Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc( Télécharger le fichier original )par Seloua GOURIJA Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007 |
Le tourisme Mondial arrivées et recettes - 1970/2000
Source : O.M.T. Tendances des Marchés Touristiques, 2001. Dans ce contexte, il convient d'ajouter que le rôle du tourisme international en tant que source majeure de devises est déterminant car il s'agit d'une source de devises de grande importance non soumises à des obligations d'achat et à des paiements déterminés. P. PY écrit, « Le tourisme de masse est comme le feu. Il peut faire bouillir votre marmite ou incendier votre maison »22(*). Il a donc un impact qui peut être important, d'autant qu'il se double des conséquences qu'il entraîne pour l'économie. Il y a là toute une série des incidences qui se mesurent de diverses façons : flux de touristes, emplois crées, incidences sur la balance de paiements, le revenu national, les prix, le budget de l'Etat, etc. Ces effets diffèrent d'un pays à l'autre. Les pays en développement sont les plus touchés ou influencés par le tourisme.
Le secteur touristique peut constituer un puissant moteur de développement économique dans de nombreux de pays en développement car il est susceptible d'avoir de forts effets multiplicateurs et d'entraînement sur le reste de l'économie. De fait, il est créateur de nombreux emplois, en particulier non qualifiés ou semi-qualifiés. Etant donné la diversité de l'industrie touristique, il est difficile d'évaluer tous ses effets dans le domaine de l'emploi, tant sont nombreuses les activités concernées : accueil, transport, hébergement, loisirs, agences et autres services administratifs ou para-administratifs, financiers, sanitaires, etc. auxquels s'ajoutent tous les secteurs fournisseurs des entreprises touristiques : construction, agriculture, industries manufacturières, industries de transformation. Les effets du tourisme sur l'emploi peuvent être considérables pour certains petits pays, qui deviennent alors très dépendants des flux touristiques et des recettes qu'ils procurent. Par exemple dans certains pays insulaires de la caraïbe, près de 50% des effectifs sont occupés une partie de l'année à des activités directement liées au tourisme ou en rapport avec cette industrie. En revanche, dans les principaux pays touristiques, qui sont aussi des pays industrialisés à forte population, l'industrie du tourisme représente moins de 5% de l'emploi total23(*).
Dans certains pays en développement, singulièrement ceux qui ne sont pas dotés de ressources adéquates, le tourisme constitue parfois la seule option de développement qui s'offre à eux à court et à moyen terme. C'est pourquoi il est souvent considéré comme un secteur de croissance prometteur dans les petits Etats insulaires en développement. Car, il laisse entrevoir d'importantes possibilités de diversification économique, en particulier dans les îles de très faibles dimensions. Dans un certain nombre de pays en développement où la promotion du tourisme occupe une place prioritaire dans la planification du développement, la contribution du tourisme au PNB, à l'emploi et aux recettes d'exportation dépasse depuis quelques années celle des activités économiques traditionnelles telles que les cultures marchandes et l'extraction minière. De sorte que beaucoup de pays et de petits Etats insulaires en développement sont de plus en plus fortement tributaires du tourisme pour leur expansion économique : par exemple, le tourisme et les activités connexes dominent aujourd'hui les économies d'Aantigua-et-Barbuda, d'Aruba, des Bahamas, de la Barbade, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et des Seychelles24(*). En revanche, le développement du tourisme insulaire n'a pas eu le même impact sur les économies de la plupart des petits Etats insulaires en développement d'Afrique et du Pacifique25(*). La contribution du tourisme à la production de revenus et à la création d'emplois est très variable d'un pays à l'autre. L'apport brut du tourisme au revenu national est amputé à la source par des fuites de recettes en devises tenant à l'importation de matériaux et de matériel de construction et de biens de consommation (produits alimentaires et boissons, notamment), au rapatriement des bénéfices réalisés par les investisseurs étrangers, aux dépenses promotionnelles à l'étranger, et à l'amortissement de la dette extérieure contractée lors de la construction d'hôtels et de stations de villégiature. Les effets multiplicateurs de revenus et d'emplois engendrés par le tourisme sont en général plus sensibles dans les pays où il existe des réseaux locaux d'approvisionnement bien établis grâce auxquels il est plus facile de satisfaire aux besoins du secteur en s'adressant aux fournisseurs sur place.
