INTRODUCTION
En mettant en évidence le rôle de la santé
dans le développement, la théorie du « capital
humain » développée par Amartya Sen a
déclenché un regain d'intérêt à l'état
de santé des populations. En effet, un individu en bonne santé
serait plus productif. Le gain de productivité agirait positivement sur
la croissance qui à terme pourrait améliorer le niveau de
développement des populations. C'est cette théorie qui a soutendu
la proposition de J. Sachs1(*) selon laquelle une augmentation des dépenses de
santé, en améliorant la santé des pauvres, aura un impact
positif sur le développement.
De toutes les politiques de santé mises en oeuvre (des
soins de santé gratuits pour tous (Alma Ata, 1978) jusqu'à
l'Initiative de Bamako dans le cas des pays en développement) en vue
d'améliorer l'état de santé des pauvres, en agissant sur
leur demande de soins, les riches en ont été les plus grands
bénéficiaires.
Le cas des « soins gratuits pour tous »
est particulièrement alarmant dans la mesure où, même en
étant gratuite, la demande de soins des pauvres est faible relativement
à celui des riches. En Côte d'Ivoire par exemple en 1995, le
quintile le plus pauvre bénéficie de 14% des dépenses
publiques de santé contre 22% pour les plus riches. Au Ghana en 1992,
nous avons le même schéma mais le quintile le plus riche profite
trois fois plus que le quintile plus pauvre. On peut comprendre dans ce cas de
soins gratuits pour tous qu'il existe d'autres déterminants de la
demande de soins des pauvres tels que l'accès à l'information,
les facteurs culturels, l'éloignement des centres de santé, pour
ne citer que ceux-là, qu'il faudra prendre en compte.
L'initiative de Bamako qui introduit le
« recouvrement des coûts » suite aux
difficultés budgétaires des Pays en Développement dans les
années 80, n'a pas aussi contribué à améliorer la
demande de soins des pauvres selon plusieurs études. Ceci s'explique
d'une part par le fait que ceux-ci n'ont pas les moyens pour s'acquitter des
coûts liés aux soins de santé et d'autre part par la
qualité médiocre des soins prodigués2(*). Les études croissantes,
en particulier le Rapport sur le Développement dans le Monde
(2004)3(*) focalisé
sur l'état de santé des pauvres se justifient donc ! Comment
améliorer l'état de santé des populations pauvres ?
Plusieurs options ont été entrevues à savoir :
améliorer l'offre de soin4(*) et en reprenant les termes du sujet de ce
mémoire, augmenter la demande de soins des pauvres.
Pour répondre à la question :
« comment augmenter la demande de soins des
pauvres ? », nous allons d'abord dans une première partie
faire une revue de la littérature sur les déterminants de la
demande de soins. Dans la deuxième partie, nous allons évoquer
des expériences relatives à certains pays dans le but d'augmenter
la demande de soins des pauvres. La troisième partie nous permettra
d'évoquer d'autres tendances actuelles expérimentées dans
certains pays et dont le succès suscite un engouement à les
étendre à d'autres pays. Etant donné que toutes les
interventions en faveur des pauvres doivent profiter effectivement à ces
derniers, nous allons dans une la dernière partie faire un bref
aperçu sur les méthodes de ciblage des pauvres.
1) Les déterminants de la demande de soins
L'analyse des déterminants de la demande de soins est
extrêmement importante pour la formulation de politiques et de
stratégies dans le secteur de la santé. Une Connaissance
adéquate de l'étendue des déterminants de la demande de
soins et de l'élasticité de la demande de soins, est importante
pour mettre en place des politiques en vue d'accroître l'efficience
allocative des ressources, d'assurer une utilisation effective des services en
particulier par les pauvres et d'améliorer la qualité des
services. Elle est aussi importante pour concevoir des stratégies
capables d'assurer la soutenabilité du financement d'un programme de
santé. Les déterminants de la demande de soin sont mis en relief
à travers le modèle de Grossman. Ce modèle analyse les
investissements individuels d'un ménage et ses choix de consommation
comme des facteurs pouvant améliorer l'accès aux soins de
santé et l'état de santé d'un individu, (Grossman,
2000).
La demande de soins de santé est influencée par
des facteurs qui déterminent si l'individu arrive à identifier la
maladie, souhaite et est capable de se procurer les soins appropriés.
Le revenu semble être un facteur déterminant de
la demande de soin de santé aussi bien directement qu'indirectement.
Donc en corrigeant l'inégalité de revenu dans une population
donnée, on améliorerait la demande de soin de santé des
pauvres.
L'éducation et l'accès à l'information
constituent aussi des déterminants clefs de la demande de soin de
santé et là où ces facteurs sont rares ou inexistants le
marché des soins de santé ne fonctionne pas bien. En effet, les
individus non éduqués ne ressentent pas nécessairement le
besoin d'aller se soigner dans les centres de santé. Ils sont souvent
dépourvus des informations nécessaires sur la
disponibilité des traitements appropriés.
A coté des coûts directs (le prix) liés
aux soins médicaux, se trouve un autre groupe de facteurs
déterminants de la demande de soin qui peuvent accroître le
coût d'un traitement médical. Il s'agit par exemple de la distance
à parcourir pour accéder aux centres de santé et des
coûts d'opportunité liés au travail causés par la
maladie.
Par ailleurs, il existe un autre groupe de facteurs relatif
à la culture et à l'acceptabilité sociale de recevoir un
traitement ; c'est le cas par exemple de l'influence de la
communauté, de la famille et de la religion. L'effet de ces facteurs,
peut dépasser celui des autres évoqués jusqu'à
présent. Par exemple une famille qui a suffisamment de moyens pour payer
les soins de santé peut refuser de mettre à la disposition d'un
de ces membres les moyens nécessaires pour se faire soigner d'une
maladie particulière.
Ces différents facteurs jouent négativement sur
la demande de soin des pauvres qui dans la plupart des cas ne sont pas
éduqués et sont mal informés. Ce sont également ces
derniers qui souvent n'ont pas les moyens nécessaires pour se faire
soigner et sont très éloignés des centres de santé
et qui en plus sont sous l'emprise des facteurs socioculturels.
La qualité des soins prodigués par le personnel
de santé peut aussi influencer significativement la demande de soins des
pauvres. La qualité peut se percevoir de plusieurs points de vue, mais
il peut se résumer à l'accueil pour les pauvres. Dans ces
conditions, ne pas accueillir convenablement les pauvres comme tout autre
patient peut décourager ces derniers à retourner dans le
même centre de santé. Lorsqu'on considère la qualité
des soins du point de vue de la disponibilité et de
l'accessibilité des médicaments, on peut penser que les pauvres
ne vont continuer à fréquenter les centres de santé que
lorsqu'ils sont sûrs que les médicaments sont disponibles et leur
seront accessibles financièrement. Ceci justifie le recours massif dans
les pays en développement aux médicaments
génériques5(*).
Outre, ces facteurs qui agissent sur la demande de soins des
pauvres, il existe des facteurs du coté de l'offre qui ne sont pas de
nature à encourager les pauvres à se faire soigner. Il s'agit en
l'occurrence de la disponibilité de médecins et des
médicaments de bonne qualité, de la difficulté pour les
pauvres de prendre rendez vous avec le médecin, du comportement de
certains personnels soignants vis-à-vis des pauvres et de la
qualité des soins prodigués. Ceci justifie le recours dans
certains programmes d'amélioration de la demande des soins de
santé des pauvres de la combinaison de stratégies axées
sur l'offre et la demande.
1.1/ Effet de l'éducation et de l'information sur
la demande de soin
L'éducation, souvent mesurée par le niveau ou la
durée de scolarisation est le facteur le plus corrélé
à la bonne santé (Grossman et Kaestner, 1997). Au Pakistan, par
exemple, l'éducation de la mère est le facteur le plus important
dans la détermination de la survie des enfants (Agha, 2000). Il est
assez souvent admis qu'une éducation de base suivie d'une culture
personnelle dans le domaine de la santé, peut augmenter le recours aux
soins de santé toutes choses égales par ailleurs. Ainsi, des
études dans plusieurs pays ont montré l'effet positif de
l'éducation de la mère sur l'utilisation des services
obstétricaux (Cleland et Van Ginneken 1998 ; Raghupathy 1996).
L'éducation dote les individus de la capacité
d'évaluer leur propre besoin ou celui d'une personne tiers de recourir
à un soin de santé. L'information pour connaître là
où on peut recevoir le meilleur est aussi importante. En effet, il est
souvent admis que les individus ne peuvent pas assimiler les options de
traitement, mais selon des études entreprises en Ouganda, loin
d'être des consommateurs passifs, les malades cherchent le personnel
soignant le plus sûr et la meilleure structure pour chaque maladie
(Leonard 2002 ; Leonard, Mliga et Marian 2001, page 43).
On peut déduire de ces études que chez les
pauvres où le taux de scolarisation est faible et où il existe
une asymétrie d'information, la demande de soin serait
négativement influencée toute chose égale par ailleurs.
1.2/ Les Barrières financières et de
distance
1.2.1/ Le prix des soins de santé
Les études ultérieures sur la demande de soins
de santé ont exclusivement montré les effets faibles des prix des
soins de santé. Heller (1982) dans une étude sur la demande de
soins en Malaisie rurale, avait trouvé que le nombre annuel de visites
totales à l'hôpital n'est pas significativement influencé
par le prix des soins de santé. De la même manière, Akin et
al (1984) concluaient que les prix des soins de santé ne constituent pas
des déterminants importants de la demande pour les soins de santé
aux Phillipines. Dans une étude sur la demande de soins en milieu rural
en côte d'Ivoire, Gertler et van der Gaag (1990) trouvaient que
l'utilisation des services de santé est inélastique au prix des
soins de santé. Dans une autre étude qui analyse la demande de
soins des pauvres en Bolivie (en milieu urbain), Ii (1996) trouvait que,
même si la demande de soins de santé pour les pauvres est
réactive aux changements de prix, l'élasticité prix de la
demande de soins est très faible. Toutefois, il existe des
évidences empiriques de l'effet positif sur la demande de soins de
santé d'une augmentation des prix des soins de santé
couplée à une amélioration de la qualité des soins.
Ces évidences empiriques ont été notamment
rapportées par Litvack et Bodart (1993) dans une étude
réalisée au Caméroun. Cette même observation
été faite Mauritanie par Audibert et Mathonnat.
