Le sud-ouest français dans l'espace européen : vers une collaboration interrrégionale en matière de relations culturelles extérieures ?( Télécharger le fichier original )par Thomas Perrin Université Paris III - Sorbonne Nouvelle - DESS de Relations interculturelles 2001 |
II Acteurs des relations culturellesCe chapitre ne prétend pas à l'exhaustivité mais a pour but de présenter les acteurs les plus susceptibles de structurer et de mettre en oeuvre les relations culturelles au sud-ouest de l'Europe. Les nombreuses structures liées directement ou indirectement aux institutions - musées, théâtres, centres d'art, instituts, etc. - sont considérées, à travers l'action de ces dernières, comme acteurs à part entière des relations culturelles. 1. PARTENAIRES INSTITUTIONNELS EXTÉRIEURS
§ La constitution espagnole de 1978, reconnaissant la configuration plurinationale de l'Etat, a établi 17 Communautés autonomes dont l'autonomie politique est proche de celle d'un Etat fédéral mais sans structure fédérale formelle. A l'inverse des régions françaises, les Communautés autonomes n'ont pas toutes le même statut d'autonomie : on distingue les Communautés de la « voie lente » vers le statut d'autonomie - vía lente - et les régions « historiques » - vía alta - qui ont obtenu le statut d'autonomie par la constitution espagnole de 1973 - Catalogne, Pays basque, Andalousie. Malgré cette situation hétérogène, tous les statuts d'autonomies des différentes Communautés autonomes revendiquent la culture comme compétence propre, ce qui les amène à mettre en oeuvre de véritables politiques culturelles régionales. Les Communautés autonomes ont chacune intégré à leur manière les responsabilités transférées en matière de culture : création d'un secrétariat spécifique - équivalent d'un ministère - en Catalogne, Pays basque, Andalousie, etc. ; ou intégration des compétences culturelles dans un secrétariat à l'éducation. Quoiqu'il en soit les Communautés autonomes apparaissent comme les interlocuteurs naturels des régions françaises pour les relations culturelles extérieures, d'autant plus que certaines d'entre elles sont très engagées dans ce domaine - promotion internationale de la culture catalane par exemple. § Du fait du transfert de responsabilités aux Communautés autonomes, l'administration culturelle centrale de l'Etat espagnol - secrétariat d'Etat à la Culture depuis 1996 - a une action beaucoup moins importante que son homologue français, action « centrée avec excès sur la dotation de ressources et d'éclat aux grands équipements culturels situés à Madrid. » (in Pôle Sud, n°10, 1999, 71). Mais le secrétariat a néanmoins un rôle important à jouer dans la coopération internationale et reste donc un acteur non négligeable des relations culturelles internationales. De plus, il est à noter qu'une des fonctions que la Constitution attribue à l'Etat est de faciliter, en accord avec les collectivités, la communication entre les différentes politiques culturelles territoriales. Cet élément peut se révéler important dans le cadre de relations culturelles à l'échelle du sud-ouest de l'Europe, impliquant donc les collectivités et l'Etat espagnols. § La présence culturelle extérieure espagnole se fait à travers le ministère des Affaires extérieures et notamment le travail de diffusion culturelle assuré par les Instituts Cervantès, établissements publics dotés de l'autonomie financière créés en 1991 et étroitement associés à l'instrument diplomatique - Consejerías de Cultura y Cooperación de las Embajadas. Le réseau culturel espagnol est présent au Maroc, au Portugal et au sud-ouest français - notamment l'Institut Cervantès de Toulouse. Depuis l'année 2000 le programme d'activités culturelles organisé par le réseau au Maroc, un des plus importants en dehors des pays européens, bénéficie du soutien du Secrétariat d'Etat espagnol à la culture, ce qui a permis de développer le programme "en quantité et en qualité" (cf. Instituto Cervantes de Rabat, notes internes, 1999-2000).
§ Le ministère marocain de la Culture et de la Communication, ainsi que celui des Affaires étrangères et de la Coopération, ont un rôle important à jouer notamment en collaborant avec les réseaux culturels français, espagnol et portugais au Maroc. Par exemple ces deux institutions sont chargées de coordonner l'organisation prochaine d'une saison culturelle marocaine en Espagne. D'après M. Khachani, membre du comité Averroès11(*), la création de Centres culturels marocains à l'étranger - France, Espagne, etc. -, présentant la création artistique et culturelle marocaine et proposant des collaborations, serait nécessaire au bon développement des relations culturelles extérieures marocaines. § Par ailleurs, les collectivités décentralisées marocaines sont également des acteurs institutionnels potentiels, alors que le Maroc s'engage sur la voie de la décentralisation et réfléchit par exemple à l'autonomisation du Sahara. "La coopération décentralisée est tributaire de l'autonomie des collectivités et autorités territoriales. Elle dépend également de la possibilité juridique de constituer des associations ou des regroupements de collectivités territoriales des pays du sud et de l'est de la Méditerranée. L'exemple de l'Europe occidentale montre bien que le jumelage et, par la suite, la coopération décentralisée, se sont développés grâce aux associations de collectivités territoriales, notamment celles qui ont pour objet la coopération internationale" (Bekkouche, 2000, 47).
A noter également que des points de contact culture "décentralisés" sont présent dans chaque Communauté autonome espagnole, et que le Relais-Culture-Europe, point de contact culture français, réfléchit actuellement avec la DATAR à la création de structures d'appui culturel en région (SACER), le projet pilote concernant pour l'instant sept Régions, dont Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.
* 11 Cf. chapitre III.3. |
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