« Hasta la revolucion, siempre » Che
Guevara.
Cette citation fameuse de Che Guevara semble aujourd'hui
prendre un nouvel élan par le biais du nouveau président
vénézuelien Hugo Chavez. En effet, ce dernier tente aujourd'hui
de mettre en place la révolution bolivarienne changeant par là
même radicalement la politique étrangère du Venezuela.
Avant de nous plonger dans cette évolution, regardons la situation de ce
pays d'Amérique Latine à la fin du 20e siècle
et les raisons de l'accession au pouvoir d'Hugo Chavez.
En 1998, soit 168 ans après l'accession à
l'indépendance un écart abyssal sépare une minorité
de nantis du reste du peuple ; un quart de la population active est au
chômage. Ceci semble révoltant quand on sait que le Venezuela est
le deuxième exportateur mondial de pétrole à
l'époque et qu'il a reçu sur les vingt-cinq dernières
années, au titre de la vente d'hydrocarbures, environ 300 milliards de
dollars, soit l'équivalent de vingt plans Marshall réunis. C'est
dans ce contexte que Hugo Chavez remporte les élections le 6
Décembre 1998 avec 56,24% des voix porté par un programme
social.
Depuis lors, l'enfant de Sabaneta du haut de ses 51ans est
devenu un phénomène politique irrésistible à
l'échelle latino-américaine. Sa popularité, principalement
auprès des populations modestes dont il est lui-même issu, tient
en un programme politique visant à s'éloigner du modèle
néolibéral et par là même résister à
la mondialisation. La redistribution de la dépense publique en faveur
des secteurs populaires lui accorde un soutient lui permettant de mener cette
politique d'indépendance.
Comparé parfois au Général de Gaulle
dans son idée d'indépendance, Hugo Chavez s'inspire
principalement de Simon Bolivar qui avait libéré
l'Amérique du Sud du joug espagnol et qui souhaitait bâtir une
« grande patrie » dans le sud du continent
américain.
Depuis son accession au pouvoir, la ligne directrice de la
politique étrangère vénézuelienne a bien
changé. En effet, le partenariat avec les Etats-Unis a totalement
était remis en question et on peut même affirmer que Hugo Chavez
mène une véritable « guerre » au
système américain. Pour ce faire, le président
vénézuelien utilise ce qui est pour sûr actuellement,
l'objet de toutes les convoitise américaines : le pétrole.
L'or noir est devenu l'instrument essentiel des relations extérieures du
Venezuela comme l'affirme le ministre des affaires étrangères M.
Rodriguez qui institua son mandat en disant « la politique
internationale du Venezuela a une composante très forte en
matière d'hydrocarbures ». Grâce à cette
rente pétrolière importante Hugo Chavez a pu mettre en place un
autre principe de la diplomatie bolivarienne : la coopération
sud/sud qui correspond à son souhait de promouvoir un monde
multipolaire. « Nous ne voulons pas dépendre d'un seul
pays. Nous utilisons notre pétrole pour ouvrir des marchés et
nouer de nouvelles alliances ».
Dans la mise en oeuvre de sa politique, le président
vénézuelien n'hésite pas à choquer, embarrasser,
voire même passer en force. Il mène une politique ouvertement
anti-Bush allant jusque l'accuser personnellement de tentative d'assassinat, il
cultive ses relations avec des gouvernements mis au banc de la
communauté internationale comme avec son ami Fidel Castro.
Tout ceci nous amène à de nombreuses
interrogations : premièrement comment agit-il dans la pratique
notamment dans sa politique anti-américaine ? Quelle est sa
nouvelle politique pétrolière ? Quelles en sont ou seront
les répercussions ? Sa politique se limite-t-elle au
pétrole ? Quel est l'impact de sa politique sur le monde ?
Où veut-il en venir ? Mais également cette politique
est-elle viable ? Hugo Chavez est-il un feu local ou un brasier global
potentiel ?
Nous répondrons bien sûr à l'ensemble de
ses interrogations en nous attachant aux faits mais également en
extrapolant sur l'évolution de la situation. Nous verrons si Hugo Chavez
est un simple agitateur éphémère ou s'il a effectivement
les moyens de sa politique.
Pour cela nous étudierons dans un premier temps la
situation du Venezuela : quels sont les faits marquants de son
histoire ? Quelles sont ses ressources ?... Puis nous
définirons précisément le programme politique de Hugo
Chavez en comprenant ses aspirations, ses actes nationaux et leurs apports...
Dans une troisième partie nous analyserons la nouvelle politique
pétrolière du Venezuela depuis l'élection de Hugo
Chavez : l'utilisation du pétrole comme une arme, le rôle
fort à l'OPEP, les nouvelles alliances stratégiques.... Nous
finirons par l'étude des idées fortes de Hugo Chavez notamment
son projet pour l'Amérique latine, ses liens intimes avec Fidel Castro
et le rôle que ce dernier peut avoir sur le président
vénézuelien...
I. La situation du Venezuela : histoire, ressources
et enjeux géopolitiques.
A. Les traits caractéristiques majeurs du
Venezuela
Géographiquement, le Venezuela se
situe sur la côte septentrionale de l'Amérique Latine ; une
vaste plaine drainée par le fleuve Orénoque prend place en son
centre et le sud ouest du pays est occupé par le plateau des Guyanes. Sa
population totale est de 25,1 millions de personnes dont 87% sont
urbanisées.
L'histoire vénézuelienne est marquée au
fer rouge par les idées fortes et son souhait
d'indépendance ; en 1881 sous la conduite de Simon Bolivar le
Venezuela fut la première colonie espagnole à rejeter
l'autorité de Madrid. C'est en 1821, lors de la bataille de Carabobo que
la Grande Colombie (Colombie, Venezuela et Equateur) prend
définitivement son indépendance mettant fin à la
domination espagnole. Cette Grande Colombie s'effondra en 1830 donnant ainsi
naissance au Venezuela avec à sa tête José Antonio Paez
suivi par la suite de Guzman Blanco. C'est en 1908 avec l'arrivée au
pouvoir du général Juan Vincente Gomez que l'industrie
pétrolière se développe. La démocratisation du
Venezuela amorcée en 1935, marque en coup d'arrêt en 1945 et 1948
par un enchaînement de coups d'Etat militaire. Le retour de la
démocratie se fera en 1958 avec l'élection de R. Betancourt.
Dans les années 60, le Venezuela deviendra membre
fondateur de l'OPEP ; sur le plan national une lutte anti-guérilla
se développe. En 1973, le Venezuela décide de nationaliser
l'industrie pétrolière ; malgré cela une situation
économique de plus en plus désastreuse prend place. Le paroxysme
est atteint en 1983 avec la chute du prix du baril qui amène une
réduction des dépenses sociales créant un gouffre de plus
en plus large entre les nantis et les autres. Ceci entraînera de
violentes manifestations notamment les émeutes de la faim en 1989
à Caracas. Les années suivantes sont marquées par la
corruption qui ne cesse de s'étendre et dégoûte la
population.
Dans ce contexte, Hugo Chavez remporte les élections
en 1998 avec un programme social et une promesse d'honnêteté. En
Avril 2002, Chavez est renversé par un putsch, il retrouve son
siège le lendemain après les protestations nationales et
internationales. Ceci le conforte dans son image « d'ami du
peuple ».
