Marie Jaouen
Année 2006/2007
Promotion 13
IER 4ème année
Butiner avec Mountain Wilderness France,
vers un développement durable du tourisme de montagne
Comment peut on envisager la durabilité touristique dans
les montagnes françaises ?
Maître de stage : Aurélien DAUTREY
Maître de mémoire : Anne HONNEGER
Membre du jury : Jacques BONNET
Remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier
Aurélien DAUTREY, mon maître de stage, de la manière dont
il m'a encadrée. Il a su m'accorder l'autonomie et la confiance
nécessaires à la conduite du projet tout en étant
disponible quand j'en avais besoin. Je le remercie également pour les
multiples relectures qu'il a bien voulu effectuer.
Merci aussi à l'équipe
« salariée » de Mountain Wilderness, Carmen
GRASMICK, Michèle BORRETTINI, et Vincent NEIRINCK, de m'avoir accueillie
durant ces quelques mois.
Je remercie de même Madame Anne HONEGGER, maître
de mémoire, de son suivi et de son aide.
Je remercie toutes les bénévoles de Mountain
Wilderness qui m'ont consacré du temps pour m'informer, m'accompagner :
Isabelle MOUNIER, Aude WENES, Antoine VAN LIMBURG, Daniel ROUZIER, Philippe
MARTIN.
Je remercie enfin mes amis et camarades de la promotion 13
avec lesquels j'ai appris énormément durant ces 4 ans ainsi que
Elisabeth JAOUEN pour les heures de corrections qu'elle a effectuées au
cours du dernier mois de rédaction.
Merci à tous de m'avoir permis de vivre cette
expérience, de votre aide et pour tout le reste.
« Faire du tourisme en respectant
l'environnement et les populations, ce n'est pas simplement rester poli,
ramasser ses déchets et consommer des produits locaux. C'est
également, choisir un mode de transport, choisir des prestataires
responsables,... toute une attitude. »
http://www.consoglobe.com
« Il n'y aura pas de développement
économique et touristique durable en milieu montagnard sans une
attention de tous les instants à ce qui en constitue le symbole le plus
précieux : le patrimoine naturel. »
Corinne LEPAGE - Ministre de l'environnement- Discours du 11
juillet 1996 dans le Parc National des
EcrinsSommaire
Remerciements
2
Introduction
5
1 Mountain
Wilderness et les ambitions de Butiner 2007
7
1.1 Mountain Wilderness, une structure
engagée et reconnue
7
1.1.1 Une association au service de la
sauvegarde de la montagne
7
1.1.2 Actions
9
1.1.3 Les moyens humains
19
1.1.4 Organisation et fonctionnement
22
1.1.5 Financements
23
1.2 Proposer des approches douces pour que
la montagne vive : Butiner
24
1.2.1 Montagne à vivre : une
thématique chère à l'association
24
1.2.2 La mise en place de Butiner au Pays
du Mont Blanc
26
1.2.3 Butiner : un projet intéressant
par sa philosophie et ses principes
30
1.2.4 Reprise et appropriation du projet par
MW France
32
1.2.5 Méthodologie employée et
conduite du projet en 2005
32
1.2.6 Résultats obtenus et travail
engagé en 2006
38
1.2.7 Conduite du projet Butiner en 2007
39
2 Vers un
développement durable du tourisme dans les montagnes
françaises ?
44
2.1 Les montagnes françaises et le
tourisme : données de cadrage
44
2.1.1 Cadre réglementaire
44
2.1.2 Cadre institutionnel et politique
49
2.1.3 Le tourisme montagnard en quelques
chiffres
58
2.2 Evolutions marquantes du tourisme
montagnards et impacts sur les trois piliers de la durabilité
67
2.2.1 Des évolutions marquantes qui
remettent en cause les équilibres
67
2.2.2 Les impacts du tourisme montagnards et
problèmes soulevés : bilan et enjeux
78
2.3 Quelles solutions pour un tourisme doux
et une Montagne à vivre ?
84
2.3.1 Jeux d'acteurs et
légitimité
84
2.3.2 Mobilisation des acteurs et
accompagnement
87
2.3.3 Changer d'approche face aux
blocages : du territoire au réseau
88
Conclusion
90
Bibliographie
92
Table des illustrations
97
Annexes
100
Introduction
Le
tourisme est aujourd'hui la première activité économique
mondiale. La plupart des français le pratique à titre
d'activité banale, nécessaire, presque vitale. Le
développement du tourisme est pourtant récent et a connu une
croissance rapide puisqu'il n'a été popularisé qu'au
début du siècle dernier en France.
Le tourisme montagnard s'est lui aussi développé
de manière effréné lors du dernier siècle. Les
montagnes françaises qui étaient jusqu'au XIXème
siècle un espace craint par beaucoup, deviennent au cours du
XXème siècle un espace très convoité. Pour
satisfaire le touriste la montagne est aménagée peu a peu.
La montagne s'est longtemps résumée aux stations
de ski, qui permettait la création d'emploi et la création de
richesse. Pourtant, aujourd'hui, la baisse de la quantité de neige et
l'évolution des pratiques touristiques commencent à se faire
sentir au niveau économique dans les « stations de sports
d'hiver » qui ont, depuis le plan neige, basé
entièrement leur économie sur cette ressource qu'est l'or blanc
et sur la saison hivernale.
De plus, les impacts de l'industrie du ski sont aujourd'hui
soulignés. Le développement durable est aujourd'hui un concept
démocratisé et l'environnement est désormais au coeur des
questions de sociétés. Comment peut on envisager la
durabilité touristique dans les montagnes
française aujourd'hui ?
Dans le souci de limiter les impacts négatifs
liés à l'industrie du ski, un concept est né
récemment : le tourisme durable. C'est un type de tourisme qui vise
à concilier les enjeux économiques, socioculturels et
environnementaux de l'activité, par le biais d'une utilisation efficace
et raisonnée des ressources et des biens rares sans compromettre les
besoins des générations futures. Il s'agit donc d'une approche
intégrée du tourisme sur du long terme.
Les enjeux liés à la promotion du tourisme
durable -également appelé tourisme doux- en montagne sont
nombreux. Il s'agit à la fois d'améliorer les possibilités
d'emploi et de services, d'encourager la croissance économique et
d'accroître les moyens d'existence dans des territoires souvent
défavorisés et marqués par l'inégalité
sociale, de préserver la biodiversité et de valoriser les
patrimoines dans des espaces souvent victimes des pressions environnementales,
mais aussi de renforcer la participation de la population locale et d'engager
de nouvelles formes de gouvernance pour pallier à la marginalisation
politique de ces territoires.
Dans le cadre de ma quatrième et dernière
année de Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace
Rural, j'ai effectué un stage de 3 mois et demi au sein de l'association
Mountain Wilderness. Cette association nationale de protection de la montagne
porte depuis deux ans, dans le cadre de sa thématique Montagne à
vire, un projet de tourisme doux sur le massif de Belledonne. J'ai
été chargée de mener à bien ce projet nommé
Butiner.
Nous présenterons tout d'abord, l'association Mountain
Wilderness, avant d'étudier plus précisément sa
thématique Montagne à vivre et la mise en place de du projet
Butiner en Belledonne.
Nous traiterons, dans un second temps, plus
généralement de la problématique de durabilité de
l'activité touristique dans les montagnes françaises. Nous
verrons ensuite, après avoir étudier les évolutions
marquantes et les impacts de cette activité, de quelle manière il
est possible d'intégrer la durabilité dans les projets
touristiques, par le biais de l'analyse du projet Butiner en Belledonne mis en
place par Mountain Wilderness.
1 Mountain Wilderness et les
ambitions de Butiner 2007
1.1
Mountain Wilderness, une structure engagée et reconnue
1.1.1 Une association au service de la
sauvegarde de la montagne
Créée en 1987 à Biella en Italie,
Mountain Wilderness (MW) est une association internationale, dont le but
statutaire est la "sauvegarde de la montagne, sous tous ses aspects". La
philosophie et les buts du mouvement sont décrits dans les Thèses
de Biella (Annexe 1), adoptées lors du congrès fondateur.
Organisation non gouvernementale (ONG), MW est reconnue au niveau de l'Union
européenne et du Conseil de l'Europe, par le biais de son action pour la
mise en place de lois-cadres et de recommandations relatives à la
politique de la montagne.
MW dispose de 8 sections nationales : Allemagne,
Belgique, Catalogne, Espagne, France, Italie, Pakistan, Slovénie,
Suisse. Les 3 grands objectifs de MW international sont :
- la coordination des actions des différentes sections
nationales
- la création de nouvelles sections dans les pays
où l'association n'est pas encore présente
- la mise en place d'actions dans les pays ne disposant pas de
section nationale pour le faire.
La section française de MW a été
créée en septembre 1988 lors du Congrès d'Evian. Sur le
plan national, MW constitue des dossiers sur des sujets sensibles, qu'il
s'agisse d'études de cas ou de réflexions novatrices sur des
thèmes plus larges. Ces documents permettent de dialoguer avec les
pouvoirs publics. Les actions ponctuelles, l'information diffusée au
secteur associatif, les colloques pour débattre de l'avenir de la
montagne française, l'action pédagogique pour les scolaires et le
grand public et la participation aux différentes commissions de
spécialistes sont autant de moyens qu'utilise MW pour faire passer son
message et s'enrichir de réflexions externes.
MW France a obtenu l'agrément des associations de
protection de l'environnement au titre des articles L141-1 et 2 du Code de
l'environnement. L'association devrait être reconnue
d'utilité publique, la parution au Journal Officiel est attendue pour le
mois de septembre.
Image 1 : Logo de l'association,
source : MW
L'objectif de MW, décrit dans ses statuts, est la
"sauvegarde de la montagne sous tous ses aspects". En fait, le terme "montagne"
doit être pris au sens que lui reconnaît la loi de 19851(*). Cet objectif peut être
décliné selon plusieurs grands thèmes :
- La reconnaissance de la notion de wilderness et l'importance
de la préservation d'espaces non transformés par les
activités humaines.
- La lutte contre la dégradation de la wilderness et
responsabilisation des acteurs et utilisateurs de l'espace.
- La prise en compte des problèmes posés par le
tourisme d'aventure dans les massifs extra européens.
- La nécessité de créer un grand
mouvement d'opinion en faveur de l'environnement montagnard.
- La promotion d'une réforme de la culture de montagne,
et la mise en place d'une politique de la montagne inspirée des
idées précédemment développées.
Indépendant des circuits économiques, MW tente
de défendre un rapport de l'homme à la nature tout autant que la
nature elle-même, en s'efforçant de conserver une vue globale des
problèmes d'environnement (pour lesquels ne peuvent être
dissociés le "naturel", le "social" et "l'économie"). En effet,
pour MW, la montagne protégée ne doit plus être
considérée comme un frein au développement qualitatif mais
comme une richesse en soi.
MW est une association internationale,
représentée dans plusieurs pays, entre lesquels l'anglais est, de
fait, la langue la mieux partagée. De plus, le terme de wilderness est
difficilement traductible, c'est pour cela que MW, dans les différents
pays dans lesquels l'association est présente, a choisi de conserver ce
nom anglais.
C'est une association de défense de l'environnement,
mais dont la sensibilité se rapproche peut-être plus de celle des
clubs de pratiquants de la montagne (les Clubs alpins par exemple) que de celle
des associations "naturalistes". Car, tout autant, que la montagne
elle-même, MW s'attache à préserver l'authenticité
d'un rapport de l'homme à la montagne, fondée sur la
liberté et la responsabilité. C'est là sa
spécificité.
De l'alpiniste d'élite au simple promeneur, tout
individu doit pouvoir se prendre en charge pour vivre une aventure personnelle,
que ce soit sur un sentier de randonnée en été ou dans une
face nord hivernale. Défendre la montagne c'est d'abord s'opposer
à tout ce qui tend à la transformer en un sous-produit
packagé et standardisé de l'industrie touristique, à la
monopoliser, à l'uniformiser et à la banaliser en Disneyland
grandeur nature, pour que l'homme libre puisse conserver un espace de
liberté à sa mesure. De plus, il n'y a pas de contradiction entre
la défense de la montagne et son accessibilité à tous,
tant que les moyens mis en oeuvre pour permettre cette accessibilité ne
détruisent pas précisément ce qu'ils devraient offrir :
quelque chose qui sorte de l'univers de la consommation passive pour se situer
dans celui d'une expérience intime, libre et autonome, qui engage
l'individu tout entier, expérience solitaire ou partagée dans la
convivialité et la complicité irremplaçables que
crée l'effort partagé. MW tente donc de ne pas adopter une
position élitiste, réservant la montagne à ceux qui ont la
capacité physique et les connaissances nécessaires pour la
pratiquer mais plutôt de rendre la montagne accessible à tous dans
une démarche respectueuse et durable.
Le territoire d'action de MW n'est pas exclusivement la
wilderness au sens purement naturaliste du terme. En effet, l'action de
l'association se veut orientée de la haute vers la moyenne
montagne et de la montagne naturelle vers la montagne culturelle.
La wilderness «objective» se trouve, au moins dans
les Alpes, exclusivement en haute montagne. Cette wilderness pure et
idéale doit rester, une référence, l'objet des rêves
et des aspirations qui nous font échapper à notre routine
quotidienne. Mais il existe aussi l'expérience subjective d'une
wilderness «relative», qui pour l'immense majorité, sera
vécue en moyenne montagne. Et cette wilderness vécue doit
importer tout autant, pour l'action de l'association, que la wilderness
idéale.
Une dimension supplémentaire est inséparable de
l'expérience subjective de la wilderness dans nos massifs
«humanisés» comme les Alpes, mais aussi dans les Andes ou
l'Himalaya : c'est la culture montagnarde, en ce qu'elle a
façonné les paysages, mais aussi en ce qu'elle conditionne la
perception subjective et l'imaginaire social de la montagne. C'est une
dimension absente des grands massifs vierges (Rocheuses, Patagonie), du Grand
Nord, ou de l'Antarctique, qui, encore une fois, représentent la seule
vraie wilderness au sens purement naturaliste du terme.
MW tend aujourd'hui vers une vision moins insulaire, mais
plus globale et humaniste de l'idée de wilderness.
Image 2 :
Le ski de randonnée, une manière de
côtoyer la wilderness subjective
dans des coins de montagne pouvant être
très fréquenter en été,
source : Aurélien Dautrey
1.1.2 Actions
Au travers de grandes thématiques, MW :
- propose des approches douces pour la montagne :
de plus en plus de visiteurs s'évadent en montagne pour s'y ressourcer.
MW agit pour que les logiques urbaines n'envahissent pas le domaine
montagnard.
- remet en cause les pratiques
déraisonnables : MW se bat pour préserver un
accès libre à la nature, face aux aménagements
envahissants des stations de ski, à l'augmentation du trafic des poids
lourds dans les vallées de montagne, au développement de la
pratique illégale des loisirs motorisés.
- veille au maintien des équilibres : MW
propose et valorise des solutions pour que les montagnes restent un lieu de vie
où population, nature et activités économiques coexistent
en harmonie.
Actions de communication et de
sensibilisation
Initier une prise de conscience des pratiquants de la
montagne et des entreprises face aux enjeux liés à la protection
de la montagne.
Promouvoir une responsabilisation de chacun pour le bien
de tous.
MW édite et diffuse une revue trimestrielle (4
numéros à 3 500 exemplaires) axée sur un contenu de
qualité et contenant un dossier traitant d'une problématique
spécifique. En 2006 : Mountain Wilderness International, Installations
Obsolètes, Mobilité Douce.
Image 3 : Revue n° 62 de MW,
source : MW
MW édite et diffuse également des documents de
sensibilisation (édités à 100 000 exemplaires chacun) sur
les problématiques des loisirs motorisés, des installations
obsolètes, de l'enneigement artificiel et bientôt de la
mobilité douce.
MW tient également à jour un site Internet
contenant une très grande quantité d'informations. En 2006 :
737 pages étaient en ligne, 143 documents téléchargeables
et 833 images agrémentaient la navigation. Ce site connaît une
bonne fréquentation allant bien au-delà des adhérents et
sympathisants : plus de 430 000 pages ont été visitées en
2006, soit environ 36 000 pages par mois.
Depuis 2006, un logo commun à toutes les associations
de Mountain Wilderness a été adopté pour une meilleure
communication du mouvement.
Dossiers d'actualité
Rester informés de l'actualité montagne.
Réagir dès que possible à tout ce
qui porte atteinte à l'intégrité de ces
espaces.
Au-delà des actions que MW planifie par grands projets,
l'association effectue une veille importante sur les sujets d'actualité
concernant la montagne. S'informer, réagir, communiquer, entrer en
relation avec des élus, des administrations, des services de l'Etat ou
encore collaborer avec d'autres associations sont autant de tâches que MW
met un point d'honneur à assumer. Son large réseau
d'adhérents, répartis sur tout le territoire montagnard, lui
permet de se tenir informée des problèmes locaux.
MW :
- participe à des manifestations autour des
problématiques des transports en montagne, notamment autour du Mont
Blanc, de l'A51 et des projets pyrénéens,
- participe à l'information du grand public des enjeux
liés à cette problématique,
- apporte sa vision et ses compétences dans les
débats inter-associatifs sur cette question afin de proposer des
solutions viables,
- suit les avancées concernant les projets de protection
du Massif du Mont Blanc (en lien avec ProMontBlanc). MW relaye les informations
concernant les évolutions en matière de grands prédateurs
et de la faune menacée,
- appuie les actions menées par MW International et autres
associations travaillant sur les montagnes du monde (Olympe, Afghanistan,
Pakistan, ...),
- collabore très régulièrement avec un large
réseau associatif (FFCAM, FFME, Associations environnementales locales,
CIPRA, FRAPNA, ...) ainsi qu'avec des collectivités locales
(Régions Rhône-Alpes, PACA et Languedoc Roussillon, Conseil
général de l'Isère, ...), avec des services de l'Etat
(Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable, DIREN
Rhône-Alpes, ...). Des entreprises privées comme Au Vieux Campeur
ou Patagonia soutiennent également MW.
Mobilité douce
Promouvoir d'autres moyens de déplacements en
montagne que les véhicules individuels.
La mobilité douce en montagne est une
problématique en plein essor. Elle est directement liée à
la politique des transports, et constitue un enjeu capital en terme de
développement durable. En effet, les problèmes de
surfréquentation et de gestion des flux touristiques en montagne se font
de plus en plus nombreux. Face à ces constatations, il s'agit de voir en
quoi l'alternative « mobilité douce » peut permettre
de pallier ces problèmes de déplacement et de stationnement dans
les espaces de montagne, le tout s'inscrivant dans une démarche de
développement supportable.
Image 4 : Bannière Mobilité
Douce, source : MW
Image 5 : Affiche Journée de la
Mobilité douce en Montagne, source : MW
En 2006, une importante action de sensibilisation a
été au centre du travail mené. Cette manifestation s'est
déroulée le 24 juin à Venosc (38) et entrait dans le cadre
du projet européen Alpine Awarness. Une vingtaine de stands permettaient
aux visiteurs de faire le tour des différents aspects de la
mobilité douce, pour comprendre que « les transports en commun ce
n'est pas perdre son temps mais prendre son temps ». Toujours dans le
cadre de ce projet européen, MW a travaillé à la mise en
réseau de diverses associations et gestionnaires d'espaces
protégés.
Enfin MW a continué à mettre à jour son
inventaire des initiatives de mobilité douce et l'a diffusé.
Pratiques sportives respectueuses
Promouvoir des formes de pratiques sportives de la
montagne respectueuses des milieux.
Thèses de Biella : « Promouvoir une
réforme de la culture alpine dans l'esprit de la wilderness (contre la
commercialisation, contre le prosélytisme discriminatoire, pour la
sensibilisation du public, pour la formation d'une culture écologique
chez les encadrants). »
Image 6 : Cordée,
source : MW
Pour la première fois en 2006 un représentant de
MW était membre du jury du Piolet d'or qui récompense la plus
belle réalisation de l'année en alpinisme. Cette participation a
notamment permis d'ancrer le style alpin comme l'avenir de l'alpinisme de haut
niveau.
MW a participé à différents débats
sur la problématique de la liberté d'accès, du
péage pour certaines pratiques de pleine nature, ainsi qu'à une
table ronde, dans le cadre du festival international du film de montagne et
d'aventure d'Autrans, sur la prise en compte de l'environnement dans les
pratiques sportives montagnardes.
MW a poursuivi ses contributions aux réflexions
menées par l'Observatoire de Pratiques de Montagne et d'Alpinisme.
L'association siège également à la Commission
Départementale Espaces Sites et Itinéraires de l'Isère.
En 2007 le concours « changer
d'approche » a été lancé. Il se trouve à
la confluence des thématiques « mobilité
douce » et « pratique sportive » puisqu'il incite
les pratiquants de la montagne a réaliser les plus belles sorties en
transport en commun.
Image 7 : Affiche concours Changer
d'approche !, source : MW
Industrie du ski... vigilance
Contrôler l'extension irraisonnée des
stations de ski et préserver les espaces libres situés en
limite.
Evaluer l'impact de leurs
équipements.
Travailler à une meilleure prise en compte de
l'environnement dans les domaines skiables.
Les projets d'équipement en remontées
mécaniques, d'extension, voire de création de domaines skiables,
et surtout de liaisons inter stations, grandes dévoreuses d'espaces,
sont légions dans toutes les montagnes françaises, et en
particulier dans les Alpes du Nord. Pour MW, il est hors de question de
laisser faire cette fuite en avant, cette relance de la course à l'Or
blanc. Le tourisme hivernal permet une économie montagnarde très
utile, qu'il n'est pas question de remettre en question. Mais il ne faut pas
tout lui sacrifier et savoir garder raison : les montagnes de France forment le
plus grand domaine skiable au monde, arrêtons là ce qui tend
à devenir un massacre de nos montagnes ! Car quand le ski devient de
l'industrie lourde, alors oui, il faut trouver un remède...
MW siège à la Commission des Unités
Touristiques Nouvelles et au Comité de Massif.
L'association a souligné le risque de voir dans
quelques années naître des friches immobilières,
conséquences d'une évolution économique inhérent
aux avantages fiscaux donnés aux ZRR2(*), ou du dérèglement climatique.
Image 8 : Document de sensibilisation sur
l'enneigement artificiel, source : MW
Sur les canons à neige, la consommation d'eau et les
problèmes induits ont été mis en évidence. Mais il
y a aussi les dégâts irréversibles des terrassements sur
les sols fragiles, et l'anéantissement de zones humides vitales pour les
écosystèmes.
Des réactions ont aussi été
nécessaires sur des projets spécifiques, en 2006 :
- Manifestation contre l'extension du domaine de
Saint-Gervais,
- Dépôt de recours et plaintes au Tribunal
administratif contre le projet de la Turra,
- Soutien aux habitants de Clavans en lutte contre un projet
aberrant,
- Mise en évidence des carences d'un projet
d'aménagement sur la commune de Villard de Lans.
MW se veut aussi force de proposition et travaille sur des
pistes pour l'avenir, en matière d'accueil et d'hébergement,
d'activité sportive, d'aménagement des stations, ou de
restructuration des domaines skiables.
Silence ! Halte aux loisirs
motorisés
Encadrer la pratique de tous les loisirs
motorisés (motos, quads, 4X4, motoneiges, Héliski, ...).
Obtenir en premier lieu l'application de la loi de
1991.
Mettre un frein à tout
événementiel faisant la promotion de ces activités
prohibées.
Thèses de Biella : faire en sorte que soit mis sur
pied une réglementation rigoureuse du trafic motorisé en
montagne, accompagnée de moyens de contrôle et de sanctions
adéquates.
Image 9 : Campagne silence sur
Internet, source : MW
En début d'année 2006, le travail que MW
mène depuis 5 années s'est vu salué par une circulaire
ministérielle rappelant aux Préfets, Maires et administrations
compétentes l'esprit de la loi de 1991 régissant les loisirs
motorisés et demandant sa stricte application. MW a par la suite
lancé une pétition citoyenne allant dans le même
sens : un succès puisque plus de 180 000 personnes ont
signé, soutenant ainsi le bien-fondé de nos démarches.
Comme les autres années, MW a été
participant ou organisateur de manifestations contre la Croisière
Blanche (en janvier dans les Hautes- Alpes), les motoneiges (en février
dans le Jura), l'héliski (en mars en Suisse), la Transvaquad (en juillet
dans la Savoie),...
En 2006, MW a par ailleurs investi son énergie dans la
réactivation de la CALME (Coordination pour l'Adaptation des Loisirs
Motorisés à l'Environnement) : ceci permettant à MW,
entre autres, de donner son avis sur la démarche des PDIRM (Plan
Départemental des Itinéraires de Randonnées
Motorisés).
Image 10 : Document de sensibilisation sur
les loisirs motorisés, source : MW
Installations obsolètes : nettoyons nos
paysages montagnards
Poursuivre la sensibilisation des collectivités
territoriales et gestionnaires de l'espace à la problématique des
aménagements abandonnés en montagne, notamment au travers
d'opérations exemplaires de nettoyage.
Thèses de Biella : « Démonter ou
empêcher la construction des installations fixes incompatibles avec la
wilderness ».
Image 11 : Document de sensibilisation
Installations Obsolètes, source : MW
Initiée en 2001, la campagne « Installations
obsolètes... Nettoyons nos paysages montagnards ! » de MW a pour
but de sensibiliser les autorités, les acteurs locaux et les populations
aux problèmes des aménagements abandonnés en montagne.
Remontées mécaniques, bâtiments agricoles, militaires,
industriels, la liste est longue... Ces installations qui n'ont plus d'usage
marquent souvent le paysage comme de véritables
cicatrices. Après avoir recensé plus de 250 de ces
installations obsolètes (et cela sans recherche de l'exhaustivité
!), après avoir publié une étude donnant le mode d'emploi
pour supprimer ces points noirs paysagers, et initié ou
réalisé un certain nombre d'actions de terrain, MW demande
l'intégration du coût du nettoyage dès la mise en route
d'un nouvel aménagement, conformément à l'article 12 du
protocole « tourisme » de la Convention alpine, pour que
n'apparaissent plus ces cicatrices dans le patrimoine naturel montagnard...
En 2006, le site emblématique du Sommeiller a enfin
été démonté. En 2006 et 2007, deux nouvelles
opérations de nettoyage a eu lieu dans le Mercantour en collaboration
avec le Parc national et de nombreux sites retrouvé leur aspect naturel.
Après six années de travail dans le Mercantour, ce sont
près de 65 tonnes de barbelés, ferrailles, tôles,
poutrelles, piquets... évacués et triés.
Au-delà de ces actions de terrain, les prospections
continuent pour découvrir de nouveaux sites propices à de futurs
nettoyages, ainsi que la préparation de ceux-ci.
MW continue à diffuser de la documentation sur cette
problématique, notamment le guide « En finir avec les installations
obsolètes ».
Image 12 : Nettoyage du Mercantour en
Juillet 2007, source : A. Dautrey
Montagne à vivre
Valoriser les initiatives de tourisme doux afin
d'harmoniser vie en montagne, activité économique et respect des
milieux naturels.
En 2006, la poursuite de la réflexion sur l'orientation
du projet « Butiner » ayant pour objectif de recenser et de diffuser
l'information sur l'offre touristique alternative a été
mené. Le but recherché est de proposer aux visiteurs une offre
touristique respectueuse de la montagne et des populations. MW désire
ainsi montrer qu'une économie montagnarde est viable hors tourisme de
masse.
Image 13 : Bannière site internet
Butiner, source : MW
MW a aussi largement participé aux révisions des
chartes des parcs naturels régionaux. MW a ainsi pu proposer des
orientations à moyen terme mais aussi des actions concrètes dans
le Vercors et la Chartreuse par exemple.
Espaces Montagnards d'Eau Vive
Préserver les derniers espaces montagnards d'eau
vive.
