UNIVERSITE DE MANOUBA
INSTITUT SUPERIEUR DE
COMPTABILITE
ET D'ADMINISTRATION DES
ENTREPRISES
Mémoire présenté en vue d'obtenir
la maîtrise
Spécialité: Sciences de
Gestion
Option: Techniques Comptables et
Financières
Présenté et soutenu par
:
BOUJLIDA AHMED
Encadré par :
Melle. AKREMI RAJA
Année universitaire: 2005-2006
Nous adressons nos vifs remerciements à notre encadreur
Melle. AKREMI RAJA pour son aide et ses fructueux conseils qui
nous ont permis de mener à terme ce mémoire
De même nous exprimons notre vive gratitude aux
membres de jury pour l'honneur qu'ils nous ont fait en
acceptant de juger ce travail
Nos profonds remerciements s'adressent aux enseignants de
l'ISCAE qui ont contribué à notre formation
DEDICACES
REMERCIEMENTS
PLAN
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE 1: L'EFFICIENCE DES MARCHES
FINANCIERS ET LA FINANCE COMPORTEMENTALE 4
SECTION 1 : L'EFFICIENCE DES MARCHES FINANCIERS 5
I. Définition et hypothèses de l'efficience
5
I.1.
Définition........................................................................................5
I.2. Les conditions nécessaires à
l'efficience des marchés financiers........................6
II. Les différentes formes
d'efficience................................................................7
II.1. La forme
forte..................................................................................8
II.2. La forme
semi-forte................................................................................8
II.3. La forme
faible.................................................................................9
SECTION 2 : LA FINANCE
COMPORTEMENTALE............................................9
I. Historique de la finance comportementale 9
II. Emergence de la finance comportementale 10
CHAPITRE 2 : LES BIAIS
EMOTIONNELS...........................................................13
SECTION 1 : L'AVERSION A LA REALISATION DES
PERTES............................14
I. La notion d'aversion à la
perte.................................................................. 14
I.1. L'importance de la théorie des perspectives
dans l'apparition de l'aversion à la
perte.........................................................................................................14
I.2. Développement de la notion d'aversion
à la perte........................................16
I.2.1. Présentation et caractéristiques
de l'aversion à la perte........................... 16
I.2.2. L'existence d'une aversion aux pertes myope
18
II. Les diagnostics et les remèdes de l'aversion
à la perte 19
II.1. Les diagnostics de l'aversion à la
perte...................................................19
II.2. Les remèdes de l'aversion à la
perte.......................................................20
SECTION 2 : LA CONFIANCE
EXCESSIVE.....................................................20
I. La notion de confiance
excessive.................................................................20
I.1. Présentation et caractéristiques de
la confiance excessive..............................20
I.2. L'echange excessif comme étant une
conséquence de l'excès de confiance...........23
I.3. Le biais
d'optimisme........................................................................
23
II. Les diagnostics et les remèdes de la confiance
excessive....................................24
II.1. Les diagnostics de la confiance
excessive................................................24
II.2. Les remèdes de la confiance
excessive...................................................25
CHAPITRE 3 : LES BIAIS
COGNITIFS.................................................................27
SECTION 1 : L'ANCRAGE
MENTAL..............................................................28
I. La notion d'ancrage
mental........................................................................28
I.1. Présentation et caractéristiques du
biais d'ancrage.......................................28
I.2. Les déclinaisons de
l'ancrage................................................................29
I.2.1. Le biais de
représentativité..............................................................29
I.2.2. Le biais de
confirmation.................................................................31
II. Les diagnostics et les remèdes de
l'ancrage....................................................31
II.1. Les diagnostics de
l'ancrage................................................................31
II.2. Les remèdes de
l'ancrage....................................................................32
SECTION 2 : LA COMPTABILITE
MENTALE..................................................32
I. La notion de comptabilité
mentale...............................................................32
I.1. Les composantes de la comptabilité
mentale.............................................33
I.1.1. L'utilité de
transaction...................................................................33
I.1.2. La compartimentation
budgétaire......................................................34
I.1.3. La comptabilité
temporelle..............................................................35
I.2. Le biais de
diversification....................................................................35
II. Les diagnostics et les remèdes de la
comptabilité mentale...................................36
II.1. Les diagnostics de la comptabilité
mentale...............................................36
II.2. Les remèdes de la comptabilité
mentale...................................................37
CHAPITRE 4 : ETUDE
EMPIRIQUE....................................................................40
SECTION 1 : METHODOLOGIE DE
RECHERCHE............................................40
I. Préparation de
l'échantillonnage..................................................................40
I.1. Définition de la
population..................................................................40
I.2. Taille de
l'échantillon.........................................................................40
II. L'élaboration du
questionnaire...................................................................40
II.1. Structure du
questionnaire..................................................................40
II.2. L'organisation du
questionnaire............................................................40
III. Traitement des
données...........................................................................41
III.1. Codification des
données..................................................................41
III.2. Méthodes de dépouillement du
questionnaire...........................................41
SECTION 2 : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS.......................41
I.
Statistiques............................................................................................42
I.1. L'aversion aux
pertes.........................................................................42
I.2. La confiance
excessive.......................................................................44
I.3. L'ancrage
mental...............................................................................46
I.4. La comptabilité
mentale.....................................................................48
II.
Interprétation........................................................................................50
II.1. Interprétation
générale......................................................................50
II.2. Interprétation
détaillée......................................................................53
II.2.1. L'aversion aux
pertes..................................................................53
II.2.2. La confiance
excessive................................................................54
II.2.3. L'ancrage
mental........................................................................55
II.2.4. La comptabilité
mentale...............................................................56
CONCLUSION
GENERALE...........................................................................57
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Un marché est considéré comme
efficient lorsque l'ensemble des informations pertinentes et nécessaires
à l'évaluation des actifs financiers se trouve
instantanément et à tout moment reflétée dans les
cours des titres.
La notion d'efficience des marchés se base
essentiellement sur l'hypothèse de la rationalité des
investisseurs. Cette hypothèse stipule que les investisseurs, tous
égaux dans l'acquisition de l'information, sont supposés
être extrêmement rationnels et avoir pour unique but la
maximisation de la rentabilité de leurs portefeuilles.
Alors que la théorie économique et
financière postule que l'individu est avant tout rationnel, les
expériences des psychologues montrent, qu'au contraire, ses
décisions sont constamment biaisées par les émotions et
par des raisonnements erronés.
KAHNEMAN et TVERSKY (1979) proposent une étude
alternative qui se focalise sur des évidences de comportements en totale
opposition avec la rationalité suivant laquelle les investisseurs sont
censés se comporter sur le marché.
D'après ces deux auteurs les investisseurs sont la
proie de plusieurs facteurs psychologiques qui affectent leur logique de
raisonnement et les poussent à entreprendre des actions en contradiction
avec l'hypothèse de rationalité.
Les études financières récentes se
sont intéressées aux modèles de comportements humains et
plus particulièrement à la science basée sur la
psychologie dans le but d'apporter une explication plausible aux écarts
observés par rapport à l'hypothèse d'efficience des
marchés.
La confrontation des points de vue antagonistes de la
finance et de la psychologie a donné naissance à un nouveau
courant de recherche, la finance comportementale, qui entreprend de concilier
les modèles financières et les observations empiriques des
psychologues.
Cette nouvelle discipline remet en cause le principe de
comportement rationnel lié à l'hypothèse d'efficience des
marchés et suppose qu'il est nécessaire de
réfléchir à des modèles basés sur les
comportements humains afin de pallier les anomalies financières mises en
avant sur le marché financier.
La finance comportementale a proposé ainsi des
biais psychologiques qui sont définis comme étant des
écarts de jugements des investisseurs à partir des normes et
standards acceptés.
GREENFINCH1(*) classe ces biais en deux grandes catégories
à savoir les biais individuels et les biais collectifs. Chaque
catégorie est divisée en biais émotionnels et biais
cognitifs.
Dans cette perspective, nous nous intéressons
seulement aux biais individuels, principalement l'aversion à la perte et
la confiance excessive pour les biais émotionnels et l'ancrage mental et
la comptabilité mentale pour les biais cognitifs.
Selon BRABAZON (2000), l'aversion à la perte est
basée sur l'idée qu'une
« pénalité » mentale associée
à une perte donnée, est plus importante qu'une «
récompense » mentale dû à un gain de la
même valeur
En ce qui concerne la confiance excessive, SHILLER
(2000) affirme que les individus pensent savoir plus qu'ils ne sachent
vraiment. Ils ont tendance à surestimer leurs capacités, leurs
connaissances et leurs perspectives.
L'ancrage se définit par le fait que les gens,
lors de la formation de leurs jugements et la fixation de leurs
prévisions, ont généralement tendance à se
rattacher à des points de référence gardés au
tréfonds de leurs esprits.
KAESTNER (2005) affirme que le biais d'ancrage traduit le fait
que les individus raisonnent par rapport à des valeurs de
référence passées.
La comptabilité mentale est popularisée
par Richard Thaler dans les années 1980. Elle rassemble tous les trucs
qui permettent de simplifier la prise des décisions économiques
quotidiennes.
Dans notre travail nous essayerons, d'une part,
d'expliquer chacun de ces biais, d'autre part, nous allons tester leur
existence, en effectuant une simulation chez un groupe d'étudiants de l'
ISCAE.
Ainsi, notre travail est décomposé en
quatre chapitres :
Le premier chapitre sera consacré à
l'étude de la notion de l'efficience des marchés financiers et la
finance comportementale.
Le second chapitre s'intéressera à
l'étude des biais émotionnels, et particulièrement
l'aversion à la perte et la confiance excessive.
Le troisième chapitre abordera les biais
cognitifs : l'ancrage mental et la comptabilité mentale.
Le dernier chapitre nous permettra de tester l'existence de
ces quatre biais, à l'aide d'un questionnaire auprès d'un groupe
d'étudiants de l'ISCAE suite à une simulation.
Chapitre 1:
INTRODUCTION
L'hypothèse de l'efficience des marchés
financiers a été la proposition centrale en finance durant
environ trente ans. Dans son énoncé de l'hypothèse, FAMA
(1976) définit un marché financier efficient comme « un
marché sur lequel les prix des titres reflètent toute
l'information disponible ».
Au cours des années qui ont suivie sa conception,
l'efficience apparaissait vérifier dans tous les cas de figure, et sur
tous les marchés.
De très nombreuses vérifications empiriques
effectuées sur différents marchés et avec des
méthodes convergentes ont amené des résultats positifs,
l'efficience était dès lors considérée comme
acquise.
Des travaux plus récents concernant les anomalies
du marché ou l'irrationalité des investisseurs, ont toutefois
remis progressivement en cause le mythe de l'efficience.
De nouveaux tests empiriques fondés sur des
échantillons beaucoup plus larges et des méthodes statistiques
plus sophistiquées ont permis de produire des résultats moins
convaincants que ceux des études antérieures, les rendements
théoriques et les supports empiriques ont été remis en
cause.
Les principales forces grâce aux quelles les
marchés étaient supposés atteindre l'efficience, comme
l'arbitrage, se sont révélées beaucoup plus faibles et
limitées que ne le supposaient les théoriciens.
La littérature financière a en outre
accumulé un nombre conséquent d'anomalies évidentes. Ces
anomalies suggèrent que le principe de comportement rationnel lié
à l'hypothèse d'efficience des marchés n'est pas
entièrement correct, ou du moins incomplet et que ces anomalies peuvent
être dues à des erreurs de jugements de la part des investisseurs
lors du processus de prise de décision.
La finance comportementale mise en évidence par
la littérature récente constitue un courant de recherche
novateur, alternatif à la théorie de l'efficience des
marchés, qui traite ces anomalies de rendements.
Selon la finance comportementale, il est dés lors
intéressant de se référer à des modèles
basés sur les comportements humains afin de pallier les anomalies
financières mises en avant sur les marchés financiers.
La première section de ce chapitre traitera les
principaux fondements de la théorie d'efficience.
La seconde section sera consacrée à
l'étude de la finance comportementale
SECTION 1 : L'EFFICIENCE DES MARCHES FINANCIERS
I. Définition et hypothèses de
l'efficience
I.1. Définition :
La théorie des marchés financiers est
née au début des années 60 des travaux des pionniers de la
finance moderne ; c'est cependant à EUGENE FAMA qu'est
attribuée la paternité de la théorie des marchés
financiers à cause de ses articles fondateurs de 1965 dans lesquels il
postule « qu'un marché financier est dit efficient si et
seulement si l'ensemble des informations disponibles concernant chaque actif
financier coté sur ce marché, est immédiatement
intégré dans le prix de cet actif »2(*).
Ainsi sur un marché efficient, dès qu'une
information concernant un actif existe le prix de cet actif est
instantanément modifié pour incorporer cette information.
De ce faite, l'efficience est appréhendée
à priori comme l'aptitude du marché à rétablir
l'équilibre ; le marché est alors dit efficient si les prix
qui s'y forment constituent des signaux fiables permettant aux investisseurs de
prendre les bonnes décisions d'allocation des ressources.
Pour cela, il faut que les actions soient correctement
évaluées en fonction de l'information disponible au temps t.
La définition de l'efficience a
évolué depuis les travaux originels de FAMA, elle est
aujourd'hui moins stricte et autorise certaines formes de
prédictibilités ; ainsi de l'efficience initiale synonyme de
marché au hasard des prix des titres, on a évolué vers une
efficience signifiant l'impossibilité d'obtenir un gain
substantiel : conformément à la définition de JENSEN
(1978) qui postule que « sont réputés efficients les
marchés sur lesquels les prix des actifs cotés intègrent
les informations les concernant de telle manière qu'un investisseur ne
peut, en achetant ou en vendant cet actif, en tirer un profit supérieur
aux coûts de transaction engendrés par cette
action »3(*).
I.2. Les conditions nécessaires
à l'efficience des marchés financiers :
L'hypothèse d'efficience des marchés
financiers est basée sur l'existence de cinq conditions essentielles
permettant de valider cette théorie.
· La rationalité des investisseurs :
Les marchés financiers ne peuvent être
efficients que si les agents économiques agissant sur ce marché
sont parfaitement rationnels, en d'autres termes les agents économiques
doivent agir de manière cohérente par rapport aux informations
qu'ils reçoivent.
