L'importance de cette catégorie d'entreprise dans
l'économie a amené les pouvoirs publics à mettre en place
un dispositif incitatif et de soutien au développement des PME. On peut
compter plusieurs textes réglementaires ainsi que des organes de soutien
et d'assurance aux PME tels OSEO1 et la SOFARIS2.
Ces dispositifs auraient pour objectif vis-à-vis des
organismes de financement la réduction du risque de crédit
spécifique à ces entreprises. C'est la jonction évidente
avec la fonction d'intermédiation des banques. Ce qui pose le
problème de la relation entre les PME et la banque. Cette relation
s'appuie sur les notions d'incertitude et de risque pour définir deux
types de relation entre banques et PME:
une relation à l'acte ponctuel où chaque
opération de crédit constitue un acte indépendant de la
banque vis-à-vis de son débiteur. Cette relation pour son
1 OSEO: organisme d'aide au financement et à
l'accompagnement des PME en partenariat avec les banques et les organismes de
capital -investissement.
2 SOFARIS : institution dédiée à apporter
la garantie aux différents financements accordés aux PME. Cet
organe fait partie intégrante de OSEO.
approbation dans l'octroi du crédit obéirait
à la loi statistique des grands nombres avec études de
solvabilité et de liquidité.
une relation dynamique d'engagement dans un partenariat entre
la banque et la petite ou moyenne entreprise. Cette relation s'inscrit dans la
durée. C'est une approche qui sous-entend la mise en pratique des
accords de bale dans la connaissance approfondie de l'emprunteur pour mieux
apprécier le risque à prendre. C'est de là que
découle le système de notation que nous verrons plus tard.
Comme nous l'avons constaté ci -haut, les PME en
France génèrent plus de 60% de la valeur ajoutée
nationale1, créent plus d'emploi et représentent plus
de 90% des entreprises. Cette importance économique nous incite à
mettre en relief les principales caractéristiques de cette
catégorie d'entreprises.
En convergence avec la définition de la CGPME et sans
pour autant trahir celle de la commission européenne, nous pouvons noter
quelques caractéristiques des PME françaises:
Assurer et engager pleinement la responsabilité du chef
d'entreprise dans la gestion de
la structure (responsabilité civile et pénale),
Forte dominance familiale2 nonobstant le
critère de taille (nous sommes dans l'optique de la définition
européenne des PME,
Fortes réactions d'indépendance (motivation
première de création d'entreprises) et d'affection (une
entreprise est parfois une affaire de famille remontant à plusieurs
générations),
Objectif patrimonial prépondérant (souvent le
patrimoine du chef d'entreprise est lié à celui de l'entreprise
et le développement et la croissance de celui-ci est concomitant aux
deux personnes (morales et physiques).
1 Données INSEE et Banque de France, avril 2006.
2 Le terme entreprise familiale est à relativiser
parce qu'il ne nous convient pas. En effet, l'institut français des
administrateurs (IFA) définit bien l'entreprise familiale comme
étant celle dont le capital est contrôlé par au moins un
membre d'une famille ayant le pouvoir de gouvernance effectif. Si c'en est le
cas, alors Arcelor Mettal, Oddo Pinatton ou d'autres entreprises de la place de
Paris entrent dans cette catégorie d'entreprises. Si le seuil de
contrôle du capital est fixé à 20%, alors 30% des
entreprises cotées est détenue par des familles (échange
N°242 - 2007).
M.B. DIKABOU51
Au delà de ces caractéristiques
intrinsèques, certains traits financiers dominants caractérisent
aussi les PME:
Une autonomie financière plus faibles par rapport aux
grandes entreprises (plus de 250 salariés). Symétriquement, un
effet de levier plus conséquent dans le cas où la
rentabilité des investissements seraient supérieur au coût
des capitaux1.
Un poids important du crédit interentreprises. Ce poids
est disproportionné par rapport aux autres pays de l'union
européenne. Ce qui pénalisent significativement la structure
financière et partant la rentabilité des entreprise petites ou
moyennes car ces derniers devant trouver des fonds permanents pour financer le
besoin en fonds de roulement découlant de ce décalage
d'échéance (exemple des entreprises sous-traitant de la grande
distribution avec des crédits fournisseurs allant de 60 à 90
jours voir plus).
Une très forte
hétérogénéité de recours à
l'endettement suivant qu'il s'agisse des TPE ou des PME et selon les secteurs
d'activités.
Une dépendance permanente de certaines PME aux
donneurs d'ordre (dans le cadre de la sous-traitance) rendant le principe
d'incertitude plus important dans la prise de décision
d'investissements. Cette réalité poussent parfois certaines
entreprises à sous-traiter à leur tour et ainsi de
suite2...
En somme, tenant compte de tous ces critères
(indépendance du dirigeant, relations difficiles entre clients et
fournisseurs, taux de rotation du capital et des stocks...), le besoin en
financements externes est très exprimé dans les PME en FRANCE.
Normalement, la dynamique de marchéïsation du
crédit (ou de désintermédiation) à travers le
développement des marchés financiers que nous avons abordé
dans la première partie devrait rendre plus facile l'accès au
crédit via l'intermédiation. Mais nous constatons curieusement
dans le financement des investissements (intentionnels et effectifs) une baisse
de l'autofinancement au profit du crédit bancaire3.
Toutefois, la relation entre les banques ou les
1 Dans le cas où les capitaux seraient moins chers le
taux du ROE (return on Equity), alors l'entreprise assurera un effet de levier
du différentiel utile pour la création de l'EVA (economic value
addet ou résultat résiduel).
2 C'est le cas de l'entreprise américaine Mattel avec le
rappel pour la 3ème fois de 840000 jouets fabriqués
par les sous-traitants chinois fonctionnant par une chaîne du faire faire
à tour de bras.
3 OSEO : rapport d'enquête de juillet 2007, section
financement des investissements, page 11.
M.B. DIKABOU53
organismes de crédits ne sont pas toujours exempts de
difficultés que nous allons tenter d'élucider.