Remerciements
J'exprime mes vifs remerciements ainsi que mes reconnaissances
infinies à toutes les personnes physiques ou morales qui ont
énormément contribués à la réalisation de
cette recherche, plus particulièrement :
· A Madame RAMAMONJISOA Joselyne, Professeur titulaire au
Département de Géographie, qui malgré ses lourdes
fonctions m'a fait l'honneur de présider les membres du Jury afin de
valider le résultat de ce présent travail;
· A Madame RATSIVALAKA Simone, Maître de
Conférence au Département de Géographie dont
l'enseignement nous a profondément marqués dès nos
premières années d'études à l'Université.
Notre gratitude la plus profonde s'adresse à :
· Madame VOLOLONIRAINY Ravoniarijaona, Assistante au
Département de Géographie qui nous a encadré et
dirigé tout le long de l'épreuve. Sa grande expérience et
sa bienveillance nous ont été d'une grande aide pendant nos
déplacements sur le terrain et durant toute la période de
rédaction.
· A Madame RAZANAHOERA RAKOTOMALALA Marlène,
Maître de conférence au Département de Biologie Animale et
chef du Sous - Projet
F@DES SPO1v1_05/Anjozorobe, qui m'a
accordé sa confiance dans la réalisation de cette recherche.
· Au Ministère de l'Education Nationale et de la
Recherche Scientifique (MENRES), qui par le biais du F@DES a octroyé au
Sous - projet SPO1v1_05/Anjozorobe le financement pour la réalisation de
ce travail;
· A toute ma famille, mes amis et surtout mes parents qui
nous ont soutenus et encouragés.
· A tout le corps enseignant du Département de
géographie de l'Université d'Antananarivo.
· A toute l'équipe du Sous - projet F@DES
Anjozorobe ainsi qu'à mes amis
· A toute la communauté Zafindravoromanga
et Zanakandriambe d'Antsahabe - Est qui a énormément
contribué à la réalisation de ces travaux de
recherches.
« Que tous et toutes trouvent ici
l'expression de notre très sincère reconnaissance et de notre
profonde gratitude » !
Résumé
La forêt d'Antsahabe-Est constitue avec le corridor
forestier d'Anjozorobe l'un des derniers vestiges forestiers des Hautes Terres
Centrales malgaches. Sa subsistance en dépit de sa proximité de
la capitale laisse apparaître une importante forme
d'interprétation du milieu, non par sa valeur biologique, mais par la
présence d'un facteur qui tient localement une place primordiale :
les facteurs culturels et cultuels. Comme la plupart des forêts qui
subsistent dans la grande île, l'utilisation de l'espace forestier
à Antsahabe-Est est fondée sur la croyance et la culture de la
population locale. De près, on assiste à une multitude de
comportements basés sur la présence des lieux sacrés qui
donne le caractère sacré à la forêt. La tradition
se maintien par son caractère sacré et par les rites et cultes
qui sont tout autant les signes de l'authentification de la croyance. La
forêt conserve son monde mythique et religieux, dans la pratique et
l'esprit de la population. Elle reste un lieu de culte et de pèlerinage
qu'une partie considérable de la population vénère.
Cette situation a cependant évolué depuis les
années 1990 quand l'adoption du christianisme et l'émergence du
syncrétisme a apporté une nouvelle vision de la croyance
ancestrale. L'abandon de la tradition, l'insuffisance des terrains cultivables
et la dégradation du circuit de décision dans la gestion de la
forêt ont accentué la concurrence mutuelle dans l'appropriation
des espaces forestiers. Il est vrai que la résistance de la population
locale face aux transformations de l'organisation sociale est immense, mais
malgré cette résistance, la société va subir peu
à peu les influences étrangères qui menacent de plus en
plus la subsistance de la forêt.
Mots clés :
Société rurale, société traditionnelle, mutation
sociale, pratiques traditionnelles, rites, cultes, lieux sacrés.