Ainsi en cas d'anticipation d'un événement
susceptible de faire augmenter le cours d'un titre, les investisseurs sont
supposés acheter ce titre ou le conserver ; réciproquement
un événement négatif doit engendrer de la part des
investisseurs une décision de vente.
En tout état de cause, conformément
à la théorie économique, les actes effectués par
les investisseurs sont entrepris dans le but de maximiser leurs
espérances d'utilité en fonction du niveau de risque encouru,
les agents économiques sont censés de maximiser le gain qu'ils
peuvent réaliser pour un niveau de risque donné ou minimiser le
risque qu'ils sont amenés a entreprendre pour un niveau de gain
donnée.
· La libre circulation de l'information et la
réaction instantanée des investisseurs :
Pour que les marchés financiers soient
efficients, il faut que les prix intègrent instantanément
l'ensemble des informations disponibles : ce qui nécessite que
l'information soit diffusée simultanément auprès de tous
les agents économiques.
Ainsi il ne doit pas y avoir de décalage temporel
entre le moment où un agent économique reçoit
l'information et le moment où un autre agent reçoit la même
information.
Les agents économiques doivent pouvoir traiter les
informations instantanément et agir sur le marché
immédiatement en fonction de cette information obtenue.
· La gratuité de l'information :
Cette condition postule que les agents économiques
doivent obtenir les informations sur le marché financier sans supporter
de coûts supplémentaires de gestion.
La gratuité de l'information constitue une
condition essentielle à l'hypothèse de l'efficience puisqu'elle
permet à tout investisseur le suivie des informations financières
et facilite l'intégration de ces informations dans les prix des
titres.
· Absence des coûts de transactions et
d'impôts de bourse :
En cas de présence de coûts de transaction ou
d'impôts ; les agents économiques peuvent hésiter
à investir ou à désinvestir, de peur que ces coûts
annulent leurs gains potentiels réalisables.
L'investisseur n'agira sur le marché que dans la mesure
où le gain espéré est supérieur aux coûts de
la transaction supportée.
L'absence de coût de transactions et d'impôt
constitue de ce fait une condition primordiale de l'efficience puisqu'elle
permet aux investisseurs d'agir librement sur le marché financier.
· L'atomicité des investisseurs et la
liquidité :
La théorie des marchés efficients implique
l'existence d'une totale liquidité et d'une complète
atomicité des investisseurs.
Aucun investisseur ne doit pouvoir être en mesure
d'influencer le marché par sa simple intention de vendre ou d'acheter
une masse importante de titres.
Seul le contenu informationnel de l'acte d'un gros
investisseur peut faire varier les cours des titres et en aucun cas le prix de
l'actif ne doit varier pour des problèmes de liquidité.
II. Les différentes formes d'efficience
FAMA définit les formes de l'efficience des
marchés financiers en fonction de l'ancienneté des informations
que les prix des actifs sont censés intégrer.
Il postule que les informations concernant les actifs
financiers peuvent être divisé en trois
catégories :
- La première catégorie comprend les informations
déjà connues et publiées. Ces informations ont
été intégrées par les opérateurs dans les
cours passés des actifs financiers.
- La deuxième catégorie incluse les informations
présentées à l'instant même où celles ci sont
rendues publiques.
- La troisième catégorie renferme les informations
non encore publiées mais détenues par des personnes
privilégiées du fait de leur fonction au sein de l'entreprise.
D'après FAMA la définition des trois formes
de l'efficience est sous jacente aux différents types
d'intégration des informations dans les cours des titres.
II.1. La forme forte :
La forme forte de la théorie de l'efficience suppose
qu'il n'est pas possible de tirer partie des informations non publiques
concernant un actif financier pour prévoir l'évolution future du
prix de cet actif.
En d'autre terme la forme forte de la théorie de
l'efficience postule que la connaissance d'informations confidentielles
susceptibles d'affecter la valeur d'un actif financier lorsqu'elles sont
dévoilées par un investisseur, ne permet pas à ce dernier
de réaliser un gain réel sur le marché financier.
Selon la forme forte de la théorie de
l'efficience ; dès lors que les personnes disposant d'informations
privilégiées effectuent des opérations et dans la mesure
où le marché est transparent, ces opérations sont visibles
et repérables par les autres opérateurs. Elles agissent comme un
signal informant l'ensemble qu'un événement particulier est
attendu.
II.2. La forme semi-forte :
La forme semi-forte de la théorie de l'efficience
postule que l'ensemble des informations disponibles concernant un actif
financier est intégré dans le prix de ce titre à l'instant
même où ces informations sont rendues publiques.
Il n'existe de ce fait aucun décalage temporel entre le
moment où l'information est dévoilée et le moment
où celle-ci est intégrée dans les cours.
Sur un marché efficient au sens de la forme
semi-forte le prix de chaque titre coté correspond à sa valeur
réelle ; il n'y a aucun décalage entre la valeur d'un actif
et son cours de cotation puisque toutes les informations sont
intégrées dans les cours.
La forme semi-forte de la théorie de l'efficience
des marchés financiers implique une réaction absolument
immédiate des investisseurs. Il n'y a pas possibilité d'arbitrage
dans la mesure où toute nouvelle information est instantanément
incluse dans les cours, aucun investisseur n'a la possibilité de
profiter de cette nouvelle information pour réaliser un profit
substantiel.
En tout état de cause, les cours contiennent non
seulement les informations objectives concernant les titres mais
également les anticipations moyennes des investisseurs dès
l'instant où celles-ci se forment.
II.3. La forme faible :
La forme faible de la théorie d'efficience stipule
que le prix actuel d'un actif financier est totalement indépendant de
l'ensemble des informations, concernant ce titre, publié dans le
passé.
On ne peut pas, d'après la forme faible de la
théorie de l'efficience, utiliser l'ensemble des informations
passées d'un actif financier pour déterminer de façon
certaine son prix actuel ou l'évolution future de son cours.
Les investisseurs sous réserve qu'ils soient
à la fois informés et rationnels, sont supposés avoir
déjà analysé l'ensemble des informations diffusées
dans le passé et les avoir répercuter dans les cours des titres
respectifs.
Le prix à la date t de chaque actif financier est de ce
fait totalement indépendant du prix du même actif à la t-1
ou aux autres dates précédentes.
SECTION 2 : LA FINANCE COMPORTEMENTALE
I. Historique de la finance comportementale
Précisément l'histoire débute
à la fin des années 1960, alors que les deux compères
DANIEL KAHNEMAN et AMOS TVERSKY (psychologues à l'université
hébraïque de Jérusalem) réfléchissent,
à la demande d'instructeurs de l'armée de l'air
israélienne, sur la meilleure façon de motiver les jeunes pilotes
à l'entraînement.
A l'époque, les instructeurs s'élevaient
notamment contre la sagesse populaire qui prétend que l'encouragement
donne de meilleurs résultats que la punition.
Ils avaient en effet remarqué que les pilotes qui se
faisaient réprimander après un mauvais vol s'amélioraient
la fois suivante alors que ceux qui recevaient des félicitations
après un vol réussi tendaient à être moins
performants le vol d'après. Pour eux le lien était évident
et la conclusion aussi. En fait, ils ignoraient (ou oubliaient d'appliquer) le
concept statistique élémentaire de régression vers la
moyenne.
Quand quelqu'un réalise une performance
très en dessous de son niveau, la probabilité qu'il
s'améliore au prochain coup est très importante. Et inversement
celui qui a réussi exceptionnellement bien a de grandes chances de moins
bien réussir la fois suivante. Cela ne veut pas dire que la conclusion
des instructeurs soit nécessairement fausse ; il faudrait faire des
testes pour s'en assurer. Ce qui est sur c'est que le raisonnement qui les a
conduit à cette conclusion est fallacieux : les faits
observés peuvent très bien s'expliquer sans faire intervenir les
méthodes de motivation.
C'est à partir de ce moment que les deux
chercheurs n'ont plus cessé de s'intéresser aux
« heuristiques » de jugement, c'est-à-dire aux
règles non écrites qui permettent aux
individus de se faire un avis rapidement et de prendre une
décision.
Ils l'ont fait en Israël puis aux Etats-Unis
où leurs recherches ont enfin trouvé l'écho qu'elles
méritent, KAHNEMAN enseignant à Princeton et TVERSKY à
Stanford jusqu'à sa mort en 1996.
La façon novatrice d'aborder les comportements
économiques qu'ils ont initiés s'est diffusée durant la
dernière décennie au domaine de la finance où la recherche
dispose désormais d'un courant comportementaliste très dynamique.
La finance comportementale permet notamment d'éclairer ce qui motive les
décisions des investisseurs.
II. Emergence de la finance comportementale
La confrontation des points de vue de la finance et de
la psychologie a donné naissance à un nouveau courant de
recherche qui est la finance comportementale.
Plusieurs chercheurs ont longuement considéré
que la psychologie joue un rôle clé dans la détermination
et l'analyse du comportement des marchés. En effet, l'idée la
plus répandue dans ce domaine, estime que l'étude de la
psychologie et des autres sciences sociale, peut aider à éclairer
et à analyser l'efficience des marchés financiers. Cela permet de
comprendre plusieurs phénomènes, comme les anomalies de la
bourse, les bulles des marchés et les crashes.
Cependant, c'est seulement dans les 70 que des
études et des recherches se sont concentrées sur ce
problème. PAUR SLOVIC (1972), dans un article sur la perception du
risque par l'individu, et AMOS TVERSKY et DANIEL KAHNEMAN (1974, 1979), dans
leurs articles sur la structure des décisions à prendre, ont
joué un rôle important à ce sujet.
Même s'il existe plusieurs définitions de
la finance comportementale, un lien considérable les lie. THALER (1993)
définit la finance comportementale comme une simple
« ouverture d'esprit », c'est-à-dire que pour
trouver une solution à un problème empirique (financier), il est
nécessaire de déterminer l'état ou la situation dans
laquelle certains agents, appartenant à l'économie, agissent
d'une façon moins importante que l'ensemble des agents rationnels.
LINTNER (1998) définit la finance comportementale
comme l'étude du comportement de l'individu, quand il analyse et agit en
présence de décisions d'investissements.
OLSSEN (1998) affirment que la finance comportementale,
n'a pas pour objectif de définir un comportement rationnel ou une
décision d'étiquette, mais elle cherche à comprendre et
à prédire les implications systématiques et
financières liées au marché, et au processus psychologique
de prise de décision.
Il est important de noter qu'il n'existe pas une
théorie unifiée de la finance comportementale en ce moment.
OLSSEN (1998) indique que dans la plus part des propositions qui existent dans
la littérature, la manière d'identifier les décisions
comportementales montre qu'il est préférable d'avoir, dans le
comportement du marché financier, des effets systématiques.
SHILLER (2003) indique que « The collaboration
between finance and other social sciences that has become known as behavioral
finance has led to a profound deepening of our knowledge of financial markets
»4(*).
MANGOT (2004) affirme que la finance comportementale,
née de la confrontation des points de vue de la psychologie et de la
finance, s'efforce de jeter la lumière sur ce qui motive les
décisions des investisseurs ; elle rend compte de la façon
dont les émotions viennent interférer dans leurs
décisions.
CONCLUSION
La finance comportementale, qui
représente un alternatif de la théorie d'efficience des
marchés financiers, constitue l'une des plus importantes
découvertes. Cette nouvelle discipline a obtenu sa consécration
en 2002 avec l'obtention par DANIEL KAHNEMAN, son cofondateur avec AMOS TVERSKY
(aujourd'hui décédé), du prix Nobel d'économie.
MANGOT (2004) considère que
les apports de cette discipline sont révolutionnaires, ils permettent de
mieux comprendre les erreurs récurrentes que faisaient les
investisseurs.
Ce nouveau courant de recherche apporte deux principaux
développements :
Le premier développement a été
porté sur l'élaboration d'une théorie appelée
« théorie des perspectives » (KAHNEMAN et TVERSKY
(1979) ) qui se présente comme alternative à la théorie
d'utilité avec la prise en compte de facteurs comportementaux plus
réalistes susceptibles de mieux expliquer les agissements des
investisseurs.
Le deuxième développement, qui a
concerné l'identification des biais comportementaux, permet d'analyser
un bon nombre de phénomènes considérés par la
théorie de l'efficience comme des anomalies.
En tout état de cause ; l'analyse de ces
phénomènes permet d'avoir une nouvelle vision du marché
financier et de mieux comprendre ses mécanismes.
Chapitre 2:
INTRODUCTION
Le champ de la finance comportementale a connu ces deux
dernières décennies une expansion et un développement
important. En effet, ce domaine englobe à la fois des concepts de
psychologie et de finance. Il a pour but la construction d'un modèle
plus détaillé du comportement de l'investisseur.
Ce nouveau courant de recherche a proposé ainsi
des biais émotionnels relatifs aux émotions des investisseurs qui
sont principalement l'aversion à la perte et la confiance excessive.
La littérature de la psychologie de
l'investisseur a considéré la théorie de la perspective,
qui a été proposée par KAHNEMAN et TVERSKY (1979), comme
un modèle descriptif et pertinent de la prise de décision dans
une situation caractérisée par l'incertitude et le risque.
En outre, cette théorie a été
à la base de l'émergence de la notion d'aversion à la
perte de l'investisseur, qui stipule que les individus sont beaucoup plus
sensibles aux pertes qu'aux gains. En plus, les investisseurs répondent
différemment à des situations équivalentes, et ce en
fonction de l'état de l'investisseur : soit dans un contexte de
gain ou de perte.
La confiance excessive constitue l'un des biais
comportementaux les plus traités en littérature.
Dans leurs travaux portant sur le comportement des
investisseurs, DE BONDT et THALER (1995) déclarent le fait que les
individus aient un excès de confiance comme l'une des
caractéristiques les plus pertinentes dans la psychologie des
jugements.
Les psychologues ont trouvé que les investisseurs
attribuent systématiquement une pondération plus importante pour
certains types d'information et une pondération moins importante pour
d'autres.
Cette confiance excessive des investisseurs affecte les
marchés financiers et principalement elle affecte le volume des
transactions.
Dans la première section de ce chapitre,
nous traiterons le biais de l'aversion à la perte. En premier lieu, en
s'intéressant à l'importance de la théorie des
perspectives dans l'apparition de ce biais. En second lieu, en expliquant le
développement de la notion de l'aversion aux pertes.
La seconde section se focalisera sur l'étude de
la confiance excessive et du biais d'optimisme.
