Conclusion Générale
Grâce aux progrès réalisés dans
l'informatique et le développement des NTIC, toute information peut
être figurée désormais sous forme numérique, via un
système binaire de combinaisons d'impulsions électriques
manipulables par ordinateurs. La fonction des ordinateurs est de traiter
l'information, de la stocker et de la transférer. La croissance
exponentielle des réseaux électroniques dans la communication
scientifique a multiplié les possibilités des échanges.
Dans le domaine de la géographie, cette dynamique technologique a
entraîné la création de nouvelles ressources et de services
renouvelés de recherche d'information en ligne. L'information
géographique, dématérialisée, est désormais
vouée à une existence numérique et son usage,
modifié.
Les SIG, système informatique permettant d'effectuer
des tâches diverses sur des données
dématérialisées à références
spatiales, ont vu le jour dans les années 80. Ils possèdent des
outils spécifiques permettant de créer et gérer de
l'information géographique numérique mais aussi pour interroger
aussi bien sur la composante géométrique que descriptive des
objets et permettre un affichage sur écran. Le passage du papier
à l'écran de l'information géographique s'est
effectué avec l'arrivée de nouvelles fonctionnalités : la
modélisation en temps réel, l'accès aux systèmes
d'information, les liens hypertextes ou encore l'animation.
Au delà des changements formels, l'apparition de ces
fonctionnalités a engendré des modifications fondamentales en
terme de diffusion, de représentation, d'utilisation et de production de
l'information spatialisée. Aux usages renouvelés de
l'information, s'ajoute l'impact de l'introduction de nouvelles pratiques et de
nouveaux comportements professionnels. En effet, les chercheurs,
confrontés aux défis que représentent la croissance des
besoins informationnels, la diffusion généralisée des
réseaux immatériels dans l'organisation de la recherche, dans la
production et la communication de la connaissance scientifique, adoptent de
nouveaux comportements pour tirer profit des opportunités offertes.
Le développement des NTIC en Géographie
renforce-t-il l'échange entre chercheurs ou le diminue-t-il ou encore
a-t-il un influence sur d'autres types de communication ou d'autres
supports ? Provoque t-il une mutation dans les habitudes de mener
l'activité de recherche ou plus généralement sur la
construction et la production scientifique ?
L'étude des influences des NTIC sur les pratiques
informatives et les modes de communication des chercheurs, à travers les
résultats de l'enquête et les entretiens, révèle
l'émergence d'un système dual. En effet, deux vecteurs de
communication coexistent et se complètent : d'un côté
un mode traditionnel prédominant essentiellement axé sur les
imprimés (ouvrages et périodiques) et les échanges oraux
informelles (face à face) ou formalisés (séminaires,
conférences) et de l'autre, un mode de communication moderne via
Internet (communication électronique). Si la plupart des chercheurs
scientifiques sont réceptifs à l'édition
électronique, ils la considèrent plutôt comme fournissant
des services complémentaires plutôt que comme une substitution aux
publications sur papier.
La communication scientifique via Internet et les
médias de nature électronique présentent deux
opportunités : l'une informelle, permet une communication continue
et quasi instantanée avec l'email dont l'usage chez les chercheurs se
banalise. Sommes-nous déjà engagé dans la voie d'une
inéluctable transition vers la communication numérique ?
L'autre opportunité est constituée par les bases de
données bibliographiques, les articles et actes de colloque en ligne,
utilisés de façon régulière par tous les
chercheurs.
L'analyse des résultats recommande une retenue car
malgré les performances réalisées dans le domaine des
NTIC, les rencontres informelles entre chercheurs demeurent, de leurs avis,
irremplaçables. En effet, tous les géographes interrogés
accordent leur attachement aux débats renouvelés en face à
face, dans un cadre informel, propices à la confrontation des
idées.
L'émergence de ce système dual dans les modes de
communication et les pratiques informatives des chercheurs géographes
souligné précédemment, ne conduirait- il pas à
terme à remettre en cause la fonction sociale de la communication et la
production scientifique? L'altération de l'un des éléments
du système affecterait sérieusement le fonctionnement des autres.
Quel mode de régulation la communauté des
géographes doit-elle inventer pour concilier son besoin légitime
d'une échelle de valeur pour la qualité de la production
scientifique ? Quelle alternative aux coûts exorbitants- en temps et
ressources financières - des supports papiers ? La question reste
posée et il s'agit moins de savoir si la littérature scientifique
émigrera vers la dissémination électronique, ce qui
paraît inévitable, mais plutôt quand et comment cette
transition aura lieu. Dans quelle direction s'opérera t-elle ? Il
convient alors, pour les chercheurs géographes, de redéfinir de
nouvelles formes de régulation sociale pour l'appréhender dans
les nouvelles technologies émergentes dans la communication
scientifique.
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