SOMMAIRE
Remerciements 1
Résumé 2
Sommaire 3
INTRODUCTION GENERALE 5
Contexte de l'étude 6
Démarches et techniques 7
Plan 12
Sources bibliographiques 13
PREMIERE PARTIE
/
LE MILIEU NATUREL ET LA
SOCIÉTÉ, MARQUÉS PAR LES VICISSITUDES HISTORIQUES
3
CHAPITRE 1 L'ESPACE :
ÉLÉMENT STRATÉGIQUE D'IMPLANTATION
3
1.1. Une zone limitrophe de l'Est et des Hautes
Terres Centrales malgaches
3
1.2. Le relief et le sol: inscrits dans la stratégie
d'occupation paysanne 21
1.3. Un cadre climatique transitoire, favorable pour
l'agriculture 27
1.4. La couverture végétale :
encore riche en biodiversité 31
CHAPITRE N° 2 LA POPULATION
LOCALE : À RÉFÉRENCE ANCESTRALE
COMMUNE 38
2.1. L'histoire de l'implantation humaine
38
2.2. L'organisation sociale fondée sur les
relations inter - familiales 44
Conclusion partielle 52
DEUXIEME PARTIE /
LA SURVIE DE LA FORÊT : REFLET
DE LA VIVACITÉ DES CROYANCES ANCESTRALES 53
CHAPITRE 3 LES ACTIVITÉS LOCALES
IMPRÉGNÉES PAR LES PRATIQUES TRADITIONNELLES
53
3.1. Le cadre de vie rural : les habitats
53
3.2. Les activités agricoles :
principales activités 56
3.3. Le reboisement : élément
marqueur d'espace 59
CHAPITRE N°4 LA PERCEPTION
PAYSANNE DU MILIEU NATURELLE 61
4.1. La forêt : une grande ressource
61
4.2. La forêt : un espace culturel
où le divin se territorialise 64
4.3. Les fady/tabous : moyens d'accès
sur la forêt 75
Conclusion partielle 80
TROISIEME PARTIE / UNE MUTATION SOCIALE ACCENTUANT LA
PRESSION SUR LA FORET 81
CHAPITRE 5 LES FACTEURS DE TRANSFORMATION
DE LA SOCIÉTÉ 81
5.1. La pression foncière 81
5.2. Le système éducatif :
source de changement de comportement 87
5.3. L'adoption du christianisme et
l'émergence du syncrétisme 87
CHAPITRE 6 VERS LA PERTE DE LA
COHÉSION SOCIALE ET LA MISE EN PÉRIL DE LA SURVIE DE LA
FORÊT 90
6.1. Le circuit de décision, remis en
question 90
6.2. Les agents forestiers: représentants de l'Etat
94
CHAPITRE 7 LES EFFORTS DE CONSERVATION DE
LA FORÊT D'ANTSAHABE-EST 94
7.1. La mise en place d'une politique de
conservation : axée dans le contrôle de la forêt et
l'amélioration des activités économiques 94
7.2. Vers l'introduction des nouvelles
activités pour la conservation de la forêt et le
développement rural 96
Conclusion partielle 99
CONCLUSION GENERALE 100
Bibliographie 101
Lexique 107
Annexes 108
Listes des tableaux 110
Liste des illustrations photographiques
110
Liste des figures 110
Liste des illustrations cartographiques
111
Listes des Annexes 111
INTRODUCTION GENERALE
Situé à 110 Km au Nord - Est d'Antananarivo,
Antsahabe - Est, accessible après la RN 3 par une piste carrossable
toute l'année, est connue par la subsistance de la forêt naturelle
de moyenne altitude. Elle constitue l'un des derniers vestiges forestiers des
Hautes Terres Centrales de Madagascar reliant la forêt d'Anjozorobe
à celui de Manjakandriana. La forêt occupant une superficie
d'environ 210 ha est encore dans un état louable notamment par la
présence d'une très grande diversité floristique
indicatrice de la forêt naturelle de la série
Tambourissa.sp et Weinmania, ainsi que par la présence
des espèces faunistiques spécifiques comme les lémuriens
(Indri indri, Propitecus diadema) et les différentes
espèces de reptiles et d'amphibiens.
La subsistance de cet environnement exceptionnel implique le
rôle primordial de la population locale dans la gestion de la
forêt. L'on ne pourra exclure dans ces conditions l'importance de la
perception paysanne du milieu naturel imprégné par la croyance
ancestrale. En effet, la croyance locale fait de la forêt un patrimoine
culturel inégalable dont l'histoire est la racine qui assure l'ancrage
à l'identité culturelle. De ce fait, l'histoire et la croyance
constituent la référence pour justifier les valeurs qui
réglementent la gestion du milieu forestier.
