussouye COLY, F. (4 septembre 2008) 20
ans, Darsalam, département de Ziguinchor
DIATTA, E. (4 septembre 2008), collégien de 18 ans
à Diakène, département d'Oussouye
SAGNA, J. (4 septembre 2008), collégien de Bafican,
département d'Oussouye
SONKO,E (25 septembre 2008). Responsable de la zone d'Elinkine
pour le projet de reboisement
SOW, M. (27octobre 27 2008). Responsable de l'Initiative Mangrove
en Afrique de l'Ouest pour l'UICN. Dakar.
INDEX DES NOMS SCIENTIFIQUES Avicenia sp.,
Acanthaceae (palétuvier noir), 14, 15, 20, 22, 65
Bruguiera sp., Rhizophoraceae, 22
Carapa sp., Meliaceae, 22
Crassostrea gasar, (huître de palétuvier),
66
Ethmalosa fimbriata (sardinelle jaune), 22, 24
Heritiera sp., Sterculiaceae 22
huître de palétuvier (Crassostrea gasar),
66
Laguncularia racemosa, Combretaceae (palétuvier
blanc), 18 Liza falcipinnis, Mugilidae 22
Microcerotermes fuscotibialis Sjöstedt, 52
Modiolus elegans, Teredinidae 51
Oryza glaberrima, Poaceae (riz africain), 20
palétuvier noirs (Avicenia), 18
palétuvier rouge (Rhizophora mangle), 18, 19
palétuvier blanc (Laguncularia racemosa), 19 petit
palétuvier, 15
Poecilips fallax, 29
Rhizophora harrisonii, Rhizophoraceae, (petit
palétuvier), 15, 65 Rhizophora mangle, Rhizophoraceae,
(palétuvier rouge), 15, 18, 54, 65, 72 Rhizophora racemosa,
, Rhizophoraceae, 15, 65
riz africain (Oryza glaberrima), 20
sardinelle jaune (Ethmalosa fimbriata), 22
Sarotherodon melanotheron, Cichlidae, (tilapia des
estuaires), 24 scoloples chevalieri, Orbiniidae, 51
Sonneratia, Sonneratiaceae, 22
tilapia des estuaires (Sarotherodon melanotheron), 24
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 Détail du calcul de la quantité
de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de
palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la
méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE,
2009.82
Annexe 2 Détail du calcul de la quantité
de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de
palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la
méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE,
2009.85
Annexe 3: Tableau du détail par zone et par
village des performances des 130 villages de reboisement et des 18 villages de
collecte et de la date de leurs activités (FAUGERE, 2008).86
Annexe 4: Détail du calcul de
rentabilité économique sur 10 ans du projet de reboisement de
1.000 hectares de Rhizophora en 2008 en Basse-Casamance, vis-à-vis
d'une situation «sans-projet» (FAUGERE, 2009) 88
Annexe 5 Extrait du guide technique pour le repiquage
des propagules de Rhizophora (OCEANIUM, 2008) 89
Annexe 6: Chaine d'utilisation des productions de la
l'écosystème de mangrove en Casamance (BADIANE, 1986). 90
Annexe 7 Affiche du projet de reboisement de 5
millions de Rhizophora en Basse-Casamance par Océanium (Reg'(c),
2008). 91
Annexe 8 Photographie du flanc du camion (HELLIO et VAN
INGEN, 2008).92
Annexe 9 Affiche de conclusion du projet de
reboisement (Reg'(c), 2008) 92
Annexe 10 Affiche de communication durant le
reboisement (Reg'(c), 2008) 93
Annexe 11 Photographie aérienne d'un bolon
(HELLIO et VAN INGEN, 2008) 94
Annexe 12 Photographie du chargement des sacs de 1.000
propagules au village de Diakène Wolof (HELLIO et VAN INGEN, 2008).95
Annexe 13 Photographie de la zone de repiquage de Bafican (FAUGERE, 2008).96
Annexe 14 Photographie aérienne du recul de la
mangrove à Tobor (VPI, 2007) 97
Annexe 15 Photographie le long du transect, depuis les
rizières vers les mangroves (FAUGERE, 2008). 99
Annexe 16 Photographie de pêcheurs posant leur
filet dans la mangrove (FAUGERE, 2008).101
Annexe 17 Photographie d'un cycliste sur l'axe routier
Tobor-Ziguinchor, en direction de Ziguinchor, transportant une stère de
bois de palétuvier (FAUGERE, 2008).102
Annexe 1 Détail du calcul de la quantité de
carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de
palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la
méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE,
2009.