SECTION 1 : L'AVERSION A LA REALISATION DES
PERTES
I. La notion d'aversion à la
perte
Depuis les années 70, la littérature qui
traite le domaine de la finance comportementale s'est développée
rapidement. Ce champ d'étude englobe à la fois des concepts de
finance et de psychologie afin de construire un modèle de comportement
humain détaillé dans les marchés financiers. KAHNEMAN et
TVERSKY (1979) dans une théorie pionnière, appelée
théorie des perspectives, ont contribué au développement
de la finance comportementale d'une manière importante en
présentant un cadre descriptif, où les individus répondent
différemment à des situations en fonction d'un contexte de gain
ou de perte. L'apparition de la notion d'aversion à la perte de
l'investisseur, a permit d'analyser les processus de prise de décisions
où les investisseurs apparaissent très averses aux
pertes.
I.1. L'importance de la
théorie des perspectives dans l'apparition de l'aversion à la
perte :
La plupart des modèles théoriques
supposent que les investisseurs effectuent leurs préférences et
évaluent les alternatives risquées en se référant
au concept de l'utilité espérée. Ce concept a
été généralement accepté comme modèle
normatif de choix rationnels et appliqué comme modèle descriptif
du comportement économique.
Les recherches expérimentales en contradiction
avec la théorie de l'utilité décrivent un ensemble de
problèmes de choix pour les quels les préférences des
investisseurs semblent dévier de la théorie de l'utilité
espérée et violer systématiquement les axiomes
définis par cette dernière.
KAHNEMAN et TVERSKY (1979) ont introduit une
théorie alternative de choix en
situation d'incertitude appelée
« théorie des perspectives » (prospect theory) dans
le but de remplacer le paradigme d'utilité espérée. Elle
propose un cadre descriptif qui aide les individus à prendre leurs
décisions sous les contraintes du risque et de l'incertitude.
Cette théorie peut être
considérée comme un cadre d'étude du comportement plus
général et plus complet que la théorie de l'utilité
espérée.
La théorie des perspectives peut être
représentée de différentes manières, mais
essentiellement, elle décrit plusieurs états d'esprit qui peuvent
influencer le processus de prise de décision individuel.
Selon BARBERIS et AL (1999), la littérature de la
psychologie du comportement a considéré, pour une certaine
période, la théorie des perspectives comme un modèle
descriptif de prise de décision en présence du risque. Cette
théorie a aidé à expliquer les nombreuses violations du
principe de l'utilité espérée, qui a été
utilisée pendant des années.
La théorie des perspectives est basée sur
une hypothèse selon laquelle la plupart des sujets ont tendance à
violer la théorie d'utilité et à réagir
différemment face à des changements similaires de
probabilité.
La théorie des perspectives modifie la
théorie d'utilité espérée dans deux domaines et
conduit à des prédictions liées à l'aversion
à la perte de l'investisseur.
· Premièrement, l'utilité de l'investisseur
est supposée être une fonction des gains et des pertes relative
à un référentiel, plutôt que fonction de la richesse
absolue.
· Deuxièmement, alors que les fonctions
d'utilité standards sont concaves, qu'il s'agit d'une situation de gain
ou de perte, la théorie des perspectives suppose que les fonctions
d'utilité sont concaves pour les gains et convexes pour les pertes.
La théorie des perspectives suggère que
les individus répondent différemment à des situations
équivalentes, selon qu'il s'agit d'un contexte de gain ou de perte.
Cette théorie met aussi l'accent sur l'aversion
à la perte, qui stipule que les investisseurs sont beaucoup plus
sensibles aux changements négatifs de leurs richesses (pertes),
plutôt qu'aux changements positifs (gains).
KAHNEMAN et TVERSKY (1979), stipulent que la tendance
à se comporter différemment lorsque l'on est en perte ou en gain
est d'autant plus forte qu'il ressort des observations une aversion aux pertes
qui fait considérer celles-ci comme deux fois plus douloureuses que les
gains.
I.2. Développement de la notion
d'aversion à la perte :
Le développement de la notion d'aversion à
la perte et son influence dans plusieurs domaines de la finance et de la
décision financière, a permit une meilleure analyse et une
efficacité plus évidente des processus de prise de
décisions.
Nous présenterons dans ce paragraphe la notion
d'aversion à la perte et ses caractéristiques ainsi que sa
version myope.
I.2.1. Présentation et
caractéristiques de l'aversion à la perte :
GLEITMAN et AL (2000) définissent l'aversion
à la perte comme une réalité très répandue.
Evidente dans plusieurs aspects de la prise de décision, dans laquelle
les investisseurs semblent particulièrement très sensibles aux
pertes, et cherchent par tous les moyens à l'éviter.
Selon BRABAZON (2000), l'aversion à la perte est
basée sur l'idée qu'une
« pénalité » mentale associée
à une perte donnée, est plus importante qu'une «
récompense » mentale dû à un gain de la
même valeur.
RABIN et THALER (2001) définissent l'aversion
à la perte comme étant « the tendency to feel the pain
of a loss more acutely than the pleasure of an equal sized
gain »5(*).
KAHNEMAN et TVERSKY (1979), en étudiant le bien
être des investisseurs, montrent que le dépit qu'une personne
ressent pour la perte d'une somme d'argent est supérieure au plaisir
associée au gain de la même somme.
Pour mettre en oeuvre ce résultat, ces deux auteurs ont
introduit une nouvelle fonction d'utilité appelée fonction de
valeur (figure 1).
La fonction de valeur montre que la réponse
psychologique des investisseurs est une fonction concave (aversion au risque)
dans le domaine des gains et convexe (recherche du risque) dans le domaine des
pertes. En effet, les individus sont disposés à prendre beaucoup
plus de risques pour éviter des pertes plutôt que pour
réaliser des gains.
SHILLER (2003) affirme que les individus sont
très sensibles aux pertes de façon qu'ils prennent plus de
risques pour les éviter.
Figure 1 : La fonction de valeur de
l'investisseur
Source : MANGOT. M : « Les
comportement en Bourse, 6 erreurs psychologiques qui coûtent
cher » ; Galino éditeur ; Paris 2004 ; page 31
L'aversion à la perte est reliée à
la science de la psychologie qui stipule que le déclin de
l'utilité, dû aux pertes plutôt qu'aux gains, persuade les
investisseurs à conserver les titres perdants par rapport à ceux
qui réalisent des gains.
Cette intuition a été formellement
développée par KAHNEMAN et TVERSKY (1979) et a été
appliquée empiriquement aux marchés financiers par plusieurs
auteurs, tel que SHEFRIN et STATMAN (1985) et DE BONDT et THALER (1985).
Le comportement différencié vis-à-vis des
titres en gains et en pertes est connu sous le nom d'effet de disposition.
ODEAN (1998) définit l'effet de disposition comme
étant « the tendency of investors to hold losing investments
too long and sell winning investments too soon »6(*).
Cet effet est avéré a grande
échelle comme l'on montré plusieurs études de terrain.
Parmi ces études on peut mentionner celles de BARBER et ODEAN (2000,
2001, 2002) et ODEAN (1998, 1999) qui ont démontré empiriquement
que les investisseurs ont tendance à détenir les titres qui
génèrent des pertes et à vendre ceux qui réalisent
des gains.
ODEAN (1998), à partir des relevés
d'opérations de 10000 comptes-titres d'investisseurs individuels
américains sur la période 1987-1993, ressort que l'on vend bien
plus souvent les titres gagnants (winners) que les titres perdants (losers) et
que se sont les titres qui ont progressé très rapidement qui sont
cédés les premiers.
L'aversion à la perte renforce la tendance
à conserver les titres perdants (losers) puisque si l'on vend un titre
en perte pour en acheter un autre et que l'on rattrape la moins-value, on
n'épanche que la moitié de la déception causée par
la perte sur le premier titre. En effet, en termes de satisfaction, une
moins-value de 100 euros suivie d'une plus-value de 100 euros n'équivaut
pas à une performance nulle mais à une perte de 50 euros.
Ce résultat peut être illustré par la
fonction de valeur de l'investisseur telle qu'obtenue par KAHNEMAN et TVERSKY
(1979).
I.2.2. L'existence d'une aversion aux pertes
« myope » :
L'aversion à la perte
« myope » est la combinaison de deux variables de
comportement connues, et qui sont considérées comme fondamentales
dans la finance comportementale, à savoir l'aversion à la perte
et la comptabilité mentale.
L'aversion à la perte qui est, comme nous l'avons
déjà présentée, l'ingrédient majeur de la
théorie des perspectives (KAHNEMAN et TVERSKY (1979) ; TVERSKY et
KAHNEMAN (1992)). Elle se définit par la tendance à s'exposer
à des changements négatifs (pertes), par rapport au niveau de
référence, plus importants qu'à des changements positifs
(gains).
L'aspect de la comptabilité mentale (THALER 1985)
dans la relation de l'aversion à la perte « myope »
est la myopie, c'est-à-dire le fait que les investisseurs tendent
à évaluer leur portefeuille d'investissement fréquemment,
même quand l'investissement est favorable à une rentabilité
à long terme.
L'aversion à la perte combinée avec la
tendance à se concentrer à des résultats à court
terme donne l'aversion à la perte « myope ».
En effet, depuis que les investisseurs évaluent
leurs portefeuilles d'une façon très fréquente, ils
observent des pertes à court terme (une année). Et puisqu'ils
sont très sensibles aux pertes qu'aux gains, ils sont
négativement affectés par les changements à court terme.
Par conséquent, l'utilité espérée obtenue du
portefeuille est faible quand l'investisseur observe les changements
fréquents.
II. Les diagnostics et les remèdes de
l'aversion à la perte
Récemment, les chercheurs se sont
concentrés à la réponse aux questions suivantes :
- comment peut-on savoir qu'un investisseur est affecté
par le biais d'aversion à la perte ?
- comment peut-on corriger ce biais ?
II.1. Les diagnostics
de l'aversion à la perte :
Plusieurs auteurs ont essayé de
trouver des repères au biais de l'aversion à la
réalisation des pertes. Parmi ces auteurs on peut mentionner MICKAEL
MANGOT.
Selon MANGOT (2004), l'aversion aux pertes
présente deux principales conséquences pratiques. Ces derniers
peuvent représenter des repères à ce biais :
· L'investisseur peut conserver des losers quasi
indéfiniment en portefeuille sans pour autant croire en leur potentiel
de redressement. Paradoxalement, il n'y croit plus mais il conserve quand
même l'espoir.
· L'investisseur rechigne à investir dans des
placements risqués même si l'espérance de gains est
nettement positive seulement parce qu'il y a possibilité de perdre. Par
exemple, compte tenu de la fonction de valeur, l'investisseur est tenté
de refuser un placement qui offre 50 % de chance de gagner 100 euros et 50 % de
chance de perdre 60 euros, pourtant l'espérance de gain est de 20
euros.
Cet auteur démontre qu'un individu est
particulièrement sujet à l'aversion aux pertes si :
- Il pense que la meilleure façon de gagner en Bourse
est de ne jamais perdre d'argent sur aucun titre
- Il pense qu'il est judicieux de prendre rapidement ses gains
en Bourse parce que les humeurs du marché évoluent très
vite
- Il aime se renforcer quand un de ses titres baisse de
manière à pouvoir remettre plus vite « les compteurs
à zéro »
- Il a en portefeuille des titres qui ont perdu une grande
partie de leur valeur et dont il ne suit plus ni les performances ni
l'actualité
- Il a remarqué que dès qu'il vend un titre, son
cours progressait
- Il est réticent à regarder l'actualité
d'un titre une fois qu'il l'a acheté. De même pour les titres
qu'il a seulement failli acheter
II.2. Les remèdes
de l'aversion à la perte :
MANGOT (2004) a trouvé que les investisseurs
peuvent largement corriger ce biais :
- En focalisant sur l'espérance de gain (et non sur le
risque de perte) car c'est le seul critère qui a de l'importance pour
l'investisseur performant
- En gardant à l'esprit que leur objectif est de
réaliser la meilleure performance globale et pas de réussir le
tour de force de ne perdre d'argent sur aucune action
- En n'oubliant jamais qu'il y a un coût
d'opportunité à conserver des titres perdants (losers) en
portefeuille.
- En se rappelant d'une part que c'est la gestion de long
terme qui est la plus performante et d'autre part que les mouvements de
marché durent fréquemment plus que quelques semaines. Il est donc
souvent inopportun de vendre des titres après un rallye de quelques
jours
- En notant scrupuleusement les performances des titres qu'ils
conservent en portefeuille, celles des titres qu'ils ont vendus et celles des
titres qu'ils auront aimé acheter s'ils avaient eu la trésorerie
adéquate. Cela lui montrera de manière concrète ce que lui
coûte l'effet de disposition
SECTION 2 : LA CONFIANCE EXCESSIVE
I. La notion de confiance excessive
I.1. Présentation et
caractéristiques de la confiance excessive :
Des études empiriques argumentent que
l'excès de confiance provient de la psychologie cognitive qui stipule
que l'individu à toujours tendance à surestimer son
habilité dans différents contextes.
Les êtres humains sont donc trop confiants quant
à leurs capacités, leurs connaissances et leurs perspectives.
LAVIGNE et LEGROS (2005) affirment que la tendance
à se monter excessivement confiant quant à son propre jugement ou
ses propres prévisions n'est pas propre à la finance, mais la
finance est un terrain propice à la répétition de ce
phénomène car la prévision y est par nature très
difficile.
Des études récentes définissent
l'investisseur excessivement confiant comme quelqu'un qui surévalue son
habilité à générer l'information ou à
identifier la signification de plusieurs données ; il a tendance
à surestimer la précision du signal de son information
privée par rapport aux informations publiques reçues par
l'ensemble des investisseurs.
D'après GREENFINCH l'excès de confiance
fait que les individus surestiment leurs informations et leurs
capacités.
Les investisseurs se comportent souvent comme s'ils donnent
confiance à l'information, sans tenir compte de sa source et sans se
soucier de la valeur prédictive de l'information qu'elle soit
précise et complètement fiable ou alternativement
démodée ou inexacte... (FISKE et TAYLOR (1991)).
L'excès de confiance a à la fois un aspect
direct et indirect ; ceci dépend de la façon dont les
individus traitent l'information :
- L'effet directe, observé notamment par DANIEL,
HIRSHLEIFER et SUBRAHMANYAM (1998), est lié au fait que les individus
accordent beaucoup trop d'importance à l'information qu'ils collectent
eux mêmes car ils ont tendance à surestimer sa
précision.