Ces études placent la santé au rang des biens de
première nécessité (ou biens vitaux) auxquels aucun
individu ne doit déroger même si les prix des soins de
santé augmentent. En est-il toujours le cas ; en particulier pour
les pauvres ?
Une autre catégorie d'études, à la
différence des études précédentes, a montré
que les prix ont un impact négatif sur la demande des soins de
santé. C'est le cas d'une étude sur l'effet d'une augmentation
des prix des soins de santé dans certaines structures sanitaires en
République Démocratique du Congo. Bethume et al (1989) avaient
trouvé dans le cadre de cette étude que cela se traduisait par
une diminution de la demande de soins surtout si cette augmentation de prix est
brusque. Waddington et Enyimayew (1989) avaient, pour leur part, trouvé
une diminution générale de l'utilisation des structures de soins
suite à une augmentation des prix des soins de santé au district
sanitaire de Ashanti-Akim au Ghana. Dans une étude
réalisée au Kenya dans quatre centres de santé, Mwabu et
al (1991) avaient estimé que, suite à une augmentation des prix
des soins de santé de 1%, le recours aux soins dans ces centres de
santé avait diminué de 38% entre 1989 et 1990. Huber (1993) qui
avait travaillé sur les mêmes centres de santé liait une
grande partie de cette diminution de la demande de soins de santé
à une insuffisance des mesures d'exemption. Notons que cette observation
rejoint la conclusion formulée par Mwabu et al dans la mesure où
les mesures d'exemption concernent des individus qui n'ont pas les moyens
financiers pour accéder aux soins de santé et dont la
capacité à payer s'érode beaucoup plus avec l'augmentation
des prix des soins de santé. En Mozambique, Magnus Lindlow (1998) a
trouvé qu'un changement relatif, même faible du prix des soins, a
un impact substantiel sur l'accès aux soins de santé publique en
particulier pour les ménages les plus pauvres.
1.2.2/ Les coûts de transport
Les coûts de transport diminuent souvent de façon
considérable la demande de soin de santé. Au Burkina Faso, les
coûts de transport représentent 28% du coût total
supporté par les patients ; au nord-est du Brésil, ils
représentent 25% du coût total, (Frew et autres, 1999 ;
Sauerborn, Bodart et Essomba, 1995 ; Souza et autres, 2000). Au
Bengladesh, le transport est le second poste de dépense de santé
d'un patient (CIET Canada, 2000).
Au Zimbabwé, plus de 50% de la mortalité
maternelle due à l'hémorragie peut être attribuée
à l'absence de transport d'urgence (Fawcus et autres 1996).
La distance est la raison pour laquelle les femmes choisissent
d'accoucher à domicile plutôt que dans un centre de santé.
C'est le cas aux Philippines (Schwartz, Akin et Popkin 1996). La même
observation a été faite en Ouganda (Amooti-Kaguna et Nuwama
2000) et en Thaïland (Raghupathy 1996). La distance peut avoir aussi des
effets différentiels à travers les groupes de revenu. En effet au
Vietnam, une étude faite par Segal et autres (2000) a montré que
les ménages les plus pauvres ont souvent accès à un moyen
de transport inférieur en situation de maladie.
L'éloignement des centres de santé peut
occasionner des coûts d'opportunité très importants surtout
pour des ménages très pauvres. Cette situation peut s'empirer si
la période de maladie coïncide avec des périodes où
l'activité économique est à son maximum. Dans ces
conditions, la demande de soins de santé dépend de la
disponibilité d'autres personnes à remplacer la personne
malade ; ce qui correspondrait à un coût d'opportunité
faible. En Ouganda par exemple, les ménages les plus pauvres parcourent
des distances très grandes à la recherche de meilleurs soins de
santé parce que les coûts d'opportunité sont faibles (Akin
et Houtchison 1999).
Les pauvres peuvent aussi ignorer l'effet distance s'il
existe, un espoir de trouver, une fois arrivés dans les centres de
santé, la satisfaction, en d'autres termes, si les soins
prodigués sont de bonne qualité. Les coûts
d'opportunité liés à l'éloignement des centres de
santé et qui peuvent avoir un impact négatif sur la demande de
soin des pauvres sont atténués par les soins de qualité;
une étude menée en Inde dans le secteur privé aboutit
à la conclusion selon laquelle les soins de bonne qualité
annulent les coûts liés à la distance (Bhatia et Cleland
1999 ; Shenoy, Shenoy Krishnan 1997) et que cette observation
nécessite des études plus approfondies. Ils peuvent aussi
être atténués par la possibilité de compensation
pouvant émaner d'autres membres de la famille en milieu rural par
exemple ou par d'autres employés de l'entreprise. Cette
possibilité de compensation ne peut porter toutefois que sur une
période de temps assez réduite.
En moyenne, toute chose égale par ailleurs, des centres
de santé trop éloignés peuvent avoir un impact
négatif sur la demande de soin. Ceci est surtout vrai chez les pauvres
qui n'ont pas les moyens de supporter les frais de transport qui peuvent dans
certains cas, devenir prohibitifs, qui en plus supportent des coûts
d'opportunité très élevés.
1.3/ Les barrières sociales et culturelles
Plusieurs études en analyse transversale s'accordent
sur le fait qu'en moyenne les hommes, de préférence,
accèdent plus aux soins de santé que les femmes (Nayaran 1997).
Au Bengladesh, en Inde et en Côte d'Ivoire, les femmes ont plus de chance
d'accéder aux structures de soin et bénéficient plus des
dépenses privées ou publiques de santé (Begum et Sen
2000 ; Booth et Verma 1992). En Inde ce biais à la défaveur
des hommes est réduit quand le chef de famille est plus
éduqué (Booth et verma 1992). Ces écarts s'expliquent
à la fois par des facteurs sociaux et culturels entre les ménages
et la communauté.
Il existe des normes culturelles qui peuvent empêcher
les femmes de rechercher les soins de santé en dehors de la maison pour
elles-mêmes et pour leurs enfants (Rachid et autres 2001). Cette
barrière, souvent élevée, lorsque ce sont les hommes qui
fournissent les services a été citée comme la raison pour
laquelle les femmes d'Asie vivant dans les pays occidentaux ont très peu
recours aux de services de santé (Whiteford et Szelag 2000). De telles
restrictions peuvent aussi interagir avec d'autres barrières. En Inde,
la distance constitue une barrière importante, plus pour les femmes que
pour les hommes avec des revenus similaires (Vissandjee, Barlow et Fraser
1997). Ceci peut s'expliquer par le fait que culturellement, il est
inacceptable pour les femmes de quitter leur ménage pour de longues
périodes ou par le fait que ces dernières ont un accès
limité aux ressources du ménage pour payer les frais de
transport.
Dans certains cas, les hommes prennent la décision
à la place des femmes sur la recherche de soins de santé. Au
Sénégal par exemple, les hommes prennent plus de 50% des
décisions sur l'accès aux soins de santé des femmes (Post
1997). Ceci est particulièrement important dans la mesure où les
preneurs de décision passent souvent moins de temps sur les
déterminants sociaux de la demande de soins, selon les conclusions d'une
étude menée au Bengladesh, en Afrique du Sud, en Indonésie
et en Ethiopie par (Quisumbing et Maluccio 1999).
Dans plusieurs sociétés d'Asie du Sud, la belle
mère joue un rôle considérable dans la naissance d'un
enfant et les soins prénataux de la belle fille et plus
particulièrement dans un jeune couple. En effet, si la belle famille
doit donner naissance à son enfant à la maison avec l'aide d'un
membre de la famille, ou en ayant recours à une accoucheuse
traditionnelle, ou encore par le biais d'une structure de soins, cela
dépend de la croyance de la belle mère qui doit
nécessairement donner son avis (Piet-Pelon, Rob et Khan 1999). Au niveau
communautaire, l'accoucheuse traditionnelle joue un rôle important qui
influence substantiellement la demande de soins de santé en
matière de maternité. Au Rajasthan, plus de 90% des femmes qui
n'ont jamais reçu de soins prénataux sont
déconseillées par les accoucheuses traditionnelles d'y recourir
(Hitesh 1996).
1.4/ La qualité des soins de santé et le
demande de soins des pauvres
La qualité des soins de santé dépend du
protocole thérapeutique, de la disponibilité des
médicaments essentiels et l'amélioration de la gestion des
systèmes de santé. L'utilisation accrue des centres de
santé du fait de l'amélioration de la qualité des soins de
santé surpasse la diminution de la demande de soins de santé qui
peut résulter de l'introduction du recouvrement des coûts ou de
l'augmentation du prix des actes médicaux. Ainsi, une politique de
santé qui associe à l'augmentation du prix des soins de
santé, l'amélioration de la qualité des soins, se traduit
par un effet net positif c'est-à-dire une augmentation de l'utilisation
des centres de santé. La considération de la qualité
apparaît important pour assurer le succès à long terme des
mesures de partage de risque utilisées pour améliorer
l'accès aux soins de santé des pauvres.
Les pauvres ne perçoivent pas toute la dimension de la
qualité. Seulement la disponibilité des médicaments leur
est perceptible en plus de l'accueil dont ils font l'objet dans les centres de
santé. Il est donc important de mettre un accent particulier sur ces
deux dimensions dans les politiques de santé. L'autre dimension qui est
liée, au protocole thérapeutique déterminé par la
compétence du personnel soignant est plus perceptible par les
autorités, mais aussi par les usagers à long terme dans la mesure
où on va assister une dégradation continue de l'état de
santé des populations. Une plus grande rigueur dans la formation du
personnel de santé est donc importante. Une enquête faite au Mali
sur 1200 ménages montre que ceux-ci sont prêts à payer 30%
supplémentaires du prix des soins habituels s'il y a une
amélioration de la qualité des soins de santé ;
Mariko (2003). La même tendance a été observée dans
des centres de soins à Abidjan dans une étude
réalisée par Escalon (2000).
Augmenter la demande de soins des pauvres ne peut pas se
résumer au simple fait de sensibiliser ou d'éduquer les pauvres
ou encore accroître leur revenu pour leur permettre de payer des soins de
santé. Quisumbing et Maluccio (1999) trouvent que l'écart entre
les niveaux d'éducation des femmes et des hommes détermine la
position de responsabilité dans la famille. En Inde, les femmes qui
n'ont pas reçu une éducation supérieure, ou, ne gagnent
qu'un revenu très faible ne s'occupent que des travaux domestiques et
sont reconnues comme telles. Cette position peut réduire leur demande de
soins de santé en cas de maladie (Ramasubban et Rishyasringa 2000).
