III - 2. La destruction de la
végétation
L'état de la végétation est en effet, un
précieux indicateur de la dégradation des milieux humides compte
tenu du rôle primordial qu'elle joue dans ces écosystèmes.
L'état actuel de la végétation dépend de
l'exploitation des ressources végétales portant sur des
espèces bien ciblées et en quantité importante ; en
outre, la dégradation de cet élément de
l'écosystème entraîne des conséquences sur d'autres
éléments des biotopes.
L'étude de l'état de la végétation
s'est fait en deux étapes :
- nous avons d'abord identifié les différentes
formations végétales au moyen de la photo-interprétation
de la mission IGN BEN 1994,
- ensuite les travaux de terrain nous ont permis de
connaître les détails sur l'état, la structure et les
facteurs de dégradation de la végétation. Ces travaux de
terrain portant sur la végétation ont été faits
comme il est indiqué dans la méthodologie par la technique des
placeaux.
Cette technique a pour but de mettre en évidence sur
une station le rôle des modifications engendrées par les facteurs
écologiques stationnels sur la végétation, de mettre en
relief l'appauvrissement en espèces végétales de certaines
parties dans les zones humides du vallon et enfin comprendre et analyser
l'exploitation des végétaux dans les différents secteurs
du fond de vallon et établir une répartition spatiale des
états de la végétation.
Ainsi grâce à ces placeaux, on a pu obtenir des
résultats qui ont fait l'objet d'analyses par la suite.
III - 2.1. La situation dans le Zounvi
III - 2.1.1. Les résultats des observations dans les
placeaux
D'après le tableau n°17, les premiers placeaux
présentent une dominance de l'espèce Cyclosorus striatus ;
au moins 70% de la superficie-échantillon sont occupées par cette
fougère. D'autres espèces à savoir le Thallia welwitschii,
le Cyperus sp et les Nympheaceae s'y retrouvent également. Il s'agit
d'un groupement herbacé assez pauvre que l'on retrouve en tête de
vallon (carte n°11) entre la voie n°2293 et au-delà du pont de
Tokpota. On reconnaît encore dans cette formation haute, parfois de 2
mètres, des vestiges de Raphia sp et d'Elæis guinensis (troncs de
ces ligneux) : ce sont des troncs intensément exploités
autrefois et aujourd'hui inaptes à la croissance tels qu'on peut le voir
à la photo n°2. Cette formation se développe dans des
conditions hydriques qui n'existent presque plus.
En effet, la hauteur d'eau n'atteint pas 0,5 mètre. On
remarque le développement de la fougère Cyclosorus surtout
à proximité des berges et de plus en plus dans le talweg. Cette
fougère est une plante envahissante plus hygrophile qu'hydrophile. Elle
supporte mieux une écologie humide : sol à hydromorphie
temporaire. Elle envahit rapidement les champs de Thallia lorsqu'ils ne sont
pas entretenus. Ces exigences écologiques justifient sa faible
présence dans les autres placeaux (tableaux n°18 et n°19).
Elle le signe de l'ensablement
par apport d'alluvions pluviales et le recul de l'eau libre.
Il y a donc une perturbation hydrologique de la rivière Zounvi et celle
de la végétation par voie de conséquence.
Photo n° 2 : Formation
herbacée dans le talweg du Zounvi
Cliché N. Ahouandjinou, novembre 2001
On peut observer la prédominance de la
fougère Cyclosorus (au1er plan) et l'unique branche d'un
palmier raphia qui résiste encore à son exploitation ( à
l'arrière-plan).
Cette espèce végétale est donc un
indicateur naturel de la modification de l'écologie de la zone humide
qui se traduit par la disparition des espèces ligneuses au profit des
herbacées, le comblement du talweg en tête de vallon (où
les eaux ont une faible profondeur) et une tendance à la stagnation des
eaux de surface.
Les résultats des 3 autres placeaux (P5, P6)
révèlent une certaine diversité d'espèces (tableau
n°18). On remarque 2 strates dans ces placeaux : les strates
herbacée et sous-arbustive. La strate sous-arbustive est composée
de Polygonum langerum et Raphia hookerii qui sont en réalité des
ligneux en croissance (moins de 3 mètres de hauteur). Quant à la
strate herbacée plus riche, elle se remarque par la présence des
espèces telles que le Leersia hexandra, Alchornea cordifolia,
Cyrtosperma senegalensis.
