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Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc

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par Seloua GOURIJA
Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007
  

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I.3.1.2. Les limites

Il sera possible de rendre la croissance plus durable, par une méthode d'évaluation du caractère durable des investissements et des activités touristiques.

Pour obtenir cet objectif, la réalisation d'une grille de lecture des projets touristiques à partir des indicateurs du développement durable spécifiquement adopté au contexte du tourisme de chaque pays et de chaque région pourrait être nécessaire255(*).

Cette méthode repose sur trois phases principales : la première est de réaliser des analyses comparatives des indicateurs de développement durable à tous les types d'entreprises touristiques, par l'intermédiaire d'une enquête orientée vers les stations et les zones touristiques tests, puis de sélectionner les indicateurs les performants, c'est-à-dire les plus praticables. Le nombre doit être limité et enfin de proposer une grille de lecture du tourisme durable.

Les indicateurs sélectionnés seront évalués afin de déterminer des ratios de référence correspondant aux différentes zones géographiques et aux différentes stations. Cette évaluation tient compte de l'approche économique, financière, commerciale, sociale, environnementale, culturelle et touristique.

Grille de lecture des projets touristiques : indicateurs

INDICATEURS DE TOURISME DURABLE

EVALUATION DES PROJETS256(*)

EVALUATION DE REFERENCE257(*)

RESULTAT258(*)

Indicateur d'impact physique

 
 
 

Indicateur de traitement des déchets liquides

 
 
 

Indicateur de traitement des déchets liquides

 
 
 

Indicateur de consommation d'eau

 
 
 

Indicateur de visuel

 
 
 

Indicateur de création d'emplois

 
 
 

Indicateur de formation continu du personnel

 
 
 

Indicateur de fréquentation locale

 
 
 

Indicateur de sécurité

 
 
 

Indicateur de santé

 
 
 

Indicateur d'impact sur les productions locales

 
 
 

Indicateur de maîtrise du développement

 
 
 

Indicateur de tourisme culturel

 
 
 

Indicateur de nouvelles technologies

 
 
 

Information (protection des enfants)

 
 
 

Existence d'une convention du travail

 
 
 

Source : Groupe Développement, Grille de lecture des projets touristiques à partir des indicateurs du tourisme durable, Paris (2001).

Les ratios sélectionnés sont les suivants pour la grille de lecture des projets touristiques à partir du tourisme durable.

Grille de lecture des projets touristiques : ratios

RATIOS DE TOURISME DURABLE

EVALUATION DES PROJETS

EVALUATION DE REFERENCE

RESULTAT

% Superficie à usage touristique/superficie totale

 
 
 

% de déchets liquides traités

 
 
 

%de déchets solides traités

 
 
 

Consommation d'eau par chambre

 
 
 

Hauteur moyenne et maximale des constructions

 
 
 

Création d'emplois par chambre/place

 
 
 

% du personnel suivant une formation continue

 
 
 

%de fréquentation locale (CA)

 
 
 

Taux de délits par touristes (%)

 
 
 

Distance du médecin le plus proche

 
 
 

% d'achats locaux/ achats totaux

 
 
 

Participation à des actions concertées de protection du milieu

 
 
 

% de dépenses culturelles

 
 
 

Existence d'un accès aux nouvelles technologies (Internet)

 
 
 

Existence d'une information sur la protection des enfants

 
 
 

Existence d'une convention du travail

 
 
 

Sources : Groupe Développement, Grille de lecture des projets touristiques à partir des indicateurs du tourisme durable, Paris (2001).

On peut distinguer deux catégories d'indicateurs et qui doivent être privilégiés :

- Les indicateurs environnementaux : sont essentiels pour la planification du développement durable d'après les travaux réalisés par l'O.M.T., le P.N.U.E. et le Groupe de Développement, cinq types d'indicateurs environnementaux peuvent être proposés : les indicateurs de fragilité des éco-systèmes et de biodiversité ; de traitement des déchets ; d'intensité d'utilisation du sol ; d'utilisation de l'eau ; de protection de l'atmosphère.

- Les indicateurs sociaux et économiques : l'impact du tourisme sur le milieu socio-économique constitue un des enjeux majeurs du développement touristique durable.

Ces indicateurs doivent permettre d'évaluer dans quelle mesure le tourisme peut s'insérer dans le milieu et les habitudes de vie des populations locales, de manière à ce que le tourisme se développe parallèlement aux autres secteurs d'activité économique et bénéficie directement au développement local.

Cinq types d'indicateurs sociaux peuvent être déterminés : l'indicateur de pression économique, d'impact social, de satisfaction des populations locales, de sécurité et de santé publique.

Les résultats attendus consistent à proposer de nouveaux outils d'évaluation. La grille de lecture doit permettre de réaliser un classement des projets touristiques et de mettre en place des outils d'observation permanents au service de la politique de développement.

En somme, le développement durable a suscité une nouvelle demande d'indicateurs en même temps qu'il est venu rajouter un élément de complexité à un domaine qui n'était déjà pas bien stabilisé. La nature de cette notion induit de prendre des précautions méthodologiques.

Les indicateurs de développement durable doivent traduire la double nature normative et évaluative du développement durable259(*). Dans une perspective normative, le développement durable est un projet que l'on cherche à atteindre, (celui défini par l'Agenda21 par exemple), et les indicateurs ont pour objectif d'estimer le degré de réalisation de ce projet. Les critères de durabilité et non durabilité font l'objet d'un certain consensus. La perspective de l'évaluation retenue n'implique pas de définition de ce que doit être le développement durable. Elle s'intéresse plutôt à évaluer les trajectoires de sociétés sans porter de jugement de valeur sur les priorités que l'on se donne dans la construction d'indicateurs. Ces derniers dépendent également de l'idée que l'on a de l'importance des différents enjeux et de la gouvernance.

Cette dépendance influence les méthodes d'évaluation et modifie considérablement les besoins en termes d'indicateurs, car les acteurs sont différents et leurs priorités sont multiples et variées. Effectuer une sélection d'indicateurs par catégories d'acteurs est parfois une solution si l'on vise une profession particulière, mais ce n'est pas le cas pour un territoire puisque les acteurs y sont multiples.

On comprend bien que les approches actuelles mélangent les deux perspectives. La subjectivité de ces indicateurs est donc très forte, liée à la conception personnelle du développement durable des initiateurs de la démarche.

Une autre source de confusion provient de l'absence de distinction entre un développement durable interne et un développement durable externe.

Dans le cas du tourisme, il s'agit à la fois d'évaluer la pérennité du tourisme par rapport à ses propres objectifs et priorités, ainsi que sa participation à des objectifs de développement et à une gestion planétaire qui lui sont extérieurs. Privilégier l'une ou l'autre approche ferait déséquilibrer la démarche. S'occuper uniquement des questions internationales, c'est s'exposer à un désintérêt des acteurs locaux ou sectoriels.

La contrainte est donc de prendre à la fois en compte les enjeux communs soulevés par le développement durable et les intérêts des destinataires des indicateurs.

On retrouve cette tension entre contraintes externes et priorités internes dans l'équilibre à trouver entre approche locale et globale. Comment diffuser les préoccupations planétaires dans les pratiques des acteurs locaux sans remettre en cause leur autonomie ?

Un consensus des responsables privés et publics est nécessaire afin que, même pour les PME, l'objectif du développement durable devienne une réalité dans le secteur touristiques et que les conditions d'une croissance plus durable soient mises en place.

Il faut établir une liaison permanente entre les politiques et régionales de la planification du développement touristique durable et les programmes d'investissement des opérateurs privés.

Par conséquent, la recherche d'un référent commun est difficile. La recherche d'un développement durable étant censée concerner tous les acteurs, il paraît logiquement souhaitable qu'ils s'accordent sur les jeux et les matières de les aborder.

Or, au-delà de la simple référence dans les discours à l'Agenda 21, c'est la diversité des approches et le manque de coordination des initiatives qui semblent l'emporter. Cela tient tout d'abord au fait que le choix des indicateurs est lié aux multiples visions du développement durable de celui qui construit ces indicateurs. En second lieu, cela est dû au fait que le choix des indicateurs dépend du niveau spatial auquel on s'intéresse (international, national, régional, local) les problèmes et les priorités différent.

Prendre en compte la diversité des situations tout en gardant un référent commun, porter un jugement sans trancher sur la question de la durabilité, expliciter ses hypothèses, trouver un équilibre entre approche descendante et ascendante : la construction d'indicateurs de développement durable est un véritables travail d'équilibrisme (d'harmonisation) .

Plusieurs tables d'indicateurs ont été conçues pour orienter le diagnostic et la planification selon la logique du développement durable. L'Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T.)260(*) propose des indicateurs où l'on retrouve les quatre dimensions clés du développement local durable, à savoir : la dimension environnementale, économique, sociale et éthique. D'autres institutions ont conçu d'autres tables, même s'il y a plusieurs points communs entre elles, en particulier pour le tourisme ceux de l'AFIT (Agence Française de l'Ingénierie Touristique), le Plan Bleu pour la méditerranée, les indicateurs de Groupe Développement, à côté des indicateurs de la Banque Mondiale et de l'ONU pour le développement humain, et l'IFEN (l'Institut Français de l'Environnement) pour le volet environnemental.

En somme, la construction d'indicateurs permet au tourisme dans une perspective de durabilité de rester étroitement lié à la maîtrise des équilibres environnementaux et sociaux au sein du territoire261(*).

Le modèle proposé par l'O.M.T. pour la construction d'indicateurs de tourisme durable suppose les étapes suivantes pour la définition d'une table d'indicateurs :

1. délimiter le territoire ;

2. identifier les atouts touristiques du site ;

3. identifier les questions clé (répertorier les obstacles majeurs qui se posent au développement durable ;

4. sélection des indicateurs ;

5. connaître la disponibilité des données pour le calcul des indicateurs et la détermination de leurs sources ;

6. collecter et analyser les données.

A côté de ces critères, il est important de souligner qu'un bon indicateur doit donner une représentation cohérente de mécanismes complexes sous une forme qui peut aider les décideurs et non pas les troubler 262(*).

Dans ce contexte, l'O.M.T. suggère cinq critères généraux d'évaluation pour construire ces indicateurs, à savoir :

1. disponibilité des données de départ ;

2. crédibilité et compréhension facile de l'indicateur ;

3. capacité de l'indicateur d'assurer des comparaisons dans le temps et dans l'espace ;

4. capacité de prévision et de mesure des tendances à long terme ;

5. attractivité politique de l'indicateur pour sa viabilité.

En tant qu'instrument d'aide à la décision, l'indicateur peut être utilisé aussi bien dans le cadre de la gestion que de la politique. Ceci, étant, c'est chose dangereuse que de penser que les indicateurs ont une capacité de réponse illimitée. Les impératifs d'adapter l'usage des indicateurs aux contextes locaux supposent beaucoup de vigilance quant à leur application dans les pays en développement où la disponibilité des données, leur fiabilité et leur actualité semblent constituer un véritable obstacle devant la banalisation (standardisation) de cet instrument de politique touristique.

Conclusion

En début de XXIe siècle, le développement durable est la preuve d'une prise de conscience, plus ou moins universelle, qu'il faut mieux maîtriser l'action des hommes sur la planète Terre.

Il ne semble plus possible de consommer les ressources naturelles de manière illimitée sans risque majeur pour l'humanité. La préservation de l'environnement est au centre des préoccupations écologiques et patrimoniales d'associations ou d'institutions aussi diverses que Greenpeace, le WWF ou l'UNESCO263(*).

Comme nous l'avons vu, le tourisme est concerné très directement par ses impacts sur l'environnement. On peut relever l'apparente contradiction à faire coexister un cycle de vie touristique avec le tourisme durable. La notion de durabilité n'est pas non plus toujours perçue de la même manière par les différents acteurs professionnels, institutionnels et touristes. Les entreprises touristiques se remettent quotidiennement en question, et en cas de défaillance, c'est toute une chaîne socio-économique et territoriale qui peut être mise en péril.

La complexité et la multiplicité des paramètres en jeu nécessitent une approche à la fois stratégique et concrète du tourisme durable. Grâce à la « boîte à outils », c'est-à-dire tous les indicateurs et indices propres à chaque type de paramètre, il peut devenir raisonnable, à court et à moyen termes, d'élaborer une stratégie touristique durable.

Section II. L'écotourisme : un nouveau paradigme ?

Au cours des dernières décennies, on assiste à la plus forte progression de tourisme orienté vers la nature. Mais, si elle a des impacts bénéfiques sur les régions visitées, cette croissance augmente indéniablement le risque d'effets nuisibles sur les écosystèmes, qui se trouvent fragilisés par l'intérêt grandissant des touristes pour les régions relativement inexploitées de cultures différentes et d'écosystèmes uniques.

Ainsi, dans une perspective de conservation, l'écotourisme peut représenter une solution de rechange efficace au développement touristique traditionnel, en mobilisant les ressources nécessaires à la protection de la biodiversité et en développant des équipements ou des infrastructures d'une manière responsable, c'est-à-dire à une échelle qui soit appropriée à la situation culturelle et écologique régionale.

En corollaire, il ne devrait pas y avoir de développement écotouristique dans les régions présentant une trop grande vulnérabilité écologique ou culturelle.

Dans ce sens, l'écotourisme mérite une attention particulière, non seulement parce que c'est le secteur de l'industrie du voyage qui a la croissance la plus rapide, mais parce qu'il constitue une nouvelle approche alliant la protection des zones naturelles menacées avec l'occasion, pour les communautés locales, de participer à leur propre développement.

En somme, l'écotourisme peut être vu comme effort de collaboration entre les communautés locales, les intervenants touristiques et les protecteurs de la ressource, dont l'état, pour préserver les espaces naturels qui servent de support au développement régional.

La présente section porte sur le concept d'écotourisme. Nous verrons d'abord ce que ce concept d'écotourisme signifie ainsi ses impacts. Puis nous présenterons différentes définitions concernant d'autres termes à savoir : le tourisme solidaire et responsable.