De nombreuses expériences ont été faites
pour augmenter la demande de soins des pauvres. Nous allons voir dans la suite
ce qui été envisagé par rapport à certains
déterminants de la demande de soins pour améliorer l'accès
aux soins de santé des pauvres. Nous allons aussi évoquer
d'autres expériences dont l'objectif était d'améliorer la
demande de soins des pauvres en particulier : les fonds
d'équité au Cambodge et en Tanzanie, les exemples de transfert
conditionnel.
2/ Les expériences pour améliorer la
demande de soins de santé des pauvres
Il existe deux raisons principales qui justifient la
nécessité d'intervenir pour réduire les barrières
à la demande de soins des pauvres6(*). Il s'agit de corriger les imperfections de
marché dues à l'asymétrie d'information et au
fonctionnement imparfait des marchés, et de réduire
l'inéquité sociale.
En ce qui concerne les imperfections de marché, les
individus pauvres en particulier ne perçoivent pas complètement
qu'ils ont besoin de soins de santé pour prévenir des maladies
graves en dehors des épisodes de maladie. Ces pauvres ont aussi besoin
d'information sur les services appropriés au traitement d'une maladie et
la structure de soins pouvant délivrer des soins qui ont un meilleur
rapport coût efficacité7(*). L'éducation des individus, des familles et des
communautés peut conduire à lutter contre cette asymétrie
d'information qui est source de demande inadéquate et de
défaillance de marché. Le développement de marché
de prêt et de mécanismes assurantiels peut contribuer à
corriger les défaillances de marché qui sont des problèmes
communs aux pays à faible et revenu intermédiaire.
L'équité sociale caractérise le fait
qu'il existe dans la population des groupes disposant de peu ressources
financières que d'autres. Cette disparité qui s'observe aussi
bien sur le plan communautaire qu'au sein d'un même ménage
s'explique par la distribution du revenu ou la différence de pouvoir de
négociation à travers les ménages et les
communautés. Ceci peut justifier des interventions axées sur les
ressources accordées aux nécessiteux qui ne peuvent pas avoir
accès aux services de santé. En accordant des subventions pour
l'offre de ces services ou en améliorant l'accès du
côté de l'offre de ces services, cela peut constituer aussi bien
une réponse à l'efficience qu'à l'équité
sociale. En réduisant les coûts du côté de la demande
pour les individus, cela peut atténuer la défaillance du
marché relative à l'asymétrie d'information, à
l'absence du marché de crédit et de mécanismes
assurantiels et stimuler la demande de soins de santé et en particulier
celle des pauvres. Une réduction sélective des coûts peut
aider à surmonter le problème d'inéquité à
travers une réallocation des ressources par le biais des subventions.
Il est à noter que la réussite de ces politiques
de subvention passe par un bon ciblage des pauvres8(*) et en éliminant les
déplacements éventuels des individus du secteur privé vers
le secteur public.
Le tableau9(*) suivant récapitule les types d'intervention qui
peuvent être réalisés pour limiter ou supprimer les
barrières à la demande de soins de santé, en particulier
celle des pauvres.
Types d'intervention
|
Information et imperfections
|
Effets attendus
|
Manque de connaissance
-Education
-Information
-Culture
|
Améliore l'information des pauvres
Permet d'éduquer la communauté et les
ménages
|
Stimule la demande à travers la réduction des
coûts généraux
|
Incertitude
|
|
Développe les mécanismes d'assurance, de
prêt et des schémas de prépaiement pour financer les
coûts
|
Equité
-Coût de la distance
-Coût d'opportunité
-Intra Ménage
|
|
-Réalloue les ressources à travers des
subventions ciblées pour les pauvres
-Développe le paiement des usagers et les
prêts
-Ciblage des subventions
|
Nous avons relevé que la demande de soins dépend
de facteurs socioculturels, de l'éducation et de l'information, mais
aussi des moyens financiers et de la distance. Comment faire pour que ces
facteurs agissent positivement sur la demande de soins de santé des
pauvres ?
2.1/ Augmenter la demande de soins des pauvres par le
biais de l'éducation et en éliminant l'asymétrie
d'information: cas de la santé maternelle
Dans la littérature sur la santé maternelle, le
concept de la demande de soins a été formalisé suivant un
modèle ; « delays model » (Maine 1997). Selon
ce modèle, il existe trois barrières à l'accès aux
soins de santé : le retard dans la décision pour chercher un
centre de santé, le retard dû à l'éloignement du
centre de santé et le retard pour recevoir le soin approprié une
fois arrivée au centre de santé. Les deux premières
barrières peuvent être considérées comme des
barrières à la demande de soins. Une série d'interventions
ont été faites pour surmonter ces deux barrières.
Plusieurs d'entre elles ont été mises en place
à travers les programmes de prévention de la mortalité
maternelle. Des études dans d'autres domaines en apportent aussi la
preuve.
Les interventions pour améliorer l'éducation et
l'information sont souvent basées sur la formation des femmes vivant
dans les communautés. Ces femmes formées ont pour mission de
convaincre les familles de la nécessité des soins de santé
maternelle et de faciliter l'accès aux centres de santé en cas
d'urgence. Ces programmes, implantés dans trois pays différents
(Nigéria, Sierra Léonne et Ghana) ont tous conduit à une
augmentation substantielle du taux d'admission dans les centres de santé
aussi bien pour les accouchements normaux que pour ceux compliqués
(Kandeh et autres, 1997 ; Opoku et autres 1997). D'autres
expériences s'insèrent dans la même lignée. Il
s'agit d'une ONG au Bengladesh qui a formé des accoucheuses
traditionnelles pour conseiller les femmes de référer et de les
aider à se rendre dans les centres de santé (Barbey et autres,
2001). Une autre expérience, celle de Gummi et autres en 1997 dans
l'Etat de Kebbi au Nigéria a montré que les campagnes
d'éducation ont amené les femmes à prendre conscience des
complications obstétriques. Toutefois ces campagnes n'ont pas eu d'effet
sur la référence et les auteurs ont lié cette observation
à l'insuffisance de ressources financières.
On voit que l'éducation joue un rôle important
dans le changement de comportement des femmes quant à la santé
maternelle, vu l'effet positif sur la demande aux soins de santé.
Nous pouvons aussi imaginer que l'éducation de
façon générale peut contribuer à éliminer le
rôle des facteurs socioculturels sur la demande de soins des pauvres, en
particulier, la position du chef de famille, certains rites, même la
religion dans certains cas etc. A travers l'éducation, les individus
ont également l'information sur les soins de santé
appropriés et sur les méfaits de ne pas se présenter dans
les formations sanitaires pour recevoir un traitement.
L'effet de l'éducation va au-delà de cet aspect
évident selon lequel un individu éduqué peut comprendre
l'importance de recourir aux soins de santé en impactant le comportement
des populations. Ceci est d'autant plus important que, dans certains cas, la
communauté y est impliquée, par le biais surtout des accoucheuses
traditionnelles qui peuvent voir à travers l'intérêt qu'on
leur porte à travers les programmes, une valorisation voire une
pérennisation et plus encore une modernisation de leur pratique.
L'implication des communautés peut aussi contribuer à rassurer
les populations en ce sens qu'elle crédibilise les programmes
destinés à l'amélioration de la demande de soins des
pauvres. Ces programmes doivent donc chercher prioritairement à
influencer le comportement des populations, surtout celles qui demeurent
accrochées à la valeur de leur culture. Mais, l'éducation
et l'information ne suffisent pas à elles seules pour améliorer
la demande de soins des pauvres.
La distance aussi joue un rôle important dans la demande
aux soins des pauvres. Une intervention destinée à jouer sur
l'éloignement des centres de santé, les coûts de transport,
la qualité des routes et tout autre facteur relevant de la distance peut
contribuer à augmenter la demande de soins des pauvres toutes choses
égales par ailleurs. En effet, les pauvres sont le plus souvent
éloignés des centres de santé qui la plupart du temps,
sont concentrés dans les centres urbains. Les coûts de transport
sont certainement fixés proportionnellement à la distance
parcourue et les routes sont souvent de mauvaise qualité.
Encore une fois, nous allons nous appuyer sur des exemples de
la santé maternelle pour montrer l'effet qu'une mesure portant sur la
distance peut avoir sur la demande de soins des femmes enceintes. Cet exemple
nous semble assez pertinent car la grossesse est un état délicat
et bien valorisant chez les pauvres en particulier en milieu rural.
2.2/ Augmenter la demande de soins des pauvres en
agissant sur la distance
Les mesures portant sur la distance sont variées et des
effets positifs sur la demande de soins des pauvres sont le plus souvent
rapportés.
Une intervention mise en place à l'ouest du
Nigéria avec les syndicats de transporteurs vise à mettre
à disposition de la population et en particulier, les malades, un moyen
de transport fiable et à prix abordable (Shebu, Ikeh et Kuna, 1997). Un
fonds initial en faveur du carburant a été mis en place avec
l'aide de contributions provenant des usagers. Les chauffeurs ont
été formés au respect des passagers en se passant de
fumer, parler à haute voix et la nécessité d'avoir la
patience. En Sierra Léonne, un projet similaire a fourni des
radio-téléphones pour appeler les voitures en cas d'urgence
obstétrique pour transporter les femmes à l'hôpital (Samal
et Seneh, 1997). Ces deux interventions peuvent aussi avoir le mérite
non seulement d'améliorer l'accès aux soins des pauvres, mais
aussi de changer leur comportement dans la mesure où elles colportent
certains aspects sociaux (ne pas fumer, la patience, ne pas parler à
haute voix, le respect des passagers). Une évaluation a abouti à
la conclusion selon laquelle ces interventions ont de façon
substantielle fait augmenter le nombre de femmes enceintes fréquentant
les centres de santé.
Toujours pour supprimer les barrières à la
demande de soins des pauvres constituées par la distance, d'autres
interventions ont été réalisées ailleurs. Il s'agit
d'établir des maisons d'attente de maternité à
proximité des hôpitaux de district10(*). Ce type d'intervention a été mis en
oeuvre au Zimbabwe, en Ethiopie, au Ghana et en République
Démocratique du Congo. Dans les deux premiers pays, les interventions
ont conduit à une forte utilisation des centres de santé à
laquelle est associée un faible taux de complication des accouchements
(Poovan, Kifle, et kwast, 1990 ; van Roosmalen et van Wiechen, 1998). Par
contre dans les deux derniers pays, ce même type d'intervention a eu des
impacts moins positifs. La raison est que les infrastructures sont
localisées dans des endroits déserts et manquent de bons
équipements pour faire la cuisine (Hildebrandt, 1996 et Post, 1997). Ces
études mettent de plus en plus l'accent sur la nécessité
de consulter les communautés sur une intervention potentielle avant de
faire tout investissement. Le but de cette consultation est de s'assurer de
l'appropriation et du bien fondé des interventions par les pauvres pour
augmenter la demande de soins.