Toutefois, la situation actuelle reflète des
changements de comportement vis-à-vis de la logique traditionnelle et
des pratiques coutumières dans le mode d'approche au milieu forestier ce
qui constitue un signe précurseur de l'utilisation des ressources
naturelles.
Le thème qui s'intitule : «La
forêt : interface entre le divin et l'humain» se focalise
sur l'évolution des relations de l'homme avec la forêt basé
sur des considérations sociologiques et économiques, auxquelles
s'ajoute les facteurs d'ordre historiques et culturels.
La problématique de la recherche se résume en
deux questions :
- La croyance ancestrale et les pratiques traditionnelles de
la communauté locale favorisent - elles la survie du milieu
forestier ?
- Les changements de comportement vis-à-vis de ces
pratiques peuvent-elles constituer une des causes de dégradation de la
forêt ?
Les objectifs de ce travail consistent donc à :
- Décrire les rites, les coutumes, les moeurs et les
usages de la communauté locale en étroite relation avec
l'utilisation du milieu forestier;
- Mettre en évidence l'importance de l'organisation et
des pratiques sociales dans la gestion des ressources
forestières ;
La présente recherche sera une première dans la
forêt d'Anjozorobe a étudié la perception paysanne du
milieu naturel fondée sur les spécificités historiques,
culturelles et cultuelles dans la gestion de la forêt. Elle tente
d'expliquer le rôle de l'organisation sociale et l'importance de la
tradition dans l'utilisation et l'accès en milieu forestier.
Le thème traité tend à combiner plusieurs
domaines de recherche en ce qui concerne :
- L'importance historique de la zone dans l'implantation
humaine et l'utilisation des ressources forestières,
- L'importance de l'organisation sociale dans le circuit de
décision dans la gestion de l'espace forestier,
- La présence des richesses biologiques de la
forêt,
- Enfin le rôle de la perception paysanne du milieu
forestier dans la subsistance de la forêt.
Pour réaliser à bien notre recherche, nous avons
choisi de porter notre attention sur un groupe social dans laquelle les membres
du groupe étaient fortement impliqués dans le processus de
gestion de la forêt. Le poids historique et culturel de la zone
considérée, liée à sa position géographique
permet à la fois de réaliser une étude sur les relations
inter communautés ainsi que la représentation du milieu naturelle
au sein de ces communautés établis sur une terre attribuée
à l'esprit des ancêtres.
Contexte de l'étude
Cette étude entre dans le cadre du projet
F@DES ou Fond d'Appui au Développement
de l'Enseignement Supérieur. C'est un Programme du Ministère de
l'Education National et de la Recherche Scientifique qui s'inscrit dans le
cadre du CRESED II, financé par la Banque Mondiale. Le Sous-projet
F@DES SPO1v1_05/Anjozorobe est un projet du
Département de Biologie Animale de la Faculté des Sciences
orientée vers la conservation de la biodiversité et qui
s'intitule « Site forestier d'Anjozorobe : Domaine de
Recherches et Formations Universitaires pour la Conservation, le
Développement et l'Eco tourisme » .
Les objectifs du Sous-projet SPO1v1_05/Anjozorobe sont de
trois ordres :
- Promouvoir les travaux de recherches au sein de
l'Université d'Antananarivo;
- Préserver les espaces forestiers
représentatifs de la biodiversité des Hautes Terres Centrales
malgaches ;
- Contribuer au développement local dans les
activités relatives à la conservation de la forêt.
Le Sous-projet est composé d'équipe de
chercheurs pluridisciplinaires dont :
- des biologistes du Département de Biologie Animale
- des biologistes botanistes du Département de Biologie
végétal
- des géographes du Département de
Géographie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Démarches et techniques
Pour la réalisation de ce travail, nous nous sommes
basés sur la compréhension de l'histoire de la région
d'Anjozorobe, de la société locale et des activités
fondées sur la perception paysanne du milieu naturel. Nous avons
consulté les anciens manuscrits, les traditions orales et les
récits de voyages des plus grands explorateurs de la grande île,
en particulier les traditions orales écrites par le RP Callet dans le
Tantaran'ny Andriana eto Madagasikara de 1908 à 1913, les récits
de voyages des Grandidiers de 1914 évoqués en partie dans les
Notes Reconnaissances et Explorations ainsi que les Annales de Madagascar sur
la Monographie du Fivondronana Anjozorobe depuis 1950 à 1971. Ces
documents nous ont permis de :
- Comprendre les différentes étapes de la vie
communautaire et de la dynamique de l'espace.