- L'effet indirect de l'excès de confiance se
révèle quant à lui du fait que les individus filtrent
l'information et biaisent leurs données de sorte que cela leur permet de
maintenir leur confiance.
Ainsi, ils donnent un poids important à
l'information qui est en accord avec leurs croyances existantes, ils sont
portés vers le recueil des informations qui appuient leurs croyances et
cachent aisément les informations qui ne le sont pas (LORD, ROSS et
LEPPER (1979), NISBETT et ROSS (1980), FISKE et TAYLOR (1991)).
Des psychologues ont développé un
phénomène appelé « biais
d'attribution » pour décrire ce type de comportement.
D'après ces derniers, en observant les
conséquences de leurs actions, les individus attribuent les
événements qui confirment leurs actions à leur
habilité et celles qui renient leurs actions à un bruit
blanc ; ils ont tendance à réprimer toute information
conflictuelle avec leurs choix passés.
Les investisseurs effectuent leurs transactions en
fonction de leur signal privé ; si le signal publique
ultérieur confirme leurs transactions (information favorable suite
à l'achat et information défavorable suite à la vente) la
confiance des investisseurs augmente sensiblement ; si par contre le
signal publique ultérieur ne confirme pas leurs transactions leur
confiance ne baisse que modestement.
L'évidence psychologique indique que les
investisseurs ont toujours tendance à blâmer les facteurs externes
en cas d'échec.
En effet, l'excès de confiance de l'investisseur se
nourrit d'une comptabilité biaisée de ses succès et ses
échecs. L'investisseur se remémore facilement ses bons coups et
oublie volontiers ses loupes. De même, il pense devoir ses succès
à ses propres facultés mais porte ses échecs sur le compte
du marché ou de la malchance (MANGOT (2004)).
La plupart de ceux qui achètent et vendent des
actifs financiers essayent de choisir des actifs qui vont avoir des rendements
élevés.
Cette tâche est difficile mais il est
précisément dans une telle difficulté que les individus
exhibent une confiance excessive.
GERVAIS et ODEAN (1997) ont développé un
modèle de marché multi périodique décrivant le
processus par lequel les investisseurs apprennent sur leurs capacités et
comment ce biais dans cet apprentissage peut créer des investisseurs
trop confiants.
Initialement les investisseurs ne connaissent pas leurs
capacités et ils l'apprennent à travers l'expérience. En
effet, le niveau de confiance de l'investisseur est nul lorsqu'il commence
à faire des transactions, augmente avec les premières
périodes de transactions et ensuite il baisse.
Ainsi, la grande confiance excessive
espérée dans la durée de vie de l'investisseur arrive
très tôt dans sa carrière.
Après cela, il tend à développer
progressivement une estimation plus réaliste de ses capacités.
En analysant la raison pour laquelle l'excès de
confiance de l'investisseur atteint son maximum GERVAIS et ODEAN (2001)
montrent par ailleurs que l'évolution du niveau de l'excès de
confiance dépend de la fréquence et de la vitesse de la
rétroaction (feed-back) que l'investisseur reçoit suite à
ses opérations.
De ce fait lorsque la rétroaction est
fréquente, immédiate et claire l'investisseur se rend compte
rapidement de son excès de confiance et modifie ses jugements ;
toutefois lorsque cette rétroaction est retardée, faible ou
ambigu ; l'excès de confiance persiste et n'est pas susceptible
d'être modifié.
I.2. L'échange excessif comme
étant une conséquence de l'excès de
confiance :
Des études récentes portant sur le
comportement des investisseurs montrent que ces derniers effectuent
généralement des échanges excessifs qui se
révèlent à l'origine de la confiance excessive.
C'est ainsi qu'ODEAN (1998) a montré que les
investisseurs trop confiants font plus de transactions que les investisseurs
rationnels.
LAVIGNE et LEGROS (2005) montrent que la confiance
excessive est souvent considérée comme étant la source
d'importants volumes de transactions sur les marchés financiers.
La confiance excessive fait donc accroître le
volume des transactions parce que les investisseurs sont très certains
quant à leurs propres opinions et ne considèrent pas suffisamment
les opinions des autres.
I.3. Le biais
d'optimisme :
Les observations des psychologues indiquent que les
individus ont généralement une prédisposition à
afficher un optimisme exagéré pour ce qui concerne leur sort. Par
exemple, ils croient dur comme fer avoir moins de chance que leurs voisins
d'être cambriolé ou renversé par une voiture (MANGOT
(2004)).
Un autre exemple typique est l'attitude face à la
maladie. WEBER et HILTON (1990) ont décelé chez des
étudiants Américains la conviction que les autres sont plus
à même que soi d'être atteint par des affections
bénignes.
Pour faire preuve du biais d'optimisme sur les
marchés financiers, BENARTZI, KAHNEMAN et THALER (1999) ont
confectionné un questionnaire sur internet. Les résultats,
obtenus à partie de 1053 réponses d'abonnés, confirment la
présence de ce biais.
A la question « a votre avis, quelle est la
probabilité que les actions surperforment les obligations sur le long
terme ? » les réponses n'étaient pas
imposées et les abonnés pouvaient entrer le pourcentage qu'ils
désiraient, entre 0 et 100 %.
En moyenne, les investisseurs font confiance à 85 % aux
actions pour surperformer les obligations à long terme, ce qui est
conforme aux données historiques. En revanche, plus d'un tiers des
sondés est persuadé que les actions seront un meilleur placement
que les obligations, sans aucun doute possible. Ces individus sont donc sujets
au biais d'optimisme.
II. Les diagnostics et les remèdes de la
confiance excessive
II.1. Les diagnostics de la
confiance excessive :
Selon MANGOT (2004), l'investisseur est
particulièrement sujet aux biais d'excès de confiance et
d'optimisme si :
- Il est persuadé d'être né sous une bonne
étoile
- Il a constaté qu'il réussisse mieux quand il
écoute ses intuitions plutôt que les conseils des autres
- Il suit ses propres règles en Bourse, des
règles non écrites qu'il aurait du mal à justifier
- Il gère lui-même son portefeuille et il ne le
viendrait pas à l'idée de le faire gérer par quelqu'un
d'autre
- Il relativise les opinions contraires quand il a
décidé d'investir sur un titre
- Il achète et vend très fréquemment
- Il est sûr d'avoir fait mieux que le marché ces
derniers temps mais il ne connaît avec exactitude ni ses performances ni
celles du marché
- Il n'a qu'une seule source d'information, qu'il suit sans
sourciller
Selon cet auteur l'investisseur qui présente les
deux caractéristiques suivantes est fort probable sujet au biais
optimiste :
- Il ne prend pas assez de temps pour analyser les actions. Il
fait surtout confiance à sa « bonne étoile »
pour engendrer des plus-values
- Il préfère se fier à ses intuitions qu'aux
recommandations d'analystes chevronnés.
A la demande du site Internet américain de
finance morningstar.com, les professeurs BENARTZI, KAHNEMAN et THALER (1999)
ont confectionné un questionnaire qui permet de détecter le biais
d'optimisme chez les investisseurs. A la question « Quand vous
réfléchissez à des éléments financiers,
passez-vous plus de temps à penser au gain potentiel ou à la
baisse potentielle ? ».
Les auteurs proposaient cinq réponses possibles.
- Beaucoup plus de temps à réfléchir au
gain potentiel
- Plutôt plus de temps au gain potentiel
- A peu près autant aux deux
- Plutôt plus de temps à la perte potentielle
- Beaucoup plus de temps à la perte potentielle
Les deux premières réponses sont symptomatiques du
biais d'optimisme
II.2. Les remèdes de
la confiance excessive :
MANGOT (2004) a trouvé que l'investisseur peut
largement corriger ce biais :
- En auditant ses performances et en les comparant à
celles du marché, de manière à mesurer combien cela lui
coûte de continuer à gérer lui-même
- En conservant à l'esprit que ce sont les investisseurs
qui gardent longtemps leurs titres qui affichent les meilleures performances
- En relativisant ses succès à la lumière
des performances du marché (quand un marché prend 30% en un an,
tout le monde accumule les plus-values)
- En tenant une comptabilité rigoureuse de ses
réussites et de ses échecs
- En passant ses opérations en Bourse seulement
après avoir confronté ses raisonnements à la critique d'un
autre investisseur. Il pourra pointer le doigt sur ses oublis et ses raccourcis
intellectuels
- En multipliant ses sources d'information (analystes, brokers,
journaux financiers...)
CONCLUSION
Les travaux récents de la finance
comportementale, particulièrement la théorie des perspectives,
montrent des violations de la théorie de l'utilité
espérée qui peuvent se relever intéressantes dans la
mesure où elles nous permettent de mieux comprendre les
préférences des investisseurs et par conséquent les
anomalies financières qui en découlent.
les investisseurs, lorsqu'ils sont confrontés
à un choix sous l'incertitude et le risque, exhibent des effets de
disposition ; c'est-à-dire qu'ils gardent les titres perdants et
vendent les titres gagnants.
L'aversion aux pertes est définit donc comme
étant la tendance des individus à ressentir le mal de la perte
plus durement que la satisfaction du gain.
Les principales caractéristiques de l'aversion
aux pertes est que l'investisseur peut conserver des losers quasi
indéfiniment en portefeuille et aussi il pense que la meilleure
façon de gagner en Bourse est de ne jamais perdre d'argent sur aucun
titre.
Ce comportement peut être corrigé
principalement en n'oubliant jamais qu'il y a un coût
d'opportunité à conserver des titres perdants (losers) en
portefeuille ; et aussi en gardant en esprit que l'objectif est de
réaliser la meilleure performance globale et pas de ne perdre d'argent
sur aucune action.
Une littérature substantielle de la psychologie
cognitive établit que les individus sont généralement trop
confiants et spécifiquement ils le sont quant à la
précision de leurs connaissances.
D'après SHILLER (2000) « les individus
pensent savoir plus qu'ils ne sachent vraiment »
En bourse, l'excès de confiance fait que les
investisseurs sont persuadés de bien comprendre le marché et
d'être capable d'anticiper ses fluctuations de cours terme (MANGOT
(2004)).
L'un des plus majeures conséquences de la
confiance excessive est l'excès d'échange.
Ainsi, GERVAIS et ODEAN (1997) et ODEAN (1998b) affirment que
des rendements élevés rendent les investisseurs très
confiants et par conséquent ces derniers vont augmenter leur volume de
transactions.
Les principaux caractéristiques de la confiance
excessive est que l'investisseur gère lui-même son portefeuille
puisqu'il préfère se fier à ses intuitions qu'aux
recommandations des analystes. Et il ne prend pas assez de temps pour analyser
les actions.
L'investisseur peut corriger ce comportement en
confrontant ses raisonnements à la critique d'un autre investisseur et
aussi en tenant une comptabilité rigoureuse de ses réussites et
de ses échecs.
Chapitre 3:
INTRODUCTION
Les travaux de la finance comportementale tentent,
depuis quelques années, d'expliquer certaines des anomalies
constatées, en abandonnant l'idée de rationalité de
l'investisseur, pourtant centrale à l'hypothèse d'efficience des
marchés.
Ce nouveau courant de recherche a proposé ainsi
des biais cognitifs relatifs aux connaissances des investisseurs qui sont
principalement l'ancrage mental et la comptabilité mentale.
Souvent, l'être humain a une difficulté
à traiter l'information qu'il a à disposition et à la
matérialiser par une décision claire et nette. Pour ne pas rester
hésitant, il utilise des artifices intellectuels qui le permettent de
trancher rapidement. L'ancrage mental en est un.
L'ancrage se définit par le fait que les gens,
lors de la formation de leurs jugements et la fixation de leurs
prévisions, ont généralement tendance à se
rattacher à des points de référence gardés au
tréfonds de leurs esprits.
Cet état de fait permet de ne pas hésiter
éternellement quand il s'agit de prendre une décision ou
d'émettre un avis. Néanmoins, il induit toutefois un ajustement
insuffisant des prévisions de la part des investisseurs qui s'attachent
trop à ces points de référence.
Ce biais conduit à une prise en compte insuffisant de
l'information nouvelle au détriment de l'information passée.
Le biais l'ancrage mental comporte plusieurs
déclinaisons telles que le biais de représentativité et le
biais de confirmation.
Si la théorie économique utilise comme
postulat de départ que nous disposons d'une capacité de
réflexion infinie pour résoudre les problèmes
économiques auxquels nous sommes confrontés tous les jours, les
psychologues, au contraire, ont mis en avant nos limites introduisant ainsi le
biais de la comptabilité mentale.
La comptabilité mentale assemble tous les trucs
qui permettent de simplifier la prise des décisions économiques
quotidiennes. Elle est composée de trois importantes composantes
à savoir l'utilité de transaction, la compartimentation
budgétaire et enfin la comptabilité temporelle.
L'explication de la comptabilité mentale nous
amène à parler au biais de la diversification.
Ce chapitre sera donc organisé comme
suit :
La première section sera consacrée à la
présentation du biais d'ancrage ainsi que ses déclinaisons.
La seconde section se focalisera sur l'étude du biais
de la comptabilité mentale ainsi que le biais de diversification.
SECTION 1 : L'ANCRAGE MENTAL
I. La notion d'ancrage mental (Anchoring)
L'ancrage est un outil que les investisseurs utilisent
pour résoudre des phénomènes complexes ; ce biais
s'explique par la sélection de points de référence lors de
la formation d'un avis ou la prise d'une décision.
I.1. Présentation et
caractéristiques du biais d'ancrage :
KAHNEMAN et TVERSKY (1974) montrent que lors de la
formation de leurs anticipations, les agents commencent
généralement par la fixation de quelques valeurs arbitraires
possibles autour des quels les prévisions seraient fixées.
En définissant l'ancrage mental, GREENFINCH
postule que les gens (et entre autres les investisseurs), gardent au
tréfonds de leur matière grise quelques points de
référence. Cela peut être lié, entre autres causes,
à une mémoire sélective, par exemple un cours d'action
précédent, ou une tendance de cours précédente.
MANGOT (2004) affirme qu'il existe un biais d'ancrage
numérique. Ce biais rend compte de la tendance à focaliser sur un
nombre et à l'utiliser comme point de référence au moment
de réaliser une estimation.
