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Pression urbaine sur les milieux humides: cas des vallons du Zounvi et Boué à Porto-Novo

( Télécharger le fichier original )
par Nathanaël AHOUANDJINOU
Université d'Abomey-Calavi UAC (Bénin) - Maîtrise en géograhie 2004
  

Disponible en mode multipage

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Université d'Abomey-Calavi(Bénin)

Département de géographie et d'aménagement du territoire

UR-GESURB / UAC - IRD

Unité de Recherche- Gestion des Espaces Urbanisés / Université d'Abomey-Calavi(Bénin) - Institut de recherche pour le développement

GESTION DES ESPACES URBANISES

environnement

mobilisation des acteurs locaux

et urbanisme de proximité

Programme conjoint URA / CTIG (Centre de traitement de l'information géographique, Institut de géographie et d'aménagement, Université de Provence Aix-Marseille I)

Les dynamiques territoriales dans une région en émergence :

la région urbaine du littoral béninois

PRESSION URBAINE SUR LES ZONES HUMIDES : CAS DES VALLONS DU ZOUNVI ET DU BOUE A PORTO-NOVO (BENIN)

Mémoire de maîtrise de géographie

présenté par

Nathanaël O. D. AHOUANDJINOU

Sous la direction de

Etienne DOMINGO (Maître assistant à l'UAC)

Année universitaire 2003-2004

Dédicace

A DIEU LE TOUT-PUISSANT à qui je dois tout.

A tous ceux qui sont passionnés par les phénomènes qui se produisent dans l'espace géographique et surtout à ceux qui ont à coeur l'environnement et la nature que l'on ne finira jamais de sonder.

A

Mon père Michée AHOUANDJINOU

Ma mère Hortense SOUDE Epouse AHOUANDJINOU

Mes soeurs Elisabeth, Naomie, Josabeth,

Mon frère Josias-Elisée

Ma bien-aimée, Sylviane A. EYEBIYI

A tous , je dédie le présent mémoire

AVANT-PROPOS

Le présent mémoire de maîtrise s'inscrit dans le cadre du programme de recherche « Les dynamiques territoriales dans une région en émergence : la région urbaine du littoral béninois » mis en oeuvre, en coopération, d'une part par l'Unité de recherche «Gestion des espaces urbanisés : environnement, mobilisation des acteurs locaux et urbanisme de proximité » du Département de Géographie et d'aménagement du Territoire de l'Université d'Abomey-Calavi (Bénin) et d'autre part par le Centre de Traitement de l'Information Géographique (CTIG) de l'Institut de géographie et de l'aménagement de l'Université d'Aix-en-Provence (France).

L'Unité de Recherche « Gestion des espaces urbanisés » est située dans les locaux du Centre Béninois de Recherche Scientifique et Technique à Porto-Novo. Ce mémoire portant sur «La pression urbaine sur les zones humides : cas des vallons du Zounvi et du Boué à Porto-Novo (Bénin) » est une contribution à cette thématique, notamment sur le volet «  environnement et gestion urbaine ».

Le soulagement que j'éprouve en fin de réalisation de ce travail éveille en moi un sentiment de reconnaissance à l'égard de toutes ces personnes qui m'ont aidé.

Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de mémoire M. Etienne Domingo qui m'a orienté sur ce sujet et m'a aimablement accueilli au sein de l'unité de recherche GES-URB qu'il dirige. La dynamique de groupe qu'il a su créer et qu'il tente de maintenir a été pour moi un facteur favorable. J'ai pu bénéficier de la riche documentation et du savoir-faire accumulés dans le cadre du programme de cette unité de cette de recherche. Ses encouragements, ses conseils, le suivi régulier obtenu de sa part ont été déterminants dans l'accomplissement de mon travail..

Toutes mes gratitudes au Professeur François Tchibozo pour son apport en documentation et au professeur Jean Claude Barbier pour ses conseils judicieux.

Je remercie M. Hubert Abatan et Albert Denakpo qui m'ont accueilli à l'IGN à Cotonou et m'ont aidé à acquérir davantage de savoir et de savoir-faire en photo-interprétation. Mes camarades Ismaël Toko et Mama Djaouga ont été également d'une grande utilité en ce domaine. Qu'ils trouvent ici l'expression de ma reconnaissance.

Je voudrais dire à M. Roland Boko en poste à l'IITA-Bénin combien j'ai apprécié son assistance dans l'identification des espèces végétales et fauniques aquatiques.

Comment oublier mon cher compagnon Grégoire Noudaikpon qui a pris beaucoup de son temps à l' UR - GES-URB pour m'initier à l'utilisation du logiciel de Système d'Information Géographique MapInfo 6.5 et m'aider dans la réalisation des cartes. Ma pensée va également à Josiane Foundohou , occupée également à préparer son mémoire dans le même laboratoire, avec qui j'ai échangé sur mes recherches.

Mes remerciements vont également à Josias-Elisée Ahouandjinou pour son concours dans le domaine de l'informatique et M. Michée Ahouandjinou pour avoir accepté de relire le texte.

Tant d'autres personnes m'ont apporté leur soutien et aide dans la réalisation de ce mémoire. Je leur exprime ma profonde gratitude. Résumé

Les vallons du Boué et du Zounvi connaissent une transformation notoire de leurs écosystèmes humides. Cette transformation est liée à un phénomène d'urbanisation dont les indicateurs les plus significatifs sont l'habitat, les aménagements, la pollution et l'exploitation des ressources végétales et fauniques. Elle va à l'encontre de l'équilibre de ces écosystèmes.

La présente étude, axée sur l'occupation du sol, met en exergue les mutations du rural en urbain déterminées par un certain nombre de facteurs dans chaque vallon.

Elle examine également les risques d'irréversibilité qui en découlent et pose le grave problème de l'équilibre et de l'utilité de ces milieux dans un contexte d'urbanisation.

Enfin, cette urbanisation révèle les insuffisances et les dysfonctionnements de la gestion urbaine que connaissent ces espaces sensibles.

Mots-clés : indicateurs, écosystèmes humides, transformation, risques d'irréversibilité,

dégradation.

Abstract

The small valleys of the Boué and the Zounvi enjoy a notorious transformation of their wet ecosystem. That transformation is linked to a phenomenon of urbanization whose indicators are: housing conditions, urban planning, pollution and the exploitation of animal and vegetable resources. It then leads to the disintegration of those ecosystems.

The present study, focused on land occupation, has revealed a mutation of rural conditions to urbanization in each small valley by looking for sound factors that explain this land occupation.

Besides, it examines the risks of irreversibility and exposes the serious problem of the balance of usefulness of those ecosystems in an urban context.

Finally, this urbanization reveals the inadequacies and mismanagements of urban environment to which those noticeable spaces are submissive.

Key words: indicators, wet ecosystems, transformation, and risks of irreversibility, disintegration.

INTRODUCTION

Problématique

L'explosion urbaine en Afrique depuis quelques décennies est caractérisée par une croissance incontrôlée de villes (Vennetier P.1978). En effet, l'urbanisation croissante et l'afflux de milliers ou millions d'individus en provenance des milieux ruraux se traduisent à la fois par la multiplication des lieux de concentration humaine et l'accroissement des densités de population.

Cet accroissement des densités a pour conséquence de donner une autre configuration à la ville, étant donné qu'il existe une limite physique à la croissance démographique dans les anciens quartiers où l'entassement des constructions et des hommes ne peut plus se poursuivre à un moment donné. Il faut que les citadins s'installent ailleurs ,et ce ne peut être qu'à la périphérie.

Ce mouvement entraîne une demande plus forte de parcelles à bâtir. Et ainsi, les villes sortent de leurs limites traditionnelles et s'étalent sur leurs périphéries respectives en grignotant l'espace rural : c'est la péri-urbanisation. Celle-ci, souvent incontrôlée, engendre alors nombre de situations difficiles parmi lesquelles, outre les changements socio-économiques très rapides, la menace des écosystèmes.

Le littoral béninois est caractérisé par la présence de plusieurs types de zones humides réparties en deux grands systèmes étudiés par le Programme d'Aménagement des Zones Humides (PAZH). Le système Est qui comporte le fleuve Ouémé, la rivière Sô et le lac Nokoué ; le système Ouest qui se constitue des fleuves Couffo, Mono, des lacs Ahémé et Toho, et des lagunes.

La dynamique urbaine dans cette région requiert une attention particulière étant donné que l'extension de certains centres urbains atteint ces milieux humides.

Ainsi Porto-Novo se développe sur un plateau entaillé par des vallons échancrures, lesquels vallons sont caractérisés par des écosystèmes humides dont les fonctions telles que l'amortissement des inondations, l'alimentation de la nappe phréatique et les ressources (faune et flore) sont à préserver.

Cette croissance spatiale de la ville se fait par le peuplement des nouveaux quartiers périphériques, du fait de l'immigration, du mouvement de population du centre ville vers la périphérie et du lotissement.

Cette extension se traduit par l'accroissement de la superficie urbaine : de 3745 ha en 1985 à 5213 ha en 1998 soit un accroissement moyen annuel de 2.6% pendant cette période1(*). A ce rythme, l'extension de la ville qui se fait surtout en direction du nord et de l'ouest sur le plateau a atteint les zones rurales environnantes comme Louho. Ainsi « La campagne s'urbanise autour de Porto-Novo avec des maisons en dur au milieu des plantations de palmiers à huile, des champs de maïs et de manioc comme au nord de Ouando sur la route de Sakété-Pobè ... » (N'Bessa. B., 1997)2

En s'étendant vers l'ouest, Porto-Novo a atteint et englobé le vallon du Zounvi et fait ressentir ses influences sur le vallon du Boué situé plus loin.

La préservation des écosystèmes de ces vallons demande qu'on y prête une grande attention et définisse une stratégie de gestion des ressources naturelles. Il faudra même mettre au point une stratégie globale de gestion des zones humides dans l'environnement de Porto-Novo. Dans cette perspective, il faut se préoccuper de suivre puis contrôler ce phénomène d'extension de la ville. Mesurer la pression urbaine sur ces écosystèmes servirait bien à ce suivi et il importe pour cela de disposer des données et des informations nécessaires. C'est l'objet de la présente étude qui s'appuie sur les notions de pression urbaine et de transformations des écosystèmes humides.

Il s'agit donc de présenter pour chaque vallon l'état de l'occupation humaine par l'habitat, les activités et d'identifier les meilleurs indicateurs physiques des incidences qui dérivent de cette occupation. La nature et le degré des transformations dont on se rendra compte orienteront les actions de protection de l'environnement et de gestion urbaine dans le cas de ces zones humides de vallons.

Objectifs

La présente étude vise l'objectif général suivant : mesurer la pression urbaine les zones humides des deux vallons du Zounvi et du Boué progressivement gagnés par l'extension urbaine, au regard de la question de la gestion urbaine.

Les objectifs spécifiques se déclinent ainsi qu'il suit : 1) décrire les écosystèmes de ces vallons ; 2) identifier les indicateurs de pression urbaine ; 3)établir un descriptif de chaque indicateur ; 4) faire l'état des lieux.

Hypothèses de recherche

Les observations préliminaires sur le terrain et une première action de recherche documentaire ont permis de retenir les hypothèses ci-après. 

1. a) l'urbanisation se traduit par une densification des zones loties de sorte que l'habitat va en se substituant aux surfaces agricoles.

b) Les aménagements (infrastructures de transport et d'assainissement) renforcent cette mutation en milieu urbain.

2. Les zones humides des vallons progressivement englobées dans le milieu urbain rassemblent des indices significatifs de la pression urbaine et donnent une bonne lecture des problèmes de gestion urbaine dans le cadre de la ville de Porto-Novo tout au moins.

3. Les fonds de vallons sont l'élément important du système de gestion des déchets solides à Porto-Novo.

Méthodologie

Documentation

Elle a consisté à rechercher davantage d'informations dans des ouvrages traitant des écosystèmes humides. Elle s'est poursuivie par la lecture des documents pouvant fournir des données sur l'urbanisation, la démographie relative à la ville de Porto-Novo et sa zone périurbaine. Les données utiles à une bonne description des deux vallons du Zounvi et du Boué ont été également recherchées : les données relatives à la morphologie, à la pédologie, à la végétation, à l'écologie notamment. A cet effet, les professeurs Domingo et Tchibozo ont réalisé une étude environnementale du Zounvi. Une autre phase a concerné particulièrement les documents cartographiques pour lesquels l'unité de recherche «Gestion des espaces urbanisés : environnement, mobilisation des acteurs locaux et urbanisme de proximité » a été une source importante. Il s'y est constitué une base de données cartographiques remarquable et un système d'information géographique sur le littoral béninois, constamment enrichi.

La documentation s'est effectuée tant dans les centres de documentation universitaires que dans les services techniques comme la Société d'Etudes Régionales d'Habitat et d'Aménagement Urbain (SERHAU) SA, l'Institut Géographique National (IGN), l'Institut de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), le Centre d'Information et Documentation sur l'Environnement (CIDE), le Centre National Agro-Pédologique (CENAP).

Enquêtes de terrain

Cette étape a débuté par des visites de reconnaissance dans les deux vallons. Les sorties de terrain avaient pour but de faire des observations plus précises sur les vallons et d'identifier les indicateurs de l'urbanisation dans ces écosystèmes d'après les hypothèses de recherche. L'étude des indicateurs s'est faite selon des méthodes précises.

Etude des indicateurs de pollution

L'observation et l'étude des décharges sauvages d'ordures se sont déroulées en quatre étapes : l'estimation (calcul) des surfaces et des volumes des décharges d'après des formes géométriques régulières (conique, triangulaire, rectangulaire) ; ensuite elle s'est poursuivie par une estimation des quantités d'ordures déversées quotidiennement dans le vallon (Zounvi) selon la fréquence de passage des ramasseurs d'ordures et des volumes des bacs à ordures.

Ces deux étapes ont permis d'orienter la recherche sur la composition des déchets. Cette recherche a été réalisée sur dix échantillons d'ordures prélevés dans dix (10) bennes d'ordures différentes. En outre, il s'avérait nécessaire de rechercher les impacts des déchets sur la flore et la faune. Enfin il a été procédé à la cartographie des décharges sur un plan du Zounvi au 1/20.000e.

Pollution des sols.

Cet indicateur a été étudié en procédant à des prélèvements au moyen de ruban-mètre métallique et de machettes. On procède ensuite à la description détaillée des horizons.

Pollution de la nappe phréatique.

Ce phénomène est étudié au moyen de prélèvements d'eau de puits à différents endroits du vallon qui ont été analysés par un laboratoire de la Société Béninoise d'Electricité et d'Eau (SBEE). L'analyse bactériologique visait surtout à déceler des constituants organiques vivants ou inertes susceptibles de nuire à la santé humaine et éventuellement à celle des autres organismes vivants aquatiques et terrestres.

Dégradation de la végétation 

Les photographies aériennes de la mission IGN BEN 94 couvrant le vallon du Zounvi ont permis d'identifier les différentes formations végétales. Ainsi, on distingue une forêt marécageuse en partie dégradée, une mosaïque herbacée, des champs de cultures.

Ce couvert végétal a fait l'objet d'observations et de mesures sur des placeaux de 20m x 20m soit 400m2 permettant de connaître la structure, les facteurs et indices de dégradation de ce couvert. Cette technique, utilisée par les forestiers et même les agronomes, consiste à estimer la superficie qu'occupe chaque strate en identifiant les différentes espèces surtout celles qui prédominent. Pour l'estimation de l'aire occupée par les herbacées, on procède à une estimation de la superficie occupée par la formation végétale. En ce qui concerne les ligneux, on a procédé à la mesure systématique des circonférences dont la hauteur est supérieure à deux mètres. Cette mesure est faite à 1,30 mètre du sol et à 30 cm au-dessus des contreforts à l'aide d'un ruban décamètre. Ensuite la formule "G= D2 /4": permet d'obtenir la surface occupée par les ligneux, avec D le diamètre de chaque arbuste ou arbre, le nombre =3.1416, et qui fait la somme des surfaces terrières calculées. Une surface terrière est celle occupée par un ligneux ; elle se calcule ainsi " g = D2 /4 " ; on en déduit la surface G c'est-à-dire la somme des surfaces terrières d'une strate, soit G = g.

La même méthode a permis également d'effectuer une étude de la végétation dans le Boué. D'une manière générale cette méthode aura permis de connaître dans les détails, la structure des formations végétales observées et les facteurs influençant leur évolution qui est ici une dégradation.

Les enquêtes de terrain par guide d'entretien.

Pour disposer d'informations et de données sur l'exploitation des végétaux et les quantités d'ordures déversées par jour, l'utilisation de guides d'entretien (en annexes) nous a été utile. Les informations sont notées et vérifiées chaque fois si possible.

Traitement des données

La plupart des données quantitatives ont été traitées et synthétisées en tableaux et courbes pour être ensuite interprétées.

On a pu ainsi dégager des tendances en ce qui concerne les phénomènes observés (dégradation des écosystèmes, pollution des sols, de la nappe phréatique par les déchets ménagers...). Des modèles explicatifs ont été élaborés dans un souci de synthèse et de compréhension des interactions entre les différents éléments de ces processus de transformations de ces milieux. En outre, à partir des inventaires, des cartes ont été élaborées au moyen du logiciel de Système d'Information Géographique MapInfo 6.5. Aussi lorsque cela était possible certains indicateurs ont été mieux répertoriés et analysés à partir de ces cartes.

Cette étape importante du traitement des données et d'analyse a permis de finaliser le plan du mémoire qui se présente en trois parties. La première partie, aborde les zones humides des vallons du Zounvi et du Boué, la deuxième analyse les facteurs déterminants de l'occupation du sol et de la pression urbaine du Zounvi et du Boué, et la troisième porte sur de la dégradation des zones humides des deux vallons et de la gestion urbaine.

I - Les vallons du Zounvi et du Boué

I - LES ZONES HUMIDES DES VALLONS DU ZOUNVI ET DU BOUE

Le concept de zone humide, en anglais wetland, fit son apparition pour la 1ere fois aux Etats-Unis au début du XVIIe siècle. Cette expression désignait une multitude de milieux dont tous avaient deux caractères communs :

- présence d'eau (temporaire ou permanente ; douce ou salée )

- faible profondeur de celle-ci

De plus en plus, l'intérêt que suscitaient les milieux humides a donné lieu à une multitude de définitions, toutes mettant l'accent sur la présence de l'eau. Par exemple, d'après la définition de la Convention de Ramsar3(*) « ... Les zones humides sont des prairies humides, des marécages, des fagnes4(*) , des tourbières5(*), des lagunes, des étendues d'eau naturelle ou artificielle, permanentes ou temporaires, stagnantes ou courantes, douces ou saumâtres ou salées y compris les étendues d'eau marine dont la profondeur à marée basse n'excède pas six (6) mètres. »

Il ressort de cette définition que l'eau intervient de manière déterminante dans la structure des écosystèmes humides, par ses fluctuations de niveau et sa composition. Cette prépondérance du fait hydrique, hautement variable dans le temps et l'espace, est à l'origine d'une forte hétérogénéité des facteurs physiques et chimiques, propice à une productivité biologique très élevée et au développement d'une flore et d'une faune particulièrement riche. De ce fait, il existe plusieurs sortes de zones humides que l'on peut classer en :

- milieux humides marins et côtiers.