- Définir les problématiques et les
hypothèses qui nous ont servi de bases durant tous nos travaux de
recherche sur le terrain.
Ainsi, cette recherche comprend trois étapes :
- L'élaboration des problématiques et des
hypothèses de travail ;
- Les travaux de terrains ;
- Le dépouillement et la rédaction.
A . Les hypothèses de travail.
Les hypothèses de travail sont les suivantes :
1) La population locale attribue des pouvoirs aux
éléments du milieu naturel. Animaux, plantes (arbres), cours
d'eaux et certains lieux sont associés à l'univers des esprits et
des divinités. Ainsi, le respect de ces croyances explique certains
nombres de comportements humains relatifs à la subsistance de la
forêt.
2) Ces croyances engendrent des interdits/tabous qui
protègent et assurent l'équilibre socio - écologique au
niveau du terroir. Objets, êtres, temps et lieux peuvent être pour
chacun empreint de puissance surnaturelle protégée par les tabous
appelés tous simplement « fady »
3) Le respect de ces pratiques renforce la cohésion et
la stabilité sociale. Cette solidarité émanant
du « fihavanana» fait de chaque individu un homme
entièrement intégré dans la société.
L'individu dans ce cas agit et pense comme tous les membres du groupe auquel il
est rattaché. Ce qui renforce le respect de la tradition et des
pratiques ancestrales. En tout, elle aboutit à la préservation de
ce qui est sacré : «la forêt»
B . Les travaux de terrains.
Ils comprennent 2 phases différentes :
- la phase exploratoire
- les enquêtes.
B. 1. La phase exploratoire.
Cette phase a pour objectif de réunir plus
d'information concernant la zone d'étude. Elle nous permet de
vérifier les problématiques et les hypothèses
élaborées. La phase exploratoire a été
réalisée à partir :
- du choix des sites d'observations
- et du test des questionnaires à utiliser dans les
enquêtes.
B.1.1. Le choix des sites d'observations
Le choix a été dicté par plusieurs
critères dont :
- La proximité des villages par rapports à la
forêt, ce qui permettra d'observer et de comprendre les relations de
la population avec le milieu naturelle ;
- La date et le mode d'implantation humaine;
- L'organisation sociale et l'utilisation des ressources
forestières ;
- La composition ethnique des groupes sociaux existants.
B.1.2. Les prés - enquêtes
Lors de cette première intervention sur le terrain,
nous nous sommes présentés à la population locale. Nous
avons exposé les motivations et le contexte de nos études dans le
cadre du projet. Nous avons également réalisé des
entretiens avec les personnes susceptibles de nous fournir des informations sur
la communauté locale. Pour cela, nous avons sélectionné un
certain nombre de personne en fonction de leur rôle au sein de la
communauté locale :
- Les autorités coutumières :
Tangalamena...
- Les autorités administratives : le Maire de la
commune Anjozorobe, le chef du cantonnement forestier et le chef quartier du
fokontany Antsahabe- Est
- Les responsables de l'Association KASTI ou Komity ny Ala
sy ny Tontolo Iainana
- Les notables des villages.
B.2. Les enquêtes.
B.2.1. Les démarches adoptées
Les démarches sont basées sur la participation
locale. Ainsi, nous avons intégré des membres de la
communauté locale dans notre équipe pour nous servir de guide.
Leur participation nous permet non seulement de faciliter notre
intégration au sein de la communauté mais elle contribue en
grande partie à la compréhension de la situation actuelle. Par
ailleurs, l'adoption de la MARP ou Méthode d'Approche et de Recherche
Participative a été très appropriée. C'est une
forme de processus d'apprentissage pour une meilleure connaissance des
conditions de vie et des problèmes locaux. Ces démarches nous ont
permis d'observer, de décrire et de comprendre les relations que la
population entretient avec le milieu forestier.
B.2.2. Les techniques d'enquêtes
Les techniques d'enquêtes sont composées par des
enquêtes par sondage suivis par des séances d'entretiens par
groupe.