D'après cet auteur, les nombres pouvant influencer
l'évaluation des titres sont multiples ; ils peuvent être les
cours cotés, les ratios du marché, des nombres remarquables (tel
que le prix d'achat, le prix d'achat d'une connaissance), ou des cours qui ont
marqué l'attention (par exemple le titre est resté pendant trois
mois autour de 85 euros, pourquoi l'acheter maintenant à 95
euros ?)...
Cet auteur donne comme conséquence du biais d'ancrage
le fait que l'investisseur affiche des comportements similaires dans des
moments remarquables, par exemple les krachs boursiers.
Le matin même de krach de 1987, plusieurs quotidiens
Américains, tel que le Wall Street Journal, montraient des graphiques
superposant les performances des indices boursiers en 1929 et 1987,
suggérant la comparaison. MONGOT indique qu'« on peut imaginer que
cela a influencé la perception des évènements par les
investisseurs et a conditionné leurs opérations en Bourse
».
KAESTNER (2005) affirme que le biais d'ancrage traduit
le fait que les individus raisonnent par rapport à des valeurs de
référence passées. Le poids attribué à cette
information passée est excessivement élevé et
entraîne un ajustement insuffisant lors de l'arrivée d'une
information nouvelle différente.
L'ancrage peut conduire à des comportements de
sous-réaction ou de sur-réaction. En effet, quand arrive une
nouvelle information les investisseurs ajustent trop timidement ces
références en excluant les informations qui ne viennent pas dans
le sens de leurs croyances (la sous-réaction). Plus tard, au fur et
à mesure que ces informations sont confirmées par d'autres
allants dans le même sens, les investisseurs ajustent excessivement, et
même parfois brutalement, leurs références
(sur-réaction).
Donc les investisseurs ont tendance à extrapoler les
résultats à venir des résultats passés et à
ne corriger leurs anticipations en fonction des nouvelles informations que
très graduellement.
I.2. Les déclinaisons de
l'ancrage :
Le biais l'ancrage mental comporte plusieurs
déclinaisons telles que le biais de représentativité et le
biais de confirmation.
I.2.1. Le biais de
représentativité : (Representativeness Heuristic)
La règle de
représentativité représente l'éventualité la
plus simplificatrice aux investisseurs dans le contexte de l'imperfection des
marchés pour lequel le processus de prise de décision est de plus
en plus emblématique face à la multiplicité des
données.
Ce biais se focalise par le fait que les agents
évaluent la probabilité d'un événement futur
incertain par le degré avec lequel cet événement ressemble
à un phénomène récemment observé.
Ce biais heuristique a été
identifié par TVERSKY et KAHNEMAN (1975) qui postulent dans leur
étude que lors de la formation de leurs jugements les individus ont
généralement tendance à ne pas tenir compte des
probabilités établies et à juger uniquement en fonction
des similarités observées avec des modèles connus.
Dans leur étude, GRIFFIN et TVERSKY (1992)
montrent que les agents sujets au biais de représentativité
ajustent leur modèle en considérant les événements
passés comme étant typiques ou représentatifs d'une classe
spécifique d'événements et effectuent leurs
prévisions en se basant sur les caractéristiques de ces
derniers.
MANGOT (2004) indique qu'il existe deux types de
représentativité : une temporelle et l'autre spatiale.
· La représentativité temporelle :
Les investisseurs considèrent souvent que ce qui
s'est produit dans le passé récent peut se reproduire dans le
futur proche avec une probabilité bien plus grande qu'en
réalité.
Les investisseurs se référent ainsi à
leurs modèles antérieurs et effectuent une analyse très
sélective des informations récentes dans le but de
détecter une éventuelle similarité.
La conséquence de cette représentativité
est que l'investisseur a tendance à se porter acheteur sur un titre
quand il a déjà gagné grâce à lui dans le
passé.
· La représentativité spatiale :
L'investisseur considère que ce qui se produit
autour de lui doit se produire également à grande
échelle.
Pour montrer l'existence de ce type de
représentativité MANGOT (2004) a posé le question suivant
« qui ne penserait pas que le taux de divorce grimpe en flèche si
trois couples d'amis proches annoncent leur divorce dans un intervalle de deux
mois ?».
Le même raisonnement est applicable aussi par les
investisseurs. Ces derniers peuvent considérer que ce qui arrive
à leurs titres arrive au marché tout entier ou que leurs
réflexions sont largement partagées par les autres
investisseurs.
Que ce soit dans sa forme temporelle ou spatiale, le
biais de représentativité est toujours un sophisme (raisonnement
faux) qui s'explique par une méconnaissance ou par l'oubli.
I.2.2. Le biais de confirmation :
Cette fois, n'est pas influencée par ce que
l'investisseur a vu dans un passé récent ou ce qu'il
expérimente directement mais par la première impression.
RUSSO, professeur de marketing à Cornell University, a
par exemple réalisé une expérience dans laquelle il a
été demandé à des étudiants de choisir entre
deux restaurants à partir de la comparaison de leurs menus respectifs.
L'expérience est faite de telle sorte que lorsque la comparaison a
porté sur les menus considérés dans leur
intégralité, l'échantillon s'est réparti
équitablement entre les deux restaurants. Mais quand il s'est agit de
choisir après une comparaison détaillée des menus, plat
par plat, 84% des étudiants ont alors opté pour le restaurant qui
obtint leur préférence lors de la première comparaison de
plats.
De même en Bourse, l'investisseur se porte plus
volontiers acheteur d'un titre quand il en a eu une première impression
favorable et inversement. Dès lors les décisions d'achat et de
vente ne sont plus commandées par des évaluations objectives,
avec les risques que cela suppose.
Parmi toutes les informations qui parviennent, toutes ne
sont pas traitées équitablement. L'investisseur présente
une tendance à surévaluer celles qui vont dans le sens de sa
première idée et à minimiser celles qui s'y opposent.
II. Les diagnostics et les remèdes de
l'ancrage
II.1. Les diagnostics de
l'ancrage :
D'après MANGOT (2004), on prend conscient qu'un
investisseur est sujet au biais d'ancrage ou à ses corollaires
si :
- Il négocie très rarement avec les commerciaux
ou inversement il est persuadé d'être un très bon
négociateur alors qu'il n'est pas commercial et n'a jamais reçu
une quelconque formation en négociation ;
- Il est client de la même banque depuis longtemps, sans
trop savoir pourquoi ;
- Il est particulièrement sûr de sa façon
de gérer son portefeuille ;
- Il prend ses décisions d'achat et de vente
très rapidement, à partir de quelques informations
seulement ;
- Il a un titre sur lequel il se renforce
régulièrement et qui représente aujourd'hui plus du tiers
de son portefeuille ;
- Il ne réinvestisse jamais sue une valeur avec
laquelle il a perdu de l'argent ;
- Il attend qu'un titre qui a beaucoup baissé revienne
à son cours d'achat pour le vendre.
II.2. Les remèdes de
l'ancrage :
D'après MANGOT (2004), un premier pas vers la
rationalité serait de faire en sorte de s'accrocher à des ancres
plus rationnelles.
Cet auteur affirme que l'investisseur peut largement corriger
ce biais :
- En tenant une comptabilité rigoureuse de ses
réussites et de ses échecs ;
- En recueillant le maximum d'informations sur les prix de
marché de manière à avoir une ancre légitime, que
ce soit pour des comparaisons statiques (par rapport aux valeurs comparables)
et dynamiques (par rapport aux valorisations historiques) ;
- En confrontant son point de vue à celui d'autres
investisseurs pour voir si sa première intuition est justifiable. Il
faut néanmoins faire attention à ce que les interlocuteurs aient
des avis contradictoires si non le risque est grand de se conforter les uns les
autres et de s'encourager à prendre des positions encore plus
tranchées ;
- En multipliant les conseillers. Car eux-mêmes peuvent
être sujets au biais de confirmation et avoir des analyses
viciées.
SECTION 2 : LA COMPTABILITE MENTALE
I. La notion de comptabilité
mentale
La comptabilité mentale est popularisée
par Richard Thaler dans les années 1980.Il la définit comme
étant « the set of cognitive operations used by individuals
and households to organize, evaluate, and keep track of financial
activities »7(*)
Elle « rassemble tous les trucs qui permettent
de simplifier la prise des décisions économiques quotidiennes.
Ces règles de bon sens qui ont trait aux différentes
étapes du processus de prise de décision ont en commun de nous
orienter vers des solutions qui ne sont jamais optimales » MANGOT
(2004).
I.1. Les composantes de la
comptabilité mentale :
THALER (1999) affirme que la comptabilité mentale
contienne trois composantes essentielles qui nécessitent une grande
attention :
La première composante
est « l'utilité de transaction » qui permet
d'expliquer le choix des individus en incorporant la notion de
« valeur de l'affaire ».
La seconde composante est « la compartimentation
budgétaire » qui est le fait de répartir les recettes
et les dépenses en diverses catégories.
La dernière composante est « la
comptabilité temporelle » qui est définit comme
étant la façon avec laquelle les gens regroupent mentalement
leurs décisions dans le temps.
I.1.1. L'utilité de transaction :
Un concept très important utilisé pour
comprendre la comptabilité mentale est le concept de l'utilité de
transaction.
THALER (1985) propose que les consommateurs, lors d'une
transaction, obtiennent deux types d'utilité : l'utilité
d'acquisition et l'utilité de transaction. L'utilité
d'acquisition est la mesure de la valeur du bien obtenue relativement de son
prix ; tandis que l'utilité de transaction mesure la valeur obtenue
de l'affaire, elle est définie comme étant la différence
entre le prix payé et le prix de référence du bien (qui
est le prix régulier que le consommateur s'attend à payer) ;
si le prix payé est égal au prix de référence
mentale du bien, la valeur de transaction est nulle ; et si le prix est
inférieur au prix de référence, l'utilité de
transaction est positive.
Pour faciliter la compréhension de cette notion,
THALER (1985) a pris l'exemple d'un individu qui a l'habitude, quand il se
balade dans les petits villages, d'acheter une canette de sa boisson
fétiche qui coûte 0.5 euros à chaque fois. Un jour,
où il est particulièrement assoiffé et la
température est de 40°c à l'ombre, rentre dans une petite
boutique aussi typique que toutes celles qu'il a visité jusque
là, il prend une canette dans le réfrigérateur mais le
jeune homme à la caisse l'indique que le prix est de 1,5 euros. Que
va-t-il faire ? Conclure la transaction ? Ou être rationnel et
ne pas accepter de payer 1,5 euros ce qui n'en vaut que 0,5 euros ? Mais
pourquoi il accepte d'acheter à la boutique de l'hôtel la
même canette à 2 euros ?
La seule différence entre les deux situations (dans le
village et à l'hôtel), c'est son référentiel.
Il a en tête que le prix standard au village est 0.5
euros et que dans les hôtels est de 2euros et souvent même
davantage.
Ainsi, ce n'est plus la détention d'un bien qui procure
le plaisir mais le fait de l'avoir acquis dans de bonnes conditions.
On applique ce genre de raisonnements très
souvent en Bourse où on achète des titres parce que l'occasion
est très belle, ou les vendre suite à des conditions
exceptionnelles.
I.1.2. La compartimentation
budgétaire :
Une autre composante de la comptabilité mentale
est la compartimentation budgétaire. Les êtres humains
compartimentent les diverses facettes de leur vie dans plusieurs comptes
mentaux distincts. C'est une organisation intellectuelle particulière
qui fait placer ses recettes et ses dépenses dans des compartimentations
budgétaires pour faciliter la gestion.
Dans une étude sur les femmes japonaises, KOJIMA
et HAMA (1982) ont ainsi recensé neuf comptes psychologiques en
matière de dépenses à savoir : l'argent de
poche ; les besoins quotidiens ; la fortune personnelle ; la
culture de l'éducation ; les dîners à
l'extérieur ; la qualité de vie ; la
sécurité ; les petits articles de luxe et enfin les produits
féminins.
En Bourse, SHEFRIN et STATMAN (1994) ont obtenu que les
investisseurs divisent souvent leur portefeuille en deux parties :
- Une partie sûre avec un risque de baisse
limitée
- Une partie risquée susceptible d'occasionner des
gains substantiels.
La compartimentation peut être encore plus
détaillée avec un compte « valeurs
cycliques », un compte « valeurs de croissance »,
un compte « valeurs de rendement »...
Cette compartimentation est légitime parce que
nous ne disposant pas de capacités de calcul infinies ; elle donne
ainsi les moyens de mieux contrôler son budget ou son portefeuille en
opérant des regroupements et rend plus faciles les décisions
douloureuses.
La compartimentation fait que les investisseurs sont
portés à considérer séparément chaque
élément de leur portefeuille d'investissement, qui est une
tendance naturelle susceptible de se traduire par une prise de décisions
inefficaces.
Bien que la comptabilité mentale permette
habituellement d'acquérir la maîtrise de soi, elle peut se
traduire par un médiocre rendement du portefeuille. Parce qu'on ne tient
pas compte à la fois du risque et du rendement des divers comptes, le
portefeuille dans l'ensemble perd son efficacité à optimiser les
rendements par rapport au risque que représente chacune de ses
parties.
Dû à la comptabilité mentale on
hésitera à vendre un titre perdant parce que cela fera
apparaître une perte au compte.
I.1.3. La comptabilité
temporelle :
La comptabilité temporelle rend compte de la
façon avec laquelle les gens regroupent mentalement leurs
décisions dans le temps avant de décider. Une par une, à
la journée, à la semaine et même à l'année.
Selon KAHNEMAN et TVERSKY, les parieurs aux courses tiennent
une comptabilité à la journée, ce qui à une
incidence importante sur leurs comportements dans la fin de la
journée :
Les paris y sont d'autant plus importants que le parieur est
gagnant sur la journée donc les parieurs éloignent un peu de
rationalité en fin de journée.
Ce phénomène existe aussi dans la bourse.
En effet, SHAPIRA (1999) a décelé chez des traders d'obligations
une tendance à prendre des risques plus importants si le jour
précédent s'est clos sur une perte ou si deux heures avant la
clôture leur compte personnel se suite dans le rouge.
Le découpage de temps, surtout en tranches fines, peut
s'avérer particulièrement coûteux puisqu'il fait
privilégier les performances à court terme sur celles à
long terme. C'est ainsi que BENARTZI et THALER (1995) ont montré
à partir d'une expérience sur des investisseurs
américains, à qui l'ont présentait des relevés de
performances de différents actifs sur longue période, que ce
n'est qu'avec des échelles de temps longues (supérieures à
treize mois) que les investisseurs privilégient les actions par rapport
aux obligations. En deçà de treize mois, ils
préfèrent les garanties des obligations.