- milieux humides continentaux.

Les milieux humides marins et côtiers rassemblent les estuaires et vasières, les prés salés (schorres), les slikkes, les marais et lagunes côtiers qui connaissent toutes les influences d'eau salée marine et se localisent pour la plupart dans les zones intertidales6(*).

A l'opposé, les milieux humides continentaux concernent essentiellement les espaces caractérisés par des écosystèmes humides mais cette fois-ci dans un cadre hydrologique d'eau douce (fleuve, rivière, étang).

Certains auteurs Lavigne et alii (1995) distinguent plutôt :

- les milieux humides estuariens

- les milieux humides d'eau douce et zones d'inondation

- les milieux humides de montagne

- les milieux humides forestiers.

Dans le cas des vallons du Zounvi et du Boué, il s'agit de milieux humides continentaux et plus précisément de bas-fonds en amont. Tous ces deux vallons s'insèrent dans un cadre géologique et morphologique plus grand qu'est le Bassin Sédimentaire Côtier (BSC).

I - 1. Les vallons du Zounvi et du Boué : un trait morphologique des plateaux du Bassin Sédimentaire Côtier du Sud-Bénin.

Le territoire actuel du Bénin est constitué au sud du 8e parallèle par le bassin sédimentaire côtier qui n'est qu'un morceau du grand bassin sédimentaire côtier s'étendant du Nigéria au Togo.

D'un point de vue géographique (Mondjannagni 1969), 4 ensembles de paysages se distinguent dans le bassin :

Les plateaux de terre de barre

Ces plateaux sont subdivisés en deux (2) séries :

- une série septentrionale : les plateaux de Kétou, de Zagnanado et d'Abomey

- une série méridionale, la plus importante : les plateaux de Sakété-Pobè, d'Allada et

d'Aplahoué

La plaine de la Lama

Large de 5 à 25 km et d'une longueur de 130 km ( Mondjannagni 1969) elle sépare les deux séries de plateaux et est constituée de couches marno- argileuses du Crétacé.

Les vallées moyennes et basses

Les plateaux et dépressions sont en effet entaillés en des vallées moyennes et basses grâce à un réseau hydrographique orienté nord-sud avec les cours d'eau. Ces cours d'eau, de caractère méandriforme, ont aménagé avec la mer le littoral.

Le complexe littoral.

Il comporte des lagunes isolées par des cordons littoraux auxquelles s'associent aussi la mer, les marais vaseux, les lacs et s'étend sur une bande continue de largeur croissante d'ouest en Est (3 km vers le Togo et 10 km au Sud de Porto-Novo)

D'un point de vue géologique, on distingue dans ce bassin trois grandes formations géologiques d'origine marine et continentale. Ces formations consistent en des terrains d'âge secondaire, (le Crétacé supérieur), des terrains d'âge tertiaire (Eocène et le Continental Terminal), des terrains quaternaires alluviaux littoraux et marins.

L'ensemble de ces formations se présente comme une série monoclinale qui descend progressivement vers le sud et le sud-est sans accident tectonique majeur, et en discordance sur le socle granito-gneissique ancien qui affleure au Nord du Bassin.

Ce bassin s'est mis en place par le jeu, d'une part des fluctuations du niveau marin qui ont engendré des transgressions suivies de régressions, et d'autre part par les apports de sédiments continentaux et d'alluvions fluviales. Toute cette dynamique fut donc à l'origine des phases successives d'érosion ou de stabilité du matériel géologique. Aussi la naissance des vallons dans ces formations sédimentaires n'est qu'une conséquence de l'une de ces transgressions.

I -1.1. Héritage des transgressions et régressions marines du quaternaire : ouverture des vallées dans les formations sédimentaires

Une élévation de la mer à un niveau supérieur à l'actuel, pendant la phase transgressive de l'Inchirien a permis le développement d'une côte à falaise entaillée dans le Continental Terminal.(SLANSKY 1969)

La chute du niveau marin, successive à l'acmé glaciaire ( régression de l'Ogolien ) a donné lieu à la formation d'une côte d'émersion au cours de laquelle les cours d'eau ont incisé des vallées pénétrant profondément dans le continent. Ainsi les cours d'eau venant du Nord ont cessé d'accumuler des matériaux dans la plaine de la Lama. Ces cours d'eau de direction Nord-Sud, l'Ouémé, le Mono et le Couffo creusèrent à cette période de larges entailles dans le bassin. C'est vraisemblablement en cette période (début du Quaternaire) que ces trois grands cours d'eau, en des endroits donnés ont sculpté les rebords de plateaux donnant ainsi naissance à des vallons que l'on observe encore aujourd'hui.

Le plus puissant de ces fleuves, l'Ouémé entailla sur ses rives gauche et droite plusieurs vallons échancrures dans les plateaux d'Allada et de Sakété-Pobè, dont ceux du Zounvi et du Boué.

I -1.2. Les vallons échancrures du plateau de Sakété-Pobè.

Le plateau de Sakété-Pobè s'étend du nord au sud sur une centaine de kilomètres, depuis le rebord de l'escarpement dominant la dépression de la Lama, jusqu'à la lagune de Porto-Novo. Les limites ouest et est sont d'une part dessinées par la vallée de l'Ouémé, et d'autre part par la frontière nigériane en partie parcourue par le vallon d'Aguidi.

La surface d'ensemble s'incline légèrement vers le sud par des pentes peu marquées. (Pobè 135 mètres pour atteindre Porto-Novo 29 mètres)

Le plateau présente plusieurs petites dépressions fermées et est sculpté en des ravins d'érosion. Du nord au sud, le paysage du plateau Sakété-Pobè devient de plus en plus vallonné et morcelé par un complexe de rivières aux vallons encaissés : ce sont en particulier, les rivières de Gbadahoui, Aho, Adjarra, qui se présentent comme une véritable digitation, à l'est du plateau et convergent vers les régions marécageuses situées à proximité de la lagune (carte n°1). Ces deux vallons définissent en effet deux grands bassins-versants à l'ouest de Porto-Novo et représentent une petite partie du réseau hydrographique de l'Ouémé. Les deux cours d'eau qui y coulent, le Zounvi et le Boué, ne sont là que des cours d'eau d'ordre 2.

Le rebord ouest du plateau est entaillé par plusieurs vallons. Et un peu plus au Sud (Porto-Novo) par ceux du Boué et du Zounvi. Ainsi on peut distinguer 9 principaux vallons d'importance variable et de dimensions diverses dont le plus grand est celui d'Akoligbé. Cependant tous sont caractérisés par la présence de forêt marécageuse (en dégradation selon les cas). Ce sont en général des bas-fonds avec des versants aux pentes assez fortes (8 à 12 %)

I -1.3. Les vallons du Zounvi et du Boué 

Porto-Novo couvre aujourd'hui 5213 ha (SERHAU SA, 2001) et les milieux humides (Boué, Zounvi, Donoukin) ne représentent que 430 ha soit 8,25 % de la superficie urbaine actuelle. Quant à ces deux vallons, l'un, le Zounvi est englobé par la ville et l'autre, le Boué est situé à la périphérie de Porto-Novo à 7 Km environ du centre ville.

Une partie de ces vallons est constituée de bas-fonds en amont. En effet, d'après Raunet (1985), un bas-fond est une zone basse du paysage, à fond plat ou concave, située à la tête des réseaux hydrographiques, sans cours d'eau ou avec un lit mineur peu marqué. Ce sont des vallées et de petites vallées inondables qui recueillent les eaux de ruissellement en provenance du bassin-versant et constituent des axes de drainage élémentaire. Ce sont des axes de convergence préférentielle des eaux de surface, des écoulements hypodermiques et des nappes phréatiques qui sont contenues dans le sol et alimentées par les pluies.

Les nappes sont à faible profondeur et affleurent une partie de l'année. (graphique n°1).

Selon d'autres auteurs, par exemple Houndagba et alii (1996), «les bas-fonds sont les parties les plus en amont du système hydrographique. Sont concernés : les fonds de vallée stricto sensu, les petites plaines alluviales qui peuvent être inondées une partie de l'année, ainsi que les glacis et les versants qui contribuent au fonctionnement hydrique de ces zones dépressionnaires. »Il ressort de ces définitions que le bas-fond fait partie intégrante d'un bassin-versant et d'un réseau hydrographique.

Graphique n°1: Le bas -fond dans la toposéquence

Source : D'après Raunet 1985

I -1.3.1. Le Zounvi

Ce vallon présente des pentes relativement importantes sur ses versants en tête de vallon. Il se constitue un amphithéâtre naturel en tête de vallon dont les pentes sur ces versants varient entre 6 et 8%. En raison de l'importance relative de ces pentes sur les versants, on observe une érosion par ravinement à certains endroits où la végétation est inexistante ; le ruissellement des eaux pluviales emporte alors des quantités importantes de sédiments vers les bas de versants

Le Zounvi présente un bas-fond tout particulier en amont. En effet, il s'agit d'un bas-fond, large de 30 à 100 mètres de part et d'autre du cours d'eau, inondé pendant la saison des pluies. Aussi le bas-fond a le tracé net d'un lit mineur et la pente moyenne d'amont (Projet Songhaï) en aval au niveau du Pont de Tokpota, dans le bas-fond, est de l'ordre de 0,5%.

I -1.3.2 Le Boué

Cette petite vallée échancrure est caractérisée par des pentes assez fortes comprises entre 8 et 12 % sur ses versants. La pente moyenne dans le bas-fond est un peu plus importante que celle du Zounvi, soit environ 1,5%. Le bas-fond est ici plus large que celui du Zounvi et s'étend environ de 300 mètres de part et d'autre du cours d'eau Boué (Hessou)7(*). C'est un milieu façonné par l'alternance de basses et hautes eaux du Boué. Cette alternance a créé un espace inondable où les sédiments provenant surtout de l'amont et des versants ont permis le développement d'une riche formation végétale.

On remarque déjà que certaines portions de versants où le couvert végétal est discontinu ou quasiment inexistant sont de plus en plus sujets à deux formes d'érosion : l'érosion linéaire (rill erosion), et l'érosion par ravinement (gully erosion)

I - 2. Les caractéristiques des zones humides des vallons du Zounvi et du Boué.

Les vallons du Zounvi et du Boué abritent des écosystèmes humides avec des biocénoses et biotopes particuliers qui leur donnent une certaine originalité. Cependant la préservation de ces milieux humides se trouve de plus en plus compromise par l'occupation actuelle du sol dans les deux vallons à des degrés divers.

I - 2.1. Le vallon du Zounvi

I - 2.1.1. Les éléments naturels du fond de vallon du Zounvi

Le Boué et le Zounvi sont caractérisés surtout par trois éléments fondamentaux en étroite relation les uns avec les autres. Ces trois éléments restent conditionnés par un climat subéquatorial humide avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches. On peut retenir les sols hydromorphes (VOLKOFF B., WILLAIME P. 1976) , la présence de l'eau , la végétation hydrophile.

· Les sols hydromorphes

Il s'agit de sols dont l'évolution est en rapport avec la présence quasi-permanente de l'eau (l'eau de remontée de la nappe phréatique, l'eau d'écoulement fluviatile). Ce sont des sols hydromorphes moyennement organiques humiques à gley non salé reposant sur un matériau alluvial lagunaire et alluvio-colluvial fluviatile.

De teintes sombres, argilo-sableux ces sols supportent une végétation hydrophile et hygrophile et la décomposition de la matière organique se trouve ralentie. L'excès d'eau dans ces sols s'exprime par un engorgement permanent de surface ou de profondeur. L'engorgement prolongé rend peu exploitables ces sols par l'agriculture : ici seule la culture du riz pluvial ( Oryza sativa) est a priori possible.

Enfin sur les marges du bas-fond se rencontrent des sols à hydromorphie temporaire et aux teintes sombres.

· La présence de l'eau.

L'engorgement de l'eau est naturellement permanent dans tout le bas-fond. La profondeur du cours d'eau croit selon que l'on se dirige vers l'aval du bas-fond. Ainsi de 0,20 m à certains endroits de la tête de vallon on passe à 1,30 m à l'aval (proche du pont de Djassin). Cependant en raison des actions anthropiques, on assiste à un écoulement faible du cours d'eau et à une stagnation par endroits.

· La végétation.

Il s'agit d'une végétation de forêt marécageuse de Raphia sp. et Symphonia globulifera à l'origine ( Mondjannagni 1969) qui se dégrade en laissant place à des plages importantes de groupement herbacé de Cyclosorus sp. essentiellement. Cette végétation originelle de par sa richesse et sa spécificité constitue un abri pour la faune aquatique (les poissons) et terrestre (avifaune, certains mammifères et reptiles). En outre, elle offre d'abondantes ressources forestières pour les hommes.

Ce milieu humide connaît aujourd'hui une occupation toute différente.

I - 2.1.2. L'occupation du sol dans le fond de vallon du Zounvi.

Du fait de sa position géographique, le Zounvi est actuellement sujet à un débordement de l'espace urbain (habitat, infrastructures) avec tous ses effets néfastes. Les travaux de terrain nous ont permis d'évaluer la surface occupée par les faits humains, habitat, voies de communication, dépotoirs d'ordures dans le tableau n° 1.

Tableau n°1 : Occupation du sol dans le Zounvi

Types d'occupation du sol

Superficie

Superficie en %

Habitat

1,05 ha

1,09

Infrastructures( routes et ponts)

0,69 ha

0,66

Dépotoirs d'ordures

3,52 ha

3,33

Végétation

98,74 ha

94,94

Total

104 ha

100

 

Source : d'après les travaux de terrain et les photographies aériennes de la mission IGN BEN 94

Cette occupation du sol est liée à la progression du lotissement sur les deux versants, lequel lotissement a atteint les berges et même le fond de vallon.

On observe des constructions de maisons dans le fond de vallée en tête de vallon comme l'indique la carte n°2 ; cette partie du vallon connaît également une forte occupation par des dépotoirs sauvages d'ordures et des infrastructures (voies et ponts). De ce fait, la stabilité de ces écosystèmes se trouve menacée car les faits humains occupent 5,26 ha soit 5,32% de superficie totale du fond de vallon (104 ha). La conséquence est la dégradation de la végétation dans ses différentes composantes que sont une forêt marécageuse de Raphia, une forêt marécageuse de Raphia en dégradation, les champs de Thallia welwitschii, les mosaïques herbacées de Cyclosorus et de Thallia sp. avec quelques plages de bananeraies.

I - 2.2 Le vallon du Boué

I - 2.2.1. Les éléments naturels du bas-fond de vallon du Boué

· Les sols hydromorphes.

On rencontre deux types de sols dans le fond de vallon.

a- Les sols hydromophes moyennement organiques humiques à gley non salés à anmoor acide sur matériau alluvial deltaïque : ce sont des sols qui se caractérisent par une texture beaucoup plus argileuse (40-80%)

Les horizons profonds de ces sols sont engorgés par les eaux d'une nappe phréatique permanente à moins d'un mètre. Les profils de ces sols rencontrés présentent un horizon superficiel de 25 à 30 cm, gris noir avec une relative richesse en matière organique ( 10 à 15%). Cette matière organique reste assez mal décomposée 8(*). Cet horizon surmonte un autre qui est caractérisé d'un gris foncé et d'une texture argileuse compacte avec des tâches ocre-rouille. Il s'agit de sols un peu acides, le pH oscillant autour de 59(*).

b- Les sols hydromorphes moyennement organiques à pseudo-gley à tâches et concrétions sur sable ou sur sable sur argile.

Les quelques prélèvements de sol surtout en tête du vallon montrent qu'il s'agit de sol à texture sableuse (sables grossiers).On distingue un horizon supérieur gris-noir (15 à 25cm) ; tandis qu'en profondeur l'horizon est d'un gris clair et la texture reste sableuse.

Ces sols connaissent les fluctuations d'une nappe phréatique à faible profondeur ; ce qui induit des tâches et concrétions dans les différents horizons. Cette nappe phréatique n'est pas permanente d'où l'appellation pseudo-gley.

Le cours d'eau draine essentiellement ces sables grossiers des horizons supérieurs et les déposent en aval : c'est une sédimentation contre laquelle les populations luttent en creusant en aval le fond de la rivière.

· La présence de l'eau

A l'opposé du Zounvi, le Boué a un tracé net avec des profondeurs plus importantes allant de 0,5 mètre à l'amont à 1,70 et même 1,80 mètre à l'aval. Ici l'engorgement de la zone humide n'est pas permanent ; l'espace riverain se trouve inondé pendant les saisons pluvieuses avec une hauteur d'eau parfois de 0,75 mètre.

· La végétation

La végétation reste encore assez intacte avec une forêt à Elaeis guinensis et le palmier Raphia auxquelles s'ajoutent certaines espèces ligneuses telles que l'Artocarpus communis (arbre à pain) et le Symphonia globulifera.

Cette végétation tout comme dans la Zounvi offre une richesse spécifique, des ressources forestières importantes et un habitat pour la faune.

I - 2.2.2. L'occupation du sol dans le fond de vallon du Boué

D'après la carte d'occupation du sol dans le Boué (carte n°3) les éléments principaux de l'occupation du sol peuvent se regrouper comme suit au tableau n°2 : les infrastructures, (les routes uniquement), les bassins piscicoles aménagés par les riverains, l'habitat et la végétation.

Les artifices humains occupent environ 2,15 ha dans ce vallon soit 0,8% de la superficie du fond de vallon (260 ha).

Cette occupation du fond de vallon met en relief l'importance de la formation végétale naturelle (la forêt marécageuse ) et des champs de jachère qui constituent une utilisation du sol par les hommes. L'habitat se trouve réduit à quelques hameaux et villages sur les versants. Cependant on remarque déjà la présence de maisons en tête de vallon sur les berges. La voie qui traverse le vallon avec un pont, et la Route nationale n°1 sur la tête de vallon ne sont que les seules infrastructures. En somme, le milieu naturel paraît ici moins atteint par les incidences d'une péri-urbanisation.

Tableau n°2 : Occupation du sol dans le Boué

Types d'occupation du sol

Surfaces

Surfaces en %

Habitat

0,85 ha

0,32

Infrastructures, routes uniquement

1 ha

0,38

Bassins piscicoles

0,30 ha

0,11

Végétation

258 ha

99,23

Total

260 ha

100

Sources :Travaux de terrain, fond topographique IGN 2000 et photographies aériennes IGN BEN 1994

I - 2.3. Eléments de comparaison du Zounvi et du Boué

Le Zounvi et le Boué sont certes des zones humides. Mais tout en ayant des ressemblances, ils diffèrent autant par leurs caractéristiques naturelles que dans leurs éléments d'occupation du sol.

Caractéristiques naturelles

Les différentes caractéristiques naturelles des zones humides du Zounvi et du Boué permettent de les rapprocher du point de vue des ressources qu'elles offrent, des fonctions écologiques qu'elles assurent qui ont été rassemblées au tableau n°3. Ces caractéristiques naturelles ont été identifiées en consultant les travaux du PAZH et lors des travaux de terrain.

Les ressources

La valeur des deux zones humides peut être appréciée en termes d'utilisation de ces ressources pour la satisfaction des besoins des populations locales. Ainsi les bas-fonds étudiés offrent nombre de ressources qui peuvent être regroupées en quatre groupes, les ressources fauniques, les ressources végétales, les ressources en eau, les services.