En 2006, l'association de kayakistes Caskaboulons interpellait
MW sur la thématique Espaces Montagnards d'Eau vive. En effet, les
derniers espaces d'eau vive de nos montagnes françaises sont souvent
soumis à des projets d'aménagement hydroélectrique,
d'endiguement ou autres. Contrairement à de nombreux autres espaces
menacés, il n'existe pas d'association d'envergure nationale de
défense des espaces montagnards d'eau vive. MW a donc invité les
kayakistes à adhérer et participer à l'animation de cette
thématique.
Ainsi, les premières actions ont été
mises en place courant 2007 et les objectifs poursuivis sont :
- Alerter/ sensibiliser les différents publiques sur les
enjeux liés à l'artificialisation et / ou la destruction des
derniers espaces naturels d'eau vive montagnards
- Militer pour une réinscription des espaces naturels
d'eau vive dans la globalité environnementale, paysagère,
socio-économique et culturelle montagnarde.
Ce projet est relativement transversal au travail de MW
puisque des actions « installations obsolètes »,
« mobilité douce », seront mis en place dès
2008 et tenteront de combler le manque d'action en faveur de la défense
des espaces montagnards d'eau vive.
Espaces protégés
Ce projet regroupe différentes actions, de veille, de
participation, de sollicitation des pouvoirs publics : suivi de
l'évolution de la loi sur les Parcs Nationaux, siège dans les
comités de massif, commissions des sites et commissions de
réserves naturelles, participation à la réflexion sur la
révision des chartes des PNR, demande d'une protection pour le Mont
Blanc...
La plupart des actions entreprises dans le cadre de la
thématique installations obsolètes sont effectuées dans
des espaces protégés.
Le dossier de la revue n° 71 de MW parue en Juin 2007
portait sur les espaces protégés et le 24 mars 2007, une table
ronde « politiques de développement local et espaces
protégés en montagne » a eu lieu en Haute Loire.
Image 14 : Affiche Table ronde Espaces
protégés, source : MW
1.1.3
Les moyens humains
1.1.3.1 Une
équipe salariée atypique
L'association s'est progressivement pourvue de salariés
au fur et à mesure de sa croissance. Il y a ainsi aujourd'hui trois
chargés de mission qui coordonnent les projets, assistés par une
secrétaire. Sans directeur, les chargés de missions gèrent
leurs projets d'une manière libre et responsable en relation
étroite avec le Conseil d'Administration (CA) et le Bureau.
Carmen Grasmick : Chargée de mission
(90%)
|
- Gestion le projet Installations Obsolètes - Gestion
le projet Mobilité Douce - Développement du mouvement et
démultiplication des actions de l'association, en particulier en
garantissant l'efficacité des relations internes de l'association
(relations aux adhérents) - Animation des relations entre les
salariés, les membres du CA et les délégués
locaux - Gestion administrative et financière de l'association
|
Image 15 : Carmen Grasmick,
source : MW
|
Vincent Neirinck : Chargé de mission
(100%)
|
- Gestion du Projet Industrie du ski, - Gestion du Projet
Silence, - Suivi des dossiers concernant des massifs particuliers (Calanques
/ Mont Blanc) - Relations et représentation institutionnelles -
Suivi des actions et relations avec MW International - Communication (site
Web / Communication externe)
|
Image 16 : Vincent Neirinck,
source : MW
|
Aurélien Dautrey : Chargé de
mission (100%)
|
- Gestion du projet Montagne à vivre, - Gestion du
projet Pratiques respectueuses, - Gestion de la communication externe MW
(revues, documents de sensibilisation, actions de promotion, boutique, relation
à la presse, etc.), - Rechercher et assurer les relations avec les
partenaires privés, - Tâches administratives (achat
fournitures, gestion informatique, envoi en nombre de la revue...)
|
Image 17 : Aurélien Dautrey,
source : MW
|
Michèle Borettini : Secrétaire
(50%)
|
- Gestion base de données des coordonnées
adhérents et relations, - Gestion des adhésions :
réception des paiements - enregistrement des informations, des
chèques - dépôts banque - Envoi des reçus, des
cartes adhésion, des revues - questions adhérents relatives
à l'adhésion - Gestion des demandes d'achats adhérents.
et envoi des marchandises, - Envoi de documentation, de
coordonnées, - Reprographie, affranchissement du courrier, - Noter
le coût des envois importants pour la comptabilité, - Accueil
téléphone le matin, mise en relation des appelants et des
chargés de mission, - Envoi de la Revue : gestion des
étiquettes et sélection/tri pour les rappels. Envoi des
communiqués par courrier électronique, - Prévenir les
adhérents par mail lorsque nous avons besoin d'un coup de main, et -
Envoi régulier aux adhérents ayant un mail de l'agenda
électronique.
|
1.1.3.2 Le Conseil
d'Administration et le Bureau
Le Conseil d'Administration se réunit au moins une fois
par trimestre. Sa composition :
Présidents d'honneur : Bernard Amy, Patrick
Gabarrou, François Labande
Membres du bureau :
- Président : Jean Pierre Courtin
- Vice Présidents : Daniel Rouzier et Hugues
Thiebault
- Secrétaire générale : Laurence
Roussel
- Secrétaire adjoint : Jean Christophe Caillaud
- Trésorier : Philippe Martin
- Trésorier adjoint : Alain Legendre
Administrateurs :
Jean-David Abel, Freddy Balestro, Cathy Billaudel, Fleury Gelay,
Claude Habar, Anne Ille-Brière, Philippe Imbert, Patrick Le Meignen,
Alexis Nouailhat, Antoine van Limburg, Luc Ramis, Stéphane Roux, Patrick
Le Vaguerèse
Membres associés au CA : Gérard Creton et
Jean-Alix Martinez
1.1.3.3 Les
garants
Ce sont des personnalités du monde de
la montagne, de la culture ou des sciences, qui représentent le
mouvement et véhiculent les idées de MW, que ce soit à
travers leurs écrits, la participation à des manifestations, ou
tout simplement par l'exemple, à travers leurs rapports avec la
montagne. Les garants sont élus pour deux ans lors des congrès de
MW international.
Image 18 : Les garants internationaux de
MW, source : MW
1.1.3.4 Les
commissions/groupes de travail...
Les différentes commissions peuvent être
assimilées à des groupes de travail : installations
obsolètes, mobilité douce, montagne à vivre, pratiques
respectueuses, silence, espaces montagnards d'eau vive, communication,
partenaires privés (recherche et relations avec des partenaires
privés susceptibles de financer MW).
Ils permettent d'avancer sur des dossiers et de prendre des
décisions qui ne nécessitent pas qu'on en débatte lors de
conseils d'administration. Ils sont composés de Bénévoles
actifs qui s'impliquent fortement dans la réflexion, la mise en place,
le suivi et l'évaluation des différents dossiers/projets.
1.1.3.5 Les
adhérents
MW France compte à ce jour 1300 adhérents, dont
80 bénévoles actifs et des délégués
régionaux qui relayent l'information sur l'ensemble du territoire de la
France métropolitaine.
La moyenne d'âge des adhérents de MW est
élevée puisque plus de 50% des adhérents ont 65 ans et
plus. Ce sont donc de nombreux retraités qui soutiennent l'association.
MW souhaite se rajeunir en sollicitant l'adhésion de jeunes
passionnés par la montagne mais ceci n'est pas évident compte
tenu du manque d'implication de ces jeunes dans le milieu associatif.
1.1.4 Organisation et fonctionnement
Le travail des adhérents est remarquable puisque
environ 80 d'entre eux donnent une grande part de leur temps libre pour
soutenir et décupler l'action de MW. Présents dans les
différentes commissions, lors de manifestations, salons,
conférences, ils contribuent grandement à la diffusion de
l'information et à la sensibilisation du grand public. Une grosse partie
du travail repose sur ces adhérents et cela pose parfois quelques
problèmes. En effet, les adhérents travaillent
bénévolement et ont une vie professionnelle et privée en
plus de leur engagement associatif. Ainsi, il est parfois difficile de
mobiliser les adhérents autrement que sur des actions ponctuelles.
Le travail des 4 salariés représente 3,4
équivalents temps plein. En 2007, 4 stagiaires ont
complété l'équipe ce qui représente sur
l'année un équivalent temps plein supplémentaire. Comme on
peut s'en douter, un salarié supplémentaire ne serait pas
superflu pour mener le combat de la protection des montagnes françaises,
cependant, les finances ne permettent pas cette embauche.
Pour l'équipe salariée, il est parfois difficile
d'avancer, faute de prise de décisions dans les différentes
instances, faute de moyen financiers ou encore d'inertie au sein des
partenaires publics ou privés. Néanmoins compte tenu de l'ampleur
de la tache et des moyens dont elle dispose, le travail réalisé
est remarquable.
1.1.5
Financements
Charges
|
|
Produits
|
|
|
2006
|
|
2006
|
Fonctionnement général
|
9 250,02
|
Ventes et prestations
|
768
|
Dépenses liées à la
représentation et aux publications
|
15 195,14
|
Subventions publiques
|
73 851,94
|
Actions et projets de l'association
|
33 951,37
|
Adhésions et dons
|
84 925,46
|
Dépenses liées aux moyens de
communication
|
5 521,74
|
Report des ressources non utilisées des exercices
antérieurs
|
1 500,00
|
Frais divers
|
5 528,20
|
Autres produits
|
216,08
|
Charges salariales
|
102 705,27
|
Aides aux emplois
|
5 428,08
|
Autres charges d'exploitation
|
1 707,08
|
Divers
|
2 299,23
|
Charges exceptionnelles
|
0,00
|
Insuffisance
|
4 870,03
|
TOTAL
|
173 858,82
|
TOTAL
|
173 858,82
|
Figure 1 : Compte de résultat MW
France - 2006
Organisme
|
Objet
|
Montant en Euros
|
Pourcentage du budget total
|
Région Rhône-Alpes
|
Brochures Silence (3,5)- Brochures Installations obsolètes
et IO Expo Bauges (5,5) - Revues (6,5) - Réseau asso (5) - Educ
Formation (3,5)
|
24 000
|
13,80
|
MEDD
|
Brochures Silence (4)- Brochures Installations obsolètes
et suivi dossiers (4) - Revues (2) - Fonctionnement : Réseau Instit asso
LM (8)
|
18 000
|
10,35
|
Projet européen ou FNE
|
Réseau MD - Manifestation 24 juin
|
9 100
|
5,23
|
Région Languedoc-Roussillon
|
Brochures Silence (2)- Brochures Installations obsolètes
(2) - Revues (2)
|
6 000
|
3,45
|
Région PACA
|
Brochures Silence (3)- Brochures Installations obsolètes
et IO Nettoyage Mercantour (3)
|
6 000
|
3,45
|
CNASEA
|
Aide emploi jeune
|
5 428
|
3,12
|
Conseil Général de l'Isère
|
Fonctionnement
|
4 000
|
2,30
|
DIREN
|
Industrie ski - Monal
|
1 000
|
0,58
|
PNEcrins
|
Etude de cas Mobilité douce
|
800
|
0,46
|
Aide mairie Grenoble (75)
|
Aide en nature location bureau MW
|
4 905
|
2,82
|
Total subv pub 2006
|
|
79 233
|
45,57%
|
Total Budget 2006
|
|
173 859
|
|
Figure 2 : Subventions publiques
perçues en 2006
1.2
Proposer des approches douces pour que la montagne vive : Butiner 3(*)
1.2.1 Montagne à vivre : une
thématique chère à l'association
Outre ses actions liées à la défense de
la montagne, MW prend aussi en compte la notion de développement
soutenable au travers notamment de sa thématique « Montagne
à vivre »4(*). Ce projet a d'ailleurs émergé
dès la création de la section française à Evian en
1988. En effet, l'association veut aller au delà de la
dénonciation des aménagements à outrance des stations et
se veut force de proposition. Elle veut montrer qu'il existe d'autres
possibilités de développement économique, basées
notamment sur les principes du tourisme doux. En développant cette forme
de tourisme, MW souhaite maintenir de la vie dans les villages avec des
activités de tout type respectueuses de l'environnement. Pour MW,
l'objectif est donc autant la conservation des activités humaines que la
préservation du milieu.
Afin de réfléchir aux actions envisageables, un
groupe de travail a été constitué en 1990 et avait pour
mission de mettre en place et en forme la politique de MW en matière de
tourisme doux mais aussi d'économie montagnarde. Dans un premier temps,
MW a choisi de sensibiliser les collectivités locales et les élus
afin de les encourager à s'orienter vers un développement
maîtrisé. Pour mettre en place concrètement cette
stratégie, trois axes avaient alors été
précisés5(*):
- définir les éléments d'un partenariat
contractuel entre une commune qui aurait opté pour un tourisme
alternatif et MW,
- réfléchir à la rédaction d'un
guide pratique à l'usage des collectivités locales pour les aider
dans leur recherche de partenaires financiers,
- organiser un séminaire sur le thème de la
montagne à vivre, pour permettre aux différents acteurs ou
concepteurs du développement en région de montagne de faire
connaître leur point de vue et exprimer un certain nombre de
réflexions en matières d'alternatives douces.
C'est donc en suivant ces axes de travail que l'association
s'est mise à rechercher des partenaires, des municipalités ayant
décidé de s'engager vers un mode de développement
alternatif, où le développement a le sens de projet d'avenir (F.
Labande). MW a donc noué contacts avec les communes de Nancy-sur-Cluses
en Haute-Savoie, Gavarnie dans les Pyrénées, Aussois en Savoie,
et Puy-St-André dans les Hautes-Alpes, qui ont expérimenté
des alternatives douces. Ces municipalités ont été
invitées à présenter leurs choix à des élus
de montagne, des agents de développement, des offices de tourisme, des
organismes de gestion de la montagne, des géographes, des
représentants de parcs régionaux, ainsi que des dirigeants de MW,
rassemblés à Talloires le 13 décembre 1991. Ce
séminaire fut l'occasion de présenter le tourisme doux et les
opportunités qu'il peut générer, ainsi que les
expériences concrètes de ces quatre communes, afin de montrer,
comme cela fut souligné par Crisol Serrate6(*) que des alternatives sont viables, que d'autres
communes peuvent suivre les exemples positifs, à condition de
bénéficier d'une expérience et d'une logistique, sinon de
moyens particuliers. Ce séminaire a donc permis de
réfléchir à la mise en place d'un développement
soutenable qui, loin d'être utopique, est tout à fait
réalisable si on veut s'en donner les moyens. Les communes de
Puy-Saint-Pierre et Puy-Saint-André ont fait ce choix et se sont
engagées à préserver leur identité culturelle et
l'intégrité des espaces non aménagés; elle se sont
donc vues attribuer le label « Montagne à vivre »
par MW le 4 avril 1992. En signant ces contrats, François Labande
ajoutait « Comme la montagne, les contrats MW doivent vivre. Ce ne
sont pas des constats, ce sont des plans d'action. Des engagements sont pris,
de part et d'autre, pour tendre à un développement
maîtrisé et à la protection du milieu. De part et d'autre,
nous saurons les tenir.»
Cependant, bien que la motivation et les bonnes idées
soient largement présentes, tant au sein de l'association, pour qui le
thème est cher, que parmi les communes signataires des contrats ou
d'autres désirant le faire (par exemple la commune de Bonneval-sur-Arc),
ce dossier des alternatives douces pour la montagne est bien difficile. Il
aurait fallu que l'association soit relayée par l'Etat et que ce dernier
apporte son soutien à ces initiatives en leur donnant un appui financier
mais aussi une reconnaissance, nécessaires pour qu'elles perdurent dans
le temps et qu'elles soient demandées par d'autres collectivités.
Mais les tentatives faites par MW pour bénéficier du soutien de
l'Etat ne donnèrent pas de suites constructives et l'association s'est
vue contrainte de mettre en suspens cette thématique de la
« Montagne à Vivre ».
Malgré tout, ce thème de la montagne à
vivre est important aux yeux du mouvement. Même si les actions
concrètes matérialisées par l'attribution des labels ne se
sont pas poursuivies, les membres de MW ont continué de
réfléchir à ces questions liées au
développement et à la protection, aux possibilités
à mettre en oeuvre, ainsi qu'aux méthodologies à employer.
Ils ont continué par ailleurs à multiplier les liens avec les
structures à même de faciliter la mise en place d'un
développement maîtrisé, notamment les espaces
protégés, considérant qu'ils ont d'importantes
responsabilités en matière de développement local et de
promotion des alternatives douces. Des partenariats durables ont d'ailleurs
émergé par la suite, notamment avec le Parc National des Ecrins
et le Parc Naturel Régional de Chartreuse.
Cependant, dans d'autres pays alpins, le tourisme doux
connaît un certain succès et les initiatives intéressantes
en la matière se multiplient, montrant l'intérêt qu'il
présente en matière de développement
maîtrisé. MW France les a suivies avec beaucoup
d'intérêt, d'autant plus que certaines étaient
menées par d'autres sections du mouvement. De ce fait, lorsque MW Suisse
s'est lancé dans un projet de valorisation du tourisme doux
(appelé là-bas tourisme lent), qui consistait en la
réalisation de publications valorisant des acteurs de tourisme doux sur
le versant suisse du Mont Blanc, MW France a suivi sa mise en oeuvre avec
beaucoup d'intérêt. Souhaitant toujours s'investir sur cette
thématique, la section française de l'association a pensé
qu'il serait pertinent de reprendre ce projet et de le mettre en oeuvre en
France.
En outre, bien que les deux axes de travail de MW soient
autant la préservation de la montagne que la mise en place d'un
développement durable, les pratiques entraînant la
dégradation du milieu sont nombreuses et l'urgence pour l'association
consiste souvent à se positionner contre elles. De ce fait, il
était intéressant aussi pour MW de mener un projet positif, et au
lieu de dénoncer des actions, d'en valoriser. De plus, comme nous
l'avons vu précédemment, le tourisme doux, en étant
supportable par le milieu montagnard et viable pour l'avenir, est l'un des axes
de développement privilégié de MW. Il était donc
pertinent de saisir l'opportunité de le valoriser, et par la même
de relancer « la montagne à vivre ».
1.2.2 La mise en
place de Butiner au Pays du Mont Blanc
1.2.2.1 L'origine du projet: la protection du site du
Mont-Blanc
Depuis sa création, la protection du Mont Blanc est un
projet cher à MW ; c'était d'ailleurs une des campagnes
fondatrices du mouvement, puisque plusieurs des alpinistes à son origine
militaient déjà activement pour la défense de ce site
exceptionnel et symbolique.
Image 19 : Manifestation pour la
protection internationale du Mont Blanc - août 1998,
source : MW
Depuis, différents moyens ont été
envisagés à cette fin : actions militantes telles que des
manifestations, inscription du site au Patrimoine naturel mondial de
l'humanité, création d'un Parc international du Mont-Blanc. Le
but était notamment de mettre en place « un tourisme doux,
respectant durablement l'environnement, mis au service d'un
développement régional porteur d'avenir, un tourisme faisant
certes usage de son capital premier -la nature intacte- mais sans lui faire de
tord et sans le détruire » (MW, 2004).
L'Espace Mont Blanc, la contre-proposition au projet de Parc
International du Mont Blanc des élus locaux, créé en 1989,
devait permettre d'associer la protection des milieux naturels et des paysages
avec la promotion d'activités socio-économiques dans une
démarche de développement durable. Mais là encore, la
réalité se trouve différente des objectifs initiaux et
à ce jour, aucun des projets de protection du site cités
précédemment n'a débouché de manière
satisfaisante; les atteintes à l'intégrité du massif du
Mont Blanc se poursuivent.
Devant ces difficultés et cette inertie de plus en plus
importante, MW a décidé de prendre une nouvelle direction. Tout
en continuant d'oeuvrer pour une réelle protection du toit de l'Europe,
l'association a décidé de développer et de valoriser un
tourisme doux et lent sur le massif. Si en France, ce dernier concept n'est pas
vraiment parlant, il est bien reconnu en Suisse où il correspond
à un véritable choix (presque politique) de la part des
touristes.
La section Suisse a donc réfléchi à la
mise en place d'un projet valorisant les acteurs de tourisme doux
présents sur le versant suisse du Mont-Blanc, en prévoyant
à terme de conduire, en partenariat avec les sections françaises
et italiennes, cette opération sur les autres versants du Mont-Blanc. Ce
projet, qui passe par la réalisation d'une brochure touristique, met en
réseau différents prestataires et les intègre dans des
propositions d'itinéraires de randonnées. Il met en place une
plate-forme de promotion et de réflexion écologique et il
valorise le savoir-faire local. Actuellement, le territoire concerné
inclut 3 vallées (Entremont, Ferret et Trient), 9 communes et 61
prestataires touristiques.
1.2.2.2 Objectifs et mise en place du projet par MW
Suisse
L'objectif de ce projet appelé Butiner au Pays du
Mont-Blanc était de faire connaître les petits prestataires
touristiques qui montraient un réel intérêt pour la nature
et la culture des lieux, qui les respectaient et qui n'avaient pas d'autre
forme de promotion.
Les acteurs présents au sein de la brochure et du
réseau ont été choisis selon les critères du
tourisme lent suivants :
- régionalisme: offre enracinée dans le
patrimoine naturel et culturel de l'endroit,
- respect de l'environnement naturel : technologie
appropriée, transport réfléchi, production la plus
biologique possible,
- authenticité: pas de pseudo folklore ni de
« fun park »,
- qualité des relations humaines : bon accueil et
ouverture vers l'autre,
- satisfaction au niveau des 5 sens : beau à voir, bon
à manger, aimable à entendre, vrai à toucher et
agréable à sentir.
Ils étaient répartis selon cinq
catégories : produits du terroir, excursions, culture,
hébergements et cabanes du Club Alpin Suisse.
La brochure Butiner au Pays du Mont Blanc, action
première de ce réseau de tourisme lent, est donc un document
recensant l'ensemble des prestataires et des possibilités de tourisme
alternatif du secteur. Par conséquent, elle incluait, outre une carte
des lieux :
- la présentation de la région du Mont Blanc,
des vallées concernées et du patrimoine culturel et humain de la
région,
- la présentation de l'association et la philosophie du
projet,
- une présentation des 61 prestataires touristiques
adhérents au projet,
- une liste de 18 itinéraires de randonnée,
- une liste des manifestations ayant lieu sur le territoire
concerné,
- la liste des Offices de Tourisme,
- une liste de sites Internet et de publications en lien avec
cette problématique,
- une explication des labels AOC (Appellation d'Origine
Contrôlée) et IGP (Indication Géographique
Protégée) et une liste des produits bénéficiant de
ces labels en Valais.
La première brochure a été publiée
pour la première fois au printemps 2003. 6 000 exemplaires ont
été édités en français et en allemand.
Devant le succès rencontré, l'opération a
été reconduite l'année suivante. Depuis, il n'y a pas eu
de nouvelle publication, car le réseau d'acteurs est en train de devenir
autonome. En effet, les participants sont en train de s'organiser pour
gérer leur réseau par eux mêmes. Un site Internet a
été mis en place en 2006.
Image 20: Brochure Butiner au Pays du
Mont Blanc édité en 2004 par MW Suisse,
source : MW Suisse
Le financement du projet a été en partie
assuré par les communes et les sociétés de
développement concernées. La plupart se sont en effet
engagées à payer la totalité du coût de chaque
participant travaillant sur leur territoire (50 francs suisses par offre
apparaissant dans la brochure). L'autre partie a été couverte par
les encarts publicitaires et la participation de MW Suisse.
Les objectifs de cette opération étaient
nombreux. Outre le fait de sensibiliser tous les acteurs économiques de
la région à ce type de tourisme et de créer un
réseau d'offres répertoriées sur une même brochure
et une même carte, il s'agissait :
- de promouvoir et de développer l'intérêt
pour un tourisme respectueux de la culture et du patrimoine,
- d'inciter les gens rester sur place au lieu de n'y faire que
passer (déplacements à pieds ou en transports publics),
- de favoriser la convivialité, l'ouverture et l'accueil
dans la région afin que le touriste se sente bien et ait envie d'y
rester,
- de créer des points de rencontre entre la population et
les touristes qui permettent des échanges respectueux,
- de donner une ouverture sur le patrimoine, la culture et les
activités régionales,
- de soutenir une économie et une agriculture durables,
- de développer un label pour des offres de
qualité,
- de rendre accessibles ces offres à des personnes ne
connaissant pas la région.
La mise en place du projet semble être une bonne
réussite. La mise en réseau des acteurs a bien fonctionné
puisque ses participants y trouvent un réel intérêt et
gardent un investissement constant. Ils sentent qu'ils appartiennent à
un même groupe; ils apprécient de se retrouver, d'échanger
et de mettre en place des actions communes.
Les acteurs se sont peu à peu appropriés le
projet et aujourd'hui le réseau fonctionne sur la base de l'entraide. En
effet, certains acteurs se sont organisés pour vendre leurs produits sur
les marchés et les foires. Ainsi, à tour de rôle, l'un
d'entre eux vend les produits des autres. Cette organisation leur permet
d'être plus efficace et d'économiser du temps de travail ce qui
contribue à améliorer leur qualité de vie.
Cependant, le fait de regrouper dans une même offre les
trois vallées semble être une erreur. En effet, les acteurs
manquent d'une identité commune, indépendamment du fait qu'ils
soient tous sur le versant Suisse du Mont Blanc. Différencier l'offre
des 3 vallées les mettrait peut être en concurrence mais la
promotion des acteurs d'une vallée par les acteurs d'une autre
vallée semble difficile sur le terrain. MW Suisse tente cependant de
rendre ce réseau autonome et de sortir de l'organisation. L'importance
de l'initiative et de l'engagement individuel pour la réussite du projet
a, dès le début, favorisé l'implication des participants.
Enfin, même si cela est difficilement quantifiable, une augmentation de
la fréquentation a été remarquée.
A plus long terme, MW Suisse désire que ce projet
contribue à augmenter la sensibilité environnementale des
prestataires et les encourage à développer leurs propres normes
par rapport à l'environnement dans les domaines de l'énergie, la
technologie, l'approvisionnement et les transports.
1.2.3 Butiner : un projet
intéressant par sa philosophie et ses principes
La philosophie et les principes de ce projet sont très
intéressants. Le retour sur investissement semble important puisque les
réalisations sont durables. De plus, les retombées attendues ne
sont pas négligeables et sont parfaitement adaptées au contexte
et aux préoccupations des territoires montagnards.
D'autre part, Butiner apporte des contributions
intéressantes pour le développement local des territoires
concernés, tant sur les plans du développement économique,
de l'insertion sociale, de la défense de la culture et de
l'identité locale et de la préservation de l'environnement.
1.2.3.1 Développement économique local
En contraste avec le tourisme dur qui néglige et
bouscule l'économie et la culture locale, le tourisme lent soutient et
stimule précisément ce qui est unique pour l'univers local. Il
est vrai que dans un premier temps, l'impact économique local de Butiner
est modeste au sens de son montant, mais appréciable au point de vue de
la redistribution, puisque les revenus de ce projet reviennent directement vers
les prestataires. Cet aspect peut donc avoir un impact positif pour la
pérennité des petites et des moyennes entreprises touristiques
locales.
En outre, la multifonctionnalité des branches comme
l'agriculture et l'économie forestière est aussi
encouragée. L'agriculture, qui en zone de montagne, est de plus en plus
liée au tourisme, pourra être favorisée par la valorisation
des petits producteurs locaux auprès des touristes. En ce qui concerne
la sylviculture, un effort pour utiliser les ressources locales, pour le
chauffage, la construction... , devrait soutenir l'économie
forestière locale, notamment par le biais des filières bois.
Ce projet permet donc de sensibiliser les touristes à
alimenter une économie montagnarde respectueuse de l'environnement,
puisque consommer des produits locaux permet de contribuer au maintien de
l'agriculture, de l'élevage, de la sylviculture, de l'artisanat, et de
participer à favoriser la vente de ces productions par le biais de
circuits courts.
1.2.3.2 Mise en oeuvre et insertion sociale
Les partenaires du projet sont des entreprises ou des
personnes enracinées dans la région. Elles ont accumulé de
l'expérience dans leur domaine, de façon individuelle.
