Intégration des adolescents adoptés d'origine étrangère au Québec( Télécharger le fichier original )par Delphine MOYTIER Université de Caen - Master IUP Management Social Santé 2006 |
· La recherche des originesSouhaitez-vous faire ou avez-vous fait des recherches pour avoir des informations sur vos parents biologiques ? Avez-vous des informations sur vos parents biologiques ? Souhaiteriez-vous en avoir plus ? Si oui, Est-ce une envie depuis longtemps ? Pourquoi souhaitez-vous faire ces démarches ? Que pensez-vous que cela va vous apporter ? Quels sentiments avez-vous pour vos parents biologiques ? Que ressentez-vous lorsque vous pensez à l'abandon ? Savez vous pourquoi l'ont vous a abandonné ? Comprenez-vous cela ?
Pensez-vous qu'une association a un rôle à jouer dans l'intégration d'une personne adoptée ?
Comment voyez-vous votre avenir aujourd'hui ?
Avez-vous des remarques à faire ou bien des questions à me poser ? Comment avez-vous trouvé cet entretien ? Merci beaucoup pour votre participation. C. Organismes et associations contactés pour ce mémoire
· Organismes agréés et association d'adoptions au Québec (avec pays d'adoption principal)
D. Typologie des entretiens à Montréal
L'entretien que j'ai choisi de mettre en annexe dans ce mémoire est l'entretien d'une jeune de 20 ans, adoptée à l'âge de quatorze jours. Cette adoption pourrait sembler idéale, car cette jeune femme a été adoptée tôt dans sa vie. Mais nous allons voir que l'adoption a malgré tout laisser des traces et pose des difficultés. Marie-Pierre a été adoptée au Québec, à Montréal. Elle est d'origine libanaise. J'ai effectué cet entretien le 16 novembre 2005 chez la jeune femme adoptée. L'entretien a duré environ une heure et demie en tout. Marie-Pierre, que tous ses amis appellent Nala, est une fille de vingt ans, qui a arrêté ses études à quinze ans, après sa fugue, pour travailler auprès des enfants. C'est par sa mère, qui est psychologue à Pétales, une association pour les troubles de l'attachement des enfants adoptés à l'internationales, que j'ai pu avoir un entretien avec Marie-Pierre. Elle est originaire du Liban, du côté de sa mère, car elle ne sait rien de son père biologique, ce qui l'ennuie beaucoup. Marie-Pierre a été adoptée à quatorze jours, mais a des troubles de l'attachement avec ses parents depuis toujours. Ses frères et soeurs, plus jeunes, adoptés eux aussi, sont actuellement en foyer d'accueil, car ils avaient eu aussi des problèmes d'attachement avec leur famille adoptive. Marie-Pierre a fait une fugue à quinze ans, c'est aussi à ce moment qu'elle a commencé à faire des recherches sur ses origines. Elle m'a dit ne pas sentir faire partie de sa famille, malgré l'amour que lui donne ses parents. Cela a peu être un lien avec sa famille élargie, qui n'accepte pas l'adoption en général, et les étrangers aussi. Marie-Pierre n'a donc pas trop de lien avec cette famille élargie qui l'a rejette. A ce propos, elle a d'ailleurs déjà vécu du racisme de la part des gens dans la rue, c'est quelque chose de très dur à supporter. Avec son travail d'animatrice pour enfants, Marie-Pierre a véritablement trouvé sa voie, et un rôle dans la société. Elle a commencé cela à l'âge de quinze ans. Elle a même signalé une enfant de 6 ans maltraitée aux Départements de Protection de la Jeunesse ; et est devenue la tutrice légale de cette enfant. J'ai senti qu'elle se sent vraiment investie dans cette mission, et s'occupe de cette enfant comme si c'était le sien. Marie-Pierre me semble donc intégrée dans la société québécoise, mais assez peu dans sa famille adoptive à cause du problème d'attachement, difficulté chez les adoptés. ENTRETIEN Donc pour commencer, j'aurais voulu que tu me parle de toi un peu... Ok, donc, je m'appelle Marie-Pierre, je travaille pour la commission scolaire pour la pointe de l'Ile là, je travaille pour deux écoles primaires, pour le service de garde. Ca va de la maternelle aux enfants de 8/9 ans par là...Je fais ça depuis que j'ai 15 ans là, et aujourd'hui j'ai 20 ans. J'aime beaucoup ce travail là avec les enfants, ça m'apporte beaucoup je trouve. C'est vraiment ça que j'aime faire oui. J'ai arrêté mes études en fait, il n'y a pas longtemps. Avant je travaillais, j'avais deux jobs là, et en même temps j'allais à l'école. Et comment es tu venue à travailler ? Ben en fait, c'est parce qu'avant je travaillais, enfin mon premier job a été d'être monitrice de camps de vacances, puis là, on m'a demandé de remplacer une personne une journée, et puis à un moment donné la personne que je remplaçais est partie définitivement. Donc là ils m'ont demandé si je voulais bien travailler plus souvent chez eux, alors j'ai dit oui parce que ça me plaisais. Mais parce qu'en fait c'est les mêmes enfants, moi je travaille encore comme monitrice l'été et puis je les ai à la commission scolaire, ce qui fait que c'est toujours les mêmes jeunes que je vois, et on est très attachés. Je les ai vu grandir, ce qui fait que j'aime ça comme travail. Et pourrais-tu me présenter ta famille un peu... Et bien en fait, ma mère est comment on dit...psycho éducatrice...ou quelque chose comme ça (Rires). Et mon père il a son garage, ce qui fait qu'il est mécanicien. Ma soeur et mon frère n'habitent plus avec nous, ils sont au secondaire. Ils ont aussi été adoptés comme