Thomas PERRIN
Rapport de stage
AGENCE LIANNE JARRETT ASSOCIATES
Brighton (UK) - janvier/juillet 1999
|
Martine CHAUDRON
Université Paris VII - Denis Diderot
Maîtrise de Conception et mise en oeuvre de
projets culturels
Année universitaire 1998-1999
(année d'échange ERASMUS à
l'Université du Sussex,
Brighton, Angleterre)
INTRODUCTION
La presse et les médias ont acquis un grand
pouvoir dans les sociétés capitalistes occidentales, en tant que
détenteurs et dispenseurs de l'information. Les moyens de communication
modernes ont favorisé cette situation, en permettant d'atteindre un
maximum de gens en un minimum de temps. Aujourd'hui, une bonne politique de
communication peut être un facteur de réussite dans de nombreux
domaines.
Par exemple Yves de La Haye, de l'université
Stendhal de Grenoble, définit la plus récente modalité
historique de traitement de l'espace public comme celle des «relations
publiques généralisées» et des chercheurs de la
même université ont publié en 1995 des travaux sous le
titre L'espace public sous l'emprise de la communication. On pourrait trouver
de nombreux autres exemples de cette importance accrue des notions de
communication qui concerne l'ensemble des champs de nos
sociétés.
En conséquence, les fonctions de relations publiques et
de presse représentent un aspect central de la médiation
culturelle, et j'ai depuis longtemps eu envie de mieux les connaître. On
entend souvent parler, surtout en ce qui concerne les milieux culturels et
artistiques, de relations publiques, attachés de presse, impresari; mais
personnellement je n'avais qu'une idée vague de ce en quoi une telle
activité pouvait consister. C'est pour cela que j'ai répondu avec
motivation à l'offre de stage dans une agence de relations publiques et
de presse, spécialisée dans les domaines de la culture et des
arts. J'étais impatient d'acquérir une
expérience pratique d'un aspect de la médiation culturelle auquel
j'attache un grand intérêt. De plus, j'étais content de
suivre un stage en Angleterre, ce qui me permettrait de perfectionner ma
connaissance de la langue, et se présenterait comme un aboutissement de
mon année d'échange inter-universitaire ERASMUS.
PRESENTATION
Lianne Jarrett Associates est une agence de relations
publiques et de presse spécialisée dans la culture et les
arts.
Son rôle est de promouvoir plusieurs types de structures
(projets, événements. institutions...), principalement en leur
assurant un maximum de couverture médiatique, dans la presse
écrite, la radio et la télévision.
L'agence peut aussi proposer d'autres services, comme par
exemple la promotion commerciale d'un client, grâce à
l'expérience en management et marketing de la culture et des arts de
certains de ses membres.
Lianne Jarrett Associates peut aussi être
employée en tant qu'agent personnel pour un artiste ou une compagnie
artistique.
Le bureau principal, où la plupart du travail est
effectué, est basée à Brighton, dans la région du
Sussex (Sud Est de l'Angleterre), et une annexe de l'agence se trouve à
Londres.
La structure administrative de l'agence est assez
particulière: l'affaire appartient en totalité à Lianne
Jarrett, qui s'entoure d'«associates» pour travailler. Les
«associates» n'ont pas de responsabilité
financière dans l'agence, il ne s'agit donc pas d'un partenariat
(partnership), qui est la mise en commun de plusieurs capitaux.
Lianne Jarrett a deux types d'
«associates»:
· les «employees»: elle leur paye un
salaire net, et donc paye leurs taxes professionnelles, et notamment la
National Insurance, ce qui leur donne droit à une couverture
sociale à peu près équivalente à la
Sécurité Sociale.
· les «self-employed» : ils ont en
général un autre emploi, et payent déjà leurs
charges sociales. En fait ils ne travaillent pas de façon
régulière à l'agence, dans une sorte de mi-temps. Avoir
plusieurs emplois est tout à fait légal en Angleterre.
Le personnel de l'agence se compose de:
· Lianne
Jarrett - Directrice et propriétaire de l'agence.
Lianne Jarrett est diplômée en Histoire de
l'Art, Français et Italien.
Elle a d'abord travaillé dans des musées
pendant onze ans, parmi lesquels le Louvre, le Fitzwilliam Museum (Cambridge),
le Victoria and Albert Museum (Londres), et le département des
expositions du Brighton Museum, où en tant que membre de
l'administration et chercheur elle a d'une part organisé certaines
expositions, et d'autre part été en charge de la promotion des
principales expositions, à l'échelle régionale ainsi que
nationale. En 1985 elle mit en place le service de presse et de marketing du
Brighton Festival, sous la tutelle du Local Council (sorte d'équivalent
du conseil municipal). En 1989, elle fonda en free-lance Lianne Jarrett
Associates, agence de presse et de promotion d'événements
culturels et artistiques.
· Sam
Silverwood-Cope - Assistant de direction, employee.
Diplômé en 1998 en Relations
Internationales, à l'université du Sussex, il travaille dans
l'agence depuis peu de temps, et est particulièrement
intéressé par l'univers cultivé moderne, la culture
«jeune»: concerts de jazz, festivals de rue,etc...
· Sidonie
Bond - Associate, self-employed.
Elle a longtemps travaillé au
théâtre, en tant qu'actrice, et à la
télévision, en tant qu'actrice et présentatrice. Elle a
donc entretenu pendant plusieurs années un rapport étroit avec
les médias, et a pu développer de nombreux contacts dans ce
milieu.
· Jane
Dwight - Associate, employee.
Diplômée en Zoologie, Botanique et
Géologie, elle possède en outre un Certificat en arts
décoratifs. En plus de son travail pour Lianne Jarrett Associates, Jane
est réputée dans la region du Sussex pour les cours d'art qu'elle
donne, en particulier les cours de peinture sur soie et d'aquarelle.
· Tony
Brown - Associate, self-employed.
Tony est qualifié en design graphique, et en
scénographie d'expositions, (exhibition and graphic designer). Avant de
rejoindre Lianne Jarrett Associates, il co-dirigeait une entreprise de
production de carreaux de céramique, traitant avec des industries et des
particuliers, à un niveau international (Royaume-Uni, Italie,
France...), et dans laquelle il était responsable du design et de la
production.
Le personnel de l'agence présente donc une
large palette d'âges et de talents complémentaires, regroupant
différentes expériences.
L'agence a d'autre part l'habitude d'employer des
étudiants de l'université en tant que stagiaires tout au long de
l'année.
LES CLIENTS DE L'AGENCE
Depuis 10 ans l'agence a enchaîné les contrats et
a eu de nombreux clients, parmi lesquels:
· Festivals et Evénements
European Arts Festival : organisé lorsque le
Royaume-Uni était à la présidence de l'Union
Européenne en 1992, ce festival sponsorisé par le gouvernement
britannique eut lieu à travers tout le pays pendant six mois et regroupa
toutes sortes événements artistiques.
Charleston Festival: festival littéraire ayant
lieu chaque année dans l'ancienne maison de Virginia Woolf et du
Bloomsbury Group.
Arundel Festival : musique dans la cathédrale ou
dans les jardins du château de cette ville historique de l'Angleterre,
expositions, ateliers d'artistes ouverts au public, au mois d'Août
pendant dix jours.
Chichester Festivities : principalement de la musique
(classique, jazz).
Greenwich Festival: festival réunissant la
musique, les arts visuels et la danse.
Et bien sûr le Brighton Festival.
·
Architecture et Monuments historiques
Le «Green Bridge» de Piers Gough: construit
à l'Est de Londres dans le cadre des festivités pour le nouveau
millénaire, ce «pont vert» couvert de végétation
réunira les deux parties d'un parc séparées par une
avenue.
Le projet de rénovation du «Dome», la
principale salle de concert à Brighton.
Les propriétés du National Trust dans la
région du sud-est: le National Trust est une organisation de
préservation du patrimoine, qui a pour mission d'acquérir et de
rénover des maisons, manoirs et châteaux que leurs
propriétaires ne peuvent plus entretenir.
Les Historic Houses dans le West Sussex.
Charleston Farmhouse : ancien lieu de résidence
de Virginia Woolf et du groupe d'intellectuels et d'artistes appelé
Bloomsbury Group, aujourd'hui transformé en musée.
·
Musées et lieux d'exposition
SculptureCo et l'exposition Rodin in Lewes.
Royal Pavilion Art Gallery and Museums, à
Brighton.
Museum and Art Gallery, à Hove (West
Sussex).
Towner Art Gallery, et Local History Museum, à
Eastbourne (East Sussex).
· Lieux
d'enseignement artistique
Dartington International Summer School :cours de
musique très réputés en Angleterre
Trinity College of Music
·
Jardins
Leonardslee Gardens
Pashley Manor Gardens
·
Compagnies artistiques
Laurie Booth & Company (danse)
Opera National Roumain: l'agence s'est occupée
de les promouvoir lors de leurs premiers spectacles en Angleterre.
Zap Productions: productions du Brighton Street
Festival, l'ensemble des spectacles de rue pendant le festival de Brighton, et
de Street Performance, un festival de rue qui a lieu à Londres.
· Divers
Promotion de défilés de mode dans le cadre
des Chelsea Collections
Gallery Week 1997 : organisée par la
National Association for Gallery Education, une association à but
caritatif (charity), en collaboration avec des musées de
peinture dans tout le pays, ce projet visait à encourager la pratique
culturelle d'un public normalement peu habitué à aller au
musée.
LE TRAVAIL DE L'AGENCE DE PRESSE
· Les
contacts avec la presse et les médias
Lianne Jarrett n'a cessé de développer ses
relations dans la presse et les médias depuis 14 ans, et a su s'entourer
d'une équipe au fort capital de contacts dans ce milieu.
L'agence entretient une communication constante avec des
journalistes importants, dans plusieurs disciplines et
spécialités, et parfois de véritables rapports
d'amitié succèdent aux simples relations de travail.
L'agence possède, sur base de données
informatique, un fichier de presse de 1500 contacts dans les médias,
récemment remis a jour.
Ainsi il est possible d'avoir une approche ciblée selon
le client ou le projet a promouvoir, en s'adressant aux journalistes les plus
susceptibles de couvrir l'événement. Plus la campagne de presse
est ciblée, plus elle a de chance être efficace, et rentable pour
le client.
· La
manière de procéder pour obtenir la promotion médiatique
d'un client
Le premier travail que l'agence entreprend est un
travail de recherche sur le client à promouvoir, afin de maîtriser
le sujet traité au maximum, et de pouvoir envisager le public potentiel,
et les médias qui s'adressent en priorité à ce public. Il
est aussi très important de bien connaître l'objet de promotion,
pour pouvoir parler aux journalistes en connaissance de cause et être
capable de les intéresser. Les journalistes qui veulent débattre
sur un sujet particulier sont mis en contact directement avec le client.
L'agence effectue ce travail préliminaire en concertation avec les
principaux acteurs de la structure à promouvoir - projet,
événement, lieu...
La recherche sert d'autre part a établir la liste des
organes de presse et des émissions de radio et télévision
les plus susceptibles de s'intéresser à un certain projet. Il
s'agit souvent de médias spécialisés. Par exemple pour la
promotion de la construction du «Green Bridge», on va chercher a
contacter des journalistes spécialisés en architecture.