L'innovation du projet réside dans la proposition de travailler en
réseau, de communiquer, d'utiliser les ressources des uns et des autres,
d'échanger l'information et les expériences et de se transmettre
les hôtes, plutôt que de se positionner en concurrents. En
permettant l'entrée en contact entre les différentes branches
(agriculture, culture, hébergement, transport,...), il résulte
une meilleure consolidation sociale et une meilleure compréhension
intersectorielle.
1.2.3.3 Défense de la culture et de l'identité
locale
Partant du principe que c'est en connaissant que l'on
préserve, il est important de faire connaître la culture
montagnarde afin de la maintenir. C'est par conséquent un des volets
important de la philosophie de ce projet. En invitant les visiteurs à
butiner on les invite à découvrir l'ensemble de l'offre
naturelle, culturelle, et humaine du territoire sur lequel ce projet est mis en
oeuvre. MW cherche ainsi à faire découvrir aux touristes la
région concernée, ses spécificités et son
caractère unique, en les incitant à prendre le temps d'entrer en
contact avec les habitants pour un enrichissement mutuel. Butiner veut
favoriser la connaissance de la vie du passé, la vie à l'alpage,
les goûts des produits du terroir et la participation aux
activités et fêtes enracinées dans la tradition
régionale.
La valorisation du patrimoine, qui conduira à la
connaissance, au respect et à la défense, passe en effet à
travers le contact individuel entre les hôtes et les prestataires, la
découverte des lieux culturels (moulins, musées, expositions) et
de la culture vivante (alpages, fêtes, travaux saisonniers,...). C'est
à travers ces expériences que le touriste pourra entrevoir
l'âme de l'endroit. Par sa curiosité et son intérêt,
il enverra ainsi un message de respect et renforcera l'identité et la
culture locales.
1.2.3.4 Préservation et mise en valeur de
l'environnement
Ce projet vise à valoriser les acteurs ayant une
activité respectueuse de l'environnement. Il veut montrer qu'il existe
des initiatives allant dans ce sens, qu'une activité économique
n'induit pas forcément des aménagements préjudiciables aux
milieux naturels.
Il encourage aussi les touristes à butiner et à
avoir une certaine éthique dans leurs comportements. Un visiteur qui
butine est un touriste qui entre dans une relation privilégiée
avec la nature, il réfléchit aux possibilités de se
déplacer en transports en commun et il marche, il suit les chemins et
les sentiers, il admire les paysages, il va chez l'habitant ou dans les
alpages, il mange des produits locaux et évite donc des transports de
marchandises inutiles et dommageables à l'environnement. Il n'a pas
besoin de grosses infrastructures coûteuses, il recherche l'immersion
dans la nature et il a une attitude respectueuse envers l'environnement.
En conclusion, il semble que ce projet, en valorisant le
savoir-faire local, en cherchant des solutions respectueuses de la nature et en
développant un travail en réseau, puisse apporter un vrai soutien
à la vie des populations de montagne.
1.2.4 Reprise et appropriation du
projet par MW France
Devant les nombreux intérêts que
présentait ce projet et le succès qu'il a rencontré lors
de sa mise en oeuvre en Suisse, les membres de MW France ont pensé qu'il
pourrait être intéressant de le reprendre au sein de la
thématique Montagne à vivre quelque peu en suspens depuis les
tentatives d'attribution de label pour les communes engagées dans une
démarche de développement durable. En plus d'être une
opération assez facilement transférable d'un territoire à
un autre, elle s'intégrait bien dans le cadre des échanges de
savoir-faire entre les différentes sections de MW.
Afin de mieux saisir la philosophie de ce projet et la
méthodologie employée, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les
chargés de mission suisse et français. La section suisse
était particulièrement réceptive à
l'intérêt porté par MW France pour reprendre ce projet, car
dès sa mise en place sur le versant suisse du Mont Blanc, elle
espérait que la section française le développerait sur le
versant français.
Cependant, après réflexion, il semblait
difficile de s'approprier la méthode et de la reconduire sur un
territoire aussi complexe que le Mont Blanc dans le même temps. En effet,
la protection et la promotion du tourisme doux de cette région
représentent un défi particulièrement engagé en
raison du contexte territorial et politique actuel. Si les initiatives de
tourisme doux sont largement présentes sur le versant suisse du toit de
l'Europe, il semble que les grosses structures soient davantage
privilégiées sur le versant français.
Par conséquent, il est apparu qu'il serait plus facile,
plus pratique et moins coûteux, de commencer par s'approprier la
méthode sur un massif proche de Grenoble (où se trouve le
siège de la section française) et de la reconduire dans la
région du Mont Blanc par la suite. Considérant les
difficultés et l'enjeu de ce site, il paraissait plus sage d'avoir une
expérience à son actif pour relever le défi du Mont Blanc.
MW France a donc décidé de mettre en oeuvre un Butiner sur un
massif périphérique à Grenoble, envisageant le Vercors, la
Chartreuse ou Belledonne et rajoutant la possibilité des Bauges par la
suite.
1.2.5
Méthodologie employée et conduite du projet en 2005
En 2005, Isabelle Mounier, ancienne IER alors en DESS
aménagement et développement transfrontaliers de la montagne a
réalisé un stage de 5 mois au sein de MW sur le projet Butiner.
Son parcours pluridisciplinaire et son expérience acquise lors de
différents stages lui permirent de lancer puis de conduire le projet aux
côtés d'Aurélien Dautrey.
Avant de commencer à travailler directement sur le
projet, il a fallu organiser un groupe de travail. Les adhérents
susceptibles d'être intéressés par ce projet ont
été contactés. Suite à l'envoi d'un courrier leur
expliquant la mise en place de ce projet, une vingtaine d'adhérents a
manifesté son intérêt pour le projet. Une première
réunion a eu lieu et a été l'occasion de
réfléchir au projet, à la méthodologie à
employer, aux actions à réaliser et au calendrier. Elle a permis
de rassembler une dizaine de personnes désireuses de s'investir sur ce
projet.
Les actions à réaliser pour la mise en place de
Butiner étaient donc les suivantes :
- choisir le massif
- identifier les critères de tourisme doux; et
réaliser une grille d'évaluation des acteurs susceptibles
d'intégrer la brochure
- trouver des partenaires: que ce soit des financeurs
potentiels ou des acteurs/structures bien implantés sur le territoire
- rencontrer les acteurs de tourisme doux potentiels;
- sélectionner les acteurs participants au projet
- trouver des financements.
Quatre réunions ont suivi la première. A chacune
d'entre elle, un état d'avancement du projet était
effectué, les actions à mettre en place étaient
définies et une répartition des tâches était
faite.
Au delà des réalisations, il était
également important que MW France s'approprie la philosophie ainsi que
la manière d'opérer. Pour cela, en plus de la rencontre ayant eu
lieu entre les chargés de mission suisse et français,
différents documents exposant le projet, ses objectifs et son
éthique existaient. A plusieurs reprises, des échanges avec la
responsable suisse de Butiner ont eu lieu. Cependant, leur expérience
s'étant également faite par la mise en place du projet, il
était important que MW France se fasse aussi la sienne. En effet,
même si c'est un projet a priori facilement transposable, c'est aussi un
projet en lien étroit avec le territoire sur lequel il est mis en
oeuvre. De ce fait, le résultat est bien différent d'un massif
à un autre. C'est pour cela que l'association s'est appuyée sur
leur travail et sur leur expérience, mais qu'elle a aussi gardé
un certain recul. De plus, outre les différences territoriales
inhérentes aux massifs concernés, il fallait également
prendre en compte les contextes nationaux: la mentalité et l'approche
suisse n'étant pas les mêmes qu'en France. C'est donc en
s'appuyant sur leur réalisation, que MW France a construit sa
réflexion et sa méthodologie pour la mise en place de ce
projet.
L'ensemble du projet Butiner repose sur la
qualité7(*), qui est
d'ailleurs une des spécificités de sa philosophie. Il
était donc nécessaire de garder en tête cette notion, y
compris dans la phase de réalisation. En effet, valorisant des
activités et des initiatives de qualité, ce projet doit aussi
associer une démarche de qualité dans sa mise en place.
La méthodologie appliquée reposait ainsi sur 10
axes :
· Le choix du massif
· Le choix du périmètre
· Le recensement des acteurs de tourisme doux de
Belledonne
· La réflexion sur la grille d'évaluation
des acteurs potentiels et la conduite des entretiens
· La sélection des acteurs
· La communication et l'information auprès des
acteurs et des politiques locaux
· La recherche des financements
· La réalisation de la brochure
· Organisation de la mise en réseau des acteurs
· Diffusion de la brochure
1.2.5.1 Le choix du massif
Bien que pour MW l'objectif premier de la mise en place de ce
Butiner était l'appropriation de la méthode, le choix du massif
sur lequel il serait réalisé n'en était pas moins
important. Afin de bien choisir, il était donc nécessaire de
commencer par réaliser un état des lieux des les massifs
envisagés (proches de Grenoble).
La réalisation d'une étude d'opportunité
fut donc la première étape du projet. Les différents
acteurs clés des massifs du Vercors, de la Chartreuse des Bauges et de
Belledonne ont été rencontrés afin d'avoir leur point de
vue sur la faisabilité de la mise en place de Butiner sur ces
territoires.
Les résultats de ces étude d'opportunité
amenèrent MW a choisir le massif de Belledonne pour réaliser le
projet.
1.2.5.2 Le choix du périmètre
Suite au choix du massif de Belledonne, il fallait
définir le périmètre sur lequel porterait le projet.
Considérant qu'il était plus pertinent de mener cette action sur
l'intégralité de la chaîne, il a été
décidé de prendre en compte l'échelle géographique
et non les échelles administratives. C'est pour cela que la partie
iséroise mais aussi la partie savoyarde du massif ont été
incluses.
Cependant, le versant Ouest tourné vers la
vallée du Grésivaudan a été
privilégié. En effet, le versant Est, en l'absence de routes
traversant le massif, est beaucoup plus lié à l'Oisans et
à la Maurienne. De ce fait, ses acteurs n'ont pas été
répertoriés de manière exhaustive. Certains sont toutefois
présentés par le biais de propositions de randonnées
permettant la traversée du massif.
Néanmoins, ce périmètre était loin
d'être définitif et il n'était destiné qu'à
évoluer et à s'agrandir. Cependant, pour commencer, MW France a
préféré rester modeste et organiser la mise en
réseau de personnes relativement proches les unes des autres.
1.2.5.3 Communication et information auprès des
acteurs et des politiques locaux
Ce projet, dont MW espérait que la mise en place
jouerait un rôle important pour la valorisation du massif, concerne de
nombreux acteurs de l'ensemble du territoire de Belledonne. De ce fait, il
était essentiel que les élus soient informés de sa mise en
place. Outre le fait que leur soutien pouvait être intéressant, il
est important pour que le projet fonctionne, qu'il soit connu de tous. C'est
pourquoi, tous les maires, présidents des Communautés de
Communes, et Conseillers Généraux du massif, ont reçu un
courrier les informant de ce projet de valorisation du tourisme doux en
Belledonne et les invitant à reprendre contact avec MW.
1.2.5.4 Le recensement des acteurs de tourisme doux de
Belledonne
Bien que l'état des lieux du massif avait
déjà permis d'identifier quelques acteurs, il était
important de procéder à un recensement plus exhaustif. Pour le
faire, après avoir étudié toutes les brochures
touristiques classiques faisant la promotion de Belledonne, des contacts avec
les représentants des structures clés du massif ont
été pris.
D'une part, cela a permis d'avoir les coordonnées des
personnes ayant une activité de tourisme doux, souvent en lien avec
l'agrotourisme. D'autre part, cela a permis d'informer, les personnes qui
n'avaient pas encore rencontré durant la phase de diagnostic, de la mise
en place du projet Butiner en Belledonne.
Ces rencontres ont permis d'élaborer la base du fichier
de porteurs de projet susceptibles de participer. Il fut cependant
étoffé par la suite grâce aux rencontres avec les acteurs
qui indiquaient d'autres personnes pouvant être
intéressées.8(*)
Ce fichier est composé de différents types
d'acteurs et d'activités transversales aux différents secteurs de
l'économie montagnarde :
- hébergeurs et restaurateurs,
- producteurs et artisans,
- épiciers,
- guides et accompagnateurs en montagne,
- sentiers et alpages,
- musées...
1.2.5.5 La réflexion sur la grille d'évaluation
des acteurs potentiels et la conduite des entretiens
Afin de rester en cohérence avec l'esprit du projet,
les critères de tourisme doux utilisés par les suisses ont
été repris, c'est-à-dire :
- le respect de l'environnement et de la nature,
- la qualité de l'accueil, des relations humaines et de
l'échange,
- le régionalisme,
- l'authenticité,
- la satisfaction au niveau des cinq sens.
La recherche de qualité sur laquelle ce projet est
fondé est primordiale. C'est pourquoi, la possibilité d'un
véto a été émise pour des structures ayant
développé des actions intéressantes mais qui même
sur un seul point étaient en incohérence avec l'éthique de
MW (organisation de sorties en quads ou promotion de l'héliski par
exemple).
Au sein du groupe de travail, la décision de rencontrer
tous les acteurs de tourisme doux potentiels a été prise, afin de
réellement s'assurer de la qualité de leur prestation et de leur
respect des critères. Ces visites étaient de l'ordre de
l'entretien semi-directif. L'objectif n'était pas de réaliser une
enquête, mais une quête d'informations sur les acteurs, leur
structure et leurs motivations. Les rencontrer permettait de connaître
leur activité, leur manière de la mettre en pratique, ainsi que
leur intérêt et leur engagement sur un projet chargé
d'éthique. Consciente des difficultés et des contraintes qu'ils
doivent certainement rencontrer, l'association souhaitait, valoriser, par le
biais du projet, des personnes qui ont des motivations liées à la
philosophie de Butiner, même si les réalisations ne sont pas
parfaites. L'approche devait être qualitative plutôt que
quantitative.
Cependant, étant donné le fait que les
entretiens allaient être conduits par différentes personnes, il
était important que les différents enquêteurs se
réfèrent à une grille de lecture commune. D'autre part,
même si la part de subjectivité était présente, la
présence de cette grille avec des critères précis
était nécessaire pour que tous les acteurs soient
évalués de la même manière. Quatre grilles (Annexe
2), ont donc été réalisées :
- hébergement et restauration,
- production alimentaire,
- activités sportives ou de découverte de la
nature,
- activités de découverte des milieux
naturels.
Afin de vérifier leur fonctionnement, ces grilles ont
préalablement été testées auprès d'acteurs
de tourisme doux adhérents à MW. La méthodologie à
employer ainsi que la conduite de l'entretien à suivre
complétaient ces grilles. Elles ont ensuite été remises
à chaque enquêteur avant leurs rencontres avec les acteurs.
Cette rencontre, si elle est indispensable pour
connaître l'acteur, son activité et son éthique, est aussi
très importante pour que les acteurs comprennent et s'approprient la
philosophie du projet et de l'association. Elles ont commencé au mois de
juin 2005 et se poursuivent toujours. Une répartition des acteurs parmi
des bénévoles de l'association a été
réalisée mais ce sont les stagiaires successifs qui effectuent
l'essentiel de ce travail. Une cinquantaine d'acteurs a été
rencontrée à ce jour.
1.2.5.6 La sélection des acteurs
Toutes les grilles des acteurs rencontrés sont
accompagnées d'une fiche destinée à recevoir les
commentaires des membres du groupe de travail. Outre leurs remarques, ils
doivent préciser si selon eux l'acteur respecte les critères de
Butiner et s'il peut participer. Les acteurs dont la participation ne fait
aucun doute, sont pré-sélectionnés et la participation des
autres est débattue durant les réunions du groupe de travail.
1.2.5.7 La recherche des financements
Comme la majorité des projets de MW, Butiner devait
être financé par le biais de subventions. Le coût de la mise
en place de ce projet a été estimé à 23 000
€.
Pour le financer, plusieurs pistes étaient suivies : le
Conseil Régional Rhône-Alpes, l'association Espace Belledonne dans
le cadre du programme européen Leader + dont bénéficie le
massif et les Conseils Généraux de l'Isère et de la
Savoie.
Ajoutée à ces financements publics, une
recherche de partenaires privés a été faite. En effet, il
est prévu que la brochure contienne des encarts publicitaires de
structures liées à Belledonne et en adéquation avec
l'éthique de l'association. MW envisageait entre autres les autocaristes
du département et un artisan boulanger bio du massif (déjà
partenaire de MW). Par ailleurs, une part d'auto-financement était
prévue.
1.2.5.8 La réalisation de la brochure
Il était prévu que la brochure soit
diffusée au printemps 2006. Les textes présentant la philosophie
de Butiner et le massif de Belledonne étaient prêts. Concernant
les encarts présentant chacun des acteurs, le groupe de travail avait
décidé que ce serait à eux, avec le soutien de MW,
d'écrire leur texte. En effet, cela permet de conserver une
diversité de style entre eux et cela permet également de les
faire participer à la mise en place du projet, ce qui n'est pas
inintéressant pour qu'ils se l'approprient. Enfin, la partie
cartographie avait été prise en charge par un adhérent de
MW et membre du groupe de travail.
1.2.5.9 Organisation de la mise en réseau des
acteurs
Au delà de la publication de la brochure, MW
espérait que la mise en réseau des acteurs de tourisme doux du
massif de Belledonne rencontre le même succès qu'en Suisse. Pour
l'organiser, deux rencontres étaient prévues. Une première
rassemblant tous les participants, a eu lieu à la fin de l'automne en
Belledonne. Elle avait pour objectif de faire se rencontrer les acteurs, afin
qu'ils fassent connaissance et qu'ils échangent sur le projet et sa mise
en oeuvre. Une seconde devait avoir lieu au printemps 2006, au moment de la
publication de la brochure.
1.2.5.10 Diffusion de la brochure
Concernant la diffusion, les acteurs, en participant au projet
et à la brochure s'engageaient à la diffuser autour d'eux et
auprès des touristes qui viennent chez eux. Cela faisait partie
intégrante du projet et de son intérêt. En effet, les
acteurs devaient s'investir pour leur promotion, mais aussi pour celle des
autres participants. C'est d'ailleurs l'une des particularités de ce
projet.
D'autre part, les brochures devaient être
diffusées par le biais des offices de tourisme du massif et des mairies.
Elles devaient également être envoyées à tous les
adhérents de MW et être disponibles sur demande à
l'association.
1.2.6
Résultats obtenus et travail engagé en 2006
Fin 2005, le massif de Belledonne avait été
choisi, le périmètre du massif défini, le recensement
quasi exhaustif réalisé. Une quarantaine d'acteurs avaient
été rencontrés et évalués et les élus
et collectivités informés du projet. Seule la réunion de
rencontre des acteurs avait démontré une faible mobilisation des
acteurs concernés. Cependant, un obstacle lourd de conséquences
mettait un frein au projet : les financements.
En effet, le Conseil Régional Rhône Alpes a
refusé la demande de subvention car le territoire
bénéficiait déjà de subventions via l'Espace
Belledonne.
De plus, après de multiples démarches, rendez
vous, réunions avec les différents élus et administrateurs
du territoire de Belledonne, il a été conseillé à
MW de retirer sa demande de subventions car pour les élus, MW allait
trop vite et que la population n'était pas prête à recevoir
le projet Butiner. Les acteurs étaient motivés pourtant et
paraissaient ravis de voir un projet de mise en réseau et de
valorisation se mettre en place sur leur territoire. Pour éviter
d'entrer en conflit avec les élus, MW a donc retiré son dossier
de demande de subventions Leader +. Il semblait que seuls les élus
n'étaient pas prêts à recevoir ce projet mais
c'était pourtant eux qui décidaient des financements. MW a
essayé de rester en contact avec les élus et leur a
proposé une collaboration, proposition à laquelle les élus
n'ont pas donné suite.
Enfin, les Conseils Généraux n'ont eux non plus
subventionné le projet Butiner.
Sans financement, le projet ne pouvait aboutir dans les
délais prévus. MW décidait donc de revoir les ambitions de
Butiner à la baisse, il n'y aurait pas de publications pour la saison
estivale 2006.
Le groupe de travail Montagne à vivre s'est donc
réuni à plusieurs reprises pour réfléchir sur la
stratégie à adopter pour valoriser l'important travail
déjà réalisé. Après plusieurs rencontres
avec les élus et les acteurs du massif, MW a décidé
d'abandonner provisoirement l'idée d'une publication et la
décision est prise de créer un site internet. En effet cette
idée présente de nombreux avantages :
- plus léger à mettre en oeuvre
- permet de valoriser le gros travail entrepris en 2005
- peut être un outil à valoriser pour obtenir des
subventions
- n'est pas limité géographiquement
- permet des mises à jour aisées
- est peu onéreux par rapport à une
édition papier
- est accessible à une clientèle
éloignée.
En 2006, un site internet est mis en place par Florent Kieken
(étudiant de l'ISARA de Lyon) lors d'un stage effectué à
MW, mais faute de temps les acteurs recensés mais non
évalués ne peuvent être rencontrés.
Néanmoins, l'outil est en place et les acteurs déjà
évalués sont appelés à envoyer un petit texte
présentant leur activité à MW. Ce travail a lieu pendant
l'été, période de forte activité pour les acteurs
qui réagissent peu.
1.2.7 Conduite du
projet Butiner en 2007
La mission qui m'est confiée lorsque j'arrive en stage
à MW en avril 2007 repose sur 3 grands axes, il me fallait :
· Rencontrer les différents porteurs de projets du
massif et m'entretenir avec eux pour voir s'ils répondent aux
critères (déjà définis) et peuvent apparaître
sur ce site. Réaliser avec eux une brève présentation de
leur offre, et assurer la mise en ligne de leur prestation (dans une interface
déjà réalisée).
· Animer la relation avec les acteurs locaux du
territoire pour que le projet soit bien accepté localement (avec l'aide
de l'équipe salariée et des bénévoles).
· Prospecter sur d'autres massifs l'extension de cette
initiative, notamment en relation avec les adhérents de l'association.
1.2.7.1 Ambitions 2007
Les ambitions 2007 pour la thématique montagne à
vivre et le projet Butiner étaient de :
- Mettre en ligne un site Internet opérationnel et
complet en terme d'offre recensant la quasi-totalité des acteurs du
tourisme doux du massif de Belledonne.
- Repérer des territoires se prêtant à
l'application du projet Butiner sur différents massifs
français.
- Consacrer le dossier principal de la revue n° 72
à la thématique Montagne à vivre et annoncer la mise en
ligne du site internet de Butiner en Belledonne.
MW souhaite valoriser le projet Butiner comme point fort de
son action en démontrant que même si l'association est souvent en
situation d'opposition face à de nombreux projets, elle peut être
force de propositions viables.
En avril 2007, lorsque j'ai débuté mon stage, le
projet était lancé depuis 2 ans déjà et un travail
conséquent avait été réalisé. La mission et
les ambitions avaient été définies préalablement
à mon arrivée. J'ai donc pris le projet en cours et l'ensemble du
pilotage du projet m'a été confié.
1.2.7.2 Travail réalisé lors de mon stage
Le carnet de bord remis en complément de ce mémoire
de stage complète cette partie.
Recherches de financement :
Pour l'année 2007, des demandes de subventions
concernant le projet Butiner ont été faites auprès de
différents Conseils Régionaux (Rhône Alpes et Provence
Alpes Côtes d'Azur). La région PACA finance notamment un
diagnostic d'extension du projet Butiner sur les massifs de son territoire. La
région Rhône Alpes quant à elle ne finance pas Butiner en
Belledonne, mais se dit prête à subventionner Butiner sur un
territoire plus élargi.
Les Trophées du Tourisme durable sont
décernés par différentes entreprises, entre autres,
www.voyages-sncf.com, le
crédit coopératif et le Guide du Routard. Il s'agit d'offrir aux
10 meilleurs projets 50 000€ d'espace publicitaire pour valoriser
leur démarche et leur innovation dans le sens du développement
durable. Une candidature a été déposée cette
année, malheureusement, seuls les projets déjà mis en
place peuvent concourir. Le site internet Butiner n'étant pas encore en
ligne, il n'était pas possible de remporter un trophée cette
année.
Démarches et échanges avec les acteurs du
tourisme doux et leurs élus :
Les acteurs du tourisme doux du massif de Belledonne ont
été informés par courrier de la poursuite du projet
Butiner et de la mise en ligne prochaine du site internet.
Les acteurs déjà évalués ont
été sollicités pour envoyer leur présentation et
quelques photos illustrant leurs activités. Les acteurs ayant
été recensés mais qui n'avait pas été
évalués ont été contactés et des rendez vous
ont été pris. Le but étant de présenter la
démarche Butiner et d'obtenir un maximum d'informations en rapport avec
l'activité de ces acteurs pour pouvoir les évaluer.
Après avoir rencontré une dizaine d'acteurs, il
s'est avéré que la Communauté de Commune des Balcons de
Belledonne travaillait également à la mise en réseau des
acteurs du tourisme mais sans inclure de critères environnementaux et
sur un territoire beaucoup plus restreint (10 communes). Il apparaissait que
plusieurs acteurs prendraient part aux deux projets et qu'une certaine
confusion entre les deux projets était ressentie.
Un entretien téléphonique avec la responsable du
projet de la Communauté de Commune des Balcons de Belledonne
(CCBBelledonne) a confirmé les informations que nous avions sur le
projet. Celui-ci avait pour finalité la mise en réseau des
petites structures touristiques sur le territoire de la C de C dans l'objectif
d'une meilleure connaissance des acteurs entre eux et la recherche des besoins
communs que la Communauté de Communes pourrait mettre en place pour les
soutenir. Les objectifs du projet de la CCBBelledonne paraissaient
intéressants. Cependant aucun critère environnemental
n'était inclus, c'était pourtant une mesure qui aurait pu inciter
les acteurs à envisager leur activité dans une démarche
plus durable. Le territoire d'action de ce projet était celui de la
CCBBelledonne, c'est à dire 10 communes. Des acteurs très
motivés des communes avoisinantes étaient donc mis de
côté. Enfin, une éventuelle collaboration avec d'autres
organismes que la CCBBelledonne n'était pas envisagée avant la
saison estivale 2008. Il paraissait pourtant que MW aurait pu conseiller ou du
moins faire des propositions pour améliorer le projet. La responsable du
projet exprimait alors que les décisions politiques expliquaient les
points sur lesquels le projet de la CCBBelledonne et Butiner étaient
divergents.
Avant de poursuivre la mise en place de Butiner en Belledonne,
il apparaissait qu'une réflexion était nécessaire pour
identifier les enjeux avant de prendre une quelconque décision. La
situation a donc été présentée lors du conseil
d'administration courant juin. Il apparaissait essentiel de valoriser le
travail déjà réalisé mais il était important
de définir la méthodologie à adopter et de rediscuter les
ambitions du projet car les nouveaux éléments dont nous
disposions remettaient un certain nombre de choses en question. Une
réunion du groupe de travail fut alors organisée, à
l'issue de laquelle la décision suivante fut prise. Pour éviter
tout conflit avec les élus du territoire, il ne fallait pas positionner
un projet quelque peu concurrent à celui qu'ils avaient
décidé de mettre en place. Au lieu de valoriser un massif et donc
le territoire de différentes instances administratives, il nous est
apparu plus ingénieux de valoriser la dynamique déjà
existante sur le territoire à travers le réseau de partenariats
qui existait déjà par le biais des acteurs. En effet, les acteurs
ne travaillent pas ne manière isolée et les hébergeurs et
restaurateurs s'approvisionnent souvent chez des producteurs locaux et conseils
aux visiteurs certaines activités à pratiquer avec des
professionnels de la montagne et des lieux à découvrir par le
biais des structures tels que les écomusées. Tous ces acteurs
travaillent ensemble sur un territoire qui est le support de cette dynamique.
Au lieu de valoriser les acteurs et le territoire, nous avons
décidé de valoriser la dynamique, le micro réseau
existant.
Le travail suivant a consisté à identifier les
partenariats, et relations existantes entre les acteurs. Les acteurs ont donc
été sollicités pour contacter leurs partenaires et nous
envoyer une liste d'une dizaine de partenaires chacun. Ce travail est toujours
en cours actuellement (août 2007).
