UniversitÈ de Limoges FacultÈ de Droit et de
Sciences Economiques
Programme universitaire par satellite
Agence Universitaire de la francophonie (AUF)
Master Droit International et ComparÈ de
líEnvironnement
Formation A distance, Campus NumÈrique ' Envidroit
La gestion participative des ressources
naturelles
dans le Bassin du Congo : líexemple du Cameroun et
de la RÈpublique DÈmocratique du Congo
MÈmoire prÈsentÈ par :
TALENG FAHA Aristide
Sous la coordination du Professeur GÈrard MONEDIAIRE
MaÓtre de ConfÈrence en Droit Public
Ao°t 2OO6
Les opinions Èmises dans ce travail sont
propres son auteur
et níengagent aucunement la FacultÈ de
Droit et des Sciences Economiques de líUniversitÈ de Limoges, qui
níentend ni les infirmer, ni les confirmer.
i
Remerciements
Comme aime le dire maman : ' Quelques soient nos
aptitudes, nous devons tous quelque
chose quelquíun . Ce travail en est une puissante
illustration, síil en Ètait encore besoin.
Nous tenons tout díabord exprimer notre
profonde reconnaissance nos parents, M. FAHA Franc Ferry et Mme
FAHA Martine, ainsi quí nos frËres pour la place
exceptionnelle quíils ont toujours su remplir dans notre vie.
Notre gratitude síadresse ensuite au Professeur
GÈrard MONEDIAIRE, qui malgrÈ ses multiples occupations a
bien voulu diriger ce travail avec patience et bienveillance. De la
mÍme faÁon nous manifestons notre dÈfÈrence
líendroit de líAgence Universitaire de la Francophonie
(AUF), grce laquelle nous avons pu suivre cette formation
dans de trËs bonnes conditions.
Nos sincËres remerciements síadressent aussi
ceux qui ont dÈployÈs un trÈsor
díÈnergie pour faciliter la rÈalisation de ce travail. Il
síagit entre autre de :
! La famille du Centre pour líEnvironnement et le
dÈveloppement (CED), en particulier M. Samuel Nguiffo et Mlle
Rolande Tchuenkam, pour les conseils et la documentation ;
! M. David Ndachi, M. Tamo Pierre, M. Wadem
JoÎl, M. Tela Samuel pour leurs
encouragements ;
! Mme Tamouya Monique, pour les facilitÈs
inestimables et toute líaffection dont elle nous a entourÈ
;
! Le staff du Campus NumÈrique Francophone de
YaoundÈ, qui nía mÈnagÈ aucun effort pour
nous assurer une formation de qualitÈ ;
! Tous nos camarades de la FOAD 2OO6 du CNF de
YaoundÈ, pour leur chaleur et leur promptitude se mettre au
service les uns des autres.
Comment terminer sans faire un triomphe tous ceux
qui nous ont, de prËs comme de loin, manifestÈs leur soutien,
leurs amitiÈs et leur amour tout au long de la
rÈalisation de ce travail. Recevez simplement ici notre gratitude.
ii
Liste des abrÈviations
ADIE
|
:
|
Association pour le DÈveloppement de líInformation
Environnementale
|
AFLEG
|
:
|
Application de la LÈgislation ForestiËre et la
Gouvernance en Afrique
|
AFPA
|
:
|
American Forest and Paper Association
|
ATIBT
|
:
|
Association Technique et Internationale des Bois Tropicaux
|
CARPE
|
:
|
Programme RÈgional De líAfrique Centrale pour
líEnvironnement
|
CEFDHAC
|
:
|
ConfÈrence sur les EcosystËmes de ForÍts
Denses et Humides
|
|
|
díAfrique Centrale
|
CEMAC
|
:
|
CommunautÈ Economique et MonÈtaire de
líAfrique Centrale
|
CIFOR
|
:
|
International Center for Forestry Research
|
CIJ
|
:
|
Cour Internationale de Justice
|
CITES
|
:
|
Convention sur le commerce international des espËces
sauvages menacÈes
|
|
|
d'extinction
|
