PREMIERE PARTIE : DESCRIPTION DE L'INFORMATION
GEOGRAPHIQUE
«Le livre n'exerce plus le pouvoir qui a
été le sien, il n'est déjà plus le maure
de nos raisonnements ou de nos sentiments face aux nouveaux
moyens d'information
et de communication dont nous disposons
désormais.»
Henry- Jean MARTIN
Introduction : le concept d' IST
Il nous a paru important, à l'entame de cette partie,
d'éclaircir le concept d' IST qui, désigne plus que jamais
à la fois l'information liée à la diffusion de la science
dans le milieu scientifique et à la fois liée à la
pratique de la science et qui, de l'avis CHARTRON (2001), a subi de nombreuses
dérives donnant aujourd'hui une image brouillée des
problématiques initiales.
L'information scientifique et technique est, d'après
CAMBEROUSSE (1999), une notion difficile à cerner et qui s'accommode mal
à une stricte définition. On l'a souvent présentée
accolée à un complément descriptif du type
« information et documentation » ou « information
spécialisée », ou encore « information
professionnelle » dans le but de la démarquer de la
« communication » ou de l'information
générale, incarnée par la presse, les médias et
l'informatique qui désigne le traitement de l'information- signal.
Dans la quête des origines de l' IST, CAMBEROUSSE,
remonte à la fin du 19ème siècle et la
première moitié du 20ième qui ont vu se
développer la documentation, science se préoccupant de la
gestion, de l'organisation des documents. Avec les progrès
technologiques, la seconde moitié va considérablement
élargir les problématiques en s'intéressant non plus
uniquement aux documents physiques (revues, livres...), mais plus largement
à l'information.
L'IST est comprise alors dans son sens général
et premier d'« élément de connaissance susceptible
d'être représenté à l'aide de conventions pour
être conservé, traité ou communiqué »,
avec cette restriction que les éléments de connaissance
émanent spécifiquement de l'activité scientifique ou
technique. Les sources de l'information scientifique et technique sont
tributaires de ceux qui élaborent les savoirs : savants,
chercheurs, érudits, ingénieurs etc. Les connaissance en, tant
que résultats de l'acte de connaître, sont alors
communiquées ou conservées sous des formes diverses,
adaptées aux usages envisagées. L'IST est donc à la fois
le contenu et la forme sous laquelle les savoirs sont présentés
en tant que «connaissance enregistrée » (Y. LE COADIC,
1994)
La documentation scientifique fut l'un des champs pionniers
où s'opèrent des processus d'informatisation, des
réflexions sur l'organisation des informations avec les nouveaux
dispositifs technologiques naissants. La «science de l'information»
se développa étroitement avec les problématiques de la
documentation scientifique électronique dans les années 60, et
avec le problème majeur du repérage de l'information mobilisant
des modèles statistiques, informatiques et plus tard linguistiques. Le
concept d'IST apparaît donc, à cette époque,
étroitement lié à la fois au champ de l'information
scientifique et à celui de l'ingénierie documentaire.
La diversité et la rapidité d'évolution
des technologies de production et de diffusion de l'information sont telles
qu'elles ont envahi peu à peu toutes les activités
professionnelles au point de constituer le trait caractéristique de la
société actuelle et d'en être l'enjeu majeur de
développement. Dans ce contexte, les contours de l'IST sont difficiles
à cerner. (CAMBEROUSSE, 1999). Autrement dit, l'ambiguïté
s'est progressivement installée lorsque la question du
développement technologique prendra le dessus, le champ quittant alors
le domaine de l'information scientifique pour s'élargir au domaine de
l'information utile aux entreprises. Un ensemble de nouveaux concepts
émergeront alors en rapport avec l'évolution des
problématiques liées à la gestion de l'information.
Quelles que soient ces frontières conceptuelles, si
l'IST s'appuie toujours bien sur l'ensemble des connaissances et savoirs, elle
prend alors tout son intérêt dans l'accès rapide à
l'information pertinente. Dans cet environnement de l'IST, on observe, avec
CAMBEROUSSE, un changement majeur des rôles : les usagers finals
sont de plus en plus les utilisateurs directs des systèmes
d'information, aux dépens des intermédiaires et des
professionnels du transfert de l'information comme les documentalistes. Entre
l'usager et la masse d'information ne s'intercalent plus, bien souvent, que des
outils intégrés à l'ordinateur. Ce qui entraîne un
recentrage du marché de l'IST sur les moyens techniques, une
modification des systèmes et produits d'information
spécialisée, ainsi qu'un reclassement des divers acteurs de
l'IST.
L'ampleur du réseau Internet affecte l'IST, à la
fois, par l'importance des contenus véhiculés et par la puissance
des moyens qui permettent d'accéder à ces contenus (moteurs de
recherche, navigateurs, interactivité, etc.) et l'information
géographique, une information particulière certes, mais qui n'en
demeure pas moins une IST, n'échappe pas à la règle.
I- L'information géographique, une IST
particulière
L'information géographique est définie, par
DENEGRE J. 3(*), comme une information relative à un
objet ou à un phénomène du monde terrestre, décrit
plus ou moins complètement par:
- sa nature, son aspect, ses
caractéristiques diverses ;
- son positionnement sur la surface
terrestre.
Le premier groupe de données (nature,
aspect et caractéristiques) est appelé aussi attributs ou encore
données sémantiques c'est-à-dire, relatif à
l'ensemble des critères descriptifs des objets, indépendamment de
leur localisation ; tandis que le second groupe (positionnement ou
localisation) est appelé données géométriques
c'est-à-dire, relatif à la mesure de la position des objets
à la surface de la terre, ainsi que leur forme et dimensions.