Ensuite l'équipe rédige le communiqué de
presse en respectant la spécificité du projet ou de
l'institution, toujours en proche concertation avec le client, et l'adresse aux
journalistes sélectionnés. Pour certaines campagnes l'agence peut
ensuite élaborer des dossiers de presse. Le dossier de presse permet de
donner une information exhaustive à la presse sur le client à
promouvoir, et est généralement envoyé en
complément du simple communiqué. Le dossier de presse est souvent
une base de travail pour les journalistes, et représente l'étape
de la campagne entre l'envoi d'un communiqué et l'invitation à la
conférence de presse.
Les envois de presse - par courrier ou télécopie
- sont consciencieusement suivis de relances téléphoniques, afin
de sensibiliser au maximum les journalistes et obtenir qu'ils couvrent le
projet.
A cette étape il faut savoir éviter d'
importuner les journalistes, qui sont parfois très susceptibles, ou peu
patients. En effet, les journalistes sont pressés par le temps et ont
une place ou durée d'intervention limitée, et sont obligés
de faire des choix. Il ne s'agit pas de harceler le journaliste
téléphoniquement pour qu'il publie l'information, ni de lui
demander quel sera le contenu de son papier. Idealement, l'information doit
donc être bien présentée, au bon moment.
En fait l'objectif de l'agence est de faciliter le travail des
journalistes, en leur proposant de traiter des sujets pertinents et
appropriés -à leur spécialité et leur public-, et
en leur fournissant les renseignements dont ils ont besoin dans les meilleurs
délais.
Ainsi l'agence promeut et entretient une image positive de son
client dans le milieu de la presse et des médias, ce qui favorise une
meilleure couverture médiatique, en quantité comme en
qualité.
· Au-delà du travail
relationnel
L'agence ne se contente pas de servir d'intermédiaire
entre ses clients et les médias. L'équipe tient a
réfléchir par elle-même sur le projet traité, et a
s'en faire sa propre idée.
Cela l'amène à suggérer aux clients des
idées originales pour des conférences de presse ou des
inaugurations, premières, vernissages.
La conférence de presse, où l'on convie les
journalistes sélectionnés et contactés pendant la phase
précédente de la campagne de presse, est avant tout l'occasion
d'inviter les photographes, et les équipes de télévision
et radio. C'est donc un événement clé de la campagne de
presse, qui doit attirer le maximum de professionnels de la presse et des
médias, de sorte que la couverture médiatique atteigne un public
plus large et plus varié. Vu que l'agence traite avec la presse et les
médias depuis longtemps, son rôle est aussi de suggérer au
client des idées pour une conférence attractive et
réussie.
D'autre part, Lianne Jarrett Associates peut se
proposer d'assister ses clients dans la mise en oeuvre d'une stratégie
de marketing, du fait du fort capital d'expertise et expérience en la
matière que équipe présente.
MISSION ET DEROULEMENT DU STAGE
La principale caractéristique de mon stage a
été la diversité. Plutôt que d'être
cantonné à un seul type activité, j'ai été
amené à travailler sur différents aspects d'un projet, et
sur différents projets. D'ailleurs, mes employeurs tenaient à ce
que mon stage se déroule ainsi, car une formation polyvalente permet
d'acquérir l' expérience la plus exhaustive possible.
Cela s'avère particulièrement vrai en ce qui
concerne une agence en free-lance, telle que Lianne Jarrett
Associates, qui a plusieurs clients et s'occupe de plusieurs projets, et
ne se contente pas de promouvoir une seule institution, comme c'est le cas
lorsqu'un service de presse et relations publiques est inclus dans une
structure telle qu'un théâtre, ou un musée.
J'ai donc travaillé sur plusieurs
événements et projets, parmi lesquels:
· Brighton Festival : C'est un
des principaux clients de l'agence, et le deuxième festival artistique
en Grande-Bretagne (après Edimbourg). Le festival ouvre la saison
britannique chaque année au mois de Mai et dure trois semaines. Il offre
une programmation très variée - théâtre,
opéra, musique classique, danse, débats littéraires,
festival de rue ( en collaboration avec des festivals de rue français),
cinéma, jazz - qui allie tradition et innovation. Le festival
reçoit des artistes prestigieux au succès établi, mais
présente aussi des performances d'avant-garde, et des premières
nationales et internationales. Depuis sa création Lianne Jarrett
Associates est en charge du service de presse du festival. Un
événement d'une telle envergure exige chaque année une
grande implication de la part de l'agence afin de garantir au festival la
meilleure couverture médiatique possible.
· Rodin in Lewes : Cette
exposition de sculptures a lieu à Lewes, le centre historique de
l'East-Sussex, dont un habitant amoureux des arts avait commandé
à Rodin une copie en marbre du Baiser, au début du
siècle. Après de multiples péripéties la statue se
retrouva exposée à la Tate Gallery de Londres à la fin des
années 30. L'exposition Rodin in Lewes célèbre le
retour de la statue à Lewes pour y être exposée dans la
mairie avec d'autres sculptures de Rodin, prêtées par le
Musée Rodin de Paris et le Victoria & Albert Museum de Londres.
Lianne Jarrett Associates s'est vue confiée la campagne de
presse de l'exposition, dont l'attrait médiatique était
renforcé par un arrière-plan historique singulier, par le
côté symbolique du retour de la statue - sorte d'opération
de décentralisation culturelle - , et par la renommée de
Rodin.
· The National Foundation for Youth Music
: il s'agit d'une organisation créée
récemment par le gouvernement travailliste, et chargée
d'encourager la pratique de la musique parmi les jeunes, en particulier dans
les milieux sociaux les moins favorisés. L'agence était
chargée de la promotion de cette organisation dans les médias, et
en particulier le lancement du nouveau programme de la National Foundation
for Youth Music, à savoir la mise en place d'un réseau
d'animateurs au niveau régional et local. Il s'agissait donc de
contacter à la fois les médias nationaux - pour la promotion
générale de la Foundation et l'annonce du nouveau
programme - et les médias locaux, pour les sensibiliser a l'action
décentralisée de la Foundation.
ACTIVITES EFFECTUES PENDANT LE STAGE
· Gérer le stock d'images (pour
le Brighton Festival et l'exposition Rodin in Lewes).
Dès la réception des photographies, ektachromes et diapositives,
destinés à être envoyés aux journalistes, il faut
d'abord les légender, puis les répertorier. Pour cela il faut
leur apposer des étiquettes mentionnant ce que l'image
représente: par exemple s'il s'agit d'un artiste du festival, son nom,
la date, le lieu et le titre de sa performance; s'il s'agit d'une des
sculptures exposées, le titre, année de création, le
matériau; etc....Ces informations sur la nature de l'image sont
destinées a faciliter le travail de recherche des journalistes. Il faut
aussi apposer aux images une étiquette avec l'adresse de l'agence, pour
le renvoi des images après leur utilisation.
Ensuite il faut classer les images dans les dossiers
prévus à cet effet, aussi précisément que possible,
afin de pouvoir préparer les envois de presse de façon rapide et
organisée.
Malgré cette prise en charge des images, l'agence n'en
est pas propriétaire. Une fois la campagne de presse terminée, on
renvoie les images, retournées par les journalistes, à leurs
détenteurs d'origine, dans la cas des artistes du festival il s'agit la
plupart du temps de leur agent artistique. Pour Rodin in Lewes les
images sont toutes fournies par SculptureCo, l'organisation en charge
de l'exposition, ce qui simplifie le renvoi.
· Organiser les revues de presse (pour
le festival et l'exposition).
Dans les revues de presse sont rassemblés tous les
articles parus dans la presse à propos du client dont l'agence s'occupe.
Il peut aussi s'agir de la simple mention de événement dans les
guides des sorties culturelles des supplements week-end etc....En fait la revue
de presse a pour but de répertorier les supports écrits et
audiovisuels qui ont relayé l'information, afin de déterminer si
la politique de communication de l'agence a été bonne et
adaptée . Ces dossiers sont très importants car ils
présentent le résultat du travail de l'agence aux yeux des
clients. De plus, selon Chris Barron, le directeur du Festival de Brighton, la
revue de presse tient lieu de principal argument qu'il présente au Local
Council quand il sollicite une subvention pour le festival. Plus le festival
aura de succès dans les médias, diffusant une image positive de
la ville, et plus le Council sera enclin à augmenter sa subvention.
La premier travail pour la constitution de ce dossier est de
passer en revue les journaux et magazines que l'agence a contactés, et
de chercher les articles, listes ou programmes mentionnant le client. Pendant
le festival il faut chaque jour passer en revue la plupart des quotidiens
locaux et nationaux, car chaque jour un événement du festival est
susceptible être mentionné dans un guide, une critique...Bien que
la plupart du temps l'agence, de par son contact permanent avec les
journalistes, sache à peu près à quelle couverture
s'attendre, il arrive souvent que l'on trouve de la couverture "surprise". La
lecture des journaux doit donc être faite consciencieusement, et suivie
d'une relecture par quelqu'un d'autre.
Chaque coupure de presse que l'on ajoute à la revue
doit être photocopiée, pour la constitution d'un dossier
parallèle.
Une autre phase du travail sur les coupures de presse est le
calcul de leur valeur en terme d'espace publicitaire. C'est-à-dire que
selon la taille de l'article, sa situation dans le journal, et les tarifs
publicitaires que chaque journal fait parvenir à l'agence, on calcule ce
que l'article aurait coûté au client s'il s'était agit
d'une publicité à faire paraître. Cela est important pour
justifier et valoriser le travail de l'agence, car chaque parution dans la
presse est pour le client une sorte de publicité, mais à un prix
beaucoup plus raisonnable, et de nature bien particulière. Alors que
dans la publicité le client réalise un investissement financier,
le contact avec la presse est un investissement relationnel, et permet
d'informer le public plutôt que de simplement lui imposer une image
publicitaire.
J'ai aussi été amené à
enregistrer, sur cassettes audiophoniques ou videophoniques, les
émissions de radio ou de télévision qui faisaient partie
de la couverture médiatique du client.
· Envoi de l'information aux
journalistes : j'ai été appelé à
envoyer l'information à la presse et aux médias, soit sous forme
de courrier contenant les communiqués et dossiers de presse
accompagnés d'images, soit sous forme de télécopie. Il
faut parfois que tout le personnel de l'agence s'occupe des envois de presse,
quand il faut écrire et envoyer ou faxer jusqu'à cent lettres
personnalisées dans la même journée, à l'occasion
d'événements-clés de la campagne de presse - la
conférence de presse pour l'annonce du programme du festival, le
nettoyage du Baiser avant de quitter Londres, l'annonce du nouveau
programme de la National Foundation for Youth Music...
· Relance téléphonique:
après les envois il faut appeler les journalistes contactés pour
savoir s'ils ont bien reçu l'information, s'ils comptent assister
à la conférence de presse à laquelle ils sont
conviés, et pour savoir s'ils pensent couvrir l'événement.
Cela permet d'établir une liste de la couverture médiatique
attendue, que l'on peut communiquer au client.
J'ai trouvé qu'appeler les journalistes était
un travail intéressant qui permet de développer ses
capacités de communication et de médiation, son esprit de
synthèse aussi, car beaucoup de journalistes veulent connaître le
maximum en un minimum de temps. La conversation téléphonique est
d'autre part un des exercices de pratique d'une langue que je trouve le plus
difficile, autant pour comprendre que pour se faire comprendre, mais c'est
aussi un des moyens les plus efficaces pour progresser.
