Avant-propos
De nos jours, les mécanismes ne sont plus
appropriés aux résultats satisfaisants auxquels témoignait
le comportement de l'économie haïtienne du temps jadis plus
précisément la décennie des années soixante dix
(70). Les réponses apportées jusqu'ici à travers la mise
en oeuvre de différentes stratégies, programmes et projets de
développement n'ont pas permis d'améliorer les conditions de vie
de la population, constituée en partie de paysans. L'expérience
haïtienne révèle donc que les programmes de
développement réalisés grâce à l'aide
internationale n'ont jamais profité à la majorité de la
population. Nombreuses que puissent être les causes explicatives, elles
apparaissent, d'un coté, à la fois partielles et insuffisantes
et, d'un autre coté, semblent se compléter. Le marasme est tel
que chaque secteur pris séparément représente une
priorité en soi, qui, justement, rend difficile l'adoption de choix
cohérents résultant des contraintes observées.
L'handicap majeur des branches d'activités du secteur
réel, conduisant au net ralentissement du système des finances
publiques, est entretenu par la valeur grandissante du déficit
budgétaire et commercial, le faible contrôle des prix, le
développement sans précédent du secteur informel, le
manque de contrôle des structures tarifaires, alimentant ainsi la
contrebande et renforçant le manque à gagner des recettes
fiscales. S'ajoutent, à tous ceux là, les difficultés
découlant de l'instabilité politique chronique, durant plus de
deux décennies, qui assombrissent encore davantage les tableaux
économiques tout en encourageant les bailleurs de fonds et investisseurs
étrangers et locaux à tourner le dos au pays.
Dans un tel contexte, la problématique de la
montée du coût de la vie a atteint des proportions
inégalées et continue à créer beaucoup de remous
dans la société. Classée régulièrement parmi
les priorités des décideurs étatiques, cette
problématique révèle un contraste où il semblerait
n'exister, dans le cas d'Haïti, aucun mécanisme de contrôle
des prix de la part des décideurs étatiques. En témoigne
directement la faiblesse figurante de la production nationale.
Pour citer l'Economiste Fritz DESHOMMES,
introduisant son livre « Vie Chère et Politique Economique en
Haïti », « le hic est que dans tous les cas, ou
presque, les résultats obtenus se sont révélés si
maigres et/ou si éphémères que l'on se croirait en
présence d'un problème insurmontable, d'un véritable
casse-tête, pour lequel n'existe aucune solution viable et qu'il faut se
résigner à subir avec courage et
abnégation ». Un constat qu'une enquête
sur les conditions de vie en Haïti (ECVH),
réalisée en 2001 par l'IHSI, allait confirmer
quand elle a révélé que 73.8% des ménages s'en
remettent à Dieu en ce qui a trait à l'évolution future de
la situation économique du ménage.
Ce mémoire s'attelle, par rapport au cas haïtien,
à soulever quelques interrogations, à identifier quelques
éléments de blocage interne* et à proposer, le
cas échéant, quelques pistes opérationnels, parmi tant
d'autres, dans le cadre de l'élaboration d'une politique alternative de
développement.
Telles sont les diverses raisons traduisant
l'intérêt personnel porté à l'égard de ce
choix de sujet.
Introduction.-
La récession mondiale de la fin des années
soixante-dix (70) s'est considérablement répercutée sur
les pays en développement au chevet desquels les Institutions
de Bretton Wood (IBW), FMI et Banque mondiale
(BM) ont été appelées à la
rescousse. Leurs interventions remettront en cause les modèles de
développement jusque là adoptés par ces pays, initieront
de nouvelles conditionnalités pour accéder au financement
international et bénéficier de la coopération au
développement. De concert avec d'autres bailleurs bilatéraux, ces
institutions imposeront aux pays en retard de développement des
réformes économiques concoctées dans le cadre du
Consensus de Washington mieux connus sous le nom de Plans d'
Ajustement Structurels (PAS). Fondamentalement, ce programme
vise à instaurer une relation étroite et stable entre
l'économie domestique d'un pays et l'économie internationale. Il
est fondé sur une restructuration de la demande, une
libéralisation interne et une ouverture maximale au marché
mondial. Dans la perspective de ces Institutions de Bretton Woods
(IBW), il est question d'établir un contexte propre
à favoriser le dynamisme et l'expansion de l'économie mondiale.
Ainsi, ces programmes ont pour finalité de transformer les structures
économiques de ces pays de manière à ce qu'ils puissent
s'intégrer dans l'économie mondiale et bénéficier
des vertus de la globalisation en marche.
A l'instar des autres pays en développement, Haïti
n'a pas échappé à ces programmes qui ont facilité
les interventions des institutions financières internationales et
agences de coopération bilatérale particulièrement
l'USAID dans la définition et l'élaboration de
ses politiques économiques sur ces vingt dernières années.
Après avoir connu une croissance relativement élevée
durant la décennie soixante-dix, le pays a subi dès le
début des années 80 les effets de la crise mondiale qui s'est
transformée au niveau national en crise économico
financières. La crise qui les a affecté est expliquée en
partie par la dégradation de l'environnement international à
partir de 1979. L'augmentation des prix du pétrole et des importations,
accompagnée d'une chute des prix des matières premières et
d'une hausse spectaculaire des taux d'intérêt, a
créé des déséquilibres insoutenables des balances
des paiements induisant une envolée de la dette, cette fois directement
pour financer les déficits de bon nombre de ces pays Cf.
Gilles DURUFLE, L'Ajustement Structurel en Afrique p.
13.que, Karthala, Paris, 1988,p.13.
Cette crise s'est manifestée, entre autres, par le
déséquilibre de la balance des paiements, la chute de la
croissance globale et la baisse des recettes d'exportation. A propos, le
tableau dressé en 1981 est assez révélateur.
Estimé à 7,5% du PIB de 1976 à 1980, le
déficit budgétaire est passé à 13% du
PIB, le taux de déficit de la balance commerciale a
triplé passant de 7,7% du PIB en 1977-80 à
20,1%. Les différents secteurs de l'économie tels l'agriculture,
l'industrie manufacturière, l'industrie extractive, l'industrie
touristique et les services, se sont tous retrouvés en
difficulté.
Le pays s'est engagé de très tôt dans des
programmes de réformes économiques en signant à la faveur
de cette crise un premier accord de stand by avec le
FMI. Par la suite, d'autres accords seront signés et
détermineront le cadre de référence pour faire face
à la détérioration de la situation
socio-économique. Dans un intervalle de moins d'une dizaine
d'années, les autorités gouvernementales ont mis en oeuvre deux
programmes de réformes économiques conclus dans le cadre de la
Facilité d'Ajustement Structurel (FAS) et de la
Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR)
respectivement en 1987 et 1996. Aussi bien par leurs orientations de fonds que
par les mesures adoptées, ces programmes appliqués en Haïti
ne diffèrent pas de la thérapeutique administrée à
l'ensemble des pays en développement qui vise la croissance
économique et l'ouverture de leur économie aux échanges
internationaux. De manière générale, les programmes
FAS/FASR ont tenté de répondre
à ces deux objectifs fondamentaux : (i) Stimuler la croissance et
élever le niveau de vie et (ii) faire progresser la viabilité
externe, c'est-à-dire créer une situation dans laquelle le
déficit courant pourrait être financé par des flux de
capitaux normaux et viables. Les principales mesures
administrées ont concerné l'ajustement du taux de change et la
réduction des dépenses publiques, la libéralisation du
commerce extérieur, la libération des prix et la réduction
du rôle de l'Etat, la libéralisation du secteur financier, la
privatisation/modernisation des entreprises publiques et la réforme de
la fonction publique.
Les résultats enregistrés n'ont pas
été à la hauteur des espoirs suscités et des
efforts déployés. Plus d'une vingtaine d'années
après l'entrée en exécution des premiers accords de
stabilisation et d'ajustement économique les indicateurs sociaux et de
développement humain révèlent une amélioration
insignifiante voire une situation d'appauvrissement général et
continuel, comme l'attestent les différentes places occupées par
le pays dans les différents rapports de développement humain du
PNUD. La lecture tirée de ce rapport en 2002, il est
classé 146ème sur 173 pays avec un score de 0,471 et
plus de quatre personnes sur dix sont affectées par la pauvreté
humaine. La croissance économique n'a pas été
relancée ; les exportations ont fortement décliné ; les
importations ont explosé accentuant le déficit de la balance
commerciale ; les investissements déjà très faibles ont
eux aussi décliné. Sur la période 1986-1997, le taux moyen
de croissance a décru au rythme moyen de 1,05% pendant que le ratio
d'investissement moyen était d'environ 12%. De 3,0% de moyenne pour les
décennies soixante dix et quatre vingt le PIB par
habitant a drastiquement chuté. Sur les vingt dernières
années, il a respectivement reculé en moyenne de 2,0% et de 3,2%
durant la période 1979-1989 et 1989-1999. La pauvreté et
l'insécurité alimentaire consécutive à
l'infléchissement des revenus et à la permanence du
déficit vivrier ont atteint un nombre croissant de gens. Aujourd'hui, il
est constaté une économie nationale désarticulée,
inefficiente, marginalisée et maintenue sous perfusion de la manne
financière provenant de l'extérieur - aide publique au
développement, transferts des migrés - qui varie suivant la
conjoncture locale et internationale. Comment expliquer cet échec?
Nonobstant certains cas de pays qualifiés de
réussite, les politiques d'ajustement structurels mis en oeuvre par
l'ensemble des pays en développement à partir des années
1980 ont brillé par leur insuccès général. Maintes
explications sont offertes aussi bien par les détracteurs que par les
partisans de ces réformes: certains privilégient les causes
techniques en avançant l'inadaptation et l'inefficacité des
mesures ; d'autres soulignent des causes politiques et idéologiques qui
n'ont pas permis d'établir un environnement favorable. Dans leur
analyse, le FMI et la Banque mondiale attribueront en partie
l'insuccès des réformes économiques au manque de
volonté politique, d'implication et d'engagement des acteurs nationaux,
couplé à des problèmes institutionnels de gouvernance. Ces
manquements ont joué en leur défaveur notamment à leur
appropriation. En 1999, ces institutions ont lancé les Cadres
Stratégiques de Réduction de la pauvreté (CSRP
/ en anglais PRSP : Poverty Reduction Strategy
Papers), auxquels doivent souscrire tous les pays aspirant à
bénéficier des financements concessionnels des institutions
multilatérales. En introduisant cette nouvelle démarche, elles
ont choisi de transformer le mode d'élaboration et de mise en oeuvre de
leurs politiques, reconnaissant, de facto, qu'une des raisons qui ont
prévalu à l'échec des politiques d'ajustement structurel
réside dans la manière dont celles-ci ont été
imposées sans prises en compte des réalités locales. Ainsi
la question de la pauvreté est revenue au coeur des nouvelles
réformes à mettre en oeuvre et sa réduction l'objectif
premier affiché par ces institutions. Les éventuels pays
bénéficiaires ont-ils la capacité de s'y souscrire en
bonne et due forme et d'en tirer avantage ? Au niveau national comment peut se
faire la traduction de cette nouvelle approche et quels peuvent être les
obstacles à cette traduction ? Ces cadres stratégiques
constituent-ils une alternative valable pour impulser dans les pays pauvres une
dynamique de développement durable ?
En Haïti, la problématique de la montée du
coût atteint toutes les catégories de la société
quelle que soit leur position dans les rapports économiques. Car,
celui-ci est une réponse directe aux comportements des principaux
déterminants de la production nationale eu égard aux principales
denrées d'exploitation devenant totalement non compétitives sur
le marché international. C'est dans un contexte de grande «
désolation » et de « blocage de la société
haïtienne dans le domaine de la production » tel que défini
par A. Corten caractérisé, entre autres, par la
persistance de l'instabilité socio- politique, la faiblesse de l'Etat,
la destruction du tissu organisationnel de la population, sa marginalisation et
sa polarisation que se réalise (doit être réalisée)
l'élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté
à laquelle doit participer l'ensemble des acteurs de la
société civile. Que peut-on attendre de ces stratégies
anti-pauvreté dans un pays où « l'appauvrissement
systématique de la population est le plus ancien » et « un
état général des choses »s et
espérer en terme de développement endogène quand la
démarche est le fait d'une rationalité imposée de
l'extérieur et non d'une volonté nationale ?
De l'avis d'autres analystes, la décennie des
années 90 est constituée d'énormes chocs qu'a connus le
pays. A titre d'exemple, l'embargo a stimulé davantage la montée
pertinente du coût de la vie qui a atteint en 1994 un taux d'inflation de
plus de 50%. (Jean Claude Paulvin, dans le Bulletin Economique
de l'AHE, volume 1, page 23,année 2003).
La crise politique normalisée, particulièrement
en août 1995, le taux d'inflation est redevenu acceptable, oscillant dans
une fourchette de 15 à 17%. Cependant, les perspectives de descendre ce
taux en dessous des 15% sont difficilement réalisables, à cause,
notamment, des inquiétudes résultant des produits
pétroliers (produit complémentaire) contribuant grandement au
problème du croit rythmique du coût de la vie dans le pays.
Les informations tirées du bulletin annuel de la Banque
Centrale (BRH), 1998 et 2000, corroborent nettement cette
situation. En effet :
· Toute la période allant de 1990 à 2000
montre que l'économie nationale est en état de forte
régression (se référer au tableau I : structure du
PIB par branche d'activités du secteur réel).
· Les résultats donnés pour l'ensemble des
agrégats macroéconomiques, tels que : la structures des
exportations et des importations puis le solde budgétaire, peuvent
expliquer la faiblesse continuelle de la production nationale.
· Le secteur primaire, autrefois moteur du
développement économique du pays, étant paralysé,
est écarté au profit du secteur tertiaire qui, lui-même, ne
semble pas en mesure de promouvoir la relance des activités
économiques.
D'un autre coté, les situations ayant
succédé aux deux décennies (80 et 90) n'allaient pas
être mieux. En effet, durant la période allant de 2000 à
2004 :
· La diminution subséquente de l'offre du dollar
sur le marché haïtien s'est traduite par une forte
dépréciation de la gourde, d'Octobre à Novembre 2002, avec
évidemment comme corollaire un accroissement considérable des
prix à la consommation. La gourde a en effet perdue durant ces deux mois
plus de 16% de sa valeur, une chute nettement plus importante que celle
enregistrée durant toute l'année fiscale 2002, soit 13%. Cette
forte appréciation du dollar, en novembre 2002, allait avoir des
répercutions sur les prix, occasionnant ainsi une hausse en glissement
annuel de près de 15% de l'inflation, en décembre 2002. Ce
phénomène allait s'accentuer au cours de l'année
subséquente qui a vu la décote continuelle de la monnaie
nationale, soit une perte de change de plus de 50% de sa valeur, en Septembre
2003. (Ce facteur aidant peut favoriser pendant longtemps le niveau
élevé des prix des biens et des services).
· La vie chère renvoie à une dure
réalité : la frustration des citoyens à revenu
modeste, qui voient leur argent perdre de son pouvoir d'achat à vue
d'oeil, à chaque fois qu'ils veulent se procurer un bien. En effet, la
marmite de riz de 2.7 kilos, achetée à environ 9 gourdes en 1987,
se vend autour de 75 gourdes en 2003. Cette évolution est notable pour
tous les autres biens. Les informations publiées par
l'IHSI estiment que les prix ont été
multipliées par 8, entre 1986 et 2002. L'indice des prix fixé
à 100 en 1986 est passé à 792 en 2001.
· Dans le même temps, le salaire minimum
traîne par rapport à la hausse des prix : 15 gourdes en
1986 ; 36 gourdes en 1995 ; 70 gourdes en 2003. Ce quadruplement du
salaire nominal n'a pas réussi à compenser la hausse du
coût de la vie.
· La continuation du contexte politico-économique
difficile qui a prévalu en 2004 n'a pas été favorable non
plus à la relance de l'investissement. Elle a, au contraire,
inversé la tendance avec une chute de 3.1% contre une augmentation de
3.3% en 2003.
· Mis à mal par les perturbations sociopolitiques
occasionnant la faiblesse des indicateurs macroéconomiques, les
entrepreneurs se sont montrés très réticents à
faire de nouveaux investissements en 2004. De même, cette situation a
réduit davantage le nombre de touristes et fait croître la
migration massive forcée des agents économiques vers
l'extérieur. Enfin, la baisse significative du rythme de croissance de
crédits alloués par le système bancaire aux
différentes branches d'activité qui était de 31% en 2003,
n'a augmenté que de 2.8% en 2004. Compte tenu du ralentissement des
recettes fiscales qui ont augmenté seulement de 16% en 2004, contre 37%
en 2003, l'investissement public qui, au cours de l'exercice fiscal
précédant, avait cru de 106%, a enregistré cette
année (2004) une chute de 9.2%. (Cf. : Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes, Volume I, #5, décembre
2003, p.52).
Tels sont les divers problèmes qu'a connus
l'économie haïtienne durant la période qui fait objet de
cette étude. D'ailleurs, aujourd'hui encore, ces mêmes
problèmes persistent. La situation est telle que la montée du
coût de la vie est un phénomène très peu
maîtrisé en Haïti et les difficultés
d'appréhension commencent à partir de sa définition
même.
Par exemple, n'assimile-t-on pas la vie chère à
l'inflation et la lutte contre la cherté de la vie à la baisse
des prix des produits de consommation courante ? Même si la
réduction du rythme de progression des prix constitue un important volet
dans le combat contre la vie chère, elle ne saurait y être
assimilée. Car, pour quelqu'un qui n'a pas de revenu la vie demeure
chère même quand l'indice des prix baisserait de 50% du jour au
lendemain (Cf. Fritz DESHOMMES Vie chère et Politique
Economique en Haïti).
Dans cette perspective, la pression du coût de la vie
n'a-t-elle pas des conséquences néfastes sur les
différentes composantes de la production nationale (la consommation
globale des ménages, l'investissement global, et le solde du
déficit commercial) et de l'émission excessive de la
quantité de monnaie en circulation ?
La hausse des prix des produits de première
nécessité a-t-elle un impact très significatif sur le
pouvoir d'achat des ménages haïtien ?
D'ailleurs, la réflexion sur les prix eux-mêmes
ne semble pas très au point. Quels sont les principaux agrégats
macroéconomiques qui peuvent être intervenus dans leur
formation ? Obéissent-ils toujours à la
spontanéité naturelle du libre jeu des forces du
marché ? Ou, sont-ils maîtrisés, orientés,
imposés à la faveur des distorsions ?
S'évertuant à fournir des données
susceptibles de contribuer à répondre à ces
questionnements ce travail réunit-il les objectifs
suivants :
· Expliquer à travers d'un modèle
économétrique les différents agrégats
macro-économiques traduisant de façon claire les divers effets
que peuvent poser le niveau du coût de la vie au travers des principaux
paramètres expliqués le comportement de la production
nationale.
· Démontrer que le phénomène de la
montée du coût de la vie en Haïti résulte, non
seulement, de l'altération des principaux agrégats
macroéconomiques, mais aussi, de la fixation arbitraire du prix des
produits de première nécessité sur le marché
haïtien.
· De formuler des propositions permettant d'articuler les
exigences du rééquilibrage macroéconomique et de la
maîtrise de l'inflation d'une part, la nécessité d'une
croissance forte riche en emplois et réductrice
d'inégalités d'autre part ;
· De présenter, enfin un tableau synoptique de
suivi principaux indicateurs macroéconomiques et financiers pour le
futur observatoire de la pauvreté et des inégalités.
