ANNEXE 2
Déclaration des devoirs et des droits des
journalistes (Munich, 1971)
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Préambule
Le droit à l'information, à la libre expression
et à la critique est une des libertés fondamentales de tout
être humain.
Ce droit du public de connaître les faits et les
opinions procède l'ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à-vis du
public prime toute autre responsabilité, en particulier à
l'égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics.
La mission d'information comporte nécessairement des
limites que les journalistes eux-mêmes s'imposent spontanément.
Tel est l'objet de la déclaration des devoirs formulés ici.
Mais ces devoirs ne peuvent être effectivement
respectés dans l'exercice de la profession de journaliste que si les
conditions concrètes de l'indépendance et de la dignité
professionnelle sont réalisées. Tel est l'objet de la
déclaration des droits qui suit.
Déclaration des devoirs
Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la
rédaction et le commentaire des événements, sont :
[1] respecter la vérité, quelles qu'en puissent
être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du
droit que le public à de connaître ;
[2] défendre la liberté de l'information, du
commentaire et de la critique ;
[3] publier seulement les informations dont l'origine est
connue ou les accompagner, si c'est nécessaire, des réserves qui
s'imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas
altérer les textes et les documents ;
[4] ne pas user de méthodes déloyales pour
obtenir des informations, des photographies et des documents ;
[5] s'obliger à respecter la vie privée des
personnes ;
[6] rectifier toute information publiée qui se
révèle inexacte ;
[7] garder le secret professionnel et ne pas divulguer la
source des informations obtenues confidentiellement ;
[8] s'interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les
accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en
raison de la publication ou de la suppression d'une information ;
[9] ne jamais confondre le métier de journaliste avec
celui du publicitaire ou du propagandiste; n'accepter aucune consigne, directe
ou indirecte, des annonceurs ;
[10] refuser toute pression et n'accepter de directives
rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d'observer
strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le
droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n'accepte, en matière
d'honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion
de toute ingérence gouvernementale ou autre.
Déclaration des droits
[1] Les journalistes revendiquent le libre accès
à toutes les sources d'information et le droit d'enquêter
librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des
affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé
au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.
[2] Le journaliste a le droit de refuser toute subordination
qui serait contraire à la ligne générale de son
entreprise, telle qu'elle est déterminée par écrit dans
son contrat d'engagement, de même que toute subordination qui ne serait
pas clairement impliquée par cette ligne générale.
[3] Le journaliste ne peut être contraint à
accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait
contraire à sa conviction ou sa conscience.
[4] L'équipe rédactionnelle doit être
obligatoirement informée de toute décision importante de nature
à affecter la vie de l'entreprise.
Elle doit être au moins consultée, avant
décision définitive, sur toute mesure intéressant la
composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et
promotion de journaliste.
[5] En considération de sa fonction et de ses
responsabilités, le journaliste a droit non seulement au
bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un
contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et
morale ainsi qu'une rémunération correspondant au rôle
social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance
économique.
Munich, 1971
CHARTE DE LA REDACTION DU
QUOTIDIEN
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Ces principes sont adaptés des "Règles et usages"
en vigueur au journal Le Monde. Certains sont une reproduction de
l'original. D'autres ont fait l'objet d'une adaptation.
· Cadeau(x), Voyages
Le journaliste de Le Quotidien doit veiller à
éviter tout ce qui peut entacher sa crédibilité, mettre en
doute son indépendance. Tout cadeau, dont la valeur atteint 5 000 F Cfa,
ne saurait être accepté par un journaliste. Ce dernier ne peut
recevoir de somme d'argent de quelque montant que ce soit, pour une raison ou
une autre liée à l'exercice de sa profession.
Dans le cas où le présent ou l'argent est
envoyé à la rédaction, le journaliste est tenu de le
retourner, avec une lettre explicative co-signée par le rédacteur
en chef. Si les donations sont faites en public, le journaliste de Le
Quotidien doit manifester son refus avec courtoisie, sans pour autant
chercher à indisposer ses autres confrères.
Les journalistes n'acceptent pas de voyage de presse gratuit
avant d'en avoir reçu l'autorisation du rédacteur en chef ou de
leur chef de desk.
· Citation(s)
Toute citation publiée dans Le Quotidien doit
être sourcée, sauf cas exceptionnel où l'anonymat est
exigé par la source. Les sources doivent être
identifiées. Le journaliste devra rapporter ses propos avec exactitude,
mais doit veiller à éliminer tout propos susceptible de froisser,
de blesser des tiers ou, après coup, l'auteur même des
propos. Dans un cas où des opinions contradictoires s'opposent. Le
journaliste doit toujours chercher à avoir les deux versions en
présence. A défaut de l'interlocuteur principal, il cherchera
à faire réagir une source proche de ce dernier.
· Collaboration(s) extérieure(s)
Les journalistes de Le Quotidien peuvent mener des
activités rédactionnelles en dehors du journal. Le cas
échéant, ils en formulent la demande par écrit au
directeur de la publication. L'acceptation d'une telle activité est
conditionnée au fait qu'elle ne concurrence ni ne gêne les
activités menées pour le compte de Le Quotidien. Les
journalistes de Le Quotidien peuvent avoir d'autres activités
professionnelles (animation de conférences, séminaires, etc.). La
direction de la publication doit en être informée. Toute
activité complémentaire, régulière et
rémunérée, doit faire l'objet d'un accord du journal.
· Commentaire(s)
Tous les rédacteurs peuvent proposer, sur un sujet
d'actualité qui entre dans leur domaine de compétence, une
"analyse" ou un "commentaire". Ces commentaires doivent figurer dans un
encadré qui accompagne l'article. La règle impose de ne pas
faire passer son point de vue dans les articles d'information.