Les ressources fauniques

Les deux bas-fonds abritent d'importantes populations avifaune (éperviers, tisserands, etc.), aquatique et une faune terrestre (chat sauvage, écureuil, aulacode, etc.). Cependant dans le Boué ces populations sont un peu plus nombreuses compte tenu de l'occupation du sol et de l'exploitation des ressources fauniques dans le Zounvi.

Les ressources végétales

On observe également d'importantes quantités de ressources forestières (forêts marécageuses). Néanmoins, d'après les cartes d'occupation du sol des deux vallons une nette diminution de ces ressources se remarque dans le Zounvi, ce qui est à l'origine de la diminution de certaines populations fauniques dans ce vallon.

Les ressources en eau

Le Zounvi connaît une décroissance des superficies occupées auparavant par l'eau du fait du type d'occupation du sol qui a lieu.

Les services

Enfin ces deux bas-fonds peuvent fournir plusieurs services et favoriser des activités telles que l'agriculture (cultures maraîchères), l'aquaculture (pisciculture), le tourisme et des recherches en matière d'écologie appliquée et de suivi de certains écosystèmes humides.

Les deux bas-fonds présentent chacun des zones humides ayant un caractère unique du fait de la biodiversité qu'elles offrent. Cette valeur des zones humides est en général indépendante de leur utilisation par les populations locales et relève d'un caractère esthétique et appartient au patrimoine naturel de la communauté1(*)0. De ce fait ce patrimoine doit être sauvegardé pour les générations futures.

Les fonctions

Il est évident que plusieurs phénomènes naturels et activités économiques seraient considérablement altérés ou viendraient à disparaître si ces deux zones humides n'assuraient plus un certain nombre de fonctions écologiques convenablement. Parmi les nombreuses fonctions écologiques qu'assurent ces milieux humides, certaines sont fondamentales à relever (tableau n°3) et communes aux deux milieux. Ainsi les fonctions telles que la rétention et l'exportation des substances nutritives, l'alimentation des nappes phréatiques, l'influence sur les conditions climatiques locales, le rôle dans le cycle de vie de certaines espèces de faune et la préservation de l'intégrité d'autres écosystèmes, sont communes aux deux vallons avec certaines nuances.

La rétention et l'exportation des substances nutritives des substances nutritives sont deux fonctions observées dans le Boué comme dans le Zounvi. Toutefois le Boué de par sa structure, assure beaucoup plus une rétention de substances organiques et minérales.

En effet, seule une partie de la végétation des zones humides est consommée et transformée en biomasse animale ( déjections, carcasses, etc.)

Les deux zones humides connaissent une alternance inondation / décrue qui permet cette fonction. Les eaux en se retirant (décrue) favorisent l'aération du sol, et par suite, la rapide décomposition de la matière organique et la libération d'éléments minéraux et de composés organiques solubles qui fertilisent leurs zones humides.

Tableau n°3 : Comparaison des valeurs des zones humides du Zounvi et du Boué

Ressources

Dans le Zounvi

Dans le Boué

Poissons

-

+

Ressources forestières

-

+

Faune sauvage

-

+

Fonctions

 
 

1- Rétention des substances nutritives

*

*

2- Exportation des substances nutritives

*

*

3- Alimentation de la nappe phréatique

*

*

4- Epuration de l'eau

*

*

5- Influence sur les conditions climatiques

*

*

6- Rôle dans le cycle de vie certaines espèces de faune

*

*

7- Préservation de l'intégrité d'autres écosystèmes

*

*

Source : Travaux de terrain 2002 et Rapport de formulation du PAZH

Importance de la valeur : * : présente ;  - : faible, en décroissance ; + : assez important

L'alimentation de la nappe phréatique, l'influence sur les conditions climatiques, le rôle dans le cycle de vie de certaines espèces de faune, la préservation de la stabilité d'autres écosystèmes sont autant de fonctions écologiques qui ont lieu à l'intérieur des écosystèmes des deux milieux humides et qui ont des impacts sur d'autres écosystèmes contigus ; c'est le cas par exemple des écosystèmes de la lagune de Porto-Novo qui connaîtraient certainement des incidences négatives si les modifications écologiques dans ces vallons devenaient irréversibles.

En effet, l'alimentation de la nappe phréatique et l'influence sur les conditions climatiques locales sont liées à la structure même des milieux humides. La seconde est d'ailleurs nécessaire dans le paysage urbain dans lequel s'insèrent les deux vallons pour atténuer les effets néfastes de la pollution atmosphérique.

L'épuration de l'eau est une fonction surtout assurée dans le Zounvi où des infrastructures ont

été aménagées pour conduire les eaux de ruissellement de la ville dans le vallon.

II - LES FACTEURS DETERMINANTS DE L'OCCUPATION DU SOL ET DE LA PRESSION URBAINE DANS LE ZOUNVI ET LE BOUE.

II- LES FACTEURS DETERMINANTS DE L'OCCUPATION DU SOL ET DE LA PRESSION URBAINE DANS LE ZOUNVI ET LE BOUE.

L'occupation du sol dans ces deux zones humides dépend de plusieurs facteurs concourant non seulement à l'extension urbaine mais aussi à la transformation des zones jadis rurales en zones urbaines.

La première cause reste la dynamique démographique; à celle-ci s'ajoutent le lotissement et les divers aménagements qui sont à l'origine des transformations de ces vallons. Enfin la production des ordures, le dernier facteur reste liée aux types de ménages et activités urbaines (II-4).

II - 1. La dynamique démographique

La dynamique démographique de la ville de Porto-Novo explique en partie à la fois l'occupation du sol et l'extension urbaine.

La ville présente à la carte n°4 un centre urbain encore appelé "noyau" très dense autour duquel s'étend une zone de quartiers résidentiels qu'on peut appeler "zone d'extension".

On remarque que la zone d'extension de la ville joint le vieux centre urbain délimité par le boulevard Catchi-Adjarra Dokodji-Agbokou. Cette zone d'extension se distingue par la forme de ces grandes voies circulaires.

L'étude de la dynamique démographique et des densités a donc considéré le vieux centre et la zone d'extension de la ville (carte n°4) comme les deux paysages urbains qui se distinguent dans la ville.

II - 1.1. Croissance de la population de la ville de Porto-Novo

D'après le graphique n°2, l'effectif de population de la ville en 1965 a quintuplé en 2002. Cette courbe montre trois phases dans la croissance démographique de la ville en relation avec les fonctions de celle-ci : 1960 - 1975 (1ère phase), 1975 - 1997 (2è phase) et 1997 - 2002 (3è phase).

La 1ère phase est caractérisée par une dynamique démographique rapide : la population est passé de 64000 habitants environ en 1960 à 102.600 en 1975. Le taux d'accroissement démographique annuel était de l'ordre de 4,3%. Cette dynamique s'explique bien par le rôle de capitale qu'assurait alors la ville avec la présence de la plupart des institutions politiques et administratives.

La 2e phase (1975-1997), plus longue (22 ans), a plutôt connu une plus faible croissance démographique, en 22 ans l'effectif de population est passé de 127.000 environ à 200.000 habitants : le taux d'accroissement annuel démographique a diminué et oscillait autour de 2,3%. Ce faible accroissement dépend essentiellement du statut de la ville qui avait perdu de ses attributs de capitale avec le transfert à Cotonou des institutions de la république. Cette délocalisation des grands services de l'Etat s'est accompagnée d'une émigration continue d'une partie de sa population vers Cotonou, devenue capitale politique et économique du pays (INSAE 1997).

Graphique n°2 : Croissance des effectifs de population dans la ville de Porto-Novo

Effectifs de population

Source : INSAE, RGPH I et II

La 3e phase qui dure 5 ans connaît à nouveau une croissance un peu plus soutenue ; en 5 ans la population a augmenté du quart de son effectif. Ceci s'explique par un certain regain de dynamisme que connaît la ville et le peuplement progressif de la périphérie et son extrême périphérie.

II - 1.2. Croissance de la population des quartiers limitrophes des deux vallons

Dans le cas des quartiers limitrophes du Zounvi, les effectifs de population ont augmenté sensiblement passant de 7080 habitants en 1979 à 18944 habitants en 1992. Cette croissance démographique s'est accompagnée de l'augmentation du nombre de ménages soit de 1346 à 2706 ménages (tableau n°5). Le nombre de ménages a donc plus que doublé précisément dans les quartiers Djassin-Kpèvi, Avakpa-Tokpa, Tokpota I. De ce fait, les besoins en espace à bâtir se sont accrus. L'installation humaine anarchique a même amené à voir construire des maisons jusque dans le fond du vallon. C'est là sans doute un facteur de la prolifération des dépôts sauvages d'ordures ménagères

D'après le tableau n°4, les quartiers Tokpota I et II se sont davantage peuplés et Tokpota II reste le quartier où l'accroissement démographique est le plus élevé pendant cette période. C'est le signe du peuplement progressif de Tokpota surtout avec le démarrage des opérations de lotissement en 1985. Les quartiers tels que Foun Foun Tokpa, Djassin Daho n'ont pas connu un accroissement démographique très significatif durant cette période pour deux raisons. En effet, Foun Foun Tokpa est un ancien quartier où l'espace est moins disponible que dans les autres quartiers limitrophes du Zounvi et Djassin Daho était encore assez rural et n'avait pas encore connu de lotissement.

Tableau n°4: Evolution des effectifs de population dans les quartiers limitrophes du Zounvi

Quartiers périphériques du Zounvi

Nombre d'habitants en 1979

Nombre d'habitants en 1992

Accroissement moyen annuel

Djassin Daho

926

994

1,00

Djassin Kpèvi

579

2133

1,10

Avakpa Tokpa

975

2197

1,06

Tokpota I

2055

5993

1,08

Tokpota II

1152

5682

1,13

Foun Foun Tokpa

1393

1945

1,02

Totaux

7081

18944

1,07

Source : D'après les résultats des RGPH 1 et 2.

Tableau n°5: Accroissement du nombre de ménages dans les quartiers limitrophes du Zounvi

Quartiers riverains du Zounvi

Nombre de ménages (1979)

Nombre de ménages (1992)

Djassin Daho

182

182

Djassin Kpèvi

122

440

Avakpa Tokpa

167

410

Tokpota I

384

926

Tokpota II

256

407

Foun Foun Tokpa

235

341

Totaux

1346

2706

Source : D'après les résultats du RGPH 1 et 2.

Dans le cas du Boué, on observe également une tendance similaire. Les trois quartiers de l'actuelle commune d'Akpro-Missérété ont connu un accroissement relativement faible de leur population durant cette période 1979 - 2002 (tableau n°6). Ainsi entre 1979 et 1992 les accroissements moyens annuels respectifs étaient de 0,96 % et 0,98 % à Vakon Azohoué et Danto. En réalité, ces quartiers reçoivent un peuplement progressif grâce aux opérations de lotissement du quartier "Les Palmiers". L'arrondissement de Vakon Gbo reste encore très rural et confronté à l'exode rural, c'est la raison qui explique son faible accroissement démographique au tableau n° 6.

Tableau n°6 : Evolution des effectifs de population dans 3 quartiers riverains du Boué

Quartiers

Nombre d'habitants en 1979

Nombre d'habitants en 1992

Accroissement moyen annuel

Danto

1482

2394

0,96

Vakon Azohoué

1985

3308

0,96

Vakon Gbo

2478

2980

0,98

Total

5945

8682

0,97

Source : RGPH I et RGPH II

II - 2. La répartition de la population dans la ville de Porto-Novo.

Les densités de population permettent d'approfondir l'analyse du rôle de la démographie dans l'occupation actuelle du sol. Le graphique n°3 permet de constater une croissance continue de la densité sur l'espace urbain durant cette dernière décennie : de 35,82 habitants à l'hectare en 1992, la densité urbaine a dépassé aujourd'hui 47,5 habitants à l'hectare . La densité actuelle cache cependant deux observations : la disparité des densités d'une zone à une autre et le mouvement de peuplement de la zone d'extension.

Graphique n°3 : Evolution de la densité de population de Porto-Novo

Source : RGPH II et Prévisions démographiques au Bénin de 1997 à 2025, INSAE.

II - 2.1. Les densités de population dans Porto-Novo

Il faut rappeler que le vieux centre de Porto-Novo couvre 1339 ha soit 25,68% de la superficie urbaine. La zone d'extension de la ville fait 3191 ha soit 61,21 % des 5213 ha de la ville actuelle. Dans l'ensemble de la ville, les densités diminuent du sud vers le nord donc du vieux centre vers la périphérie. Mais l'évolution des densités est nettement plus sensible à la périphérie du vieux centre que dans celui-ci. (tableaux n°7, 8 et 9).

La densité moyenne du vieux centre stagne presque autour de 66 habitants à l'hectare : le vieux centre ne peut connaître une évolution sensible compte tenu des limites physiques qu'il présente. Autrement dit, il est difficile d'entrevoir l'existence de nouveaux ménages occupant de nouvelles parcelles dans cet espace parce que les parcelles sont déjà construites et occupées. Il en résulte que ces ménages préfèrent occuper plutôt la zone d'extension, d'où la croissance sensible des effectifs de population et densités dans la zone d'extension de la ville et la faible variation des effectifs de population dans le vieux centre au tableau n°7.

On peut même conclure à une tendance à la baisse des effectifs de population d'après le tableau n°8 dans les quartiers tels que Ahouantikomé, Avassa, Déguè Gare, Oganla, et Zèbou.

Tableau n°7 : Evolution des effectifs de populations et des densités (1979-1992) dans

certains quartiers du vieux centre de Porto-Novo

Ex-Commune

Superficie en ha

Nombre d'habitants en 1979

Densité (hab./ha)

1979

Nombre d'habitants en 1992

Densité

(hab./ha)

(1992)

Akron

71

4712

66,36

5393

75,95

Attakè

466

16505

35,41

22259

47,76

Djassin

281

7044

25,06

8160

29,03

Foun-Foun

215

14007

65,14

15256

70,95

Houèzounmè

21

4624

220,19

4694

223,52

Iléfiè

75

7122

94,96

7327

97,69

Source : D'après les RGPH I et RGPH II

Tableau n°8 : Evolution des densités dans certains quartiers du vieux centre de Porto-Novo

Ex-communes

Superficie en ha

Nombre d'habitants en 1979

Densité (hab/ha) en 1979

Nombre d'habitants en 1992

Densité (hab/ha) en 1992

Ahouantikomé

35

6292

179,77

5134

146,68

Avassa

41

4377

66,36

4064

99,12

Dèguè Gare

58

8566

35,41

7941

136,91

Oganla

60

5081

84,68

4342

72,36

Zèbou

16

5321

332,56

3246

202,25

Source : D'après RGPH I et RGPH II

La densité de la zone d'extension qui était de 15,51 habitants/ ha en 1979 a sensiblement augmenté en 1992, et atteint pratiquement 29 habitants/ha. Cette évolution de la densité s'est surtout observée dans les communes de Djègan Daho au Nord-Est, et Ouando à l'Ouest de la ville : le peuplement fut important dans ces deux communes où les effectifs de population ont plus que doublé. (tableau n°9).

Ce peuplement de la périphérie s'est fait rapidement avec les nombreuses opérations de lotissement qui ont entraîné l'installation de plusieurs ménages.

Aujourd'hui, on peut considérer les quatre grands quartiers de Djègan Daho, Houinmè, Hounsouko et Ouando comme étant, non seulement la zone en peuplement mais aussi la zone la plus dynamique du point de vue de la mobilité des citadins, de la multiplication des activités urbaines et de l'aménagement par l'habitat surtout, et de quelques infrastructures. Graphique n°4: Evolution des effectifs de population et des densités (1979-1992) dans la zone

d'extension de Porto-Novo

Source : D'après les résultats des RGPH I et II (INSAE)

II - 2.2. Différenciation du peuplement : comparaison entre le Zounvi et le Boué

Dans les quartiers limitrophes du Zounvi on s'aperçoit qu'il existe une population importante autour du vallon, beaucoup plus forte à l'Est (Foun-Foun) qu'à l'Ouest (Ouando).

Le Boué connaît une situation similaire : l'Ouest du vallon est moins peuplé que l'Est (arrondissement de Ouando), directement exposé à l'avancée du peuplement. On observe également une nette différence entre la population concentrée autour du Zounvi et celle plus éparse autour du Boué. Sur cette base, il s'établit une discrimination au niveau de l'activité humaine, du nombre de ménages et même de leur taille. En effet, la taille des ménages dans les quartiers tels que Foun Foun ou Djassin sont de l'ordre de quatre personnes tandis que les ménages, à Vakon et à l'Est du Boué, sont moins nombreux mais importants en taille : au moins six personnes par ménage.

Les activités, exercées par les populations et recensées lors des travaux de terrain constituent aussi un critère discriminant du peuplement des deux vallons. Les riverains du Boué exercent pour la plupart des activités agricoles et ont besoin d'une certaine préservation des ressources de ce vallon. A l'opposé, les riverains du Zounvi exercent souvent des activités du secteur tertiaire (commerce, services administratifs) et de transformation artisanale : la forge, la menuiserie, la maçonnerie, etc. Cette population active citadine a surtout besoin d'espace pour construire des maisons et jeter leurs ordures ménagères.

En somme, les effectifs de population et les activités rendent compte des divers effets et impacts sur les écosystèmes de ces vallons et les menaces qui pèsent sur eux.

II- 2.3 L'extension urbaine par des lotissements : comparaison entre le Zounvi et le Boué

L'un des facteurs déterminants de l'occupation du sol dans les deux zones humides reste le lotissement.

Le lotissement, élément de dynamique de l'urbanisation est une opération de relative sécurisation de la propriété et de production du foncier urbain. Il favorise l'installation humaine et entraîne une densification du parcellaire urbain. (P. George, Dictionnaire de géographie 2001).

Dans le Zounvi, les premières opérations de lotissement ont débuté en 1985 dans les quartiers de Tokpota. Il s'en est suivi un peuplement progressif facilité par l'édification d'un habitat assez épars.

Dans sa mise en oeuvre, il a nettement atteint le fond de vallée surtout en tête de vallon et à l'aval, mordant sur la berge au-delà de la côte de 5 m sur les alluvions de la zone humide comme le montre la carte n°5. On observe à l'aval des constructions de maisons non seulement sur les berges mais aussi près du talweg sur des remblais. Ainsi l'habitat qui occupe déjà quasiment les versants va progressivement s'étendre dans le fond de vallée.

D'après la carte n°5, le bâti est nettement plus important sur le versant est que sur le versant ouest : l'habitat est plus moderne avec 71 îlots de parcelles. Ceci confirme d'ailleurs le mouvement de péri-urbanisation du vieux centre vers la périphérie. De nos jours, les parcelles loties coûtent plus chères : plus d'un million 1.000.000 de F CFA pour 500 m2(en 2002) alors que les mêmes parcelles coûtaient au plus 300.000 F CFA il y a 12 années ; ce qui démontre la spéculation foncière et l'intérêt de la population à s'installer dans ces quartiers.