F Les enquêtes par sondage
Compte tenu du rôle et de l'influence du chef de famille
sur les décisions relatives à l'approche du milieu forestier et
aux activités économiques, l'unité d'analyse choisie est
le ménage. Ces enquêtes ont pour objectifs de :
- Dégager une typologie des ménages dans ses
habitudes, les pratiques quotidiennes et les coutumes ;
- Cerner les problèmes essentiels concernant
l'utilisation des ressources naturelles;
- Comprendre la logique paysanne dans l'approche de la
forêt ;
· L'élaboration des fiches
d'enquêtes
Les fiches d'enquêtes ont été
fondées sur les résultats des entretiens réalisés
lors des pré-enquêtes de la phase exploratoire. Toutefois, compte
tenu du thème à traiter, elles ont été
initiées dans sa grande ligne avec les autorités
coutumières et les notables des villages.
· L'échantillonnage
Pour éviter les problèmes de
représentativité, nous avons réalisé les
enquêtes sur une fraction représentative de la communauté
locale. Le taux d'échantillonnage était de 25% soit 34
ménages enquêtés sur les 134 existants au sein du
fokontany. L'unité primaire de sondage est le hameau. Au niveau de
chaque hameau a été appliqué le taux
d'échantillonnage.
· Les critères de choix
Pour ne pas exclure chaque élément
représentatif de la communauté, les enquêtes doivent tenir
compte des critères de chaque chef de ménage :
- La fonction et le statut social ;
- La classe d'âge ;
- Le niveau d'éducation ;
- L'appartenance lignagère et religieuse
F Les entretiens par groupe
Une fois les enquêtes ménages terminés,
nous avons organisé des séances d'entretiens par groupe. Les
groupements ont été basés sur les critères de choix
susdit. Les séances d'entretiens ont suivi les ordres établis
dans le guide questionnaire. Le guide elle-même est composé par
des thèmes ordonnés par ordres d'importances résultants
des enquêtes par ménages. Toutefois, ils peuvent être
modifiés durant chaque séance selon le déroulement de la
discussion du groupe. Des thèmes supplémentaires ont
été également ajoutés.
Ces séances d'entretiens ont pour objectifs :
- Dégager les points essentiels évoqués
lors des enquêtes par ménages ;
- Renforcer et justifier les résultats d'analyse dans
la réalisation de la recherche.
C. Dépouillement et rédaction
Cette dernière phase a été
consacrée aux dépouillements des fiches d'enquêtes et des
guides questionnaires ainsi qu'aux travaux d'analyses des résultats,
d'interprétations et de rédaction. Une dernière descente a
été faite avant la finalisation du travail pour valider nos
données et renforcer les résultats des études sur le
terrain.
3. Plan
Pour analyser et comprendre la logique paysanne dans ses
relations avec le milieu forestier, il est important de décrire
l'organisation de l'espace. On pourrait ensuite cerner l'histoire de
l'implantation humaine et de l'organisation sociale. C'est seulement alors que
l'on pourra saisir le cadre local actuel des rapports de l'homme avec le
milieu forestier et son évolution récente. Ainsi, nous avons
opté pur un plan à trois parties :
- Seront développés dans la première
partie le milieu naturel qui possède une dynamique propre dans lequel se
déploient les activités humaines. Parallèlement, la
société marque le paysage. Elle inscrit des relations avec son
milieu dans un contexte historique large qui nous permet de comprendre le
comportement de la société sur le long terme ;
- La deuxième partie sera consacrée à
l'étude des pratiques coutumières qui apporte de nombreuses
informations sur le comportement social vis-à-vis de la nature ;
des modes d'utilisation de la forêt indissociable aux besoins de la
communauté ;
- L'analyse de l'évolution récente de la
société sera évoquée dans la troisième
partie. Grâce aux questions posées lors des enquêtes et
entretiens, nous avons pu comprendre la mutation sociale et la pression qu'elle
exerce sur l'équilibre socio-écologique.
4. Les sources bibliographiques
De nombreux auteurs ont déjà
étudié la région d'Anjozorobe. Les oeuvres de Mayeur en
1777 sont l'une des premiers ouvrages à avoir mentionné
Anjozorobe. Dans « Voyage au pays d'Ancouva », il
décrit les différentes formes de paysage qu'il a rencontré
le long de son trajet (direction Est - Centre : de Toamasina à
Antananarivo). Il insiste sur les différentes formes d'organisation
sociale établies sur la bordure orientale des Hautes Terres Centrales de
Madagascar. Cet ouvrage est complémentaire à ceux du RP Callet
quant à l'étude de l'histoire de la région. Effectivement,
rédacteur de l'histoire des rois en Imerina, le RP Callet apporte plus
de clarté sur l'histoire de l'organisation territoriale en Imerina.