Lorsque les liaisons en amont entre le tourisme et les autres secteurs de l'économies sont lâches ou inexistantes, ces effets sont moindre car le rôle potentiel de stimulation des dépenses indirectes exercé par l'activité touristique se trouve dilué sous l'effet de l'augmentation des importations qui se substitue à celle de la production nationale. Comme il se produit fréquemment dans de nombreux petits Etats insulaires en développement vu les liens potentiels du tourisme avec d'autres secteurs de l'économie, une intégration aux plans nationaux de développement privilégiant la création de relations intersectorielles est susceptible de favoriser la croissance des activités liées au tourisme dans les principaux secteurs de l'économie, notamment l'agriculture, la pêche, l'industrie, les services et les transports. Cependant, une trop forte dépendance vis-à-vis du tourisme de masse comporte des risques notables. La récession économique, alliée aux conséquences de catastrophes naturelles telles que les orages et cyclones tropicaux, peut avoir des effets dévastateurs sur le tourisme et l'économie locale dans son ensemble. De manière générale, la demande de tourisme de masse est relativement élastique par rapport aux revenus. Ainsi, elle est susceptible de réagir très négativement au fléchissement de la conjoncture sur les marchés originaires. C'est ainsi qu'en 1997 et 199826(*) les désordres financiers en Asie ont provoqué une diminution brutale du tourisme dans les pays touchés. De même, une dépendance excessive à l'égard d'une seule source majeure de touristes, comme c'est le cas de Chypre et de Malte vis-à-vis du marché du Royaume-Uni, a pour effet de lier la performance du secteur touristique aux aléas économiques du pays d'origine. Enfin, examinons l'influence du tourisme sur le développement régional. Celui-ci est un outil important de l'aménagement du territoire. Il permet de créer des emplois et de fixer les populations dans des régions défavorisées sur le plan économique. Mais, il engendre des déséquilibres inter-régionaux que intra-régionaux qui s'expliquent par la concentration du potentiel d'accueil ainsi que la concentration des flux touristiques. Par exemple, l'attirance vers le littoral a entraîné une polarisation croissante des équipements et de la fréquentation touristiques prés des côtes, particulièrement autour des « trois grands lacs de vacances mondiaux »27(*) (Bassin méditerranéen, Bassin Caraïbe, Bassin asiatique et pacifique). La France illustre parfaitement ces déséquilibres inter-régionaux28(*) au profit des zones littorales et des zones de sports d'hiver qui affectent aussi bien le potentiel d'accueil que les flux touristiques.
En effet, la concentration des hébergements touristiques est significative de l'inégal attrait touristique des régions. Cette concentration concerne d'abord les hôtels de tourisme, puis les résidences secondaires et enfin les terrains de camping classés et les villages de vacances. Pour ce qui concerne, les déséquilibres intra-régionaux sont particulièrement nets dans les régions littorales où le tourisme se concentre à proximité immédiate du bord de mer. En somme, les retombées économiques du tourisme dans les régions sont difficiles à apprécier. Leur estimation en consommation touristique intérieure, en création d'emplois et en richesse induite, n'est pas aisée. Elle l'est encore moins si l'on veut mesurer l'impact réel du tourisme, c'est-à-dire si l'on prend en compte la part du tourisme par rapport aux autres secteurs de l'économie, la part des dépenses touristiques effectuées dans la région qui ne bénéficient pas à celle-ci ou bien la part des dépenses touristiques effectuées par les habitants d'une région en dehors de celle-ci. * 22 PY P., Le tourisme, un phénomène économique, Paris, La Documentation française, 1996, p. 123. * 23 VELLAS F., 1985, op. cit., p. 150. * 24 Secrétaire général, Conseil économique et social : rapport sur « Le tourisme et le développement durable » , 1999, p. 3. * 25 Par exemple, entre 1980 et 1994, les recettes touristiques des pays d'Asie de l'Est et du Pacifique ont vu leur part doubler dans le total mondial de 8,4% à 18,4%, tandis que leur valeur était multipliée par plus de cinq de 8milliars de dollars à 59 milliars. Cette évolution est le résultat du positionnement d'un grand nombre de ces pays dans le segment haut de gamme du tourisme international. A cela s'ajoute un excellent rapport qualité-prix qui place ces pays en position de leader dans la compétition internationale. A la différence des pays d'Asie du Sud, les recettes touristiques représentent seulement 0,76% du total des recettes touristiques mondiales alors qu'ils représentent 1,50% en 1980. (O.M.T. 1995), voir aussi, l'ouvrage de VELLAS F., Le tourisme mondial, Paris, Economica, 1996, pp. 23-49. * 26 Secrétaire général, Conseil économique et social, Rapport sur « Le tourisme et le développement durable », 1999, p. 3. * 27 PY P. , op. cit, p. 143. * 28 Voir par exemple, l'ouvrage de MERLIN P., Tourisme et aménagement touristique, Paris, La documentation française, 2001, pp. 53-61. Aussi, l'ouvrage de MERLIN P., SPIZZICHINO R., Aménager la France des vacances, Paris, La documentation française, 1983, pp. 55-60. |
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