La carte n°6 fait remarquer que, dans le Boué, l'habitat est vraiment épars autour du vallon : Vakongbo et Azohouè présentent de nombreux hameaux dispersés, futurs noyaux de regroupement humain. Le versant Ouest ne connaît pas de lotissement car il se situe dans l'actuelle commune rurale d'Akpro-Missérété. Cependant en tête de vallon et à l'est du vallon un lotissement est en cours. Aussi observe-t-on des constructions de maisons sur les berges de la zone humide en tête de vallon notamment.

L'importance de l'habitat et des opérations de lotissement propres au Zounvi explique qu'il y a un fort mouvement de péri-urbanisation d'un vallon en milieu rural, presque totalement urbain aujourd'hui.

II - 3. L'extension des infrastructures et des équipements : comparaison entre le Zounvi

et le Boué.

Le lotissement a permis aux quartiers à l'ouest de Zounvi de recevoir son peuplement. En outre un certain nombre d'infrastructures, d'aménagements mis en place, facilitent l'accès à ces quartiers; à l'opposé, la carte n°7 montre que le Boué dispose de peu d'infrastructures par rapport à la carte n°8 qui fait l'état de nombreux aménagements dans le Zounvi.

II - 3.1.  Les ouvrages de transport

II - 3.1.1. Les ponts

Le pont de Tokpota traverse d'est en ouest le bas-fond du Zounvi. Il permet ainsi de joindre facilement Tokpota ou Foun Foun sans faire un détour. Il s'agit d'un pont métallique double voie avec passage pour piéton tel que le tableau n°10 le présente. Achevé en 1998, il connaît une circulation assez importante (un peu plus de 1000 usagers par jour d'après la Direction des Transports Terrestres).

Pour la réalisation de ce pont, il a fallu combler la voie y accédant directement au moyen de sable marin essentiellement, asséchant ainsi des endroits dans le fond de vallon.

Tableau n°10: Caractéristiques du pont métallique de Tokpota

Caractéristiques

Dimensions en (m)

Longueur totale de l'ouvrage

17,50

Largeur roulable

4 m x 2 = 8

Largeur des trottoirs

0.70

Hauteur Totale *

2,2

* Hauteur par rapport au fond du lit. Source : Direction des Transports Terrestres

· Une voie pavée et un pont (pont de Djassin) traversent également le fond de vallon du Zounvi à l'aval. Le tableau n°11 permet de comprendre que la construction de la voie pavée a nécessité le remblai du fond de vallon jusqu'à une hauteur de 6 mètres (par rapport au fond de vallée) avec du sable marin essentiellement.

Le pont n'est en fait qu'un exutoire érigé pour permettre à l'eau de couler, car la voie pavée constitue un barrage au cours d'eau qui coule vers la lagune de Porto-Novo.

La construction de ces deux ouvrages de transport a eu pour conséquence la destruction de la végétation voisine et surtout l'apparition d'une surface libre d'eau envahie par les Nymphea sp. étant donné que ces ouvrages inhibent l'écoulement naturel des eaux.

Tableau n°11: Caractéristiques du pont de Djassin

Caractéristiques.

Dimensions en (m)

Longueur totale de l'ouvrage

15

Largeur roulable

7

Largeur des trottoirs

0,70

Hauteur Totale *

6

 

* Hauteur par rapport au fond du lit Source : Direction des Transports Terrestres

· La voie et le ponceau du Boué (ou Hèssou)

Une voie en terre de 3 mètres de largeur environ, joint le versant est au versant ouest dans le Boué. Au niveau du cours d'eau Boué, un ancien ponceau est érigé pour faciliter le franchissement d'une rive à l'autre. Les caractéristiques de ce pont sont rassemblées au tableau n°12.

Tableau n°12:Caractéristiques du ponceau de Boué

Caractéristiques

Dimensions en (m)

Longueur totale de l'ouvrage

4,5

Largeur roulable

3,25

Hauteur totale *

1,25

* Hauteur par rapport au fond du lit Source : Travaux de terrain en février 2002

II - 3.1.2. Les voies aménagées et les autres

La Route Nationale n°1

Cette route bitumée traverse les deux têtes de vallon(Zounvi et Boué). Elle est large d'environ 8 mètres et n'a quasiment aucune incidence négative sur les vallons.

· Les autres voies.

Il s'agit essentiellement de deux voies en terre non aménagées et créées de toute pièce du fait d'une part, des ordures déversées dans le vallon et, d'autre part de la volonté des riverains de joindre plus facilement l'une ou l'autre des rives du Zounvi. Ces deux voies se retrouvent en tête de vallon ( carte n°8).

II - 3.2. Les ouvrages d'assainissement.

Ces ouvrages existent uniquement dans le Zounvi et pas du tout dans le Boué. Il est en effet utilisé pour recevoir les eaux de ruissellement. On distingue deux types d'ouvrages d'assainissement : les collecteurs et les caniveaux, tous ont été localisés sur la carte n°8.

II - 3.2.1. Les collecteurs

Ce sont des ouvrages de conduite d'eau de ruissellement qui aboutissent au Zounvi. Il s'agit en réalité de grands caniveaux avec des regards et munis d'échelle pour faciliter l'accès à l'intérieur. Ces ouvrages sont de véritables bacs à sable et ordures à cause du caractère inachevé de l'aménagement urbain pour ce qui concerne le sable et de l'incivisme pour ce qui est des ordures. Ces eaux de ruissellement apportent avec elles dans le fond de vallon d'importantes quantités de sable et d'ordures. Dans le Zounvi, trois collecteurs aboutissent dans le vallon (carte n°8) ; deux se localisent sur le versant Est dans les quartiers Foun-Foun Tokpa et Avakpa. Le dernier est en fait l'exutoire du réseau d'assainissement de Ouando. Il s'agit d'un groupe de grands collecteurs qui terminent la rue n°1566. (carte n°8)

II - 3.2.2 Les caniveaux.

Il s'agit de conduits d'eau de ruissellement dallés ou à ciel ouvert ou encore dallés par endroits mais de dimensions parallélépipédiques et plus petits que les collecteurs.

Ces conduits sont utilisés par les populations comme des dépotoirs. Et les eaux de ruissellement charrient ces ordures dans le bas-fond. La plupart de ces caniveaux, se retrouvent sur le versant Est tandis qu'il n'est aménagé que deux caniveaux sur le versant Ouest. Enfin deux caniveaux assurent la conduite des eaux de ruissellement sur le rebord de la route nationale n°1 (carte n°8).

Il ressort de toutes ces analyses que la croissance démographique a favorisé l'extension de la ville de Porto-Novo vers le nord et l'ouest surtout. Cette extension spatiale s'est accompagnée des opérations de lotissement qui en favorisant l'installation humaine a donné lieu à des aménagements. Ces derniers ont quelques incidences négatives surtout sur les écosystèmes humides du Zounvi en raison de l'utilisation de leurs utilisations.

La construction des maisons jusque près du talweg, dans le fond de vallon du Zounvi, pose le problème de besoin d'espace pour construire et habiter et relance le débat de l'occupation anarchique des milieux humides par les populations, cette fois-ci, dans le contexte d'un site de plateau.

II - 4. La production et le besoin de rejet des ordures

On entend par ordures ménagères les résidus de production ou de consommation des ménages. L'augmentation du nombre de ménages dans les nouveaux quartiers périphériques, et la multiplication des activités urbaines engendrent un accroissement des quantités d'ordures produites ; le besoin de rejeter ces ordures loin de ces ménages devient grandissant or, lorsque les déchets solides s'amoncellent en un lieu, ils deviennent très vite une nuisance.

II - 4.1. La situation dans la ville de Porto-Novo

La ville de Porto-Novo se distingue par une quasi-absence d'industries. Il n'existe quasiment pas de déchets industriels. Les déchets sont surtout ménagers et issus des activités de transformation artisanale. Les autorités municipales ont laissé à des entreprises privées, toute la chaîne de l'assainissement quotidien de la ville avec l'avènement de la démocratie et du libéralisme économique. Celles-ci collectent auprès des ménages qui se sont abonnés et transportent les ordures par traction humaine (dans des chariots) ou par des engins motorisés vers les décharges. Ainsi a-t-on assisté à la prolifération de décharges sauvages à plusieurs endroits de la ville surtout les zones a priori inhabitables (les fonds de vallon). Ces dernières ont commencé timidement dans les années 1990 et 1991 ; sept années plus tard, en 1998, elles avaient pris de l'importance et collectaient environ 89 m3 d'ordures par jour selon Tchibozo H. F. 2002. Aujourd'hui ces structures de collecte arrivent à collecter environ 33,76% des ordures ménagères1(*)1 de la ville soit un peu plus de 65 000m3. Cette quantité d'ordures collectées inquiète, étant donné qu'elle n'est pas traitée.

Il existe des zones sans abonnés. Ce sont les zones longeant la lagune de Porto-Novo, les périphéries extrêmes de la ville, les quartiers situés sur les berges des vallons du Zounvi ou de Donoukin, etc. Dans ces quartiers, les populations trouvent les zones basses des vallons toutes proches des sites de dépôt créés par les ONG de collecte de déchets. Elles ne s'abonnent pas à ces ONG de pré-collecte. Ces organisations ou entreprises (tableau n°13) utilisent par exemple le Zounvi comme la destination finale des ordures qu'elles collectent.

Tableau n° 13: Services et organisations privées de collecte d'ordures déversant les ordures dans le Zounvi

Sigles

Définitions

Zones de couverture

Nombre d'abonnés

AVPB

Association Ville Propre Bénin

Ouando, Houinmè

382

JA

Jeunesse Ambition

Tokpota, Ouando, Houinmè

750

CTOM

Centre de Traitement des Ordures Ménagères

Foun-Foun, Houinmè, Déguè Gare, Ouando

436

ALES

Association de Lutte pour un Environnement Sain

Tokpota, Louho

103

SADECO

Santé Développement Communautaire

Tokpota, Foun-Foun, Ouando, Iléfiè

1187

PSS

Propreté Source de Santé

Tokpota

170

SBP

Service Bénin Propre

Axe Centre - Nord-Est

370

Source : Travaux de terrain novembre 2001 et enquêtes CIPCRE (décembre 2001-janvier 2002)

Le tableau n°13 présente 7 entreprises et structures privées qui s'occupent de la collecte des ordures auprès de 3398 ménages et utilisent le Zounvi comme la destination finale de ces ordures. La plupart de celles-ci collectent les ordures dans les quartiers limitrophes (Foun Foun, Tokpota, Ouando, Houinmè) et peu éloignés (Déguè Gare, Iléfiè, Louho) du vallon, et estiment moins coûteux de diriger et déposer leurs collectes d'ordures sur les berges et dans le fond du vallon. Ces entreprises sont les principaux responsables de l'amoncellement des ordures dans ce vallon.

II - 4.2. La situation dans la zone péri-urbaine Ouest de Porto-Novo.

Les principales décharges d'ordures à l'ouest de la ville sont situées dans le bas-fond du Zounvi. A l'opposé, le Boué ne connaît aucune décharge sauvage d'ordures. On distingue dans le bas-fond du Zounvi, 33 dépotoirs de dimensions diverses répertoriés à la carte n°9 ; ces décharges sauvages d'ordures s'étendent sur une surface de 3,16 ha en tout et reçoivent chaque jour des ordures. En effet, d'après les enquêtes effectuées lors des travaux de terrain on peut estimer qu'environ 200 m3 d'ordures sont déversées sur l'ensemble de ces dépotoirs par jour et cela sans compter ce qui est déversé par les riverains du Zounvi. Cependant ces dépotoirs n'en donnent pas l'aspect puisqu'ils sont régulièrement entretenus soit par les riverains soit par les agents de collecte d'ordures (photo n°1).Cet entretien consiste à mettre le feu pour brûler les matières qui peuvent consumer immédiatement.

D'après la carte n°9, la tête de vallon est le secteur abritant le plus de dépotoirs soit 14 dépotoirs. En outre, il existe plus de décharges sauvages d'ordures sur la partie Est (22 décharges) du bas-fond que sur la partie Ouest (13 décharges) ; ce qui se justifie par la provenance des ordures. En effet, les ordures proviennent principalement du centre ville et des quartiers au nord du vallon. Il est donc plus facile aux agents de décharger ces ordures plus rapidement dans les quartiers Foun Foun Tokpa et Avakpa que de joindre la rive ouest : on remarque une prolifération de décharges peu étendues sur cette berge ( au plus 1400 m2 ). La plus petite décharge (47 m2) est située sur cette berge. Mais les décharges les plus étendues se retrouvent sur la berge ouest et atteignent 4800 m: ce qui permet de se rendre compte que l'implantation humaine dans Ouando et Tokpota est en nette progression.

Photo n°1 : Décharge d'ordures à Avakpa, cliché N. Ahouandjinou, novembre 2001

III - La dégradation des zones humides des vallons du Zounvi et du Boué et la gestion urbaine

III- La dégradation des zones humides des vallons du Zounvi et du Boué et la gestion urbaine

L'occupation du sol déterminée par le jeu et la combinaison de facteurs démographiques, d'habitat et des ordures révèle une dégradation certaine des milieux humides des deux vallons. L'étude de cette dégradation au moyen d'un certain nombre d'indicateurs met en relief les insuffisances et les inadéquations dans la gestion urbaine.

III - 1. La perte de superficie et en terre du fond de vallon : berges et talweg.

Les milieux des deux vallons connaissent aujourd'hui une certaine occupation du sol par l'habitat et les ordures qui transforment radicalement ces écosystèmes. Ces écosystèmes qui étaient caractérisés par la prédominance du fait hydrique deviennent par endroits des écosystèmes terrestres : l'extension des berges et l'assèchement du talweg se faisant par le processus de comblement. Le comblement est surtout dû à deux faits : les décharges d'ordures (dans le Zounvi) et la construction de maisons sur les berges et le fond de vallon (dans le Zounvi et amorcée dans le Boué).

L'étude de ce phénomène s'est effectuée en localisant les décharges d'ordures et les bâtisses dans le fond de vallon et en calculant les superficies de ces décharges et bâtisses.

III - 1.1. La situation dans le Zounvi

III - 1.1.1. La perte de sol due aux décharges d'ordures

Cette perte de sol peut s'analyser sur deux plans : surface perdue du fait de l'occupation du sol par les dépotoirs, modification substantielle des éléments du milieu humide. A partir de la cartographie et de l'estimation des surfaces de dépotoirs, (carte n°9), on peut estimer à 1,05 ha la superficie du bas-fond ( en tête de vallon) occupée par des dépotoirs, soit 0,55 % de la superficie totale du fond de vallon. Cette proportion, certes faible, est cependant inquiétante étant donné qu'il est apporté chaque jour un peu plus d'ordures, en moyenne 200 m3 qui s'ajoutent et augmentent ces étendues. En moyenne, ces volumes d'ordures initiaux augmentent de 5,88 m3 chaque jour.

La répartition de ces décharges montre que les pertes de terre sont surtout réalisées en tête de vallon et sur la berge ouest où les décharges pour la plupart ont de grandes surfaces et par conséquent des volumes élevés.

En outre, les volumes d'ordures estimés pour chaque dépotoir et représentés pour chaque dépotoir après avoir distingué six classes dans le traitement statistique (carte n°10 ) permettent de conclure que les plus grandes décharges se trouvent en tête de vallon donc dans le bas-fond. Sur la berge Est du bas-fond (Foun Foun), on retrouve également certains dépotoirs volumineux (carte n°10). Ainsi environ 6480,6 m3 d'ordures soit 40% des ordures sont stockées en tête de vallon pour seulement 12 décharges et 7181,6 m3 d'ordures sur la berge Est soit 44,32 % pour 19 décharges à l'est. L'extension de ces dépotoirs sauvages s'accompagne du développement d'une formation herbacée rudérale et engendre des modifications du biotope de ce milieu humide. La composition des ordures récapitulée au graphique n°5 est d'un grand intérêt dans cette étude puisqu'elle est nécessaire pour comprendre les modifications de plusieurs éléments écologiques et établir les incidences néfastes aux écosystèmes. Cette combinaison de différentes matières au graphique n°5 résulte de l'analyse de la composition de 10 bennes d'ordures. Cette analyse a consisté à distinguer les différents matériaux souvent retrouvés dans les ordures au moyen de cartons aux dimensions bien

Graphique n°5 : Composition moyenne de 1 m3 d'ordures (Zounvi)

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

précises ; les volumes de chaque constituant ont été déterminés en prélevant chaque fois un (1) m3 d'ordures des bennes de collecte d'ordures.

Le sable représente ici la matière principale (31,13 %) de remblai du bas-fond auquel s'ajoutent les matières plastiques et synthétiques (25,70 %). Cette forte proportion de sable et matières plastiques (56,83 %) permet de comprendre que le comblement du bas-fond se fait par l'apport du sable et de matériaux plastiques. Ainsi même le talweg est comblé par l'apport d'ordures ménagères qui prennent la place de l'eau. L'exemple le plus illustre est celui de la voie qui joint Foun Foun Tokpota I. Cette voie est née par amoncellement progressif et continu des ordures des berges vers le talweg aujourd'hui pratiquement sec et occupée encore par des dépotoirs d'ordures. Les matériaux en fer et verre sont également importants car ils font environ 28% des ordures et proviennent essentiellement des centres de santé. Ceux-ci n'ont pas la propriété de bien remblayer comme le sable mais ils occupent de l'espace tout au moins. Quant aux feuilles végétales, elles sont moins en importantes, en quantité relative, et ne sont pas autant utiles pour le remblai que le sable. Les textiles, c'est-à-dire les vêtements et tissus usés et les objets en papier, sont en faible proportion, environ 6,1% des quantités d'ordures.

Cette perte de sol est à mettre en relation avec la pollution des sols. En effet, en considérant qu'est biodégradable, toute substance ou corps qui peut être dégradé rapidement par des organismes vivants, notamment par des micro-organismes1(*), on peut procéder à la séparation des matières entrant en composition de ces ordures en distinguant les matières biodégradables et les matières non biodégradables comme l'indique le graphique n°6.

Graphique n°6 : Proportion moyenne de matières biodégradables dans 1 m3 d'ordures (Zounvi)

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

On s'aperçoit que les matières biodégradables à court terme (feuilles de végétaux et textiles) sont en très faible quantité soit 14,4% alors que les matières non-biodégradables abondent (85,6%).

Par conséquent ces matériaux non-dégradables à court terme vont polluer le sol, les eaux et même inhiber la croissance des végétaux.

Les matières plastiques par exemple, enfouis dans le sol, empêchent l'eau et les racines de végétaux de s'infiltrer dans le sol (Valiron 1989). Aussi les matériaux tels que les piles, les médicaments périmés - classés dans la catégorie"autres" sur le graphique n°6 - sont des déchets très toxiques pour tout organisme animal ou végétal car libérant des substances chimiques très nocives. Or ces matériaux se retrouvent dans le sol en tête de vallon du Zounvi.

Tableau n° 14 : Profil pédologique n°1 sur la voie Foun-Foun Tokpa -Tokpota (tête de vallon)

Niveau d'horizons

Description des horizons

0 - 0,45

sable mélangé d'ordures plastiques

0,45 - 1 m

argilo-sableux riche en matière organique noirâtre contenant des plastiques

1m et plus

argilo-sableux, grisâtre, moins riche en matière organique

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

Tous ces profils pédologiques effectués tant en tête de vallon que sur les berges, mettent en relief l'incidence de ces sites d'ordures qui non seulement comblent le fond de vallon mais aussi portent atteinte à la préservation pédologique de ces milieux : les horizons sont généralement sableux avec des traces de plastiques surtout, piles et ferraille comme les tableaux n°14, 15 et 16 l'indiquent. Ces éléments polluants, se retrouvent à des profondeurs inquiétantes de 0,50 m à 0,75 m.