· Travail sur ordinateur: ce stage m'a
permis d'approfondir ma connaissance du logiciel Word, que j'ai
été amené à utiliser pour l'élaboration des
communiqués et dossiers de presse, des listes de journalistes,
rédactions et bureaux de productions à contacter pour une
campagne. Par exemple, lors de la campagne de presse pour le nouveau programme
de la National Foundation for Youth Music, j'ai été
chargé de rechercher et établir une liste des principaux
médias a contacter pour une promotion au niveau régional (en
Ecosse, Pays de Galles, Irlande du Nord, Nord de l'Angleterre).
J'ai aussi utilisé l'ordinateur pour la mise à
jour du fichier de presse qui contient les coordonnées et
spécialités de tous les journalistes avec qui l'agence entre en
contact. Ce carnet d'adresses informatisé est un des outils de base de
l'agence, et doit être régulièrement remis à jour
car les journalistes changent souvent de départements ou fonctions au
sein d'une même institution, et alternent les périodes en
free-lance et les emplois fixes.
· Etude de public pour le festival: en
échange de pouvoir assister gratuitement à de nombreux
événements, la direction du festival m'a proposé de
participer à une enquête auprès du public. Les questions
que je devais poser concernaient la manière dont les spectateurs du
festival dépensaient leur argent, leurs goûts artistiques, leur
pratique culturelle et leur fréquentation du festival. Les
résultats de ce sondage permettent d'évaluer l'effet externe du
festival, et notamment les retombées sur l'économie locale. Ce
travail s'est révélé très intéressant, car
il concernait directement les rapports entre la culture et l'économie,
m'a fait encore plus pratiquer l'Anglais, et m'a permis d'assister à de
nombreux spectacles et concerts.
APPRECIATION ET APPORTS DU STAGE
En travaillant ainsi sur différents projets, j'ai pu
d'une part connaître différents aspects de la vie culturelle
britannique, et de la culture en général, et d'autre part
apprendre à passer rapidement d'un projet à un autre tout en
devant appréhender chacun d'eux de façon appropriée.
Ainsi ce stage m'a formé à développer
des capacités de flexibilité et d'adaptation, et à pouvoir
gérer différents aspects de plusieurs projets sur une courte
période - parfois dans la même journée. Cela a permis
d'éviter la monotonie et l'ennui, malgré le côté
parfois fastidieux de certains travaux - comme par exemple le calcul de la
valeur des articles en terme d'espace publicitaire - ou l'impression que
j'avais quelquefois de faire un stage de Secrétariat.
Je suis donc reconnaissant à mes employeurs pour avoir
fait en sorte de me donner une formation aussi diversifiée - et
complète- que possible.
Le rythme de travail du stage a été en
général très soutenu, en particulier pendant les
périodes clés comme par exemple les deux premières
semaines du festival, l'arrivée du Baiser à Lewes suivie
d'une conférence de presse, ou le lancement du nouveau programme de la
NFYM. Le travail était d'autant plus intense que les projets
s'enchaînaient les uns les autres, et de par leurs différences
demandaient à chaque fois la prise en compte d'un nouveau contexte, de
nouveaux enjeux; et la réalisation de nouveaux objectifs.
L'efficacité du travail fourni par l'agence
dépend de la couverture médiatique obtenue, et par là
même dépend en quelque sorte du bon vouloir des journalistes, qui
en dernier lieu décident de couvrir un événement ou non.
C'est pourquoi dans ce métier rien n'est jamais définitivement
établi à l'avance, et une grande part du succès
dépend du contact avec les journalistes. Les journalistes n'assimilent
pas toujours l'information du premier coup: il faut souvent contacter la
même personne plusieurs fois, ou lui envoyer les communiqués et
dossiers de presse à plusieurs reprises, pour avoir une chance d'obtenir
une couverture. L'agence entretient donc un étroit rapport avec les
médias, et doit tenir compte de leur rythme de travail très
spécifique. Les journalistes travaillent dans l'urgence, toujours entre
deux délais, et l'agence doit faire en sorte que l'information
nécessaire aux journalistes pour couvrir événement leur
parviennent en temps voulu, ni trop tôt ni trop tard.
C'est pour cela que les horaires de travail peuvent
être irréguliers. Certains jours il va falloir rester tard pour
finir de préparer des courriers ou de faxer les informations aux
journalistes avant le «dernier délai »- une expression
courante dans ce milieu - avant le bouclage de l'article ou de
l'émission; alors que d'autres journées se passent plus
calmement, à rappeler des gens contactés
précédemment au cas où ils solliciteraient de plus amples
renseignements.
Mais en général l'agence est toujours
très occupée, car elle passe d'un client à un autre et
enchaîne les campagnes de presse, ce qui est une preuve de son dynamisme.
J'ai d'ailleurs trouvé ce dernier aspect de la profession un peu
décevant : bien que l'on s'occupe d'institutions,
d'événements et de projets culturels et artistiques, l'objectif
principal du travail - la couverture médiatique - laisse peu de temps
pour apprécier pleinement les sujets dont on traite, excepté lors
de l'élaboration des dossiers de presse.
J'ai pu néanmoins assister à de nombreux
événements du festival - concerts, théâtre,
opéra, débats littéraires, expositions, danse - ce qui a
été possible grâce à ma position de stagiaire dans
l'agence de relations de presse. J'ai aussi eu le plaisir d'assister à
l'inauguration de l'exposition Rodin in Lewes, et à des
inaugurations et vernissages d'expositions au musée de Brighton, au
musée de Hove, et à la Galerie d'Art Contemporain de Brighton.
Ce stage a donc grandement favorisé ma pratique
culturelle.
Un autre important bénéfice de ce stage a
été la pratique intensive de l'Anglais, dans un cadre
professionnel, ce qui à mes yeux est un des meilleurs moyens d'apprendre
une langue étrangère. De plus, Lianne Jarrett, responsable du
stage, a tenu à me traiter comme n'importe quel membre de son
équipe, et non comme un étudiant étranger, ce qui bien
sûr a favorisé mon apprentissage de la langue. Le fait de parler
au téléphone a aussi grandement amélioré ma
compréhension de l'Anglais, car je pense que la conversation
téléphonique est un des exercices de pratique d'une langue les
plus durs. Bien entendu ces difficultés se sont
révélées bénéfiques pour mon
perfectionnement de l'Anglais.
ANNEXES
Exemples de campagne de presse :
· Pashley Manor Gardens
· L'exposition Rodin in
Lewes
EXEMPLE D'UNE CAMPAGNE DE PRESSE
PASHLEY MANOR GARDENS
NOVEMBRE 1998 - OCTOBRE 1999
Le but de cette campagne de presse est de porter l'attention -
des médias, et à travers eux du public - sur les jardins de
Pashley Manor, (historique), de style anglais. Cet exemple me paraît
intéressant car il met en valeur le fait qu'en Angleterre la visite de
jardins est très répandue, et est considérée comme
une pratique culturelle à part entière, à mi-chemin entre
la visite d'un musée de sciences naturelles et d'un monument
historique.
La campagne de presse promeut avant tout les jardins en
général, et ensuite le Tulip Festival qui a lieu chaque
année, et aussi le marché aux fleurs dans le cadre du Summer
Flower Festival (toutes ces manifestations se déroulent dans le
cadre des jardins de Pashley Manor.)
1. La campagne de presse est organisée de la
façon suivante:
· On écrit un communiqué de presse
général, que l'on envoie ensuite à une liste de
journalistes sélectionnés comme les plus susceptibles de couvrir
l'événement, dans la presse, la radio et la
télévision. On joint au communiqué un dossier de presse
contenant des photos, des diapositives, les brochures de Pashley Manor Gardens,
et une lettre personnalisée.
Ce premier envoi a lieu en Novembre - Décembre, pour
la couverture de l'année suivante, les périodes les plus
favorables pour la promotion des jardins étant le printemps et
l'été.
· Les rédacteurs des programmes de sorties et
visites, dans des journaux et magazines ayant un intérêt dans
Pashley Manor Gardens, sont informés des détails particuliers -
calendrier de la saison, heures d'ouverture, événements
spéciaux etc....-
· A partir de Novembre, il est possible de
négocier avec la presse des offres spéciales pour les lecteurs,
et d'organiser des visites des jardins pour certains journalistes
sélectionnés à cet effet.
· Il est possible de rédiger des dossiers de
presse spécifiques (à la demande des propriétaires des
jardins, et en concertation avec eux), pour de la « presse
technique » spécialiste en horticulture et botanique.
· Contacter les rubriques de jardinage des journaux
hebdomadaires et des « tabloïds » (presse
« grand public », style Voici, Gala, The
Sun) , en leur proposant le dossier de presse accompagné d'images.
Commencer en Janvier pour une couverture a la fin du printemps et au
début de été.
· Contacter les photographes de la presse nationale pour
faire de nouvelles photos du Tulip Festival, du Summer Flower
Festival, et de l'ensemble des jardins.
· Encourager les journalistes importants et les
producteurs de télévision à visiter les jardins aux
meilleures périodes - floraisons etc... - accompagnés de
photographes ou de leur équipe technique. Les journaux quotidiens et
hebdomadaires doivent pouvoir couvrir Pashley Manor Gardens en 1999, mais la
couverture à la télévision et dans les magazines
n'apparaîtra pas avant l'an 2000, à part pour les très
courts sujets.
2. L'agence prévoit de rédiger un
communiqué ou dossier de presse individuel pour chacun des aspects
différents de Pashley Manor Gardens:
· Les jardins: historiques, état présent
et projets d'évolution pour le futur.
· Les événements de 1999.
· Spring Plant Fair, (la foire aux plantes de
printemps).
· Le Festival de la Tulipe.
· Summer Flower Festival (fête des
fleurs).
· Summer Plant Fair, (foire aux plantes
été).
· James Sellick: Portrait de l'homme qui a
restauré la bâtisse et les jardins
· Ouvrir son jardin au public en tant qu'activité
professionnelle
· Communiqués et dossiers de presse sur des
aspects plus spécifiques pour la presse technique.
3. L'approche de la presse et des médias se
déroule comme d'habitude, suivant la liste de journalistes
sélectionnés en fonction de leur spécialité et de
leur pertinence.
Equipes de rédaction (journaux, magazines,
télévision, radio):
· Envoi des informations, et lettre
personnalisée.
· Réception des courriers vérifiée
par téléphone.
· Dès que possible, l'agence peut mettre en
relation les journalistes et ses clients pour des interviews. Il est aussi
possible d'organiser des voyages de presse et visites guidées pour les
journalistes.
Equipes chargées des pages d'annonces et programmes
de sorties, visites...:
· L'information est envoyée un mois a l'avance,
par courrier ou télécopie personnalisés.
· Les rédacteurs des guides des sorties
culturelles sont régulièrement contactés par
téléphone jusqu'à la fin du projet.
Services photographiques de presse
L'agence a de très bons contacts avec les services
chargés des photographies de la presse nationale, et entretient
d'excellentes relations avec des photographes en free-lance, travaillant pour
la presse nationale.
