III - 5. L'apparition de risques d'extinction des
fonctions vitales dans les milieux humides du Zounvi et du Boué.
Les milieux humides de ces deux vallons sont soumis à
l'exploitation de leurs ressources et aux méfaits des activités
humaines. Plusieurs fonctions de ces milieux sont remises en cause : des
risques environnementaux sont possibles et peuvent s'aggraver vu
l'intensité des actions anthropiques. Ainsi, un certain nombre de
fonctions de régulation hydrologique sont menacées et vont par
voie de conséquence modifier la vie de la biocénose (flore et
faune) qui est déjà soumise à une exploitation
relativement intense. Finalement les ressources qu'offrent ces milieux humides
et les activités possibles à y mener iront en s'amenuisant. Cette
chaîne de relation va donc se refermer en boucle en remettant en cause
une certaine stabilité socio-économique. Il faut remarquer que
ces risques sont plus élevés dans le Zounvi que dans le
Boué où l'occupation du sol et la dégradation des
écosystèmes est faible.
III - 5.1. La fonction "accumulation des eaux"
Le Zounvi reste le seul vallon qui connaît la
perturbation de cette fonction.
D'après la carte n°7, la plupart des ouvrages
d'assainissement (collecteurs, caniveaux) débouchent dans le Zounvi,
dans la partie ouest de Porto-Novo. Ces ouvrages en collectant les eaux de
ruissellement et de pluie drainent également d'importantes
quantités d'alluvions. Ces eaux en pénétrant dans la zone
humide du Zounvi sont freinées naturellement par la topographie (pente
faible du bas-fond) et surtout la forêt marécageuse, qui
amortissent les mouvements de surface comme en profondeur (courant). Ce
mécanisme a pour effet de favoriser la décantation des particules
en suspension.
Or l'assèchement des terres humides et la destruction
de la végétation sont de nature à limiter et même
empêcher l'accumulation de ces eaux dans le Zounvi.
Ainsi à moyen terme, 10 à 15 ans , si rien
n'était fait pour protéger l'intégrité de cette
zone humide, il ne serait plus possible d'évacuer ces eaux dans le
Zounvi puisque l'assèchement des terres humides en relevant le niveau
topographique va empêcher l'évacuation de ces eaux. La tête
de vallon (entre la Route Nationale n°1 et le Pont de Tokpota) est
vraiment exposée à ce risque.
III - 5.2. La fonction "amortissement des crues"
Du point de vue des écoulements de surface
à l'intérieur des bassins hydrographiques, les zones humides
jouent un rôle de zone tampon entre les régions d'amont et les
régions en aval. En effet, une zone humide atténue les
débits de pointe pendant la saison pluvieuse et augmente les
débits d'étiage pendant au moins une partie de la saison
sèche ; ainsi la régulation des écoulements de
surface offre une protection naturelle contre les crues.
Le rôle des zones humides ne
se limite pas seulement à un simple décalage des crues d'aval
dans le temps. Ces zones ne restituent pas toute l'eau qui y entre : une
partie de l'eau reçue et emmagasinée dans ces zones est perdue
par évapotranspiration et infiltration dans le sol. Or ces deux derniers
phénomènes dépendent essentiellement de l'état de
la végétation et du substrat pédologique.
Dans le Zounvi, où en tête de vallon, la
végétation est de plus en plus herbacée et
remplacée par les dépotoirs, l'évapotranspiration est donc
de plus en plus faible. Aussi la pollution des sols et le remblai du fond de
vallon essentiellement par du sable et de l'argile diminuent les
capacités d'infiltration de l'eau dans le sol. Par suite, les eaux de
pluies et de ruissellement seront moins retenues et les crues plus importantes
en aval.
La diminution des capacités d'infiltration de l'eau en
tête de vallon se traduira alors par des inondations pour les maisons
construites en fond de vallon et sur les berges lors des saisons de pluies.
Cette situation peut également s'observer dans le Boué si rien
n'est fait pour protéger un peu plus la végétation de
l'exploitation dont elle fait l'objet.
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