CONCLUSION
INTRODUCTION
Emmanuel Négrier, chercheur à
l'université Montpellier I, constatait, en 1996 : "Le
développement des échanges culturels internationaux sur la base
de l'affirmation des politiques culturelles locales".
On est en droit de se demander comment mettre en oeuvre,
soutenir ou promouvoir des échanges de ce type en France, pays de
l'interventionnisme étatique culturel par excellence et membre de la
Communauté européenne, laquelle accorde de plus en plus de poids,
d'une part aux collectivités territoriales, et d'autre part, au
développement de la coopération culturelle, la culture
étant reconnue comme catégorie d'intervention communautaire.
Tout d'abord, on constate qu'il y a en France deux niveaux
d'intervention : l'état et les collectivités, chaque niveau
menant sa politique en fonction de ses compétences et de ses
objectifs.
En matière de culture, le rôle de l'état
est prééminent en France, et ce n'est pas le fruit d'un
décision arbitraire.
Guy Saez, dans sa préface à Politique
culturelle et décentralisation,(Moulinier, 1995), rappelle que "les
artistes et les autres professionnels de la culture, tout comme les
responsables locaux, ont manifesté leur accord pour que l'état
continue de veiller à la qualité des activités culturelles
en France".
Cette responsabilité de l'état permet de garder
les priorités sur des questions d'intérêt national comme
par exemple "l'égalité d'accès aux biens culturels, leur
répartition équitable sur le territoire, la négociation
avec les industries culturelles"(ibid.). L'échelon central peut seul
assurer l'égalité d'accès à la culture et
l'aménagement culturel du territoire.
On peut aussi penser au discours de Rodolphe Pesce à
l'Assemblée nationale le 24 juin 1983, quand il dénonça,
en cas de trop large transfert de compétences de l'état vers les
collectivités, le danger d'«atomisation» de la politique
culturelle nationale, donc son effondrement" (Moulinier, 1995, 166). Ce qui
l'amenait à conclure "Il est indispensable d'avoir une politique
nationale pour faire face à l'enjeu des multinationales" (ibid.),
réflexion d'actualité à l'heure de la mondialisation.
Par ailleurs, l'action internationale a été
reconnue comme relevant des compétences de l'état, même par
les plus favorables à une décentralisation culturelle. On peut
penser à Jacques Toubon, qui préconisait de réserver
à l'état "la diffusion de la culture française à
l'étranger".
De plus, l'état tempère le "développement
d'un néo-populisme fondé sur la notion d'identité
régionale" (ibid.), ce qui serait en total désaccord avec la
construction d'une culture de l'Europe, ou une volonté d'ouverture aux
cultures du monde.
Enfin, l'état est un garant de qualité, comme
Pierre Moulinier, pour ne citer que lui, nous le rappelle tout au long de son
ouvrage.
Ainsi l'état, de par ses compétences, garde un
rôle prédominant en ce qui concerne les affaires culturelles, et
donc en matière d'échanges culturels internationaux. Mais il doit
pouvoir adapter son action à la tendance générale en
Europe vers la "régionalisation".
Le développement de l'action culturelle des
collectivités depuis les débuts de la décentralisation est
un fait incontestable.
Ainsi, on constate sans difficulté l'accroissement des
politiques et actions des collectivités territoriales orientées
vers l'international et l'Europe ( par exemple l'émergence des
Eurocités), le développement de la coopération
culturelle décentralisée à l'échelle
européenne, la création de réseaux européens (par
exemple Les Rencontres - Association des Villes et Régions de la
Grande Europe pour la culture, qui a pour but la formation d'un "lobby des
élus auprès de la Commission", d'après le président
de l'association Roger Tropeano).
Il est à noter que cette évolution est un
élément positif pour la reconnaissance du caractère
multiculturel de la société. Lors de son intervention au colloque
Culture, collectivités territoriales et construction
européenne, le 24 et 25 mars 1995, Hans Jung, responsable du
Département culture du Land de Rhénanie-Palatinat, rappelle que
"Les rencontres entre les hommes qui découlent des rencontres entre les
régions, et plus particulièrement des rencontres culturelles
entre les régions, constituent un instrument important des
échanges interculturels".
Cependant, l'indépendance totale des
collectivités est loin d'être acquise, surtout en France, et
particulièrement dans le domaine culturel (on peut penser à
l'article de Patrick Baleynaud en 1991, "La culture, l'oubliée de la
décentralisation ?", et Pierre Moulinier va même jusqu'à se
demander "La décentralisation, une idée dépassée?"
(Moulinier, 1995, 226-231).
De plus, l'état est souvent un partenaire important de
la coopération culturelle décentralisée (système
des cofinancements, état présenté comme un "partenaire -
clé" (Moulinier, 1995, 198).
A ce propos Hans Jung, au cours du colloque sus-cité,
soutient que "les instances nationales doivent initier et encourager les
partenariats".
Les Directions Régionales des Affaires Culturelles
(DRAC), administrations d'état déconcentrées, se
présentent non seulement comme les principaux lieux de mise en oeuvre
d'une politique culturelle en région, mais encore comme les lieux de
"croisement" état/collectivités.
Il est ainsi possible, au sein des DRAC, d'organiser une
intervention de l'état qui soit en accord avec les contextes
régionaux, ainsi qu'une "mise en cohérence" (Alliès,
Négrier et alii, 1994, 80-83) du partenariat
état/collectivités, en harmonisant les compétences
respectives. Cela est évidemment valable pour tous les secteurs
culturels, y compris les affaires culturelles internationales.
On retrouve les idées exposées ci-dessus dans le
projet professionnel que j'avais présenté en février 2000
à mes enseignants, dans le cadre de mon année de Diplôme
d'études supérieures spécialisées (DESS) de
Relations Interculturelles.
Les recherches effectuées pour la rédaction de
ce projet m'ont permis de nourrir ma réflexion sur ce thème.
Pourtant, cette seule connaissance théorique du sujet ne peut suffire
à le maîtriser, tant que l'on n'en pas acquis une certaine
pratique.
C'est pourquoi j'ai accepté avec grand
intérêt de suivre un stage à la DRAC
Midi-Pyrénées, stage consacré à la
coopération culturelle transfrontalière avec l'Espagne.
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