Au regard de la poursuite de ces objectifs et à
la lumière de l'évolution récente de l'économie
haïtienne, l'hypothèse suivante a été
retenue :
H1: Dans le cas
d'Haïti, l'augmentation du coût de la vie a un impact
défavorable sur les différentes composantes de la production
national (la consommation globale des ménages, l'investissement global,
les exportations nettes) et au croit rythmique du déficit chronique du
budget de l'Etat.
H2 : La faiblesse de la
production nationale résulte de l'utilisation excessive de la planche
à billet pour financer le déficit budgétaire, du niveau
du taux de change de la monnaie locale stimule aussi la cherté de la
vie en Haïti.
Pour pouvoir réaliser ce travail, nous avons recueilli
les informations à partir des sources primaires par exemple, dans des
journaux, des bulletins économiques, des revues et bulletins
économiques et enfin tous les ouvrages ayant rapport avec le sujet
traite.Ainsi, après avoir entrepris d'annoncer le sujet traité et
poser la problématique de recherche, on s'évertuera à
dresser au niveau du :
Chapitre I :
Cadre sommaire des idées théoriques du coût et de la
production nationale ;
Chapitre II : Un cadre
macroéconomique d'Haïti pour la période allant de 1975
à 2005 ;
Chapitre III : Listing des
principaux facteurs explicatifs liés au niveau du coût de la vie
et de la production nationale ;
Chapitre IV :
l'élaboration d'un modèle économétrique, qui
constitue le fondement réel de ce travail, en vue d'expliquer de
façon concrète la véracité de notre première
hypothèse, par le biais des tendances des différentes variables
sélectionnées. A cette fin, le logiciel de support
« Eviews, version 5.0 » a été utilisé
pour arriver aux résultats du modèle.
D'autre part, pour réaliser ce travail, des sources
importantes d'informations comme des bulletins, des journaux, des rapports, des
publications nationales (disponibles dans les bibliothèques, sur
l'Internet et bureaux d'études) ont été
utilisées.
Enfin, au regard de l'importance du sujet, des recherches
réalisées et les résultats obtenus dans ce domaine, ce
travail peut être considéré comme un outil mis à la
disposition de tous ceux voulant entreprendre une étude approfondie sur
les facteurs du coût de la vie et les déterminants de la
production nationale. Car, la problématique du coût de la vie en
Haïti liée à la production nationale, en plus d'être
un sujet d'actualité, reste et demeure l'un des problèmes
majeurs auxquels les décideurs économiques n'arrivent toujours
pas à trouver une solution rationnelle.
I.) Cadre sommaire des idées théoriques
du coût et de la production nationale
La problématique du niveau du coût de la vie
s'explique de manière directe dont les prix des biens et produits
évoluent à chaque instant donné. Toutefois, ceux-ci
peuvent expliquer soit par la décote de la monnaie locale, du faible
rendement de la production nationale et du questionnement au type d'orientation
stratégique de la politique économique émise par les
secteurs concernés d'un pays, (par exemples les décideurs
publics).
Généralement, dans tous les pays les prix des
biens et produits se font toujours expliquer par les principaux
mécanismes définis sur le marché où seulement
l'Etat joue le rôle d'arbitre et, à l'exception du secteur
informel qui semble être totalement contrôlables par ces principaux
décideurs publics à cause de ses ambiguïtés ; cela ne
peut mettre en question la fébrilité du jeu de l'offre et de la
demande.
Dans un contexte économétrique, la relation mise
en exergue les effets du niveau du coût de la vie et les
principaux paramètres de la production nationale dans la
modélisation d'un système économique ouvert seraient
listées par une liste de variables suivantes :La consommation
globale des ménages (Cgm),l'Investissement global
(Ig), le poids du déficit commercial ou Balance
commerciale (Bc), le déficit chronique du
budget de l'Etat (Sb) et la pertinence de l'émission continue
de la quantité de monnaie en circulation (Mc), toutes,
peuvent expliquer par une variation relative en terme du PIB
communément appelé le taux de croissance du Produit
Intérieur Brut (%PIB) ou niveau de la
croissance économique.
Ce travail de recherche s'étendra autour des
thèmes :'' Coût et la Production Nationale `' est un
sujet pluridimensionnel. L'idée est de commencer par présenter en
premier lieu les diverses idées théoriques relatives au
déroulement de ce sujet.
I.1) Coût de la vie,
présentation
Une augmentation répétée des prix
érode le pouvoir d'achat de la monnaie et des autres actifs financiers
à valeur fixe provoquant ainsi de graves distorsions et incertitudes
économiques. La montée du coût de la vie apparaît
lorsque les pressions économiques et l'anticipation de certains
événements font monter la demande de biens et services
au-delà de l'offre disponible aux prix existants, ou lorsque la
production disponible est réduite par une productivité
défaillante ou par les contraintes du marché.
Les problèmes qui sont dus au secteur touristique,
à l'instabilité politique, la gestion arbitraire du secteur
étatique, parfois une décote rigide de la monnaie locale
vis-à-vis de l'Étalon Monétaire, un taux de chômage
élevé et une fixation arbitraire des prix du secteur informel
conduisent à un résultat significatif du croît rythmique
du coût de la vie.
Paradoxalement à ce qui vient d'être
mentionné permet décrire sous le nom de la déflation
caractérisée par une baisse généralisée des
prix dans le cas où la politique de la relance de la production
nationale serait appliquée dans toutes ses dimensions
stratégiques et uniformes.
Ce phénomène, considéré
actuellement comme phénomène très rare parce que la
problématique de la cherté de la vie reste et demeure la
principale variable macroéconomique, affecte tous les niveaux d'un
système qu'il soit à la fois politique, économique ou
sociale.
I.1.1) Présentation de quelques types de
coût
I.1.1.1) Coût salarial unitaire
Salaire total (y compris les cotisations sociales à la
charge des salariés et des employeurs) divisé par la
quantité produite. Son évolution dépend de celles du
salaire et de la productivité.
I.1.1.2) Coût marginal (Cm)
Coût de la dernière unité produite
(accroissement du coût total du à la production d'une unité
supplémentaire). Lorsqu'il augmente avec la quantité produite, on
dit que les rendements sont décroissants ; ceux-ci sont croissants
si le coût marginal est décroissant.
I.1.1.3) Coût marginal à long terme
(Cml)
Variation du coût total à long terme,
c'est-à-dire lorsqu'une firme peut construire tout établissement
qu'elle désire, quelle que soit son échelle. Indique le montant
minimal d'accroissement du coût lorsque l'output augmente et le montant
maximal d'économies réalisables lorsque l'output diminue.
I.1.1.4) Coûts implicites
Valeurs estimées (à leur meilleur emploi
extérieur possible) des facteurs de production dont une firme est
propriétaire et qu'elle utilise dans son propre processus de
fabrication.
I.1.1.5) Coûts explicites
Débours effectifs d'une firme pour acheter ou louer les
services des facteurs de production dont elle a besoin.
I.1.1.6) Coût d'opportunité (Coût
alternatif)
Volume d'un bien à la production duquel une
société doit renoncer afin que soient dégagées
assez de ressources (des ressources non inépuisables) pour produire une
unité supplémentaire d'un autre bien.
I .2) Facteurs explicatifs du coût de la
vie
Selon l'Encyclopédie du « Microsoft
Encarta, version 2006 », l'évolution des prix est
expliquée par les facteurs constitutifs de l'offre et de la demande. En
effet, la montée1(*)
du coût de la vie apparaît lorsque les pressions économiques
et l'anticipation de certains événements font monter la demande
de biens et services au-delà de l'offre disponible par rapport aux prix
existants, ou encore lorsque la production disponible est réduite par
une productivité défaillante ou par les contraintes du
marché.
Ainsi, les problèmes qui sont dus, par exemple, au
secteur touristique, à l'instabilité politique, à la
décote de la monnaie locale, au chômage élevé et
à la fixation arbitraire des prix, au secteur informel conduisent
à un croit rythmique du coût de la vie dans un pays.
Les gouvernements se sont toujours efforcés
d'influencer l'évolution du coût de la vie dans l'économie.
Leurs actions s'inscrivent souvent dans une politique des prix et des salaires
visant à maîtriser l'inflation2(*). Toutefois, la théorie économique n'a
pas encore dégagé une position définitive sur l'inflation
et les moyens de s'en sortir3(*).
Pour certains économistes, les causes de l'inflation
résident dans une émission monétaire trop importante et/ou
dans l'interventionnisme étatique. Pour d'autres au contraire, les
véritables causes de l'inflation se situent dans les conflits entre les
groupes sociaux pour le partage des richesses et dans les rigidités de
l'appareil de production. Pour une dernière catégorie, enfin,
l'inflation peut résulter des mutations sociales provoquant à la
fois une transformation du « patron » de consommation et la
hausse des prix dans l'économie4(*).
I.2.1) Approche de Fritz DESHOMMES
Pour parler du cas de l'économie haïtienne,
l'Economiste Fritz DESHOMMES, dans son ouvrage intitulé
« Vie Chère et Politique Economique en Haïti »,
affirme que « le deuxième type d'explication s'accorde mieux
à la réalité nationale ». Selon lui,
l'échec de la lutte contre la vie chère vient du fait que
« le premier type d'explication, d'essence néolibérale,
semble avoir été privilégié par la pensée
économique dominante en Haïti »5(*).
En effet, dans cet ouvrage, qui constitue le véritable
cadre de référence du présent travail de recherche,
l'auteur a plaidé pour une intervention de l'Etat avec la rigueur
nécessaire pour corriger les distorsions du marché haïtien.
Distorsions expliquées notamment par les situations de monopole, de
marché noir de protectionnisme étatique, qui contrarient le libre
jeu du marché.
Le présent travail de recherche se situe en droite
ligne avec la réflexion exprimée par l'auteur, mais la
démarque quelque peu. En effet, en plus des imperfections du
marché haïtien conduisant à la fixation arbitraire des prix,
le surplus de monnaie en circulation et la faiblesse de l'appareil productif
semblent avoir aussi une grande influence sur l'évolution du coût
de la vie en Haïti.
I.2.2) Approche de
Frédéric-Gérald Chéry
Notre travail de recherche trouve également sa source
dans un article publié par l'Economiste
Frédéric-Gérald CHERY6(*) pour qui « l'inflation
peut résulter d'un phénomène social ».
En effet, dans cet article paru en décembre 2003 dans
les colonnes du bulletin de l'AHE du cinquième
paragraphe page 22, l'auteur soutient que : « l'inflation en
Haïti est due ces dernières années à une extension en
variété et en quantité des besoins de la population, non
suivie par un accroissement de la productivité locale. La tension entre
demande en évolution et offre rigide de biens et services s'est traduite
à la fois par une croissance des importations de biens courants et par
une hausse des prix... Les changements sociaux à l'oeuvre en Haïti,
associés à de nouvelles possibilités de circulation de la
monnaie, sont de nature à entraîner une recomposition de la
demande. Ces changements, qu'il faudra relever au niveau du panier de la
ménagère, peuvent induire des mécanismes de hausse des
prix ».
Ainsi, cette analyse de l'évolution du coût de la
vie en Haïti mettant l'emphase sur l'excédant de demande qui est
comblé par les importations de biens courants, partage bien notre point
de vue. Toutefois, il n'y a pas lieu ici de débattre de cette question,
celle-ci faisant l'objet des chapitres III et IV de ce travail. Mais en
attendant, poursuivons la revue du paysage littéraire sur la
problématique du coût de la vie face au comportement de la
production nationale dans le cas d'un pays donné.
I.3) Analyse de l'offre et de la demande
globale
L'explication des composantes de base de l'offre et de la
demande globale varie en fonction des divers courants de pensées. Les
analystes ont résumé toutes les explications qui ont
été fournies en la matière selon les trois
théories suivantes :
A) La première théorie baptisée sous le
nom de la 'Théorie quantitative de monnaie'' se repose sur les deux
hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : l'offre de monnaie est une
donnée exogène qui est à la discrétion de la banque
centrale.
Hypothèse 2 : la demande de monnaie est en
relation étroite avec le niveau du PNB, soit :
M : la demande de monnaie
P : le niveau moyen des prix (indice moyen)
Y : le niveau du revenu réel (PNB
réel)
V : vitesse de circulation de la monnaie qui est le
nombre de fois qu'une unité monétaire passe de mains pendant une
certaine période de temps (en général une année)
.Cette hypothèse pourra réécrire comme suit :
MV= PY (1)
Ou encore :
M=1/V*PY (2)
Ou encore :
M= k* PY avec k=1/V (3)
Et finalement :
M/P= k*Y (4)
La relation (4) signifie que la valeur réelle de la
monnaie désirée par le public (M/P) est un multiple k du
PNB réel Y.
Donc, lorsque la demande de monnaie est donnée, le
volume des transactions(Y) est aussi donné. Si Y augmente, P doit
diminuer pour que l'équation (4) tienne.
Considérant qu'il s'agit d'une question liée au
problème du croit rythmique de la masse monétaire émise
par l'Etat. La réponse est simple : les agents économiques
auront plus d'argents qu'ils ne souhaitaient conserver et par conséquent
ils vont dépenser le surplus. Dès lors, deux
éventualités doivent tenir compte :
A1) Y est à un niveau de sous-emploi ;
dans ce cas il y aura une forte expansion de la demande de production.
A2) Y est au niveau de plein-emploi ; dans ce
cas P augmentera
Les partisans de cette théorie s'affirment encore plus
claire et soutiennent que les modifications du niveau des prix des biens et
services reflètent les fluctuations de la monnaie disponible. Cette
dernière se définit traditionnellement par l'argent en
numéraire de la monnaie et les comptes de dépôts à
vue. Selon eux, pour qu'il y ait stabilité au niveau des prix, la masse
monétaire doit s'accroître à un rythme stable adapté
à la capacité de production effective de l'économie.
Pour arriver à la conclusion logique de cette
théorie : la monnaie ne peut pas influencer les grandeurs
réelles. En fait, elle n'affecte que des grandeurs nominales.
B) La seconde théorie est l'oeuvre de Jhon
Maynard KEYNES où la demande de monnaie est expliquée de
deux façons suivantes :
B1) La demande de monnaie pour des fins de
transactions et précautions. Cette demande varie directement avec le
niveau de revenu et ce, pour deux raisons :
B11) les agents économiques ont besoin de
monnaie pour leurs transactions.
B12) Les sorties et entrées de fonds, chez
les agents économiques, ne sont pas parfaitement synchronisés.
B2) Les agents économiques peuvent garder
leur monnaie soit sous forme liquide, soit sous forme d'actifs financiers soit
une combinaison des deux.
Finalement, plus la richesse est détenue sous forme
liquide et moins le risque de la perdre est grand. Il est aussi clair que plus
le taux d'intérêt est élevé moins grande sera la
quantité de monnaie gardée sous forme liquide. A l'inverse, plus
le taux d'intérêt est faible et plus grande sera la
quantité de monnaie gardée sous forme liquide attendue à
ce que les taux augmentent.
La relation inverse entre la demande de monnaie et le taux
d'intérêt prouve à chaque fois qu'il y a augmentation au
niveau de l'offre les taux d'intérêt baissent et vice versa.
C'est parce qu'une augmentation de la masse monétaire entraîne du
coté des agents économiques, des stocks de monnaie
indésirables dont les gens veulent se débarrasser en procurant
des titres, de propriétés ce qui fera augmenter le prix des biens
et donc diminuer le taux d'intérêt.
Ainsi, les budgets de l'Etat et la gestion fiscale d'un
gouvernement doivent être utilisées pour maintenir les niveaux de
saturation de la production et d'emploi. Une masse monétaire doit
être ajustée de manière à investir le niveau
désiré de croissance économique et des taux
d'intérêt élevés qui décourageraient les
éléments de la demande globale. Ainsi, selon cette
théorie, les régulations des dépenses des
décideurs publiques et la politique fiscale peuvent utiliser pour
compenser les effets néfastes de la hausse des indices du coût de
la vie et la baisse des produits des biens et services sur le marché
par un ajustement de l'offre et de la demande.
C) La troisième théorie se repose sur les
liaisons directes de l'offre. Ceux-ci incluent le rythme à long terme
de l'investissement en capital, le niveau technologique, le groupement
d'âge et le facteur du capital humain, le déplacement des
activités industrielles, le niveau de la production nationale, le
contrôle des matières premières, les
événements politiques et sociaux que peuvent contrôler le
niveau de chômage, ainsi que des contraintes économiques diverses
telles que les problèmes monétaires et commerciaux, augmentations
importantes du prix des biens complémentaires à l'instar du
pétrole pouvant donner naissance à la stimulation des prix des
autres produits. Ces problèmes relatifs à l'offre peuvent jouer
un rôle important dans l'élaboration de politiques
monétaires et budgétaires d'un pays donné.
I.4) Cadre structurel de la demande
globale
Lorsqu'on se situe à un degré
de généralité suffisante, on peut immerger
l'équilibre macroéconomique dans la théorie de
l'équilibre général et même présenter la
comptabilité nationale dans un cadre microéconomique qui respecte
l'articulation des agrégats macroéconomiques.
Il est important de souligner que cette méthodologie ne
correspond pas à la philosophie keynésienne qui est
foncièrement macroéconomique. Keynes part du
principe selon lequel le système capitaliste livré à
lui-même a tendance à s'établir en sous-emploi. Comme
l'emploi est lié à la production, Keynes
recherche comment se forme le niveau de la production. Dans son modèle,
la production suit la demande. C'est donc la demande globale qui
détermine le montant de la production et par-là
indirectement à l'emploi. Cette démarche débouche sur
l'analyse « macroéconomique » de la formation
de la « demande effective » ; on divise celle-ci
selon les catégories d'agents qui lui donnent naissance ; elle est,
en économie fermée, la somme de la consommation qui dépend
des ménages, des investissements dont la plus grande part est le fait
des entreprises et des entreprises publiques. Si l'on parvient à
établir des fonctions de comportement telles que la demande globale soit
une fonction suffisamment stable de variables réelles, alors on
possède un outil « macroéconomique »
pour expliquer le niveau de la production et de l'emploi et,
éventuellement, pour le modifier.
Les économistes postkeynésiens qui ont
réfuté les conclusions keynésiennes concernant le
chômage permanent de l'économie capitaliste et les recommandations
normatives pour le supprimer n'ont pas pour autant rejeter ce cadre
méthodologique keynésien. L'équilibre entre l'offre et la
demande globale et la scission de la demande par catégories d'agents qui
la font varier sont un instrument d'analyse simple et relativement neutre par
rapport à la philosophie du fonctionnement du système
capitaliste. Car l'essentiel des divergences porte sur la stabilité des
fonctions de comportements macroéconomiques. A partir de fonctions
différentes, les économistes anti-keynésiens prouvent que
si le fonctionnement du système capitaliste n'est pas contrarié,
il a tendance à revenir de lui-même au plein-emploi à plus
ou moins long terme, c'est-à-dire à l'équilibre
général celui-ci étant entendu comme l'équilibre
simultané sur tous les marchés, y compris celui de l'emploi. On
voit dans ces conditions pourquoi les économistes anti-keynésiens
croyant dans les fonctions macroéconomiques dans les comportements
microéconomiques des agents. La démarche keynésienne au
contraire n'a pas besoin de justifier ces relations de comportements sur des
bases microéconomiques. Le fonctionnement des marchés (en
particulier la concurrence) est trop imparfait. L'essentiel est de
vérifier empiriquement des relations macroéconomiques stables
entre agrégats réels.