moi...Eux c'est des frères et soeurs biologiques en fait, mais ils sont d'origine québécoise. Moi je suis d'origine libanaise je pense... Du côté de ma mère, on voit assez souvent la famille, ils n'habitent pas trop loin de chez nous. Mais du côté de mon père, ça doit faire cinq ans qu'on leur parle plus je pense. C'est un peu lié à mon frère et ma soeur là...Ils ont du mal à accepter les adoptions et tout ça...Donc ce qui fait qu'on est fâchés. Mais c'est le frère de ma mère qui a commencé toute cette histoire-là. Enfin nous on se dit tant pis, c'est dommage mais ce n'est pas de notre faute quand même là. Il faut savoir accepter les différences et certains membres de la famille ont du mal à faire ce pas là. Hum, je vois, mais voudrais-tu justement me parler un peu de ton adoption, comment ça s'est passé ? Et bien, j'avais quatorze jours quand j'ai été adoptée en fait. J'étais vraiment petite, et puis, bah en fait je suis née à l'Hôpital Rosemont à Montréal. Puis ma mère, elle a accouché de moi, et puis elle est partie en fait. Puis les médecins m'ont gardé à l'hôpital pendant deux semaines et puis. Et après ça, je suis venue chez mes parents ici en fait. J'ai appris que j'avais été adoptée vers 6/7 ans à peu près, sauf que je ne savais pas trop ce que ça voulait dire...Mais j'ai vraiment réagis et compris ce que ça voulait dire vers 8/9 ans quand mon frère et ma soeur sont arrivées eux aussi. Puis tu sais à l'école tu apprends que ta mère elle a un gros ventre et tout ça. Et puis moi là, j'ai eu un frère et une soeur du jour au lendemain ! Donc c'est sûr que, c'est là que j'ai le plus réalisé oui c'est ça...Au début, j'étais vraiment contente de les avoir ici, on jouait ensemble et puis tout...Mais c'est vrai qu'après un an ça a été assez le bordel là...On est une famille où il y a eu pas mal de chicanes, de disputes à cause de...je ne sais pas si l'adoption en est la cause, mais bon, il y a toujours des histoires chez nous. Et comment parlez-vous de l'adoption chez vous ? Ben chez nous ça va, il n'y a pas de tabou vraiment là, pas dans la famille ici. Mais j'ai un oncle qui a adoptée une petite fille là, mais ça a fait beaucoup d'histoires car tout le monde voulait que ce soit une fille qui ressemble à une petite québécoise là, une blanche quoi. Pour pas que ça paraisse qu'elle a été adoptée, et pour ne pas lui dire, enfin bon...Et puis nous chez moi, on lui disait, mais si tu ne lui dit pas, nous on lui diras quand elle seras plus vieille. Ce qui fait que ça a fait assez d'histoires. Et puis tu sais, quand tu adoptes, tu peux voir des cassettes, pour voir les enfants, et puis ils disaient : « Oh elle a les yeux trop bridés, oh il a le teint trop foncé ! » enfin des choses comme ça. Puis là je me disais...enfin ça a fait bien de la chicane dans la famille tu vois...Moi vraiment ça m'a dégoûtée tout ça. On les aurait cru dans un magasin, ou en train de faire un prêt pour une maison là. Vraiment ça n'avait pas d'allure tout ça...Donc ce qui fait qu'on est un peu tous en froid à cause de ça. Tu veux un enfant là, tu sais...Tu vas pas aller choisir la couleur quoi ! Alors nous on leur disais, « Mais qu'est-ce que ça peut faire qu'elle soit pas québécoise ? ». Et eux ils disaient, « Oui mais ça va paraître qu'elle a été adoptée, et puis les gens vont lui poser des questions... ». Mais nous on se disait, mais elle est adoptée, pourquoi le cacher aux autres gens, ce n'est pas une honte quoi...Surtout moi, ça m'énervait beaucoup là... Peux -tu me dire pourquoi on t'a adoptée ? Et bien mes parents étaient infertiles, donc ce qui fait qu'ils ne pouvaient pas avoir d'enfants, donc c'est pour ça qu'ils ont adopté. En fait ma mère adoptive est tombée enceinte quand elle était jeune là, puis elle avait avorté en fait. Ella avait pris la pilule du lendemain...Mais à cette époque-là, les médicaments contraceptifs étaient vraiment beaucoup plus forts...Ce qui a fait qu'il y a un certain nombre de ces femmes là, de cette époque qui sont devenus stériles à cause de ces pilules du lendemain là...Donc cette histoire a fait qu'ils ont adopté pour avoir des enfants, ils nous ont adoptés tous les trois. Mais je te dirais que mon frère et ma soeur n'habitent plus avec nous, ils sont en foyer d'accueil maintenant, il y a moins d'histoires. Mais on continue à les voir de temps en temps. J'aimerais aussi savoir quel regard tu as sur ton adoption ? Ben ça dépend parce que en fait, je peux dire que j'ai l'impression d'être plus proche de mon frère et de ma soeur que de mes parents. Bien que je n'habite pas avec eux là (ses frères et soeurs). En fait mon adoption a, je pense, modifié ma vie...Parce que j'ai de la misère à faire confiance aux personnes, je peux pas avoir un chum stable, pas quelque chose comme tu sais de vraiment stable dans ma vie. Ca je n'y arrive pas du tout...Moi j'ai l'impression que c'est à cause de mon adoption que je suis comme ça en fait, je peux pas te le certifier, mais oui peut-être...Je veux dire, mon frère et ma soeur ont été adopté, et j'ai seulement qu'un ami qui a été adopté...Et lui il est comme moi. Mais à part ça, mes autres amis ne sont pas vraiment comme moi, ceux qui habitent avec leurs parents. C'est pour ça que ça me donne l'impression que c'est peut-être à cause de ça. Et tu disais que tu es plus proche