III - 5.5. La fonction de pourvoyeur de ressources et
de services
III - 5.5.1. L'affaiblissement des capacités de
pisciculture
La pisciculture est souvent un mode intensif d'exploitation
des ressources ichtyologiques. Les populations riveraines du Zounvi et du
Boué tirent profit des conditions naturelles de ces zones humides.
Dans le Boué, la pisciculture se fait surtout en aval
par utilisation d'étangs pièges où les poissons
pénètrent mais ne peuvent plus ressortir. Ceux-ci sont alors
élevés et pêchés par la suite lorsqu'ils atteignent
une certaine taille. Ce système d'aquaculture n'est pas menacé
dans le Boué.
A l'opposé du Boué, la pisciculture est
confrontée à de nombreux problèmes dans le Zounvi.
Là, elle se fait dans des bassins formés par des diguettes. Ces
bassins de dimensions rectangulaires, de 12 m sur 8 m ou de 20m sur 12 m,
bénéficient des conditions écologiques telles que
l'humidité, la température, la végétation et les
sols hydromorphes.
Mais ces périmètres piscicoles qui sont des
aménagements indiqués et réalisés dans le Zounvi
sont contraintes de plus en plus à disparaître sous la pression de
l'habitat et des surfaces d'ordures. Les ordures envahissent ces bassins ou
encore ces bassins sont comblés pour laisser place aux maisons.
III - 5.5.2. L'affaiblissement des capacités de
maraîchage
Ce phénomène s'observe dans le Zounvi où
les champs de Thallia sont confrontés à un apport de
sédiments plus accru signalé par l'apparition du Cyclosorus. Les
récoltes de feuilles de Thallia mettent plus de temps : un (1)
mois et demi au lieu d'un mois. En effet, l'humidité du sol ou la faible
profondeur d'eau sont autant de conditions propices à l'agriculture
maraîchère.
Cette activité tend aujourd'hui à
disparaître sous la pression de l'assèchement et le remblai des
terres humides. A ces facteurs, s'ajoutent l'extension des dépotoirs et
la pollution des sols qui ne sont pas favorables à cette forme
d'agriculture.
III - 5.5.3. La disparition des ressources en
pêche
La grande concentration de poissons et donc de
protéines animales, qui caractérise les zones humides du Zounvi
et du Boué constitue la base d'un secteur traditionnel de la pêche
souvent très actif. De plus une variété de dispositifs et
d'instruments de fabrication locale sont adaptés aux conditions
hydrologiques qu'offre le milieu et permettent la capture d'espèces bien
déterminées. Ainsi par exemple les pêcheurs du Zounvi
utilisent le filet, les paniers faits à partir de joncs pour capturer
les poissons.
D'après les travaux de terrain les espèces
suivantes sont surtout capturées : le Thilapia guinensis,
l'Oreochromis niloticus, le Lates niloticus (Capitaine), le Bagrus bayad. La
richesse de l'ichtyofaune recensé au tableau n° 24 est un atout
pour la pêche.
Avec la forte demande de poissons, les pêcheurs
utilisent d'autres procédés. Les paniers faits à partir de
joncs et dont les mailles sont plus serrées, sont utilisés pour
prendre directement les poissons et les nasses sont placées dans les
frayères pour faire une meilleure prise. Ce dernier
procédé prélève les petits poissons et
empêche une bonne reproduction de ces espèces. Ainsi cette forte
pression exercée par les pêcheurs sur l'aquafaune dans le Zounvi
va diminuer progressivement l'empoissonnement de ce milieu humide et à
long terme interdire les activités de pêche.
A l'opposé, dans le Boué les techniques de
pêche reposent surtout sur l'aménagement des
étangs-pièges. Il s'agit de surfaces aménagées
à l'ouest de l'aval du Boué pour recevoir
Graphique n°8 : Itinéraire
économique des pisciculteurs
Elevage des poissons
Pièges dans les bassins piscicoles
Fumage des poissons
Récolte
Pêche dans le cours d'eau
Vente des poissons sur les marchés péri-urbains de
Porto-Novo
Source :
d'après les travaux de terrain 2001
les poissons : une fois ces poissons dans ces bassins,
ils ne peuvent plus sortir et sont alors élevés pendant 3
à 5 mois selon les espèces (graphique 8). On retrouve quasiment
les mêmes espèces de poissons dans le Zounvi que dans le
Boué. Un certain nombre d'espèces s'y ajoutent : le Clarias
anguillaris (Clariidae), le Lates niloticus (Clariidae).
Tableau n° 24 : Quelques espèces
de poissons pêchés dans les deux bas-fonds
Famille des espèces
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Exemples d'espèces
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Characidae
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Bycinus carolinae
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Cichlidae
|
Thilapia guinensis, Sarotherodon melanotheron
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Clariidae
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Clarias gariepinus
|
Claroteidae
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-
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Mormyridae
|
-
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Mochockidae
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Synodontis sp
|
Source : d'après les travaux de terrain et le
rapport de formulation sur les zones humides PAZH/ Bénin.
Ce système intensif de pêche présente
moins de risques que les méthodes utilisées dans le Zounvi.
Environ 30% de la pêche effectuée est destinée en partie
à la consommation des ménages, le reste est vendu sur les
marchés locaux de Vakon et de Ouando ( graphique n°8).
III - 5.5.4 Le tarissement et la disparition
éventuelle des sources d'approvisionnement en bois et
végétaux
Ce risque est en fait lié à l'exploitation de la
végétation : la fréquence et les méthodes de
ponction sont de nature à mener à la disparition de ces sources
d'approvisionnement.
Suivant l'utilité de chaque espèce et du besoin
(donc la demande économique) la ponction des végétaux est
effectuée régulièrement par les hommes et même les
femmes. Cette activité très rentable est exercée dans les
deux (2) vallons.
Ainsi les feuilles d'Alchornea cordifolia, du Polygonum
langerum, du Cyrtosperma Senegalensis et Polygonum senegalense sont
prélevées en quantités importantes pour remplir
essentiellement les fonctions d'emballage d'aliments (surtout de l'akassa). Les
quantités varient par unité de tas de 100 ou 300 feuilles ;
le prix d'un tas variant entre 1000 et 2000 F CFA.
Le Schwenkia americana est utilisé pour fournir du
cure-dent : la tige est donc systématiquement coupée. Ces
arbustes et herbacées sont alors envahis par des plantes parasites
telles que le Cuscuta sp ou le Cassytha filiformis.
D'autres graminées telles que le Leersia hexandra,
l'Echinochloa sp. et les feuilles de Polygonum langerum sont
prélevées pour utilisation médicale.
Quant aux palmacées, (Elæis guinensis et Raphia
sp) elles remplissent plusieurs fonctions (graphique 9 ) et sont très
exploitées dans les deux (2) vallons.
Graphique n°9 : Itinéraire
économique des exploitants de bois et de plantes
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