I.2. Le biais de
diversification :
L'étendue de la comptabilité mentale nous
amène à parler au biais de la diversification appelé
également « heuristique 1/n ».
Ce biais reprend l'habitude à opérer une
diversification quand plusieurs options sont possibles sans être
exclusive. C'est SIMONSON qui l'a mis en avant le premier en 1990 suite
à une expérience faite sur un échantillonnage
d'étudiant.
L'expérience consiste à donner le chois aux
étudiants de choisir entre plusieurs en-cas (des chips, des barres
chocolatées, etc.). Dans la première procédure, les
étudiants choisissaient un snack parmi six proposés durant trois
cours, espacés à chaque fois d'une semaine. Dans la seconde
procédure, les étudiants devaient choisir dès le premier
cours les trois snacks qu'ils consommeraient durant les trois cours suivants
(sans fixer l'ordre de consommation).
SIMONSON observa que les sujets opérèrent une
bien grande diversification quand le chois était simultané que
lorsqu'il était séquentiel : 64% choisissent
différents snacks dans le cas simultané contre seulement 9% dans
le cas séquentiel.
Le biais de diversification influençait
également les décisions d'allocations d'actifs.
BENARTZI et THALER (1998) donnent à ce biais
également le nom d'«heuristique 1/n » car il
apparaît que les individus ont tendance à partager
équitablement leur argent entre les n fonds qui sont
présentés à eux. Cette expérience montre que les
choix d'investissements sont guidés par une diversification consistant
à allouer la richesse en parts égales à 1/n.
L'expérience consiste à proposer à un
groupe d'investisseurs deux fonds, un en actions, l'autre en obligations, ils
choisissent en moyenne une répartition 50%-50% entre les deux fonds. Si
l'on ajoute un troisième fonds en actions dans le champ des
possibilités, ils tendent vers une répartition équitable
entre les trois fonds (33% pour chacun). Ce qui entraîne que leur
exposition au risque des actions passe de 50% à 66%, alors que leur
aversion au risque personnelle n'a pas changé.
La règle « ne mette jamais tous les
oeufs dans le même panier » peut ainsi conduire à des
comportements parfois difficiles à justifier.
Ce biais de diversification présente ainsi plusieurs
conséquences pratiques :
- On a tendance à pondérer équitablement
les différents compartiments d'un portefeuille boursier, même si
certains ont des performances corrélées ;
- On essaie également d'équipondérant
les lignes au sein d'un compartiment même si les potentiels de gains ne
sont pas identiques.
II. Les diagnostics et les remèdes de La
comptabilité mentale
II.1. Les diagnostics de la
comptabilité mentale :
D'après MANGOT (2004), on prend conscient que la
comptabilité mentale d'un investisseur est handicapante si :
- Il achète instinctivement les titres qui
dégringolent
- Il vend ses titres quand ils enregistrent une
accélération soudaine à la hausse
- Il s'accorde le droit de prendre des positions hasardeuses
sur certains titres quand il a accumulé des gains dans un
compartiment
- Il est plus prudent dans ses investissements dans un
compartiment quand il y subisse des pertes
- Il s'astreigne à pondérer équitablement
ses différentes lignes
- Il achète souvent des titres en retard sur le reste
du marché ou de leur secteur pour jouer un rattrapage
- Il n'aime pas les valeurs structurellement
décotées, ni celles qui ont une faible volatilité
- Il regarde très peu les rendements des actions :
ce qu'il intéresse, ce sont les plus-values en capital
- Il est d'accord avec l'idée que les actions sont des
placements très risqués.
II.2. Les remèdes
de la comptabilité mentale :
Cet auteur affirme que l'investisseur peut largement
améliorer sa comptabilité mentale :
- En considérant qu'un titre est une bonne affaire
seulement quand son potentiel d'appréciation à long terme est
très important.
- En gardant en mémoire qu'en bourse il n'y a (presque)
jamais de fumée sans feu. Au contraire, compte tenu de l'inertie des
marchés, quand un titre dévisse, c'est qu'il aurait dû
décrocher depuis longtemps et que la chute n'est sans doute pas
terminée. Inversement, quand un titre accélère à la
hausse, c'est que le marché vient, de se rendre compte que les
fondamentaux se sont améliorés.
- En prenant des positions sur un titre seulement en raison de
son potentiel, pas pour répondre à des ratios de
pondération que l'investisseur a fixé arbitrairement.
- En considérant comme indépendantes les
décisions qui le sont objectivement ; ce n'est pas parce que
l'investisseur a réalisé cinq bons investissements dans un
compartiment que le sixième est assuré d'être excellent.
- En adaptant toujours l'échelle de temps la plus large
possible : il vaut mieux choisir un titre qui offre une plus-value de 50%
en deux ans qu'un titre garantit 10% en quinze jours. Sauf à être
sûr et certain de pouvoir renouveler au moins quatre fois cet
investissement.
CONCLUSION
L'ancrage mental (ou la fixation mentale) est un
artifice intellectuel qu'utilise un investisseur lors de la formation de leurs
jugements et la fixation de leurs prévisions.
Ce biais traduit le fait que les investisseurs raisonnent par
rapport à des points de référence passés tel qu'un
cours d'action précédent.
L'ancrage présente deux principaux
déclinaisons à savoir le biais de représentativité
et le biais de confirmation ;
Le biais de représentativité se focalise par le
fait que les agents évaluent la probabilité d'un
événement futur incertain par le degré avec lequel cet
événement ressemble à un phénomène
récemment observé.
Le biais de confirmation est le fait que l'investisseur
est influencé par la première impression.
Un investisseur prend conscient qu'il est sujet au biais
d'ancrage ou à ses corollaires s'il pense que la première
idée est toujours la bonne ou s'il essaye de relativiser le
portée des informations qui viennent remettre en cause son analyse.
Aussi, un investisseur atteint du biais d'ancrage prend ses décisions
d'achat et de vente très rapidement, à partir de quelques
informations seulement.
Pour corriger ce biais l'investisseur doit tout d'abord
recueillir le maximum d'informations sur les prix de marché de
manière à avoir une ancre légitime. Il doit aussi
confronter son point de vue à celui d'autres investisseurs pour voir si
sa première intuition est justifiable.
Pour comprendre le biais de la comptabilité
mentale il faut expliquer ses trois composantes à savoir :
L'utilité de transaction, c'est-à-dire ce n'est
plus la détention d'un bien qui procure le plaisir mais le fait de
l'avoir acquis dans de bonnes conditions.
La compartimentation budgétaire est le fait que les
êtres humains compartimentent les diverses facettes de leur vie dans
plusieurs comptes mentaux distincts. Ils sont ainsi portés à
considérer séparément chaque élément de leur
portefeuille d'investissement. Se concentrer sur le rendement de chaque compte
isolément empêche de voir la situation globale par
conséquent prendre des décisions inefficaces.
Et enfin la comptabilité temporelle qui signifie que
les gens regroupent mentalement leurs décisions dans le temps avant de
décider. Le découpage de temps peut s'avérer
particulièrement coûteux puisqu'il fait privilégier les
performances à court terme sur celles à long terme.
Le biais de diversification influençait les
décisions d'allocations d'actifs. En effet, les individus ont tendance
à partager équitablement leur argent entre les n fonds qui sont
présentés à eux.
La comptabilité mentale peut être
amélioré en pensant toujours à l'échelle de temps
la plus large possible ou aussi en prenant des positions sur un titre seulement
en raison de son potentiel, pas pour répondre à des ratios de
pondération que l'investisseur a fixé arbitrairement.
Chapitre 4:
SECTION 1 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
L'objectif de notre recherche est de tester l'existence
de quatre biais individuels chez un groupe d'étudiants de l'ISCAE. Il
s'agit des biais d'aversion à la perte, la confiance excessive,
l'ancrage mentale et la comptabilité mentale.
Pour notre cas empirique, nous avons procédé
ainsi :
I. Préparation de
l'échantillonnage
I.1. Définition de la population :
Dans notre cas, l'échantillon cible est
constituée par des étudiants de 3ème
année Sciences Comptables et 4ème année
Techniques Comptables et Financières de l'ISCAE. Ces derniers ont une
formation en finance et en particulier en gestion de portefeuille.
I.2. Taille de
l'échantillon :
Notre échantillon est limité à 20
personnes. En effet, suite à une simulation faite par 47
étudiants, 20 seulement ont répondu.
II. L'élaboration du questionnaire
II.1. Structure du
questionnaire :
Le questionnaire est structuré en quatre grands
axes :
Axe1 : Représente le biais d'aversion à la
perte : questions de 1 à 4
Axe2 : Représente le biais de la confiance
excessive : questions de 5 à 8
Axe3 : Représente le biais le l'ancrage
mental : questions de 9 à 12
Axe4 : Représente le biais de la
comptabilité mentale : questions de 13 à 16
II.2. L'organisation du
questionnaire :
Nous avons présenté chaque biais par quatre
questions ; chaque question comprend une réponse asymptomatique du
biais exposé.
III. Traitement des données
Une fois les données fournies nous avons
procédé à l'exploitation du questionnaire à l'aide
du logiciel « SAS » afin de calculer les
différentes statistiques.
III.1. Codification des
données :
La codification est une sorte de dictionnaire qui permet
de passer du langage des personnes interrogées au langage
numérique.
III.2. Méthodes de
dépouillement du questionnaire :
Nous avons fait une analyse par tri simple appliquée
à toutes les questions ; elle nous donne une analyse des
résultats. Elle permet d'obtenir une synthèse facile à
lire.
SECTION 2 : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
Notre échantillon est composé de 20
individus ; 30% sont des hommes et 70% des femmes. 55% de notre population
sont des étudiants de 3ème année Sciences
Comptables tandis que 45% sont des étudiants de 4ème
année Techniques Comptables et Financières.
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
hommes
|
6
|
30
|
femmes
|
14
|
70
|
TOTAL
|
20
|
100
|
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
3ème SC
|
11
|
55
|
4ème TCF
|
9
|
45
|
TOTAL
|
20
|
100
|
Dans notre questionnaire, chaque biais est
étudié à travers quatre questions, à chaque
question on propose trois réponses dont une seule est symptomatique du
biais objet de l'étude. On s'intéresse donc au pourcentage des
réponses symptomatiques.
Une meilleure mesure de chaque biais est obtenue en calculant
la moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques.
I. Statistiques
I.1. L'aversion aux pertes :
Le biais d'aversion à la perte est
déterminé par les quatre questions suivantes : (les
réponses symptomatiques de ce biais sont écrites en
caractère gras)
Question 1 : Quelles sommes êtes-vous
prêt à mettre pour acquérir une action qui peut gagner 200
euros avec une probabilité de 50% et perdre 100 euros avec la même
probabilité de 50% ?
a) 0 euro
b) 100 euros
c) 50 euros
Question 2 : Vous vendez vos titres...
a) Quand vous considérez qu'ils n'ont plus leur place
dans votre portefeuille
b) Dès qu'ils ont perdu 10% de leur valeur
c) Jamais vous attendez qu'ils remontent
Question 3 : Si un de vos titres baisse
sensiblement sans raison apparente, vous...
a) Prenez très rapidement votre perte
b) Vous renforcez pour revenir à
l'équilibre sur la ligne plus rapidement
c) Vous faites l'autruche et attendez que le vent tourne
Question 4 : Selon vous, le meilleur investisseur
est celui qui...
a) A le portefeuille qui affiche la meilleure performance
b) N'a jamais perdu d'argent sur une ligne
c) Ne rate jamais un titre qui flambe
Les tableaux suivants nous informent sur les pourcentages
relatifs aux réponses symptomatiques par question (ces
derniers sont écrites en caractère gras) :
Pour tout l'échantillon
|
a
|
b
|
c
|
Q1
|
15%
|
30%
|
55%
|
Q2
|
30%
|
25%
|
45%
|
Q3
|
25%
|
55%
|
20%
|
Q4
|
65%
|
20%
|
15%
|
33,75% de notre échantillon
(c'est la moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce
biais) est sujet au biais d'aversion aux pertes.
Pour les hommes
|
a
|
b
|
c
|
Q1
|
22,22
|
22,22
|
55,56
|
Q2
|
22,22
|
22,22
|
55,56
|
Q3
|
11,11
|
55,56
|
33,33
|
Q4
|
77,77
|
0
|
22,23
|
33,335% des hommes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais d'aversion aux pertes.
Pour les femmes
|
a
|
b
|
c
|
Q1
|
9,1
|
36,36
|
54,54
|
Q2
|
36,36
|
27,28
|
36,36
|
Q3
|
36,36
|
54,54
|
9,1
|
Q4
|
54,54
|
36,36
|
9,1
|
34,09% des femmes de notre échantillon
(c'est la moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce
biais) est sujet au biais d'aversion aux pertes.
Pour les étudiants de 4éme
année
|
a
|
b
|
c
|
Q1
|
16,67
|
33,33
|
50
|
Q2
|
25
|
25
|
50
|
Q3
|
8,33
|
58,33
|
33,34
|
Q4
|
66,66
|
16,67
|
16,67
|
35,417% des étudiants de 4éme
année de notre échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des
réponses symptomatiques de ce biais) est sujet au biais d'aversion aux
pertes.
Pour les étudiants de 3ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q1
|
12,5
|
25
|
62,5
|
Q2
|
37,5
|
25
|
37,5
|
Q3
|
50
|
50
|
0
|
Q4
|
62,5
|
25
|
12,5
|
31,25% des étudiants de
3ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais d'aversion aux pertes.