Depuis 1908, ses ouvrages procèdent à une mise au point du
peuplement de la région Nord de l'Imerina. De là, il apporte des
renseignements plus détaillés concernant le domaine de la
croyance, des cultures malgaches permettant de comprendre le fondement de la
mentalité de la population et de la perception du milieu naturel.
Les oeuvres des Grandidier (1914), le père Alfred et le
fils Guillaume renforcent les études des deux précédents
auteurs et précisent l'importance de la région d'Anjozorobe dans
l'histoire du peuplement des Hautes Terres Centrales de Madagascar.
P Vérin en 1964 reprend les hypothèses de ces
grands auteurs et entreprend des études basées sur des fouilles
archéologiques à Mangamila (Sud est d'Anjozorobe).
Bref, la complémentarité de ces ouvrages aboutit
à l'établissement :
- des différentes vagues de peuplement depuis
l'arrivée des migrants Indo mélanésien à la baie
d'Antongil au 13ème siècle, en passant par les formes
d'organisations sociales qui a marqué l'Imerina ( du clan au royaume) du
16Eme au 19Eme siècle jusqu'à la
période coloniale ( 1896 - 1970 ) ;
- de l'évolution de l'organisation politique, sociale,
économique et culturelle du royaume rattaché à une
organisation clanique prononcé, unité de base de la population
Merina ;
- de l'évolution de l'occupation du sol ce qui nous
permet d'établir la dynamique forestière dans le temps et dans
l'espace.
Nous nous sommes aussi servis de l'oeuvre du Pasteur
Ravelojaona (1930) qui précise les différentes
spécificités de chaque clan et lignage répartis à
travers toute l'Imerina. Son étude nous a permis de reconstituer
l'histoire de la communauté établie dans notre zone
d'étude. Quant à Condominas.G (1960) dans « Fokon'olona
et collectivités rurales en Imerina », il a
développé le mode d'organisation au sein de la
collectivité rurale en Imerina ainsi que de son évolution
à travers les différentes formes d'organisations politique de la
grande île.
Concernant les études relatives à la couverture
végétale, Perrier de la Bathie (1936) a réalisé une
étude Biogéographique des plantes de Madagascar et décrit
d'une manière généralisée les formations
forestières de la marge orientale des Hautes Terres Centrales de
Madagascar. La caractérisation des zones phytogéographiques de
Madagascar a été réalisée par les études
d'Humbert (1950). Cette dernière a été
précisée dans la Thèse de 3ème cycle de
Faramalala. MH (1981) par une étude cartographique de la
végétation de Madagascar avec l'aide des images satellites.
A partir de 1990, des organismes nationaux et internationaux
sont intervenus dans la région et ont réalisé des
études socio-économiques et environnementales dans le cadre de la
mise en valeur du bassin versant de la Betsiboka (Rapport FAO, ONE, ANAE,
UNICEF). Par la suite, la région est devenue un terrain de recherche par
excellence pour la communauté scientifique nationale et internationale.
En 1996, Rakotondravelo étudiant en agronomie effectue une étude
sur le système agraire à Ambongamarina. Dans ses recherches, il
met en valeur l'importance de la diversité culturale dans
l'économie locale et la protection de l'environnement dans cette partie
de la région. Rakotondramary (1997) quant à lui a orienté
ses études sur les problèmes et les perspectives sur
l'introduction de la culture maraîchères dans la région
d'Anjozorobe. Par contre, les inventaires biologiques ont été
rares dans cette forêt. Les premiers inventaires biologiques n'ont
été effectués qu'à partir des années 1998
par Steve Goodman et Daniel Rakotondravony dans la forêt d'Andranomay
dans lequel ils mettent en valeurs les richesses faunistiques de la forêt
d'Anjozorobe.
Pour sa part, Julien Roesz (1998) étudiant à
l'Université de Strasbourg a effectué son mémoire de DEA
sur « la forêt d'Andranomay : Un système sous
pression aux confins de l'Imerina ». Il insiste sur la menace qui
pèse sur le milieu forestier dans la partie Est d'Anjozorobe plus
précisément à Andranomay.