· Au début de la campagne l'agence rassemble une
réserve d'images de très bonne qualité, pour être
envoyées à la presse et aux médias.
· L'agence communique aux photographes et services
photographiques tous les détails sur des occasions de photographier,
avec des propositions de séances photo exclusives quand cela est
nécessaire.
· Envois suivis de relances
téléphoniques.
Equipes de télévision
· Les chargés de production des chaînes
publiques (BBC), et les maisons de production indépendantes sont d'abord
contactés, et ensuite les équipes des journaux
télévisés.
Equipes de radio
· Les radios nationales sont régulièrement
contactées.
4. Composition de la liste de médias à
contacter:
· 13 rédacteurs des rubriques de jardinage de
quotidiens et hebdomadaires, plus des journalistes en free-lance.
· 9 magazines spécialisés (The English
Garden, House & Garden, Country Life....)
· Principales radios nationales, particulièrement
BBC Radio 4.
· Emissions de jardinage à la
télévision (Gardeners' World, The Weather Show...)
· Au niveau local, seule la télévision
sera contactée pour couvrir Pashley Manor Gardens.
RODIN IN LEWES
UN PROJET CULTUREL
UNE CAMPAGNE DE PRESSE
PRESENTATION
L'objet central de l'exposition Rodin in Lewes
est Le Baiser (The Kiss), une des sculptures les plus
célèbres d'Auguste Rodin, dont une version en marbre fut
commandée par Edward Perry Warren, habitant de Lewes (East-Sussex), au
début du siècle.
Cette statue est prêtée par la Tate Gallery de
Londres pour une durée de cinq mois, et constitue le point central d'une
exposition de sculptures de Rodin à deux personnages. Les oeuvres
exposées autour du Baiser ont été
prêtées par le Musée Rodin et le Victoria & Albert
Museum, et ont été sélectionnées pour illustrer
à quel point Rodin maîtrisait la sculpture du corps humain, en
particulier dans la représentation de couples, et ce en utilisant
différents matériaux - marbre, bronze, terracotta,
plâtre.
L'exposition se situe dans la mairie de Lewes qui a
été récemment remise à neuf, dans la salle
même ou Le Baiser fut présentée pour la premiere
fois aux habitants de Lewes, en 1914.
Ce projet fut inspiré par la redécouverte de
l'histoire hors du commun de cette version du Baiser, qui se retrouva
dans la ville tranquille et traditionnellement conservatrice de Lewes pendant
presque trente ans, de 1904 à 1933.
John May, écrivain et journaliste résidant
à Lewes et admirateur passionné de Rodin passa plusieurs
années à faire des recherches sur l'histoire du Baiser, et
à essayer d'organiser un projet culturel autour de la statue. Ces
efforts aboutirent à la mise en oeuvre du projet Rodin 2000,
dont l'exposition Rodin in Lewes est l'événement
central.
Le commissaire de l'exposition est Ann Eliott, reconnue en
Grande-Bretagne comme faisant autorité en matière de sculpture du
XXème siècle.
L'exposition a lieu du 5 Juin au 30 octobre, du lundi au
vendredi de 9h30 à 17h30, 15h00 pour les écoles et les groupes
scolaires. Les samedis et dimanches, l'exposition est ouverte de 11h00 à
18h00.
Les tarifs sont les suivants:
3 livres tarif normal (30 francs), 2,5 livres tarif
réduit (25 francs), 2 livres enfants de 5 à 16 ans (20 francs),
gratuit pour les enfants en dessous de 5 ans.
LE BAISER : DE PARIS A LONDRES, EN PASSANT PAR LEWES
Le Baiser représente les amants Paolo et
Francesca de L'Enfer de Dante, la principale source d'inspiration de
Rodin pour la réalisation de son oeuvre monumentale inachevée,
Les Portes de L'Enfer. Le couple apparaît dans les toutes
premières esquisses de cette oeuvre, dans un bas-relief au centre du
battant gauche de la porte. En 1886 Rodin réalisa une statue des amants,
et en 1887 l'Etat français lui commanda une version du groupe en marbre
et de taille supérieure à la taille humaine. Rodin se plaignit de
la difficulté à agrandir une oeuvre conçue sur une plus
petite échelle. Ce n'est qu'en 1898 qu'il exposa au Salon de la
Société Nationale la statue dans sa forme finale, aux
côtés d'une de ses oeuvres les plus controversées, la
statue géante de Balzac.
C'est à ce Salon que le peintre William Rothenstein vit
la statue et pensa que sa «sexualité païenne» plairait
à son ami E.P Warren.
Riche américain originaire de Boston, E.P Warren
s'était récemment installé avec son partenaire John
Marshall à Lewes, dans une superbe bâtisse de style
Géorgien. Ils étaient tous deux de fervents collectionneurs
d'art, en particulier d'art antique, et enrichirent de pièces majeures
les collections d'art antique du Boston Fine Arts Museum, du New York
Metropolitan Museum et du Leipzig Museum. Parmi les oeuvres antiques qu'ils
avaient acquises se trouvaient un buste de Chios, considérée
comme une des sculptures grecques antiques les plus harmonieuses que l'on
possède, un buste d'Aphrodite, une buste en bronze de
l'impératrice romaine Livia, et un torse d'Hermès.
Le tandem Warren/Marshall était à l'origine
d'une «confrérie» d'esthètes amoureux des arts, dont le
cercle d'amis était rapidement élargi et comprenait les peintres
William Rothenstein, John Fothergill et Roger Fry. Fothergill et Rothenstein
avaient convaincu Warren de financer la Carfax Gallery de Londres, ou
étaient exposées des oeuvres d'artistes contemporains - Walter
Sickert, Augustus John, William Orpen, Auguste Rodin.
Rothenstein parla donc du Baiser à Warren qui
rendit visite à Rodin à l'automne 1900, et lui commanda une
nouvelle version de la statue pour un prix de £ 1000.
Les détails du contrat ont été
retrouvés. La statue devrait être exécutée dans le
marbre le plus fin possible, et le sexe de l'homme devrait être
distinctement représenté (dans d'autres versions il était
soit omis soit indistinct), et le tout devrait être livre dans les 18
mois. Pendant que Rodin travaillait sur Le Baiser dans son studio de
Montparnasse, Marshall lui rendit plusieurs fois visite, lui commanda d'autres
sculptures - dont un buste du politicien et aventurier Henri Rochefort, et une
copie du premier chef-d'oeuvre de Rodin, L'Homme au Nez Cassé -
; et le persuada de venir à Lewes en 1903 en signe d'amitié. A
cette époque Rodin était le plus célèbre artiste
alors en vie.
La version du Baiser commandée par Marshall
arriva à Lewes en 1904. Deux autres version similaires en marbre furent
exécutées, toujours selon l'original commandé par
l'état français. La première, réalisée
à la même époque que la commande de Marshall, se trouve au
Carlsberg Glypotek de Copenhague, et fut commandée en 1902 par Carol
Jacobsen, le fondateur de ce musée. La seconde version se trouve au
Rodin Museum de Chicago et fut sculptée par H.Greber en 1929,
après la mort de Rodin. En effet Rodin avait de nombreux assistants
autour de lui, qui la plupart du temps sculptaient les oeuvres d'après
le modèle original créé par Rodin, ce qui faisait du
studio Rodin un lieu de production intensive. Durant les 20 dernières
années de la vie du sculpteur, 329 exemplaires du Baiser en
bronze, en quatre taille différentes, furent mis sur le
marché.
Bien que les différentes versions en marbre du
Baiser aient été sculptées par des assistants, selon
la pratique de l'époque, on soutient que Rodin lui-même acheva la
version vendue à E.P Warren.
En 1914 Warren prêta la statue à la mairie de
Lewes pour qu'elle soit exposée publiquement. Peu après son
installation, les fervents puritains locaux lancèrent une campagne pour
que l'on recouvre la statue d'un voile qui la déroberait aux yeux du
public. Leur argument était que, en ces temps de guerre, la vue d'une
statue à l'érotisme si exacerbé était
déconseillée aux jeunes soldats en garnison dans la mairie.
En 1917 on retourna la statue chez Warren, et la elle fut
entreposée dans une écurie où elle resta jusqu'à la
mort de Warren en 1929. La statue fut alors mise aux enchères, mais ne
réussit pas à atteindre son prix de réserve, la cote de
Rodin ayant quelque peu chutée. Elle fut donc replacée dans
l'écurie.
Quelques années plus tard, la statue fut offerte par H.
Asa Thomas, l'exécuteur testamentaire de Warren, à n'importe quel
musée qui paierait le coût du transport et l'assurance. L'offre
fut acceptée par la Cheltenham Art Gallery en 1933, et la statue y resta
pendant six ans, avant être prêtée à la Tate Gallery
de Londres peu avant la seconde guerre mondiale.
En 1952 John Rothenstein, directeur de la Tate Gallery et
fils de William, qui était à l'origine du marché entre
Rodin et Warren, lança un appel public pour l'acquisition de la statue
pour la nation. Même à cette époque, la statue était
encore considérée par certains comme choquante, subversive.
A présent Le Baiser est retourné
à Lewes, son premier lieu de résidence, et ce pour une
durée de cinq mois, entourée de 13 autres oeuvres de Rodin sur le
thème des personnages entrelacés. Lewes ne rejette plus la statue
et au contraire se flatte de l'accueillir. La salle d'honneur de la mairie
(Town Hall), de style Victorien, a été spécialement
rénovée pour servir de lieu d'exposition.
Rodin à Lewes : au-delà de
l'exposition
· Les sculptures de Rodin sont exposées dans la
salle d'honneur (`Assembly Room') de la mairie. Dans une salle adjacente seront
exposées des photographies de Lewes des années 1890 aux
années 1940, prises par Edward et Benjamin Reeves. Les photographies,
faites à partir des négatifs originaux (des plaques de verre),
montrent la ville de Lewes, les alentours et des personnages connus à
l'époque de l'arrivée du Baiser. La famille Reeves est
supposée détenir la plus ancienne boutique de photographies de la
région (établie en 1854), et Edward et Benjamin Reeves sont
l'arrière grand-père et le grand-père de l'actuel
propriétaire.
· Pendant l'exposition le District Council de Lewes
(Conseil Général) organise un programme de résidence pour
artistes dans l'écurie où était entreposé Le
Baiser, transformée pour l'occasion en atelier permanent.
A la suite de l'exposition, le Council envisage de
reconvertir Thebes (nom de l'écurie susnommée) en lieu
d'exposition permanent, dédié au grand collectionneur que fut
Warren, et à la présentation de sculptures antiques et modernes.
· Un colloque international, Rodin in Britain,
aura lieu à l'Université du Sussex le 6 et 7 septembre.
L'objectif du colloque est d'étudier les rapports entre Rodin et la
Grande-Bretagne, son influence sur les étudiants d'Art anglais et la
sculpture anglaise, et ses liens avec le groupe d'Edward Perry Warren. Il y
aura entre autres des intervenants du Musée Rodin de Paris, de la
Fondation Henry Moore de Leeds, de l'université de Glasgow...
Le colloque est organisé par le Centre de Recherche en
Histoire de l'Art du Sussex (Sussex Centre for Research in History of Art), qui
fait partie de l'Université du Sussex.