II.1. Origines, définitions et concepts

II.1.1. Genèse de l'écotourisme

L'écotourisme s'est développé dans la foulée du mouvement environnemental qui est apparu au début des années 1970. L'intérêt croissant du public pour l'environnement et les voyages orientés vers le plein air, couplé avec la croissante insatisfaction envers le tourisme de masse, a montré à l'industrie du tourisme qu'il y avait une place pour l'écotourisme. De même, la compréhension et l'acceptation des principes de conservation de la nature et de durabilité par une portion grandissante de la population a également participé à l'évolution du terme « écotourisme ».

Il n'y a pas de consensus sur l'origine du terme écotourisme. Selon certains auteurs, il serait apparu pour la première fois en langue anglaise dans un article de ROMERIL (1985)264(*).

Cependant, l'écologiste mexicain CEBALLOS-LASCURAIN a utilisé le mot espagnol ecoturismo encore plus tôt, alors que le Service National des Forêts du Canada faisait, dès 1973, la promotion d'écotours le long de la Transcanadienne. Récemment, ce terme est utilisé dans un article de HERTZER 265(*) (1965) pour expliquer la relation complexe entre les touristes et l'environnement et les cultures avec lesquelles ils interagissent.

C'est BUDOWSKI (1976)266(*) qui est généralement cité comme le pionnier concernant le concept même d'écotourisme. Dans son article Tourism and Environmental Conservation : Conflit, Coexistence or Symbiosis ? BUDOWSKI reconnaît que la relation entre le tourisme et l'environnement naturel267(*) tend à être conflictuelle, mais que le potentiel existe pour une relation basée sur les bénéfices mutuels. Sa description de la relation symbiotique qui pourrait s'en suivre ressemble à l'idée contemporaine qu'on se fait de l'écotourisme, sans toutefois utiliser le terme. La dissémination du terme et du concept est souvent associée à BOO268(*).

Alors que cette association tourisme - environnement naturel n'est pas sans poser de problèmes. De nombreuses études ont montré que le développement du tourisme peut apporter des nuisances, être source de destructions, dégrader les écosystèmes. Pourtant, on sait moins qu'il peut être également un moyen d'entretenir des espaces naturels et de sauvegarder des espèces animales et végétales en voie de disparition.

Il peut y avoir, en effet, une «conscientisation des populations locales pour mieux gérer leur patrimoine environnemental, dans la mesure où celui-ci peut devenir source de profits. C'est ainsi que dans les Alpes du sud 269(*), dans le cadre du tourisme vert, se met en place le sylvotourisme270(*). Ce dernier illustre une nouvelle manière de considérer le tourisme, en ayant pris conscience des effets « positifs » et « négatifs » qu'il peut générer pour les sites naturels et les populations concernées.

Complémentairement aux initiatives publiques (création de parcs naturels régionaux et nationaux), des initiatives privées se multiplient afin de promouvoir cette forme de tourisme qui s'inscrit nécessairement dans le cadre plus vaste du développement d'un tourisme rural « soutenable ».

Par ailleurs, il apparaît que cette prise de conscience des populations « indigènes » est liée à une conscientisation plus générale centrée sur la relation homme - nature, qui n'est pas le seul fait des populations occidentales, mais aussi des populations du « tiers monde ». Elle peut s'exprimer soit par l'acceptation, soit par le rejet du développement de l'écotourisme selon les types d'acteurs et leur implication dans la relation tripartite : tourisme, environnement, développement.

En somme, l'écotourisme est un concept ambigu qui, selon le point de vue adopté, se définit comme une activité, une philosophie ou une stratégie de développement.

Comme le concept de développement durable que nous avons défini dans le chapitre précédent, l'écotourisme semble endosser non pas une définition officielle unique, mais plusieurs.

II.1.2. Définitions d'écotourisme 

L'écotourisme est souvent décrit comme une forme de tourisme « à forte motivation ». Il n'y a pas de définition universelle de l'écotourisme, généralement considéré comme un « tourisme favorable à l'environnement » ce qui, sur un plan pratique, est diversement interprété selon le pays.

L'écotourisme comme expérience vécue, constitue une façon autre de voyager, représentant un nouveau courant de penser le développement et l'expérience touristiques, il intègre les principes d'un tourisme durable. Ce qui signifie à la fois protection de la nature, respect des identités culturelles et responsabilisation des intervenants locaux et autres.

L'écotourisme, comme paradigme disciplinaire en émergence, chapeaute actuellement plusieurs niveaux d'analyse et d'applications, soit dans une perspective de la demande touristique, de développement de nouveaux produits et services dont certains s'apparentent à du tourisme d'aventure, soit aussi comme stratégie de développement durable et de développement régional. Mais quelle est la véritable nature de l'écotourisme ? En quoi consiste son sens propre ? Comment expliquer cet engouement actuel pour un tourisme orienté vers la nature ?

L'écotourisme peut prendre des significations différentes selon la conception qu'un individu a de sa relation avec la nature et cette conception relève de la culture sociale de l'individu, elle-même étant partie de l'épistème de sa société et de son temps.

Dans cette perspective disciplinaire, ce qui caractérise l'écotourisme en général est une gouvernance intégrée des ressources naturelles et humaines qui tient compte des intérêts particuliers des différents acteurs, incluant l'expérience recherchée par les visiteurs. Il englobe les grands paramètres qui définissent ce nouveau type de tourisme, notamment les dimensions de développement durable, développement régional et démocratie participative271(*).

LEQUIN272(*) identifie trois définitions de l'écotourisme recensées dans les ouvrages scientifiques selon leur orientation principale, soit en fonction de la demande touristique, de la ressource à protéger ou de la communauté d'accueil.

La définition axée sur la demande : selon CEBALLOS-LASCURAIN273(*), l'écotourisme est : [...] Une forme de tourisme qui consiste à visiter des zones naturelles relativement intactes ou peu perturbées, dans le but précis d'étudier et d'admirer le paysage, et les plantes et animaux sauvages qu'il abrite, de même que toute manifestation culturelle (passée et présente) observable dans ces zones. Dans cette perspective, le tourisme axé sur la nature signifie une méthode d'approche scientifique, esthétique ou philosophe du voyage, quoiqu'il ne soit pas nécessaire que l'écotouriste soit un scientifique, un artiste ou un philosophe de profession. Ce qui compte par-dessus tout, c'est que la personne qui s'adonne à l'écotourisme ait l'occasion de se tremper dans un environnement naturel auquel elle n'a généralement pas accès en milieu urbain274(*).

Dans cet énoncé, trois éléments permettent de préciser le caractère spécifique de la demande écotouristique :

1) Il s'agit de voyages dans des parcs, réserves ou toutes autres zones naturelles protégées ou non par une loi.

2) La principale motivation est de satisfaire un besoin cognitif et affectif de se ressourcer dans un milieu naturel à la fois unique et évocateur.

3) Elle répond à un besoin d'évasion, une expérience relaxante, lion du stress quotidien et du rythme imposé par les milieux urbains.

La définition axée sur la ressource : en l'absence de définition claire et reconnue, cette perspective retient quatre définitions de l'écotourisme qui, tout en englobant certains aspects de la demande, portent prioritairement sur la dimension ressource.

L'énoncé de la California Lesgislature soutient que l'écotourisme, tout en n'ayant qu'un faible impact sur l'environnement, peut constituer une force dynamique de préservation de la ressource : « l'écotourisme est une forme de voyage dont l'objectif principal consiste, pour les voyageurs, à admirer les paysages naturels et les manifestations culturelles d'une région spécifique, tout en minimisant les impacts négatifs que pourrait occasionner une telle visite. Dans son sens le plus large, l'écotourisme constitue une approche selon laquelle les touristes peuvent idéalement concourir à la préservation de la nature.275(*) ».

Une deuxième définition, celle de K. KREHER du German National Tourist Office, est également axée sur la ressource. Le principal intérêt de cette est qu'elle établit une distinction, voire une opposition, entre écotourisme et tourisme de masse :  « [...] Toute forme de tourisme qui réduit au minimum le stress sur l'environnement et minimise la consommation des ressources naturelles [...] Le tourisme de et la concentration saisonnière sont des éléments incompatibles avec ces principes. »276(*)

L'originalité de K. KREHER est double : premièrement, il indique le seuil de développement écotouristique qui serait approprié et, deuxièmement, il considère le caractère élitiste de ce type d'activité touristique.

On décrit généralement l'écotouriste comme une personne âgée de 45 à 65 ans, qui provient d'un milieu urbain, possède un diplôme secondaire et même universitaire, dispose d'un revenu et d'un pouvoir d'achat élevés, est généralement indépendante financièrement ou encore retraitée. Les écotouristes voyagent plus souvent, plus loin et plus longtemps que les autres touristes. Une brève expérience dans un paysage naturel et peu aménagé représente pour eux une occasion exceptionnelle de stimuler leur sensibilité à la nature, de mieux comprendre et de contribuer à la protection de ces lieux uniques.

Dans cette même perspective, pour la Société Internationale de l'Ecotourisme277(*), l'écotourisme c'est : « une forme de tourisme responsable qui contribue à la conservation d'un environnement naturel ainsi qu'au bien-être des communautés locales »278(*).

En plus de la protection des ressources naturelles, on reconnaît l'importance de protéger et d'améliorer la qualité de vie des communautés locales.

De façon similaire, SCANE, GRIFONE et USHER ont proposé une définition de l'écotourisme qui intègre aussi ces valeurs et préoccupations :  « l'écotourisme représente une expérience de voyage qui permet de découvrir la nature et de contribuer à la conservation des écosystèmes tout en respectant l'intégrité des communautés hôtes. »279(*)

Deux objectifs importants ressortent de ces définitions axées sur la ressource et ajoutent au concept d'écotourisme :

1) Il faut préserver et non pas altérer l'environnement.

2) Il faut générer des bénéfices économiques qui rendent la conservation des ressources naturelles avantageuse pour les collectivités locales.

La définition axée sur la communauté hôte :

On trouve la définition de BUTLER280(*) qui s'inscrit dans une logique de développement durable et de développement régional. Il considère : « l'écotourisme comme une forme de tourisme viable à long terme, à la condition qu'elle ne dégrade pas l'environnement physique et humain dans lequel elle prend place, et qui peut contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations locales ainsi qu'à la diversification de leurs activités économiques ».

La définition qui nous apparaît être la plus englobante, est celle de ZIFFER, en ce qu'elle tient compte, non seulement de la demande et de la ressource, mais également des populations d'accueil : « l'écotourisme est une forme de tourisme qui s'inspire principalement de l'histoire naturelle d'une région, incluant ses cultures indigènes. L'écotouriste est celui qui visite des régions relativement peu développées dans un esprit d'appréciation, de participation et de sensibilisation. L'écotouriste pratique une forme de tourisme qui est non consommatrice de ressources naturelles et fauniques ; il participe directement à la conservation du site ainsi qu'à l'amélioration du bien-être économique des populations locales, par les travaux qu'il effectue et au moyen de contributions financières. Le séjour de l'écotouriste devrait renforcer son sens de l'appréciation, son engagement face aux questions de conservation en général et à l'égard des besoins spécifiques des collectivités locales. L'écotourisme implique également une approche de gouvernance par les pays ou la région hôte, lequel ou laquelle s'engage à établir et à maintenir des sites, avec la participation des populations locales, à les mettre en valeur de façon appropriée, à faire respecter la réglementation, ainsi qu'à utiliser les bénéfices des entreprises pour financer l'aménagement du territoire et le développement de la communauté. 281(*)».

Donc, l'écotourisme a pour objectif de répondre aussi bien aux besoins du touriste, qu'à ceux de la ressource et de la communauté d'accueil. Cette conception incite à planifier et à gérer un projet de développement écotouristique en minimisant les dommages aux processus écologiques, en améliorant les conditions économiques et sociales des communautés d'accueil et en offrant une expérience de qualité aux touristes.

Alors que les premières définitions de l'écotourisme mettaient l'emphase sur une proximité recherchée avec la nature par les touristes, les définitions plus récentes ont plutôt cherché à mettre en lumière une variété de principes associés au concept de développement durable. On admet actuellement que l'écotourisme englobe les principes du tourisme durable en ce qui concerne les impacts de cette activité sur l'économie, la société et l'environnement et qu'en outre, il comprend les principes particuliers suivants qui le distinguent de la notion plus large e tourisme durable :

- L'écotourisme contribue activement à la protection du patrimoine naturel et culturel.

- L'écotourisme inclut les communautés locales et indigènes dans sa planification, son développement et son exploitation et contribue à leur bien-être.

- L'écotourisme propose aux visiteurs une interprétation du patrimoine naturel et culturel.

- L'écotourisme se prête mieux à la pratique du voyage individuel ainsi qu'aux voyages organisés pour de petits groupes.

En résume, une analyse des définitions nous amène à considérer trois dimensions qui constituent l'essence même du concept d'écotourisme :

- Un tourisme axé sur la nature ;

- Une composante éducative ;

- Un besoin de durabilité.

L'écotourisme comme nouveau phénomène social apparaît comme un moyen de réhabilitation du tourisme et du « touriste », une reconsidération du phénomène touristique autre que sous l'angle uniquement des « méfaits du tourisme ». Ceci dans la mesure où l'écotourisme contribue, par définition, à rehausser le niveau de sensibilisation des visiteurs et des responsables du développement à la protection de la nature, à améliorer la qualité de vie des populations locales et à favoriser des relations entre les visiteurs et les visités qui soient fondées sur le respect et la reconnaissance réciproque dans un contexte de découverte d'un patrimoine naturel et culturel.

Le fil conducteur de ces diverses définitions du concept émergeant d'écotourisme est qu'il est essentiellement centré sur une valorisation de la nature physique et humaine des lieux choisis, qui prend implicitement la forme d'un « contrat naturel 282(*)», non pas comme une morale normative, mais comme une expérience empreinte d'une démarche de prudence et de sagesse et de réciprocité avec ces entités.

La prochaine étape de progression dans l'analyse porte sur les répercussions possibles de l'écotourisme sur la culture, l'économie et l'environnement. Mais avant, il faudra éclaircir la relation d'écotourisme avec d'autres formes de tourisme.