de tes frères et soeurs que de tes parents... Oui enfin je veux dire, mes parents, ils étaient stériles, ils n'ont donc adopté mais, comment je pourrais dire ça...Mon frère et ma soeur, on s'aiment parce que c'est nous ! Mais mes parents, ils nous aiment parce qu'ils voulaient des enfants, mais pas parce que c'est nous. Tu vois ? Et puis c'est tombé sur nous cette adoption. Des fois je leur en parle de ça, de ce que je ressens, mais...Ma mère me dit, mais non Marie-Pierre, c'est pas ça...Mais tu sais mes parents, c'est rare de nos jours, je veux dire ça fait 35 ans qu'ils sont mariés. Ils ont toujours été ensemble, je veux dire, ils n'ont jamais eu d'autres chums ni d'autres blondes là. Et tu vois, c'est sûr qu'ils font « petit couple heureux ensemble » et du coup, mes frères et soeurs et moi, on s'est des fois sentis comme un peu exclus. C'est rare qu'on ait eu le sentiment de former un famille là je te dirais...C'est assez dur à dire là mais c'est la vérité oui. On n'est pas comme toutes les autres familles. Je ne sais pas à quoi c'est dû. Si c'est à cause de moi, de mes frères et soeurs, de mes parents, de l'adoption en général, je ne sais pas trop... J'aimerais maintenant que nous parlions de ton adolescence... Ben en fait heu, mon frère et ma soeur sont arrivés, j'avais 9 ans, et puis à l'âge de 15 ans, ma soeur et moi ça ne fonctionnait vraiment plus, et puis à un moment donné je suis partie...Donc à ce moment-là je suis partie chez ma tante pendant un mois. Et pendant ce temps-là ma soeur a été placée en foyer de groupe temporaire là...Après ça je suis revenue chez nous, mais vraiment pas longtemps, deux mois environ. Je suis repartie car ça faisait 6 mois que j'étais avec mon copain, et comme ça ne marchait plus trop à la maison, je suis partie habiter chez lui et ses parents. Et puis après ça on a été habité en appartement. Parce qu'on travaillait tous les deux. Moi j'allais à l'école et je travaillais en même temps...Je gérais les deux en même temps... Mais c'est vrai que cette période-là ma fait du bien, ça m'a détendu. Mais bon ma mère elle n'était pas trop d'accord avec ça, donc pendant un an elle a eu du mal à l'accepter, car je suis partie chez lui...Et bon ça lui a fait du mal. Parce que la mère de mon copain était presque comme ma mère là tu vois. Des fois quand mon copain n'était pas chez lui, moi j'y étais, et j'allais faire les courses avec la mère de mon copain, elle était super. On a vraiment eu une relation comme proches là...Et donc ma mère a été un peu jalouse, mais c'est vrai que je me sentais plus proche de la mère de mon copain que de ma mère. Mais bon, les deux maisons étaient assez proches d'ici, je veux dire, on se voyait quand même là...Je passais souvent à la maison, mais je préférais habiter ailleurs, je me sentais mieux. Tandis que quand je suis partie m'installer en appartement avec lui, j'étais beaucoup plus loin d'eux. J'allais au CEGEP (centre de formation spécialisé), j'avais deux jobs en plus de mes cours. Je te dirais que ces deux années, on ne s'est vus qu'aux fêtes pratiquement, genre à Noël, etc. Donc c'est vrai qu'entre les âges de 15 et 17/18 ans, il y a eu une coupure avec mes parents, je ne vivais pas avec eux. C'est vrai qu'à cette période de l'adolescence, je n'ai pas été longtemps avec mon frère et ma soeur là. Car mon frère a aussi été placé pendant que j'étais en appartement. C'est vrai que je ne les ai pas vu grandir vraiment là. On a pas trop eu une vie de famille unie tu vois. Moi je ne me sentais pas bien, eux ils ont été placés. Eux ils ont été adoptés plus vieux, à 2 ans et 4 ans. Ils sont d'origine québécoise aussi. Donc ils sont tous les deux en foyer de groupes jusqu'à leur 18e anniversaire en fait. Mais après ça je ne pense pas qu'ils reviennent ici, ils vont devoir trouver un emploi en fait. Bon, mais mon adolescence, entre l'âge de 15 et 20, je te dirais que je n'étais pas du tout stable. Je restais, je repartais de chez moi. Des fois j'étais 2 semaines ou plusieurs mois sans les voir. Parce que je voulais souffler, et je ne me sentais pas à ma place dans cette maison là...Peut-être que si on avait formé une vraie famille comme tout le monde, je ne serais pas partie comme ça de chez moi, et mes frères et soeurs non plus... En fait là je suis revenue chez mes parents, ça doit faire...un an ce mois-ci je crois oui. Oui je suis ici, mais encore là, ça ne sera pas pour long je pense...Parce qu'en fait, avec mon copain, ça n'a pas fonctionné, donc on s'est laissé, et j'ai été en appartement avec une de mes amies, ce qui a plus ou moins bien fonctionné aussi (rires). Donc après ça, j'ai été habitué dans l'appartement en haut de chez mes parents. Et puis au final je suis revenue chez mes parents. Mais tu vois ici, on est plus comme des « colocataires » que comme une vraie famille quoi. Je n'ai pas un lien assez fort avec ma mère. Enfin c'est ce que je pense moi, mais pas elle. Et avec mon père c'est pas vraiment mieux en fait. Y-a-t-il des personnes qui ont été importantes pour toi durant cette période ? Heu, ben je te dirais que tout le long de mon secondaire, j'ai une amie avec qui j'étais vraiment proche, pour te dire, mon linge était ici, mes meubles étaient ici, mais je dormais tout le temps chez elle. Et elle dormait chez moi. On était tout le temps