· Un programme éducatif forme une part importante
du projet. Pendant toute la durée de l'exposition, il est prévu
d'organiser des ateliers pour les professeurs qui veulent amener des groupes
d'enfants à l'exposition et pour les artistes qui travaillent avec les
écoles (dans le cadre des formations artistiques). Les ateliers,
organises en séance d'un heure et demie, consisteront en:
· Une introduction et une visite des expositions par le
commissaire ou un guide qualifié.
· Une explication des liens historique entre Rodin et
Lewes faite par John May.
· Une étude du rôle de Reeves Photographs
dans l'histoire culturelle locale.
· Une présentation d'un dossier
pédagogique sur l'exposition, et de son utilisation.
· Une conversation avec l'artiste en résidence
à Thebes.
· Une pièce de théâtre
intitulée Le Baiser sera représentée aux mois de
Juin et Juillet dans une salle spécialement aménagée de la
mairie de Lewes. La pièce, écrite d'après une oeuvre de
John Burrows et mise en scène par Mark Brewer, raconte l'histoire de la
sculpture de Rodin lorsqu'elle était exposée dans la mairie de
Lewes pendant la premiere guerre mondiale.
Rodin in Lewes apparaît donc d'une part comme
un projet culturel de grande ampleur qui permet à la ville de Lewes,
à l'histoire et au capital culturels riches, d'affirmer son importance
sur les scènes culturelles britannique et européenne, et d'autre
part comme un projet de décentralisation culturelle réussi, qui
attire un public nombreux depuis Londres - centre culturel établi et
centralisateur- jusqu'en province, ce qui contribue au dynamisme local.
RODIN 2000 ET RODIN IN LEWES
DE LA CONCEPTION A LA REALISATION D'UN PROJET
CULTUREL
PREMIERE PHASE: DE LA DECOUVERTE D'UNE HISTOIRE A LA
CONCEPTION D'UN PROJET.
Au début des années 90, John May, journaliste et
écrivain habitant à Lewes, commença à faire des
recherches sur Le Baiser, après avoir découvert que
cette célèbre statue de Rodin aurait appartenu à un
habitant de Lewes, et serait restée dans la ville pendant longtemps.
Au début de ses recherches, la première
idée de John était de transformer Lewes House, l'ancien lieu de
residence du Baiser, en un centre culturel et historique, sans envisager de
faire revenir Le Baiser à Lewes. Il se trouve que l'ancienne
propriété de Warren appartient au District Council,
équivalent du Conseil Général pour Lewes et ses
environs.
Le président (Chief Executive) du District Council,
John Crawford, fut tout de suite intéressé par l'histoire de la
statue, et accepta en 1992 de prêter une salle de Lewes House pour
l'organisation d'une mini-exposition d'anciennes coupures de journaux et autres
archives relatant la venue du Baiser à Lewes et les
événements qui suivirent. La raison de cette exposition
était le lancement de presse du livre de David Sox qui raconte
l'histoire de Lewes House, de Warren, de son partenaire et de leur passion pour
l'art ; livre intitulé "Bachelors of the Art". C'est John May qui
arrangea ce lancement après avoir entendu parler du livre, et il invita
pour l'occasion les descendants des gens qui avaient habité à
Lewes House.
A cette époque la ville de Lewes commença donc
à redécouvrir que Le Baiser avait séjourné
à Lewes et appartenu à de riches mécènes, et des
personnes furent même légèrement choqués par
certains détails de l'histoire d'après John May. Néanmoins
John commençait à réunir de plus en plus d'information sur
la présence du Baiser à Lewes, et la ville
elle-même commençait à (re)découvrir cette
histoire.
Grâce à l'appui renouvelé de John Crawford
auprès du District Council, il fut possible pendant l'été
1994 d'organiser à Lewes House une exposition de travaux
étudiants en art du College (lycée) de Lewes et de sculpteurs
locaux, inspirés par la sculpture d'Auguste Rodin, dans une salle de
réunion du Council non-utilisée à cette période de
l'année. Cela fut un succès médiatique, surtout dans la
presse éducative et la télévision locale, et John May
écrivit un article dans le supplément couleur de l'édition
du Samedi du Telegraph, un quotidien national à gros tirage - le
lectorat est estimé à trois millions. Cette couverture
médiatique confirma l'intérêt que l'histoire pouvait
présenter à un niveau national, et par la même encouragea
le District Council à supporter John May. Les premiers
événements organisés à Lewes House, au budget peu
important, avaient étaient financés par le District Council, dans
le cadre de son programme d'action artistique et culturelle (Arts Program).
Depuis le début John May et John Crawford avaient
l'intention d'organiser un projet culturel sur Rodin, et sur son rapport avec
Lewes, incarné par Le Baiser, et après avoir
préparé le terrain, il leur fallait à présent
définir ce projet d'une part, et rassembler l'argent nécessaire
à sa réalisation d'autre part. Dans le cadre des
festivités du millénaire, un fonds special a été
rassemblé au niveau national par l'Arts Council of England grâce
à une loterie spéciale, le Millenium Lottery Fund, pour
subventionner des projets culturels sur l'ensemble du territoire. John Crawford
pensa qu'il faudrait solliciter une aide financière pour une
célébration du millénaire à Lewes. Afin de
présenter un projet susceptible d'obtenir une subvention du
Millenium Lottery Fund, John May eu idée de Lewes Town of
Sculpture (ville de la sculpture), inspirée par la disposition
géographique de la ville, étalée sur une colline en haut
de laquelle se trouve un château médiéval, qui semble une
sculpture, et entourée d'autres collines (appelées les Sussex
Downs). De plus beaucoup d'artistes résident à Lewes, et la ville
est réputée pour son architecture et en particulier la
qualité du travail de la pierre.
Bien que le projet de John May n'ait pas été
retenu par le Millenium Lottery Fund , l'idée enthousiasma les
organisateurs du festival d'arts annuel de Lewes, "Artwave",
subventionné presque en totalité par le District Council ;
et ils décidèrent pour l'édition 1994 d'orienter le
festival sur la sculpture. Ils organisèrent une randonnée des
sculptures (Sculpture Trail), c'est-à-dire une randonnée
autour de quinze sculptures disposées dans la campagne. Le District
Council, à l'occasion du festival, commanda à un sculpteur local,
John Skelton, un bas relief portant l'inscription Rodin 2000, qui fut
apposé à l'entrée de l'écurie de Lewes House
où Le Baiser avait été entreposé si
longtemps. Tout cela ajouta de la publicité autour de Lewes et de
l'histoire du Baiser, et l'idée d'un projet Rodin 2000
commençait à prendre forme.
A ce stade, peu de personnes étaient impliquées
dans le projet: John May, John Crawford, et la responsable des archives du
District Council, dont les recherches aidaient grandement le travail de John
May.
C'est à ce moment qu'ils eurent idée de ramener
Le Baiser à Lewes, inspirés par le projet Lewes Town
of Sculpture, et John May décida de contacter la Tate Gallery. Il
entra en relation avec Sandy Nairne, le vice-président de la Tate
Gallery, en charge notamment des activités décentralisées
comme les Tate Galleries de St Ives en Cornouailles, ou de Liverpool.
L'idée de ramener Le Baiser à Lewes intéressa
Sandy Nairne. Il soumit à John May une liste des exigences
particulières qu'un tel projet impliquait, par exemple les aspects
pratiques comme le transport, les assurances, la sécurité. John
May réalisa qu'il aurait besoin de trouver beaucoup d'appui pour mettre
en oeuvre le projet comme il le souhaitait.
Il décida alors de contacter la Fondation Henry Moore,
qui est une des plus importantes fondations de sculpture du monde, et mit la
Fondation au courant de son projet. Les membres de la Fondation
décidèrent de participer à cette aventure, et leur
expertise et expérience des divers aspects d'une exposition de
sculpture, en particulier la mise en place et la conservation des oeuvres,
furent des atouts capitaux pour gérer les aspects pratiques du projet.
La Fondation décida en outre d'accorder à l'exposition une aide
financière, qui ne serait versée qu'une fois la mise en oeuvre de
l'exposition commencée.
A cette même période, par l'intermédiaire
de la personne chargée du programme culturel du District Council, John
May fut introduit à Ann Elliot, qui allait devenir la commissaire de
l'exposition Rodin in Lewes. Depuis plus de 30 ans Ann organise des
expositions dans plusieurs pays, et est considérée par les
professionnels de la culture en Grande-Bretagne comme une experte en sculpture
du XXème siècle. John fit en même temps la connaissance de
Lianne Jarrett, qui entretient de nombreux contacts dans la presse artistique
et a elle-même travaillé pour des musées et mis en oeuvre
des expositions. Lianne deviendrait l'attachée de presse de
l'exposition.
Bien que la Tate Gallery semble d'accord pour prêter
Le Baiser à la ville de Lewes, elle souhaitait que cela se
fasse à l'occasion d'une exposition assez importante autour de la
statue. John May, dont la passion pour Rodin est à l'origine du projet,
décida de rassembler d'autres sculptures de Rodin autour du
Baiser. Il prit contact avec le musée Victoria & Albert de
Londres qui détient quelques sculptures de Rodin. Le musée
accepta de prêter des oeuvres pour les exposer à Lewes sans trop
de problème, du moment que les conditions requises par la Tate Gallery
pour la mise en oeuvre de l'exposition étaient remplies. Le Musée
Rodin de Paris était évidemment l'autre institution à
solliciter pour cette exposition. Le Musée Rodin fut plus difficile
à convaincre, car il était un peu réticent à
prêter des oeuvres pour une exposition dans une ville de province en
Angleterre qu'il ne connaissait pas et pour laquelle il avait peu
d'intérêt. La liaison avec le Musée Rodin fut grandement
facilitée grâce à l'action de Catherine Ferbos Nabov, une
amie de Ann Elliot travaillant au British Council de Paris et parlant
couramment le Français. John May dut aller à Paris à sept
reprises, parfois accompagné de Ann Elliot, pour entamer une
conversation avec la direction du Musée sur un éventuel
prêt d'oeuvres. La démarche restant officieuse à ce stade
du projet, les frais de déplacement ou autres restaient à la
charge de John ou Ann, qui heureusement ont des amis qui sont installés
à Paris.
Donc à cette époque, en 1996, le projet se
dessinait de plus en plus, et de plus en plus de gens y prenaient part,
apportant leur aide et leur compétence.
Dr Tom Flynn, maître de conférences à
l'Université du Sussex et spécialiste d'Henry Moore, entendit
parler du projet Rodin 2000 par la Fondation, et eut l'idée
d'organiser le colloque Rodin in Britain qui a lieu au mois de
Septembre 1999. Les recherches qu'il a menées sur le rapport entre la
sculpture et le corps furent des sources d'information et d'inspiration pour
John May, qui lui permirent de définir plus précisément le
thème sous-jacent à l'exposition (Rodin et la sculpture des
couples entrelacés) et le choix des oeuvres exposées.
A ce stade John May restait l'ingénieur principal du
projet, et rendait compte de la progression de son travail au District Council
régulièrement. D'autre part plusieurs personnes acceptaient
bénévolement de le conseiller et de l'aider.