II.1.3. Les spécificités de l' écotourisme

Il ne faut pas oublier que l'écotourisme est d'abord et avant tout une forme de tourisme et qu'en ce sens, il convient de le situer plus précisément par rapport aux autres formes de tourisme auxquels il est souvent confondu, soit principalement le tourisme axé sur la nature, le tourisme d'aventure et le tourisme culturel.

Alors que le tourisme axé sur la nature et le tourisme d'aventure sont plutôt définis sur la base des activités récréatives des touristes, l'écotourisme est défini aussi, sinon plus, par les bénéfices qu'il est susceptible d'apporter, tant à la conservation des écosystèmes qu'aux communautés locales.

Comme nous l'avons mentionné précédemment, l'écotourisme est étroitement lié au milieu naturel. Il importe par contre de distinguer l'écotourisme du simple tourisme nature.

Comme le souligne HONEY 283(*), il y a fréquemment un flou concernant les frontières entre le tourisme axé sur la nature et le concept multidimensionnel d'écotourisme. L'écotourisme adhère à des principes que la notion plus vague de tourisme axé sur la nature n'est pas tenue de partager. Tant dans la littérature que dans la pratique, on confond souvent les deux, considérant des formes de tourisme axé sur le milieu naturel comme étant de l'écotourisme sans répondre à ses principes. Le tourisme axé sur la nature se trouve à être une forme plus générale de tourisme d'aventure ou le tourisme axé sur la chasse ou la pêche.

L'écotourisme est ainsi vu comme une portion du tourisme axé sur la nature et la relation entre les deux peut être représentée de la façon suivante :

Tourisme axé sur la nature

Ecotourisme

Selon WEAVER284(*), pour être considéré comme du tourisme d'aventure, une activité ou un produit se doit d'incorporer trois éléments :

- Un élément de risque ;

- Un haut niveau d'effort physique ;

- Un besoin pour le touriste de posséder des habiletés spécialisées pour participer de façon sécuritaire à l'activité.

LEQUIN affirme : « Le tourisme d'aventure correspond généralement à une activité de plein air qui se pratique dans des zones naturelles peu développées où la nature sert de support, mais ne constitue pas un objectif en soi, contrairement à l'écotourisme. Il existe ainsi une différence d'attitude fondamentale entre l'observation de la nature comme c'est le cas de l'écotourisme, et la conquête de celle ci dans le cas du tourisme d'aventure. En somme, ces deux formes de tourisme recherchent un environnement de qualité mais pour des motifs différents : l'une pour l'observer et l'autre pour le conquérir. »285(*)

Certaines formes d'écotourisme peuvent être considérées comme du tourisme d'aventure. Par contre, pour plusieurs raisons, en général, le tourisme d'aventure ne se qualifie pas comme écotourisme. Premièrement, plusieurs activités de tourisme d'aventure ne sont pas axées sur la nature. Ensuite, comme c'est le cas pour le tourisme axé sur la nature, cette forme de tourisme ne nécessite pas de répondre à des critères de durabilité.

Une autre distinction concerne la nature de l'interaction entre le participant et l'attraction touristique : alors que l'écotouriste recherche une expérience éducative, le touriste d'aventure désire en premier lieu un environnement qui va faciliter le risque et l'effort physique tant recherchés.

Bien que l'écotourisme comporte généralement une composante culturelle, il n'est pas pour autant synonyme de tourisme culturel. Alors que ce dernier met l'emphase sur la composante culturelle, dans l'écotourisme, cet élément est la plupart du temps secondaire.

De plus, comme on le devine assez bien, l'expérience du tourisme culturel ne repose pas nécessairement sur le milieu naturel (la tournée des musées de Florence, par exemple). Considérant que le tourisme d'aventure et tourisme culturel peuvent parfois s'entremêler, comme c'est parfois le cas, par exemple, lors d'une activité de chasse en milieu autochtone où les techniques traditionnelles sont partagées avec les touristes, nous pouvons illustrer leur relation avec l'écotourisme de la façon suivante :

Ecotourisme

Tourisme culturel

Tourisme d'aventure

II.2. Les impacts de l'écotourisme

Le développement de l'écotourisme, comme toute autre forme de tourisme, nécessite la création d'infrastructures et l'afflux de personnes ayant des cultures, des valeurs et des besoins différents. Il est indéniable que ces changements ont des effets bénéfiques. Cependant, si les populations d'accueil, les développeurs et les protecteurs de la ressource n'essaient pas activement d'en contrecarrer les effets pervers potentiels, l'écotourisme peut aussi avoir des conséquences négatives sur le plan environnemental aussi bien sur le plan social.

Voyons maintenant est ce que l'écotourisme peut-il aider à sauvegarder l'environnement tout en favorisant le développement économique et social des régions concernées ? Cette question, qui constitue l'une des problématiques implicites de ce travail, est à l'origine de nombreux dossiers et reportages publiés dans la grande presse 286(*).

II.2.1. Les impacts sur les écosystèmes

En général, le tourisme est perçu comme responsable, du moins en partie, de la dégradation de l'environnement. Bien qu'il soit reconnu que la présence de visiteurs dans des régions naturelles entraîne une certaine dégradation de l'environnement, tous les auteurs ne s'accordent pas sur le degré de responsabilité du tourisme.

A partir des enquêtes faites dans divers parcs à la fin des années 1980, JENNER et SMITH 287(*) concluent qu'aucun impact majeur sur l'environnement des parcs à l'étude n'est attribuable à l'activité touristique. En réalité affirment-ils, la moitié des menaces environnementales provient de l'extérieur des parcs, comme les produits chimiques toxique ou les pluies acides. Il existe un bon nombre d'impacts peu visibles mais cumulatifs qui peuvent représenter une menace pour l'environnement comme les ordures domestiques et autres, la pollution de l'eau, l'érosion des sentiers et le braconnage.

D'autres impacts seraient encore plus subtils, comme le changement dans le comportement des animaux ou dans la variété des espèces. Le plus inquiétant, c'est qu'aucune méthodologie scientifique vraiment efficace n'existe pour évaluer ces changements résultant de l'activité touristique.

Il serait beaucoup trop fastidieux de nommer et décrire tous les effets négatifs pouvant être causés par l'écotourisme. HVENEGAARD 288(*) décrit par exemple une série d'impacts environnementaux négatifs causés par le tourisme lors de sa visite dans les aires protégées :

développement abusif, activités récréatives non contrôlées, perturbation de la faune, pollution, érosion. Cependant, ce qui est intéressant à noter, c'est que ces effets sont plus sérieux pour l'écotourisme que d'autres formes de tourisme, car celui-ci est très dépendant de la qualité de l'environnement.

Face à cet argument de menace environnementale, celui de préservation et d'éducation a été mis de l'avant par certains chercheurs, dont BOO et BUTLER. Selon ces derniers, en suscitant l'intérêt d'un grand nombre de visiteurs, des sites uniques peuvent réussir à accroître la sensibilisation de ces touristes aux beautés du paysage, les rendre ainsi plus conscients de la nécessité de protéger ces lieux et même parfois les inciter à oeuvrer dans ce sens. Cette forme de sensibilisation doublée d'un aspect éducatif permet aux visiteurs de vivre une expérience personnelle des plus enrichissantes et de devenir des ambassadeurs de la cause environnementale.

Selon l'O.M.T. et PNUE 289(*), l'écotourisme représente une des rares formes de développement touristique qui, sous certaines conditions, peut favoriser la protection des zones naturelles grâce aux programmes de conservation qu'il suscite et qu'il peut financer.

Pour cela, les outils de mesures des coûts et avantages écologiques sont largement des indicateurs composites qui permettent de déterminer la pression et l'intensité d'utilisation des sites d'écotourisme. L'O.M.T. a défini trois indicateurs composites qui sont particulièrement bien adaptés à la mesure des coûts et avantages écologiques de l'écotourisme 290(*). Il s'agit des instruments suivants : Indicateur de capacité de charge291(*), Indicateur de perturbation de site292(*) et Indicateur d'intérêt écologique293(*).

L'intérêt de ces différents indicateurs est qu'ils permettent d'assurer une véritable surveillance écologique des produits d'écotourisme et permettent également d'avoir une vision globale des différents produits crées sur un même espace géographique par plusieurs opérateurs.

Ainsi, les objectifs écologiques de l'écotourisme visent la conservation de la ressource à long terme, c'est-à-dire qu'un projet d'aménagement ou une activité devrait en principe contribuer à restaurer, à conserver ou à améliorer le milieu naturel en vue d'une utilisation durable.

L'écotourisme est un concept réaliste à la condition de bien connaître et de respecter la capacité de support des sites écotouristiques, et de pouvoir mettre en place des systèmes efficaces de planification et de contrôle. Ces activités de soutien et de régulation constituent la pierre angulaire des stratégies de gestion pour un écotourisme viable dans une perspective écologique.

II.2.2. Les impacts sur l'économie locale

De par son emphase sur les voyages individuels ou en petits groupes, il serait utopique de croire que l'écotourisme puisse insuffler une vigueur nouvelle à l'économie d'un pays en difficulté. Cependant, nous pouvons reconnaître le fort potentiel de cette activité à améliorer l'économie locale. Parmi les bénéfices de l'industrie écotouristique, la création d'emplois pour les personnes vivant à proximité des parcs de conservation.

L'écotourisme peut représenter une occasion pour les régions de diversifier leurs activités économiques tout en protégeant leurs ressources naturelles.

A titre d'exemple, au Kenya l'écotourisme a des répercussions positives sur le développement économique local et national. Le tourisme représente quelque 30% des échanges extérieurs de ce pays, c'est plus que le café ou le thé, et génère des revenus directs et indirects de presque 500 millions de dollars américains294(*).

Dans tout projet écotouristique, les retombées économiques peuvent avoir une importance toute particulière pour les populations locales. Toutefois, les exemples montrent que ces avantages ne prennent de la consistance qu'après de nombreuses années. Des études de cas démontrent par ailleurs qu'à court terme les recettes de l'écotourisme sont modestes et ne suffisent pas à financer la protection de l'environnement voulue pour conférer une haute qualité aux produits écotouristiques. Elles révèlent en outre qu'il est très difficile d'assurer la répartition des avantages financiers entre les intervenants du secteur privé et du secteur public.

Un des principaux problèmes reliés à l'économie touristique est la demande touristique. Il s'agit d'une demande touristique instable qui peut avoir des conséquences économiques néfastes dans des régions éloignées des grands centres, où les activités économiques sont peu diversifiées et les emplois, limités et souvent précaires.

Dans certaines petites localités, la population double avec l'arrivée des touristes, ce qui entraîne, durant leur séjour, une augmentation de la demande pour les produits locaux et favorise l'inflation du même coup.

D'autres part, le caractère saisonnier des activités peut engendrer une économie de dépendance étatique si l'écotourisme n'est pas utilisé comme tremplin pour générer d'autres activités économiques. Au contraire, cette industrie en expansion constitue une ouverture économique souhaitable pour les régions périphériques et moins industrialisées : l'écotourisme leur permet en effet de diversifier leur activité économique, sans tomber pour autant dans un tourisme de masse qui serait à l'opposé de l'écotourisme.

Ainsi, les objectifs économiques de l'écotourisme sont la productivité et la diversification des activités. L'activité économique découlant de cette industrie est ici considérée comme une composante essentielle de la durabilité d'une communauté. Si le tourisme n'a pas d'effets durables sur la communauté, l'industrie non plus ne sera pas viable.

Selon cette perspective, il faut reconnaître que l'écotourisme est une activité économique devant être reconnue comme un agent de développement et de changement ; et que le degré de consommation qu'on en fait est déterminé par le style de développement proposé par les acteurs.

II.2.3. Les impacts sur les populations locales

L'accroissement rapide du nombre de visiteurs dans un endroit précis a des répercussions sur les écosystèmes et l'économie, mais également des effets à caractère social et culturel sur les communautés locales, en les mettant en contact avec de nouvelles cultures et en devenant une source importante d'argent.

Or, les impacts socioculturels sont souvent plus difficiles à identifiés et à quantifier que ceux des deux autres domaines. A partir de quel moment, par exemple, une communauté est-elle en train de voir ses traditions s'effriter en raison du tourisme ? Comment déceler une modification de la structure sociale qui serait amorcée par les voyageurs ? Pour aborder cette question complexe, il est approprié de la définir d'abord.

Il est vrai que lorsque deux cultures se croisent, elles empruntent chacune des traits l'une de l'autre, ce qui n'est pas nécessairement négatif, sauf lorsque c'est la communauté d'accueil qui en adopte le plus sans discernement.

Selon NELSON et HARRIS 295(*), cela peut même avoir un effet de déculturation sur la communauté d'accueil, quand le tourisme devient un tourisme de masse. Le problème surgit généralement lorsque les communautés d'accueil qui vivent près des parcs se trouvent projetées dans un circuit touristique sans y avoir été préparées et sans retirer de bénéfice de cette activité. Il arrive aussi que la création d'un parc vienne bousculer la pratique de leurs activités traditionnelles, comme la chasse et la pêche qui sont souvent interdites sur ces sites de conservation.

En outre, les gouvernements ont longtemps évincé les populations locales de certains territoires sous prétexte de les rendre plus accessibles aux touristes. L'achat de terrains par des développeurs étrangers, souvent facilité par des politiques gouvernementales locales ou autres, peut également devenir source de conflits296(*) et de désagréments.

Un des impacts les plus néfastes que la présence des touristes peut avoir sur les communautés locales, à titre d'exemple, la commercialisation des rites culturels traditionnels, comme l'observation des cérémonies religieuses. C'est ce qu'on appelle « l'effet de Zoo », parce qu'il n'y a aucune interaction entre les visiteurs et les visités.

A l'opposé, il arrive que dans certaines régions, le grand Nord canadien par exemple, le tourisme constitue un instrument de revivification ou de revalorisation de pratiques culturelles parfois oubliées des autochtones, et contribue ainsi à redonner une fierté et à reconstruire une identité collective. Cependant, il faut reconnaître que les impacts sociaux sont difficilement mesurables quantitativement. Avec le temps, on arrive cependant à les apprécier de façon plus qualitative.