I.2. La confiance excessive :
Le biais de la confiance excessive est déterminé
par les quatre questions suivantes : (les réponses symptomatiques
de ce biais sont écrites en caractère gras)
Question 5 : En moyenne, vous conservez une ligne
plutôt...
a) un mois
b) un an
c) cinq ans
Question 6 : Vous gérez vous-même
votre portefeuille parce que...
a) C'est plus amusant
b) Vous avez confiance dans vos intuitions
c) Les commissions des sociétés de gestion sont
trop importantes
Question 7 : Combien de sources d'information
utilisez-vous pour sélectionner vos titres ?
a) Une seule. Il ne faut pas s'éparpiller et
l'information, cela coûte cher
b) Quelques unes. Cela n'est pas très fixé
c) Une multitude car on est jamais trop bien informé
Question 8 : Diriez-vous qu'au quotidien vous
avez...
a) Plutôt de la chance
b) Plutôt pas de chance
c) Aucun des deux
Les pourcentages relatifs aux réponses symptomatiques
par question (sont écrites en caractère gras) sont donnés
dans les tableaux suivants :
Pour tout l'échantillon
|
a
|
b
|
c
|
Q5
|
55%
|
40%
|
5%
|
Q6
|
20%
|
55%
|
25%
|
Q7
|
10%
|
55%
|
35%
|
Q8
|
50%
|
15%
|
35%
|
42,5% de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais)
représente des personnes sujets au biais de confiance excessive.
Pour les hommes
|
a
|
b
|
c
|
Q5
|
44,44
|
44,44
|
11,12
|
Q6
|
0
|
66,66
|
33,34
|
Q7
|
11,11
|
55,56
|
33,33
|
Q8
|
44,44
|
0
|
55,56
|
41,662% des hommes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais de confiance excessive.
Pour les femmes
|
a
|
b
|
c
|
Q5
|
63,64
|
36,36
|
0
|
Q6
|
36,36
|
45,45
|
18,19
|
Q7
|
9,1
|
54,54
|
36,36
|
Q8
|
54,54
|
27,27
|
18,19
|
43,182% des femmes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais de confiance excessive.
Pour les étudiants de 4ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q5
|
50
|
41,67
|
8,33
|
Q6
|
0
|
66,66
|
33,34
|
Q7
|
16,67
|
58,33
|
25
|
Q8
|
58,33
|
8,33
|
33,34
|
47,915% des étudiants de 4éme
année de notre échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des
réponses symptomatiques de ce biais) est sujet au biais de confiance
excessive.
Pour les étudiants de 3ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q5
|
62,5
|
37,5
|
0
|
Q6
|
50
|
37,5
|
12,5
|
Q7
|
0
|
50
|
50
|
Q8
|
37,5
|
25
|
37,5
|
34,375% des étudiants de
3ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais de confiance excessive.
I.3. L'ancrage mental :
Le biais de l'ancrage mental est déterminé par
les quatre questions suivantes : (les réponses symptomatiques de ce
biais sont écrites en caractère gras)
Question 9 : Quand vous avez perdu de l'argent sur
une valeur, vous...
a) Ne réinvestissez plus jamais
dessus
b) Essayez de regagner avec elle très rapidement
c) La regarder de temps en temps pour voir l'évolution
de son cours
Question 10 : Si le lendemain du jour où
vous avez acheté un titre vous apprenez une information qui remet en
cause votre analyse, vous...
a) Revoyez votre analyse et, le cas échéant,
revendez le titre
b) Attendez qu'une autre information vienne conforter l'une ou
l'autre des positions
c) Relativisez la portée de
l'information
Question 11 : Vous pensez qu'en Bourse la
première idée
a) Est toujours la bonne
b) Ne doit jamais être suivie
c) Est souvent bonne quand il s'agit de vendre et mauvaise
quand il s'agit d'acheter
Question 12 : Pour le long terme vous
préférez acheter
a) Un titre qui affiche un PER de 15 alors que son
concurrent direct affiche un PER de 20
b) Un titre qui affiche un PER de 15 alors qu'historiquement
les PER de son secteur sont autour de 20
c) Un titre qui affiche un PER de 15 alors que le
marché en général, au même moment, se négocie
avec un PER de 20
Les tableaux suivants nous informent sur les pourcentages
relatifs aux réponses symptomatiques par question (ces
derniers sont écrits en caractère gras) :
Pour tout l'échantillon
|
a
|
b
|
c
|
Q9
|
10%
|
30%
|
60%
|
Q10
|
20%
|
50%
|
30%
|
Q11
|
15%
|
15%
|
30%
|
Q12
|
35%
|
20%
|
45%
|
22,5% de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais d'ancrage mental.
Pour les hommes
|
a
|
b
|
c
|
|
Q5
|
44,44
|
44,44
|
11,12
|
|
Q6
|
0
|
66,66
|
33,34
|
Q7
|
11,11
|
55,56
|
33,33
|
|
Q8
|
44,44
|
0
|
55,56
|
|
22,225% des hommes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais d'ancrage mental.
Pour les femmes
|
a
|
b
|
c
|
|
Q9
|
9,1
|
36,36
|
54,54
|
|
Q10
|
9,1
|
63,64
|
27,26
|
Q11
|
9,1
|
63,64
|
27,26
|
|
Q12
|
45,45
|
9,1
|
45,45
|
|
22,727% des femmes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais d'ancrage mental.
Pour les étudiants de 4ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q9
|
8,33
|
33,34
|
58,33
|
Q10
|
33,34
|
41,67
|
25
|
Q11
|
25
|
50
|
25
|
Q12
|
50
|
25
|
25
|
27,082% des étudiants de
4ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais d'ancrage mental.
Pour les étudiants de 3ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q9
|
12,5
|
25
|
62,5
|
Q10
|
0
|
62,5
|
37,5
|
Q11
|
0
|
62,5
|
37,5
|
Q12
|
12,5
|
12,5
|
75
|
15,625% des étudiants de
3ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais d'ancrage mental.
I.4. La comptabilité mentale :
Le biais de la comptabilité mentale est
déterminé par les quatre questions suivantes : (les
réponses symptomatiques de ce biais sont écrites en
caractère gras)
Question 13 : Depuis un certain temps vous suivez
un titre dont le potentiel vous parait très important. Fautes de
liquidités vous n'avez pas pu l'acheter mais cela n'a pas porté
à conséquences car le cours est hésitant. Seulement
subitement le titre prend 10% et de votre côté des
liquidités se dégagent. Que faites-vous ?
a) Vous achetez malgré la hausse
b) Vous attendez que le titre revienne sur ses niveaux
habituels pour passer un ordre d'achat
c) Vous réfléchissez
Question 14 : Quand un titre devisse de 30% en un
jour, vous...
a) Achetez, sûr qu'il s'agit d'une occasion
à ne pas rater
b) Prenez une position à la vente, parce que
l'expérience vous indique qu'un décrochage en appelle souvent un
autre très vite
c) Vous informez des raisons de la chute pour voir si elle est
justifiée, exagérée ou insuffisante
Question 15 : Quand vous constituez vos lignes,
vous...
a) Faites attention à ce qu'aucune ligne n'ait un poids
trop important
b) Vous astreignez de manière implacable
à ce que chaque ligne « pèse » autant que les
autres
c) Ne regardez pas la répartition .un mois vous pouvez
avoir dix lignes un autre seulement trois
Question 16 : Si vous terminez une année
en perte, vous...
a) Pensez que vous devez vous rattraper l'année
suivante
b) Arrêtez d'investir en Bourse
c) Considérez que ce n'est qu'anecdotique par rapport
à tout ce que vous allez gagner
Les pourcentages relatifs aux réponses symptomatiques
par question (sont écrites en caractère gras) sont donnés
dans les tableaux suivants :
Pour tout l'échantillon
|
a
|
b
|
c
|
Q13
|
40%
|
15%
|
45%
|
Q14
|
35%
|
30%
|
35%
|
Q15
|
25%
|
45%
|
30%
|
Q16
|
45%
|
30%
|
25%
|
35% de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais de comptabilité mentale.
Pour les hommes
|
a
|
b
|
c
|
Q13
|
66,66
|
22,22
|
11,12
|
Q14
|
22,22
|
22,22
|
55,56
|
Q15
|
44,44
|
11,12
|
44,44
|
Q16
|
66,66
|
22,22
|
11,12
|
30,555% des hommes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais de comptabilité mentale.
Pour les femmes
|
a
|
b
|
c
|
Q13
|
18,19
|
9,1
|
72,71
|
Q14
|
45,45
|
36,36
|
18,19
|
Q15
|
9,1
|
72,71
|
18,19
|
Q16
|
27,28
|
36,36
|
36,36
|
38,635% des femmes de notre
échantillon (c'est la moyenne des pourcentages des réponses
symptomatiques de ce biais) est sujet au biais de comptabilité
mentale.
Pour les étudiants de 4ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q13
|
50
|
16,67
|
33,33
|
Q14
|
33,33
|
16,67
|
50
|
Q15
|
33,33
|
16,67
|
50
|
Q16
|
50
|
33,33
|
16,67
|
29,167% des étudiants de
4ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais de comptabilité mentale.
Pour les étudiants de 3ème
année
|
a
|
b
|
c
|
Q13
|
25
|
12,5
|
62,5
|
Q14
|
37,5
|
50
|
12,5
|
Q15
|
12,5
|
87,5
|
0
|
Q16
|
37,5
|
25
|
37,5
|
43,75% des étudiants de
3ème année de notre échantillon (c'est la
moyenne des pourcentages des réponses symptomatiques de ce biais) est
sujet au biais de comptabilité mentale.
II. Interprétation
II.1. Interprétation
générale :
L'analyse des résultats montre que les étudiants
de notre échantillon sont affectés par des biais psychologiques
à savoir l'aversion aux pertes, la confiance excessive, l'ancrage mental
et la comptabilité mentale et ce en pourcentages différentes.
D'après ce schéma on remarque que presque
la moitié de notre échantillon (42,5%) est sujet au biais de la
confiance excessive. 35% de notre échantillon sont sujets au biais de la
comptabilité mentale, c'est le deuxième biais plus présent
tandis que le troisième biais est celui de l'aversion aux pertes avec un
pourcentage de 33,75%. Il est à noter aussi que le biais de l'ancrage
mental est le biais le moins présent, il présente le pourcentage
le plus faible (22,5%) par rapport aux autres biais.
Le biais le plus présent chez les hommes de notre
échantillon est celui de la confiance excessive avec un pourcentage de
41,662% tandis que le biais d'ancrage mental est celui le moins trouvé.
Les biais d'aversion aux pertes et de comptabilité mentale ont des
pourcentages proches (33,335% et 30,555% respectivement).
Le biais le plus présent chez les femmes de notre
échantillon est le biais de la comptabilité mentale après
celui de la confiance excessive avec des pourcentages de 38,635% et 43,09%
respectivement. Le biais d'aversion aux pertes est le troisième biais
plus présent chez les hommes avant celui d'ancrage mental qui
présente le pourcentages le plus faible (22,727).
Comme pour le cas des hommes, les étudiants de
4ème année sont sujets aux différents biais
selon l'ordre suivant : le biais le plus présent est celui de la
confiance excessive (47,915), le deuxième est celui d'aversion aux
pertes (35,417), le troisième est celui de comptabilité mentale
(29,167) et le dernier biais est l'ancrage mental (27,082).
D'après ce schéma on remarque que le biais
le plus présent chez les étudiants de 3ème
année de notre échantillon est celui de comptabilité
mentale avec un pourcentage de 43,75%. 34,375% des étudiants de
3ème année de notre échantillon sont sujets au
biais de confiance excessive, tandis que 31,25% sont sujets au biais d'aversion
aux pertes. Le biais d'ancrage mental est celui le moins présent avec un
pourcentage de 15,625%.
II.2. Interprétation
détaillée :
En effectuant une analyse plus détaillée,
on peut dégager les observations suivantes :
II.2.1. L'aversion aux pertes :
En observant les pourcentages du biais d'aversion aux
pertes selon le critère sexe, on remarque que les femmes sont
légèrement plus affectées par ce biais que les hommes.
On remarque aussi que le critère niveau d'études
intervient dans ce biais puisque le pourcentage des étudiants en
maîtrise qui sont sujets à ce biais est plus élevé
en comparaison avec celui des étudiants en 3ème
année (35,417% et 31,25% respectivement).
II.2.2. La confiance excessive :
En ce qui concerne le biais de la confiance excessive,
le pourcentage le plus élevé des personnes affectés par ce
biais est celui des femmes (43,182%).
Nous avons trouvé aussi que le critère niveau
d'études intervient dans le biais de la confiance excessive puisque les
étudiants en 4ème année sont beaucoup plus
affectés par ce biais que ceux en 3ème
année.
II.2.3. L'ancrage mental :
Nous avons trouvé que le biais d'ancrage mental
n'est pas fortement présent chez notre échantillon (22,5%).
En observant les pourcentages de ce biais selon le
critère sexe, on remarque que les femmes sont légèrement
plus affectées par ce biais que les hommes (22,727% et 22,225%).
Le critère niveau d'études intervient dans ce
biais puisqu'on a trouvé que le pourcentage des étudiants en
maitrise sujets au biais d'ancrage est plus élevé que celui des
étudiants en 3ème année (27,082% et 15,625%
respectivement).
II.2.4. La comptabilité mentale :
En observant les pourcentages du biais de
comptabilité mentale selon le critère sexe, on remarque que les
femmes sont plus affectées par ce biais que les hommes
On remarque aussi que le critère niveau d'études
intervient dans ce biais puisque le pourcentage des étudiants en
3ème année qui sont sujets à ce biais est plus
élevé que celui des étudiants en 4ème
année.
Les travaux de la fiance comportementale tentent, depuis
quelque années, d'expliquer certaines des anomalies constatées en
abandonnant l'idée de rationalité de l'investisseur.
Dans le cadre de cette étude on s'est
intéressé à quatre biais psychologiques : l'aversion
aux pertes et la confiance excessive qui constituent des biais d'ordre
émotionnels ; et l'ancrage mental ainsi que la comptabilité
mentale qui sont des biais cognitifs.
L'aversion aux pertes est le fait que les
investisseurs sont beaucoup plus sensibles aux pertes qu'aux gains. En plus,
ils répondent différemment à des situations
équivalentes, et ce en fonction de l'état de
l'investisseur : soit dans un contexte de gain ou de perte.
L'excès de confiance est le fait que les
investisseurs sont persuadés de bien comprendre le marché et
d'être capable d'anticiper ses fluctuations de cours terme.
L'ancrage mental est un artifice intellectuel
qu'utilise un investisseur lors de la formation de leurs jugements et la
fixation de leurs prévisions. Il traduit le fait que les investisseurs
raisonnent par rapport à des points de référence
passés tel qu'un cours d'action précédent.
La comptabilité mentale assemble tous
les trucs qui permettent de simplifier la prise des décisions
économiques quotidiennes. Elle est composée de trois importantes
composantes à savoir l'utilité de transaction, la
compartimentation budgétaire et enfin la comptabilité
temporelle.