Cette dualité dans l'explication des variations des
composantes de la demande est d'ailleurs surtout apparente pour la fonction de
consommation. La fonction d'investissement a été largement
empruntée par Keynes à la théorie
microéconomique d'Irving Fisher. Les dépenses
publiques ont, quant à elles, une spécificité
macroéconomique incontestable. C'est le caractère typiquement
« keynésien » de la fonction de consommation qui a
été l'objet des critiques les plus synthétiques par les
économistes anti-keynésiens.
I.4.1) Analyse de la fonction de
Consommation
La fonction de consommation keynésienne ne doit pas
être isolée de sa problématique. Les économistes
pré-keynésiens n'ont pas utilisé cette relation parce
qu'ils n'en avaient pas besoin (7(*)). Dans la théorie néoclassique du court
terme, le niveau du revenu global n'est pas une variable intéressante.
Car il y a des mécanismes d'équilibre assurant le retour
automatique du revenu réel au niveau correspondant aux pleines
capacités productives de l'économie. Or, Keynes
prétend que le niveau de l'emploi peut s'éloigner
durablement du plein-emploi. Pour l'expliquer, il a besoin de connaître
comment évolue la demande globale. La consommation est la composante la
plus importante de la demande. D'autre part, à court terme, les
investissements et les dépenses publiques peuvent être
considérés en première approximation comme exogènes
à la conjoncture. Aussi grâce à la fonction de consommation
c'est-à-dire à la relation entre le revenu (ou la production) et
la consommation, on peut obtenir le niveau de la production selon un
modèle élémentaire faisant abstraction des comportements
individuels et des mécanismes de marché.
Cette démarche a donné naissance à des
discussions à trois niveaux :
i) La fonction de consommation keynésienne est une
relation macroéconomique.
Certes, Keynes fonde cette relation sur une
« loi psychologique » d'ordre microéconomique. Mais
il n'approfondit pas les règles microéconomiques de
détermination de la consommation à partir du revenu8(*). Il lui suffit une relation
très simple qu'il insère dans la formation d'un équilibre
macroéconomique. Il est important de noter que les économistes
anti-keynésiens ont élaboré « de nouvelles
théories de la consommation » sur le comportement
microéconomique de l'emploi du revenu.
ii) La fonction de consommation de Keynes est une relation
de court terme (9(*))
La théorie keynésienne est une analyse de
l'équilibre à un moment donné. Keynes
s'intéresse à la formation de l'équilibre
statique et à sa modification avec la variation de certains
paramètres. Aussi les relations de comportement qu'il emploie sont-elles
utilisables à court terme. Les économistes anti-keynésiens
ont révoqué en doute la stabilité de la fonction de
consommation à court terme. Ils prouvent au contraire que cette fonction
est stable uniquement dans le long terme entendu comme le temps
nécessaire d'adaptation de l'équilibre à de nouvelles
conditions. Cette observation, si elle est exacte, est extrêmement
préjudiciable à la théorie keynésienne puisque
l'absence de stabilité des fonctions de comportement réel
à court terme dénaturerait la notion
même « d'équilibre en terme réel »
et exclurait la possibilité d'agir efficacement sur le niveau de cet
équilibre par le biais de la modification de certains
paramètres.
iii) La fonction de consommation pose un problème
difficile d'estimation empirique
L'analyse keynésienne de la consommation est
introspective. Keynes cherche à expliquer comment
varierait la consommation à la suite d'une évolution de revenu.
Il s'agit donc d'une relation de comportement ex ante11(*). Lorsque le débat
se situe sur le plan statistique, il faut garder présent à
l'esprit que les statistiques sont des données ex post ;
ce sont des valeurs d'équilibre. Aussi il est difficile d'infirmer
ou de confirmer une fonction de ce type par des calculs statistiques. Il y a
deux méthodes possibles qui ont chacune leurs avantages et leurs
inconvénients. On peut d'abord tester l'évolution
simultanée dans le temps de la consommation et du revenu des
ménages tels qu'ils sont donnés par exemples dans les comptes
nationaux. Ce procédé a pour inconvénient de fournir
évidemment des points d'équilibre. Ce qu'on obtient, ce n'est pas
la fonction de consommation keynésienne, mais en fait la
corrélation ex post entre le revenu et la consommation ;
pour s'en rapprocher, il est nécessaire d'avoir des statistiques
relativement peu éloignées dans le temps avec des variations de
consommations suffisamment fortes. Une deuxième méthode
consisterait à tester l'évolution de la consommation en fonction
des diverses tranches de revenu de la population. Cette analyse supprime le
problème temporel ; mais elle ajoute un défaut plus grave
encore. Car la fonction de consommation keynésienne est une relation
macroéconomique concernant l'ensemble des ménages.
Keynes émet un certain nombre
d'hypothèses sur la forme de la fonction de consommation laquelle pourra
être applicable au système économique du pays donné.
Par ordre d'importance décroissante les propriétés de la
fonction de consommation keynésienne sont les suivantes :
1) La consommation des ménages est une fonction stable
du revenu global :
C =f(Y).
2) Si la propension marginale à consommer est la
dérivée de la consommation par rapport au revenu,
c'est-à-dire le rapport entre la variation de la consommation et la
variation du revenu qui l'induit, d'après Keynes
celle-ci est positive et inférieure à un :
dC /dY =
f `y ; 0 < f
`y <1.
Ainsi avec une fonction de consommation linéaire :
C = aY + b, a est la propension marginale à consommer ; et on doit
avoir : 0 < a < 1.
3) La propension marginale à consommer est
inférieure à la propension moyenne.
4) La variable correcte déterminant la consommation est
le revenu disponible des ménages (revenu après impôt) et
non pas le revenu brut.
5) La propension marginale à consommer diminue lorsque
le revenu s'élève.
Ces cinq premières hypothèses sont
formalisées mathématiquement par une fonction :
C= f
(Yd)
Yd :
revenu disponible ;
0 < f
'yd <1 ; f '' yd < 0 .
6) La propension marginale à consommer dans le court
terme est inférieure à la propension marginale à consommer
dans le long terme.
Cela s'explique par le fait que le niveau de vie est plus
flexible à long terme : l'accroissement de consommation s'adapte
facilement en longue période à une croissance du revenu, qu'en
courte période.
· Les fondements de la théorie de la
consommation
La théorie du revenu permanent est une machine de
guerre contre la stabilisation à court terme de la fonction de
consommation. Friedman voulant prouver que seule la fonction de consommation de
long terme est stable fonde sa théorie sur l'analyse
microéconomique du comportement de consommation. Il a ouvert la voie
aux « nouvelles théories de la consommation » qui
envisagent la consommation dans le cadre de l'allocation des revenus de
l'individu pour la durée entière de sa vie.
Dans cette section, on va d'abord faire la théorie pure
de la répartition microéconomique du revenu entre la consommation
et l'épargne puis on montrera comment Friedman a appliqué ce
raisonnement de la théorie du revenu permanent.
· La théorie pure de la consommation dans
un cadre temporel
A un moment to un agent reçoit un revenu
Yto et désire le repartir en consommation et
épargne :
Yto = Cto + Eto .
On cherche à connaître selon quelles
règles il effectue ce partage. Pour cela, on suppose que l'agent se fait
une idée de l'évolution de son revenu dans le temps, par exemple
jusqu'à sa mort : (Yt).
Si les agents désirent épargner ou
désépargner, c'est-à-dire ne pas consommer exactement
à to la quantité de revenu reçu, il doit
exister un marché financier, c'est-à-dire un endroit où
s'échangent des titres de créance : quelqu'un qui
désire consommer plus que son revenu cherche quelqu'un qui désire
épargner;il lui vend un titre contre une certaine somme monétaire
que l'agent dépensier va utiliser; il est précisé
qu'à l'échéance de ce titre une somme monétaire
sera rendue à l'épargnant moyennant un intérêt.
Le marché financier permet ainsi à chaque agent
de repartir son flux de revenu initial (Yt) en une
infinité de flux de consommation (Ct). L'épargne est
donc envisagée comme un moyen d'adapter dans le temps un flux de revenu
escompté à un flux de consommation désiré.
· Les fondements de la théorie du revenu
permanent
L'analyse qui précède est la base
des « nouvelles théories de la consommation »
(12(*)). Celles-ci se
placent dans le cadre temporel de la vie de l'agent et recherchent quelle est
la consommation choisie à partir de l'image que l'agent se fait de la
répartition de son revenu. On maximise alors un index d'utilité
intertemporel sous la « contrainte de richesse »
actualisant tous les revenus futurs :
Max U(Co , C1,...,Cn ) = k
Sous la contrainte :
Co + C1/
(1+i1) +.....+Cn / (1+ i1 )....( 1+
in)
= Yo + Y1/
(1+i1) +.....+ Yn / (1+ i1 )....( 1+
in)
La théorie du revenu permanent est une application de
cette analyse.
1) Friedman part des
définitions théoriques du revenu, de la consommation et de la
richesse.
Il constate que le terme usuel de revenu (le revenu courant)
est utilisé pour des motifs statistiques. Il ne correspond pas au
concept théorique de revenu qui est la part de la richesse qu'un
individu pourrait consommer en maintenant sa richesse intacte.
Friedman (13(*)) appelle celui-ci le « revenu
permanent ».
Friedman fait ensuite la même distinction entre la
consommation mesurée sur la période (la consommation courante) et
le concept théorique de consommation qui désigne la valeur
des biens et services qu'on a décidé de consommer durant la
période. Ce concept est différent de la consommation
courante parce que celle-ci porte en partie sur des biens durables (appareils
ménagers, mobiliers, automobiles, etc.) ; en pure théorie,
ce qu'on consomme alors, ce sont les services rendus par ces biens non
durables, on peut considérer que la consommation courante et
consommation permanente sont statistiquement confondues.
2) Friedman se place ensuite dans le
cadre inter temporel précédemment présenté.
Simplifiant l'analyse à deux périodes, le
présent et le futur, il constate d'abord que la consommation
présente Co est indépendante de la répartition
(Yo,Y1) ; elle ne dépend que de la
« richesse » de l'individu que représentent ses
revenus actualisés : Yo + Y1/1 + i.
Toute répartition (Yoi, Y1i)
qui a la même valeur présente (qui correspond à la
même richesse) donne une répartition finale de consommation
(Co, C1). Donc on peut poser :
Co=f (W ,i ), (1)
Avec :
W = Yo + Y1/1+ i .
D'après Friedman cette observation change
considérablement la fonction de consommation traditionnelle puisque
c'est « la richesse » de l'argent qui détermine
sa consommation ; le revenu courant n'a d'influence sur la
consommation que par l'intermédiaire de son incidence sur la richesse
totale.
Friedman introduit ensuite la définition
théorique du revenu : c'est la partie de la richesse qu'on peut
consommer tout en gardant son capital intact :
Yp = iW
En remplaçant dans (1), on a:
Co = f ( Yp/i , i ) = Ø
(Yp, i)
Si on admet certaines hypothèses sur la structure des
choix inter temporels, on obtient la fonction la plus simple possible qui est
la relation fondamentale de la théorie du revenu permanent :
Co = Cp = á(i) Yp .
En fondant la théorie de la consommation sur le
comportement microéconomique et en cherchant à démontrer
que la consommation qui dépend de façon cruciale de la richesse
n'est stable qu'à long terme, la théorie du revenu permanent a
sérieusement ébranlé la fonction de consommation de
Keynes.
Il ne faut pas se dissimuler que la discussion plonge ses
racines dans la controverse philosophique sur l'opportunité de
l'intervention de l'Etat sur l'activité économique. Car les
économistes keynésiens qui font dépendre la consommation
du revenu courant sont favorables aux actions de l'Etat pour modifier le
niveau de la demande globale, par le budget en particulier : la forme
keynésienne de la fonction de consommation de court terme est à
la base de la théorie du multiplicateur. Au contraire, la théorie
du revenu permanent qui insiste sur l'influence des variables permanentes de
long terme comme la richesse conteste implicitement l'efficacité de
l'action budgétaire sur la conjoncture.
I.4.2) La fonction d'Investissement
Les variables qui influencent le montant des investissements
sont de deux ordres : il y a d'abord le coût des emprunts
nécessaires à leur financement : plus le taux
d'intérêt i est élevé, plus le montant
d'investissements réalisés est faible.
D'autre part, les investissements évoluent avec la
variation de production de l'entreprise.
Au niveau macroéconomique, on peut relier le montant
agrégé des investissements aux variations de la production totale
(Y). La fonction macroéconomique d'investissement
dépend donc fondamentalement de deux variables :
I = (i, Y).
On introduit la fonction d'investissement dans le
modèle keynésien en termes réels par la
répercussion de la variation de la production sur
l'investissement : une modification de la demande autonome
déclenche un effet multiplicateur sur la production qui le transmet aux
investissements et ainsi de suite.
Il est important de souligner cependant que contrairement
à la de consommation, la théorie de l'investissement n'est pas
spécifiquement keynésienne. La relation entre le taux
d'intérêt et les investissements remonte à la
Théorie de l'intérêt d'Irving Fisher dont
Keynes s'est inspiré dans sa Théorie
générale. D'autre part, la liaison entre l'investissement et la
variation de la production qu'on appelle le principe
d'accélération a été découverte dès
1909 par l'économiste français Aftalion et largement
utilisée par l'Américain Clark dès 1917. Dans les deux
cas, la fonction d'investissement est fondée sur la théorie
microéconomique du comportement des entreprises. C'est pourquoi on
présentera d'abord la théorie microéconomique
traditionnelle de l'investissement selon l'analyse fishérienne inter
temporelle, ensuite on étudiera le principe d'accélération
et on présentera à la fin de ce chapitre l'interaction
macroéconomique entre le niveau du coût de la vie par l'effet des
rendements de la production nationale.
· La théorie fishérienne du
comportement d'investissement
L'investissement est une augmentation de la capacité de
production. Il y a plusieurs types d'investissements correspondant aux divers
aspects du capital. L'investissement en « capital
physique » est le propre de l'entreprise et peut prendre la
forme de capital circulant (les stocks). L'investissement « en
capital humain » permet d'accroître les revenus du travail
(l'éducation, la formation professionnelle). Ce dernier est largement
à la charge des ménages.
Il y a une analogie entre l'épargne et
l'investissement. L'épargne, on l'a vu, est un moyen de transformer dans
le temps une répartition de revenu escompté en une
répartition de consommation désirée.
L'investissement modifie aussi la répartition initiale
du revenu. Car, si avant l'investissement, sous quelque forme que ce soit,
transforme cette répartition en diminuant les revenus des
premières périodes du montant des sommes inverses et en
augmentant les revenus ultérieurs du montant de rendement. Cette
observation est à la base de la théorie fishérienne de
l'investissement qui a été exposée de façon
systématique par J. Hirschleilfer (14(*)).
· Le principe
d'accélération
La théorie de l'accélération lie le
montant des investissements entrepris au niveau de la production selon
l'idée que plus « l'output » est
élevé plus le capital nécessaire pour le produire est
important.
La théorie élémentaire
d'Aftalion qui reliait l'investissement à la production
grâce à un coefficient de capital fixe
(l'accélérateur simple) a été
améliorée à la suite de travaux par
la suite de travaux empiriques par l'introduction fondamentale des
retards (l'accélérateur simple).
I.4.3) L'Etat
Selon la typologie traditionnelle de Musgrave
(15(*)), l'État
effectue trois sortes d'opérations : il a des fonctions
d'allocation, de régulation et de répartition que l'on va
analyser et illustrer brièvement.
· La Fonction d'allocation :
La satisfaction des besoins dans les sociétés
occidentales est obtenue d'abord par le marché, c'est-à-dire par
l'achat de biens et services en contrepartie d'un prix. Mais certains besoins
sont collectifs. La fonction d'allocation de l'Etat est de pourvoir à
ces besoins collectifs.
Lorsqu'un besoin n'est pas individualisé et que
personne n'est prêt à le payer, on ne laisse pas à
l'activité privée le soin de produire ces « biens
collectifs ». Parmi ces biens, on trouve l'administration
générale, la défense nationale, la justice, etc.
Même lorsqu'un besoin est satisfait par le
marché, la prestation peut-être considérée comme non
optimum du point de vue du bien-être de la collectivité de l'Etat.
Ainsi dans le cas de rendements croissants, les coûts de la production
sont décroissants. Si les firmes cherchent à égaliser leur
revenu marginal à leur coût marginal, elles maximisent leurs
pertes et non pas leurs profits. Les rendements croissants conduisent à
une absence d'équilibre du niveau de production et à des
situations de monopoles. L'Etat peut alors pratiquer une politique de
subvention pour que l'entreprise produise un niveau
d'output « optimum » pour la collectivité
(chemins de fer, mines, etc.).
· La fonction de stabilisation :
La seconde fonction de l'Etat selon Musgrave
est la stabilisation de la conjoncture. Les mouvements alternatifs de
récession et d'expansion sont générateurs de chômage
et d'inflation. En effet, reprenons la définition de la production
potentielle idéale (YPE ) qui correspond
au plein-emploi de main-d'oeuvre (NPE) :
YPE = f ( NPE , Ko )
Lorsque la demande globale diminue pour une raison quelconque,
on a vu que la production des entreprises tombait au-dessous de la production
de plein-emploi et s'accompagnait progressivement de chômage. Au
contraire, si la demande globale augmente, alors, comme la production en valeur
réelle ne peu pas dépasser la production de plein-emploi
(YPE), les excès de demande sur les marchés
vont pousser les prix vers le haut. Il y a des pressions inflationnistes.
La fonction de régulation de l'Etat consiste à
agir sur le niveau de la demande globale pour atteindre le plein-emploi sans
inflation, en la relançant en sous-emploi et en freinant au contraire en
situation inflationniste.
Lorsqu'on dissocie la demande globale entre ses principales
composantes, on fait apparaître les divers aspects de la
régulation »
Y = CM + I + G + (X-M)
L'Etat modifie d'abord le niveau de la demande globale par la
politique budgétaire qui agit sur celle-ci directement par les
dépenses publiques (G) et indirectement par l'influence des impôts
sur la consommation des ménages (CM).
Mais la stabilisation ne se limite pas à la politique
budgétaire. L'Etat peut aussi freiner la demande globale en utilisant la
politique monétaire. Si par exemple, les Investissements ( I )
diminuent quand le taux d'intérêt s'élève, une
politique monétaire de hausse du taux de l'intérêt ralentit
la conjoncture.
Enfin lorsqu'on dévalue la monnaie, les biens produits
dans le pays sont moins chers pour le reste du monde ; les exportations
augmentent et les importations diminuent : (X-M) croît. La
dévaluation relance la production : au contraire, la
réévaluation freine l'emballement de l'activité.
· Les opérations de redistribution de
revenu
L'Etat réalise deux catégories
d'opérations de redistribution. On trouve d'abord des redistributions
à caractère économique : ce sont les subventions
d'exploitation qui ont pour objectif de renflouer le compte d'exploitation
des entreprises. A cet effet, les charges d'exploitation de l'entreprise
bénéficiaire sont considérées comme trop lourdes
par rapport à sa valeur ajoutée. D'autre part, les
subventions d'équipement qui ont pour but de faciliter le
financement des investissements.