2.3/ Augmenter la demande de soins des pauvres en
agissant sur la qualité des soins
La qualité des soins de santé est un
élément déterminant de la demande de soins de santé
et plus particulièrement dans le choix entre un centre de santé
moderne et la médecine traditionnelle d'une part et entres structures
publiques et privées d'autre part. Toute chose égale par
ailleurs, en assurant la qualité des soins dans les centres de
santé modernes, la demande de soins dans ces structures ou la
fréquentation de ces structures de soins peut substantiellement
augmenter.
Pour assurer la qualité des soins dans ces structures
de santé, les réformes en matière de politique sanitaire
peuvent porter sur l'amélioration de la disponibilité et
l'accessibilité de médicaments, la formation du personnel de
santé sur les protocoles thérapeutiques, le renforcement de la
capacité de gestion et sur l'amélioration de la capacité
managériale (Mukesh et Randall, 2000).
2.3.1/ La disponibilité et l'accessibilité
des médicaments.
Les médicaments sont des facteurs importants au bon
fonctionnement des centres de santé. Les patients perçoivent la
disponibilité de médicaments dans une structure sanitaire comme
un indicateur de qualité. Malgré le progrès substantiel
pour augmenter l'accès aux médicaments essentiels pour la
population, une partie importante de la population mondiale (plus du tiers de
la population mondiale et plus de la moitié dans les zones les plus
pauvres d'Afrique et d'Asie) continue de souffrir d'un accès
limité aux médicaments essentiels (WHO, 2000).
Une grande partie des dépenses de santé des
ménages est constituée par les dépenses en
médicament (WHO, 2002). On peut donc comprendre que pour les
ménages pauvres, les dépenses de santé ne deviennent
insupportables et contribuent de façon substantielle à
réduire leur demande de soins de santé et à recourir
à d'autres types de structure de soin. Comment peut on accroître
l'accès aux médicaments aux pauvres?
Il existe une solution classique qui consiste à
subventionner les médicaments destinés à un groupe cible
de la population (les pauvres). Les médicaments ont un taux de
co-paiement élevé, mais des exemptions et des exceptions
ponctuelles sont accordées à certains groupes cibles (Gilson,
Russell et Buse, 1995). Ces groupes sont souvent larges et, en pratique, les
patients plutôt que les services sont exempts des frais des
médicaments, ce qui cause à long terme des problèmes au
niveau de la soutenabilité des subventions. En effet, une femme enceinte
qui a bénéficié de médicaments gratuits peut les
redistribuer aux membres d'autres familles ou bien les leur en vendre. Les
plans de financement communautaires du fait qu'ils colportent le
phénomène de hasard moral limitent l'effet des subventions pour
les personnes pauvres (Attim, 1999 ; Bennett, Creese et Monasch,
1998 ; Gilson et autres, 2001). L'expérience montre que la
réussite d'un programme d'exemption dépend dans une large mesure
de l'existence du fonctionnement d'un mécanisme de financement pour
compenser les pertes de revenus issu de la subvention des médicaments
(Bitran et Giedion, 2003). Les dispenses accordées aux pauvres
apparaissent plus réussies à travers les systèmes de carte
dont la distribution effective aux personnes pauvres a nécessité
l'implication des autorités (Gilson, Russell et Buse, 1995). Toutefois,
dans plusieurs cas, les systèmes d'exemption n'ont pas donné les
résultats escomptés. C'est l'une des raisons pour lesquelles, le
Ghana est en train de remplacer les systèmes d'exemption par des
modèles d'assurance maladie qui offrent des subventions aux membres
pauvres.
Une autre manière de cibler les médicaments aux
pauvres est de s'assurer que les populations dans les zones démunies ont
reçu une allocation de ressources destinées à l'achat de
médicaments qui correspondent à leurs besoins. Cette technique de
financement11(*), bien
que, utilisée pour financer certaines dépenses courantes dans
des pays comme le Ghana et la Tanzanie demeurent encore non appliquée
au budget de médicaments.
Améliorer l'accessibilité des médicaments
aux pauvres peut aussi passer par une politique cohérente de prix qui
assure des prix abordables pour les médicaments. Cette idée est
à la base de l'initiative de Bamako qui prévoit le recours aux
médicaments essentiels génériques. Ces médicaments
ont la particularité d'être moins chers du fait que ce sont des
médicaments qui ne sont plus sous l'emprise des brevets. En
conséquence, ces médicaments sont exempts des coûts de
recherche qui sont liés à leur fabrication ; ce qui
contribue substantiellement à réduire leur prix de vente. Les
politiques pharmaceutiques nationales doivent donc privilégier
l'amélioration de l'accès aux médicaments
génériques qui à un prix faible ont une même
efficacité thérapeutique que les princeps. Ceci est un grand
atout pour les pauvres dont le pouvoir d'achat s'améliore.
Un autre outil pour contrôler le prix des
médicaments et de les rendre plus accessibles est l'établissement
d'une liste de médicaments essentiels, couplé à une
politique rationnelle d'approvisionnement (Laing, Hogerzeil et Ross-Degnan,
2001).
Assurer l'accessibilité des médicaments pour les
pauvres entraîne des implications importantes. En effet, les pauvres
recourent à l'automédication plus que les riches (Ching,
1995 ; Gilson et autres 2001). Le recours à l'automédication
compromet les bénéfices potentiels issus de l'amélioration
de l'accès aux médicaments pour les pauvres. L'éducation
à la santé et la construction d'une confiance entre prescripteurs
et patients, doivent accompagner toute politique sanitaire pharmaceutique pour
faire face à ces problèmes (Oliveira-Cruz, Hanson et Mills,
2001).
2.3.2/ La formation du personnel au protocole
thérapeutique
Elle constitue un élément primordial de la
qualité des soins dans les centres de santé, en ce sens qu'elle
conduit à une uniformisation du mode de traitement d'une structure
sanitaire à l'autre. Ainsi, les écarts dans les traitements que
l'on peut observer suivant les structures de soins peuvent relativement
s'estomper. Ceci, peut conduire à terme à la suppression des
déplacements de patient d'une structure sanitaire vers l'autre qui
consacrerait par exemple plus de temps au patient, l'examinerait mieux et lui
prescrirait des médicaments moins chers et moins nombreux ou dans le
meilleur des cas à éviter une baisse de la demande de soins des
personnes malades et des pauvres en particulier.
Le nombre de médicaments par ordonnance est très
important dans la mesure où les bénéfices que les patients
auraient tirés de la réduction des coûts résultant
de l'achat des médicaments essentiels génériques seraient
anéantis par des pratiques irrationnelles de prescriptions. Au Nigeria,
la qualité des prescriptions jugées à l'aide du nombre
moyen de médicaments par ordonnance est médiocre (Uzochukwu,
Onwujekwe et Akpala, 2002). La qualité d'une prescription se mesure par
rapport aux normes de prescriptions établies par l'OMS reprises dans le
tableau suivant.
|
Nombre moyen de médicaments
par ordonnance
|
Ordonnances avec au moins un médicament
|
Ordonnances avec au moins un antibiotique
|
Médicaments prescrits en DCI12(*)
|
Normes l'OMS
|
2
|
17%
|
50%
|
100%
|
2.3.3/ Le renforcement de la capacité
managériale
Le renforcement de la capacité managériale est
lié à toutes les pratiques des professionnels de santé qui
peuvent réduire la demande des soins de santé pour les pauvres.
Il peut s'agir des paiements officieux érigés par certains
prestataires de soins, d'un manque d'engouement à bien examiner le
patient, de l'absentéisme du personnel de santé. Ces pratiques
ont pour dénominateur commun l'insuffisance des ressources du
prestataire de soins qui cherche alors à compléter ces
revenus.
Dans le cas du paiement officieux, les pauvres sont les plus
touchés. En effet, ceux-ci dans le cas où ils sont amenés
à payer pour ces payements officieux en raisons de la gravité de
la maladie s'appauvrissent de plus en plus ; ce qui peut par la suite
réduire leur demande de soins de santé en cas d'épisode
ultérieur de maladie. Dans la plupart des cas, les ressources des
pauvres sont telles qu'ils ne peuvent même pas payer pour ces payements
officieux. La conséquence immédiate est qu'ils n'auront recours
aux soins de santé que dans des cas exceptionnels ; ce qui aboutit
à une réduction nette de la demande de soins pour les pauvres.
Un autre phénomène lié à
l'insuffisance du revenu des prestataires de soins est le fait de
détourner les patients vers les hôpitaux privés en
prodiguant des soins au rabais. Cette pratique nuit à la qualité
des soins dans les structures publiques le plus souvent
fréquentées par les pauvres dans les pays en
développement. Dans la mesure où la qualité est un
élément déterminant de la demande de soins, une diminution
de la qualité des soins du fait du détournement des patients vers
les structures privées aura pour conséquence une réduction
de la demande de soins, et celle des pauvres en particulier. Ces derniers en
effet n'ont pas les moyens pour s'aligner sur la pratique de
détournement des prestataires de soins du fait de la faiblesse de leur
ressource et se retrouvent le plus souvent victimes de cette pratique. Ils
peuvent s'orienter vers d'autres types de traitement réduisant ainsi la
demande de soins adressée aux structures de soins conventionnels alors
que le volume de la demande de soins restera inchangé.
Le troisième élément qui peut
décourager les pauvres à ne pas fréquenter les structures
de santé est l'absentéisme du personnel soignant essentiellement
motivé une fois encore par leur insuffisance de ressources. Celui-ci
exerce d'autres activités qui l'aident à compléter ces
revenus. Dans ce cas, la seule alternative qui reste au patient est de se
tourner vers les structures privées ou d'autres structures de soins. On
peut imaginer que les pauvres seraient exclus du système de santé
étant donné que les structures privées sont le plus
souvent chères.
Les cas de figure évoqués ci-dessus peuvent
réduire de façon substantielle la demande de soins et en
particulier la demande de soins des pauvres qui fondamentalement n'ont pas les
ressources financières nécessaires pour se tourner vers les
structures de santé privées ou ne disposent de l'information
nécessaire pour avoir un accès optimal à ces structures.