· Comportement
Un journaliste de Le Quotidien est partout un
ambassadeur de sa rédaction. Il doit adopter en public un comportement
correct. La même règle s'applique au sein de la rédaction.
La courtoisie doit aussi présider aux relations des journalistes avec
les lecteurs quand ces derniers les interpellent sur leurs écrits et
avec les différents acteurs de la vie publique.
· Conditionnel
L'usage du conditionnel de précaution est restreint. Elle
ne doit pas servir en aucun à asseoir des accusations.
· Conflit(s) d'intérêt(s)
Les journalistes ne peuvent couvrir un
événement dans lequel ils peuvent se retrouver face à un
conflit d'intérêts personnels.
· Correspondant(s)
Les journalistes qui se rendent à l'occasion d'un
reportage ou d'une conférence dans une région doivent
prévenir le correspondant de la rédaction en poste dans la
localité. Au cas où leur collaboration s'avère
nécessaire pour la bonne exécution du travail, il revient au
journaliste de la rédaction centrale de diriger l'équipe.
· Coupe(s)
Le relecteur/ correcteur ne doit pas prendre des libertés
avec les articles des journalistes. Ils peuvent en améliorer le contenu,
mais doit prendre garde de ne pas faire des coupes ou des
réécritures qui changent le sens des éléments
d'informations présentés par l'auteur. Dans toute la mesure du
possible, le relecteur/correcteur signale au journaliste les coupes ou
modifications réalisées.
· Courrier
Les lettres de lecteurs doivent être traitées avec
soin. Elles sont une marque de confiance et d'attachement des lecteurs à
leur journal. Quelles que puissent être les opinions exprimées,
les lettres doivent être acceptées. Ne seront cependant
diffusées que celles qui apportent des informations ou des idées
pertinentes. Tout propos discourtois, offensant ou diffamatoire doit être
enlevé avant publication. Quand un journaliste est interpellé
dans un courrier, il doit répondre (Ndlr) en restant courtois dans sa
réponse. Il en est de même pour les droits de
réponse. Le journal peut entretenir un débat dans la page
courrier, mais doit éviter d'installer dans une polémique
personnelle. Le journal doit aussi éviter d'institutionnaliser des
"contributeurs professionnels". Il faut veiller à la diversité
des contributions. Les lettres qui parviennent au journal, même si
elles ne sont pas publiées, restent une propriété de la
rédaction. Elles ne peuvent être retournées. Le journal
ne publie pas de lettre anonyme, à moins que l'auteur, dûment
identifié, en fasse la demande. Une lettre ne peut être
publiée sous forme de signature collective. Les lettres ouvertes
adressées à des personnes/ personnalités ou les tracts ne
peuvent être publiées comme courrier de lecteur.
· Couverture
Le journaliste qui couvre un événement
(manifestation, procès, etc.) ne quitte pas les lieux avant la fin.
· Dépêches d'Agences de Presse
Les dépêches servent d'alerte à la
rédaction. Lorsqu'elles sont reprises sous forme de brèves, de
repères ou d'articles, elles sont signées du nom de l'agence
(Aps, Afp, Reuters, etc.). Cette règle vaut aussi bien pour
l'actualité sénégalaise que pour l'actualité
internationale. La rédaction essaye toujours de contrôler
l'exactitude des informations d'agence publiées. Le journaliste peut
ajouter des informations complémentaires à la
dépêche. Dans ce cas le journal doit alors assumer la
totalité des informations.
· Devoir de réserve
Dans leurs contacts publics, les journalistes se gardent de
manifester ostensiblement leurs opinions (politiques, religieuses,
philosophiques, etc.). Ce devoir de réserve touche aussi la "cuisine
interne" du journal. Les journalistes de "Le Quotidien" se garderont
d'évoquer ailleurs les décisions ou tout autre fait concernant la
marche du journal.
· Editorial
L'éditorial est rédigé par le directeur de
publication ou le rédacteur en chef. Il est signé. Quand il est
rédigé par le rédacteur en chef, il peut être relu
par le directeur de publication et modifié, si nécessaire, pour
des raisons de forme et de fond. Si ces modifications n'agréent pas
l'auteur, il peut exiger que l'article ne soit pas diffusé ou ne porte
pas sa signature.
· Entretien(s)
Le Quotidien accepte seulement la relecture des
longs entretiens (Les Marches du Quotidien par exemple) par les personnes qui
se sont prêtées au jeu des questions-réponses. Il s'agit
d'une relecture de précaution pour éviter tout contresens. Si la
personne interviewée corrige pour l'aseptiser, la rédaction se
réserve le droit de ne pas publier l'entretien.
· Erreur(s)
Toute fausse information publiée par Le
Quotidien doit être rectifiée le plus rapidement possible,
dès l'instant que la vérité est établie à ce
sujet. Les rectificatifs reçus par la rédaction ne sont
assortis d'aucun commentaire de la rédaction.
· Faits divers
Les prénoms et noms des mineurs ne sont pas
publiés, sauf si les familles concernées ont donné leur
accord ou si les prénoms sont devenus publics. Les prénoms et
noms des victimes de viol ne sont pas publiés, sauf volonté
expresse des victimes. Les prénoms et noms des personnes
soupçonnées de crimes ou de délits sont publiés si
elles sont majeures. Les journalistes devront se garder de présenter
l'information de manière stigmatisante pour des groupes, des
communautés ou des populations déterminées.
· Préjugé(s)
Les rédacteurs s'interdisent d'utiliser toute formule ou
tout cliché exprimant du racisme (" une cruauté tout orientale ")
ou du mépris (" fils d'un modeste instituteur ", ou "originaire d'un
bled").
· Signature(s)
En cas de désaccord sur une coupe ou une modification, un
rédacteur peut demander la suppression de sa signature.
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