B. les ressources vénézueliennes
Le Venezuela : « terre de l'or
noir », les ressources sont en effet impressionnantes : 100
à 270 milliards de barils de brut extra lourd se situent dans la
ceinture de l'Orénoque. Le pays possède donc les plus grands
gisements pétroliers connus après ceux de Moyen Orient. Le
pétrole vénézuelien est visqueux, difficile à
extraire mais de nouvelles technologies sont en voie d'élaboration. A
l'heure d'aujourd'hui le Venezuela produit 600 000 barils par jour de ce
seul brut extra lourd. Et selon Georges Buresi, directeur
général de la filiale vénézuelienne du groupe Total
« c'est dans ces réserves de brut extra lourd que
réside l'enjeu stratégique de l'avenir... selon des
hypothèses, ces réserves pourraient être comparables
à celles de l'Arabie Saoudite ». Rappelons rapidement que
le Venezuela est à ce jour le quatrième exportateur mondial de
pétrole. Ci-dessous, la localisation des principaux sites
pétroliers et oléoducs.
En plus de ces formidables réserves
pétrolières, le Venezuela détient des ressources de
charbon, bauxite, fer et or.
A. l'économie vénézuelienne
Malgré ses fortes ressources
pétrolières, l'économie vénézuelienne n'est
pas une économie rentière comme l'est l'Arabie Saoudite, de ce
fait les impôts restent maintenus ce qui confère une grande
importance à l'avis du peuple. En effet, les pétromonarchies du
golfe sont souvent devenues des Etats rentiers via l'industrie
pétrolière, ce qui leur a permis de mettre fin aux impôts,
comme en Arabie Saoudite par exemple ; le but de la manoeuvre étant
de conférer une grande autonomie politique au gouvernement ne
« devant » pas rendre de compte à la population qui
ne participe plus au budget de l'Etat. Le Venezuela quant à lui n'a pas
supprimé les impôts, le gouvernement doit donc rendre des comptes
à la population ce qui explique le fait que Hugo Chavez mettra un point
d'honneur à redistribuer la rente pétrolière au plus
démunis, nous verrons cela dans notre deuxième partie.
Le Venezuela est en vérité un paradoxe
économique : alors que son économie est l'une des plus
fortes d'Amérique Latine, sa situation financière est très
mauvaise. En effet des années d'interventionnisme étatique et de
corruption ont fait perdre aux cadres du public leur sens des
responsabilités et leurs crédibilités. Un programme de
privatisation et de réduction des dépenses de l'Etat a donc
été mis en oeuvre. Les promesses du président Chavez pour
venir à bout des excès, pour diversifier l'économie en
diminuant la dépendance par rapport aux exportations de pétrole
brut, pour assurer la promotion des industries nationales de transformation...
ont été diversement appréciées par les
investisseurs qui préféreraient des réformes d'avantage
favorables au marché.
L'analyse de la situation vénézuelienne
révèle deux choses : premièrement que le territoire
vénézuelien est doté de formidables ressources et que son
histoire porte la marque d'un grand peuple ; mais deuxièmement la
situation du Venezuela à partir des années 1980 nous
démontre les grandes difficultés que rencontre ce pays.
L'arrivée du président Chavez a donc apporté du sang neuf
et un nouvel espoir ; analysons désormais le programme
« populiste » de Hugo Chavez.
II la définition du programme politique de Hugo
Chavez : pour les plus démunis !
A . Les références bolivariennes du
mouvement
Le mouvement qui porta Hugo Chavez à la tête de
l'Etat vénézuelien est né en 1982, pendant la
« crise ». Il s'agissait alors d'une cellule
clandestine ; en 1987 le mouvement, qui ne cessait
« d'établir de nouvelles cartes de membres », pris
le nom de Mouvement Bolivarien Révolutionnaire. Dès lors
l'objectif du groupe était clair : il souhaitait une
révolution, une transformation politique, sociale, économique et
culturelle inspirée par les idées de Simon Bolivar. Le MBR
établi alors « l'arbre aux trois racines » qui est
en quelque sorte sa source idéologique. Cet arbre est composé
d'une racine bolivarienne (ses idées, sa vision géopolitique de
l'intégration de l'Amérique latine), d'une racine zamorienne
(référence à Ezequiel Zamora, le
« général du peuple souverain » et de
« l'unité civico-militaire ») et d'une racine
robinsonienne (en référence à Simon Rodriguez, le
maître de Bolivar, sage de l'éducation populaire, de la
liberté et de l'égalité). Cet arbre aux trois racines
avait avant tout un contenu symbolique et il offrait un sens intégrateur
et reconstructeur de l'histoire nationale et continentale.
Dans ce mouvement politique l'importance était
donnée à la morale et à la communication par des images
fortes. Le socialisme du 21e siècle doit avoir comme
première caractéristique une morale, une conscience, une
éthique. Dans cette idée les références à
Che Guevara sont nombreuses. Une autre référence plus inattendue
est le Christ. Hugo Chavez aime affirmer que le premier socialiste fut le
Christ ; il explique que le socialisme doit ce nourrir des courants les
plus authentiques du christianisme. Cette idée du socialisme, Hugo
Chavez la défend à merveille : « le socialisme
doit défendre l'éthique, la générosité.
Bolivar fut un exemple : il a tout abandonné pour être utile
à son pays. Il faut rappeler aussi que le Christ a dit à un homme
riche qui voulait aller au paradis : vends tout ce que tu possèdes
et partage-le entre les pauvres ».
Nous notons ici que le mouvement de Hugo Chavez
porte de grands principes, toutefois quand il a remporté les
élections et lorsqu'il s'est installé à la
présidence de la République, son gouvernement ne disposait pas
réellement d'un corps doctrinal systématique, ni de lignes
directrices claires qui auraient pu constituer un projet pour le pays, ni
d'organisations politiques en mesure de suppléer à ces carences.
En vérité lors de sa prise de pouvoir le projet n'était
perçu que comme l'expression d'un nationalisme militaire, traditionnel
et conservateur ; ceci lui valut d'ailleurs d'être
caractérisé par les intellectuels soit comme un populiste
militaire de type ou de tendance autoritaire, soit comme un
néo-populiste néolibéral. Son projet dans la pratique est
donc apparu « sur le tas », il s'est dessiné dans la
confrontation politique et avec l'expérience du pouvoir.
A. Le programme économique
Selon ses propres termes, le président Chavez souhaite
s'éloigner du modèle néolibéral et résister
à la mondialisation. Il faut selon lui « rechercher le
point d'équilibre entre le marché, l'Etat et la
société. Il faut faire converger la main invisible du
marché et la main invisible de l'Etat autant que
nécessaire ». Soulignons tout de même que la
propriété privée, les privatisations et les
investissements étrangers restent garantis même si cette garantie
s'inscrit dans « la limite de l'intérêt
supérieur de l'Etat », qui veillera à conserver
sous son contrôle des secteurs stratégiques dont la vente
signifierait un transfert d'une partie de la souveraineté nationale. Les
propos d'Hugo Chavez peuvent être ici considérés comme
vague voir même obscurs ; en effet quelle est sa définition
de « la limite de l'intérêt supérieur de
l'Etat » ? Nul ne le sait.
B. le référendum
Le jour même de son accession au pouvoir (Janvier
1999), Hugo Chavez annonça l'organisation d'un référendum
de consultation populaire sur la convocation d'une assemblée
constituante. Par le fait d'avoir obtenu un vote favorable au
référendum et à l'assemblée constituante son
leadership personnel fut augmenté, le plaçant en situation
d'influer fortement sur l'orientation de la nouvelle constitution.