Les principaux objectifs sociaux liés à l'écotourisme sont de permettre à la communauté d'accueil d'améliorer sa qualité de vie, de satisfaire ses besoins d'information sur la ressource écotouristique et de participer à son propre développement.

Ces buts seront atteints dans la mesure où les communautés locales auront le pouvoir de décider et de participer à la réalisation de projets écotouristiques dans leur région, et de contribuer ainsi à leur propre développement, c'est-à-dire avoir recours à une gouvernance participative. Bref, pour éviter que le tourisme ait des impacts négatifs sur les communautés d'accueil, il faut consulter les populations locales et tenir compte de leurs intérêts, et cela dés la phase de conception d'un projet en écotourisme.

Conclusion 

En somme, avec l'industrie du tourisme propulsée en position de tête en terme de retombées économiques au niveau international et l'éveil de la population mondiale à l'importance de respecter et conserver le milieu naturel, l'écotourisme a vu sa popularité croître de façon phénoménale depuis la fin des années 1980. Malgré sa relative jeunesse, l'écotourisme a su conquérir en peu de temps et le coeur et la tête de bien des gouvernements, ONG, communautés, intervenants en tourisme et chercheurs. Encore perçu à tort ou à raison comme une panacée aux problèmes de développement durable en milieu naturel et en régions isolées, l'écotourisme véritable est cependant bien difficile à définir et organiser.

Cette forme de tourisme emprunte trop souvent l'apparence du tourisme axé sur la nature ou d'aventure, laissant ainsi tomber les principes de bases qui sont des traits essentiels de sa personnalité. Devenu un outil de marketing fort puissant, l'écotourisme ainsi noyé parmi d'autres projets touristiques à plus faible « valeur ajoutée écologique et sociale » perd de son utilité comme outil alternatif de développement.

L'écotourisme fait rêver. Le voyageur se voit plongé dans une jungle luxuriante au coeur d'une aire protégée abritant des espèces rares et colorées. La communauté se voit reprendre possession de ses traditions et contrôler enfin son avenir. Le gouvernement se voit empocher une partie des bénéfices financiers tout en répondant à son désir profond d'adhérer aux principes d'un développement durable. Pour que ces rêves deviennent réalité, il faudra multiplier les efforts de consultation et de recherche afin de dissiper l'épais brouillard dans lequel baigne toujours l'écotourisme. Malgré les doutes et les remises en question qui secouent aujourd'hui ce domaine de recherche, l'écotourisme demeure une piste riche à explorer afin de concilier le développement socioéconomique de nos sociétés et la protection de l'environnement.

Section III. Considérations sur l'éthique du tourisme durable

Evoquée le plus souvent pour le traitement des questions médicales liées aux projets technologiques, l'éthique s'impose désormais dans les autres activités humaines.

Dans un contexte de mondialisation des échanges, le tourisme, situé à l'interface entre les règles du commerce multilatéral et les politiques et réglementations en matière d'environnement et de développement durable, n'échappent pas à cette règle. Problématique vaste et complexe, la question de l'éthique est au coeur du tourisme durable.

Cette prise de conscience nouvelle s'est développée progressivement depuis 1992, suite à la conférence de Rio et au Sommet de la Terre, suivis de la 7e session de la commission du développement durable à New York en 1999. Il est désormais clairement affirmé que le développement touristique durable nécessite la prise en compte de trois critères essentiels, d'ordre environnemental, socio-culturel et économique, dans le cadre d'une approche participative associant l'Etat, les opérateurs privés, la société civile et les autorités locales. A ces critères doivent être associés des impératifs éthiques.

Codes de bonne conduite, chartes d'éthique, plans et labels d'environnement, les dix dernières années ont été marquées, dans le domaine du tourisme, par la floraison d'instruments et de déclarations visant à intégrer les enjeux de l'environnement et du développement durable dans cette activité, affirmant plus ou moins consciemment une éthique du tourisme.

Quelle que soit l'origine de ce phénomène (spirituelle, morale et/ou marchande) ; il convient de le constater, de l'analyser afin d'en comprendre le sens. Cet effort est d'autant plus nécessaire que la confusion est grande dans des discours tournant autour de ces thèmes : « tourisme durable », « tourisme éthique », « écotourisme » tendent à devenir synonymes, ce qui ne facilite pas la compréhension de l'ensemble.

L'objectif de ce chapitre est aussi de s'interroger sur la signification de ce recours à l'éthique, sur sa pertinence par rapport aux enjeux posés par le développement durable et sur sa portée opératoire.

III.1. Tourisme et éthique

Tourisme et éthique sont deux concepts qui n'ont pas toujours été associés. La quête du profit et la conception des économistes ont été dominantes, jusqu'à une période récente. Ainsi, le tourisme de masse nie les valeurs éthiques, morales et culturelles de chaque personne prise individuellement, ce qui conduit au « pillage » des valeurs autochtones, aux heurts de civilisation, à l'échec de l'échange, à l'immoralité de l'échange et à l'exploitation de la pauvreté et de la misère.

La production d'un tourisme de masse, sans référence éthique ou morale autre que le plaisir à tout prix et à n'importe quel prix du client, pose aujourd'hui question. Ainsi, la Charte d'Ethique du tourisme propose des principes et établit des engagements pour les acteurs du tourisme, afin de garantir un développement durable et responsable de ce secteur. L'économie du tourisme est aujourd'hui revendiquée dans tous les pays et elle se développe dans le monde entier, avec l'essor des moyens de transports et la demande toujours croissante des loisirs.

En effet, le développement de la globalisation impose une ouverture rapide des territoires, des activités. Avec l'ouverture des frontières, le développement de l'ordre mondial du commerce et la société de l'information il est difficile d'ignorer ce qui se passe sur l'ensemble de la planète et la solidarité vis-à-vis des autres peuples grandit. Par contrecoup, ce mouvement ravive les peurs, les replis sur soi les égoïsmes pour protéger leurs richesses et leurs droits.

Le tourisme peut-être un terrain d'action privilégié pour rencontrer l'Autre, il semble même que cette attitude devienne l'une des composantes d'un tourisme nouveau. « Bronzer généreux » est le slogan actuel, en opposition au « bronzer idiot » qui a longtemps défini le tourisme balnéaire de masse. Le développement d'une éthique est à la fois le résultat d'un mouvement de refus de l'exploitation touristique qui accompagne la mondialisation et un effort pour privilégier la recherche d'un développement humain, nécessairement critique de celui pourtant dominant de l'économie de marché.

Le temps du tourisme est un temps privilégié, hors du quotidien, facteur d'expériences nouvelles. Le lieu des vacances est aussi la vie dans un territoire nouveau, un lieu de rencontre avec le patrimoine, l'environnement et l'idée que l'on doit transmettre toutes ces richesses aux générations futures. Le temps du tourisme est donc par essence un temps d'apprentissage, de formation de rencontre et de découverte d'information et de connaissance, en même temps qu'un instant de repos, de récupération provisoire par rapports aux exigences du travail.

Si l'exercice du tourisme peut être un temps d'apprentissage d'un comportement éthique, il ne peut se défaire d'une approche éthique pour répondre à l'évolution de la demande de produits touristiques d'une part et pour garantir son développement à long terme d'autre part. La critique du tourisme de masse et l'évolution de la demande vers des produits de qualité en relation avec l'impératif des quatre « E » (équipement, encadrement, événement, environnement) définis par P. CUVELIER297(*) , impose aujourd'hui une démarche citoyenne, voire éthique de la part des entreprises touristiques, dans une perspective de profits à plus long terme.

III.1.1. La responsabilité

Une démarche éthique repose sur la notion de responsabilité, c'est-à-dire sur le fait de s'assumer et d'assumer les autres. S'assumer signifie assumer sa liberté et les choix responsables qu'elle engendre. Assumer les autres signifie les reconnaître en tant que personnes responsables de leur destin, de leur vie. C'est aussi assumer une responsabilité vis-à-vis des générations futures en n'oblitérant pas leur possibilité de développement. Cette approche nous invite à envisager le développement d'activité en considérant les trois responsabilités suivantes :

III.1.1.1. La responsabilité vis-à-vis de l'Autre

La notion d'éthique renvoie à celle de responsabilité. Pour E. LEVINAS298(*) : « la responsabilité naît dans l'instant où l'autre m'affecte, et cette affectation me rend responsable malgré moi ».

La condition de liberté devient la responsabilité, responsabilité de soi et des autres, responsabilité de la prise en compte de l'altérité.

A. SEN 299(*) propose de transformer l'idée de liberté positive incluse dans le concept d'éthique, en capacités individuelles et collectives, ou titres sur la vie et le monde dont chaque personne dispose - des générations présentes et futures. L'Autre représente alors l'environnement social dans lequel fonctionne chaque individu. Cette responsabilité est aussi celle de l'agent économique et on peut parler de développement durable lorsqu'une population a la capacité de prendre en charge son destin. L'éthique du développement implique l'égale dignité de chaque personne. Et contrairement à la morale qui est normative, l'éthique repose sur les moeurs et les habitudes des populations. Une activité développée dans le cadre de l'éthique devrait être le prolongement naturel des réalités économiques, sociales et culturelles d'une communauté.

Nous trouvons de nombreuses formes d'irresponsabilité comme par exemple la prise de photos à la fête des fiancés au Maroc qui ont abouti à la répudiation des femmes dont les visages étaient vendus sur cartes postales.

Donc, le tourisme est un lieu de rencontre, de dialogue et de confirmation de celles-ci. Ceci impose une obligation d'informations de la part des firmes touristiques sur les limites de la rencontre, les valeurs et les interdits de chaque culture. De même, une formation pour les populations autochtones en vue d'assurer leur protection est nécessaire.

L'éthique du développement est liée à la reconnaissance de la personne comme sujet du développement. Dans ce contexte, on lui reconnaît une capacité à assumer ses préférences. Dans ce cadre, on ne peut que respecter et accompagner des pays qui développent un tourisme très ciblé et en petit nombre pour sauvegarder l'intégrité de leur culture. Si la notion d`éthique signifie responsabilité et respect, elle signifie aussi vigilance, veille, contrôle et évaluation. La responsabilité doit être organisée si l'on veut qu'elle s'installe de façon durable.

D'un autre côté, le tourisme est un ensemble de services relationnels et, à ce titre, il repose sur l'homme. Les échanges humains sont très importants aussi bien au niveau du réel qu'à celui du symbolique. Le tourisme est l'un des temps possibles pour connaître les différentes cultures des hommes à travers le monde et, à ce titre, c'est l'un des outils essentiels de la réduction du « choc des ignorances ».

La découverte d'autres sites, d'autres patrimoines devrait favoriser la rencontre d'autres hommes, de l'autre dans son altérité. S'interroger sur les enjeux du tourisme éthique conduit de façon évidente à poser le problème de la protection de l'environnement, mais il faut aussi de façon plus subtile mettre en place les conditions « d'un dialogue des différences ». Les voyages forment la jeunesse, disait MONTAIGNE Vivre ensemble veut dire percevoir l'autre comme un semblable tout en percevant et en acceptant sa différence.

La démarche éthique permet de mettre une limite, un périmètre à l'économie de marché et à l'uniformisation. L'universalisme qui accompagne le tourisme ne veut pas dire uniformisation, mais bien au contraire rencontre des particularités.

La responsabilité vis-à-vis de l'autre consiste aussi à lui donner les moyens de formation pour participer au développement des activités touristiques. La notion de qualité s'impose comme élément de concurrence des services. La formation et l'information sur ces standards participent à l'amélioration du capital humain.

III.1.1.2. La responsabilité vis-à-vis du collectif

Le tourisme repose en grande partie sur les différents patrimoines. Un patrimoine se définit par un lieu, ses caractéristiques environnementales, les hommes qui y vivent et leur culture. La culture se définit par l'ensemble des expressions d'une communauté sur un territoire, mais également par la spécificité des relations des hommes de cette communauté entre eux, entre cette communauté et le territoire, entre la communauté et l'extérieur.

Premièrement, considérer le territoire comme expression du tourisme, les notions du tourisme et territoire sont extrêmement liées. Le tourisme repose sur le service, lequel n'est ni stockable, ni transportable. On doit se déplacer auprès des lieux et donc des hommes qui y vivent pour « consommer » ce service. Le lien au local est obligatoire et immédiat. B. PECQUEUR300(*) parle d'une économie de proximité nécessaire pour gérer les activités humaines sur un territoire en contrepartie du développement de la mondialisation. La spécification du territoire devient alors un élément de sa compétitivité.

P. VELTZ301(*) parle des « lieux et des liens » pour appréhender la politique du territoire à l'heure de la mondialisation. Se faisant, il reconnaît d'une part l'importance des services et des réseaux, mais aussi celle de la compétitivité des territoires par l'organisation. C. PAVOT et H. ZAOUAL302(*) privilégient une approche du tourisme basée sur la prise en compte du sens commun partagé des acteurs de la situation sur un espace donné.

Dans ces conditions, le capital social désigne les réseaux, les normes communes, les valeurs qui facilitent la coopération à l'intérieur des groupes. Il peut être un élément d'évaluation de la dynamique d'un territoire et de la fragilité d'une communauté. La prendre en compte lors du développement d'activités touristiques devrait garantir une certaine durabilité de l'activité et la réduction des effets négatifs. Le niveau ou seuil du capital social permet d'évaluer la capacité des activités touristiques de participer ou non à son développement.

Pour développer le capital social, il faut améliorer le potentiel des organisations de la société civile. Dans le même temps, s'appuyer sur la particularité des relations sociales d'une communauté permet de singulariser le produit touristique. De plus, le tourisme est aussi un moyen de développement de l'économie solidaire, c'est-à-dire d'un ensemble d'activités contribuant à la démocratisation de l'économie à partir d'engagements citoyens.

