Partie Deuxième : Examen critique de
l'inefficacité socio-économique du projet de
libéralisation agricole au Cameroun
La politique de libéralisation agricole n'a pas
fonctionné comme les institutions de Bretton Woods le
préconisaient. Elle n'a pas permis une reprise efficiente du rôle
de l'Etat par le marché. Le financement et la commercialisation
connaissent des dysfonctionnements majeurs. Le niveau de vie des producteurs a
fortement baissé du fait de ces dérives. Les causes de ce
phénomène sont partagées et les conséquences de
nature grave hypothèquent fortement les ambitions de
développement de toute une nation dont la principale ressource est
l'agriculture.
Chapitre I. Les causes de l'inefficacité des
politiques de libéralisation agricole
Les facteurs d'un échec de la libéralisation
agricole sont à chercher non seulement au niveau national mais aussi
dans le contexte international. Au plan national les questions liées au
management administratif déterminent pour une part importante la
difficulté à offrir au Cameroun la jouissance de son potentiel
agricole. A l'échelle internationale les pays africains en
général souffrent de la concurrence déloyale des grandes
puissances agro-industrielles.
.
A. les causes liées à l'environnement
international
Le Cameroun comme est membre de l'organisation mondiale du
commerce (OMC). A ce titre il est partie aux accords de libéralisation
du commerce dont celui relatifs aux produits agricoles. L'accord sur la
libéralisation des produits agricoles a été signé
en 1994 dans le cadre des accords de Marrakech qui clôture l'Uruguay
round et est entré en vigueur en 1995.Cet accord comme tous les accords
de libéralisation est fondé sur la croyance que la
libéralisation des marchés agricoles conduit à la
croissance économique et de facto à l'amélioration du
bien-être social pour tous. Cette thèse tire s'inspire de la
théorie des avantages comparatifs de David Ricardo qui soutient que la
chute des barrières commerciales permet à chaque pays de se
spécialiser dans le domaine où il produit le plus au moindre
coût. Dans ce contexte tout le monde gagne à l'échange des
produits puisque la moyenne des coûts est inférieure à la
situation où tout le monde produit de tout. L'application de cette
théorie conduit donc à la suppression des barrières
douanières et à la promotion des exportations. L'accord de l'OMC
sur l'agriculture vise cet objectif. Il entend parvenir à une
élimination progressive des barrières douanières, à
une réduction des soutiens internes et à la suppression des
subventions à l'exportation. En novembre 2001, lors de la
conférence ministérielle de DOHA, les Etats
membres de l'OMC ont adopté une déclaration qui marque le
lancement d'un nouveau cycle de négociations globales. Celui ci
intègre l'agriculture et devait être conclu au sommet de Hongkong
du 13 au 18 décembre 2005. Cet accord vise trois objectifs :
· l'amélioration de l'accès au
marché ;
· la réduction de toute forme de subventions
à l'exportation
· la réduction des soutiens internes ayant des
effets de distorsions1
L'idée d'une organisation du commerce mondial par
application des règles communes est noble en soi. Toutefois dans la
pratique on constate que non seulement l'Accord sur l'agriculture n'a pas
amélioré l'équité dans le commerce mondiale mais en
pratique il a introduit un régime juridique discriminatoire à
l'égard des pays en développement. D'une part ils ne peuvent plus
mener des politiques agricoles autonomes et d'autre part ils ne peuvent
soutenir leurs producteurs par des subventions2. L'accord sur
l'agriculture a donc introduit une libéralisation discriminante qui
compromet les efforts des pays comme le Cameroun pour s'intégrer dans le
commerce international. Plusieurs facteurs liés à l'environnement
international constituent des obstacles de fait à la réussite des
politiques de libéralisation agricole dans les pays les moins
avancés. Trois (3) points considération permettent de tenir un
tel raisonnement :
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