Il est donc opportun de se demander : comment inciter les prestataires
à servir les pauvres ?
La solution réside dans une forme d'accord entre les
décideurs et les prestataires visant à donner des incitations aux
prestataires avec le souhait du décideur. Le succès de cet accord
en faveur des pauvres dépend de l'engagement des décideurs qui
doivent mettre en place des normes des performance pour les services qu'ils
peuvent facilement contrôler, faciliter la prestation de services
cliniques par des prestations autonomes et instituer une fonction de
contrôle solide. La manière de mettre en place ces mesures
incitatives pour que les prestataires de service de santé aient à
rentre compte des résultats qui vont dans le sens d'une attitude en
faveur des pauvres, dépend de la nature des services et de la
capacité de créer des responsabilités vis-à-vis des
objectifs publics au niveau de l'achat et de la réglementation.
Plusieurs expériences de contractualisation ont vu le
jour pour aider à cette mission. C'est ainsi qu'on peut rencontrer les
expériences basées sur des contrats de résultats comme ce
fut la cas au Madagascar et au Sénégal dans le cadre des
programmes de nutrition (Marek et Autres 1999) ; ces types de
contrat13(*) sont
difficiles et coûteux à mettre en place. Pour cette raison il
existe d'autres options de contrat notamment les contrats basés sur les
outputs14(*) (ou
explicites).
Les contrats explicites ont été
expérimentés au Bengladesh et ils ont abouti au payement des
professionnels de santé appartenant à des ONG en fonction de la
connaissance acquise par leurs clients de la thérapie orale de
réhydratation. Pour les contrats explicites centrés sur des
outputs spécifiques et expérimentés au Malawi et en
Ouzbékistan, on a remarqué une couverture de vaccination
d'environ 90% chez les pauvres au prix de dépenses par habitant
très limitées.
La mise en place de contrat pour les services cliniques avec
des dispositions spécifiques pour faire bénéficier plus
les pauvres, n'a pas donné des résultats probants, comme au
Cambodge. Toutefois, il est possible de renforcer les incitations à
servir ceux qui sont le plus dans le besoin en calibrant les versements aux
prestataires en fonction de l'impact de leur activité sur la
santé publique et en prévoyant des montants plus
élevés pour les soins obstétriques d'urgence, comme au
Burkina Faso, ou pour les services fournis aux pauvres en général
comme en Khirgizie en 2003.
Augmenter la demande de soins des pauvres est d'une importance
capitale parce que d'elle dépend l'état de santé des
pauvres. Comment ne pas exclure les pauvres de la consommation des soins de
santé tout en sauvegardant l'intérêt des prestataires de
soins anéanti par les mesures d'incitations, de subvention ou
d'exemption en faveur des pauvres quel que soit le type de service fourni dont
ils bénéficient ?
Deux types de mesures de plus en plus abordées dans la
littérature scientifique permettent de répondre à cette
interrogation : il s'agit des transferts conditionnels, des
mécanismes assurantiels et des fonds d'équité15(*).
3/ Les mécanismes assurantiels et les fonds
d'équité (le cas du Cambodge)
3.1/ Les mécanismes assurantiels
Le but des mécanismes assurantiels est de
prémunir tout individu contre le risque de ne pouvoir se soigner en cas
d'épisodes réguliers de maladie ou en cas de coût
prohibitif des soins de santé ; des situations qui peuvent les
précipiter dans la trappe à pauvreté annihilant ainsi
toutes leurs chances de bien être contre le paiement d'une prime ou d'une
cotisation suivant le type d'assurance16(*).
Parmi tous les risques auxquels font face les pauvres, les
risques liés à la santé sont probablement les plus
menaçants pour leur vie et leur subsistance. Un choc au niveau de la
santé conduit directement à des dépenses de
médicaments, de transport et de traitement et occasionne des coûts
indirects liés à la réduction de l'offre et de la
productivité du travail (Asfaw, 2003). Etant donné le lien entre
la santé et un niveau faible de revenu, un choc sur la santé
affecterait beaucoup plus les pauvres (CMH17(*), 2001 ; Morrisson 2002). L'assurance
santé peut donc constituer une bonne parade à la
vulnérabilité des pauvres à travers son mécanisme
de partage de risque et de pooling des ressources. Toutefois, la
réussite de l'assurance dépendra de la manière dont
celle-ci est mise en oeuvre pour la rendre accessible aux pauvres. Dans cette
optique plusieurs schémas existent dans la littérature en
particulier le « Community Based Health Insurance » (CBHI)
dont l'émergence dans les pays en développement d'Afrique au sud
du Sahara est rendue possible par les processus de décentralisation
enclenchés dans ces pays (Precker, 2004 ; Wiesmann et Jütting,
2001).
Au Sénégal où le CBHI a été
expérimenté sous la forme de « les mutuelles de
santé », beaucoup de points positifs ont été
rapportés. En effet, les résultats de cette expérience du
Sénégal montrent que dans l'environnement des pauvres, les
programmes d'assurance peuvent marcher : les membres de « les
mutuelles de santé » sont plus enclins à recourir aux
services d'hospitalisation que les non membres et payent largement moins en cas
de recours aux soins de santé (P. Jütting, 2003).
Les effets des programmes d'assurance ne se limitent pas
seulement aux souscripteurs, mais peuvent s'étendre à la
qualité, à la pérennité de l'assurance
elle-même et aux prestataires de soins. La représentation en
annexe résume les différents effets liés à
l'introduction d'un mécanisme d'assurance.
Les ressources des prestataires vont augmenter dans la mesure
où même les pauvres payent leurs soins de santé ; ce
qui est la conséquence d'une augmentation de la demande de soins. En
admettant que les patients ont la possibilité de choisir leurs
fournisseurs de soins, ceux-ci sont mis en concurrence. Ceci les amène
à améliorer la qualité de leurs services qui
améliore l'état de santé des membres. Les non membres,
forts de cette nouvelle situation peuvent décider d'adhérer
à l'assurance et le cycle recommence. On remarque donc que les effets se
renforcent mutuellement ; ce qui crée un cycle vertueux18(*) en faveur du mécanisme
d'assurance. Contrairement à Dror et Jacquier (1999), qui pensent que le
CBHI peut bénéficier aux pauvres qui, dans le cas contraire
n'auraient aucune protection financière contre les coûts d'une
maladie, d'autres auteurs sont moins optimistes quant à son effet. C'est
le cas de Gilson et al (2000) qui, pensent que les structures communautaires ne
reflètent pas nécessairement le point de vue de la population
dans son ensemble et que les décisions importantes ne prendraient pas en
compte l'intérêt des pauvres qui se trouveraient exclus du
processus de décision. Par ailleurs, selon (Atim, 1998 ; Bennett,
Creese et Monash, 1998 ; Criel 1998), le pessimisme serait lié au
« risk pool » souvent restreint, à
l'émergence d'un problème de sélection adverse et de
difficultés financières et managériales et enfin à
l'incertitude sur la soutenabilité de l'ensemble du système
d'assurance.
3.2/ Les fonds d'équité
Suite à l'Initiative de Bamako, de nombreux pays
africains ont introduit la participation de la population au financement des
soins de santé, en complément des ressources publiques. Cette
contribution de la population est destinée au financement des
médicaments, de primes de motivation au personnel ou de frais de
fonctionnement. Combiné à une démarche active
d'amélioration de la qualité des soins, ce système a
rencontré un certain succès en terme d'augmentation de la
fréquentation des structures et de leur cofinancement. Dans d'autres
cas, le résultat final a été beaucoup moins positif. D'un
côté, le surcoût pour le patient peut entraîner une
baisse de l'utilisation des services (Gilson 1997). D'un autre, les ressources
dégagées se sont parfois révélées
insuffisantes pour relever le salaire des prestataires à un niveau
décent. Les pratiques de survie persistent alors, telles que les
paiements de dessous-de-table ou l'absentéisme (Ensor 2004 ;
Ferrinho et van Lerberghe). Il en résulte une incertitude au niveau du
coût d'une hospitalisation pour le patient, aggravée par les frais
de participation tels le transport ou la nourriture. Le cumul de ces frais
constitue une barrière financière à l'accès aux
soins (Thompson et Witter 2000), qui influe négativement sur
l'itinéraire thérapeutique du patient. Les pauvres sont les
premiers touchés, en particulier quand leurs problèmes de
santé requièrent des soins hospitaliers.
Dans un souci d'équité, la plupart des
gouvernements ont décrété la gratuité des soins
pour les plus pauvres. En l'absence de mécanisme de compensation pour le
prestataire, les résultats de cette politique d'exemption ont
été décevants. Souffrant déjà d'un
sous-financement, les structures de santé ne peuvent se permettre
d'octroyer trop d'exemptions. Les pauvres, anticipant leur exclusion, retardent
leur recours à la structure de santé publique (Russell 1996) ou
optent pour des alternatives plus accessibles mais de moindre qualité.
Il en résulte une dégradation de leur statut sanitaire et
socio-économique (Ranson 2002 ; Xu et al. 2003). Sanitaire en
raison d'un traitement tardif ou de mauvaise qualité.
Socio-économique en raison d'une spirale d'endettement et de
dépenses irrationnelles dans laquelle le ménage est rapidement
absorbé. Le cercle vicieux se referme : la pauvreté devient une
cause de mauvaise santé, qui elle-même intensifie
l'appauvrissement (Meessen et al. 2003 ; Wagstaff 2002 ; Whitehead et
al. 2001).
Peu de réponses ont été apportées
jusqu'à présent. L'ampleur des frais liés à une
hospitalisation dépasse la capacité des mécanismes de
solidarité traditionnels. Les systèmes formalisés de
protection sociale, s'ils existent, ne s'adressent pas aux plus pauvres. Les
gouvernements enfin ne sont pas en mesure de développer des
mécanismes de redistribution.
Les fonds d'équité proposent une alternative:
créer un fonds chargé de compenser les prestataires pour les
soins qu'ils prodiguent aux plus pauvres. Cette idée simple peut
stimuler l'accès des plus pauvres aux soins de santé et renforcer
la viabilité économique des formations sanitaires.