A la faveur de ce tour d'horizon sur les différentes
approches littéraires et ces courants de pensées, les plus
remarquables en tout cas sur le coût de la vie et la production
nationale, il a été permis d'élaborer la base
nécessaire permettant de poursuivre le traitement de notre sujet de
recherche. Aussi, il vient à présent d'aborder le second chapitre
de ce travail qui traite du « Contexte macroéconomique
d'Haïti : 1975&2005».
II.) Contexte macroéconomique d'Haïti : 1975
& 2005
L'Economie haïtienne ne connaît que des taux de
croissance très faibles depuis la décennie des années 80.
En moyenne le PIB a progressé moins vite que la
population, ce qui s'est traduit par une baisse du produit par habitant entre
1987 et 2000, baisse qui s'est encore aggravée entre 2000 et 2005. Suite
aux différentes tergiversations politiques enregistrées dans le
pays durant ces périodes, les investisseurs trouvent assez de raisons
valables pour tourner le dos au pays.
En effet, selon les informations tirées du document du
CEPALC en date du 12 Août 2005,
intitulé :''La Pauvreté en Haïti : Situation,
Causes et Politiques de Sortie'', le PIB réel
par habitant a été estimé à US$ 457 en 1987,
à US$ 352 en 2000 et à US $ 328 en 2003. La production par
tête a donc diminué selon un taux moyen annuel d'environ 2% selon
les données dont dispose l'Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique (IHSI). Cependant, l'offre globale de biens et
services a progressé entre 1987 et 2000 avant d'amorcer une nette
tendance à la baisse après 2000. L`offre et la demande globale
de biens et services par tête est passé de US$ 599 en 1987
à US$ 760 en 2000 (1,9 % de croissance annuelle entre 1987 et 2000) et
à US$ 703 en 2003 (-2,6 % de décroissance annuelle entre 2000 et
2003). Quant à la consommation par tête, elle était
estimée à US$ 426 en 1987, à US$ 565 en 2000 (2,2 % de
croissance annuelle entre 1987 et 2000) et, enfin, à US$ 512 en 2003
(-3,2 % de décroissance annuelle entre 2000 et 2003). Les importations,
évaluées en valeurs constantes de 1986/87, dépassent
désormais le PIB et jouent un rôle
déterminant dans l'économie Haïtienne. Leur poids relatif
est passé de 23,6% de l'offre globale en 1987 à 53,5 % de
celle-ci en 2003, alors que la valeur des exportations s'est réduite au
cours des années 90 et que le poids relatif des exportations ne
représente, en valeurs constantes de 1987, que 24% du
PIB. Haïti est donc ancré profondément dans
une logique économique dominée de plus en plus par la migration
internationale et alimentée, en contre partie, essentiellement par
l'accroissement des transferts courants. L'existence des transferts renforce,
par ailleurs, la migration rurale/ urbaine déjà intense à
travers la demande, désormais possible, de nouveaux biens et surtout de
services.
Exprimée en volume, la consommation totale de biens et
services valait 156 % du PIB en 2003 contre 93% en 1987. Le
revenu moyen est donc nettement plus élevé que le
PIB par habitant à cause de l'importance des transferts
unilatéraux publics et privés. Les transferts privés
estimés à US $ 48,54 millions en 1985 ont été
évalués à US $ 506,00 millions en 2000 et à 811
millions de dollars en 2003. Quant aux transferts totaux, ils ont
progressé passant de US $145,04 à US $ 699,00 millions entre
1985 et 2000 et à US $ 907 millions en 2003. En 2003, les transferts
représentent 35% du PIB, 2,2% des exportations brutes
de biens et services, 3,3% fois les exportations brutes de marchandises
dominées par l'industrie légère de sous-traitance et un
peu plus de 6 fois les exportations nettes de marchandises.
Après une contraction de 3,50% l'année
dernière, l'économie a affiché en 2005 une croissance de
1,80%, légèrement supérieure à l'objectif
révisé du gouvernement haïtien (1,50%) dans le programme
signé avec le FMI1. Ce taux de croissance,
inférieur à celui de la population (2,08%), s'est toutefois
réalisé dans un contexte sociopolitique marqué d'un
côté par des épisodes de violence urbaine au cours des
trois premiers trimestres et, de l'autre côté, par la
flambée des prix du pétrole sur le marché mondial ajoutant
à l'inquiétude ambiante.
Sur le plan interne, l'augmentation du crédit au
secteur privé a favorisé la reprise des investissements
privés et l'accroissement des exportations compensant ainsi la
contraction des investissements publics. En effet, ces derniers ont
diminué de 48% et leur poids dans le budget est passé de 21% en
2004 à 12% en 2005. En revanche, le crédit au secteur
privé s'est accru de 21,27% en terme nominal et de 5,60% en terme
réel. Conséquemment, l'expansion du volume des investissements
privés (1,44% de croissance en termes réels) et de celui des
exportations (3,38%) a, en 2005, concouru à une hausse de 2,22% de la
demande globale. La consommation a aussi connu un regain de vigueur (+2,20 en
2005 après -3,72 en 2004) et le volume des importations a pris de
l'ampleur (+2,60 % en 2005 contre -1,1% en 2004).
Sur le plan externe, l'économie a affiché un
certain dynamisme tant au niveau des exportations qu'au niveau des
importations. En effet, en dépit du ralentissement de la croissance du
commerce mondial (+7,30% contre + 9% en 2004) et de la croissance du
PIB des États-Unis (+3,5% contre +4,2% en 2004), la
demande pour les produits haïtiens est restée ferme et a permis de
générer une augmentation de 22,76% de la valeur des exportations.
Cette performance est attribuable notamment à l'accroissement de la
valeur des exportations du café (+ 64,72%), des produits de la petite
industrie (+ 31,87 %) et des articles manufacturés (+ 29,35%).
Parallèlement, la valeur des importations totales a progressé de
8,66%, principalement sous l'impulsion de celles des produits pétroliers
(+41,07%) et des articles manufacturés divers (+ 45,42%).
L'excédent enregistré au niveau de la balance
globale a permis une augmentation des réserves nettes de change,
lesquelles, cependant, ne suffiraient tout au plus qu'à régler
50% de la facture d'un mois d'importations additionnées au montant des
arriérés sur la dette externe.
Les informations tirées du tableau I peuvent donner un
exemple de la situation économique du pays.
Ainsi, ce chapitre présente l'analyse du taux de
croissance du PIB, le comportement du secteur réel via
l'IPC (voir le tableau I),
le niveau du revenu national expliqué par le poids de ses composantes
telles que la consommation globale des ménages, l'investissement global
et le système de la balance commerciale durant la période sous
étude.
Tableau I
Présentation des branches d'activités du
secteur réel et de l'IPC
(En millions de gourdes constantes)
(Périodes :
1975&2005.
Périodes
|
Sp.
|
Ss.
|
St.
|
%PIB
|
IPC
|
1975/76
|
1758633
|
912591
|
1538532
|
-
|
100
|
1976/77
|
1798247
|
980300
|
1598974
|
3.7
|
100
|
1977/78
|
1848840
|
1056401
|
1751347
|
6.2
|
100
|
1978/79
|
1961479
|
1164520
|
1883916
|
7.6
|
100
|
1979/80
|
1976078
|
1300795
|
2079740
|
7.4
|
132.01
|
1980/81
|
1937843
|
1192232
|
2066540
|
-2.9
|
147.96
|
1981/82
|
1877632
|
1151995
|
2006867
|
-3.4
|
159.95
|
1982/83
|
1743382
|
1215537
|
2081579
|
0.7
|
174.31
|
1983/84
|
1804509
|
1171383
|
2095864
|
0.3
|
188.37
|
1984/85
|
1815581
|
1202101
|
2111397
|
0.6
|
204.06
|
1985/86
|
1859166
|
1168804
|
2136111
|
-0.5
|
221.55
|
1986/87
|
1880503
|
1147513
|
2118167
|
0.8
|
196.87
|
1987/88
|
1922512
|
1149753
|
2104391
|
0.2
|
196.57
|
1988/89
|
1920733
|
1165884
|
2129735
|
1.1
|
210.93
|
1989/90
|
1876575
|
1172131
|
2167315
|
-0.1
|
246.78
|
1990/91
|
1939162
|
1031314
|
2225489
|
0.3
|
295.50
|
1991/92
|
1925194
|
648021
|
1990777
|
-13.2
|
327.98
|
1992/93
|
1754341
|
670066
|
2007487
|
-2.4
|
398.67
|
1993/94
|
1557044
|
616811
|
1918259
|
-8.3
|
628.29
|
1994/95
|
1402565
|
751053
|
2053784
|
4.4
|
623.44
|
1995/96
|
1398533
|
831255
|
2078415
|
2.7
|
652.56
|
1996/97
|
1373100
|
886311
|
2091136
|
1.4
|
736.27
|
1997/98
|
1402900
|
943908
|
2130449
|
3.1
|
830.02
|
1998/99
|
1425570
|
996031
|
2143252
|
2.2
|
889.79
|
1999/00
|
1422791
|
1013380
|
2173450
|
1.1
|
1015.54
|
2000/01
|
1435620
|
1005802
|
2167966
|
1.05
|
576.56
|
2001/02
|
1382234
|
1018936
|
2194776
|
-0.25
|
657.90
|
2002/03
|
1385544
|
1031060
|
2199650
|
0.36
|
723.0
|
2003/04*
|
1318915
|
1008832
|
2115563
|
-3.51
|
1424.53
|
2004/05**
|
1353263
|
1033585
|
2149684
|
1.79
|
2805.53
|
Source : Institut Haïtien de
Statistique et d'Informatique (Division des Synthèses
Économiques).
Notes : Semi-Provisoires-
** Provisoires.-
Informations utilisées
dans ce tableau :
Les données pour la période allant de 2000
à 2005 ont été raccordées à base de 1975.
IPC :
Indice des Prix à la Consommation, %PIB : taux
de croissance du PIB, Sp : secteur
primaire,
Ss : Secteur secondaire, St : secteur tertiaire
II.1) Analyse comparative du taux de croissance du PIB
Dans tous les pays du monde, il existe toujours un ou des
secteurs qui contribue (nt) davantage à la production nationale ou
à la richesse d'une nation donnée. En Haïti, le
modèle de production nationale est reposé sur l'apport de l'un de
ces trois secteurs à savoir le primaire, le secondaire et le tertiaire.
Ces trois catégories peuvent se résumer sous le nom de branches
d'activité du secteur réel, auxquels pouvant être
identifiées de part leurs domaines respectifs au niveau de
l'économie.
En effet, le premier secteur regroupe les différentes
activités liées à l'agriculture, le second
s'intéresse davantage à l'agro-industrie ou secteur
manufacturier et le troisième s'engage dans les activités des
branches marchandes et non-marchandes notamment le tourisme qui constitue l'un
des éléments stimulant le niveau du revenu national.
Selon les informations tirées du tableau I,
l'évolution du taux de croissance économique, pour la
période allant de 75 à 80, a été satisfaisant. Cet
accroissement est dû à la contribution majoritaire du secteur
agricole qui constituait l'élan favorable du revenu national
jusqu'à la décennie des années (70). La décennie 80
a été la première période de l'économie
nationale à connaître des moments de troubles sociopolitiques
graves, notamment en 1985, et des successions continuelles de gouvernements
résultant de l'instabilité politique du pays.
L'instabilité politique a atteint son point culminant
durant la décennie 90 qui a vu le chaos de l'économie nationale.
Cette situation résulte des méfaits de l'embargo commercial qui a
duré environ trois (3) ans (1991/94) suite au coup d'Etat militaire de
Septembre 1991. Durant cette période, le taux d'inflation a donc
évolué à plus de 50% (hyperinflation)16(*).
La dernière période, allant de 2000 à
2005, paraît encore pire comparativement aux décennies
précédentes. En effet, l'insécurité chronique
oblige encore davantage d'investisseurs à tourner le dos au pays. La
réduction favorable du niveau du tourisme, la mauvaise
gouvernance et bien d'autres méfaits se comptent parmi les principaux
facteurs contribuant au problème de la décroissance
économique du pays.
Donc, les données fournies dans le Tableau I
corroborent en outre parfaitement la situation économique du pays durant
la période sous étude.
II.1.1) Analyse du PIB et de l'Indice des Prix
à la Consommation (IPC)
II.1.1.1) Secteur primaire
La part du secteur agricole dans la formation du
PIB a affiché une tendance à la hausse tout au
long de la période allant de 1975 à 1990 pour un résultat
signifiant pour le taux de croissance du Produit Intérieur brut et de
l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) (voir tableau
1). Car, l'agriculture constituait le moteur du développement de
l'économie par le biais de la politique de libre échange avec
comme partenaires principaux les pays de la Caraïbe. Cette politique
allait être rapidement cessée au cours de la décennie des
années 80, suite au recul prononcé du secteur agricole
expliqué par le manque de compétitivité des produits
locaux naissent ensuite les bouleversements politiques, plus
particulièrement vers la moitié de cette dite période.
L'incapacité de ce secteur s'explique par la devance du tertiaire
comparativement aux deux autres où le niveau du revenu des
ménages ne fait que décroître, soit de 1859166 contre
1880503 du secteur agricole et 2136111 contre 2118167 du secteur tertiaire,
d'un niveau de décroissance du revenu national en terme du
PIB et une montée sauvage du coût de la vie soit
204.06 contre 221.55% pour l'ensemble de la période allant de 1984 et
1986 (Cf. tableau I).
Les informations lues dans les comptes économiques pour la
période allant de 1996 à 2004 stipulent les faits suivants :
- Entre 1985 et 2003, le pays n'a pas accordé une
grande importance au secteur
agricole, malgré une
demande très forte. Le pouvoir d'achat des agents économiques ne
cesse de décroître avec comme corollaire la réduction des
prix des produits primaires. Les investissements privés de ce secteur
ont été très fortement découragés et la
rentabilité économique et financière du secteur public
insignifiantes. Le déclin de l'agriculture s'est accentué de
même que l'émigration massive vers les villes et les pays d'outre
mer (le phénomène de l'exode rurale) comme conséquences
néfastes, l'intensification de l'érosion accompagné des
catastrophes naturelles de l'agriculture.
- De 1999 à 2003, le déclin du secteur agricole
poursuit sa course effrénée en dépit de la
dévaluation de la gourde qui rend plus compétitive la production
locale sur le marché mondial. Ces investissements n'ont pas eu lieu
à cause du contexte politique défavorable aux bailleurs de fonds
locaux et étrangers.
La valeur ajoutée des branches : agriculture,
sylviculture, élevage et pêche a enregistré en 2004 une
chute de plus de 5% contre une légère hausse de 0.3%
l'année précédente. Compte tenu de son poids
relativement élevé (25%) dans la formation du
PIB, cette réduction considérable des
activités agricoles a eu évidemment une influence négative
sur l'évolution d'ensemble de l'économie (l'agriculture a du
faire face à la fois à des périodes de sécheresse
et d'inondation au cours de l'année 2004).
Après un recul de 4,80% en 2004, le volume du secteur
primaire a progressé de 2,60% en 2005, contribuant ainsi pour 36,73%
à la croissance du PIB dont il représente les
27, 58% (Voir le rapport annuel 2005 BRH, paragraphe 2 et 3,
page 12). Cette progression est due à un bénéfice
enregistré au niveau de la pluviométrie clémente et
relativement bien distribuée. Ces conditions climatiques favorables aux
activités agricoles sont dues à l'intense activité
cyclonique de cette année qui a provoqué de fortes et
fréquentes précipitations dans presque toutes les régions
agricoles du pays. Cependant, quoique la fréquence des catastrophes
naturelles ait augmenté en 2005, les conditions
météorologiques ont été plus favorables,
contrairement à l'année dernière. Les deux cyclones
précédemment mentionnés ont largement affecté les
infrastructures de base ainsi que la production agricole. Selon les
informations fournies par le Conseil National de la Sécurité
Alimentaire (CNSA, Bulletin de Conjoncture # 11), le passage
des deux ouragans a occasionné la destruction de 200 hectares de banane,
300 hectares de maïs et des pertes au niveau du bétail
estimées à plus de 4,5 millions de gourdes, sans compter des
pertes de matériels de pêches et autres.
Selon les résultats de l'Enquête sur les
conditions de vie en Haïti (ECVH), enquête
réalisée en 2001, les divers facteurs liés à la
faiblesse continue de la production ou de l'exportation de certains produits
sont les suivants :
· Niveau de technicité très faible, et
même le plus bas de l'Amérique Latine et de la
Caraïbe ;
· Pratique très rare de la taille, de la
fertilisation et ombrage excessif ;
· Nombre très faible de techniciens travaillant
dans le sous-secteur ;
· Inexistence de recherches appliquées ;
· Faible degré de fertilité des sols
dû aux mauvaises pratiques culturales et au déboisement
accéléré ;
· Maladies caféières (pourridiés et
scolytes).
Tous ces problèmes ci-dessus mentionnés
combinés aux déficiences sinon l'absence des infrastructures
agricoles (routes, électricité, canaux d'irrigation) et des
outils perfectionnés mettent à mal le gain de productivité
et de compétitivité (les coûts de production étant
excessivement élevés) dans le secteur primaire.
II.1.1.2) Secteur secondaire
Au niveau de ce secteur, le sous-secteur industrie
d'assemblage, supposerait être le plus intéressant en terme de
potentialité pour obtenir un avantage compétitif de
l'économie nationale. Car, l'analyse des données du tableau I
peut donner un exemple de la situation du secteur secondaire.
Le secteur industriel n'arrive pas à dynamiser
l'économie haïtienne et à la libérer des contraintes
agricoles. Sa contribution au PIB suit, de même que
l'agriculture, une tendance continue à la baisse. Elle reste largement
en dessous de la moyenne au niveau des pays de la Caraïbe où
l'agriculture figure parmi les secteurs qui contribuent le moins au Produit
Intérieur Brut et le coût de la vie ne cesse de croître de
façon vertigineuse durant la totalité de la période sous
étude (Tableau I).
Ce secteur bute sur un ensemble de contraintes. En tout
premier lieu, l'un des traits caractéristiques de l'industrie
haïtienne est le problème de sous-capitalisation17(*). Elle est dominée par
de petites et moyennes entreprises dont le capital productif est faible. Les
trois quarts des entreprises industrielles haïtiennes en 1999, soit 73%,
ont un capital social ne dépassant pas 500 000 gourdes, quoique ce
montant soit trois fois plus élevé qu'il ne l'a été
en 1984, date à laquelle l'IHSI (Institut Haïtien
de Statistique et d'Informatique) a réalisé une enquête
industrielle. En deuxième lieu, l'activité industrielle est
totalement orientée vers la production de biens de consommation. Ceci
peut être expliqué par le fait que de telles activités ne
nécessitent pas un haut niveau de technologie dans le processus de
transformation de la matière première de base. Le pourcentage
d'entreprises produisant des biens d'équipements et des biens
intermédiaires relativement faible : soit respectivement 18% et 16%
de l'ensemble des unités. Or, un pays, on l'avait vu dans le tableau
ci-dessus, ne peut connaître de croissance significative sans consentir
une bonne élaboration de politique économique. Une autre
caractéristique de la faiblesse de l'industrie haïtienne est le
fait que plus de 70% des entreprises trouvent essentiellement leurs
débouchés sur le marché local. Hormis le secteur de la
sous-traitance, seulement quatre entreprises déclarent exporter une
partie de leur production. Un pays comme Haïti dont l'exportation
dépend pour l'essentiel des produits agricoles et où l'industrie
est tournée vers la production de biens de consommation, souffre d'un
énorme déficit de compétitivité. Les gains de
productivité s'obtiennent grâce à l'amélioration
continue des capacités technologiques principalement dans le secteur
industriel. Les facteurs conjoncturels tels que l'instabilité politique,
la mauvaise gestion macroéconomique et les chocs externes conduisent
à l'affaiblissement de l'appareil productif.