En Décembre 1997 la Tate Gallery donna son accord
officiel au prêt du Baiser pour une exposition à Lewes,
et Lianne Jarrett eu l'idée de contacter les médias à
cette occasion. Le prêt de la statue fut mentionné au journal
télévisé de la chaîne publique BBC, ce qui
représente une très bonne première publicité pour
le projet.
A ce stade de son développement, le projet acquit une
nouvelle dimension dans la redécouverte du futur lieu d'exposition. John
May et son "équipe" avaient l'intention de situer l'exposition dans la
mairie de Lewes (Town Hall), car c'est dans cet endroit que la statue avait
était révélée aux habitants de Lewes, et ce
bâtiment à l'architecture exceptionnelle est un lieu parfait pour
une exposition d'art. Assez étrangement le Town Hall n'appartenait plus
au Town Council (Conseil Municipal), mais avait été
racheté par le District Council dix ans auparavant. C'est-à-dire
que le District Council louait le Town Hall au Town Council.
A cause de cette situation assez particulière, de
nouvelles difficultés surgirent, car le District et le Town Councils
sont deux structures indépendantes, qui à ce moment là ne
semblaient pas enclines à coopérer. De plus, pour que
l'exposition ait lieu, il fallait l'accord préalable de la National
Museums and Galleries Commission, (une commission indépendante
émanant de l'Arts Council, à peu près équivalente
à la Direction des Musées de France), sur le respect des normes
de sécurité et sur les conditions générales
d'exposition. La commission, qui vint à Lewes pour inspecter le lieu
d'exposition, put constater que la salle du Town Hall ou l'exposition devait
avoir lieu (Assembly Room) était en mauvais état et
nécessitait une rénovation, ce qui était créait un
problème structurel et financier qui semblait compromettre
l'exposition.
Malgré l'amorce d'annonce publique de l'exposition et
une première couverture médiatique encourageante sur le retour du
Baiser à Lewes, la pression semblait de plus en plus forte en 1998,
presque un an avant l'inauguration, prévue pour Juin 1999. Il fallait
à présent mettre en oeuvre l'exposition de façon
concrète, et jamais un événement culturel de cette ampleur
et de ce coût n'avait été réalisé à
Lewes.
Finalement, le District Council décida de céder
le Town Hall au Town Council, ce qui rapprocha les deux autorités et
amena un nouveau partenaire au projet. Mais cela n'arrangeait pas les choses:
le Town Council n'avait aucune expérience en matière de projet
culturel, et se contenta au début de donner un peu d'argent à
John May pour qu'il puisse intensifier la mise en oeuvre du projet,. Ce stade
du projet était d'après John May très difficile, car bien
qu'il reçoive beaucoup d'appui et d'encouragement, de nombreuses
personnes semblaient ne plus y croire. Un autre problème était
que soudainement le District Council dut réduire le budget de son
programme culturel (Arts Program), et dut arrêter de financer le travail
de John May pour l'instant. Cela confirma l'idée de John May que le
District Council à lui tout seul ne pourrait financer entièrement
la réalisation de son projet.
A ce moment il apparaissait indispensable d'organiser une
structure capable d'entreprendre la mise en oeuvre de l'exposition, de
rassembler les fonds nécessaires à sa réalisation, et qui
agirait en collaboration avec le District et le Town Councils.
Paul Myles, un habitant de Lewes et directeur de PM
Trading, une entreprise de construction spécialisée dans les
structures en métal, avait été contacté à
l'origine pour renforcer les sols de l'Assembly Room qui devraient supporter le
poids du Baiser - plus de 3 tonnes - et superviser les autres travaux de
rénovation du lieu d'exposition. Vu son expérience d'homme
d'affaire et de chef d'entreprise, combinée à un authentique
intérêt dans les arts, John May lui proposa alors de former une
organisation chargée de mettre en oeuvre le projet et d'en trouver le
financement, en collaboration avec les autorités locales.
DEUXIEME PHASE: SCULPTURE CO ET LA MISE EN OEUVRE DU
PROJET
SculptureCo fut formée en l'espace de deux
semaines, au mois d'Août 1998. Son rôle était de mener
à bien la réalisation du projet, et de s'autodissoudre une fois
son but accompli.
Il s'agit d'une structure au statut de Limited
Company by guarantee, ce qui signifie que les directeurs de la
compagnie sont tenus responsables jusqu'à une certaine limite. Par
exemple le District Council a accepté, peu avant le début de
l'exposition, de se porter garant du projet en ce qui concerne la
sécurité et les assurances.
Paul Myles et John May ont sollicité trois de leurs
connaissances pour co-diriger SculptureCo avec eux, et ils ont tous
ensemble signé un contrat pour officialiser leur association. David
Tetley est architecte et a entres autres supervisé la
redécoration de la salle d'exposition. Lucy Darwall-Smith travaille pour
une importante agence de relations publiques de Londres, et a efficacement
cherché et contacté des sponsors et mécènes
potentiels. Daniel Baw-Richardson est directeur d'une banque et s'est occupe de
gérer le budget du projet.
SculptureCo a travaillé en collaboration avec
le District et le Town Councils pour la mise en oeuvre du projet, et cette
collaboration publique/privée a donné lieu à un
partenariat dynamique.
La dernière grande phase du projet a été
dominée par la recherche du financement. SculptureCo s'est
occupée de trouver des sponsors privés, qui seraient le plus
susceptibles de financer le projet. Le District et le Town Councils, avec
l'aide du East Sussex County Council (Conseil régional) se sont
occupés de demander une aide financière de l'Union
Européenne dans le cadre du programme d'échange et de
coopération transfrontalière INTERREG II (voir en Annexe). La
ville de Lewes a ainsi consolidé ses relations avec la ville de
Dieppe.
Avec l'aide de Catherine Ferbos Nabov du British Council de
Paris, il a fallu convaincre le Musée Rodin de prêter des
sculptures pour l'exposition. Après avoir obtenu le consentement du
Musée, Sculpture Co a dû traiter avec la Direction des
Musées de France pour obtenir l'accord de sortir les sculptures du
territoire. Des employés de la Direction des Musées sont venus
jusqu'à Lewes pour discuter de cela, et ont finalement permis que des
sculptures du Musée Rodin soient exposées à Lewes autour
du Baiser. L'exposition n'aurait pu avoir lieu sans le prêt du
Musée Rodin, car sur treize oeuvres exposées autour du
Baiser, neuf sont issues des collections du Musée.
Dans le même temps SculptureCo a mis en place
un structure appelée "Steering Group". Il s'agit d'une sorte
d'assemblée chargée de contrôler le déroulement du
projet, composée d'élus locaux (conseillers municipaux et
généraux), du président de la chambre de commerce, et des
représentants des différents groupes professionnels
présents à Lewes. Chaque mois SculptureCo devait rendre
compte de l'évolution du projet à ce «Steering Group»,
qui lui-même ensuite faisait un rapport devant le Town et le District
Councils, les deux partenaires de SculptureCo dans la mise en oeuvre
du projet. Cette structure facilite la communication entre SculptureCo
et l'ensemble des membres des deux Councils, et permet d'autre part
à la population locale de se sentir plus directement impliquée
dans le projet culturel. La création de ce «Steering Group»
confirme que Rodin 2000 est un projet culturel lié au
développement local. Progressivement des projets parallèles ont
été mis en oeuvre autour de l'exposition, impliquant de plus en
plus de gens.
Le programme éducatif issu du projet a
été développé par un groupe spécialement
formé à cet effet, composé d'anciens enseignants, de
responsables éducatifs des pouvoirs locaux, et du service
éducatif (Education Department) de l'East Sussex County Council (conseil
régional).
Deux semaines avant l'inauguration de l'exposition,
SculptureCo a pris la décision d'employer une équipe de
trois personnes qui sont chargées de la maintenance administrative et
commerciale de l'exposition pendant sa durée. La
rémunération de cette équipe de management fait partie du
budget général de l'exposition.
FINANCEMENT ET SPONSORS DU PROJET
Le budget général de l'exposition
organisée à l'occasion du retour du Baiser à
Lewes, et des événements - culturels, éducatifs,
artistiques - organisés parallèlement, est estimé à
2,5 millions de francs, (250 000 livres).
40 % de cet argent provient du financement privé
(mécénat, sponsors), et 60 % d'un financement public (East Sussex
County Council et Union Européenne).
C'est en mars 1999 que SculptureCo a finalement
réuni tous les fonds nécessaires à la mise en oeuvre du
projet.
Le District Council a été le tout premier
support financier du projet, sous la forme de
« mini-subventions », accordées de façon
irrégulière, qui permirent à John May de poursuivre sa
double recherche d'idées et de contacts. Peu à peu le District
Council s'est engagé en tant que participant actif du projet,
bientôt rejoint par le Town Council.
Beaucoup de sponsors privés du projet sont basés
à Lewes, et certains ont même un rapport direct avec l'histoire du
Baiser. Ce sont non seulement les autorités locales mais aussi
la population de Lewes qui ont contribué à la mise en oeuvre du
projet.
Les sources de financement qui ont permis cette mise en oeuvre
sont les suivantes:
· Le transport des sculptures a été
gracieusement assuré par Lockson's, une
entreprise familiale basée à Londres et à New York,
spécialisée dans le transport international d'oeuvres d'art et
d'antiquités depuis plusieurs générations. Depuis plus de
10 ans Lockson's utilise une image du Baiser sur sa documentation
promotionnelle, et l'entreprise a été tout de suite
intéressée pour aider à la mise en oeuvre de Rodin in
Lewes. En plus du transport gratuit, Lockson's a offert une
généreuse somme d'argent pour l'organisation
générale du projet.
· Rowland Gorringes est une
autre entreprise familiale, basée à Lewes, qui propose des
services de commissaire-priseur et d'agent immobilier depuis 1920. Rowland
Gorringes s'est occupé de la mise aux enchères du Baiser en
1929, quand la statue n'atteignit pas son prix de réserve.
· Lloyds TSB Independent Financial
Advisers (groupe de conseillers financiers indépendants)
fait partie d'un des plus important groupe de services bancaires et financiers
du monde. Le Lloyds TSB Group a pour habitude de sponsoriser les arts,
et a été heureux de soutenir Rodin in Lewes,
étant lui même basé dans la région du Sussex.
· Le compagnie ferroviaire
Connex a financé des centaines
d'affiches de l'exposition qui seront disposées dans les gares du sud et
sud-est de l'Angleterre, avec pour objectif d'orienter le public vers Lewes.
· Le projet a été soutenu par
Adents & Remets, un cabinet d'avocats et
conseillers juridiques basé à Lewes, à qui l'on avait fait
appel en 1917 lors de la polémique autour du retrait du Baiser
de la mairie de Lewes.
· W.E. Clark and Son sont des
bijoutiers installés à Lewes depuis 180 ans. Pour la petite
histoire, un ancêtre des propriétaires actuels est
mentionné dans le testament de Miss Fowler-Tutt, l'institutrice et
gardienne des valeurs morales qui fut l'instigatrice du retrait du
Baiser de la mairie de Lewes en 1917.
· Le service de restauration mis en place pour
l'exposition a été confié à la
compagnie Elephant Events, qui a d'autre part
sponsorisé Rodin in Lewes.
· Design Initiative Ltd est une
entreprise spécialisée dans la conception graphique et la
manufacture de balances. Ils ont fourni à la Tate Gallery le
matériel nécessaire pour peser Le Baiser - ce qui a
donné un résultat de 3.18 tonnes - et ont décidé
d'accorder à l'exposition une aide financière...qui fait le
poids.