3.2.1/ Les principes des fonds d'équité
Dans la communauté internationale, des voix
s'élèvent actuellement pour réclamer un retour à la
gratuité universelle dans les soins de santé. Cette option
radicale a ses avantages et ses limites. Ses conditions d'application doivent
encore être investiguée plus avant. Les fonds
d'équité proposent une alternative, mitigeant les effets
négatifs de la participation financière des usagers, tout en
permettant leur maintien. L'idée est d'instaurer un système de
tiers payeur qui garantit aux prestataires de soins une juste compensation
pour les services offerts aux plus pauvres. Les objectifs en faveur du patient
se formulent selon deux dimensions à savoir la dimension santé
publique qui permet d'améliorer l'accès aux soins de santé
pour les plus pauvres et la dimension protection en faveur des pauvres qui
permet d'éviter les dépenses catastrophiques19(*).
La transaction classique entre prestataire et patient (payant)
se résume en la délivrance de soins de santé par le
prestataire en échange d'un paiement par le patient.
Cette fonction de paiement n'est pas à la portée
des plus pauvres. Le principe du tiers payeur s'y substitue en identifiant les
patients ayant besoin d'une assistance financière20(*) et en payant aux prestataires
les soins consommés par les patients identifiés.
En augmentant la clientèle des structures de
santé (il s'agit de structures publiques essentiellement)
supportées, le fonds d'équité promeut leur utilisation et
contribue de manière significative à leur financement. Il est
donc également conforme aux objectifs des prestataires de soins et des
autorités sanitaires. Il offre en outre l'opportunité de
développer des activités d'assistance sociale plus
élaborées auprès des patients pauvres hospitalisés,
incluant la défense de leurs droits d'usagers.
Les premières expériences systématiques
de fonds d'équité ont vu le jour au Cambodge en 2000 (Bitran et
al. 2003 ; Hardeman et al. 2004 ; Jacobs et Price 2005).
3.2.2/ L'expérience des fonds d'équité
au Cambodge
Le Cambodge est un pays dont la population avoisine 14,1
millions d'habitants dont 34,1% vivent avec moins de 1$ par jour et 77,7% avec
moins de 2$ par jour. La participation financière y est introduite
depuis 1997 et permet de prendre en charge 49% des primes salariales. Le pays
est divisé en provinces et districts sanitaires avec un secteur
privé très étendu mais non régulé et dont la
qualité des soins de santé n'est pas garanti. Le gouvernement ne
participe aux dépenses de santé qu'à concurrence de 17%,
ce fait peser sur la population et en particulier la population pauvre les
coûts de participation et le développement des paiements
officieux. C'est dans cet environnement que fut expérimenté le
fonds d'équité dont les toutes premières
expériences remontent en 2000 sous la supervision de Médecins
sans frontière.
Le Cambodge reste à ce jour le terrain de
référence en la matière de mise en place de fonds
d'équité. Plusieurs points positifs y sont rapportés et
se regroupent en deux catégories à savoir :
- l'augmentation de l'accès aux soins de santé
pour les plus pauvres qui se matérialise par une augmentation de
l'utilisation totale des services de santé ; une confirmation du
profil de pauvre des bénéficiaires de
l'assistance (échantillonnage aléatoire); l'absence d'une
diminution de l'utilisation par les patients payants. On considère donc
que les patients supplémentaires n'avaient pas accès auparavant,
en raison de leur incapacité de payer.
- la protection contre les dépenses de santé
irrationnelles et peu pertinentes. Même si les preuves sont
éparses, les acteurs de terrain restent convaincus que les fonds
d'équité ont un impact important en terme de protection
sociale.
L'expérience cambodgienne met en exergue des
écueils à éviter pour reproductibilité des fonds
d'équité. Il s'agit en particulier :
- de confier l'identification des pauvres à la
population seule au risque tout le monde soit considéré comme
pauvre ou que les pauvres soient totalement exclus dans la mesure ou tout le
monde à intérêt à profiter des fonds
d'équité,
- de donner la priorité de la gestion des fonds au
prestataire ; ce qui peut avoir pour conséquence de limiter le
nombre de bénéficiaires effectifs, un patient
supplémentaire représente un coût additionnel,
- de limiter le rôle des fonds d'équité
au seul paiement des soins. Il faut en effet étendre le rôle des
fonds d'équité vers les autres barrières de la demande de
soins des pauvres telles que la distance, qualité des services et
autres21(*). Le paquet de
bénéfice lié aux fonds d'équité est doit
être donc défini en fonction des barrières à la
demande de soins.
- d'imposer les fonds d'équité à une
partie prenante, dans la mesure où les fonds sont
matérialisés par un contrat entre le financeur et le
prestataire.
- d'oublier de mettre en place avant la mise en place des
fonds d'équité des indicateurs qui sont sensés apporter
une évidence scientifique de l'impact des fonds. Ce manquement des fonds
d'équité a donné une qualité scientifique moyenne
aux impacts alors qu'ils sont opérationnellement intéressants.
4/ Les transferts conditionnels
Ils consistent à verser aux familles
considérées comme pauvres un montant donné d'argent
à condition que les membres des familles bénéficiaires
acceptent se rendre régulièrement à l'hôpital pour
des bilans de santé et recevoir des enseignements sur l'hygiène
et la nutrition des enfants et inscrire leurs enfants à l'école.
Les pauvres étant le plus souvent dépourvus de moyens financiers,
ils sont intéressés par ces transferts qui en leur assurant une
source de revenus supplémentaires sûre, leur permettent de
scolariser les enfants et de se soigner.
La référence en matière de transfert
conditionnel est le programme Progresa mis en oeuvre au Mexique. Les femmes ont
été choisies pour recevoir ces transferts22(*) du fait qu'elles seraient
celles qui s'occupent du soin de leurs enfants. Les résultats en
matière d'état nutritionnel pour les enfants sont encourageants
(la taille s'est accrue de 1 à 4% et le poids de 3,5% par rapport
à leur niveau d'avant le programme Progresa) et le nombre de
mères recourant aux traitements traditionnels en cas de maladie est
nettement inférieur chez les bénéficiaires que chez les
non bénéficiaires (Behrman et Hoddinott, 2001 ; Gertler et
Boyce, 2001). Le taux de mortalité infantile a connu une diminution de
l'ordre de 11% du fait du programme Progresa (Tania Barham, 2005). Ces
résultats ont été atteints grâce aux enseignements
reçus dans les hôpitaux. Ils ont été obtenus en
dépit du fait que les ménages ne reçoivent pas les
micronutriments tels que prévus par le programme et aussi du fait que
les familles recevant les micronutriments les partagent avec les familles hors
programme. On a aussi remarqué des « effets
spillover » positifs chez les non bénéficiaires de la
même communauté qui pourraient surestimer l'impact même du
programme Progresa. Du fait du succès de ces transferts qui a
été rapporté par différentes évaluations,
ils ont été étendus à d'autres pays
d'Amérique latine23(*).
En transférant un revenu aux ménages pauvres,
ceux-ci sont dotés de moyens pour payer par exemple les frais de
transport, les soins de santé qui constituent une barrière
à leur demande de soins. L'impact positif de Progresa sur l'Etat de
santé des pauvres peut être attribué à
l'accroissement de la demande de soins stimulée par le revenu
additionnel fourni par ce programme. L'accroissement de la demande peut se
comprendre à travers la diminution du nombre de recours au traitement
traditionnel pour se soigner si on admet que la demande en question est la
demande de soins dans un centre de santé ou dans un hôpital.
Pour qu'une politique en faveur des pauvres,
bénéficie effectivement à ceux-ci, ils faut veiller
à ce que la politique intègre un volet identification des
pauvres. Comment peut-on identifier les pauvres ?
5/ Méthodes d'identification des pauvres
Deux méthodes existent pour que les pauvres soient
atteints par les politiques qui leur sont destinées ; il s'agit de
la méthode du ciblage et celle d'auto sélection.
5.1/ La méthode du ciblage
La méthode du ciblage est souvent utilisée pour
isoler les pauvres parmi les non pauvres dans le but de délimiter la
base d'une politique telle qu'une exemption. Selon Gilson et al (1995),
atteindre les pauvres à travers une politique publique de ciblage n'est
pas un processus facile. Cibler les pauvres peut conduire à trois
problèmes, à savoir : la faisabilité technique d'un
ciblage précis, la mise en application de la politique en faveur des
pauvres et la capacité des pauvres pour bénéficier de la
politique (Thomas S. et al ; 1998).
En ce qui concerne la faisabilité technique, les
critères de définition et de mesure des indicateurs de revenu des
ménages, la disponibilité des infirmations peut conduire à
une éligibilité inappropriée ou subjective des pauvres.
Même si aujourd'hui on assiste à un raffinement des indicateurs de
mesure, les coûts élevés qui y sont associés
limitent sa pérennité.
Si en dépit de tout, le ciblage s'avère fiable,
il faut veiller disposer d'un système d'administration efficiente et
responsable pour mettre en oeuvre les politiques en faveur des pauvres. A
défaut, on peut assister à une absence d'un manuel de
procédure de la politique ; ce qui peut se traduire par une non
allocation des bénéfices des pauvres dont le pouvoir politique
est très faible, comparativement à celui des non pauvres qui,
bénéficient alors de la politique.
Outre ces deux problèmes les pauvres peuvent ne pas
bénéficier des politiques qui leur sont confectionnées
à cause d'une information insuffisante sur le contenu de la politique,
du phénomène de stigmatisation né du fait de recevoir de
l'aide. Ce problème peut aussi provenir des coûts
d'opportunité élevés liés à l'acceptation de
la politique (Cornia et Stewart, 1993). Ces problèmes font de la
méthode de ciblage, une méthode onéreuse à mettre
en oeuvre et inefficace dans la pratique. Aussi le choix se tourne de plus en
plus vers la méthode d'auto sélection pour cibler les pauvres.
5.2/ La méthode d'auto sélection
L'auto sélection consiste à laisser les
individus révéler leur situation en les confrontant à des
incitations appropriées. Pour cela, il serait plus facile d'utiliser les
mécanismes de marché qui, sont sensés, toutes choses
égales par ailleurs, amener les individus à s'identifier riches
ou pauvres selon leur propre intérêt. Ainsi, les autorités
peuvent retirer des revenus des options de marché choisies par les non
pauvres et utiliser ce revenu additionnel pour subventionner les personnes
pauvres. Deux exemples classiques d'auto sélection permettent
d'illustrer la méthode d'auto sélection ; les services
« extra24(*) » à l'hôpital et le
« fast-track »
Dans le premier cas il s'agit de proposer par exemple aux
patients plusieurs types de chambre d'hospitalisation (une à plusieurs
personnes et l'autre avec un seul occupant), d'autres types de service
(l'alimentation livrée par un restaurant et l'autre par l'hôpital)
avec des différentiels de prix selon la chambre ou le type
d'alimentation choisie avec toutefois le même traitement quelle que soit
l'option de chambre ou de nourriture choisie. Les riches auront tendance
à choisir les services qui vont les distinguer de la masse
(c'est-à-dire les chambres individuels et les repas livrés par un
restaurant), alors que les pauvres s'orienteraient vers les options standard.