ensemble. Et c'est aussi à ce moment là que j'ai eu pas mal d'intérêts pour mon frère et ma soeur. Cette amie là, mes parents l'aimaient bien, mon frère et ma soeur aussi. Quand on avait une chicane, elle réussissait à nous réconcilier même. C'est vrai qu'elle a été importante pour moi à cette époque-ci. Aujourd'hui je la vois moins, car nos horaires de travail sont inverses là, mais on se voit quand même de temps en temps. OK, et pourrait-on parler de tes origines maintenant ? Ben ce qui est arrivé, c'est qu'en j'ai eu 14 ans, j'ai voulu savoir, bah c'est sûr que, je n'avais des amis que québécois...Je connaissais une chinoise, mais c'était la seule de l'école. Donc vraiment dans mon école, il y avait que des québécois. Mais quand on a déménagé ici, dans ce quartier, on dEmmait même chercher les québécois (rires), car c'est un quartier multiethnique en fait. Donc c'était vraiment l'inverse, et c'est sûr que...Enfin dans l'autre quartier, on me demandait « oh mais tu viens d'où ? Tu es de quelle ethnie ? », donc c'est vrai que j'avais envie de pouvoir leur répondre, mais je ne savais pas grand-chose... Et aussi j'avais des amis qui étaient arabes là, et ils disaient que j'étais leur soeur et tout ça...Donc là je me suis posée des questions...Et j'ai demandé mon dossier, car on a droit à voir son dossier à 14 ans. Mais il y avait pas beaucoup de descriptions, tout ce qu'il y avait c'est, la couleur de peau de ma mère, qu'elle était basanée, qu'elle était voilée, la couleur de ses yeux...Mais bon, ça m'a pas donné beaucoup d'informations quoi...Donc après ça, j'ai été voir un spécialiste des traits du visage là, un physionomiste je crois que ça s'appelle. Et eux ils peuvent te dire, en regardant tes traits de visage, tes cheveux, tes sourcils, te dire d'où tu viens vraiment, mais c'est assez précis. Donc il m'a dit que c'était pratiquement sûr que j'étais libanaise en fait...Il m'a aussi aidé à voir les différences entre les marocains, les algériens, les libanais, les tunisiens, etc. Donc c'est vers 15 ans que j'ai su ça en fait. C'est sûr que ça ne me donne pas une certification mais bon déjà c'est un indice pour savoir d'où je viens. Et aussi un jour, je suis aller postuler pour un emploi dans un restaurant libanais à Montréal, et tout de suite, la propriétaire m'a parlé en arabe. Alors moi je lui dis, mais je ne suis pas arabe ! Elle me dit, t'es pas arabe ? Et donc elle m'a embauchée quand même. Et puis il y avait un client qui venait souvent manger dans ce restaurant là, et il m'apprenait des mots en arabe, et il était surpris parce que j'apprenais vite, je n'avais pas de problème pour la prononciation. Mais on m'a dit que même dans le ventre de ta mère, c'est des sons que tu entend, que tu retiens, et donc c'est pour ça que ça n'était pas trop difficile pour moi. Et c'est vrai que souvent dans la rue, les gens m'abordent et me parlent en arabe, car ils pensent que je suis comme eux. Donc parfois c'est marrant. Connais tu des choses sur ton pays ? Heu ouais, quand même un peu là. Je te dirais que, en fait, j'ai eu un copain qui était bosniaque, il était musulman en fait. Puis bon c'est sûr qu'on était vraiment proches, j'étais amie de sa soeur aussi, enfin je veux dire, j'ai vraiment vécu dans cette culture là pendant un bon moment. J'ai fait le ramadan avec eux, j'ai mangé comme eux, j'étais vraiment immergée dans cette culture-là. Mais bon, je te dirais qu'il y a des choses dans lesquelles, j'approuve et puis d'autres choses un peu moins là. Mais tout ne m'a pas plu dans cette culture. Mais j'ai aussi des amis haïtiens, et puis chaque culture que j'ai pu connaître dans ma vie a fait que j'ai pris un petit peu de chaque. Mais c'est sûr que j'ai été élevée dans la culture québécoise. Et aurais -tu envie d'aller dans ton pays d'origine un jour ou pas ? Ben oui là, peut-être pour en apprendre plus, je ne sais pas trop mais...Oui c'est sûr qu'un jour je partirais là bas pour voir comment c'est et tout ça. Et aussi je voulais savoir, comment parles tu de ton adoption autour de toi ? Heu oui, j'en parle quand même, ça ne me dérange pas. Mais ça fait drôle parce que des fois, si je commence à connaître quelqu'un ou quoi...Parce qu'en plus de mon job à l'école, j'ai toujours travaillé le soir, donc ce qui fait que je connais pas mal de monde en fait. Donc là, quand les gens me parlent en arabe, je dis que j'ai été adoptée, et là ils me disent oh excuse moi. Ils deviennent mal à l'aise, et moi je dis, ben c'est pas grave là... (Rires), Je leur dis, tu sais je viens pas de te dire que quelqu'un est mort là. Je vois pas ça de façon négative moi...Donc, moi je leur en parle, il n'y a pas de problèmes. Un jour j'ai rencontré un autre gars, qui lui aussi a été adopté. Mais lui, il ne vivait pas ça comme moi en fait. Lui il est haïtien et ses parents sont québécois, donc lui je veux dire, c'est clair qu'il a été adopté, ça se voit quoi. Avec lui c'est vrai qu'on en parle souvent de l'adoption, ça nous fait du bien. Mais lui c'est tellement flagrant qu'il a été adopté, qu'il le vit peut être moins bien que moi je pense. Moi j'étais un peu moins gênée d'en parler je pense, car j'en souffrais moins que lui. C'est ça qu'on a constaté là en fait. Comment vis tu l'adoption ? Qu'est-ce que cela représente pour toi ? Bah moi ce que je