De plus, le président Chavez joui aujourd'hui d'une
forte popularité dans son pays avec plus de 70% d'opinion favorable ce
qui l'assure, si la situation ne change pas, d'être réélu
aux prochaines élections présidentielles.
C. les réformes nationales et leurs bilans
Le titre de notre seconde partie souligne que la politique
mise en place par Hugo Chavez était orientée envers les plus
démunis. En introduction nous avions noté que son élection
fut essentiellement le fait d'une mobilisation des plus démunis ;
et on peut dire que le président Chavez leur rend l'ascenseur. Cet
ascenseur, à défaut d'être social, se matérialise
par une redistribution généreuse et orientée de
manière intelligente. En effet, en 2004 quelques 3,7 milliards de
dollars sont allés au financement d'infrastructures et de
« missions » créées au bénéfice
des catégories défavorisées (contre 600 millions de
dollars en 2003) ; ce nouveau programme social fut nommé
« Barrio Dentro » (littéralement :
à'intérieur du quartier). L'alphabétisation, l'apport de
soins (notamment via de 15 000 médecins cubains envoyés par Fidel
Castro en échange de pétrole) cet apport de soin étant
basé sur une médecine préventive dans les milieux
populaires jusque là abandonnés, la création d'une
chaîne de supermarchés populaires, l'accès au
baccalauréat et aux études supérieures pour les plus
démunis.... Tous ces exemples démontrent l'énorme chantier
mis en oeuvre par Hugo Chavez. Ceci continuera tant que les finances
suivront.
Le président vénézuelien a donc mis en
place un programme social optimiste mais pour l'assurer il a besoin d'un budget
considérable. C'est pourquoi il a mis un point d'honneur à
remodeler l'industrie pétrolière. Mais assurer ses finances n'est
pas le seul objet de cette modification de la politique
pétrolière.
III Le pétrole comme arme de pression et
d'indépendance
A. La gestion de la rente pétrolière
« Rendre le pétrole au
peuple » : tel est le mot d'ordre affiché par Hugo
Chavez lors de son élection. Ceci passera par « une
redistribution de la dépense publique en faveur des secteurs
populaires » avait il annoncé. Nous avons pu noter dans
la partie précédente que en effet son programme
politique était essentiellement basé envers les plus
démunis.
Ceci est d'abord passé par la reprise en main de la
compagnie pétrolière nationale : la PDVSA. En effet,
partant du bilan que la part des recettes perçues sur les exportations
et versées par la PDVSA à l'Etat s'était constamment
amenuisée, passant de 70,6% en 1981 à 38,6% en 2000, Hugo Chavez
a réformé en profondeur cette compagnie. Pour cela, depuis
Novembre 2004 M. Rafael Raminez Carreno cumule les mandats de ministre de
l'énergie et du pétrole ; et de président de la
PDVSA. Ceci a eu un effet quasi immédiat car en 2004 sur un chiffre
d'affaires de 60 milliards de dollars, la contribution de la PDVSA au budget
national s'est élevée à 11,4 milliards de dollars soit
environ 50% des recettes fiscales.
Toutefois « en dessous de 29 dollars le baril,
la PDVSA ne pourra plus fournir un tel effort financier » ceci
nous explique pourquoi Hugo Chavez tente aujourd'hui de maintenir un prix du
baril le plus haut possible via une pression sur l'OPEP. Son plaidoyer en
faveur d'une remontée du prix du pétrole et allé, en Mars
dernier, jusqu'à s'opposer à une augmentation des quotas de
l'OPEP contribuant au reflux des prix. N'oublions pas au passage que l'OPEP fut
fondée sur une idée du ..... Venezuela ; ceci lui
confère un rôle primordiale et historique dans l'organisation
comme le souligne les dirigeants de l'Arabie Saoudite. De plus on peut dire que
le président Vénézuelien fait d'une pierre deux
coups car en maintenant un prix du baril haut il s'assure de fortes
recettes fiscales et il continue sa politique anti-américaine car les
Etats-Unis restent à ce jour les principaux importateurs de
pétrole. En effet, les Etats-Unis sont très dépendants du
pétrole et plus particulièrement de son prix qui peut rapidement
faire chuter le Dow Jones ou ralentir la croissance américaine.
B. La diversification des débouchés
pétroliers
Sa politique contre le système américain via le
pétrole ne s'arrête d'ailleurs pas là, en effet Hugo Chavez
mène aujourd'hui une diplomatie pétrolière tous azimuts.
Il a ces derniers mois signé de nombreux accords cadres de
coopération notamment avec l'Argentine, le Brésil, la Chine,
l'Espagne, l'Inde, l'Iran, la Libye, le Nigeria, la Qatar, la Russie,
l'Uruguay... En analysant cette liste, nous pouvons affirmer que la plupart de
ces accords ont une forte connotation politique :
§ L'Argentine de Kirchner fut le théâtre il
y a peu de temps d'une crise économique et financière majeure
orchestrée par le FMI. Cet accord de coopération avec le
Venezuela peut donc l'aider à se relancer. Par la même cet accord
la place dans le giron du Venezuela dans l'optique d'un projet d'une
« grande patrie » en Amérique Latine.
§ Dans le même ordre d'idée, le
Brésil avait acquis dans les années 1990 une quasi
indépendance au pétrole notamment par le biais d'énergies
alternatives comme l'éthanol, le gaz non liquéfié. J'ai
moi-même pu noter lors d'un séjour au Brésil que les
voitures étaient dotées de moteur pouvant fonctionner via ces
trois sources d'énergie et qu'un simple sélecteur permettait
d'activer le gaz ou l'éthanol. Mais ce système innovant fut
totalement remis en question par la banque mondiale. En effet le
président Lula cherchant à obtenir une annulation partielle de la
dette brésilienne, la banque mondiale lui a proposé un deal
consistant à annuler une partie de la dette s'il ne poursuivait pas sa
politique d'indépendance pétrolière. Bien sûr ceci
fut officieux mais quand on sait que ce sont les USA qui dominent la banque
mondiale (aujourd'hui il s'agit de M Wolfowitz) on peut se demander si le
pétrole n'est pas une arme de contrôle des USA contre les pays du
sud. L'accord de coopération proposé par Hugo Chavez a de nouveau
l'ambition de préparer la « grande patrie »
d'Amérique Latine en ramenant le Brésil dans les bras du
Venezuela.
§ Les pays comme l'Inde, la Chine ou encore la Russie
sont en revanche des pays constituant les principales puissances en devenir du
21e siècle. En signant ces accords de coopération,
Hugo Chavez limite l'influence américaine sur sa politique
pétrolière. Notons au passage que selon les estimations les
besoins en pétrole Chinois vont exploser au cours des vingt prochaines
années. D'ailleurs le ministre du pétrole
vénézuelien M. Ramirez a déclaré que
« l'objectif est de diversifier les débouchés
pétroliers, avec une prédilection pour l'Inde et la
Chine ». Pour ce qui est de la Russie, un accord d'Octobre 2004
fait que les ventes de pétrole russe sur le continent américain
sont honorées par les Vénézueliens et de même les
ventes de pétrole vénézuelien en Europe sont
assurées par la Russie. Dans la pratique, quand un Etat américain
achète du pétrole russe c'est un pétrole
vénézuelien qui lui est livré, ceci pour diminuer les
coûts de transport.