Les revenus ainsi tirés de la vente des services extra par
l'hôpital serviront à payer les services des pauvres.
Une autre manière de cibler les pauvres est le
« fast-track ». Cette méthode consiste à
soigner certains individus (même en retard) avant les autres moyennant un
paiement supplémentaire dans des situations de non urgence uniquement et
comme précédemment, le traitement demeure le même pour dans
les deux cas.
L'intérêt de la méthode d'auto
sélection réside dans le fait qu'elle est simple à mettre
en oeuvre et revient moins chère que la méthode du ciblage. Elle
nécessite en outre une bonne segmentation du marché qui facilite
l'identification des pauvres à travers leurs options de
marché.
Certains critères sont indispensables pour la
réussite d'un ciblage des pauvres par la méthode d'auto
sélection (Stephen Thomas et al, 1998)
- la décision du patient est essentiellement
basée sur des services ne relevant pas de la santé ;
- la décision du patient n'a pas d'impact
médical « ceteris paribus » sur les autres ;
- pas d'asymétrie d'information ;
- les bénéfices et les coûts de la
décision des patients doivent être relativement non
ambigus ;
- l'auto sélection est utilisée pour faire des
subventions croisées aux pauvres tout en épargnant de
l'argent;
- la segmentation du marché devrait être
complète;
- le patient n'a pas besoin d'un traitement d'urgence;
- il doit toujours exister pour les pauvres une alternative
qui est compatible avec leur volonté à payer.
CONCLUSION
Plusieurs politiques de santé se sont
intéressées à l'accès aux soins des pauvres ces
dernières décennies, en particulier « les soins
gratuits pour tous » qui a fait l'objet de la conférence
d'Alma Atta, « l'Initiative de Bamako ». Le bilan
mitigé de ces politiques fait replacer au centre des débats la
question : « comment augmenter la demande de soins des
pauvres ? ». Le rapport sur le développement dans le
monde de 2004 en son premier chapitre intitulé :
« Services can work for poor people but too often they
fail » en a fait un large écho. Tout ceci dénote
l'importance de la question du fait du lien que sa réponse aurait avec
l'état de santé des populations qui se trouve être des
points saillants MDG25(*).
Pour répondre à cette question plusieurs
programmes se sont développés en s'attaquant aux principales
barrières la demande de soins des pauvres en particulier : les
barrières financières, les barrières sociales et
culturelles, le niveau d'éducation et la qualité de
l'information, le facteur éloignement des centres de santé, la
qualité des soins.
Les barrières financières bien que
n'étant pas les plus importantes ont reçu le plus grand
intérêt à travers les principaux programmes en particulier
les programmes d'exemption, les fonds d'équité, les transferts
conditionnels, les mécanismes assurantiels etc. Le succès relatif
de ces programmes témoigne de l'implication d'autres facteurs dans la
demande de soins des pauvres.
Les barrières sociales et culturelles sont d'une
importance capitale dans la demande de soins des pauvres. A elles seules, elles
peuvent rendre totalement inopérantes toute politique destinée
à augmenter la demande de soins des pauvres. Il peut s'agir par exemple
de l'impératif de recourir à la médecine traditionnelle
plutôt que d'aller se soigner dans un centre de santé en cas de
maladie ou encore les femmes qui ne peuvent pas se faire consulter par un
personnel de santé masculin. Il faut donc des interventions
destinées à extirper ces comportements afin de rendre plus
concluants les objectifs des programmes. Les programmes d'éducation
à la santé peuvent y jouer un rôle primordial, tout en
éliminant les problèmes relatifs à l'information
soulignés dans le développement, s'ils sont correctement mis en
oeuvre.
Plutôt que de donner la priorité à une
politique de demande ou d'offre pour augmenter la demande de soins des pauvres,
il faut combiner ces deux types de politique. En effet, la création de
la demande ne se substitue pas à une amélioration de la
qualité et vice versa. Ceci peut être illustré par le fait
que, les patients fréquentent des centres de santé
éloignés de leur domicile plutôt que les structures locales
à dont la qualité des services n'est pas garantie.
Les politiques étant destinées à
augmenter la demande de soins des pauvres, il faut veiller à ce que les
vrais bénéficiaires soient ces derniers. En conséquence la
méthode de ciblage doit être choisie délicatement.
Actuellement, la randomisation est la méthode la plus
utilisée ; elle permettrait de cibler réellement les pauvres
au regard des résultats d'analyse d'incidence réalisée
pour savoir si un programme pro pauvre bénéficie
réellement aux pauvres.
Les efforts pour atteindre les pauvres sont louables et
méritent d'être de plus en plus encouragés. Mais au
même moment il faut reconnaître que, des pauvres demeurent toujours
exclus ; c'est le cas des indigènes dont la situation est de plus
en plus prise en compte dans de nombreux programmes en faveur des pauvres. En
augmentant la demande de soins des pauvres, l'état de santé de
ceux-ci peut s'améliorer. Selon la théorie du capital humain,
cette amélioration de l'état de santé peut se traduire par
une amélioration de la productivité du travail qui peut aussi
avoir un effet positif sur le développement par le canal de la
croissance. L'enjeu de l'augmentation de la demande de soins des pauvres est
grand, aussi il est opportun de lui accorder une importance capitale.
BIBLIOGRAPHIE
Agha S., 2000: «the determinants of infant mortality in
Pakistan» Social science and Medicine 51: 199-208.
Akin J. Griffing C. Guilkey D. et Popkin B. (1984): «The
demand for the primary health care services in the Bicol Region of
Phillippines» Economic Development and Cultural Change 34 (4): 755-782.
Akin et Houtchison (1999): «Health-care Facility Choice
and the Phenomenon of Bypassing.» Health Policy and Planning 14 (2).
Amartya Sen
Amooti-Kaguna et Nuwama (2000): «Factors Influencing
Choice of Delivery Sites in Rakaï District of Uganda.» Social Science
and Medicine 50: 203-213.
Atim, C. (1998). Contribution of mutual health organisationsto
financing delivery and access to health care:synthesis of research in nine West
and Central African countries. Bethesda: Abt Associates Inc.
Audibert M. et Mathonnat J. (2000): «Cost recovery in
Mauritania: Initial lessons.» Health Policy Plan.
Barbey A ; J. Faisel ; Myeya J. ; V.
Stavrou ; J. Stewart et S. Zimicki (2001) : «Dinajpur SafeMother
Initiative: Final Evaluation Report» CARE Bengladesh, Dhaka .
Begum S. et B. Sen (2000): «Not Quite, Not Enough:
Financial Allocation and the Distribution of Resources in the Health
Sector.» Bangladesh Institut of Development Studies, Dhaka.
Behrman et Hoddinott, (2001)
Bennett, S., Creese, A., & Monash, R. (1998). Health
insurance schemes for people outside formal sector employment. Geneva: WHO.
Bethume X. Alfani S. et Lahaye JP (1989): «The influence
of an abrupt price increase on health service utilization: evidence from
Zaire.» Health Policy and Planning 4 (1): 17-47.
Bhatia J. C. et J. Cleland (1999): «Health Seeking
Behavior of Women and Costs Incurred.» In S. Pachauri, ed., Implementing a
reproductive Health Agenda in India. New Delhi: Population Council.
Bitran R, Turbat V, Meessen B, Van Damme W. Preserving Equity
in Health in Cambodia:Health Equity Funds and Prospects for Replications.
Online Journal of the World Bank Institute. 2003. Washington, World Bank.
Booth B. E. et M. Verma (1992): «Decreased Access to
Medical care for Girls Punjab, India-The Roles of Age, Religion and
Distance.» American Journal of Public Health 82 (2)
Ching, (1995)
CIET Canada (2000): «Servic Delivery Survey; Second Cycle
Preliminary Findings 2000».
Cleland J. G. et J. K.Van Ginneken (1988): «Maternal
Education and child Survival in Developing Countries: The Search for Pathways
Influence.» Social Science and Medicine 27 (12)
Commission of Macroeconomy of Health, (2001)
Cornia et Stewart, (1993)
Criel, B. (1998). District-based health insurance in
sub-Saharan Africa. Part II: case-studies. Antwerp: Studies in Health Services
Organisation and Policy.
Dror, D., & Jacquier, C. (1999). Micro-insurance:extending
health insurance to the excluded. International Social Security Review, 52(1),
71-98.
Ensor T, 2004. Informal payments for health care in transition
economies Social Science and Medicine; 58: 237-246.
Fawcus S., M. Mbizvo, G. Lindmark et L. Nystrom (1996):
«A Community-Based Investigation of Avoidable Factors for Maternal
Mortality in Zimbabwe.» Studies in Family Planning 27 (6).
Ferrinho P, Van Lerberghe W. 2000. Providing health care under
adverse conditions. Studies in Health Services Organisation & Policy edn,
ITG Press: Antwerp,
Frew E., J. L Wolstenholme, W. Atkin et D. K. Whynes (1999):
«Estimating Time and Travel Costs Incurred in Clinic Screening:
Flexible Sigmoidoscopy Screening for Colorectal Cancer.» Journal of
Medical Screening 6 (119-123).
Gertler et Boyce, (2001)
Gertler P. et van der Gaag (1990): «The Willingness to
Pay for Medical Care: Evidence from two Developing Countries.» Word Bank
Report 11595.
Gilson L, 1997. The lessons of user fee experience in Africa
Health Policy Plan ; 12: 273-285.
Gilson, L., Kalyalya, D., Kuchler, F., Lake, S., Oranga, H.,
& Ouendo, M. (2000). The equity impacts of community-financing activities
in three African countries. International Journal of Health Planning and
Management, 15, 291-317.
Gilson, Russell et Buse, (1995)
Grossman M. et R. Kaestner (1997): «Effects of
Education on Health.» In J. Behrman and N. Stacey (the social benefits of
education; University of Michigan Press)
Grossman M. (2000): «The Human capital Model.» In
Handbook of health Economics; vol 1A. Amsterdam.
Gummi F. B.; M. Hassan ; D. Shebu ; L. Audu
(1997) : «Community Education to Encourage Use of Emergency Obstetric
Services, Kebbi State.» International Journal of Gynaecology and
Obstetrics; 59.