peux dire, c'est que comme j'ai habité dans un quartier multiethnique, j'ai connu comme beaucoup de cultures différentes, et j'aime ça...Parce que moi, je ne peux pas dire, je suis québécoise à 100% en fait. Car le fait d'avoir connu d'autres cultures fait que je suis un peu tout à la fois. Je parle arabe, je parle créole. Tu sais j'aime ça, parce que mes amis sont touts étrangers, et ça me plait oui. Tu sais je ne mange jamais la même chose, je mange selon les cultures. Et je pense que ça me donne plus d'ouvertures d'esprits, par rapport aux autres. Comme je vois mes cousins eux, ils ne sortent qu'avec des québécois. Mais je trouve que c'est un petit peu « fermé » là comme situation. Je pense que mon adoption m'a donné une certaine ouverture d'esprit en fait, et plus de tolérance envers les différences aussi. Parce que des fois, dans la rue, on entend des choses comme, « c'est pas une québécoise celle-là », donc ces préjugés là me font du mal, c'est jamais très agréable. Aussi, avec mon adoption, je sens que j'ai du mal à m'attacher à quelqu'un en fait. Ma psy m'avait expliqué que c'est la séparation avec ma mère qui a fait que je suis comme ça. L'abandon a vraiment eu des impacts sur moi. J'ai été abandonnée deux fois. Une fois par ma mère, c'est qui est un gros choc, et une autre fois abandonnée par l'hôpital ou j'étais. Les dames qui se sont occupées de moi quand j'y étais, je m'y été attachée, et ça a donc fait une autre coupure en fait. Donc du coup dans mes relations, j'ai toujours peur inconsciemment d'être abandonné encore une fois. Donc j'ai des relations avec des personnes, mais quand je sens que j'ai un peu trop d'amour pour cette personne là, et bien je fais tout pour qu'on se quitte. C'est juste pour être sûre de ne pas l'aimer là, et puis de ne pas souffrir non plus je pense... Et du coup pour moi les enfants c'est comme très important. Je suis vraiment très proche de ces enfants là, comme je l'ai été de mon frère et de ma soeur. Ok, oui, et aussi peux-tu me parler de tes parents biologiques un peu ? Oui et bien je n'ai jamais vu ni l'un ni l'autre. Mais c'est drôle, parce qu'avant que mon frère et ma soeur arrivent, à 8 ans, je dEmmais faire un dessin comme ça approximatif de ce à quoi ma mère pouvait ressembler...Et j'avais fais comme dessin une dame voilée, alors que j'en avais jamais vue (sauf quand je suis née), et j'avais découpée une photo de moi que j'avais collée à côté. Une fois aussi, j'ai été à l'hôpital où ma mère avait accouchée, et j'ai vu le médecin qui s'est occupé d'elle. Et puis il m'a dit « oh c'est frappant comme tu lui ressemble là, si on te met 6 ou 7 ans de plus, c'est elle là ! ». Donc c'est vrai que ça m'a fait plaisir quoi, ça m'a fait quelque chose. Je me disais elle n'est pas avec moi, mais je lui ressemble quand même donc un peu d'elle-même est avec moi. Mais peut-être qu'avant d'avoir des enfants, je chercherais à rencontrer ma mère biologique. Je pense que ça m'aiderait aussi à régler certains problèmes que j'ai avec mes relations avec les autres. Je ne suis pas encore prête aujourd'hui en fait. Et as-tu pu avoir d'autres informations en plus sur ton dossier là ? Ben oui, j'ai eu d'autres informations, mais ce n'était pas les bonnes, car elles étaient un peu fausses. C'était les infos de sa soeur...Donc j'ai ses coordonnées mais je n'ai jamais été encore, je verrais. Peut-être un jour oui...Mais j'ai été voir un psy pendant un an et demi et elle m'a dit des choses sur moi. Par exemple, elle m'a dit que depuis que je sais que je suis adoptée, je me suis crée une image de ma mère dans ma tête. Et donc si je la vois un jour, je risque d'être déçue de la réalité. Donc je préfère garder ça intact dans ma tête pour ne pas être déçue. Pour me rapprocher de ma culture, j'ai pris des cours de Baladi, c'est une danse arabe. C'est à 14 ans que j'ai commencé, et j'ai bien aimé ça, j'ai aussi fais du judo. Mais c'est sûr que cette culture là est vraiment stricte là, et je sais que ce n'est pas fait pour moi. Ca manque de liberté je pense. Que pense tu de l'accueil des québécois vis-à-vis des personnes étrangères ? Ben c'est sûr qu'il y a des préjugés encore aujourd'hui, et du racisme. Même dans ma famille proche là, il y a des personnes racistes. C'est vraiment une chose que je ne comprend pas là. Je ne vois pas comment une personne d'une autre couleur serai moins gentille qu'une autre là. C'est vraiment bizarre. Et j'ai vraiment du mal à pardonner aux gens qui sont comme ça, je suis assez rancunière en fait. Je ne peux pas oublier ce qu'ils ont dit... (Silence). En fait, ce que je peux te dire sur mon adoption et tout ça, c'est que je me suis un peu élevée toute seule, avec les valeurs des différentes cultures qui me plaisent, je ne suis pas à 100% québécoise, je suis aussi un peu libanaise et un peu des autres cultures aussi. Je suis un petit mélange de plusieurs cultures en même temps, je jongle avec tout ça en fait, et ça me plait bien... (Silence) C'est vrai que le rôle des parents est super important dans une adoption, ça c'est clair ! Mais bon, moi, bien que ma mère fasse partie de l'association PETALES QUÉBEC, pour les personnes adoptées en troubles de l'attachement, je ne sens pas que son métier m'aide plus que ça non. Moi oui j'ai un trouble de l'attachement, malgré ce