LUMMAUX JC 4(*), quant à lui, considère que toute
information associée à une position à la surface de la
terre est une information géographique : les informations
présentes sur les cartes classiques, mais aussi les informations
socio-économiques localisées, les informations de trafic, les
informations environnementales...
L'information géographique est composée
d'informations géométrique, descriptive et topologique. Elle
constitue une interprétation, ou plutôt, comme le dirait Patricia
BORDIN (2002), une schématisation du monde réel. L'information
géographique donne une description des objets et
phénomènes localisés par rapport à un
référentiel sur la terre.
Vers les années 60, la géomatique (ensemble des
techniques de traitement de l'information géographique) a introduit une
nouvelle forme d'expression pour l'information géographique : la
forme numérique qui constitue en somme, une synthèse des trois
formes traditionnelles (texte, carte et image de
télédétection). L'information géographique
numérique allie toutes les avantages des formes classiques de
l'information géographique à savoir la capacité quasi
illimitée de stockage des objets, de leurs attributs et de
leurs relations (grâce à la densité croissante des supports
informatiques), capacité de représentation
cartographique, grâce à l'utilisation de d'outils de traitement et
de tracés automatiques, capacité, enfin, de combinaisons
multiples entre sémantique et géométrique.
En résumé, une information est dite
géographique lorsqu'elle est liée à une localisation dans
un système de référence sur la terre. On parle aussi de
données localisées ou d'information à
référence spatiale. La composante spatiale est leur point commun.
C'est aussi la spécificité de l'information
géographique : spécificité par les traitements
qu'elle demande, mais aussi spécificité des traitements qu'elle
permet grâce à l'utilisation du raisonnement spatial.
II- De l'acquisition des données à la
diffusion de l'information: un processus empreint par l'évolution
des TIC
Selon Yves LASFARGUES, les changements technologiques
provoquent dans tous les cas, avec plus ou moins de force, quatre types
d'innovation : innovation de processus, innovation de produit, innovation
organisationnelle et innovation sociale.
Nous essayerons ici d'apprécier les évolutions
dans le processus de production de l'information géographique à
travers une analyse des techniques et outils d'acquisition et d'analyse.
II-1 La localisation : caractéristique principale de
l'information géographique
La localisation, qui définit l'information
géographique, est aussi sa première spécificité.
La définition du mode de localisation et de la "projection"
cartographique est dès lors un composant indispensable de toute
information géographique. En même temps que la description du mode
géométrique, une information géographique doit
préciser le système de localisation dans lequel il s'exprime.
II- 1-1 Les différents modes de
localisation
II-1-1-1 Le mode textuel ou systèmes de
référence indirects :
C'est le nom de l'endroit où l'on se trouve ou la
description de l'itinéraire pour s'y rendre. L'adresse postale est
l'exemple le plus répandu. Il existe aussi d'autres adresses de
localisation telles que le numéro de la parcelle cadastrale, le
numéro de commune INSEE,... Ces systèmes de localisation sont
très utilisés dans la vie quotidienne et l'administration
(impôts, abonnements à l'électricité et au
téléphone, etc.) mais, ils ne se prêtent pas
aisément à une représentation directe sur une carte.
Le codage des adresses s'effectue en France à l'aide
du répertoire FANTOIR (Fichier Annuaire Topographique Initialisé
Réduit) établi et maintenu par la Direction
Générale des Impôts. Ce fichier donne le nom des communes,
voies, lieux-dits, canaux, rivières, voies ferrées, routes,
autoroutes, etc. et leur code numérique. Dans certains pays comme le
Royaume- Uni, l'adresse postale a été adaptée à la
géomatique, en normalisant le code postal selon une logique de grille
particulière couvrant l'ensemble du territoire.
II-1-1-2 Le mode mathématique ou
systèmes de référence directs
Le mode mathématique correspond aux coordonnées
dans un système de référence donné. Ce sont les
navigateurs qui, les premiers, ont utilisés des coordonnées
(latitude et longitude) mesurées à partir des étoiles,
pour caractériser leur position sur les océans.
A l'origine, les coordonnées utilisées par les
navigateurs en se repérant sur les étoiles ont été
définies sur la sphère terrestre puis, on s'est aperçu que
la Terre avait la forme d'une sphère aplatie, sur un ellipsoïde de
révolution (sphère aplatie aux pôles). En fait, la Terre
n'ayant pas une forme mathématique parfaite, il existe plusieurs
ellipsoïdes dits géodésiques qui s'en rapprochent plus ou
moins. Ils sont caractérisés par leur centre (centre des masses
de la Terre), leur axe de révolution (l'axe des pôles terrestres),
leurs dimensions, leur méridien d'origine (celui de Greenwich par
convention internationale).
II-1-2 Les types de coordonnées
II-1-2-1 Les coordonnées
géographiques
Tout point M de la surface terrestre peut être
projeté sur un ellipsoïde géodésique en un point P et
défini par ses deux coordonnées géographiques :
- la longitude du point est l'angle orienté entre le
plan méridien origine (Greenwich, par convention) et le plan
méridien de ce point.
- la latitude est l'angle orienté, dans le plan
méridien du point, entre l'équateur et la normale à
l'ellipsoïde en ce point.
II-1-2-2 Les coordonnées
rectangulaires
On passe des coordonnées géographiques
"courbes" (définies sur l'ellipsoïde) aux coordonnées
rectangulaires d'une carte "plane" par une transformation mathématique
(qu'on appelle aussi projection)
* 3 DENEGRE J. Ecole Nationale
des Sciences Géographiques
* 4 LUMMAUX JC.
Secrétaire Générale du CNIG (Conseil National de
l'Information Géographique) et de l'AFIGEO
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