§ Quant aux pays comme l'Iran et la Libye, les accords
ont bien sûr pour but de choquer la communauté internationale car
il s'agit de pays en marge ; même si la Libye a récemment
adoucie sa politique en mettant une politique anti-terroriste en oeuvre.
Il n'empêche que la diversification prendra du temps
car elle implique, d'une part, la construction de nouvelles infrastructures de
transports, comme un oléoduc traversant le Panama pour ouvrir une voie
vers la côte pacifique et, d'autre part, l'adaptation des raffineries
destinataires, chinoises ou indiennes, aux spécificités du brut
lourd vénézuelien. D'ailleurs le ministre du pétrole a
souligné que « tout en cédant les actifs les moins
rentables, nous maintiendrons notre présence sur le marché nord
américain, qui est l'un de nos marchés les plus
importants »
En réaction à cette politique de
diversification, le grand voisin américain s'efforce se son
côté de diversifier ses sources d'approvisionnement en Afrique et
en Asie Centrale. Bien sûr on ne peut s'empêcher de se
remémorer les discours tenu par Bill Clinton bien avant que Hugo Chavez
n'entre en scène, en effet le président des Etats-Unis avait
alors affirmé que « comparé aux autres grands pays
pétroliers comme l'Irak, l'Iran, l'Arabie Saoudite ou la Russie, le
Venezuela est accessible et relativement stable ». Avec
l'apparition du facteur d'indépendance, le Venezuela n'est plus
l'allié d'antan.
C. Le pétrole comme point d'appui
privilégié de la coopération Sud Sud.
Le pétrole est une arme redoutable mais il sait
également favoriser l'intégration latino américaine, c'est
en effet une excellente monnaie d'échange comme en témoigne le
modèle de l'accord conclu avec Cuba, qui reçoit 80 000
barils de brut par jour à prix préférentiel. Le
régime castriste paie en effet 80% sur six mois et les 20% restant sont
« payés » sous forme d'échange. Notons que
les dettes accumulées par Cuba ne font l'objet d'aucune relance de la
part du Venezuela ; mais quand on sait que Hugo Chavez a personnellement
accumulé par cette convention plus de 200 millions de dollars, on
comprend que les impayés ne soient pas son principal souci. Quand on
connaît la promesse qu'avait fait Hugo Chavez, en 1998 au moment des
élections, de bannir la corruption du milieu politique on peut se
demander quelles seront les répercussions si ce scandale vient à
éclater aux oreilles de la population vénézuelienne.
Un autre aspect de cette coopération Sud Sud via le
pétrole réside dans le souhait émis par Hugo Chavez de
créer une compagnie pétrolière pour l'Amérique
Latine : la Petrosur. Prenant place dans le projet de l'ALBA (nous
développeront ce point dans notre 4ième partie),
Petrosur envisage de rassembler les entreprises pétrolières
publiques d'Argentine, de Bolivie, du Brésil, de l'Uruguay, du Venezuela
et de l'Equateur. Ceci pour créer les moyens d'éliminer le
déficit énergétique des autres pays d'Amérique
latine.
Le pétrole est donc la principale arme mais
également le principal atout du président Chavez ;
malgré tout, il ne se borne pas qu'à cela. En effet, ses
idées et ses alliés marquent aussi son écho politique.
II. Hugo Chavez : des idées fortes, des
alliés pour choquer et des ennemis définis
A. Le Venezuela au secours de l'Amérique Latine
ou la remise en cause de la pax americana
La diplomatie bolivarienne vise à accorder la
priorité à la coopération Sud Sud. Ceci correspond
à la volonté de construire un monde multipolaire. Pour cela Hugo
Chavez soutient les pays d'Amérique Latine comme par exemple
l'Argentine. Dans ce pays, depuis son accession au pouvoir en 2003, le
président Kirchner a su rester ferme sur la négociation de
l'énorme dette de son pays face au FMI. Par le biais de l'envolée
du prix du baril de pétrole, Hugo Chavez dispose aujourd'hui d'un
véritable « trésor de guerre » qu'il met au
service de la « solidarité bolivarienne ». Pour
aider son ami Kirchner il a notamment racheté une tranche de 538
millions de dollars de la dette argentine et il s'est engagé à
fournir 500 autres millions de dollars de contrats à l'Argentine. Cette
aide lui permet d'établir une image de porte parole et de
défenseur de l'ensemble du continent Sud Américain, mais
également de créer un pouvoir de reconnaissance et donc de
pression sur les autres pays d'Amérique Latine. En effet bien souvent en
politique la reconnaissance passe par la détention d'un nouveau pouvoir
d'influence.
Le président Chavez se dote également
d'alliés pour choquer : le terroriste Carlos, les FARC, Fidel
Castro.... En effet un des premiers acte officiels de Chavez comme
président fut d'adresser une lettre de solidarité à Carlos
dit « le chacal ». Pour ce qui est des FARC, la Colombie a
récemment dénoncé le fait que le président Chavez
accueille des FARCS dans son pays et que le Venezuela est aujourd'hui devenu
une base arrière des révolutionnaires colombiens. Notons par la
même occasion que le Washington Post déclara le 14 Janvier 2005
que de source sure le gouvernement vénézuelien fournirait des
armes achetées auprès de Fidel Castro aux FARCS, le tout sous
couverture de la Russie via le général Pavel Gratchev. Ces ventes
d'armes seraient gérées par Raul Castro et Adan Chavez. Ceci a
d'ailleurs créé une situation de crise entre le président
Hugo Chavez et son homologue colombien Alvaro Uribe, cette dernière fut
résolue par l'intervention de Fidel Castro.
Pour ce qui est de son lien avec le régime cubain,
nous avons noté l'échange de pétrole contre des
médecins cubains dans notre deuxième partie et soulignons que cet
apport de 80 000 barils de pétrole à prix
préférentiel a permis le renforcement de l'industrie cubaine et
un allègement de sa crise économique. Remarquons également
que le 15 Décembre 2004 Chavez et Castro ont signé un accord
d'intégration économique qui lève les barrières
douanières entre les deux pays. Mais le plus pertinent dans cette
« union » est de savoir qui « porte la
culotte » ? Chavez serait-il un pion de Castro, lui-même
pion de la Russie ? Ou le président vénézuelien
utiliserait-il simplement Castro afin de booster sa communication ? Les
rencontres entre les deux hommes sont d'une fréquence inhabituelle pour
deux chefs d'Etat et le fait que l'ambassadeur du Venezuela à Cuba soit
le propre frère de Hugo Chavez : Adan Chavez, ne fait qu'accentuer
l'impression d'une relation quasi familiale. De plus, depuis les tentatives de
putch de 2002 contre le président vénézuelien ce dernier a
confié sa propre sécurité à la Direction
Générale d'Intelligence cubaine. Cette décision ne manqua
pas d'énerver les USA et la secrétaire d'Etat américaine
Condeleezza Rice affirma que « Hugo Chavez constitue une force
négative dans la région qui prend fait et cause pour le
régime de Fidel Castro et supprime ses opposants ». En
réponse, le gouvernement vénézuelien a demandé aux
Etats-Unis de respecter « le droit des peuples à
l'autodétermination » en soulignant que les
élections furent libres au Venezuela. De son côté
l'objectif de Fidel Castro est clair, il tente par le biais de Chavez de
déstabiliser les régimes pro américains de la
région et de radicaliser les gouvernements progressistes jugés
trop timorés aux yeux du « lider maximo ». Par
ailleurs Castro tente de mettre en avant Chavez comme son successeur :
« on dit que je vais mourir bientôt et qu'une fois le chien
mort la rage disparaîtra avec lui... c'est vite oublier que le Venezuela
s'est transformé en chien ».Toutefois ne voyons pas ici
une marque de domination de Fidel Castro bien au contraire, en effet ce dernier
a reconnu que le modèle castriste dépendait aujourd'hui de la
révolution bolivarienne.