Le recours à la population locale en matière d'hébergement, d'animation ou d'artisanat ou l'essor de micro-crédits pour la participation des femmes à ces activités sont autant de contributions à l'économie solidaire. Pourquoi ne pas instaurer pour le tourisme, le système du commerce équitable. On parle aussi de tourisme solidaire, alors que ce devrait être la règle d'or de toute activité et bien sûr de toute activité touristique. Les patrimoines, les cultures, bases du tourisme n'existent que parce que des hommes les ont pris en charge, construits, développes, entretenus et il serait normal que les habitants des lieux soient intégrés et rémunérés équitablement dans ce type d'activité.

Une autre forme d'irresponsabilité plus connue et plus organisée est la non prise en compte des besoins de la population locale, voire même l'attribution des surcoûts à cette population.

Les pays récepteurs du Sud dont les économies sont en transition ont souvent une organisation sociale et économique fragilisée. Ils sont les plus touchés par cette situation.

On déduit de ces considérations que le tourisme est un bien commun dont la population locale à la charge de gestion. Si la responsabilité du bien commun appartient à la communauté, le touriste est lié à cette gestion pendant le temps de séjour. Il a de ce fait une responsabilité dans la gestion globale du territoire et de sa vie sociale, mais il ne peut pas en déterminer les modalités. Le touriste doit se soumettre au bien commun défini par la population locale. Cependant, le développement d'activités touristiques peut augmenter la valeur de ce bien-être de la population.

De ce fait, le tourisme améliore les conditions de vie des individus par le règlement des problèmes d'accessibilité, notamment ceux des biens, aux services, des institutions, des relations avec autrui, des informations, des droits et de lutte contre la pauvreté des potentialités.

III.1.1.3. La responsabilité vis-à-vis des générations futures

Garantir et développer un patrimoine suppose un investissement dans le futur. La notion de développement soutenable, née de l'économie de l'environnement, renforce cette approche, en contestant le principe d'une croissance à tout prix. La multiplication des pollutions, le gaspillage des ressources naturelles et le risque que fait peser une industrialisation intensive ont amené certains économistes à contester le principe d'un développement uniquement marchand, fondé sur des valeurs de court terme.

Pour cela, la notion de tourisme soutenable implique un arbitrage d'une part entre les opportunités d'activités présentes et la transmission nécessaire d'un patrimoine aux générations futures, et d'autres part entre les activités variées en tenant compte des trois dimensions de base de toute activité humaine : la société, l'économie et l'environnement.

Cette prise en compte du caractère soutenable d'une activité entraîne une estimation différente de la valeur de cette activité. Il faut prendre en compte trois aspects de la valeur.

D'abord, la valeur d'usage correspond à l'usage cognitif d'un bien en relation avec ses aspects récréatifs esthétiques. Ensuite, la valeur de non-usage se décline en trois valeurs, la valeur d'option qui est la possibilité d'user de ce bien dans le futur, la valeur de legs qui est le désir de transmettre ce bien aux générations futures et la valeur d'existence qui est l'attachement à l'existence de ce bien. Enfin, la valeur induite correspond aux nombreuses externalités, à l'effet multiplicateur et aux effets intangibles (B. DESAIGUES, P. POINT, 1993). O. GIARINI (1990) parle de la « valeur d'utilisation » qui prend en compte l'ensemble des coûts de production d'un produit, ses coûts d'utilisation et ses coûts de recyclage ou de destruction.

Avoir une responsabilité vis-à-vis des générations suivantes, c'est aussi intégrer, dans ses choix, l'ensemble de ces éléments dans le coût de mise en place d'une activité d'aujourd'hui.

Tout développement soutenable doit s'accompagner de la mise en place des éléments de « durabilité sociale » (J.-L. DUBOIS, F.-R. MAHIEU, A. PONSARD, 2002). A ce titre, le tourisme peut à la fois servir à aggraver les problèmes de durabilité sociale ou à participer à leur réduction.

Les impacts négatifs du tourisme sont les dégradations écologiques et du patrimoine, liées à la sur-fréquentation touristiques. Il faut rajouter les sur-coûts de la gestion d'une population plus nombreuse (eau potable, eaux usées, déchets, etc.) souvent supportés par la population locale, les déséconomies externes (mauvaise substitution du tourisme eu égard à d'autres activités comme l'agriculture, l'industrie ou l'artisanat), le renforcement de la fracture sociale liée aux revenus des activités touristiques, les dégradations humaines et sociales (concernant notamment les valeurs familiales, communautaires, humaines, le tourisme sexuel, la drogue ou le sida).


Cependant, le tourisme peut aussi avoir des impacts positifs sur le développement d'un territoire, en améliorant les ressources humaines et les activités locales, en redistribuant de façon plus égalitaire (notamment avec la mise en place de projets collectifs d'éducation ou d'amélioration de l'accessibilité à certains services), les revenus du tourisme, en permettant des rencontres des cultures et en participant ainsi à une acceptation de l'Autre différent.

Parler de durabilité sociale, c'est aussi parler de multi-dimensionnalité. Il est alors important de prendre en compte les diverses interactions et non plus un problème isolé. Les sphères économiques, naturelles et socio-culturelles sont interdépendantes. La durabilité sociale signifie également le refus des situations d'irréversibilité évitables et de prendre en compte les seuils de non retour. L'existence de friches touristiques est aujourd'hui un problème non négligeable. Dans son approche de la bio-économie, Jean Pierre Maréchal (2000) nous incite à tenir compte de la complexité selon trois principes du vivant définis par René Passet, à savoir l'interdépendance, la hiérarchisation des finalités et la recherche des contraintes minimales.

Cette approche peut être complétée par celle de l'analyse des ressources spécifiques d'un territoire proposée par G. COLLETIS et B. PECQUEUR (1995). Les ressources spécifiques sont non transférables d'un territoire à un autre, elles sont la marque de son identité, de son organisation, de sa structure. Reproduire à l'identique en matière de structures et produits touristiques ce qui existe ailleurs n'a pas de sens, si l'activité économique proposée n'est pas ré-appropriée par les acteurs locaux, si elle ne s'insère pas dans les autres articulations dynamiques du territoire. La fonction éthique est celle qui donne les éléments d'adhésion des membres de ce territoire et qui assure les conditions de la dynamique durable de la société.

Conclusion

Développer une démarche éthique impose plusieurs responsabilités qui peuvent parfois sembler lourdes dans le cadre d'une concurrence de plus en plus accrue entre les entreprises. Cependant, nous l'avons vu, la démarche éthique introduit une valeur considérable dans l'ensemble des activités en réintroduisant au coeur du processus l'homme. Il est l'élément indispensable de la chaîne de valeur des services. Le tourisme, par le lien qu'il crée entre l'homme et le territoire est concerné à plusieurs titres par cette démarche.

On ne peut pas parler de la responsabilité du tourisme vis-à-vis des générations présentes et futures sans revenir sur le rôle éducatif du temps libre, du tourisme.

C. GOLDFINGER (1994) a annoncé que désormais les activités futiles comme le sport, le jeu, les loisirs deviendraient les activités économiques les plus rentables et les plus recherchées par les investisseurs. L'économie touristique a besoin d'une éthique, afin de protéger les générations présentes et à venir. Il faut rappeler que ce type d'activité doit rester au service de l'homme, afin de lui donner de véritables lettres de noblesse.

III.2.1. L'équité

Comme nous avons déjà mentionné, il ne peut y avoir de bon développement sans un bon environnement, des responsabilités communes mais différenciées des Etats dans les enjeux globaux, des relations à l'intérieur des Etats et entre eux, mais aussi entre générations présentes et futures. On est en face d'une idée normative, dont l'intérêt est a priori plus politique qu'analytique, traduite en objectifs opérationnels dans les quarante chapitres de l'Agenda 21.

III.2.1.1. L'équité Nord-Sud

Les préoccupations fondatrices de contraintes globales et d'équité Nord-Sud sont souvent absentes dans les documents de référence sur le développement durable (stratégies nationales, agendas 21 locaux, démarches sectorielles), pour laisser la place à une masse d'enjeux concernant d'abord le cas local et ponctuel. Pourtant l'enjeu éthique du développement durable passe par la contribution du tourisme au développement des pays du Sud, et l'équité de ce développement.

Le développement vu sous l'angle de la durabilité demande un changement des schémas actuels de production et de consommation économique. Le problème c'est comment les atteindre, lorsqu'on connaît les différences qui existent sur ce plan entre le Nord et le Sud ?

Comment faire du tourisme une force de développement des pays du Sud, alors que l'offre et la demande internationale sont dominées par les transporteurs, voyagistes et hébergeurs des pays du Nord ? La domination du tourisme mondial par les pays du Nord interroge ces derniers quant à leur responsabilité dans les impacts sur l'environnement du tourisme, et sur les moyens de combler le fossé entre pays développés et pays en voie de développement.

C'est pourquoi, et juste titre d'ailleurs, que la commission Brundtland s'était préoccupée de l'éthique de l'équité en percevant bien que les inégalités actuelles entre les nations et au sein de chacune d'elle ne sont pas à l'avantage de tous et qu'elles sont inéquitables.

Il faudrait donc corriger l'inéquité, en ce sens que la crise de l'environnement n'est pas seulement écologique mais aussi politique, car préserver l'environnement c'est aussi se préoccuper d'équité entre les individus et les nations en tenant compte prioritairement des besoins des plus démunis. Ainsi, la notion d'équité fait partie intégrante du concept de développement durable et il ne saurait y avoir de développement sans sa promotion. Alors, le Nord va t-il consentir à modifier son mode de vie, ses technologies et ses aspirations à plus de bien-être pour laisser au Sud, l'espace écologique indispensable à son développement ?

Que de bouleversements à prévoir dans la perception et les comportements vis-à-vis de l'environnement. Une nouvelle tache est à entreprendre, et il appartiendra à tous de tisser de nouveaux liens sur la base d'une responsabilité commune pleinement partagée pour établir un contrat nouveau qui assurera autrement les solidarités.

III.2.1.2. Commerce équitable et tourisme

La vague de sensibilisation qui touche actuellement nos sociétés en quête d'éthique incite les professionnels à revoir leurs offres. Dans ce contexte, les différents secteurs économiques, dont le tourisme, doivent revoir leur stratégie.

Le tourisme équitable est un concept récent, lié à l'expression plus générale de « commerce équitable », où une relation s'établit entre le producteur et le consommateur.

Il permet ainsi une rémunération équitable du producteur (pays d'accueil) et réduit les aléas commerciaux liés aux conjonctures.

L'UNAT définit le tourisme équitable de la façon suivante : « l'expression tourisme équitable se réfère au commerce du même nom, né récemment de la volonté d'adopter des règles « équitables », par apposition au fonctionnement du marché actuel mondial, les associations qui se définissent de tourisme équitable sont censées se soumettre au contrôle de la plate forme pour le commerce équitable. Actuellement les associations303(*) de tourisme membres de la plate forme sont : croq'nature, la route de sens, TDSVGES »304(*).

Une deuxième définition, celle de O. ABERT, « le tourisme équitable, pour sa part, fait référence, de façon précise, au commerce équitable. Il s'agit à la fois d'instaurer un autre mode de voyage et de faire pression par des sensibilisations auprès d'un vaste public (touristes, professionnels, décideurs politiques et économiques) pour changer globalement les pratiques actuelles du tourisme Nord - Sud et combattre les impacts négatifs qu'il engendre... »305(*).

En résumé, le tourisme équitable met l'accent sur les aspects de juste rémunération des divers intervenants de la filière et en particulier des populations locales. Le tourisme appartient à la catégorie des services et il est alors soumis aux règles du commerce équitable, tout comme les produits. Le touriste accepte de payer plus cher la prestation en sachant que le surprix permet une meilleure rémunération des prestataires à la base comme pour les produits de consommation, les services du tourisme équitable tendent à s'appuyer sur un label certifiant la qualité.

Citons pour l'exemple l'association Max Havelaar France306(*), à but non lucratif, qui est une organisation de labellisation du commerce équitable en France. Son objectif est de donner aux producteurs du Sud les plus défavorisés des conditions de vente avantageuses et un accès au marché mondial favorisant ainsi un développement durable. Max Havelaar n'est pas une marque mais un label garantissant que des secteurs du commerce international respectent les critères stricts du commerce équitable : achat direct, prix minimum garanti, préfinancement des récoltes, contrat à long terme.

Au niveau européen, Max Havelaar labellise sept produits307(*) : le cacao, le thé, le café, le miel, le sucre, la banane, le jus d'orange. Et ce sont 700000 familles de petits producteurs dans 35 pays qui sont assurées aujourd'hui de vivre dignement de leur travail.

Sur le plan mondial, la fédération Artisans du Monde fait la promotion d'un « label de qualité sociale » garantissant aux consommateurs que les produits achetés (baskets, vêtements) ont été fabriqués par des salariés dans des conditions excluant l'esclavage, le travail des enfants en dessous d'un certain âge, et les salaires de misère.

III.2. Le tourisme solidaire et responsable

Le tourisme solidaire et responsable est d'essence marchande mais sa progression, son innovation et sa construction prouvent qu'une alternative à une consommation de produits touristiques de masse est possible.

Champs d'expérimentation pour le tourisme de demain, il met en valeur la spécificité des lieux, des patrimoines et des cultures locales et teste des pratiques transférables, comme la répartition des bénéfices au sein de la population accueillante. Mises bout à bout, ses spécificités dessinent un profil très caractéristique.

Le tourisme solidaire et responsable recouvre des formes de tourisme alternatif ou avancé, intégré et diffus, à savoir, principalement : l'écotourisme, le tourisme équitable, les tourismes « en faveur des pauvres »308(*) (ou tourisme pour les pauvres, « pro - poor » en anglais) et communautaires309(*) (community based en anglais) et le tourisme durable.

Le premier point commun de ces formes est une contribution au développement des populations d'accueil. Le reste relève de stratégie, de modes opératoires, d'efficacité, d'affichage, de niches et de moyens humains et financiers variables affectés aux actions de développement.

L'objectif de ce paragraphe est de s'interroger sur la signification de ce concept, sur sa pertinence par rapport aux enjeux posés par le développement durable et sur ses retombées sur le territoire.

III.2.1. Vers un tourisme solidaire et responsable

Tourisme solidaire et responsable toute l'ambiguïté du concept vient de la juxtaposition de ces deux qualificatifs.

