DISCOURS DE SOUTENANCE
LES PROCESSUS D'URBANISATION DES PETITES VILLES
À LA GRANDE PÉRIPHÉRIE DE TUNIS
Thèse de doctorat en urbanisme et
aménagement présentée et soutenue publiquement par Hatem
Kahloun le 02 février 2008 à l'Ecole Nationale d'Architecture et
d'urbanisme de Tunis.
Jury composé par : AmorBelhedi,
Frédéric Girault, Jean-Paul Laborie, Moncef Ben Slimane, Taoufik
Belhareth
Monsieur le président, messieurs les membres du
jury,
Me voici aujourd'hui devant vous pour vous présenter et
discuter autant que faire se peut ce modeste travail. Cinq ans de recherche,
d'apprentissage, bref de travail dont j'apporte à présent les
fruits. Il s'agit plus davantage de dégager des chemins que de
prétendre énoncer des résultats définitifs, il
s'agit de pistes à frayer et des réflexions à discuter.
Le présent exposé sera articulé autour
des points suivants :
1. Le positionnement de la recherche et le choix de
l'objet ;
2. Le champ théorique et les dimensions
conceptuelles ;
3. Plan d'observation et techniques d'investigation : les
choix opérés ;
4. Les principales difficultés rencontrées et
les méthodes mises en oeuvre pour les surmonter ;
5. Les principaux résultats de la recherche ;
6. Les perspectives de la recherche
1. Positionnement de la recherche et choix de son
objet :
Notre recherche s'inscrit dans un « vieux
débat » alors que de nouvelles orientations théoriques
réduisent l'intérêt porté aux petites villes au
profit des réflexions mettant en évidence les avantages des
métropoles et insistant en particulier sur leurs atouts dans les
impératifs actuels de la communication puisqu'elles sont à la
fois des hubs et des centres où se concentrent la production de la
connaissance et la diffusion de l'information.
Elle s'intéresse en priorité à la
relation entre l'évolution des petites villes et l'intensification de la
métropolisation dans un contexte territorial, celui de la Tunisie. Pour
ne pas d'entrée de jeu privilégier l'influence de l'expansion de
Tunis sur les petites villes avant de connaître les
caractéristiques générales de ce niveau de la
hiérarchie urbaine, nous nous sommes astreints à construire cette
catégorie « petite ville ». Cette démarche a,
à l'évidence, imposé un surcroît de travail.
Cependant, son apport est essentiel car elle évite l'écueil d'une
représentation imprécise voire erronée des petites villes.
Combien d'études considèrent, en effet, comme acquise la
dépendance des petites villes à l'égard des
métropoles et ne considèrent ces organismes urbains dignes
d'intérêt que s'ils sont dans des espaces ruraux,
éloignés des influences de villes en croissance. Les petites
villes qui ne sont pas des « localités »,
c'est-à-dire des centres locaux chefs-lieux de territoires ruraux
sont-elles toutes en voie d'absorption dans les périphéries
proches ou distantes des villes les plus grandes ? Nous pensons que pour
bien parler des petites villes
« métropolisées », il est important de
connaître en quoi elles se différencient des autres.
Nous ne nous sommes donc pas entrés dans l'observation
des petites villes avec des a priori incontestables sur les effets de la
métropolisation qu'elles subissaient. Nous avons considéré
que les processus pourraient prendre différents rythmes
d'évolution selon des vitesses et des temporalités discontinues.
En Tunisie peu de travaux qui ont été
menés sur les petites villes. Ce champ d'étude et de
réflexion reste encore embryonnaire et les recherches
réalisées consistent en des études de cas ou en des
monographies qui ne tiennent pas compte des processus et des tendance
comparées. Et c'est à partir de là qu'apparaissent la
nouveauté et l'originalité de ma recherche sur les petites villes
dans un pays où la statistique ne facilite pas leur étude avec la
distinction difficile entre communes rurales et villes.
1.1 L'objet de la recherche :
L'objet de cette recherche qui consiste à s'interroger
sur les processus d'urbanisation des petites villes dans leur rapport à
Tunis et compte tenu de leur proximité, leurs potentialités
spatiales économiques et politiques. Il ne s'agissait pas d'analyser la
métropolisation en tant que phase avancée dans le processus
d'urbanisation de Tunis, mais de déterminer les mécanismes
sous-jacents qui sous-tendent les processus d'urbanisation des petites
villes.
Moins autonomes ou fortement dépendantes de l'aire de
Tunis, les petites villes évoluent dans un espace régional dont
l'ensemble de ses éléments constitue un système
socio-spatial économique et politique actif, ouvert, complexe et souple.
Cette situation, si elle suppose une parfaite subordination des petites villes
dans leurs processus d'urbanisation à Tunis, réduit-elle le
rôle de la petite ville dans la dynamisation de son espace local ?
Comment la petite ville évolue t-elle face aux rapports de domination
exercés par Tunis ?
Les faits à l'évidence révèlent
que les petites villes de la région tunisoise se distinguent des petites
villes des autres régions tunisiennes. Cette distinction permettra de
vérifier l'hypothèse que la proximité de la capitale a des
effets multiples sur l'évolution des petites villes de la région
tunisoise. Cette hypothèse directionnelle positive
postule que la proximité par rapport à la
métropole détermine autant leurs niveaux d'urbanisation que leur
autonomie à développer des processus recouvrant la
capacité ou l'incapacité de produire des transformations
morphologiques et fonctionnelles.
La deuxième hypothèse causale
découle de la précédente et suppose que les
capacités des petites villes à s'urbaniser ou à
résister face aux processus de métropolisation dépendent
de l'intensité de polarisation de leurs structures économiques et
de leurs aptitudes à engager une dynamique urbaine à partir de
leurs espaces locaux.
Confronté à l'épreuve des faits, ce
raisonnement ne peut être à lui seul suffisant pour expliquer les
mécanismes responsables des transformations des petites villes. Les
processus d'urbanisation ne peuvent être détachés des
politiques publiques et des modalités de fonctionnement des pouvoirs
urbains. Partant de cette évidence, nous avons tenté de
répondre, dans une troisième hypothèse, à
une question que nous jugeons essentielle quand se pose la question de la
dépendance induite par la métropolisation : quel est le
degré d'autonomie des pouvoirs (acteurs) locaux dans la conduite des
politiques urbaines ?
Ces questionnements m'ont amené à structurer ce
travail en trois parties :
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