Tableau n° 15: Profil pédologique n°2 (tête de vallon)

Niveau d'horizon

Description des horizons

0 - 0,30 m

sable noirâtre mélangé d'ordures (verres)

0,30 - 0,45 m

sable argileux rougeâtre ayant servi de remblai

0,45 - 1m

argile sableuse grisâtre pauvre en matière organique

Source : D'après les travaux de terrain dans le Zounvi, novembre 2001

Tableau n° 16 : Profil pédologique n°3 près d'un dépotoir à Avakpa

Niveau d'horizon

Description des horizons

0 - 0,40 m

sable mélangé de plastiques et ferrailles

0,40 - 0,70 m

sable noirâtre avec traces de piles et plastiques

0,70 - 0,90 m

argilo-sableux rougeâtre assez humide

0,90 - 1,25 m

argilo-sableux noirâtre humide

Source : D'après les travaux de terrain dans le Zounvi, novembre 2001

En outre, cette pollution va en s'aggravant et l'on peut prévoir qu'en moyenne 350.000 m2 soit 35 ha de terre seraient ainsi perdues par an si les conditions restaient les mêmes chaque année. En effet, en considérant que 200 m3 d'ordures sont déversées par jour sur l'ensemble des 34 dépotoirs soit 5,88 m3 en moyenne sur chaque dépotoir et que 20 m3 environ d'ordures peuvent combler 100 m2 d'eau d'une profondeur relative de 0,5 mètre 1(*)4 on peut envisager une telle prévision. Ce rythme de progression serait amorti parce que les ordures sont régulièrement incinérées et certains matériaux sont récupérés à d'autres fins de transformations artisanales. Cette dynamique croissante des ordures viendrait, malgré les incinérations d'ordures, à assécher le bas-fond.

III - 1.1.2. La perte de sol due aux habitations construites sur les berges.

Les berges de la zone humide sont surtout occupées actuellement par des constructions de maisons. Ces constructions sont rendues possibles par le rôle de remblai qu'assurent les ordures : plusieurs maisons sur les berges reposent sur d'anciens dépotoirs. Elles se remarquent surtout sur la berge Est du fond de vallon. A l'opposé, très peu de parcelles sont construites sur la berge ouest du Zounvi.

Dans son ensemble, ces maisons occupent 1,05 ha dans le fond de vallon. Il faut remarquer que certaines constructions sont même réalisées non loin du talweg : c'est le cas d'un temple de l'Eglise Christique Primitive près du pont de Tokpota.

III - 1.2. La situation dans le Boué

L'absence d'ordures et de véritables constructions dans ce bas-fond n'autorisent pas un pareil phénomène de transformation du milieu humide. Cependant une quantité non négligeable de sédiments est accumulée en bas de versant, lorsque sur les versants le sol est mis à nu par l'érosion surtout sur les voies (cas de la voie Vakon allant à Hounvié) et par endroits dans les vieilles friches qui sont délaissées sur les versants. Cette érosion se caractérise également par un prélèvement d'horizons pédologiques en tête de vallon.

III - 2. La destruction de la végétation

L'état de la végétation est en effet, un précieux indicateur de la dégradation des milieux humides compte tenu du rôle primordial qu'elle joue dans ces écosystèmes. L'état actuel de la végétation dépend de l'exploitation des ressources végétales portant sur des espèces bien ciblées et en quantité importante ; en outre, la dégradation de cet élément de l'écosystème entraîne des conséquences sur d'autres éléments des biotopes.

L'étude de l'état de la végétation s'est fait en deux étapes :

- nous avons d'abord identifié les différentes formations végétales au moyen de la photo-interprétation de la mission IGN BEN 1994,

- ensuite les travaux de terrain nous ont permis de connaître les détails sur l'état, la structure et les facteurs de dégradation de la végétation. Ces travaux de terrain portant sur la végétation ont été faits comme il est indiqué dans la méthodologie par la technique des placeaux.

Cette technique a pour but de mettre en évidence sur une station le rôle des modifications engendrées par les facteurs écologiques stationnels sur la végétation, de mettre en relief l'appauvrissement en espèces végétales de certaines parties dans les zones humides du vallon et enfin comprendre et analyser l'exploitation des végétaux dans les différents secteurs du fond de vallon et établir une répartition spatiale des états de la végétation.

Ainsi grâce à ces placeaux, on a pu obtenir des résultats qui ont fait l'objet d'analyses par la suite.

III - 2.1. La situation dans le Zounvi

III - 2.1.1. Les résultats des observations dans les placeaux

D'après le tableau n°17, les premiers placeaux présentent une dominance de l'espèce Cyclosorus striatus ; au moins 70% de la superficie-échantillon sont occupées par cette fougère. D'autres espèces à savoir le Thallia welwitschii, le Cyperus sp et les Nympheaceae s'y retrouvent également. Il s'agit d'un groupement herbacé assez pauvre que l'on retrouve en tête de vallon (carte n°11) entre la voie n°2293 et au-delà du pont de Tokpota. On reconnaît encore dans cette formation haute, parfois de 2 mètres, des vestiges de Raphia sp et d'Elæis guinensis (troncs de ces ligneux) : ce sont des troncs intensément exploités autrefois et aujourd'hui inaptes à la croissance tels qu'on peut le voir à la photo n°2. Cette formation se développe dans des conditions hydriques qui n'existent presque plus.

En effet, la hauteur d'eau n'atteint pas 0,5 mètre. On remarque le développement de la fougère Cyclosorus surtout à proximité des berges et de plus en plus dans le talweg. Cette fougère est une plante envahissante plus hygrophile qu'hydrophile. Elle supporte mieux une écologie humide : sol à hydromorphie temporaire. Elle envahit rapidement les champs de Thallia lorsqu'ils ne sont pas entretenus. Ces exigences écologiques justifient sa faible présence dans les autres placeaux (tableaux n°18 et n°19). Elle le signe de l'ensablement

par apport d'alluvions pluviales et le recul de l'eau libre. Il y a donc une perturbation hydrologique de la rivière Zounvi et celle de la végétation par voie de conséquence.

Photo n° 2 : Formation herbacée dans le talweg du Zounvi

Cliché N. Ahouandjinou, novembre 2001

On peut observer la prédominance de la fougère Cyclosorus (au1er plan) et l'unique branche d'un palmier raphia qui résiste encore à son exploitation ( à l'arrière-plan).

Cette espèce végétale est donc un indicateur naturel de la modification de l'écologie de la zone humide qui se traduit par la disparition des espèces ligneuses au profit des herbacées, le comblement du talweg en tête de vallon (où les eaux ont une faible profondeur) et une tendance à la stagnation des eaux de surface.

Les résultats des 3 autres placeaux (P5, P6) révèlent une certaine diversité d'espèces (tableau n°18). On remarque 2 strates dans ces placeaux : les strates herbacée et sous-arbustive. La strate sous-arbustive est composée de Polygonum langerum et Raphia hookerii qui sont en réalité des ligneux en croissance (moins de 3 mètres de hauteur). Quant à la strate herbacée plus riche, elle se remarque par la présence des espèces telles que le Leersia hexandra, Alchornea cordifolia, Cyrtosperma senegalensis.

Tableau n° 17: Résultats de quelques placeaux réalisés dans le bas-fond du Zounvi

Placeaux

Strate herbacée dominée par les

espèces végétales suivantes

Surface occupée en m²

Surface

en %

P1

Cyclosorus striatus

295,5

73,87

Cyperus sp, Thallia welwistchii , Nymphea lotus

104,5

26,13

P2

Cyclosorus striatus

360

90

Thallia welwistchii

40

10

P3

Cyclosorus striatus

369,5

92,4

Thallia welwitschii, Nymphea maculata, Oryza sp

30,5

7,6

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

On observe par endroits des espèces parasites (Cuscuta australis, Cassytha filiformis) qui envahissent certains ligneux en croissance qui ont été coupés. Ceci est dû à l'action anthropique.

Cependant on relève une prédominance de la strate herbacée (au moins 60% de la surface des placeaux) due à l'exploitation croissante des ligneux qui n'ont pas de temps de se régénérer. Ici les conditions écologiques sont différentes : on se situe dans le fond de vallon et la hauteur d'eau est d'environ 1 mètre, les espèces qu'on y retrouve sont en général hydrophiles.

Tableau n° 18 : Quelques résultats des observations des placeaux réalisés dans le fond de vallon du Zounvi

Placeaux

Strates observées

Surface occupée (m²)

Surface en %

P5

Strate herbacée

293,5

73,4

Strate sous-arbustive

106,5

26,6

P6

Strate herbacée

257

64,3

Strate sous arbustive

143

35,7

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

Les résultats du dernier placeau P8 mettent en évidence une complexification de la végétation qui s'explique par la présence de 3 strates telle que le tableau n° 19 le présente.

* La strate herbacée :

Les 50% de la strate herbacée est à relativiser car on remarque ici beaucoup d'espaces libres d'eau où se développent les euhydrophytes. Ceux-ci sont accompagnés par le Cyrtosperma senegalensis et le Polygonum senegalense, des herbacées aux larges feuilles et pouvant atteindre 0,75 mètre de hauteur.

* La strate sous-arbustive :

La hauteur des ligneux en croissance est comprise entre 1 et 3 mètres et se compose d'espèces telles que l'Alchornea cordifolia et le Raphia sp.

Elle occupe un peu plus du quart de l'aire du placeau.

Tableau n° 19 : Résultats des observations de placeau dans le fond du vallon de Zounvi

Placeau

Strates observées

Surface recouverte en m²

Surface recouverte en %

P8

Strate herbacée

200

50

Strate sous-arbustive

110

27,5

Strate arbustive

90

22,5

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

* Strate arbustive

Elle se compose essentiellement de Raphia sp. et Symphonia globulifera et compte environ 15 pieds de Raphia contre 3 pieds de Symphonia globulifera. Cette dernière strate est le témoin d'une faible intervention anthropique en aval du vallon.

Cette formation végétale se retrouve en aval du vallon où la profondeur d'eau dépasse 1,25 mètre et représente de ce fait une contrainte pour ceux qui font l'exploitation et le déboisement des raphias et autres plantes. Elle est donc mieux conservée. Enfin sur les marges du bas-fond (les berges), s'étendent surtout des plages de bananiers (Musa sp.) par endroits, des champs de maïs et manioc (cultures vivrières) et de vieilles plantations de palmier à huile (Elæis guinensis).

III - 2.1.2. Analyse des résultats

Il se dégage de ces résultats, 3 états de la forêt marécageuse qu'on peut mettre en relation avec l'exploitation des végétaux et la modification des conditions écologiques.

En effet, l'exploitation de la végétation, jadis intense à laquelle s'ajoutent aujourd'hui les impacts négatifs de l'habitat et des décharges d'ordures détermine l'état de la formation monostrate herbacée qu'on observe en tête de vallon. Les modifications des conditions écologiques (surtout hydrologiques) conduisent à une perte certaine de la biodiversité par l'envahissement du Cyclosorus.

Graphique n°7:Les différentes étapes de la dégradation de la forêt marécageuse du Zounvi

Forêt marécageuse à Raphia et Symphonia globulifera

Forêt marécageuse dégradée à deux strates avec une strate herbacée d'importance relative et une strate sous-arbustive

: dégradation

: reconstitution probable

Champs de Thallia welwitschii

Groupement herbacé dominé par le Cyclosorus

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

Cette même exploitation explique bien le développement de la strate herbacée dans le reste du vallon.

La comparaison des données de placeaux permet de conclure à une dégradation de la végétation comme l'indique le graphique n°7. On observe en aval des "îlots" de forêt marécageuse qui s'opposent à la formation herbacée en tête de vallon (graphique n°6).Une forêt marécageuse en dégradation assez sensible s'intercale entre ces deux extrêmes: la dégradation de la forêt marécageuse s'effectue progressivement de l'amont (tête de vallon) en direction de l'aval dans le Zounvi (carte n°11) ; sur les berges cette végétation est d'ailleurs remplacée par les champs et les bâtisses. 

III - 2.2. La situation dans le Boué

III - 2.2.1.Les résultats des observations des placeaux

Les placeaux n°1,5,6,9 et 10 présentent une formation végétale composée d'une strate herbacée et d'une strate sous-arbustive de Raphia sp. (placeaux n°5 et n°6) et Symphonia globulifera (placeau n°10). Ces placeaux réalisés en bas de versant (sur les berges du bas-fond) montrent une importance des graminées due au déboisement des ligneux Raphia sp, Symphonia globulifera. En effet, sur les bas du versant ouest sont aménagés des champs de cultures et subsistent parfois des jachères envahis parfois par l'Imperata cylindrica.

Les placeaux n° 2, 3 et 7 sont caractérisés par une certaine richesse de la végétation. La strate herbacée est moins importante que dans les placeaux précédents et ne dépasse pas 56% de la superficie des placeaux.

La strate sous-arbustive (plus de 5 mètres) est assez fournie : on distingue le Raphia et l'Elæis guinensis auxquels s'ajoutent le Symphonia globulifera ou l'Artocarpus communis.

Ces placeaux sont réalisés en fond de vallon, où la profondeur atteint 1,25 à 1,35 mètre, et montrent la relative conservation de la forêt marécageuse à Raphia et Elæis guinensis. Néanmoins il existe des cas d'exploitation de ces arbres.

Les placeaux n°4 et 8 dont les résultats sont présentés au tableau n° 20, ont été installés près des "trous à poissons". Ils sont caractérisés par le développement assez important de la strate herbacée, respectivement 69 % environ et 34,62 %.

Les espèces herbacées hydrophiles ont conquis les espaces laissés par le déboisement précisément la coupe des ligneux utilisés pour l'aménagement des étangs-pièges de poissons.

Tableau n° 20 : Résultats des placeaux réalisés dans le fond de vallon du Boué

Placeau Pi

Strates observées

Surface en m2

Surface en %

P1

Strate herbacée

282,5

70,63

Strate sous- arbustive

117,5

29,37

P2

Strate herbacée

141

35,25

Strate sous-arbustive

130,5

32,62

Strate arborée

118,5

29,63

P3

Strate herbacée

213

53,26

Strate sous-arbustive

93,5

23,27

Strate arborée

93,5

23,37

P4

Strate herbacée

275,5

68,87

Strate sous-arbustive

124,5

31,13

P5

Strate herbacée

242

60,5

Strate sous-arbustive

158

39,5

P6

Strate herbacée

210,5

52,63

Strate sous-arbustive

189,5

47,37

P7

Strate herbacée

224,5

56,13

Strate sous-arbustive

175,5

43,87

P8

Strate herbacée

138,5

34,62

Strate sous-arbustive

134,5

33,63

Strate arborée

127

31,75

P9

Strate herbacée

246,5

61,63

Strate sous-arbustive

153,5

38,37

P10

Strate herbacée

293

73,25

Strate sous-arbustive

107

26,75

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

III - 2.2.2. Analyse des résultats

Dans le Boué, la dégradation de la végétation est moindre. Les dégradations proviennent surtout de la proximité des champs (en bas de versants), des étangs-pièges en aval et de l'exploitation des végétaux. La présence humaine est moins forte. Les influences de la ville sont encore loin.

La forêt en dégradation se remarque en bas de pente et en tête de vallon à proximité des maisons. La forêt marécageuse garde son originalité en fond de vallon avec un bon développement des espèces ligneuses. (carte n°12)

III - 3. La pollution de la nappe phréatique

L'eau demeure une composante essentielle de cet environnement humide. Par conséquent, la présence et la décomposition des déchets dans l'eau ont des effets néfastes sur la vie aquatique et polluent aussi la nappe phréatique.

La rapidité des transferts de ces matières organiques dissoutes dans l'eau dépend du mode de transfert : les effets sont plus rapides lorsque ces matières organiques dissoutes sont collectées et directement rejetées dans le cours d'eau ; ils sont beaucoup plus lents à se produire lorsque les rejets sont faits sur le sol. (Valiron 1989).

Cette pollution des eaux s'observe surtout dans le Zounvi.

III - 3.1. La situation dans le Zounvi

La présence et la décomposition des ordures dans l'eau appellent à une prolifération de bactéries, lesquelles bactéries vont non seulement polluer l'eau du cours d'eau mais aussi la nappe phréatique finalement. Ainsi, l'eau des puits construits dans les maisons à proximité du vallon est rendue non potable. Quatre prélèvements d'eau ont été effectués à Foun-Foun Tokpa, et Tokpota I ont fait l'objet d'analyses bactériologiques dans un laboratoire d'analyse d'eau de la Société Béninoise d'Electricité et d'Eau (SBEE) à Porto-Novo. Les résultats de ces analyses sont présentés au tableau n°21.

Toutes ces eaux ont des températures qui avoisinent celles du milieu ambiant (24 à 28°C) et se situent dans la gamme des températures observées dans les écosystèmes humides du Bénin, 25 à 30°C.(Bankolé A.L., Olou A.C. 2000). On peut donc déduire que l'eau ne subit pas de perturbation thermique particulière. Il faut rappeler que les températures élevées, supérieures à 15°C, favorisent la prolifération de microorganismes.

Les mesures de potentiel Hydrogène (pH) de ces 4 prélèvements montrent des pH inférieurs aux normes béninoises et aux recommandations de l'OMS qui retient un pH compris entre 6.5 et 8.5. Ces eaux connaissent donc des réactions d'acidification nuisibles à la vie animale et même végétale.

L'eau la plus polluée est celle de Foun Foun Tokpa (prélèvement n°2) parce que contenant beaucoup de bactéries. En effet, les quantités de bactéries dépassent énormément les normes béninoises définies par les services de l'hygiène et les recommandations de l'OMS pour l'eau destinée à la consommation et à l'utilisation domestique regroupées au tableau n° 22. La présence de ces coliformes et germes fécaux et autres rend compte d'une prolifération de microorganismes dans la nappe aquifère qu'utilisent les riverains du Zounvi. La prolifération de ces bactéries dans le cours d'eau devrait entraîner une consommation plus importante d'oxygène (O2) et contribue ainsi à une diminution de la Demande Biologique en Oxygène (D.B.O.) des autres organismes vivants aquatiques. Cette analyse s'appuie sur les données du tableau n°21 et suivant.

Tableau n° 21 : Résultats d'analyses bactériologiques de prélèvements d'eau de puits sur les berges du Zounvi

Paramètres de l'analyse

Foun-Foun prélèvement n°1

Foun-Foun prélèvement n°2

Tokpota I prélèvement n°3

Tokpota I prélèvement n°4

Usage

Ménage : lessive, toilette

Ménage, boisson

Ménage, boisson

Ménage

Température en °C

28

28

29

29

pH

6

5, 5

5

6

Flores aérobies dans 100 ml

Absent

1180

470

460

Coliformes totaux / ml

3000

1000

Absent

Absent

Coliformes fécaux / 100 ml

Absent

1000

Absent

Absent

Streptocoques fécaux

Absent

1000

168

236

Clostridium sulfureux

-

Absent

-

-

Autres germes coliformes

-

1000

-

-

Nitrates mg/l

-

-

-

-

Conclusion

Non potable

Non potable

Non potable

Non potable

Source : D'après l'analyse bactériologique à la SBEE (Porto-Novo).