Le tourisme solidaire, d'un côté, pense le tourisme comme moyen de développement local, « le tourisme solidaire introduit une notion de solidarité entre le touriste et les populations d'accueil (...) il peut revêtir plusieurs aspects comme, par exemple, le soutien à un projet de développement ou la participation à un fonds d'entraide. Il s'inscrit dans la durée afin de garantir la pérennité des actions de solidarité »310(*).

Le tourisme responsable, de l'autre, part de l'émetteur (le voyagiste, qu'il soit marchand ou non). Il est né de a prise de conscience que l'opérateur est responsable des effets du tourisme sur la population et sur l'environnement.

Pour sortir de cette ambiguïté de l'offre (solidaire ou responsable?), il faut en appeler au client. Car cette offre de voyages ou de séjours, correspond à une véritable demande, petite mais réelle. Elle engendre des bénéfices pour ceux qui organisent.

Le tourisme solidaire et responsable doit pouvoir « enrichir » leurs promoteurs et leurs organisateurs. C'est d'autant plus souhaitable que le tourisme, on le sait, est un excellent moyen pour faire avancer les mentalités, les expérimentations, les innovations en tout genre. On l'a vu pour la sensibilité à la nature, on le voit pour la démarche du développement durable, pour l'intérêt des entreprises à intégrer les économies d'énergie et d'eau dans leur gestion au quotidien.

Donc, le tourisme solidaire et responsable regroupe les formes de tourisme « alternatif » qui mettent au centre du voyage l'homme et la rencontre et qui s'inscrivent dans une logique de développement des territoires. L'implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristiques, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme311(*).

Ce concept est réalisé au profit des populations locales et avec leur entière participation, il conforte ces sociétés locales, les aide à s'organiser et leur fournit des moyens humains et financiers. Il met l'accent sur le capital social, il facilite les synergies entre acteurs locaux du développement : les organisations de base, les gouvernements locaux, les ONG, les services déconcentrés de l'état, le secteur privé. Il minimise l'impact écologique, culturel sur le milieu environnant. Il joue un rôle d'éducation au développement pour les populations du Nord. Il s'inscrit dans une démarche de développement local durable.

En somme, le tourisme solidaire et responsable est un mouvement social qui cherche à maîtriser et à valoriser l'économie touristique au profit des communautés d'accueil. Il s'inscrit dans une démarche de développement territorial 312(*).

La démarche est entièrement construite à partir des ressources humaines, sociétales, culturelles, économiques et environnementales qui forment l'espace de vie des communautés d'accueil. Elle engage la responsabilité de l'ensemble des acteurs impliqués : la population accueillante, leur représentation sociale, les intermédiaires et les voyageurs.

Cette responsabilité se fonde en premier lieu sur le respect des rythmes, us et coutumes, et valeurs des habitants et de leur environnement. Elle concerne aussi une redistribution équitable des revenus de l'activité.

Et pour permettant la maîtrise et la durabilité de cette démarche, une implication et une participation volontaires des populations d'accueil ; une capacité à engager des partenariats avec des intermédiaires sensibles aux démarches et valeurs proposées et une information et une sensibilisation des voyageurs aux principes de la démarche et aux valeurs culturelles des communautés d'accueil, est demandé. Pour y parvenir, il faut des capacités d'animation, des outils de formation, des dispositifs d'accompagnement technique, des outils de mise en réseau, des actions de promotion ciblée, un cadre institutionnel adapté et motivé et des ressources financières à la hauteur des enjeux.

III.2.2. Les retombées et les faiblesses du tourisme solidaire et responsable

Les retombées du tourisme solidaire et responsable sont positives et multiformes, économique, sociales et culturelles.

- Financement et réalisation de micro - projets de développement :

ceci est certainement la forme la plus visible des retombées de ce tourisme. Ces micro - projets ont le plus souvent un caractère social, prenant la forme de réalisation d'équipements (école, dispensaire, maternité, puits, etc.) ou d'appui à des initiatives de base(groupements, associations, etc.). De ce fait, ils ont une incidence directe sur l'amélioration des conditions de vie des populations locales ;

- Création d'emplois et maintien des jeunes : dans tous les cas, cette forme de tourisme crée des emplois locaux qui n'existeraient pas par ailleurs. Même s'ils sont saisonniers, ces emplois contribuent fortement au maintien des jeunes sur les territoires en freinant leur exode saisonnier ou permanent ;

- Maintien de la population locale, voire retour des migrations : l'activité touristique a une réelle incidence sur le maintien de la population locale, voire, dans certains cas cités, le retour de populations émigrées ;

- Retombées fiscales pour les collectivités locales : ces retombées (le plus souvent sous forme de taxes de séjour et de patentes) sont des éléments appréciables pour les budgets des communes, très démunies par ailleurs. Ceci contribue à renforcer les politiques de décentralisation et à favoriser l'autonomie des communes.

Pour maximiser ses retombées, un système de cogestion communautaire, basée sur la transparence est important : plus les gens sont impliqués dans le projet et tenus informés de son fonctionnement, plus les retombées sont importantes.

A contrario, il y a un risque de démobilisation voire de rejet ou de marginalisation de l'activité touristique, si celle-ci est monopolisée ou captée par des opérateurs travaillant de manière isolée sur le territoire d'accueil sans relation claire et transparente avec celui-ci et son système de représentation socio-politique.

Du fait des contraintes locales et internationales, de sa dépendance vis-à-vis de l'opinion publique, des modes, des types de consommation et d'une difficulté à s'organiser, l'offre en tourisme solidaire et responsable montre des faiblesses.

Un des dangers qui guettent le tourisme solidaire et responsable est la saturation des sites, lieux villages, communautés, familles et personnes d'accueil - par effet mécanique d'une augmentation de fréquentation (sachant que la clientèle est largement de l'extérieurs (peu de clientèles locales) dont les voyages contribuent à l'augmentation des gaz à effets de serre).

Un autre est le manque de capacités dans l'évaluation des effets de l'activité sur les partenaires, les habitants, les territoires, la clientèle ; de crédibilité sur le respect des chartes et codes par manque de ressources pour l'évaluation et le contrôle ainsi que les difficultés à séparer nettement l'offre de qualité de l'offre publicitaire.

D'autres faiblesses peuvent être identifiées comme la pratique de la cooptation entre pairs insuffisante pour garantir une réelle qualité de démarche.

- Communication grand public qui simplifie et masque certaines réalités.

- Confusion des genres, thèmes, notions et idées dans la communication médias (durable, équitable, éthique, etc.)

- Aide au développement de type « aide d'urgence » : agriculture, scolarisation, éducation, santé, gestion de l'eau, artisanat.

- Absence de planification intégrée.

- Peu de réflexions et d'actions sur le risque de la mono - activité touristique.

- Peu de coopération avec les autorités locales et les institutions.

- Absence de signes de réflexions ou d'actions sur le développement durable global, voire local.

Enfin, la volatilité d'une offre découlant d'une demande aléatoire fragilise les marges et les capacités d'amélioration ou d'expansion.

Les voies de progrès existent mais elles changent la nature des démarches qui deviennent intégrées et partenariales.

Ces nouvelles formes de tourisme ne sont-elles qu'utopiques, que bonne conscience pour une élite sociale ou peuvent-elles s'étendre plus largement au tourisme conventionnel ? ont-elles des réalités économiques durables, sans risque de récupération au profit de quelques-uns ? ces économies alternatives, pour s'imposer, doivent-elles s'organiser à grande échelle ? en tout état de cause, le tourisme Nord - Sud doit évoluer, sortir de la dictature de très grosses entreprises des tour opérateurs, si on veut qu'il n'occasionne pas des dégâts irréversibles. Cette évolution est très liée au poids de l'opinion publique, c'est-à-dire aux touristes eux mêmes, les premiers à pouvoir faire bouger les comportements et l'organisation de ce tourisme international, grâce à un choix attentif de leur voyage.

III.2.3. L'ethnotourisme

Par le développement des voyages de masse et la promotion de produits « packages » vendus tout compris, le voyageur est très souvent devenu un touriste/consommateur. Cette « marchandisation » des voyages a généré de nombreux effets négatifs. C'est ainsi notamment qu'un petit nombre de tours opérateurs occidentaux très puissants imposent maintenant leurs règles, leurs prix, et souvent leurs standards marketing aux pays d'accueil et aux prestataires de services locaux, tout comme à leurs clients.

Ce qui introduit un déséquilibre entre hôtes et visiteurs. Le tourisme est-il un bienfait ou un fléau pour les populations hôtes ?

Ce débat n'a cessé de diviser au sujet de l'interprétation des impacts liés à l'intrusion massive ou non du tourisme dans des régions considérées comme fragiles sur les plans naturel et/ou culturel.

L'économiste voit plutôt dans le tourisme une chance pour le développement, tandis que l'ethnologue estime que le tourisme est une menace supplémentaire pour la survie de la diversité des cultures et des sociétés humaines. Les uns et les autres ont tantôt tort, tantôt raison et le tourisme est un fait social total. Nul étonnement donc que le point de vue des hôtes soit fortement conditionné par une situation touristique donnée et toujours spécifique à chaque espace-temps.

Tant que tout le monde profite de la manne économique qu'est le tourisme, les critiques envers les voyageurs de passage sont rares. Mais, avec l'apparition de problèmes, les touristes deviennent des boucs émissaires pour expliquer le délitement moral ou la perte des valeurs.

Etablir des relations directes entre les hommes et les femmes de cultures différentes pouvant contribuer à la construction d'un monde plus solidaire et de permettre à des populations et pays d'accueil de valoriser leur culture et de contribuer durablement à leur développement, le tourisme tend à devenir essentiellement un outil de profit pour quelques opérateurs privés. Inéquitable, cette tendance renforce et banalise les relations dominants/dominés en laissant peu de place à la prise en compte du respect de la diversité culturelle et des équilibres sociaux et naturels souvent fragiles.

L'ethnotourisme, à l'instar de l'écotourisme (même s'il convient de les distinguer), a autant de détracteurs que des partisans. Il est vrai que les dégâts d'un tourisme ethnologique mal pensé peuvent être énormes. Et la liste des exactions commises à l'encontre des populations autochtones est longue.

J.-C. MONOD313(*), voit dans l'ethnotourisme, ainsi que dans l'écotourisme, un prétexte des entreprises touristiques pour engranger encore plus de bénéfices. La floklorisation et la commercialisation des cultures peuvent effectivement apparaître déstructurantes sur le plan identitaire.

Ainsi, l'ethnotourisme peut évoluer dans un sens positif, en ouvrant une brèche salutaire contre l'oubli et le silence forcé, jouant en faveur des peuples opprimés ou des groupes ethniques menacés de disparition ou d'ethnocide : Tibétains, Papous, Pygmées, Hmong...

Les peuples ayant reforgé leur identité ethnique non pas pour le tourisme, mais par le tourisme sont de plus en plus nombreux, les populations locales se trouvant valorisées sur le plan économique et culturel, comme à Bali où le tourisme a joué un rôle important dans la conservation de la culture. Le touriste peut être vecteur d'acculturation, mais également vecteur d'évolution et dynamisation des cultures.

En somme, il n'existe donc pas un ethnotourisme qui serait uniquement sordide et destructeur. Il existe une voie, celle du « tourisme de rencontre partagée », avec son naturel corollaire que représente l'écotourisme.

III.2.4. La rencontre de l'autre

Aujourd'hui, des villages de la brousse d'Afrique ou des villages de pêcheurs d'Amérique latine314(*) se sont organisés pour accueillir pendant une ou deux semaines des petits groupes de voyageurs et leur faire partager pendant un temps leur vie quotidienne, leur faire connaître leur culture et leur mode de vie. C'est une nouvelle forme de tourisme. Dans chaque cas, le touriste est mis en situation dans un milieu qui n'est pas celui dans lequel il vit habituellement.

La notion de tourisme responsable insiste sur la rencontre, c'est-à-dire sur la relation qui s'établit entre le touriste et le milieu qui l'accueille. Le touriste vient avec sa propre culture, ses habitudes et réflexes, sa capacité financière mais aussi sa curiosité, son envie d'échanges.

Le milieu d'accueil est plus qu'un simple campement ou hôtel, c'est un espace, un village, un terroir, avec sa population, ses règles sociales, son économie, son environnement, ses paysages plus moins façonnés par l'homme.

La rencontre, mélange de curiosité et de respect entre l'accueillant et l'accueilli, constitue les prémices d'un tourisme responsable. Elle est à la base de la qualité de l'offre d'accueil. Mais toutefois, la rencontre n'est pas automatique.

La relation entre l'hôte et le visiteur doit être sur un pied d'égalité. Cependant, les visiteurs expriment des désirs spécifiques souvent à l'opposé de ceux des visités, dont les secrets resteront enfouis. Que de possibilités de rencontres manquées, perturbées, incomprises, tragiques même ?

Pourtant, le voyage doit d'abord être avant tout une rencontre s'il veut rester un voyage, une rencontre voire une aventure. S'ouvrir à l'autre, c'est s'ouvrir au monde. Et s'ouvrir à l'autre est nécessaire au développement de soi.

L'hôte c'est l'autre, et le respecter revient simplement à l'accepter avec toutes ses différences315(*). Mais à l'heure actuelle, il n'y a pas d'égalité dans la relation qui peut s'établir au départ entre les hôtes et les invités.

Pourtant la relation aux autres a remplacé la découverte de nouveaux territoires. Les voyageurs recherchent moins d'ultimes terres inconnues que de nouvelles expériences relationnelles. S'ouvrir à l'autre, se risquer à l'altérité, c'est accepter de douter de soi. Ces fausses rencontres, fondées sur des rapports le plus souvent strictement marchands, participent à une certaine idée du voyage. Et donc une certaine idée des voyageurs. Combien de touristes se satisfont de ces relations plus que superficielles ? Largement suffisamment pour que ces rapports biaisés se perpétuent sur fond de ségrégation économique.

L'enjeu, de nos jours, consiste à concilier la préservation des cultures autochtones avec la possibilité de faire bénéficier les populations locales des fruits du tourisme. L'un des enjeux futurs consiste à concevoir puis à donner aux jeunes une éducation au voyage qui prenne en compte la diversité humaine, culturelle et naturelle.