En vérité le grand vainqueur de cette alliance
Castro- Chavez semble être la Russie. Cet ennemi géopolitique
éternel des Etats-Unis semble aujourd'hui pouvoir influer sur le
Venezuela via Cuba. En effet, nous savons que le pays le plus influent sur Cuba
reste encore la Russie ; en extrapolant on peut donc supputer que la
Russie a par pays interposés une grande influence sur le
président vénézuelien.
B. Face à la FTAA Hugo Chavez sort l'ALBA.
Le principal projet des Etats-Unis envers le continent
Américain pour le début du 21e siècle
résidait dans la FTAA (Free Trade Area of the Americas). Ce projet avait
pour but de créer une zone de libre échange s'étendant du
Canada à l'Argentine, comme le souligna l'ancien secrétaire
d'Etat américain Colin Powell « cette zone garantira aux
entreprises américaines le contrôle d'un territoire allant de
l'Arctique à l'Antarctique et son libre accès, sans aucun
obstacle, à nos produits ». Toutefois plusieurs points
avaient fait retarder les négociations. En effet certains pays
freinaient l'avancée de peur des répercussions que pourrait avoir
une telle zone. L'exemple du Mexique, qui subit depuis dix ans les effets de
l'accord de libre échange nord américain (ALENA), était
dans tous les esprits. En effet par l'ALENA, le Mexique a vu sa
sécurité alimentaire remise en question et d'exportateur il est
devenu importateur de produits d'une agriculture américaine
productiviste et subventionnée. Face à cet exemple, des
négociations sur les subventions agricoles américaines avaient
été entreprises sans effet. De plus, beaucoup d'intellectuels ont
soulevé l'intérêt énorme de cette FTAA pour les
Etats-Unis ; en effet adossé à la FTAA on retrouve le
traité interaméricain d'assistance militaire (TIAR) ; on
sait également aujourd'hui que la principale utilité de la FTAA
pour les USA réside dans le fait de pouvoir établir des couloirs
de communications entre l'Atlantique et le Pacifique pour les produits
nord-américains, mais aussi de contrôler un pays charnière
entre l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud : le
Panama.
Face à cela, lors du sommet des Amériques du 4
Novembre se déroulant à Mar de Plata, Hugo Chavez a pris la
tête d'une liste de 5 pays en affirmant qu'ils n'étaient par
prêts à créer la plus grande zone de libre échange
au monde : la FTAA. Parmi les pays dissidents on retrouve l'Argentine avec
« son économie à genoux », le Chili avec son
équilibre économique précaire, le Pérou dont les
politiques sociales sont mises à mal par le
néolibéralisme... Par ce report de la FTAA, c'est le MERCOSUR qui
est remis en selle notamment depuis l'arrivée au pouvoir en Argentine de
Nestor Kirchner et l'appui du Venezuela et du Chili. Mais Hugo Chavez a d'ors
et déjà un nouveau plan à proposer pour encore plus
détruire le rêve américain.
Ce plan réside en quatre lettres : ALBA, et il
inquiète les Etats-Unis. Lancée par le président Chavez et
inspirée de la lutte du liberator Simon Bolivar pour libérer
l'Amérique du sud du joug espagnol et bâtir une grande patrie dans
le sud continent, l'Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) a
un objectif plus ambitieux que celui des organisations économiques
actuellement existantes : vaincre la pauvreté et réduire les
inégalités sociales qui meurtrissent les pays de la
région. Les gouvernements vénézuelienne et cubain ont
d'ailleurs déclaré conjointement que « l'ALBA ne se
réalisera pas sur la base de critères mercantiles, ni en fonction
des intérêts égoïstes des entreprises ou encore d'un
bénéfice national réalisé au détriment des
autres peuples ». L'Alba est donc conçue comme une zone
d'un autre style, elle s'oppose radicalement aux autres zones tel que l'ALENA
ou UE. En effet il est clair que l'ALBA ne prévoit pas une suppression
des droits de douane, allant jusqu'à les considérer comme un
moyen de protéger les appareils de production latino-américains.
L'ALBA prétend au contraire s'attaquer aux principales faiblesses du
continent : l'insuffisance énergétique et le monopole de
l'information. Ses projets sont la création de la plus grande industrie
pétrolière du continent : Petrosur, une chaîne de
télévision de l'Amérique Latine et une banque
régionale qui regrouperait l'ensemble des réserves des pays de la
région et qui créerait un fond de développement autonome.
C. Les réserves au bercail !
Les tensions entre Washington et Caracas furent
ravivées dernièrement par la décision d'Hugo Chavez de
transférer les placements à l'étranger du Venezuela des
Etats-Unis en Europe. Cette décision fut prise le 1e Octobre
dernier et représente quelques 25 à 30 milliards de dollars. Il
ne s'agit là que de la première étape de
l'opération car le but ultime du président
vénézuelien est de transférer une importante partie de ses
investissements vers l'Amérique latine. Hugo Chavez souhaite par la
même une banque centrale continentale intégrée à
l'ALBA ayant pour but de fournir des fonds de développement aux pays de
la région. En pratique, le Venezuela a vendu ses réserves de
devises étrangères, qui se présentaient sous forme de bons
du Trésor américain pour les placer en dépôt dans
des banques européennes, plus particulièrement suisses. Chavez a
par ailleurs déclaré que « le Venezuela avait
dû retirer ses réserves internationales des banques
américaines suite aux menaces dont le Venezuela est
victime » ; il souligne également que
« la majorité des réserves monétaires
internationales sont dans des banques du nord, cela est une
absurdité ».
On peut dire ici que le président Chavez attaque les
Etats-Unis là où ils sont les plus sensibles. A l'heure actuelle,
les USA sont un « océan de dettes » à la
merci d'un mouvement de contagion de retrait des investisseurs
étrangers. L'ensemble du monde craint un retrait brutal qui porterait un
coup fatal à l'Amérique et qui conduirait à l'effondrement
de l'économie américaine et mondiale. Malgré tout le coup
porté par le Venezuela reste assez maigre en comparaison du volume
général.
D. Le système américain comme ennemi mais
pas les américains eux même : une communication à
toute épreuve
Un atout fort de Hugo Chavez réside dans sa
communication. En effet il n'hésite pas à dénoncer et
accuser ouvertement ses ennemis comme il le fit contre le gouvernement Bush et
la CIA. Lors de son discours aux Nations Unies, devant l'ensemble de
l'assemblée générale, il affirma que les Etats-Unis
avaient à plusieurs reprises tenté de l'assassiner ou de le
renverser. Hugo Chavez déclara que les Etats-Unis étaient
impliqués dans le coup d'Etat d'Avril 2002 qui échoua, dans la
grève patronale de deux mois et le sabotage pétrolier qui en
résultat en 2003. Il souligna par ailleurs que ce sabotage coûta
14 milliards de dollars à l'économie vénézuelienne.