Recommandation: Raphael MERCIER a effectué une estimation,
pour l'UICN de Dakar, plus précise du stockage du Carbone dans les
sédiments au Sine Saloum. Nous n'avons pas accès à aux
résultats qu'il a obtenu.
Annexe 2 Détail du calcul de la quantité de
carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de
palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la
méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE,
2009.
Recommandation: Raphael MERCIER a effectué une estimation,
pour l'UICN de Dakar, plus précise du stockage du Carbone dans les
sédiments au Sine Saloum. Nous n'avons pas accès à aux
résultats qu'il a obtenu.
ANNEXE 2
Annexe 3: Tableau du détail par zone et par
village des performances des 130 villages de reboisement et des 18 villages de
collecte et de la date de leurs activités (FAUGERE, 2008).
Ce tableau permet de savoir pour chaque propagule où et
quand elle a été collectée et reboisée. Il permet
aussi de suivre au jour le jour les performances de chaque village. Il peut
aussi permettre de calculer la distance totale parcourue par les
véhicules de livraison.
Annexe 4: Détail du calcul de rentabilité
économique sur 10 ans du projet de reboisement de 1.000 hectares de
Rhizophora en 2008 en Basse-Casamance, vis-à-vis d'une
situation «sans-projet» (FAUGERE, 2009)
Annexe 5 Extrait du guide technique pour le repiquage
des propagules de Rhizophora (OCEANIUM, 2008)
Annexe 6: Chaine d'utilisation des productions de la
l'écosystème de mangrove en Casamance (BADIANE, 1986).
Annexe 7 Affiche du projet de reboisement de 5 millions
de Rhizophora en Basse-Casamance par Océanium (Reg'(c), 2008).
Annexe 8 Photographie du flanc du camion (HELLIO et VAN
INGEN, 2008).
Sur le flanc du camion on distingue l'affiche de sensibilisation
de la campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers en 2008 par
Océanium.
Annexe 10 Affiche de communication durant le
reboisement (Reg'(c), 2008)
Annexe 11 Photographie aérienne d'un bolon
(HELLIO et VAN INGEN, 2008)
On distingue les circonvolutions du chenal qui se fraie dans le
couvert végétal dense de mangrove.
Annexe 12 Photographie du chargement des sacs de 1.000
propagules au village de Diakène Wolof (HELLIO et VAN INGEN,
2008).
Annexe 13 Photographie de la zone de repiquage de
Bafican (FAUGERE, 2008).
Au premier plan on distingue les propagules plantées dans
la vase, à marée basse. Au second plan on distingue les pieds de
palétuviers morts.
Annexe 14 Photographie aérienne du recul de la
mangrove à Tobor (VPI, 2007)
On distingue en bas une ancienne rizière devenue une
tanne. En haut on distingue le fleuve Casamance. Au milieu on distingue un
cordon de mangrove, le long de la berge du fleuve.
Annexe 15 Photographie le long du transect, depuis les
rizières vers les mangroves (FAUGERE, 2008).
Au premier plan on remarque les rizières hautes. Au second
plan on distingue les rizières moyennes, au troisième plan les
rizières profondes et en arrière plan on distingue le rideau de
mangrove.
Annexe 16 Photographie de pêcheurs posant leur
filet dans la mangrove (FAUGERE, 2008).
Annexe 17 Photographie d'un cycliste sur l'axe routier
Tobor-Ziguinchor, en direction de Ziguinchor, transportant une stère de
bois de palétuvier (FAUGERE, 2008).