Le véritable tourisme durable ne peut finalement qu'être un tourisme durable alternatif316(*), terme pourtant galvaudé comme ceux de durable ou d'écotourisme. Il importe de comprendre que le tourisme durable alternatif ne peut espérer remplacer le tourisme de masse, ou alors il ne conserverait d'alternatif que le nom, mais c'est un premier pas indispensable vers un tourisme durable et responsable.

Le seul tourisme qui soit véritablement éthique sera toujours celui qui impliquera pleinement les populations autochtones dans la conception, la réalisation et la gestion des projets locaux. Il y a donc une morale du voyage. Et les pratiques de loisirs connaissent une forte vague de remoralisation, via l'humanitaire et l'écologique. La morale contraint au voyage utile et visible, et condamne le voyage contingent et inutile. Du coup, l'oisif, le festif et le ludique culpabilisent le touriste.

Dans ce contexte, la connaissance de l'autre et l'éthique peuvent permettre de donner de la densité à son voyage. On comprend alors mieux que l'éthique puisse être le fonds de commerce de certains professionnels.

Le voyage est une rencontre éphémère, superficielle et incomplète. En revanche, il faut déplorer le poncif développé par les voyagistes et la rhétorique publicitaire autour de la rencontre de l'autre.

L'habitude des approches du développement durable veut que l'on ait coutume de se référer à une représentation sur trois axes, sous forme de trièdre « économie, écologie, environnement ». Celui-ci permet effectivement d'introduire la nécessaire intégration des préoccupations environnementales, sociales et économiques. Mais la prise en compte des enjeux fondamentaux du développement durable ne sont pas clairement visibles. C'est en ce sens que le passage à une représentation tétraédrique  « économie, écologie, environnement, éthique » avec un axe complémentaire « éthique », présente un intérêt certain.

Conclusion du chapitre

Si ce qui précède doit déboucher sur une conclusion, celle-ci ne sera pas une clôture, une sorte de point d'orgue, mais au contraire, une ouverture vers l'avenir.

Certes, l'attractivité touristique représente aujourd'hui un atout important pour le territoire. C'est un enjeu économique et social pour les collectivités.

Cependant, le tourisme peut également être à la source de nombreux effets négatifs. C'est pourquoi selon différents auteurs, le tourisme doit s'inscrire dans la prise en compte du local, comme le préconise H. ZAOUAL317(*) dans la logique de la théorie des sites. En effet, pour représenter un moyen efficace de favoriser le développement local, les politiques touristiques doivent s'adapter au cadre de vie ainsi qu'aux richesses patrimoniales du milieu local.

Face à ces constats, il est essentiel de souligner l'importance du rôle que peut jouer le tourisme sur un territoire. Selon sa conception et son aménagement, il peut aussi bien être l'élément destructeur d'une société que l'atout majeur d'une dynamique locale.

Avant d'envisager un développement touristique, les collectivités doivent mettre en place de nombreuses politiques afin d'adapter un tourisme responsable et surtout durable.

Aujourd'hui, le concept de tourisme durable, comme nous avons essayé de le montrer, est récurrent dans les politiques de développement. Il vise une plus grande maîtrise des flux touristiques et exige une approche pluridisciplinaire. Il montre qu'il peut exister une autre manière de voyager qui contribue au développement durable.

Donc, le projet « vers une stratégie pour un développement durable du tourisme », peut-il devenir une valeur sûre, ou au contraire est-il un produit d'appel, forcément limité, et engendrant des surcoûts importants ? En d'autres termes, offre t-il l'opportunité à tous les acteurs qui le souhaitent de s'unir pour contribuer à proposer un développement respectueux et valorisant, réhabiliter les valeurs du patrimoine culturel et naturel ?

Il ne fait aucun doute que le tourisme sera durable ou ne sera pas. La question de fond est de savoir à quel prix, tant pour les générations actuelles que pour celles à venir.

Certes, les différents « paniers d'indicateurs de tourisme durable », malgré leur diversité et leur imprécision, proposent des outils de gestion voire de planification qui sont très utiles. Les prendre pour « recette clé en main » serait un pur leurre. Cependant, les considérer comme des repères utiles pour définir les fameuses « capacités de charges » et des « seuils de tolérance » dans lesquels le tourisme peut exercer ses activités à l'abri des menaces et des destructions examinées dans ce chapitre est salutaire.

Dans cette perspective, avant toute décision, le milieu est à considérer dans toutes ses caractéristiques : économiques, sociales, culturelles, physiques etc. Seule une politique d'ensemble, multisectorielle, peut orienter le tourisme vers un développement durable.

En se référant à la théorie de sites symboliques, la planification doit concrètement prendre en considération les traditions, les cultures et les mythes du territoire concerné. Toute transposition est vouée à l'échec.

Chapitre IV. L'expérience marocaine 

Le tourisme se présente comme un élément fondamental dans la dynamique de croissance économique et sociale du Maroc.

En effet, il est rare qu'un secteur économique soit créateur d'autant de valeur ajoutée, d'emplois et de devises que le tourisme; pour un coût aussi faible.

Tout produit ou service touristique consommé par un visiteur étranger équivaut à une exportation qui ne subirait pas les contraintes des coûts du transport et de la distribution sur les marchés extérieurs.

En outre, par ses effets d'entraînement, le tourisme stimule d'autres secteurs vitaux tels que le bâtiment, le commerce, l'artisanat, l'agriculture, etc. L'influence du tourisme international n'est pas seulement d'ordre strictement économique, elle concerne aussi la politique sociale, la politique de l'environnement, la politique de l'aménagement du territoire sans négliger son rôle de facteur de rapprochement entre les peuples.

C'est pourquoi ce secteur est prioritaire; cette priorité remonte à 1965, lors de l'établissement du plan triennal de développement économique et social 1965-1967.

Toutefois, nous pouvons dire que « pour attrayant qu'il soit par le rôle économique et social qu'il joue, la beauté et la diversité de ses sites, sa culture millénaire, ses traditions séculaires, ses paysages éclatants, sa riche gastronomie, son accueil et sa remarquable stabilité politique.»318(*), les résultats enregistrés jusqu'à aujourd'hui sont bien loin de refléter ses formidables potentialités, prouvant que le secteur connaît certaines difficultés structurels et conjoncturels.

Le présent chapitre est composé de trois sections, la première traite l'évolution de l'industrie touristique marocaine d'une part, et les entraves qui entravent son développement d'autre part.

La deuxième section est consacrée à l'analyse des politiques mis en oeuvre pour le développement de l'industrie touristique, ainsi que les principales politiques envisagées pour le développement de ce secteur durablement et pour réaliser l'objectif d'atteindre 10 millions de touristes en 2010.

La troisième section, qui est la dernière de ce chapitre, est une analyse située de tourisme basée sur la théorie de sites symboliques. Qui donne au territoire les moyens de se développer touristiquement de façon plus « située ». C'est cet aspect de valorisation du territoire qu'il sera intéressant d'expliquer afin d'aboutir à la pertinence d'un « tourisme situé » assurant une durabilité des cultures locales et des écosystèmes.

Section I. L'industrie touristique au Maroc 

Le Maroc avec sa civilisation, son histoire, sa position géographiques qui lui permet d'avoir deux façades maritimes méditerranéenne et atlantique, sa proximité des pays européennes, importants émetteurs de touristes, ses montagnes, ses paysages variés, son artisanat caractérisé par sa vitalité et enfin ses régions du sud caractérisées par leur nature saharienne, tend à devenir l'un des pôles touristiques les plus attractifs de la région.

De même, l'histoire longue du Maroc a fait de ses villes impériales un centre d'afflux d'un grand nombre de touristes. Sa valeur réside dans la variété:

· Tourisme balnéaire: le littoral est depuis longtemps l'un des points forts du tourisme au Maroc. Aujourd'hui encore sa fonction est dominante. Cependant, au niveau du tourisme mondial on assiste non pas à un rejet du produit « balnéaire » mais à sa banalisation.

La relation entre la mer et le touriste a changé. La mer est aujourd'hui aussi utilisée pour de multiples activités telles que la plongée sous-marine, le surf, le jet ski et la planche à voile.

Le Maroc dispose de deux côtes, l'une donnant sur la Méditerranée et l'autre sur l'Atlantique. L'infrastructure hôtelière a été développée afin de promouvoir ce tourisme. Cependant, elle reste insuffisante est mal répartie entre les régions dites balnéaires.

De plus, au niveau mondial le Maroc n'est pas considéré comme une destination de grande affluence, contrairement à la Tunisie, puisqu'il ne dispose que de sept stations balnéaires à savoir celle de Tanger, station en déclin avec des plages mal assainies et une hôtellerie vétuste (taux d'occupation 28,9% en 1998), celle de Tétouan où on a plus favorisé la construction de villas pour particuliers que d'hôtels, celles de Rabat et Casablanca qui connaissent l'affluence essentiellement de touristes locaux, celle d'Essaouira qui est considérée comme une destination culturelle et sportive mais manque d'infrastructure hôtelière, la station de Saidia qui attire surtout les touristes locaux et algériens (avant la fermeture des frontières) et la station d'Agadir, la seule qui répond aux normes touristiques internationales.

· Tourisme culturel : le Maroc est mondialement connu pour ses villes impériales (Fès, Marrakech, Rabat, Meknès), sa gastronomie et son artisanat. Cependant, la dégradation de certains sites historiques, la perte de l'identité architecturale, le manque de musées et de manifestations culturelles fait que le Maroc perd graduellement sa spécificité culturelle.

Le Maroc grâce à ses moussems (Imilchil, Kalaâ de M'Gouna, Erfoud, Sefrou), ses musiques sacrées et populaires et ses fantasias) pourrait répondre à tous les goûts culturels des touristes internationaux.

En 1998, les arrivées de touristes internationaux dans les hôtels classés des villes culturelles représentaient environ 50% des arrivées totales de touristes étrangers, tandis que les nuitées réalisées étaient de 41%.

· Tourisme de montagne : la montagne occupe plus du tiers de la superficie du Maroc.

Au Nord, s'étend la chaîne du Rif avec comme point culminant le Jbel Tidighine (2450m).

Au centre le Moyen et le Haut-Atlas comptent plusieurs sommets tels que : Jbel Toubqal (4165m), Jbel Mgoun (4071m) et Jel Ayyachi (3737m). Cette région est la source, également, de tous les grands fleuves du Maroc.

Au Sud, l'Anti-Atlas avec ses reliefs, son climat aride et ses canyons, annonce le désert.

C'est grâce aux programmes du PNUD dont l'objectif était de désenclaver le milieu rural, que plusieurs gîtes ont vu le jour et qu'on a pu former les anciens et nouveaux guides et accompagnateurs de la région afin de les initier au tourisme de montagne.

Le manque de statistiques concernant le nombre de touristes pratiquant le tourisme de montagne, s'explique par le fait que c'est un tourisme embryonnaire qui commence à peine à être intégré dans les circuits proposés par les tours opérateurs.

· Tourisme sportif : en 1998, le Maroc a été distingué comme la première destination golfique émergente dans le monde avec 18 terrains de golfs. Selon une étude faite par the National Golf Fondation, les golfeurs dépensent entre 2500 à 3000 dollars par voyage et voyagent au moins deux fois par an.

Il a été remarqué qu'aux Etats-Unis qui comptent 16200 terrains de golf et en Europe avec 5700, il n'est possible de jouer que pendant sept mois de l'année, en raison du climat.

A la fin de l'automne, en hiver et au début du printemps on cherche des régions où il fait chaud, chose que devrait utiliser le Maroc à bon escient en investissant dans la création de golfs dans les régions touristiques et également dans celles marginalisées sur ce plan mais qui ont des potentialités importantes.

· Et enfin, le tourisme d'affaires : ce type de tourisme pourrait être une source importante de revenu dans le cas où le Maroc mettrait en place une structure hôtelière qui répond à ce type de besoins, à savoir : des salles de congrès comme celle du palais des congrès de Marrakech, la seule de son importance au Maroc.

A titre de comparaison, Paris, première ville de congrès au monde, organise en moyenne deux congrès par jour, tandis que la fréquence au Maroc dans son ensemble est de un congrès par mois.

En 1998, le Maroc a accueilli les assises de GENERAL MOTORS. Il s'est distingué parmi une trentaine de destinations et était finaliste avec l'Espagne et le Portugal. Cet événement avait débuté le 26 janvier 1998, avec l'accueil de 17000 participants, représentant ainsi 34000 mouvements de personnes en 30 jours venant de 27 pays.

Les grands groupes internationaux organisent souvent ce genre de manifestations, qu'ils sont prêts à financer. Leur seule préoccupation est un environnement qui soit à la fois propice au travail et à la détente, chose que de nombreuses villes du Royaume offrent, sauf qu'elles manquent d'infrastructures qui répondent aux normes de qualité internationales.

La conjonction de ces données historique et géographique a pu faire du Maroc une des destinations les plus importantes. Ceux ci nous conduisant à se demander quelle était la situation de tourisme Marocain et quelle est sa situation actuelle et enfin quelles sont les mains visibles et invisibles qui influencent le développement de ce secteur.

En somme, dans un 1er paragraphe nous décrirons les piliers sur lesquels a évolué l'industrie marocaine, dans le deuxième paragraphe nous aborderons les résultats et les scores du Maroc sur le plan touristique ainsi qu'aux handicaps qui entravent la croissance de cette industrie.

I. Le contexte socioéconomique du tourisme au Maroc

I.1. Le tourisme pendant le protectorat au Maroc

Dans le cadre de sa politique de mise en valeur du pays, le protectorat Français avait, dès les premières années de son installation, compris que le tourisme devait constituer une des principales ressources de développement au même titre que la modernisation de l'agriculture, l'exploitation des richesses minières ou l'installation de quelques industries de transformation.

Certes, le tourisme pendant cette période n'avait rien de commun avec l'industrie touristique de ce début du XXIe siècle ou la fin du XXe siècle ; les flux touristiques concernaient essentiellement des familles de colons, des fonctionnaires civils et militaires du Protectorat Français et Espagnol.