En 2001, Rasoanarivo Hariliva a réalisé son
mémoire de maîtrise et a entrepris des études sur le feu et
la dynamique de l'espace dans la région d'Anjozorobe - Betatao (dans le
Nord d'Anjozorobe) Dans sa recherche, il met en évidence la dynamique du
feu dans la partie Nord d'Anjozorobe expliquant la régression de la
couverture forestière dans cette localité. En 2003, Rakotosolofo
Lantoarisoa dans ses recherches sur la gestion des ressources en eau dans la
plaine d'Alakamisy Andranomadio insiste sur la spécificité
hydraulique de la zone dans la mise en valeur de la plaine d'Alakamisy -
Andranomadio. Quant à Ratrimoarivony Mialy (2001), ses études
nous informent beaucoup sur la réalité culturelle de la zone
forestière du Sud-Est de l'Imerina et des relations entre
« Paysage et sacralité » dans une
société composée par deux groupes sociaux qui a chacun ses
spécificités culturelles : la société Merina
et Betsimisaraka. Elle nous informe ainsi sur la diversité
écologique, sociale et culturelle de cette partie de l'Imerina
caractérisé par sa situation géographique.
Les travaux les plus récents sont des études
effectuées dans le cadre du Sous-projet F@DES/Anjozorobe SPO1v1_05 de
2002 à 2005 pour la réalisation des mémoires de fin
d'étude.
Le Sous-projet
F@DES SPO1v18_05/Anjozorobe a
été composé par les volets suivants :
Les études sur les caractéristiques de la
couverture végétale réalisées par 3
étudiants botanistes du Département de Biologie
végétale traitant des thèmes spécifiques
dont :
- Les études ethnobotaniques réalisées
par Faranirina L (2003)1(*).
Elle met en valeur les richesses floristiques de la forêt en
précisant les différentes espèces de plantes
forestières utilisées par la communauté locale et qui
contribue à la vie quotidienne de la population que ce soit sur le plan
économique (les plantes comestibles et les plantes utiles), que sur le
plan médical et culturel (les plantes médicinales et les plantes
utilisés pendant les rites et cultes) Elle évoque
également les différents modes de prélèvement des
parties de la plante utilisés par la population ainsi que des
possibilités de régénération de ces espèces.
- Les études des orchidées ont
été réalisées par Rasolonjatovo Bazoly
(2004)2(*). Ses
études relatent la richesse floristique et l'originalité de la
zone par la présence des orchidées. Elle explique
également que la présence de certaines espèces
d'orchidées exprime que la forêt est encore dans un état
louable.
- Les études relatives à la sylviculture
réalisée par Raharijaona E.R (2004 : Rapport non
publié) C'est une étude qui cherche les possibilités
d'enrichissement des formations forestières dégradées et
écrémées par les essaies de pépinière et de
reboisement composé par des espèces forestières.
Le Département de Biologie Animale a
réalisé 6 recherches sur des espèces d'animaux de la
forêt d'Antsahabe-Est.
- Rakotomahafaly Hery3(*) (2004) a étudié les espèces de
lémuriens de la forêt en suivant de près leur comportement
dans leurs habitats respectifs. Elle a constaté plus de 4 espèces
de lémuriens dont les babakoto ou Indri indri et les simpona ou
Propithecus diadema,
- les études ornithologiques ont été
réalisées par Ratsaralasy Achille (2004) dans laquelle il a
recensé plus de 70 espèces d'oiseaux pour la plupart
endémiques des Hautes Terres Centrales de Madagascar,
- Rakotonarivo.A4(*) et Raveromampionona Z5(*) (2004)ont pour leur part orienté leurs
études sur les espèces aquatiques et ont étudié
respectivement les écrevisses et les poissons. Leurs études
montrent que la forêt possède encore actuellement plusieurs
espèces importantes mais ces espèces subissent une
régression considérable en quantité à cause de
l'exploitation de plus en plus fréquente. Des études sur la
possibilité des activités piscicoles ont été
réalisées pour promouvoir les sources de revenus locales.
- Concernant les espèces herpétofauniques de la
forêt, Anjeriniaina Mirana6(*)(2004) a inventorié plus de 25 espèces de
reptiles dont les caméléons et environ 35 espèces
d'amphibiens.
- Enfin, pour les études des micro mammifères,
Randriamantsoa.H7(*) (2004)
démontrent que la forêt d'Antsahabe-Est est l'une des forêts
des Hautes Terres Centrales qui possède encore actuellement le plus
d'espèces de rat forestier. Il a également inventorié une
nouvelle espèce durant ses recherches.
