Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?( Télécharger le fichier original )par Mari Jaouen Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004 |
2.2.2 Les impacts du tourisme montagnards et problèmes soulevés : bilan et enjeuxNous verrons ici, assez brièvement, l'ensemble des impacts du tourisme montagnard qu'ils soient d'ordres économiques, socioculturels ou environnementaux. En effet, les impacts de cette activité sont nombreux et chacun d'eux impacts mériterait à lui seul une étude très approfondie qui pourrait faire l'objet d'une étude particulière ou d'un mémoire. 2.2.2.1 Impacts économiques mitigésUn touriste qui séjourne aux sports d'hiver ou en montagne hors sports d'hiver effectue un certain nombre de dépenses : forfait, transport, alimentation, hébergement, restauration, loisirs, achats... Ces dépenses provoquent des retombées économiques. Comme nous le montre le schéma ci-dessous, les recettes perçues par les sociétés de remontées mécaniques sont très importantes. Il en est de même pour les propriétaires d'hébergements, les commerçants ou prestataires de service dans les stations. Cette activité touristique saisonnière, permet la création d'emplois. Cependant, même s'il peut, en pointe, concerner beaucoup de personnes, l'emploi saisonnier, traduit en équivalent annuel, se retrouve bien plus faible. Ceci est une évidence parfois mal comprise sur le terrain. Les saisonniers sont généralement des habitants non permanents. Il faut donc les loger, ce qui fait augmenter la population présente sur la station en plus de l'augmentation déjà provoquée par l'arrivée des touristes. Les loger durant la haute saison et donc en période de fort taux d'occupation des logements coûte cher et fait grimper les prix. Quand ce n'est pas le cas, c'est la salubrité du logement qui fait la différence. Enfin, l'aspect le plus négatif d'un point de vue économique est certainement le fait que les 80% de ces recettes ne sont répartis que sur 2% du territoire. Il en résulte une grande disparité entre les communes support de stations et la zone de montagne hors station. De plus, une partie des recettes n'est pas redistribuée sur le territoire mais va à des sociétés ou propriétaires implantés dans les stations mais sans lien avec le territoire, l'argent perçu n'y est pas réinvesti. 2.2.2.2 Impacts socio culturelsLa précarité des emplois liés à l'activité touristique en montagne est à souligner. L'activité étant saisonnière, les contrats le sont aussi. Des contrats à durée déterminée, aux salaires relativement faibles dans des conditions de travail et de logement souvent médiocres ne permettent ni une sécurité de l'emploi, ni des conditions de vie descentes. La saisonnalité de l'activité touristique implique souvent pour les locaux qui travaillent dans le secteur touristique une double activité : guide ou accompagnateur l'été, perchman ou pisteur l'hiver par exemple. Si certains locaux ont cette double compétence, ce n'est pas le cas de tous. Il est fréquent de retrouver en été dans les usines de fond de vallée des salariés qui avaientt une compétence précise en station l'hiver, ski man par exemple. Ces personnes qui ne peuvent pas utiliser leurs compétences toute l'année se voient dans l'obligation de travailler l'été sur des postes ne nécessitant pas de compétences particulières avec des salaires relativement bas. Des problèmes émergent entre les différentes sphères (publique, privée, économique, clientèle) qui, comme nous l'avons vu, ont des enjeux souvent très différents et parfois contradictoires. Il est très difficile d'arbitrer les différents et les sources de conflit sont nombreuses. D'un village à l'autre ou au sein d'un même village les intérêts divergent et le foncier est certainement l'une des principales sources de discordes. « Le séjour de populations touristiques dans les villages fait pénétrer au coeur des civilisations montagnardes d'autres pratiques sociales, d'autres référents, et peut les faire évoluer plus vite que des implantations ex nihilo »28(*). Ainsi, les populations locales réceptrices de touristes évoluent et s'adaptent très rapidement. Les conséquences socioculturelles ont parfois été très importantes. Les autochtones ont souvent délaissé des activités traditionnelles comme l'agriculture, la sylviculture et le pastoralisme au profit du tourisme. La maturité du marché et l'évolution des demandes de la clientèle à laquelle leur offre n'est plus adaptée sont aujourd'hui une menace pour ces villages dont l'activité principale et parfois unique est le tourisme. Des villages entiers pâtissent de ces évolutions du marché puisque les activités traditionnelles ont été abandonnées. * 27 Le SNTF, Syndicat National des Téléphériques de France, est la chambre syndicale des exploitants de remontées mécaniques et de domaines skiables. * 28 ROUFFET M., Est-il trop tard pour développer un tourisme durable dans la montagne française ?, in Tourisme durable, Les cahiers Espaces, n°67, éd. touristiques européennes, 2000. |
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