Par cette déclaration on peut noter que le principal danger qui guette
Hugo Chavez est celui d'un renversement orchestré par la CIA. En effet,
en étudiant l'histoire de la région on s'aperçoit que les
Etats-Unis ont mainte fois financé et formé des rebelles dans
l'optique d'un renversement des régimes
« gênants » ;
Par ailleurs dans sa confrontation directe avec le
président GW Bush, le président vénézuelien utilise
la même ligne de communication. En effet les références
religieuses sont fortes dans chacun des « camps ». Hugo
Chavez n'hésite pas tout comme GW Bush a citer la Bible notamment les
passages tel que « aimez vous les uns les autres » ou
encore « aimez votre prochain comme vous-même ». Dans
cette surenchère moraliste, on peut dire que l'un et l'autre cherche
à trouver une légitimité de leur action dans la religion.
Il semble toutefois que l'un et l'autre aient oublié les 10
commandements notamment : « tu ne tueras point » et
« tu ne convoiteras point ».
L'Habileté de Hugo Chavez se note également
dans sa capacité à distinguer le système américain
et les américains eux mêmes. En effet, il aime faire entendre que
son opposition est contre l'administration américaine et non contre le
peuple américain ; pour cela il utilise une politique de
communication à toute épreuve. Il a par exemple accueilli en
Août 2003 Jesse Jackson afin de célébrer l'anniversaire du
discours de Martin Luther King de 1963 et en Septembre dernier il a
proposé de livrer du pétrole et une aide financière aux
victimes du cyclone Katrina.
E. Une idée mondiale : son discours aux
Nations Unies
Pour terminer, nous analyserons le discours que Hugo Chavez
prononça le 19 Septembre 2005 devant l'assemblée des Nations
Unies. Lors de ce discours, le président vénézuelien
s'attaque de nouveau à l'ordre du monde tel qu'il est établi
aujourd'hui. Il réaffirme sa conviction dans les Nations Unies et les
met en exergue de rendre notre monde plus humain et équitable.
En pratique Hugo Chavez demande l'élargissement du
conseil de sécurité en y intégrant des pays
développés et en voie de développement ; et par
là même il souhaite la suppression du droit de veto qu' il
défini comme « un vestige
élitiste ». Pour lui, le droit de veto représente
l'inverse de la démocratie. Il souhaite également le renforcement
du rôle du secrétaire général des Nations Unies.
Notons ici que l'opposition de plus en plus virulente des Etats-Unis contre le
secrétaire général Kofi Annan a certainement joué
en faveur de ce dernier auprès de Hugo Chavez. Le souhait d'un
renforcement du rôle du secrétaire général est
également dû au principe que le secrétaire
général est toujours issu d'un pays hors des grands Etats et que
donc il est plus à même de prendre en compte les souhaits des pays
en développement. Une autre idée développée par
Hugo Chavez réside dans le fait que les Nations Unies devraient avoir
une terre propre sur lequel on édifierait « l'équilibre
de l'univers » dont parlé Bolivar en 1825. Le
président vénézuelien affirme par la même que ce sol
pourrait être offert par le continent sud américain. Dans son
discours Hugo Chavez s'attaque directement aux USA en se déclarant
contre la guerre préventive tout en appuyant sur le fait que l'on doit
lutter contre le terrorisme par d'autres moyens.
Le discours du président Chavez se conclut par un
message révolutionnaire : « Simon Bolivar, le
père de notre patrie et notre guide dans notre révolution, a
juré de ne jamais donner repos à son bras, à son
âme, tant qu'il ne verrait pas une Amérique libre. Ne donnerons
pas de repos à nos bras, à nos âmes, tant que nous n'aurons
pas sauvé l'humanité ».
Conclusion :
Nous avons introduit notre dossier par une
citation de Che Guevara, nous conclurons donc par une deuxième que
le Che fit dans les années 1960 envers les Etats-Unis:
«créer un, deux, trois, plusieurs Vietnam pour contrer
l'Empire ». Cette vieille idée n'a jamais quitté les
castristes, aujourd'hui elle resurgit en Amérique Latine. Mais est-elle
concevable ?
Après l'ensemble des points que nous
avons analysé ci-dessus une question basique reste cependant
ouverte : un projet contre hégémonique est-il viable dans le
monde actuel ? Peut-on réellement accroître de manière
significative les marges d'autonomie ? La pax americana est-elle
durablement remise en question ?
Il est vrai que dans le contexte de mondialisation, de
globalisation on ne voit pas réellement la possibilité de se
mettre totalement en marge du système. Malgré tout par le
pétrole, le Venezuela détient un véritable atout dans
cette partie de Tarot mondial. Mais comme on le sait dans ce jeu de cartes,
l'important est d'avoir certes des cartes maîtresses mais
également d'avoir des alliés suffisamment stables et solides pour
aider quand la donne sera moins généreuse. Or la stabilité
passe par la liberté du peuple, la démocratie. Les principaux
alliés hors Amérique Latine du Venezuela sont la Russie où
les oligarques ne sont pas l'exemple de l'égalité, la Chine qui
reste le pays où les exécutions par les autorités sont les
plus nombreuses ou encore Cuba où le peuple n'attend que la mort du
« lider maximo »... ceci ne fait pas réellement
figure d'exemple. Quant à l'Amérique Latine, elle reste une
poudrière comme en témoigne son histoire faite de coups d'Etats
et de dictatures...
En vérité on peut se demander si la meilleure
carte qu'a Hugo Chavez, ce fameux « bout » qu'il faut
obtenir pour gagner au Tarot, ne réside pas dans la vieille Europe. En
effet, nombreux observateurs ont noté qu'il y a en quelque sorte un
renversement des influences dans les back yards. Les Etats-Unis prennent pied
de plus en plus dans l'ancien pré carré européen à
savoir l'Afrique (notamment en Côte d'Ivoire) ; quant à
l'Europe et plus particulièrement la France, elle multiplie les gestes
envers l'Amérique Latine. Reste à savoir si le président
osera prendre la main européenne. De plus que lui réserve
l'avenir ; dans sa partie de Tarot il ne peut savoir ce que contient le
« Chien ».
Bibliographie
Ammar, Alain, cuba nostra. Paris, Plon, 2005
Adler, Alexandre, le rapport de la CIA. Paris, Robert
Laffont, 2005
Lander, Edgardo, Mouvements et pouvoir de gauche en
Amérique latine. Paris, Syllepse, 2005
Capital, l'encyclopédie du monde 2005. Paris,
Nathan, 2004
Chauprade, Aymeric, Géopolitique : constantes et
changements dans l'histoire. Paris, Ellipses, 2003
Internet :
www.monde-diplomatique.fr
www.lefigaro.fr
www.voltairenet.org
www.un.org
www.banquemondiale.org
www.lexpress.fr
ANNEXES :
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Discours du Président vénézuélien
Hugo Chavez lors de la 60e Assemblée générale de l'ONU
à New-York, le 15 septembre 2005.
Excellences, amies et amis,
bonjour:
L'objet original de cette réunion a été
totalement détourné. On nous à imposé au centre
du débat un bien mal nommé processus de réformes qui
relègue à l'arrière plan le plus urgent ; ce que les
peuples du monde revendiquent avec urgence, comme l'adoption de mesures
capables d'affronter les véritables problèmes qui font
obstacle à nos pays dans leur développement et pour la vie.
Cinq années après le Sommet du Millénaire, la
cruelle réalité est que la grande majorité des
objectifs assignés, malgré le fait qu'ils étaient
déjà forts modestes, ne seront pas atteints.