Le développement du tourisme n'a connu qu'une expansion assez timide durant la période coloniale, bien que les premières initiatives remontent aux années 1920 319(*).

* 255 Le chapitre 40 de l'Agenda 21 (l'information pour la prise de décision) insiste sur le fait que le besoin d'information sur le développement durable  « se fait sentir à tous les niveaux, du niveau national et international chez les principaux décideurs au niveau local et à celui de l'individu ». « il faut donc élaborer des indicateurs de développement durable afin qu'ils constituent une base utile pour la prise de décisions à tous les niveaux ». On retrouve les mêmes considérations au niveau des instances européennes : le Conseil de Cardiff (1998) recommande la construction d'indicateurs permettant d'observer les progrès réalisés dans la prise en charge de l'environnement. En France, les indicateurs ont récemment fait leur entrée en force dans l'évaluation des politiques publiques.

* 256 Evaluation de ces ratios par les porteurs de projet pour chaque investissement ou produit considéré.

* 257 Evaluation des ratios de référence déterminés en fonction des objectifs de développement durable retenu par les autorités publiques touristiques locales et/ou nationales (ils peuvent donc être pondérés). Cette évaluation constitue pour les autorités en charge du développement touristique le moyen privilégié de créer une passerelle effective entre les objectifs de la planification touristique durable et l'évaluation des projets privés de développement touristique qui devront être encouragés ou freinés.

* 258 Résultats pour chacun des ratios de la comparaison des évaluations propres à chaque projet et des évaluations de référence pour chaque ratio, le résultat est positif (0 ou 1).

* 259 CERON J.-P. et DUBOIS G., op. cit., p.35.

* 260 O.M.T., Guide à l'intention des autorités locales : développement durable du tourisme, 1999, p. 22.

* 261 AFIT, Guide de savoir faire : piloter le tourisme durable, 2001, P. 17.

* 262 CAZES G. et LANQUAR R., 2001, op. cit.

* 263 L'UNESCO a crée, en 1956, l'ICCROM (International Center for Conservation and Restoration of Monuments, l'Institut consultatif pour la conservation et la restauration des monuments), dont le siège est à Rome et qui intervient au niveau de la formation des personnels chargés de la gestion et l'exploitation des sites. Par ailleurs, l'ICOMO (International Council of Monuments, conseil international des monuments et sites), dont le siège et à Paris, regroupe des professionnels et institutionnels en vue de la sauvegarde des villes historiques. Parallèlement aux actions du patrimoine mondial (une organisation indépendante relevant de l'UNESCO), le World Monuments Watch, organisation non gouvernementale (ONG) née d'initiatives privées aux Etats-Unis, recense les sites monumentaux les plus menacés à travers la planète (en 2004, 400 monuments en péril).

* 264 ROMERIL M., «Tourism and the Environment, Towards a Symbiotic Relationship», International Journal of Environmental Studies, vol. 25, pp. 215-218; cité dans BLAMEY R.K., Principales of Ecotourism, The Encyclopedia of Ecotourism, Oxon, UK, New York, CABI Pub, 2001, pp. 5-22.

* 265 HERTZER N.D., « Environment, Tourism, Culture », LINKS, 07-1965, reparu dans Ecosphere, 1970, vol. 1, n°2, pp. 1-3.

* 266 BUDOWSKI G., « Tourism and Environmental Conservation : Conflict, Coexistence or Symbiosis ? », Environmental Conservation, vol.31, n°1, 1976, pp. 27-31.

* 267 Sur la relation tourisme - environnement, fondement de l'écotourisme, à travers ses aspects dialectiques comme ses exigences opérationnelles de cohérence, la littérature doctrinale et les expériences in situ sont tout aussi nombreuses et diverses. Entre autres, LEENHARDT-SALVAN M. (dir.), Tourisme et environnement (gérer pour mieux protéger), Paris, Cahiers Espaces, n°62, 10-1999 ; voir les analyses également pertinentes de ESCOURROU P., Tourisme et environnement, Paris, SEDES, 1993.

* 268 BOO E., Ecotourism: the Potentials and Pitfalls, Washington, D.C: World Wilddlife Fund, 1990. De par le rôle qu'il a joué dans la mise en branle de la recherche en écotourisme, ce livre relativement court est un incontournable. Il est peut être bon de mentionner qu'il ne fait pas de distinction entre le tourisme axé sur la nature et l'écotourisme.

* 269 JARDEL J.-P., « Ecotourisme et environnement : vers un tourisme soutenable le cas du sylvotourisme dans la région Alpes-Provence-côte d'Azur », dans WALKOWITSH M., Tourisme et milieux, CTHS, 1997, pp. 85-98.

* 270 Le sylvotourisme, c'est-à-dire les randonnées dans la montagne et la forêt tropicale humide.

* 271 LEQUIN M., Ecotourisme et gouvernance participative, Canada, PUQ, 2001.

* 272 Ibid.

* 273 CEBALLOS-LASCURAIN H., Estudio de Perfectabilidad Socioeconomica del Turismo Ecologico y Anteproyecto Arquitectonico y Urbanistico del Centro del Turismo Ecologico de Sian Ka'an, Quintana Roo, Etude réalisé pour SEDUE, Mexico, 1987.

* 274 Cité dans SCANE RC., GREFONE E. et USHER R., Ecotourism in Canada, Canadian Environmental Advisory Council, Minister of Supply and Services Canada, 1992, p.13.

* 275 JENNER P. et SMITH C., The Tourism Industry and the Environment, London (United Kingdom) : The Economist Unit, Special Report n°2453, 1992, p. 3. (traduction).

* 276 Cité par JENNER P. et SMITH C., ibid.

* 277 The International Ecotourism Society la référence Internet en écotourisme Cet organisme a par ailleurs publié de nombreux livres sur le sujet.

* 278 International Ressources Group, 1992, p. 5, cité par LEQUIN M., op. cit.

* 279 SCANE, GRIFONE et USHER, 1992, op. cit., p. 14.

* 280 BUTLER R.W., « Tourism An Evolutionary Perspective», dans NELSON et al., Tourism and Sustainable Development: Monitoring, Planning, Managing, University of Waterloo, Department of Geography Publication, 1993, Series Number 37, pp. 27-45. (traduction)

* 281 ZEFFER K.A., Ecotourism : The Uneasy Alliance, Conseravtion International, Ernst &Young, 1989.

* 282 SERRES M., Le contrat naturel, Paris, Bourin, 1991.

* 283 HONEY M.-S., Ecotourism and Sustainable Development : Who Owns Paradise ?, Washington, D.C: Island Press, 1999, p. 64.

* 284 WEAVER D.-B., The Encyclopedia of Ecotourism, Oxon, New York, NY : CABI Pub, 2001.

* 285 LEQUIN M., 2001, op. cit., p. 13.

* 286 Voir en particulier le dossier, « La nature sauvée par l'écotourisme ? », publié dans Courrier International, n°195, 07-08-1994, pp. 9-12, voir aussi CORVOL A., La forêt malade, Paris, l'Harmattan, 1994, pp. 197-216.

* 287 JENNER et SMITH, 1992, op. cit.

* 288 HVENEGAARD G., « Ecotourism : A Status Report and Conceptual Framework », Journal of Tourism Studies, vol. 5, n°2, 1994, pp. 24-35.

* 289 Organisation mondiale de tourisme (OMT) et Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), « Sommet Mondial de l'Ecotourisme : rapport final », Madrid, Spain : World Tourism Organization, 2002.

* 290 O.M.T. et PNUE, 2002, p. 113.

* 291 Indicateur de capacité de charge : cet outil de mesure composite permet de déterminer le nombre maximum de touristes par site en tenant compte de l'intensité d'utilisation en période de pointe. Cet indicateur peut être calculé à partir des indices de protection des sites naturels et permet de donner l'alerte sur la capacité du site de supporter différents niveaux de fréquentation d'écotourisme.

* 292 Indicateur de perturbation de site : cet outil permet de réaliser une mesure composite des niveaux d'impact sur le site compte tenu des particularités naturelles et écologiques. Il s'agit de répondre à la question de savoir dans quelle mesure l'écotourisme malgré toutes les précautions prises vis-à-vis du milieu naturel a néanmoins un impact négatif sur l'environnement et lequel. Ceci doit permettre d'indiquer quelles sont les mesures à prendre en fonction du degré de perturbation des sites utilisés par l'écotourisme.

* 293Indicateur d'intérêt écologique : cet outil doit permettre de mesurer les particularités écologiques du site qui le rendent attrayant pour l'écotourisme et qui peuvent changer avec le temps et la fréquentation touristique. Il s'agit principalement d'un indicateur qualitatif qui joue un rôle très important pour s'assurer de la pérennité des investissements liés au développement de l'écotourisme.

* 294 LEQUIN M., 2001, op. cit., p. 22.

* 295 NELSON J.-G. et HARRIS J.-E., « Monitoring Tourism from a Whole Economy Perspective : A Case from Indonesia », dans NELSON et al., Tourism and Sustainable Development: Monitoring, Planning, Managing, University of Waterloo, Departent of Geography Publication, Series Number 37, 1993, pp. 179-201.

* 296 JARDEL J.-P., «Ecotourisme et environnement : vers un tourisme soutenable le cas du sylvotourisme dans la région Alpes-Provence-côte d'Azur », dans WALKOWITSH M., Tourisme et milieux, CTHS, 1997, pp.88-89.

* 297 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, op. cit.

* 298 LEVINAS E., Ethique et infini, Paris, Fayard, 1982.

* 299 SEN A., Poverty and Famines, an essay on entitlement and deprivation, Oxford, 1981.

* 300 PECQUEUR B., Le développement local, Syros, 2000 ; voir aussi PECQUEUR B. et ZIMMERMANN J.-B., « Les fondements d'une économie de proximité », GREQAM, Document de travail n°02A26, juin 2002, disponible aussi sur le site : http://durandal.cnrs-mrs.fr/GREQAM/dt/dt.htm

* 301 VELTZ P., Des lieux et des liens, L'Aube, 2002.

* 302 PAVOT C. et ZAOUAL H., 2000, op. cit.

* 303 Les associations membres de l'UNAT défendent l'idée que le tourisme est un partage entre touristes et populations locales. C'est donc tout naturellement que l'union s'est impliquée dans le soutien au tourisme solidaire et responsable. L'action a démarré véritablement en 2001. Quand Michelle DEMESSINE, alors Secrétaire d'état au Tourisme, a organisé une réunion rassemblant tous les acteurs (associations, ONG, tour-opérateurs...) qui s'auto - définissent comme faisant du tourisme solidaire.

* 304 Pour en savoir plus, consulter la brochure « D'autres voyages : du tourisme à l'échange » diffusée par l'UNAT, 2002, 48p. Pour aller plus loin voir le site www.unat.asso.fr

* 305 ABERT O., « Ne pas faire le malheur des hôtes », in Association démocratique d'élus et animateurs de la vie locale et sociale, « tourismes participatif, équitable, durable... Du nouveau sous le soleil », Territoires, n° 449, juin 2004, pp. 36-38.

* 306 Voir le site : www.maxhavelaarfrance.org

* 307 BERGERY L., op. cit., p. 166.

* 308 Le tourisme en faveur des pauvres, n'est ni un produit spécifique ni une niche de marché, mais une approche de la gestion et du développement du tourisme. Le but est d'augmenter les bénéfices nets des populations les plus pauvres. Cette approche vise à améliorer les liens entre les activités touristiques et les catégories les plus pauvres de la population afin que la contribution du tourisme à la réduction de la pauvreté augmente. Voir le site de l'UNAT, op. cit.

* 309 Le tourisme communautaire est centré sur l'implication des populations locales dans un développement touristique localisé et à leur profit : elles construisent et gèrent les structures d'accueil des voyageurs, comme l'ensemble des services qui leur sont proposés localement. Elles conservent un contrôle complet sur les revenus qui servent à l'amélioration des conditions de vie de la communauté. Elles donnent une importance particulière au respect de la nature et de leurs traditions. Cette forme de développement du tourisme est souvent combinée avec le développement d'activités productives, telles que des ateliers de transformation de produits agricoles ou d'artisanat dont les produits sont prioritairement vendus aux touristes (d'après l'UNAT).

* 310 Sources : UNAT

* 311 UNAT ( www.unat.asso.fr).

* 312 Définition issue de Forum international du tourisme solidaire de Marseille, FITS, 2003.

* 313 Cité par BERGERY L., op. cit., p. 167.

* 314 DOLLFUS A. et DE ARTODEV, «  Les enjeux et défis du tourisme responsable », in COLLOMBON J.-M., BARLET S. et RIBIER D., « Tourisme solidaire et développement durable », Paris, GRET, 2004, pp. 31-34.

* 315 Les guides du ROUTARD et LONELY Planet donnent des informations sur la relation à autrui.

* 316 Ce tourisme comprend les spécificités suivantes : Nombre de touristes-voyageurs restreint ; Rôle notable de gestion et de décision concédé aux autochtones ; Préférence des lieux situés « hors des sentiers battus » ; Prédilection pour une immersion dans le milieu naturel et/ou culturel ; Volonté de s'adapter aux conditions locales ; Désir de mieux connaître la culture de l'autre et la nature de l'ailleurs ; Désir de rencontrer, de partager et d'échanger, quête de connaissances et Intérêt pour vivre une expérience avec une éthique du voyage responsable. Pour plus de détails, voir MICHEL F., Revue Espaces, n° 171, Mai 2000, p. 20.

* 317 ZAOUAL H., op. cit.

* 318 DAOUDI A., L'organisation et la réglementation du tourisme au Maroc, Casablanca, M.K.Bennani, 1994, p. 25.

* 319 C'est le Maréchal LYAUTY lui-même, convaincu du profit que pourrait retirer le Protectorat de l'expansion du tourisme au Maroc, qui donna ce coup d'envoi en décidant en 1921 la construction d'un hôtel de grand luxe à Marrakech. Les initiatives de société et d'hommes d'affaires français n'ont pas fait défaut.

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