que dit ma mère. Mais elle a du mal à accepter ça je pense aussi. Ce n'est pas facile pour elle, mais bon pour moi non plus. Mais je veux dire, moi je le sais que j'ai des troubles à ce niveau là. Même si j'ai un grand respect pour mes parents là, il n'empêche que ça met un espèce de froid avec ça. Parce que je le sens en moi que ce n'est pas mes parents, ce n'est pas de ma faute, mais je le sens. Ca reste tout le temps en moi, que je le veuille ou pas là, tu sais. Ok et pour terminer, peut tu me parler un peu de ton avenir, comment vois tu les choses, as-tu des projets ? Ben en fait, je retourne aux études en gestion de commerce, je vais ouvrir un magasin de lingerie avec une des mes amies là. Je vais donc arrêter mon travail avec les enfants, même si ça va être difficile là, mais il va falloir là. Aussi au niveau de l'adoption, j'ai comme plus d'intérêts à voir ma mère qu'à voir mon père. Je ne sais pas si c'est parce que je suis une fille là mais... Mais je ne veux pas me mettre en tête que voir ma mère va m'aider à régler tous mes problèmes, mais ça changerais peut-être ma manière de penser ou d'être là. Aussi, je suis devenue tutrice d'une petite fille là qui est dans mon école, qui a été maltraitée dans sa famille. Je suis responsable d'elle, elle est un peu comme ma fille, et c'est moi qui vais aux réunions, je surveille ses devoirs...Elle a été abusé par son père en fait, et les voisins un jour, ils l'ont dit à la DPJ et donc la police est venue la chercher chez elle, ils ont pris ses affaires et sont partis avec elle. La pauvre elle pleurait...Enfin moi je m'occupe d'elle, c'est un peu comme ma fille là, je l'aime beaucoup, et je suis responsable d'elle...C'est important pour moi ça... Mais au niveau de ma famille à moi plus tard, je ne suis pas une grande partisane de l'amour alors (rires), même si j'ai l'exemple du mariage des mes parents, j'ai de la misère à croire au mariage et à l'amour. Je suis un peu aigrie à ce niveau là...Je n'ai pas besoin de mari là, j'adopterai sûrement des enfants, je serais une femme indépendante. J'ai même déjà refusé des fiançailles en fait, je pense que c'est à cause de mon problème d'aimer là. J'ai vraiment du mal à faire confiance aux gens, aux hommes comme aux femmes. Il va falloir que je règle ce problème ça pour avancer un peu, et être mieux, être heureuse... Je sens que mon adoption m'a apporté des problèmes que j'essaie de régler mais qui ne le sont pas encore. Et puis c'est pas un problème facile non plus à régler, c'est pas comme si j'étais une droguée et que je dEmmais aller en cure de désintox' là. Moi c'est plus compliqué que ça, car ce sont des problèmes psychologiques... Mon problème est que quand je vois que je m'attache trop, que ce soit à un garçon ou à une amie fille, je vais m'éloigner pour ne pas souffrir d'aimer en fait, pour ne jamais être déçue. Je suis toujours sur la défensive, tout le temps, tout le temps. Peux tu me dire pourquoi tu as accepté cet entretien avec moi en fait ? Ben moi ça ne me gêne pas de parler de mon adoption quand les gens s'y intéressent en fait...J'ai accepté ça parce que je sais qu'on ne se reverra plus et que tu ne vas pas m'analyser toi... (Rires) Je sais qu'on a de la distance après et que je ne te reverrai pas, donc je n'ai pas de honte à te confier tout ça. Au contraire, ça me fait même du bien de te dire certaines choses. Ca me permettra peut-être de faire le point sur des affaires qui sont en moi là... Et bien je te remercie de m'avoir accordé cet entretien...Merci beaucoup. Mais de rien, ça me fait plaisir... F. Liste des thèmes du mémoire Voyons à présent les différents thèmes de ce mémoire : Thème 1 : Informations sur la personne adoptée (âge, situation familiale, profession des parents, niveau d'étude ou situation actuelle, lieu d'habitat, loisirs) Thème 2 : Informations sur l'adoption en elle-même (type d'adoption, âge de l'adolescent à l'adoption, longueur de la procédure, cause de l'adoption, rapports familiaux, vision de l'adoption par l'adolescent) Thème 3 : L'adoption et l'adolescence (définition de l'adolescence pour l'adolescent, questions posées à cette période, vécu, relations avec la parents, avec la famille en général, avec les amis, besoin ou non d'aide spécifique, bilan de cette période) Thème 4 : L'adoption et les origines (sentiments par rapport aux origines, vécu, expériences, anecdotes par rapport à cela, intérêt pour les origines, conciliation entre les deux origines, besoin de recherche des origines ou non, quelles démarches, parents biologiques, l'abandon) Thème 5 : L'adoption et la société québécoise (le regard de la société québécoise sur l'adoption, facteurs et possibilité d'intégration, anecdotes) Thème 6 : L'adoption et identité (quelle identité se construit l'adolescent, stratégies identitaires, besoin d'identification à d'autres groupes, estime de soi) Thème 7 : L'adoption et l'intégration (sentiment d'intégration familiale, d'intégration sociale ; vison de l'intégration au Québec, possibilité d'intégration pour les personnes « étrangères », facteurs d'intégration, regard des autres) Thème 9 : Association d'adoption et de post-adoption (besoin de faire partie de ces mouvements, besoin d'identification et d'aide, opinions sur ces groupes, envie de témoigner) Thème 10 : Adoption et avenir (quelle vision de l'avenir a l'adolescent, quelle famille souhaite-t-il, adoption pour lui-même ou pas, projets, doutes, envies, bilan personne de l'adoption) Voici à présent un thème spécifique du mémoire, classé par entretiens. Les citations relevées sont celles qui sont le plus parlantes des sentiments ressentis par les adolescents adoptés. Le thème choisi est celui de La recherche des origines, plus précisément recherche de la mère biologique, ou bien de la famille biologique en général. Nous allons voir que chaque adolescent ne « gère » pas cela de la même façon. La recherche des origines dépend du contexte familial, du caractère, de la psychologie, du stade de développement de l'adolescent adopté. Ariane Avec mes papiers, c'est vraiment incomplet, tu ne peux pas faire grand-chose (page 5) J'ai un peu laissé tomber mes recherches à cause de mon dossier (page 7), comme si il y avait des choses un peu plus essentielles, puis aussi quand tu vois la situation à Haïti, tu te dis, qu'est-ce que ça m'apporterais ? (Page 8) D'un côté ça peut être extraordinaire, mais d'un autre côté ça peut t'emmener dans un engrenage aussi (...) on va te demander de l'argent et tout là.... (Page 8) Laurence Je n'ai jamais eu comme un intéressement profond à aller chercher comme qui étaient mes vrais parents, si on peut les appeler comme ça. C'est surtout passé sur le côté identité en fait. C'est la ressemblance qui me gênait le plus en fait (page 8) Il y en a pour qui les parents génétiques ont vraiment une importance. Moi je n'ai jamais eu envie de les trouver, ils ne m'ont pas manqué, je savais qui étaient mes parents (page 10) Christine Même qu'on avait accès aux photos de notre mère biologique, les seules photos qu'on avait et aussi de nos autres frères et soeurs. (Page 2) Si ma mère biologique nous a mise en adoption, c'est parce que notre père nous avait quitté, elle n'avait pas les moyens de nourrir ses 5 enfants, donc elle a gardé le plus vieux des garçons. (Page 4) Je le remercie vraiment de m'avoir mise en adoption, parce que j'étais vraiment très malade. Si elle m'avait gardée, je ne serais peut-être pas là à parler de mon adoption (page 4) Je la remercie parce que j'ai eu une bonne famille qui m'a donné tout ce dont j'avais besoin, de l'amour, les choses matérielles, l'éducation. J'ai vraiment manqué de rien (page 5) En 1998, j'ai retrouvé toute la famille biologique, j'ai rencontré ma mère, mon père, mes frères, mes deux soeurs, leurs conjoints, mes neveux, mes nièces, mon parrain, oncles, tantes, cousins, cousines. J'ai rencontré toute la tribu au complet ! (Page 8) Quand je suis sortie de l'aéroport, je n'ai même pas eu le temps de lever la tête puis une femme a sauté sur moi ! Puis j'ai vu une tonne de personnes autour de moi, je ne savais pas qui était qui ! (Page 8) Au final je suis restée deux mois et demi là-bas, j'ai vécu dans la maison avec eux (page 8) J'ai vécu dans le bidonville avec ma famille biologique. J'ai vraiment connu la vie quotidienne, c'est quelque chose quand même de vivre dans un bidonville ! (page 9) J'ai adoré mon voyage, j'ai adoré mon expérience, j'ai même hâte d'y retourner (page 9) J'ai su aux Philippines qui était ma vraie mère, même que je avais appelé ma mère adoptive pour lui dire que je savais qui était ma vraie mère, que c'était elle, ma mère adoptive. (Page 9) Marie Ma mère était une Maya, et mon père peut être un Blanc. Enfin je pense qu'il dEmmait être espagnol, car j'ai des traits assez espagnols là. (Page 3) Par rapport à mon abandon (...) en fait, elle n'avait pas trop le choix. Elle savait que si je restais avec elle, je n'avais pas une bonne vie, tandis que si elle me mettait dans un orphelinat, j'allais avoir une vie plus merveilleuse qu'au Guatemala. Dans le fond je suis contente qu'elle ait fait ça, je suis vraiment contente (page 4) On y va aux vacances de noël tous les quatre. On va aller au Guatemala et en Colombie, pour voir un peu nos pays à moi et mon frère. Je m'attends vraiment à pleins de choses extraordinaires, vraiment différentes d'ici. Tout va être différent, les paysages, les couleurs, les vêtements (page 4) J'ai fait quelques recherches sur Internet, mais je ne connais pas vraiment. On va visiter les alentours, ce qui est important en fait. Découvrir un peu le pays quoi. (Page 4) Ma mère m'a dit que c'est quand même un pays pauvre. Donc c'est sûr que ça me touche parce que j'aurais pu rester là. J'aurais pu être à leur place tu sais (page 5) Quand je vais être là-bas, je vais regarder autour, les femmes qui seront dans la rue. Je me demanderais si ce n'est pas ma mère. Si jamais il y a quelqu'un qui me ressemble, je risque de me demander ça oui. (Page 5) Si je l'avais en face de moi, je lui dirais merci je crois. Et puis je crois qu'elle serait contente de ce que je suis devenue. Elle serait rassurée que tout va bien pour moi, que je fais des études (page 5) Quand je vais aller là-bas, je vais peut-être essayer de la retrouver parce que j'aimerais ça la rencontrer ? Mais d'un autre côté j'ai aussi peur qu'elle veuille que je reste avec elle. Parce qu'il faudrait que je lui explique que ma vie est ici. Mais si je la rencontre, je pense que je ne resterais pas en contact avec elle (page 5) Mon père biologique lui c'est différent, parce qu'il a abandonné ma mère