D'autres facteurs bloquent encore le comportement de ce
secteur. L'instabilité et l'insécurité politique et le
faible contrôle des prix des produits du coté des décideurs
étatiques représente un désavantage compétitif. En
outre, La crise pétrolière occasionne également le recul
des entreprises. Ce qui constitue une faiblesse pour la production nationale
laissant à comprendre aussi le comportement des principaux indicateurs
macroéconomiques tels : La consommation, l'investissement et le
solde des exportations nettes, le poids du budget de l'Etat et le niveau du
financement.
II.1.1.3) Secteur tertiaire
L'analyse des informations du tableau I montre que ce secteur
devance les deux autres depuis le commencement des années 80. Selon les
informations tirées du document du PNUD
intitulé ''Situation économique et sociale d'Haïti
en 2004, p.70, paragraphe 1'', le tourisme est une industrie en pleine
croissance au niveau de la zone Caraïbe et chaque année plusieurs
millions de visiteurs fréquentent la région. Progressant à
un rythme d'environ 7% l'an, la croissance régionale et mondiale est
à la fois régulière et constante. Les revenus par
arrivée de touristes sont de $851 pour la Caraïbe contre $663 pour
le reste du monde alors que les revenus tirés de ce sous-secteur ne sont
pas inclus dans les chiffres. En 1994, les Caraïbes ont
généré des revenus de 11,6 milliards de dollars E.U de
revenus touristiques, sur un total mondial de 346 milliards de dollars E.U.
Dans ces performances, la part d'Haïti est très nettement
insignifiante. Une initiative pour mesurer les recettes collectées de
l'activité touristique en 1996 a fait un état de revenu de 24
millions de dollars, dont 75% générés par les
haïtiens de la diaspora, ce qui constituait l'inexistence de ce secteur
dans le pays.
Le secteur touristique en Haïti ne peut être un
facteur de développement à cause de l'instabilité
politique et l'insécurité chronique qui y sévissent depuis
plus de deux décennies.
C'est encore une raison fondamentale qui explique la
décadence pertinente de la balance commerciale traduisant le
problème majeur du secteur réel.
Tableau II
Poids de la consommation, de l'Investissement et du
PIB
(En millions de gourdes constantes)
Périodes : 1975 /2005.
Périodes
|
C
|
I
|
PIB
|
C/PIB
|
I/PIB
|
1975/76
|
4101
|
678
|
4395
|
0.9331
|
0.1542
|
1976/77
|
4419
|
736
|
4558
|
0.9695
|
0.1614
|
1977/78
|
4701
|
770
|
4841
|
0.9710
|
0.1590
|
1978/79
|
4809
|
921
|
5207
|
0.9235
|
0.1768
|
1979/80
|
5403
|
934
|
5591
|
0.9663
|
0.1670
|
1980/81
|
5353
|
941
|
5432
|
0.9854
|
0.1732
|
1981/82
|
4772
|
877
|
5238
|
0.9110
|
0.1674
|
1982/83
|
4804
|
924
|
5285
|
0.9089
|
0.1748
|
1983/84
|
4905
|
967
|
5301
|
0.9252
|
0.1824
|
1984/85
|
4915
|
1078
|
5333
|
0.9216
|
0.2021
|
1985/86
|
4991
|
987
|
5307
|
0.9404
|
0.1859
|
1986/87
|
4953
|
997
|
5265
|
0.9407
|
0.1893
|
1987/88
|
5079
|
955
|
5275
|
0.9628
|
0.1810
|
1988/89
|
4778
|
901
|
5334
|
0.8957
|
0.1689
|
1989/90
|
4729
|
866
|
5329
|
0.8874
|
0.1625
|
1990/91
|
4647
|
835
|
5342
|
0.8698
|
0.1563
|
1991/92
|
4675
|
500
|
4638
|
1.0079
|
0.1078
|
1992/93
|
5354
|
463
|
4525
|
1.183
|
0.1023
|
1993/94
|
4921
|
430
|
4150
|
1.1857
|
0.1036
|
1994/95
|
5843
|
811
|
4334
|
1.3481
|
0.1871
|
1995/96
|
5701
|
799
|
4451
|
1.2808
|
0.1795
|
1996/97
|
5832
|
787
|
4511
|
1.2928
|
0.1744
|
1997/98
|
6091
|
847
|
4652
|
1.3093
|
0.1820
|
1998/99
|
6293
|
902
|
4755
|
1.3234
|
0.1896
|
1999/00
|
6403
|
914
|
4808
|
1.3317
|
0.1900
|
2000/01
|
6301
|
919
|
4757
|
1.3245
|
0.1931
|
2001/02
|
6223
|
973
|
4744
|
1.3117
|
0.2051
|
2002/03
|
6276
|
941
|
4761
|
1.3182
|
0.1976
|
2003/04
|
6042
|
768
|
4593
|
1.3154
|
0.1672
|
2004/05
|
6174
|
758
|
4675
|
1.3206
|
0.1621
|
Sources : IHSI
/ MEF /BRH
Informations utilisées dans
le tableau : Cons (Consommation),
Inv. (Investissement),
PIB :
Produit Intérieur brut
II.2) Analyse des principaux déterminants de la
production nationale
II.2.1) Consommation
Cet indicateur regroupe la consommation marchande des
ménages et celles dites non marchandes des institutions sans but
lucratif et des administrations publiques. Son évolution est non
stationnaire pour la période d'étude. En effet, la consommation
globale passe de 4101 MG (Million de gourdes) en 1976 à 5403 millions de
gourdes en 1980, soit un taux moyen de croissance de 7.15% l'an. Une nette
diminution a été constatée à partir de 1981
à 1985 en passant de 5353 à 4915 MG avec un taux
de croissance de - 8.7% l'an. De 1986 à 1993, la consommation
globale a chuté à un niveau moyen de 0.4% l'an.
Une légère reprise s'est effectuée en
1994 grâce au retour à l'ordre constitutionnel et à la
levée de l'embargo. Ce qui a permis à la consommation globale de
croître à un taux moyen de 4.8% l'an jusqu'à l'année
2000. Cependant, les bouleversements politiques qui qu'a connu le pays à
partir des années 2000 ont causé la régression de la
consommation globale à un rythme de 1.1% l'an en moyenne. Dans
l'ensemble, la consommation globale a connu une croissance mitigée au
cours de la période allant de 1976 à 2004 accusant un taux de
croissance annuel moyen de l'ordre de 1.9%. Les chiffrent du tableau suivant
témoignent de cette évolution.
De plus, la part des importations dans la consommation globale
a augmenté considérablement et représentait 75.62% au
cours de l'année 2004 contre 34.86% en 1976. Ce qui représente
une augmentation de 40.76% pendant 29 ans. Cette situation signifie que des
produits qui, dans le temps, pouvaient nourrir la population haïtienne et
dégager des marges supplémentaires pour l'exportation, est
passée dans la catégorie des biens d'importation. Donc, nourrir
sa population de sa propre production demeure un défi pour Haïti.
Et que faire ? La réponse est simple, il s'agit de pourvoir
à l'autosuffisance alimentaire de la population. Nous abordons dans le
point suivant l'évolution de l'investissement global.
II.2.2) Investissement
L'Investissement est un facteur indispensable à la
croissance et au développement économiques. Il marche en parfaite
relation avec un climat de paix et de certitude politique. En d'autres termes,
la stabilité politique et la bonne infrastructure moderne
représentent deux outils indispensables à l'investissement. En
Haïti, pendant 24 ans, l'instabilité politique et le manque
d'infrastructures constitue deux inconvénients majeurs à
l'expansion de l'économie nationale.
Ainsi, l'Investissement en Haïti au cours de
l'année 2004, estimé en millions de gourdes de 1975-1976,
s'élevait à 923.7 contre 941MG en 1981,
affichant pour ainsi dire une baisse de 0.14% l'an. Durant cette
période, il a évolué tantôt à la hausse
tantôt à la baisse dépendamment de la conjoncture. En
effet, le niveau d'accroissement annuel de l'investissement était de
5.3% en 1985 contre -6.8% en 1982. Il était de -8.4% en 1986 contre
11.55% en 1985. En moyenne, l'investissement a régressé de 18.2%
au cours des années de vives crises politiques et économiques
(1991-1994) et a atteint le niveau de 88.65 % en 1995.
Le résultat constaté en 1995 est lié
à une forte expansion des dépenses consenties dans le cadre des
grands travaux de réhabilitation des infrastructures routières et
autres qui provoquent une augmentation à la Formation Brute de Capital
Fixe (FBCF). La situation a été renversée
en 1996 ; la suspension de l'aide financière internationale suite
à l'arrêt des négociations avec les bailleurs de fonds a eu
des conséquences sur le niveau de l'investissement. Ce faisant, une
baisse de 1.475 millions de gourdes a été constatée.
Soutenu surtout par les dépenses publiques, l'investissement a crû
en moyenne de 4.96 % l'an de 1997 à 2000. Mais, encore une fois, les
événements politiques ont contraint ce rythme d'évolution
positive et contribuent à une diminution de 3.13% de l'investissement en
2004. A cet égard, il est aussi important de souligner que
l'investissement est lié à l'épargne nationale laquelle
demeure toujours négative. Ce qui nous amène aux
développements ultérieurs.
II.2.3) Structure des Exportations Nettes
(X-M)
La lecture des données du Tableau III ci-dessous
corrobore nettement les informations tirées du bilan du
(PNUD) en 2004 et du rapport annuel 2005 BRH
(Banque de la République d'Haïti). Le montant des exportations
exprime grandement la faiblesse de la production nationale en dépit du
rythme des importations qui constitue un résultat non significatif pour
l'économie nationale. Le commerce extérieur au cours de la
période 2002/2003 confirme les tendances constatées depuis la
moitié de la décennie 80. Deux éléments importants
caractérisent cette période, d'abord, le niveau de la
dépendance externe semble continuellement plus significatif,
s'expliquant par l'augmentation pertinente du déficit commercial passant
de 571 au cours de la période 1983/84 à environ 1291
MG en 1992/93.
Cette deuxième observation s'explique par une profonde
restructuration du commerce extérieur. En effet, si au début des
années 80 les produits du secteur d'assemblage, articles manufacturiers
comptaient environ 20% en terme de revenus d'exportation et d'un ratio de 80%
pour l'année 2003 pour l'importation des biens et services produits dans
les pays d'outre mer. Ce résultat est imputable en partie au manque de
dynamisme du secteur agricole. Constaté en effet, que ce secteur donne
une contribue de 56% au début des années 80 contre 15% en 2003.
En réalité, les exportations du pays ont baissé à
la fois en volume et en valeur. Ceci pourra être expliqué par la
baisse continuelle du revenu des ménages qui constitue un
problème similaire à la montée du coût de la vie en
Haïti. La baisse a été respectivement de 14%, 7.5% et de 10%
au cours des trois dernières années.
Sachant le rôle des exportations dans la croissance
économique d'un pays, sa grande dépendance par rapport à
un seul partenaire commercial constitue un réel obstacle au
développement du pays surtout lorsque les exportations ne sont pas
composées de biens en terme de valeur ajoutée très
élevée.
Cela allait entraîner une forte baisse de l'emploi dans
le secteur, 17800 en 2004, ce qui place très loin des 33607 personnes
employées en 1991. Cette crise est à la base de la fermeture
d'importantes firmes du secteur manufacturier et de la chute des commandes
adressées à l'assemblage dans le pays. La crise politique en
Haïti en est aussi une deuxième cause.
Le faible rendement du commerce extérieur se
présente par une valeur de plus de 60% des importations affiche entre
2001,2002 et 2003 correspond à un déficit global de 909,62
millions de dollars américains, soit 19% du PIB en 2003
contre 139,4 millions de dollars américains en 1983, soit 9% du
PIB.
Encore une fois, grâce à la forte rentrée
des transferts de la diaspora haïtienne qui a atteint environ 1 billion de
dollars américains en 2003, le poids du déficit du compte des
opérations courantes avant dons par rapport au PIB a pu
être limité à environ 5%. Enfin, les données du
Tableau III ci dessous donne la présomption de la faiblesse de la
production nationale via l'incontrôlabilité du niveau du
coût de la vie.
Tableau III
Evolution des Exportations et des
Importations :1975/2005
(millions de gourdes constantes)
Périodes
|
(X)
|
(M)
|
Bc = X- M
|
PIB
|
X/PIB
|
M/PIB
|
X+M / PIB
|
1975/76
|
1046
|
1430
|
-384
|
4395
|
23.80
|
32.54
|
56.34
|
1976/77
|
1003
|
1600
|
-597
|
4558
|
22.01
|
35.10
|
57.11
|
1977/78
|
1172
|
1802
|
-630
|
4841
|
24.21
|
37.22
|
61.43
|
1978/79
|
1178
|
1701
|
-523
|
5207
|
22.62
|
32.67
|
55.29
|
1979/80
|
1435
|
2181
|
-746
|
5591
|
25.67
|
39.01
|
64.68
|
1980/81
|
1349
|
2211
|
-862
|
5432
|
24.83
|
40.70
|
65.54
|
1981/82
|
1547
|
1958
|
-411
|
5238
|
29.53
|
37.38
|
66.91
|
1982/83
|
1598
|
2041
|
-443
|
5285
|
30.24
|
38.62
|
68.86
|
1983/84
|
1617
|
2188
|
-571
|
5301
|
30.50
|
41.28
|
71.78
|
1984/85
|
1562
|
2222
|
-660
|
5333
|
29.29
|
41.67
|
70.95
|
1985/86
|
1259
|
1930
|
-671
|
5307
|
23.72
|
36.37
|
60.09
|
1986/87
|
1535
|
2220
|
-685
|
5265
|
29.15
|
42.17
|
71.32
|
1987/88
|
1496
|
2254
|
-758
|
5275
|
28.36
|
42.73
|
71.09
|
1988/89
|
1186
|
1531
|
-345
|
5334
|
22.23
|
28.70
|
50.94
|
1989/90
|
1343
|
1610
|
-267
|
5329
|
25.20
|
30.21
|
55.41
|
1990/91
|
1465
|
1605
|
-140
|
5342
|
27.42
|
30.04
|
57.47
|
1991/92
|
764
|
1301
|
-537
|
4638
|
16.47
|
28.05
|
44.52
|
1992/93
|
796
|
2087
|
-1291
|
4525
|
17.59
|
46.12
|
63.71
|
1993/94
|
670
|
1870
|
-1200
|
4150
|
16.14
|
45.06
|
61.20
|
1994/95
|
1011
|
3332
|
-2321
|
4334
|
23.33
|
76.88
|
100.21
|
1995/96
|
1385
|
3434
|
-2049
|
4451
|
31.12
|
77.15
|
108.27
|
1996/97
|
1465
|
3572
|
-2107
|
4511
|
32.48
|
79.18
|
111.66
|
1997/98
|
1785
|
4068
|
-2283
|
4652
|
38.37
|
87.45
|
125.82
|
1998/99
|
1880
|
4320
|
-2440
|
4755
|
39.54
|
90.85
|
130.39
|
1999/00
|
1918
|
4432
|
-2514
|
4808
|
39.89
|
92.18
|
132.07
|
2000/01
|
1876
|
4339
|
-2463
|
4757
|
39.44
|
91.21
|
130.65
|
2001/02
|
1836
|
4288
|
-2452
|
4744
|
38.70
|
90.39
|
129.09
|
2002/03
|
1967
|
4423
|
-2456
|
4761
|
41.31
|
92.90
|
134.22
|
2003/04
|
2158
|
4375
|
-2217
|
4593
|
46.98
|
95.25
|
142.24
|
2004/05
|
2230
|
4487
|
-2257
|
4675
|
47.70
|
95.98
|
143.68
|
Sources : AGD / BRH/ IHSI et
Calculs de l'auteur
Informations utilisées dans le
tableau ( X : Exportations, M :
Importations, PIB : Produit Intérieur
brut,
Bc =X-M :
déficit commercial, [X+M/PIB]*100 : Taux
de dépendance externe.
III.)Listing des principaux facteurs explicatifs du
coût de la vie et de la production nationale
Dans un article
intitulé « Salaire minimum,
épée à double tranchant » publié
en date du 09/03/2008 sur le site : ''
www.haitiimpact.com''18(*) Yves Osias
constate que la hausse des prix des produits de première
nécessité particulièrement en Europe et en Amérique
a pesé très lourd sur l'économie haïtienne, en chute
libre, depuis plusieurs années. La production nationale des
denrées agricoles, principales sources de revenus des paysans à
côté de l'élevage, a diminué considérablement
pour des raisons purement techniques et structurelles. Cette situation provoque
un malaise dans les familles haïtiennes qui font face à la
cherté de la vie, l'augmentation du loyer et celle du prix du transport
en commun. Ce phénomène intervient
généralement à la flambée de la gourde
haïtienne face au dollar. Cependant, force est de reconnaître que
depuis un certain temps, on constate une stabilité relative de la
monnaie locale par rapport à la devise américaine. Alors,
pourquoi le panier des ménagères ne contient pas de provisions
alimentaires nécessaires pour nourrir les gens ?
Il n'est un secret pour personne que la population
haïtienne n'est pas en mesure d'assurer sa propre survie. Le pays est
essentiellement agricole, mais la coupe à outrance des arbres, le manque
des intrants agricoles, l'inexistence des banques de développements
agricoles qui offrent des prêts aux planteurs à des taux
d'intérêt peu élevés et la pénurie d'eau
observée dans les saisons sèches qui permet l'arrosage des
centaines d'hectares de terre disponibles, constituent les principaux
problèmes auxquels font face les paysans.
La production locale face à cette situation s'est
considérablement dégradée. Nous avons eu recours au
marché voisin qui nous fournissait de la viande des volailles, des
oeufs, du macaroni et d'autres produits dérivés. Le virus
H2N5 a fait des vagues en terre voisine et le peuple
haïtien a payé les conséquences de ses dépendances
économiques (se référer au Tableau III du chapitre II) en
s'abstenant d'utiliser des produits en provenance de la république
voisine.
Le gouvernement haïtien vient de proposer le nouveau
barème du salaire des ouvriers passant de 70 gourdes à 150
gourdes, ce qui fait une augmentation de 114%. Les patrons ripostent contre
cette décision en demandant au gouvernement des mesures d'accompagnement
pour faire face à cette situation. Ils invitent les responsables de
l'Etat à augmenter la production nationale pour permettre à la
population de pouvoir vivre de ce qu'elle gagne. Si cette décision
tient, la monnaie locale pourra perdre encore sa valeur par rapport au dollar
et il y aura des pertes d'emploi, des tensions entre le patronat et le
syndicat.
A titre d'illustration prenons le cas d'une mère de
famille qui travaille dans une usine. Elle paye 10 gourdes de transport le
matin pour se rendre au travail et le même montant pour rentrer chez
elle, ça lui fait 20 gourdes. Elle achète de la nourriture pour
50 gourdes. Les montants dépensés en transport et nourriture
dépassent ce qu'elle gagne pendant la journée. Et les
dépenses pour la nourriture de ses enfants ? Pour ses
vêtements ? et éventuellement pour le loyer si elle vit sans
mari ? De toute évidence, elle ne peut pas vivre avec cette pitance
somme. Cependant comment y remédier ?