Lorsque la demande biologique en oxygène est en dessous du seuil de 2 à 5 mg/l, la vie aquatique et piscicole est perturbée, celle-ci devient impossible en dessous de 2mg/l. La pollution de la nappe aquifère n'est qu'une résultante du comblement du cours d'eau par les ordures.

Enfin cette prolifération de microorganismes n'est pas sans effet sur les organismes humains et les autres animaux terrestres : ceux-ci peuvent en effet souffrir de pathologies d'origine hydrique telles que le choléra et la diarrhée liées à la promiscuité et la consommation de ces eaux.

Tableau n° 22 : Recommandations OMS et normes béninoises pour une eau potable

Microorganismes

Normes béninoises

Recommandations OMS

Coliformes fécaux/100 ml

00

10

Streptocoques fécaux

/100 ml

00

00

Germes totaux /ml

50/100

0 à 10

Clostridium /ml

2/200

00/1000

Source : Aïssi M-J 1992 & OMS 2000

III - 3.2 La situation dans le vallon du Boué

De tels risques sont ici faibles compte tenu de l'absence d'ordures dans le bas-fond. Cependant des substances graisseuses et le carburant sont déversées dans le cours d'eau du fait de l'utilisation de cette eau (au niveau du pont) pour le nettoyage des véhicules.

III - 4. Les risques pathologiques pour les riverains

III - 4.1.La situation dans le Zounvi

Il existe des risques pathologiques qui vont en s'aggravant dans ce bas-fond. En effet, la proximité des dépotoirs d'ordures à l'habitat humain, la pollution de la nappe aquifère et du cours d'eau créent un environnement infeste. La présence de ces dépotoirs s'accompagne de la prolifération d'insectes (moustiques, mouches, moucherons) qui sont des vecteurs de maladies et d'agents pathogènes dans l'air immédiat. La proximité de ces décharges aux habitations accroît nettement les risques d'infections des riverains étant donné que les eaux sont polluées par les larves de bactéries et d'insectes ; ces derniers restent des vecteurs de transmission de pathologies.

Cet environnement malsain crée alors un mal vivre qui s'empire jour après jour et dont la population n'est pas toujours consciente. Ensuite l'incinération sauvage de certains résidus de ménages dans ces tas d'ordures génère l'émission de fumées très toxiques comprenant poussières, métaux lourds, du monoxyde de carbone (CO), du dioxyde de soufre (SO2) et des furannes (polluants cancérigènes).

L'incinération des plastiques produit surtout du PVC1(*)5, du PET16,du chlorure d'hydrogène gazeux et de l'ammoniac (NH3). Ces gaz augmentent des risques de maladies respiratoires aiguës ( bronchites, rhinites, etc.) d'après Valiron , 1989.

III - 4.2 La situation dans le Boué

Dans ce fond de vallon, il existe de faibles risques d'intoxication en raison de l'absence d'ordures essentiellement ; l'utilisation du Boué au niveau du pont pour l'entretien et le nettoyage des engins et véhicules pourrait être à l'origine de pollution. Cependant en l'absence de toute étude spécifique on ne saurait conclure ici à une grave pollution. Aussi faudrait-il rappeler le rôle épurateur de ces écosystèmes humides qui pourrait freiner un temps soit peu ces risques.

III - 5. L'apparition de risques d'extinction des fonctions vitales dans les milieux humides du Zounvi et du Boué.

Les milieux humides de ces deux vallons sont soumis à l'exploitation de leurs ressources et aux méfaits des activités humaines. Plusieurs fonctions de ces milieux sont remises en cause : des risques environnementaux sont possibles et peuvent s'aggraver vu l'intensité des actions anthropiques. Ainsi, un certain nombre de fonctions de régulation hydrologique sont menacées et vont par voie de conséquence modifier la vie de la biocénose (flore et faune) qui est déjà soumise à une exploitation relativement intense. Finalement les ressources qu'offrent ces milieux humides et les activités possibles à y mener iront en s'amenuisant. Cette chaîne de relation va donc se refermer en boucle en remettant en cause une certaine stabilité socio-économique. Il faut remarquer que ces risques sont plus élevés dans le Zounvi que dans le Boué où l'occupation du sol et la dégradation des écosystèmes est faible.

III - 5.1. La fonction "accumulation des eaux"

Le Zounvi reste le seul vallon qui connaît la perturbation de cette fonction.

D'après la carte n°7, la plupart des ouvrages d'assainissement (collecteurs, caniveaux) débouchent dans le Zounvi, dans la partie ouest de Porto-Novo. Ces ouvrages en collectant les eaux de ruissellement et de pluie drainent également d'importantes quantités d'alluvions. Ces eaux en pénétrant dans la zone humide du Zounvi sont freinées naturellement par la topographie (pente faible du bas-fond) et surtout la forêt marécageuse, qui amortissent les mouvements de surface comme en profondeur (courant). Ce mécanisme a pour effet de favoriser la décantation des particules en suspension.

Or l'assèchement des terres humides et la destruction de la végétation sont de nature à limiter et même empêcher l'accumulation de ces eaux dans le Zounvi.

Ainsi à moyen terme, 10 à 15 ans , si rien n'était fait pour protéger l'intégrité de cette zone humide, il ne serait plus possible d'évacuer ces eaux dans le Zounvi puisque l'assèchement des terres humides en relevant le niveau topographique va empêcher l'évacuation de ces eaux. La tête de vallon (entre la Route Nationale n°1 et le Pont de Tokpota) est vraiment exposée à ce risque.

III - 5.2. La fonction "amortissement des crues"

Du point de vue des écoulements de surface à l'intérieur des bassins hydrographiques, les zones humides jouent un rôle de zone tampon entre les régions d'amont et les régions en aval. En effet, une zone humide atténue les débits de pointe pendant la saison pluvieuse et augmente les débits d'étiage pendant au moins une partie de la saison sèche ; ainsi la régulation des écoulements de surface offre une protection naturelle contre les crues.

Le rôle des zones humides ne se limite pas seulement à un simple décalage des crues d'aval dans le temps. Ces zones ne restituent pas toute l'eau qui y entre : une partie de l'eau reçue et emmagasinée dans ces zones est perdue par évapotranspiration et infiltration dans le sol. Or ces deux derniers phénomènes dépendent essentiellement de l'état de la végétation et du substrat pédologique.

Dans le Zounvi, où en tête de vallon, la végétation est de plus en plus herbacée et remplacée par les dépotoirs, l'évapotranspiration est donc de plus en plus faible. Aussi la pollution des sols et le remblai du fond de vallon essentiellement par du sable et de l'argile diminuent les capacités d'infiltration de l'eau dans le sol. Par suite, les eaux de pluies et de ruissellement seront moins retenues et les crues plus importantes en aval.

La diminution des capacités d'infiltration de l'eau en tête de vallon se traduira alors par des inondations pour les maisons construites en fond de vallon et sur les berges lors des saisons de pluies. Cette situation peut également s'observer dans le Boué si rien n'est fait pour protéger un peu plus la végétation de l'exploitation dont elle fait l'objet.

III - 5.3. La fonction de recharge des nappes souterraines

Les milieux humides étant des zones où les eaux s'épandent et stagnent ou s'écoulent lentement pendant une période relativement longue, la nappe phréatique peut être alimentée par infiltration dans le sol. Ainsi un milieu humide peut jouer un rôle crucial dans l'approvisionnement en eau de toute une région.

Dans le Zounvi où les pertes de terres sont croissantes, on peut comprendre que les nappes souterraines soient moins rechargées. D'ailleurs on peut déjà signaler une baisse du niveau d'eau dans les puits construits à Foun-Foun Tokpa sur les berges du fond de vallon surtout en saison sèche de 1 à 2 mètres malgré la proximité du cours d'eau.

L'assèchement des terres en tête de vallon entraîne donc le risque certain d'extinction de la fonction alimentation de la nappe phréatique en dehors de la pollution dont cette nappe fait déjà l'objet.

III - 5.4. Les fonctions écologiques : relations entre la flore et la faune

Cette fonction concerne à la fois l'intégrité des écosystèmes du Zounvi (par les relations flore-faune) et l'intégrité des écosystèmes humides adjacents à ce vallon.

En effet, l'exploitation et la destruction de la végétation entraînent des conséquences certaines sur la population faunique (avifaune, faune aquatique, faune terrestre). L'intégrité des écosystèmes du Zounvi étant de plus en plus menacée, cela va induire des impacts négatifs sur les écosystèmes contigus au Zounvi.

III - 5.4.1 Dysfonctionnement des relations écologiques

La richesse des deux zones humides en eau et ressources forestières offre un habitat, c'est-à-dire un abri et de la nourriture à un certain nombre d'animaux. En retour ces animaux fournissent de la matière organique au sol donc à la végétation par leurs déjections et les cadavres ( carcasses d'animaux). Il existe donc d'étroites relations entre ces populations fauniques et floristiques. Cependant, la pression anthropique tend à rompre ces relations.

En effet, la destruction des palmiers raphia dans le Zounvi et le Boué empêche les oiseaux de trouver un abri pour y nicher.

Cette situation s'observe bien dans le Zounvi où on retrouve des nids d'oiseaux aux endroits où la densité de palmier raphia est élevée. En tête de vallon, la forêt marécageuse est quasiment remplacée par « une prairie » de Cyclosorus essentiellement, et là les nids d'oiseaux sont rares, seulement sur les quelques palmiers encore sur pied. Cette formation herbacée offre moins d'abri aux animaux en général et moins de ressources puisqu'elle est assez pauvre en espèces végétales en générale et en ligneux en particulier.

L'assèchement des terres à l'amont a entraîné une migration de la population aquatique vers l'aval où la forêt marécageuse offre beaucoup plus d'abris et de nourriture. D'après les enquêtes auprès des populations riveraines (en tête de vallon),il est exceptionnel de pêcher encore du poisson si ce n'est dans les bassins piscicoles aménagés par les hommes.

De ces observations, on peut distinguer trois grandes sortes d'écosystèmes dans le Zounvi rassemblées au tableau n° 23.

a- Le premier est caractérisé par une végétation surtout herbacée et composée essentiellement de Cyclosorus. La faune y est très peu fournie et ce type d'écosystème est localisé surtout en tête de vallon et sur les berges connaît directement les impacts des décharges d'ordures, des aménagements divers et reste le témoin d'une destruction de la forêt marécageuse d'antan.

b- Le second est une forêt marécageuse assez dégradée où la strate arbustive est presque absente. La faune y est plus fournie que dans le premier écosystème décrit plus haut. Cependant l'avifaune est absente parce que les ligneux ne sont pas assez hauts ; les oiseaux sont donc plus menacés.

c- La troisième est une végétation à trois strates (strates herbacées, sous-arbustive et arbustive ). La pression anthropique y est très faible, voire nulle. La faune est assez riche et les nids d'oiseaux sont nombreux.

Tableau n° 23 : Les trois (3) types d'écosystèmes dans le Zounvi

Paramètres de la description des

écosystèmes

Ecosystème/localisation

 

Faune

Actions anthropiques entreprises.

Type de formation végétale

Diversité

Importance des populations

Ecosystèmes n°1 en tête de vallon et sur les berges du bas-fond

formation herbacée dominée par le cyclosorus

rongeurs reptiles insectes quelques mammifères

Présence assez importante de rongeurs

- culture de thallia

- dépotoirs

- remblai du fond de vallon

- Construction de maisons

Ecosystème n°2

dans le fond de vallon.

forêt marécageuse de raphia en dégradation.

poissons reptiles insectes mammifères avifaune

Faible présence d'animaux

- exploitation des palmiers raphia

Ecosystèmes n°3

en aval en fond de vallon.

forêt marécageuse de raphia assez intacte.

poisson reptiles insectes mammifères avifaune

Forte présence d'animaux

très faible exploitation des végétaux.

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

Dans le Boué l'ampleur de la dégradation des écosystèmes est vraiment faible. De ce fait les relations écologiques flore-faune ne sont pas menacées actuellement. Mais ces relations flore-faune viendraient à être menacées si les activités d'exploitation de Raphia et d'Elæis guinensis s'intensifiaient avec l'avancée du front d'urbanisation incontrôlée.

III - 5.4.2 La préservation de la stabilité des écosystèmes voisins.

Les modifications du biotope dans le Zounvi vont affecter le biotope à l'aval, étant donné que le Zounvi est inséré dans un plus grand système écologique. Aussi au niveau de la lagune des impacts liés à la dégradation de la forêt marécageuse pourraient s'observer à partir d'un moment donné si la pression anthropique devenait plus forte. On pourrait observer par exemple une pollution de la lagune, une diminution importante du niveau d'eau par l'assèchement du fond de vallon. Le tout dépendrait de l'ampleur des modifications que connaissent ces écosystèmes en amont.

Dans le Boué, une plus forte déforestation en amont entraînera une plus forte érosion sur les versants en amont par les eaux de ruissellement ; et on observera un apport de sédiments plus accru en aval et dans la lagune de Porto-Novo.

III - 5.5. La fonction de pourvoyeur de ressources et de services

III - 5.5.1. L'affaiblissement des capacités de pisciculture

La pisciculture est souvent un mode intensif d'exploitation des ressources ichtyologiques. Les populations riveraines du Zounvi et du Boué tirent profit des conditions naturelles de ces zones humides.

Dans le Boué, la pisciculture se fait surtout en aval par utilisation d'étangs pièges où les poissons pénètrent mais ne peuvent plus ressortir. Ceux-ci sont alors élevés et pêchés par la suite lorsqu'ils atteignent une certaine taille. Ce système d'aquaculture n'est pas menacé dans le Boué.

A l'opposé du Boué, la pisciculture est confrontée à de nombreux problèmes dans le Zounvi. Là, elle se fait dans des bassins formés par des diguettes. Ces bassins de dimensions rectangulaires, de 12 m sur 8 m ou de 20m sur 12 m, bénéficient des conditions écologiques telles que l'humidité, la température, la végétation et les sols hydromorphes.

Mais ces périmètres piscicoles qui sont des aménagements indiqués et réalisés dans le Zounvi sont contraintes de plus en plus à disparaître sous la pression de l'habitat et des surfaces d'ordures. Les ordures envahissent ces bassins ou encore ces bassins sont comblés pour laisser place aux maisons.

III - 5.5.2. L'affaiblissement des capacités de maraîchage

Ce phénomène s'observe dans le Zounvi où les champs de Thallia sont confrontés à un apport de sédiments plus accru signalé par l'apparition du Cyclosorus. Les récoltes de feuilles de Thallia mettent plus de temps : un (1) mois et demi au lieu d'un mois. En effet, l'humidité du sol ou la faible profondeur d'eau sont autant de conditions propices à l'agriculture maraîchère.

Cette activité tend aujourd'hui à disparaître sous la pression de l'assèchement et le remblai des terres humides. A ces facteurs, s'ajoutent l'extension des dépotoirs et la pollution des sols qui ne sont pas favorables à cette forme d'agriculture.

III - 5.5.3. La disparition des ressources en pêche

La grande concentration de poissons et donc de protéines animales, qui caractérise les zones humides du Zounvi et du Boué constitue la base d'un secteur traditionnel de la pêche souvent très actif. De plus une variété de dispositifs et d'instruments de fabrication locale sont adaptés aux conditions hydrologiques qu'offre le milieu et permettent la capture d'espèces bien déterminées. Ainsi par exemple les pêcheurs du Zounvi utilisent le filet, les paniers faits à partir de joncs pour capturer les poissons.

D'après les travaux de terrain les espèces suivantes sont surtout capturées : le Thilapia guinensis, l'Oreochromis niloticus, le Lates niloticus (Capitaine), le Bagrus bayad. La richesse de l'ichtyofaune recensé au tableau n° 24 est un atout pour la pêche.

Avec la forte demande de poissons, les pêcheurs utilisent d'autres procédés. Les paniers faits à partir de joncs et dont les mailles sont plus serrées, sont utilisés pour prendre directement les poissons et les nasses sont placées dans les frayères pour faire une meilleure prise. Ce dernier procédé prélève les petits poissons et empêche une bonne reproduction de ces espèces. Ainsi cette forte pression exercée par les pêcheurs sur l'aquafaune dans le Zounvi va diminuer progressivement l'empoissonnement de ce milieu humide et à long terme interdire les activités de pêche.

A l'opposé, dans le Boué les techniques de pêche reposent surtout sur l'aménagement des étangs-pièges. Il s'agit de surfaces aménagées à l'ouest de l'aval du Boué pour recevoir

Graphique n°8 : Itinéraire économique des pisciculteurs

Elevage des poissons

Pièges dans les bassins piscicoles

Fumage des poissons

Récolte

Pêche dans le cours d'eau

Vente des poissons sur les marchés péri-urbains de Porto-Novo

Source : d'après les travaux de terrain 2001

les poissons : une fois ces poissons dans ces bassins, ils ne peuvent plus sortir et sont alors élevés pendant 3 à 5 mois selon les espèces (graphique 8). On retrouve quasiment les mêmes espèces de poissons dans le Zounvi que dans le Boué. Un certain nombre d'espèces s'y ajoutent : le Clarias anguillaris (Clariidae), le Lates niloticus (Clariidae).

Tableau n° 24 : Quelques espèces de poissons pêchés dans les deux bas-fonds

Famille des espèces
Exemples d'espèces
Characidae
Bycinus carolinae
Cichlidae

Thilapia guinensis, Sarotherodon melanotheron

Clariidae
Clarias gariepinus
Claroteidae

-

Mormyridae

-

Mochockidae
Synodontis sp

Source : d'après les travaux de terrain et le rapport de formulation sur les zones humides PAZH/ Bénin.

Ce système intensif de pêche présente moins de risques que les méthodes utilisées dans le Zounvi. Environ 30% de la pêche effectuée est destinée en partie à la consommation des ménages, le reste est vendu sur les marchés locaux de Vakon et de Ouando ( graphique n°8).

III - 5.5.4 Le tarissement et la disparition éventuelle des sources d'approvisionnement en bois et végétaux

Ce risque est en fait lié à l'exploitation de la végétation : la fréquence et les méthodes de ponction sont de nature à mener à la disparition de ces sources d'approvisionnement.

Suivant l'utilité de chaque espèce et du besoin (donc la demande économique) la ponction des végétaux est effectuée régulièrement par les hommes et même les femmes. Cette activité très rentable est exercée dans les deux (2) vallons.

Ainsi les feuilles d'Alchornea cordifolia, du Polygonum langerum, du Cyrtosperma Senegalensis et Polygonum senegalense sont prélevées en quantités importantes pour remplir essentiellement les fonctions d'emballage d'aliments (surtout de l'akassa). Les quantités varient par unité de tas de 100 ou 300 feuilles ; le prix d'un tas variant entre 1000 et 2000 F CFA.

Le Schwenkia americana est utilisé pour fournir du cure-dent : la tige est donc systématiquement coupée. Ces arbustes et herbacées sont alors envahis par des plantes parasites telles que le Cuscuta sp ou le Cassytha filiformis.

D'autres graminées telles que le Leersia hexandra, l'Echinochloa sp. et les feuilles de Polygonum langerum sont prélevées pour utilisation médicale.