· Hoverspeed est la
compagnie qui a rétabli la ligne maritime entre Newhaven (ville voisine
de Lewes) et Dieppe au mois d'avril 1999. Leur support financier de
l'exposition renforce les forts liens qui unissent Dieppe et Lewes.
· Sappi Fine Paper plc est
l'entreprise internationale de production de papier qui racheta, aux
Etats-Unis, S.D. Warren Company -qui était à l'origine de la
fortune d'Edward Warren. Sappi Fine Paper a fourni tout le papier
nécessaire aux publications de l'exposition: affiches, brochures,
invitations, catalogues.
· Le site internet du projet, où l'on trouve de
nombreuses informations sur l'exposition, est financé par
Pavilion Internet plc, et conçu et
réalisé par Dot New Media.
· Rodin2000 a été largement
supporté par l'East Sussex County Council (sorte
d'équivalent du Conseil régional). Le Council a financé
une partie de la mise en oeuvre de l'exposition, a aidé au marketing
général du projet, et en a sponsorisé les activités
éducatives par l'intermédiaire de son service éducatif
(Education Department). L'aide financière accordée par le County
Council s'élève à 100 000 francs (10 000 livres).
L'East Sussex County Council a d'autre part collaboré au projet en se
joignant aux autorités locales (District and Town Councils) lors de la
demande d'une subvention européenne INTERREG II.
· Les villes de Lewes et Dieppe, associées aux
régions East Sussex et Haute-Normandie, ont sollicité ensemble
une aide européenne sous la forme INTERREG II-FEDER
(Fonds Européen pour le Développement Economique
et Rural).
· Les fonds accordés ont permis de financer
à la fois Rodin in Lewes et l'exposition Lucien Pissarro et
le Post-Impressionisme britannique, qui a lieu au Musée du
Château de Dieppe. Ce financement est destiné à encourager
et renforcer les échanges culturels dans la région
frontalière Rive Manche.
· L'aide de la Fondation Henry Moore a
été très utile, pour la conception et l'organisation de
l'exposition. La Fondation a aussi accordé une aide financière de
100.000 francs (10.000 livres), et a d'autre part souscrit l'assurance
du colloque Rodin in Britain qui a lieu à l'Université
du Sussex début Septembre 1999.
· Le rôle du British Council est
d'encourager la coopération culturelle, scientifique, technologique et
éducative entre la Grande-Bretagne et d'autres pays.
· Le British Council de Paris, en la
personne de Catherine Ferbos Nakov, a efficacement conseillé
Sculpture Co tout au long du projet. Le British Council a aussi
financé, lors de la mise en oeuvre du projet, les déplacements
entre la France et l'Angleterre d'employés de la Direction des
Musées de France, de conservateurs du Musée Rodin, et des membres
français qui assistent au colloque Rodin in Britain.
· Rodin 2000 a en outre été
financé par M. et Mme. Charles Gave et Mr Mrs Andrew
Stewart-Roberts, respectivement les descendants de Rodin et de
Warren.
Les différents projets organisés autour du
retour du Baiser à Lewes prouvent que la culture, en
encourageant la créativité et les échanges d'idées,
est un élément important du dynamisme d'une ville, d'une
région.
Rodin 2000 a mobilisé la population locale -
le «Steering Group», les sponsors,etc... - et a permis de diffuser
une image positive de la ville à l'échelle nationale voire
internationale.
C'est la première fois qu'un projet culturel de cette
ampleur - la première exposition sur Rodin de cette importance en
Angleterre depuis 1986 - est organisé à Lewes et dans l' East
Sussex, et la vie culturelle de Lewes et de ses environs s'en est
trouvée revitalisée. Par exemple le projet concernant la
reconversion de Lewes House en centre culturel et artistique, qui
bénéficiera à la population locale sur le long terme, est
une conséquence directe du projet Rodin 2000.
Le fait que les pouvoirs publics locaux - District and Town
Councils - se soient pour la première fois engagés dans un projet
culturel directement en tant qu'ingénieurs du projet est une
étape importante et significative de la politique culturelle locale.
La réalisation de ce projet est aussi un exemple
réussi de décentralisation culturelle, en premier lieu par le
prêt d'oeuvre qu'un musée national de premier plan - la Tate
Galerie - a accordé pour une exposition hors d'un centre culturel
à la renommée établie.
La dimension interculturelle de Rodin 2000 est un autre aspect
qui m'a intéressé, d'autant plus que mon travail fait en
Angleterre était destine à mes professeurs français, dans
le cadre d'un échange Erasmus. Rodin 2000 est un projet basé sur
une relation interculturelle anglo-française, en particulier pour le
prêt d'oeuvres du Musée Rodin, et la coopération entre
Lewes et Dieppe, et les régions Rive-Manche et East Sussex. Cette
combinaison des dimensions locales et européennes font de Rodin
2000 un projet culturel créatif et dynamique.
LA CAMPAGNE DE PRESSE DE RODIN IN LEWES
La campagne de presse est un aspect important d'un projet
culturel tel que l'exposition Rodin in Lewes.
La culture a constamment besoin de trouver des sponsors
privés et mécènes, et cela est particulièrement
vrai en Angleterre où le financement public de la culture est quasi
inexistant.
Une bonne couverture médiatique va amener plus de
public, et donc plus de revenus. Plus un projet culturel sera rentable - ou
moins il suscitera de pertes financières -, plus les sponsors et
mécènes de ce projet seront enclins à renouveler
l'expérience.
Mis à part ces conditions purement financières,
de nombreux sponsors et mécènes, qu'ils soient publics ou
privés, acceptent de soutenir la culture pour des raisons de prestige,
d'image et de publicité personnelle auprès du public. C'est une
autre raison pour laquelle la garantie d'une bonne couverture médiatique
peut être un moyen d'encourager le financement des projets culturels.
Dans le cas de Rodin in Lewes, le financement du
projet est en partie d'origine publique, et de plus les pouvoirs publics -
Town, District and County Councils - ont été très
impliqués dans la réalisation du projet. Une campagne
médiatique réussie, augmentant le succès de l'exposition,
diffusera une image positive des pouvoirs publics, ce qui les encouragera
à soutenir d'autres projets culturels.
L'opération culturelle Rodin2000 est
présentée comme le point de départ d'une nouvelle vie
culturelle pour Lewes et sa région, mais cela aurait été
difficilement possible en cas de succès médiatique
médiocre de l'événement central du projet, l'exposition
Rodin in Lewes.
Le contact avec la presse et les médias
Afin que la campagne de presse soit le plus efficace possible,
le service chargé de sa mise en oeuvre doit avoir une approche
ciblée pour chaque secteur de diffusion de l'information auprès
du public.
· Les équipes rédactionnelles
La première approche consiste à envoyer des
courriers personnalisés, contenant les informations nécessaires,
sous la forme de communiqués et dossiers de presse. A la suite de cela
on procède à la relance téléphonique au cours de
laquelle, après s'être assuré que le courrier ou la
télécopie a bien été reçu, il est possible
de fournir des informations plus précises, et surtout de mettre en
contact les journalistes et les responsables principaux de Rodin in
Lewes.
Il est aussi possible d'organiser des visites pour la presse
(qu'il s'agisse d'un seul journaliste ou de plusieurs), et des
conférences de presse ayant une retombée médiatique de
grande envergure.
· La couverture photographique de
l'exposition
Au début de la campagne il faut rassembler des
photographies, diapositives, et ektachromes -du Baiser et des autres
sculptures exposées, mais aussi de Rodin, de Marshall et son
partenaire...- , de la meilleure qualité possible, et en faire faire de
nombreuses copies, pour pouvoir en envoyer aux journalistes qui les
demandent.
Apres avoir liste une sélection des photographes et des
services photographiques de la presse nationale les plus susceptibles de
couvrir l'événement, il faut les informer par un
communiqué de chaque opportunité de photographier
l'évènement, et leur proposer des séances-photo exclusives
quand cela se révèle utile. L'envoi de communiqués par
télécopie est comme toujours suivi d'une relance
téléphonique, pour s'assurer que l'information a bien
été reçue.
· Equipes rédactionnelles des pages de guides
et programmes de sorties, visites...
L'information est envoyée par courrier ou
télécopie personnalisés au moins un mois à
l'avance, pour que les lecteurs soit avertis de l'événement assez
tôt.
Toutes les équipes reçoivent de la documentation
visuelle sur l'exposition, sous la forme de photographies ou diapositives. Un
événement, cité dans les programmes des visites et
sorties, et dont l'image est mise en page, attire plus l'attention que s'il est
simplement listé.
Les rédacteurs en chef sont régulièrement
joints par téléphone pendant toute la durée de
l'exposition.
· Télévision
Dans un premier temps il faut contacter les services
chargés de production des chaînes publiques (BBC commisionning
editors), et les maisons de production indépendantes, et leur
assurer une aide maximum tout au long de la campagne de presse, leur faciliter
le travail, au cas où ils seraient intéressés pour faire
un reportage ayant rapport à l'exposition.
Dans un deuxième temps il faut contacter les services
de rédaction des programmes d'information
«générale», les journaux
télévisés.
· Radio
On contacte en premier lieu les émissions susceptibles
de traiter de l'exposition et/ou de l'histoire de la statue (portant sur l'art,
le tourisme, etc...).
Ensuite sont contactés les émissions de
débat, discussions, pour leur proposer des interviews des principaux
acteurs du projet.
Calendrier de la campagne de presse
· Décembre 98
Rédaction du dossier de presse de l'exposition, qui
sera envoyé à la presse et aux médias. Pour cela il faut
se documenter sur l'exposition et son contexte, et se procurer le plus de
renseignements possibles auprès de SculptureCo.
Commencer à envoyer le dossier, accompagné d'une
lettre personnalisée, aux journalistes sélectionnés.
Inclure dans le courrier une page d'information sur l'histoire
de la statue et de ses propriétaires Warren et Marshall.
Commencer à téléphoner aux magazines,
à la télévision et la radio pour s'assurer que
l'information a bien été assimilée, et fournir de plus
amples renseignements si cela est nécessaire.
· A partir de janvier 99
Préparer les photographies et les diapositives à
être envoyées, en leur apposant une étiquette autocollante
mentionnant l'adresse de l'agence, afin qu'une fois utilisées elles
puissent être retournées, et en dernière phase
restituées à SculptureCo.
Continuer la campagne téléphonique auprès
des magazines, de la télévision et la radio, des
suppléments de presse - week-end, couleur... - , des journalistes -
critiques, correspondants, rédacteurs, chroniqueurs -
spécialisés en art et culture.
Axer la campagne sur les relations publiques: organiser, quand
cela est possible, des rencontres entre la presse et les principaux
ingénieurs du projet Rodin in Lewes.
· A partir de février 99
Intensifier le contact avec les radios nationales.
· A partir de mars 99
Cibler les programmes d'information générale
à la télévision et radio, ainsi que les émissions
de débats, discussions.
· Six semaines avant
Intensifier tous les aspects de la campagne de presse,
renouveler au besoin les envois d'information et les campagnes
téléphoniques.