La solution à ce problème n'est pas
forcément une augmentation exponentielle du salaire minimum, même
s'il faut avouer que celui-ci doit être revu à la hausse. Tant
qu'on n'augmente pas la production nationale et tant qu'on ne fait pas la
promotion de la culture des produits locaux : Igname, l'arbre à
pin, banane, petit mil, maïs, mamba, cassave.... le pouvoir d'achat du
commun des mortels restera un épineux problème qu'aucun
gouvernement ne pourra résoudre.
Si on s'obstine à maintenir un salaire minimum
élevé en fonction de la cherté de la vie et du
chômage qui sévit dans les foyers, on risque de plonger le pays
dans une inflation aigue sans précédent. Les entreprises pourront
fermer leurs portes et des pertes d'emplois considérables des ouvriers
pourront résulter de cette décision. Cela peut amener le
gouvernement à ne pas pouvoir répondre aux attributions
mensuelles des employés publics. Le salaire minimum, s'il n'est pas bien
calculé de façon concertée par tous les acteurs
impliqués dans l'économie du pays, peut être
perçu comme une épée à double tranchant. On peut se
retrouver avec une forte somme d'argent en poche, sans pouvoir s'offrir le
strict minimum.
III.1) Besoins de consommation et inflation en
Haïti
Les données fournies par les Enquêtes de Budget
Consommation des Ménages (EBCM) révèlent
certaines transformations survenues au niveau de la demande de biens et
services des ménages haïtiens. L'examen de ces données
montre que ces transformations peuvent être aussi à la base de la
hausse des prix dans un contexte où l'offre de biens et services
produits localement est rigide.
Un des résultats des EBCM est la
détermination du contenu du panier de la ménagère en
termes de biens achetés19(*). En effet, en 1971, la ménagère
allouait 65.3% de son revenu à l'alimentation, 23% aux biens
industriels. Les services comptaient pour 4% de la valeur de ce panier de biens
et 15% du revenu allaient au logement. En 1980, 48% du revenu du ménage
gagnant moins de 250 gourdes par mois allaient aux biens alimentaires, 36% aux
biens manufacturés et 16% aux services. En 1988, comme le montre le
Tableau IV, ci-dessous, le panier de la ménagère est rempli
à hauteur de 49.4% par des biens alimentaires. Les services comptent
pour 28.1% du revenu, et 8.5% de ce dernier vont aux biens
manufacturés.
Tableau IV
EBCM 1987-1988 et 1999-2000
Répartition en % des dépenses de
consommation des ménages haïtiens
EBCM 1987-1988
%
|
EBCM 1999-2000 %
|
Alimentation 47.8
|
Alimentation 76.2
|
Boissons et tabacs 3.3
|
Enseignement 0.2
|
Habillement 8.7
|
Habillement 1.1
|
Logement 4.3
|
Logement 9.8
|
Meubles et articles de ménage 9.2
|
Equipement 5.7
|
Soins médicaux 2.2
|
Santé
0.4
|
Transport et communication 7.6
|
Transport 2.3
|
Education et loisirs 5.3
|
Loisirs et culture 0.2
|
Services 9.8
|
Hôtels, bar, restaurant 5.3
|
Autres produits non classés ailleurs 1.8
|
Autres dépenses 2.4
|
Total
100.0
|
Total
100.0
|
Sources : IHSI, EBCM 1987-1988 et 1999-2000.
Les données20(*) du Tableau IV suggèrent que la demande est
instable dans le temps. Les ménages, en tout cas, devenant de plus en
plus pauvres, sont réduits à augmenter la part relative du revenu
consacrée aux achats de biens alimentaires, c'est-à-dire à
garantir le minimum physiologique. Pourtant, un simple constat montre que les
ménages haïtiens achètent et ont accès à plus
de services que par le passé. La progression de la scolarité
atteste cette réalité. Par contre, les ménages
déclarent avoir alloué 0.2% de leur revenu à
l'éducation en 1999-2000. L'écart entre les données et ce
constat nous pousse à analyser l'évolution de la structure du
PIB, afin de démontrer qu'une recomposition du panier
de la ménagère peut s'être produite en Haïti.
En fait, la structure du PIB par secteur tend
à diverger par rapport à la composition du panier de la
ménagère. Notons que le secteur agricole forme 33.4% du
PIB en 1988. En revanche, cette même année, les
ménages affirment avoir alloué 49.4% de leur revenu à
l'alimentation. En 1988 les services représentaient moins de 30% des
dépenses des ménages. Ces mêmes services qui comptent pour
20% des dépenses au niveau de l'EBCM de 1996, forment
46% du PIB en 1988 et 48% en 1996.
La divergence entre poids des services au niveau de la demande
marchande (EBCM) et du PIB peut être
due aux modalités de l'offre des services qui se réalise en
grande partie au niveau des institutions, sous la forme de biens non marchands,
évolution que les EBCM ne parviennent pas à
saisir. Cet écart traduit une évolution de la
société mal cernée par les statistiques officielles en
terme d'offre et demande globales de biens et de services et également
de réorganisation de l'économie nationale21(*).
III.2) Le Poids du budget de l'Etat et du niveau du
coût de la vie
La seconde moitié de la décennie des
années 80 allait être le contraire de la situation observée
durant la période 1975-1979 caractérisée par une relative
stabilité du déficit budgétaire. Les années 80
jusqu'à la première tranche des années 90 se
caractérisent donc par une politique expansionniste du secteur public
haïtien. On assiste en effet à la hausse effrénée des
dépenses de l'Etat, alors que parallèlement les recettes se
contractent d'un exercice à l'autre. Ce contexte difficile a ainsi
amené la déstabilisation des institutions, gravement
affecté la production et le commerce avant et après le
départ du régime, entraîné la régression
économique et amplifié le phénomène de la
pauvreté qui n'atteint pas seulement les couches les plus
vulnérables, mais s'est étendue également aux couches
moyennes de la population. Le déficit budgétaire public devient
si courant qu'on semble s'y habituer et n'avoir vraiment aucune volonté
de l'enrayer .
Avec la chute de nos exportations et la réduction
drastique de l'aide externe, au cours des trois premières phases de la
crise, les recettes de l'Etat ont considérablement
régressé. Cette régression s'est accentuée avec
l'effritement causé par l'exaspération de la contrebande et de la
corruption fiscale. A cela, il faut ajouter la situation chaotique des
entreprises publiques auxquelles la Banque Nationale s'est vue obligée
de prêter main forte en finançant leurs besoins de
trésorerie. Et, le fait que l'Etat dépense ou vit même au
dessus de ses moyens a davantage compliqué la situation
déjà précaire.
III.3) Balance des paiements et taux de
change
Selon les informations disponibles sur le site Internet de la
BRH, avant les années 1980, Haïti avait rarement
connu des problèmes de balance des paiements. Selon cette même
source, le gouvernement avait une longue tradition de prudence en
matière de politiques monétaires et budgétaires. Ce qui
avait permis de garantir la parité fixe de la gourde par rapport au
dollar américain établie par la convention du 12 Avril 1919 et de
maintenir une stabilité relative des prix (Cf Tableau V de la
page suivante, période allant de 1975 à 1978).
Or, à partir de la décennie des années
80, la position extérieure du pays s'est fortement
détériorée. Le solde de la balance des paiements s'est
traduit, non seulement, par une perte cumulée de 125.4 millions de
dollars EU au niveau des réserves nettes que
détenait la BRH, mais aussi, il ne suffisait plus
à répondre à une demande croissante de devises. Enfin, le
marché parallèle de devises se développant rapidement, le
régime de parité fixe ne tarda pas à s'effondrer.
Les informations tirées du Tableau V, ci-dessous,
montrent en effet, la relation positive existant entre la quantité de
monnaie en circulation. Le taux de change et l'indice des prix à la
consommation qui n'ont jamais cessé d'évoluer à un rythme
croissant , ceux découlent de la véracité de la seconde
hypothèse énoncée dans l'introduction du travail (Se
référer à la page 10 deuxième paragraphe) .
Tableau V
Evolution de la quantité de monnaie en
circulation, du taux de change et de l'indice des prix à la consommation
(IPC).
Période : 1975/2005.
Années
|
Monnaie en
circulation
|
Taux de change (BRH)
|
IPC
|
1975
|
153.38
|
5
|
100
|
1976
|
186.63
|
5
|
100
|
1977
|
211.74
|
5
|
100
|
1978
|
272.63
|
5
|
100
|
1979
|
348.36
|
5
|
132.01
|
1980
|
368.66
|
5
|
147.96
|
1981
|
399.82
|
5
|
159.95
|
1982
|
475.73
|
5
|
174.31
|
1983
|
533.09
|
5
|
188.37
|
1984
|
581.94
|
5
|
204.06
|
1985
|
653.51
|
5
|
221.55
|
1986
|
751.9
|
5.65
|
196.87
|
1987
|
797.72
|
5.97
|
196.57
|
1988
|
959.38
|
6.38
|
210.93
|
1989
|
1070.14
|
7.49
|
246.78
|
1990
|
1164.52
|
8.71
|
295.5
|
1991
|
1266.39
|
9.16
|
327.98
|
1992
|
1497.1
|
10.17
|
398.67
|
1993
|
2237.7
|
12.39
|
628.29
|
1994
|
2604.5
|
15.32
|
623.44
|
1995
|
2930.36
|
15.04
|
652.56
|
1996
|
3132.09
|
16.94
|
736.27
|
1997
|
3361.98
|
16.84
|
830.02
|
1998
|
3513.57
|
16.97
|
889.79
|
1999
|
3889.08
|
28.33
|
1015.54
|
2000
|
4932.97
|
25.49
|
576.56
|
2001
|
5575.97
|
27.35
|
657.9
|
2002
|
6670.18
|
29.69
|
723
|
2003
|
8786.09
|
42.02
|
1424.53
|
2004
|
8970.49
|
40.17
|
2805.53
|
2005
|
9125.3
|
40.20
|
1125.7
|
Sources : www.brh.net /
IHSI
Compte tenu du lien étroit existant à moyen
terme entre l'offre de monnaie et l'évolution du niveau des prix, la
Banque de la République d'Haïti (BRH) s'est
évertuée à mener sa gestion de façon à
donner à la monnaie locale une progression lui permettant d'assurer que
ni les prix ni le taux de change ne subissent de pressions à la
hausse22(*). Toutefois,
ces objectifs ne sont pas toujours atteints. Pour des raisons conjoncturelles
et politiques, la Banque de la République d'Haïti
(BRH) n'a pas toujours été en mesure de
réagir à temps face aux fluctuations extrêmes du cours de
change ou à de forts mouvements de l'offre ou de la demande de
liquidités. C'est notamment ce qui est arrivé durant la
période comprise entre 1991 et 1994, temps de crises politique et
économique graves. En effet, durant cette période, le taux de
change de la monnaie nationale par rapport à la devise américaine
s'est détérioré au point de franchir les fourchettes
suivantes : 19.33 gourdes entre 1991/92 contre 27.71 gourdes 1993/94, pour
1 dollar EU.
Durant cette même période, le niveau du
coût de la vie a augmenté dans les rangs de 726.65 et 1251.73
correspondant à une émission croissante de monnaie, soit des
valeurs de 2763.49 MG et 5534.86 MG
(Cf tableau V).
En effet, sur la première moitié des
années 1990, époque marquée par une progression
accélérée du déficit budgétaire, la
BRH a augmenté l'offre de monnaie dans des proportions
qui dépassaient les besoins réels de l'économie. De fait,
la période a enregistré une forte croissance des moyens de
paiement alors que depuis 1989 le PIB affichait une croissance
négative.
Sur la seconde moitié des années 1990, la banque
s'est attachée à adapter son financement du déficit du
secteur public aux promesses d'aide des bailleurs de fonds internationaux. Au
cours de cette période, le taux d'inflation est passé d'une
moyenne de 7,9% entre 1975 et 1980 ; 8,3% entre 1980 et 1985; 7,1% entre
1985 et 1991 à 28,6% entre 1991 et 1994.
Au retour à l'ordre constitutionnel, à la fin de
l'année 1994, la Banque Centrale s'est donnée plus de
flexibilité dans la conduite de la politique monétaire. Elle
accorde désormais une attention soutenue aux fluctuations du cours de
change sans pour autant axer sa politique sur des objectifs rigides. Elle ne
limite pas sa perspective au court terme et ne réagit pas à
chaque fois qu'une fluctuation se produit dans le comportement des indicateurs
économiques dont elle suit l'évolution (inflation et taux de
change, notamment).
Les résultats de cette politique ont été
concluants dans la mesure où le taux d'inflation est revenu en moyenne
annuelle de 39,3% pour l'exercice 1994, à 27,6% en 1995, 20,6% en 1996,
16,2% en 1997 et 12,7% en 1998 et proche de 8% en 1999. De même, l'effort
de stabilisation du taux de change s'est révélé positif,
le prix de la gourde reste la plupart du temps en deçà de la
barre de 17 gourdes pour 1 dollar EU.
Cependant, malgré une telle politique, le niveau du
coût de la vie (IPC) et celui de la masse
monétaire ne cessaient jamais d'augmenter pour tout le reste de la
période considérée (1995/2005).
III.4) Conditions de vie des
ménages
III.4.1) Dépendance alimentaire
Cette libéralisation des importations, mal
inspirée et mal équilibrée, s'est accompagnée d'un
déficit au niveau des échanges agricoles qui n'a pas cessé
d'augmenter. Les importations alimentaires et les exportations agricoles ont
évolué en sens inverse. En moins de vingt ans (1981-1999), ces
importations ont plus que triplé pendant que les exportations continuent
leur chute (plus de 30%). Ce qui conduit à des
déséquilibres de la balance commerciale qui, après avoir
connu une période de stabilisation entre 1996 et 1998 pour des
déficits moyens de l'ordre de 300 millions de dollars, a subi une
accélération particulière pour atteindre un déficit
avoisinant les 600 millions de dollars en 1999. Le coefficient de
dépendance alimentaire oscille ces jours-ci entre 35 et 40. La
production rizicole a significativement décliné de plus de 110
000 tonnes en 1985. La production du riz a chuté de plus du quart en
moins de vingt ans (environ 80 000 tonnes aujourd'hui). Les tarifs douaniers
appliqués sur le riz importé sont les plus bas de la
région. Ils ont été ramenés de 35% à 3%
alors que le tarif extérieur commun de la caraïbe pour ce produit
ne va pas en deçà des 20%. Ce qui facilite les importations
provenant notamment des Etats-Unis au détriment de la production
nationale et des producteurs nationaux qui ont été exclus des
marchés locaux. Les importations du riz américain sont
passées pratiquement de zéro avant la libéralisation des
marchés à plus de 200 000 tonnes métriques. Ce qui classe
Haïti dans les cinq premiers marchés d'exportation du riz
américain après respectivement le Japon, le Mexique et le Canada.
Parallèlement, le riz arrivant sous forme d'aide alimentaire a suivi la
même tendance. De moins de mille tonnes métriques en 1984, le
volume de dons alimentaires dépasse les trente milliers de tonnes
métriques (34 000 TM en 2000). La part de cette forme
d'importation serait, suivant les années, entre 10 et 15% du total du
riz consommé. L'aide alimentaire, véritable arme de
pénétration des marchés réticents, a pris une place
importante dans la sécurité alimentaire en Haïti et s'est
institutionnalisée depuis plus d'une quinzaine d'années.
La production agricole, en raison de sa stagnation, ne couvre
qu'environ la moitié des besoins alimentaires aujourd'hui, un recul
assez important quand on le compare au 70-75% du début des années
1970. Plus du tiers des besoins alimentaires sont couverts par les importations
totales y compris les dons alimentaires. Cette dépendance est de plus en
plus importante comme l'indique le Tableau VI.
De 25% en 1995, elle est de 37% en 2001. Toujours est-il que
le pays semble devoir compter pour longtemps sur l'extérieur pour
assurer ses besoins alimentaires et combler les déficits, ceci pour
maintes raisons, telles la faible performance économique, la
récurrence des catastrophes naturelles, le rythme d'accroissement de la
population et de leur concentration dans la capitale et les villes urbaines
secondaires. Cette concentration, particulièrement à
Port-au-Prince (plus de 20% de la population) constitue un défi majeur
en matière d'approvisionnement alimentaire. De là les
difficultés à concilier la nécessité de satisfaire
les besoins intérieurs (faciliter les importations) et le désir
de promouvoir les exportations (augmenter la production).
Tableau VI
Couverture des besoins alimentaires
|
1995-96
|
2000-01
|
Balance alimentaire
|
TEC
|
%
|
TEC
|
%
|
Besoins
|
1 710 000
|
100%
|
1 830 000
|
100%
|
Offre Nationale Nette (Production -
Exportations)
|
980 000
|
57%
|
1 000 000
|
55%
|
Importations Commerciales Nettes
|
300 000
|
18%
|
525 000
|
29%
|
Aide alimentaire
|
140 000
|
8%
|
140 615
|
8%
|
Déficit alimentaire
|
290 000
|
17%
|
164 385
|
8%
|
Source : CNSA, 2002 TEC : Tonnes-Equivalent
Céréales
III.4.2) Insécurité alimentaire
Haïti affiche l'un des Indices Globaux de
Sécurité Alimentaire (IGSAM) le plus faible du
monde (28,60 en 1993). Les récentes estimations de la
CNSA indiquent que près de la moitié de la
population serait en situation d'insécurité alimentaire. Ainsi,
il n'y a pas eu de retournement des niveaux de vie de la population.
L'économie nationale est remodelée et la production pour le
marché intérieur est détruite. Les revenus ont
significativement reculé et les prix des produits de premières
nécessités ont renchéri. Les populations à faibles
revenus sont les premières victimes de cette hausse des prix. En
dépit d'éventuelle amélioration de l'offre alimentaire
globale, l'accès à ces disponibilités demeure dans une
certaine mesure très problématique, aussi bien pour les
catégories vivant en milieu rural que urbain. L'agriculteur se verrait
dans l'obligation de tourner vers la caféiculture, la floriculture et
les produits maraîchers, parallèlement, le consommateur se
procurera d'aliments à de meilleurs prix.
Tableau VII
Evolution comparative de la productivité
agricole par région
Valeur ajoutée agricole par travailleur agricole
en dollar de 1995
Pays
|
1988-1990
|
1998-2000
|
Haïti
|
430
|
334
|
Honduras
|
855
|
979
|
Bolivie
|
956
|
1039
|
Jamaïque
|
1027
|
1559
|
Nicaragua
|
1251
|
1813
|
République Dominicaine
|
2010
|
2769
|
Source : Banque mondiale (BM), Rapport du développement
dans le monde 2003.