Ces recherches sur la biodiversité nous ont permis de
connaître les richesses de la forêt d'Antsahabe-Est malgré
son étroitesse et nous incite à étudier de près la
société locale.
Les études socio-économiques et culturelles ont
été confiées aux géographes du Département
de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Vololonirainy Ravoniarijaona8(*)(2004 : Rapport non publié) oriente ses
études sur la dynamique forestière de cette bordure Est des
Hautes Terres Centrales de Madagascar ainsi que sur les représentations
cartographiques de la zone d'intervention basée sur des images
satellite. Elle a effectué également des bases de données
économiques de la population riveraine de la zone forestière
d'Anjozorobe pour évaluer les causes de la course vers les espaces
forestiers.
En somme, nos sources bibliographiques nous ont conduits
à comprendre en premier lieu l'histoire du peuplement régionale
et le mode d'occupation de l'espace sur les Hautes Terres Centrales. Elles nous
ont permis de connaître la richesse biologique de la forêt et de
son importance dans l'équilibre agro-écologique de la zone et des
Hautes Terres Centrales de Madagascar.
Cependant, compte tenu du thème à traiter, les
travaux de recherches sur le terrain du faire face à de deux types de
difficultés :
- En présence de l'équipe de recherche, la
communauté villageoise réagit d'une manière
réticente. Ces attitudes dépendaient essentiellement de deux
éléments : de l'équipe qui est considérer
comme appartenant à l'Etat « Fanjakana », ce qui
provoque une méfiance au sein de la communauté. Cette situation
est inévitable dans la mesure où l'arrivée de
l'équipe au village n'est possible que grâce à
l'autorisation accordée par les officiels (papier émanant de
l'Université, des services des eaux et forêts)
- Notre deuxième problème concerne le
thème de recherche proprement dite. Il est vrai que parler de leur
croyance les mettent mal à l'aise ce qui provoque une certaine
rétention d'information de leur part mais au fur et à mesure de
notre mission, cette ambiance s'est de plus en plus amélioré et
une situation de confiance s'est installé entre les chercheurs et la
population.
* 1 FARANIRINA. L, 2003.
Etudes ethnobotaniques, biologiques et écologiques des plantes utiles
dans la forêt d'Antsahabe - Est Anjozorobe., Mémoire de DEA,
option Ecologie végétale. Département de Biologie et
Ecologie végétale, Faculté des Sciences. UA, 120 p
* 2 RASOLONJATOVO B., 2004.
Etude des orchidées de la forêt d'Antsahabe - Est
Anjozorobe : Inventaire, états des populations et écologie
de la reproduction, Mémoire de DEA. Option Ecologie
végétale
* 3 RAKOTOMAHAFALY HERINIRINA
G., (2004). Inventaire des primates dans le sit Antsahabe-Est (forêt
Anjozorobe) et étude écobiologique des deux espèces :
Propithecus diadema et Indri indri . Mémoire de DEA., Département
de Biologie Animale. Faculté des Sciences. Université
d'Antananarivo.
* 4 RAKOTONARIVO A., 2004.
Etude des écrevisses (Parastacidae) dans la forêt d'Antsahabe -
Est Anjozorobe. Mémoire de DEA, option Biologie, écologie et
conservation animale, Faculté des Sciences. UA.
* 5 RAVEROMAMPIONONA Z.,
(2004). Inventaire de la faune aquatique et pisciculture dans le site
Antsahabe-Est (forêt d'Anjozorobe). Mémoire de DEA.,
Département de Biologie Animale. Faculté des Sciences.
Université d'Antananarivo.
* 6 ANJERINIAINA M., 2004.
Contribution à l'étude des espèces herpéthofaunique
dans la forêt d'Antsahabe - Est. Mémoire de DEA.,
Département de Biologie Animale. Faculté des Sciences.
Université d'Antananarivo.
* 7 RANDRIAMANANTSOA H N.,
2004. Inventaires biologiques des Rothendia et Lypotyphla dans la forêt
d'Antsahabe - Est Anjozorobe durant la saison pluvieuse et la saison
sèche. Mémoire de DEA, option Biologie, écologie et
conservation animale. 88 p
* 8 VOLOLONIRAINY.R., (2004).
La situation socio-économique des ménages à Antsahabe-Est
- Anjozorobe. Rapport de mission, Sous-projet
F@DES SPO1v1_05/Anjozorobe.
|