A la même période, la recherche de micro
réseaux à valoriser a donc débuté. Des
adhérents nous ont conseillé de contacter différents
acteurs. En Chartreuse, un micro réseau d'une dizaine d'acteurs a
été identifié et il semble que chacun d'eux parait
intéressé pour participer au projet Butiner.
De la même manière, MW a organisé une
réunion d'échange autour de la mobilité douce et du projet
Butiner dans le secteur Diois-Trièves. Plusieurs adhérents nous
avaient informé qu'il s'agissait d'un territoire innovant où une
véritable dynamique se mettait en place. Nous avons donc réuni
autour d'une table une vingtaine d'acteurs du tourisme, de l'aménagement
du territoire, des transports, mais aussi des élus et des
représentants de la population locale. Le but de cette réunion
était de rassembler des acteurs qui n'avaient pas l'habitude de
travailler ensemble pour réfléchir aux besoins du territoire et
aux collaborations possibles. Les échanges furent riches en informations
et chacun semble avoir trouvé sa place dans ce groupe qui sera
amené à se réunir de nouveau. MW, dans le cadre de la
thématique Montagne à vivre et du projet Butiner, a donc
clarifié sa position. L'association ne doit plus faire le travail de
mise en réseau des acteurs qui incombe aux responsables locaux mais se
positionne désormais comme un acteur facilitateur, qui apporte conseils,
propositions et qui à long terme a vocation à apporter plus de
lisibilité sur l'offre de tourisme doux en montagne.
Les outils de travail élaborés par MW, comme la
grille d'évaluation des acteurs, seront mis à disposition des
responsables de la mise en réseau et le site internet sera un outil
clé de valorisation des dynamiques de tourisme doux existantes. Il
permettra une plus grande lisibilité et sera un gage de qualité
pour les adeptes du tourisme doux en montagne.
Le site internet de Butiner est en cours
d'amélioration. Un travail sur le fonctionnement général
du site et la mise en ligne de nouvelles informations ont été
effectués. Une des adhérentes de l'association travaille
actuellement sur le graphisme. Il devrait être mis en ligne avant la fin
de l'année 2007.
Image 21 : Site internet du projet Butiner,
un outil fonctionnel et esthétique, source :
MW
Dans cette première partie, nous avons
présenté l'association Mountain Wilderness, et nous sommes
arrêtés plus précisément sur sa thématique
Montagne à vivre. Celle-ci est mise en place de manière
concrète par le biais du projet Butiner. Cet outil a pour objectif la
valorisation des acteurs du tourisme doux sur les massifs de montagnes
français.
Nous tenterons à présent d'apporter un
éclairage sur la notion plus générale de durabilité
du tourisme de montagne. Il nous faudra tout d'abord nous pencher sur le cadre
réglementaire et institutionnel avant de pouvoir analyser les freins
à la prise en compte de la durabilité. Enfin, nous rechercherons,
en analysant plus précisément le projet Butiner, les solutions
envisageables pour promouvoir un tourisme doux en montagne qui fera que la
montagne vive.
2 Vers un développement
durable du tourisme dans les montagnes françaises ?
Cette deuxième partie doit nous permettre d'élargir
la problématique du projet Butiner en Belledonne à l'ensemble des
montagnes françaises. Après avoir étudié le
contexte général du tourisme montagnard, nous traiterons des
mutations qui ont affecté le tourisme de montagne et de son impact sur
les trois composantes de la durabilité que sont la viabilité
économique, la protection de l'environnement et l'équité
sociale. Enfin, nous tenterons d'apporter un éclairage sur les solutions
envisageables pour intégrer la durabilité dans le tourisme de
montagne.
Le tourisme durable est un type de tourisme qui doit :
- exploiter de façon optimum les ressources de
l'environnement qui constituent un élément clé de la mise
en valeur touristique, en préservant les processus écologiques
essentiels et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles et la
biodiversité ;
- respecter l'authenticité socioculturelle des
communautés d'accueil, conserver leurs atouts culturels bâti et
vivant et leurs valeurs traditionnelles et contribuer à l'entente et
à la tolérance interculturelles ;
- assurer une activité économique viable sur le
long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages
socioéconomiques équitablement répartis, notamment des
emplois stables, des possibilités de bénéfices et des
services sociaux pour les communautés d'accueil, et contribuant ainsi
à la réduction de la pauvreté.
Définition de l'Organisation Mondiale du Tourisme
Nous avons également utilisé le terme de
tourisme doux. Il est utilisé en opposition au tourisme
« dur » et est défini de la même
manière que le tourisme durable.
2.1 Les montagnes françaises et le tourisme :
données de cadrage
Nous traiterons ici du contexte réglementaire relatif
au tourisme et à la montagne qui s'applique au niveau national, du
contexte institutionnel et politique qui concerne les montagnes
françaises et le tourisme, avant de faire le point en quelques chiffres
sur le tourisme en montagne aujourd'hui.
2.1.1 Cadre
réglementaire
Afin de mieux cerner le territoire d'action
représenté par les montagnes françaises, il est important
de faire un point sur la législation.
Les principales lois relatives à la
montagne sont les suivantes :
· Loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 (J.O. du 10 janvier
1985) relative au développement et à la protection de la
montagne.
· Loi n°88-1202 du 30 décembre 1988 (J.O. du 31
décembre 1988) relative à l'adaptation de l'exploitation agricole
à son environnement économique et social.
· Loi n°91-2 du 3 janvier 1991 (J.O. du 5 janvier 1991)
relative à la circulation des véhicules terrestres dans les
espaces naturels et portant modification du code des communes.
· Loi n°94-112 du 9 février 1994 (J.O. du 10
février 1994) portant diverses dispositions en matière
d'urbanisme et de construction.
· Loi n°95-101 du 2 février 1995 (J.O. du 3
février 1995) relative au renforcement de la protection de
l'environnement.
· Loi n°95-115 du 4 février 1995 (J.O. du 5
février 1995) d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire.
· Loi n°99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire et
portant modification de la loi n°95-115 du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire
La loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au
développement et à la protection de la montagne, dite loi
montagne, instaure un zonage d'application. Lors de son adoption, c'est la
première fois que la législation n'est plus la même pour
tous. Il en sera de même avec la loi dite littoral l'année
suivante.
Cette loi avait, entre autre, pour objectif de permettre aux
stations de montagne de piloter leur développement touristique avec des
outils (convention obligatoire avec les opérateurs touristiques) et des
moyens financiers.
La zone de montagne est l'ensemble des communes françaises
classées par application du décret 77-566 du 3 juin 1977. Les
critères pris en compte sont déterminés par
l'arrêté du 28 avril 1976, et le territoire doit correspondre aux
caractéristiques suivantes : altitude supérieure à 700 m
(600 m pour le massif des Vosges), pente moyenne supérieure à
20%, ou combinaison des deux facteurs.
Par massif, il faut entendre, ainsi que le définit
l'article 5 de la loi du 9 janvier 1985, chaque zone de montagne et les zones
qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une
même entité géographique, économique et sociale. Ces
massifs, au nombre de 7, sont territorialement délimités par le
décret du 14 janvier 2004.
Image 22: Les zones de montagne et de
massif en France, Sources : INSEE - CEMAGREF
Les zones de montagnes concernent 12 régions, 46
départements, ce qui représente 22,8% du territoire national. 4,4
millions d'habitants y vivent.
Figure 3 : Population et superficie des
différents massifs français, Source : SDT
2001
Les lois relatives au tourisme sont
nombreuses, cependant, aucune d'entre elles ne traite de la durabilité
du tourisme. On ne peut que regretter cette lacune législative.
En effet, le tourisme durable n'est malheureusement le sujet
d'aucun des 40 chapitres des Agendas 21, le tourisme y est juste
évoqué dans certaines sections. Cependant, la convention pour la
diversité biologique, signée à Rio de Janeiro en 1992,
engage les 101 pays qui l'ont ratifiée à définir et mettre
en oeuvre des stratégies nationales pour la biodiversité, afin
d'enrayer l'érosion du vivant.
La France a ainsi rendu publique, en février 2004, sa
stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) et retenu pour
objectif l'arrêt de la perte de biodiversité d'ici à 2010,
objectif partagé au niveau de l'Union européenne.
Le Gouvernement a décidé, dans le cadre de la SNB,
la réalisation de 11 plans d'action sectoriels, qui sont aujourd'hui
à des degrés d'avancement différents (rédaction,
mise en oeuvre, suivi, révision) dont l'un est dédié au
tourisme. Pour chacun des plans un comité de rédaction, qui se
transforme en comité de suivi dès lors que le plan d'action est
validé (en réunion interministérielle), est
constitué.
Le comité de rédaction du plan d'action
"biodiversité tourisme" 2007-2009 a tenu sa première
réunion le 22 janvier 2007. Il est présidé par le Haut
Fonctionnaire au Développement Durable et constitué de
représentants de l'Union mondiale pour la nature (UICN) présente
dans chacun des comités, du ministère de l'écologie et du
développement durable, de la direction du tourisme et des principales
structures travaillant dans le domaine du tourisme appelées à se
joindre à ce travail dès les réunions suivantes.
« Cette démarche, abordant au-delà des
espèces animales et végétales les
écosystèmes, espaces et territoires, invite à s'interroger
non seulement sur les impacts générés par les
aménagements, les activités et la fréquentation
touristique, mais aussi sur la nature en tant que produit touristique, les
aspects quantitatifs et qualitatifs de celui-ci, y compris en termes
d'attractivité, de valorisation et d'économie, en particulier
pour les zones de montagne, le littoral ou les forêts
outre-mer. »9(*)
L'Organisation Mondiale du Tourisme a mis en place en 1997 un
Agenda 21 de l'industrie du voyage et du tourisme. Il est regrettable qu'il
n'est pas été intégré à posteriori au
programme d'action adopté lors de la conférence de Rio en 1992 ou
dans quelconque programme d'action international.
Le tourisme est un secteur transversal qui est concerné
par de nombreuses politiques européennes. Cependant, il n'existe pas de
politique européenne spécifique au tourisme. Le secteur du
tourisme a un poids économique qui pousse cependant les institutions
communautaires à agir.
À la fin de 2004, le Groupe Durabilité du
tourisme de la Commission européenne a donc
été établi en vue de définir des orientations et
actions stratégiques pour la durabilité du tourisme
européen. Composé de 22 membres (représentés par
des parties prenantes du secteur public, des associations du secteur du
tourisme, des destinations et de la société civile, dont l'OMT et
le PNUE) le Groupe a trois objectifs:
- élaborer, discuter et présenter un cadre
détaillé pour l'action qui attribue des activités
spécifiques aux différents groupes intéressés, y
compris un calendrier pour la mise en oeuvre,
- évaluer régulièrement la mise en oeuvre
des mesures prévues dans le cadre pour l'action,
- constituer un apport valable pour les intervenants sur le
terrain.
Le Groupe a commencé ses travaux en 2005 et
formulé ses propositions et recommandations dans un rapport qui a
été achevé en février 2007. Une consultation
ouverte sur Internet a été organisée sur le rapport, et en
juillet 2007, les résultats ont été examinés et
analysés. Les observations générales issues de
l'évaluation étaient positives et des discussions additionnelles
sur les procédures de mise en oeuvre sont en cours.10(*)
De nombreux textes, chartes, codes, et déclarations
existent. Ils ont souvent été conçus pour apporter un
cadre de référence aux activités touristiques durables.
Ces chartes, codes et déclarations encouragent les bonnes pratiques
environnementales ou socio culturelles. Il s'agit d'engagements volontaires des
acteurs privés. Ces codes peuvent être assimilés à
des contrats. Ils n'ont pas de valeur réglementaire ou
législative et peuvent être assimilés à des
engagements moraux. S'ils ne sont pas relayés par les
législations nationales, les acteurs de l'industrie touristique n'ont
aucune obligation de les appliquer. C'est le cas du code mondial
de l'éthique et de la Charte du Tourisme Durable de Lanzarote
(1995) proposé par l'Organisation Mondiale du Tourisme ou encore de la
Charte Européenne du Tourisme durable dans les espaces
protégés proposée par la Fédération Europarc
(1998).
Les pays de l'arc alpin et l'Union Européenne ont
convenu d'établir la convention sur la protection des Alpes plus connue
sous le nom de Convention Alpine. Elle a été signée le 7
novembre 1991 lors de la deuxième conférence alpine de Salzbourg.
La convention cadre de la convention alpine est rentrée en vigueur en
tant qu'instrument de droit international public le 27 mars 2000. Les
protocoles d'application explicitent les mesures pour la mise en application
de la Convention dans différents domaines. Tous les protocoles ont
été ratifiés par la France et l'un d'entre eux est
dédié au tourisme.
Le protocole tourisme de la Convention Alpine encourage un
développement du tourisme de montagne respectueux de la nature et des
paysages. Il propose pour cela différentes mesures telles que la mesure
des flux touristiques, la délimitation de zone de repos, la limitation
des activités sportives motorisées ou encore la
réglementation concernant les aménagements pour la pratique du
ski et d'autres activités de pleine nature. Ce protocole invite
également les signataires à définir des orientations et
à planifier la politique touristique des régions alpines, afin de
veiller à un développement touristique durable et
équilibré sur l'ensemble du territoire.
La France ayant ratifié le protocole tourisme de la
convention alpine, il ne parait a priori pas nécessaire de
s'inquiéter. Pourtant, sept années ont passé et aucune des
mesures d'application n'a vu le jour.
Pour mener à bien la politique de l'état et
faire respecter la législation, différents services existent et
certaines compétences sont décentralisées dans un souci
d'efficacité et d'autonomie des territoires.
2.1.2 Cadre
institutionnel et politique11(*)
Les services de l'état :
La spécificité territoriale instaurée par
la loi montagne est accompagnée d'institutions particulières
dédiées à la montagne. Celles ci sont exceptionnelles en
France d'un point de vue organisationnel puisqu'elles agissent à un
double niveau : national et massif.
Le Conseil national de la montagne :
Présidé par le Premier ministre, composé
de représentants du Parlement, des organisations nationales de la
montagne et de chacun des comités de massif, ce conseil a
essentiellement un rôle de proposition et de coordination.
Il définit en effet les objectifs et les actions qu'il
juge souhaitables pour le développement, l'aménagement et la
protection de la montagne et il doit faciliter, par ses avis et ses
propositions, la coordination des actions publiques dans les zones de
montagne.
Il est consulté sur les priorités d'intervention
et les conditions générales des aides accordées aux zones
de montagne par le Fond National d'Aménagement et de
Développement du Territoire et informé chaque année des
programmes d'investissement de l'Etat dans chacun des massifs.
Le conseil national de la montagne a également tenu un
rôle d'information sur les situations montagnardes, de formation et de
gestion des grands dossiers.
Les comités de massif :
Ils sont composés de représentants des
régions, départements, communes, groupements de communes,
établissements publics consulaires, Parcs nationaux et régionaux,
organisations professionnelles, associations concernées par le
développement, l'aménagement et la protection du massif.
Un comité de massif est titulaire des mêmes
missions de proposition et de coordination que le conseil national de la
montagne mais les exerce au niveau d'un massif.
Il est associé à l'élaboration du
schéma interrégional de massif et des dispositions relatives au
développement économique, social et culturel du massif contenues
dans les plans de régions.
Il est consulté lors de l'élaboration des
prescriptions particulières de massifs et sur les projets
d'Unités Touristiques Nouvelles12(*).
Il est informé chaque année des programmes
d'investissements publics dans les massifs et des programmes de
développement économique.
La composition et le fonctionnement des comités de
massifs sont précisés par décret et Conseil d'Etat. Les
règles sont adaptées à la taille de chacun des massifs.
Depuis 1995, chaque comité constitue également
en son sein une commission permanente constituée majoritairement de
représentants des collectivités locales.
Les comités de massif constituent le seul lieu de
débat, de concertation sur la montagne et de réflexion pour la
coopération transfrontalière et européenne. Ils ont obtenu
certains résultats concrets en matière de gestion du
développement touristique (grâce aux commissions
spécialisées des UTN notamment).
Aujourd'hui, bien que leur rôle demeure pertinent, le
conseil national de la montagne et les comités de massif ont largement
perdu de leur efficacité. Les propositions au gouvernement, l'adaptation
constante de la politique montagne aux circonstances locales, la
coopération entre le conseil et les comités, la participation des
élus locaux aux séances, n'ont pas la portée attendue.
Le Service d'Etude et d'Aménagement
Touristique de la Montagne (SEATM) :
Créé pour l'aménagement touristique de la
montagne, son rôle a évolué, autant dans sa nature que dans
son contenu. Structure pluridisciplinaire, le SEATM relève de
différents ministères et entretient des relations suivies avec de
nombreux partenaires de la montagne.
Les missions du
SEATM :
· Interventions réglementaires et administratives
Mise en oeuvre de la politique du ministère
chargé du tourisme concernant la montagne. Il intervient sur :
- les textes réglementaires et législatifs ayant
trait à l'aménagement de la montagne et aux activités
touristiques dont elle est le support,
- les contrats de plan et les conventions
interrégionales de massif : valorisation du tourisme en
montagne,
- les projets d'UTN,
- la loi dite montagne : relations entre les
collectivités locales et les exploitants de remontées
mécaniques, collaboration avec les administrations et les professionnels
concernées, état des lieux de la situation.
· Conseil en aménagement et expertise
Le SEATM donne son avis aux collectivités et organismes
qui le sollicitent, sur des aspects techniques, économiques et
commerciaux.
· Economie du tourisme en montagne - recueil, traitement
et diffusion de données statistiques :
- une mission prioritaire : l'observation de
l'économie du tourisme en montagne,
- il est l'auteur chaque année de :
« Les chiffres clés du tourisme de montagne en
France »,
- Il assure une publication annuelle sur les redevances
liées au ski de fond, les chiffres d'affaire des remontées
mécaniques, les investissements sur les pistes de ski alpin et en
installations de neige de culture, les investissements en remontées
mécaniques,
- Il contribue aux campagnes de communication conduites au
niveau des massifs et des stations.
- Il organise des journées techniques et des
« entretiens de la montagne » qui rassemblent 250 à
300 acteurs publics et privés de la montagne chaque
année.
· Etudes générales - recherches et
expérimentations technologiques
- Le SEATM conduit ou réalise des études
générales, à caractère technique ou
économique ou de recherche.
- Les bilans sont accessibles sur demande et les études
sont vendues au profit de l'ODIT France.
Le SEATM n'existe plus aujourd'hui en tant que tel puisqu'il a
été intégré dans uns structure aux missions
élargies : ODIT France.
Observation, Développement et
Ingénierie Touristiques France (ODIT France)13(*) :
ODIT France est un Groupement d'intérêt public
(GIP)né de la fusion de l'Agence française de l'ingénierie
touristique (AFIT), de l'Observatoire national du tourisme (ONT) et du Service
d'études et d'aménagement touristique de la montagne (SEATM),
décidée lors des Comités interministériels pour le
Tourisme de septembre 2003 et juillet 2004.
Il s'agit d'une plate-forme d'expertise, d'études,
d'analyses et de conseils auprès des acteurs publics et privés du
tourisme, en France et à l'international.
En effet, ODIT France aide les partenaires publics et
privés du tourisme à concevoir, adapter ou développer le
contenu de leur offre touristique afin qu'elle reste compétitive et en
adéquation avec la demande.
Le GIP aide notamment ses partenaires à formuler leurs
demandes et projets sous forme de cahiers des charges précis qui font
ensuite l'objet de commandes à des cabinets conseils. Elle assiste en
outre ses partenaires dans le suivi et dans la mise en oeuvre des études
réalisées par ces cabinets. Enfin, il joue un rôle
d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour des montages de projet
publics ou privés.
Le ministère en charge du tourisme14(*) :
Le Secrétariat d'Etat à la Consommation et au
Tourisme est placé sous la tutelle du Ministère de l'Economie des
Finances et de l'Emploi.
La direction du tourisme met en oeuvre
la politique générale du tourisme dont les orientations sont
préalablement définies par le ministre chargé du Tourisme.
Elle a pour mission de traduire en termes techniques les orientations pratiques
définies par le ministre chargé du Tourisme. Ses fonctions sont
fixées par le décret du 15 mars 1993 et la conforte dans son
rôle d'arbitrage, d'orientation et de conseils vis-à-vis des
professionnels du tourisme et des élus locaux.
Elle est composée de deux missions :
- communication et nouvelles technologies de l'information,
- affaires internationales.
La direction du tourisme est composée d'un
département et de deux sous directions.
Le département de la stratégie, de la
prospective, de l'évaluation et des statistiques est composé de
deux bureaux chargés des études, des statistiques et des comptes
économiques, de la stratégie, de la prospective, de
l'évaluation et de la recherche, et d'une mission de l'information et de
la documentation.
La sous-direction de l'administration générale
et de l'évaluation interne est composée de quatre bureaux
chargés des affaires financières et des moyens, des ressources
humaines, de la formation, de l'informatique et des réseaux, des
affaires juridiques, du contentieux et des affaires communautaires.
La sous-direction des politiques touristiques est composée
de quatre bureaux chargés des industries et des professions
touristiques, des politiques territoriales, des politiques sociales, des
politiques de l'emploi et de la formation.
La direction du Tourisme valorise et met en oeuvre les
stratégies et actions du ministère en charge du Tourisme, et
prépare et évalue sa politique internationale aux plans
bilatéral et multilatéral.
Elle élabore la réglementation, notamment les
procédures d'agrément et de classement, applicable aux
équipements, organismes, activités et professions touristiques et
en contrôle l'exécution.
Elle normalise et rassemble les données et les
prévisions sur les équipements et activités du
tourisme.
Elle contribue à la diffusion de l'information
générale sur le tourisme.
Elle prépare et met en oeuvre la politique sociale des
vacances et des loisirs, et prépare et évalue les actions en
faveur de l'emploi et de la formation professionnelle dans le secteur du
tourisme.
Enfin, elle veille à la cohérence des actions
mises en oeuvre par les organismes associés que sont le Conseil national
du Tourisme, Maison de la France, ODIT France, la Bourse solidarité
vacances, l'Agence nationale pour les chèques-vacances et le Conseil
national des Villes et Villages Fleuris, avec la politique de l'Etat auquel ils
apportent leurs concours.
Les collectivités territoriales15(*) :
Les régions, départements et communes
réalisent cinq grands types d'intervention : information, promotion,
aménagement, animation, études.
Dans le domaine du développement touristique, les
collectivités territoriales peuvent intervenir :
- directement. Elles établissent alors des programmes
à travers des documents divers et réalisent des
équipements en infrastructures (notamment les travaux de voirie) et en
superstructures (équipements techniques et de loisirs tels que ports de
plaisance, remontées mécaniques, pistes de ski, mais aussi
équipements d'accompagnement comme des hébergements et des
restaurants).
- indirectement : Elles fournissent alors des aides,
subventions ou bonifications d'intérêts, selon des
modalités variées, pour la réalisation
d'équipements à des organismes à but non lucratif ou
à des professionnels.
Les communes :
Elles possèdent des compétences propres en
matière d'urbanisme et ont l'exclusivité pour la
réalisation et la gestion de certains équipements
touristiques.
Elles peuvent réaliser des opérations
d'urbanisme notamment dans des zones d'aménagement
concerté (Z.A.C.), ayant pour objet le développement des loisirs
et du tourisme. Leur responsabilité en matière
d'aménagement touristique est particulièrement soulignée
par la lois "Montagne". Elles sont notamment compétentes pour organiser
le service des remontées mécaniques à des fins
touristiques.
Les stations classées :
La loi du 21 avril 1906 détermine un classement des
communes d'intérêt historique, pittoresque ou culturel. Le
classement a été ensuite étendu aux stations
hydrominérales et climatiques par les lois du 14 mars et du 24
septembre 1919, aux stations uvales par la loi de 1935. La loi du 3 avril 1942
et le décret du 5 mars 1951 ont créé les stations
balnéaires et inclus ces dernières dans la catégorie des
stations classées. Le décret du 28 mars 1953 institue les
stations de sports d'hiver et d'alpinisme.
Le classement suppose que la station satisfasse à des
exigences d'accueil, d'infrastructures sanitaires, d'hébergements,
d'équipements et de services. Le classement procure aussi à la
station une reconnaissance officielle dont elle peut se prévaloir pour
assurer sa promotion ou renforcer sa notoriété.
La station classée peut créer un Office
Municipal du Tourisme (loi de 1964). Elle peut percevoir une taxe de
séjour perçue auprès des touristes par les exploitants des
hébergements touristiques. Elle peut aussi percevoir des taxes sur les
entreprises " spécialement intéressées à la
prospérité de la station " .Ces taxes sont pour l'essentiel
perçues sur les sociétés de remontées
mécaniques. Enfin la station classée a l'obligation de se doter
d'un plan local d'urbanisme.
Une réforme du régime des stations
classées est souvent évoquée. En effet, le cadre
législatif n'est plus adapté pour de nombreuses raisons :
- l'apparition de nouvelles formes d'organisation de l'offre
touristique, comme les villes de congrès, qui ne sont pas prises en
compte par la loi,
- le développement de l'activité touristique
hors des limites des communes classées,
- le fait que certaines stations classées ne
répondent plus aux conditions posées à l'origine et aux
exigences du tourisme actuel.
Les communes touristiques :
Elles représentent un autre mode d'identification des
communes touristiques parallèle au précédent. Elles se
définissent par l'octroi d'une dotation touristique, c'est à dire
une ressource budgétaire de l'Etat spécialement affectée
à des communes qui doivent consentir des efforts de fonctionnement
conséquents pour gérer une fréquentation touristique
saisonnière significative.
La qualification de commune touristique est définie sur
la base de critères statistiques relatifs à la population
permanente et à la capacité d'hébergement touristique. La
liste des communes bénéficiaires est fixée annuellement
par le Ministère de l'Intérieur.
Les Offices du Tourisme et les Syndicats d'Initiative (
O.T-S.I ) :
Le premier syndicat d'initiative est créé
à Grenoble en 1889.On en comptait environ 300 à la veille de la
Première Guerre Mondiale. Les O.T - S.I sont aujourd'hui plus de 3500.
Leur régime juridique est celui des associations à but non
lucratif (loi de 1901). Ils comprennent des élus désignés
par le Conseil Municipal, des personnalités locales et des acteurs
économiques et sociaux locaux intéressés à
l'activité touristique. Les O.T - S.I sont chargés d'accueillir
et d'informer les touristes mais aussi d'organiser et de mettre en valeur les
ressources touristiques locales. Ils bénéficient des recettes des
manifestations qu'ils organisent. Ils bénéficient de certains
avantages fiscaux. Ils reçoivent des subventions de la commune.
L'O.T-S.I permet à la municipalité de contrôler et
coordonner indirectement le déroulement des fonctions touristiques non
marchandes de la Commune (animation, promotion, information du public, ...).
L'Office Municipal du Tourisme :
L'Office Municipal de Tourisme a été
institué par la loi du 10 juillet 1964.C'est un établissement
public à caractère industriel et commercial créé
sur proposition du Conseil Municipal par arrêté du préfet
.Ce statut est réservé aux stations classées et en
application de la loi Littoral du 3 janvier 1986 aux communes
côtières.
Il permet à la commune concernée de recevoir des
subventions nécessaires à la mise en oeuvre de sa politique
développement touristique et en particulier à la
réalisation d'activités diverses : accueil, information,
publicité, réalisation d'équipements et de services qui
lui sont confiés par la municipalité.
L'Office Municipale du Tourisme bénéficie
obligatoirement du produit de la taxe de séjour. Il peut, comme les
régies municipales, recourir à l'emprunt, prendre des
participations financières et recruter du personnel qualifié.
La coopération touristique
intercommunale :
La géographie et le développement touristiques
ignorent souvent les limites administratives communales. Par ailleurs la
commune est souvent trop exiguë pour permettre la mise en place d'une zone
d'accueil cohérente. La coopération intercommunale apparaît
comme le moyen de surmonter ces handicaps.
La première forme de coopération intercommunale
à vocation touristique est constituée par les Pays d'Accueil.
Près de 300 Pays d'Accueil ont vu le jour avec des statuts variés
: association loi 1901, syndicats mixtes, syndicats intercommunaux... Les Pays
d'Accueil touristiques sont regroupés au sein d'une
Fédération nationale et ils se sont progressivement
orientés vers la certification et la labellisation de produits du
tourisme rural et la mise en place des moyens de leur commercialisation.
Depuis 1984 des démarches contractuelles fondées
sur l'intercommunalité se sont développées dans le cadre
des contrats de plan Etat- Régions pour favoriser la coopération
entre des collectivités différentes mais unies par des
solidarités géographiques et des ressources touristiques communes
ou complémentaires.
Les départements :
Ils ont une vocation particulière en ce qui concerne le
développement du tourisme rural :
- ils établissent un programme d'aide à
l'équipement rural,
- ils établissent un plan départemental des
itinéraires de promenades et de randonnées et peuvent
élaborer un plan départemental de randonnées nautiques,
- ils se sont vus transférer dans leur dotation globale
d'équipement les subventions d'investissement de l 'Etat au titre de la
modernisation de l'hôtellerie rurale et accordent de nombreuses aides aux
hébergements touristiques ruraux ( gîtes, chambres d'hôte,
camping à la ferme....).
Le Comité Départemental du
Tourisme (C.D.T) :
Les Conseils Généraux ont créé
sous diverses appellations (C.D.T, Association départementale de
Tourisme, etc...) des organismes chargés de toutes les questions
relatives au développement du Tourisme à l'échelle du
département.
La dénomination des C.D.T a été
uniformisée en application de la circulaire de 1974 et leurs statuts
harmonisés à partir de statuts- types préparés en
1977 par la Fédération Nationale des C.D.T. Depuis 1979 tous les
C.D.T ont le statut d'association. Leur reconnaissance législative a
été définitivement établie par la loi du 23
décembre 1992 dont les articles 6 à 9 sont consacrés
à l'organisation et au fonctionnement du C.D.T.
Les C.D.T ont une triple mission de promotion, de concertation
et de conseil en matière de développement touristique du
département. Ils contribuent à l'élaboration et à
la commercialisation de produits touristiques, ils assurent des actions de
promotion sur les marchés étrangers et ils peuvent être
chargés par le Conseil général de l'élaboration du
Schéma d'aménagement touristique départemental qui doit
prendre en compte les orientations définies par le schéma
régional de développement du Tourisme et des Loisirs.
Les services Loisirs - Accueil sont associés aux C.D.T.
Ils sont présents dans 59 départements (chiffres de 1998).
Ils ont pour mission de recenser et de structurer l'offre touristique et de
commercialiser les produits touristiques du département.
Les 100 C.D.T sont regroupés au sein de la
Fédération Nationale des Comités Départementaux du
Tourisme (F.N.C.D.T).
Les régions :
Elles constituent le cadre privilégié de
l'élaboration d'une politique locale de développement du tourisme
et se sont vues reconnaître des compétences importantes en
matière d'aménagement touristique.
Les régions possèdent en effet des
compétences privilégiées en matière
économique, puisqu'elles concourent à l'élaboration et
à l'exécution du Plan national et qu'elles adoptent le Plan de la
région, qui fait l'objet d'un contrat de Plan avec l'Etat. La plupart
des régions ont inclus dans leur contrat un programme de
développement touristique et ont signé de nombreux contrats
particuliers concernant ce secteur. En matière d'aménagement
touristique, plusieurs compétences permettent aux régions de
jouer un rôle important :
- elles peuvent se voir transférer les attributions
exercées par les Missions Interministérielles
d'Aménagement Touristique,
- elles peuvent être associées à la
définition, à la gestion et au contrôle des
sociétés d'aménagement régional, qui jouent un
rôle très important en matière d'aménagement
touristique, et peuvent leur confier des missions,
- elles ont l'initiative de la création des parcs
naturels régionaux (P.N.R),
- elles ont compétence pour créer des canaux et
des ports fluviaux.
Les Parcs Naturels Régionaux16(*) :
Les Parcs naturels régionaux sont créés
pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux
habités. Peut être classé «Parc naturel
régional» un territoire à dominante rurale dont les
paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande
qualité, mais dont l'équilibre est fragile.
Un Parc naturel régional s'organise autour d'un projet
concerté de développement durable, fondé sur la protection
et la valorisation de son patrimoine naturel et culturel.
Les Parcs naturels régionaux sont particuliers dans la
gestion de leurs territoires car ils ont adopté un positionnement majeur
sur la protection et la valorisation du patrimoine (nature, culture, paysage).
La gestion des territoires des Parcs est basée sur
3 axes :
- l'efficacité territoriale: une charte pour 12
ans, renouvelable
- une compétence partagée entre l'Etat et les
Régions
- la volonté de convaincre plutôt que
contraindre
La capacité d'un Parc naturel régional à
protéger la nature réside surtout dans sa capacité
à faire respecter, par la concertation, les objectifs de sa Charte
définis par ses signataires. Pour faire respecter sa Charte, l'action
d'un Parc naturel régional relève en effet prioritairement de
l'information, de l'animation et de la sensibilisation à la richesse
patrimoniale de son territoire des personnes y vivant, y travaillant, s'y
implantant ou y passant, dans l'objectif de modifier leurs comportements .
La réglementation relève soit de l'Etat soit des
communes. Les Parcs formulent en accord avec les collectivités des
propositions (réserves naturelles, sites classés, plans de
circulations...).
Le Comité Régional du Tourisme
(C.R.T.) :
Les C.R.T ont été institués sous le
gouvernement de Vichy ( lois du 12 janvier 1942 et du 5 juin 1943 ) pour
assurer la préparation, la coordination et le suivi des actions
d'aménagement touristique régionales. Les C.R.T ont
été réformés par la loi du 3 janvier 1987 relative
à l'organisation régionale du Tourisme et faisant suite aux lois
de décentralisation administrative de 1982-1983.
La loi du 3 janvier 1987 oblige chaque région à
posséder un C.R.T. C'est le Conseil régional qui détermine
la nature juridique du C.R.T et ses principes d'organisation. Le Conseil
régional y désigne ses propres délégués qui
siègent aux côtés des représentants des organismes
consulaires, des C.D.T, des O.T-S.I, des professions du Tourisme, etc...
Le C.R.T élabore le schéma régional de
développement du Tourisme et des loisirs et met en oeuvre la politique
du tourisme de la région dans le domaine des études, de la
planification, de l'équipement, des aides aux hébergements, des
assistances techniques à la commercialisation et de la formation
professionnelle. Depuis la loi du 3 janvier 1987 le C.R.T est aussi
chargé d'assurer la promotion touristique de la région en France
et sur les marchés étrangers.
Les ressources du C.R.T proviennent en majeure partie de
dotations du Conseil régional et dans une moindre mesure de dotations
des Conseils généraux et de participations des professionnels du
Tourisme.
Les 22 C.R.T sont regroupés au sein de la
Fédération Nationale des Comités Régionaux du
Tourisme ( F.N.C.R.T) fondée en 1988.
2.1.3 Le tourisme montagnard en
quelques chiffres17(*)
L'espace montagne connaît deux types de
fréquentation aux caractéristiques très contrastées
:
· l'une liée aux sports d'hiver, qui concerne une
population assez restreinte, sur une période elle-même restreinte
et sur un territoire étroit,
· l'autre, essentiellement estivale, susceptible de
concerner l'ensemble des territoires de montagne, et qui attire un public plus
large.
Les schémas et graphiques suivants nous permettront de
dégager les chiffres et grandes tendances relatives à la
fréquentation de la montagne.
Figure 4 : Part de l'espace montagne dans les
nuitées totales des Français, Source : direction
du Tourisme, SDT
Comme nous le montre le graphique ci-dessus, la part de
l'espace montagne dans les nuitées totales des français progresse
légèrement pour la période hivernale et tendance à
stagner pour la période estivale.
Le schéma ci-dessous nous permet de constater que les
français partent en vacances majoritairement en période estivale
(62,3%). La part des départs des français vers la montagne
l'hiver représente 7,7% des départs sur l'ensemble de
l'année et 23,6% des départs pour la seule période
hivernale contre 17,8% pour la période estivale.
Figure 5: Les taux de départ
des Français en 2005/2006, Source :
direction du Tourisme
Les types d'hébergement les plus prisés pour les
séjours à la montagne hors sports d'hiver est la famille, juste
devant les locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes tandis que
pour les séjours aux sports d'hiver, la préférence va aux
locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes, juste devant les clubs
et villages de vacances.
Figure 6 : Répartition des
nuitées des Français selon le type d'hébergement,
Source : SDT 2001
Les français utilisent principalement la voiture pour
se rendre sur leurs lieux de vacances et surtout lorsqu'ils passent leur
séjour à la montagne hors sports d'hiver (>80%). Le train est
le second mode de transport utilisé mais ne représente que 10%
des transports utilisés.
Figure 7 : Répartition des
nuitées des Français par mode de transport, Source : SDT
2003
Lors des séjours aux sports d'hiver les principales
activités pratiquées sont : Ski-glisse, la promenade et les
autres activités liées à la neige. Pour les séjours
à la montagne hors sports d'hiver, la promenade et les visites
dominent.
Figure 8 : Les activités
pratiquées lors du séjour, Source : SDT 2003
La répartition des nuitées selon les massifs
varie en fonction des activités pratiquées lors du séjour
(sports d'hiver ou non). En effet les Alpes supportent à elles seules
78% des séjours de sports d'hiver contre 12% pour les
Pyrénées. Les séjours hors sports d'hiver
démontrent une meilleure répartition des touristes sur le
territoire. Les Alpes restent cependant le massif le plus prisé par les
touristes fréquentant la montagne.
Figure 9 : Part des différents
massifs dans les nuitées des Français, Source : SDT
2001
Figure 10 : Poids économique du tourisme
en France, Source : direction du Tourisme, comptes du
tourisme
variable T0 : consommation des touristes
résidents et non résidents auprès des activités
caractéristiques marchandes de l'industrie touristique (cafés,
restaurants, hôtels, loisirs touristiques, services d'organisation de
voyages) .
variable T1 : consommation liée aux
séjours = T0 + autres dépenses des touristes au cours des
séjours (hébergements privatifs, alimentation, autres services,
achats de biens durables) .
variable T2 : consommation touristique
intérieure = T1 + transport sur le territoire français vers le
lieu de séjour, autres dépenses (achats préalables au
voyage), consommation de services touristiques non marchands.
Français
|
Dépense moyenne par nuitée
|
Milliers de nuitées
|
Consommation
(milliards d'€)
|
Courts séjours aux sports d'hiver
|
119,1€
|
2 469
|
0,29
|
Courts séjours montagne hors sports d'hiver
|
94,8€
|
10 699
|
1,01
|
Longs séjours aux sports d'hiver
|
65,8€
|
27 510
|
1,81
|
Longs séjours montagne hors sports d'hiver
|
46,9€
|
78 615
|
3,69
|
Touristes non résidents en France
|
|
|
|
Courts séjours à la montagne
|
79,02€
|
5 393
|
0,43
|
Longs séjours à la montagne
|
52,5€
|
52 074
|
2,73
|
TOTAL
|
|
176 760
|
9,97
|
Figure 11 : Estimation de la consommation
intérieure liée au tourisme de montagne en 2005,
Sources : direction du Tourisme - ODIT France.
Avec 9,97 milliards d'euros de consommation touristique
intérieure, la montagne retient 22,6% de la consommation touristique
intérieure française.
L'exploitation complémentaire du Recensement
Général de la Population fournit des éléments sur
l'emploi recensé sur le lieu de travail. On peut ainsi avoir une image
de l'emploi par secteur d'activité. Nous distinguerons deux zones
d'étude pour chaque massif : les communes support de station, et la zone
de montagne hors stations.
Le graphique ci-dessous nous permet de constater que les communes
support de stations des Alpes représentent à elles seules 32% des
emplois sur ce massif. Ce rapport est encore plus important dans le Jura
puisque l'emploi dans les communes support de station atteint près de
35% des emplois du massif. Ce chiffre est moins important sur les autres
massifs.
Figure 12 : emploi total en 1999,
Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation
complémentaire - lieu de travail
Figure 13: Nombre d'emplois pour 1000 habitants
en 1999, Source : INSEE, recensement de la
population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de
travail
Il faut souligner ici - comme nous le montre le schéma
ci-dessus - le nombre d'emplois pour 1000 habitants qui est très
supérieur dans les communes support de station que dans la zone de
montagne hors station, les Vosges et la Corse mis à part.
Il est à noter que, même si l'emploi dans les
communes support de station est important, l'évolution de l'emploi dans
ces communes est moins importante que dans la zone de montagne hors station, le
Jura mis à part.
Figure 14 : Evolution de l'emploi total
entre 1990 et 1999, Source : INSEE, recensement de la population
de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail et recensement
de la population de 1990 - sondage au quart - lieu de travail
Il est très délicat d'estimer la part de
l'emploi induite par le tourisme. Celle-ci dépend en effet du type
d'emploi, mais aussi du lieu : en station, un emploi de boulanger peut
être considéré comme un emploi touristique, ce qui n'est
pas le cas dans une grande ville.
Pour contourner cette difficulté, nous nous limiterons
dans la suite à l'étude de l'emploi dans les "activités
caractéristiques du tourisme" suivantes :
Hébergement : Hôtels avec
restaurant, Hôtels de tourisme sans restaurant, Hôtels de
préfecture, Auberges de jeunesse et refuges, Exploitation de terrains de
camping, Autre hébergement touristique.
Restauration : Restauration de type
traditionnel, Restauration de type rapide, Café tabac, Débits de
boissons.
Autres :
Téléphériques, remontées mécaniques, Agences
de voyage, Activités thermales et de thalassothérapie.
Certes, cet emploi ne représente pas tout l'emploi
touristique, et n'est pas non plus que de l'emploi touristique.
Néanmoins, on dispose ainsi d'un bon indicateur des différences
de «touristicité» des territoires, nous permettant de comparer
entre elles les différentes zones de montagne.
Figure 15 : Part de l'emploi des
activités caractéristiques du tourisme dans l'emploi total
(1999), Source : INSEE, recensement de la population de 1999 -
exploitation complémentaire - lieu de travail
Le schéma ci-dessus nous permet de constater que
l'emploi touristique dans les communes support des stations est bien plus
développé que dans la zone de montagne hors station. Les chiffres
sont variables selon les massifs mais représentent de 6 à 24% des
emplois dans les communes support des stations tandis qu'il ne
représente que 3 à 7% pour la zone de montagne hors station (9%
pour la Corse qui ne possède pas de stations).
Le fichier des Déclarations Annuelles des
Données Sociales, rempli par les employeurs dans le cadre des
procédures administratives liées au recouvrement des cotisations
sociales, permet de suivre les salariés du secteur privé non
agricole au cours de l'année. Ce fichier permet donc d'apporter un
éclairage sur la saisonnalité de l'emploi en montagne, et en
particulier sur les poids respectifs de la saison d'hiver et de la saison
d'été. L'existence d'une double saison touristique
été / hiver est propre aux stations de sports d'hiver. On peut
apprécier grâce à ces graphiques l'importance respective de
ces deux saisons : la hauteur du pic traduit l'importance de l'effectif
employé saisonnier au plus fort de la saison par rapport à
l'effectif permanent et l'aire du pic mesure l'emploi saisonnier en
équivalent annuel, qui dépend de l'effectif, mais aussi de la
durée de la saison.
Figure 16 : Emploi salarié dans les
activités caractéristiques du tourisme au cours de l'année
2001, Source : DADS 2001 - Traitement INSEE
L'inventaire communal, dont la dernière
version date de 1998, dresse un état de l'hébergement marchand
par commune. Il s'agit de données déclarées par les
mairies, qui posent certains problèmes de fiabilité et
d'homogénéité d'une commune à l'autre.
Le recensement général de la population donne le
nombre de résidences secondaires "au sens large" (locaux individuels
à usage d'habitation qui ne sont ni des résidences principales,
ni des logements vacants) : il faut y retrancher les meublés et les
gîtes ruraux pour obtenir le nombre de résidences secondaires au
sens courant du terme.
Pour les hôtels classés et les campings
classés, le fichier de l'INSEE est à la fois plus fiable et plus
récent (2002) que l'inventaire communal. Par convention, une chambre
d'hôtel compte pour 2 lits et un emplacement de camping correspond
à 3 lits.
Pour les résidences de tourisme, actuellement en fort
développement dans certains secteurs de montagne, on a utilisé
à la place de l'inventaire communal le fichier fourni par le Syndicat
National des Résidences de Tourisme, qui date de 2004.
Enfin, pour les départements où la capacité
d'hébergement touristique en montagne est la plus importante, on a
également collecté des informations auprès des CDT et ATD,
qui sont plus "proches du terrain" et tiennent généralement
à jour des fichiers de l'offre d'hébergement.
Comme on peut le constater sur les schémas ci-dessous, la
résidence secondaire est le principal mode d'hébergement sur les
communes support de station comme pour la zone de montagne.
Figure 17 : La capacité d'accueil
touristique de la zone de montagne, Sources : INSEE, IC 98, SNRT,
RGP99
Figure 18 : La capacité d'accueil
touristique des communes support de stations , Sources : INSEE, IC
98, SNRT, RGP99
2.2 Evolutions marquantes du tourisme montagnards et impacts
sur les trois piliers de la durabilité
2.2.1 Des
évolutions marquantes qui remettent en cause les équilibres18(*)
Le tourisme est la première industrie de la
planète. Il est tout d'abord lié à une grande
révolution : la création des congés payés.
L'allongement de la durée de vie, la baisse du temps de travail, le
développement de la voiture et de l'avion a également
favorisé son développement.
Au niveau européen, la suppression des contrôles
frontaliers et la promotion de la libre circulation ont encouragé les
voyages intra européens. L'introduction de l'euro et les progrès
liés au transport qui réduisent les coûts et les temps de
trajet, favorisent également la circulation des touristes au sein des
pays de l'Union Européenne. Le tourisme s'est popularisé, en
effet, en 1950 le nombre de touristes était de 25 millions, il
était en 2000 de 702 millions. Pourtant, le tourisme reste une
activité réservée à une très petite
minorité de privilégiés dans le monde.
L'Union Européenne est le premier marché
touristique mondial, tant émetteur que récepteur. En effet,
l'Europe est la destination la plus populaire puisqu'elle accueille un peu
moins de 60 % des touristes internationaux au monde (voyages intra
européens compris). L'Organisation Mondiale du Tourisme prévoit
717 millions d'arrivées transfrontalières pour 2020 en Europe.
Cette activité a un poids économique important. Au total, 8
millions de personnes travaillaient dans le secteur touristique en Europe en
2003. L'augmentation du nombre d'emplois dans le secteur du voyage et du
tourisme dans l'UE est estimée à 2 millions entre 2003 et
2013.
Le tourisme est une industrie jeune, en pleine expansion mais
également en mutation du fait de nombreux changements (politiques,
sociaux, technologiques, économiques et environnementaux) et le tourisme
montagnard n'échappe pas à ces mutations.
2.2.1.1 Le développement effréné du
tourisme en montagne
La neige, qui était synonyme d'isolement jusqu'au XXe
siècle pour les montagnards, est devenue dans les pays touchés
par la révolution des sports d'hiver un élément
très attractif, précieux, presque magique. Le bouleversement des
mentalités est tel qu'il va "transformer en rente de situation des
handicaps tels que la pente et la neige que les civilisations traditionnelles
avaient dû affronter péniblement durant des
siècles."19(*)
Une population aisée découvre les plaisirs de la neige, fin XIXe
siècle et surtout au début du XXe siècle.
Après la période de découverte des sports
d'hiver, le ski alpin va se développer et s'institutionnaliser
jusqu'à devenir un véritable phénomène de
société. En France, la pratique du ski alpin prend toute son
ampleur dans les années 1960, pendant la période de la
ruée vers "l'or blanc".
La diversification des sports de montagne traduit un
intérêt grandissant pour la montagne comme espace naturel. De
plus, en réaction aux grands aménagements des années 1960,
un renouveau d'intérêt pour l'écologie à partir des
années 1970 se traduit par un "retour à la proximité du
milieu physique"20(*). Le
ski de fond sera ainsi le premier sport "anti ski de piste", suivi de
près par les sports "funs".
2.2.1.2 Les clients changent, les professionnels du tourisme
montagnard doivent s'adapter
L'offre ayant quantitativement rattrapé la demande au
milieu des années 1980, il devenait nécessaire de connaître
plus en profondeur les motivations et les comportements des clientèles.
Deux enquêtes (1992 et 1999) ont été
réalisées dans le but d'apporter cette connaissance aux
professionnels du tourisme.21(*)
Il ressort de ces études différents changements
de motivations et de comportements des clients :
- La montagne doit garantir la rupture, les retrouvailles et
le ressourcement,
- Les touristes choisissent leur vacances en deux temps :
une imprégnation continue au cours de l'année et une recherche
active d'information pour préparer l'achat,
- Les clients sont « zappeurs », malins et
de plus en plus négociateurs et opportunistes,
- Les touristes partent plus souvent, moins loin et pour des
séjours plus courts,
- Les clients démontrent une exigence croissante, ils
sont consuméristes et conscients de leurs droits et de leur poids. Ils
ont donc des références élevées.
Ces enquêtes ont aussi mis en avant les courants
porteurs pour la montagne :
- Convénience : un besoin croissant pour les
clients de facilité, de fluidité, de commodité,
d'accessibilité mentale et physique, facile, rapide, sans heurts,
- Non marchand : un besoin croissant de rapports et de
moments non exclusivement marchands,
- Montée du ludique : un besoin croissant de
jouer, de ne pas faire les choses sérieusement, de s'amuser, de rire,
- Bien-être et santé : un nouveau besoin de
santé au-delà de l'absence de maladie, vers le
bien-être,
- Qualité et esthétique de la vie
quotidienne : une sensibilité croissante aux petits détails
susceptibles de créer du beau, de l'agréable, de l'émotion
et de contribuer à la qualité de la vie au quotidien,
- Vitalité douce : un besoin croissant d'une
vitalité plus douce, plus intérieure, qui passe par un effort
plus mesuré et par les ressentis, les ambiances,
- Naturalité : une nouvelle relation à une
nature apprivoisée, simplifiée, sécurisée, rendue
accessible, à divers degrés.
Le résultat de ces enquêtes met également
en avant les nouvelles donnes du tourisme :
- plus de clients pour le tourisme mais aussi plus de tourisme
pour les clients, il est difficile d'émerger comme destination,
- quatre phénomènes marqués :
· une mondialisation de la concurrence,
· une concentration de l'offre,
· une montée en puissance de
l'intermédiation traditionnelle ou moderne,
· l'émergence de plus en plus rapide de nouvelles
clientèles et de nouveaux comportements aux marchés,
- le client moyen disparaît au profit d'une
mosaïque de clientèles distinctes.
Enfin, ces enquêtes s'intéressent aux
spécificités du tourisme montagnard
été/hiver :
- il est important d'adopter un véritable état
d'esprit marketing et de développer collectivement les marchés
car ils sont murs ou ralentis et ont peu de chance d'évoluer,
- il faut éviter le pêché d'orgueil et
proposer du blanc et du vert en sortant de la dualité hiver
été pour regarder vers le printemps ou l'automne car la
concurrence est élargie et très vigoureuse,
- il est nécessaire de travailler sur
l'accessibilité financière, mentale, physique et sur l'adaptation
de l'offre pour conquérir les réservoirs larges de
clientèles potentielles,
- il faut retravailler l'offre d'hiver pour conserver les
clients et l'image l'été pour attirer et séduire les
clients potentiels car il existe des décalages croissants entre les
motivations des clients et l'offre montagne, été et hiver,
- il n'y a pas de recette miracle et les enjeux sont bien
différents selon les massifs.
2.2.1.3 Le foncier : une ressource mal
gérée22(*)
Le développement touristique en montagne a permis
à certaines communes d'éviter l'exode rural que d'autres
subissaient. Cependant, les pressions qu'il exerce sur le foncier et
l'immobilier, sont un redoutable piège pour le développement
touristique durable. Dès 1986, des élus et hauts fonctionnaires
soulignaient les différents problèmes posés par le
développement touristique. Il en ressortait que les fondements du
développement touristique étaient trop axés sur
l'immobilier privatif. L'équipement et l'aménagement touristique
étaient financés par la vente de foncier et la construction
immobilière.
On assiste aujourd'hui à une nouvelle course dans ce
domaine, largement encouragée par la politique nationale. Les mesures
d'exonérations fiscales de l'immobilier de loisir dans les zones de
revitalisation rurale en sont un bon exemple et bouleversent l'ensemble du
marché immobilier :
- Il y a un réel refroidissement des lits qui sont peu
adaptés à la demande de la clientèle et qui souffrent de
la concurrence des lits neufs.
- La rénovation des logements anciens, qui ne
correspondent plus aux exigences de la clientèle, est difficile. La
concurrence des lits neufs dans les ZRR, a eu pour effet de relancer la course
aux lits neufs dans l'ensemble des Alpes et des Pyrénées.
Cette nouvelle course aux lits neufs est une contre
performante et dangereuse pour l'avenir.
Chacune des quatre sphères présentes dans les
communes support de station (clientèle, civile, économique,
publique) pour des intérêts divers, fait pression sur l'instance
communale :
- la sphère clientèle évolue. Ses
attentes sont de plus en plus complexes. Les pressions exercées par
cette sphère sont multiples et parfois contradictoires. Mais les
demandes qui en découlent pèsent sur les acteurs publics et
privés de la station, en matière de paysage, de foncier et
d'immobilier.
- la sphère civile est traversée par de
multiples intérêts. Du fait de la pression foncière, la
population locale a de moins en moins accès aux logements. De plus, les
propriétaires fonciers participent à la spéculation
foncière et immobilière, contre les intérêts
même de leurs concitoyens.
- la sphère économique est inégalement
touchée par la question. Cependant le maintien des chiffres d'affaires
passe par le maintien des lits chauds. Or les lits anciens se refroidissent.
Les sociétés de remontées mécaniques ont ces
dernières années investit ce terrain de l'immobilier car leurs
chiffres d'affaires y sont directement liés et font aussi parfois
pression sur les élus locaux.
La sphère publique doit donc faire face à ces
pressions multiples, plus ou moins contradictoires. Elle a pourtant
l'obligation de maîtriser l'urbanisation, de gérer et
améliorer les services publics, d'entretenir l'espace public et les
paysages, de préserver les ressources naturelles. Les principales
responsabilités des communes portent donc sur cette maîtrise
foncière et immobilière et, globalement, sur l'anticipation du
développement touristique, avec des moyens et une expertise technique
qui, comme nous le verrons, ne sont pas toujours à la hauteur des
enjeux.
Les conséquences sur la consommation de l'espace sont
aujourd'hui nettement visibles. Un certain nombre de témoins et
d'acteurs s'inquiètent et proposent de changer d'orientations :
- « Trop de béton dans la neige »
déclare Alain Boulogne, le maire des Gets en Haute-Savoie.
- « Passer du quantitatif au qualitatif, repenser les
développements non plus seulement en termes de gestion
immobilière mais en termes d'inscription de projet touristique majeur au
coeur d'une démarche respectueuse de l'environnement, en lien avec les
potentialités du site... », tel est le nouveau challenge des
élus des communes de montagne et que proposent certains acteurs
locaux.
Le désengagement radical, non accompagné de
l'Etat, particulièrement des services déconcentrés de
l'équipement sur ces problématiques de gestion foncière et
urbaine, laisse les collectivités locales seules sous les multiples
pressions.
Malheureusement, tout porte à croire que la
structuration intercommunale, seul moyen de s'affranchir d'une gestion communal
qui ne parait plus pertinent pour la gestion foncière et
immobilière, ne sera pas effective avant longtemps.
2.2.1.4 Décisions politiques : une inertie
déconcertante ou des décisions prises dans l'urgence23(*)
La conduite politique de la commune et le pilotage du
développement touristique sont assurés par la commune ou
l'ensemble de communes sur lesquels existe un domaine skiable. Ces institutions
politiques ont donc des responsabilités directes nombreuses, tant du
point de vue de la gestion classique, que du point de vue des
responsabilités liées au développement touristique.
« Si ce type d'organisation du management local a permis dans un
premier temps que l'aménagement touristique soit géré au
plus proche du terrain, il constitue aujourd'hui un facteur de
fragilité, voire de contre-performance. »
La conjugaison de la conduite politique et du pilotage du
développement touristique est complexe car elle soulève de
nombreux problèmes de nature différente.
Les temporalités du politique et de
l'économique :
La vie de la commune est rythmée par les
échéances électorales mais compte tenu de l'importance des
responsabilités de la commune dans le développement touristique
de la montagne, elles rythment également les décisions en
matière d'aménagement. Cette situation est, dans certains cas,
extrêmement regrettable car les décisions sont prises à la
hâte en fin d'un mandat par exemple, ou au contraire parce que les
décisions ne sont pas prises, laissant au mandat suivant le soin de
régler un problème difficile.
Le jeu électoral et la compétition
politique :
Ils se sont concentrés sur les enjeux de la gestion du
développement touristique. Nombre de conseils municipaux sont ainsi
composés de professionnels directement liés au
développement touristique. Depuis plusieurs années, les
élections locales ont donné lieu à de profonds changements
au sein des élites politiques locales. Aux dernières
élections de 2001, le renouvellement des personnalités à
la tête des mairies des communes supports de stations de sport d'hiver a
été considérable (dans les trois départements
alpins, ce renouvellement est de l'ordre de 40 à 55 %). Le
phénomène n'est pas nouveau. Une relative instabilité a vu
le jour dès le début des années 80, au moment où
les instances politiques locales ont eu la responsabilité directe du
développement touristique local. Cette instabilité tend à
augmenter. C'est une source d'incertitudes qui aujourd'hui rend la gestion
touristique locale difficile.
Le type de conduite politique exercé par les
maires :
« Le modèle de conduite politique, le plus
largement répandu en France, est qualifié de
présidentialisme municipal ». En effet, l'importance des
responsabilités endossées par les maires est souvent synonyme
d'exercice solitaire du pouvoir communal. Or dans le pilotage de
l'activité touristique, cette posture est mal perçu par les
professionnels du tourisme. Un autre type de conduite politique met au
contraire en avant un clientélisme local exacerbé, un pouvoir
local « sous influence » de groupes d'intérêts locaux.
Or une gestion de destinations touristiques n'est pas durable lorsque qu'elle
s'appuie exclusivement sur la défense d'intérêts de groupes
locaux.
L'expertise de l'institution communale :
La légitimité politique d'un maire s'appuie
surtout sur l'ensemble des ressources organisationnelles et financières
d'une mairie. Les services municipaux doivent assurer la gestion quotidienne
d'une commune dont la population va de 200 à 10 000 habitants au
maximum. Les moyens tant financiers qu'humains sont étroitement
corrélés à cette population permanente. Or la population
touristique peut doubler, voire être multipliée par cent en
saison. Une telle gestion saisonnière n'est pas une tâche facile
pour l'ensemble de l'institution communale. Ces responsabilités diverses
réclament un personnel compétent et expert souvent difficile
à trouver dans le cadre de la fonction publique territoriale. Certaines
communes ont recours à des experts externes, mais leur coût est
prohibitif. L'expertise et l'efficacité de l'action publique locale sont
donc souvent mises en question, les moyens en ressources humaines et
financières étant largement inadaptés aux
fréquentations aléatoires et saisonnières du tourisme.
2.2.1.5 Incapacité à se fédérer
au niveau intercommunal24(*)
On peut faire l'hypothèse que la mise en commun des
moyens humains et financiers, la coordination des actions et des acteurs sur
des territoires touristiques plus vastes et plus pertinents, car plus visibles
au plan international, devrait théoriquement permettre une
efficacité accrue. La réalité est plus mitigée,
tant les freins à l'intercommunalité touristique sont nombreux.
L'action intercommunale, au contraire des projets communaux
isolés, apparaît pourtant comme un moyen d'éviter les
enfermements dans des logiques trop sectorielles et ponctuelles. Les
diagnostics et les stratégies, dès lors qu'ils sont
partagés par des collectivités d'engagement ou de position
différents dans le système local de production des loisirs,
paraissent nettement plus soucieux de la prise en compte d'une approche globale
(environnementale, économique, sociale et éthique) dans les
programmes touristiques. On ne peut assurer les conditions de la
durabilité du tourisme lorsque l'intercommunalité se limite, par
délégation, à l'affectation d'enveloppes
financières à des projets conçus et gérés
dans un cadre strictement communal.
Si la conjugaison de la conduite politique et de la gestion
touristique locale est source de confusion au niveau communal, il en est de
même au niveau intercommunal. En effet, les maires gardent souvent leurs
compétences communales qui leur ont été attribuées
par la loi montagne et la décentralisation. La gestion de l'image
touristique par exemple, est un enjeu local très fort et peu de maires
souhaitent s'en dessaisir. Les organismes chargés de la promotion
restent donc largement sous la maîtrise et à la charge de la
commune.
De plus, les enjeux qui conduisent à la construction de
territoires intercommunaux, souvent calqués sur des bassins de vie et
d'emplois sont rarement en adéquation avec les territoires touristiques
pertinents qui se construisent, dans les Alpes, sur des registres liés
aux patrimoines naturels, culturels, de pratiques sportives touristiques, ce
qui est plus le cas dans les Pyrénées. Les rapports entre
communes, intercommunalités et territoires touristiques sont donc
généralement complexes.
L'intercommunalité incitative française, si
elle n'est pas obligée par la loi , l'est par l'affectation des
dotations financières en équipement (D.G.E., contrats) ou en
fonctionnement (D.G.F.). Ce n'est pas une condition suffisante pour garantir
l'intercommunalité de projet tant qu'elle autorise les opérations
communales présentées sous la bannière
fédératrice d'un EPCI. Les programmes d'actions des
différentes structures intercommunales montrent clairement cette
succession, souvent sans cohérence, d'opérations sans liens entre
elles, sans plan d'ensemble.
La gestion de la compétence touristique sur un
territoire intercommunal est paradoxalement difficile. En effet, le partage de
cette compétence, que l'on peut morceler en plusieurs parties de
compétences (accueil, information, animation, promotion) en complique la
gestion. Les analyses montrent que la tendance actuelle est à la
multiplication des organismes aux territoires d'actions différents et
cette situation n'est malheureusement pas propre à la montagne.
L'illisibilité institutionnelle qui en découle provoque le
découragement des professionnels du tourisme dans les organismes
touristiques.
Enfin, les communes touristiques dans leur ensemble sont plus
endettées que leurs homologues non-touristiques comme l'analysent, pour
la première fois en 2003, les services du ministère des finances.
La mutualisation des ressources à un niveau intercommunal est
problématique. Il s'agit d'ailleurs essentiellement de la taxe de
séjour, qui est source de discordes entre les institutions politiques et
les hébergeurs.
Le système de production touristique est donc, à
quelques exceptions près, globalement vieillissant et souvent
inadapté aux enjeux du futur.
2.2.1.6 Nécessité d'une gouvernance
Comme nous l'avons vu, les professionnels du tourisme sont
souvent découragés par le manque de prise de décisions ou
leur absurdité à long terme. En effet, comme c'est le cas
aujourd'hui avec la société civile au niveau national pour les
grandes questions de société, il semble que le pilotage
touristique ne peut désormais opérer sans s'appuyer de
manière explicite sur les professionnels.
La gouvernance est définie comme l'ensemble des
arrangements et des relations formels et informels entre intérêts
publics et privés à partir desquels sont mises en oeuvre les
décisions. Cette notion permettait de rendre compte l'extrême
complexité des rapports entre partenaires privés et publics. Les
interactions sont nombreuses, plus ou moins aléatoires ou difficiles
entre les quatre sphères principales au sein des stations (publique,
privée, économique et la clientèle)
Compte tenu de l'évolution de l'activité
touristique et des implications qu'elle engendre, et compte tenu
également des aspirations en matière de démocratie
participative, il est désormais nécessaire de mettre en oeuvre au
niveau des communes ou des territoires touristiques, un lieu de gouvernance
où institutions communales, professionnels et société
civile débattent des enjeux et des décisions concernant le
développement touristique. Un lieu de débat public, distinct du
conseil municipal, qui permettrait de confronter la certitude du
décideur public aux réalités.
Sous la pression de la société civile et de
certains professionnels, cette démarche est actuellement en cours
d'expérimentation dans certaines stations de montagne des Alpes. Cette
idée se fait de plus en plus entendre, car les conditions de travail et
de vie sont dépendantes du type de développement touristique
engagé dans les communes et une demande de participation aux
débats concernant les professionnels du tourisme et la
société civile émerge.
La mise en place d'une gouvernance locale pour gérer
au mieux l'aménagement et le développement touristique est
probablement un challenge à long terme. Un certain nombre de fondements
du développement touristique ne facilitent malheureusement pas une telle
perspective. En effet, les expérimentations de gouvernance en cours dans
certaines stations montrent que des obstacles piègent la mise en place
de gouvernance. Le problème le plus redoutable est certainement la
gestion foncière et immobilière.
2.2.1.7 Le climat source d'incertitudes
supplémentaires
Image 23 : Le réchauffement global
dans les Alpes, source : Chappatte.
Le laboratoire du Col de Porte, situé en Chartreuse
(Isère) à 1 320 m donne des relevés précis sur les
40 dernières années. Ceux-ci montrent que si la tendance
générale est une diminution de l'enneigement depuis la fin des
années 70, les fluctuations annuelles sont bien plus sensibles que la
tendance à long terme.
Figure 19 : Nombre de jours par saison avec
neige au sol au Col de porte, Source : Météo France
- CNRM/CEN
L'observatoire du Mont Aigoual (Cévennes, Gard, 1 567
m), marqué par un climat très excessif, dispose de relevés
manuels de cumuls de hauteurs de précipitations neigeuses depuis 1896.
Même si cette variable est moins parlante, pour les sports d'hiver, que
le nombre de jours avec neige au sol représenté sur le graphique
précédent, cette série est précieuse du fait de sa
longueur et de sa qualité.
Figure 20 : Cumul par hiver des
épaisseurs de neige fraîche entre 1896 et 2003 au mont
Aigoual, Sources : Météo France - Station du mont
Aigoual
Le climat a changé au cours du XXe siècle. En
raison de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre
dans l'atmosphère, induite par l'activité humaine, des
changements plus importants sont prévus pour le XXIe siècle. La
température moyenne à la surface de la Terre continuera
d'augmenter à un rythme probablement sans précédent au
cours des 10 derniers millénaires. Il y aura très probablement
plus de jours chauds, moins de jours froids, de vagues de froid et de jours de
gel. Dans un monde plus chaud, il y aura intensification du cycle hydrologique.
Les précipitations mondiales devraient augmenter et
s'intensifier25(*).
Les augmentations de températures simulées sur
l'Europe sont généralement comprises entre +1,5°C et
+3,5°C. Par ailleurs la tendance générale des modèles
est de simuler des précipitations plus importantes en hiver sur le nord
de l'Europe et plus faibles en été sur le sud de l'Europe. Les
cartes suivantes, à prendre avec précaution, donnent une
idée de l'impact sur l'enneigement d'un réchauffement de
1,8°C sur les Alpes et les Pyrénées, d'après le
modèle CROCUS de Météo France.
Figure 21 : La situation actuelle,
Source : Météo France - CNRM/CEN
Figure 22: La situation future (T
+1,8°C), Source : Météo France - CNRM/CEN
Ces simulations de
météo France qui nous montrent une réelle diminution de
l'enneigement sont peu rassurantes. En effet, une baisse de la quantité
de neige ne permettrait pas de proposer des activités de sports d'hiver
sur une période aussi étendue qu'aujourd'hui. De plus, il y a
toujours eu, et cela ne fait que s'accentuer, des fluctuations dans les
précipitations.
« Les stations de sports d'hiver doivent garantir
à leurs actionnaires les 5 % de croissance annuelle qu'ils attendent. Le
nombre de skieurs n'augmente plus ; il faut donc accroître coûte
que coûte l'offre de pistes et le nombre de jours skiables.
L'enneigement artificiel, lié au
phénomène de réchauffement climatique, est devenu en
quelques années la réponse miracle aux difficultés de nos
stations. Les inconvénients environnementaux ne font évidemment
pas le poids face aux arguments économiques de «l'assurance
neige». Le «marketing» qui semble commander aux
stratégies des stations vaut tant pour le kilométrage de pistes
offert par une station que pour la surface de pistes enneigées
artificiellement. En quelques années, la neige artificielle est donc
passée d'une solution d'appoint à un pur argument commercial,
d'où la surenchère entre les stations.
Cette fuite en avant risque de faire beaucoup de
dégâts, les ressources nécessaires à la fabrication
de ce paradis artificiel n'étant pas inépuisables. Fabriquer de
la neige artificielle génère une augmentation conséquente
des besoins en énergie, un épuisement des ressources en eau, avec
les conflits d'usages qui en découlent, des atteintes au milieu et aux
paysages, une pollution des sols... »26(*)
La décision des stations de s'équiper en canons
à neige, de creuser des retenues collinaires, d'utiliser des additifs
pour produire de la neige même quand la température ne le permet
pas, est là encore motivée par des résultats
économiques. Mais qui viendra encore dans ces stations lorsque le
paysage si cher aux touristes sera totalement massacré, quand
l'utilisation d'additif aura pollué tous les sols et nappes
phréatiques ?
2.2.2 Les impacts du tourisme
montagnards et problèmes soulevés : bilan et enjeux
Nous verrons ici, assez brièvement, l'ensemble des
impacts du tourisme montagnard qu'ils soient d'ordres économiques,
socioculturels ou environnementaux. En effet, les impacts de cette
activité sont nombreux et chacun d'eux impacts mériterait
à lui seul une étude très approfondie qui pourrait faire
l'objet d'une étude particulière ou d'un mémoire.
2.2.2.1 Impacts économiques mitigés
Un touriste qui séjourne aux sports d'hiver ou en
montagne hors sports d'hiver effectue un certain nombre de
dépenses : forfait, transport, alimentation, hébergement,
restauration, loisirs, achats... Ces dépenses provoquent des
retombées économiques. Comme nous le montre le schéma
ci-dessous, les recettes perçues par les sociétés de
remontées mécaniques sont très importantes. Il en est de
même pour les propriétaires d'hébergements, les
commerçants ou prestataires de service dans les stations.
Figure 23 : Evolution du chiffre d'affaires des
remontées mécaniques par massif, Source :
exploitants de remontées mécaniques, SNTF27(*), traitement ODIT
France
Cette activité touristique saisonnière, permet
la création d'emplois. Cependant, même s'il peut, en pointe,
concerner beaucoup de personnes, l'emploi saisonnier, traduit en
équivalent annuel, se retrouve bien plus faible. Ceci est une
évidence parfois mal comprise sur le terrain. Les saisonniers sont
généralement des habitants non permanents. Il faut donc les
loger, ce qui fait augmenter la population présente sur la station en
plus de l'augmentation déjà provoquée par l'arrivée
des touristes. Les loger durant la haute saison et donc en période de
fort taux d'occupation des logements coûte cher et fait grimper les prix.
Quand ce n'est pas le cas, c'est la salubrité du logement qui fait la
différence.
Enfin, l'aspect le plus négatif d'un point de vue
économique est certainement le fait que les 80% de ces recettes ne sont
répartis que sur 2% du territoire. Il en résulte une grande
disparité entre les communes support de stations et la zone de montagne
hors station. De plus, une partie des recettes n'est pas redistribuée
sur le territoire mais va à des sociétés ou
propriétaires implantés dans les stations mais sans lien avec le
territoire, l'argent perçu n'y est pas réinvesti.
2.2.2.2 Impacts socio culturels
La précarité des emplois liés
à l'activité touristique en montagne est à souligner.
L'activité étant saisonnière, les contrats le sont aussi.
Des contrats à durée déterminée, aux salaires
relativement faibles dans des conditions de travail et de logement souvent
médiocres ne permettent ni une sécurité de l'emploi, ni
des conditions de vie descentes.
La saisonnalité de l'activité touristique
implique souvent pour les locaux qui travaillent dans le secteur touristique
une double activité : guide ou accompagnateur l'été,
perchman ou pisteur l'hiver par exemple. Si certains locaux ont cette double
compétence, ce n'est pas le cas de tous. Il est fréquent de
retrouver en été dans les usines de fond de vallée des
salariés qui avaientt une compétence précise en station
l'hiver, ski man par exemple. Ces personnes qui ne peuvent pas utiliser leurs
compétences toute l'année se voient dans l'obligation de
travailler l'été sur des postes ne nécessitant pas de
compétences particulières avec des salaires relativement bas.
Des problèmes émergent entre les
différentes sphères (publique, privée, économique,
clientèle) qui, comme nous l'avons vu, ont des enjeux souvent
très différents et parfois contradictoires. Il est très
difficile d'arbitrer les différents et les sources de conflit sont
nombreuses. D'un village à l'autre ou au sein d'un même village
les intérêts divergent et le foncier est certainement l'une des
principales sources de discordes.
« Le séjour de populations touristiques dans
les villages fait pénétrer au coeur des civilisations
montagnardes d'autres pratiques sociales, d'autres référents, et
peut les faire évoluer plus vite que des implantations ex
nihilo »28(*).
Ainsi, les populations locales réceptrices de touristes évoluent
et s'adaptent très rapidement. Les conséquences socioculturelles
ont parfois été très importantes. Les autochtones ont
souvent délaissé des activités traditionnelles comme
l'agriculture, la sylviculture et le pastoralisme au profit du tourisme. La
maturité du marché et l'évolution des demandes de la
clientèle à laquelle leur offre n'est plus adaptée sont
aujourd'hui une menace pour ces villages dont l'activité principale et
parfois unique est le tourisme. Des villages entiers pâtissent de ces
évolutions du marché puisque les activités traditionnelles
ont été abandonnées.
2.2.2.3 Impacts environnementaux dramatiques29(*)
Les dynamiques en oeuvre dans les
activités touristiques des ménages évoluent et ont des
effets croissants sur l'environnement et l'économie. Les motifs
personnels (agrément, famille, amis...) amènent les
Français à se déplacer en masse sur le territoire national
; 165 millions de séjours30(*) (2005) s'ajoutent à environ 57 millions
d'excursions31(*) (2004).
Les départs en vacances restent concentrés en
été et les fins de semaine. Les séjours se raccourcissent.
Les Français sont plus nombreux à partir en congés (+24%
entre 1990 et 2004), mais les courts séjours (de moins de 3
nuitées) se multiplient (+14% entre 1998 et 2004), tandis que les longs
et moyens séjours se raccourcissent (de 14 à 10 nuitées en
moyenne en 15 ans). Ces mouvements ont des implications locales :
accroissement des nuisances routières (embouteillages, bruit, pollution
de l'air), accentuation de l'utilisation des équipements collectifs des
communes réceptrices (traitements des eaux usées, déchets,
alimentation en eau potable), augmentation des loisirs ayant la nature pour
support.
Figure 24 : Les départs en vacances
des Français dans l'année selon le type de destination (en
millions de séjours), source : ministère
chargé du Tourisme, Enquête « Suivi de la demande
touristique », 2005.
Les déplacements liés aux vacances,
effectués en voiture, génèrent environ
12,4 Mteq CO2, soit 16% des GES émis sur le territoire
national par les véhicules particuliers. Plus le déplacement est
de courte durée, plus le poids du transport se fait ressentir dans les
émissions du GES, comme dans le budget vacances des ménages. La
part des déplacements effectués en voiture vers la destination
montagne et au cours des séjours passés dans cet espace est
difficilement quantifiable mais il est indéniable qu'ils ont un impact
sur l'environnement.
Les voyages en train représentent 13% des
déplacements touristiques sur le territoire national. Un voyage en train
génère 12 fois moins d'émission de GES qu'un voyage en
voiture à distance égale.
Figure 25: Les modes de transport
utilisés par les Français pour se rendre sur leur lieu de
vacances (séjours en France), source :
ministère chargé du Tourisme - Sofres, Enquête "Suivi des
déplacements touristiques des Français", 2005
Avec les arrivées de touristes, la démographie de
certains départements peut doubler voire même tripler. Les
Français se rendent essentiellement en ville, à la campagne (34%
et 33%), pour des séjours relativement courts (en moyenne 4,5
nuitées). À l'opposé, ils sont moins nombreux à se
rendre sur le littoral (26% des destinations) et à la montagne (14% des
destinations), mais leurs séjours y sont plus longs (en moyenne 8 et 7
nuitées). Cet apport démographique temporaire, mais parfois
considérable (surtout quand on rajoute les étrangers), pose des
problèmes dans les milieux où la ressource en eau est fragile
(mer et montagne). Des stations d'épuration, calibrées sur les
populations de pointe, fonctionnent en "sous-régime" une partie de
l'année.
Les activités des ménages sur leur lieu de vacances
tirent partie des ressources offertes par la nature. En 2005, les
activités terrestres représentent 38% des activités
déclarées, parmi lesquelles la promenade est
évoquée à 22%, la visite de sites naturels à 5,5%
et la randonnée 3,1%. Certains espaces peuvent connaître un cumul
d'activités créant des conflits d'usage soit entre loisirs, soit
au détriment d'une ressource. C'est en mer et en montagne que ces
conflits peuvent être exacerbés, compte tenu de
l'attractivité de ces espaces, de la fragilité des milieux et des
aménagements durs qu'ils supportent (ports, stations de ski...).
Le développement des stations de sports d'hivers a
entraîné la création de nombreuses pistes de ski dont la
réalisation nécessite des opérations de terrassement
lourdes sur des surfaces importantes, perturbant l'écoulement des eaux,
la végétalisation et les sols.
En montagne, l'aménagement de pistes de ski
entraîne une destruction définitive des sols, des modifications de
la biodiversité et des déséquilibres qui affectent la
structure et le fonctionnement des écosystèmes et des paysages.
C'est également le cas des terrains qui font l'objet de terrassement.
L'urbanisation des domaines skiables, la construction des
pistes de ski et des remontées mécaniques dégradent
fortement les milieux. 15 à 50 % de la surface des pistes sont ainsi
remodelés avec une modification des dénivelés, un
élargissement des couloirs, la destruction de la
végétation et le retournement du sol. Les équilibres
écologiques qui conditionnent le maintien de la biodiversité sont
bouleversés, les sols s'érodent, les pratiques pastorales sont
modifiées, la qualité esthétique des paysages est
affectée.
Toujours en ce qui concerne l'activité sports d'hiver
et les pistes, on peut soulever le problème des canons à neiges.
Au lieu de s'attaquer au problème du réchauffement climatique,
l'homme préfère réinventer le froid et accentuer la
dégradation du climat. Plus de la moitié des stations de ski en
France sont équipées de canons à neige, soit plus de 40
000 hectares d'enneigement artificiel. Même les glaciers reçoivent
des canons pour implanter le ski sur plusieurs saisons.
Comme nous l'avons vu plus haut, cette pratique entraîne
des conséquences sur l'environnement comme une surconsommation d'eau au
moment où cette eau devient de plus en plus rare. Elle provoque un
risque sur la santé dû à l'utilisation sans contrôle
des additifs chimiques (cristaux d'argent, silice, ou bactérie
irradiées) dans la fabrication de neige artificielle. De plus elle
perturbe le cycle végétal mettant en cause la diversité
biologique et la nature montagnarde.
L'alimentation des canons nécessite aussi de grandes
quantités d'eau, prélevées dans les ressources
superficielle ou souterraines, le réseaux d'eau potable ou les retenues
d'eau artificielles. En hiver, le débit des cours d'eau en montagne est
faible. Il faut donc construire des retenues artificielles qui stockent l'eau
mais qui ont de graves inconvénients. Ces lacs artificiels au fond
recouvert d'une bâche en plastique viennent défigurer et modifier
le paysage. Les questions de sécurité ne doivent pas être
écartées. En cas de rupture, de glissement ou d'éboulement
faisant déborder ces retenues collinaires, les conséquences sur
les villages en aval seraient dramatiques. Certaines retenues contiennent plus
de 300 000 m3 d'eau.
L'enneigement artificiel consomme 4 000 m3 d'eau
à l'hectare alors que le maïs qui est l'une des culture les plus
consommatrices d'eau n'est qu'à 1 700 m3 par hectare! Une
commune de Haute-Savoie a vu une telle dégradation de la qualité
de ses eaux que les prélèvements pour l'enneigement ont du
être stoppés. Quand à une autre, un projet de retenue
collinaire a été bloqué, il aurait privé d'eau les
communes de piémont.
Alors que d'autre pays ont interdit la neige de culture et
qu'il a été reconnu par le fabricant de la protéine
bactérienne que son produit constitue un milieu favorable aux germes
pathogènes, ce procédé est en pleine expansion en France.
Cette neige est également un danger pour les espèces
végétales typiques des milieux montagnards. Elle est
fabriquée avec une eau chargée en nutriment, en matière
organique et en polluant. Plus compacte que la neige naturelle, la neige
artificielle fond moins vite et affecte l'agriculture pastorale (prairies plus
tardives). L'atteinte au paysage peut également être
considérée comme polluante. Les canons à neige d'une
douzaine de mètres de hauteur et dont l'utilité reste le plus
souvent à démontrer s'ajoutent aux équipements existants
et défigurent le paysage à l'année.
La quantité de déchets émis en montagne
augmente et le volume des déchets progresse de 1, 8% Le tonnage des
ordures ménagères par an et par habitant en Haute-Savoie par
exemple, est le double de la moyenne nationale.
Depuis 100 ans, le rail et les câbles sont partis
à la conquête des sommets des Alpes. Durant des décennies,
de nombreuses installations de remontées mécaniques furent
construites : télésiège, téléski,
téléphériques, télécabines... La technique
de transport toujours plus perfectionnée déboucha sur une
véritable euphorie de la desserte de la montagne jusque dans les
années 1970. Toujours plus de sommets et de points de vues furent
aménagés. Le système de remontées mécaniques
constitue une source de pollution importante au niveau de la dégradation
du milieu par la déforestation. On peut également noter la
nuisance sonore et la dégradation du paysage.
L'accès aux destinations touristiques est souvent
entravé par des goulets dans les vallées. La construction de
nouvelles routes qui favorisent la pénétration de
véhicules moteurs, engendre des mécanismes de l'érosion,
détruit des sentiers et segmente l'espace naturel au détriment de
la faune et la flore. L'utilisation systématique de la voiture pour les
courts trajets et le manque de stationnement est à l'origine d'une
grande part de pollution.
La surpopulation saisonnière entraîne une
urbanisation aux différents niveaux d'altitudes, aussi bien par la
création de villes nouvelles à vocation de stations de sport
d'hiver que par la métamorphose d'anciens villages devenant de vastes
nébuleuses de résidences secondaires. Ces pics de population
entraînent des constructions abusives.
2.3 Quelles solutions pour un tourisme doux et une Montagne
à vivre ?
Nous chercherons ici les solutions possibles pour intégrer
la durabilité au tourisme de montagne. Nous illustrerons nos propos par
le projet Butiner en Belledonne et tenterons de comprendre comment valoriser
les ressources existantes pour favoriser un développement local durable
et équitable d'un territoire.
2.3.1 Jeux
d'acteurs et légitimité
La population du massif de Belledonne est
caractérisée par deux types d'habitants. Ceux habitant et
travaillant sur le massif et ceux habitant le massif mais travaillant dans la
vallée ou sur les agglomérations de Grenoble et Chambéry.
Ce sont les communes les plus proches de la vallée qui sont
habitées pour la plus grande partie par des rurbains travaillant dans la
vallée ou sur l'une des deux agglomérations à
proximité.
Les élus de ces communes qui jouissent de la
proximité de la vallée et des agglomérations, n'ont donc
pas à satisfaire les mêmes attentes que ceux des communes plus
enclavées dans le massif. Une différence se fait sentir au niveau
de la conduite politique dans les 2 types de commune. Les maires, qui ne
doivent pas répondre aux mêmes attentes, ont souvent du mal
à se retrouver sur des dossiers communs. Au sein des structures
intercommunales (communauté de communes, associations, Groupe d'Action
local, Syndicat intercommunal...) qui sont multiples et
enchevêtrées, les élus doivent arbitrer les attentes des
uns et des autres et gérer les conflits qui peuvent apparaître. Le
tourisme durable, qui est une manière pour certaines communes de faire
perdurer des activités économiques sur leur territoire, n'a a
priori que peu d'intérêt pour les communes dont la population
travaille en dehors du territoire municipal.
Commune, communauté de communes, syndicat
intercommunal, groupe d'action local..., on retrouve souvent, sur les massifs,
les mêmes élus et personnes clés aux positions
stratégiques de décisions dans les différentes structures.
On ne peut leur reprocher de s'impliquer dans la vie locale, cependant la super
puissance accordée par ces mandats/présidences/... à
certaines personnes sur le massif peut poser problème. En effet,
certaines personnes sont incontournables et ont le pouvoir de décision
très fort. Ils peuvent donc encourager ou exclure un projet.
La motivation des élus vis-à-vis d'un projet est
souvent influencée par les ressources financières de leurs
communes. En effet, les communes à dominante rurbaine ont pour ressource
principale les impôts locaux qui sont plus élevés que sur
les communes à dominante plus rurale. En effet, comme me l'expliquait un
élu de Belledonne lors d'un entretien, la population rurbaine dispose de
moyens financiers plus importants. Les élus des communes qui
perçoivent ces impôts locaux doivent alors répondre
à des demandes et logiques plus urbaines que dans les communes plus
éloignées des agglomérations, notamment en terme de
service à la population et de cadre de vie (écoles,
infrastructures sportives et culturelles...). Les communes à dominante
plus rurale n'ont pas la même capacité financière, elles
sont moins peuplées et les impôts locaux sont moindres, elles ont
donc la nécessité de trouver d'autres ressources, notamment la
taxe professionnelle. Ces communes recherchent donc à maintenir ou
développer les activités économiques présentes sur
leur territoire.
Les élus de ces deux types de commune travaillent
ensemble dans de nombreuses structures intercommunales et leurs
intérêts divergent souvent. Ils ont donc des difficultés
à s'entendre sur les objectifs et priorités à
définir pour ces structures. Les communes à dominante rurbaine
ont un poids plus important en terme de population et de finance que les
communes plus rurales et plus éloignées des
agglomérations. De ce fait, les élus ruraux ont moins de pouvoir
de décision et s'imposent moins dans les négociations. Il en
résulte des décisions prises dans des logiques urbaines avec des
intérêts de satisfaction de la population rurbaine en terme de
services et de cadre de vie. Ainsi, les territoires plus ruraux sont bien
souvent défavorisés dans les structures intercommunales et ne
bénéficient pas toujours des avantages présupposés
de l'intercommunalité.
De plus, le « présidentialisme
municipal » comme on l'évoquait plus haut, ne rend pas la
tache facile. En effet, comme les acteurs rencontrés l'ont souvent
souligné, certains maires ont du mal à accepter les projets dont
ils ne sont pas les protagonistes. Une structure extérieure au massif
comme Mountain Wilderness qui leur propose un projet leur pose problème.
Leur première réaction est donc souvent de rejeter les projets
venant de l'extérieur, ce fut le cas pour Butiner lorsqu'une demande de
subvention leader + fut demandée pour mettre en place le projet sur le
massif. On ne peut que le regretter.
La superposition des échelles administratives et
institutionnelles est source d'une grande incompréhension de la
société civile. En effet, comme le montre le schéma
ci-dessous, les structures sont nombreuses et le citoyen s'y perd.
Figure 26: Les différentes structures
administratives présentent sur le massif de Belledonne et la
vallée du Grésivaudan,
source : www.gresivaudan.com
Savoie (73)
Savoie (73)
Isère (38)
Isère (38)
Le massif de Belledonne :
un territoire d'action complexe tant par sa
géographie que par ses institutions administratives.
Chambéry
L
E
G
E
N
D
E
Massif de Belledonne
Vallée du Grésivaudan
Massif de la Chartreuse
Isère
A 41
Agglomérations
Communauté de Communes des Balcons de Belledonne
Limite départementale
Pays du Grésivaudan
Espace Belledonne
Grenoble
Figure 27 : Le massif de Belledonne :
un territoire d'action complexe tant par sa géographie que par ces
institutions administratives, source : Marie
Jaouen
Une rencontre avec un élu du massif en 2006 a pu nous
éclairer sur l'origine de certains blocages. Le nom anglais de
l'association et ses positions parfois tranchées sur les loisirs
motorisés ou plus souples sur les grands prédateurs n'ont pas
été vus d'un bon oeil par tous les acteurs du massif. En effet,
l'association étant, jusque là, surtout perçue comme
« contre » les projets, certains acteurs du territoire ont
réagi avec méfiance à la proposition de mise en place de
Butiner sur le massif de Belledonne.
Elus, professionnels du tourisme ou non, associations,
techniciens... acteurs du territoire ou non, nombreuses sont les personnes
concernées par un projet. Chacun d'entre eux a des intérêts
précis dans la conduite d'un projet et ceux-ci divergent parfois. Bien
étudier les jeux d'acteurs avant de mettre en place un projet sur un
territoire donné est donc primordial.
Cependant, il est aussi et surtout important de réunir
toutes les catégories d'acteurs (après les avoir
rencontrés individuellement). En effet, il semble que nombre de freins
à la mise en place de Butiner sur le massif de Belledonne soient dus
à une lacune de communication. La démarche de Mountain Wilderness
a très certainement été mal comprise. Plusieurs
catégories d'acteurs ont perçu la démarche comme
déplacée puisqu'elle venait d'un acteur extérieur au
territoire. La méfiance développée par certain est
très certainement issue d'une ignorance ou d'une méconnaissance
des volontés de Mountain Wilderness quant à ce projet. La
mobilisation des acteurs de Belledonne en a légèrement
pâti.
2.3.2 Mobilisation
des acteurs et accompagnement
Les acteurs « directs » du projet ont
été quasi unanimement convaincus par le projet Butiner. En effet,
le projet s'adresse à des petites structures travaillant dans un souci
de durabilité et les valeurs défendues par Butiner était
très généralement en accord avec les pratiques des
prestataires ou producteurs rencontrés.
Les acteurs rencontrés ont souvent souligné le
fait qu'ils étaient prêts à participer au projet dans la
mesure ou celui-ci ne leur demanderait pas une implication trop importante,
notamment au niveau du temps. La réunionite était souvent leur
principale méfiance. Nous avons pris en considération leur
demande et la plupart du travail s'est fait par courrier ou
téléphone. Cependant, si la plupart d'entre eux paraissait
motivée lors des entretiens, il a fallu les relancer de nombreuses fois
ne serait-ce que pour qu'ils rédigent la présentation de leur
activité qui figure sur le site internet.
Il faut également prendre en compte le fait que la
majorité des entretiens réalisés ont eu lieu entre mai et
septembre, période de forte activité pour les prestataires comme
pour les producteurs. Ce travail étant réalisé
essentiellement par les stagiaires et les bénévoles, il ne
pouvait en être autrement. Cela est regrettable puisqu'il s'agit de la
période de l'année où les acteurs sont les moins
disponibles.
Enfin, Butiner en Belledonne est une première
expérimentation en France. Il s'agit donc d'un nouveau concept que tout
le monde ne maîtrise pas. En effet, il est assez difficile de se faire
une idée de ce que cela donne sur le terrain. L'idéal aurait peut
être été de proposer aux acteurs motivés (mais aussi
aux élus et autres personnes intéressées) de rencontrer
quelques prestataires et producteurs participant au projet de MW Suisse
« Butiner au Pays du Mont Blanc » ou pourquoi pas de se
rendre sur place. C'était une demande de certains élus mais
ceux-ci n'étaient paradoxalement pas prêts à subventionner
ce déplacement. Il semble que la proposition de Butiner en Belledonne
même si elle fut longuement explicitée, manquait de concret pour
persuader les acteurs de son intérêt, le manque de moyens
financier en est à l'origine.
2.3.3 Changer
d'approche face aux blocages : du territoire au réseau
Nous traiterons ici de la méthodologie employée
par MW face aux blocages rencontrés lors de la conduite du projet. En
effet, il parait difficile de proposer une solution idéale face aux
blocages puisqu'ils sont selon les territoires et les acteurs très
différents.
Face aux différents blocages rencontrés lors de
la mise en place de Butiner, MW a dû ajuster le projet et la
méthodologie utilisés. En effet, l'ensemble des acteurs
n'étant pas convaincu par le projet, il était important
d'évaluer le travail déjà réalisé et de le
remettre en question avant de poursuivre.
Lors d'un conseil d'administration de MW début juin, la
thématique Montagne à vivre était le point unique à
l'ordre du jour pour l'après midi. Il n'est pas possible de percevoir
des subventions pour un projet déjà en place, c'est en partie
pour cela que le site internet Butiner n'avait pas été mis en
ligne. Comme rien ne permettait d'avoir la certitude que le projet soit
subventionné en 2008, la décision a été prise de
mettre en ligne le site internet Butiner malgré l'absence de
financement. En effet, le travail engagé en 2005 n'avait toujours pas
abouti à une réalisation concrète et les acteurs
étaient en attente de cet aboutissement.
De plus, la mise en ligne de l'offre de Belledonne sur le site
internet Butiner permettra d'appuyer notre discours par un outil
déjà existant et fonctionnel. Il sera alors plus facile de
convaincre et de mobiliser de nouveaux acteurs, sur Belledonne ou ailleurs.
Après longue discussion, il a été
décidé qu'il ne fallait plus attendre l'approbation des
élus pour travailler avec les acteurs directement
intéressés. Il n'était cependant pas envisageable de
mettre les élus de côté. Les relations avec eux ne seraient
donc non plus basées sur de la proposition/approbation mais sur de
l'information. Le travail se fera directement avec les acteurs volontaires sans
attente quelconque d'une prise de position de la part des élus.
Lors d'une séance du groupe de travail Montagne
à vivre fin juin, le nouveau cadre de travail pour le projet Butiner a
été défini. MW valorisera désormais des micros
réseaux d'acteurs déjà existants, sur des territoires
où une réelle volonté de développer le tourisme
doux existe. En effet, il semble que l'existence d'une dynamique entre les
acteurs d'un même territoire soit une condition essentielle à
l'assurance d'une qualité des séjours qui seront proposés
aux touristes.
Suite aux décisions prises, un micro réseau
présent en Chartreuse, dont l'un de nos adhérents fait parti, a
été contacté. Les acteurs concernés, qui ont
déjà l'habitude de travailler en partenariat et d'orienter leurs
clients vers les autres prestataires et producteurs du massif, paraissent
motivés malgré la période à laquelle nous les avons
sollicités.
Le territoire Diois-Trièves fourmille de projets
innovants basés sur un développement durable de l'activité
tourisme. En effet, les acteurs du territoire (élus, habitants,
professionnels du tourisme...) réfléchissent à la mise en
place de projet de type tourisme doux. Un projet de « Vallée
Bio » est en cours d'élaboration. Un autre,
« Paris-Mont Aiguille », ayant pour objectif le pari fou de
faire venir en train des touristes de Paris pour qu'il découvre le
territoire, peu connu du grand public mais déjà bien
identifié par les connaisseurs, du Trièves. Enfin, le projet
« Le Trièves en train » a pour objectif de faire
venir en TER les randonneurs et autres excursionnistes de
l'agglomération grenobloise.
MW a invité autour d'une même table les
différents acteurs de la conception à la promotion touristique du
territoire. Nous avons échangé avec eux sur le projet Butiner et
sa « transposabilité » sur leur territoire. Les
acteurs rencontrés, motivés et dynamiques ont paru très
intéressés. Il a été décidé avec eux
que le rôle de MW sur le Diois-Trièves ne serait pas celui de la
mise en réseau et de la promotion mais plutôt celui d'appui
technique. En effet, MW ayant déjà travaillé sur le projet
Butiner, il parait intéressant pour les acteurs, qui ont en charge la
mise en réseau et la promotion, de bénéficier de
l'expertise de l'association mais aussi de ses outils tels que les grilles
d'évaluation pour mener à bien un projet cohérent et
réussi.
De plus, les acteurs de ce territoire ont sollicité MW
pour travailler sur la clarification de l'offre. En effet, il est aujourd'hui
difficile de déceler dans l'offre globale les projets touristiques
durables. La multiplication des appellations « vertes »,
« nature », etc... ne permet pas aux touristes de
comprendre l'offre. MW pourrait donc entreprendre un travail de communication,
auprès des professionnels du tourisme. La clientèle des pays de
l'Europe du Nord, plus sensibilisée, est attirée par les offres
de tourisme doux. Cependant, les tours opérateurs étrangers ne
sont pas en mesure aujourd'hui de leur présenter de destinations
françaises puisque l'illisibilité brouille les pistes. Cette
clientèle potentielle n'est pas encore réellement
exploitée malgré ses attentes claires en terme de tourisme
durable. Un gros travail d'information est donc nécessaire. Il ne s'agit
pour l'instant que d'une demande de la part des acteurs du Diois-Trièves
mais elle a le mérite de mettre le doigt sur un point à traiter.
L'association, si elle en a les moyens (financiers et humains) pourrait donc
jouer ce rôle de médiateur entre les prestataires locaux et la
clientèle.
Le projet Butiner en Belledonne a rencontré de nombreux
obstacles lors de sa mise en place. Deux ans après son lancement,
l'aboutissement est proche puisque le site internet mettant en valeur l'offre
des acteurs du tourisme doux du massif de Belledonne sera mis en ligne avant
janvier 2008. Il s'agit de la première réalisation
concrète et c'est avec soulagement que MW s'apprête à
officialiser le lancement du site. Cet outil fonctionnel et esthétique
est le fruit du travail d'un salarié, de 3 stagiaires et de nombreux
bénévoles qui ne se sont pas laissés décourager
face aux contraintes du territoire et de ses acteurs.
L'association, qui a choisi un territoire très complexe
pour une première expérimentation, est désormais
prête à continuer l'aventure. La finalisation de Butiner en
Belledonne à peine terminée, nous avons déjà
entrepris des démarches sur deux autres massifs. Après un bilan
et une analyse des problèmes rencontrés, l'expertise acquise
permettra à MW d'améliorer les prochaines réalisations.
Cependant, le manque de moyens financiers pour soutenir ce projet innovant
reste un problème important. Il faut espérer que les financeurs
souhaiteront encourager MW dans son action sur d'autres massifs après
avoir pris connaissance de cette première réalisation sur
Belledonne.
Conclusion
L'association nationale de protection de la montagne
française Mountain Wilderness est une structure engagée et
reconnue. Parmi les nombreuses actions en faveur de la sauvegarde de la
montagne, la thématique Montagne à vivre tient une grande place.
Dans ce cadre, l'association a entrepris en 2005 l'expérimentation de la
mise en place d'un projet de tourisme doux dans le massif de Belledonne.
Ce projet nommé Butiner, dont l'objectif est la mise en
réseau et la valorisation des acteurs du tourisme doux, est
intéressant par sa philosophie et ces principes. En effet, son objet
porte sur le développement économique local, la mise en oeuvre et
l'insertion sociale, la défense de la culture et de l'identité
locale ainsi que la préservation et la mise en valeur de
l'environnement.
Butiner se concrétise cette année par la mise en
ligne d'un site internet dédié à la valorisation de
l'offre de tourisme doux présente sur le massif de Belledonne. Ce projet
illustre très bien la question globale de la prise en compte de la
durabilité touristique dans les montagnes françaises.
Ces dernières disposent d'un cadre réglementaire
particulier avec notamment la loi montagne tandis que le tourisme durable
constitue, lui, une véritable lacune dans la législation
française.
De nombreuses institutions détiennent des
compétences en terme de montagne et de tourisme à
différents niveaux, mais une grande illisibilité
règne sur cet enchevêtrement des structures.
Au cours des cinquante dernières années, le
tourisme de montagne a connu un développement effréné mais
aujourd'hui les clients changent et la saturation du marché contraint
les professionnels à s'adapter à leurs demandes.
L'aménagement excessif des montagnes pose aujourd'hui des
problèmes de foncier et l'échelle communale ne semble plus
appropriée pour les gérer. De plus, les temporalités du
politique et de l'économique, le jeu électoral et la
compétition politique, le type de conduite politique exercé par
les maires ainsi que l'expertise de l'institution communale impliquent
très souvent soit une inertie politique, soit une prise de
décision dans l'urgence sans réflexion préalable sur le
long terme. En outre, les projets touristiques démontrent une
réelle incapacité des élus à se
fédérer autour d'objectifs communs. Enfin, il apparaît
nécessaire de prendre en compte les attentes de la société
civile et de s'appuyer sur les professionnels, ce qui n'est que trop rarement
le cas lorsque les décisions relatives au tourisme sont prises en
montagne. Les dérèglements et réchauffements climatiques
ne font qu'ajouter de nouvelles incertitudes aux difficultés
déjà énoncées qui se posent pour l'avenir durable
du tourisme de montagne.
La mise en place du projet Butiner sur Belledonne nous a
permis de comprendre que la connaissance et la maîtrise des jeux
d'acteurs en place sur un territoire sont nécessaires et essentielles
à l'appropriation et au bon fonctionnement sur le long terme des projets
engagés.
Il faut néanmoins attacher une grande importance
à la mobilisation et à l'accompagnement des acteurs qui ne sont
pas encore familiarisés avec ce type de démarche. Il semble que
les initiatives exemplaires déjà existantes doivent être
bien comprises par les acteurs d'un territoire avant d'envisager de les
transposer.
Enfin, il semble tout aussi essentiel de prendre en compte les
spécificités et dynamiques territoriales locales pour adapter et
ajuster un projet. En effet, d'un territoire à l'autre, les enjeux sont
différents et il faut prendre cette dimension en compte afin d'assurer
une durabilité aux projets touristiques mis en place.
Le projet Butiner, première expérimentation
française du tourisme doux en montagne a rencontré de nombreuses
difficultés lors de sa mise en place sur Belledonne, un territoire
complexe. Il semble qu'aujourd'hui, les enseignements tirés de cette
première expérience permettront de développement ce
concept sur des territoires appropriés aux acteurs volontaires. Le
projet Butiner est un élément de référence vers
lequel tous les projets touristiques de montagne devraient s'orienter.
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- World Tourism Organisation, Agenda 21 de
l'industrie du voyage et du tourisme, 1997
Table des illustrations
Images
Image 1 : Logo de l'association,
source : MW
Image 2 : Le ski de randonnée, une
manière de côtoyer la wilderness subjective dans des coins de
montagne pouvant être très fréquenter en
été, source : Aurélien Dautrey
Image 3 : Revue n° 62 de MW,
source : MW
Image 4 : Bannière Mobilité
Douce, source : MW
Image 5 : Affiche Journée de la
Mobilité douce en Montagne, source : MW
Image 6 : Cordée,
source : MW
Image 7 : Affiche concours Changer
d'approche !, source : MW
Image 8 : Document de sensibilisation sur
l'enneigement artificiel, source : MW
Image 9 : Campagne silence sur
Internet, source : MW
Image 10 : Document de sensibilisation sur
les loisirs motorisés, source : MW
Image 11 : Document de sensibilisation
Installations Obsolètes, source : MW
Image 12 : Nettoyage du Mercantour en Juillet
2007, source : A. Dautrey
Image 13 : Bannière site internet
Butiner, source : MW
Image 14 : Affiche Table ronde Espaces
protégés, source : MW
Image 15 : Carmen Grasmick,
source : MW
Image 16 : Vincent Neirinck,
source : MW
Image 17 : Aurélien Dautrey,
source : MW
Image 18 : Les garants internationaux de
MW, source : MW
Image 19 : Manifestation pour la protection
internationale du Mont Blanc - août 1998, source : MW
Image 20: Brochure Butiner au Pays du Mont Blanc
édité en 2004 par MW Suisse, source : MW
Suisse Image 21 : Site internet du projet Butiner,
un outil fonctionnel et esthétique, source :
MW Image 22: Les zones de montagne et de massif en
France, Sources : INSEE - CEMAGREF Image
23 : Le réchauffement global dans les Alpes,
source : Chappatte.
Figures
Figure 1 : Compte de résultat MW
France - 2006
Figure 2 : Subventions publiques
perçues en 2006
Figure 3 : Population et superficie des
différents massifs français, Source : SDT
2001
Figure 4 : Part de l'espace montagne dans les
nuitées totales des Français, Source : direction du
Tourisme, SDT Figure 5: Les taux de
départ des Français en 2005/2006,
Source : direction du Tourisme Figure 6
: Répartition des nuitées des Français selon
le type d'hébergement, Source : SDT 2001
Figure 7 : Répartition des
nuitées des Français par mode de transport, Source : SDT
2003 Figure 8 : Les activités pratiquées
lors du séjour, Source : SDT 2003 Figure 9
: Part des différents massifs dans les nuitées des
Français, Source : SDT 2001
Figure 10 : Poids économique du
tourisme en France, Source : direction du Tourisme, comptes du
tourisme
Figure 11 : Estimation de la consommation
intérieure liée au tourisme de montagne en 2005, Sources
: direction du Tourisme - ODIT France. Figure 12 :
emploi total en 1999, Source : INSEE, recensement de la
population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de
travail Figure 13: Nombre d'emplois pour 1000 habitants
en 1999, Source : INSEE, recensement de la
population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de
travail Figure 14 : Evolution de l'emploi total
entre 1990 et 1999, Source : INSEE, recensement de la population
de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail et recensement
de la population de 1990 - sondage au quart - lieu de
travail Figure 15 : Part de l'emploi des
activités caractéristiques du tourisme dans l'emploi total
(1999), Source : INSEE, recensement de la population de 1999 -
exploitation complémentaire - lieu de travail Figure 16
: Emploi salarié dans les activités
caractéristiques du tourisme au cours de l'année 2001,
Source : DADS 2001 - Traitement INSEE
Figure 17 : La capacité d'accueil
touristique de la zone de montagne, Sources : INSEE, IC 98, SNRT,
RGP99 Figure 18 : La capacité
d'accueil touristique des communes support de stations , Sources :
INSEE, IC 98, SNRT, RGP99 Figure 19 : Nombre
de jours par saison avec neige au sol au Col de porte, Source :
Météo France - CNRM/CEN Figure 20 :
Cumul par hiver des épaisseurs de neige fraîche entre 1896
et 2003 au mont Aigoual, Sources : Météo France -
Station du mont Aigoual Figure 21 : La situation
actuelle, Source : Météo France -
CNRM/CEN Figure 22: La situation future (T +1,8°C),
Source : Météo France - CNRM/CEN
Figure 23 : Evolution du chiffre d'affaires
des remontées mécaniques par massif, Source :
exploitants de remontées mécaniques, SNTF32(*), traitement ODIT
France
Figure 24 : Les départs en vacances
des Français dans l'année selon le type de destination (en
millions de séjours), source : ministère
chargé du Tourisme, Enquête « Suivi de la demande
touristique », 2005.
Figure 25: Les modes de transport
utilisés par les Français pour se rendre sur leur lieu de
vacances (séjours en France), source :
ministère chargé du Tourisme - Sofres, Enquête "Suivi des
déplacements touristiques des Français", 2005
Figure 26: Les différentes structures
administratives présentent sur le massif de Belledonne et la
vallée du Grésivaudan, source :
www.gresivaudan.com
Figure 27 : Le massif de Belledonne : un
territoire d'action complexe tant par sa géographie que par ces
institutions administratives, source : Marie
Jaouen
Annexes
Annexe 1 :Thèses de Biella
............................................................................102
Annexe 2 : Guide d'entretiens et grilles
d'évaluation.............................................106Annexe
1 : Thèses de Biella
Les thèses de Biella : un texte
fondateur pour une approche moderne de la montagne
1 - La notion de wilderness
1.1 - La
notion de wilderness, nom féminin traduisible par "nature sauvage non
transformée par des activités humaines" doit intégrer des
facteurs psychologiques et éthiques.
1.2 - Par wilderness de
montagne, on entend cet environnement d'altitude non contaminé,
où tous ceux qui en éprouvent vraiment la nécessité
intérieure peuvent encore faire l'expérience d'une rencontre
directe avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté
la solitude, les silences, les rythmes, les dimensions, les lois naturelles et
les dangers. La qualité de la wilderness réside donc avant tout
dans sa capacité potentielle à permettre un rapport
créatif entre l'homme civilisé et l'environnement naturel. C'est
le degré d'authenticité de ce rapport qui donne un sens non
éphémère à l'aventure.
1.3 - Parce qu'elle
implique une remise en cause totale, l'expérience de la wilderness
revêt une importance particulière dans les sociétés
complexes et morcelées, où vivent la majorité des
alpinistes. Elle peut en effet provoquer une réaction vitale face aux
contraintes d'un système qui vise à affadir de plus en plus
l'être humain, à restreindre sa responsabilité, à
rendre prévisibles et manoeuvrables ses comportements et ses besoins,
à limiter son autonomie dans le domaine de la décision et de
l'émotion.
1.4 - En conséquence, il est d'une importance
fondamentale de prendre pleinement conscience des innombrables liens qui
s'établissent entre les valeurs écologiques et les valeurs
éthiques, esthétiques ou du comportement.
2 -
Dégradation de la wilderness et
responsabilité
2.1 - La communauté des
alpinistes, et les associations dans lesquelles ils se reconnaissent, ont des
responsabilités historiques précises dans la dégradation
de la wilderness de montagne, dans les Alpes comme dans le reste du monde. Une
responsabilité qui, pour avoir été le plus souvent
indirecte ou involontaire, n'en est pas moins condamnable.
L'indifférence, l'ignorance, la non-sensibilisation, ne sont en aucun
cas justifiables.
2.2 - Le désir, théoriquement
compréhensible, d'amener le plus grand nombre à la pratique de la
montagne, en en facilitant l'approche, a souvent amorcé un processus de
" civilisation " exagérée. Pour faire face à la demande
croissante qui en découle, on a eu recours à l'implantation de
nouveaux refuges, à l'agrandissement progressif de ceux qui existaient,
à la mise en oeuvre de parcours " câblés " et d'autres
incitations à la consommation. Mais cette politique présente de
graves erreurs de jugement. En effet, elle ne tient pas compte du facteur
wilderness, et de la solitude qui la caractérise, en tant que pivot
indispensable de la valeur de l'alpinisme. Nous pensons que la construction et
la capacité des refuges ne doivent pas être
déterminées par la demande des utilisateurs potentiels, mais
doivent dépendre du nombre de personnes que l'environnement naturel peut
supporter sans perdre son sens. Refuges et bivouacs fixes ne devraient en aucun
cas être situés le long des itinéraires de montée,
ni à proximité des sommets, ni en tous cas dans des emplacements
qui puissent porter préjudice à la grandeur sauvage et la valeur
symbolique de l'environnement.
2.3 - La wilderness est aussi gravement
compromise par la pénétration des transports mécaniques.
La communauté des alpinistes confirme avec force son opposition à
la prolifération incontrôlée du ski de piste, avec ses
infrastructures lourdes et spéculatives, et la pauvreté
culturelle qu'il véhicule. Une réglementation rigoureuse des
sports d'hiver, sur une base nationale et internationale, doit être
considérée comme une nécessité urgente. En outre,
il faut interdire d'une part l'utilisation des moyens aériens pour
déposer touristes et skieurs en altitude, d'autre part la construction
de nouvelles installations de remontées mécaniques qui rejoignent
des sommets, des glaciers, des cols, pour relier des vallées, ou qui
peuvent de quelque manière dégrader l'attrait du cadre et
diminuer l'engagement de l'alpiniste, dans les régions qu'elles
toucheraient.