biologique, puis moi aussi. Donc si je le voyais, je serai un peu fâchée mais je ne peux pas trop lui en vouloir, même si j'ai le droit. (Page 5) Karine J'ai toujours été en contact avec eux (la famille d'accueil). La première fois que je les ai vu, j'ai passé un mois avec eux, on a visité le pays aussi, car je voulais voir comment c'était. (Page 4) Mais mes parents le vivent bien, parce qu'on forme une grande famille en fait. Ils ont conscience que ça fait partie de mon passé. (Page 4) Si un jour je les rencontre, je leur dirais que je ne suis pas fâchée, mais je voudrais juste savoir pourquoi ils ont fait ça, dans quelles circonstances. Qu'ils me racontent l'histoire dans laquelle je suis née et tout ça. (Page 6) Je garderais toujours à l'esprit que ma mère m'a mise en adoption, il lui a fallut du courage pour me mettre en adoption. J'ai la chance de pouvoir vivre ici. C'est pour ça que je la remercie (page 7) Emma Il y a un an, je suis retournée vivre là-bas un an, parce que ça me manquait trop. J'avais plein de questions dans ma tête, et j'avais besoin d'avoir des réponses à tout ça. (Page 2) Je n'étais pas bien avec ma famille, je souffrais beaucoup, donc j'ai eu besoin de partir, pour me découvrir, savoir qui j'étais. (Page 2) Donc j'ai vécu là-bas, avec la culture du pays, les coutumes etc, ça m'a fait du bien de retrouver tout ça. J'ai vécu avec ma famille biologique, avec mes frères et soeurs de là-bas. Je me suis bien adaptée à cette vie-là ouais. (Page 2) En fait, j'ai même hésité à repartir de là-bas tellement j'étais bien, donc j'ai vraiment hésité. Parce que c'était bien pour moi. J'étais vraiment dans mon élément en fait. Tout le monde me ressemblait, je n'étais plus différente. (Page 2) En fait je suis revenue parce que quand même ils m'avaient adoptée, donc voilà, je ne pouvais pas leur faire ça. (Page 2) De toute façon on y va tous les cinq ans à Wallis, avec toute la famille (page 2) Mon coeur est là-bas, bien que je sois bien ici, ça change rien. Je suis peut-être disons 80% wallisienne et 20% québécoise, quelque chose comme ça. (Page 2) Je voulais savoir, connaître mes parents biologiques, pourquoi ils avaient laissé me faire adopter. J'avais envie de savoir qui ils étaient. (Page 3) En fait moi j'écris, et eux me téléphonent pour prendre des nouvelles, pour voir si ça se passe bien et tout ça. (Page 3) Gabriel Elle ne vit pas ça bien, elle me téléphone tout le temps, elle est de mauvaise humeur, donc à force j'en ai un peu marre. (...) parce qu'elle voulait trop prendre sa place de mère, et puis j'avais déjà une mère (Page 3) A l'aéroport, toute sa famille m'attendait. Ca a été un choc, parce que tout le monde était content de me connaître. Tout le monde voulait que je reste là-bas. (page 5) Moi la Belgique, j'aime pas ça, je trouve ça très beau, mais je n'y retournerais pas, c'est pas mon pays de toute façon, ça me fais trop penser à mon passé. (Page 5) Mon père biologique, je ne veux pas le connaître, c'est quelqu'un qui a violé ma mère. Je n'ai pas du tout envie d'aller au Vietnam pour voir comment c'est par exemple. (Page 6) Marie-Pierre Peut-être qu'avant d'avoir des enfants, je chercherai à rencontrer ma mère biologique. Je pense que ça m'aiderait aussi à régler certains problèmes que j'ai avec mes relations avec les autres. Je ne suis pas encore prête aujourd'hui en fait. (Page 12) Depuis que je sais que je suis adoptée, je me suis crée une image de ma mère dans ma tête. Donc si je la voie un jour, je risque d'être déçue de la réalité (page 12) Samuel J'aimerais un jour aller en Jamaïque pour connaître mon pays. Voir le soleil tout ça. J'irai avec mes amis, on en a déjà parlé. J'essayerai peut-être de retrouver ma mère biologique oui, si c'est possible. Pour voir un peu à qui je ressemble en fait. (Page 2) Stéphane C'est vrai que ça m'a fait plaisir de voir quelqu'un à qui je ressemblait enfin finalement. Aussi, elle me comprend et fait les mêmes choses que moi (page 7) Si on est heureux, pourquoi aller chercher dans le passé ? Parce que si tes parents biologiques ne te cherchent pas, pourquoi tu irais vers eux ? C'est ça la bonne question à se poser (page 8) Rachelle Je pense qu'il y a un lien entre le fait de rechercher ses parents bios et la façon dont on a été élevé, dont on a grandi. Tu vois, nous, toute la gagne, les quinze enfants, on ne recherche pas à retrouver nos parents biologiques (...), on s'en fout (page 4) Stéphane Je n'ai pas de souvenirs précis de ma mère biologique, très peu. Ce n'est rien qu'une petite image d'une femme aux longs cheveux noirs. Je ne me rappelle plus (page 8) Si je la rencontrais, je luis dirais « pourquoi tu m'as laissé là, est-ce que c'était une bonne affaire ? », j'aimerais connaître toute l'histoire familiale, mes racines. C'est ça qui me manque un peu oui (page 9) H. Poème d'Afrique Noire sur la tolérance Lorsque je nais, je suis noir. Lorsque je grandis, je suis noir. Lorsque je suis malade, je suis noir. Lorsque j'ai froid, je suis noir. Lorsque j'ai peur je suis noir. Lorsque je vais au soleil, je suis noir. Et lorsque je meurs, je suis et je reste noir. Tu vas au soleil, tu es rouge. Et lorsque tu meurs, tu es mauve. Et tu oses me traiter d'homme de couleur ! Poème populaire d'Afrique du Sud
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