Quant aux palmacées, (Elæis guinensis et Raphia sp) elles remplissent plusieurs fonctions (graphique 9 ) et sont très exploitées dans les deux (2) vallons.

Graphique n°9 : Itinéraire économique des exploitants de bois et de plantes

Déboisement

Coupe en bûches

Incinération

Vente sur les marchés péri-urbains

Pour bois de chauffe et de toiture

Utilisation à des fins médicales

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

Les feuilles de raphia et palmier à huile sont utilisées tant pour la toiture et les palissades des maisons que pour le bois de chauffe par les populations (photo n°3).

Le tronc du raphia ou de l'Elæis guinensis est exploité pour obtenir du vin local (atan en goun). Pour ce faire le tronc de l'arbuste est "saigné" pour recueillir la sève (photo n°4) ; et lors de chaque extraction on saigne davantage pour obtenir plus de sève. D'après les enquêtes effectuées, l'extraction se fait au moins deux (2) fois par jour, rarement 3 fois par jour. On peut estimer à 30 litres la quantité de sève recueillie par raphia par jour.

Cette activité de ponction de la sève et d'exploitation des raphia, rentable aux dire des exploitants, va à l'encontre de la régénérescence des palmiers raphia. A ce rythme, la forêt marécageuse dégradée va laisser place à une formation herbacée telle qu'observée en tête de vallon dans le Zounvi. Par conséquent, il ne sera plus possible de s'approvisionner en bois et autres produits végétaux.

Enfin on note le déboisement de certains grands arbres tels que: l'Artocarpus communis

( l'arbre à pain) et le Manilkara obovata dans le Boué.

Photo n°3 : Tas de bûches de raphia à Vakon Gbo (vallon du Boué)

Cliché N. Ahouandjinou, février 2002

Ce tas de troncs de raphia est destiné à l'utilisation domestique(au 1er plan); on peut remarquer des branches incinérées de palmiers à huile destinées également à l'utilisation domestique (2è plan à droite).

Photo n°4 : Saignée du tronc de raphia (vallon du Zounvi)

Cliché N. Ahouandjinou, novembre 2001

III - 5.5.5. Modélisation de l'exploitation des ressources végétales et fauniques

Les différentes enquêtes et résultats nous ont permis d'élaborer un modèle pour appréhender les relations entre les besoins et les activités anthropiques, d'une part, et les modifications significatives de ces écosystèmes d'autre part au graphique n°10.

D'après le graphique n°10, on peut distinguer dans l'analyse plusieurs processus qui transforment l'état des ressources végétales et fauniques :

- les types d'actions et besoins : ici sont regroupés un certain nombre de besoins de la population et les actions pour satisfaire ces besoins. Il s'agit surtout de la demande de combustible à un prix très modéré, de poissons et viande (besoins alimentaires locaux).Les activités de pêche et de déforestation en amont sont destinées à répondre à ces besoins

- les types d'impacts provoqués par la surexploitation des ressources végétales et fauniques, laquelle est liée à la forte demande et la modification du régime hydrologique résultant de l'assèchement des terres en amont du vallon.

Ces deux (2) types d'impacts peuvent être disséqués en une chaîne de conséquences qui sont la diminution des prises et ensuite celle des revenus. Ce qui crée alors un certain déséquilibre socio-économique qui conduit à des réactions de la part de la population qui la vit. Selon nos enquêtes, il y a :

- des conflits sociaux au sein du groupe de ceux qui se livrent à ces activités  ; c'est le cas de certains exploitants de bois dans le Zounvi qui ne veulent pas que d'autres personnes se joignent à leur groupe. Cela a parfois dégénéré en de vives altercations.

- des changements d'activités; cette réaction a été observée dans le Zounvi où certains exploitants de bois ont préféré abandonner leur activité d'exploitation pour se convertir en collecteurs d'ordures pour la plupart.

Ces réactions ont un effet rétroactif sur les actions et besoins dans tous les cas.

Demande de combustibles

Manque de nourriture pour les poissons

Obstacle à la migration des poissons

Modification du régime hydrologique

Destruction des frayères

Pêche intense

Besoins alimentaires locaux

Déforestation en amont

Conflits sociaux

Types d'actions

Types d'impacts

Graphique n°10 : Modèle de l'exploitation des ressources végétales et fauniques dans les écosystèmes humides du Zounvi et du Boué

Diminution des revenus

Pénurie de combustibles

Diminution de la végétation et de la faune par surexploitation

Conséquences

écologiques

Obstacle à la régénération des végétaux et animaux

Déséquilibre socio-économique

Diminution de l'empoissonnement

Diminution des prises de ressources naturelles

: Action néfaste

Réactions

Changement d'activités économiques

: Rétroactions possibles

III - 6.Les insuffisances de la gestion urbaine actuelle

III - 6.1. Les excès dans la conception et les opérations de lotissement

D'après les scénarios élaborés, il est nécessaire pour préserver les écosystèmes humides du Zounvi et du Boué d'identifier des séries de mesures à prendre en tenant compte à la fois des besoins des populations et de l'état des écosystèmes.

En effet, on pouvait considérer l'homme en tant que problème majeur en matière de conservation des milieux humides. Aujourd'hui cependant on convient qu'il fait partie de la solution mais seulement s'il prend davantage conscience des questions relatives aux milieux humides et s'il participe au processus de planification et de gestion.

Toutes ces actions menées dans le Zounvi et le Vakon sont contraires aux textes et dispositions généraux et légaux visant à la gestion et la protection des zones humides en général, et des textes plus particuliers. En effet le Bénin a ratifié la convention de Ramsar.

Cette convention a adopté en 1996 un plan stratégique Ramsar 1997-2002 qui précise que les Parties contractantes, en matière de gestion des zones humides, doivent oeuvrer pour une "utilisation rationnelle des ressources ".

Dans ce sens, l'utilisation rationnelle des milieux humides consiste en leur utilisation durable au bénéfice des populations d'une manière qui soit compatible avec le maintien des caractéristiques naturelles de ces écosystèmes. Une utilisation rationnelle met l'accent sur le mode et les principes de gestion de manière à ce que les générations présentes en tirent le maximum d'avantages tout en maintenant les capacités de ces écosystèmes pour satisfaire les besoins et les aspirations des générations futures. Or l'utilisation actuelle gestion et l'urbanisation vont à l'encontre de l'application de ces textes.

Plus spécifiquement, il existe des dispositions légales nationales visant une certaine protection des zones humides. En effet, l'arrêté ministériel N°002 du 7 Février 1992 considère, à l'article 2, comme impropres à l'habitation entre autres, « les terrains inondables, marécageux ou mouvants les lits et les berges des cours d'eau, des lacs permanents ou saisonniers sur une distance de 100 mètres à partir de la ligne des plus hautes eaux, les portions du littoral situées à moins de 100 mètres de la ligne des marées hautes, (...) sauf dispositions administratives contraires »

L'article 3 du même arrêté et l'article 80 de la loi relative à la protection, ajoutent que ces zones « sont exclues de tout aménagement spatial, urbain ou rural, impliquant l'installation permanente des populations notamment les lotissements. Enfin l'article 5 précise que l'Etat devrait les protéger.

En face de ces textes, il se trouve que le bas-fond du Zounvi connaît aujourd'hui un aménagement urbain ; et dans le Vakon le lotissement actuel va entraîner des incidences négatives sur les écosystèmes adjacents.

L'urbanisation mal contrôlée se fait donc en remettant en cause l'application desdites dispositions légales.

Le lotissement en entamant les berges est en contradiction avec les textes prévus à cet effet et met en relief non seulement les insuffisances dans la gestion urbaine mais aussi et surtout un dysfonctionnement des structures administratives dans la conception des plans de lotissement.

Face à toutes ces actions néfastes à la préservation des milieux humides, l'éducation et la sensibilisation des populations concernées sont une approche de solutions a priori indiquées à utiliser dans la gestion urbaine des milieux humides du Zounvi et Boué.

Aussi, si rien n'est fait ou encore si la gestion urbaine n'est pas un peu plus rigoureuse, ces écosystèmes humides viendront inéluctablement à disparaître. A cet égard, le Boué reste un vallon test de l'urbanisation réflective. Le Zounvi lui est déjà détruit en grande partie par une urbanisation sauvage. Dans quelques années, le Boué connaîtra le même sort car la concentration démographique naissante et les opérations de lotissement sont des signes précurseurs d'une situation similaire.

III - 6.2. L'impasse de la gestion des ordures : le jeu des acteurs

La gestion des ordures actuellement à Porto-Novo se pose dans les termes de (pré)-collecte, d'entreposage et de traitement de ces ordures. Actuellement, la gestion des ordures reste très inefficace en raison d'une faible collecte des ordures d'où l'existence de plusieurs dépotoirs à proximité des maisons. Et du fait de l'absence de site(s) indiqué(s) de décharges de ces ordures ; enfin le traitement des ordures ménagères ne compte pas encore dans l'actuelle gestion des ordures car les ordures collectées ne sont pas traitées mais plutôt déplacées d'un endroit à un autre dans la ville et la périphérie. On va assister à la multiplication des décharges d'ordures.

La question des ordures reste fortement liée à celle de la conquête de terres à bâtir. Présentement les espaces "libres", sont des zones de bas-fond et les fonds de vallon, en parties inondées ou inondables ; il est nécessaire de procéder à un long travail de remblaiement avant de construire une maison or les ordures représentent de par leur faible coût quasi-gratuit la matière de comblement. Il existe donc une contradiction entre la volonté des décideurs qui veulent éliminer les ordures et les pratiques d'une partie de la population qui a besoin de ces ordures.

Il faudrait alors pour la gestion des ordures que les différents acteurs se concertent. Aussi les structures de collecte devraient se faire mieux connaître et les ménages être plus coopératifs.

Une fois cette étape franchie, il restera la destination et le traitement des ordures. A ce niveau trois acteurs s'identifient :

- les structures de collecte d'ordures

- l'administration en charge de la gestion des ordures donc la municipalité

- les ménages

La quantité produite, le mode de répartition spatiale et le traitement des ordures dépendent des objectifs et des actions menées par chaque type d'acteurs. Aujourd'hui, l'enjeu est de mettre en place un système de gestion qui valorise les déchets et préserve l'environnement de concert avec tous les acteurs du système.

Les premiers, les structures de collecte d'ordures doivent assurer la collecte efficace des déchets ménagers. Cela suppose une certaine régularité dans la collecte, un personnel bien formé, du matériel pour accomplir la tâche de pré- collecte et collecte soit par traction humaine soit par camions-bennes.

La destination des ordures ici est importante, étant donné que ce lieu doit respecter les normes environnementales et faire l'objet d'études d'impacts environnementaux. Ces sites d'entreposage devront surtout remplir les conditions de pente quasiment nulle, d'étanchéité (non-infiltration dans le sol de substances nocives ou toxiques), de protection de l'environnement immédiat (couverture du site).

A ce niveau, l'intervention de l'autorité administrative est indispensable et devrait se faire avec rigueur. Aussi faudrait-il que ce site choisi soit accepté par les populations riveraines ; ce qui nécessite une approche participative dans le choix et la construction du site d'entreposage. La réalité aujourd'hui est toute différente.

Il a été prévu deux décharges finales pour les ordures par la municipalité. Il s'agit des sites de Dowa et de Takon1(*).

Le premier, d'une étendue de 1,93 ha, est situé en bas de pente du talus de la grande croupe de Porto-Novo. La disposition topographique fait qu'il reçoit en torrent les eaux de ruissellement de la partie supérieure du talus ; ce qui n'est pas une bonne disposition topographique car les eaux de ruissellement vont permettre une infiltration de substances nocives. Ensuite, le terrain est déjà pris d'assaut par de nombreuses constructions de maisons, ce qui pose le problème de la gestion foncière.

Le second, est un terrain de 52 ha situé au nord de Porto-Novo à mi-chemin entre Katagon et Takon dans la commune d'Akpro-Missérété; le site est orienté est-ouest et se trouve exactement en crête de bassin. Cette situation pose essentiellement deux grandes difficultés. D'abord ce site est assez éloigné de la ville ( à 25 km de la ville) et cela suppose des moyens plus adéquats de transport des déchets (camions-bennes) que ceux utilisés actuellement par les Organisations Non Gouvernementales et les différentes structures de collecte. Ensuite avec l'avènement de la décentralisation on peut se demander qui va accepter de recevoir et d'entreposer les ordures d'une autre commune; ainsi se pose le problème de disponibilité foncière à Porto-Novo.

Enfin la dernière étape concerne essentiellement le traitement des déchets parce qu'on ne saurait entasser ou entreposer de façon continue sans aucun traitement de ces déchets ménagers urbains.

Dans ce volet on peut entreprendre les actions ci-après :

- La récupération de certaines matières dans les ordures (certains objets métalliques, sable, plastiques)

- La décomposition ou destruction d'autres matières (verre, végétaux, les résidus de cuisine)

- Une industrie de recyclage

Le traitement des ordures est l'étape de la gestion des ordures qui permet de rendre utiles certaines matières et de détruire d'autres : cela permet de réduire et de transformer les importantes volumes d'ordures collectées auprès des ménages. Le site de traitement des ordures doit être envisagé comme un centre de recyclage et de traitement des déchets lesquels constitueraient la matière première d'un vrai complexe industriel où plusieurs unités sont envisageables pour la fabrication de compost et de terreau avec sa chaîne de distribution pour les cultures maraîchères, la fabrication de biogaz et sa chaîne de distribution, et l'incinération pour les déchets dangereux.

CONCLUSION

L'analyse de l'urbanisation en général dans les espaces tropicaux et au Bénin en particulier montre qu'il existe des espaces très dynamiques, sujets à de nombreux transformations et problèmes.

Les multiples préoccupations et recherches dans ce sens vont à la compréhension de ces phénomènes qui entraînent d'énormes conséquences.

Aujourd'hui ces préoccupations sont les impacts négatifs de ces changements sur des écosystèmes menacés, par exemple les milieux humides.

La présente étude sur la pression urbaine dans les vallons du Zounvi et du Boué à Porto-Novo a voulu élucider, par l'ensemble des résultats d'enquêtes et l'analyse des données, les relations entre changements démographiques et modifications de l'environnement à travers les processus de dégradation progressive des écosystèmes humides du Zounvi et du Boué. Le premier vallon, totalement englobé par la ville, connaît une dégradation très sensible de ses écosystèmes. Le second vallon est moins sujet à la péri-urbanisation

On constate que les effets du milieu urbain et les problèmes d'environnement de la ville sont spécifiques. Ils sont principalement liés aux besoins d'espace, aux fortes consommations d'énergie sous plusieurs formes en région urbaine et à l'intense production de déchets.

Le Zounvi reste un vallon où la préservation des ressources naturelles est incertaine. Le comblement, la pollution sous ses différentes formes, l'exploitation des ressources animales et végétales sont de nature à inhiber l'évolution naturelle des différents processus écologiques. Les deux principales sources de menace de ces écosystèmes proviennent de la présence des décharges sauvages et de l'habitat. L'exploitation des ressources fauniques et floristiques reste une cause secondaire.

La gestion urbaine de ce vallon doit prendre en compte la question des déchets ménagers, et celle de l'habitat qui entament le fond de vallon.

Le besoin d'espace se traduit par une compétition pour le sol : le Zounvi offre un terrain d'investigation dans ce sens. On a besoin d'espace pour construire les maisons, pour déposer les ordures ménagères collectées et enfin pour satisfaire des besoins divers tels que l'utilisation des ressources végétales en tant que source d'énergie (bois), plantes médicinales. Les besoins d'espace pour construire et déposer des ordures sont de nature à nuire à l'existence de ces écosystèmes.

Ces besoins spatiaux sont le signe même des diverses perceptions qu'ont les acteurs qui interviennent dans cet espace géographique.

Aussi du fait que les actions et phénomènes observés ont lieu dans un cadre spatial ouvert, ces modifications d'écosystèmes induisent des impacts aussi bien sur les activités socio-économiques que sur la santé des hommes ; ces derniers sont victimes de maladies provoquées par une dégradation et une pollution de leur milieu.

Cependant l'homme restant la ressource et l'acteur principal dans l'oeuvre à la protection des zones humides, il faudra à travers des directives conséquentes et précises organiser l'utilisation et l'occupation du sol dans ces deux (2) vallons. Dans cette perspective, il faut commencer à penser à un aménagement du vallon du Boué qui, si rien n'est fait se retrouvera d'ici à quelques années dans la même situation que le Zounvi. Cet aménagement se trouve d'autant plus justifié que les signes précurseurs comme les lotissements et l'installation humaine ont amorcé une certaine transformation de la tête de vallon tout comme dans le Zounvi totalement englobé dans Porto-Novo.

Une fois encore la question d'une prévision à court et long terme de l'urbanisation doit rester au coeur d'un certain nombre de travaux afin de définir et prévoir la dynamique urbanisante des villes du Bénin d'une manière générale, et en particulier celle de Porto-Novo.

Enfin dans la perspective d'un développement durable, il importe de valoriser autrement ces milieux humides ; ce qui pourrait faire l'objet d'autres recherches sur l'adaptation de ces milieux aux fonctions d'espaces verts urbains que les autorités devraient leur attribuer.

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ANNEXES

Guide d'enquête sur les activités d'exploitation de végétation, de pisciculture

I - Exploitation de végétation

Nom et prénoms de l'enquêté :

Adresse :

Activité principale :

Activité(s) auxiliaire(s) :

1-Types d'exploitation de végétation

Déboisement

? méthodes utilisées : coupe systématique saignée des troncs autres

.............................................................................................

? quantité prélevée par jour : .........................................

? espèces végétales prélevées : ......................................................

..............................................................................................

Ponction de feuilles des plantes

? quantité prélevée par jour : .........................................

? espèces végétales prélevées : ......................................................

..............................................................................................

Extraction de sève des plantes

? méthodes utilisées : saignée des troncs autres : .........................

..............................................................................................

? quantité prélevée par jour : ..........................................

? espèces végétales faisant l'objet d'extraction :.................................

2-Traitement réservé

incinération des troncs pour obtention de fagots de bois

disposition en tas des troncs d'arbres/des feuilles

fermentation de la sève pour obtention du vin local

autres : ..

3- Vente ou utilisation domestique

Vente

? Prix de vente  : ............ ? Marchés fréquentés : ........................

........................

Utilisation domestique : ? construction de toits, palissades

? autres (préciser) : ................................................

? Utilisation à des fins médicales

4- Problèmes rencontrés : ..................................................................

..............................................................................................

II - Pisciculture

Nom et prénoms de l'enquêté :

Adresse :

Activité principale :

Activité(s) auxiliaire(s) :

1-Types de bassins de pisciculture : étangs-pièges bassins piscicoles avec diguettes

2- Description des bassins :

Forme. Dimensions :...................................

3- Matériaux utilisés pour la réalisation de ces bassins piscicoles :

Végétaux (préciser les espèces ): ...............................................

Sable Autres : ...............................................................

4- Pisciculture :

Espèces de poissons élevées : .......................................................

..............................................................................................

Temps d'élevage : ...................................................................

5- Difficultés rencontrées : .............................................................

..............................................................................................