Nous
avions prétendu réduire de moitié les 842 millions de
personnes affamées dans le monde pour l'année 2015. Au rythme
actuel, cet objectif se réaliserait en l'an 2215, allez savoir qui
d'entre nous sera encore là pour le célébrer, si tant
est que l'espèce humaine parviendra à survivre à la
destruction qui menace notre environnement.
Nous avions proclamé
notre intention de parvenir en 2015 à l'enseignement primaire
universel. Au rythme actuel, l'objectif serait atteint après
l'année 2100, préparons-nous donc à le
célébrer...
Ceci, amies et amis du monde, nous
amène de manière irréversible à une bien
amère conclusion : les Nations Unies ont épuisé leur
modèle, et il ne s'agit plus simplement de procéder à
une réforme. Le XXIe siècle exige des changements profonds
qui ne seront seulement possibles qu'avec une refondation de cette
organisation. Tout le reste ne sert à rien, il faut le dire car
c'est la pure vérité.
Ces transformations, auxquelles
nous faisons référence au Venezuela, doivent être
menées, selon nous, en deux temps : dans l'immédiat actuel et
dans celui des rêves et de l'utopie. Le premier est marqué par
les accords dérivés du vieux schéma, nous ne le
rejetons pas, nous apportons y compris des propositions concrètes
à court terme à l'intérieur de ce modèle. Mais
le rêve de la paix mondiale, le rêve d'un monde
débarrassé de la honte de la faim, de la maladie, de
l'analphabétisme et l'extrême misère a besoin - en plus
de racines - d'ailes qui lui permettent de s'envoler. Nous avons besoins
d'ailes pour voler, nous savons qu'il y a une terrible globalisation
néolibérale, mais il existe également la
réalité d'un monde interconnecté que nous devons
affronter non comme un problème, mais comme un défi. Nous
pouvons, sur base des réalités nationales, échanger nos
connaissances, les compléter, intégrer des marchés,
mais il nous faut en même temps comprendre qu'il y a des
problèmes qui n'ont plus de solution nationale : un nuage
radioactif, les prix mondiaux, les pandémies, le
réchauffement climatique, le trou dans la couche d'ozone ne sont pas
des problèmes nationaux.
Afin d'avancer vers un nouveau
modèle de Nations Unies qui fasse réalité et sien le
« Nous » des peuples, il y a quatre réformes urgentes et
vitales que nous présentons à cette Assemblée. La
première est l'élargissement du Conseil de
sécurité, tant pour les membres permanents que
non-permanents, en y intégrant de nouveaux pays développés
et en voie de développement. La seconde est la nécessaire
amélioration des méthodes de travail afin d'augmenter la
transparence et non la diminuer, afin d'augmenter le respect et non le
diminuer, afin d'augmenter l'inclusion. La troisième est la
suppression immédiate - nous le répétons depuis 6 ans
- du droit de veto dans les décisions du Conseil de
sécurité, ce vestige élitiste est incompatible avec la
démocratie, il est incompatible avec l'idée même
d'égalité et de démocratie. En quatrième lieu, il
faut renforcer le rôle du Secrétaire générale,
ses fonctions politiques dans le cadre de la démocratie
préventive doivent êtres consolidés. La gravité des
problèmes appelle à des transformations profondes, les
réformettes sont insuffisantes pour atteindre ce « Nous »
qu'espèrent les peuples du monde. Au-delà de ces quelques
réformes, nous appelons, au Venezuela, à une refondation des
Nations Unies, pour reprendre les paroles de Simon Rodriguez, le Robinson
de Caracas : « Il faut inventer ou errer ».
En janvier de
cette année 2005, nous avons été au Forum social mondial
à Porto Alegre où différentes personnalités ont
demandé que le siège des Nations Unies quitte les Etats-Unis
si les violations de la légalité internationale par ce pays
se poursuivaient. Aujourd'hui, nous savons que les armes de destruction
massive en Irak n'ont jamais existé. Le peuple étatsunien a
toujours été très rigoureux avec l'exigence de la
vérité pour ses gouvernants, les peuples du monde aussi. Or,
il n'y a jamais eu d'armes de destruction massive et cependant, et
par-dessus les Nations Unies, l'Irak a été bombardé,
occupé et il continue à être occupé. C'est pour
cette raison que nous proposons à cette Assemblée que les Nations
Unies quittent un pays qui ne respecte pas les résolutions de cette
Assemblée. (...)
Nous pensons qu'il est temps de penser
à la création d'une ville internationale en dehors de la
souveraineté d'aucun Etat et disposant de la force morale de
représenter les Nations du monde. Mais cette cité
internationale devra rééquilibrer cinq siècles de
déséquilibre. Le nouveau siège des Nations Unies doit
être dans le Sud. « Le Sud existe aussi ! » a dit Mario
Benedetti. Cette ville, qui pourrait déjà exister ou que nous
devrons inventer, pourrait se situer au croisement entre différentes
frontières ou sur un territoire qui symbolise le monde. Notre
continent est disposé à offrir ce sol sur lequel
édifier l'équilibre de l'univers dont a parlé Bolivar
en 1825.
Mesdames et Messieurs, nous affrontons aujourd'hui dans le
monde une crise énergétique sans précédent dans
laquelle se combinent dangereusement la croissance de la consommation
énergétique, l'incapacité d'augmenter l'offre
d'hydrocarbures et la perspective d'une réduction des réserves
probables de combustibles fossiles. Le pétrole a commencé
à s'épuiser.
En l'an 2020, la demande quotidienne de
pétrole sera de 120 millions de barils, un niveau qui, même en
ne tenant pas en compte une future croissance, fera que l'ont consommera en
20 années tout le pétrole que l'humanité a
utilisé jusqu'à aujourd'hui, ce qui signifiera,
inévitablement, une augmentation des émissions de CO2 qui,
comme on le sait, augmentent la température de notre planète.
Katrina été un douloureux exemple des conséquences
pour l'Homme d'ignorer ces réalités. Le réchauffement
des océans est, en effet, un facteur fondamental dans la croissance
et la force des ouragans que nous avons pu observer ces dernières
années. Nous profitons de l'occasion pour transmettre à
nouveau notre douleur et nos condoléances au peuple des Etats-Unis,
qui est un peuple frère des peuples d'Amérique et des peuples
du monde.
Il est pratiquement et éthiquement inadmissible de
sacrifier l'espèce humaine au nom du maintien démentiel d'un
modèle socio-économique aux capacités destructives
sans cesse croissantes. Il est suicidaire d'étendre et d'imposer ce
modèle comme un remède infaillible aux maux dont il est,
précisément, la principale cause.
Il y a peu,
Monsieur le président des Etats-Unis a assisté à une
réunion de l'Organisation des Etats Américains afin de
proposer à l'Amérique latine et aux Caraïbes d'augmenter
leurs politiques de marché, l'ouverture de leurs marchés,
c'est à dire le néolibéralisme, alors que ce dernier est
justement la cause fondamentale des grands maux et des grandes
tragédies que vivent nos peuples : le capitalisme
néolibéral, le Consensus de Washington, qui ont
généré un degré de misère,
d'inégalité et de tragédie infinie aux peuples de ce
continent.
Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin, Monsieur le
Président, d'un nouvel ordre international. Souvenons-nous de
l'Assemblée générale des Nations en 1974 - certains
qui sont ici n'étaient pas encore nés ou étaient
encore très jeunes.