· Cinq semaines avant
Envoyer le dossier de presse et les photographies aux
rédacteurs des rubriques programmes et guides des
événements culturels et artistiques.
· Un mois avant
Contacter les services photographiques de la presse, et les
équipes de télévision, toujours suivant une certaine
sélection.
Pendant la mise en place de l'exposition, tirer parti de
toutes les possibilités de photographier ou filmer.
Entretenir un contact permanent avec la presse et les
médias.
· Dernière étape
Promouvoir le retour de la statue à Lewes, et son
installation dans la salle d'honneur de la mairie, étapes uniques et
symboliques de la mise en oeuvre du projet.
Organiser une conférence de presse pour l'exposition,
immédiatement avant l'inauguration, ou assurer le maximum de couverture
à l'inauguration proprement dite.
Après l'ouverture de l'exposition, organiser des
visites pour les journalistes qui n'ont pas pu venir avant.
Liste des médias à contacter
La liste est établie après une recherche qui
permet de choisir les journalistes les plus susceptibles de couvrir ou
d'assurer une bonne couverture de l'événement.
La liste n'est pas exhaustive, parfois de nouveau contacts se
créent pendant la campagne de presse, et parfois des journalistes
téléphonent à l'agence, sans avoir été
contactés, pour demander des informations.
Le travail de l'agence est de contacter le plus de
journalistes possibles, afin d'obtenir un succès médiatique
décent, car une certaine part des gens sollicités ne pourra pas
couvrir événement.
· Presse et médias nationaux
19 journaux quotidiens et hebdomadaires,
parmi lesquels:
The Guardian, The Independent, The Times, The Observer.....
15 magazines, parmi lesquels:
Vogue, Art Review, Woman's Journal...
4 publications touristiques, parmi
lesquelles:
Eurostar Magazine, British Airways magazines....
Radios
Principales radios publiques ( BBC Radio 2, BBC Radio 3, BBC
Radio 4, BBC Radio 5, Classic FM), et des maisons de production
indépendantes.
Télévision
4 principales chaînes de télévision (BBC,
Channel 4), et maisons de production indépendantes.
· Presse et médias locaux
31 journaux quotidiens et hebdomadaires, et
magazines, dans un rayon de 60 kilomètres (50 miles) parmi
lesquels:
Evening Argus (quotidien pour Brighton et les environs ayant
le plus gros tirage), Sussex Express, West Sussex Gazette, Lewes Leader....
Radio
BBC Radios régionales à travers le pays,
à commencer par la station locale (BBC Southern Counties); Southern
FM.
Télévision
BBC TV South, Meridian TV.
· Presse et médias internationaux
France
L'Oeil, Connaissance des Arts, Le Figaro, L'Humanité,
Le Monde, Libération, Plur. Media (agence qui fournit des listes de
médias à contacter), France Inter.
USA
Boston Globe, Boston Herald, Boston Review, International
Herald Tribune, New York Times, The New Yorker, Washington Post, Los Angeles
Times, San Francisco Chronicle, Vanity Fair, CNN, NBC, CBS, WHDHAM Radio.
Prix de la campagne de presse
Le prix de l'opération de promotion dans la presse et
les médias a été négocié avec
SculptureCo, l'organisation chargée de la mise en oeuvre du
projet Rodin in Lewes.
Des le début de la campagne de presse, au mois de
Novembre 1998, Lianne Jarrett Associates a proposé à
SculptureCo de choisir parmi une liste de forfaits pour la promotion
de l'exposition :
(J'ai calculé le prix des forfaits en arrondissant le
prix de la livre sterling à 10 francs français)
Option (1) Campagne auprès de la
presse et des médias nationaux
sélectionnés.
Prix : 65 000 francs hors taxes.
Option (2) (1) et campagne
auprès de la presse et médias régionaux
sélectionnés.
Prix : 80 000 francs hors taxes.
Option (3) (1), (2), et mise en place d'une
promotion commerciale de l'exposition pour attirer le public (concours pour
gagner des entrées gratuites, offres spéciales pour lecteurs et
auditeurs, tickets à prix réduits soumis à certaines
conditions). Ce travail se ferait en collaboration avec les équipes de
marketing des organes de presse et des médias, qui font aussi partie des
contacts de l'agence.
Prix : 90 000 francs hors taxes.
Option (4) (1), (2), (3), plus organisation
de visites pour certains groupes d'amateurs d'art (Royal Academy Friends, Tate
gallery Friends, National Trust...), la plupart faisant partie des contacts de
l'agence. Ces visites seraient ensuite exposées dans les publications
spécialisées de ces associations, une excellente promotion pour
l'exposition, diffusée parmi un public favorable.
Prix : 100 000 francs hors taxes.
Option (5) Options ci-dessus plus campagne
régionale étendue.
Prix : 115 000 francs hors taxes.
Option (6) Options ci-dessus plus campagne
auprès de la presse étrangère (France et Etats-Unis en
particulier).
Prix : 140 000 francs hors taxes, frais de
traduction inclus.
Option (7) Options ci-dessus plus avis et
conseils en marketing en dehors du Sussex.
Prix : 150 000 francs hors taxes.
Option (8) Options ci-dessus plus
organisation de la soirée d'inauguration de l'exposition, avec
couverture médiatique garantie.
Prix : 170 000 francs hors taxes.
Les tarifs indiqués par l'agence ne couvrent que les
frais du travail administratif, et n'incluent pas le prix des
images, les frais de déplacement longue distance, certains frais pour
les lancements de presse (buffet, boissons ...).
Lorsqu'on calcule le prix du couvrage obtenu dans la presse en
terme d'espace publicitaire (sachant que chaque article dans la presse est
comme un encart représente une forme de publicité plus
élaborée et plus informative que les simples encarts
publicitaires), l'espace de couverture obtenu par Lianne Jarrett
Associates pour Rodin in Lewes équivaut à un espace
publicitaire d'une valeur de 50 millions de francs.
Compte tenu du prix de la publicité dans la presse et
les médias, et des retombées positives que peut amener une
campagne de presse réussie, il n'est donc pas étonnant qu'une
agence de presse demande un prix élevé en échange d'une
bonne promotion médiatique. Ceci est d'autant plus vrai dans le cas de
Lianne Jarrett Associates, qui propose d'autres services en
complément des relations publiques et de presse.
Les résultats de la campagne de presse
L'exposition a bénéficié d'une
très bonne couverture médiatique, et a eu un grand succès
auprès du public depuis son ouverture.
Au 15 Juillet 1999 l'exposition avait attiré 20.000
visiteurs, et le budget de la mise en oeuvre de l'exposition a
été établi en comptant une fréquentation totale de
30.000 visiteurs. La fréquentation est donc supérieure aux
espérances de SculptureCo.
La couverture médiatique, au 10 Juin 1999
Presse nationale
13 journaux quotidiens ont couvert événement, et
chaque article comportait une photo au minimum. Cela équivaut presque
à un article dans la presse par jour.
8 magazines ont consacré des articles à
l'événement, la plupart du temps sur plusieurs pages et
accompagnés de plusieurs photos.
Presse internationale
Une agence de presse internationale basée à
Londres (Reuters), et un journaliste belge, ont interviewé Ann
Elliot et John May, respectivement commissaire de l'exposition et codirecteur
de SculptureCo .
Presse locale
L'événement a fait 3 fois la une du principal
quotidien local (Evening Argus), qui en tout a consacré 9
articles illustrés à Rodin in Lewes.
Le reste de la couverture dans la presse locale est de 4
articles assez longs, et illustrés.
Télévision nationale
L'événement est apparu 9 fois à
l'écran, la plupart du temps au cours du journal
télévisé, et accompagné d'interviews.
Télévision régionale
L'exposition a été couverte 11 fois au cours des
journaux télévisés locaux, sur BBC South et Meridian TV.
Certains reportages se passaient en direct de l'exposition, et comprenaient des
interviews.
Radio nationale
BBC Radio4 a traite 4 fois de l'événement, dont
une émission spéciale et des interviews en direct. BBC Radio 5 a
présenté des interviews en direct.
Radio régionale
Au moins 3 émissions d'informations régionales
ont parlé de l'exposition.
Télévision internationale
CNN a parlé du nettoyage de la statue, France 2 a
présenté l'exposition et la collaboration avec le Musée
Rodin, et BBC News 24 (chaîne d'information permanente à diffusion
internationale) a traité de l'événement.
Radio internationale
BBC World Service, diffusée dans le monde entier, a
interviewé Ann Elliott et John May.
Internet
Le projet Rodin 2000, qui dispose d'un site internet,
a été présenté sur le site de la BBC, BBC `On
Line'.
Evénements : le nettoyage et
l'arrivée de la statue à Lewes, deux occasions de rassembler la
presse et les médias
Au mois de mai 1999, les services de conservation de la Tate
Gallery ont commencé à préparer Le Baiser pour
l'exposition de Lewes. La préparation est principalement une
opération de nettoyage.
D'après Stella Willcocks, directrice du service
d'entretien des sculptures, Le Baiser est la plus
célèbre des sculptures de la collections d'art moderne
international de la Tate. La statue est en exposition quasi-permanente depuis
1953, et près de 2 millions de visiteurs annuels créent de la
poussière et des saletés, ce qui salit considérablement le
marbre. C'est pour cela que dans les années 1970 la statue a
été recouverte d'une couche protectrice de résine et de
cire. Cette couche peut être retirée à l'aide de solutions
spéciales, et emporte avec elle la majeure partie des saletés
accumulées. Avant de prêter la statue à Lewes, la Tate
Gallery a décidé de mettre à nu le marbre de la statue.
Lianne Jarrett Associates en a profité pour
convier la presse - en particulier les photographes - et les médias
à assister à la dernière phase de ce nettoyage, ce qui a
donné lieu à plusieurs parutions de photos dans la presse.
L'arrivée de la statue à Lewes a
été une autre «étape médiatique» du
projet. La date et l'heure exactes d'arrivée de la statue ont
été tenues secrètes jusqu'au dernier moment pour des
raisons de sécurité. D'ailleurs la statue, qui a aujourd'hui une
grande valeur, est sous surveillance vidéo, en plus d'être
gardée par deux surveillants jour et nuit.
La statue est arrivée à Lewes à l'aube du
2 Juin, et Lianne Jarrett Associates avait fait en sorte que le
maximum de journalistes soient intéressés par cette occasion
exclusive de photographier la statue, mais aussi de rencontrer les acteurs du
projet «sur le terrain». Certains journalistes étaient
présents dès l'arrivée de la statue et ont pu immortaliser
le moment précis où le camion a été ouvert. De
nombreux journalistes étaient présents pour l'installation du
Baiser et des autres statues exposées, dans la matinée du 2
Juin. Ce fut un rassemblement de presse réussi, et d'ailleurs une
importante partie de la couverture médiatique a eu lieu le 2 Juin, en
particulier pour la télévision: 5 apparitions
télévisées nationales sur 9, et 7 apparitions
télévisées régionales sur 11, ont eu lieu ce
jour-là.
Il n'y a pas eu de conférence organisée
spécialement pour la presse, mais de nombreux journalistes furent
conviés à la soirée d'inauguration. Lianne Jarrett
Associates s'est chargée d'envoyer les invitations, et de contacter
les journalistes par téléphone afin de les convaincre de venir
et, si possible, de couvrir événement.