Guide d'enquête sur les ordures

I - Fiche d'identification des tas d'ordures

N° d'identification des tas d'ordures :

Localisation du dépôt d'ordures:

Quartier :........................ Lot :................ Parcelle :....................

Rue :..................

Description de l'environnement du dépôt d'ordures :

1- Etat de la voie 

voie en : terre pavée bitumée autres

2 -Nombre de maisons bâties autour du dépotoir :.............................

3 -Eléments de fond de vallon ou de berge :

Fond de vallon

eau courante eau polluée eau recouverte de végétation

eau stagnante fond de vallon entièrement comblé par les ordures

autres à préciser : ............................................................

Berge

eau courante eau polluée eau recouverte de végétation

maisons bâties autres à préciser : ........................................

Description du dépôt d'ordures :

Formes : ...................................................................................

Dimensions :..............................................................................

II - Structure de collecte d'ordures

Dénomination de la structure : ..........................Siège : ....................

Fréquence de dépôt des ordures : ......................................................

Lieu de dépôt des ordures : ............................................................

Lieu de provenance des ordures ( quartier par exemple): ..........................

Traitement réservé aux tas d'ordures :

Aucun Incinération récupération de certains matériaux autres

..............................................................................................

Question 1 : Pourquoi déversez-vous ces ordures dans le bas- fond ?

Réponse : ................................................................................

..............................................................................................

Question 2 : Depuis quand le faites-vous ?

Réponse :.............................................................................................................................................................................

Placeaux pi

Espèces

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

P8

P9

P10

Total

1- Cyclosorus striatus

0

0

1

1

1

1

1

0

0

1

6

2- Polygonum senegalense

0

0

1

1

0

0

1

1

1

0

5

3- Thallia welwitschii

1

1

1

0

0

0

0

0

0

0

3

4- Polygonum langerum

0

1

1

0

0

0

1

0

0

0

3

5- Nymphea lotus

0

0

1

0

0

0

1

1

1

1

5

6- Nymphea maculata

0

0

1

0

0

1

1

1

1

1

6

7- Elæis guinensis

0

1

1

1

1

1

1

1

1

1

9

8- Raphia hookerii

0

0

1

0

1

1

1

1

1

0

6

9- Raphia vinifera

0

1

1

0

1

1

1

1

1

0

7

10- Symphonia globulifera

0

1

0

0

0

0

0

1

1

1

4

11- Cyperus iria

1

0

0

1

0

1

1

0

0

0

4

12- Cyrtosperma senegalensis

1

1

1

1

0

0

1

1

0

0

6

13- Oryza barthii

0

1

1

0

0

0

0

1

1

1

5

14- Polygonum langerum

0

0

1

1

1

0

1

0

0

0

4

15- Raphia humilis

0

1

1

0

1

1

1

1

1

1

8

16- Artocarpus communis

0

1

1

0

0

0

1

0

0

0

3

17- Cyperus difformis

1

0

0

1

1

1

1

0

0

0

5

18- Echinochloa stagnina

0

1

1

0

0

0

1

1

1

1

6

19- Leersia hexandra

1

1

1

1

0

1

1

1

0

0

7

20- Panicum maximum

1

0

0

1

0

1

1

0

0

0

4

21- Eragrostis tenella

0

1

0

1

0

1

1

0

0

0

4

22- Triumfetta cordifolia

0

1

0

1

0

0

1

1

0

0

4

23- Kyllinga erecta

0

1

0

1

0

1

0

0

1

0

4

24- Emilia caccinea

0

1

0

0

1

1

1

0

0

0

4

25- Ludwigia abyssinica

1

1

1

0

0

0

1

1

0

0

5

26- Anthonotha macrophylla

0

1

0

1

0

0

1

0

0

0

3

27- Acroceras amphectens

0

0

0

1

1

1

1

1

1

0

6

28- Ficus exasperata

0

1

1

1

0

0

1

1

0

0

5

29- Schenckia Americana

0

0

1

1

1

1

0

0

0

0

4

Total

 

7

18

19

16

10

15

24

16

12

8

145

Fiche de présence/absence des relevés d'espèces végétales (Boué)

0 = absence

1 = présence

Placeaux pi

Espèces

P1

P2

P3

P4

P5

P6

P7

P8

Total

1- Cyclosorus striatus

1

1

1

1

0

0

1

1

6

2- Polygonum senegalense

0

0

0

0

0

0

0

1

2

3- Daplazium sammatii

0

0

0

1

1

0

0

0

2

4- Leersia hexandra

0

0

0

0

1

1

0

0

2

5- Cyperus articulatus

1

0

0

0

1

1

0

0

2

6- Thallia welwitschii

1

1

1

0

0

0

0

0

3

7- Echinochloa stagnina

0

0

0

0

1

0

1

0

2

8- Echinochloa colona

0

0

0

0

0

0

1

0

1

9- Cyrtosperma senegalensis

0

0

0

0

1

1

0

0

3

10- Clappertonia ficifolia

0

0

0

0

1

1

1

0

3

11- Oryza barthii

0

0

0

0

1

0

1

0

2

12- Ipomea aquatica

0

0

0

0

1

0

0

0

1

13- Alchornea cordifolia

0

0

0

0

1

1

1

1

4

14- Polygonum langerum

0

0

0

0

1

1

1

1

4

15- Raphia hookerii

0

0

0

0

1

1

1

1

4

16- Cassytha filiformis

0

0

0

0

0

1

1

0

2

17- Schenckia americana

0

0

0

0

0

1

1

1

3

18- Polygonum langerum

0

0

0

0

1

0

1

1

2

19- Nymphea lotus

1

0

0

0

0

0

1

1

3

20- Salvinia nymphellula

0

0

0

0

0

0

0

1

1

21- Symphonia globulifera

0

0

1

0

0

0

1

1

3

22- Raphia vinifera

0

0

0

0

1

1

1

1

4

23- Oryza longistaminata

0

0

1

0

1

1

0

0

3

24- Cuscuta australis

0

0

0

0

0

1

1

0

2

25- Cyperus difformis

0

0

0

0

1

1

1

0

3

26- Panicum laxum

0

0

0

1

1

0

0

0

2

Fiche de présence/absence des relevés d'espèces dans le Zounvi ; présence= 1 et absence = 0

 

Matières

E1

Quantité en %

E2

Quantité en %

E3

Quantité en %

E4

Quantité en %

E5

Quantité en %

 

plastiques et matières synthétiques

 

31

 

16

 

28

 

19

 

28

 

Sable

45

32

26

32

28

 
 

feuilles mortes

0

4

5

3

5

 
 

boites de conserve et ferraille

12

20

25

30

6

 
 

tessons de bouteilles et matière en verre

10

18

8

10

31

 

Textiles

2

6

5

4

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Autres

0

2

3

2

0

 
 

Total

100

100

100

100

100

Matières

E6

Quantité en %

E7

Quantité en %

E8

Quantité en %

E9

Quantité en %

E10

Quantité en %

plastiques et matières synthétiques

 

21

 

32

 

25

 

30

 

27

sable

 

36

 

27

 

35

 

24

 

28

feuilles mortes

 

4

 

10

 

17

 

15

 

10

boites de conserve et ferraille

 

6

 

10

 

11

 

13

 

12

tessons de bouteilles et matière en verre

 

18

 

20

 

10

 

5

 

5

textiles

 

15

 

0

 

2

 

10

 

15

autres

 

0

 

1

 

0

 

3

 

3

total

 

100

 

100

 

100

 

100

 

100

Composition des ordures à partir de 10 échantillons d'ordures.

Les 10 échantillons ont été effectués sur les ordures que venaient de jeter les agents chargés de ramassage d'ordures.

Chaque échantillon a un volume équivalent à 1 m3 environ

Liste des espèces végétales citées dans ce mémoire

Noms scientifiques Familles Noms en goun

Alchornea cordifolia Euphorbiaceae Klan Madu

Aeschynomene indica Fabaceae

Cassytha filiformis Lauraceae

Clappertonia ficifolia Tiliaceae

Cocos nucifera Palmaceae Agunkè

Cuscuta australis Cuscutaceae

Cyclosorus striatus

Cyperus articulatus Cyperacea Fen, ofen

Cyperus difformis Cyperaceae

Cyrtosperma senegalensis Araceae Tungoman

Daplazium sammatii Athyriaceae

Echinochloa colona Poaceae

Echinochloa stagnina Poaceae

Eleais guinensis Palmaceae

Icacina trichantha Icacinaceae Agbegbema

Ipomea aquatica Convolvulaceae

Ipomea stagnina Convolvulacea

Leersia hexandra Poaceae

Ludwigia decurrens Onagranaceae

Musa paradisica Musaceae Akuekue

Musa siniensis Musacea Akuekue

Nymphea lotus Nympheacea

Nymphea maculata Nympheacea

Oryza barthii Poaceae Wosè

Oryza longistaminata Poaceae Wosè

Polygonum langerum Polygonacea

Polygonum Senegalense Polygonacea Towé

Raphia hookerii Palmaceae

Raphia vinifera Palmaceae

Salvinia nymphellula Salviniaceae

Schwenkia americana Solanaceae

Symphonia globulifera Guttiferacea Agbeligbetin

Thallia welwitschii Marantacea Aflema

Wossia luspidata Poaceae Wekozosu

Zea mays Poaceae Gbado

Liste des photographies

pages

Photo n°1 : Décharges d'ordures à Avakpa.....................................................

37

Photo n°2 : Formation herbacée dans le talweg du Zounvi....................................

45

Photo n°3 : Tas de bûches de raphia à Vakon Gbo( vallon du Boué)........................

59

Photo n°4 : Saignée du tronc de raphia (vallon du Zounvi)...................................

59

Liste des graphiques

Graphique 1 : Le bas-fond dans la toposéquence................................................

13

Graphique 2 : Croissance démographique dans la ville de Porto-Novo......................

23

Graphique 3 : Evolution de la densité de population de Porto-Novo.........................

25

Graphique 4 : Composition moyenne d'un m3 d'ordures dans le Zounvi ...................

39

Graphique 5 : Proportion moyenne de matières biodégradables dans 1m3 d'ordures ......

41

Graphique 6 : Les différents faciès de la dégradation de la forêt marécageuse du Zounvi

47

Graphique 7 : Itinéraire économique des pisciculteurs..........................................

57

Graphique 8 : Itinéraire économique des exploitants de bois et de plantes..................

58

Graphique 9 : Modèle d'exploitation des ressources végétales et fauniques dans les

écosystèmes du Zounvi et du Boué ................................................ 61

Liste des cartes

Carte n° 1 : Le Boué et le Zounvi dans Porto-Novo.......................................... .. 12

Carte n°2  : Occupation du sol dans le Zounvi...................................................

16

Carte n°3 : Occupation du sol dans le Boué............................................................

18

Carte n°4  : Extension de la ville de Porto-Novo......................................................

24

Carte n°5 : Implantation humaine dans le Zounvi.....................................................

28

Carte n°6 : Implantation humaine dans le Boué........................................................

29

Carte n°7 : Pistes et routes dans le Boué...........................................................

32

Carte n°8 : Aménagements et infrastructures dans le Zounvi .............................................

33

Carte n°9 : Surfaces de décharges d'ordures dans le Zounvi.........................................

37

Carte n°10: Volumes de décharges d'ordures dans le Zounvi.......................................

41

Carte n°11 : Végétation dans le Zounvi.................................................................

45

Carte n°12 : Végétation dans le Boué................................................................

50

Liste des tableaux

pages

tableau 1 : Occupation du sol dans le Zounvi ...................................................

15

tableau 2 : Occupation du sol dans le Boué......................................................

17

tableau 3  : Comparaison des valeurs des zones humides du Zounvi et du Boué............

20

tableau 4  : Evolution des effectifs de population dans les quartiers riverains du Zounvi..........

24

tableau 5  : Accroissement du nombre de ménages dans les quartiers riverains du Zounvi...35

24

tableau 6  : Evolution des effectifs de population dans 3 quartiers riverains du Boué................

25

tableau 7  : Evolution des effectifs de population et densités dans certains quartiers

du vieux centre de Porto-Novo.........................................................

26

tableau 8 : Décroissance des effectifs de populations et densités dans certains quartiers

du vieux centre de Porto-Novo.........................................................

26

tableau 9 : Evolution des effectifs de population et densités dans la zone d'extension de

Porto-Novo.............................................................................

27

tableau 10  : Caractéristiques du pont métallique de Tokpota...................................

30

tableau 11  : Caractéristiques du pont de Djassin.................................................

31

tableau 12 : Caractéristiques du pont de Boué....................................................

31

tableau 13 : Services et Organisations privées de collecte d'ordures déversant les ordures

dans le Zounvi ..........................................

35

tableau 14  : Profil pédologique n°1 sur la voie Foun Foun - Tokpota (tête de vallon) .....

41

tableau 15  : Profil pédologique n°2 sur la voie Foun Foun menant à Tokpota (tête de

vallon)...................................................................................

42

tableau 16  : Profil pédologique n°3 près d'un dépotoir à Avakpa..............................

42

tableau 17  : Résultats de placeaux réalisés dans le Zounvi......................................

45

tableau 18  : Résultats de placeaux réalisés dans le Zounvi......................................

46

tableau 19  : Résultats de placeau réalisé dans le Zounvi........................................

46

tableau 20  : Résultats de placeaux réalisés dans le Boué........................................

48

tableau 21  : Résultats d'analyses bactériologiques de prélèvements d'eau de puits sur les

berges du Zounvi.......................................................................

51

tableau 22  : Recommandations OMS et normes béninoises pour une eau potable...........

51

tableau 23  : Les trois types d'écosystèmes dans le Zounvi....................................

55

tableau 24  : Quelques espèces de poissons pêchés dans les deux vallons.................

57

Table des matières

 

pages

Avant-propos........................................................................................

3

Résumé/Abstract ....................................................................................

4

Introduction .........................................................................................

5

I- Les zones humides du vallon du Zounvi et du Boué.....................................

10

1.Les vallons du Zounvi et du Boué : un trait morphologique des plateaux du bassin

sédimentaire côtier............................................................................

12

1.1.L'héritage de la transgression : ouverture des vallées dans les formations

sédimentaires..............................................................................

13

1.2.Les vallons-échancrures du plateau Sakété-Pobè.....................................

14

1.3.Les vallons du Zounvi et du Boué : position dans la hiérarchie des vallons-

échancrures de Porto-Novo..............................................................

14

2.Les caractéristiques des zones humides du Zounvi et du Boué.........................

17

2.1.Le vallon du Zounvi .....................................................................

18

2.2.Le vallon du Boué.........................................................................

19

2.3.Eléments de comparaison du Zounvi et du Boué.......................................

22

II-Les facteurs déterminants de l'occupation du sol du Zounvi et du Boué...........

27

1.La dynamique démographique.................................................................

28

1.1.Croissance de la population de la ville de Porto-Novo...............................

28

1.2.Croissance de la population des quartiers limitrophes des deux vallons............

31

2.La répartition de la population dans la ville de Porto-Novo..............................

32

2.1.Les densités de population dans Porto-Novo............................................

33

2.2.Différenciation du peuplement: comparaison entre le Zounvi et le Boué...........

35

2.3.L'extension urbaine par les lotissements : comparaison entre le Zounvi et le

Boué..........................................................................................

38

3.L'extension urbaine par les infrastructures et les équipements : comparaison entre

le Zounvi et le Boué..........................................................................

39

3.1.Les ouvrages de transport.............................................................

39

3.2.Les ouvrages d'assainissement ......................................................

43

4.La production et le besoin de rejet des ordures...........................................

44

4.1.La situation dans la ville de Porto-Novo..............................................

44

4.2.La situation dans la zone périurbaine ouest de Porto-Novo........................

45

III- La dégradation des zones humides des vallons des vallon du Zounvi et du

Boué et la gestion urbaine................................................................

48

1.La perte de superficie et en terre du fond de vallon : berges et talweg...............

49

1.1.La situation dans le Zounvi...............................................................

49

1.2.La situation dans le Boué..................................................................

55

2.La destruction de la végétation...............................................................

55

2.1.La situation dans le Zounvi...............................................................

56

2.2.La situation dans le Boué..................................................................

61

3.La pollution de la nappe phréatique..........................................................

66

3.1.La situation dans le Zounvi...............................................................

66

3.2.La situation dans le Boué..................................................................

68

4.L'aggravation des risques pathologiques pour les riverains..............................

68

4.1. La situation dans le Zounvi..............................................................

68

4.2. La situation dans le Boué.................................................................

69

5.L'apparition et l'aggravation des risques d'extinction des fonctions vitales dans

les milieux humides du Zounvi et du Boué ..........................................

69

5.1.La fonction « accumulation des eaux ».................................................

70

5.2.La fonction « amortissement des crues »................................................

70

5.3.La fonction de recharge des nappes souterraines.....................................

71

5.4.La fonction écologique : la flore et la faune...........................................

71

5.5.La fonction de pourvoyeur de ressources et de services..............................

74

6.Les faiblesses de la gestion urbaine.........................................................

82

6.1.Les excès dans la conception et les opérations de lotissement......................

82

6.2.L'impasse de la gestion urbaine : le jeu des acteurs..................................

85

Conclusion..............................................................................................

86

Bibliographie...........................................................................................

88

Annexes.................................................................................................

91

Liste des photographies...............................................................................

99

Liste des graphiques...................................................................................

99

Liste des cartes.........................................................................................

99

Liste des tableaux.....................................................................................

100

Table des matières.....................................................................................

101

* 1 SERHAU SA 2000 : Revue permanente du secteur urbain au Bénin.Cotonou : SERHAU SA.

2 N'BESSA B. 1997 : Porto-Novo et Cotonou (Bénin) : origine et évolution d'un doublet urbain, Bordeaux III,

Université Michel de Montaigne : thèse de doctorat d'Etat ès lettres.

* 3 Convention de Ramsar sur les zones humides

* 4 fagne : marais ou prairie tourbeuse, d'après le dictionnaire de la Géographie, Georges P. et Verger F. (Dir.) 2000.

* 5 La tourbière est constituée par une accumulation de matière organique en décomposition en un milieu réducteur.

* 6 intertidal : qui connaît l'influence des marées hautes et basses

* 7Boué : nom donné au cours d'eau sur la carte ; Hessou est celui utilisée par les riverains

* 8 VOLKOFF B. 1976 : Notice explicative de la carte pédologique de reconnaissance de la république populaire de Bénin au 1/200.000, feuille de Porto-Novo. Paris ORSTOM.

* 9 Id.

* 10 Lavigne et alii (1995).Voir Bibliographie

* 11 Tchibozo H. F. (2002) :Rapport final du projet de gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale : municipalité de Mopti et Circonscription de Porto-Novo. Programme : « Gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain ». 53 pages.

* 18Définition du Dictionnaire du Conseil International de la Langue Française (CILF)

* 14 Cette hypothèse nous est fournie par le fait que pour combler les parcelles dans le bas-fond, les riverains utilisent environ 10 m3 de sable et les plastiques en proportion 50%, il était donc possible d'utiliser cette donnée.

* 15 PVC : Poly chlorure de vinyle

16 PET : Polyéthylène

* 19 Tchibozo H. F. (2002) :Rapport final du projet de gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale : municipalité de Mopti et Circonscription de Porto-Novo. Programme : « Gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain ». 53 pages.






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera