DEDICACES
Ce travail, notre baptême de feu dans la production
scientifique soumis à une reconnaissance externe de la communauté
scientifique, nous le dédions très franchement :
- à ALLAH et à son Prophète Mohamed
(PSL) de qui nous tirons la foi, la force de croire à la
réalisation de nos projets les moindres ;
- à feux Daouda FALL, Mame Ngal DIAW, Bamba DIOP, Fama
DIENG, Abdoulaye THIOUB, « Bébé » que nous
avons aimés et de qui nous gardons de très jolis
souvenirs ;
- à notre famille, en particulier : notre
mère Aminata BATHILY, notre père Abdou Khadre Djeylani, nos
oncles, tantes, cousins et grands-parents, nos frères et
soeurs Ousseynou, Garmy, Fatou, Maïmouna, Fama, Fatikha, Mame Malick,
Aïcha, Babacar FALL, Marième Cina, Aminou, Seydina, Marie DIOP,
Bineta SECK, Fatim BASSE, les cousins Keïta à Rosso Mauritanie...
- à tous nos amis, entre autres : Bassirou et
Moustapha DIENG, Souleymane DIALLO, Abdou A. NDIAYE, Amadou DEME, Babacar
BATHILY, Mouhamadou L. WELLE, Ibra FALL, Fatou Bané DIEYE, Maïmouna
DIENE, Marième NDIAYE, Massamba, Djiby DIOP, Malick Kamara,
Aïssatou `Baaxyaay' GASSAMA, Abdallah, Omar NDIAYE, Alghassoum WANE,
Amsata NIANG, Lamine DIOP, Bira, Sidy, Ansou B. DIENG, Amadou, Alioune THIOUB,
Racine KANE, Faty, Iba, Diodio... qui n'ont eu de cesse de nous galvaniser, de
nous encourager et de nous témoigner une confiance et une
révérence hors du commun ;
- à tous nos camarades de la Promotion Sanar 10 :
Ahmadou Samba Souna FALL, Marame CISSE, Modou DIOME, Mariama NDONG, Abdoulaye
DRAME, Alpha BA...
- à tous nos enseignants de l'ex-Ecole Abdoulaye Loga
WADE (Alioune SARR), du Lycée Alpha Mayoro WELLE de Dagana et de
l'Université Gaston BERGER de Saint-Louis ; à ces vaillants
citoyens qui - à force de rigueur et de persévérance- ont
osé endosser le sacerdoce de semer, de cultiver et de récolter en
nous la graine du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. Nous gardons
telle une relique au panthéon de nos souvenirs des noms comme Pr. Gora
K. MBODJ, Pr. Abdoulaye NIANG, Pr. Issiaka P. Lâlèyê, M.
Alfred I. NDIAYE, M. Ibou SANE, Mme Fatou D. SALL, M. Sambou NDIAYE, M. Abdoul
W. CISSE, M. Bouna A. FALL, M. Amédoune BA, M. Saliou NDOUR, M. Sarr
DIOP, M. Cheikh A. T. NDIAYE, M. Ndiaga SAMB, M. Malick NDIAYE, M. Ahmadou B.
SOW, M. Malick THOMAS.
- à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
apporté une participation aussi infime qu'ils la jugent à ce
travail ou à ma vie.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail exigerait des coûts
plus élevés, une durée plus longue et des efforts plus
soutenus, n'eût été :
- l'encadrement rapproché du Professeur Abdoulaye NIANG
et l'intérêt particulier qu'il a trouvé et manifesté
par rapport à notre sujet de recherche ;
- l'appui technique du Professeur Gora MBODJ, de Monsieur Ibou
SANE et du Docteur Abdoul Wahab CISSE à travers leurs suggestions mais
surtout leur disponibilité vis-à-vis de nos incessantes
interpellations sur des questions d'ordre méthodologique ;
- la collaboration sincère et la manifestation
d'intérêt vis-à-vis de ce travail des acteurs
interviewés du Secteur Informel de Richard-Toll d'un côté
et de l'autre des responsables municipaux que nous avons sollicités,
entre autres : le Maire Abibou DIEYE, M. Magatte SECK, M. Doudou DIAW
« Bakhao » que nous saluons au passage pour sa
disponibilité, sa spontanéité et sa profondeur dans
l'analyse, M. Youssou DIEYE, M. Sellé DIEYE et M. William DIENG.
- l'appui financier de nos parents et la compréhension
sans faille qu'ils nous ont témoigné ; nous pensons à
notre père Oumar DIOP, à nos grands Sidy Mohamed et Adiouma FALL
qui ont toujours répondu favorablement, spontanément et avec
promptitude à nos moindres manifestations de besoins
vénaux....
- l'appui logistique de notre plus que frère Waly SARR,
Maître en Gestion, ayant mis à notre disposition son
ordinateur ; de notre grand-père Seyni THIOUB qui nous est souvent
venu à la rescousse dans nos besoins en tirage-impression.
- l'hospitalité de Ndiaga GAYE qui nous a
hébergé à coeur joie tout le long de notre immersion, et
des soeurs Bineta SECK, Saly NDIAYE, Aby et Mamy Victor NIANG qui n'ont
ménagé aucun effort pour édulcorer nos laborieux moments
d'enquête à la Capitale Sucrière.
Que toutes ces honorables personnes trouvent sur cette page
l'expression de notre plus profonde gratitude. Qu'elles sachent que nous nous
sentons redevables à leur égard dans la mesure où leurs
apports respectifs- aussi minimes ou insignifiants qu'elles les jugent- nous
ont été plus que précieux. Merci !
SOMMAIRE
Dédicaces
................................................................................... ...........02
Remerciements..................................................................................... ....03
Sommaire.................................................................................... ...........04
Sigles ou
Acronymes..................................................................... ............05
Introduction.................................................................................... .........07
Partie I : Approches Théorique et
méthodologique...............................................11
Chapitre I : Approche
théorique.................................. ................................12
I. Question de
départ........................................................................12
II. Problématique
.............................................................................12
III. Hypothèse
.................................................................................28
IV. Conceptualisation
........................................................................29
V. Objectifs
..................................................................................44
VI. Intérêt du sujet
...........................................................................45
VII. Cadre
théorique...........................................................................45
VIII. Modèle d'analyse
........................................................................46
Chapitre II : Approche
méthodologique.........................................................48
I.
Exploration................................................................................48
II.
Echantillonnage...........................................................................49
III. Techniques de
recueil....................................................................50
IV. Histoire de la
collecte....................................................................52
V. Difficultés rencontrées et stratégies
adoptées........................................53
VI.
Dépouillement............................................................................54
Partie II : Cadre de l'Etude et Contexte de la
décentralisation...................................55
Chapitre I : Cadre de
l'Etude....................................................................57
I. Aspects
historiques......................................................................57
II. Aspects géographiques
..................................................................58
III. Aspects
démographiques................................................................58
IV. Aspects économiques
...................................................................59
V. Infrastructures et
Equipements.........................................................60
Chapitre II : La Commune de Richard-Toll et la
Décentralisation ........................61
I. Organisation et
fonctionnement.......................................................62
II. Exercice des compétences
..............................................................65
Partie III : Analyse et Interprétation des
résultats.................................................72
Chapitre I : Secteur Informel dans la
Commune.............................................73
I. Présentation du secteur informel de la Commune de
Richard-Toll...............73
A -La diversité
..........................................................................73
B -La
localisation.......................................................................78
C -Les
difficultés.........................................................................80
II. Fonction Sociale
.........................................................................86
A
-Emplois................................................................................86
B
-Revenus................................................................................93
C -Production de biens et de
services.................................................96
III. Fonction
Economique..................................................................106
A -Part dans l'Economie
globale....................................................106
B -Part dans le budget
communal....................................................112
Chapitre II : Développement
Local..........................................................119
I. Proximité
gestionnaire.................................................................119
II. Satisfaction
sociale....................................................................122
III. Réalisations de la
Commune.........................................................123
IV. Formalisation de
l'informel..........................................................126
V. Attentes populaires et perspectives
................................................129
Conclusion...........................................................................................136
Bibliographie.......................................................................................138
Annexes................................................................................... ..........142
Sigles ou Acronymes
Sigles ou Acronymes
|
Significations
|
ACAPES
|
Association Culturelle, d'Autopromotion Educative et Sociale.
|
ACDI
|
Agence Canadienne pour le Développement International.
|
ADM
|
Agence de Développement Municipal.
|
AGETIP
|
Agence d'Exécution des Travaux d'Intérêt
Public.
|
AOF
|
Afrique Occidentale Française.
|
ARD
|
Agence Régionale de Développement.
|
ASBEF
|
Association Sénégalaise pour le Bien-Être
Familial.
|
BCEAO
|
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
|
BICIS
|
Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du
Sénégal.
|
BIT
|
Bureau International du Travail.
|
BNDS
|
Banque Nationale de Développement du
Sénégal.
|
BOM
|
Bureau Organisation et Méthode.
|
CBAO
|
Compagnie Bancaire Ouest Africaine.
|
CDE
|
Consortium D'Entreprises.
|
CESTI
|
Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information.
|
CFA
|
Communauté Financière Africaine (Franc CFA).
|
CGU
|
Contribution Globale Unique.
|
CNCAS
|
Caisse Nationale de Crédit Agricole du
Sénégal.
|
CODESRIA
|
Conseil pour le Développement de la Science et de la
Recherche en Afrique.
|
CSS
|
Compagnie Sucrière Sénégalaise.
|
DSRP
|
Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté.
|
ENDA
|
Environnement et Développement du Tiers-monde.
|
FAO
|
Food and Agriculture Organization.
|
FED
|
Fonds Européen pour le Développement.
|
FMI
|
Fonds Monétaire International.
|
FNPJ
|
Fonds National de Promotion de la Jeunesse.
|
FNRR
|
Fonds National de Réinsertion des Rapatriés.
|
GDS
|
Grands Domaines du Sénégal.
|
GIE
|
Groupement d'Intérêt Economique.
|
HCR
|
Haut Commissariat des Réfugiés.
|
ICS
|
Industrie Chimique du Sénégal.
|
IDIS
|
Industrial Drip Irrigation System.
|
MAS
|
Mission d'Aménagement du Sénégal.
|
NPA
|
Nouvelle Politique Agricole.
|
NPI
|
Nouvelle Politique Industrielle.
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economiques.
|
OHLM
|
Office des Habitations à Loyers Modérés.
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale.
|
ONCAD
|
Office National de Coopération et d'Assistance pour le
Développement.
|
ORSTOM
|
Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer.
|
OSA
|
Office Sénégalais de l'Artisanat.
|
PDS
|
Parti Démocratique Sénégalais.
|
PDU
|
Plan Directeur d'Urbanisme.
|
PIC
|
Plan d'Investissements Communaux.
|
PMA
|
Pays les Moins Avancés (du monde).
|
PME
|
Petite et moyenne Entreprise.
|
PMI
|
Petite et Moyenne Industrie.
|
PNB
|
Produit National Brut.
|
PAMLT
|
Programme d'Ajustement à Moyen et Long Terme.
|
PLB
|
Produit Local Brut.
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement.
|
PREF
|
Plan de Redressement Economique et Financier.
|
RT
|
Richard-Toll.
|
SAED
|
Société d'Aménagement et d'Exploitation des
terres du Delta.
|
SAR
|
Société Africaine de Raffinerie.
|
SDAU
|
Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme.
|
SDE
|
Sénégalaise Des Eaux.
|
SDRS
|
Société de Développement Rizicole du
Sénégal.
|
SENELEC
|
Société Nationale d'Electricité.
|
SICAP
|
Société Immobilière du Cap-Vert.
|
SMIG
|
Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti.
|
SODEVA
|
Société de Développement et de Vulgarisation
Agricole.
|
SOFISEDIT
|
Société Financière Sénégalaise
pour le Développement de l'Industrie et du Tourisme.
|
SOMIVAC
|
Société de Mise en Valeur Agricole de la
Casamance.
|
SONAGA
|
Société Nationale de Garantie et d'Assistance en
Commerce.
|
SONAR
|
Société Nationale d'Assistance Rurale.
|
SONATEL
|
Société Nationale de
Télécommunication.
|
SONEPI
|
Société Nationale d'Etudes et de Promotion
Industrielle.
|
SOSEPRA
|
Société Sénégalaise de Promotion de
l'Artisanat d'Art.
|
SOTRAC
|
Société des Transports en Commun du Cap-Vert.
|
TVA
|
Taxe sur la Valeur Ajoutée.
|
UFR
|
Unité de Formation et de Recherche.
|
UGB
|
Université Gaston Berger.
|
UNESCO
|
United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization[
Organisation des Nations Unies pour la Science, l'Education et la Culture].
|
US
|
United States ( $ US) [Etats-Unis].
|
USAID
|
United States Aid Organization [l'Agence Américaine pour
le Développement International].
|
INTRODUCTION GENERALE
Pendant longtemps, sous le joug des négriers puis de la
colonisation, le Sénégal comme bon nombre de pays africains
accède en 1960 à l'indépendance. La priorité
était, dès lors, de forger un Etat fort afin d'assurer aux
populations des conditions de vie des meilleures. On assiste, alors, à
l'application des premières recettes dites de développement.
Néanmoins, les difficultés ne vont pas tarder
à se manifester avec virulence. Les années 1970 ont
été marquantes en ce sens que la crise y avait atteint son
paroxysme. L'économie nationale a basculé avec les années
de sécheresse et le choc pétrolier, parmi tant d'autres facteurs.
Le recours à l'assistance internationale est, dès lors, de mise
et des dettes importantes sont contractées auprès des bailleurs
de fonds. Les années 1980 aussi sont déterminantes dans
l'évolution socio-économique du Sénégal. Le
contexte international instable et l'échec des batteries de politiques
jusque-là appliquées ont montré les limites et
l'inefficience du modèle interventionniste, d'où la
nécessité de changer d'orientation. L'Etat
« pourvoyeur » est obligé de retourner sa veste
politique en quittant progressivement le socialisme pour la chapelle
libérale imposée par les institutions de Bretton Woods. Ces
dernières sont entrées en jeu avec les politiques
d'austérités. Celles-ci censées remettre en selle
l'économie ont eu des corollaires sociaux déplorables car ayant
aiguisé les difficultés à tout point de vue. Les
programmes d'ajustement structurel ayant occasionné la
dévaluation du Franc CFA (ajustement financier) et, par la même
occasion, la modification de certaines dispositions de la législation du
travail n'ont pas donné de résultats très convaincants sur
leur pertinence en Afrique généralement et au
Sénégal particulièrement. Les problèmes de
chômage, de pauvreté et de dépendance se précisent
davantage.
Le désengagement imposé à l'Etat et son
intervention très limitée sur le quotidien des populations le
poussent à parachever le processus de la décentralisation
enclenché depuis l'ère coloniale. Si les premières
communes (Saint-Louis et Gorée) sont créées en 1872, il
est aussi à retenir que les réformes post-coloniales de 1972, de
1990 et de 1996 sont d'une importance notoire dans ce processus. En effet,
c'est à partir de 1996 que la décentralisation est effective au
Sénégal avec la loi 96-06 portant Code des Collectivités
locales et la loi 96-07 portant transfert de compétences aux
régions, communes et communautés rurales. Au niveau des trois
ordres de collectivités territoriales sont transférés les
domaines de compétences qui sont au nombre de neuf (09) à
savoir : « domaine »,
« environnement et gestion des ressources naturelles »,
« santé, population et action sociale »,
« jeunesse, sports et loisirs »,
« culture », « éducation »,
« planification », « aménagement du
territoire », « urbanisme et habitat ». Il
est, désormais, dévolu aux populations, elles-mêmes, la
charge et les moyens de s'assurer des conditions de vie plus décentes.
La promotion de la citoyenneté, de la démocratie locale voire du
développement à la base est d'actualité. La question de la
participation des populations à tout ce qui a trait au local se pose
alors.
C'est dans ce contexte précis que s'insère la
pertinence de la problématique de l'apport du secteur informel à
la vie de la Collectivité locale.
Le secteur informel a été et est, de nos jours,
l'objet d'une multitude de théories, d'approches et d'analyses
différentes voire divergentes. Au fait, phénomène
historique décelable à l'ère coloniale à travers la
dérogation de certains indigènes à l'imposition coloniale,
le secteur informel ne cesse, aujourd'hui, de prendre des proportions
sérieuses. Vu à ses premiers jours sous l'angle d'une anomalie
temporaire au Ghana puis au Kenya, sa légitimité sociale n'est
presque plus contestable à l'ère actuelle où le
désengagement de l'Etat est au su et au vu de tous. Quoique frauduleux,
dérogatoire en tout ou partie à la législation, il se
positionne comme secteur à part entière auquel on reconnaît
le mérite dans la réduction du chômage, la promotion de
l'esprit d'entreprise et de solidarité, la production de biens, la
prestation de services à des prix abordables pour les bourses faibles,
la création de richesses, etc., pour ne citer que ces avantages.
Cela dit, il est question dans cette contribution de confirmer
ou d'infirmer, de tester-en un mot- l'hypothèse selon laquelle le
secteur informel, dans le contexte de la décentralisation territoriale,
est un levier de développement dans la Commune de Richard-Toll.
Richard-Toll, cadre parfait du point de vue de l'importance de
ses poids économique et démographique mais aussi du point de vue
de la faisabilité eu égard à la logistique disponible, a
été sélectionné comme champ de l'étude.
Cette collectivité locale, en réalité, a la
particularité de renfermer en son sein l'un des plus essentiels maillons
du tissu industriel du Sénégal, en l'occurrence la Compagnie
Sucrière Sénégalaise (CSS). C'est un cadre d'étude
dont la pertinence n'est plus à démontrer pour la bonne et simple
raison que le secteur informel y côtoie un fort secteur moderne formel et
permet à la Commune d'avoir une économie à deux
vitesses.
Il s'agira, donc, de passer au tamis- dans la mesure du
possible- les moindres aspects touchant ce sujet. Ce travail, très
éloigné de toute prétention exhaustive, se fera sous
l'angle de la démarche fonctionnelle. Le social sera interrogé
sur le rôle que l'informel joue au sein du système social que
constitue la Commune de Richard-Toll.
L'objectivité, la rigueur et la transparence seront
les armes constamment brandies au cours de ce travail dans le but de respecter
l'enseignement de Gaston Bachelard selon lequel le fait social doit
être conquis, construit et constaté ; en d'autres termes,
conquis sur les préjugés, construit par la raison et
constaté dans le réel. La logique interne de ce travail nous a
conduit à la présentation de ce document à structuration
ternaire.
D'abord, il semble important de dégager les contours
théoriques et méthodologiques de ce travail, c'est-à-dire
entre autres exigences théoriques et méthodologiques de la
recherche scientifique, de préciser la problématique de recherche
qui a été retenue, de faire apparaître le schéma
d'analyse adopté, de dégager les objectifs principaux qui meuvent
cette contribution à la recherche, de montrer les hypothèses
retenues avant de sélectionner les méthodes et techniques qui
nous ont semblé plus pertinentes dans le cadre de cette étude.
Ensuite, la deuxième partie consiste à
préciser, à définir voire à délimiter le
cadre d'étude et le contexte de la recherche. En premier lieu, cette
étape consiste à dégager les caractères physiques,
démographiques, économiques sans occulter l'aspect
infrastructurel de la localité. Ceci nous permet, en
réalité, de mieux maîtriser et de délimiter, avec
toute la précision qui sied, l'aire géographique à
laquelle s'applique la recherche. En deuxième lieu, il est question de
décrire la vie communale à l'épreuve de la politique de
décentralisation territoriale ; en des termes plus univoques,
décrire le mécanisme de fonctionnement et d'organisation de la
commune d'un côté et de l'autre l'exercice des compétences
transférées à celle-ci.
Last but not the least, la troisième partie
servira de prétexte pour faire apparaître les résultats de
la recherche de terrain à travers une analyse claire et une
interprétation enrichissante et fidèle. Il est question, dans un
premier temps, de présenter le secteur informel qui anime la vie
économique de la Commune de Richard-Toll : sa localisation, ses
caractères, ses estimations.... Dans un deuxième moment, il est
important de souligner clairement les enjeux économiques et sociaux du
secteur informel de la Commune de Richard-Toll à l'ère
actuelle : résorption du chômage, création de revenus,
participation à l'économie globale et au budget municipal,
livraison de biens et de services aux populations... En dernier lieu, il
s'agira de voir ou de jauger le niveau du développement local, en un mot
de faire le bilan de la décentralisation à l'aune des
investissements municipaux, de la satisfaction sociale, de la participation des
acteurs locaux, de la volonté de légalisation des acteurs du
secteur informel, du civisme fiscal de ces derniers...
Partie I :
Approches
Théorique
Et
Méthodologique
Chapitre I : Approche théorique
I. Question de départ
La question de recherche est l'interrogation qui donne sens
à notre étude. Elle est la question centrale à laquelle
tout notre argumentaire tente de répondre. Elle est la
suivante :
Quelle place le secteur informel occupe-t-il dans
la Commune de Richard-Toll dans le nouveau contexte de la
décentralisation ?
II. Problématique
1. Etat de la question
Depuis quelques siècles, des crises multiformes et
multidimensionnelles marquent l'histoire de cette partie du monde qu'est
l'Afrique. Juste après la libération de ce joug qu'est la
colonisation, les nouveaux Etats africains sont replongés dans une
nouvelle spirale de difficultés. En effet, au lendemain des
indépendances, la croissance démographique est de plus en plus
rapide contrairement à la croissance économique. Ce qui n'est pas
sans poser de problèmes de prise en charge des besoins des masses.
A l'instar de ses voisins, le Sénégal est
entré dans cette mouvance de crises provenant pour la plus grande
part d'erreurs d'orientation interne, d'un côté, et, de
l'autre, de facteurs externes défavorables. L'Etat a opté
pour une politique économique de type socialisant basée plus sur
l'agriculture que sur les autres secteurs de production telle l'industrie. En
sus de cela, il était le principal promoteur économique et
monopolisait aussi bien les secteurs agro-industriel, manufacturier, minier,
énergétique que les services d'ordre public. L'orientation
interventionniste exigeait qu'il mette en place un certain nombre
d'établissements publics ou parapublics pour l'encadrement1(*) tous azimuts de
l'économie.
Dans les années 1970, la crise redoublera
d'acuité. Les années de sécheresse de 1973 (la pire de
toutes), de 1977 et de 1984 ont suscité l'attention et l'intervention
internationales. Le glas de la prospérité des ruraux -qui
constituaient la plus grande majorité de la population et qui vivaient
essentiellement de l'agriculture- venait de sonner. Progressivement,
l'agriculture bascule dans la médiocrité du fait de la
vulnérabilité des sols, de la régression de la
végétation et de la fertilité, de l'insuffisance
pluviométrique et de sa mauvaise répartition, de la progression
du désert, de la salinisation des sols...Les faibles rendements
agricoles- ayant indéniablement suscité l'exode rural- sont
encore fonction de la cherté des intrants mais aussi de la faiblesse des
revenus des paysans... Au feu de la crise, les entreprises parapubliques
d'encadrement du secteur agricole de la trempe de l'ONCAD (plus tard SONAR), de
la SODEVA et de la SAED se sont heurtées à des difficultés
de gestion.
Par ailleurs, au lendemain du choc pétrolier de 1973,
le Sénégal a fait recours aux capitaux étrangers pour
satisfaire sa demande importante en énergie. Ainsi d'importants
crédits ont été contractés auprès de la
Banque Mondiale, de la Communauté Européenne, du FMI, de l'ACDI,
de l'USAID et des pays arabes entre autres bailleurs. Sa dette s'est presque
triplée en passant de 1.468 Millions de $ à 4.139 Millions de $
de 1979 à 19892(*).
Le glas a encore sonné mais, cette fois-ci, pour
l'interventionnisme de l'Etat. C'est le début des Politiques
d'Ajustement Structurel c'est-à-dire de « l'ensemble des
conditionnalités qui ont invariablement accompagné les accords
entre les institutions de Bretton Woods et les gouvernements africains pour
l'obtention par ces derniers de ressources devant leur permettre de
résorber leurs déficits internes et externes afin de créer
les conditions nécessaires à une croissance
durable »3(*). Leurs raisons d'être sont donc
l'assainissement, la relance et l'assurance de la compétitivité
de l'économie des pays africains. La formule
du « moins d'Etat mais mieux d'Etat » voit le
jour et corrobore entièrement l'orientation vers la
libéralisation et la privatisation. Pour s'assurer le soutien des
bailleurs de fonds, le Sénégal se devait de réduire les
dépenses publiques, de supprimer bon nombre de subventions dans divers
domaines, de gérer au mieux et de façon transparente les
entreprises publiques, de modérer l'augmentation des salaires, de
stimuler l'investissement et l'initiative privés...
S'agissant du secteur secondaire réputé
être le domaine industriel, force est de souligner l'insignifiante place
qu'il occupe au sein du système économique
sénégalais. Il est caractérisé par une
prédominance des industries agro-alimentaires (matières
premières agricoles et halieutiques...) au grand dam des industries
lourdes (mines...) faiblement représentées par les ICS, la
SAR ; les industries de haute technologie sont totalement absentes. Les
industries sont quasi-totalement implantées à Dakar et sont aussi
marquées par un faible niveau technologique et leurs produits sont peu
compétitifs. Elles existent dans l'incapacité de satisfaire la
demande nationale et sont fortement étouffées par la contrebande
et la concurrence. Le noeud du problème demeure, malgré tout, la
question de la compétitivité. Avec la libéralisation des
échanges et l'ouverture des frontières- qui doivent d'ailleurs
être source de rééquilibrage macro-économique- les
entreprises africaines, en général, et
sénégalaises, en particulier, sont confrontées à de
réels problèmes de compétitivité aussi bien interne
qu'externe. En sus des facteurs contraignants nationaux et internationaux, les
entreprises non-compétitives -ou les plus faibles- n'ont aucun secours
à attendre de l'Etat « financièrement aux
abois »4(*).
La perte de consistantes parts de marché en est la résultante au
profit d'entreprises asiatiques ou sud-américaines où les
facteurs de production et les utilités sont moins coûteux.
Jean-Pierre Barbier confirme cet état de fait en annonçant
que : « les charges salariales en Afrique, et tout
particulièrement en zone franc, sont largement supérieures
à celles des pays d'Asie ou d'Amérique latine comparables en
termes de productivité (par exemple, en 1989, l'heure de travail dans
l'industrie textile était rémunérée à 2,54
dollars US en Côte d'Ivoire, contre 0,37 dollars US au Pakistan et 0,58
dollars US en Thaïlande) ; le coût du capital , au sens
économique du terme, est élevé puisqu'une usine
montée en Afrique coûtera environ deux fois plus chère
qu'en France du fait de nombreux surcoûts de transport, de montage, de
mise en route avec du personnel expatrié, de la nécessité
de prévoir des stocks importants de pièces
détachées, des ateliers renforcés pour la maintenance,
etc. ; le coût du fret, entre le Golfe de Guinée et l'Europe,
est supérieur à celui que les importateurs ou exportateurs
peuvent obtenir entre Singapour et l'Europe ; le coût de
l'énergie, sauf pour quelques pays privilégiés en Afrique-
Nigeria pour les produits pétroliers, Zaïre ou Ghana pour
l'électricité-, est également plus cher que dans la
plupart des pays du monde. On pourrait ainsi décliner les surcoûts
qui pénalisent la compétitivité des entreprises
africaines.»5(*)
L'existence d'un environnement défavorable pour la floraison des
entreprises est imputable aussi bien à la responsabilité de
l'Etat qu'à la situation économique internationale. L'Etat est
responsable en ce qui concerne le droit des sociétés, le
droit du travail, la fiscalité, le fonctionnement de la justice, la
protection des marchés intérieurs et la lutte contre la fraude
pour ne citer que ces points. Il est à noter que des mesures de
politique générale aidant les entreprises ont été
constatées dans les pays qui connaissent aujourd'hui une
compétitivité industrielle par une croissance des exportations.
Les entreprises les plus compétitives du monde comptaient à leur
émergence sur un important marché intérieur tout en
bénéficiant d'une certaine protection de la part de leur Etat. Il
semblerait, par ailleurs, que le Nigeria et l'Afrique du Sud soient les seuls
pays à posséder cet atout. Quant à l'organisation du
commerce international, elle est essentiellement dictée par les
intérêts des grandes puissances. En d'autres termes,
« les intérêts politiques et commerciaux des pays du
Nord sont tels qu'on voit mal aujourd'hui comment un pays africain pourrait se
développer et faire progresser sa compétitivité alors que
des efforts patients de la riziculture peuvent être remis en cause par
l'arrivée dans les ports du continent de cargos aux cales
débordantes d' `aide' alimentaire ».6(*) On peut encore citer la fripe
qui concurrence sérieusement l'industrie textile.
C'est dire que le Sénégal dépend
largement de l'extérieur pour écouler l'arachide et l'huile
d'arachide -qui subissent d'ailleurs les contrecoups de l'importante
concurrence des produits de substitution telle l'huile de tournesol-, pour
importer les produits alimentaires et industriels, pour financer ses grands
projets mais aussi pour déterminer la valeur de sa monnaie (le Franc
CFA). Les Nouvelles Politiques Agricole (1984) et Industrielle ( 1986)-
s'étant inspirées de la formule des Programmes d'Ajustement
Structurel voulant que l'Etat se désengage des secteurs aussi bien
économiques que sociaux- n'ont pas produit les effets escomptés
d'où leur abandon ultérieur pour motif d'absence de
résultats probants.
Cependant, il est à reconnaître que ces
programmes d'ajustements ont, quelquefois, leur lot d'éléments
positifs car il y a stabilisation ou redressement de certaines filières
et de certains taux de croissance positifs. Par exemple, le
Sénégal a enregistré une croissance de son produit
intérieur brut de 3,3% en 1994, de 4,8% en 1995 et de 5,7% en
19967(*).
Par contre, l'informel explose et les lendemains deviennent
sombres au moment où l'on parle pourtant de croissance, de
développement ou même de décollage économique. En
réalité, « après dix ans d'application,
l'ajustement est un échec et n'a en fait même pas lieu
»8(*), selon Assane
Camara, dans la mesure où ses corollaires directs deviennent la
rareté mais aussi la précarité de l'emploi. Jacques Habib
Sy9(*) ajoute que l'Afrique
s'est davantage appauvrie après deux décennies d'ajustement et
évolue à présent dans les marges de l'humanitaire. A titre
exemplatif, on observe depuis 1986 « la déflation de
33.551 travailleurs provenant pour 20.000 des sociétés de
développement rural, pour 5.100 du secteur industriel et des banques et
pour 4.451 de la Fonction Publique »10(*). Cette crise de l'emploi
accède à son point le plus culminant à partir du 28
novembre 1994 avec l'abrogation de l'article 47 du Code du Travail qui
autorise le licenciement de travailleurs pour motif économique sans
préavis de l'Inspecteur du Travail. Il n'est, d'ailleurs, qu'un parmi
les 60 articles modifiés sur les 258 articles du Code du travail.
En un mot, l'employé devient plus vulnérable et l'emploi plus
précaire.
A cela s'ajoute le conflit sénégalo-mauritanien
d'avril 1989 occasionnant le rapatriement de milliers de
sénégalais avec la confiscation de leurs biens. Ils sont plus
exactement « quelques 70.229 rapatriés de la Mauritanie
dont 80% se sont installés »11(*) dans la Vallée du
Fleuve Sénégal. Cette masse viendra aggraver la crise surtout
dans la Région de Saint-Louis en ce sens que l'insertion
socioprofessionnelle demeure problématique, même avec le Fonds
National de Réinsertion des Rapatriés (FNRR).
Par ailleurs, avec la valeur élevée de la
monnaie rendant difficile et chère l'exportation et l'importation bon
marché, une politique d'ajustement monétaire est envisagée
pour favoriser l'exportation. La dévaluation du Franc CFA de 50% - le 12
janvier 1994, après 46 ans de fixité avec le Franc
Français- viendra s'ajouter à la longue liste des maux comme la
goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ses effets ont été
très désastreux en grande partie. Les termes de l'échange
se sont davantage détériorés avec une stagnation
réelle de la production industrielle et un déficit chronique de
la balance commerciale à cause d'une consistante importation en terme de
riz, de biens d'équipement, de produits énergétiques etc.
Seuls les secteurs de la chimie, du tourisme et de la pêche ont connu une
nette amélioration. Contrairement aux objectifs visés et aux
résultats escomptés, et malgré la publicité du
« consommer sénégalais », les
ménages en ont souffert avec la diminution considérable de leur
pouvoir d'achat.
En sus de cela, les catastrophes climatiques de 2002 ayant
occasionné des pertes très lourdes de têtes de
bétail dans le Nord du Sénégal (un choc pour
l'élevage) et le péril acridien de 2004 ayant donné lieu
à un ravage des champs (choc pour l'agriculture) se sont rajoutés
à la kyrielle des causes de la paupérisation des masses. Le
bouquet : depuis 2001, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) a classé le Sénégal parmi les
Pays les Moins Avancés du Monde (PMA) et lui réserve, en 2003, la
156ème place sur la liste des 175 Indices de
Développement Humain classés. Cela résulte, quelque part,
de la dégradation des indicateurs socio-économiques mais aussi de
la faiblesse du revenu par tête (500 dollars environ) malgré la
croissance affichée. Il faut signaler qu'en 200212(*), la chute des productions
agricoles de 21% et de l'élevage de 8% due aux conditions climatiques
avait diminué considérablement le revenu par habitant.
Depuis le 19 mars 2000, le Sénégal vit sous un
nouveau régime. Il appert que le pays est devenu beaucoup plus visible
sur la scène internationale. Le taux de croissance est remonté
à 6,6% et l'inflation redescendue à 1% pour le compte de
l'année 2003. L'Etat sénégalais a consenti un effort pour
préserver le pouvoir d'achat des populations en augmentant les salaires
de 5 à 10% au titre de l'année 2002. Le Gouvernement d'Idrissa
Seck (2003-2004), dans le cadre de la lutte pour la croissance et contre la
pauvreté au Sénégal, a obtenu des bailleurs de fonds 33
millions d'euros pour la période 2003-200513(*). S'ajoute à cela
l'augmentation annuelle moyenne de 50 milliards de Francs CFA des recettes
budgétaires de l'Etat entre 1999 et 2003. L'Etat tente de
résorber le chômage en faisant des recrutements massifs dans la
Fonction Publique et en créant des structures de la trempe du FNPJ
doté chaque année d'un budget de deux (2) milliards de Francs CFA
pour financer des projets professionnels. Malgré tout, le chômage
demeure et reste encore le problème national numéro un pour la
jeunesse. En témoignent les chiffres officiels estimant, en 2001,
à 48%14(*) le taux
de chômage du pays. Plus de 100000 nouveaux demandeurs d'emplois
débarquent annuellement sur le marché du travail. On constate une
demande très forte de visas au niveau des ambassades des Etats-Unis, de
la France, de l'Italie, de l'Espagne. La forte demande sociale est là
matérialisée aussi par les revendications récurrentes des
différentes couches de la société
sénégalaise. « Environ 65% de la population vit
toujours en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en dessous
du revenu nécessaire pour se procurer l'équivalent de 2 400
kilocalories par jour et par personne. »15(*) Partout dans le pays, le
« Goorgoorlu »16(*) est en vogue. « La
réalité semble donner raison au président
sénégalais. Les bailleurs de fonds n'ont pas sorti le pays de
l'ornière de la pauvreté, mais l'ont, en revanche, introduit avec
un tapis rouge au sein du triste Club des Pays les moins avancés
(PMA)... Les sénégalais doivent donc se faire violence (...) pour
que d'autres n'écrivent l'Histoire à leur place. Accepter de ne
plus tout attendre du chef, de ne plus tout attendre du cousin qui a
réussi, de ne plus croire à une hypothétique manne de
l'extérieur. Ils doivent se substituer, pourquoi pas, à un Etat
impuissant à reprendre en main certains services publics (...).
S'appuyer encore plus que par le passé sur ce qui fait leur force :
les solidarités traditionnelles, la combativité de la
société civile et des réseaux associatifs, le goût
d'entreprendre, l'étonnante mobilité géographique à
l'international, la créativité des jeunes diplômés
à la tête de petites entreprises locales pourvoyeuses d'emplois,
l'exceptionnelle réactivité économique du secteur
informel, une capacité toute senghorienne à pouvoir marier
tradition et modernité... »17(*)
C'est dans ce contexte marqué par une spirale des
crises que l'on a observé une croissance fulgurante du secteur informel
au Sénégal même si l'on sait que celui-ci existait
déjà à l'époque coloniale. On observe, dès
lors, une « intensification de la lutte pour la
survie », une « diversification »
et une « rationalisation » accrues des formes de
lutte pour l'insertion socioprofessionnelle mais aussi à la
paupérisation en milieu urbain, pour reprendre les termes du Professeur
Abdoulaye Niang18(*). Les
populations, édifiées sur leur sort, ont décidé de
« ne plus compter ni sur l'Etat ni sur l'industrie ou le
secteur privé »19(*) structuré pour une embauche durable. La
vulnérabilité du salarié, la précarité de
l'emploi, la peine à trouver son premier emploi, l'absence d'allocation
de chômage, l'élargissement des familles et l'accroissement de
leurs besoins vis-à-vis d'un salaire désormais insuffisant et
parfois inexistant débouchent sur des changements de comportements, sur
l'élaboration de mécanismes et de stratégies de survie et
de lutte pour la réussite ou l'ascension sociale. Bref,
l'impossibilité pour l'Etat de satisfaire une demande sociale forte, en
matière de santé, d'éducation, de logement et d'emploi
peut être perçue comme étant à la base du
foisonnement des activités de type informel. En résumé, la
croissance du phénomène informel peut être rattachée
à six principaux facteurs : l'urbanisation galopante, la crise de
l'emploi dans le secteur formel, la chute du pouvoir d'achat de la plus grande
partie de la population active, la disponibilité de compétences,
d'aptitudes et de capacités professionnelles en chômage car non
employées, la faiblesse du capital investi et la complexité de la
réglementation fiscale. En 1986, une enquête faite par le
Ministère du plan et de la Coopération20(*) montrait déjà
que près de 60% de la population active travaillent dans le secteur
informel. William T. Archey disait le 1er Janvier 1988 que les
petits entrepreneurs se sont engagés dans « la production
légitime sans licence pertinente et sans statut
légal »21(*) dans la mesure où ils ne peuvent pas faire
face aux « chinoiseries administratives » et
à certaines restrictions leur fermant l'accès à
l'économie formelle. Emile Durkheim dirait alors que l'informel, devenu
un fait social, est une manière de faire, de penser ou d'agir
extérieur aux populations et doué d'un pouvoir de contrainte en
fonction duquel il s'impose à elles comme recours de sortie de la
misère mais aussi d'insertion socioprofessionnelle dans un contexte
où l'existence se définit par rapport à l'essence, la
richesse ou la fonction. Le secteur informel est, dès lors, perçu
comme l'ensemble des activités économiques qui se pratiquent en
marge des législations sociale, fiscale, pénale ou se soustrayant
à la Comptabilité Nationale, à la politique
économique et sociale, bref à toute forme de régulation de
la part de l'Etat. L'idée de fraude est mise en exergue dans sa
définition mais l'ambiguïté de son utilité
socio-économique se jauge par rapport au fait que les activités
se pratiquent souvent au su et au vu de tous les citoyens.
Se maintenant en marge de la légalité, il a
été, à ses débuts, négativement
perçu. Il a, depuis longtemps, été analysé comme
une stratégie de survie dans un contexte difficile et rien de plus.
L'informel ne pouvait être conçu, selon ses détracteurs, ni
comme une amélioration des conditions de vie, ni comme une source de
richesse. Il est précaire, fragile, marginal et misérable pour
reprendre Dan Gallin22(*).
Selon Georgette Silva Barboza23(*), Régine Bonnardel reste sceptique quant
à l'efficacité du secteur informel qu'elle taxe même de
« secteur d'incertitudes », de
précarité...D'ailleurs, bien des politiques ont tenté de
l'éradiquer mais il n'en demeure pas moins qu'il se fortifie davantage.
A titre illustratif, Félix Houphouët Boigny, président de la
République ivoirienne jusqu'au 7 décembre 1993, dans son projet
de faire de sa ville natale (Yamoussoukro) la vitrine de la Côte
d'Ivoire, avait interdit à partir de 1990 des activités telles le
commerce de rue et les petits métiers de type informel jugés
très encombrants pour la ville. Si les policiers empêchaient
l'activité informelle de 09 heures à 17 heures, les vendeurs et
autres acteurs occupaient le soir les rues, et ce, à partir de 17
heures, juste à la descente des policiers24(*). Au Sénégal,
certaines activités se sont vues interdites. C'est l'exemple
des « vélos-taxis » à Kaolack
en 1981 mais encore la vente sur la voie publique et dans les lieux publics
interdites respectivement par les décrets 76-018 du 06 janvier 1976 et
87-817 du 25 juin 1987 jamais appliqués25(*). A Richard-Toll, la question de la fraude
sucrière constitue le vrai problème qui oppose aujourd'hui
acteurs de l'informel et autorités. Le sucre en poudre, importé
de la Mauritanie et vendu à vil prix au su et au vu de tous et
même aux devantures de l'usine, menace sérieusement la production
de la CSS qui a exposé expressément 50 000 tonnes d'invendus
devant l'administration. Le samedi 10 juillet 2004, sous la présidence
de Madame Duprê Awa Diongue, l'amicale des femmes travailleuses de la CSS
a organisé une marche contre la fraude sucrière car
« le patron a menacé que si le sucre n'est pas vendu, ce
sera le chômage technique l'année
prochaine »26(*). A Richard-Toll, le soutien de la CSS à la
Direction des Douanes entre dans le cadre de la lutte contre la fraude.
Néanmoins, la reconnaissance du dynamisme de l'informel
s'impose d'elle-même à travers sa place dans les économies
des pays africains. Lutter contre l'informalité reviendrait à se
mettre aux antipodes des politiques de lutte contre la pauvreté, de
réduction du chômage et de promotion des initiatives
privées. Contrairement à certaines conceptions les
considérant comme des partisans de l'irrationnel, l'acteur
évoluant dans l'informel est un « `homo oeconomicus'
parfaitement informé et rationnel» qui
« commence par calculer les coûts de la formalisation... La
situation d'informalité a elle aussi des coûts :
impossibilité d'avoir accès à la publicité, au
crédit bancaire ou aux marchés publics, coûts de corruption
de la police et d'entrée dans des réseaux de protection,
impossibilité de déduire la TVA... Le postulant
micro-entrepreneur fait un calcul, constate inévitablement que le
coût de la formalité est supérieur au coût de
l'informalité et choisit cette
dernière. »27(*) Par ailleurs, il est des entrepreneurs qui ne songent
pas à la formalisation pour des raisons diverses : démarches
complexes, chères ou lourdes ; ignorance de l'existence des
lois ; absence de nécessité de s'inscrire dans les
registres...
En réalité, «Que signifie la
tolérance- voire l'encouragement- de l'Etat envers une
illégalité aussi massive ? »28(*) s'interroge Bruno Lautier.
Harold Lubell lui répond de la manière suivante :
«fermer les yeux sur l'évasion fiscale et la violation de la
réglementation du travail par les toutes petites et micro-entreprises
est un moyen de promouvoir l'emploi, d'encourager la production et de
générer des revenus ; mais laisser trop progresser
l'évasion fiscale et le non-respect des réglementations sape la
légitimité du corps des lois sociales et compromet les
réalisations sociales des dernières années.
Déterminer à partir de quelle taille d'entreprise imposer
l'application stricte des lois devient une sérieuse question
d'actualité »29(*). Certains pays du Tiers-monde font recours à
ce système qu'ils considèrent, dorénavant,
comme solution aux problèmes sociaux malgré ses limites.
Dans le contexte de la mondialisation, il a un enjeu social et politique, selon
la théorie des néolibéraux. Il serait une solution au
chômage ou au non-emploi avec la création de millions de
micro-entreprises. Pour preuve, ce secteur participe pour 77% à l'emploi
total30(*) en milieu
urbain sénégalais. Meine Pieter Van Dijk annonçait
déjà en 1986 que la contribution de l'informel dans la
création de valeur ajoutée dans le secteur secondaire est
considérable au vu des comptes nationaux. « Il y a
peut-être 60 grandes usines au Sénégal et 250 petites
entreprises industrielles, mais on compte à peu près 50 000
entreprises dans le secteur informel. »31(*) Albert
Tévoédjrè, préfaçant l'ouvrage de Meine
Pieter Van Dijk, annonce que le secteur informel est, désormais, le
secteur de l'avenir pour le Tiers-monde si l'on sait que le mimétisme et
les autres recettes de développement appliquées ont heurté
leur limite. « Dans le passé, nous avions trop souvent cru
que le secteur industriel, parce qu'il reposait sur de grands investissements
et de gigantesques infrastructures entraînait ipso facto
développement et bien-être. Aujourd'hui, il nous faut en
convenir : l'impact est resté superficiel, le circuit
économique ne s'est guère élargi, l'épargne
nationale reste marginalisée, le chômage ne cesse d'augmenter...
Pourtant sous nos yeux naît une autre catégorie d'entreprises,
celles des `emplois marginaux', du secteur informel. Nous ne saurions plus
longtemps ignorer la multitude de ces petits métiers qui, dans un
environnement excroissant, offrent des biens et services peu coûteux,
adaptés aux réalités socioculturelles et aux besoins des
populations..., permettent de réaliser des revenus substantiels, de
créer des emplois, de régler quelques problèmes de
chômage..., contribuent ainsi aux efforts de développement
endogène et autocentré »32(*). C'est un cas de
solidarité entre pauvres doublé d'une stratégie de vie et
de survie faisant de l'univers de la débrouille une manne de richesse
pour les opérateurs qui s'y investissent. Avec sa capacité
d'absorption de la main-d'oeuvre qui chôme, l'informel soulagerait le
secteur moderne de ce poids qu'il était le seul à endosser.
Aujourd'hui, si le secteur formel est très sensible aux changements de
la conjoncture mouvante internationale, il demeure que le secteur informel
réagit vite et efficacement à la situation
socio-économique interne en tempérant la crise. William T. Archey
n'affirme pas le contraire en disant qu'aujourd'hui « une
révolution est en cours dans la conception du développement,
révolution qui est issue du sein même du monde en
développement » ; on perçoit «
maintenant le secteur informel comme une source de croissance
économique plutôt qu'un fardeau pour la
modernisation... ».33(*) Même le Bureau International du Travail
reconnaît le dynamisme de ce secteur à travers sa
productivité, sa créativité, sa rentabilité.
2. Position du problème
Les changements d'idéologie, de politique, de
comportement sont les résultantes de la crise aiguë que la
société sénégalaise a traversée. De
nombreuses mesures visant la privatisation des entreprises publiques sont
établies. Les nouveaux discours gravitent autour de l'appui aux
initiatives privées et populaires, de l'émergence des PME et PMI,
de la promotion de l'esprit d'entreprise, des réformes du système
éducatif, de la décentralisation...
La décentralisation est prônée par les
Institutions Financières Internationales comme la politique la plus
efficace de croissance mais, au préalable, de redressement
économique. Les priorités des bailleurs de fonds se tournent,
désormais, vers l'appui à la politique de décentralisation
et à la gestion des collectivités territoriales mais aussi
à l'institution de la coopération décentralisée ou
jumelage-coopération. Les nouveaux objectifs sont, entre autres :
le renforcement des structures techniques et administratives des
collectivités à travers le programme de gestion urbaine et le
plan de développement municipal en ce qui concerne les communes ;
la mobilisation des ressources; l'amélioration de la gestion
financière mais aussi technique des collectivités locales.
En effet, l'impossibilité pour l'Etat d'avoir le don
d'ubiquité, son manque d'omniprésence et d'omnipotence pour
résoudre les questions socio-économiques ont fait émerger
l'idée de délégation des pouvoirs. La loi 96-07 du 22 mars
1996 donne, dès lors, une autonomie aux collectivités
locales tant dans l'autogestion, dans la planification que dans le
développement local. En des termes plus clairs, la
décentralisation vise « l'approfondissement de la
démocratie locale avec l'émergence d'une bonne gouvernance
locale, la libre administration des collectivités locales, la promotion
du développement local »34(*). Ainsi, les intérêts des citadins seront
mieux pris en charge par des collectivités proches des populations et
familières de leurs problèmes de tous les jours. Le nouveau credo
est le retour à la base ou au maillon le plus petit. La doctrine
« du sommet vers la base » cède la place
à celle « de la base vers le sommet ». Le
local est, dès lors, le modèle de gestion politique et
administrative le plus efficient et le plus pertinent de par la participation
des populations et des ressources endogènes à
l'édification, à l'amélioration, à la promotion et
au développement du contexte local. La formule n'est pas sans rappeler
le développement « clés en
tête », seule forme de développement réel et
durable selon le professeur Joseph Ki-Zerbo. La politique est de
proximité ; le rapprochement entre institutions d'arbitrage ou de
contrôle et acteurs ou promoteurs économiques devient une
réalité. Il incombe, désormais, à la commune de
garantir aux populations des conditions de vie des meilleures, dans la mesure
du possible. Théoriquement, les décisions ne viennent plus
uniquement de la capitale ; les autorités, de concert avec les
populations locales, peuvent poser des plans et des stratégies de
développement autocentrés. La décentralisation demeure,
aujourd'hui, une forme de réponse de la part de l'Etat à la crise
économique qu'il traverse depuis les indépendances. Ainsi, le
rôle premier des collectivités locales est de le décharger
de son lourd fardeau.
Néanmoins, moult griefs sont faits, de nos jours,
à ce processus. Par exemple, les décisions du Conseil Municipal
ne deviennent exécutoires qu'après aval du fonctionnaire
nommé par l'Etat, le Préfet en l'occurrence. Selon Philip
Mawhoud35(*), la
décentralisation, « système mixte d'administration
locale », n'est qu'une reproduction de l'Etat au lieu d'une mise
à disposition du pouvoir entre les mains des populations actrices. Le
partage du pouvoir demeure une véritable pomme de discorde entre Etat et
collectivités territoriales avec le monopole par l'Etat du pouvoir au
dam des collectivités non dotées en matière de ressources
humaines, techniques et financières, maintenues désormais dans
l'immaturité. Ceci est une forme de déconcentration36(*) différente de la notion
de décentralisation. Selon Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf,
« la tutelle serrée de l'Etat est fort
éloignée de l'idéal démocratique et place en fait
les municipalités sous `surveillance rapprochée'. Il est donc
clair que la politique officielle de décentralisation
sénégalaise n'a ni supprimé ni assoupli la tutelle de
l'Etat ; elle n'a non plus mis à la disposition des
collectivités locales les ressources leur permettant de faire face
à leurs besoins ». 37(*)« Des partages de responsabilités
au profit des collectivités territoriales sont presque partout
observables, mais ils sont rarement accompagnés d'un partage
institutionnalisé des pouvoirs. Manque de ressources, faiblesse de
l'encadrement et des savoir-faire techniques, insuffisante maturité de
la vie politique locale sont souvent présentés par les
autorités centrales comme un obstacle à l'autonomisation des
communes »38(*).
Pour accompagner comme il sied ces nouvelles
collectivités territoriales, le Sénégal a
créé un portefeuille ministériel dénommé
Ministère des collectivités locales et de la
décentralisation dirigé actuellement par Madame Aminata Tall, de
surcroît Maire de Diourbel et Ministre d'Etat. Consciente de la lourdeur
de la tâche des municipalités, celle-ci a proposé, lors du
vote en 2004 du budget de son ministère, des départs volontaires
d'une partie du personnel non qualifié des municipalités pour
permettre enfin à celles-ci de recruter un personnel qualifié
afin de pouvoir faire face aux objectifs qui leur sont assignés. En
effet, les recrutements clientélistes et fautes de gestion ont toujours
été une nécessité pour la survie politique des
équipes municipales. Selon Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf39(*), le Bureau Organisation et
Méthode avait rendu public l'information selon laquelle : pour les
deux seules ambulances en marche de l'Hôpital Municipal Abass Ndao, on
dénombrait en 1985 seize (16) chauffeurs. S'agissant du parc automobile
de dix-sept (17) véhicules en marche à la Direction des Services
Communaux de Dakar, on pouvait dénombrer quatre-vingt-deux (82)
chauffeurs. En sus de ces exemples, un pointage des effectifs de la Fonction
Publique du Sénégal a révélé que 5 671
agents irréguliers (démissionnaires ou en abandon de postes)
émargeaient encore en 1987 au budget de l'Etat. Pour Aminata Tall,
l'année 2004 « considérée comme phase test,
marque la fin de la première phase de la
décentralisation ...2005 sera l'année des grandes
réformes en matière de politique de
décentralisation »40(*). Des réflexions seront entreprises sur les
dysfonctionnements, des correctifs seront apportés pour les pallier et
il sera aussi question de voir quelles autres compétences
transférer.
Par ailleurs, l'analyse de la dynamique des activités
informelles au niveau local conduit à des résultats
différents des constats globaux d'ordre macrosociologique faisant
état de stagnation de la productivité et du manque de
compétitivité extérieure. Le développement de
l'informel serait fonction de l'existence de ressources dans la Commune de
Richard-Toll devenant un parc d'attraction où chacun vient tenter sa
chance. Dans la mesure où la CSS ne peut employer toute la main-d'oeuvre
disponible -qualifiée ou non-, il va sans dire que l'investissement
dans le transport informel, le commerce, la menuiserie métallique ou
ébéniste constituent autant de voies d'issue de ces exclus du
circuit sucrier. Ainsi, zone tampon entre le secteur moderne et celui
traditionnel, le secteur informel peut être considéré comme
un régulateur de la crise sociale pour les bonnes et simples raisons
que : la demande d'emplois étant largement supérieure
à l'offre du secteur formel, il résorbe le chômage en
servant d'espaces de récupération des exclus du secteur moderne
mais aussi des jeunes débarquant fraîchement dans le marché
du travail ; le pouvoir d'achat des ménages baissant davantage au
fil de la crise, il pourvoit des revenus supplémentaires ou
complémentaires pour la jointure des deux bouts des deux mois se
suivant ...
Cela étant, la Commune de Richard-Toll demeure
incontestablement une ville industrielle où se côtoient un
très dynamique secteur privé structuré et un secteur
informel grandissant. La Compagnie Sucrière Sénégalaise
est un grand ténor économique pesant de tout son poids sur
l'économie locale. La campagne sucrière rassemble annuellement
des milliers de travailleurs répartis en 1850 coupeurs
(appelés« thiopés»), 240 conducteurs
d'engins, 400 ouvriers sans compter les 900 travailleurs permanents dans les
activités agricoles41(*). La Compagnie Sucrière- avec une masse
salariale estimée en 2003 à 10 voire 11 milliards de Francs CFA,
des impôts globaux de 14 à 15 milliards de Francs CFA et un
chiffre d'affaires de 44 milliards de Francs CFA-42(*) a une présence
très manifeste et très déterminante à Richard-Toll.
Elle contribue « à hauteur d'environ 376 millions par an
au budget de 671 millions CFA de la mairie. Soit plus de 50% qui se
déclinent en impôts fonciers bâtis et en patentes. Et ceci
n'a rien à voir avec `les dons et subventions annuels estimés
à 250 millions CFA', précise M. Louis Lamotte (Directeur des
Ressources Humaines de la Compagnie). Lequel révèle même
qu' `il n'y a pas un seul investissement conçu par la commune sans une
contribution de la CSS' »43(*). Malgré tout et contrairement à ce
qu'induirait sa présence, les autorités municipales
énumèrent quelques griefs à l'encontre du géant
sucrier parmi lesquels: la faiblesse de ses investissements dans la
Commune ; la question de l'environnement avec la pollution ;
l'exploitation des ouvriers qui sont mal rétribués ; la
question sanitaire ; la gestion de l'équipe locale de
football ; la question des recrutements... « Les chefs de
service font venir les gens d'ailleurs et il n'y a par exemple aucun cadre
natif de Richard-Toll dans la société »44(*), regrette Monsieur Abibou
Dièye, Maire de la Commune.
Malgré le dynamisme de la CSS, le secteur informel
trouve, dans la cité, sa raison d'être. « Le
08 » était une parfaite illustration de la vie combien
animée de la Commune. « Le 08 »45(*), date butoir du paiement des
salaires, transformait tout Richard-Toll en un marché où se
côtoyaient des activités de toutes formes et des acteurs de tout
acabit : commerçants, prostitués, mendiants, artisans, etc.
Richard-Toll devenait le pôle de rencontres de ces différents
acteurs. C'était la journée du secteur informel dirait-on
aujourd'hui s'il continuait d'exister. Loin, donc, d'être un frein au
développement, l'informel est au contraire facteur de
développement. D'ailleurs, n'est-il pas illusoire de parler de
développement local en faisant fi de l'implication des différents
promoteurs économiques ; bref des différents acteurs
locaux ?
C'est ce dernier point de vue qui sera le fil conducteur de
notre problématique. Le secteur informel est un stabilisateur social qui
se développe là où l'Etat est incapable de réguler
la conjoncture difficile et d'exercer un contrôle rigoureux. Même
s'il y a une certaine volonté des promoteurs de se dérober des
mailles de la fiscalité, force est de constater qu'il y a un manquement
de la part des autorités politiques d'exercer un contrôle
rigoureux sur les différentes activités. On dit de l'informel
qu'il n'observe pas les réglementations en cours tout en occultant que
la plupart des activités informelles se conforment aux lois en cours.
« Il existe des patentes annuelles, des taxes municipales sur
les lieux de travail et sur les étalages des marchés auxquelles
sont assujetties les entreprises du secteur informel »46(*). La commune tire ses fonds des
recettes, de la dotation budgétaire... C'est donc dire que ce secteur
l'intéresse à plus d'un titre, si l'on sait que la dotation de
l'Etat est jugée insuffisante. Les acteurs de l'informel sont
« soumis à des impôts indirects, en particulier la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) »47(*). Dans un contexte de
quête d'autonomie financière, les communes misent,
désormais, sur ce secteur entre autres sources de recettes. La
tolérance dont l'informel devra jouir dans cette conjoncture moyennera
sûrement le paiement de certaines taxes à la municipalité.
Pour corroborer cela, Assane Camara avance que l'Etat sénégalais
soutirait une recette de 3.025.000FCFA48(*) au titre de l'exercice 1981 aux 550 calèches
recensées à Rufisque. Cela dit, les patentes et taxes mensuelles
et journalières que paient les exploitants de voitures hippomobiles, les
commerçants... sont de considérables gisements fiscaux.
Cependant, « la vocation d'une commune est
l'investissement et non pas la levée des impôts pour les utiliser
à des dépenses de fonctionnement ».49(*) En plus de la fonction
d'investisseur, elle est chargée de l'entretien des infrastructures et
de la voirie etc. De nos jours, l'investissement est très faible au vu
des 80 à 90% des recettes destinées au budget de fonctionnement.
Par ailleurs, tout le monde ne payant pas les taxes, l'établissement
d'un fichier communal50(*)
des opérateurs économiques redevables de taxes permettrait de
collecter de nouvelles sommes sans augmenter le nombre de
taxes. « Les populations accepteront de payer les taxes si
les réalisations sont visibles. L'impôt n'est supportable que si
on en voit les avantages. Quand on lève des impôts pour
régler des dépenses personnelles du maire, secourir des indigents
qu'on ne voit jamais et même payer du carburant, c'est un abus de biens
sociaux et certains élus s'y adonnent. Il faut que les autorités
soient plus vigilantes »51(*). La fiscalité du Sénégal a connu
des aménagements récemment et pour parer à toute
tracasserie bureaucratique, la Contribution Globale Unique (CGU) est mise sur
pied. La patente a, elle aussi, connu des réformes avec la loi 2004-12
modifiant certaines dispositions du Code Général des
Impôts. Ce réaménagement vient à son heure dans
la mesure où les municipalités se voyaient obligées de
corser les taxes pour renflouer leurs caisses mais plus la taxation est
élevée, plus le contrôle est serré, plus les
populations se détournent des élus. Ce qui pose un
problème si ces derniers se soucient de leur réélection
lors des prochaines échéances. La taxe synthétique est
donc une solution idoine à ce problème. L'élimination ou
la réduction des dépenses superflues ajoutée à la
précédente mesure aboutira alors un gain de fonds permettant
désormais à la Municipalité d'investir davantage.
« La performance d'une commune se mesure à l'aune des
investissements mais aussi à l'aune de la pression fiscale
exercée sur les populations c'est-à-dire si elle réalise
le maximum d'investissement avec le minimum de pression
fiscale »52(*). Pour Louis Lamotte, Directeur des Ressources
Humaines de la CSS, « les problèmes de la patente sont
complexes. Richard-Toll est une des communes les plus riches du
Sénégal mais, plus de 20% du budget sont utilisés dans le
fonctionnement du cabinet du maire pour des dépenses de prestige...Ce
que fait la CSS est consistant et pérenne, il doit être
orienté... »53(*) Les pouvoirs locaux devront faire face
désormais aux nombreux et variés attentes et besoins des
populations. La priorité est donc à l'exploitation au maximum des
différents gisements financiers endogènes.
Grosso modo, le secteur informel pourvoit des biens et des
services accessibles, « développe des
compétences professionnelles et des innovations », forge
l'esprit de créativité et d'initiative tout en promouvant
l'esprit d'accumulation. En résumé, il met en place les
conditions d'un développement local
endogène « même si c'est à une
échelle encore réduite »54(*). Il offre « une
solution, imprévue et peut-être pas optimale, au problème
du sous-développement »55(*). Il constitue donc une mine de potentialités
surtout dans le contexte de la régionalisation ou de la
décentralisation. Cela étant, s'impose un certain nombre
d'interrogations au vu de ce qui précède. Que peut-on attendre du
secteur informel de Richard-Toll ? Quels rapports existent-ils entre
secteur moderne et secteur informel à Richard-Toll ? Quels enjeux
constituent le secteur informel pour la population de Richard-Toll ? Quels
rapports y a-t-il entre la municipalité et les acteurs du secteur
informel ? Quelles politiques municipales pour l'informel ? Quelle
est sa part dans le développement de la localité ?
Cela étant, la revue critique de la littérature
nous a permis de voir que le secteur informel est appréhendé par
les différentes études sous des angles différents de notre
hypothèse de recherche. Si d'aucuns font des études descriptives
du secteur, d'autres font état de ses caractéristiques
dérogatoires à la loi. Deux pistes ont été
relevées comme étant plus proches de nos préoccupations
théoriques. D'un côté, il y a le mémoire de
Maître Serigne Aly Cissé Diène qui partage notre
problématique mais qui s'applique à la Commune de Saint-Louis.
D'un autre côté, on a la thèse du Docteur Abdoul Wahab
Cissé qui ne prend que partiellement en compte la réalité
sociale que nous partageons en ce sens que son seul objectif est de voir la
contribution de l'informel au niveau du budget. Nous allons plus loin en
intégrant l'aspect économique et l'aspect social qu'implique la
présence du secteur informel.
III. Hypothèse
Réponse anticipée à la question centrale
de recherche, une seule hypothèse générale guidera notre
travail de recherche. Elle est libellée comme suit :
Le secteur informel est un facteur de
développement pour la Commune
de Richard-Toll dans le contexte actuel de la
décentralisation.
Pour rendre plus lisible cette hypothèse
générale, nous avons émis deux hypothèses
spécifiques ou secondaires à savoir :
1. Le secteur informel remplit une fonction sociale à
travers la modération de la tension sociale à travers
l'absorption des chômeurs mais aussi à travers le concours
à la satisfaction sociale (prestation de services, production de biens
utiles et accessibles, hausse des revenus et du niveau de vie des
ménages...).
2. Le secteur informel remplit une importante fonction
économique à travers un considérable apport à la
formation de richesses locales mais aussi au budget municipal participant ainsi
à la réalisation des programmes et des politiques de
développement local.
IV. Conceptualisation
Répondant à une tradition durkheimienne
chère à la Sociologie, nous tenterons dans cette rubrique de
clarifier au mieux les concepts-clés de la recherche afin que l'on sache
ce dont il est question. Il est, en réalité, un certain nombre de
concepts introduit par le sujet de recherche sur lesquels tout équivoque
doit être levé quant à la signification qu'ils
revêtent dans le cadre de ce travail. Il s'agit des concepts de budget,
de commune, de décentralisation, de développement local, de
fonctions économique et sociale et de secteur informel. Nous
préciserons hic et nunc le sens que nous retenons après
avoir dégagé les contours de ceux-ci.
Budget : Le budget de
l'État ou la loi de finances, « est le document comptable
qui prévoit et autorise, pour chaque année civile, le niveau des
ressources et des charges de l'État. Son élaboration et son
exécution sont de la compétence du pouvoir exécutif qui,
en fixant le montant des dépenses nécessaires à la
conduite de sa politique, détermine les objectifs de rentrées
fiscales. C'est le Parlement qui dispose du pouvoir de le discuter, de
l'amender et, in fine, de le voter ; il en contrôle la bonne
exécution parallèlement, avec le concours de la Cour des
comptes. »56(*) Les recettes de l'Etat proviennent, d'une part, des
contributions fiscales directes mises à la charge des entreprises
(impôt sur les sociétés) ou des particuliers et des
ménages (impôt sur le revenu) et, d'autre part, des contributions
indirectes comme, par exemple, la TVA qui est un impôt sur la
consommation. Quant aux dépenses, les ressources sont consacrées,
à titre principal, à la rémunération des agents de
l'État et à la dotation financière des départements
ministériels. Cependant, on insiste souvent sur la notion
d'équilibre. Un budget sain est un budget équilibré ou
excédentaire ; le déficit budgétaire est
considéré comme une incurie, un manque de réalisme
politique car tout déficit étant nécessairement
financé par un emprunt.
En ce qui concerne les collectivités territoriales et
les établissements publics, le budget est
l' « acte... par lequel sont prévues et
autorisées par le collège délibérant de ces
personnes juridiques les recettes et les dépenses de celles-ci pour
l'année à venir »57(*).
Par ailleurs, le budget demeure un des moyens utilisés
par les Etats ou les collectivités dans le but de mieux encadrer
l'évolution de la conjoncture économique. En agissant, par
exemple, sur le niveau des taux d'imposition, l'Etat ou la collectivité
détermine les priorités qu'il donne à sa politique. Pour,
par exemple, promouvoir une politique de relance de la consommation, on
réduit le montant de l'impôt car une imposition moindre
dégage mécaniquement un supplément de revenus
occasionnant, par la hausse du pouvoir d'achat, une demande
supplémentaire de consommation adressée aux entreprises qui vont
augmenter leur personnel, leur niveau de production voire la rétribution
des employés.
De l'article 243 à l'article 262 et de l'article 343
à l'article 358 de la Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des
Collectivités locales, on retrouve la réglementation du budget
des collectivités locales. Selon l'article 250, les recettes de
fonctionnement de la commune sont :
1. les recettes fiscales qui comprennent
a) Les produits des impôts directs ci-après,
perçus sur le territoire de la commune :
- l'impôt du minimum fiscal ainsi que la taxe
représentative de l'impôt du minimum fiscal ;
- la contribution des patentes et la taxe
complémentaire y afférente ;
- la contribution foncière sur les
propriétés bâties ;
- la contribution foncière sur les
propriétés non bâties ;
- la surtaxe foncière sur les propriétés
insuffisamment bâties ;
- la contribution des licences ;
Les modalités d'assiette et de perception de ces
impôts ainsi que leurs taux sont déterminés par la loi.
b) Les produits des centimes additionnels à
l'impôt du minimum fiscal et de la taxe représentative de
l'impôt du minimum fiscal ;
- à la contribution des patentes ;
- aux droits de licences, perçus sur le territoire de
la commune, suivant le nombre de centimes créés par
délibération du conseil municipal dans la limite du maximum
déterminé par la loi.
L'absence de toute nouvelle proposition vaut reconduction du
maximum fixé l'année précédente.
Les centimes visés au paragraphe (b) ci-dessus du
présent article sont perçus sur les mêmes rôles que
ceux de la contribution à laquelle ils s'appliquent.
Pour assurer la trésorerie des communes, l'Etat leur
consent au début de chacun des deux premiers trimestres de
l'année financière, une avance égale à 25% des
recouvrements effectués au cours de la dernière gestion connue au
titre des impôts directs énumérés au paragraphe
1er du présent article.
c) Les produits des taxes communales directes suivantes
- taxe sur la valeur des locaux servant à l'exercice
d'une profession ;
- taxe d'enlèvement des ordures
ménagères ;
- taxe de balayage ;
- taxe de déversement à l'égout ;
- licences à la charge des commerçants de
boissons en addiction au droit de licence ;
- taxe sur les machines à coudre servant à usage
professionnel ;
d) Les produits des taxes communales indirectes
suivantes :
- taxe sur l'électricité
consommée ;
- taxe sur l'eau ;
- taxe sur la publicité à l'aide soit de
panneaux-réclames, d'affiches, soit d'enseignes lumineuses ;
- taxe sur les établissements de nuit ;
- taxe d'abattage ;
- taxe de visite et poinçonnage des viandes ;
- taxe de visite sanitaire des huîtres et
moules ;
- taxe sur les entrées payantes ;
- taxe sur les spectacles, jeux et divertissements ;
- taxe sur les locaux en garnis ;
- taxe sur les contributions d'essence, de gas-oil ou de tous
autres carburants.
Ces taxes directes et indirectes dont les modalités
d'assiette et de perception ainsi que les taux maxima sont
déterminés par la loi, sont créées par
délibération du conseil municipal dans les conditions
prévues au titre VI du présent code.
2. les revenus du patrimoine communal ;
Les produits de l'exploitation du domaine et des services
communaux comprennent :
a) les revenus du domaine privé immobilier
- location de bâtiments ou terrains communaux ;
- retenues de logement et d'ameublement ;
- location des souks, loges ou stalles de boucherie,
restaurants, gargotes et cantines.
b) les revenus du domaine public
- produits de droits de places perçus dans les halles,
foires, marchés, abattoirs et parcs à bestiaux d'après les
tarifs dûment établis ;
- produits des permis de stationnement et de location sur la
voie publique ;
- produits des droits de voirie ;
- produits des terrains affectés aux
inhumations ;
- produits des concessions dans les
cimetières ;
- droits de fourrière ;
- taxe sur les terrasses de cafés, balcons et
constructions en saillie ;
c) les revenus divers, notamment :
- 60% du produit des amendes prononcées par les
tribunaux correctionnels ou de simple police pour les contraventions et
délits commis sur le territoire de la commune ;
- produits des services communaux ;
- remboursement des frais d'hospitalisation du
personnel ;
- produits des expéditions des actes administratifs et
des actes d'état civil ;
- droit de légalisation ;
- droit de séjour de cercueil au
dépositoire ;
- produits des pompes funèbres et tarifs pour
l'élévation de monument au cimetière ;
- taxe de désinfection et de
désinsectisation.
3. les ristournes accordées par l'Etat qui
comprennent :
a) la part allouée aux communes sur le produit de la taxe
sur les véhicules recouvrés par l'Etat ;
b) la quote-part revenant aux communes sur le produit de la taxe
sur la plus-value immobilière perçue par l'Etat
4. les contributions du fonds de dotation visé à
l'article 248 du présent code ;
5. D'une façon générale, toutes les
ressources actuellement perçues par les communes ainsi que celles dont
la perception est autorisée par les lois et règlements.
Source : « Article 250
de la loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités
locales » in Le recueil des textes de la
décentralisation, Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales,
Novembre 2003. PP. 79-82
Quant à l'article 252, il stipule que les recettes
d'investissement ont pour origines :
1. les recettes temporaires ou accidentelles et notamment
- les dons et legs assortis de charges
d'investissements ;
- les fonds de concours ;
- les fonds d'emprunt ;
- le produit de la vente de biens, de l'aliénation ou
échange d'immeubles ;
- le produit de la vente des animaux ou matériels mis en
fourrière et non réclamés dans les délais
réglementaires ;
- le produit des centimes additionnels extraordinaire
dûment autorisés.
2. Les crédits alloués par le budget de l'Etat ou
par tout autre organisme public sous forme de fonds de concours pour grands
travaux d'urbanisme et de dépenses d'équipement, suivant les
devis et plans de campagne délibérés par le conseil de la
collectivité locale.
3. Les prélèvements effectués au profit de
la section d'investissement à partir de la section de fonctionnement.
S'agissant des dépenses, l'article 256 stipule
que :
Les dépenses comprennent les dépenses de
fonctionnement et les dépenses d'investissement.
Les dépenses de fonctionnement ont un caractère
permanent et permettent à la collectivité de faire face à
ses charges et obligations courantes.
Les dépenses d'investissement permettent la
réalisation des équipements, bâtiments et infrastructures
ainsi que l'acquisition de matériels relatifs à ces travaux.
Source : « Article 256
de la loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités
locales » in Le recueil des textes de la
décentralisation, Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales,
Novembre 2003. P. 86
Il est à rappeler que le droit des finances
définit la taxe comme la « qualification
donnée aux perceptions opérées par une collectivité
publique à l'occasion de la fourniture à l'administré
d'une contrepartie individualisable, à la différence de
l'impôt qui couvre globalement l'ensemble des charges occasionnées
par le fonctionnement des services publiques. Suivant leurs caractères,
les taxes peuvent alors présenter un caractère fiscal (elles ne
peuvent alors être créées que par une loi) ou
administratif »58(*).La fiscalité du Sénégal a connu
des aménagements récemment. Pour parer à toute tracasserie
bureaucratique, la Contribution Globale Unique est mise sur pied. Elle est un
impôt synthétique rassemblant en une seule contribution les six
impôts que sont : l'impôt du minimum fiscal, la contribution
des patentes, l'impôt sur le revenu assis sur les bénéfices
industriels et commerciaux, la contribution des licences, la taxe sur la valeur
ajoutée et la contribution forfaitaire à la charge des
employeurs. Cette CGU a, donc, été appliquée et
établie dans le souci de permettre aux petites entreprises de
s'acquitter de leurs obligations fiscales définitivement et en une seule
fois, de favoriser le civisme fiscal, d'élargir l'assiette et d'adapter
la fiscalité aux petites unités économiques, de permettre,
du fait de son caractère synthétique, une réduction des
tarifs de l'impôt et d'améliorer l'efficacité de
l'administration fiscale...59(*)
En conclusion, nous considérons le budget comme une
prévision, dans l'intervalle d'une année financière
donnée, de l'ensemble des dépenses et des recettes de la
Commune.
Commune : Le concept sera
utilisé dans le sens suivant. L'article 77 du texte de loi sur la
décentralisation au Sénégal du 22 mars 1996 définit
la Commune comme « une collectivité locale, personne morale de
droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre d'une
même localité unis par la solidarité du voisinage,
désireux de traiter de leurs propres intérêts et capables
de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit
particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens
des intérêts de la Nation.»60(*) La municipalité, quant
à elle, est définit, en droit administratif, comme
l'« ensemble formé par le maire et ses
adjoints. »61(*)Elle est synonyme du Bureau Municipal.
Décentralisation : En
Droit Administratif, la Décentralisation est un
« système d'administration consistant à permettre
à une collectivité humaine (décentralisation territoriale)
ou à un service (décentralisation technique) de s'administrer
eux-mêmes sous le contrôle de l'Etat, en les dotant de la
personnalité juridique, d'autorités propres et de
ressources »62(*). Pour Harold Lubell, elle suppose « le
transfert des responsabilités législatives et administratives du
gouvernement central aux gouvernements locaux et régionaux et à
d'autres organismes probablement plus proches des réalités sur le
terrain que le gouvernement central. »63(*)
Au fait, la politique de décentralisation existe au
Sénégal bien avant l'indépendance. Ce sont les
compétences des collectivités qui n'étaient pas
consistantes et la présence de l'Etat était très
manifeste. Les réformes de 1972, de 1976, de 1984, de 1996 et de 2002
s'insèrent dans ce cadre. En effet, 1872 (Saint-Louis, Gorée),
1880 (Rufisque) et 1887 (Dakar) sont des années phares où sont
apparues les première communes de plein exercice. Cependant, la
législation municipale métropolitaine subissait beaucoup de
restrictions dans les quatre communes de plein exercice du
Sénégal. L'administration coloniale était toujours
animée par la volonté ferme de réduire les pouvoirs des
équipes municipales voire de les supprimer. Aux décrets du 06 mai
1918 et du 25 janvier 1927 soutirant aux maires les compétences en
matière d'hygiène et de salubrité publique s'ajoute celui
du 15 novembre 1927 confisquant les pouvoirs sur la petite voirie et la police
municipale64(*). Le
Sénégal étant encore une colonie de la France, la loi
française n°55-1489 du 18 novembre 1955 confirme les quatre
communes de plein exercice et crée les nouvelles communes de
Thiès, de Kaolack, de Ziguinchor, de Diourbel et de Louga. Le
décret français de 1957 renforcera le processus de
communalisation en transférant aux chefs de territoire le pouvoir de
créer des communautés rurales qui seront dotées de
personnalité morale et d'autonomie financière. Juste après
l'indépendance, un Code de l'administration communale (Loi
n°66-64 du 30 juin 1966) est adopté et reconnaît au
Sénégal une trentaine de communes de plein exercice. De 1960
à 1996, l'institution municipale fut, en réalité, un
renforcement de la tutelle du pouvoir central avec l'autoritarisme parfois
appuyé par l'interdiction de critiquer le pouvoir ou le gouvernement
dans le cadre d'un parti légal limitant quelque part les pouvoirs des
maires. Les fautes de gestion des équipes municipales constituaient des
armes du pouvoir central contre celles-ci. Les régies
d'électricité et d'eau sont reprises par l'Etat, avec l'article 2
de la Loi n°65-59 du 19 juillet 1965, jusqu'alors entre les mains des
communes. Cette même loi rendait incompatible les fonctions de ministre
et de maire. La vulnérabilité des maires rendait service à
l'Etat qui les maîtrisait le mieux possible.
En 1972, les communautés rurales virent le jour avec la
Loi n°72-25 du 25 avril 1972. On assiste à une réforme de
l'administration territoriale mais aussi de l'administration locale en
même temps. Il est créé des communes à régime
spécial dirigé par un exécutif nommé dans les
chefs-lieux de régions et dans les communautés rurales. Ces
collectivités locales (communautés rurales) ont à leur
tête un Conseil élu et un exécutif nommé
(sous-préfet). En 1983, la Communauté Urbaine de Dakar est
créée. Elle est une structure intercommunale rassemblant les cinq
communes que compte la ville de Dakar. En 1990, une nouvelle réforme
supprime les exécutifs nommés des communautés rurales (Loi
n°90-35 du 8 octobre 1990) et les communes à régime
spécial (Loi n°90-35 du 8 octobre 1990).
La loi 96-06 du 22 mars 1996 crée les régions
comme collectivités territoriales et transfert des compétences
aux différentes formes de collectivités existantes à
savoir les régions, les communes et les communautés rurales. Elle
reconnaîtra aussi par la même occasion la communauté
urbaine et la ville65(*).
En 1999, est créée une deuxième chambre
parlementaire, le Sénat, qui doit permettre une représentation
nationale des collectivités locales tout en leur donnant la
possibilité de participer à l'exercice de la souveraineté
nationale.
La Loi no2002-0266(*) modifiant la Loi no72-02 du 1er
février 1972 relative à l'organisation de l'administration
territoriale érige Matam en région et modifie les limites de
quelques départements dans les régions de Diourbel, Fatick et
Louga. Désormais, le Sénégal compte 11 régions, 34
départements et 104 arrondissements. Dorénavant, ce sont
14 352 élus qui vont administrer 441 collectivités locales
réparties en 11 régions, 100 communes et 320 communautés
rurales.
Entre autres avantages de la décentralisation, il est
à retenir : les atouts politiques et les atouts techniques. Au
niveau politique, on peut noter la promotion de la démocratie
locale à travers l'implication des populations au processus
décisionnel, le recours à l'élection, le civisme ou la
citoyenneté des élus et des populations qui sont obligés
d'être plus actifs et plus regardants à ce qui touche au local.
Elle exclut toute légitimité autre que celle démocratique.
D'un point de vue technique, la nouvelle donne incluse par la
décentralisation demeure la proximité des autorités, la
rapidité et la souplesse dans le fonctionnement des appareils et dans
l'adaptation des décisions de l'Etat.
Après la rose les épines est-on censé de
dire ! La politique de décentralisation n'est pas une
panacée propre d'effets secondaires. Les tares de la
décentralisation sont notables tant au niveau politique qu'au niveau
technique. Politiquement, elle peut se révéler comme facteur
d'affaiblissement de l'Etat si elle est très poussée. L'Etat
risque de perdre tous ses pouvoirs si la tutelle ou le contrôle n'existe
plus. Quoiqu'il en soit, la souveraineté de l'Etat doit demeurer. C'est
pour parer à une telle éventualité que le contrôle
administratif est assoupli considérablement mais ne disparaît pas.
Selon l'article 334 de la Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des
Collectivités locales statue sur le contrôle de
légalité. Les actes des autorités locales sont transmis au
représentant de l'Etat qui dispose d'une quinzaine de jours pour
demander une seconde lecture. Les actes pris dans certains domaines autres-
à l'exception des actes de police et de gestion quotidienne qui sont
exécutoires de plein droit- doivent être approuvés au
préalable par le représentant de l'Etat pour être
exécutoires. Les actes qu'il jugera illégaux ou non conformes
à la loi sont déférés au Conseil d'Etat.
Techniquement, avec la multiplication des structures et services, le
dédoublement des fonctions avec le parallélisme
déconcentré-décentralisé, elle s'avoue plus
coûteuse que la centralisation. La qualité de la gestion du local
peut souvent laisser à désirer surtout si les élus locaux
sont des profanes. Ce qui semble être un gâchis énorme si
l'on sait que ce qui revenait à l'Etat est
rétrocédé ou partagé avec des élus locaux
qui prennent des décisions souvent irrationnelles quoique conformes
à la législation.
Quoique différentes, la décentralisation et la
déconcentration demeurent des opérations de transfert des
pouvoirs du centre à la périphérie. La différence
consiste au fait que la « déconcentration correspond à
un transfert de décision de l'administration centrale vers ses relais
locaux ou régionaux alors que la décentralisation correspond
à un transfert d'attributions de l'État à des
collectivités territoriales, juridiquement distinctes de
lui. »67(*). La décentralisation implique que, à
côté des autorités nommées (Gouverneur,
Préfet, Sous-préfet, Chef de village ou de quartier) s'occupant
de l'organisation administrative des institutions de l'Etat, l'on retrouve les
autorités élues (Président du Conseil Régional,
Maire de la Commune, Maire d'arrondissement, Président du Conseil
Rural).
Par ailleurs, il existe deux types distincts de
décentralisation. L'une s'accorde aux établissements publics tels
les hôpitaux, les universités... Différentes des
collectivités territoriales, ces personnes morales, dans le respect du
principe de spécialité, s'attachent à des
collectivités publiques. Leur vocation correspond à la gestion de
services qui leur sont dévolus (enseignement supérieur et
recherche scientifique pour les universités ; prise en charge
médicale pour les hôpitaux). Avec leurs organes propres (conseil
d'administration et directeur), ces établissements publics ont une
autonomie administrative, disposent d'un budget autonome, peuvent ester en
justice ou recevoir des legs ou dons afférents à leur
spécialité. Cette forme de décentralisation s'appelle la
décentralisation technique, fonctionnelle ou par services. L'autre
s'accorde aux collectivités locales et consiste au fait que les
populations d'une commune, d'une communauté rurale ou d'une
région gèrent leurs questions d'ordre administratif par le
truchement des représentants qu'elles ont élus. Dans ce cas
d'espèce, la nation reste indivisible car ces territoires sont
placés sous la surveillance d'un représentant nommé de
l'Etat qui entérine, suivant les législations et la Constitution,
les décisions des élus locaux. Cette forme de
décentralisation à laquelle d'aucuns imputent le respect et la
promotion des principes de la démocratie est appelée
décentralisation territoriale. Elle est la forme qui nous
intéresse dans le cadre de ce travail.
Développement local : Au
sens psychologique, le développement serait un « processus
de maturation et de mutation par lequel un organisme se
construit »68(*). D'un point de vue anthropologique, sociologique ou
économique, il devient un concept très ambigu dans la mesure
où ses connotations revêtent une certaine dose d'idéologie
en cours et varie selon les échelles et les perspectives
théoriques dans lesquelles on se situerait. D'un point de vue
évolutionniste, par exemple, le développement est synonyme d'une
certaine croyance à l'idéologie du progrès tournant autour
de la mission civilisatrice de l'Occident. Souvent appliqué aux pays du
Tiers-monde et confondu avec la croissance qui ne prend en compte que les
indicateurs d'ordre économique, le développement
« implique également des échanges mentaux et
sociaux dans la population (F. Perroux), des modifications de structures
économiques et sociales (R. Barre, M. Byé). Dans les
théories de l'action (A. Touraine), le développement est le
résultat des rapports dialectiques entre les trois types de mouvements
sociaux, d'action critique, et d'innovation »69(*). Jacques Habib Sy a-t-il
raison de rappeler les propos du Professeur Joseph ki-Zerbo70(*) selon qui « on
ne développe pas, mais on se développe ». Pour
celui-ci, loin de se réaliser « clé en
mains », le développement valable, viable et durable se
fait « clé en tête ». Le
« local » est un paramètre à
considérer avec beaucoup plus de sérieux dans les
différents projets de développement. D'ailleurs, une analyse
sémantique nous montre que le « se » dans
« on se développe » renvoie à une
participation active de l'acteur. Le développement n'est plus à
attendre de la seule action de l'Etat. Dans un monde marqué par le
libéralisme, seules les initiatives et les entreprises privées
peuvent être considérées comme les stimuli du
progrès économique. « Les pays ne
développent pas leurs peuples, mais ...les peuples développent
leurs pays » dira Richard E. Bissel71(*). Le développement
serait aussi une situation dans laquelle les mêmes agents cherchent
à attendre de nouveaux objectifs positifs ou meilleurs mais avec des
moyens nouveaux. D'où le rôle de l'informel dans le
développement de la Commune. Selon Gauthier De Villers,
« Le développement, on le sait ou devrait le savoir
désormais, ne peut être importé non plus qu'imposé
par les décrets d'un Etat ou d'organes de coopération aussi
`éclairés' se veulent-ils. C'est parce que l'inventivité,
la créativité sociales ont déserté une
sphère officielle où règne le mimétisme à
l'égard de l'Occident et qu'elles se manifestent seulement dans la
sphère de l'informel que celle-ci apparaît, peut apparaître
porteuse des seuls espoirs »72(*). Nous empruntons au Docteur Abdou Wahab Cissé
les lignes de Maurice Tournier (1975, P. 34) disant
que « Développer ... va exiger en fait qu'on fasse du
neuf, qu'on rompe des habitudes et des comportements séculaires, qu'on
mette en place de nouvelles structures de productions, qu'on transforme la
méthode de travail et les mentalités.»73(*)
En dernière analyse, le développement local sera
pris, dans ce travail, dans la perspective de Sémou Pathé
Dièye. « Par `développement', enfin, nous
comprenons le processus multiforme et multifactoriel par lequel une
société donnée avance vers la réalisation de ce que
les hommes qui y vivent ressentent comme conditions de leur bonheur, de leur
liberté et de leur plein épanouissement personnel en tant
qu'hommes. Cela implique sans doute un minimum de ressources matérielles
et humaines mais aussi la mise en place de mécanismes
(économiques, politiques, sociaux, etc.) permettant de mettre en valeur,
de les gérer le plus efficacement possible et d'en répartir
équitablement les avantages à l'échelle de toute la
société »74(*).
Facteur : Ce terme revêt
des sens différents selon la perspective dans laquelle on se situe. En
musique, un facteur est un « fabricant d'instruments de
musique »75(*) tels que les instruments à clavier, à
vent et à harpes. C'est dans cette perspective qu'on parlerait de
facteur d'orgues pour désigner un créateur de cet
instrument. En langage postal, un facteur désigne la
« personne chargée de remettre les lettres, les paquets,
etc. confiés au service postal »76(*).En Economie, on parle de
facteur de production pour traduire l'ensemble des moyens tels que le
capital, la terre, le travail auxquels fait appel la production de biens et de
services quelconques. La Biologie, quant à elle, utilise le facteur
de croissance pour faire allusion à la « substance
qui détermine la croissance et la maturation des cellules et des tissus
vivants»77(*).
Dans le cadre des Mathématiques, les différents termes d'un
produit sont appelés facteurs. Le facteur commun est,
dans ce contexte, le terme divisant exactement plusieurs expressions.
Transposé dans le monde de la Physique, un facteur est un
rapport entre deux grandeurs de même nature. En Electricité, un
facteur de puissance est un « rapport entre la puissance
active (fournie ou consommée) et la puissance
apparente »78(*).
Dans le cadre de ce travail, il est défini comme un
élément qui conditionne un résultat. Nous l'utiliserons
pour affirmer que le secteur informel est un facteur de
développement dans le contexte de la décentralisation. Il
remplit des fonctions lui permettant d'influer sur le cours du processus de
développement.
Fonction : Le concept
« fonction » n'apparaît clairement
qu'à partir du XIXème siècle. Il est, d'abord,
apparu dans le domaine des mathématiques, puis utilisé par la
Biologie avant d'atterrir dans le domaine des sciences sociales. Du point de
vue mathématique, la fonction renvoie à « toute
correspondance entre deux classes d'objets, dont les variables sont, le plus
souvent, numériques. »79(*) D'un point de vue biologique, les fonctions,
rattachées à des appareils ou organes, constituent
« l'ensemble coordonné des opérations que ces
organes effectuent pour le maintien de la vie de
l'organisme. »80(*) Dans la physiologie de Claude Bernard, la
totalité organique ou le corps est considérée comme
l'harmonie d'une totalisation des cellules individuelles. Ce qui n'est pas sans
rappeler une certaine appréhension de la société comme une
collection harmonieuse d'individus. Le philosophe anglais Herbert Spencer
(1820-1903) empruntera, dans le cadre de ses études sociales, la notion
de « fonction » aux biologistes. La
société est, dès lors, interprétée par les
sociologues de la première heure- Auguste Comte, Herbert Spencer, Emile
Durkheim...- comme une totalité au sein de laquelle les
différents corps constitutifs, de concert, assurent l'équilibre
de par leurs rôles respectifs. C'est le principe de base du
fonctionnalisme. « En fait depuis que la sociologie s'est
constituée comme discipline autonome, elle a été
fonctionnaliste, même si elle n'en était pas consciente. Poser que
la société est analysable, qu'on peut en considérer
différentes parties, examiner les rapports entre ces parties et leur
rôle dans la société globale, ces exigences ont
été satisfaites par tous les sociologues, de Karl Max à
Talcott Parsons, et par beaucoup d'ethnologues ».81(*) Bronislaw Malinowski
(1884-1942)- aux antipodes de l'évolutionnisme, du diffusionnisme et de
l'historicisme- a été le premier à voir en Emile Durkheim
(1858-1913), sociologue français, le père du fonctionnalisme.
Celui-ci est l'un des premiers à prêcher pour le primat de la
totalité sur la partie. Pour Bronislaw Malinowski, chaque
élément culturel, institution, norme ou coutume remplit une
fonction pour satisfaire un besoin humain biologique telle la subsistance, la
défense ou la reproduction... Alfred R. Radcliffe-Brown (1881-1955),
à travers son fonctionnalisme structuraliste, pose la vie sociale comme
une totalité intégrée mais aussi structurée dans la
mesure où elle est l'ensemble des relations normatives, structurales
entre individus . En sus de cela, elle est fonctionnelle car assurant son
équilibre et sa survie. « La fonction d'une
activité quelconque est le rôle qu'elle joue dans la vie sociale
comme un tout et donc la contribution qu'elle exerce au maintien de la
continuité structurale »82(*).En résumé, c'est le fait de
« faire faire un travail aux structures » de
façon à ce que ces dernières se maintiennent. Le
fonctionnalisme absolu de Malinowski et celui structuraliste de Radcliffe-Brown
auront servi de base et d'héritage à la postérité.
Les américains tels que Margaret Mead, Redfield, Sol Tax, Talcott
Parsons, Robert King Merton et les britanniques tels que Richards, Chapera,
Gluckman, Firt, Piddington assureront le renouveau du fonctionnalisme.
Robert King Merton distinguera les fonctions latentes qui sont
non intentionnelles et non reconnues des fonctions manifestes intentionnelles
et reconnues. Selon lui, l'analyse fonctionnelle doit partir des postulats que
voici :
- tout élément ou toute partie du tout est
fonction de l'ensemble du système social ;
- un élément peut observer deux types de
fonctions sociales : une manifeste et une autre latente ; un
élément social peut ne pas avoir de fonction et, dans ce cas, il
est une survivance d'un état antérieur ;
- tout élément remplissant une fonction est
indispensable.
Il considère, dans sa théorie du fonctionnalisme
relativisé, qu'il existe une
hétérogénéité de cultures, des survivances
d'emprunts, des éléments polyfonctionnels mais aussi des
équivalences fonctionnelles. Quant à Talcott Parsons, il mettra
l'accent sur les concepts d'adaptation, d'intégration, de maintien des
régularités latentes et de visée de buts.
L'analyse fonctionnelle, dont il est question ici, consiste
à mettre en exergue le lien qui puisse exister entre deux
éléments d'un système ou entre la partie et la
totalité.
Secteur Informel : Une
très abondante littérature existe, de nos jours, au sujet du
secteur informel. Soit dit en passant, la majorité des grandes
théories touchant l'informel ont été
élaborées en Amérique latine tandis que la plupart des
études de terrain ont eu lieu en Afrique. Du radical
« forme » et du préfixe
« in », le secteur informel peut être
traduit mot à mot comme le secteur « dénué
de forme». Cette absence de forme pourrait être imputable
à une difficulté d'appréhension de ce monde marqué
par une grande hétérogénéité tant des
acteurs, des activités que des relations avec les différentes
institutions. L'absence de forme est le plus souvent imputée à la
clandestinité, à l'invisibilité statistique des unes
même si l'on décèle de façon très visible les
autres. Le concept secteur informel (informal sector), créé par
Keith Hart à travers une étude sur le Ghana en 1971, est apparu
au grand jour en 1972 dans le rapport sur le Kenya du « Programme
Mondial sur l'Emploi » commandité par le BIT depuis 1969. La
pléthore d'études et de théories disponibles indique une
variété des dénominations attribuées à ce
secteur d'activités. Les définitions proposées
évoluent dans le temps mais aussi varient de théorie en
théorie ou d'auteur en auteur. En 1972, le Rapport du Kenya proposait
sept critères que sont : « facilité
d'accès à l'activité ; utilisation de ressources
locales ; propriété familiale de l'entreprise ;
échelle d'activité réduite ; usage de techniques qui
privilégient le recours à la main-d'oeuvre ; qualifications
acquises hors du système officiel de formation ; marchés
concurrentiels et sans réglementation »83(*). En 1976, Sethuraman les a
élevé au nombre de quinze (15), avec l'approbation du BIT, parmi
lesquels « la flexibilité des horaires de travail,
l'absence de recours au crédit régulier, le bas prix des
produits, le bas niveau d'instruction, l'absence d'usage
d'électricité »84(*) pour ne citer que ces critères. La liste est
longue et il est aisé de comprendre qu'une activité informelle
les présente rarement tous.
Selon Charbel Zarour, l'informel se caractérise,
contrairement au formel par quatre critères que sont : le non
enregistrement légal, l'engagement du personnel non-conforme au Code du
travail, la comptabilité irrégulière et la taxation
indépendante de cette comptabilité. Selon lui, « le
secteur informel serait constitué d'un ensemble d'activités
économiques de production et de distribution de biens et de services
à petite échelle exercées à des degrés
variables en marge de la réglementation instituée par la
puissance publique (code des impôts, code du travail, code des
obligations civiles et commerciales, etc.) mais au vu et au su de
l'administration »85(*).
John McKenzie quant à lui, pense que « la
différence entre les secteurs formel et informel n'est pas une
différence de légalité, mais une différence de
culture. Le secteur formel sénégalais est moderne, occidental
tandis que le secteur informel est traditionnel et
africain. »86(*)
Selon Rudolf Bicanic87(*), le « systeme D » est un
terme qui fut utilisé pour la première fois par S. J. Kurovski en
1957 pour traduire alternativement avec le concept « The
Economics of Underground » ce qu'on appelle
« Economie souterraine ». Pour Bicanic, il
«y a économie souterraine quand les buts sont atteints (les
désirs satisfaits) par des moyens différents de ceux que la loi
autorise, par des agents non reconnus par les institutions agissant dans le
même environnement que celui dans lequel est menée
l'activité ouverte, mais dans l'ombre.» L'existence de ce
système D implique donc la présence de deux formes
d'activités économiques différentes : d'un
côté, celle formalisée, normative et
institutionnalisée et de l'autre celle fluide, pragmatique et
désinstitutionnalisée. C'est donc dire que l'existence
de l'économie souterraine est concomitante à la présence
de l'économie structurée. D'où l'on serait tenté de
dire que chaque niveau de développement économique a son
économie souterraine propre de même que sa propre philosophie du
luxe ou du développement. En effet, le dualisme formel /informel
est, de nos jours, devenu une façon de penser
l'hétérogénéité des économies des
pays du Sud. Les activités informelles (facilité d'accès,
ressources locales, propriété familiale, marchés ouverts
à la concurrence, absence de comptabilité, faible niveau
scolaire...) émerge à côté d'une économie
moderne (salariat, profit, capital, organisation industrielle...) et d'un
secteur dit non marchand (absence de circulation monétaire, production
de simples valeurs d'usages, autosubsistance...). Celui-ci est un
système ayant un dynamisme endogène et une
spécificité propres.
Si c'est l'illégalité qui définit le plus
souvent l'informel, il est important de savoir quelles sont les lois ou les
aspects de la loi qui ne sont pas respectés ? Pour Bruno Lautier,
« il peut s'agir de lois concernant le paiement des impôts
ou celui des cotisations de sécurité sociale, de
réglementation des conditions de travail, de l'hygiène et de la
sécurité, de lois délimitant des espaces où peut
s'exercer une activité, de plans d'occupation des
sols... »88(*). D'aucuns ajouteraient la concurrence
déloyale, la fraude fiscale, le marché noir, la corruption, le
vol de biens publics...Il faut souligner que la non observance des
règles permettant de décréter l'informalité d'une
activité doit être systématique et non occasionnelle ou
circonstancielle. Devant la pléthore de registres existants, il est
difficile, pour certains acteurs, de s'inscrire dans toutes les listes
règlementaires. Dans une telle situation, la loi n'est presque plus vue
comme « le reflet de la volonté générale.
Elle a un sens sélectif, bénéficie d'un respect
sélectif. Tout s'achète, tout se vend, pour autant qu'on ne soit
pas pris par les représentants de la loi »89(*).
Selon Assane Camara90(*), reprenant les propos de A. Morice, les
métiers sont « tolérés quoique informels ou
illégaux, pour autant qu'ils n'enfreignent pas certaines règles
du jeu ». D'ailleurs, d'aucuns imputent la non inscription aux
registres et le non respect des lois à la complexité de la
bureaucratie mais aussi à l'excès et à l'inadaptation de
la réglementation. Pour le corroborer, Bruno Lautier cite, dans son
ouvrage, l'économiste péruvien Hernando de Soto selon qui
« la complexité de la bureaucratie engendre un nombre et,
surtout, une durée des démarches impressionnants (par exemple,
dix mois pour pouvoir mettre en route une petite entreprise industrielle, et
vingt-six mois pour obtenir l'autorisation d'exploiter une ligne de microbus).
Au temps, se rajoutent des frais (majorés par la corruption, si on veut
accélérer le processus) »91(*). Les registres municipaux
reçoivent, néanmoins, beaucoup d'inscriptions car ils permettent
aux acteurs de négocier avec les agents municipaux mais aussi de devenir
fiables aux yeux des partenaires commerciaux.
Par ailleurs, les activités du secteur sont
variées et différentes de taille, de nature, de capacité
développante, etc. Gabriel Boissy les typifie en trois catégories
différentes :
· « secteur informel de subsistance ou refuge
des pauvres » : lingères, domestiques,
pileuses, petits réparateurs, tailleurs, forgerons, chauffeurs à
mi-temps et apprentis, marchands ambulant, étalagistes....
· « secteur informel de
transition » : usant d'équipements et de
technologie traditionnels tout en produisant des biens et des services à
grande valeur marchande et regroupant l'artisanat d'art comme la
photographie et la bijouterie, l'artisanat de bâtiment, le commerce
localisé dans les souks et les boutiques...
· « le secteur informel moderne ou celui
des nantis du secteur informel » : les activités
de ce groupe ont la trempe de PME mais leur réticence partielle ou
totale aux lois administratives et légales les retient dans ce groupe
(artisanat de production, d'art et du bâtiment, les grands
commerçants, les transporteurs...).
Ce secteur existe un peu partout dans le monde. Il n'est pas
une réalité sui generis au Tiers-monde mais il existe
aussi en Grèce, en France, en Italie, en Espagne, dans les pays de
l'Europe de l'Est, en Amérique latine... Les actifs de ce secteur ne
cessent d'augmenter et de présenter de nouveaux caractères :
des ruraux en milieux urbains, des exclus de l'école, des anciens
chômeurs, des déflatés du secteur moderne et même des
acteurs du système moderne qui optent pour la pluriactivité. Les
actifs de l'informel du Sénégal, estimés à
161 000 en 1960, passent à un effectif de 475 000 en 1980, de
638 000 en 1991 et d'un million en 199692(*). Ce secteur a amorti dans une certaine mesure le choc
de la crise. Dans le contexte de décentralisation, il peut être vu
comme une force locale donnant des réponses locales aux problèmes
locaux.
Dans ce travail, nous convoquerons la définition -on ne
peut plus- satisfaisante que le Professeur Abdoulaye Niang a proposé
pour cerner le mieux possible l'informel richard-tollois, en
particulier.
« Le secteur informel est l'ensemble des
activités de commerce, de production de biens, de services à
valeur marchande, de pratiques associatives d'épargne et de
crédit, de transfert ou de redistribution des ressources, toutes se
menant à une échelle plus ou moins réduite, qui
échappent partiellement ou totalement à la législation
et/ou aux normes dominantes qui régissent le champ des activités
et des pratiques de même catégorie. »93(*)
Tableau de la conceptualisation
Concepts
|
Dimensions
|
Indices
|
Indicateurs
|
Contexte
Décentralisation
|
Autonomie
de gestion
|
Organisation et
Fonctionnement
|
Les structures
municipales
|
Exercice des
compétences
|
Les 09 domaines de
compétences
|
FACTEUR
H
Y
P
O
|
Fonction
Economique
|
Apport au Budget
|
Taxes et Impôts dans le
Budget
|
Part dans
l'économie globale
|
Produit Local Brut
(PLB)
|
Fonction
Sociale
|
Réduction de la
crise sociale
|
Emplois
|
Revenus
|
Biens et services
|
T
H
E
S
E
Développement local
|
Amélioration des conditions de vie et de travail
des populations
|
Bilan de la
décentralisation
|
Satisfaction sociale
|
Gestion de proximité
|
Formalisation de
l'informel
|
Investissements
municipaux
|
Attentes populaires et perspectives de
l'équipe
municipale
|
V. Objectifs
Précisons, d'emblée, que ce travail n'a pas un
but exhaustif ni curatif, il s'inscrit dans un cadre purement académique
et vise avant tout à nous éclairer et à cerner les
contours de la relation Informel/ Décentralisation. Par rapport à
notre logistique, nous avons cherché à séparer l'important
de l'accessoire, à primer la pertinence sur l'exhaustivité.
Les principaux objectifs que nous visons par le truchement de
ce travail se résument à:
- montrer qu'il y a une forte présence du secteur
informel à Richard-Toll, secteur qui y trouve ses raisons d'être
malgré le développement du système moderne avec la
Compagnie Sucrière Sénégalaise qui est un grand
ténor économique ;
- évaluer le poids socioéconomique de
l'économie parallèle; autrement, appréhender la place de
l'informel dans l'économie globale de la Commune, évaluer sa part
à la constitution du Budget Communal de Richard-Toll ;
- voir le degré de satisfaction aussi bien des acteurs
que de la Municipalité vis-à-vis des activités
informelles.
- évaluer les atouts et les faiblesses de ce secteur
dans une telle collectivité et dans un tel contexte.
- faire le point sur les politiques municipales
adressées aux acteurs informels.
VI. Intérêt du sujet
Cette étude trouve toute sa pertinence, nous le pensons
bien, dans la recherche de la relation qui lie secteur informel et
collectivités locales. Le contexte de la décentralisation fait du
secteur informel un thème majeur d'investigation et d'analyse.
L'informel- dont d'aucuns doutent jusqu'à nos jours des capacités
ou qualités développantes- justifiera à travers cette
étude sa vraie place et son vrai rôle dans la vie
socio-économique de tout Richard-Toll. Dans la logique de Gaston
Bachelard selon qui toute connaissance est une réponse à une
question, cette étude apportera un tant soit peu de lumière sur
la connaissance du secteur informel dans le contexte actuel. Aucune
étude du sujet n'ayant été faite sur la ville de
Richard-Toll, ce travail permettra de mieux nous éclairer sur
l'évolution, les dimensions et les retombées du
phénomène que l'on constate en accélération ces
dernières années dans tout le pays.
VII. Cadre théorique
Jean-Michel Berthelot est notre référence dans
l'élaboration de notre cadre théorique. En d'autres termes, les
schèmes nous permettent ici de montrer la manière dont nous
posons le problème. Partant du postulat sociologique selon lequel le
social explique le social, nous avons pris l'option de recourir à un
seul schème. Au regard du sujet, notre inspiration s'est directement
référée aux schèmes de dépendance, plus
particulièrement au schème fonctionnel puisqu'il est ici question
d'appartenance mais aussi de contribution, d'apport d'un élément
à un système tout entier.
Secteur informel
Développement local
Le développement local nécessite un apport du
secteur informel qui constitue un maillon non négligeable de la
structure socio-économique de la Commune.
La formule logique de ce schème dit fonctionnel est
établie comme suit :
[A ñ B] = [B A ;{A>B>A}]
A = système ; B = sous-système ou
élément du système ; ñ = la relation
entre ;
> = rend compte de ; = appartient
à
L'élément [A] est un système traduisant
dans ce contexte la Commune de Richard-Toll. L'élément [B],
faisant allusion au secteur informel, est un élément ou un
sous-ensemble du système [A]. Dans une perspective fonctionnaliste, ce
secteur informel remplirait des fonctions au niveau du système auquel il
appartient. Tout acte de [B] influe donc forcément sur [A]. Les
fonctions que nous attribuons au secteur informel sont celles sociale et
économique. Si donc elles sont bien remplies, la Commune de Richard-Toll
le sentira forcément dans son projet et son processus de
développement.
Ce schème fonctionnel ayant donné lieu à
deux types de programmes de recherche, nous privilégierons l'un
à savoir l'Analyse Fonctionnelle. Celle-ci conçoit la
société comme un système de besoins définissant,
pour satisfaire ces derniers, des fonctions utiles et des institutions pour les
remplir. L'informel est une institution parmi tant d'autres ayant une fonction
sociale et une autre économique visant la satisfaction sociale des
besoins de développement. Les exigences de fonctionnement ou de
développement de la Commune nécessitent que l'informel remplisse
ses fonctions. Il est posé ici la problématique de l'apport de la
partie au tout. La pluralité fonctionnelle de Merton montre que ce
secteur joue des rôles divers allant de la réduction du
chômage à la participation au budget en passant par la
création de richesses et le pourvoi de biens et de services aux
populations.
VIII. Commune de Richard-Toll dans le Contexte de la
Décentralisation
Secteur Informel
Fonction Sociale- Fonction Economique
Développement Local
Proximité. Investissements. Satisfaction
Maire et Conseil Municipal
Compétences et Autonomie
Budget Autonome
Recettes . Dépenses
Economie Locale
Modèle d'analyse
Commentaire : Dans le contexte de
la décentralisation, la commune de Richard-Toll a à sa tête
un Conseil Municipal élu, dirigé par un Maire, à qui des
compétences sont attribuées en plus de l'autonomie
administrative. Pour mener à bien sa mission, il dispose du Budget
autonome auquel contribue le secteur informel un des acteurs de
l'économie locale qui remplit des fonctions sociale et
économique. Les recettes soutirées du secteur informel et des
autres secteurs de l'économie seront dépensées ou
investies pour la satisfaction sociale, l'équipement de la ville... dans
le cadre du développement local.
Chapitre II: Approche méthodologique
Aujourd'hui, les querelles de méthodes en sciences
sociales n'ont plus leurs raisons d'être. « Ni le
qualitatif, ni le quantitatif d'ailleurs, ne garantissent une totale
objectivité ; ils tendent seulement à assurer une
démarche la plus objective possible »94(*). Autant la parole est
limitative, autant le chiffre ne donne pas plus de sens. Pour mieux cerner
notre sujet et avoir une plus grande lisibilité et visibilité des
facettes qu'il présente, nous proposerons une méthodologie
chère à l'Université de Saint-Louis: la
triangulation des méthodes.
I. Exploration
Il n'y a pas de recherche sans documentation qui permette de
faire le point sur la question posée. C'est une partie du travail qui
nous a pris l'essentiel de notre temps car il fallait faire l'ensemble des
bibliothèques et centres de documentaires auxquels nous pouvions
accéder dans la mesure de nos moyens financiers. Nous avons
sélectionné des articles, des revues, des ouvrages, des notes de
cours afférents à notre thème et à notre sujet de
recherche. Force est de reconnaître hic et nunc l'apport
très important des cours de méthodologie,
d'épistémologie et de théorie auxquels nous avions
assisté et participé à l'Université Gaston Berger.
Nous avons passé au peigne fin l'ensemble des cours que nous avions si
précieusement gardés. En outre, nous avions visités:
· la Bibliothèque Universitaire Gaston Berger de
Saint-Louis qui nous a fourni la plus grande part des ouvrages de notre
bibliographie ;
· la Bibliothèque Universitaire Cheikh Anta Diop
de Dakar où nous nous sommes perdus dans les rayons par manque de
maîtrise du système ;
· les Centres de Documentation existants dans l'enceinte
de l'Université Gaston Berger.
· la Bibliothèque de la Mission Catholique de
Dagana.
Nous avions aussi consulté des ouvrages ou articles
que nous avions gardé ou que nous avions trouvé au hasard chez
des camarades ou des amis. Les journaux que nous trouvions à l'Amicale
des Etudiants de l'UFR des Sciences Economiques et de Gestion nous ont
été d'un apport considérable. Le
« Cyber-campus » a aussi été notre zone de
connexion à Internet. Nous n'oublierons pas de mentionner l'utilisation
faite des données de quelques CD-ROM tels que « Encarta
2004 », « La Commune de
Richard-Toll ».
Après confection de notre bibliographie après
avoir parcouru toutes ces sources, nous nous sommes mis à la lecture et
à la confection de fiches de lecture. De temps en temps, nous faisons
une petite descente à la Mairie de Richard-Toll. C'est à la suite
de tout cela que notre problématique a vu le jour et que le sujet, les
hypothèses et la question de recherche ont été davantage
précisés.
II. Echantillonnage
« L'échantillonnage est
l'opération qui consiste à prélever un certain nombre
d'éléments (c'est-à-dire un échantillon) dans
l'ensemble des éléments qu'on veut observer ou traiter
(population). L'échantillon est l'ensemble des éléments
à propos desquels on va effectivement recueillir des
données »95(*). En d'autres termes, l'échantillon est une
petite partie de quelque chose, un représentant de la population totale
-d'où son caractère de représentativité-
utilisé dans le souci d'expliquer certains caractères
généraux d'un fait donné. Nous avons
opté, avec la triangulation des méthodes, pour deux formes
d'échantillons.
Pour les données quantitatives, nous avons recouru
à un échantillon à caractère non probabiliste
à savoir l'« échantillon stratifié
pondéré » ou
« échantillon par quotas »
qui est un des types d'échantillon des plus utilisés de nos
jours. Le souci de représentativité a fait que nous avons au
mieux respecté la représentation de chaque couche de la
population de référence par le biais du report de sa
fréquence dans l'échantillon. Notre base de sondage est
tirée de l'ouvrage intitulé L'économie locale de
Richard-Toll 199996(*), publié en Juillet 2000, qui est le seul
à contenir des informations globales sur cette commune et auxquelles
nous avons pu accéder. Nous avons tiré de chaque type
socioprofessionnel, parmi ceux en présence, un taux de 02%. A travers le
tableau qui suit, il devient plus clair de voir la manière dont
l'échantillon final de 142 unités a
été calculé.
Tableau d'échantillonnage
quantitatif
Catégories Professionnelles
|
Effectif total ou Nombre d'unités
|
Part dans l'échantillon (02%)
|
Commerce
|
3 541
|
71
|
Artisanat
|
3 119
|
62
|
Transport
|
453
|
09
|
Totaux
|
7 113
|
142
|
Après le report des différents quotas, nous
avons adopté la technique des itinéraires.
Celle-ci consiste à choisir un itinéraire
géographique pré-établi suivant lequel on choisit les
enquêtés. L'artère principale de la Route Nationale II a
été sélectionnée comme itinéraire
d'enquête pour la bonne et simple raison qu'elle passe au coeur de
Richard-Toll et constitue la ligne où se concentre la plus grande partie
des activités mais aussi des services administratifs. Pour donner
à tous la chance de faire partie de l'échantillon, nous passerons
par quelques rues et au bord du fleuve où se font aussi des transactions
informelles.
S'agissant des données qualitatives, nous avons
porté notre choix sur un échantillon par cas multiple à
savoir l'échantillon par contraste reposant sur deux
critères fondamentaux que sont le principe de la diversification
(externe des statuts) garante de la représentativité d'un
côté et le principe de la saturation empirique garante de
l'exhaustivité relative des données empiriques. Il est question
de la confrontation d'informations provenant de divers acteurs appartenant
à divers groupes du milieu étudié. Nous avons
sélectionnés des informateurs-clés pertinents, nous
semblait-il, pour l'étude. Nous entendons par informateurs des personnes
capables de nous livrer des informations en rapport avec notre
problématique de recherche du fait de certaines connaissances qu'ils
possèdent ou des fonctions qu'elles exercent. Nous avons cherché
à sélectionner ceux qui pouvaient remplir les critères
suivants : disponibilité, spontanéité,
productivité, capacité imaginative, objectivation des traits de
sa culture d'appartenance... C'est ainsi que nous avons été
amené à nous entretenir avec :
· M. Abibou Dièye, Maire de la Commune de
Richard-Toll ;
· M. Magatte Seck, Secrétaire Municipal ;
· M. Doudou Diaw Bakhao, Conseiller Municipal ;
· M. Youssou Dièye, Chargé de la
Communication de la Mairie.
III. Techniques de recueil
Comme nous l'avons souligné ci-dessus, une
triangulation des méthodes qualitatives et quantitatives a
été faite dans le cadre de cette étude. Il nous est
possible de recourir à plusieurs techniques de collecte mais, compte
tenu du temps et des moyens logistiques et financiers dont nous disposions,
quelques-unes ont été privilégiées dans la kyrielle
existante. Celles qui nous ont semblées adéquates ou plus
pertinentes sont les suivantes :
- Le questionnaire pour les
acteurs de l'informel : le choix de cette technique est justifié
par le fait que nous avons besoin de chiffres pouvant quantifier la
présence du phénomène informel, ses apports et la
diversité aussi bien de ses activités que de ses acteurs dans la
Commune de Richard-Toll. Notre questionnaire est composé de cinq (05)
parties ou rubriques au niveau desquelles nous avons disséminé un
total de quarante-trois (43) questions. Du point de vue du genre, nous y
retrouvons des questions de fait, d'opinion, d'action mais aussi d'intention.
Selon la forme, on peut y déceler aussi bien des questions
fermées ou précodées que des questions ouvertes, tant des
questions à éventail ou à évaluation, des questions
directes que des questions indirectes. L'administration du questionnaire a
duré, en moyenne, trente cinq minutes par enquêté. C'est en
vingt jours que nous avons atteint notre cible de 142 enquêtés
prévus par l'échantillon par quotas. Les acteurs ont
été interpellés sur les enjeux sociaux et
économiques de leurs activités au niveau communal avant
d'être entendus sur leur rapport à la municipalité et sur
le bilan qu'ils font de la décentralisation.
- L'entretien pour les
informateurs-clés : allant au-delà de l'étude des
faits extérieurs, les Sciences Humaines et Sociales s'intéressent
davantage à l'individu social -qui est un représentant de son
groupe- dans le souci de saisir ses intentions, stratégies,
réactions, croyances et sa manière de voir... L'interview que
nous avons privilégiée est : une interview de leaders du
point de vue des sujets interrogés; une interview documentaire reposant
sur les connaissances des faits du point de vue de l'objet de recherche ;
une interview centrée avec un guide pré-établi fait de
questions du point de vue des modalités techniques et/ou une interview
à questions ouvertes avec un protocole d'enquête limité
à l'objet du point de vue des formes de questions. Au niveau des guides
d'entretien, nous avons sélectionné des leaders en fonction de
leur compétence suivant les domaines que nous étions
amenés à mettre en lumière dans le présent ouvrage.
C'est ainsi que trois guides ont été confectionnés. A
travers ces entretiens, il était question de voir la vie de la Commune
à l'épreuve de la décentralisation et de situer les enjeux
que le secteur informel pouvait susciter dans le contexte actuel.
- L'observation documentaire :
des documents contenant un certain nombre d'informations
récentes sur le phénomène étudié nous ont
dispensé de faire une enquête sur ces éléments.
Devant la disponibilité de certaines informations, l'analyse
documentaire trouve sa pertinence dans la sélection de nos outils de
collecte. Les données historiques dont nous disposons nous ont permis de
suivre l'évolution des phénomènes en question. Notre
analyse documentaire a porté sur trois principaux documents:
· L'économie locale de Richard-Toll
1999, un ouvrage de 71 pages de Bouna Warr et Ousmane Sow
publié en Juillet 2000 par le Club du Sahel de l'OCDE et le Conseil
Municipal de Richard-Toll.
· Commune de Richard-Toll, un
CD-ROM datant de 2004 signé Amadou Konté.
· Le recueil des textes de la
décentralisation, un ouvrage de 310 pages conçu par
la Direction des Collectivités Locales et publié en novembre
2003.
- L'observation participante
désengagée: elle nous permet d'avoir une vue à
distance mais de l'intérieur du phénomène dans la mesure
où le travail des acteurs et leur degré d'engagement sont au
coeur de notre observation directe. Durant tout notre séjour à
Richard-Toll de près d'un mois, nous nous livrions à des
observations récurrentes de notre objet.
IV. Histoire de la collecte
Choix du sujet : Le choix du
sujet n'a pas été très facile. Nous avions eu la
volonté de nous spécialiser provisoirement sur le secteur
informel qui nous a semblé pétri d'intérêt
scientifique. Nous avions voulu faire une étude comparative avec le
formel mais le sujet allait être très large. C'est suite à
des nuits de réflexion et à des rencontres techniques avec notre
encadreur que nous avons pris la résolution de traiter le sujet retenu.
Le choix de Richard-Toll a une motivation double. D'une part, nous voulions en
connaître un peu plus sur notre terroir qui est le département de
Dagana. Charité bien ordonnée commence par soi. D'autre part, la
ville de Richard-Toll est la ville la plus importante du département
tant du point de vue démographique qu'économique. En sus de cela,
du point de vue de la faisabilité, elle faisait l'affaire eu
égard à la modestie de la logistique et des finances dont nous
disposions.
Autorisation : Nous avons
cherché un rendez-vous avec le maire pour obtenir l'autorisation de
travailler sur la Commune. Il nous a accueilli sans cérémonie et
a même loué le travail et son intérêt pour la commune
tout en insistant sur une éventuelle ristourne des résultats au
niveau de la Municipalité souffrant de données empiriques dans
certains domaines tel que le secteur informel. Etant très occupé,
il nous a mis en relation avec le Secrétaire Municipal et l'Agent
Comptable.
Infiltration : Nous connaissions
la Commune de Richard-Toll pour y avoir eu des amis mais nous n'avions aucune
affinité avec notre population-cible. Finalement, nous avons usé
de nos accointances avec un frère d'un ami, agent municipal, qui nous a
introduit auprès des autorités municipales. Au niveau de
l'enquête, un camarade étudiant désormais agent dans une
mutuelle de la place a fait une bonne presse de l'étude auprès de
certains acteurs. La pré-enquête ou l'exploration a
été faite à travers quelques descentes sur le terrain en
guise de prise de contact avec notre objet de recherche.
Pré-test : Après
avoir confectionné le questionnaire, entre autres outils de collecte, il
nous a été impératif de le tester comme le
préconise la méthode quantitative dans le dessein de voir sa
fiabilité, sa clarté et sa pertinence. Un effectif de cinq
personnes a été enquêté au niveau du marché
central de Richard-Toll. Suite à cela, des réajustements se sont
imposés et nous l'avons peaufiné en éliminant, en
reformulant ou en ajoutant un certain nombre de questions.
Enquête : Après les
descentes exploratoires, après confection du questionnaire et
pré-test, nous sommes descendu sur le terrain pour l'enquête
proprement dite. Notre immersion nous a pris exactement un mois. Les entretiens
commencés le vendredi 09 septembre 2005 seront terminés le samedi
08 octobre 2005.
Exploitation : Après le
dépouillement, les données ont été
exploitées selon les méthodes choisies. C'est à l'issue de
tout ce qui précède que le document final a été
confectionné durant tout le mois de Ramadan dans notre chambre au campus
universitaire.
V. Difficultés rencontrées et
stratégies adoptées
Ce travail ne s'est pas réalisé avec une grande
facilité. Les conditions de réalisations ont été
très difficiles. Nous allons énumérer quelques-uns des
innombrables écueils sur lesquels nous avons buté.
· Difficultés d'accès aux
données chiffrées récentes : Au niveau
de la Municipalité, il n'y a pas de données fiables sur
lesquelles on peut s'appuyer pour donner forme à un travail
scientifique. Les acteurs ne sont pas fichés au niveau des services de
la place. Le caractère même informel de l'objet de notre
étude est révélateur. Trouver une base de sondage
était la croix et la bannière. Finalement, nous avons choisi de
tirer notre échantillon du dernier travail datant de 2000
réalisé sur la Commune par le Club du Sahel.
· Indisponibilité quasi-permanente des
informateurs qui ont des charges très exigeantes en
matière de voyage et d'occupation constante. Il nous a été
très difficile d'accéder au Maire. Il fallait attendre des heures
par respect au protocole. Nous étions obligés de nous armer de
patience et de sérénité pour obtenir satisfaction.
· Méfiance et refus des acteurs de
l'informel : Les acteurs du secteur informel
éprouvent souvent des difficultés à se prêter
à l'enquête. Ceci est dû à l'incompréhension
des objectifs de l'enquête, à la suspicion d'un éventuel
espionnage du service des impôts et domaines. Nous déclinions dans
la mesure du possible notre identité et les objectifs de l'enquête
avec la présentation de notre carte d'étudiant à l'appui
pour mettre certains interviewés en confiance. Le respect strict de
l'éthique nous a coûté cher avec bien des refus de la part
des cibles. Pour jouer la carte de l'objectivité du point de vue des
informations à recueillir, nous avons pensé et jugé
nécessaire qu'il fallait jouer franc-jeu, être sincère et
dévoiler notre véritable identité d'étudiant. Cela
nous a permis, et nous le croyons fermement, d'obtenir des informations
fiables. Néanmoins, bien des acteurs sur qui tombent le choix de
l'échantillon ont refusé l'enquête mais nous
procédions illico presto à un remplacement par l'acteur
qui occupait la place la plus proche. Nous n'avions pas été
à l'abri des suspicions de journalisme ou d'espionnage. Par ailleurs,
nous tentions, à chaque fois que faire se pouvait d'évacuer
certains propos de l'acteur par une plaisanterie, une taquinerie. Le respect de
la culture ou de l'opinion de l'enquêté a aussi été
dans nos préoccupations durant toute la période de nos
enquêtes. Nous acceptions ouvertement de boire ou de manger les aliments
que les enquêtés nous invitaient à partager malgré
la forte prévalence du choléra en cette période
d'épidémie (Septembre 2005).
· La fatigue et la canicule ne
nous ont pas épargné. Durant cette période d'hivernage,
nous marchions de longue distance, parlions beaucoup pour obtenir des
informations. Nous inhalions les fumées des restaurants, des dibiteries,
l'odeur du gas-oil et de certains produits pestilentiels. Nos habits
étaient souvent enduits de graisses, tachetés de sang des
boucheries... Nous redoublions d'efforts sachant que la lumière est au
bout du tunnel.
VI. Dépouillement
Le dépouillement a été fait manuellement
du fait de l'indisponibilité d'ordinateur au moment de faire ce travail
au coeur des vacances. Il s'est agi de faire un comptage manuel variable
après variable. Nous avons décidé d'y aller lentement mais
le plus sûrement possible.
L'exploitation des données s'est faite d'un
côté avec une analyse des statistiques descriptives pour les
données quantitatives et de l'autre avec une analyse de contenu pour les
données qualitatives. Il fallait calculer la fréquence, le
degré de répétition, les pourcentages, faire des
diagrammes, courbes, tableaux de tris à plat, de tris croisés,
etc.
Partie II :
Cadre de l'étude
Et
Contexte de la
Décentralisation
Carte de localisation de la Commune de
Richard-Toll
Chapitre I : Cadre de l'Etude
I. Aspects historiques
L'histoire de Richard-Toll est indissociable, à
certaines époques, à celle du Walo. Ndioukouk- un petit village
sur les rivages de la Rivière du Taouey entouré de champs de
henné - se situait quelque part dans le Walo. Le Walo a
été la première partie du Sénégal à
entrer en contact avec les Occidentaux si l'on sait que des marins
français provenant de Rouen, de La Rochelle et de Nantes ont
fondé la ville de Saint-Louis en s'installant à l'embouchure vers
1659.
La période des grands comptoirs en Afrique occidentale
et du commerce triangulaire s'étalait de 1600 à 1800 où
des escales du Fleuve Sénégal (Dagana, Podor et Bakel) ont
marqué l'histoire. L'esclavage aboli au XIXème
siècle, une autre alternative s'offre aux occidentaux, en l'occurrence
la colonisation. A la date du 08 mai 1819, un colonel français du nom
de Schmaltz97(*) a
signé le Traité de Ndiaw avec le Brack Amar Fatim Borso Mbodj
permettant à l'Hexagone de s'implanter, d'implanter des
établissements de culture et de construire des forts de protection
contre les maures et autres assaillants sur la Taouey et à Dagana. Entre
1822 et 1827, des essais agricoles sont proposés par le premier
gouverneur civil français Jacques Roger. C'est alors que la
première station expérimentale agricole de l'Afrique noire fut
installée par l'ingénieur en horticulture Claude Richard
(1783-1869) qui donnera son nom à Ndioukouk. Le coton, le sésame,
l'indigo et l'arachide parmi tant d'autres cultures pratiquées en
Afrique, de nos jours, proviennent de son jardin.
Richard désignant l'horticulteur lui-même et
« Toll », mot d'origine wolof signifiant
« Champ de culture », se joignent pour donner le
nom de cette localité célèbre de nos jours. Richard-Toll
signifie donc textuellement en wolof « le champ de
Richard ». Le foyer originel de la ville était l'actuel
quartier Escale entouré des trois villages que sont Khouma Wolof, Khouma
Peuhl et Ndiangué.
Le plus ancien édifice demeure, à Richard-Toll,
« La Folie du Baron Roger ». Le Baron Jacques
Roger fut le premier gouverneur civil du Sénégal et sa
gouvernance dura de 1821 à 1827. Il comprenait et parlait la langue
Wolof. Il épousa Yacine Yérim Diaw avec qui il eut une fille du
nom de Marie Roger qui avait à son tour des descendants à
Richard-Toll. C'est donc pour sa femme que le Baron a construit en 1827
« La Folie du Baron Roger », un château sur
les rives de La Taouey.
Source : Enquête, 2005.
Après les indépendances, dans le souci de
trouver un substitut aux importations, l'Etat a pris l'option de miser sur
l'agriculture mais aussi sur l'initiative privée. C'est ainsi que des
cultures expérimentales sont faites sur le casier délaissé
par la Société de Développement Rizicole du
Sénégal (SDRS). La canne à sucre entre autres tests a
donné des résultats probants mais, du fait de la salinité
du sol demandant beaucoup de moyens, les investisseurs sont restés
pusillanimes. Avec un certain nombre de privilèges protecteurs
(fiscalité réduite, monopole, garantie des prix), le Groupe
Mimran crée la Compagnie Sucrière Sénégalaise
à travers la Convention de 1970 signée avec le Gouvernement
Sénégalais. L'Usine a commencé à tourner depuis le
28 juillet 1970. C'est le début de la croissance et de l'attrait de
Richard-Toll. La ville a, aujourd'hui, répondu à cette vocation
agricole avec les champs de canne à sucre qui s'étendent à
perte de vue. Erigé en Commune en 1980, dix ans après
l'ouverture de la CSS, Richard-Toll est aujourd'hui une des villes les plus
attractives du Sénégal.
II. Aspects géographiques
Localisé entre 16°27 de latitude Nord et
15°42 de longitude Ouest, la Commune de Richard-Toll s'étend sur
une superficie de 3 000 hectares et se situe sur la rive gauche du Fleuve
Sénégal à 25 Km de Dagana (chef-lieu de
département), à 106 Km au nord-est de Saint-Louis (capitale
régionale) et à 371 Km de la Capitale du Sénégal.
Il y a quelques décennies encore, Richard-Toll était
coincé entre La Taouey, le Fleuve Sénégal et la Route
Nationale 2. Aujourd'hui, bornée au Nord par le Fleuve et au Sud par les
canaux d'irrigation, son extension se fait d'Ouest en Est.
Avec un relief plat homogène, il est localisable sur la
plaine alluviale du Fleuve Sénégal ; autrement dit, sur la
haute partie d'une cuvette inondable. Le type de sol caractéristique du
milieu est celui argileux et limoneux. Avec une saison sèche
s'étendant d'Octobre à Juin et une saison des pluies
marquée par une faible et irrégulière pluviométrie
avoisinant 350 mm/an, le climat est sahélien à Richard-Toll avec
une température annuelle moyenne de 26°c. La
végétation est généralement faite d'acacias
clairsemés et de tapis herbacés en hivernage. La rivière
de La Taouey et le Fleuve Sénégal en constituent le réseau
hydrographique.
III. Aspects démographiques
Le hameau de Ndioukouk comptait 28 habitants résidents
et une population flottante de 1 148 nomades essentiellement de Wolofs et
de Peuls. Avec une population de l'ordre de 200 habitants en 1945, de
1 100 habitants en 1960, Richard-Toll a connu un très rapide
accroissement démographique passant de 2 000 habitants en 1970
à environ 63 500 habitants de nos jours. L'installation de la CSS a
constitué un facteur d'accélération de l'urbanisation de
Richard-Toll qui est, dès lors, dans le sélectif des ruraux mais
aussi des citadins de villes voisines en quête de travail. Contrairement
aux autres villes du nord, anciens géants économiques du
Sénégal de par le rôle de comptoirs d'antan perdant de jour
en jour leur lustre, Richard-Toll devient plus imposant et plus attrayant du
point de vue économique. Sa densité est de l'ordre de 20
habitants/Km2 en 1999. La composition démographique fait
état de 65% de Wolofs, de 18% de Pulars, de 4% de Maures et de 3% de
Diolas. Les Manjaques, Bambaras, Sérères et Sarakholés
sont aussi présents dans la ville qui est la deuxième ville de la
région après Saint-Louis eu égard à la population.
L'immigration et l'exode rural panachés au taux de croissance
démographique local en font une ville peuplée dans le contexte
sénégalais. Cette population fluctue selon l'ouverture (forte
densité) ou la fermeture (faible densité) de la Campagne
Sucrière.
IV. Aspects économiques
La réputation de ville industrielle et de ville
carrefour est, sans conteste, reconnue à la Commune de Richard-Toll.
Toute l'économie, comme on le constate, tourne autour de la Compagnie
Sucrière Sénégalaise. Le rôle de celle-ci est
reconnu tant dans la vie de la Municipalité à laquelle elle verse
une importante patente annuelle que dans la vie des populations auxquelles elle
prodigue des emplois salariés, des oeuvres sociales...
Le secteur moderne nourrit 56% de la population. Le secteur
informel, avec ses 28%, dame le pion au secteur primaire qui n'occupe que 16%
de la population. Dans le secteur moderne, Richard-Toll enveloppe, en dehors de
la CSS, des boites telles que l'IDIS appelée « la fille de
la CSS » spécialisée dans la tuyauterie, la SAED,
la CNCAS, la CBAO, la BICIS, le Gîte d'étape, la SONATEL, la
SENELEC, la Poste, la SDE, des PME-PMI. Dans le secteur primaire, il est
à signaler que l'agriculture est plus manifeste. C'est loin après
le casier sucrier que se positionne le casier rizicole. Cela étant,
l'élevage se pratique dans la zone soit par les peuls ou par les
ménages qui s'investissent dans l'embouche. Par ailleurs, la pêche
artisanale se pratique dans le Fleuve Sénégal, la rivière
de La Taouey mais aussi dans le Lac de Guier qui est à quelques
encablures. Une timide spécialisation dans la pisciculture se fait jour.
Le secteur informel occupe une place importante aussi dans la Commune. Le trio
de l'artisanat, du commerce et du transport nourrit bien des richard-tollois et
participe grandement au dynamisme économique de la ville. Cette
économie à deux vitesses- forte présence de l'informel
à côté du géant sucrier- fait de la ville un
pôle d'attraction, une ligne de mire de citoyens venant des quatre coins
du pays. En sus de cela, il est un carrefour international du fait de la
frontière avec la Mauritanie.
V. Infrastructures et Equipements
La liste des infrastructures présentes dans le
périmètre communal n'est pas exhaustive. Cependant le tableau
donne un aperçu de l'état d'équipement de la Commune
Sucrière.
Domaines
|
Infrastructures
|
Administrations et services publics
|
Hôtel de Ville, Services déconcentrés, ONG,
SONATEL, SDE, Poste, SENELEC...
|
Boulangeries
|
Ndiangué, Mbassine Kébé, Khouma.
|
Communication
|
Stations Radio (Dunya FM, Sud FM), Ponts (Sermat, Taouey)
|
Education
|
Collèges, Lycée, Ecoles Primaires,
Bibliothèque, Ecoles maternelles, Centre de Formation professionnel,
Case des Tout-petits.
|
Essenceries
|
02 stations Shell.
|
Finances
|
CBAO, BICIS, Mutuelles, CNCAS.
|
Grandes entreprises
|
CSS, SAED...
|
Loisirs
|
Cinéma, Bars officiels, Dancings...
|
Santé
|
Postes de santé, Cliniques dentaires, Pharmacies, Centre
de dépistage
|
Sécurité
|
Sapeurs pompiers, Gendarmerie.
|
Sport
|
Stade Municipal, Terrain de Basket.
|
Tourisme
|
Auberges gîte d'étape, Taouey, Auberge de la
Cité.
|
Transport
|
Gares routières, Aérodrome.
|
Chapitre II : La Commune de Richard-Toll
et la Décentralisation
Par le Décret 80-586 du 24 juin 1980,
la ville de Richard-Toll devient une commune de plein exercice. Les villages
environnants tels que Ndiaw, Khouma, Galo Malick, Nourou, Gadalkhout et
Thiabakh sont alors rattachés à la nouvelle commune. Ses
nouvelles limites sont alors : le Fleuve Sénégal au nord, la
Communauté rurale de Mbane au sud, la Communauté rurale de
Gaé à l'est, la Communauté rurale de Ronkh à
l'ouest.
La décentralisation est une politique promue par l'Etat
qui fait un transfert de certains de ses pouvoirs aux collectivités
territoriales. Richard-Toll est devenu personne morale de droit public depuis
1980. Les réformes de 1996 s'inscrivent selon M. Doudou Diaw Bakhao,
conseiller municipal à Richard-Toll, dans la perspective
« d'un principe de démocratie locale, d'un principe de
gestion participative locale. Le principe de tutelle qu'avaient les pouvoirs
déconcentrés fait place maintenant à une autonomie de
gestion des collectivités locales... L'Etat, maintenant, exerce un
contrôle a posteriori. Donc, y a une plus grande responsabilisation des
collectivités locales, une plus grande démocratie locale, ...Et
il faut voir qu'au niveau de la décentralisation, il y a 09 domaines de
compétences ;... notons qu'il y a un transfert de
compétences de l'autorité nationale vers l'autorité locale
qui va parallèlement avec une déconcentration du pouvoir de
l'Etat central à travers, par exemple, les autorités
administratives ; ces autorités administratives n'ont pas un
pouvoir de tutelle sur les collectivités locales mais ce pouvoir
déconcentré fait un contrôle a posteriori sur les
décisions des collectivités locales ». Par
ailleurs, il est pertinent de voir comment se vit cette politique au niveau de
la Commune de Richard-Toll.
I. Organisation et Fonctionnement
Le Conseil Municipal :
Constitué par l'ensemble des conseillers élus dans le cadre
d'élections municipales, le Conseil Municipal de Richard-Toll compte 56
membres. En son sein, sont élus le Maire et 5 adjoints pour un mandat de
5 ans. Le Conseil Municipal, dans sa mission première de gérer
les affaires locales, entre en conclave tous les trimestres. Ces sessions
ordinaires se tiennent donc aux mois de Janvier, d'Avril, de Juillet et
d'Octobre. Une session ordinaire ne peut pas excéder quinze jours
à l'exception de la session budgétaire qui peut aller
jusqu'à un mois. Les conseillers de la Commune de Richard-Toll tiennent
régulièrement les quatre sessions ordinaires annuelles. Quand le
Maire ou la majorité des conseillers en juge la nécessité,
des sessions extraordinaires peuvent être convoquées.
La Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant
Code des Collectivités locales dispose à travers ses articles les
mécanismes de formation et de fonctionnement du Conseil municipal.
Article 77 : La commune est une
collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les
habitants du périmètre d'une même localité unis par
une solidarité résultant du voisinage, désireux de traiter
de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources
nécessaires à une action qui leur soit particulière au
sein de la communauté nationale et dans le sens des
intérêts de la nation.
Le conseil municipal par ses délibérations, le
maire par ses décisions, par l'instruction des affaires et
l'exécution des délibérations, concourent à
l'administration de la commune.....
Article 88 : Le conseil municipal
règle par ses délibérations les affaires de la commune.
Il doit assurer à l'ensemble de la population, sans
discrimination, les meilleures conditions de vie. Il intervient plus
particulièrement dans le domaine de la planification et de la
programmation du développement local et de l'harmonisation de cette
programmation avec les orientations régionales et nationales.
Le conseil municipal donne son avis toutes les fois que
celui-ci est requis par les lois et règlements ou à la demande du
représentant de l'Etat.
Il peut émettre des voeux, par écrit, sur toutes
les questions ayant un intérêt local, notamment sur celle
concernant le développement économique et social de la
commune.
Il est tenu informé de l'état d'avancement des
travaux et des actions financées par la commune ou
réalisées avec sa participation.
Article 89 : Le conseil municipal
désigne ceux de ses membres appelés à siéger dans
les conseils, commissions et organismes dans lesquels la représentation
de la commune est prévue par les lois et règlements en
vigueur.
Article 92 : Outres les
compétences générales, le conseil municipal prend des
décisions dans tous les domaines de compétences
transférées aux communes par la loi.
Article 98 : Le conseil municipal
composé de conseillères et de conseillers municipaux élus
pour cinq ans au suffrage universel direct, conformément au Code
électoral, est l'organe délibérant de la commune.
Il élit en son sein le maire et un ou plusieurs
adjoints. Son bureau est composé du maire et des adjoints
élus.
Après le maire et les adjoints dans l'ordre de leur
élection, les conseillers municipaux prennent rang dans l'ordre du
tableau.
L'ordre du tableau est déterminé :
1.- par la date la plus ancienne des élections
intervenues depuis le dernier renouvellement intégral du conseil
municipal ;
2.- entre conseillers élus le même jour, par la
priorité d'age.
Le Maire : L'article 112 du
Code des Collectivités locales, à son alinéa 3 dispose que
« Le maire est responsable de la mise en oeuvre dans sa commune
de la politique de développement économique et sociale
définie par le gouvernement ». De l'article 116 à
l'article 123 du présent code, sont précisés clairement
les charges et pouvoirs du maire. Il est représentant de la
collectivité locale (article 116) d'un côté et de l'autre
représentant de l'exécutif auprès des populations (article
117).
La Commune de Richard-Toll est aujourd'hui sous
l'autorité du maire Abibou Dièye, chevalier de l'Ordre National
du Lion et troisième maire de cette collectivité territoriale.
C'est Youssoupha Ndoye qui fut le premier maire en 1980. De 1980 à 2000,
les rennes la collectivité locale sont détenues par Ousmane Djiby
Sall actuellement Conseiller Municipal. La Délégation
Spéciale s'occupera de la gestion de novembre 2001 à mai 2002.
Le Bureau Municipal : Le Bureau
Municipal de Richard-Toll est formé par le Maire et ses cinq (5)
adjoints. Voilà sa composition.
Membres
|
Statuts
|
Abibou Dièye
|
Maire
|
Ababacar Ndao
|
Premier Adjoint
|
Alioune Diagne
|
Deuxième Adjoint
|
Abdoulaye Ndoye
|
Troisième Adjoint
|
Aminata Mbodj
|
Quatrième Adjointe
|
Alioune Diallo
|
Cinquième Adjoint
|
Entre autres fonctions, ce bureau s'occupe de :
- l'établissement de l'ordre du jour des séances
du Conseil Municipal ;
- l'assistance aux services administratifs et techniques en
matière de conception, de mise en oeuvre des actions de
développement surtout en ce qui concerne les actions de participation
populaire ;
- la surveillance de la rentrée des impôts, taxes
et droits communaux et la proposition de politique ayant trait à
l'amélioration du recouvrement ;
- la détermination du mode d'exécution des
travaux communaux en matière de tâcheronnat, d'investissements
humains, d'entreprises ou de régies.
Le Secrétaire Municipal :
L'article 114 dispose que « Le secrétaire municipal
est nommé par le maire, après avis consultatif du
représentant de l'Etat, parmi les agents et les fonctionnaires de la
hiérarchie A ou B de la fonction publique, ou de niveau
équivalent, dans des conditions précisées par
décret.
Il assiste aux réunions du bureau, avec voix
consultative.
Le maire met fin à ses fonctions dans les
mêmes formes ».
L'actuel Secrétaire Municipal de la Commune de
Richard-Toll est Monsieur Magatte Seck. Le décret n°96-1129 du 27
décembre 1996 fixant les conditions de nomination et les avantages
accordés au secrétaire municipal dispose à son article
4 que « Sous l'autorité du maire, le
secrétaire municipal est le supérieur hiérarchique du
personnel administratif et technique de la commune. A ce titre, il
assure :
- une mission de suivi et de coordination de l'action des
services extérieurs mis à sa disposition ;
- une mission générale d'organisation,
d'impulsion, de coordination des services communaux ;
- une mission de suivi en matière de gestion
financière et de gestion du personnel.
En outre le secrétaire municipal assiste le maire
dans la préparation et la présentation, au conseil municipal, du
budget, du compte administratif et de tous autres actes de gestion
courante ». Il peut recevoir délégation de
signature du maire, selon l'article 5.
La Police Municipale : L'article
124 du Code des Collectivités locales dispose que «
Le maire est chargé, sous le contrôle du représentant
de l'Etat, de la police municipale et de l'exécution des actes de l'Etat
qui y sont relatifs.
La création d'un service de police municipale est
autorisée par décret qui fixe les attributions, les moyens et les
règles de fonctionnement ».
Article 10 : Les collectivités locales
disposent de personnels dont le statut est déterminé par la
loi.
Tout recrutement de personnel par la collectivité
locale, doit être prévu et inscrit à son budget.
Article 163 : Le personnel communal
comprend :
- les fonctionnaires régis par le statut de la fonction
publique communale ;
- les autres fonctionnaires affectés par l'Etat
auprès des communes ;
- le personnel non titulaire régi par le code du
travail et les conventions collectives en vigueur ;
- les agents non fonctionnaires régis par les textes
réglementaires.
Article 164 : Le maire recrute suspend et licencie
le personnel régi par le code du travail, les conventions collectives et
par le statut des agents non fonctionnaires.
Il affecte et gère le personnel placé sous son
autorité.
Les Agents Municipaux : Le Code
des Collectivités locales dispose :
Organigramme de la Commune de
Richard-Toll
Source : Données de
l'Enquête, 2005
II. Exercice des compétences
Au niveau des trois ordres de collectivités
territoriales que sont les communes, les régions et les
communautés rurales, sont transférés les domaines de
compétences qui sont au nombre de neuf (09): domaine ;
environnement et gestion des ressources naturelles ; santé,
population et action sociale ; jeunesse, sports et
loisirs ; culture ; éducation ; planification ;
aménagement du territoire ; urbanisme et habitat. La
gestion de ces compétences doit se faire en harmonie avec les
orientations ou options nationales et régionales.
La commune reçoit les compétences suivantes
a) Santé et population :
- la gestion, l'entretien et l'équipement des centres de
santé urbains ;
- la construction, la gestion, l'entretien et l'équipement
des postes de santé urbains.
b) Action sociale :
- la participation à l'entretien et à la gestion de
centres de promotion et de réinsertion sociale ;
- l'organisation et la gestion de secours au profit des
nécessiteux ;
- l'appui au financement de projets productifs au profit des
populations déshéritées.
Le domaine de la Santé, de la population et
de l'action sociale : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996
portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose à son article 32 :
Du point de vue de la santé, la commune élabore
dans son budget un volet sanitaire. Cela fait que les structures de
santé bénéficient en dehors de leurs fonds propres, des
fonds de dotation de l'Etat et de l'apport municipal. Selon M. Doudou Diaw
`Bakhao', « l'ensemble de ces fonds qui concourent à la
gestion des structures de santé devrait être géré
par un comité de gestion mais ce comité de gestion -qui devrait
être composé du maire de la ville, du médecin-chef, d'un
conseiller élu, du président du comité de santé et
du trésorier du comité de santé- n'existe
pas » encore à Richard-Toll. D'où, ajoute-t-il,
« la commune n'exerce pas son pouvoir de gestion dans les
structures de santé qui est laissé à l'appréciation
du médecin-chef... Donc, l'ensemble de ces fonds sont laissés
à la discrétion des pouvoirs déconcentrés et ne
sont pas à la gestion des pouvoirs décentralisés qui sont
les élus. Donc, c'est là où le bât blesse au niveau
de la commune. Il ne peut pas y avoir une planification, il ne peut pas y avoir
une évaluation de l'action municipale au niveau de la santé.
Donc, on n'a aucun moyen de vérifier ce que la Mairie finance ;
est-ce que les fonds de dotation (coûts- efficacité) ont
été utilisés à bon escient ou pas ».
Cela témoigne un peu de l'incompétence où de
l'incompréhension des élus de leur pouvoir et de leur devoir de
participer ou même de gérer leurs compétences en
matières de santé.
Du point de vue de l'action sociale, des oeuvres sociales se
font dans la Commune. La Mairie envoie même des agents et conseillers en
pèlerinage.
Le domaine de l'Education, de
l'Alphabétisation, de la promotion des langues nationales et de la
formation professionnelle : La Loi n°96-07 du 22 mars
1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et
communautés rurales à son article 41 dit:
La commune reçoit les compétences suivantes
a) Education
- la construction d'équipement, l'entretien et la
maintenance des écoles élémentaires et des
établissements préscolaires ;
- l'allocation de bourses et d'aides scolaires ;
- la participation à l'acquisition des manuels et aux
fournitures scolaires ;
- la participation à la gestion, à
l'administration des lycées et collèges par le biais des
structures de dialogue et de concertation.
b) Alphabétisation
- l'exécution des plans d'élimination de
l'analphabétisme ;
- le recrutement d'alphabétiseurs ;
- la formation des formateurs et
alphabétiseurs ;
- la mise en place d'infrastructures et d'équipement
éducatifs ;
- l'entretien d'infrastructures et d'équipements
éducatifs ;
- la mobilisation des ressources.
c) Promotion des langues nationales
- la maîtrise de la distribution fonctionnelle des
langues du pays et la mise au point de la carte linguistique ;
- la collecte et la traduction des éléments de
la tradition orale (contes, mythes, légendes...) en vue d'en faciliter
la publication ;
- l'introduction des langues nationales à
l'école ;
- la promotion d'un environnement lettré par le
développement de l'édition en langues nationales ;
- l'application des mesures afférentes à
l'utilisation des langues nationales dans l'administration ;
- la mise à jour du catalogue des éditeurs,
auteurs et oeuvres en langues nationales ;
- la promotion de la presse parlée et écrite en
langues nationales ;
- l'organisation du concours en langues nationales dans le
cadre de la semaine nationale de l'alphabétisation ;
- la mise en place d'infrastructures et
d'équipements ;
- la mobilisation des ressources.
d) Formation technique et professionnelle
- l'élaboration d'un plan prévisionnel de
formation visant des secteurs de métiers adaptés à chaque
commune ;
- l'entretien préventif, la maintenance des centres et
instituts de formation ;
- le recrutement et la prise en charge du personnel
d'appoint ;
- la participation à l'acquisition de matériel
didactique (fournitures et matières d'oeuvre) ;
- la participation à la gestion et à
l'administration des centres de formation par le biais des structures de
dialogue et de concertation ;
- l'appui à de petits projets visant à
créer de petites unités d'ateliers itinérants en
mécanique auto- soudure- électricité etc....
- l'élaboration d'un plan communal d'insertion
professionnelle des jeunes ;
- l'aide à la détection et à
l'établissement de contrats de partenariat école/entreprise pour
une réelle formation en alternance.
Au-delà du fonds de dotation de l'Etat pour le
fonctionnement des écoles, la Commune vote un volet éducation
pour gérer cette compétence. Par ailleurs, du fait que la ville
d'une telle envergure ne dispose pas de lycée, « la
Commune a pris, par devers elle et de son propre gré, d'acheter à
plus de 60 millions un local, l'ORSTOM, où il a mis en place un CES. Et
la commune, de ses propres fonds, aussi, a financé un
lycée ; ce qui était du domaine de compétence de la
région. Donc, c'est une politique volontariste d'éducation au
niveau de la commune qui, au-delà de son domaine de compétence
qui est l'école primaire, s'applique même à mettre dans de
bonnes conditions les élèves du secondaire. Donc, là on
peut féliciter la commune! » remarquera Doudou Diaw
`Bakhao'. Cela montre un peu que, la commune de Richard-Toll, dans le souci de
bien faire, est allée au-delà de ses compétences en
construisant un nouveau lycée pour amoindrir les coûts de
l'éducation pour les élèves qui sont orientés soit
à Dagana soit à Saint-Louis après le brevet. Le conseiller
s'empressera de rajouter qu'il n'y a pas, en réalité,
« un comité de gestion, une structure pérenne au
niveau communal pour avoir une politique de planification, de suivi et
d'évaluation de l'éducation...Il y a une politique
volontariste mais pas une politique planifiée ».
Le domaine de l'environnement et de la gestion
des ressources naturelles : La Loi n°96-07 du 22 mars
1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes
et aux communautés rurales, à travers son article 29
(modifié par la Loi n°2002.15 du 15 avril 2002), dispose
que :
La Commune reçoit les compétences
suivantes :
- la délivrance et l'autorisation préalable de
toute coupe à l'intérieur du périmètre
communal ;
- les opérations de reboisement et la création
de bois communaux ;
- la perception de la quote-part d'amendes prévues par
le code forestier ;
- la gestion des déchets, la lutte contre
l'insalubrité, les pollutions et les nuisances, sous réserves des
dispositions particulières qui seront fixées par décret
pour les communes de la région abritant la capitale ;
- la protection des ressources en eaux souterraines et
superficielles ;
- l'élaboration de plans communaux d'action pour
l'environnement.
La coopération décentralisée avait permis
à la Commune de confier la gestion des ordures à un projet
luxembourgeois. Aujourd'hui, le projet est dévolu à des
structures de quartier auxquelles la Mairie alloue annuellement 15 millions de
FCFA. Depuis que le projet SEN 010 s'occupe de l'évacuation des ordures,
la municipalité n'a pas manifesté le voeu de créer un
comité de gestion en ce domaine. D'où la naissance de toute une
batterie de problèmes d'organisation, de régularité voire
de suivi. La qualité du travail reste à confirmer.
Cela étant, la commune de Richard-Toll avec son dense
réseau hydrographique demeure aujourd'hui, selon Doudou Diaw `Bakhao',
« l'épicentre même de la bilharziose intestinale du
fait du manque de curage des canaux. Il y a un problème
environnemental au niveau de la ville ; ... l'installation de l'usine de
la CSS à l'intérieur même du périmètre
communal...augmente la prolifération de moustiques, augmente la
prolifération de mollusques à travers ses canaux qui sont
vecteurs de la bilharziose intestinale...sans oublier la pollution de
l'air et de l'atmosphère...qui participe à la
prolifération de beaucoup de maladies ». Ce qu'on appelle
le principe de « pollueur payeur » ou de
« dommages et intérêts» n'est pas, en
réalité, observable à Richard-Toll. On n'observe pas au
niveau communal une politique sérieuse de lutte pour la sauvegarde de
l'environnement. Le conseiller municipal le confirme à travers ses
propos : « La CSS aurait pu avoir une politique volontariste
en matière de nettoiement des canaux, en matière
d'éradication des larves de moustiques ». Par ailleurs,
à y voir de plus clair, les problèmes environnementaux et
d'assainissement en particulier ne sont pas tout simplement imputables à
l'usine de la place. Face au problème de contamination de la nappe
phréatique du fait de l'installation de la ville dans une cuvette
où la nappe affleure, les élus se disent dépassés
par cette compétence qui leur est attribuée. Doudou `Bakhao' Diaw
précise d'ailleurs que « nous les élus, on a eu
à porter à l'attention des pouvoirs publics que le
problème d'assainissement de la ville de Richard-Toll n'est pas un
problème communal, c'est un problème national. Parce que autant,
par exemple, les gens, ils ont réussi à assainir, à faire
un plan d'assainissement de plusieurs dizaines de milliards pour la ville de
Touba qui est une ville de plus d'un million d'habitants, pour la grande ville
touristique de Mbour, pour la ville de ...Rufisque ; autant il faudra un
grand plan de planification et d'assainissement pour la ville de Richard-Toll,
de peur que la pollution de la nappe phréatique...ne
contamine l'eau de La Taouey qui alimente 60% des
agglomérations urbaines Louga-Dakar. Donc, assainir la ville de
Richard-Toll, c'est ... permettre aux agglomérations de l'axe
Louga-Thiès-Dakar d'avoir de l'eau potable. Donc, la question de
l'assainissement de la ville de Richard-Toll, sa question environnementale
dépasse la Commune et est une question nationale ».
Le domaine de la culture : La Loi
n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux
régions, communes et communautés rurales dispose, à son
article 38, que :
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- la surveillance et le suivi de l'état de conservation
des sites et monuments historiques ;
- l'organisation de journées culturelles, de
manifestations culturelles traditionnelles et de concours littéraires et
artistiques ;
- la création et la gestion d'orchestres, d'ensembles
lyriques traditionnels, de corps de ballets et de troupes de
théâtre ;
- la création et la gestion de centres socioculturels
et de bibliothèques de lecture publique.
Le domaine culturel est traité en parent pauvre par le
Conseil Municipal. Il n'y a pas de programme culturel clairement ficelé.
S'il est vrai que Richard-Toll est une ville industrielle, une ville
ouvrière où une population flottante s'installe, il est aussi
vrai que son histoire est très riche. Un des rares historiens de la
zone, M. Diaw s'exprime sur ce point : « C'est une ville
d'histoire parce que..., dans son périmètre ..., elle
englobe des quartiers traditionnels comme Khouma, comme Ndiaw, comme Ndombo,
comme Ndiangué qui ont été des hauts lieux historiques, la
mémoire culturelle sénégalaise ; ... n'oublions pas
... les premiers essais agricoles, les premières cultures d'essais de
l'Afrique de l'Ouest...Donc, on peut revisiter l'ensemble de l'histoire du
Sénégal à travers Richard-Toll... là, se trouve le
Château du Baron Roger qui est un monument historique qui est en
décrépitude et qu'on aurait pu transformer en musée
même botanique, en musée, à l'heure actuelle, de la
recherche agronomique au niveau de l'Afrique de l'Ouest ». La
richesse historique de la localité pouvait constituer une rampe de
lancement pour le tourisme. Richard-Toll peut bénéficier de la
proximité de Saint-Louis d'où peuvent provenir des touristes
désireux de visiter les vestiges de la colonisation.
Le domaine de l'urbanisme et de
l'habitat : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant
transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose, à son article 51, que :
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- l'élaboration des plans directeurs d'urbanisme (PDU),
des SDAU, des plans d'urbanisme de détail des zones d'aménagement
concerté, de rénovation urbaine et de remembrement ;
- les lotissements, leur extension ou restructuration, la
délivrance de permis de construire, d'accords préalables, de
certificats d'urbanisme et de permis de démolir ;
- la délivrance de permis de clôturer, de permis
de coupe et d'abattage d'arbres ;
- l'autorisation d'installation et des travaux divers.
La croissance démographique a atteint
« 07,5%, l'un des taux les plus élevés du
Sénégal. C'est une ville dont la population double en moins de
dix-quinze ans », selon M. Diaw. Des difficultés
afférentes à l'occupation et à la gestion de l'espace et
à l'aménagement se posent réellement à
Richard-Toll. L'unité spatiale est remise en cause par le réseau
hydrographique et les canaux d'irrigation. Cela étant, du fait du manque
de personnel compétent et d'élus imprégnés, les
services déconcentrés tels que celui de l'urbanisme gèrent
intégralement les compétences transférées dans la
mesure où c'est en profane que les élus répliquent en face
des agents de l'Etat. Les agents des services déconcentrés
monopolisent l'information, la connaissance technique, donc le pouvoir qui
devrait revenir aux élus.
Article 45.- La commune reçoit les compétences
suivantes
Le domaine de la planification :
La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose :
Planifier suppose une certaine connaissance, une certaine
maîtrise sur le réel. A défaut de compétence du
personnel communal non-formé en matière de planification, la
gestion au quotidien prime sur la visée du long ou du moyen terme.
La commune reçoit les compétences
suivantes :
- la promotion et l'animation du sport et des activités
de jeunesse ;
- l'impulsion, l'implantation, l'organisation et
l'encouragement de la pratique des sociétés
éducatives ;
- l'appui aux associations sportives et culturelles ;
- la gestion des stades municipaux, centres et parcours
sportifs, piscine, aires de jeux, arènes ;
- le recensement, l'organisation et la participation à
l'équipement des associations sportives et culturelles ;
- la participation à l'organisation des
compétitions.
Le domaine de la jeunesse, des sports et
loisirs : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose,
à l'article 35, que :
Voilà l'un des domaines les plus respectés au
niveau local. Il existe dans la commune sucrière une politique d'appui
au niveau des ASC à travers la tenue annuelle de la Coupe du Maire, la
distribution de maillots, de ballons, la rénovation du stade... Par
ailleurs, ce qu'il y a lieu de noter est qu'il y a une faible implication de la
jeunesse plus particulièrement des ASC à la vie de la Commune.
Au-delà des activités récréatives et sportives,
aucune autre action n'est menée dans la commune si l'on fait abstraction
des journées culturelles vacancières organisées par les
étudiants. Il n'y a pas de programme de reboisement, de sensibilisation
encore moins d'assainissement (« set-setal »).
Le domaine de l'aménagement du
territoire : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant
transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales dispose, à l'article 48, que
« Chaque conseil municipal donne son avis sur le projet de
schéma régional d'aménagement du territoire avant son
approbation par l'Etat ».
Le même problème de comité de gestion se
pose encore du fait de l'incapacité des élus dans un domaine
aussi pointu. L'expertise est toujours aux mains des agents des services
déconcentrés qui gèrent, en réalité,
à la place des élus.
Le domaine domanial :
conformément à l'article 17 de la présente loi, les
compétences transférées ont trait à la gestion et
à l'utilisation du domaine privé de l'Etat, du domaine public et
du domaine national. Les articles de la Loi 96-07 du 22 mars 1996 allant de 18
à 27 statuent dans cette perspective.
La décentralisation a transféré des
compétences au niveau local mais, quoiqu'on puisse dire, de
véritables problèmes se posent et des questions demeurent encore
sans réponses précises. Les pouvoirs décentralisés,
devant s'appuyer sur les pouvoirs déconcentrés, rencontrent
d'énormes difficultés à jouer pleinement leur rôle.
Au niveau de l'information, il y a un réel déphasage, un
déséquilibre entre les agents des services
déconcentrés techniciens, informés mais jaloux de partager
et les élus sous-informés, profanes et pusillanimes. Les premiers
font souvent des restrictions d'informations pour pouvoir prendre le dessus.
Les concertations tournent souvent à des dialogues de sourds. Quand les
premiers parlent en experts, les seconds comprennent ou répliquent en
profanes. Par exemple, au niveau des élus, rares -pour ne pas dire
inexistants- sont ceux qui peuvent porter la contradiction au
médecin-chef ou au chef du service de l'urbanisme et de l'habitat. Cette
analyse est partagée par le conseiller municipal qui, par probité
intellectuelle, avoue qu'« on nous a transféré des
compétences mais on n'a pas la qualité de la gestion de ces
compétences. On n'a pas la compétence de gérer ces
compétences ». Le manque de qualification du personnel
municipal mais aussi des élus est réel. D'où l'existence
d' « un gap entre notre volonté de contrôle,
notre volonté de gestion, notre volonté de gouverner..., par
rapport à nos interlocuteurs et des pouvoirs déconcentrés
qui n'ont pas les mêmes intérêts que les pouvoirs
décentralisés », selon M. Diaw. Ceci pose la
problématique de l'appropriation par les pouvoirs
déconcentrés des compétences dévolues aux
collectivités locales. Les comités de gestion n'existent ou ne
fonctionnent pas, en réalité. La collaboration n'est pas
effective du fait du monopole du savoir technique mais aussi de l'information
détenus toujours par les agents de l'Etat.
Partie III :
Analyse
et
Interprétation
des
Résultats
Chapitre I : Secteur Informel dans la Commune.
Présentation du secteur informel de la Commune de
Richard-Toll
A - La diversité
L'enquête, comme en témoigne les tableaux et
diagrammes qui suivent, ressort le caractère
hétérogène du secteur informel. La diversité se
manifeste à tout point de vue.
Tableau 01 : La composition
du secteur informel du point de vue genre.
SEXE
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Féminin
|
01
|
16
|
00
|
17
|
11,9
|
Masculin
|
61
|
55
|
09
|
125
|
88,1
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le premier constat est que le monde informel est un secteur
à prédominance masculine à hauteur de 88,1%. La
présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial
où les femmes s'activent le plus dans les activités de la
restauration, de la gestion de tables de petit-déjeuner, de sandwiches,
dans la vente de légumes et de condiments et de produits
maraîchers ...Dans le domaine de l'artisanat, elles font de la coiffure
entre autres métiers. Le milieu du transport est totalement
déserté par la gente féminine. En sus de cela, la remarque
qui s'impose est que les hommes s'activent, aujourd'hui, dans des domaines
jusque-là réservés aux femmes en l'occurrence la coiffure,
la gestion de tables de petit-déjeuner, la vente de légumes et de
condiments...
Parlant de la situation matrimoniale, le diagramme 01 livre des
informations précises.
Source : Données de l'enquête, 2005
La prédominance des mariés est très
manifeste. Ces derniers constituent même une écrasante
majorité avec un taux de 75,3%. Cela s'expliquerait par le fait que le
mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail
rémunéré de nos jours. Le mariage est souvent
assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans
la société.
Par ailleurs, du point de vue de l'âge, on constate que
jeunes, adultes et vieux se côtoient dans le secteur. Les enfants de
moins de 15 ans sont faiblement représentés du fait de la
scolarisation qui tend, avec la nouvelle politique du gouvernement, vers la
scolarisation universelle.
Tableau 02 :
Répartition des sujets enquêtés selon le
critère âge.
Age (en années)
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Pourcentage
Cum.Croix
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[00-15 ans [
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
100
|
[15-20ans [
|
03
|
01
|
02
|
06
|
04,2
|
99,3
|
[21-25ans [
|
08
|
07
|
01
|
16
|
11,3
|
88,0
|
[26-30ans [
|
11
|
14
|
03
|
28
|
19,8
|
68,2
|
[31-35ans [
|
12
|
16
|
01
|
29
|
20,4
|
47,8
|
[36-40ans [
|
07
|
12
|
02
|
21
|
14,8
|
33,0
|
[41ans-+8 [
|
21
|
20
|
00
|
41
|
28,8
|
04,2
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au regard du tableau en haut, on peut voir que les adultes
sont très bien représentés. En d'autres termes, 47,8% des
acteurs ont plus de 30ans. Cela montre qu'on est en présence d'un monde
où l'on forge une carrière.
On observe presque toutes formes d'activités à
Richard-Toll tant du point de vue de la taille, de la variété, de
la dynamique que du marché. Dans le domaine de l'artisanat, les
activités les plus manifestes sont la couture polarisant 09,8% de la
population globale, la mécanique avec 07,0% des enquêtés,
la vulcanisation (03,5%), la cordonnerie (03,5%) et la menuiserie
ébénisterie (03,5%). Le tableau 03 nous montre clairement ces
tendances.
Aussi, on remarque la présence de la bijouterie, de la
rizerie, de la coiffure, de la collecte de peaux et de cuirs, de
l'électricité automobile, de la réparation des appareils
électroniques et électroménagers, de la soudure ou
menuiserie métallique, de la forge, de l'horlogerie et de la fabrication
de machines agricoles.
Le commerce est dominé par les boutiques de quartier
à hauteur de 05,6% de la population informelle globale de Richard-Toll.
La vente d'articles vestimentaires (04,9%), de produits maraîchers
(04,9%), de pièces détachées (04,2%) et la gérance
de table de petit déjeuner (03,5%) et de tables de produits frauduleux
(03,5%) sont des activités des plus en vue à Richard-Toll.
Tableau 03 :
Répartition des sujets enquêtés selon
l'activité pratiquée.
Secteur
|
Activités en pratique
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
A
R
T
I
S
A
N
A
T
|
Bijouterie
|
03
|
02,2
|
Coiffure (Salon)
|
02
|
01,4
|
Collecte de peaux et de cuirs (tannerie)
|
01
|
00,7
|
Cordonnerie (Réparation chaussures et Cirage)
|
05
|
03,5
|
Couture
|
14
|
09,8
|
Electricité automobile
|
01
|
00,7
|
Electronique (radio-TV-VCD-DVD-VHS)
|
04
|
02,8
|
Fabrique et Montage de Moissonneuses-batteuses
|
01
|
00,7
|
Forge
|
03
|
02,2
|
Horlogerie
|
01
|
00,7
|
Mécanique (Moto -Auto)
|
10
|
07,0
|
Menuiserie Ebénisterie
|
05
|
03,5
|
Menuiserie Métallique (Soudure)
|
04
|
02,8
|
Rizerie (Moulin)
|
03
|
02,2
|
Vulcanisation (Michelin)
|
05
|
03,5
|
C
O
M
M
E
R
C
E
|
Boutique de quartier
|
08
|
05,6
|
Céréales (Niébé- Mil-....)
|
02
|
01,4
|
Chapelets et Livres coraniques
|
01
|
00,7
|
Charcuterie (viande- dibiterie)
|
04
|
02,8
|
Chaussures
|
03
|
02,2
|
Denrées alimentaires (Condiments et légumes)
|
04
|
02,8
|
Effets de toilette et Cosmétiques (Parfum.)
|
02
|
01,4
|
Electronique et habillement
|
02
|
01,4
|
Friperie
|
03
|
02,2
|
Habillement (Prêt-à-porter)
|
07
|
04,9
|
Marchand ambulant (Accessoires de portables)
|
01
|
00,7
|
Mercerie (Tissus et garnitures)
|
02
|
01,4
|
Produits phytosanitaires
|
01
|
00,7
|
Restaurant
|
04
|
02,8
|
Table de petit-déjeuner (Tangana)
|
05
|
03,5
|
Table Fraude
|
05
|
03,5
|
Ustensiles de cuisine et effets de toilette
|
01
|
00,7
|
Vente de pièces détachées
|
06
|
04,2
|
Vente de produits maraîchers
|
07
|
04,9
|
Vente de thé préparé
|
01
|
00,7
|
Vente de tissus
|
02
|
01,4
|
T
R
A
N
S
P
O
R
T
|
Apprenti taxi -laveur
|
01
|
00,7
|
Chauffeur de taxi (Taximan)
|
05
|
03,2
|
Cocher (Calèche)
|
01
|
00,7
|
Conducteur de pousse-pousse
|
01
|
00,7
|
Piroguier
|
01
|
00,7
|
TOTAL
|
142
|
100 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le transport est marqué par la présence des
taxis à hauteur de 03,2%. Suivant la diversité des besoins en
matière de transport dans cette ville, bien des formes de locomotion s'y
côtoient en l'occurrence la calèche, la pirogue pour regagner la
rive mauritanienne, le pousse-pousse pour les marchandises.
Par rapport au parcours scolaire, 04,2% des acteurs n'ont
reçu aucune forme d'instruction. L'école française n'a
été fréquentée que par 45,8% de la population
informelle.
En sus de cela, l'école est quittée très
tôt dans la mesure où 31,7% ont arrêté leurs
études dès l'école primaire ; 09,2% ont
été collégiens ; 04,2% ont accédé au
lycée. Seul un enquêté de la population globale a eu un
niveau universitaire. Par ailleurs, l'important taux d'instruction viendrait de
la formation en arabe seulement qui a été reçue par 50%
des acteurs, comme en atteste le tableau suivant.
Tableau 04 : Proportions
selon le niveau d'instruction.
Niveau d'instruction
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcen-tage
|
Pourcentage Cumul.Cr.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Primaire
|
26
|
15
|
04
|
45
|
31,7
|
31,7
|
Collège
|
04
|
08
|
01
|
13
|
09,2
|
40,9
|
Lycée
|
03
|
03
|
00
|
06
|
04,2
|
45,1
|
Université
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
45,8
|
Alphabétisation
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
45,8
|
Arabe seulement
|
28
|
39
|
04
|
71
|
50,0
|
95,8
|
Néant
|
01
|
05
|
00
|
06
|
04,2
|
100
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
L'importance de l'instruction en arabe puise sa raison
suffisante dans le fait que le Sénégal ayant reçu une
colonisation religieuse est à 92% composé de musulmans. A cela
s'ajoute la forte religiosité des terroirs du Walo, proche du Fouta,
zone par où l'Islam est introduit au Sénégal. A notre
grande surprise, l'alphabétisation n'a pas eu de prise sur les gens de
l'informel. Néanmoins, l'instruction n'est pas l'apanage de
l'école française ; le constat est là : 95,8%
des acteurs auraient reçu le b.a.-ba d'une forme d'instruction ou d'une
autre. Ils auraient été initiés à la lecture,
à l'écriture et au calcul. Ce qui fait d'eux des individus assez
réceptifs à n'importe quelle forme d'apprentissage, d'imitation
et de bricolage souvent réussi avec brio. Rappelons que le niveau
d'instruction est nul chez des artisans comme les coiffeurs et des
commerçants spécialisés de produits maraîchers, de
boutique de quartier, de légumes, de tables de produits frauduleux et de
petit-déjeuner. Par contre, les lycéens et universitaires se
spécialisent dans le secteur artisanal au niveau de la réparation
électronique, de la fabrication de machines de moissonneuses-batteuses
et de la menuiserie ébénisterie d'un côté et de
l'autre dans le secteur commercial plus particulièrement au niveau de la
vente de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et
maraîchers.
Tableau 05 : Origines des
acteurs.
Ville d'origine
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Richard-Toll
|
25
|
16
|
08
|
49
|
34,5
|
Autre ville
|
37
|
55
|
01
|
93
|
65,5
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Il apparaît clairement que seuls 34,5% de la population
sont de la Commune de Richard-Toll. C'est donc dire que cette ville accueille
une importante masse humaine provenant de tous azimuts. Des étrangers du
Sénégal sont aussi présents à Richard-Toll qui, en
réalité, est un pôle d'attraction aussi bien pour toute la
région de Saint-Louis que pour toutes les autres contrées du
territoire national. La Compagnie Sucrière Sénégalaise, le
géant sucrier, donne à cette contrée toute son allure et
toute sa grande envergure de ville industrielle et, de surcroît, de
carrefour frontalier avec la République Islamique de Mauritanie. Dans
une conjoncture de crise de l'emploi mais aussi de perte d'allure, de
désertion de certains secteurs économiques, le pain et la
fortune du citoyen lambda dépendraient pour une grande part de
l'aventure. L'exode rural pointe Richard-Toll comme un important centre
d'accueil. C'est ce qui vaut à cette ville son caractère de
« ville d'étrangers ». Il est, d'ailleurs,
dans les usages langagiers walo-walo de dire que « nul n'habite
à Richard-Toll, c'est une ville d'étrangers née avec
l'implantation de l'usine ».
A travers l'enquête, nous avons constaté que les
citoyens venus faire fortune ont des origines aussi variées que
Mbirkilane, Oussouye, Dahra Djolof, Ndioum, Rufisque, Figo, Saint-Louis, Podor,
Touba, Mbacké, Kalom, Thiès, Ngaye, Tivaouane, Médina
Ndiaybé, Louga, Ndimb, Kounel, Matam, Dagana, Carrefour
Diaroumbé, Saré Lam, Bakel, Kaolack, Kolda, Pikine, Nioro du Rip,
Kaffrine, Khombole, Guêdiawaye, Diourbel, Ziguinchor, Keur Momar Sarr,
Linguère, Rosso Béthio et Thillé Boubacar. Les
étrangers viennent de Lagos du Nigeria et de Tougué de la
Guinée Conakry.
Par ailleurs, le diagramme 02 montre les types de formation
professionnelle reçue. En effet, seuls 01,5% des enquêtés,
essentiellement des artisans spécialisés dans la couture et la
réparation électronique, sont sortis de centres de formation.
24,6% n'ont reçu aucune forme d'apprentissage. Des métiers tels
que la rizerie, la collecte de peaux et de cuirs et le commerce ne demandent
souvent aucune formation. L'apprentissage dans le tas ravira, cependant, la
palme car représentant 73,9% de la population tel que le montre le
diagramme 02.
Source : Données de l'enquête, 2005
Ceci démontre, quelque part, que l'informel est un
secteur de la débrouille dont le professionnalisme des acteurs est
souvent remis en cause du fait de l'absence de formation dans les centres
agréés. Par ailleurs, l'apprentissage dans le tas n'est pas
à mésestimer. Les forgerons, les cordonniers héritent de
leurs métiers qu'ils maîtrisent après une longue
fréquentation de l'atelier du père ou de l'oncle. Souvent, des
étrangers débarquent à Richard-Toll et accompagnent en
aides leurs frères dans le métier qu'ils exercent. C'est à
l'issue de la compréhension du mécanisme qu'on est isolé
par le frère de qui ont devient désormais indépendant.
C'est un système souvent retrouvé dans le secteur artisanal et
celui commercial. L'apprentissage demande une longue durée pour des
métiers aussi divers que la mécanique, la menuiserie
métallique, la couture. La maîtrise du travail provient souvent de
la longue expérience cumulée surtout dans une
société à tradition orale en survivance. Il est à
noter que le Centre Départemental de Formation Professionnelle a
été réalisé depuis quelques années par la
Chambre des Métiers avec le concours de l'Etat mais il livre ses
produits surtout au secteur moderne, notamment à la CSS.
B -La localisation
Auscultant la question de la localisation des unités
informelles, on constate que la route nationale est l'axe sur lequel se fait la
majorité des opérations économiques. Cela est
confirmé par le tableau 06 afférent à la localisation des
unités de production.
Tableau 06:
Répartition des enquêtés selon la
localisation.
Localisation
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Ambulant
|
00
|
02
|
05
|
07
|
04,9
|
Garage
|
00
|
01
|
03
|
04
|
02,8
|
Maison
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Marché
|
18
|
35
|
00
|
53
|
37,4
|
Rue
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Route Nationale
|
35
|
28
|
00
|
63
|
44,4
|
Autre part
|
00
|
03
|
01
|
04
|
02,8
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
44,4% des acteurs se sont installés aux abords de la
Nationale 02 qui passe au coeur de la Commune. Du fait que Richard-Toll soit
une ville par où transitent des voyageurs, les unités
commerçantes et artisanales perdraient beaucoup en s'enclavant ou en
s'éloignant de la route. D'ailleurs, les marchés Sandaga,
Richard-Toll et Khouma polarisant 37,4% des acteurs sont bordés par la
Nationale 02. Le travail ambulant n'est pas très important. Il n'occupe
que 04,9% du secteur informel et est l'apanage de quelques marchands ambulants
et des chauffeurs de taxis.
Ambulants : Sillonnant
journellement la Commune dans ses moindres coins et recoins, certains
chauffeurs de taxis, de pousse-pousse ou de véhicules hippomobiles
optent pour le déplacement continu. Les vendeurs de thé
préparé sont des marchands ambulants au même titre que
certains vendeurs d'accessoires de portables qui font du
porte-à-porte.
Garage : En dehors de la
gare routière centrale en face de l'Hôtel de ville, on trouve
à Richard-Toll des garages secondaires tel le Garage de Mbane et
l'Arrêt Demba Diallo pour taxis. Au niveau de ces locaux stationnent des
chauffeurs de taxis et des cochers mais aussi des laveurs,
« coxeurs » et autres agents du transport en attendant les
transactions à l'approche d'éventuels clients. Pour assurer la
restauration des innombrables agents du transport et des passagers, des
gérants de restaurant sont basés au coeur des garages.
Fleuve : Le Fleuve
Sénégal est navigable depuis l'Océan Atlantique
jusqu'à Podor sur une distance approximative de 175 km tout au long de
l'année. Séparant Richard-Toll du territoire mauritanien, le
fleuve est quotidiennement sillonné d'une rive à l'autre par les
piroguiers faisant la navette pour déposer biens et personnes de part et
d'autre.
Rue : Des boutiques de
quartier font légion dans les rues, de même que des
« shops » d'habillement et d'appareils électroniques
pour l'approvisionnement de proximité.
Route nationale : De
préférence, des vendeurs de pièces
détachées, de fripe, de produits maraîchers, de viande, de
chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et de
céréales et des gérants de boutique de quartier, de
tables de produits frauduleux, de restaurant, de tables de
petit-déjeuner, de quincaillerie...se fixent juste aux abords de la
route nationale où ils trouvent leurs clientèles.
Marchés : Les
marchés sont un peu dispersés aux différents coins de la
ville. Parmi les plus importants, on peut retenir le marché central de
Richard-Toll, le marché de Sandaga et le marché de Khouma. Au
niveau de ceux-ci opèrent des acteurs tels les vendeurs de fripe, de
tissus, de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, d'effets de
toilettes et de produits cosmétiques, de légumes et de
condiments, d'appareils électroniques, de chaussures, d'ustensiles de
cuisine, de chapelets et de livres coraniques mais aussi des gérants de
boutiques, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner
et de merceries. Les artisans y sont aussi très présents à
l'exemple des cordonniers, des tailleurs, des forgerons, pour ne citer que ceux
là.
Autre localisation: Le
portail de la CSS, plus connu sous l'appellation wolof de
« buntu isin », est le milieu de
préférence des gérants de tables de petit-déjeuner
pour servir les nombreux ouvriers de l'entreprise qui commandent sandwiches,
café au lait, beignets...Des boutiques sont aussi localisées
à quelques encablures.
C -Les difficultés
En dehors des 23,9% de la population qui se disent peinards et
veinards car à l'abri de toute forme de difficultés possibles
dans le cadre du travail, les acteurs du secteur informel sont
confrontés à bien des problèmes d'envergures
différentes. Les écueils les plus récurrents sont
répertoriés au tableau 07.
La mévente qui
s'exprime autrement par le manque de clients occasionnant des pertes ou par des
frais énormes de transport ou de congélation pour certains
produits périssables. Voilà le problème majeur des
commerçants (11,4%). Elle s'observe au niveau des activités
telles la vente de chaussures, de viande, d'articles vestimentaires,
d'appareils électroniques, de fripe, de boutique de quartier, de tissus,
de chapelets et livres coraniques et la gérance de restaurant, de tables
de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner, de mercerie. Le
problème de l'écoulement des produits se pose durant des
périodes bien données du mois ou de l'année.
Une clientèle difficile à
gérer et à satisfaire. Des commerçants
et des artisans, soit 10,5% de la population, parlent des caprices de la
clientèle. Souvent des clients de tout tempérament se
présentent et les négociations tournent souvent au vinaigre.
« Nous faisons de notre mieux pour tempérer les ardeurs de
certains à travers un petit sourire ou une taquinerie. Quelquefois
ça passe, quelquefois ça ne passe pas. C'est une
réalité du métier et nous faisons avec »,
nous dit un vendeur d'habits. Les couturiers, les mécaniciens,
les vulcanisateurs, les cordonniers, les collecteurs de peaux et de cuirs et
les horlogers se disent vulnérables.
Tableau 07: Les difficultés
rencontrées dans l'exercice de la fonction informelle.
Problèmes rencontrés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aucun problème
|
13
|
21
|
00
|
34
|
23,9
|
Bénéfices dérisoires, inexistants
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Cherté des factures
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Cherté du gasoil
|
00
|
00
|
02
|
02
|
01,4
|
Cherté des pièces
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Cherté des produits
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Cherté des taxes
|
00
|
02
|
01
|
03
|
02,1
|
Clientèle difficile à gérer
|
10
|
05
|
00
|
15
|
10,5
|
Concurrence
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Dettes non payées
|
04
|
05
|
00
|
09
|
06,3
|
Fluctuation des prix
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Hommes de lois pas coopérants
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Incendies ou autres risques
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Lourdeur du travail
|
00
|
01
|
03
|
04
|
02,8
|
Marchandage de longue haleine
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Manque de financement
|
03
|
06
|
00
|
09
|
06,3
|
Manque de moyens
|
08
|
00
|
00
|
08
|
05,6
|
Mévente (perte, frais, client)
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,24
|
Paperasserie complexe
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Périodes de crise (aléas)
|
11
|
00
|
00
|
11
|
07,7
|
Persécution par la loi
|
00
|
06
|
01
|
07
|
04,9
|
Problèmes d'emplacement
|
02
|
01
|
00
|
03
|
02,1
|
Revenu faible
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Des périodes
aléatoires allant de celle de vaches grasses à
celle de vaches maigres. Des périodes fréquentes de crises font
que les lois du marché sont difficilement maîtrisables ou
maîtrisées. Ce sont 07,7% de la population qui l'ont
soulignés, tous des artisans. C'est, en particulier, le grand
problème des couturiers, des vulcanisateurs, des menuisiers
ébénistes, des cordonniers et gérants de rizerie.
Le manque de
financement : Certaines activités sont
condamnées à rester petites ou moyennes en termes d'envergure par
manque de financement. La faiblesse du capital est un écueil
sérieux pour l'extension de l'activité. Ce sont 06,3%, en
réalité, couturiers, mécaniciens et forgerons mais aussi
commerçants de céréales, de produits phytosanitaires, de
pièces détachées, de fripe et de légumes et de
condiments qui le subissent de plein fouet. Il est à noter que les
acteurs du secteur informel s'autofinancent et dépendent faiblement des
structures financières de l'envergure des banques trop exigeantes en
terme de papiers et de formalités.
Des dettes
impayées : 06,3% d'acteurs artisans et
commerçants soulignent ce problème. Par commodité et par
compréhension des populations, ces acteurs font des crédits qui
ne sont pas toujours honorés dans les délais. Les couturiers,
soudeurs métalliques, réparateurs d'appareils
électroniques et gérants de rizerie sont écoeurés
par les crédits non recouvrés ; les clients entravent
souvent la bonne marche de leurs activités. Le crédit
découle de la relation de confiance et des rapports sociaux qui
s'établissent entre vendeurs et acheteurs. Le remboursement souvent
tardif peut détériorer la confiance.
Le manque de moyens :
C'est un problème du milieu artisan (05,6%). Les moyens
matériels, financiers ou de tout autre ordre manquent souvent aux
artisans notamment aux couturiers, mécaniciens, vulcanisateurs,
ébénistes et forgerons qui ne peuvent pas faire de gros
investissements pour agrandir leurs activités.
La persécution par la
loi : Commerçants et transporteurs (04,9%) sont
souvent aux prises et jouent à cache-cache avec les brigades qui les
« persécutent » souvent du fait de leurs infractions
respectives. Les premiers sont souvent persécutés par la brigade
des douanes dans le cadre de la bataille hardie et ardue livrée
à la fraude. Aux rafles récurrentes du Service des Douanes
s'ajoutent les descentes périodiques des agents du Service
d'hygiène qui veillent à l'hygiène alimentaire des
populations. Le Service du Contrôle Economique vérifie si le
système de pesage des balances des commerçants n'est pas
usuraire. Les seconds n'ont pas toujours leurs pièces au complet et font
des entorses au Code de la route, cause principale des accidents de la
circulation.
La lourdeur du travail:
Commerçants et transporteurs (02,8%) constatent la lourdeur de leurs
métiers qui demandent de l'endurance et souvent de la force musculaire,
de l'huile de coude. Souvent, ils font des veillées en travaillant
jusque tard dans la soirée s'ils ne sont pas à longueur de
semaine au quatre coins du pays ou dans des voitures cumulant insomnie, fatigue
et même maladie quelquefois. Si les chauffeurs déplorent la
fréquence des insomnies, les conducteurs de pousse-pousse, de leur
côté, se plaignent de la pesanteur des marchandises qui exige des
aptitudes physiques réelles.
Cherté des
factures : Dans l'artisanat, beaucoup d'activités
se font à base d'électricité et souvent d'eau. Ce qui pose
toujours la problématique des factures difficiles à payer car
élevées. 02,1%, tous des artisans, souffrent des factures
chères. Un gérant de rizerie nous a confié
ceci : « il est très difficile pour nous de
travailler dans ces conditions. Nous n'avons pas de compteurs
électriques, la SENELEC les a enlevé depuis longtemps.
Désormais, chaque mois, on nous administre des factures par voie
orale : `Tu dois payer tant !' Sans chercher à comprendre,
nous payons mais pas de gaieté de coeur ».
Cherté des
pièces : Ceci est un problème propre aux
artisans (02,1%), plus particulièrement aux mécaniciens, aux
bijoutiers ou autres réparateurs électroniques. Les pièces
de rechange sont souvent rares et cette rareté définit, par voie
de conséquence, leurs prix. Il est des engins, des appareils dont les
pièces de la marque ou du label sont introuvables sur place et qu'il va
donc falloir chercher à la capitale ou dans les autres grandes
villes.
Cherté des
taxes : Parmi les trois secteurs, le commerce et le
transport sont les deux qui échappent difficilement à la
fiscalité ou à l'imposition, surtout du fait de la
création par les autorités locales d'espaces d'exercice tels des
marchés et gares routières qui permettent de fixer
commerçants et transporteurs afin de pouvoir mieux les imposer. Le droit
de place est réservé aux premiers et le droit de stationnement
pour les derniers. C'est ce qui explique que 02,1% de la population informelle
se désolent de la cherté de ces taxes. Les vendeurs de viande,
par exemple, déplore cette situation car l'abattage de chaque tête
de bétail (vache, chèvre, mouton...) leur coûte une somme
de 800FCFA. Les 300FCFA reviennent au vétérinaire et le reste
constitue le droit d'abattage versé à la Municipalité.
La concurrence : Ce sont
plus précisément des artisans (02,1%) qui ne veulent pas accepter
avec résignation la concurrence des produits importés qui tuent,
en réalité, à petit feu leurs métiers. Les vendeurs
de fripe et les bijoutiers se plaignent des produits importés quand les
mécaniciens déplorent la saturation du marché du fait des
ateliers qui sont un peu partout dans la ville. La question de la
compétitivité se pose au niveau de certaines activités qui
supportent difficilement la concurrence dans un marché jugé
saturé. Ceci évoque la question de la faiblesse du revenu
à cause de la faible part de marché qui revient à certains
acteurs.
Problème
d'emplacement : La fixité du lieu de travail doit
impliquer une certaine accessibilité vis-à-vis des clients. 02,1%
d'artisans et de commerçants se plaignent de leur emplacement soit du
fait de l'inconfort soit de l'enclavement vis-à-vis du marché ou
de la route nationale. Un couturier nous dit :
« Nous souffrons de l'éloignement du marché
où nous devons trouver nos fournitures ». Pour un
électricien automobile, « la sous-location est
très chère pour nous ». Pour les vendeurs de
produits maraîchers, les cantines manquent et ils sont obligés de
vendre en étalant leurs articles par terre et sous les ardents rayons
solaires.
Cherté du
gasoil : 01,4% de la population, tous des transporteurs,
soulignent que le carburant est très cher. Du fait que le gasoil soit
l'un des produits sans lesquels il n'y a pas de transport, il ne peut y avoir
d'autres recours. Dépendant largement de l'extérieur pour ses
problèmes d'énergie car ne disposant pas de pétrole, le
Sénégal a cette particularité de subir de plein fouet les
moindres remous de la conjoncture internationale. La cherté du baril de
pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs qui en
dépendent maladivement que par les populations qui paient les frais de
l'augmentation des tarifs de transport. Les prix du gasoil ne cessent de
flamber.
Cherté des
produits : Des commerçants (01,4%) trouvent trop
chers certains produits qu'ils achètent et qu'ils sont obligés de
revendre très chers ou à perte. C'est du moins une
doléance des gérants de tables de petit-déjeuner et des
restauratrices qui achètent à un prix cher les légumes, la
viande... qui entrent dans la préparation des sandwiches et autres
plats.
Fluctuation des prix :
C'est 01,4% de commerçants qui se disent étonnés. Les prix
n'étant pas stables, il est impératif de ne pas vendre des
produits difficiles à écouler. En une semaine, les prix peuvent
augmenter ou baisser pour un même produit de façon spectaculaire.
Ce qui occasionne soit une mévente si le produit est très cher
soit une perte du capital investi en vendant au rabais. C'est la
difficulté des vendeurs de produits de maraîchage et d'ustensiles
de cuisine.
Revenus faibles :
Certains acteurs, 01,4% d'artisans, souffrent de la faiblesse de leurs revenus.
Pour un mécanicien de moto, « ça ne marche
pas, on travaille sans revenus conséquents ». Ceci
implique le maintien de l'activité au stade d'activité de
subsistance car un revenu faible signifierait, quelque part, l'absence d'un
surplus à réinvestir pour agrandir l'activité. Dans le
commerce, le bénéfice est souvent faible ou inexistant chez
certains vendeurs de produits maraîchers et gérants de tables de
petit-déjeuner.
Hommes de lois pas
coopérants : 00,7% de transporteurs se plaignent
du manque de coopération et de compréhension de certains hommes
de lois. La relation chauffeurs-gendarmes est souvent une relation de
corruption ou de jeu à cache-cache. Quand les papiers ne sont pas
complets, on soudoie le gendarme ou on détourne le chemin à
défaut de pouvoir négocier. Souvent, quand les pièces sont
complètes, certains agents trouvent d'autres moyens pour soutirer de
l'argent aux chauffeurs.
Incendies et autres
risques : les commerçants (00,7%) se souviennent
encore des incendies qui les ruinent toujours. Un vendeur de denrées
alimentaires et de produits cosmétiques nous rappelle que
« le marché central de Richard-Toll a connu un incendie,
il y a deux ans de cela ». Les pertes et frais ont
été lourds.
Marchandage de longue
haleine : 00,7% de commerçants se disent
fatigués des très longues négociations des clients avant
de faire leurs achats. Au fait, le marchandage est inhérent aux
activités du secteur informel. Les tarifs ne sont pas fixes et doivent
s'appliquer aux bourses des différents clients. Le marché de
l'informel repose sur le marchandage, un rite qui remplace le système du
monoprix régi par une certaine fixité tarifaire. C'est aussi un
prétexte de repérage et d'évaluation du client, d'entrer
en communication mais aussi d'établir une relation d'amitié, de
fidélité ou tout autre rapport social.
Paperasserie complexe :
Un taux de 00,7% de transporteurs souligne la complexité de la
formalité. Il y a trop de papiers à payer et beaucoup de taxes
auxquelles il faudrait s'acquitter pour être formelle. La
formalité est, en un mot, très chère.
I. Fonction Sociale
A -Emplois
Richard-Toll est une partie du Sénégal où
tout et tout le monde bougent. Au-delà de l'emploi à la CSS ou
dans les autres PME, en dehors de l'agriculture, ce sont les trois domaines
informels qui s'offrent à qui veut tirer son épingle du jeu.
L'économie locale de Richard-Toll 1999, publié en Juillet
2000, fait état de 7 113 unités informelles qui participent
à l'animation économique de la ville. Toujours dans ce rapport, 3
541 de ces unités économiques informelles sont commerciales, 3119
artisanales. Les unités de transports sont évaluées au
nombre de 453.
Source : L'économie locale de
Richard-Toll 1999, Juillet 2000
(Modifié dans le cadre de l'enquête)
Donc, au regard de ce diagramme à secteur, il est clair
de constater que le commerce se taille la part du lion car il occupe 50%
d'actifs devant l'artisanat employant 44%. Le transport, par ailleurs, est le
domaine de 06% des acteurs. La prédominance du commerce s'expliquerait
par le caractère de « ville-transit » mais
aussi de « ville-marché » où
écoulent leurs produits mais aussi s'approvisionnent les populations des
villes et villages environnants (Dagana, Rosso-Sénégal, Rosso
Béthio, Communautés rurales de Mbane, de Gaé etc.).
Tableau 08: Niveau de
fréquentation du secteur formel.
Fréquentation du formel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Oui
|
19
|
12
|
05
|
36
|
25,3
|
Non
|
43
|
59
|
04
|
106
|
74,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
S'agissant de la relation avec le milieu formel, les 74,7% de
la population n'ont jamais travaillé dans une entreprise formelle ou
pour le compte de l'Etat. Ceci montre que l'informel est un monde à part
qui a ses réalités et ses caractéristiques propres. Il est
un monde qui accueille ceux qui n'ont pas accès ou ne veulent pas du
secteur formel. C'est aussi le monde des naufragés de l'école
mais aussi des `sans qualification professionnelle', du moins des gens qui
n'ont pas de diplôme agréé par les institutions
étatiques.
Néanmoins, 25,3% de la population informelle ont, au
moins une fois, fréquenté ou fréquentent encore le milieu
formel. On peut retrouver les limogés de la CSS ou les saisonniers qui
connaissent souvent des moments de disponibilité vis-à-vis de
l'usine. Le contact avec le secteur formel des acteurs de Richard-Toll s'est
souvent opéré au niveau de la CSS où ceux-ci sont
employés en tant que campagnards ou saisonniers de deux trimestres dans
l'an, en qualité de pompistes, de conducteurs, de dockers, de coupeurs
ou de planteurs de cannes, d'agents chargés des herbicides, de chefs
d'équipe ou surveillants ou même en qualité de
secrétaires de direction. Par ailleurs, d'autres ont fait leurs preuves
dans d'autres entreprises -comme employés, manoeuvres, gardiens,
gestionnaires de magasin...- par exemple, au Grand Domaine du
Sénégal (GDS), à la Rizerie de Richard-Toll, aux ICS de
Taïba, dans des entreprises en Mauritanie, à la SAED, au Port
Autonome de Dakar...
Interrogés sur leurs expériences
antérieures, plus de la moitié des acteurs (54,2%) n'ont jamais
travaillé avant l'exercice du métier actuel, comme le confirme le
tableau 09.
Tableau 09 Répartition
des enquêtés selon le secteur fréquenté avant le
travail actuel.
Travail préalable
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
17
|
11
|
06
|
34
|
23,9
|
Commerce
|
00
|
10
|
01
|
11
|
07,8
|
Transport
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Autre secteur
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,3
|
Aucun
|
43
|
32
|
02
|
77
|
54,2
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Par ailleurs, des artisans et des commerçants (02,8%)
ont fréquenté le transport. L'artisanat est le secteur au niveau
duquel beaucoup d'acteurs ont déjà fait leurs preuves
(23,9%) ; la majorité des transporteurs sont déjà
passé par le milieu artisanal. Aucun artisan n'est passé par le
commerce qui pourtant a accueilli près de 07,8% de la population
globale. Ceci s'expliquerait par le fait que le métier d'artisan demande
une assez longue formation et que la carrière est un souci de l'acteur
artisan. Par ailleurs, 11,3% des acteurs, tous des commerçants, sont
passés par un secteur autre que le commerce, l'artisanat et le
transport.
En somme, beaucoup d'agents de transport sont
déjà passés par la maçonnerie, la mécanique,
l'agriculture, l'élevage ou par la CSS. Quant aux artisans, certains
sont issus de la mécanique, de la menuiserie ébénisterie,
de la couture ou même de la CSS en qualité de monteur
mécanique, de soudeur, de coupeur, de docker, de compteur d'engins, de
conducteur, d'agents des plantations (Herbicides) ou encore en qualité
de journalier des ICS de Taïba... Les commerçants ont des origines
plus complexes. Si des vendeurs d'ustensiles de cuisine et de produits
maraîchers ont été transporteurs, leurs collègues
vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures, de légumes, de
pièces détachées et gérants de tables d'articles
frauduleux, de mercerie, de boutique de quartier... ont déjà
fréquenté le travail de manoeuvre, de couture, de
mécanique, de maçonnerie, de coiffure, de menuiserie
métallique ou de bonne à tout faire. D'autres ont
déjà été commerçants mais dans d'autres
domaines, nous remarquerons l'exemple du vendeur de pièces
détachées auparavant boutiquier, du vendeur de viande qui a
déjà fait le commerce de carburant et de bétail, du
vendeur d'articles vestimentaires qui a été ambulant et vendeur
de bétail, du vendeur de légumes et de condiments d'abord
gérant d'épicerie, du boutiquier qui a fait de la restauration et
de la restauratrice qui a vendu avant tout des jus et des encens... Les autres
viennent d'autres domaines comme l'agriculture, l'élevage, la
gérance de télécentre, le secrétariat
dactylographe, le secourisme à la Croix Rouge, les entreprises (CSS,
SAED...) en qualité de gardiens, de magasiniers, de surveillants,
d'employés...
Source : Données de l'enquête, 2005
L'histogramme à forme conique nous dessine clairement
la proportion prééminente des 58,2% de la population qui n'a
jamais connu les affres du chômage. C'est le cas de certains jeunes qui,
après avoir quitté l'école ou la `dahra',
se sont très tôt engagés dans un métier où
ils ont forgé leurs aptitudes. Par contre, ceux qui ont au moins une
fois chômé occupent une part de 41,5% de la population informelle.
C'est le cas des refoulés du système scolaire qui ont
marqué une pause avant de s'engager mais aussi des
déflatés des entreprises telles la CSS, la SAED. Les
réfugiés de la Mauritanie de 1989 sont dans cette
catégorie.
Une analyse plus minutieuse nous montre que six (06) sur neuf
(09) agents du transport (chauffeurs de taxis, conducteurs de pousse-pousse et
de véhicules hippomobiles) ont connu le phénomène du
chômage. C'est donc dire que souvent c'est par contrainte que certains
ont pris l'ultime option, le pis-aller qui s'offre à eux. Dans
l'artisanat, la période de chômage a souvent coïncidé
avec la sortie de l'école, une situation de crise- par exemple les
affrontements sénégalo-mauritaniens de 1989-, le licenciement ou
limogeage du secteur formel. Ces derniers cas de figure ont conduit
vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, gérants de rizerie,
mécaniciens, couturiers, électriciens automobiles, soudeurs
métalliques, horlogers, coiffeurs et réparateurs
électroniques à choisir le travail informel.
Source : Données de l'enquête, 2005
Au regard de cette courbe représentative de la
durée du chômage, il ressort clairement que les durées les
moindres sont comprises entre 02 et 03ans de chômage. Les 08,4% de la
population ne connaissent pas la durée exacte de leur intervalle de
chômage. 23,8% ont chômé pendant des mois seulement. 23,8%
ont aussi vécu une année entière dans le chômage.
La tendance de la courbe est à la baisse à partir d'une
année et les proportions régressent à 11,8% à la
deuxième année de chômage et à 08,4% à la
troisième année. Puis, elle remonte à 23,8% pour ceux qui
ont passé plus de trois ans sans travailler. La courbe montre, par
ailleurs, que si c'est après la période de chômage que l'on
entre dans la réalité du monde informel, c'est soit quelques mois
ou une année après les études soit à la cessation
du premier travail que l'on décide de s'engager à nouveau. Pour
d'autres, c'est après trois ans de chômage qu'ils décident,
enfin, d'emprunter les rails du travail informel. Le secteur informel n'est pas
un monde où l'on passe un concours pour l'obtention d'un poste, il n'est
interdit à personne dans une ville comme Richard-Toll... Dans le domaine
du transport, le chômage est souvent temporaire ou cyclique pour certains
acteurs qui pratiquaient l'agriculture, par exemple, entre autres
activités périodiques. Ce qui leur vaut un chômage
répété mais n'atteignant pas souvent une année. Par
ailleurs, d'aucuns sont restés plus de trois, quatre ou cinq bonnes
années sans travailler.
Dans l'artisanat, les collecteurs de peaux et de cuirs,
vulcanisateurs et gérants de rizerie ne sont pas restés une
année entière sans travailler. Un gérant de
rizerie nous a lancé ceci : « Je suis
père de famille et j'ai une fois connu six mois de chômage. Je
peux vous dire que ça m'a paru cinq ans d'enfer. J'ai tout fait sans
grand succès. C'est mon frère qui gère à
côté un atelier de menuiserie métallique qui, ayant vu que
j'ai toujours nourri une passion avérée du travail du riz, m'a
financé en m'ouvrant ce moulin. Il m'a sorti de cette situation que j'ai
vécu très difficilement. J'ai encore les larmes aux yeux en y
pensant ou en en parlant. Tellement c'était
difficile ! » A part cela, horlogers, couturiers,
réparateurs électroniques et coiffeurs ont connu une année
de chômage, là où soudeurs métalliques,
mécaniciens et électriciens automobiles en ont vécu deux
à trois.
En milieu commercial, si des vendeurs de pièces
détachées, de viande, d'articles vestimentaires, de chapelets et
livres coraniques et des gérants de table de petit-déjeuner, de
boutique de quartier et de table de produits frauduleux ne sont pas
restés dans la touche pendant une année, certains de leurs
collègues ont vécu plus de trois années de chômage.
Nous retiendrons les exemples des vendeurs d'articles vestimentaires ayant
chômé pendant sept à huit ans, des gérantes de
tables de petit-déjeuner et de produits frauduleux qui ont vécu
vingt ans de chômage. Des durées de dix et de quinze ans ont
été endurées respectivement par une gérante de
boutique, un vendeur d'articles vestimentaires et une vendeuse de produits
maraîchers. La plupart de ceux qui dépassant dix ans de
chômage sont des femmes mariées qui sortent de leurs demeures pour
accompagner le mari à joindre les deux bouts ou à obtenir des
revenus supplémentaires.
Source : Données de l'enquête, 2005
La courbe dégage un constat qui saute aux yeux: les
proportions des unités informelles diminuent quant l'effectif du
personnel augmente. Elles varient ensemble en proportions inverses. Moins de la
moitié des acteurs (45,1%) n'ont pas de personnel. Si 17,6%
évaluent leur personnel à une seule personne, 12,7% à deux
personnes, seuls 00,7% ont un effectif supérieur ou égal à
onze personnes. Cela montre quelque part la différence des besoins des
différentes activités en terme de personnel.
On note que souvent des chauffeurs de taxis, conducteurs de
calèches, de pousse-pousse, les piroguiers et les laceurs n'ont pas
très souvent besoin de personnel. Ce qui montre souvent la tendance
selon laquelle 07/09 agents de transports n'emploient personne. Une infime
proportion recourt à des apprentis qui encaissent les tickets de
transports et s'occupent de la manutention des bagages des passagers.
Si des artisans de la trempe de certains cordonniers,
forgerons, bijoutiers, vulcanisateurs, tailleurs, coiffeurs d'hommes,
horlogers, mécaniciens-moto n'ont aucun personnel, il est, par contre,
une nécessité chez bon nombre d'artisans qui ont souvent plus de
dix éléments dans leurs ateliers. Ceux qui emploient plus de cinq
personnes sont les électriciens automobiles, les soudeurs
métalliques, les menuisiers ébénistes, les
mécaniciens, les coiffeurs de femmes, les fabricants de machines
agricoles (moissonneuses-batteuses), les collecteurs de peaux et de cuirs qui
gèrent un réseau national. Dans le domaine du commerce, le
personnel n'excède pas souvent six personnes et ce sont les
restauratrices, les vendeurs de tissus et de produits maraîchers qui
atteignent cinq à six auxiliaires. En guise de péroraison, c'est
dans le domaine artisanal que l'on observe le plus d'éléments
dans une même unité économique avec plus de dix individus
dans les ateliers de menuiserie ébénisterie.
La nature du personnel va du statut d'apprenti à celui
d'employé en passant par celui d'aide. Le patron n'est pas
compté. Les unités de productions ayant un personnel occupent une
proportion de 54,9% de la population informelle globale. 47,5% emploient
uniquement des apprentis, là où 12,8% prennent des
employés salariés. Dans certaines unités (33,3%), le
personnel a la qualité d'aide ou d'associé car le système
salarial n'est pas fixé. C'est un partage après inventaire ou un
mandat qui est noté à ce niveau. En témoigne le tableau
10.
Tableau 10:
Répartition des enquêtés selon la
qualité du personnel.
Qualité du personnel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aide(s) ou associé (s)
|
08
|
18
|
00
|
26
|
33,3
|
Apprentis)
|
30
|
05
|
02
|
37
|
47,5
|
Apprenti(s) et Employé(s)
|
03
|
02
|
00
|
05
|
06,4
|
Employé(s)
|
03
|
07
|
00
|
10
|
12,8
|
Total
|
44
|
32
|
02
|
78
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Par ailleurs, dans 06,4% des unités, on observe
à la fois la présence d'apprentis et d'employés. Au niveau
du transport, ce sont les taxis surtout interurbains qui emploient des
apprentis uniquement. Les coiffeurs de femmes, les gérants de rizerie,
les forgerons, les cordonniers, les menuisiers ébénistes, les
mécaniciens, les vulcanisateurs ont souvent des aides qui sont souvent
des parents ou des gens avec qui on est souvent associé. C'est dans la
mécanique, la collecte de peaux et de cuirs, la bijouterie,
l'ébénisterie et la rizerie que l'ont rencontre surtout les cas
d'embauche où des adultes mariés ou soutiens de famille
perçoivent un salaire mensuel ou journalier. Dans le commerce, les
gérantes de quincaillerie, de tables de petit-déjeuner et
restauratrices, les vendeurs de produits maraîchers, les boutiquiers et
vendeurs de viande ont souvent des employés qui travaillent à
titre de journaliers ou, parfois, pour un salaire mensuel. Par contre, les
aides dans la vente de tissus, de viande, d'articles vestimentaires, d'effets
de toilette, de pièces détachées, de
céréales, d'appareils électroniques et dans la
gérance de restaurant et de boutique de quartier peuvent soit partager
avec le propriétaire le fruit du travail soit avoir un mandat soit ne
rien obtenir du tout. En réalité, on constate que l'un des
critères fondamentaux de formalisation à savoir la
rémunération salariale du travail n'est pas totalement en
vigueur dans le secteur informel.
Quoiqu'on puisse dire, les acteurs désirent à
76,7% continuer ou maintenir le même travail dans les années qui
viennent, comme en atteste le tableau 11. Ceci montre qu'une certaine forme de
sécurité est garantie par ce milieu dans lequel, même si
le gain est petit, on est toujours sûr d'avoir quelque chose. De plus,
on est à l'abri du chômage.
Tableau 11: La volonté
de continuer le même travail dans l'avenir.
Volonté de continuer
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Oui
|
50
|
56
|
03
|
109
|
76,7
|
Non
|
12
|
15
|
06
|
33
|
23,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Seulement, si d'aucuns disent « Al
hamdulilah » (Dieu merci), d'autres veulent une
amélioration conséquente de leurs activités à
l'exemple des chauffeurs de taxis et d'un laveur qui veut continuer pour avoir
son permis de conduire. Néanmoins, 23,3% ne veulent pas du tout du
même travail dans le futur. C'est donc dire que le secteur informel est
quelque part, pour eux, un abri où ils se cachent pour préparer
l'avenir, un élan qu'ils prennent pour mieux sauter. C'est le cas :
des conducteurs de calèches, de pousse-pousse et des piroguiers dans le
transport ; d'une certaine frange des mécaniciens, couturiers,
forgerons, soudeurs métalliques, réparateurs électroniques
et cordonniers dans le domaine artisanal ; des boutiquiers, gérants
de tables de produits frauduleux, des vendeurs de produits maraîchers, de
viande, d'articles vestimentaires, de céréales, de chaussures,
d'appareils électroniques et de pièces
détachées.
B -Revenus
Tableau 12: Le
niveau de rétribution du Personnel des unités
informelles.
Niveau de revenu du personnel
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[-5 000 FCFA [
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01,3
|
[5000-10000[
|
10
|
03
|
01
|
14
|
17,9
|
[10000-20000[
|
03
|
04
|
00
|
07
|
08,9
|
[20000-30000[
|
04
|
03
|
00
|
07
|
08,9
|
[30000-40000[
|
02
|
04
|
00
|
06
|
07,7
|
[40000-50000[
|
02
|
03
|
00
|
05
|
06,4
|
[50000-60000[
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01,3
|
[60000-+60000[
|
01
|
01
|
00
|
02
|
02,6
|
Rien
|
04
|
01
|
00
|
05
|
06,4
|
Ne sait pas
|
16
|
13
|
01
|
30
|
38,6
|
Total
|
44
|
32
|
02
|
78
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Il est à constater que seuls 06,4% des unités
informelles ne paient aucunement leur personnel sous prétexte que le
travail ne marche pas fort ou que les auxiliaires devaient payer leur prise en
charge ou leur formation ailleurs.
Cela étant, le niveau de salaire le plus
représentatif avec un taux de 17,9% est la tranche allant de 5 000
à 10 000Francs CFA. Nous constatons que c'est un salaire pour des
employés à titre de bonnes à tout faire dans les
restaurants mais aussi un mandat pour des apprentis dans le transport, le
commerce mais surtout dans le monde artisanal. Le cumul des taux de
salariés percevant une rémunération allant de 20 000
à plus de 60 000Francs CFA donne une proportion de 26,9% du total
du personnel rétribué avec seulement 02,6% qui perçoivent
plus de 60 000FCFA par mois. Si ce sont les employés de
l'ébénisterie et les aides dans les boutiques de quartier qui
perçoivent plus de 60 000FCFA par mois, des employés dans la
collecte de peaux et de cuirs, les boutiques, des aides dans la menuiserie
ébénisterie, la menuiserie métallique, la vente de tissus,
de viande, d'effets de toilette, des apprentis dans la mécanique
obtiennent mensuellement entre 30 000 et 60 000FCFA.
Par ailleurs, les opérateurs qui ne savent pas
exactement ou ne peuvent pas évaluer le niveau de rétribution de
leur personnel occupent la proportion de 38,6%. La rétribution
dépend de la marche de l'activité qui alterne périodes de
vaches grasses où les revenus s'élèvent et périodes
de vaches maigres où ils peuvent même être nuls pour les
auxiliaires.
Source : Données de l'enquête, 2005
Quant aux patrons, la proportion qui ignore totalement le
niveau mensuel de rétribution est de 34,5%. L'importance de cette
observation trouve son explication dans le travail d'ouvrier
qu'exécutent ces acteurs qui ne tiennent pas de comptabilité et
règlent les urgences au jour le jour. Ce qui rend imprécis
même à leur niveau leur propre gain. La logique distributive des
africains trouve ici une parfaite illustration. La logique accumulative n'est
pas encore très encrée dans les moeurs. Pour d'autres, le
gain varie suivant la période qui peut être favorable ou
défavorable à leurs activités. Un ouvrier peut avoir
parfois un coup de 100 000 à 200 000FCFA en une semaine ;
en d'autres circonstances, il passe un mois dans le creux de la vague. Un
gérant de mercerie dit ceci : « Je ne
peux pas le savoir. `Boroom kër laa, damay dugal ci kër gi'. `Je suis
père de famille, j'investis dans la maison' ».
La courbe bleue représentative de la proportion des
acteurs suivant le niveau de salaire mensuel nous montre que, si 01,4%
(couture, vente d'articles vestimentaires) perçoivent 5 000 à
15 000F CFA ; des chauffeurs de taxis, mécaniciens, fabricants
de machines agricoles, collecteurs de peaux et de cuirs, forgerons,
gérants de rizerie, ébénistes, soudeurs, bijoutiers
(23,9%) ont plus de 100 000FCFA là où 15,5% ont 50 000
à 80 000FCA dans les taxis, la vulcanisation, la mécanique,
la menuiserie, la couture, la bijouterie, la gérance de tables de
petit-déjeuner, de tables d'articles frauduleux, de boutiques de
quartiers, dans la vente de légumes et condiments, d'articles
vestimentaires, de chaussures, de produits maraîchers, de pièces
détachées, de viande, de tissus et d'accessoires de
portables...
La courbe jaune cumulative décroissante nous montre que
90,1% des acteurs patrons d'unités informelles perçoivent
mensuellement au minimum 30 000FCFA. En y soustrayant la tranche qui
ignore le niveau de salaire (34,5%), nous pouvons avancer que 55,6% des chefs
d'unités obtiennent au minimum 30 000FCA et que 46,5% ont au moins
50 000FCFA.
Cela étant, la courbe violette cumulative croissante
ressort clairement que, si l'on fait abstraction de ceux qui ignorent leur
niveau de salaire (34,5%), 19% ont moins de 50 000FCFA par mois, 34,5%
moins de 80 000FCFA, 41,6% moins de 100 000FCFA.
Par rapport à la charge nourrie par le secteur
informel, le tableau 12 est révélateur. Seuls 01,4% de l'ensemble
des enquêtés n'ont aucune personne en charge Ce sont des
commerçants, vendeurs de thé préparé (moins de 15
ans) et vendeurs d'effets de toilette. Par contre, une charge de plus de dix
personnes est endossée par une proportion de 44,4% de la population
informelle regroupant piroguiers, conducteurs de calèches et chauffeurs
de taxis dans le transport, couturiers, horlogers, vulcanisateurs,
réparateurs électroniques, cordonniers, bijoutiers,
mécaniciens, ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs,
fabricants de machines agricoles, soudeurs métalliques et
électriciens automobiles dans le domaine artisanal et quincailliers,
boutiquiers, restauratrices, bouchers, marchands ambulants, vendeurs
d'ustensiles de cuisine, de tables de produits frauduleux, de tissus, de
produits maraîchers, de légumes et condiments, de chaussures, de
tables de petit-déjeuner, de pièces détachées en ce
qui concerne le commerce.
Tableau 13: La charge
familiale des acteurs du secteur informel.
Charge familiale (en personne)
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
% C.C.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
00
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
01,4
|
01
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
02,8
|
02
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
03,5
|
03
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
04,9
|
04
|
01
|
02
|
01
|
04
|
02,8
|
07,7
|
05
|
02
|
05
|
00
|
07
|
04,9
|
12,6
|
06
|
06
|
10
|
00
|
16
|
11,3
|
23,9
|
07
|
02
|
06
|
00
|
08
|
05,6
|
29,5
|
08
|
03
|
04
|
00
|
07
|
04,9
|
34,4
|
09
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
35,1
|
10
|
10
|
08
|
02
|
20
|
14,1
|
49,2
|
+10
|
33
|
25
|
05
|
63
|
44,4
|
93,6
|
Ne savent pas
|
03
|
06
|
00
|
09
|
06,4
|
100
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au vu de la colonne du cumul croissant des proportions, on
constate aisément que seuls 12,6% des acteurs ont une charge de moins de
six personnes mais aussi que ceux qui gèrent moins de 11 `bouts de bois
de Dieu' n'occupent qu'une proportion de 49,2%. Par superstition, 06,4% ne se
sont pas prononcés sur leur charge. Cela s'explique et se comprend
facilement car il est tabou dans certaines zones du Sénégal, en
particulier au Walo, de compter sa progéniture. D'aucuns lancent que
« c'est nombreux ! » là où
d'autres refusent de répondre.
Au vu de ces analyses, on peut dire, sans ambages, que le
secteur informel est un monde où l'on travaille pour nourrir une
importante masse. Par exemple, nous avons tenté de calculer la charge
moyenne pour uniquement ceux qui savent l'effectif de leur charge. A l'issue de
ce calcul, nous sommes amené à dire que 93,6% de la population
informelle entretiennent une charge moyenne de 08 personnes.
C -Production de biens et de
services
Le secteur informel traite avec toutes les formes de
clientèle allant des populations aux autorités publiques en
passant par les entreprises.
Force est de noter que la clientèle première est
la population à qui 99,2% des unités de l'informel livrent
produits ou services. Les entreprises de la place traitent -mais faiblement-
avec les acteurs du secteur (09,1%). Seuls 04,9% ont des accointances avec les
autorités publiques locales ou gouvernementales. Le tableau suivant le
confirme.
Tableau 14: La nature de la
clientèle du secteur informel de Richard-Toll.
Clientèle
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
sur la pop.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Entreprises
|
10
|
03
|
00
|
13 / 142
|
09,1 %
|
Etat ou Municipalité
|
04
|
03
|
00
|
07 / 142
|
04,9 %
|
Populations
|
61
|
71
|
09
|
141 / 142
|
99,2 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tout le monde trouve son compte dans ce secteur où les
prix se discutent mais aussi où bien des formes de produits et de
services- souvent rares- sont rendus et vendus.
Dans le secteur du transport, le secteur informel gère
l'intégralité de la mobilité urbaine. Au-delà des
quelques voitures de particuliers et de l'administration
décentralisée ou déconcentrée et en dehors de la
CSS qui assure les navettes de ses employés, ce sont les taxis, les
pirogues, les véhicules hippomobiles qui assurent, si l'on ose le dire,
la mobilité urbaine.
Dans le domaine artisanal, seuls les collecteurs de peaux et
de cuirs ne traitent pas directement avec les populations. Par ailleurs, des
artisans comme les couturiers, les vulcanisateurs, les ébénistes,
les menuisiers métalliques, les mécaniciens, les cordonniers et
les collecteurs de peaux et de cuirs livrent des services aux entreprises parmi
lesquelles la CSS. Les ébénistes, vulcanisateurs,
mécaniciens et soudeurs métalliques font des transactions avec
les autorités publiques de la place souvent par le biais des
marchés qui leur sont livrés.
Les commerçants spécialisés dans les
produits maraîchers, les pièces détachées et les
tables de petit-déjeuner couvrent des demandes des autorités
publiques de la place. En réalité, des gérants de tables
servent sandwiches et petit-déjeuner aux ouvriers de la CSS quand des
vendeurs de fripe vendent les habits usés que les entreprises utilisent
comme chiffons. Des vendeurs de produits maraîchers traitent aussi avec
des entreprises.
Au-delà de l'analyse de la clientèle, il est
intéressant de voir les différents produits et services
livrés par les unités informelles. Le tableau 15 donne des
indications à ce sujet. Suivant la proportion, les services de
réparations sont les plus sollicités (17,6%) par la
clientèle du marché informel. Rappelons que c'est essentiellement
l'artisanat qui couvre ce domaine avec les réparations d'automobiles,
des motocyclettes, d'appareils électroniques, de chaussures, de pneus...
Ensuite, les produits alimentaires sont fournis par les acteurs
commerçants à hauteur de 16,2%. Puis, c'est le tour de
l'habillement, des appareils électroniques et des accessoires de
portables qui occupent 14% du marché. La fourniture de denrées de
première nécessité est l'occupation majeure de 11,3% de la
population informelle. Puis, vient le domaine de la confection qui participe
pour 09,9% dans le marché du secteur. Essentiellement tenu par les
artisans, ce domaine fourni entre autres produits et services des habits, des
tenues de travail, des uniformes, du rapiéçage ou raccommodage.
La production ou la vente de matériels en fer ou d'ustensiles de cuisine
est l'apanage des 05,7% qui bougent dans l'artisanat et dans le commerce. La
vente de pièces détachées est une activité
commerciale très présente à Richard-Toll (04,9%).
Tableau 15: Les produits ou
services les plus prisés par la clientèle.
Produits ou services prisés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Art.
|
Com.
|
Tran.
|
Brisure de céréales
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,2
|
Charge et nettoyage des voitures
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Coiffure
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Confection
|
14
|
00
|
00
|
14
|
09,9
|
Denrées de première nécessité
|
00
|
16
|
00
|
16
|
11,3
|
Equipements en bois
|
05
|
00
|
00
|
05
|
03,4
|
Habillement, Electronique
|
00
|
20
|
00
|
20
|
14,0
|
Machines agricoles
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Matériels agricoles
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Matériels et ustensiles en fer
|
07
|
01
|
00
|
08
|
05,7
|
Parures
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,2
|
Peaux et cuirs
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Pièces détachées
|
00
|
07
|
00
|
07
|
04,9
|
Produits alimentaires
|
00
|
23
|
00
|
23
|
16,2
|
Réparation
|
25
|
00
|
00
|
25
|
17,6
|
Système électrique
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Toilette et Cosmétique
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Transport de bagages
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Transport des biens et personnes
|
00
|
00
|
06
|
06
|
04,2
|
Traversée du fleuve
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Autres produits
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Le transport de biens et de personnes est assuré par
les taxis et les calèches qui représentent 04,2% du secteur
informel et dont le rôle est de sillonner les quartiers pour
désenclaver certains d'entre eux et de rendre fluide la mobilité
des biens et des personnes. En un mot, d'écourter les distances.
L'équipement en bois est assuré par la menuiserie
ébénisterie qui occupe 03,4% du marché. La rizerie
(02,2%) est l'apanage des artisans qui décortiquent le riz
déjà récolté qui entre dans le cadre des repas
quotidiens des sénégalais. Les parures sont le domaine des
bijoutiers (02,2%) qui fabriquent des bijoux sur commande mais aussi qui
vendent des produits qu'ils ont déjà confectionnés tels
des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles à bases d'or,
d'argent... Ils posent aussi des dents en or surtout pour les femmes. La
coiffure est un besoin quotidien des populations, hommes et femmes confondus.
Les coiffeurs sont des artisans qui ouvrent des salons un peu partout dans la
ville car c'est un créneau porteur. A part la coiffure que l'on fait
pour prendre soin de son corps en temps normal, la coiffure est aussi une
nécessité pour ceux qui assistent à des
cérémonies... Les effets de toilette et produits
cosmétiques sont aujourd'hui une donne importante dans la vie des femmes
qui prennent souvent soin de leur corps et qui s'embellissent le soir
après le bain de six heures à la descente du travail, pour
l'accueil du mari, pour aller dans les cérémonies ou dans
l'attente d'une éventuelle visite... Revenant au transport, les voitures
ont besoin d'hygiène et de propreté pour un minimum de confort
aux passagers, d'où l'utilité du métier de laveur (00,7%).
Par ailleurs, Richard-Toll, situé au coeur de la Vallée du
Fleuve Sénégal, contrée d'agriculteurs, est un
marché où les agriculteurs des villages et autres
localités environnants viennent pour leurs achats de matériels
comme les moissonneuses-batteuses nécessaires en périodes de
récoltes (00,7%). La clientèle est présente massivement
dans la zone. La vocation agricole de la région de Saint-Louis fait que
les produits phytosanitaires de la trempe des semences, des engrais... sont des
besoins réels des populations (00,7%). La tannerie est aussi
présente dans le milieu où des Halpulaar exercent un
élevage important et dynamique. Le transport étant aussi
dynamique dans cette ville, les électriciens d'automobiles sont
sollicités en matière de batterie de voiture mais aussi
d'installation ou de réparation des systèmes électriques
souvent défaillants des véhicules. Le déplacement des
bagages est un domaine privilégié des conducteurs de
pousse-pousse qui s'installent juste à hauteur des marchés pour
acheminer les marchandises déchargées des grands véhicules
qui les ont importées. Etant frontalier avec la République
Islamique de Mauritanie, Richard-Toll a une rive fluviale à partir
desquelles les populations rejoignent le territoire maure. Les pirogues sont,
en réalité, les moyens de transport qui s'occupent de cette
tâche. Enfin, 00,7% sont spécialisés dans la vente de
chapelets et de livres coraniques qui entrent dans le cadre de la promotion du
culte musulman.
Source : Données de l'enquête, 2005
Le diagramme à barres montre que 78,2% des acteurs
trouvent que leurs tarifs sont abordables quand 10,5% se rangent dans la
cherté. L'écart des tendances montre que le secteur informel
fournit des biens et des services selon les besoins et les pouvoirs d'achats
des populations. Les prix sont abordables dans la mesure où toutes les
bourses peuvent acheter dans le marché informel. L'essentiel pour
l'acteur c'est de gagner son pain. C'est là que gît la raison
explicative des interminables marchandages qui tirent souvent en longueur
surtout quand la bourse de l'acheteur est faible. Les prix ne sont pas fixes.
On évalue le pouvoir d'achat du client et c'est suite au marchandage que
le prix final est fixé, et ce dans la mesure de l'acceptable. Ainsi,
abordable signifierait que le client ne se surpasse pas et que le fournisseur
ne perde pas. Si le laveur pense ne recevoir qu'un mandat après service,
les chauffeurs l'expliquent par la modestie des tarifs du transport à
Richard-Toll. Si, d'un côté, forgerons, vulcanisateurs,
couturiers, soudeurs ... pensent que leurs prix sont dérisoires, on
retrouve, de l'autre, ébénistes, cordonniers, bijoutiers,
mécaniciens et coiffeurs qui jugent un peu énormes les prix de
leurs articles et services. La fabrication des machines de
moissonneuses-batteuses entre dans la zone des tarifs très chers. Des
commerçants de pièces détachées, d'articles
vestimentaires et de produits frauduleux trouvent bas voire dérisoires
leurs prix d'un côté, quand, de l'autre les vendeurs de viande, de
boutiques, de céréales et de légumes sentent qu'ils
vendent cher. Un autre vendeur de pièces détachées trouve,
quant à lui, très chères ses pièces. Cela dit,
l'utilité du secteur informel se sent à trois niveaux :
populations de la ville, mairie et famille des acteurs. Le tableau 16 donne
plus de détails.
Au niveau des populations :
Services et
satisfaction : 21,1% mesurent l'impact de leurs
fonctions sur les populations à travers les services qu'ils leur rendent
et la satisfaction que celles-ci peuvent en tirer. C'est du moins l'avis de
certains soudeurs métalliques, mécaniciens, menuisiers
ébénistes, couturiers, coiffeurs, bijoutiers et gérants de
rizerie. En sus des artisans susnommés, des commerçants à
l'exemple de certains vendeurs de céréales, d'articles
vestimentaires, de viande, de tissu, de produits maraîchers, d'effets de
toilette mais aussi des gérants de quincaillerie, de restaurant, de
tables d'articles frauduleux, de boutiques, de tables de petit-déjeuner
sont à ranger dans cette catégorie.
Entraide: 21,1% pensent que
l'utilité de leurs travaux respectifs peut s'appréhender à
travers l'entraide qui s'établit entre eux et les populations. Les prix
sont au rabais pour que les bourses faibles puissent être prises en
compte. De même, des crédits sont accordés à
celles-ci. En fin de compte, ce sont des rapports sociaux forts qui
s'établissent entre acteurs du secteur informel et populations. La
solidarité est de mise, en un mot. Souvent, certains artisans
n'acceptent pas que des connaissances paient, le service leur est souvent
gratis.
Tableau 16:
Répartition des enquêtés selon l'utilité du
travail.
Cible
|
Utilités du travail
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artis.
|
Com.
|
Trans.
|
P
O
P
U
L
A
T
I
O
N
|
Autonomie personnelle
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Dépannage et Réparation
|
08
|
02
|
00
|
10
|
07,1
|
Déplacement
|
08
|
00
|
04
|
12
|
08,5
|
Entraide
|
08
|
19
|
03
|
30
|
21,1
|
Equipements
|
03
|
00
|
00
|
03
|
02,1
|
Formation
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Habillement, Parures et Beauté
|
09
|
03
|
00
|
12
|
08,4
|
Machines agricoles et divers
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Nécessité
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Participation au développement
|
00
|
03
|
01
|
04
|
02,8
|
Propreté des voitures
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Proximité
|
00
|
10
|
00
|
10
|
07,1
|
Ravitaillement
|
00
|
10
|
00
|
10
|
07,1
|
Services et satisfaction
|
13
|
17
|
00
|
30
|
21,1
|
Ne sait pas
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
M
A
I
R
I
E
|
Allègement de la charge
|
02
|
00
|
00
|
02
|
01,4
|
Marché
|
05
|
01
|
00
|
06
|
04,2
|
Taxes
|
37
|
64
|
06
|
107
|
75,4
|
Ne sait pas
|
04
|
01
|
01
|
06
|
04,2
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
13
|
04
|
02
|
19
|
13,4
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
F
A
M
I
L
L
E
|
Autonomie
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Couverture totale, Prise en charge
|
49
|
57
|
05
|
111
|
78,2
|
Dieu seul le sait
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Formation
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Soutien et Participation
|
10
|
10
|
03
|
23
|
16,2
|
Ne sait pas
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Aucune utilité
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Déplacement: Pour
08,5%, leur travail participe à la mobilité des populations. Le
déplacement est une donne importante dans la vie des citoyens qui pour
aller travailler ou vaquer à leur occupations, qui pour entretenir des
liens sociaux. Pour nous montrer la place du transport dans le quotidien du
citoyen sénégalais en général et richard-tollois en
particulier, un chauffeur de taxi nous dit que :
« Sans les taxis, rien ne va, rien ne vient. Si les voitures ne
travaillent pas, si les transporteurs partaient en grève, les
populations le sentiraient vite ». Cela est, sans nul doute,
indéniable mais la mobilité n'est pas que l'apanage des agents de
transport. Les vulcanisateurs, les cordonniers, mécaniciens et
électriciens automobiles y jouent un rôle en amont et en aval. Si
les cordonniers fournissent des brides et harnais de véhicules
hippomobiles, si les mécaniciens et électriciens installent ou
dépannent le système fonctionnel des véhicules, les
vulcanisateurs ne sont pas en reste car « sans pneus,
les voitures ne roulent pas » se contente de dire l'un d'entre
eux.
Habillement, parures,
beauté : De nos jours, même si l'habit ne
fait pas le moine, il permet au moins à certains de sauver les
apparences. La mode a aujourd'hui façonné les gens à telle
enseigne que l'on est obligé de s'habiller bien à défaut
de porter le dernier cri. L'importance de l'habillement, la quête de la
beauté, du charme, l'amour des parures font que le domaine vestimentaire
jouit d'une assez importante proportion (08,5%) au niveau de la population du
secteur informel de Richard-Toll. Pour un couturier rencontré
sur le terrain, « L'habillement fait la personne. La
couverture n'a pas d'égale. La nudité n'est pas
permise » ; un bijoutier nous dira ensuite que
« Sans parures, la beauté n'est pas ». Les
vendeurs d'articles vestimentaires essaient de satisfaire les clients par
rapport aux derniers cris et aux divers labels que les gens désireraient
voir.
Proximité :
Quelques acteurs (07,1%) pensent que le mérite de leurs activités
aura été de jouer sur la proximité des populations
d'avec leur marché. Ils font tout, quitte à importer, pour
que les populations puissent trouver chez eux, juste à la Capitale
Sucrière, toute forme de marchandises ou de services qu'ils
désireraient. Les besoins sont réglés au quotidien et au
niveau local ; on n'a plus besoin de se déplacer jusqu'à
Saint-Louis ou à Dakar pour trouver satisfaction. C'est ce qu'essaie
d'étayer un boutiquier pour qui « les distances
sont raccourcies, il n'est plus besoin d'aller loin pour
s'approvisionner ». Cet avis est partagé par les
gérants de tables d'articles frauduleux, les vendeurs de pièces
détachées, d'articles vestimentaires, de légumes et
condiments, de produits maraîchers.
Ravitaillement: Parmi ses
nombreux avantages, le secteur informel de Richard-Toll pourvoit le
ravitaillement alimentaire aux populations. La proportion de 07,1% s'occupe de
la fourniture des denrées de première nécessité
entre autres l'huile, le savon, le pain, le riz, le beurre, le lait, le sucre.
Dépannage et
réparation : Occupant près de 07,1% de la
population informelle, les services tels que le dépannage des
véhicules et la réparation des matériels
électroniques et électroménagers sont très
sollicités de nos jours. La réparation des chaussures, l'apanage
des cordonniers, aide beaucoup les populations à revenus modestes qui ne
peuvent pas fréquemment acheter de nouvelles chaussures. De même,
les vulcanisateurs réparent les pneus des véhicules en crevaison.
Les vendeurs de pièces détachées participent activement
aux activités de réparations auxquelles elle pourvoit des
pièces de rechange.
Nécessité :
Pour 04,9%, le secteur informel est un secteur nécessaire car il
pourvoit des produits et des services qui sont utiles à plus d'un titre
à la quotidienneté des masses. C'est ce que pensent franchement
certains réparateurs d'appareils électroniques, couturiers,
ébénistes, forgerons, mécaniciens et gérants de
rizerie.
Participation au
développement : La proportion de 02,8%
représente ceux qui pensent participer par le biais de leurs fonctions
respectives au développement de la Commune. Sans leurs contributions, en
réalité, le développement s'imaginerait peut-être
mal ou autrement. Une vendeuse de produits maraîchers nous dit
que : « Je participe au développement local en
vendant des produits locaux et je ne fais pas de la fraude ». Un
vendeur de produits phytosanitaires ajoute ce qui
suit : « Je travaille pour l'agriculture et pour les
populations, deux sources du développement ».
Equipements: Dans le cadre de
l'équipement de leurs maisons, chambres ou cuisines, les populations
font recours aux services du secteur informel qui leur pourvoit des portes,
fenêtres, lits, armoires, chaises, tables, ustensiles de cuisine...02,1%
voient que l'équipement est très utile et occupe une position non
négligeable dans la vie des humains. Les besoins en équipements
sont souvent comblés par les forgerons et les soudeurs
métalliques.
Formation : Pour
d'autres acteurs (01,4%), le secteur informel joue aussi le rôle de
formateur pour une frange populaire. L'école ou les centres
agréés ne peuvent pas former tout le monde. L'apprentissage est
une autre voie qui forge, en réalité, une importante partie des
jeunes en quête de métier, surtout ceux qui ne sont pas instruits
ou ceux qui ont un niveau d'instruction pas très poussé. C'est ce
que confirme un menuisier ébéniste :
« J'ai formé des jeunes réfugiés de la
Mauritanie sur demande du HCR qui me payait après les
événements de 1989 ». Dans le domaine commercial,
un vendeur de chapelets et de livres coraniques nous explique que ses articles
servent à la pratique du culte mais aussi à la formation ou
à l'autoformation en matière de religion islamique.
Machines agricoles et
divers : Certains acteurs -couturiers confectionnant des
sacs, fabricants de moissonneuses-batteuses- (01,4%) trouvent une très
bonne raison de s'investir dans la fabrique ou la vente de matériels ou
de produits agricoles. L'agriculture se pratique dans presque toute la
Vallée du fleuve à toutes les périodes de l'année.
En sus de la campagne agricole, la contre-saison et le maraîchage
permettent au secteur agricole de rester dynamique pendant toute
l'année. Les machines et intrants peuvent provenir du secteur non
structuré.
Autonomie personnelle:
D'aucuns (00,7%) voient qu'en assurant leur propre autonomie, ils
allègent le poids voir le fardeau que peut constituer leur
dépendance. Avec son propre travail, on peut s'assurer ses frais
d'habillement, de scolarité entre autres.
Propreté des
voitures : En s'investissant dans le métier de
laveur de voiture, des acteurs (00,7%) sentent qu'ils rendent services en
garantissant une hygiène, une propreté et un certain
bien-être aux clients voyageurs. A un laveur de penser
qu'« une voiture sale décourage le
client ».
Au niveau de la mairie :
Taxes : La grande
majorité des acteurs soit 75,4% citent le paiement des taxes comme la
vraie utilité que leur travail représente pour la
Municipalité. En réalité, avec la politique
décentralisatrice qui prône que le développement parte du
local, la contribution des acteurs du secteur informel est sollicitée
par les autorités locales élues. « On a beaucoup
d'utilités pour la Mairie, c'est grâce à nous qu'elle est
là » dira un taximan.
Marchés : Une
certaine coopération existe entre autorités locales et acteurs
informels (04,2%). La municipalité offre souvent des marchés, des
travaux aux acteurs locaux qui en ont, en réalité, les
compétences. C'est une des raisons pour lesquelles certains acteurs
cherchent des papiers pour répondre aux formalités d'octroi de
marché par la Commune. C'est comme qui dirait que la Municipalité
participe ou pousse à une certaine formalisation du secteur informel
sans peut-être en être consciente. A la demande de la Mairie, des
ébénistes et des soudeurs confectionnent des tables, des bancs
et des bureaux... Des vulcanisateurs prennent en charge la réparation de
pneus de véhicules des agents.
Allègement de la
charge : Des acteurs (01,4%) avancent qu'en travaillant,
ils allègent à la mairie la pression de leur droit au travail. Le
taux de chômage est amoindri ou absorbé partiellement par
l'économie informelle sans laquelle il ameuterait peut-être
l'opinion internationale. Pour un ébéniste,
« si on ne travaillait pas, on allait constituer une charge
demandeuse d'emplois à la Mairie ».
Aucune utilité :
13,4% ne pensent avoir aucune utilité pour la Municipalité du
fait qu'ils ne s'acquittent pas de taxes.
Au niveau de la famille :
Couverture totale ou prise en
charge : L'impact premier du travail informel est
d'assurer une couverture ou une prise en charge des besoins de la famille.
Certains précisent que la prise en charge est totale dans la mesure
où elle englobe la dépense quotidienne, les besoins de
scolarité des enfants, le règlement des besoins particuliers et
collectifs des membres de la parentèle. L'écrasante
majorité des enquêtés (78,2%) assure les urgences, les
besoins les plus élémentaires et le minimum à leur
famille. Comme susnommé, la charge moyenne des 93,6% de la population
informelle est de 08 personnes. C'est un chiffre énorme, en
réalité. D'aucuns sont seuls à assumer le fardeau.
Soutien et
participation : Certains (16,2%) participent uniquement
aux besoins de leur famille. D'aucuns envoient des mandats à leurs
parents pour les soutenir dans leurs charges. Quelques-uns règlent les
besoins et des problèmes uniquement à la demande.
Autonomie personnelle :
D'aucuns (01,4%) imaginent que le plus grand impact de leur activité est
de leur permettre de se libérer de la dépendance du cercle
familial. Quand on s'achète ses propres habits, quand on assure
soi-même ses frais scolaires, on est en position de penser qu'on aide
vraiment sa famille qui devait s'en charger.
Formation : Dans
certaines activités, on note une certaine forme d'héritage du
métier qui fait que les différents membres, au lieu de fouiner
ailleurs, bifurquent uniquement dans l'atelier pour se former au métier
qui s'impose à eux. C'est du moins l'opinion de 00,7% de la population.
C'est aussi le cas de certains apprentis de l'ébénisterie.
II. Fonction Economique
A -Part dans l'Economie globale
La participation du secteur informel dans l'économie
globale de Richard-Toll va s'appréhender à travers des
indicateurs tels que le Produit Local Brut (PLB), la production annuelle des
acteurs et le niveau de l'investissement...
Version locale du Produit Intérieur Brut, le Produit
Local Brut (PLB) est la somme des richesses formées ou
créées au niveau du périmètre communal pendant
toute une année. Estimé, selon le rapport du Club du Sahel,
à 30 018 000 000 FCFA, le PLB de la Commune de
Richard-Toll est assez important et donnerait une productivité moyenne
de 474 000FCFA environ par habitant. Rappelons que les statistiques font
état de 63 500 habitants. Il est à observer que le poids
imposant de ce PLB est imputable dans une large mesure à la
présence de la Compagnie Sucrière Sénégalaise
classée dans l'économie moderne à côté du
Gîte d'étape, de la SAED, de la CNCAS, de la BICIS et de la CBAO.
Ce secteur moderne assure 17 888 000 000FCFA soit 59% de ce PLB. De
lui dépendent 33 719 individus soit 53% de la population de la
Commune. Par ailleurs, après le secteur moderne, c'est l'économie
informelle- à laquelle dépendent 17 640 hommes, femmes et
enfants soit 28% du peuple de Richard-Toll- qui donne à cette ville son
PLB imposant. Elle y participe à hauteur de
6 028 000 000FCFA soit 20%, comme en atteste le tableau qui
suit.
Tableau 17: Produit Local Brut de
Richard-Toll en 1998
Grands Secteurs
|
Valeur Ajoutée
|
Population concernée
|
Productivité moyenne par habitant (KFCFA)
|
Millions
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Primaire
|
5 259
|
18
|
10 193
|
16
|
516
|
Economie populaire
|
6 028
|
20
|
17 640
|
28
|
342
|
Moderne non agricole
|
17 888
|
59
|
33 719
|
53
|
530
|
Services Publics
|
843
|
03
|
1 948
|
03
|
433
|
Total
|
30 018
|
100
|
63 500
|
100
|
474
|
Source : L'économie
locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.11
Mis en rapport avec la population couverte, le secteur
informel a une moyenne productive de 342 000FCFA par habitant.
L'artisanat, le commerce et le transport de Richard-Toll
bénéficient grandement de ce que la CSS verse à ses
employés en terme de salaire (plus de 11 Milliards annuels). La
redistribution fait que le marché est tellement important que la
destination Richard-Toll devient prisée par les acteurs de ce secteur.
Par ailleurs, force est de noter que, dans une ville où les
étrangers sont fortement représentés, une bonne part de
cette production est rapatriée vers des destinations autres que le
milieu de production. Ce qui montre le décalage entre la production des
acteurs et leur niveau de vie réel.
Par ailleurs, il est intéressant d'étudier en
détails l'apport de l'informel à travers la spécification
de ses différentes composantes. Le tableau suivant apporte des
éclaircissements.
Tableau 18: Composantes de l'économie
populaire.
Typologie
|
Nombre d'unités
|
Valeur ajoutée
|
Population
|
Productivité moyenne (KFCFA)
|
Millions
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Commerce
|
3 541
|
3 216,5
|
53
|
9 494
|
54
|
339
|
Artisanat
|
3 119
|
1 806
|
30
|
6 281
|
36
|
287
|
Transport
|
453
|
1 005,8
|
17
|
1 865
|
10
|
539
|
Total secteur
|
7 113
|
6 028,3
|
100
|
17 640
|
100
|
342
|
Source : L'économie
locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.15
Les 6 028 300 000FCFA de PLB créé
par le secteur informel proviennent pour plus de la moitié
3 216 500 000FCFA du commerce qui polarise aussi bien plus de la
moitié des unités de production que de la population
dépendante du secteur. Ensuite, c'est le domaine artisanal qui fournit
30% des richesses du secteur en couvrant environ 6 281 personnes. Ce qui
lui fait une productivité plus faible que celui du commerce 287 000
FCFA par tête contre 339 000FCFA. Le transport, quant à lui,
comptant moins d'unités de production et nourrissant une population plus
faible a un PLB par habitant plus élevé :
539 000FCFA.
Les performances économiques du secteur informel sont
imputables, en réalité, au contexte local imposant du point de
vue national. La ville industrielle, la position de carrefour et la vocation
agricole engendrent des besoins énormes en terme de ravitaillement, de
réparation et de mobilité qui sont des leviers du dynamisme
économique d'une localité.
Au-delà du PLB, jetons un coup d'oeil sur les sources
de financement qui permettent aux unités du secteur informel de
réaliser de telles richesses au niveau de la localité.
Tableau 19: Les sources de
financement au début du travail.
Sources de financement
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aides
|
21
|
25
|
06
|
52
|
36,7
|
Banques
|
00
|
01
|
01
|
02
|
01,4
|
Capital personnel
|
41
|
42
|
02
|
85
|
59,8
|
Mutuelles
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Tontines
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Pas de réponse
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au vu de ce tableau, il est à constater que les sources
primaires de financement les plus fréquentes sont l'utilisation du
capital personnel à 59,8% et l'appui d'un tiers à 36,7%. C'est
donc dire que le crédit bancaire n'a été alloué
qu'à 01,4% de la population exerçant dans les domaines que sont
le commerce (vente de pièces détachées) et le transport
(taxi). La faible fréquence du recours au crédit bancaire
s'expliquerait par l'ignorance ou les tas de préjugés des acteurs
vis-à-vis des institutions financières formelles. Il est à
ajouter que l'accès au crédit bancaire nécessite aussi des
démarches nombreuses et un taux d'intérêt dont les acteurs
se méfient. D'aucuns ont fait une autre activité comme, par
exemple, l'agriculture au niveau de laquelle ils ont amassé leur capital
de départ. Ceci montre et confirme, une fois de plus, que le secteur
informel est le monde de la débrouille où certains acteurs,
partant de rien ou de peu de chose, veulent et vont accéder à
grand-chose. On ne compte ni sur l'Etat ni sur les organisations formelles pour
forger son histoire. On écrit soi-même sa propre version. Pour
d'autres, il a fallu un coup de main venant du mari, du père, d'un
frère, d'un ami ou d'un autre parent pour démarrer
l'activité. Souvent les moyens de production appartiennent à un
tiers. Un menuisier ébéniste a bénéficié
d'un financement de l'ONG-FED.
Le développement de l'autofinancement pose la
problématique de la pluriactivité. En effet, les acteurs de
l'informel cumulent des fonctions dans un même secteur ou dans un
autre.
Il apparaît qu'à l'exception des 68,3% qui
n'exercent que leur métier actuel, 05,6% s'investissent
parallèlement dans l'artisanat et 04,9% dans le commerce. Le transport
est un domaine qui n'est pas visité par ceux qui font de la
pluriactivité. Par ailleurs, 21,2% s'investissent dans des secteurs
autres tels que l'agriculture, l'élevage...
Tableau 20: La pratique ou
non d'autres activités par les acteurs de l'informel.
Autre activité
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
02
|
02
|
04
|
08
|
05,6
|
Commerce
|
02
|
04
|
01
|
07
|
04,9
|
Transport
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00,0
|
Autre secteur
|
19
|
11
|
00
|
30
|
21,2
|
Aucune
|
39
|
54
|
04
|
97
|
68,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Dans le secteur du transport, des acteurs s'investissent dans
la pluriactivité comme agriculteur, éleveur, soudeur
métallique ou pompiste en dehors de leur métier informel.
D'autres travaillent à la CSS. Le commerce est aussi
fréquenté par ces derniers.
Dans l'artisanat, cordonniers et mécaniciens se livrent
au commerce de volailles et de motos, lorsque vulcanisateurs et forgerons
auscultent d'autres spécialités artisanales telles la fabrication
de collier d'art et la fonderie. D'autres artisans
« pluri-acteurs » tels les soudeurs, mécaniciens,
tailleurs, cordonniers et horlogers pratiquent d'autres activités en
tant qu'agriculteurs, employés à la CSS ou du projet SEN 010 de
ramassage des ordures.
Dans le commerce, certains réinvestissent dans d'autres
domaines du commerce. Par exemple, on observe le vendeur de thé
préparé qui vend du biscuit et du sucre, le vendeur de
pièces détachées qui fait du business et place des
voitures mais aussi le vendeur d'habits prêt-à-porter qui investit
dans l'électronique. Des gérants de tables de produits frauduleux
font de la cordonnerie et des gérants de mercerie qui font de la
couture. Divers autres secteurs sont auscultés par les
commerçants. Nous avons observé les exemples du gérant de
boutique de quartier qui pratique de l'élevage dans le Diéri, du
vendeur de produits maraîchers qui fait aussi de l'élevage en
même temps, du vendeur de chaussures qui fait du business et affaires, du
vendeur de viande qui fait de l'agriculture, de la gérante de restaurant
qui est aussi professeur alphabétiseur en Halpulaar, du vendeur
d'articles vestimentaires employé aussi à la CSS, du vendeur de
pièces détachées qui gère la sonorisation, mais
aussi du vendeur de pièces détachées qui assure la gestion
d'une auberge à côté..., pour ne citer que ces cas de
figure.
Ceci nous amène à la conclusion que les acteurs
du secteur informel utilisent des stratégies de sortie de crise, de
placement de fonds dans d'autres secteurs mais aussi de diversification des
sources de revenus. C'est le cas, par exemple du commerçant ou de
l'artisan qui travaille à la CSS et qui consacre ses heures de repos
à la libre pratique de son commerce ou de son métier. Ainsi, le
secteur informel assure une certaine stabilité à l'acteur qui a
plusieurs sources de revenus lui permettant soit de rehausser son niveau de vie
soit de développer son activité informelle tout dans une parfaite
autonomie financière.
Le capital investi dans l'activité informelle influe
grandement sur la productivité.
Tableau 21: La
production annuelle ou le chiffre d'affaires des acteurs de
l'informel.
Production annuelle
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
%
C.C.
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
[0000-50000[
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
00,7
|
[50000-100000[
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
02,8
|
[100000-200000[
|
03
|
02
|
01
|
06
|
04,2
|
07,0
|
[200000-300000[
|
04
|
02
|
00
|
06
|
04,2
|
11,2
|
[300000-500000[
|
04
|
06
|
01
|
11
|
07,8
|
19,0
|
[500000-1million [
|
17
|
15
|
02
|
34
|
23,9
|
42,9
|
[1million-2millions [
|
04
|
07
|
02
|
13
|
09,2
|
52,1
|
[2millions-5millions [
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
56,3
|
[5millions-10millions [
|
00
|
04
|
00
|
04
|
02,8
|
59,1
|
[10millions- + [
|
02
|
04
|
00
|
06
|
04,2
|
63,3
|
Ne savent pas
|
25
|
23
|
02
|
50
|
35,3
|
98,6
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
100
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
xxx
|
Source : Données de l'enquête, 2005
D'entame, il est à signaler que, parce que ne tenant
pas de cahiers comptables, bien des acteurs de l'informel ignorent
l'état de leurs finances. Ni les dépenses ni les recettes ni les
salaires ne sont estimables chez certains acteurs. Cela se retrouve un peu dans
l'estimation des chiffres d'affaires réalisés pour une
année d'activités donnée. Un taux non moins important de
35,3% ignore complètement le niveau annuel de production. Ceci nous
montre que des études sur le secteur informel ne peuvent donner que des
résultats partiels ou approximatifs dans la mesure où les
préoccupations du chercheur ou des autorités n'entrent pas
toujours dans la logique de l'acteur du secteur informel. La tenue de cahier
comptable n'est pas toujours en vigueur dans le monde informel non pas
seulement du fait du faible niveau d'instruction mais encore du fait de la
faible appropriation de la logique accumulative capitaliste occidentale.
Cela étant, si 00,7% du transport (pousse-pousse) ne
réalisent pas un produit de 50 000FCFA en un an, si 02,1% du
commerce (thé préparé, produits maraîchers,
restaurant) produisent entre 50 000 et 100 000FCFA, une proportion
de 23,9% issue des trois secteurs a un chiffre d'affaires allant de
500 000 à 1 000 000FCFA. Dans le transport, ce sont des
chauffeurs de taxis qui atteignent ce chiffre. Dans l'artisanat, c'est le cas
des vulcanisateurs, gérants de rizerie, soudeurs métalliques,
bijoutiers, cordonniers, mécaniciens, couturiers, coiffeurs et
réparateurs électroniques. Dans le commerce, ce sont les
marchands de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, de
chaussures, de céréales, de produits frauduleux, de pièces
détachées, de légumes, de fripe et de denrées
alimentaires et cosmétiques.
Un groupe de 04,2% de commerçants et d'artisans obtient
annuellement plus de 10 000 000FCFA. Ce sont les
ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, vendeurs de fripe,
de pièces détachées, de viande et de produits
maraîchers. La différence du chiffre d'affaires au sein d'un
même type d'activité est imputable à la variation de la
taille des unités de production, à l'appropriation des
méthodes de gestion comptable et de l'accumulation.
Par ailleurs, en consultant la dernière colonne des
proportions cumulées croissantes du tableau 21, nous nous rendons compte
que 42,9% ont moins d'un million de chiffre d'affaires. D'un autre
côté, un calcul fait avec la soustraction de ceux qui ignorent
leur production réelle, nous permet de conclure qu'une proportion de
20,4% des unités de production du secteur informe réalise un
chiffre annuel d'au moins un million de Francs CFA.
Le caractère économique de l'apport du secteur
informel ne s'apprécie pas uniquement à l'aune de la
création de richesses, il va au-delà et se matérialise par
l'investissement.
Tableau 22:
Répartition des enquêtés selon l'acte
d'investissement.
Investissements
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Commerce
|
07
|
00
|
00
|
07
|
04,9
|
Transport
|
00
|
02
|
00
|
02
|
01,4
|
Autre domaine
|
17
|
18
|
00
|
35
|
24,7
|
Pas d'investissement
|
38
|
51
|
08
|
97
|
68,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Jaugeant le niveau d'investissement des acteurs dans la
Commune de Richard-Toll, la tendance qui se dégage montre que 68,3% de
la population informelle n'investissent pas du tout. Pour certains, quand on
investit, c'est qu'il y a déjà un surplus qui est
dégagé mais quand on gère des urgences quotidiennement, on
ne peut songer à épargner ou à faire quoi que ce soit. La
petitesse de certaines activités ou la faiblesse du niveau de revenu, de
même que la lourdeur de la charge familiale constituent autant
d'écueils à toute velléité d'investissement. C'est
ce que nous dit en wolof un des couturiers
interviewés : « Xaalis buy dajaloo nanuy
`investir et non' ay dërëm dërëm ». (On
investit de grands fonds et non des pièces).
Cependant, l'investissement vise plus des domaines autres que
les trois catégories que sont l'artisanat (00,7%), le commerce (04,9%)
et le transport (01,4%). C'est dans l'immobilier, l'élevage et
l'agriculture que les acteurs informels (24,7%) investissent le plus,
peut-être pour s'assurer une certaine sécurité.
B -Part dans le budget communal
Le conseiller municipal M. Doudou Diaw `Bakhao' nous
révèle que, entre autres sources du budget de la commune, il y a
lieu de noter « ... la patente de la CSS ; ensuite, les
recettes au niveau, par exemple, de la pression fiscale au niveau du secteur
informel ; mais l'essentiel, 50% à peu près, c'est la CSS
qui le fournit ». En revanche, au-delà la contribution de
la CSS, l'informel participe aussi à la formation de ce budget par le
truchement des taxes et impôts auxquels il s'acquitte. Analysons,
à ce propos, le tableau 23.
Tableau 23:
Répartition des enquêtés selon les
taxes ou impôts payés.
Taxes ou impôts payés
|
EFFECTIFS
|
TOTAL sur 142
|
Pourcentage
|
Artis.
|
Comm.
|
Transp.
|
Certificat de santé
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
Droit d'abattage
|
00
|
03
|
00
|
03
|
02,1
|
Droit de place
|
32
|
50
|
00
|
82
|
57,7
|
Droit de stationnement
|
00
|
00
|
06
|
06
|
04,2
|
Impôt sur le revenu
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Imp. sur les comptes en banque
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Patente
|
08
|
36
|
00
|
44
|
30,9
|
Taxe sur les ordures ménagères
|
03
|
01
|
00
|
04
|
02,8
|
TVA
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Ne savent pas
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Les différents impôts et taxes payés par
les acteurs de l'informel sont : le certificat ou la carte de
santé, le droit d'abattage, le droit de place, le droit de
stationnement, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les comptes en
banque, la patente, la taxe sur les ordures, la TVA.
Certificat de
santé : La carte de santé est
imposée aux commerçants qui s'investissent dans les produits
alimentaires. C'est souvent le service d'hygiène qui se charge de mettre
en application le respect des principes de rigueur appliqués au commerce
de produits alimentaires qui sont souvent vulnérables à la
péremption. 02,1% des acteurs, tous des commerçants paient la
carte à 3 000F tous les six mois.
Droit d'abattage : C'est
une taxe perçue sur les vendeurs de viande au niveau de l'abattoir.
02,1% paient 500FCFA par bête abattue et 300F au
vétérinaire qui appose son cachet sanitaire attestant
l'hygiène.
Droit de place : 57,7%
de la population informelle paient cette taxe qui est adressée aux
commerçants et aux artisans. Presque tous ceux qui opèrent au
niveau des marchés de la Commune la paient. Les vendeurs de tables,
d'étales et autres gérants de petites cantines paient 3 000F le
mois soit 100F par jour tandis que les grandes cantines et boutiques peuvent
payer jusqu'à 20 000FCFA avec le phénomène de la
sous-location. Dans le domaine artisanal, on note une certaine
différence dans les tarifications du droit de place. Si certains
cordonniers, forgerons, horlogers et mécaniciens paient 100FCFA
journellement, des décalages énormes sont constatés au
niveau des payeurs mensuels ; les exemples font légion :
gérant de rizerie, réparateur
électronique(6 000FCFA) ; mécaniciens(7 000
à 7 500FCFA) ; vulcanisateur, collecteur de peaux et de cuirs
(3 600FCFA) ; Fabricant de moissonneuses-batteuses, soudeur
métallique (5 000FCFA) ; mécanicien
(10 000FCFA) ; mécanicien (1 500 à
3 000FCFA), couturier (25 000FCFA) ; couturier (2 400FCFA).
Certains grands écarts -remarqués aussi au niveau du commerce-
s'expliquent par l'importance des tarifs de sous-location d'ailleurs remise en
cause par certains acteurs à l'exemple du gérant de
rizerie pour qui « la Mairie loue à 6 000FCFA la
place mais mon sous-locataire me soutire 15 000FCFA par mois et il
s'occupe lui-même de traiter avec la Mairie ».
Droit de stationnement :
Cette taxe est essentiellement administrée aux transporteurs, surtout
aux chauffeurs de taxis et aux conducteurs de calèches ou autres
véhicules hippomobiles. La proportion qui l'honore s'élève
à 04,2%. Le droit de stationnement s'élève à
3 000FCFA par mois dans la Commune de Richard-Toll.
Impôt sur le
revenu : 00,7% de la catégorie des
commerçants s'acquittent de cet impôt. Un vendeur de produits
phytosanitaires se rappelle de l'avoir payé.
Impôt sur les comptes en
banque : 00,7% des artisans paient cet impôt qui
est perçu sur les comptes bancaires. Un collecteur de peaux et de cuirs
nous assure qu'il s'en acquitte.
Patente : 30,9%
partagés entre les commerçants et les artisans paient la patente.
Ce sont les commerçants qui sont plus sollicités en
matière de patente. La patente n'est pas frappée d'une certaine
fixité raison pour laquelle, certains acteurs répondent que
« ça dépend » quand il leur est
demandé d'évaluer le coût. Il est à retenir que la
patente est perçue annuellement et souvent sur évaluation
approximative sur place et à l'instant de l'imposition par les agents du
fisc. Pour montrer des exemples, on peut citer les cas de quelques artisans qui
paient des sommes variables pour une même activité : soudeur
métallique (12 000FCFA), collecteur de peaux et de cuirs
(23 000FCFA), mécanicien (35 000FCFA), vulcanisateur
(18 000FCFA), réparateur électronique (5 000FCFA),
mécanicien (15 000FCFA), couturier (9 000FCFA). Au niveau
commercial, on rencontre des exemples de la même espèce :
boutiques, vendeurs de produits phytosanitaires et de viande (10 000FCFA),
articles vestimentaires (25 000FCFA), vendeurs de céréales
et gérants de table de produits frauduleux (3 000FCFA), vendeur de
fripe (6 000FCFA), vendeur de pièces détachées, de
tissus et restauratrices (15 000FCFA)...
Taxe sur les ordures
ménagères : 02,8% des acteurs
commerçants et artisans paient la taxe sur les ordures
ménagères. La taxe s'élève à 750FCFA
mensuellement versés à la Mairie. Ce sont surtout les couturiers,
bijoutiers et gérants de rizerie qui la paient le plus
fréquemment.
TVA : 00,7% de
commerçants paient la Taxe à la Valeur Ajoutée. Elle est
définie comme un impôt indirect prélevé sur la
consommation (de biens et de services) et dont le montant payé par le
consommateur final est reversé à l'Etat par les entreprises qui
le perçoivent. Un importateur de chaussures paie 200 000 à
300 000FCFA à partir du Port.
Le civisme fiscal est justifié diversement par les
assujettis. Par rapport à l'intérêt qui meut la
volonté d'accepter l'imposition, diverses opinions sont avancées
par les acteurs.
Tableau 24:
L'intérêt trouvé dans le paiement des taxes ou
impôts.
Intérêt trouvé
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
%
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Aucun intérêt
|
11
|
20
|
04
|
35
|
24,7
|
C'est normal et obligatoire
|
05
|
04
|
--
|
09
|
06,4
|
Développer la ville
|
04
|
22
|
01
|
27
|
19,1
|
Formalité
|
02
|
02
|
--
|
04
|
02,8
|
Maintien de l'Hygiène Publique
|
--
|
01
|
--
|
01
|
00,7
|
Obtention de la place
|
08
|
12
|
--
|
10
|
14,0
|
Pour la Mairie
|
03
|
--
|
--
|
03
|
02,1
|
Respect de la volonté de l'autorité
|
01
|
01
|
--
|
02
|
01,4
|
Ne comprennent pas
|
01
|
03
|
01
|
05
|
03,5
|
Pas de réponse
|
27
|
06
|
03
|
36
|
25,3
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Aucun intérêt :
24,7% trouvent que c'est parce qu'on leur impose qu'ils paient les taxes ou
impôts dont ils ne voient pas les
contreparties. « Aucun ! J'ai construit la place,
j'évacue moi-même mes ordures et je règle mes factures
d'eau », se contente d'ajouter un horloger qui partage
son opinion avec certains mécaniciens, forgerons, couturiers et
soudeurs.
Développer la ville : Pour
11,3%, essentiellement des commerçants et des transporteurs, le paiement
des taxes et impôts constitue une contribution du citoyen au
développement de sa ville. Cela montre que l'esprit civique est bien
présent au sein du milieu informel. Un marchand de produits
maraîchers au marché de Khouma dit ceci :
« Les taxes servent à construire des places mais, comme tu
le vois, on porte des brassards rouges (grève). Si le maire ne fait
rien, on ne paiera pas les taxes du
lundi ». « Ça sert à la Mairie
qui construit et aide les populations. Ça revient à ma
famille », telle est l'idée d'un collecteur de peaux
et de cuirs. A cette idée se joint celle d'un fabricant de
matériels agricoles selon laquelle, les taxes permettent à
l'équipe municipale de faire face à l'extension du programme
d'adduction d'eau et d'éclairage public, entre autres priorités.
Un vendeur de chaussures pense que les impôts et taxes
vont « permettre à l'Etat de respecter ses engagements et
au système de fonctionner ». Un vendeur de
pièces détachées ajoutera que « C'est
important. C'est grâce aux taxes que l'Etat se maintient. Quand tu veux
des droits, fais ton devoir d'abord ».
C'est normal et obligatoire : Des
commerçants et artisans (06,4%) trouvent aussi que c'est une obligation
d'être imposé quand on vit dans un pays. Un couturier de
dire que « Quand on est dans un marché, on doit payer des
droits ».
Obtention de la place : Pour
obtenir une place afin d'exercer librement son travail, on paie les taxes et
impôts qui s'imposent. La taxe ouvre la voie à travailler sur
place sans s'enfuir chaque jour. Un vulcanisateur nous dira que
« la terre appartient à la Mairie, c'est une obligation de
la payer », là où un couturier ajoutera
que « l'emplacement m'apporte beaucoup de
clients ». C'est une garantie de l'exercice de son métier
dans la tranquillité.
Formalité: 02,8% de la
population enquêtée paient les taxes et impôts qui sont des
formalités que l'on est obligé de remplir pour l'obtention de
marchés dans le formel ou au niveau même des autorités
locales. Certains acteurs sont donc très conscients que l'obtention de
marchés et la postulation dans les appels d'offre demandent que des pas
soient franchis vers la formalisation. Le paiement des taxes
« joue sur les relations avec les pouvoirs publics surtout pour
obtenir des marchés, par exemple », comme le pense un
réparateur électronique.
Pour la Mairie : Des acteurs
(02,1%) pensent sincèrement que les taxes payées sont pour la
Mairie qui l'utilise à sa guise. Pour un mécanicien,
« avec les charges de la Mairie, c'est
obligatoire » de payer les taxes.
Respect de la volonté de
l'autorité: 01,4% partagés entre l'artisanat et le
commerce disent que c'est pour respecter la volonté de l'autorité
qu'ils s'acquittent des taxes et impôts qui leur sont
soumis. « Waxi buur, waaw la sant »,
nous lance un de nos enquêtés.
Maintien de l'hygiène
publique : Une gérante de table de
petit-déjeuner voit qu'avec la taxe, l'hygiène publique est
garantie. C'est sûrement à la taxe sur les ordures
ménagères qu'elle fait allusion dans la mesure où la
contrepartie est l'évacuation des ordures et le maintien de la
salubrité de la ville.
Par ailleurs, si des taxes et impôts sont payés
dans l'informel, il est important de savoir le niveau de participation de
l'informel au budget local. Le tableau 25 l'étaye à plus d'un
titre.
Tableau 25: Le niveau de
participation au budget communal.
Participation au budget
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Participent
|
46
|
63
|
06
|
115
|
80,9
|
Ne participent pas
|
15
|
06
|
02
|
23
|
16,2
|
Ne savent pas
|
01
|
02
|
01
|
04
|
02,9
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Les acteurs de l'informel de la Commune de Richard-Toll
pensent à hauteur de 80,9% que leur contribution au budget communal est
effective. Ceci du fait qu'ils sont toujours imposés ou taxés par
les autorités locales. Pourtant le rapport du secteur informel de
Richard-Toll à la fiscalité fait état de 75,4% qui
honorent les taxes et impôts. Cet écart entre ceux qui paient des
taxes (75,4%) et ceux qui contribuent au budget local (80,9%) s'explique par le
fait que d'aucuns considèrent qu'en dehors de leurs activités,
les pièces d'état-civil et autres papiers se font moyennant une
somme versée à la Mairie ; ce qui leur vaut une
participation effective aux finances locales.
Par ailleurs, ceux qui pensent ne pas contribuer aux
ressources de la Municipalité sont des agents de transport tels les
conducteurs de pousse-pousse et les laveurs, des artisans comme les
électriciens automobiles, les cordonniers, les couturiers, les
ébénistes, les soudeurs, les vulcanisateurs, les coiffeurs, les
mécaniciens et réparateurs électroniques, des
commerçants comme les vendeurs de thé préparé,
d'effets de toilette, des boutiquiers et gérants de tables de
petit-déjeuner. Cette absence de contribution est imputable quelquefois
à la pression fiscale au niveau communal. Les contrôleurs
municipaux n'imposent pas à tous les acteurs. Pour M. Diaw,
« on a surtout un problème de deuxième niveau.
C'est pas un problème de l'effectif, ...de chiffre et de nombre, c'est
un problème, à l'heure actuelle, de contrôle des
collecteurs à travers un superviseur et un problème de
contrôle par opérations de coup de poing pour permettre... une
plus grande efficacité de la pression fiscale. Et, aussi, la police
municipale de Richard-Toll est une police est vieillie, corrompue, qui n'aide
pas les collecteurs à avoir une certaine autorité auprès
des revendeurs ».
Revenant à la participation du secteur informel au
budget, une analyse exhaustive du budget ne sera pas faite ici. Il s'agira de
voir uniquement les niveaux où la participation des acteurs de
l'informel est notable. Soit dit en passant, le budget est un système de
prévision de recettes et de dépenses pour une année
financière allant du 1er janvier au 31 décembre.
Faisant abstraction des dépenses, nous nous intéresserons aux
ressources de la Commune au titre de l'année 2005. Le budget
voté le 26 mars 2005 et approuvé le 30 mai 2005 fait état
de 798 880 000 FCFA de recettes réparties comme suit :
Tableau 26 : Recettes communales de l'exercice
2005
Type de recettes
|
Prévisions 2005
|
Approbation 2005
|
Fonctionnement
|
747 069 000 FCFA
|
670 349 000 FCFA
|
Investissement
|
225 751 000 FCFA
|
128 531 000 FCFA
|
Total
|
972 820 000 FCFA
|
798 880 000 FCFA
|
Source : Budget de la Commune de Richard-Toll,
Exercice 2005
Les recettes sont de deux ordres. D'une part, les recettes de
fonctionnement viennent des taxes directes et indirectes, de la dotation
de fonctionnement de l'Etat et des excédents du budget
écoulé. D'autre part, les recettes d'investissement trouvent
leur origine dans les ristournes que l'Etat renvoie aux collectivités et
dans les fonds de concours. Cela étant, la contribution du secteur qui
nous intéresse se situe au niveau des recettes de fonctionnement.
Tableau 27 : Chapitres du budget auxquels contribue le
secteur informel
Codes
|
Nomenclatures
|
Recettes (FCFA)
|
Recettes
partagées
|
Recettes propres
|
Chapitre 70
|
Produits de l'exploitation
|
51 139 000
|
7 000 000
|
400 000
|
Chapitre 71
|
Produits domaniaux
|
38 900 000
|
11 500 000
|
26 200 000
|
Chapitre 72
|
Impôts locaux
|
459 700 000
|
350 700 000
|
-----------------
|
Chapitre 73
|
Taxes municipales
|
8 660 000
|
2 500 000
|
4 000 000
|
Chapitre 74
|
Produits divers
|
2 750 000
|
750 000
|
-----------------
|
Chapitre 75
|
Dotation de fonctionnement
|
63 527 530
|
63 527 530
|
-----------------
|
Total
|
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
|
624 676 530
|
435 977 530
|
30 600 000
|
Source : Données de l'enquête,
2005
Le constat qui s'impose au regard de ce tableau évoque
que le secteur informel participe réellement au niveau des recettes de
fonctionnement s'élevant à 670 349 000
FCFA. Les chapitres auxquels participe l'informel rassemblent les
624 676 530 FCFA. L'informel
participe, en réalité, à la formation des
435 977 530 FCFA des recettes totales. Par
ailleurs, la participation minimale est fixée à
30 600 000 FCFA. De façon plus
détaillée, les lignes qui suivent donnent des explications.
Du fait du mécanisme de la caisse unique, il est des
recettes auxquelles le secteur informel participe au même titre que
d'autres secteurs d'un côté et de l'autre des recettes provenant
uniquement de lui.
Recettes partagées avec d'autres
secteurs : Ce sont des chapitres du budget auxquels
participent aussi bien les acteurs de l'informel que les autres
opérateurs de la commune tels la CSS, les populations, les autres
entreprises...
D'abord, au niveau des produits de l'exploitation
estimés à 51 139 000FCFA, les acteurs du secteur
informel contribuent aux 4 000 000FCFA issus des produits de
l'expédition des actes administratifs et des actes d'état-civil.
Par ailleurs, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères
s'évaluent à 3 000 000FCFA.
Ensuite, dans les produits domaniaux, c'est à trois
niveaux que participe l'informel : au niveau des permis de station sur la
voie publique (6 000 000FCFA), des locations sur la voie publique
(5 000 000FCFA) et des droits d'occupation du domaine public
(500 000FCFA). C'est donc dire que sur 38 900 000FCFA de
produits domaniaux, l'informel participe à la formation des
11 500 000FCFA.
Quant aux impôts locaux, ils s'élèvent
à 459 700 000FCFA. Les patentes occupent
330 500 000FCFA, les licences 100 000FCFA, les centimes
additionnels à la contribution des patentes 100 000FCFA tandis que
la taxe sur les véhicules est estimée à
20 000 000FCFA. La l'économie informelle participe à la
formation des 350 700 000FCFA.
Puis au niveau des taxes municipales, les recettes
partagées sont la taxe complémentaire à la contribution
des patentes (2 000 000FCFA) et la taxe sur l'eau consommée
(500 000FCFA).
En sus de cela, les produits des amendes correctionnelles ou
de simple police auxquels participe l'informel sont de l'ordre de
750 000FCFA.
Enfin, le fonds de dotation de fonctionnement est de l'ordre
de 63 527 530FCFA. C'est une partie de la TVA qui est répartie
aux différentes collectivités et services
déconcentrés.
Recettes propres au secteur
informel : Ce sont des recettes qui sont uniquement
imputables aux acteurs de l'économie informelle.
Au chapitre des produits de l'exploitation, deux recettes sont
directement imputées à l'informel. D'une part, les produits des
droits de taxes perçus aux abattoirs sont estimés à
300 000FCFA. D'autre part, la taxe de visite et de poinçonnage des
viandes est de l'ordre de 100 000FCFA. D'où 400 000FCFA des
produits de l'exploitation viennent du secteur.
S'agissant des produits domaniaux, c'est à cinq niveaux
que la contribution informelle est réelle. Les produits de location de
souks donnent 13 000 000FCFA quand les produits des loges et stalles
sont estimés à 500 000FCFA. Donc, les produits de droit de
place produisent 12 000 000FCFA, la taxe sur le produit des ventes
d'animaux 100 000FCFA. Le stationnement des taxis verse 600 000FCFA.
Cela étant, parmi les 38 900 000FCFA des produits domaniaux,
le secteur informel offre 26 200 000FCFA.
Au niveau des taxes municipales faisant un total de
8 660 000FCFA, la taxe sur les véhicules hippomobiles permet
à l'informel d'apporter 4 000 000FCFA au budget.
En synthèse, au regard de ce qui est expliqué
précédemment, nous pouvons dire que la participation individuelle
minimale du secteur informel aux recettes de fonctionnement tourne autour de
30 400 000FCFA. Par ailleurs, faudrait-il savoir que le
mécanisme de la caisse unique ne permet pas de savoir exactement la part
réelle du secteur informel au niveau des recettes partagées avec
les autres secteurs estimées à 435 977 530FCFA. Ce qui
nous amène à dire que le secteur informel contribue à plus
de 30 400 000FCFA mais aussi à moins
435 977 530FCFA au budget communal.
Chapitre II : Développement Local
Après l'analyse de l'apport des acteurs aux finances
locales, il serait pertinent et intéressant de recueillir leurs opinions
sur le bilan ou leurs rapports avec l'équipe en place.
I. Proximité gestionnaire
L'oeuvre de l'équipe municipale de Richard-Toll est
diversement appréciée. Les prises de positions des populations
aux côtés ou aux antipodes de l'équipe municipale en
exercice trouvent leurs explications à travers les raisons qui suivent.
Il est à signaler, avant tout, que 20,4% ont
préféré s'abstenir pour cette question, comme le confirme
le tableau 28.
Tableau 28:
Appréciations de l'oeuvre de la Mairie.
Jugement
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Il reste beaucoup à faire
|
04
|
11
|
00
|
15
|
10,6
|
Inondations
|
03
|
03
|
01
|
07
|
04,9
|
N'a rien fait
|
14
|
18
|
03
|
35
|
24,7
|
Pont Sermat détérioré
|
01
|
00
|
02
|
03
|
02,1
|
Travaille bien
|
32
|
21
|
00
|
53
|
37,3
|
Pas de réponse
|
08
|
18
|
03
|
29
|
20,4
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
« Elle travaille
bien » : Pour 37,3%, la Mairie fait très
bien la tâche qui lui est dévolue. Elle fait des
réalisations très palpables dans la ville et participe activement
à l'amélioration des conditions de vie des populations de la
Commune. Des mécaniciens constatent que « les
ordures sont ramassées ; on construit des marchés, des
écoles. On ne dit plus
rien ! »... « Tout est à
l'état de projets ; c'est au finish qu'on peut faire le
bilan ». Du côté des commerçants,
nous avons recueilli des propos du genre : « On ne peut pas
tout faire et faire pour tout le monde. On règle une partie et Dieu
complète le reste » (Restauratrice) ;
« On ne peut faire l'unanimité. La contestation est un
fait universel » (Vendeur de chaussures) ;
« Il y a des investissements... Elle fait des efforts. On ne peut
pas satisfaire tout le monde » (Vendeur de légumes et
condiments) ; « La ville change. Depuis mon
arrivée en 2001, je vois que les choses changent »
(Marchand ambulant).
« Elle n'a rien
fait » : L'opinion de 24,7% se résume
à un bilan blanc. D'aucuns vont même jusqu'à comparer
l'équipe en place qui serait pire que celle qui l'a
précédée. Ils citent souvent le nom d'Ousmane Djiby Sall
qui aurait fait tel ou tel acte pour venir en aide aux populations.
« On crie beaucoup ! On se plaint par ici. On ne voit rien.
Ils ont construit leurs propres maisons et conduisent leurs belles
voitures », tel se plaint un gérant de rizerie.
Un couturier dira que c'est la léthargie qui marque le
constat général: « Il n'y a pas d'avancement. Si tu
pars en voyage pendant des années, tu vas retrouver les mêmes
choses en lieu et place quand tu reviendras ». Un vendeur
d'articles vestimentaires nous confie ceci : « Tu vois
la ville. Il n'y a pas de lampes. Le Pont est délabré depuis
longtemps et n'est pas réparé. Pas d'assainissement,
l'insalubrité règne ». Un confrère emprunte
le même sillage : « On ne voit rien, la ville est
sale, manque de sécurité, d'infrastructures et a des
problèmes d'électricité ». Une vendeuse
de produits maraîchers est écoeurée par le fait qu'
« On n'a rien fait au Walo. On élit des gens mais personne
ne travaille ».
« Il reste beaucoup à
faire » : Cette opinion est modérée
en ce sens qu'elle reconnaît les mérites et les limites des
élus. Pour ces 10,6%, même si des pas de géants sont en
train d'être franchis par les élus locaux, il reste,
néanmoins, bien des priorités à régler. Un
couturier le confirme à travers ses
propos : « L'électricité ne nous est pas
parvenue et on a fait toute forme de démarches. On habite à Ndiaw
mais le problème de l'électrification subsiste ».
Pour un boutiquier, « Il reste à faire car,
à Gadalkhout, on a des difficultés. Avec le Pont
délabré, on contourne... mais il y a des réalisations
quand bien même ».
« Inondations » :
Certains autres détracteurs (04,9%) brandissent les inondations en
périodes d'hivernage comme priorité non réglée par
l'équipe en place. En effet, les enquêtes étant
réalisées en période d'hivernage, les
enquêtés nous ont toujours demandé d'observer les flaques
d'eaux stagnantes pour répondre à certaines questions touchant la
responsabilité de la municipalité. En sus de cela, les
populations de Ndiangué et de Ndiaw disent toujours qu'elles souffrent
grandement des inondations. Un réparateur électronique
nous confie : « Ndiangué est inondé. Les
cantines du marché prennent de l'eau. Au début de l'hivernage, on
est resté dix jours sans travailler ».
« Pont Sermat
détérioré» : 02,1% des
détracteurs convoquent cet argument. En effet, les populations de
Campement, de Gadalkhout, de Thiabakh qui doivent longer le canal d'irrigation
de la CSS pour regagner leurs demeures ou pour se rendre à Richard-Toll
Escale se disent très touchés par la détérioration
du Pont Sermat. La municipalité n'a rien fait pour enclencher le
processus de réparation.
Tableau 29: Le soutien de la
Mairie aux acteurs dans le cadre du travail.
Soutien
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Soutenus
|
07
|
19
|
01
|
27
|
19,1
|
Non soutenus
|
53
|
49
|
07
|
109
|
76,7
|
Pas de réponse
|
02
|
03
|
01
|
06
|
04,2
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Par rapport à leurs relations avec la Mairie, 76,6%
pensent que cette dernière ne les soutient sous aucune forme dans le
cadre de l'exercice de leur travail. C'est ce sentiment selon lequel la Mairie
les livre à eux-mêmes qui fait que l'utilité de
l'équipe municipale et son efficacité soient remises en question
dans le cadre de l'enquête par certains acteurs, désormais,
détracteurs aguerris. « Les agents de la Mairie nous font
déguerpir souvent des abords de la Mairie. La Mairie n'a pas construit
de local approprié pour qu'on puisse y faire librement notre travail.
Nous n'avons que les abords de la Mairie pour laver les
voitures », tel s'est exprimé un laveur de
voitures. Cette thèse sera soutenue par un autre vendeur de
pièces détachées : « Elle n'a
rien fait. Avec l'hivernage, l'eau envahit nos places, on ne vend
pas ». Une restauratrice se contente de nous pointer du doigt
les flaques d'eaux verdâtres dans son restaurant. Les doléances
des vendeurs de viande sont
spéciales : « On n'a pas un bon abattoir. On le
réclame depuis longtemps, on ne nous a pas
répondu ». Au vu de tous ces discours convergents mais
différents de souche, il apparaît que les acteurs ont des attentes
nombreuses vis-à-vis de leurs élus qui n'ont pas encore
donné entière satisfaction.
Par méfiance vis-à-vis des questions d'ordre
« politique », 04,2% ne se prononcent pas sur les questions
relatives à leurs rapports avec l'équipe municipale. Certains
refusent de répondre car se disant étrangers au milieu.
On voit clairement que seuls 19,1% sentent réellement
le soutien de la Municipalité. Ce soutien se révèle
à plusieurs niveaux répertoriés au tableau 30.
Tableau 30:
Répartition des enquêtés selon le type de soutien
reçu de la Mairie.
Soutien reçu
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Arrêté municipal positif
|
00
|
00
|
01
|
01
|
03,7
|
Elle travaille
|
02
|
09
|
00
|
11
|
40,7
|
Emplacement
|
00
|
01
|
00
|
01
|
03,7
|
Marché
|
01
|
01
|
00
|
02
|
07,5
|
Tranquillité
|
03
|
09
|
00
|
12
|
44,4
|
Total
|
06
|
20
|
01
|
27
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tranquillité : 44,4%
disent qu'ils sont laissés tranquilles par la municipalité pour
le bon exercice de leur métier. Ceci est une forme de soutien, selon ces
derniers (vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs,
mécaniciens), car dans la persécution le travail se ferait
difficilement. Voici les propos d'un vendeur de tissus pour qui
« On nous laisse faire un libre commerce. `Lep mënul mat,
daal !' ».
Emplacement : 03,7% sentent que
la Mairie les a soutenu en leur octroyant des places ou cantines pour
l'exercice de leurs fonctions respectives dans les conditions requises. Pour un
mercier, « La Mairie m'a donné la terre et je
paie la taxe ».
Elle travaille : Selon 40,7% des
acteurs, le soutien qu'ils reçoivent de la Mairie est le travail que
celle-ci est en train de réaliser. La bonne marche de la
Municipalité est bénéfique à toutes les
populations. Son rôle est d'assurer, en première instance, aux
populations des conditions de vie meilleures. « La Mairie
est l'auteur de tout ce qu'on voit ici », selon un
vulcanisateur. Un couturier lui emboîte le pas en
disant qu'« Elle construit un marché mais ça
pourrait aller mieux si on enlevait la sous-location » des
cantines jugée très chère. D'un autre côté,
un vendeur de chaussures pense que « les
difficultés internes comme l'évacuation des eaux sont
réglées. La Mairie est là même si son apport est
minime. On est obligé d'aller vers elle. En plus, des investissements
sont observables dans la ville » avec la construction de routes,
de marchés, la garantie de la sécurité et du nettoiement
de la ville.
Marché : D'autres
interviewés (07,5%) pensent aux marchés qui leur sont souvent
attribués. C'est une certaine forme de promotion des talents locaux. Les
soudeurs métalliques bénéficient souvent de ces offres.
D'un autre côté, une gérante de table de
petit-déjeuner nous révèle que « La
mairie fait souvent des commandes de sandwiches » lors de
certains séminaires, réunions ou autres séances de
travail.
Arrêté municipal
positif : Des transporteurs (03,7%) trouvent que
l'arrêté municipal qui oblige les calèches et autres
véhicules hippomobiles à contourner la route nationale juste
à la descente du Pont Taouey est une aide salutaire pour la
mobilité urbaine dans la commune où des embouteillages et des
accidents de la circulation sont très fréquents. Pour un
chauffeur de taxi, « les charrettes contournent
maintenant, ce qui limite les accidents » dans le trafic.
A la lecture de ces précédentes lignes, il
devient aisé de constater que les avis sont très partagés.
Les élus font des efforts réels pour développer la
localité. Par ailleurs, il reste à faire.
II. Satisfaction sociale
Tableau 31: Le degré
de satisfaction vis-à-vis de l'équipe municipale en
place.
Niveau de satisfaction
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Tout à fait
|
05
|
09
|
00
|
14
|
09,8
|
Relativement
|
20
|
24
|
01
|
45
|
31,8
|
Pas du tout
|
22
|
22
|
05
|
49
|
34,5
|
Pas de réponse
|
15
|
16
|
03
|
34
|
23,9
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Au regard de ce tableau sur le niveau de satisfaction
vis-à-vis des prestations de la Municipalité, seuls 09,8%
s'avouent tout à fait satisfaits, là où 31,8% le sont
moyennement.
Mis à part, les 23,9% qui s'abstiennent par
méfiance vis-à-vis des questions politiques ou par manque
d'intérêt prononcé, une proportion de 34,5% n'est pas du
tout favorable au règne des élus en exercice. Cela
découlerait du fait que les priorités sont nombreuses à
Richard-Toll et que les réactions de la Municipalité sont lentes.
Il est aussi important de garder à l'esprit que l'unanimité n'est
guère de ce monde, surtout dans le domaine politique.
Cela dit, quoique partagés soient les degrés de
satisfactions, il semble pertinent de voir le jugement que les acteurs portent
réellement sur l'équipe municipale en exercice. C'est ce
qu'essaie de tracer le diagramme qui suit.
Source : Données de l'enquête, 2005
Une forte proportion des travailleurs informels, plus
exactement 36,7%, trouve que la Municipalité aurait échoué
dans le jeu de sa partition. « Elle n'a rien fait, elle bouffe
seulement de l'argent. C'est des gens inutiles. Si on pouvait les changer, on
allait le faire » lance un chauffeur de taxi avant
qu'un de ses confrères n'ajoute ironiquement que
« Peut-être qu'elle travaille mais pour
elle-même ».
Comme susnommé une forte proportion ne s'est pas
prononcée sur les questions d'ordre politique, peut-être par
manque de maîtrise du centre d'intérêt ou même par le
fait du désintéressement du chapitre politique, si l'on fait
abstraction de la méfiance maladive vis-à-vis de l'interview.
Cependant, 45,7% de la population du secteur pointe du doigt
la pyramide de la réussite de l'équipe municipale en exercice.
C'est donc dire que des pas sont franchis au niveau local aussi minimes
soient-ils.
III. Réalisations de la
Commune
La commune a fait un certain nombre de réalisations
allant dans le sens de l'amélioration de la qualité du cadre de
vie de ses citoyens. Répertorier ces dernières reviendrait donc
à faire un peu le bilan de la décentralisation. En effet,
l'état des lieux peut se faire à l'aune des neuf (09) volets qui
suivent.
Volet Education : Des pas de géants ont
été franchis en matière d'éducation à
Richard-Toll. Il y a lieu de saluer :
- l'octroi annuel d'aides scolaires et
universitaires aux élèves et étudiants
ressortissants de la Commune dans le cadre de la promotion et de l'encadrement
de l'éducation. Le 1er août 2005, une somme de
5 038 000FCFA a été destinée à 705
élèves d'un côté et de l'autre
5 962 000FCFA ont été attribués aux 216
étudiants de Richard-Toll.
- la construction du Collège d'Enseignement
Moyen « CEM II » :
En effet, ce sont 13 salles de classes, un bloc sanitaire, un mur
de clôture et une chambre de gardien qui ont été
entièrement édifiés par la Mairie, sans compter
l'adduction d'eau et l'extension électrique.
- la construction des murs de clôture des
écoles de Ndiaw, de Thiabakh, de Gaé II pour
sécuriser l'enceinte et les matériels scolaires.
- la construction des directions des
écoles de Ndombo, de Ndiangué et de Campement afin
de permettre aux directeurs de s'acquitter correctement de leurs rôles.
- la construction de sanitaires au CEM
II pour accompagner la lutte contre le choléra, la
bilharziose ...
- la construction d'un nouveau
lycée : La Mairie de Richard-Toll a construit un
lycée pour ses élèves qui deviennent de plus en plus
importants du point de vue de l'effectif. Ces brevetés font au minimum
25 Kilomètres pour fréquenter le lycée de Dagana qui est
le plus proche. Là, il faudra noter qu'il y a conflit de rôle, la
commune n'a pas compétence à construire un lycée. En
revanche, l'Etat passe l'éponge et le Conseil Régional ne s'en
offusque pas.
Volet Jeunesse et Sports : Les subventions et
autres actions municipales vont uniquement dans le sens de la promotion des
sports. En témoignent les réalisations suivantes :
- la subvention à hauteur d'un million de FCFA à
l'équipe communale de football
« CSS » qui évolue actuellement en première
division du championnat national.
- les subventions aux ASC : le
20 Septembre 2005, une enveloppe de 150 000 FCFA a été
remise à chaque ASC.
- les subventions aux autres disciplines
sportives : tout comme les ASC, les autres équipes
évoluant dans d'autres pratiques sportives telles le basket ont
reçu une enveloppe de 150 000FCFA.
- les dons d'équipements
sportifs qui se font à l'occasion de la tenue de la
Coupe du Maire.
- l'extension et l'électrification du stade
municipal : les travaux ont démarré en
Septembre 2005 pour un coût de 15 000 000 FCFA.
Volet Santé : La Mairie a compris les
priorités en matière de santé et mise fort,
désormais, sur l'édification d'infrastructures
sanitaires comme en attestent :
- la construction du poste de santé de
Thiabakh pour un coût total de 68 578 790
FCFA.
- la construction du poste de santé de
Ndiaw et du logement du Chef de Poste à raison de
12 759 296 FCFA.
- l'édification du laboratoire du centre de
santé de Richard-Toll pour 23 259 374
FCFA.
- la construction d'un bloc
administratif pour un coût de 12 546 396 FCFA.
- l'élaboration d'un programme de lutte
contre la bilharziose.
Volet Hygiène-Assainissement-Environnement : En
ce sens des efforts ont été faits. L'équipe municipale a
réussi :
- l'édification de 2 400
latrines avec la coopération de l'Union
Européenne.
- la mise en place d'un réseau d'assainissement et
de collecte des ordures ménagères avec
le Projet SEN 010.
- la réhabilitation des canaux à
béton à Richard-Toll Escale et à la
Cité Roux afin de permettre une évacuation rapide et efficace des
eaux usées. Elle a coûté 12 500 000 FCFA.
- l'aménagement d'une décharge
publique pour parer aux dépôts anarchiques
d'ordures aux abords de la route nationale. Sise à hauteur de
l'aérodrome, elle a coûté 23 559 180 FCFA.
- l'aménagement d'un point de
vidange à Ndiaw pour un investissement de
7 017 500 FCFA.
Volet Sécurité : Le problème
de sécurité se pose à tout point de vue du fait du
peuplement de la ville. Néanmoins quelques actions ont été
menées dans ce sens comme :
- l'extension, la modernisation et la mise à jour de
l'électrification à Thiabakh et sur la
route nationale.
- l'arrêté municipal sur le parcours
des calèches pour plus de mobilité et de
sécurité routière : les calèches
détournent depuis le Pont Taouey la route nationale pour assurer plus de
sécurité.
- l'installation de bouches
d'incendie au marché Escale, au centre de secours, au
marché de Khouma, à Thiabakh afin de faciliter les interventions
en cas d'incendies.
- l'édification et l'installation d'une
caserne des sapeurs-pompiers dans le cadre de la
politique de protection des biens et personnes contre les accidents et
fléaux.
Il est à signaler que l'insécurité
règne à Richard-Toll et que la gendarmerie ne peut plus à
elle seule garantir la sécurité. Les populations sollicitent
l'installation d'un Poste de Police.
Volet Voirie : La voirie n'a pas
été épargnée par les interventions de la
municipalité. Dans le dessein de parer aux problèmes de
stagnation d'eaux de pluies et de ruissellement et afin d'assurer une plus
grande mobilité aux populations, la commune s'est investie
dans :
- le bitumage de l'Avenue Jacques
Mimran à Escale pour un coût
149 675 810 FCFA.
- la réhabilitation de la voirie du
centre-ville à raison de
35 696 000 FCFA.
- le nivellement et le revêtement en latérite de
la voie reliant le centre-ville et Ndombo-Alarba.
59 975 000 FCFA ont été investis pour
désenclaver Ndombo et Campement.
Volet Infrastructures commerciales et de
transport : Ces infrastructures trouvent leur pertinence dans un
contexte où Richard-Toll polarise une bonne part du commerce de la zone
nord et demeure une destination très prisée par les
transporteurs. Fort de cela et soucieux de promouvoir le développement
de certains quartiers tout en faisant une pression fiscale efficace, la commune
a réalisé :
- le nouveau marché central
de Richard-Toll à Khouma à raison de 116 140 609
FCFA.
- le marché
Ndiaw-Ndiangué.
- la réhabilitation du marché
Escale afin de le moderniser et de réussir le
défi de la pression fiscale.
- la nouvelle gare routière
à Yaq Sabar à raison de 150 376 978 FCFA.
Volet Immobilier : Cela concerne le nouvel
Hôtel de Ville qui a été
construit en 1997 sous le règne de Ousmane Djiby Sall.
Volet Femme et Action sociale: Dans ce domaine, il est
notoire et notable que la commune fait des efforts avec :
- le financement des groupements
féminins : 20 000 000 FCFA ont
été destinés à encourager le développement
de la micro-entreprise.
- le pèlerinage
annuel à travers lequel la Commune amène
à la Mecque quatre (04) personnes (02 agents municipaux et 02
conseillers municipaux).
Par ailleurs, force est de souligner que faire le bilan
exhaustif de la décentralisation n'est pas chose aisée. Il est
difficile d'avoir des informations sur les réalisations faites de 1996
à 2000. Les financements des investissements publics locaux se font
rarement sur fonds propres du fait de la modicité ou de la modestie des
budgets par rapport à la liste des besoins. L'ADM couvre une grosse part
dans les investissements municipaux.
IV. Formalisation de l'informel
L'inscription dans des registres réglementaires est un
critère primaire vers la formalisation d'une activité
donnée. Dans le secteur informel de la Commune, seul un taux de 25,3%
des unités économiques est inscrit dans un ou des registres
règlementaires. Le tableau ci-dessous nous montre que si l'effectif est
assez important chez les commerçants et les transporteurs, il est
très faible dans le domaine de l'artisanat. L'essentiel des inscrits ont
le registre de commerce qui s'impose aux commerçants de moyenne
envergure.
Le constat est que 66,9% ne sont inscrits dans aucun registre
de réglementation. Plus de la moitié de cette proportion
reviennent à l'artisanat.
Tableau 32: Enregistrement ou
non dans des registres réglementaires.
Enregistrement
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Enregistrés
|
03
|
27
|
06
|
36
|
25,3
|
Non enregistrés
|
54
|
38
|
03
|
95
|
66,9
|
Ne peuvent répondre
|
05
|
06
|
00
|
11
|
07,8
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
100 %
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Dans le transport, certains piroguiers, conducteurs de
pousse-pousse et laveurs ne sont nullement enregistrés et n'ont pas de
papiers. Ce sont les conducteurs de véhicules hippomobiles et de taxis
qui sont enregistrés. Les conducteurs de véhicules hippomobiles
cherchent la carte de cocher et fournissent une photo du cheval tandis que les
chauffeurs se trouvent des papiers aussi variés que la visite technique,
l'assurance, la vignette, la carte grise, le permis de conduire. Un
chauffeur de taxi nous révèle
ceci : « Je paie tout et j'ai tous les papiers :
adhésion garage (15 000FCFA), Droit de stationnement
(3 000FCFA-mois), vignette annuelle (18 000FCFA), assurance
(60 000FCFA) ».
Dans l'artisanat, se sont enregistrés les fabricants de
moissonneuses-batteuses, les collecteurs de peaux et de cuirs et soudeurs
métalliques. Ils ont le registre de commerce « pour
pouvoir décrocher des marchés » souvent
« au niveau de la Mairie », comme le pense un
soudeur.
Dans le commerce, ce sont des gérants de tables de
produits frauduleux, de boutiques, de quincailleries, de tables de
petit-déjeuner et des vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures,
de produits phytosanitaires, de pièces détachées, de
viande, de denrées alimentaires, de tissus, d'ustensiles de cuisine,
d'effets de toilette et de produits maraîchers qui se sont inscrits dans
un ou des registres de réglementation. Leurs papiers respectifs sont le
registre de commerce, la carte de visite au service d'hygiène ou le
Certificat Médical (tables de petit-déjeuner), la carte du
service des mines (pesage des balances), la patente du contrôle
économique, la carte de location de la Mairie et la carte
professionnelle de commerce.
Même si la proportion des inscriptions aux registres de
réglementation n'est pas très conséquente, il n'en demeure
pas moins que le taux d'imposition est élevé. Le rapport des
acteurs à la fiscalité est jugé bon car, comme le trace
très visiblement le diagramme qui suit, 75,4% paient des impôts ou
des taxes dans le cadre du travail. Ceci serait dû au fait que les
collecteurs municipaux et autres agents du fisc débarquent à
l'improviste et administrent des tickets qui doivent, souvent, être
recouvrés sur place. C'est une technique qui permet d'avoir une certaine
maîtrise de certains acteurs très flottants ou mouvants.
Source : Données de l'enquête, 2005
Le nombre souvent limité de ces collecteurs et leur
manque de moyens permettent souvent aux 21,8% des acteurs de passer entre les
mailles de l'imposition. Certains tailleurs et cordonniers avancent qu'on ne
leur a jamais demandé de payer des taxes sûrement du fait que
certains lieux hors des marchés ne sont pas visités par les
collecteurs.
Dans le transport, les piroguiers, laveurs et conducteurs de
pousse-pousse ne s'acquittent d'aucun impôt et d'aucune taxe tandis que
cochers et chauffeurs s'acquittent tous du droit de stationnement à
raison de 3 000FCFA par mois versés à la Mairie.
Dans l'artisanat, ce sont les cordonniers, couturiers,
mécaniciens, forgerons, horlogers, réparateurs
électroniques, bijoutiers, vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de
cuirs, soudeurs métalliques, fabricants de machines agricoles et
gérants de rizerie qui paient impôts et taxes comme le droit de
place et la patente.
Dans le commerce, en dehors des gérants de tables de
petit-déjeuner, de boutiques et les vendeurs de thé
préparé et des vendeurs d'habits qui ne répondent pas,
tout le monde est imposé. La patente et le droit de place sont les deux
les plus cités parmi les impôts et taxes.
Cela étant, il est à signaler que la tendance
à la formalisation est encore faible. Au-delà du commerce,
« la Mairie n'a pas encore la possibilité d'identifier
l'étendue, la profondeur et le site même où se concentre le
secteur informel », comme le souligne M. Doudou `Bakhao' Diaw.
En sus de cela, il n'y a pas encore de politique visant le secteur informel.
Peut-être du fait de la proéminence de l'apport de la CSS au
niveau des finances et de l'économie communale. Néanmoins, la
commune est à la phase de réflexion d'
« essayer de camper cet informel à travers des lieux...,
de créer un foirail pour ne plus permettre, à l'heure actuelle,
le manque de bétail à vau-l'eau, de créer un marché
spécial de poisson et, en même temps, faire ce que les communes
d'arrondissement font maintenant à Dakar c'est-à-dire
créer... un louma hebdomadaire à travers des tentes
démontables qui permettront, par exemple, à la Commune de louer
ces tentes, d'occuper, par exemple, l'avenue Jacques Mimran pendant une
journée et identifier les commerçants et les imposer pendant
toute cette journée » .
V. Attentes populaires et perspectives
Même si l'on constate une kyrielle d'oeuvres de la
Mairie, il n'en demeure pas moins que des attentes réelles sont encore
exprimées par les populations. La liste est longue et touche des
domaines aussi variés que l'éducation, la santé, les
infrastructures, les oeuvres sociales... Nous les abordons dans les lignes qui
suivent en fonction de l'importance de la proportion des acteurs demandeurs.
Tableau 33:
Répartition des enquêtés selon les attentes
vis-à-vis de la Mairie.
Attentes vis-à-vis de la Mairie
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Artis.
|
Com.
|
Trans.
|
Adduction d'eau
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Aide aux populations
|
10
|
12
|
01
|
23
|
16,1
|
Bitumer la route Ndombo- Richard-Toll
|
01
|
00
|
00
|
01
|
00,7
|
Construire assez de cantines
|
00
|
05
|
00
|
05
|
03,5
|
Construire écoles coraniques et Mosquée
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Construire un garage de taxis
|
00
|
00
|
01
|
01
|
00,7
|
Construire une bonne gare routière
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Créer des espaces de divertissement
|
00
|
02
|
01
|
03
|
02,1
|
Décrocher des financements
|
05
|
01
|
01
|
07
|
04,9
|
Développer la Commune
|
09
|
07
|
02
|
18
|
12,6
|
Diminuer les taxes et la sous-location
|
01
|
02
|
00
|
03
|
02,1
|
Eclairage public
|
02
|
02
|
00
|
04
|
02,8
|
Ecoles et aides scolaires
|
01
|
02
|
00
|
03
|
02,1
|
Etendre les rebords de la Nationale 2
|
05
|
00
|
00
|
05
|
03,5
|
Finir le marché de Richard-Toll Escale
|
04
|
10
|
00
|
14
|
09,8
|
Instaurer la sécurité
|
03
|
03
|
00
|
06
|
04,2
|
Recaser les déguerpis du Marché de R-T
|
01
|
01
|
00
|
02
|
01,4
|
Reconstruire l'abattoir
|
00
|
01
|
00
|
01
|
00,7
|
Reconstruire le Stade mun. et l'équiper
|
02
|
00
|
02
|
04
|
02,8
|
Régler la question de l'assainissement
|
01
|
04
|
01
|
06
|
04,2
|
Régler le problème des inondations
|
17
|
03
|
00
|
20
|
14,1
|
Réparer le Pont Sermat
|
05
|
05
|
02
|
12
|
08,4
|
Santé
|
06
|
01
|
01
|
08
|
05,6
|
Travailler-Bonne gestion des affaires pub
|
00
|
08
|
00
|
08
|
05,6
|
Aucune attente
|
02
|
08
|
00
|
10
|
07,0
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Aide aux populations :
16,1% n'attendent de la Municipalité rien de plus que de venir en aide
aux populations. L'amélioration des conditions de vie des
gouvernés est un des axes majeurs qui ont motivés la politique de
décentralisation au Sénégal. Ce qui donne une très
grande légitimité à cette demande des acteurs de qui
dépend une frange importante de la population communale et même
nationale. Un vendeur de fripe pense que la Mairie doit
« se rapprocher beaucoup plus des populations pour
s'enquérir de leurs difficultés. Il ne faut pas être
paresseux. C'est comme ça que la ville va se développer. Il faut
lotir la ville et aérer les concessions. Il y a trop de
promiscuité dans les quartiers, on étouffe dans les
maisons ».
Régler le problème des
inondations : 14,1% demandent une bonne gestion par le
groupe municipal du dossier des inondations. Si des zones comme Escale sont
quelquefois touchées, il est des zones inondées durant tout
l'hivernage avec des flaques d'eaux verdâtres, niches favorites des
moustiques. Les quartiers tels Ndiangué et Ndiaw écoeurent
même le passager qui les mire au passage à travers les voitures de
transport. Tellement la salubrité est défaillante dans ces
milieux, de surcroît en saison des pluies ! « Il
faut trouver une solution aux problèmes d'inondations. A
Ndiangué, quand il pleut, on ne sort plus », pense un
mécanicien.
Développer la
Commune : 12,6% formulent leur attente de la
façon la plus générale qui soit :
« développer la ville ». Cette mission de
développement local est un des principes de base même de la
décentralisation mais cela suppose une certaine participation des
populations. On note que le secteur informel joue réellement sa
partition, ce qui lui donnerait ce droit d'attendre de la Municipalité
l'effectivité du développement local. Un bijoutier
formule ses doléances de la manière qui
suit : « Il faut faire des choses utiles aux
populations comme des marchés, routes et garages pour que ceux qui
passent par là puissent savoir qu'on a fait quelque chose dans la
ville ».
Finir le marché de Richard-Toll
Escale : Le marché central de Richard-Toll Escale
a été partiellement détruit et
récupéré par la Mairie au profit du bitumage de l'actuelle
Avenue Jacques Mimran. Depuis, la réhabilitation tarde à
être finalisée. Ce qui pousse les 09,8% à formuler cette
demande de finition de cette infrastructure capitale.
Réparer le Pont
Sermat : Le Pont Sermat relie le centre-ville de
Richard-Toll aux quartiers périphériques que sont Thiabakh,
Gadalkhout, Diaksao, Campement qui se retrouvent dans l'autre rive du canal
d'irrigation de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Il
s'avère que le Pont est en état de délabrement
avancé depuis quelques années à telle enseigne que les
populations prennent le détour du canal en passant par la CSS. Ce
détour imposant en temps et en argent mobilise les 08,4% à
formuler la réparation ou réhabilitation du Pont comme demande la
plus pressante des populations de ces localités. Le voeu est
formulé comme suit par un laveur de
voitures : « Il faut réparer le Pont Sermat
pour qu'on ne détourne plus. Ce n'est pas joli. L'usine, les taximen,
les cochers, tout le monde paie mais il n'y a pas
d'investissements ».
Bonne gestion des affaires
publiques : Pour 05,6%, l'équipe municipale doit
faire son travail et gérer de la façon la plus sérieuse
qui soit les deniers publics. Il ne faut pas qu'il y ait des
détournements de fonds de la municipalité ou des fautes de
gestion de la part des élus. Il est très difficile d'obtenir les
faveurs des populations.
Santé : La
santé est aussi une priorité de premier rang pour les acteurs
(05,6%) selon qui, Richard-Toll, à son image de pôle d'attraction
et ville où convergent des étrangers venant d'horizons divers,
est un monde où la prise en charge des questions de santé devrait
être réelle du fait de la prévalence sérieuse des
maladies telles le sida, la bilharziose, le paludisme pour ne citer que
celles-là. Les centres de santé sur place ne peuvent pas prendre
en charge tous les problèmes locaux. Un collecteur de peaux et de
cuirs dit ceci : « La santé est vitale. On
évacue des malades, ce qui indique que le niveau de prise en charge est
faible. Il faut lutter contre la bilharziose et la mortalité maternelle.
Sur ce dernier point, j'ai perdu des soeurs durant leur
accouchement ».A ceci, un couturier
ajoute « La santé avant le travail. La santé
coûte excessivement chère à
Richard-Toll ».
Décrocher des
financements : Des attentes de financements sont
exprimés par 04,9% pour qui l'aide municipale ne peut être utile
que dans ce domaine. Même si l'on note une floraison des mutuelles et
banques (Crédit Mutuel du Sénégal, la CNCAS, la CBAO, la
BICIS... ), les acteurs sont timides ou manquent de confiance à
l'égard de ces structures qui demandent trop de formalités, un
apport difficile ou impossible à trouver, un taux d'intérêt
inacceptable. A cela s'ajoute le recours rapide de ces institutions à la
justice quand le remboursement est tardif. Pour un
cordonnier, « Il faut financer des projets pour les
jeunes de la ville ». Un vendeur de légumes et
condiments suggère la création d'une « caisse
pour les travailleurs où l'on prête à ceux qui veulent
travailler. Dans les mutuelles, il y a des
ségrégations ».
Instaurer la
sécurité : La question de la
sécurité préoccupe le citoyen lambda de Richard-Toll qui
est témoin auditif ou oculaire à défaut de payer les frais
de l'insécurité marquant leur quotidienneté. Pour 04,2%,
elle prend des proportions inquiétantes qui méritent
réflexion et intervention immédiate. D'aucuns réclament un
poste de police qui tarde à s'installer à Richard-Toll, une ville
qui en a plus que besoin. Pour corroborer cette question, des
présomptions d'assassinat d'un photographe défrayait la chronique
durant notre période d'enquête au mois de septembre 2005.
« A Thiabakh, il y a des problèmes de
sécurité, on nous vole là-bas ! Il y fait très
sombre » se plaint un couturier avant qu'un soudeur
ne lui emboîte le pas : « Les agresseurs
sont là, il n'y a pas d'électricité à
Thiabakh ». Pour un vendeur d'ustensiles de cuisine,
« Il n'y a pas de sécurité et on n'en parle pas.
Pourtant, chaque jour, il y a des cambriolages à Richard-Toll. Il y a
même un cocher qui a été enlevé et tué tout
dernièrement. Les autorités courent derrière le sucre et
laissent les autres priorités à
côté ».
Régler la question de
l'assainissement : Une autre question brûlante
dans la vie de la Commune est celle de l'assainissement. Souffrant d'une
absence de système d'égout, le manque de salubrité saute
aux yeux. Pour 04,2%, ce dossier mérite d'être pris en charge car
la Commune ne présente pas un visage digne de son allure. De
l'entrée à la sortie, dans les deux sens de la route nationale,
on bute sur des tas d'ordures.
Construire assez de
cantines : Les commerçants (03,5%)
réclament aussi leur part. Il faut qu'il y ait assez de cantines qui
permettent de caser presque tous les acteurs qui en ont besoin. Ceci facilitera
l'imposition et le rendra plus acceptable selon ces derniers.
Etendre les rebords de la Nationale
2 : Faite d'une mince bande, la route nationale 2 n'a
pas une réelle largeur dans la Commune de Richard-Toll. Il est
même quasi-impossible que deux grands véhicules s'abordent en sens
inverse sur cette mince bande de route. Les accidents de la circulation font
légion. C'est la raison suffisante de la réclamation de ces
03,5%. « La route doit être agrandie. Plus de 100
voitures sur une mince bande de route ! Chaque jour, on entend des
accidents à Gaé 02 », dira un forgeron.
Un cordonnier ajoutera : « Il faut
élargir la route qui est unique. Les charrettes, les motos et les
voitures partagent la même route. Elle doit être
large ».
Eclairage public : La
route nationale, principale artère de la Commune, a été
pointée du doigt à l'abord de cette question sur les attentes par
rapport à l'équipe municipale. Pour ces 02,8%, l'éclairage
public est un des rôles les plus élémentaires que la
Municipalité est appelé à remplir. C'est une urgence et
c'est, en réalité, l'obscurité effrayante dans laquelle
plonge la ville tout entière qui met les gens en proie aux agressions
récurrentes. « A Thiabakh, on n'a pas
d'électricité » se plaint un couturier.
En réalité, les quartiers tels que Thiabakh, Campement et Khouma
souffrent d'une absence d'électricité.
Reconstruire le Stade municipal et
l'équiper : Le stade de la municipalité de
Richard-Toll est jugé très petit, impraticable et
inadéquat pour les matches que l'équipe communale de la CSS en
première division y livre. Selon 02,8% des interviewés,
Richard-Toll mérite mieux que ce qu'elle a actuellement. Le stade doit
être reconstruit et équipé, avec gazonnage et projecteurs,
car les matches de « navétanes » ne
sont jamais bouclés en une année. S'il pleut, le stade est
impraticable pour deux à trois jours à cause de son sol
argileux.
Créer des espaces de
divertissement : 02,1% formulent leurs attentes en
termes de construction au niveau communal d'espaces de divertissement dignes
d'une grande ville. La Salle des fêtes n'est pas très
appropriée, la Taouey est jugée petite, le Gîte
d'étape est depuis des années sous location de canadiens. Pour un
vendeur d'articles vestimentaires, il faut que la Mairie
« soutienne les jeunes. C'est eux qui élisent. Il faut
refaire le stade et les dancings. Si tu ne peux pas tout faire, il faut
participer partout ».
Diminuer les taxes et la
sous-location : Des artisans et des commerçants
(02,1%) exigent que les taxes soient revues à la baisse mais surtout que
la sous-location soit éliminée dans l'octroi indirect de
cantines. En effet, la Municipalité donne des cantines à des
personnes, bénéficiant de certaines accointances avec les
autorités locales, qui y trouvent leur compte en les sous-louant
à des tarifs élevés. « On a fait la
grève pour diminuer le `juuti' mais la Mairie nous a dit que c'est le
Trésor qui gère le `juuti'. Je ne suis pas avec eux, ils ne
m'aideront jamais » dira un couturier.
Construire une bonne gare
routière : Bien qu'il y ait une nouvelle gare
routière encore non inaugurée, une partie des artisans et
commerçants (01,4%) en sollicitent une autre dans la mesure où
celle qui est construite est très éloignée du centre-ville
mais aussi se trouve dans un site dangereux. En réalité, comme
ces derniers le soulignent, le garage est sur une pente au pied de laquelle se
trouve un croisement avec une voie de sortie des engins agricoles de la CSS.
Dans cette situation, les accidents seront très fréquents
à l'ouverture de cette gare à moins que d'autres mesures ne
soient prises.
Ecoles et aides
scolaires : Le soutien municipal aux écoles et
aux élèves est un voeu cher à 02,1% des acteurs du secteur
informel de la Commune. Pour eux, il est impératif que les
investissements dans le domaine de l'éducation soient renforcés
dans la mesure où Richard-Toll a besoin de ressources humaines.
Recaser les déguerpis du Marché
de Richard-Toll Escale : Les plaies de la destruction
des cantines du marché central pour les besoins du bitumage de l'Avenue
Jacques Mimran sont longues à cicatriser. 01,4% réclament le
recasement des déguerpis qui sont encore dépourvus de cantines
dignes de leurs activités respectives.
Adduction d'eau : Les
quartiers tels que Thiabakh ne sont pas totalement branchés au
réseau hydraulique. L'adduction en eau est un besoin pressant pour
certaines zones selon l'analyse de 00,7%. « A Thiabakh, la
fourniture d'eau n'est pas générale » se plaint un
couturier.
Bitumer la route Ndombo-
Richard-Toll : C'est un souhait de 00,7% de voir un jour
la voie menant à Ndombo bitumée.
Construire des écoles coraniques et des
mosquées : Dans le cadre de la promotion de la
religion et de son encadrement comme trait culturel, 00,7% aimeraient que des
mosquées et des écoles coraniques soient construites dans la
Commune de Richard-Toll. D'ailleurs, lors des débats- « focus
group » avec des amis qui nous ont offert l'hospitalité lors
de la période d'immersion, la suivante remarque nous est parvenue.
« Dans la partie de Richard-Toll allant de la Station Shell 02 au
virage menant à l'Usine de la CSS, il y a des bars, des dancings, une
maison de prostituées, un jardin public où l'on fume du chanvre
en toute liberté, une église. Alors que la population est
essentiellement d'obédience musulmane, on n'entend jamais dans cette
zone l'appel du muezzin. Ce qui fait que certains jeunes sont forcément
à la dérive ».
Construire un garage de
taxis : Pour 00,7%, il est nécessaire d'avoir
à Richard-Toll un garage spécialement réservé aux
taxis car les locaux manquent pour ces derniers qui sont obligés de
stationner non loin de la Mairie et de la gare routière du
centre-ville.
Reconstruire
l'abattoir : Les vendeurs (00,7%) de viande veulent se
faire entendre après avoir réclamé pendant des
années inlassablement un bon abattoir communal digne de leur corps de
métier. « Qu'elle mette les moyens. Il faut que la Mairie
répare l'abattoir. Depuis qu'elle est là, l'abattoir n'a
même pas vu une pelle venant d'elle » dira un vendeur
de viande.
Actuellement, la ville de Richard-Toll devient de plus en plus
équipé en terme d'infrastructures contrairement à sa
situation d'il y a quelques années. Cela étant, à
l'exception de Richard-Toll Escale, aucune zone n'a jusqu'à
présent connu de projet de lotissement. L'absence de système
d'égout pose de sérieux problèmes en saison des pluies.
En sus de cela, des problèmes d'espace se posent de
façon très sérieuse. En réalité, elle est
bordée au sud par les champs de cannes à sucre ; au nord,
se trouve le Fleuve Sénégal. Dans sa partie ouest, se trouvent le
casier rizicole mais aussi des terrains au niveau très bas. La position
en pleine zone argileuse pose des problèmes d'inondation et de
stagnation d'eaux de pluies en hivernage. « Richard-Toll est une
ville qui ne peut progresser que vers l'axe sud-est, vers l'axe est et sud.
Donc, c'est une ville, à l'heure actuelle, qui a des problèmes
d'extension au niveau des quartiers de Ndiaw... On a un problème
d'espace, on a un problème de gestion de l'espace ; on a un
problème d'assainissement de la ville », dira M.Diaw. La
question principale qui se pose est la
suivante : « comment créer une ville
nouvelle ? Comment créer Richard-Toll, une autre ville, vers la
sortie...? »
Par ailleurs, la CSS est indexée pour la bonne et
simple raison que les effets induits de son installation devraient être
plus spectaculaires. Pour M. Diaw, « la CSS n'a aucune action
sociale en dehors de sa pension au niveau de la ville de Richard-Toll. Certes,
y a le dispensaire de la CSS mais la CSS n'a pas une action en matière
d'éducation, n'a pas une action en matière de jeunesse.
Elle... aurait pu, à l'heure actuelle, avoir une attitude plus
constructive avec la Mairie ; comme quand on parle de Richard-Toll, on
parle de la ville sucrière... Si cette ville doit mériter le nom
de ville sucrière, elle devra, à l'heure actuelle, avoir des
relations plus suivies avec la CSS. Quand on parle de Sochaux, on parle de
Peugeot ; quand on parle de Clermont-Ferrand, on parle de Michelin. Mais
nous ne pouvons pas accepter d'une ville sucrière parce que cette
entreprise n'a pas une politique volontariste délibérée
sociale à l'égard des populations de la Commune de
Richard-Toll ».
Cela dit, il est une rumeur courante que le niveau de recettes
du budget de fonctionnement de Richard-Toll est en dessous de ce que cela
devrait être. L'élu local s'est exprimé en ces termes pour
le confirmer : « on a un gros problème avec notre
principal bailleur de fonds,...la CSS,... qui nous fournit à peu
près 400 millions. ... Nous croyons qu'il aurait dû y
avoir redressement fiscal, qu'il aurait dû y avoir une enquête pour
savoir que la CSS aurait dû payer le double ou le triple à
l'instar de SOCOCIM à Rufisque ou à l'instar des ICS à
Mboro. Nous croyons que, vraiment, c'est en dessous de ce qu'il devait nous
payer. Et, en plus de ça, cette contribution de la CSS, qui nous donne
à peu près de 50% de notre budget, a créé une
certaine paresse fiscale au niveau des services de recouvrement de la
Mairie ».
Bien des problèmes sont à régler dans la
commune tels que résumés ici :
« incompétence des élus, manque de qualification,
manque de ressources, croissance exponentielle de la population, acuité
de tous les problèmes : problèmes d'éducation, des
problèmes de sécurité, des problèmes... de
sécurité physique, de sécurité
sanitaire », selon M. Diaw.
Conclusion
Aux lendemains des indépendances, l'Etat a fait face
à de nombreux problèmes qui ont fini par remettre en cause aussi
bien les recettes politiques appliquées que la centralisation du pouvoir
devant une demande de plus en plus pressante en termes d'éducation, de
santé, d'emploi... Finalement, sous l'impulsion des bailleurs de fonds,
la décentralisation est devenue effective depuis 1996. Cette
dernière, impliquant la participation effective des populations
responsabilisées, donnera davantage de légitimité au
secteur informel qui est, désormais, interpellé dans le cadre de
la résolution des problèmes locaux.
Il était question dans ce travail de voir les fonctions
remplies par le secteur informel dans le périmètre communal dans
le contexte de la responsabilisation des acteurs locaux. En un mot, son
caractère de levier de développement local. L'analyse
fonctionnelle, programme du schème fonctionnel, a été
interpellée comme cadre théorique. La triangulation des
méthodes a été privilégiée à travers
un panachage du questionnaire, de l'entretien, de l'observation documentaire et
de l'observation participante désengagée.
La recherche a montré que Richard-Toll,
érigée en commune par le décret 80-586 du 24 juin 1980,
gère depuis 1996 neuf (09) domaines de compétences tous
concourant à une plus grande prise en charge du développement
local. Cependant, des problèmes tels la confusion, le manque
d'informations et le conflit de rôle sont notables. La
décentralisation a assoupli le contrôle de l'Etat mais force est
de signaler qu'un problème de maturité réelle des communes
se pose. Les conseillers et agents municipaux n'ont pas une formation requise
pour l'exercice sérieuse des compétences
transférées.
Par ailleurs, le secteur informel est très
hétérogène. On y rencontre 88,1% d'hommes de toutes
tranches d'âge. 95, 8% sont instruits en français ou en arabe et
73,9% sont formés dans le tas. Seuls 34,5% des acteurs sont des
indigènes.
Du point de vue social, l'informel de Richard-Toll compte
7 113 unités de productions contribuant à la
réduction de la crise sociale. 41,5% ont connu le chômage pour une
durée allant jusqu'à vingt (20) ans. Il est à noter que
des unités comme ceux de menuiserie ébénisterie comptent
un personnel de plus de dix (10) individus. 76,7% des acteurs comptent rester
dans la même activité dans l'avenir. Par rapport au niveau de
revenus, 23,9% perçoivent plus de 100 000FCFA par mois. La charge
moyenne des acteurs est de 08 personnes. Cela étant, des services et des
produits de diverses natures sont prodigués aux populations suivant une
tarification abordable chez 78,2%. Le marchandage est un rite qui joue sur la
mouvance des prix. L'utilité du secteur est observable aussi bien au
niveau des populations, de la mairie que des familles des acteurs.
Du point de vue économique, le PLB de la Commune de
Richard-Toll est estimé à 30 018 000 000FCFA.
Après le secteur moderne qui fournit les 59%, vient le secteur informel
qui en produit les 6 028 000 000FCFA soit 20%. Il nourrit
17 640 des 63 500 habitants de Richard-Toll. La pluriactivité
est fréquente et permet l'autofinancement des acteurs qui restent trop
méfiants vis-à-vis des structures financières formelles.
23,9% produisent annuellement 500 000 à 1 000 000FCFA
là où seuls 04,2% réalisent plus d'un million. Parlant de
l'investissement, 63,3% ne le font pas. Par contre, 80,9% sont convaincus de
participer au budget municipal. En effet, les recettes municipales de
l'exercice 2005 étant estimées à
798 880 000FCFA, les artisans, commerçants et transporteurs de
l'informel contribuent à eux-seuls à hauteur de
30 600 000FCFA. Du fait du mécanisme de la caisse unique, il
n'est pas possible d'estimer la part réelle du secteur informel aux
435 977 530FCFA de recettes qu'il forme de concert avec les autres
secteurs.
En définitive, du point de vue du développement
local, la proximité de gestion est effective mais seuls 19,1% se disent
soutenus par l'équipe municipale. Par ailleurs, 45,7% des
enquêtés pensent que l'équipe municipale a réussi la
vraie partition qui lui est dévolue dans la mesure où bien des
réalisations sont notables dans le périmètre communal.
Cela dit, la tendance à la formalisation est faible si l'on sait que
seuls 25,3% sont inscrits dans les registres réglementaires.
Néanmoins, le civisme fiscal existe bel et bien à Richard-Toll
où 75,4% des acteurs s'acquittent d'impôts et de taxes. Il est,
donc, à signaler que, même si des pas de géants sont
franchis dans la commune, il reste, quand bien même, des attentes
réelles de la part des populations. La demande sociale reste forte
encore.
In fine, le terrain tenu pour arbitre de la
validité théorique en sociologie a confirmé les
hypothèses de notre recherche. Les objectifs fixés à
l'entame de la recherche ont été atteints.
Dans la mesure où toute théorie est faite pour
être discutée, rejetée au profit de nouvelles
théories plus consistantes, nous inscrivons les résultats de ce
travail dans le sillage de la validité dans le temps et dans l'espace.
Les champs d'investigations du réel sont vastes et nombreux, d'où
l'insertion de ces résultats sur le compte des `théories
à moindre portée' pour reprendre Merton de qui nous prenons
référence à travers l'analyse fonctionnelle.
Tout en nous rappelant les propos du Professeur Issiaka
Prosper Lalèyê, nous concluons ce travail en lui reconnaissant des
limites spatio-temporelles. « L'infinitude de la connaissance du
social est liée à la perpétuelle évolution de la
société ».
Bibliographie
1. ALBARELLO L., DIGNEFFE F. et alii, 1995 : Pratiques
et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin,
179 Pages.
2. BARBIER, J. P., 1995 : « Les entreprises
subsahariennes dans la compétition internationale » in
Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala et ORSTOM, PP.
421-433
3. BARBOZA, G.S. 1998-1999 : Le chômage à
Saint-Louis : Stratégies de survie des chômeurs et secteur
informel. Le cas de la Commune de Saint-Louis, Saint-Louis, UGB,
Mémoire de Maîtrise de Sociologie, 77 Pages
4. BERTHELOT, J.-M., 1990 : L'intelligence du
social, Paris, PUF, 249 Pages.
5. BICANIC, R., avril-juin 1966 : « Comment ne
pas développer un pays : Essai de pathologie
économique » in Revue Trimestrielle Tiers-monde :
Croissance, Développement, Progrès : Blocages et freinages
de la croissance et du développement, Tome VII, n° 26, Paris,
PUF, PP. 255-276
6. BITÈYE, C. 1999-2000 : Processus
d'urbanisation et problématique de la gestion municipale de la Commune
de Tambacounda, Saint-Louis, UGB, Mémoire de Maîtrise de
Géographie, 126 Pages.
7. BOISSY, G. 1997 : « Le secteur informel au
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8. CAMARA, A. 1997-1998 : Le secteur informel :
cadre d'insertion économique et sociale pour les jeunes : le cas
des « vélos-taxis » de Kaolack, Saint-Louis,
UGB, Mémoire de Maîtrise de Sociologie, 104 Pages.
9. CD ROM Encarta Edition 2004.
10. CESTI et Fondation Konrad Adenauer, Avril 2002 :
Les Cahiers de l'Alternance : Elections locales 2002. Questions et
réponses, n°5, 76 Pages.
11. CISSÉ, A. W., 2001-2002 : Impact
socio-économique des activités du secteur informel dans le budget
des collectivités locales sénégalaises : le cas de
Saint-Louis, Saint-Louis, Université Gaston Berger, Thèse
pour le Doctorat de 3ème cycle en Sociologie, 303 Pages.
12. COQUERY-VIDROVITCH, C. et NEDELEC, S., 1991 :
Tiers-mondes : l'informel en question. Paris, L'Harmattan, 285
Pages.
13. DE VILLERS, G., 1996 : « Informel et
développement : contribution à un débat »
in Revue Université, Recherche et Développement :
Organisations économiques et cultures africaines, Numéro
Spécial 5-6-7, Université de Saint-Louis, Harmattan, PP.67-81
14. DICTIONNAIRE UNIVERSEL, 1995, Paris,
Hachette/EDICEF, 1503Pages.
15. DIÈNE, S. A. C., 2000-2001 : Secteur
informel et décentralisation dans la perspective d'une injonction
politico-administrative aux capacités endogènes : le cas de
la commune de Saint-Louis, Mémoire de Maîtrise de Sociologie,
UGB, Saint-Louis, 190 Pages.
16. DIOP, M. C., 1992 : Le Sénégal.
Trajectoires d'un Etat. Dakar, CODESRIA, 500 Pages.
17. DIOUF, A., 1997 : Le transfert de
compétences : partage du pouvoir entre l'Etat et les
collectivités locales, Dakar, SAFEFOD, 44 Pages.
18. FALL, B. 1997 : Ajustement structurel et emploi au
Sénégal, Dakar, CODESRIA, 247Pages.
19. GALLIN D., 23-25 juillet 1999 : « Droits
sociaux et secteur informel » in http://www.global-labour.org,
Tunisie.
20. GAMBLIN, A., 2002 : Images économiques du
monde 2003, Paris, Sedes/VUEF, 382 Pages.
21. GAUFRAU B. et MALDONADO C., 1997 : «
Secteur informel : Fonctions macro-économiques et politiques
gouvernementales : le cas du Sénégal » in
http://www.ilo.org/public/french/employment/ent/papers/sénégal.html
22. GIRI, J., 1989 : Le Sahel au XXIe
siècle : un essai de réflexion prospective sur les
sociétés sahéliennes, Paris, Karthala, 242 Pages
23. GRAWITZ, M., 2000 : Lexique des sciences
sociales, 7ème édition, Paris, Dalloz, 424
Pages.
24. GODARD, X. 1994 : Les transports et la ville en
Afrique au sud du Sahara. Le temps de la débrouille et du
désordre inventif. Paris, Karthala/INRETS, 408 Pages.
25. GUILLIEN, R. et VINCENT, J., 2001 : Lexique des
termes juridiques, Paris, Dalloz, 592 Pages
26. GUILLIEN, R., et alii, 2003 : Lexique des termes
juridiques, 14ème édition, 619 Pages.
27. HUGON, P., 1995 : « Les entrepreneurs
africains et l'analyse économique » in Entreprises et
entrepreneurs africains, de Stephen Ellis et Yves-A. Fauré, Paris,
Karthala et ORSTOM, PP. 375-393
28. JAGLIN, S. et DUBRESSON, A. 1993 : Pouvoir et
cités d'Afrique noire. Décentralisations en questions. Paris,
Karthala, 308 Pages.
29. Journal Officiel de la République du
Sénégal, n° 5 963 du lundi 22 janvier 2001,
« Loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001 portant
Constitution ».
30. KÂ, A. C., 1996-1997 : Les relations
professionnelles dans l'entreprise : étude du département
usine de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS),
Mémoire de Maîtrise de Sociologie, Université Gaston Berger
de Saint-Louis, 111 Pages.
31. KONTE, A., 2004 : CD-ROM Commune de
Richard-Toll.
32. LAUTIER, B., 1994 : L'économie informel
dans le Tiers-monde, Paris, La Découverte, 125 Pages.
33. « Le Plus de l'Intelligent :
Sénégal » in Jeune Afrique L'Intelligent,
Hebdomadaire International, n° 2 237 du 23-29 novembre 2003, PP.
45-88.
34. LUBELL, H., 1991 : Le secteur informel dans les
années 80 et 90, Paris, OCDE, 138 Pages.
35. MAINGUY, C., 1998 : L'Afrique peut-elle être
compétitive ?, Paris, Karthala, 215 Pages.
36. MENGET, P., 1993: « Fonction et
Fonctionnalisme » in Encyclopedia Universalis, Corpus 09 :
Etymologie-fungi imperfecti, Paris, EU, PP. 608-611.
37. Ministère de l'Education, 2003 :
Géographie 2ème et 3ème
étapes. Nouveau découpage administratif, Dakar, EDICEF, 15
Pages.
38. Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales,
Novembre 2003 : Le recueil des textes de la
décentralisation, 310 Pages.
39. Mise en place des structures pour un changement
économique : Rapport relatif à la Conférence
internationale sur le secteur informel, Patronné par le Centre
international et l'Agence des Etats-Unis pour le développement
international, tenue à la Chambre de commerce des Etats-Unis,
Washington, DC, 26-27 octobre 1987, édité par John D. Sullivan,
CIPE, 53 Pages.
40. NDIAYE C., 2004 : « Aminata Tall propose
des `départs volontaires' dans les collectivités
locales... » in Le Matin du Vendredi 10 décembre 2004,
P. 6.
41. NIANG, A., 1996 : « Le secteur informel,
une réalité à réexplorer : ses rapports avec
les institutions et ses capacités développantes » in
Africa Development, Volume XXI, n° 1, PP. 57-80.
42. NIANG, D., WARR B. et alii, janvier 1998 :
L'économie locale de Saint-Louis et du delta du Fleuve
Sénégal. Etude de cas du Programme « Relance des
économies locales en Afrique de l'Ouest, SAH/D (98) 473, 91
Pages.
43. QUIVY, R. et CAMPENHOUDT, L. 1995 : Manuel de
recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 287 Pages.
44. ROBERT, P., 1990 : Le petit Robert 1, Canada,
Montréal, 2171 Pages.
45. SY, J. H., 2002 : Pauvreté et
Hégémonismes, Aide Transparence Afrique/Oxfam America, 333
Pages.
46. THIAM S. et SOW « Ciré » I.,
23-29 juillet 2004 : « Richard-Toll, une existence à
canne et à sucre » in Nouvel Horizon, L'Hebdo du
Vendredi, n° 431, Publication de Panafrican Systems Production, Dakar,
PP. 14-17.
47. Université Recherche Et
Développement, mars 1994, n°3, Université de
Saint-Louis, 101 Pages.
48. VAN DIJK, M. P. 1986 : Sénégal. Le
secteur informel de Dakar, Paris, Harmattan, 164 Pages.
49. WADE, C. S. et Diop, O., février
2000 : « La croissance urbaine et ses incidences
géographiques sur l'espace rural : le cas de la Commune de
Saint-Louis et la Communauté rurale de Gandon » in Revue
AFRISOR (Afrique-Sociétés-Recherches). Revue des Sciences
Sociales et Humaines, n° 1, PP.13-58.
50. WADE, E. M., lundi 05 mai 1997 :
« Entretiens sur les collectivités : ` La
vocation d'une commune est l'investissement', Mamadou Barry, expert comptable,
fiscaliste, consultant de la Banque Mondiale dans le cadre de Projet d'Appui
aux collectivités locales (PAC) » in Sud Quotidien, P.
9.
51. WADE, M. D. N. et DIEYE M., 2004 :
« Thème n°11 : La contribution globale
unique » in La pratique fiscale sénégalaise,
Dakar, BSDA, PP. 273-280
52. WARR, B., novembre 1999 : L'économie locale
de la Commune de Dagana en 1998, SAH/D (99)510, 70 Pages.
53. WARR, B. et Sow, O., Juillet 2000 :
L'économie locale de Richard-Toll 1999, Club du Sahel de l'OCDE
et Conseil Municipal de Richard-Toll, 71 Pages.
54. YAPI-DIAHOU, A., 2003 : La recherche urbaine
à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville.
Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences
humaines, Abidjan, EDUCI, 123 Pages.
Annexes
Annexe 1 : Outils de
collecte
I. Questionnaire
Ceci est un questionnaire répondant à un travail
d'ordre scientifique dont l'université est l'instigateur. Son
administration durera 25 mn au maximum. Nous n'avons pas le pouvoir de changer
directement votre situation mais indirectement les organisations qui liront ce
travail vous comprendront mieux et pourront agir en votre faveur. Nous comptons
sur votre sincérité. Le travail respecte, toutefois, l'anonymat
de façon stricte.
I. Identification Sociologique
1.1. Sexe : ?
Masculin ? Féminin
1.2. Age (ans) : ?-15 ?15-20
?21-25 ?26-30 ?31-35 ?36-40 ?41+
1.3. Situation Matrimoniale : ?
Célibataire ? Marié ? Veuf(ve) ? Divorcé(e) ? Autre.
1.4. Niveau d'instruction : ? Primaire ?
Collège ? Lycée ? Université
?
Alphabét. ? Arabe ? Autre à
préciser................
1.5. Religion : ? Islam ?
Christianisme ? Autre à préciser..............
1.6. Ethnie : ? Wolof ? Halpular ? Maure ?
Sérère ? Diola ? Autre à préciser.........
1.7. Région d'origine : ? Saint-Louis
? Matam ? Dakar ? Diourbel ? Kaolack
? Ziguinchor ? Kolda
? Fatick ? Tamba ? Louga ? Thiès
1.8. Ville d'origine : ? Richard-Toll ?
Autre à préciser..................................
1.9. Adresse/Quartier : ? Escale ? Xuma
? Ndiaw ? Gaé 2 ? Ndiangué
?
Diamaguène ? Cité Cadre ? Autre à
préciser..................
1.10. Formation reçue : ? Apprentissage
dans le tas ? Centre de Formation ? Néant
2. Secteur Informel
2.1. Secteur d'activité : ? Artisanat ?
Commerce ? Transport
2.2. Précisez votre activité !
..............................................................................
2.3. Quels sont les problèmes auxquels vous êtes
confrontés dans le cadre du travail ?..............
2.4. Votre localisation : ? Rue ? Route
Nationale ? Marché ? Garage
? Maison
? Autre à préciser.......................................
2.5. Quelle était votre profession
rêvée ?.....................................................................................
2.6. Quelles sont vos sources de financement ?
? Tontines ? Mutuelles
? Banques ?
Capital personnel ? Autre à préciser..................
2.7. Quels sont les matériels utilisés dans le
cadre de votre travail ?...........................................
.................................................................................................................
2.8. Quelle(s) autre (s) activité (s)
pratiquez-vous ?....................................................................
2.9. Avez-vous travaillé dans les entreprises ou pour
l'Etat ? ? Oui ? Non
En quelle
qualité ?..................................................................................................................
3. Fonction Sociale du Secteur Informel
3.1. Avez-vous travaillé avant d'exercer ce
métier ? ? Oui ? Non
Si oui, à quelle
fonction ?........................................................................................................
3.2. Avez-vous une fois connu le chômage ?
? Oui ? Non
Si oui, quelle fut la
durée ?.....................................................................................................
3.3. Combien de personnes employez-vous ? ? 00
? 01 ? 02 ? 03 ? 04
? 05 ? 06 ? 07 ? 08 ? 09 ? 10 ? 11ou +
En quelle qualité les employez-vous ?
? Apprenti ? Aide ? Employé
Combien gagnent-ils en moyenne par mois ? ?-
5000 ?5-10 000 ?10-20 000
?20-30000
?30-40 000 ?40- 50 000 ?50-60 000 ?+60 000
3.4. Combien gagnez-vous par mois ? ?-5000
?5-15 000 ?16-30 000 ?31 000-50 000
? 50-80 000 ?80-100 000 ?+100 000
3.5. A combien s'élève votre charge
familiale ? ?00 pers. ?01 ?02 ?03 ?04 ?05
?06 ?07 ?08 ?09 ?10 ?+10
3.6. Quelle est votre clientèle ?
? Entreprises ? Etat ? Populations
3.7. Comptez-vous faire le même travail durant les
années à venir ? ? Oui ? Non
3.8. Quels sont les produits les plus prisés par vos
clients ?........................................................
3.9. Quelle appréciation faites-vous de vos tarifs?
? Dérisoires ? Abordables
? Chers ? Très chers
3.9. Quelle utilité pensez-vous que votre travail a
pour :
-les
populations ?..............................................................................................................
.......................................................................................................................................................
-la
mairie ?........................................................................................................................
..................................................................................................................
-votre
famille ?..................................................................................................................
..................................................................................................................
IV. Fonction Economique du Secteur Informel
4.1. Etes-vous inscrit (e) dans un ou des registres
réglementaires ? ? Oui ? Non
Si oui, lesquels ?
.......................................................................................
4.2. Payez-vous des impôts ou des taxes dans le cadre de
votre travail ? ? Oui ? Non
Si oui, lesquels ?
.....................................................................................
4.3. Combien payez-vous par taxe ou
impôt ?..............................................................................
4.4. Quel intérêt avez-vous à payer les
taxes et
impôts ?..............................................................
..................................................................................................................
4.5. Pensez-vous que vous contribuez au budget de la
Commune ? ? Oui ? Non
4.6. A combien estimez-vous votre production annuelle ou votre
chiffre d'affaires ? ?-50 000
? 50-100000 ? 100-200000 ? 200-300000 ?
300000-500000 ?500-1000000
? 1-2Millions ?
2-5Millions ? 5-10000000 ?+10Millions
4.7. Faites-vous des investissements ? ?
Oui ? Non
Si oui, dans quels domaines
investissez-vous ?.....................................................................
V. Rapports avec la Commune :
5.1. Quel type de relation avez-vous avec la Mairie ?
? Neutre ? Coopération ? Conflit
5.2. Que pensez-vous des taxes municipales ?
.........................................................
..................................................................................................................
5.3. La Mairie vous soutient-elle dans le cadre de votre
travail ? ? Oui ? Non
Pourquoi une telle
réponse ?..................................................................................................
...............................................................................................................
5.4. Etes-vous satisfait (e) de l'équipe municipale en
place ? ? Tout à fait
? Relativement
? Pas du tout
5.5. Pensez-vous que la Municipalité joue son vrai
rôle ? ? Oui ? Non
Pourquoi ?..........................................................................................................................
...............................................................................................................
5.6. Quelles sont les réalisations de la
Municipalité de 1996 à nos jours
?................................
...............................................................................................................
5.7. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la
Mairie ?................................................................
..............................................................................................................................................................................................................................
II. Guides d'entretien
sociologique
Guide d'entretien 1 :
Enquêté :
M. Doudou DIAW Bakhao, conseiller municipal.
Enquêteur :
M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.
Durée de l'enquête :
42 Minutes.
Date et Lieu de l'enquête : Le
04 Octobre 2005 à la résidence de
l'enquêté.
Thème I : La décentralisation
1. Qu'est-ce que la décentralisation ?
2. Comment se vit la décentralisation dans la
Commune ?
3. Quels sont les atouts de la politique de
décentralisation ?
4. Quels sont les problèmes liés à la
décentralisation ?
Thème II : Le Secteur Informel et la
fiscalité locale
1. Quel est l'apport du secteur informel dans l'économie
et dans la vie des populations ?
2. Quelle analyse faites-vous de la fraude du sucre ?
3. Quel est l'effectif des collecteurs municipaux ?
4. Y'a-t-il des politiques municipales visant le secteur
informel ?
5. Quelle analyse faites-vous de la pression fiscale et du taux
de recouvrement ?
Thème III : Le Budget Municipal
1. D'où vient le Budget Communal de Richard-Toll ?
2. Quelles sont les parts des différentes ressources dans
le dernier budget voté ?
3. Quelle analyse faites-vous de la part du secteur
informel dans le budget ?
Thème IV : Le Développement
Local
1. Y'a-t-il une tendance à la formalisation de l'informel
dans la commune ?
2. Quels sont les grands axes de la politique de
développement Municipal ?
3. Quels sont les Investissements ou réalisations de la
Municipalité (depuis 1996) ?
4. En quels termes appréhendez-vous l'apport de la
CSS à la Commune ?
5. Quels sont les grands problèmes de la
Municipalité ?
Appréciation de l'enquête par
l'enquêté :
Guide d'entretien 2 :
Enquêté :
M. Youssou DIEYE, Chargé de la Communication.
Enquêteur :
M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.
Durée de l'enquête :
01 Heure 25 minutes.
Date et Lieu de l'enquête : Le
Samedi 08 Octobre 2005 au bureau de l'enquêté à
la
Mairie.
Thème I : Les réalisations de la
Commune depuis 1996.
Thème II : Les Partenaires de la
Municipalité.
Thème III : Les conseillers municipaux de
Richard-Toll
Thème IV : La localisation et la carte de
la Commune.
Appréciation de l'enquête par
l'enquêté :
Guide d'entretien 3:
Enquêté :
M. Magatte SECK, Secrétaire Municipal.
Enquêteur :
M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.
Durée de l'enquête :
30 Minutes.
Date et Lieu de l'enquête : Le
Samedi 08 Octobre 2005 au Secrétariat Municipal à
la
Mairie.
Thème : Le Budget de la Commune de
Richard-Toll.
Appréciation de l'enquête par
l'enquêté :
III. Grille d'observation
sociologique
Période
|
Lieu
|
Activité
|
Acteurs
|
Objet de l'Observation
|
Observations
|
Du Samedi 10 Septembre au Samedi 24 Septembre 2005
|
Sur la Route Nationale de la Commune de Richard-Toll
|
Commerce
Transport
Artisanat
|
Marchands
Agents de transport
Artisans
|
La présence du Secteur Informel dans la Commune de
Richard-Toll.
|
Boutiques
Cantines
Tables
Parterres
Hangars
Maisons
Marchés
Rues
Garages
Partout on observe des gens qui travaillent. Tout le monde
bouge.
|
Du Samedi 10 Septembre au Samedi 24 Septembre 2005
|
Marché de Khouma
Devant la
Mairie
|
Commerce
Transport
Artisanat
|
Marchands
Agents de transport
Artisans
|
Les relations entre acteurs de l'informel et populations.
|
- Vente et achat
- Marchandage
- Discussion sur l'actualité
- Salutations
- Rires et plaisanterie
-Conciliabules pour affaires.
|
IV. Guide d'observation
documentaire
Documents
|
Thèmes de Recherche
|
Informations obtenues
|
CD-ROM Commune de Richard-Toll 2004
|
-Organisation de la Municipalité
-Réalisations de la Municipalité
|
|
Warr, B. et Sow, O., Juillet 2000 : L'économie
locale de Richard-Toll 1999, Club du Sahel de l'OCDE et Conseil Municipal
de Richard-Toll, 71 Pages
|
-Contribution de l'Informel à l'économie
locale.
-Budget Communal et participation du secteur informel
|
|
Observation Documentaire :
Analyse Préliminaire 01
Analyse Préliminaire 02
Annexe 2 : Tableaux
Tableau 34 :
Répartition des sujets enquêtés selon
l'obédience ou l'appartenance religieuse.
Confession
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Christianisme
|
02
|
00
|
00
|
02
|
Islam
|
60
|
71
|
09
|
140
|
Autre
|
00
|
00
|
00
|
00
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 35 :
Répartition des sujets enquêtés selon l'appartenance
ethnique.
Ethnie
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Diola
|
01
|
00
|
00
|
01
|
Halpulaar
|
14
|
14
|
04
|
32
|
Maure
|
03
|
09
|
01
|
13
|
Sérère
|
01
|
04
|
01
|
06
|
Wolof
|
39
|
43
|
03
|
85
|
Autre
|
04
|
01
|
00
|
05
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 36 :
Répartition des sujets enquêtés selon la
région d'origine.
Région d'origine
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Dakar
|
02
|
04
|
00
|
06
|
Diourbel
|
04
|
10
|
00
|
14
|
Fatick
|
00
|
01
|
00
|
01
|
Kaolack
|
01
|
06
|
00
|
07
|
Kolda
|
01
|
00
|
00
|
01
|
Louga
|
04
|
10
|
00
|
14
|
Matam
|
03
|
03
|
00
|
06
|
Saint-Louis
|
39
|
27
|
08
|
74
|
Tambacounda
|
01
|
00
|
00
|
01
|
Thiès
|
04
|
08
|
01
|
13
|
Ziguinchor
|
02
|
01
|
00
|
03
|
Ailleurs
|
01
|
01
|
00
|
02
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 37 :
Répartition des sujets enquêtés selon l'adresse ou
le quartier de résidence.
Adresse/Quartier de résidence
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Campement
|
04
|
02
|
00
|
06
|
Diamaguène
|
00
|
01
|
02
|
03
|
Escale
|
07
|
29
|
01
|
37
|
Ndiangué
|
05
|
06
|
00
|
11
|
Ndiaw
|
04
|
02
|
00
|
06
|
Gadalkhout
|
04
|
06
|
00
|
10
|
Gaé 2
|
02
|
04
|
00
|
06
|
Khouma
|
20
|
10
|
01
|
31
|
Autre quartier
|
16
|
11
|
05
|
32
|
TOTAL
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 38:
Répartition des enquêtés selon la profession de
rêve.
Profession rêvée
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Artisanat
|
12
|
10
|
04
|
26
|
Commerce
|
06
|
27
|
01
|
34
|
Transport
|
04
|
03
|
00
|
07
|
Autre secteur
|
09
|
14
|
01
|
24
|
Aucune
|
31
|
17
|
03
|
51
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 39:
Répartition des enquêtés selon le type de relation
entretenue avec la Mairie.
Type de relation
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Conflit
|
00
|
03
|
00
|
03
|
Coopération
|
34
|
46
|
06
|
86
|
Neutre
|
26
|
21
|
02
|
49
|
Pas de réponse
|
02
|
01
|
01
|
04
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 40:
Répartition des enquêtés selon la perception qu'ils
ont des taxes municipales.
Conceptions des taxes municipales
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
C'est normal, un devoir, obligation
|
17
|
12
|
01
|
30
|
C'est pour le Maire et son équipe
|
00
|
00
|
02
|
02
|
Droit de place
|
00
|
04
|
00
|
04
|
Ne servent à rien, inutiles
|
07
|
04
|
00
|
11
|
Pour la ville
|
18
|
24
|
02
|
44
|
Sans contrepartie
|
00
|
00
|
01
|
01
|
Trop chères, à alléger
|
04
|
14
|
02
|
20
|
Pas de réponse
|
01
|
01
|
00
|
02
|
Ne comprennent pas
|
15
|
12
|
01
|
28
|
Total
|
62
|
71
|
09
|
142
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Tableau 41:
Répartition des enquêtés selon les
réalisations de la Municipalité constatées de 1996
à nos jours.
Réalisations
|
EFFECTIFS
|
TOTAL
|
Artisanat
|
Commerce
|
Transport
|
Agrandissement du Stade Municipal
|
03
|
00
|
00
|
03
|
Aides scolaires
|
01
|
00
|
00
|
01
|
Construction de Foyers
|
02
|
00
|
00
|
02
|
Dispensaire
|
03
|
02
|
01
|
06
|
Extension de l'électrification
|
03
|
02
|
00
|
05
|
Nouveau lycée
|
02
|
05
|
00
|
07
|
Nouveau marché
|
26
|
27
|
02
|
55
|
Nouveaux CEM et Ecoles
|
05
|
00
|
00
|
05
|
Nouvelle gare routière
|
10
|
20
|
02
|
32
|
Nouvelle route -Avenue Jacques Mimran
|
11
|
16
|
00
|
27
|
Aucune réalisation
|
24
|
17
|
06
|
47
|
Pas de réponse
|
01
|
15
|
01
|
17
|
Source : Données de l'enquête, 2005
Annexe 3 :
Liste des 56 conseillers élus de la
Municipalité de Richard-Toll
N°
|
Prénoms
|
Noms
|
Fonctions
|
Partis d'origine
|
|
1. Abibou
|
DIEYE
|
Enseignant
|
PDS
|
|
2. Ababacar
|
NDAO
|
Inspecteur des Impôts
|
PS
|
|
3. Abdoulaye
|
NDOYE
|
Enseignant
|
PDS
|
|
4. Aminata
|
MBODJ
|
Ménagère
|
PS
|
|
5. Alioune
|
DIAGNE
|
Enseignant
|
FSD-BJ
|
|
6. Alioune
|
DIALLO
|
Chercheur
|
PDS
|
|
7. Abdoulaye
|
DIENG
|
Ouvrier Métallique
|
PDS
|
|
8. Moustapha
|
LO
|
Ingénieur agronome
|
PDS
|
|
9. Abibatou
|
SEYE
|
Secrétaire Direction CSS
|
PDS
|
|
10. Amadou Bakhao
|
DIAW
|
Economiste
|
PDS
|
|
11. Amadou Ndack
|
FALL
|
Aménagiste à la SAED
|
PDS
|
|
12. Abdoulaye
|
SAMB
|
Professeur d'Université
|
AFP
|
|
13. Ousmane
|
KANE
|
Commis à la CSS
|
PDS
|
|
14. Ndiogou
|
FALL
|
Enseignant
|
PDS
|
|
15. Abdou Aziz
|
DIOP
|
Employé à la CSS
|
PDS
|
|
16. Abdoulaye
|
NDIAYE
|
Chauffeur (Retraite)
|
PDS
|
|
17. Oumar
|
THIAM
|
Syndicaliste
|
PDS
|
|
18. Arona
|
SOW
|
Commerçant
|
PDS
|
|
19. Alima
|
GUÈYE
|
Commerçante
|
PDS
|
|
20. Mamadou
|
CISS
|
Enseignant
|
PDS
|
|
21. Mbaye
|
DIOP
|
Maçon
|
PDS
|
|
22. Abiboulaye
|
NDIAYE
|
Comptable
|
URD
|
|
23. Moussa
|
BA
|
Employé CSS
|
URD
|
|
24. Oumar
|
GUÈYE
|
Enseignant
|
PDS
|
|
25. Oumar
|
BA
|
Employé CSS
|
PDS
|
|
26. Korka
|
DIAO
|
Agriculteur- Informel
|
LD/MPT
|
|
27. Babacar
|
MBENGUE
|
Hôtelier
|
PDS
|
|
28. Edouard
|
YANGA
|
Employé CSS
|
PDS
|
|
29. Baye Fall
|
DIAGNE
|
Chauffeur (Retraite)
|
PDS
|
|
30. Seydané
|
DIAW
|
Gestion de Groupement
|
PDS
|
|
31. Pape
|
MBOUP
|
----------------------
|
PDS
|
|
32. Abba
|
DIÉMÉ
|
Employé CSS
|
PDS
|
|
33. Ousmane Djiby
|
SALL
|
Enseignant (Retraite)
|
PS
|
|
34. Ngary Sylla
|
BA
|
Infirmier (Retraite)
|
PS
|
|
35. Yaya
|
DIÉMÉ
|
Employé CSS
|
PDS
|
|
36. Moustapha
|
SALL
|
Employé CSS
|
PS
|
|
37. Binetou
|
DRAMÉ
|
Gestion de Groupement
|
PS
|
|
38. Makhtar
|
KANE
|
Agent de la Poste
|
PDS
|
|
39. Amadou Bineta
|
BA
|
----------------------
|
PS
|
|
40. Paul
|
DIOUF
|
Ingénieur agronome
|
PDS
|
|
41. Pape Malick
|
HANNE
|
Employé CSS
|
PS
|
|
42. Sidy
|
MAAL
|
Economiste
|
PS
|
|
43. Makhary
|
SAMB
|
Syndicaliste CSS
|
PS
|
|
44. Fama
|
NDIAYE
|
Employé CSS
|
PIT
|
|
45. Aby
|
SECK
|
Employé CSS
|
AFP
|
|
46. Malick
|
SY
|
Ingénieur
|
AFP
|
|
47. Mbaye
|
MBOUP
|
Employé CSS
|
PS
|
|
48. Moustapha
|
WADE
|
Agent de la LONASE
|
URD
|
|
49. Fary
|
NDAW
|
Employé CSS (Retraite)
|
URD
|
|
50. Tagne Mbodj
|
CISSÉ
|
----------------------
|
PR
|
|
51. Mody
|
HANNE
|
Réparateur informel
|
PR
|
|
52. Arona
|
SY
|
Enseignant
|
-
|
|
53. Ibrahima Aoudy
|
DIALLO
|
Employé CSS
|
PS
|
|
54. Bollé Niang
|
SECK
|
Employé CSS
|
PDS
|
|
55. Ndèye
|
DIOP
|
Ménagère
|
PS
|
|
56. Oumar
|
NDIAYE
|
Employé CSS
|
PDS
|
Source : Données de
l'enquête, 2005
Annexe 4
Recettes du budget de l'exercice
2005
Délibération n°
01/2005
Voté le 26 mars 2005 - Approuvé le 30
mai 2005
Section : Fonctionnement
Chapitre 12: Résultat du fonctionnement
reporté
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
121
|
Résultat de fonctionnement reporté
|
22 709 000
|
75 000 000
|
Chapitre 70 : Produits de
l'exploitation
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
7 002
|
Produits des services de vidange
|
200 000
|
|
701
|
Produits des droits de taxes perçus aux abattoirs
|
300 000
|
|
7 020
|
Taxe d'enlèvement des ordures
ménagères
|
3 000 000
|
|
7 030
|
Taxe de visite et de poinçonnage des viandes
|
100 000
|
|
705
|
Droit d'alignement et frais de bornage
|
152 450 000
|
42 039 000
|
7 094
|
Produits de l'expé. des actes admin.
D'état-civil
|
4 000 000
|
|
7 095
|
Légalisation
|
1 500 000
|
|
xxx
|
Total des recettes des produits d'exploitation
|
161 550 000
|
51 139 000
|
Chapitre 71 : Produits
domaniaux
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
7 100
|
Produits de la location de souks
|
13 000 000
|
|
7 101
|
Produits de la location des loges et des stalles
|
500 000
|
|
7 105
|
Location de salle des fêtes
|
100 000
|
|
7 107
|
Location de stade et terrains de sports
|
100 000
|
|
7 110
|
Produits de droit de place
|
12 000 000
|
|
7 113
|
Taxe sur le produit des ventes d'animaux
|
100 000
|
|
7 114
|
Produits des permis de station sur la Voie Publique
|
6 000 000
|
|
7 115
|
Stationnement taxi
|
600 000
|
|
7 117
|
Produits des locations sur la voie publique
|
5 000 000
|
|
7 118
|
Droits d'occupation du domaine public
|
500 000
|
|
712
|
Droits de fourrières
|
1 000 000
|
|
xxx
|
Total des recettes des produits domaniaux
|
38 900 000
|
|
Chapitre 72 : Impôts
locaux
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
720
|
Minimum fiscal
|
35 000 000
|
|
721
|
Contribution des patentes
|
300 000 000
|
330 500 000
|
722
|
Licences
|
100 000
|
|
724
|
Impôt sur le foncier bâti
|
128 000 000
|
64 000 000
|
725
|
Impôt sur le foncier non bâti
|
100 000
|
|
7 281
|
Centimes additionnels à la contribution des patentes
|
100 000
|
|
7 290
|
Taxe sur les véhicules automobiles
|
20 000 000
|
|
7 291
|
Taxe sur la plus-value immobilière
|
10 000 000
|
|
xxx
|
Total des recettes des impôts locaux
|
493 300 000
|
459 700 000
|
Chapitre 73 : Taxes
municipales
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
7 300
|
Taxe complémentaire à la contribution des
patentes
|
2 000 000
|
|
7 301
|
Taxe sur les véhicules hippomobiles
|
4 000 000
|
|
7 310
|
Taxe sur les spectacles
|
500 000
|
|
7 313
|
Taxe sur la publicité
|
1 000 000
|
|
7 314
|
Taxe sur l'électricité consommée
|
5 500 000
|
000
|
7 315
|
Taxe sur l'eau
|
500 000
|
|
7 317
|
Taxe sur les distributeurs de carburant
|
660 000
|
|
xxx
|
Total des recettes des taxes municipales
|
14 160 000
|
8 660 000
|
Chapitre 74 : Produits divers
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
743
|
Produits des amendes correct., ou de simple police
|
750 000
|
|
749
|
Recettes éventuelles ou imprévues
|
2 000 000
|
|
xxx
|
Total des recettes des produits divers
|
2 750 000
|
|
Chapitre 75 : Dotation de
fonctionnement
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
755
|
Fonds de dotation de la décentralisation
|
|
|
xxx
|
Recettes des fonds de dotation
|
|
63 527 530
|
Chapitre 76 : Remboursements et Fonds de
participation
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
7 601
|
Remboursement des frais d'hospitalisation
|
200 000
|
|
7 620
|
Participation de l'Etat
|
13 500 00
|
34 000 000
|
xxx
|
Total des remboursements et Fonds de participation
|
13 700 000
|
34 200 000
|
Total des recettes de fonctionnement :
747 069 000 prévu / 670 349 000
approuvé
Section : Investissement
Chapitre 105 : fonds de
concours
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
1 052
|
Fonds de concours du FECL
|
|
15 000 000
|
xxx
|
Total des recettes du fonds de concours
|
|
15 000 000
|
Chapitre 115 : Résultat de
fonctionnement capitalisé
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
115
|
Résultat de fonctionnement capitalisé
|
225 751 000
|
128 531 000
|
xxx
|
Total du résultat de fonctionnement
capitalisé
|
225 751 000
|
128 531 000
|
Chapitre 123 : Résultats
d'investissement reporté
Codes
|
Nomenclatures
|
Prévisions
|
Approbations
|
123
|
Résultat d'investissement reporté
|
xxxxxxxxxxx
|
xxxxxxxxx
|
xxx
|
Total du résultat d'investissement reporté
|
Xxxxxxxxxxx
|
xxxxxxxxx
|
Total des recettes
d'investissement : 225 751 000FCFA
prévu/128 531 000FCFA approuvé
* 1 A titre exemplatif, nous
pouvons citer la SAED, la SODEVA et la SOMIVAC (pour l'agriculture) ;
l'OSA (pour l'artisanat) ; l'ONCAD (pour la
commercialisation) ; la SONEPI (pour l'industrie) ;
l'OHLM (pour le logement) ; la BNDS (pour le secteur bancaire)...
* 2Abdoulaye Niang,
2000 : « L'évolution des associations en milieu
urbain sénégalais » in Cahier d'Etudes
Africaines de Piémonté, Volume IV, Université de
Turin, P. 84
* 3Alfred Inis Ndiaye et
Bassirou Tidjani ,1995 : Mouvements ouvriers et crise
économique : les syndicats sénégalais face à
l'ajustement structurel, Dakar, CODESRIA P.5
* 4Jean-Pierre Barbier,
1995 : « Les entreprises subsahariennes dans la
compétitivité internationale »
in Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala et
ORSTOM, P.422
* 5 op. cit. , P. 427
* 6Ibid., P.430
* 7Georgette Silva Barboza,
1998-1999 : Le chômage à Saint-Louis :
Stratégies de survie des chômeurs et secteur informel. Le cas de
la Commune de Saint-Louis, Saint-Louis, UGB, Mémoire de
Maîtrise de Sociologie, P. 4
* 8Assane Camara
1997-1998 : Le secteur informel : cadre d'insertion
économique et sociale pour les jeunes : le cas des
« vélos-taxis » de Kaolack, Mémoire de
Maîtrise de Sociologie, Université Gaston Berger, Saint-Louis,
P.3
* 9Jacques Habib Sy,
2002 : « Les dimensions véritablement inhumaines
de l'ajustement structurel » in Pauvreté et
hégémonismes, Aide Transparence Afrique et Oxfam America. PP.
1-26
* 10Abdoulaye Niang,
op.cit., P. 85
* 11Georgette Silva Barboza,
op.cit., P.5
* 12Abou Abel Thiam :
« De 2002 faisons table rase » in Jeune Afrique
l'Intelligent, n°2237 du 23 au 29 novembre 2003,P. 51
* 13 Abou Abel Thiam, ibid.,
P. 50
* 14 Abou Abel Thiam , Idem,
P. 51
* 15 Cheikh Yérim
Seck : « Demi-bilan pour demi-mandat » in
Jeune Afrique L'Intelligent, n°2237 du 23 au 29 novembre 2003,
P.47
* 16 Le terme
« Goorgoorlu » est un mot wolof qui, dans la langue
française, correspondrait à « se
débrouiller ». Il est le titre d'un feuilleton
télévisé. « Goor », Abib Diop, et
« Diek », Seune Sène, constituent le couple acteur
principal qui retrace le quotidien du sénégalais lambda qui, dans
la débrouillardise la plus réelle, lutte pour la dépense
quotidienne voire pour la survie. « Goor », père de
famille chômeur, pratique toute forme de travail allant du vendeur de
cure-dents au lutteur rien que pour la dépense quotidienne, les frais
scolaires de son fils et de sa fille, le paiement de sa dette envers Abdallah
le boutiquier.
* 17 Fabrice
Hervieu-Wane : « Transformer le plomb en or »
in Jeune Afrique l'Intelligent, n° 2237 du 23 au 29 novembre 2003,
P. 88
* 18 Abdoulaye Niang, 2000,
ibid, P.81
* 19 Ibid, P.85
* 20 Ibid, P. 39
* 21 William Archey
« Préface » in D. J. Sullivan, 1988 :
Mise en place des structures pour un changement
économique : Rapport relatif à la Conférence
Internationale sur le secteur informel du 26-27 octobre 1987, Washington
D.C., CIPE
* 22 Dan Gallin, 23-25
juillet 1999 : « Droits sociaux et secteur
informel » in http://www.global-labour.org, Tunisie
* 23 Georgette Silva
Barboza, ibid, P.7
* 24 Bruno
Lautier, 1994: L'économie informelle dans le Tiers-monde,
Paris, PP. 106-107
* 25 Pr. Abdoulaye Niang,
1997 : « Secteur informel en milieu urbain, un recours
à la crise de l'emploi » in Ajustement structurel et
emploi au Sénégal, Dakar, CODESRIA, P.53
* 26 Souleymane Thiam et
Ibrahima Sow « Ciré », « Richard-Toll,
une existence à canne et à sucre » in Nouvel
Horizon, L'Hebdo du Vendredi, n°431 du 23 juillet au 29 juillet 2004,
P.17
* 27 Bruno Lautier, ibid.,
P.102
* 28 Ibidem
* 29 Lubell, H., 1991 :
Le secteur informel dans les années 80 et 90, Paris, OCDE,
P.82
* 30 Dan Gallin, op.cit.
* 31 Meine Pieter Van Dijk,
1986 : Sénégal : Le secteur informel de Dakar,
Paris, L'Harmattan, P. 30
* 32 Albert
Tévoédjrè :
« Préface » in Meine Pieter Van Dijk,
1986 : Sénégal : Le secteur informel de Dakar,
Paris, L'Harmattan, P. 7
* 33 William Archey,
op.cit.
* 34 Aly Diouf,
1997 : Le transfert de compétences : partage du
pouvoir entre l'Etat et les collectivités locales, Dakar, SAFEFOD,
P.5
* 35Cité par
Jaglin,S. et Dubresson,A. 1993:Pouvoir et cités d'Afrique
noire.Décentralisations en questions.Paris,Karthala,P. 10
* 36 Selon Paul Robert
(1990 : Le Petit Robert, Canada, Montréal, P. 462),
« Système dans lequel le pouvoir de décision est
exercé par des agents et des organismes locaux, résidant sur
place mais soumis à l'autorité centrale (à la
différence de la décentralisation) ».
* 37 Momar Coumba Diop et
Mamadou Diouf, 1993 : « Pouvoir central et pouvoir
local. La crise de l'institution municipale au
Sénégal » in Pouvoirs et cités d'Afrique
noire : Décentralisations en questions, Paris, Karthala, PP.
112
* 38 Sylvy Jaglin et Alain
Dubresson, op.cit., P. 9
* 39 Momar Coumba Diop et
Mamadou Diouf, op.cit., PP. 122-123
* 40 Cheikh Ndiaye,
« Aminata Tall propose des `départs volontaires' dans les
collectivités locales... » In Le Matin du Vendredi
10 décembre 2004. P.6
* 41 Souleymane Thiam et
Ibrahima Sow « Ciré », ibid., P. 15
* 42 Ibidem
* 43 Ibidem
* 44Ibid., P.16
* 45 Le 08 fut une
véritable légende à Richard-Toll ; jour de paiement
des salaires, Richard-Toll affluait de monde. Avec l'usage des ordinateurs,
plus généralement des Nouvelles Technologies de l'Information et
de la Communication, le paiement se fait selon d'autres modalités.
« Le 8 est mort » depuis janvier 2002 pour reprendre les
termes de Louis Lamotte.
* 46 Gabriel Boissy,
1996 : Géographie. Sénégal. Annexes.
* 47 Harold
Lubell,1991 : Le secteur informel dans les années 80 et 90,
Paris, OCDE, P. 79
* 48 Assane Camara, op.cit.,
P.11
* 49 Mamadou Barry, Lundi 05
mai 1997:« La vocation d'une commune est l'investissement »
in Sud Quotidien, P. 9
* 50 Ce fichier est souvent
appelé le cadastre fiscal qui « est un fichier exhaustif de
l'ensemble des contribuables qui doivent payer les impôts notamment les
droits de place ».Mamadou Barry, ibidem
* 51 Ibidem
* 52 Ibidem
* 53 Souleymane Thiam et
Ibrahima Sow « Ciré », Ibid., P. 16
* 54 Pr. Abdoulaye Niang,
1997, op.cit.P.29
* 55 Bruno Lautier, Ibid.,
P.3
* 56 Article de
l'Encyclopédie « Budget » in Encarta Edition
2004
* 57 Raymond Guillien et
alii, 2003 : Lexique des termes juridiques, 14ème
édition, Paris, Dalloz, P. 80-81
* 58 Raymond Guillien et
Jean Vincent, 2001 : Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz,
P. 537
* 59 Marie Delphine Ndiaye
Wade et Mohamed Dièye., 2004 : « Thème
n°11 : La contribution globale unique » in La pratique
fiscale sénégalaise, Dakar, BSDA, PP. 273-280. La CGU
s'applique aux personnes physiques ayant un chiffre d'affaires annuel, tous
droits et taxes compris, qui n'excède pas : 50 millions de Francs
CFA pour les opérations de livraisons de biens ; 25 millions de
Francs CFA lorsqu'elles s'investissent dans les prestations de services.
* 60 Cheikh Bitèye,
1999-2000 : Processus d'urbanisation et problématique de la
gestion municipale de la Commune de Tambacounda, Saint-Louis, UGB,
Mémoire de Maîtrise de Géographie, P. 91
* 61 Guillien, R. et
Vincent, J., op.cit., P.371
* 62 Ibid, P.177
* 63 Harold Lubell, op.cit.,
P.81
* 64 Momar Coumba Diop et
Mamadou Diouf, ibidem
* 65 Communauté
urbaine : structure d'entente et de coordination créée par
association de communes qui veulent mener des activités de portée
intercommunale.
Ville : structure qui coiffe les communes
d'arrondissements. La loi dispose que la grande taille d'une commune
justifierait souvent son découpage en plusieurs communes
d'arrondissements.
* 66Géographie
2ème et 3ème étapes. Nouveau
découpage administratif, 2003 : Dakar, EDICEF, Ministère
de l'Education, PP. 2-7
* 67
« Décentralisation » in Encarta Edition
2004.
* 68 Madeleine Grawitz,
2000 : Lexique des sciences sociales, 7ème
édition, Paris, Dalloz, P. 121
* 69 Ibidem
* 70 Jacques Habib Sy, Ibid,
P. 5
* 71 D. J. Sullivan, op.cit,
P. 4
* 72 De Villers, 1996 :
« Informel et développement : contribution à un
débat » in Revue Université, Recherche et
Développement : Organisations économiques et cultures
africaines, Numéro Spécial 5-6-7, Université de
Saint-Louis, Harmattan, P. 80
* 73 Abdoul Wahab
Cissé, 2001-2002 : Impact socio-économique des
activités du secteur informel dans le budget des collectivités
locales sénégalaises : le cas de Saint-Louis,
Saint-Louis, Université Gaston Berger, Thèse pour le Doctorat de
3ème cycle en Sociologie, P.45
* 74 Sémou
Pathé Guèye, 1994 : « Science, Culture et
Développement » in URED, n°3, mars 1994. P.2
* 75 Dictionnaire
Universel, 1995, Paris, Hachette/EDICEF, P.459
* 76 Ibidem
* 77 Ibidem
* 78 Ibidem
* 79Patrick Menget, 1993:
« Fonction et Fonctionnalisme » in Encyclopedia
Universalis, Corpus 09 : Etymologie-fungi imperfecti, Paris, EU, PP.
608-611.
* 80 Ibidem
* 81 Ibidem
* 82 Ibidem
* 83 Bruno Lautier, op. cit.
P. 13
* 84 Ibidem
* 85 Abdoulaye Niang,
1997 : « Le secteur informel en milieu urbain, un recours
à la crise de l'emploi » in Ajustement structurel et emploi
au Sénégal, Dakar, CODESRIA, P. 35
* 86Op.cit. P. 36
* 87 Rudolf Bicanic,
avril-juin 1966 : « Comment ne pas développer un
pays : Essai de pathologie économique » in Revue
Trimestrielle Tiers-monde : Croissance, Développement,
Progrès : Blocages et freinages de la croissance et du
développement, Tome VII, n° 26, Paris, PUFP.265
* 88 Bruno Lautier, op. cit.
P. 16
* 89 Rudolf Bicanic, op.cit.
P.266
* 90 Assane Camara,
1997-1998 : Le secteur informel : cadre d'insertion
économique et sociale pour les jeunes : le cas des
`vélos-taxis' de Kaolack, Saint-Louis, UGB, P.19
* 91 Bruno Lautier, idem
P.102
* 92Gabriel Boissy,
1996 : « Annexe : Le secteur informel au
Sénégal » in Géographie.
Sénégal.. PP. I-VI
* 93 Abdoulaye Niang,
1996 : « Le secteur informel, une réalité à
réexplorer : ses rapports avec les institutions et ses
capacités développantes » in Africa Development,
Volume XXI, No 1, P. 57
* 94 Danielle Ruquoy,
1995 : « Situation d'entretien et stratégie de
l'interviewer » in Pratiques et méthodes de recherche en
sciences sociales, Paris, Armand Colin, P. 34
* 95 Luc Albarello,
1995 : « Recueil et traitements quantitatifs des données
d'enquêtes » in Pratiques et méthodes de recherche en
sciences sociales, Paris, Armand Colin, P. 39
* 96 Bouna WARR et Ousmane
SOW, Juillet 2000 : L'économie locale de Richard-Toll 1999,
Club du Sahel de l'OCDE et Conseil Municipal de Richard-Toll, P. 15
* 97 La frégate
royale, la Méduse, partie de Rochefort pour coloniser le
Sénégal, fait naufrage au large des côtes d'Afrique le 02
juillet 1816. 149 rescapés du naufrage passent douze jours
entassés sur un radeau de fortune, sans vivres, jusqu'à ce que
l'Argus, lancé à leur recherche, les retrouve et recueille une
quinzaine de survivants parmi lesquels le Colonel Schmaltz surnommé
« rescapé du radeau de la
Méduse ».
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