Tableau n° 17: Résultats de
quelques placeaux réalisés dans le bas-fond du Zounvi
Placeaux
|
Strate herbacée dominée par
les
espèces végétales
suivantes
|
Surface occupée en m²
|
Surface
en %
|
P1
|
Cyclosorus striatus
|
295,5
|
73,87
|
Cyperus sp, Thallia welwistchii , Nymphea lotus
|
104,5
|
26,13
|
P2
|
Cyclosorus striatus
|
360
|
90
|
Thallia welwistchii
|
40
|
10
|
P3
|
Cyclosorus striatus
|
369,5
|
92,4
|
Thallia welwitschii, Nymphea maculata, Oryza sp
|
30,5
|
7,6
|
Source : Travaux de terrain, novembre 2001
On observe par endroits des espèces parasites (Cuscuta
australis, Cassytha filiformis) qui envahissent certains ligneux en croissance
qui ont été coupés. Ceci est dû à l'action
anthropique.
Cependant on relève une prédominance de la
strate herbacée (au moins 60% de la surface des placeaux) due à
l'exploitation croissante des ligneux qui n'ont pas de temps de se
régénérer. Ici les conditions écologiques sont
différentes : on se situe dans le fond de vallon et la hauteur
d'eau est d'environ 1 mètre, les espèces qu'on y retrouve sont en
général hydrophiles.
Tableau n° 18 : Quelques
résultats des observations des placeaux réalisés dans le
fond de vallon du Zounvi
Placeaux
|
Strates observées
|
Surface occupée (m²)
|
Surface en %
|
P5
|
Strate herbacée
|
293,5
|
73,4
|
Strate sous-arbustive
|
106,5
|
26,6
|
P6
|
Strate herbacée
|
257
|
64,3
|
Strate sous arbustive
|
143
|
35,7
|
Source : Travaux de terrain, novembre 2001
Les résultats du dernier placeau P8 mettent en
évidence une complexification de la végétation qui
s'explique par la présence de 3 strates telle que le tableau n° 19
le présente.
* La strate herbacée :
Les 50% de la strate herbacée est à relativiser
car on remarque ici beaucoup d'espaces libres d'eau où se
développent les euhydrophytes. Ceux-ci sont accompagnés par le
Cyrtosperma senegalensis et le Polygonum senegalense, des herbacées aux
larges feuilles et pouvant atteindre 0,75 mètre de hauteur.
* La strate sous-arbustive :
La hauteur des ligneux en croissance est comprise entre 1 et 3
mètres et se compose d'espèces telles que l'Alchornea cordifolia
et le Raphia sp.
Elle occupe un peu plus du quart de l'aire du placeau.
Tableau n° 19 :
Résultats des observations de placeau dans le fond du vallon de
Zounvi
Placeau
|
Strates observées
|
Surface recouverte en m²
|
Surface recouverte en %
|
P8
|
Strate herbacée
|
200
|
50
|
Strate sous-arbustive
|
110
|
27,5
|
Strate arbustive
|
90
|
22,5
|
Source : Travaux de terrain, novembre 2001
* Strate arbustive
Elle se compose essentiellement de Raphia sp. et Symphonia
globulifera et compte environ 15 pieds de Raphia contre 3 pieds de Symphonia
globulifera. Cette dernière strate est le témoin d'une faible
intervention anthropique en aval du vallon.
Cette formation végétale se retrouve en aval du
vallon où la profondeur d'eau dépasse 1,25 mètre et
représente de ce fait une contrainte pour ceux qui font l'exploitation
et le déboisement des raphias et autres plantes. Elle est donc mieux
conservée. Enfin sur les marges du bas-fond (les berges),
s'étendent surtout des plages de bananiers (Musa sp.) par endroits, des
champs de maïs et manioc (cultures vivrières) et de vieilles
plantations de palmier à huile (Elæis guinensis).
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