III.4.3) Appauvrissement de la population
Reprenant un document de la Banque mondiale daté de
1985, ``Haïti :Comment stimuler la croissance'', Dewind
et Kinley ont noté que l'Etat haïtien sur
demande de cette institution a été contraint de réduire
considérablement les services sociaux déjà
précaires dans le but de consacrer le maximum de ressources au profit
d'un développement économique axé sur l'exportation :
« On devrait soutenir énergiquement des projets privés ayant
des taux de rentabilité économique élevés en
mettant relativement moins l'accent sur les dépenses publiques
consacrées aux secteurs sociaux. Les dépenses publiques de
développement devraient se concentrer sur une aide à l'expression
de la production dans les domaines et les secteurs les plus prometteurs. Dans
l'immédiat, il convient d'accorder moins d'importance aux objectifs
sociaux qui causent une augmentation de la consommation, étant
donné qu'il est urgent de libérer une part importante de
l'accroissement du PIB pour l'exportation ». Les
résultats n'ont pas tardé : « Les mesures de
libéralisation ont amplifié les inégalités de
revenus entre les secteurs urbain et rural en pénalisant beaucoup plus
directement les détenteurs des revenus agricoles. La qualité de
vie et les services sociaux ne se sont pas améliorés. »
« Le programme d'ajustement structurel imposé à
Haïti constitue un remède douloureux et n'a pas apporté les
résultats escomptés. La pauvreté et les différents
maux sociaux (chômage, malnutrition chronique, équipements
insuffisants, analphabétisme et absence de soin de santé, etc.)
continuent de toucher [la grande majorité] des haïtiens
»65 et cette pauvreté ne fait pas exception ni de milieu
ni de catégories socioéconomiques. Au phénomène de
''Boat People'' s'est joint celui du Plane People pour les classes moyennes.
III.5) Evolution de la quantité de monnaie en
circulation et de la hausse des prix
Les économistes de l'école monétariste
expliquent la hausse des prix observée au niveau de l'économie
par les excédants de la masse monétaire qui ne sont pas
utilisés à des fins de production. Cette théorie est
illustrée notamment par l'équation MV=PQ de
Fisher. La hausse des prix étant expliquée par les principales
composantes de l'Offre et de la Demande Globales23(*), cet excédant
monétaire est susceptible de contribuer à stimuler la
consommation des ménages créant ainsi des pressions
inflationnistes au niveau l'économie.
Ainsi, l'impulsion des prix peut passer par le biais de la
monnaie. Toutefois, pour parodier l'économiste
Fréderic-Gérald Chéry, il ne s'agit pas
toujours d'une augmentation de la masse monétaire en tant que telle qui
influe sur la hausse des prix. De nouvelles pratiques monétaires peuvent
progressivement se mettre en place dans l'économie. Ainsi, les
ménages haïtiens expriment des demandes de biens et services qui
vont avec de nouvelles possibilités de circulation de la monnaie. Ils
notifient le choix de nouveau « patron » de consommation,
non saisi au niveau du panier de la ménagère, en exigeant plus de
valeur monétaire pour les biens qu'ils ont produits en cédant de
la monnaie pour avoir d'autres biens et services24(*).
En réalité, le ménage haïtien est
soumis à de nouvelles contraintes (sociales) de consommation. Par
exemple, tout petit détaillant de rues affirme qu'il vend cher afin de
pouvoir faire face aux besoins en éducation de ses enfants, en soins
médicaux et autres. Le producteur recherche une
réévaluation du prix des ses produits afin de satisfaire de
nouveaux besoins sociaux mal cernés en Haïti. Il est observé
également un phénomène implicite d'indexation du prix d'un
bien, en fonction du niveau de consommation visé par le producteur ou le
commerçant.
D'où, le phénomène de la fixation
arbitraire des prix sur le marché haïtien. Ce
phénomène a été largement débattu par
l'Economiste Fritz DESHOMMES, dans son livre « Vie
Chère et Politique Economique en Haïti », pour qui les
circuits de commercialisation ne sont pas aussi clairs, aussi limpides et
transparents que le suppose la théorie de la libre concurrence. A la
faveur des situations de monopole et l'absence de l'Etat les prix sont donc
fixés unilatéralement par un petit groupe de vendeurs sur le
marché Haïtien.
Ainsi, dans une situation de stagnation de la production
nationale, les demandeurs doivent se concurrencer pour acheter les biens
produits localement en quantités réduites ou se reporter sur les
marchés étrangers pour utiliser leur pouvoir d'achat. Les
chiffres disponibles montrent que la production agricole et l'offre locale de
biens manufacturés diminuent depuis 1986. En 2002, ces deux secteurs ont
vu leurs productions chuter de 15% et de 36% par rapport à leur niveau
de 198025(*).
Il est évident qu'il existe une plus grande
volonté de consommer et également un accès aux biens et
services plus ouverts à tous. Les transferts d'haïtiens
expatriés et l'aide externe permettent de financer l'accès
à la consommation ; ils alimentent l'économie nationale en
devises converties locale. Ainsi, la quantité de monnaie en circulation
augmente et parallèlement la demande croît.
La production nationale étant déficiente, les
importations compensent l'offre locale de biens. Elles comptaient pour moins de
23.7% de la demande globale en 1987. Elles en représentent 53.2% en
200226(*). Ainsi par le
biais des importations et du financement de ces activités se dessinent
d'autres mécanismes de formation et de hausse des prix.
Le chapitre IV de ce travail s'applique alors, à l'aide
du modèle économétrique élaboré dans le cas
d'Haïti, à quantifier l'évolution du coût de la vie au
regard des principaux déterminants d e la production nationale.
IV.) Illustration du modèle
économétrique
Après un survol des aspects théoriques de
l'analyse des impacts du cout de la vie sur les principaux paramètres
explicatifs de la production nationale , au niveau des chapitres I à III
de ce travail, il vient à présent de tester quantitativement,
dans le contexte haïtien, un modèle économétrique
permettant de comprendre les différentes interdépendances
existant entre ces deux thèmes précité dans ce sujet de
travail .
En nous inspirant de certains travaux de
référence dont celui de IRVING FISHER,
formulation moderne de la théorie quantitative de la monnaie
établie par JEAN BODIN au XVIe
siècle, de revenu absolu de JOHN MAYNARD
KEYNES et du revenu relatif de DUESENBERRY, notre
analyse de la fonction du coût de la vie prend la forme
générale suivante :
IPCt = âo +
â1 tPIB +
â2 Cgt +
â3Igt + â4
bc t + â5dbe
t + åt
Où âi (avec i allant de 0 @ 5)
représente les coefficients respectifs des différentes
variables et åt le terme d'erreur (t
est le temps exprimé en année). D'où, l'expression
mathématique du coût de la vie en fonction des variables
macroéconomiques précitées sera décrite comme
prévu les équations listées ci-dessus :
IPC = f (tPIB, Cg, Ig, bc,
Sbe)
(+) (-) (-) (-) (-)
Le signe (+) ou (-) sous chaque variable explicative indique
à priori l'impact attendu de la variable considérée sur le
coût de la vie.
Où :
IPC : Indice des Prix à la
consommation
tPIB : taux d'accroissement
du PIB
Cg : Consommation globale des
ménages
Ig : Investissement global
bc : Exportations Nettes ou Balance
commerciale
Sbe : Solde budgétaire
de l'Etat .
Cette fonction permet d'expliciter, dans le cas d'Haïti,
au travers des principales variables macroéconomiques listées
ci-dessus, le poids du coût de la vie impactant les principaux
déterminants majeurs de la production nationale. Elle répond au
but d'analyser le lien causal qui pourrait exister entre le croit rythmique du
coût de la vie et le niveau de la production nationale, qui constituent
le reflet de la mauvaise politique macroéconomique mise en place depuis
les années quatre vingt stimulent de façon continuelle le niveau
de la pauvreté en Haïti.
Ainsi, il s'agit de mettre à l'épreuve des faits
l'hypothèse du travail énoncée dans l'introduction .
Cette étude s'opère par une approche
économétrique analysant un modèle de régression
multiple , tout en considérant les équations
susmentionnées suivantes.
Pour arriver aux résultats de ce modèle, le
logiciel appelé « Eviews (Econometric Views)
version 5.0 » a été utilisé comme outil de
support technique. Toutefois, avant d'aller plus loin il importe de
considérer les points traités ci-dessous.
IV.2) Sélection du modèle
Cette étude s'opère par une approche
économétrique analysant un modèle de régression
multiple (MCO : Moindres Carrés Ordinaires).
Cependant, il est extrêmement rare qu'un phénomène
économique ou social puisse être appréhendé par une
seule variable. Le modèle linéaire général est une
généralisation du modèle de régression simple dans
lequel figurent plusieurs variables explicatives :
yt = ao + a1x1t +
a2x2t+........+ akxkt +
åt pour t = 1,.....n
avec :
yt = variable à expliquer à la date
t ;
x1t = variable explicative 1 à la date
t ;
x2t = variable explicative 2 à la date
t ;
....
Xkt = variable explicative k à la
date t ;
ao, a1,....... ak =
paramètre du modèle ;
åt =erreur de
spécification (différence entre le modèle
vrai et le modèle spécifié ),cette erreur est inconnue
et restera inconnue ;
n = nombre d'observations.
IV.2.1) Hypothèses et propriétés
des estimateurs
Par construction, le modèle est linéaire en
X (ou sur ces coefficients) et nous distinguons les hypothèses
stochastiques (liées à l'erreur å) des
hypothèses structurelles.
IV.2.1.1) Hypothèses stochastiques
- H1 : les valeurs Xi,t
sont observées sans erreur.
- H2 : E (åt) = 0
,l'espérance mathématique de l'erreur est nulle.
- H3 : E(å2t ) =
ó2å, la variance de l'erreur sont
non corrélées (ou encore indépendantes).
- H4 : E (åt,
åt') = 0 si t ?t',les erreurs sont non corrélées
(ou encore indépendantes).
- H5 ; Cov (Xi,t
,åt) = 0 ,l'erreur est indépendante des variables
explicatives.
IV.2.1.2) Hypothèses stochastiques
- H6 : absence de colinéarité
entre les variables explicatives, cela implique que la matrice (X' X) est
régulière et que la matrice inverse (X' X) -1
existe.
- H7 : (X' X) /n tend vers une matrice finie
non singulière.
- H8 : n > k+1,le nombre d'observations est
supérieur au nombre de séries explicatives.
IV.2.1.3) Propriétés de
l'estimateur
Considérer l'écriture de la
propriété de l'estimateur du modèle décrira
à la fin du travail comme résume le programme informatique sous
une autre forme littérale, c'est-à-dire
âo = (X'X)-1X'Y. Ce
modèle sous forme matricielle peut s'écrire, comme pour le
modèle de régression simple, de différentes
manières :
Y = Xa + å
Y =
Xâ + e ? (e = résidu)
? =
Xâ
En économétrie, on ne considère pas
simplement que les variables soient observées sur des unités
statistiques. On postule l'existence d'un modèle qui régit les
relations entre les variables. La relation la plus simple est une relation
linéaire entre les variables explicatives et la variable
dépendante27(*).
L'estimation par les
MCO permet de calculer le résidu. Si ce résidu
est stationnaire, l'hypothèse d'une co-intégration entre les
variables est acceptée. Les tests de stationnarité sur le
résidu doivent s'effectuer à partir des valeurs critiques
tabulées par GREGORY CHOW en fonction du
nombre total des variables du modèle. Si le résidu est
stationnaire, nous pouvons aussi effectuer les tests de normalité et de
ARCH.
IV.3) Analyse des résultats de l'estimation du
modèle
Ainsi, après l'estimation du modèle, on obtient
les résultats ci-dessous (Cf fig 1) qui expliqu0ent
l'interdépendance existant entre le niveau du coût de la vie et
les principaux déterminants de la production nationale.
Tableau VIII
Résultat de l'estimation du
modèle
Dependent Variable : IPC ( Indice des Prix
à la Consommation)
|
Method: Least Squares
|
Date: 08/26/08 Time: 10:30
|
Sample: 1975 2005
|
Included observations: 31
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
TPIB
|
-1062.539
|
208.6888
|
-5.091499
|
0.0000
|
CG
|
-0.073826
|
0.222292
|
-0.332113
|
0.7426
|
IG
|
-0.152611
|
0.305658
|
-0.499286
|
0.6219
|
BC
|
-0.225441
|
0.163535
|
-1.378555
|
0.1802
|
DBE
|
-0.206429
|
0.048399
|
-4.265159
|
0.0003
|
C
|
499.2729
|
866.7190
|
0.576049
|
0.5697
|
R-squared
|
0.885393
|
Mean dependent var
|
522.2787
|
Adjusted R-squared
|
0.862471
|
S.D. dependent var
|
549.5722
|
S.E. of regression
|
203.8081
|
Akaike info criterion
|
13.64422
|
Sum squared resid
|
1038444.
|
Schwarz criterion
|
13.92177
|
Log likelihood
|
-205.4854
|
F-statistic
|
38.62726
|
Durbin-Watson stat
|
1.820849
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Calculs
effectués sur les données à partir du logiciel E-Views
5.0
Ou encore, une
représentation plus explicite de ce tableau permet d'avoir la relation
suivante :
Tableau IX
Représentation du modèle sous forme
linéaire
Estimation Command:
=====================
LS IPC TPIB CG IG BC DBE C
Estimation Equation:
=====================
IPC = C(1)*TPIB + C(2)*Cg + C(3)*Ig +
C(4)*bc + C(5)*dbe + C(6)
Substituted Coefficients:
=====================
IPC = -1062.538936*TPIB -
0.07382608325*Cg - 0.152611004*Ig -
0.2254413108*bC - 0.2064291023*dbe+ 499.2729482.
IV.3)
Tests statistiques
Les différents tests statistiques sont importants dans
un travail économétrique car ils permettent de confirmer ou
d'infirmer la validité du modèle. Ainsi, dans le cadre de ce
travail un ensemble de tests sont ainsi réalisés.
IV.3.1)
Test de stabilité des coefficients / Test de Chow
Ce test de stabilité des coefficients (Test de Chow) se
ramène à la question suivante : existe-t-il une
différence significative entre la somme des carrés des
résidus (SCR) de l'ensemble de la période et l'addition de la
somme des carrés des résidus calculée à partir de
deux sous périodes (SCR1 + SCR2) ?
En effet, dans le cas d'une réponse négative,
cela signifie que le fait de scinder en deux sous échantillons
n'améliore pas la qualité du modèle. Donc, qu'il est
stable sur la totalité de la période. Les étapes sont
alors les suivantes :
· La première étape consiste à
estimer le modèle sur chacune des deux sous périodes et à
déterminer les carrés des résidus.
· La deuxième consiste à calculer le Fisher
empirique. Le test d'hypothèse est le suivant :
H0 : SCR = SCR1 + SCR2
H1 : SCR SCR1 + SCR2
Le calcul du Fischer empirique est égal à :
[SCR- (SCR1+SCR2)] /
ddln1
F*-
(SCR1 + SCR2) /
ddln2
En remplaçant les lettres par leurs valeurs on trouve,
F*- 1.16.Lorsqu'on procède aux estimations du modèle sur toute la
période et en deux sous périodes, soit de 1975-1990 et de
1991-2005, on a les informations suivantes :
Tableau X
Résultat de l'estimation du
modèle
Pour la 1ère sous-période :
1975 - 1990.
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 08/26/08 Time: 11:03
|
Sample: 1975 1990
|
Included observations: 16
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
TPIB
|
-4.722196
|
88.98588
|
-0.053067
|
0.9587
|
CG
|
0.067700
|
0.068843
|
0.983395
|
0.3486
|
IG
|
0.065938
|
0.288445
|
0.228599
|
0.8238
|
BC
|
0.202086
|
0.072183
|
2.799615
|
0.0188
|
DBE
|
-0.085243
|
0.059586
|
-1.430597
|
0.1830
|
C
|
-146.9608
|
194.3231
|
-0.756270
|
0.4669
|
R-squared
|
0.704405
|
Mean dependent var
|
173.4288
|
Adjusted R-squared
|
0.556607
|
S.D. dependent var
|
57.94484
|
S.E. of regression
|
38.58417
|
Akaike info criterion
|
10.42356
|
Sum squared resid
|
14887.38
|
Schwarz criterion
|
10.71328
|
Log likelihood
|
-77.38846
|
F-statistic
|
4.766006
|
Durbin-Watson stat
|
0.820136
|
Prob(F-statistic)
|
0.017341
|
Source : Calculs
effectués sur les données à partir du logiciel E-Views
5.
Tableau XI
Résultat de l'estimation du
modèle
Pour la 2ème sous-période : 1991/
2005
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 08/26/08 Time: 11:07
|
Sample: 1991 2005
|
Included observations: 15
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
TPIB
|
-1561.075
|
277.4354
|
-5.626806
|
0.0003
|
CG
|
-0.057414
|
0.494611
|
-0.116080
|
0.9101
|
IG
|
-0.677209
|
0.886907
|
-0.763563
|
0.4647
|
BC
|
-0.407214
|
0.438322
|
-0.929028
|
0.3771
|
DBE
|
-0.131259
|
0.068050
|
-1.928863
|
0.0858
|
C
|
553.5631
|
2008.886
|
0.275557
|
0.7891
|
R-squared
|
0.910227
|
Mean dependent var
|
894.3853
|
Adjusted R-squared
|
0.860353
|
S.D. dependent var
|
596.8030
|
S.E. of regression
|
223.0212
|
Akaike info criterion
|
13.94158
|
Sum squared resid
|
447645.9
|
Schwarz criterion
|
14.22480
|
Log likelihood
|
-98.56189
|
F-statistic
|
18.25063
|
Durbin-Watson stat
|
1.836967
|
Prob(F-statistic)
|
0.000180
|
Source : Calculs
effectués sur les données à partir du logiciel E-Views
5.
Soit :
SCR= 1038444, SCR1= 14887.38 et SCR2 =
447645.9 (fig.1, fig.2,fig.3.). Avec ddln1 =16 et
ddln2 = 15, le Fischer calculé est égal
á 1.16 et le Fisher lu F de la table 1 (Annexe IV) pour un seuil
significatif á = 5% est égal á 2.76. Par comparaison, le
Fisher calculé est inférieur à la valeur lue. Donc,
l'hypothèse H0 est acceptée, les coefficients sont
significativement stables sur l'ensemble des périodes sous
études.
IV.3.2)
Test de la signification globale de la régression (Test de Fisher)
Ce test peut être formulé de la manière
suivante : existe-t-il au moins une variable explicative
significative ?
Soit le test d'hypothèses :
H0: a1= a2
=... = an
H1: Il existe au moins un des
coefficients non nul
Nous ne testons pas le cas où a0 est nul,
car à ce stade l'accent est sur les variables explicatives. Donc, un
modèle dans lequel, seul le terme constant est significatif, n'a aucun
sens économétrique.
Le cas où H0 est acceptée signifie
qu'il n'existe aucune relation linéaire significative entre la variable
à expliquer et les variables explicatives (ou encore que la somme des
Carrés Expliqués n'est pas significativement différente de
0).
La valeur lue de la table de
Fischer-Snedecor, présentant le tableau d'analyse de la
variance, permet d'effectuer le test de Fisher. En se servant du
résultat de l'estimation du modèle, on trouve F*=
38.62 (fig.1) comme résultat de l'estimation du modèle,
avec Fák, n-k-1 (valeur lue de table 1)
où á = 5%, n=31 et k =4 (variables explicatives).
Alors, on a F5% 5, 24 = 2.59, le rejet
de l'hypothèse H0 de nullité de tous les coefficients
permet de constater tout en comparant les deux résultats, c'est-
à- dire F* (Fischer calculé) et tabulé que le
modèle est globalement significative.