RESUME
La mangrove disparait en Casamance. La mangrove joue pourtant
un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de la
région de Casamance. L'ONG sénégalaise de protection de
l'environnement « OCEANIUM DE DAKAR » met en place en 2008 une grande
campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers pour 130 villages
du Sénégal. Beaucoup de moyens sont mis en oeuvre pour cette
campagne : une mobilisation forte de la part des bénéficiaires,
un soutien des bailleurs, une couverture médiatique large et une ONG
active. Tous unissent leurs efforts pour un objectif commun : « faire
revivre la mangrove ». Au bout du compte les résultats du projet
sont au delà des espérances. En 43 jours, 6.302.000 propagules de
palétuviers sont plantées sur 1.200 hectares grâce à
la participation de 11.000 villageois. 32.500 personnes ont été
sensibilisées et supportés par la couverture médiatique
internationale. Un mécénat est obtenu pour reboiser 6.000
hectares l'année suivante.
C'est par l'analyse de résultats obtenus que l'auteur
discute de l'objectif global du projet de « faire revivre la mangrove
». L'étude commente le traitement préférentiel
donné à l'obtention du résultat vis- à-vis d'un
objectif plurifactoriel. L'étude s'appuie notamment sur les enjeux du
suivi-évaluation.
Mots clés : Casamance, mangrove, reboisement,
palétuvier, Sénégal, participation, résultat,
projet, objectif.
SUMMARY
Mangrove disappears in Casamance. Mangrove plays a vital role
in food security for the region of Casamance. The Senegalese NGO for
environmental protection "OCEANIUM DAKAR" developed in 2008 a major campaign to
reforest 5 million mangroves for 130 villages in Senegal. Many means have been
implemented for this campaign: a strong commitment on the part of recipients,
donor support, wide media coverage and an active NGO. All combining their
efforts towards the shared objective of reviving the mangrove. Ultimately the
results for the project have been beyond expectations. In 43 days 6,302,000
mangrove propagules were planted on 1,200 hectares, 11,000 villagers have
participated in the campaign, 32,500 people have been sensitized, the media
coverage has been international and sponsorship has been obtained to reforest
6,000 hectares the following year.
It is through the analysis of results obtained that the author
discusses the overall objective of the project "to revive the mangrove».
The study explains the preferential treatment given to obtaining result
towards a multi-purpose goal. The study draws on the issues of
monitoring and evaluation.
Keywords: Casamance, mangrove, reforestation, mangrove,
Senegal, participation, result, project, goal, objective.
RESUMEN
Los manglares están desapareciendo en
Casamancia. Manglares desempeñan un papel vital en la seguridad
alimentaria en la región Casamancia. La ONG de Senegal para la
protección del medio ambiente "OCEANIUM DAKAR" pone en marcha en 2008
una importante campaña para reforestar 5 millones
manglares para 130 pueblos de Senegal. Muchos medios se aplican en esta
campaña: un fuerte compromiso por parte de los beneficiarios, el apoyo
de los donantes, una amplia cobertura de los medios y una ONG activa. Todos
juntos con un objetivo común: revivir el manglar. Al fin y al cabo, los
resultados del proyecto están más allá que las
expectativas. En 43 días se plantaron 6.302.000 propágulos de
manglar en alrededor 1.200 hectáreas, 11.000 habitantes participaron en
la campaña, 32.500 personas fueron sensibilizadas, los medios de
comunicación son internacionales y un patrocinio de cobertura se obtiene
para reforestar 6.000 hectáreas para el año siguiente.
Es a través del análisis de los resultados
obtenidos que el autor trata del objetivo general del proyecto «para
revivir los manglares». El estudio explica el trato preferencial dado a la
obtención del resultados frente a un objetivo multifactorial. El estudio
se apoya en las cuestiones de supervisión y evaluación.
Palabras claves: Casamancia, manglares,
reforestación, manglar, Senegal, participación, resultado,
proyecto, objetivo.
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