2.4 - Même des interventions qui, d'un strict point
de vue écologique ou esthétique, causent un impact sur
l'environnement de peu d'importance, peuvent se révéler
dangereuses parce qu'elles altèrent, limitent ou réduisent la
richesse des expériences possibles. Il suffit d'une suite de cordes
fixes abandonnées pour priver une paroi de son sens. En outre, se
développent de plus en plus des conceptions de la montagne qui, si elles
ne portent pas directement préjudice à l'intégrité
de l'environnement, diffusent de fait, par leur caractère à
prédominance de spectacle et de consommation, des messages ambigus, et
favorisent l'affirmation d'une mentalité tendant à
considérer la montagne comme un simple support d'activités
sportives, récréatives et touristiques.
2.5 - Il faudrait
aussi commencer à s'interroger sur les atteintes au sens profond de la
wilderness causées par les descriptions techniques excessivement
détaillées, qui tendent à réduire
considérablement la possibilité de la découverte et les
satisfactions incomparables qu'elle procure.
2.6 - La pollution des
consciences est moins visible que la pollution des déchets, mais elle
n'est pas pour cela moins nuisible. Il s'ensuit qu'une lourde
responsabilité incombe aux alpinistes, surtout ceux qui, par leurs
entreprises, ont acquis dans le public des initiés un certain prestige.
Leur comportement sera pris comme modèle ; leur exemple va être
suivi. Inutile donc de prêcher la valeur formatrice de l `aventure en
montagne, ou de souscrire à des manifestes pour la défense de la
wilderness, si ensuite on renonce à agir avec une cohérence
absolue lorsque entrent en jeu le succès personnel, l'esprit de
compétition ou d'autres enjeux sportifs ou économiques. Certes,
aucun alpiniste ne peut s'arroger le droit de juger de l'extérieur les
motivations intérieures des autres alpinistes, ni critiquer leurs choix
sur la base de libres règles du jeu, acceptées comme des limites
morales. Toutefois, il est trop évident que la crédibilité
du camp de la défense de la qualité de l'environnement
dépendra totalement de notre cohérence.
2.7 -
Malheureusement, cette cohérence a été jusqu'alors
démentie par le comportement de nombreuses expéditions en
Himalaya ou dans les Andes. La responsabilité de la dégradation
de la wilderness dans ces lieux exceptionnels retombe entièrement sur
les alpinistes. Et même sur les meilleurs d'entre eux. C'est donc
à la communauté des alpinistes que revient la tâche de
formuler un code de comportement rigoureux, et de faire en sorte qu'il soit
respecté.
2.8 - Dans un tel contexte, il faut considérer
comme une faute grave l'abandon des camps d'altitude et des cordes fixes, de
même que l'abandon ou le simple enterrement des déchets solides.
Même lorsqu'on est contraint à cela par des situations
imprévisibles, chacun devra ensuite s'efforcer d'effacer la moindre
trace de son passage.
2.9 - Dans les régions de montagne au
climat aride, et en tout cas au-delà des dernières installations
humaines, les expéditions devront absolument éviter d'utiliser du
bois de chauffage recueilli sur place. Le passage répété
de nombreuses caravanes cause la désertification des hautes
vallées et l'appauvrissement d'un manteau végétal
précieux, qui à de telles altitudes, pousse avec une
extrême lenteur. Un seul repas peut provoquer la disparition de dizaines
et de dizaines d'arbustes, très petits mais parfois
centenaires.
3 - Wilderness et populations de
montagne
3.1 - Le passage répété des
grandes expéditions, suivi des groupes de trekking, est en train de
provoquer des transformations profondes chez les populations locales, dans leur
niveau de bien-être matériel, dans leurs mentalités, dans
leurs cultures traditionnelles. Il n'est pas simple d'évaluer la
quantité de positif et la quantité de négatif que
contiennent ces transformations, puisque les avis des experts sont
partagés là-dessus. De toute façon, il semble raisonnable
de considérer que ces flux importants de liquidités et de biens
matériels, auxquels accèdent plus facilement les jeunes, peuvent
produire une déstabilisation en introduisant des critères
typiquement " occidentaux ", dans des groupes sociaux qui ne sont pas du tout
préparés à les interpréter correctement ; en outre,
un éventuel et toujours possible détournement de ces flux vers
d'autres objectifs expose à de graves problèmes les populations
locales, dans ce cas déshabituées à survivre en utilisant
les seules méthodes traditionnelles. A cela s'ajoute l'insuffisante
préparation socio-historique de la majorité des alpinistes et par
là même leur difficulté à sortir des
catégories de jugement " eurocentristes ", pour accepter la
diversité et là respecter même lorsqu'elle peut
paraître incompréhensible. Il est hautement souhaitable que le
débat sur de telles questions s'élargisse en acquérant de
la profondeur. Personne ne doit rester indifférent au fait que son
comportement puisse avoir causé, ou cause, une dégradation
éthique, sociale ou culturelle d'autres populations, ou avoir, avec trop
de légèreté, déstabilisé la vie d'autres
hommes.
3.2 - Il apparaît trop complexe, dans ce cadre, de traiter
d'une manière crédible et complète le problème des
rapports entre l'alpinisme et les populations de montagne. Toutefois, ce
problème existe ; la communauté des alpinistes doit se
préparer à l'affronter.
4 -
Stratégie
4.1 - Il serait inexact d'affirmer que
rien n'a été fait, jusqu'à aujourd'hui, par les alpinistes
et les associations d'alpinisme, pour défendre la wilderness de
montagne. Cependant, les initiatives de ce type ont eu des effets concrets
assez limités.
4.2 - Il est temps de faire un pas en avant
décisif. Les alpinistes du monde entier, réunis au congrès
Mountain Wilderness à Biella, veulent créer un mouvement
organisé sur un type nouveau, capable d'élaborer des
stratégies courageuses, anticonformistes et efficaces pour
défendre ou récupérer les derniers espaces libres de la
planète. Cette stratégie doit prévoir le recours
systématique à des actions concrètes, même à
travers l'usage de la provocation utopique, pour stimuler
l'élévation du niveau de conscience " écologique " d'un
nombre toujours croissant d'usagers de la montagne.
4.3 - Le mouvement
né à Biella prend le nom de Mountain Wilderness et a un
caractère international. Son siège central est établi en
Italie pour les années 1988-1989. Le congrès a élu 21
garants auxquels revient la tâche de construire le mouvement en
élaborant des statuts, de nommer les responsables de son fonctionnement
pratique, et de faire en sorte que les objectifs ponctuels soient poursuivis et
atteints. Les 21 garants sont élus pour une période de 2
ans.
5 - Objectifs à court et moyen terme du
mouvement Mountain Wilderness
5.1 - Le mouvement doit agir en
direction des associations qui se préoccupent d'alpinisme et de
protection de la nature dans tous les pays afin de :
· Promouvoir
une réforme de la culture alpine dans l'esprit de la wilderness (contre
la commercialisation, le prosélytisme discriminatoire, pour la
sensibilisation des jeunes dans le cadre de l'école, pour la formation
d'une culture écologique chez les guides, instructeurs d'alpinisme,
organisateurs de trekking).
· Rendre plus intense et efficace
l'action pour la protection de l'environnement menée par ces
associations, en intervenant lorsque celles-ci sont disposées à
projeter ou à accepter des initiatives conformes à l'esprit de la
wilderness.
5.2 - La partie la plus importante de l'activité du
mouvement doit être celle des propositions et des incitations comme
:
· Elaborer le concept, étudier la fiabilité et
promouvoir la création de parcs ou de zones protégées,
dans celles des régions de montagne où il est encore possible de
sauver ou de rétablir la wilderness : Parc International du Mont-Blanc,
parc national des Hohe Tauern, diverses zones intactes ou
récupérables dans les Dolomites...
· Encourager le
développement de l'alpinisme extra européen en style alpin
(expéditions légères et ultra légères) ;
recommander aux gouvernements locaux l'adoption de mesures
sévères face à un comportement inacceptable des
expéditions et des trekkings, en particulier comportant l'obligation de
redescendre les déchets en un lieu déterminé.
5.3 -
Le mouvement doit inscrire dans le cadre de son action permanente des
initiatives à caractère symbolique :
·
Démonter ou empêcher la construction des installations fixes
incompatibles avec la wilderness, comme la télécabine de la
Vallée Blanche, le circuit skieur du Pelmo, les remontées du
glacier de Chavière (Vanoise), le complexe touristique du Salève,
les via ferrata... En particulier, le mouvement a l'intention de commencer son
activité par une action hautement significative, investissant toute son
énergie pour obtenir le démontage complet de la
télécabine de la Vallée Blanche, dans la chaîne du
Mont-Blanc.
· Encourager l'organisation d'une expédition
incluant dans ses objectifs le rétablissement d'une situation
écologique notoirement détériorée (Col Sud de
l'Everest, Eperon des Abruzzes au K2...).
5.4 - Le mouvement doit
veiller à ce que les gouvernements et les organisations internationales
soient informés de ses initiatives au niveau approprié, pour
obtenir les interventions nécessaires. En particulier, à
l'initiative des gouvernements et administrations régionales, doivent
être mis sur pieds des projets de lois concernant la
réglementation rigoureuse du trafic motorisé en montagne (avions
et hélicoptères, 4X4 et trials, scooters, ULM...),
accompagnées de moyens de contrôle et de sanctions
adéquates.
6 - Conclusion
La
défense des espaces sauvages est aujourd'hui plus urgente que jamais.
Pour cette raison, le congrès de Biella s'est fixé des objectifs
concrets immédiats. Mais cette rencontre a aussi provoqué une
nouvelle prise de conscience : la défense de la montagne n'est que l'un
des aspects de la défense de la wilderness, au niveau mondial. Il est
donc nécessaire d'unir les forces de tous les mouvements qui ont pour
but la défense des déserts, des mers, des forêts, des sites
montagneux et des calottes glaciaires ; défense qui doit impliquer
l'abandon des exercices militaires destructeurs, des expériences
nucléaires et du stockage des déchets radioactifs. Les montagnes
font encore partie des sites sauvages de la Terre, et à ce titre
appartiennent au patrimoine culturel de tous les hommes.
Biella, le 1er
novembre 1987
Mountain Wilderness France
Annexes 2 : Grilles
d'évaluation et guide d'entretien pour le projet Butiner
Les critères pour « Butiner »
5 thématiques :
le respect de l'environnement et de la nature
la qualité de l'accueil, des relations humaines, de
l'échange
le régionalisme
l'authenticité
la satisfaction au niveau des 5 sens
4 grilles de lecture en fonction du type d'activité
proposé :
hébergement et restauration
alimentation (restauration sur place et vente directe)
activités de pleine nature (organisation et
encadrement)
découverte du patrimoine naturel et culturel
3 « domaines » de critères :
ceux relativement concrets pouvant être notés de 1
à 4 (1=très mauvais, 2=acceptable, 3=bien, 4=très bien)
ceux plus subjectifs en rapport avec le ressenti (au niveau de
l'accueil, de l'ambiance, de l'authenticité), que l'on peut aussi
qualifier de 1 à 4. Même si les notions prises en compte sont
subjectives, elles peuvent être quand même quantifiables (du point
de vue de l'enquêteur) nécessité de
« briefer » les enquêteurs pour que les avis partent
d'une base homagène.
1 véto : 1 ou plusieurs raisons qui font que l'acteur
ne peut être inclut dans la plaquette. Il sera exprimé en fin de
fiche.
Quels vétos ?
Les vétos seront à voir au cas par cas après
avoir rencontré les acteurs. Seulement, en y faisant
référence dès maintenant, on s'assure de pouvoir ne pas
intégrer un acteur qui dans l'ensemble correspond relativement bien
à ce que l'on recherche, mais qui, même sur un seul point, a
quelque chose d'incompatible avec le projet ou l'éthique MW.
Exemples :
aucune sensibilité vis-à-vis de l'environnement
pratique de loisirs motorisés
l'argent gagné par rapport à l'activité mise
en place ne reste pas sur le territoire
mauvaise architecture ? ou mauvaise intégration
paysagère du bâti ?
structures sympas mais en plein coeur de station ?
activité pratiquée avec beaucoup de touristes et
rapidement, à la chaîne ?
... ? ? ?
pas d'activités interdites à priori ; il
s'agit de voir comment l'acteur les met en place et pourquoi.
Méthodologie à employer lors de la conduite
des entretiens :
La visite sera plus de l'ordre de l'entretien semi-directif, et
même de la rencontre, que du questionnaire. Il est important de
présenter la visite comme une rencontre pour connaître
l'activité de l'acteur et non comme une évaluation.
Eventuellement, il pourrait être mieux de ne pas sortir la grille, mais
de l'avoir noté sur un cahier de manière à ce qu'elle soit
moins apparente. Il serait intéressant de l'avoir relativement bien en
tête. Il est important de prendre son temps.
Il ne faut pas « faire peur » à
l'acteur, il faut que ce soit détendu. Pas de questions trop
précises ?
A la suite de chaque entretien, il sera important de prendre le
temps d'écrire toutes les informations recueillies ainsi que tout le
ressenti. Le volet subjectif est important et à prendre en compte.
Déroulement de l'entretien :
Présentation de MW
Présentation de « Butiner »
Demander à l'acteur de se présenter et de
présenter son activité, sa structure, ce qui nous permet de
dégager un certain nombre d'éléments utiles à notre
quête. Ensuite, lui poser les questions nous permettant d'affiner.
Demander s'il est possible de visiter
Demander aux acteurs ce qu'ils pensent du nom
« Butiner » et s'ils ont des remarques sur la brochure et
le projet.
Terminer en lui demandant s'il ne connaît pas d'autres
acteurs, initiatives, lieux, sentiers,... notamment accessibles en transports
en commun.
Demander aussi s'il est possible de faire quelques
photos :
utiles pour mieux resituer la structure par la suite,
utiles pour que les personnes non présentes puissent se
faire une idée,
utiles à la constitution d'une banque d'images Montagne
à vivre.
Grille de lecture
hébergement/restauration :
Date de rencontre :
Nom de l'enquêteur :
Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site
web), horaires et période d'ouverture :
Activités proposées, produits à
vendre :
Situation de la structure :
à l'intérieur ou à l'extérieur d'un
village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de
randonnées, ... :
possibilité d'accéder à la structure en
transports en commun
Environnement :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Le lieu
Le bâti suivant les matériaux utilisés
(ressources locales, comme le bois ou la pierre,... ou non
Intégration paysagère du bâti
Jardin avec plantes locales
|
|
|
|
|
|
Fonctionnement de la structure, au niveau de
la gestion de l'eau,
la gestion des déchets, (tri, compost,
...)
l'utilisation de l'énergie (solaire, bois,
économie, ...)
|
|
|
|
|
|
Présence de documentation en lien avec la nature
|
|
|
|
|
|
LA PRODUCTION / LA RESTAURATION
Production et cuisine les plus biologiques
possibles
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|
|
|
|
|
Techniques de production respectueuses de
l'environnement
|
|
|
|
|
|
Quantités produites?
|
|
|
|
|
|
L'ACTEUR
Connaissance du milieu naturel de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Sensibilité de l'acteur vis-à-vis de
l'environnement et du milieu
|
|
|
|
|
|
Sensibilisation à l'environnement développée
par l'acteur vis-à-vis des touristes
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Qualité de l'accueil, des relations humaines et de
l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Disponibilité de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Convivialité, chaleur de l'accueil
|
|
|
|
|
|
Partage et échanges
|
|
|
|
|
|
Ecoute, intérêt et respect pour les gens
accueillis
|
|
|
|
|
|
Dynamisme, enthousiasme de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Capacité à transmettre
|
|
|
|
|
|
Structure adaptée à l'accueil de
personnes handicapées (visuels, auditifs, mental et
fauteuil)
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Régionalisme : L'argent reste t-il sur le
territoire ?
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
L'acteur connaît-il bien le territoire ?
|
|
|
|
|
|
Capacité à faire découvrir et
à valoriser le territoire et son histoire :
(soit lui même ou en dirigeant sur d'autres
professionnels
Utilisation, fabrication, valorisation de produits locaux
Recettes traditionnelles
|
|
|
|
|
|
Lien de l'acteur avec le territoire
Travail avec d'autres acteurs du territoire ?
Acteur impliqué dans le développement local de
la région ?
Les employés sont-ils des locaux ?
|
|
|
|
|
|
Présence de documentation sur la région
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
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Authenticité :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
|
|
|
|
|
|
Satisfaction au niveau des 5 sens :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Intérieur agréable (à voir et à
rester) (Pièces chaleureuses ? mobilier,...
extérieur agréable (à voir et à
rester)
extérieur bien entretenu,... ?)
|
|
|
|
|
|
Calme
intérieur et
extérieur
|
|
|
|
|
|
Les produits goût, présentation, ...
Produits et plats bons à manger
Produits et plats bien mis en valeur
Bonne variété et diversité de produits
offerte goût
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
Véto ?
Remarques :
Grille de lecture production
alimentaire :
Date de rencontre :
Nom de l'enquêteur :
Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site
web), horaires et période d'ouverture
Présentation de la structure, des activités
proposées et des produits à vendre :
Situation de la structure :
à l'intérieur ou à l'extérieur d'un
village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de
randonnées, ... :
possibilité d'accéder à la structure en
transports en commun ?
Environnement :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Production la plus biologique
possible
|
|
|
|
|
|
Techniques de production respectueuses de
l'environnement
|
|
|
|
|
|
Quantités produites
|
|
|
|
|
|
Fonctionnement de la structure, au niveau de
la gestion de l'eau,
la gestion des déchets, (tri, compost,
...)
l'utilisation de l'énergie (solaire, bois,
économie, ...),
le traitement des eaux usées et
blanches
|
|
|
|
|
|
Sensibilité à l'environnement de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Qualité de l'accueil, des relations humaines et de
l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Disponibilité de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Convivialité, chaleur de l'accueil
|
|
|
|
|
|
Partage et échanges
|
|
|
|
|
|
Ecoute, Intérêt et respect pour les gens
accueillis
|
|
|
|
|
|
Dynamisme, enthousiasme de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Capacité à transmettre
|
|
|
|
|
|
Structure adaptée à l'accueil de
personnes handicapées (visuel, auditif, mental,
fauteuils
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Régionalisme :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
L'acteur connaît le territoire
|
|
|
|
|
|
Utilisation et valorisation d'espèces de
variétés locales, de produits de saison ;
Fabrication de produits du terroir
Recettes traditionnelles,...
|
|
|
|
|
|
Capacité à faire découvrir le territoire
|
|
|
|
|
|
Lien de l'acteur avec le territoire
Travail avec d'autres acteurs du territoire ?
Acteur impliqué dans le développement local de
la région ?
Les employés sont-ils des locaux ?
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Authenticité :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
|
|
|
|
|
|
Satisfaction au niveau des 5 sens :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Produits et plats bons à
manger
Bonne variété et diversité de
produits offerte goût
Produits et plats bien mis en valeur (emballage -
respectueux de l'environnement - et présentation)
|
|
|
|
|
|
Ambiance de consommation, lieu de restauration et de vente
situé dans un cadre agréable
Calme intérieur et extérieur
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
Véto ?
Remarques :
Grille de lecture activités de pleine
nature :
Date de rencontre :
Nom de l'enquêteur :
Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site
web), horaires et période d'ouverture
Présentation de la structure et des activités
proposées :
Situation de la structure :
à l'intérieur ou à l'extérieur d'un
village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de
randonnées, ... :
possibilité d'accéder à la structure en
transports en commun ?
Environnement :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Connaissance du milieu naturel
|
|
|
|
|
|
Type et diversité d'activités
proposées / avec ou sans pédagogie à
l'environnement
|
|
|
|
|
|
Sensibilité de l'acteur vis-à-vis de
l'environnement
(manière de pratiquer les activités et
matériel utilisé)
|
|
|
|
|
|
Mode de déplacement
utilisé
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Qualité de l'accueil, des relations humaines et de
l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Disponibilité de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Convivialité, chaleur de l'accueil
|
|
|
|
|
|
Partage et échanges
|
|
|
|
|
|
Ecoute, Intérêt et respect pour les gens
accueillis
|
|
|
|
|
|
Dynamisme, enthousiasme de l'acteur
|
|
|
|
|
|
Capacité à transmettre
|
|
|
|
|
|
Organisation, réactivité, encadrement,
sécurité
|
|
|
|
|
|
Accueil de personnes
handicapées ?
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Régionalisme :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Activité proposée dans le massif
|
|
|
|
|
|
Connaissance du territoire, de son histoire, du
patrimoine culturel local
|
|
|
|
|
|
Capacité à faire découvrir le territoire
|
|
|
|
|
|
Lien de l'acteur avec le territoire
Travail avec d'autres acteurs du
territoire ?
Acteur impliqué dans le développement
local de la région ?
Les employés sont-ils des
locaux ?
|
|
|
|
|
|
Si utilisation de produits alimentaires, utilisation
de produits locaux
|
|
|
|
|
|
Autres :
|
|
|
|
|
|
Authenticité :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
Activités qui permettent de découvrir des
choses authentiques,
Activités qui amènent les touristes à
découvrir le mode de vie des habitants du massif,
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
Satisfaction au niveau des 5 sens :
Critères
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Commentaires
|
La découverte du patrimoine naturel et culturel peut
susciter :
des choses à voir,
des produits à manger
des sons à entendre
des odeurs à sentir
des efforts à faire
|
|
|
|
|
|
Autres
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Véto ?
pas de tourisme de masse dans le sens : groupe nombreux et
où les gens n'ont pas le temps d'en profiter
Remarques :
Grille de lecture patrimoine naturel, culturel et
industriel :
Date de rencontre :
Nom de l'enquêteur :
Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site
web), horaires et périodes d'ouverture
Présentation de la structure et des activités
proposées :
Situation de la structure :
à l'intérieur ou à l'extérieur d'un
village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de
randonnées, ... :
possibilité d'accéder à la structure en
transports en commun
Environnement :
Critères
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Commentaires
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Intégration du site dans l'environnement
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Pédagogie à l'environnement ?
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Fonctionnement de la structure, au niveau de
la gestion de l'eau,
la gestion des déchets, (tri, compost,
...)
l'utilisation de l'énergie (solaire, bois,
économie, ...)
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Bonne mise en valeur (pour patrimoine naturel)
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Autres :
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Qualité de l'accueil, des relations humaines et de
l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)
Critères
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4
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Commentaires
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Disponibilité de l'acteur
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Convivialité, chaleur de l'accueil
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Partage et échanges
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Ecoute, Intérêt et respect pour les gens
accueillis
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Dynamisme, enthousiasme de l'acteur
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Apport de connaissances pour les touristes (nature,
culture,...)
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Capacité à transmettre
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Apport de connaissances pour les touristes (nature,
culture,...)
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Accueil de personnes handicapées
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Autres :
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Régionalisme :
Critères
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Commentaires
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L'acteur connaît le territoire
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Capacité à faire découvrir le territoire
patrimoine naturel et culturel local (actuel et ancien)
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Lien de l'acteur avec le territoire
Travail avec d'autres acteurs du
territoire ?
Acteur impliqué dans le développement
local de la région ?
Les employés sont-ils des
locaux ?
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Autres :
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Authenticité :
Critères
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3
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4
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Commentaires
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Activités qui permettent de découvrir des
choses authentiques
Activités qui amènent les touristes à
découvrir le mode de vie des habitants du massif
...
Autres :
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Satisfaction au niveau des 5 sens :
Critères
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3
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4
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Commentaires
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La découverte du patrimoine naturel et culturel peut
susciter :
des choses à voir, bien mises en valeur
des choses à manipuler, demandant une participation des
visiteurs
des produits à manger
des sons à entendre
des odeurs à sentir
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Autres
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Véto ?
Remarques :
* 1 Loi n° 85-30 du 9
janvier 1985 relative au développement et à la protection de la
montagne, articles 3 : Les zones de montagnes se caractérisent par
des handicaps significatifs entraînant des conditions de vie plus
difficiles et restreignant l'exercice de certaines activités
économiques [...].
* 2 Zones de Revitalisation
Rurale
* 3 MOUNIER
Isabelle, Le tourisme doux : une réelle
opportunité pour le développement local maîtrisé des
territoires ruraux montagnards , Rapport de stage de DESS
Aménagement et Développement Transfrontaliers de la Montagne,
Université de Toulouse Le Mirail, 2005
* 4 Slogan imaginé par
Pierre Chapoutot et Jean-Luc Rostaing, MW n°62 - Hiver 2005
* 5 Mountain Wilderness,
Actes du séminaire de Talloires, 1992
* 6 Crisol Serrate était
le secrétaire général adjoint de MW à
l'époque.
* 7 Aptitude à satisfaire
les attentes et les besoins d'un produit, d'un service. Tout ce qui peut
être amélioré. Source :
www.wikipedia.org . Ici, il
s'agit des aptitudes des initiatives à répondre aux objectifs du
projet (protection de l'environnement, participation au développement
local, ...).
* 8 Fin 2005, ce fichier
était constitué d'environ 110 contacts sur le massif de
Belledonne.
* 9 Brigitte Arnould, Haut
Fonctionnaire au Développement Durable, 29 janvier 2007
* 10
www.unwto.org
(Organisation Mondiale du Tourisme)
* 11 Aurélien
DAUTREY, Installations obsolètes : Nettoyons nos
paysages montagnards, Guide d'aide à la résorption de points
noirs paysagers, Rapport de stage de DESS Aménagement et
Développement Transfrontaliers de la Montagne, Université de
Toulouse Le Mirail, 2002
* 12 Pour émettre un
avis sur les projets d'UTN, le comité désigne en son sein une
commission spécialisée composée majoritairement de
représentants des collectivités locales.
* 13
www.odit-france.fr (ODIT
France)
* 14
www.tourisme.gouv.fr
(Ministère en charge du tourisme)
* 15 Source :
http://www.geotourweb.com
* 16 Source :
www.parcs-naturels-regionaux.tm.fr
* 17 source :
http://www.tourisme.gouv.fr
* 18 JAOUEN Marie,
L'écomobilité, vers un développement durable
de l'activité touristique, Mémoire de
3ème année de Diplôme Universitaire en
Ingénierie de l'Espace Rural, Ecole Supérieure Européenne
de Poisy, 2006
* 19 KNAFOU R., Les
Alpes, ed Presses universitaires de France, 1994
* 20 BOZONNET J.P.,
Des monts et des mythes : l'imaginaire social de la
montagne, ed. Presses universitaires de Grenoble, 1992
* 21 AFIT et le SEATM,
Carnet de route de la montagne, ed. AFIT, 2000
* 22 GERBAUX F.,
Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement
touristique durable du territoire, in Université de Pau et
des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours
et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai
2006
* 23 GERBAUX F.,
Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement
touristique durable du territoire, in Université de Pau et
des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours
et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai
2006
* 24 GERBAUX F.,
Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement
touristique durable du territoire, et CLARIMONT S. et VLES V.,
Les enjeux de la durabilité et de la gestion
intégrée des territoires touristiques dans les
Pyrénées, in Université de Pau et des Pays
de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours et
pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai 2006
* 25 source : GIEC 2001
* 26 MOUTAIN WILDERNESS FRANCE,
Enneigement artificiel, EAU SECOURS !, Document
de sensibilisation, Décembre 2005
* 27 Le SNTF, Syndicat National
des Téléphériques de France, est la chambre syndicale des
exploitants de remontées mécaniques et de domaines skiables.
* 28 ROUFFET M.,
Est-il trop tard pour développer un tourisme durable dans la
montagne française ?, in Tourisme
durable, Les cahiers Espaces, n°67, éd. touristiques
européennes, 2000.
* 29 Source :
http://www.ifen.fr et CORDONNIER Fanny,
La montagne durable, Mémoire de recherche
Iseg, 2007.
* 30 Un séjour compte au
moins une nuitée. Les courts séjours (inférieurs à
3 nuitées) sont distingués des moyens (entre 3 et 7
nuitées) et des longs séjours (supérieurs à 7
nuitées).
* 31 Une excursion est un
aller-retour effectué dans la journée sans nuitée.
* 32 Le SNTF, Syndicat National
des Téléphériques de France, est la chambre syndicale des
exploitants de remontées mécaniques et de domaines skiables.
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