IV.3.3)
Test d'Auto corrélation (Test de Durbin Watson)
Le test de Durbin Watson consiste à
tester l'hypothèse nulle : H0: ñ1 = 0, contre
l'hypothèse alternative H1: ñ1 ? 0. Il permet de détecter
l'autocorrection des termes d'erreurs. S'il n'y a aucune corrélation
entre les séries statistiques, la valeur calculée se rapproche de
2. Mais l'existence d'une autocorrection positive ou négative doit faire
l'objet d'une correction afin d'éviter toute possibilité de biais
dans les paramètres estimés.
La formule de Durbin-Watson se
présente comme suit:
DW = 2(1- ñ)
On constate que:
· Quand ñ est proche de 0, la statistique de
Durbin-Watson est proche de 2,
· Quand ñ est proche de 1, la statistique de
Durbin-Watson est proche de 0,
· Quand ñ est proche de -1, la statistique de
Durbin-Watson est proche de 4.
La règle de décision pour un test de niveau
á consiste à rejeter H0 si DW [Aá, 4
-Aá], où Aá est la valeur critique.
Durbin et Watson ont cependant montré
que Aá dépend de la matrice X. Par rapport à la
matrice X, les valeurs critiques sont différentes. Durbin et Watson ont
calculé des tables statistiques qui encadrent les valeurs
Aá pour toutes valeurs de X, dont les bornes sont
notées dL et dU.
En pratique la règle de décision est donc
que:
· On rejette H0 si DW < dL ou si DW > 4 - dL,
· On ne rejette pas H0 si DW [dU, 4 - dU],
· On ne peut pas conclure au sujet de si DW [dL, dU] ou
si DW [4 - dU, 4 - dL].
Le résultat de l'estimation (fig.1) donne DW = 1.83 et
permet de constater qu'il n'y a pas de problème d'autocorrection dans le
modèle.
IV.3.4)
Test de détection de multicollinéarité
IV.3.4.1) Test de Klein
Ce test est fondé sur la comparaison du coefficient de
détermination R2y calculé sur le modèle
à k variables:
Y= A0 +A1X1
+A2X2 +............+AnXn +
åt
Et les coefficients de corrélation simple r2
xiyj entre les variables explicatives pour i?j.
Si R2y < r2
xiyj, il y a présomption de
multicollinéarité.
Tableau XII
Vue des corrélations partielles
|
TPIB
|
CG
|
IG
|
BC
|
DBE
|
TPIB
|
1.000000
|
-0.242039
|
0.267043
|
0.238947
|
0.468560
|
CG
|
-0.242039
|
1.000000
|
0.144508
|
-0.952151
|
-0.725593
|
IG
|
0.267043
|
0.144508
|
1.000000
|
0.018345
|
-0.006534
|
BC
|
0.238947
|
-0.952151
|
0.018345
|
1.000000
|
0.690852
|
DBE
|
0.468560
|
-0.725593
|
-0.006534
|
0.690852
|
1.000000
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.
La lecture des données de la fig.5 permet de faire une
comparaison entre les coefficients partiels et R2y de la
fig.1. La valeur de R2y étant supérieur
dans chaque cas, cela implique qu'il n'y a pas de présomption de
multicollinéarité.
IV.3.4.2) Test de Farrar et Glauber
Ce test comporte deux étapes :
· La première étape consiste à
calculer le déterminant (D) de la matrice des coefficients de
corrélation entre les variables explicatives.
· La deuxième étape consiste à
effectuer un test du ÷2, en posant les hypothèses suivantes:
H0: D = 1 (les séries sont orthogonales)
H1: D < 1 (les séries sont
dépendantes)
Se servant de l'annexe IV, on trouve D = 0.070211721 <1,
l'hypothèse H1 est acceptée, dans ce cas, il n'y a pas de
problème de multicollinéarité. La valeur empirique du
*Õ2 calculée à partir de l'échantillon
est égale à :
*Õ2 =
-[n-1-1/6(2K+5)]*lnD
Où n est la taille de l'échantillon, K le nombre
de variables explicatives (terme constant inclus, K=k+1) et Ln le logarithme
népérien.
· Si * Õ 2
= Õ 2 lu dans la table
à ½ K(K-1) degrés de liberté et au seuil á
choisi, alors l'hypothèse H0 est rejetée. Il y a donc
présomption de multicollinéarité.
· Si* Õ 2 <
Õ 2, alors nous acceptons l'hypothèse
d'orthogonalité.
En remplaçant les lettres par leur valeur on
obtient :
*Õ2 = -[30-1-1/6(2(5+1)
+5)]*ln0.070211721
*Õ2 = 88.21
Après calcul, le *Õ 2 est
égal à 88.21 et lorsque v > 30,on
peut admettre que la quantitév2x2 -v2v -1 suit la
normale centrée réduite(annexe v).
IV.3.5) Test de Normalité des
erreurs
Pour calculer les intervalles de confiance
prévisionnels et aussi pour calculer les tests de
Student sur les paramètres, il convient de
vérifier la normalité des erreurs. Le test de
Jarque et Bera (1984), fondé sur la
notion de Skewness (asymétrie) et de
Kurtosis (aplatissement), permet de vérifier la
normalité d'une distribution statistique.
IV.3.5.1) Tests de Skewness et du Kurtosis
Soit uk =1/n Ó(xi -m)k
le moment centré d'ordre k,le coefficient de Skewness
(â1½) est égal à :
â1½ = u3 /
u23/2 et le coefficient de
Kurtosis : â2 = u3 /
u4. Si la distribution est normale et le nombre d'observations grand
(n> 30) :
â1½ ?N(0 ;v6/n) et
â2 ? (3, v24/n)
On construit alors les statistiques :
v1=/â1½ - 0 /
/v6/n et v2 =/â2 -3 //v24/n que l'on compare
à 1.96 (valeur de la loi normale au seuil de 5%).
Si les hypothèses H0 : v1 =
0 (symétrie) et v2 = 0 (aplatissement normal) sont
vérifiées, alors v1 = 1.96 et v2 =
1.96 ; dans le cas contraire l'hypothèse de normalité est
rejetée.
IV.3.5.2) Test de Jarque et Bera
Il s'agit d'un test qui synthétise les résultats
précédents ; si â1½ et
â2 obéissent à des lois normales alors la
quantité s : s =n/6 * â1 + n/24*(
â2 -3) suit un x 2 à deux degrés de
liberté.
Donc, si s >
Õ21-á (2)
on rejette l'hypothèse H0 de
normalité des résidus au seuil á.
Donc, les tests effectués dans ce cas confirme
l'hypothèse de normalité à partir des valeurs
trouvées de v1 = 2.51 et v2 =10.7 que l'on compare
à 1.96 et constaté également par la statistique de
Jarque-Bera. Voir le schéma I, ci-dessous :
fig I : Test de Normalité
des erreurs
IV.5)
Interprétation des résultats du modèle
Tous les tests statistiques montrent que toutes les
hypothèses sont vérifiées .Etant satisfaisant, le
résultat donné par ce modèle de régression multiple
peut-être considéré comme le point de départ en cas
d'une mauvaise orientation de la politique économique de la part des
décideurs publics ,avec comme corollaire d'une valeur de 86%
représentant la capacité explicative de ce dit modèle.
Le poids du coût de la vie quantifié par
l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) et de
l'accroissement relatif en terme de production nationale, la mesure de la
croissance économique (%PIB), naissent à
l'intérieur des variables exogènes susmentionnées, le
modèle répond bien à l'attente des divers problèmes
que confrontent le pays de nos jours ( faiblesse au niveau de la consommation
globale des ménages, de l'investissement global, des exportations nettes
et du poids du déficit chronique du budget de l'Etat tous
,répondant au nom de la non significativité en termes de
résultat affiché pour la croissance économique, voir
fig.1).
Ainsi, l'exposition au fait de notre hypothèse, qui est
la seule énoncée dans le travail infirme par le biais de ce
modèle conçu dans le cas d'Haïti « la
viabilité de la relation inverse entre le niveau du coût de la vie
et le rendement de la production nationale ».
Par conséquent, dans le cas d'Haïti, à
l'instar d'un modèle à régression multiple, la
flambée lourde des prix des biens et produits est une réponse
exacte à la faiblesse de la production nationale impactant la
décroissance des variables exogènes citées dans le
travail.
· Conclusions & Recommandations
·
La lecture des informations traitées dans les
précédents chapitres, c'est-à-dire la question de
l'interdépendance existant entre le niveau du coût de la vie et de
la production nationale pour l'ensemble de la période sous
étude. La galerie des données macroéconomiques
témoignent de la régression prononcée de l'économie
haïtienne suite au dernier résultat qu'a connu la décennie
des années soixante dix (70).
Les facteurs conjoncturels, tels que l'instabilité
politique, la mauvaise gestion macroéconomique et les chocs externes
conduisent à l'affaiblissement de l'appareil productif. Les
problèmes qui sont dus aux facteurs conjoncturels et structurels
augmentent les risques à l'investissement productif, d'où la
faible rentrée des capitaux dans le pays au cours des deux
dernières décennies, que ce soit à titre d'investissements
étrangers directs ou à titre de l'aide publique au
développement. Ceci, combiné à une mauvaise allocation des
ressources financières, entraîne un déficit
d'investissement productif qui compromet tout effort de relance
économique. Dans ce contexte, la libéralisation commerciale en
l'absence des politiques d'ajustement sectoriel ne fait qu'approfondir et
prolonger la crise économique des années quatre-vingt. Les
secteurs productifs, en proie à des contraintes structurelles,
n'arrivent pas à affronter les défis de la productivité et
de la compétitivité en raison de la faiblesse du stock de capital
productif : capital physique et capital humain.
Autour de la problématique existant entre le poids de
l'inflation et de la production nation nationale naît le slogan
prononcé par tous les groupes sociaux auxquels questionnent les branches
d'activités du secteur réel déclamés le peuple
« la vie chère ,la faim ». Nombre de raisons peuvent
expliquer cette décadence :
Le manque d'autorité ou la négligence
affichée de la part des décideurs publics, l'insuffisance ou le
manque total d'investissement dans le secteur primaire pour faire avancer
l'agriculture, les périodes tragiques de bouleversements politiques
ainsi que des politiques socioéconomiques inadéquates ne sont pas
les moindres pour expliquer la réalité combien troublante que
nous vivons...
Pour parodier l'Economiste Fritz DESHOMMES,
le problème du pouvoir d'achat des agents économique dans le cas
d'Haïti ne peut être éradiqué que dans la mesure
où les décideurs étatiques doivent s'unir pour poser les
bonnes questions afin de trouver les réponses adéquates pour
barrer la route à la hausse du coût de la vie en Haïti.
Baisse du coût de la vie et augmentation des revenus, tant réels
que nominaux, constituent deux facettes obligées et inséparables
de la lutte contre la vie chère. Dans un pays comme le nôtre
où la pauvreté absolue atteint 85% de la population, la
réalisation simultanée de ces deux objectifs est hautement
souhaitable.
L'évolution récente de l'économie
haïtienne montre que la BRH peut difficilement
contrôler la quantité de monnaie en circulation qui croît
avec la hausse du taux de change, dans la mesure où n'importe quel agent
économique peut demander à convertir ses devises en gourdes aux
taux du jour. Etant donné ce mécanisme incontournable de
croissance de la masse monétaire - lequel se trouve amplifié par
le fait que le déficit budgétaire est financé par la
création monétaire - il ne suffit pas de diminuer la
quantité de monnaie en circulation pour avoir une baisse de la demande
et des prix en Haïti28(*).
Sans vouloir prétendre définir ici un programme,
ou encore moins proposer des solutions miracles, il est permis toutefois, suite
aux analyses réalisées au niveau notamment des chapitres III et
IV de ce travail, de dégager certaines pistes susceptibles de contribuer
à l'élaboration et à l'application d'une politique
adéquate aux mécanismes du coût de la vie et de la
production nationale en Haïti. Ainsi, les recommandations retenues dans le
cadre de ce travail sont les suivantes :
A) Il faut qu'il y ait des mises en place d'un tissu de
Petites et Moyennes Entreprises de façon à disposer d'acteurs
capables de s'approprier les transferts de technologie et de savoir -faire.
cela nécessitera de la part des entreprises
haïtiennes un changement de comportement afin de :
-mieux saisir les tendances de marché régional
via des études spécifiques créneaux ;
- développer des stratégies de neutralisation
des contraintes et obstacles afin de renforcer leur capacité
d'exportation ;
-anticiper les tendances associées aux normes et
spécifications régionales et les intégrer dans leurs
paramètres techniques de production.
A) Politique des Finances Publiques
Au niveau des finances publiques, pour rétablir
l'équilibre de la balance des paiements (en ce sens de l'excès de
demande interne par rapport à l'offre qui a créé la
croissance négative de la balance des paiements), les dépenses de
l'Etat doivent être mesurées et orientées majoritairement
vers l'investissement. A ce sujet, il est souhaitable que l'Etat s'efforce
principalement de :
- Procéder à des réformes au niveau de
l'administration de manière à ce qu'elle soit plus efficace et
plus productive,
- Améliorer son système de taxation de
façon à contrôler efficacement les recettes fiscales dans
l'esprit d'envisager l'élargissement de l'assiette fiscale et des
procédures de recouvrement.
B) Mesures de stabilisations quantitative ou de
niveaux : éliminer le déficit ou éliminer
les dépenses budgétaires qui apportent peu à la
collectivité ou qui n'ont qu'un impact de second ordre sur la la balance
courante...
C) Mesures paramétriques de
stabilisation : éliminer les déséquilibres
sur les marchés (emplois, monnaie, commerce international) grâce
à des paramètres tels que le taux de change, les tarifs
douaniers, les taux d'intérêt ...les mesures paramétriques
relèvent du corps théorique néo-classique.
D) Mesures structurelles :
éliminer les contraintes structurelles (ce qui est
dénommé « blocages »).Ces mesures tiennent
compte de la nature keynésienne' de certains fonctionnements de
l'économie ;il en est de mesures qui suivent.
D) Mesures de
fluidité : éliminer les contraintes à
l'investissement dont les coûts de transaction, les défauts du
cadre légal, le non-respect des droits de propriétés...
E) Mesures de relance : fournir des
emplois de masse et viser l'augmentation durable de la croissance.
Telles sont les diverses mesures que devraient prendre en vue
de contrecarrer le problème de la montée du coût de la vie
et des paramètres explicatifs de la production nationale dans le cas d'
Haïti. Il est important d'éviter toutefois, le plus que possible,
que cette augmentation tant souhaitée de la production nationale ne se
réalise dans un cadre favorisant la concentration des revenus. Dans ce
sens là, plus que tous les autres acteurs, le rôle de l'Etat
est crucial et indispensable. Car, l'expérience a prouvé que la
croissance économique, sans une bonne politique de répartition
des richesses créées ne s'accompagne pas toujours d'une
amélioration significative des conditions de vie des ménages .
Annexes
1. Table de la loi de Fischer-Snedecor
2. Table de la loi de Fischer -Snedecor (suite)
3. Table de Durbin-Watson (DW)
4. Table de la loi de Chi-deux.
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27. Baumol, W.J., Blinder,
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politiques, Macroéconomie, Éditions Études Vivantes.
28. Consultation de sites web :
a. www.brh.net (Informations
nécessaires / Politique monétaire.htm).
b. www.memoireonline.com
c. www.haitiimpact.com
d. www.get.htm
* 1 A l'opposé du
problème de la montée du coût de la vie, les
économistes ont identifié un autre phénomène
identifié sous le nom de la « déflation »
qui, elle-même, est caractérisée par une baisse
généralisée des prix.
* 2 Microsoft ®
Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.
* 3
Fritz DESHOMMES, Vie Chère et Politique Economique en
Haïti, Port-au-Prince, 1992.
* 4
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 5 Des extraits de
l'introduction et de la conclusion de l'ouvrage « Vie chère et
Politique Economique en Haïti » de M. DESHOMMES ont
été publiés dans le bulletin de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE) paru en décembre
2003. Cette oeuvre a été présentée comme l'unique
ouvrage traitant spécifiquement du coût de la vie en Haïti.
* 6
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 7 A quelques exceptions
notables près, en particulier A. Marshall et surtout J.M.Clark dans sa
théorie des fluctuations.
* 8 Qu'il connaît
d'ailleurs parfaitement; car celles-ci se trouvent dans les oeuvres
antérieures d'Irving Fisher : The Theory of Interest,
Macmillan, New York, 1930 ; et aussi F.P.RAMSEY : « A
Mathematical Theory of Saving », Economic Journal, décembre
1928, pp.543-559.
* 910 Dans l'analyse
marshallienne qui est le cadre temporal traditionnel de l'équilibre
macroéconomique, le court terme se définit comme la
période durant laquelle le stock de capital reste constant .dans la
théorie des prix qui s'applique à la fonction de consommation, la
longueur de la période dépend de la durée prise en compte
dans la décision. Par exemple, la demande à court terme
représente les quantités demandées ex
ante lorsque la décision porte sur courte période. A
long terme, ce sont les quantités demandées pour être
consommées sur une longue période. Donc la demande est toujours
plus élastique à long terme qu'à court terme car il y a
alors plus de substituts.
* 11 Au niveau
microéconomique, les courbes d'offre ou de demande sont les relations
de ce type.
* 12 Voir M.J.
FARREL:»The New Theories of the Consumption Function», Economic
Journal, December 1959.
* 13
M.FRIEDMAN: A Theory of the Consumption Function, op. cit.
Chapter I, II et III.
* 14 J. HIRSCHLEIFER :
»On the Theory of Optimal Investment Decision», Journal of Political
Economy, Aout 1958.
* 15 R. MUSGRAVE : The
Theory of Public Finance, McGraw-Hill, New York, 1959; voir aussi S.C.KOLM:
L'Etat et le système des prix, Dunod, Paris 1971, Chapitres VI à
IX, pp.169-230 ; et X.GREFFE : Economie publique, Economica, Paris I
1975.
* 16 Harry
Salomon, article publié dans le Bulletin de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE), décembre 2003,
volume I, No. 5, p. 6.
* 17 Politique
macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003) :
MPCE, PNUD- Haïti. paragraphe 2 et 3, page 39.
* 18 M. Yves Osias, Directeur
Adjoint au Ministère de l'Economie et des Finances (MEF).
* 19
Frédéric Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 13.
* 20 Les choix de
l'échantillon de biens et services, la strate sociale et la terminologie
retenue pour constituer le panier de la ménagère et calculer les
prix à la consommation ainsi que les résultats obtenus par
l'IHSI sont loin d'être identiques et homogènes
d'une enquête à l'autre. Jusqu'en 1980, 34 produits servaient
à déterminer l'indice des prix. Ce panier de la
ménagère était alors établi à partir d'une
enquête menée en 1948. Celui de 1980-1987 comprenait 77 produits.
Les paniers de la ménagère retenus en 1988 et 1996 prennent en
compte tous les biens qui ont un certain poids dans les dépenses totales
des ménages. Mais, les poids des groupes de produits divergent fortement
d'une enquête à l'autre. La part des biens alimentaires et des
boissons dans les dépenses des ménages est passée de 51.1%
en 1988 à 76.2% à 1996. (Cf Bulletin, AHE, déc. 03, vol.
1, p.13).
* 21
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 14.
* 22 Se
référer au site Internet de la BRH : http//www.brh.net
* 23 Microsoft
® Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.
* 24
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 14.
* 25
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 15.
* 26 Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique (IHSI).
* 27 Voir Cours
d'Économétrie, Yves Tillé, Mai 2004.
* 28
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 19.
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