Hardeman W, Van Damme W, Van Pelt M, Por I, Kimvan H, Meessen
B, 2004. Access to health care for all? User fees plus a Health Equity Fund in
Sotnikum, Cambodia Health Policy Plan; 19: 22-32.
Heller P. (1982): «A model for medical and health
services in peninsular Malaysia.» Social Science and Medicine 16: 267-284.
Hildebrandt E. (1996): «Building Community Participation
in Health Care: A Model and Example from South Africa.» Journal for
Nursing Scholarship 28 (2) 155-159.
Hittesh J. (1996): «Preceptions and Constraints of
Pregnancy Related Referrals in Rural Rajasthan.» Journal of Family Welfare
42 (1), 24-29.
Huber J. (1993): «Ensuring access to health care with the
introduction of user fees: a Kenya exemple.» Scial Science and Medicine
36: 485-494.
Ii M. (1996): «The demand for medical care: evidence from
urban area in Bolivia.» LSMS Working paper No 123. Washington DC: World
Bank.
Jacobs B, Price N, 2005. Improving access for the
poorest to public sector health services: insights from Kirivong Operational
District in Cambodia Health Policy plan (in press).
Kandeh H. B., B. Leigh A. L. Seisay (1997): «Community
Motivators Promote Use of Emergency Obstetric Services in Rural Sierra
Leone» International Journal of Gynaecology and Obstetrics.
Laing, Hogerzeil et Ross-Degnan, (2001)
Leonard 2002 ; Leonard, Mliga et Marian (2001)
Lindlow (1998)
Litvack J. et Bodart C. (1993): «User fees plus quality
equals improved access to health care: result of a field experiment in
cameroon.» Social Science and Medicine 37 (3): 368-383.
Maine D. (1997): «The Strategic Model for the PMM
Network»; International Journal of Gynaecology and Obstetrics.»
Marek et Autres (1999)
Meessen B, Zhenzhong Z, Van Damme W, Devadasan N, Criel B,
Bloom G, 2003. Iatrogenic poverty Trop Med Int Health ;
8: 581-584.
Morrisson, C. (2002). Health, education and
povertyreduction. OECD Development Centre Policy Brief No. 19. Paris: OECD
Development Centre.
Mukesh et Randall, (2000)
Mwabu G., Wang'ombe JK, Kimani VN (1991): «Health
service pricing reforms and health care demand in Kenya.» Paper presented
at the 4th annual meeting of the IHPP in Nyon , Switzerland.
Nayaran D. (1997): «voices of the Poor: Pverty and Social
Capital in Tanzania, environmentally and Socially Sustainable Development
Studies and Monographs Series», Vol 20 Washington DC.
Oliveira-Cruz, Hanson et Mills, (2001)
Opoku, S. Kyeifaried, S. Twum, J. O. Djan et J. Bonney (1997):
«Community Education to Improve Utilization of Emergency Obstetric
Services; International Journal of Gynaecology and Obstetrics.»
P. Jütting, (2003): «Do Community Health Based
Insurance Schemes improve poor's access to health care? Evidence from rural
Senegal.» World Development (32): 273-288.
Piet-Pelon, U. Rob et M. E. Khan (1999): «Men in
Bangladesh, India and Pakistan», Dhaka: Karshaf Publishers.
Poovan, F. Kifle, et M. Kwast, (1990): «A maternity
waiting homes reduces obstetric catastrophes.» World Health Forum 11
(4).
Post M. (1997): «Preventing maternal mortality through
emergency obstetric care.» SARA issues papers. Academy for educational
development, support for analysis and research in Afric project, Washington
D.C.
Preker, A. (2004). Health financing for poor people:resource
mobilization and risk sharing. Washington DC: The World Bank (in print).
Quisumbing A. et J. A. Maluccio (1999): «Intrahousehold
Allocation and Gender Relations: New empirical evidence.» Policy Research
Report on Gender and Development. Working Paper 2, World Bank.
Raghupathy S. (1996): «Education and the use of maternal
health care in Thailand.» Social Science and Medicine 43 (4): 459-471.
Rashid S. F., A. Hadi, K. Afsana et S. A. Begum (2001):
«Acute respiratory infections in rural Bengladesh: cultural
understandings, practices and the roles of mothers and community Health
Volounteers.» Tropical Medicine and International Health 6 (4): 249-255.
Ranson MK (2002) reduction of catastrophic health expenditures
by a community based health insurance scheme in Gujarat, India: current
experiences and challenges. Bulletin of World Health Organization; 80: 613-621.
Rapport sur le Développement dans le Monde (2004)
Russell S. (1996): Ability to pay for health care: concepts
and evidence. Health Policy plan 11: 219-237.
Sachs J. (2001): «Macroeconomics and Health: Investing in
Health for Economic Development.» Report for the CMH. Geneva: WHO.
Samal et Seneh, (1997):
Sauerborn R., C. Bodart et R. Essomba, (1995): «Recovery
of recurrent health services costs through provincial Health Funds in
Cameroon.» Social Science and Medicine 40 (12):1731-1739.
Schwartz J., J. S. Akin et M. Popkin (1996): «Economic
determinants of demand for modern infant-delivery in Low-Income Countries the
case of the Phillippines.» In Mills and K. Lee, eds., Health Economics
Research in developing Countries. New York: Oxford Medical Publications.
Segall M., G. Tipping, H. Lucas (2000): «Health care
seeking by the poor in Transitional Economies: the case of Vietnam.»
Institute of Development Studies, University of Sussex, Brighton, United
Kingdom.
Shebu D., T. Ikeh et J. Kuna (1997): «Mobilizing
transport for obstetric emergencies in Northwest Nigeria.» International
Journal of Gynaecology and Obstetrics 59 (2) S173- 80.
Shenoy, Shenoy et Krishnan (1997): «Determinants of heath
care service utilization in Kerala.» Journal of clinical Epidemiology.
Souza A., K. E. Peterson, J. Gardner et A. Ascherio (2000):
«Circumstances of Post-Neonatal Death in Ceara Northeast, Brazil:
mothers' health care seeking behaviours during theis Infants' fatal
illness.» Social Science and Medicine 51 (11): 1675-1693.
Stephen Thomas et al, (1998)
Tania Barham, (2005)
Thomas S. et al, (1998)
Thompson R., N. Miller et S. Witter (2000): «Health
seeking behaviors and Rural/Urban differences in Kazakhstan.» Health
Economics 12 (7): 553-564.
Uzochukwu, Onwujekwe et Akpala,( 2002)
van Roosmalen et van Wiechen, (1998)
Vissandjee B., R. Barlow et D. W. Fraser (1997):
«Utilization of health services among rural women in Gujarat, India.»
Public Health 111: 135-148.
Waddington CJ et Enyimayew KA (1989): «A price to pay:
the impact of user charges in Ashanti-Akim District, Ghana.» International
Journal of Health Planning and Management, 4: 17-47.
Wagstaff A. (2002): poverty and health sector inequalities
Bull World Health organization; 80: 97-105.
Whiteford et Szelag (2000).
Whitehead M, Dahlgren G, Evans T, 2001. Equity and health
sector reforms: can Low-income Countries escape the medical poverty trap?
Lancet; 358: 833-836.
WHO, (2000)
WHO, (2002)
Wiesmann, D., et Jütting, J. (2001). Determinants of
viable health insurance schemes in rural sub-saharan Africa. Quarterly Journal
of International Agriculture, 50(4), 361-378.
Xu K, Evans DB, Kawabata K, Zeremdini R, Klavus J, Murray
CJ(2003) household catastrophic health expenditure: a multicountry analysis,
Lancet (362): 111-117.
ANNEXE
* 1 Dans le cadre de l'atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement
* 2 Cette
médiocrité de la qualité des soins serait liée
à la suppression ou à la réduction du financement de
l'Etat
* 3 Impoiving service delivery
to poor people
* 4 Concerne les intrants des
services de prestation comme les ressources humaines
* 5 Les médicaments
génériques sont des médicaments qui ne sont plus sous
l'emprise des brevets et dont la production est désormais
libéralisée. Les prix qui y sont proposés sont faibles
comparativement au prix sous brevet.
* 6 Tim Ensor et
Stéphanie Cooper
* 7 Ce problème peut
être résolu en présence d'un bon fonctionnement du
mécanisme de référence.
* 8 Nous reviendrons par la
suite sur la question du ciblage des pauvres
* 9 Source : Tim et
Ensor
* 10 Aucune étude n'a
été faite par rapport à ce type d'intervention pour
déterminer les possibilités de sélection adverse qui
peuvent provenir de l'utilisation de ces infrastructures par certains types de
femmes.
* 11 Cette technique est
appelée Needs-based Geographical Ressource Allocation
* 12 DCI :
Dénomination Commune Internationale
* 13 On parle de contrat
implicite dans ce cas.
* 14 Ce genre de contrat est
particulièrement efficace dans le cas des services facilement
contrôlables, orientés vers la population et pouvant être
généralisés.
* 15 Dénomination
concensuelle utilisée au Cambodge. En Mauritanie et au Mali elle devient
respectivement «Fonds d'Indigence » et « Fond
d'Assistance Maladie ». Ailleurs, elle est dénommée
« Fonds de Solidarité »
* 16 Il s'agit des
mécanismes de prépaiment
* 17 Commission on Macroeconomy
annd Health (WHO)
* 18 Ce cycle vertueux est
illustré en annexe (voir schéma)
* 19 Ce sont des
dépenses de santé qui plongent les ménages pauvres dans la
misère
* 20 Cette identification
permet d'éviter de dilapider les ressources vers les patients non
pauvres et d'éviter d'exclure les patients pauvres
* 21 Les déterminants de
la demande de soins de santé développés en 1) nous donne
un large éventail des autres facteurs qui doivent être pris en
compte dans la mise en place des fonds d'équité.
* 22 Le montant plafond des
transferts est de 75$ par famille. En 1999 seulement 24$ soit 20% de la
consommation moyenne des familles d'avant Progresa. Ces transferts sont aussi
indexés sur l'inflation.
* 23 Colombie, Honduras,
Jamaïque et Nicaragua
* 24 Les
« extra » portent uniquement sur des services non
médicaux et ne doivent pas influencer le traitement médical en
aucun cas.
* 25 Millenium Development Goal
en particulier en ses objectifs 4, 5 et 6 qui concernent respectivement la
réduction de la mortalité infantile de 2/3, améliorer la
mortalité maternelle et combattre le VIH/SIDA et d'autres maladies.