C'est dans ce cadre que se situe la présente
étude dont le principal objectif est de tester l'existence de ces biais
psychologiques influençant le comportement des individus.
Notre démarche empirique a montré que les
quatre biais étudiés existent chez notre échantillon
d'étudiants avec de différents pourcentages, et c'est le biais de
confiance excessive est le plus présent.
En effectuant une analyse plus détaillée, nous
avons trouvé que :
Pour l'aversion à la perte, les critères
sexe et niveau d'études n'influent pas le niveau de ce biais et les
pourcentages entre les hommes et les femmes et entre les étudiants en
maitrise et ceux en 3ème année sont de valeurs
comparables.
En ce qui concerne le biais de la confiance excessive,
nous avons trouvé que les femmes sont légèrement plus
confiantes que les hommes, tandis que les étudiants en maitrise sont
fortement plus confiants que ceux en 3ème année.
Le biais d'ancrage mental est le biais le moins
présent chez notre échantillon. Ce biais est peu influé
par le critère sexe mais il est fortement influé par le
critère niveau d'études et ce sont les étudiants en
maitrise qui sont plus affectés par ce biais que ceux en
3ème année.
Le biais de comptabilité mentale, quant à
lui, est fortement influé par les critères sexe et niveau
d'études. Ce sont les femmes qui sont plus affectées par ce biais
que les hommes et les étudiants en maitrise que ceux en
3ème année.
Mais nous ne nions pas que nos résultats
présentent certaines limites en raison de :
· L'étroitesse de l'échantillon : le
nombre d'individus représentant notre échantillon est
désormais faible et peu représentative de la population des
investisseurs.
· Les répondants n'ont pas l'expérience
suffisante pour pouvoir sentir les quatre biais étudiés
Ces faiblesses pourront constituer un champ d'investigation
nouveau, ouvrant ainsi la voie à d'autres études et pourront
permettre de mener des études plus approfondies en matière de
finance comportementale, une discipline déjà consacrée
dans le monde mais trop méconnue.
Ces études doivent tenir compte des points
suivants :
· L'accent doit être mis à la fois sur les 2
types de biais psychologiques individuels et collectifs
· L'échantillon choisi doit comprendre de vrais
investisseurs expérimentés
BACCOUR. HICHEM : « Le comportement
psychologique dans l'attitude des investisseurs sur les marchés
financiers » ; FSEG TUNIS ; 2001-2002
GILLET. P : « L'efficience des
marchés financiers » ; Economica 1999
GRANDIN. P : « La finance
comportementale » ; document de recherches ; université
de Lille 2 et ESC Lille ; février 2006
JEGADEESH. N and TITMAN. S : « Returns to
buying winners and selling losers : implications for stock market
efficiency » ; Journal of Finance ; volume 48 ; March 1993 ;
pages 65-91
KAESTNER. M : « prévisions de
résultat et réactions : étude de deux
sous-réactions sous l'angle du biais d'ancrage » ;
document de recherches ; université de Montpellier1 ;
septembre 2005
KAHNEMAN. D, KNETSH. J, THALER. R : « Endowment
effect, Loss Aversion and status quo Bias » ; Journal of
Economic Perspectives ; volume 5 ; Winter 1991 ; pages 193-206
KALAI. LAMIA : « Psychologie des investisseurs
et rendements anormaux » ; FSEG TUNIS ; 2002-2003
KAMOUN. SLIM : « Aversion à la perte,
diversification et performance du portefeuille titres de
l'investisseur » ; FSEG TUNIS ; 2003-2004
LAVIGNE. A and LEGROS. F : « Finance
comportementale et founds de pension » ; document de recherches
n° 2005-31 ; laboratoire d'Economie d'Orleans ; Octobre 2005
MANGOT. M : « Les comportement en Bourse,
6 erreurs psychologiques qui coûtent cher » ; Galino
éditeur ; Paris 2004
ODEAN. T : « Are investors reluctant to
realize their losses ? » ; Journal of Finance ; volume 53 ;
October 1998 ; page 1775
ODEAN. T : « Do investors trade too much?
» ; American Economic Review ; volume 89 ; December 1999 ; pages
1279-1298
RABIN. T and THALER. R : « Anomalies Risk
Aversion » ; Journal of Economic Perspectives ; volume 15 ;
number 1 ; Winter 2001 ; pages 219-232
SHILLER. R : « From efficient markets theory to
behavioral finance » ; Journal of Economic Perspectives ;
volume 17 ; number 1 ; Winter 2003 ; pages 83-104
THALER. R : « Mental accounting
matters » ; Journal of Behavioral decision making ; volume 12 ;
December 1999 ; pages 183-206
Magazines:
L'exclusif ; volume 4 ; numéro 3 ; Automne
2003
Sites Internet :
http://perso.wanadoo.fr/pgreenfinch/f-bf2.htm
ANNEXE N°
1 : QUESTIONNAIRE
Quel est votre profil psychologique
d'investisseur ?
L'aversion aux pertes
Question 1 : Quelles sommes êtes-vous
prêt à mettre pour acquérir une action qui peut gagner 200
euros avec une probabilité de 50% et perdre 100 euros avec la même
probabilité de 50% ?
a) 0 euro
b) 100 euros
c) 50 euros
Question 2 : Vous vendez vos titres...
a) Quand vous considérez qu'ils n'ont plus leur place
dans votre portefeuille
b) Dès qu'ils ont perdu 10% de leur valeur
c) Jamais vous attendez qu'ils remontent
Question 3 : Si un de vos titres baisse
sensiblement sans raison apparente, vous...
a) Prenez très rapidement votre perte
b) Vous renforcez pour revenir à l'équilibre sur
la ligne plus rapidement
c) Vous faites l'autruche et attendez que le vent tourne
Question 4 : Selon vous, le meilleur investisseur
est celui qui...
a) A le portefeuille qui affiche la meilleure performance
b) N'a jamais perdu d'argent sur une ligne
c) Ne rate jamais un titre qui flambe
L'excès de confiance
Question 5 : En moyenne, vous conservez une ligne
plutôt...
a) un mois
b) un an
c) cinq ans
Question 6 : Vous gérez vous-même
votre portefeuille parce que...
a) C'est plus amusant
b) Vous avez confiance dans vos intuitions
c) Les commissions des sociétés de gestion sont
trop importantes
Question 7 : Combien de sources d'information
utilisez-vous pour sélectionner vos titres ?
a) Une seule. Il ne faut pas s'éparpiller et
l'information, cela coûte cher
b) Quelques unes. Cela n'est pas très fixé
c) Une multitude car on est jamais trop bien informé
Question 8 : Diriez-vous qu'au quotidien vous
avez...
a) Plutôt de la chance
b) Plutôt pas de chance
c) Aucun des deux
L'ancrage mental
Question 9 : Quand vous avez perdu de l'argent sur
une valeur, vous...
a) Ne réinvestissez plus jamais dessus
b) Essayez de regagner avec elle très rapidement
c) La regarder de temps en temps pour voir l'évolution
de son cours
Question 10 : Si le lendemain du jour où
vous avez acheté un titre vous apprenez une information qui remet en
cause votre analyse, vous...
a) Revoyez votre analyse et, le cas échéant,
revendez le titre
b) Attendez qu'une autre information vienne conforter l'une ou
l'autre des positions
c) Relativisez la portée de l'information
Question 11 : Vous pensez qu'en Bourse la
première idée
a) Est toujours la bonne
b) Ne doit jamais être suivie
c) Est souvent bonne quand il s'agit de vendre et mauvaise
quand il s'agit d'acheter
Question 12 : Pour le long terme vous
préférez acheter
a) Un titre qui affiche un PER de 15 alors que son concurrent
direct affiche un PER de 20
b) Un titre qui affiche un PER de 15 alors qu'historiquement
les PER de son secteur sont autour de 20
c) Un titre qui affiche un PER de 15 alors que le
marché en général, au même moment, se négocie
avec un PER de 20
La comptabilité mentale
Question 13 : Depuis un certain temps vous suivez
un titre dont le potentiel vous parait très important. Fautes de
liquidités vous n'avez pas pu l'acheter mais cela n'a pas porté
à conséquences car le cours est hésitant. Seulement
subitement le titre prend 10% et de votre côté des
liquidités se dégagent. Que faites-vous ?
a) Vous achetez malgré la hausse
b) Vous attendez que le titre revienne sur ses niveaux
habituels pour passer un ordre d'achat
c) Vous réfléchissez
Question 14 : Quand un titre devisse de 30% en un
jour, vous...
a) Achetez, sûr qu'il s'agit d'une occasion à ne
pas rater
b) Prenez une position à la vente, parce que
l'expérience vous indique qu'un décrochage en appelle souvent un
autre très vite
c) Vous informez des raisons de la chute pour voir si elle est
justifiée, exagérée ou insuffisante
Question 15 : Quand vous constituez vos lignes,
vous...
a) Faites attention à ce qu'aucune ligne n'ait un poids
trop important
b) Vous astreignez de manière implacable à ce
que chaque ligne « pèse » autant que les autres
c) Ne regardez pas la répartition .un mois vous pouvez
avoir dix lignes un autre seulement trois
Question 16 : Si vous terminez une année
en perte, vous...
a) Pensez que vous devez vous rattraper l'année
suivante
b) Arrêtez d'investir en Bourse
c) Considérez que ce n'est qu'anecdotique par rapport
à tout ce que vous allez gagner
ANNEXE N°2: Tableaux de fréquences (pour tout
l'échantillon)
Q1 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 3 15.0
3 15.0
b 6 30.0 9 45.0
c 11 55.0 20 100.0
Q2 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 6 30.0 6 30.0
b 5 25.0 11 55.0
c 9 45.0
20 100.0
Q3 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 5 25.0 5 25.0
b 11 55.0
16 80.0
c 4 20.0 20 100.0
Q4 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 13 65.0 13 65.0
b 4 20.0
17 85.0
c 3 15.0 20 100.0
L'aversion à la perte :
33,75%
Q5 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 11 55.0
11 55.0
b 8 40.0 19 95.0
c 1 5.0 20 100.0
Q6 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 4 20.0 4 20.0
b 11 55.0
15 75.0
c 5 25.0 20 100.0
Q7 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 2 10.0
2 10.0
b 11 55.0 13 65.0
c 7 35.0 20 100.0
Q8 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 10 50.0
10 50.0
b 3 15.0 13 65.0
c 7 35.0 20 100.0
La confiance excessive : 42,5%
Q9 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 2 10.0
2 10.0
b 6 30.0 8 40.0
c 12 60.0 20 100.0
Q10 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 4 20.0 4 20.0
b 10 50.0 14 70.0
c 6 30.0
20 100.0
Q11 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 3 15.0
3 15.0
b 11 55.0 14 70.0
c 6 30.0 20 100.0
Q12 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 7 35.0
7 35.0
b 4 20.0 11 55.0
c 9 45.0 20 100.0
L'ancrage mental : 22,5%
Q13 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 8 40.0 8 40.0
b 3 15.0
11 55.0
c 9 45.0 20 100.0
Q14 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 7 35.0
7 35.0
b 6 30.0 13 65.0
c 7 35.0 20 100.0
Q15 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 5 25.0 5 25.0
b 9 45.0
14 70.0
c 6 30.0 20 100.0
Q16 Fréquence Pourcentage
Fréquence Pourcentage
Cumulée Cumulé
------------------------------------------------
a 9 45.0
9 45.0
b 6 30.0 15 75.0
c 5 25.0 20 100.0
La comptabilité mentale : 35%
RESUME
Les travaux de la finance comportementale tentent,
depuis quelques années, d'expliquer certaines des anomalies
constatées, en abandonnant l'idée de rationalité des
investisseurs, pourtant centrale à l'hypothèse d'efficience des
marchés.
Ce nouveau courant de recherche propose ainsi des biais
psychologiques qui sont divisés en biais individuels et biais
collectifs. Ce travail s'intéresse aux biais psychologiques individuels,
principalement l'aversion aux pertes, la confiance excessive, l'ancrage mental
et la comptabilité mentale.
L'aversion aux pertes est le fait que les
investisseurs sont beaucoup plus sensibles aux pertes qu'aux gains. En plus,
ils répondent différemment à des situations
équivalentes, et ce en fonction de l'état de
l'investisseur : soit dans un contexte de gain ou de perte.
L'excès de confiance est le fait que les
investisseurs sont persuadés de bien comprendre le marché et
d'être capable d'anticiper ses fluctuations de cours terme.
L'ancrage mental traduit le fait que les
investisseurs raisonnent par rapport à des points de
référence passés tel qu'un cours d'action
précédent.
La comptabilité mentale assemble tous
les trucs qui permettent de simplifier la prise des décisions
économiques quotidiennes.
Cette étude, menée sur un groupe
d'étudiants de l'ISCAE, vise à montrer que ces derniers sont
victimes de ces quatre biais.
L'analyse des résultats montre que les
étudiants de notre échantillon sont affectés par les
quatre biais psychologiques étudiés et ce en pourcentages
différents. Le biais le plus présent est celui de la confiance
excessive, tandis que le biais d'ancrage mental est celui le moins
présent.
D'après notre étude, il s'avère que
les femmes sont plus affectées par les quatre biais que les hommes.
Aussi, les étudiants de 4ème année sont plus
affectés par les biais d'aversion aux pertes, la confiance excessive et
l'ancrage mental que ceux de 3ème année. Tandis que
ces derniers sont plus affectés par le biais de comptabilité
mentale que les étudiants en maîtrise.
* 1 Voir site Internet
http://perso.wanadoo.fr/pgreenfinch/f-bf2.htm
* 2 P.
GILLET « Efficience des marchés
financiers » ; ECONOMICA ; 1999 ; p:11
* 3 P. GILLET; idem 1
* 4
SHILLER « from efficient markets theory to behabioral
finance » ; journal of economic perspectives (17); winter 2003;
pp 83-104
* 5 RABIN et THALER
« Anomalies : Risk Aversion » ; journal of
economic perspectives 15 ; winter 2001 ; p 226
* 6 ODEAN « Are investors
reluctant to realize their losses?; journal of finance 53; october 1998; pp
1775
* 7
THALER « mental accounting matters » ; Journal of
Behavioral Decision Making ; volume12 ; December 1999 ; pages
183-206
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