En 1974, il y a 31 ans, furent adopté
une déclaration et un programme d'action sur le Nouvel ordre
économique international, ensemble avec un plan d'action de
l'Assemblée générale le 14 décembre 1974 : la
Charte des droits et des devoirs économiques des Etats et qui fut
approuvée par une majorité écrasante de 120 votes
pour, 6 contre et 10 abstentions - c'était au temps où l'on
votait aux Nations Unies car aujourd'hui on ne vote pas, on approuve des
documents comme celui-ci, que je dénonce au nom du Venezuela, comme
nul, non avenu et illégal car il a été approuvé en
violant les normes des Nations Unies. Ce document n'est pas valide ! Il
faudra le discuter, le gouvernement du Venezuela va le faire
connaître au monde, car nous ne pouvons pas accepter la dictature
ouverte et effrontée au sein des Nations Unies, ces choses doivent
êtres discutées et c'est pour cela que je fais un appel
très respectueux à mes collègues chefs d'Etats et de
gouvernements.
Je viens de me réunir avec le président
Nestor Kirchner et ce document nous été remis cinq minutes
avant - seulement en anglais ! - à nos délégués
et il a été approuvé avec une massue dictatoriale que je
dénonce à la face du monde comme illégale, nulle et
illégitime.
Ecoutez-moi bien, Monsieur le Président, si
nous acceptons cela, alors nous sommes perdus. Eteignons la lumière
et fermons les portes et les fenêtres ! Ce serait un comble: accepter
la dictature ici, dans cette assemblée.
Aujourd'hui plus que
jamais, disions-nous, nous devons reprendre les choses qui sont
resté en chemin, comme la proposition approuvée dans cette
Assemblée en 1974 d'un Nouvel ordre économique international.
Pour rafraîchir les mémoires, citons simplement l'article 2 du
texte de cette charte qui confirme le droit des Etats à nationaliser
les propriétés et les ressources naturelles qui se trouvent
entre les mains d'investisseurs étrangers et qui propose
également la création de cartels des producteurs de
matières premières. La Résolution 3.102 de mai 1974
exprimait la détermination de travailler de manière urgente
afin d'établir un Nouvel ordre économique international
basé : - écoutez-moi bien, je vous le demande - « sur
l'équité, l'égalité, la souveraineté,
l'interdépendance, l'intérêt commun et la
coopération entre tous les Etats, quels que soient leurs
systèmes économiques et sociaux, afin de corriger les
inégalités et les injustices entre les pays
développés et les pays en voie de développement et qui
assure aux générations présentes et futures la paix,
la justice et un développement économique et social
accéléré à un rythme soutenu ».
L'objectif du Nouvel ordre économique international était
de modifier le vieil ordre économique conçu à Bretton
Woods...
Je crois que le Président des Etats-Unis a parlé
ici pendant quelques 20 minutes hier, d'après ce que l'on m'a dit,
je demande donc, Excellence, l'autorisation de terminer mon allocution.
(...)
Aujourd'hui, nous, les peuples, et dans notre cas le peuple du
Venezuela, nous réclamons un nouvel ordre économique
international, mais un nouvel ordre politique international est
également nécessaire. Nous ne permettons pas qu'une
poignée de pays tentent de réinterpréter impunément
les principes du Droit International afin d'épauler des doctrines
comme la « Guerre préventive ». Quelle menace que cette
guerre préventive ! Et aujourd'hui on parle de la «
Responsabilité de protéger ». Mais il faut se poser la
question : qui va nous protéger et comment on a va le faire ?
Je
crois que l'un des peuples qui a le plus besoin de protection est le peuple
des Etats-Unis, comme cela a été douloureusement
démontré avec la tragédie de Katrina, car ce peuple
n'a pas de gouvernement capable de le protéger des désastres
annoncés de la nature.
A moins de nous protéger les uns
les autres, ces concepts sont très dangereux, ils sont
marqués du sceaux de l'impérialisme, de l'interventionnisme,
et ils tentent de légaliser le non-respect de la souveraineté
des peuples, le respect plein et entier des principes du Droit
international et de la Charte des Nations Unies qui doivent constituer,
Monsieur le Président, la pierre angulaire des relations
internationales dans le monde d'aujourd'hui et la base du nouvel ordre que
nous souhaitons. (...)
Il est certes urgent d'affronter de
manière efficace le terrorisme international, mais certainement pas
en l'utilisant comme prétexte pour déclencher des agressions
militaires injustifiées et qui violent le Droit international, de
telles méthodes ont été intronisées après le
11 septembre. Seules une étroite et véritable
coopération et la fin du double langage, comme certains pays du Nord
le pratiquent avec la question du terrorisme, pourront en finir avec ce
terrible fléau.
Monsieur le Président :
En
à peine 7 années de Révolution bolivarienne, le peuple
vénézuélien peut exhiber d'importantes conquêtes
sociales et économiques.
Un million 406 mille
Vénézuéliens ont appris à lire et à
écrire en une année et demie. Nous sommes plus ou moins 25
millions et dans quelques semaines notre pays pourra se déclarer
libre de l'analphabétisme. Trois millions de
Vénézuéliens étaient auparavant exclus de
l'éducation pour cause de misère, ils ont depuis lors
été incorporé dans l'enseignement primaire, secondaire
et universitaire.
17 millions de Vénézuéliens et
de Vénézuéliennes - presque 70% de la population -
reçoivent, pour la première fois dans l'histoire, une
assistance médicale gratuite, y compris des médicaments et,
dans quelques années, tous les Vénézuéliens
auront un accès gratuit à une attention médicale digne
de ce nom.
On fournit aujourd'hui plus de 1 million 700 mille tonnes
d'aliments à prix modiques à quelques 12 millions de
personnes, presque la moitié de la population. Un million d'entre
eux en reçoivent gratuitement, de manière transitoire. Ces
mesures ont généré un haut niveau de
sécurité alimentaire pour les plus nécessiteux.
Monsieur le Président, on a créé plus de 700 mille
postes de travail qui ont réduit le taux de chômage de 9%,
tout cela au beau milieu d'agressions internes et externes, y compris un
coup d'Etat militaire concocté à Washington, et un coup
d'Etat pétrolier également conçu à Washington. Tout
cela a été obtenu malgré les conspirations, les
calomnies du pouvoir médiatique, et la menace permanente de l'Empire
et de ses alliés, qui va jusqu'à encourager l'assassinat
présidentiel. Le seul pays au monde où quelqu'un peut
s'offrir le luxe de promouvoir l'assassinat d'un chef d'Etat sont les
Etats-Unis, comme cela s'est passé il y a peu avec un
révérend appelé Patt Robertson, très ami de la
Maison Blanche, qui a demandé publiquement mon assassinat sans
être inquiété. Ceci est un délit international !
Du terrorisme international !
Nous allons lutter pour le Venezuela,
pour l'intégration latino-américaine et mondiale.
Nous réaffirmons ici dans cette assemblée notre foi
infinie en l'Homme, aujourd'hui assoiffé de paix et de justice afin
de survivre comme espèce. Simon Bolivar, le père de notre
patrie et notre guide dans notre révolution, a juré de ne
jamais donner de repos à son bras, à son âme, tant
qu'il ne verrait pas une Amérique libre. Ne donnons pas de repos
à nos bras, à nos âmes, tant que nous n'aurons pas
sauvé l'humanité.
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