COMIFAC
|
:
|
Commission des ForÍts du Bassin du Congo
|
DABAC
|
:
|
DÈveloppement díAlternatives au Braconnage en
Afrique Centrale
|
DIE
|
:
|
Droit International de líEnvironnement
|
DSRP
|
:
|
Document de StratÈgie de RÈduction de la
PauvretÈ
|
DSRP-I
|
:
|
Document IntÈrimaire de StratÈgie de
RÈduction de la PauvretÈ
|
ECOFAC
|
:
|
Programme de Conservation et díUtilisation Rationnelle des
EcosystËmes
|
|
|
Forestiers díAfrique Centrale
|
EIE
|
:
|
Etude díImpact Environnemental / Etude díIncidences
Environnementales
|
FAO
|
:
|
Organisation des Nations Unies pour líAgriculture et
líAlimentation
|
FC
|
:
|
ForÍt communale
|
FCt
|
:
|
ForÍt Communautaire
|
FED
|
:
|
Fonds EuropÈen de DÈveloppement
|
FEM
|
:
|
Fonds pour líEnvironnement Mondial
|
FIDH
|
:
|
FÈdÈration International des Droits de
líHomme
|
ICCN
|
:
|
Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
|
GTZ
|
:
|
Agence de CoopÈration Allemande
|
MINEFI
|
:
|
MinistËre de líEconomie et des Finances
|
NEPAD
|
:
|
Nouveau Partenariat pour le DÈveloppement de
líAfrique
|
OAB
|
:
|
Organisation Africaine du Bois
|
OCFSA
|
:
|
Organisation pour la Conservation de la Faune Sauvage en
Afrique
|
OIBT
|
:
|
Organisation Internationale des Bois Tropicaux
|
ONG
|
:
|
Organisation Non Gouvernementale
|
iii
ONU
|
:
|
Organisation des Nations Unies
|
PAFN
|
:
|
Programme díAction Forestier National
|
PAFT
|
:
|
Programme díAction Forestier Tropical
|
PFNL
|
:
|
Produits Forestiers Non Ligneux
|
PFBC
|
:
|
Partenariat pour les ForÍts du Bassin du Congo
|
PNVi
|
:
|
Parc National des Virunga
|
PNUD
|
:
|
Programme des Nations Unies pour le DÈveloppement
|
PNUE
|
:
|
Programme des Nations Unies pour líEnvironnement
|
PRGIE
|
:
|
Programme RÈgional pour la Gestion de líInformation
Environnemental
|
PSG
|
:
|
Plan Simple de Gestion
|
PSRF
|
:
|
Programme de SÈcurisation des Recettes ForestiËres
|
RAPAC
|
:
|
RÈseau des Aires ProtÈgÈs díAfrique
Centrale
|
RDC
|
:
|
RÈpublique DÈmocratique du Congo
|
RFA
|
:
|
Redevance ForestiËre Annuelle
|
SMDD
|
:
|
Sommet Mondial pour le DÈveloppement Durable
|
SNV
|
:
|
Organisation NÈerlandaise de DÈveloppement
|
TA
|
:
|
Taxe díAbatage
|
TCC
|
:
|
Territoire de Chasse Communautaire
|
UDEAC
|
:
|
Union DouaniËre et Economique de líAfrique
Centrale
|
UE
|
:
|
Union EuropÈenne
|
UFA
|
:
|
UnitÈ ForestiËre díAmÈnagement
|
UICN
|
:
|
Union Mondiale pour la Nature
|
UNESCO
|
:
|
Organisation des Nations Unies pour líEducation et la
Culture
|
USAID
|
:
|
Agence Internationale díAide au DÈveloppement
|
VC
|
:
|
Vente de Coupe
|
WCS
|
:
|
Wildlife Conservation Society
|
WRI
|
:
|
World Ressources Institute
|
WWF
|
:
|
Fond Mondial pour la Nature
|
ZIGGC
|
:
|
Zone díIntÈrÍt CynÈgÈtique
Gestion Communautaire
|
iv
RÈsumÈ
Les ressources naturelles renouvelables du Bassin du Congo
sont soumises une forte
pression. De plus en plus il est question de gestion
participative, facteur de rationalitÈ et gage de durabilitÈ.
Les lÈgislations des pays de la sous-rÈgion prÈvoient
des mÈcanismes de participation des populations locales.
Líanalyse comparative des cadres juridiques du Cameroun et de la
RDC permet díaffirmer premiËrement que le cadre juridique et
institutionnel de cette gestion est mieux ÈtoffÈe au Cameroun
quíen RDC. Ensuite il en ressort que les lois des deux pays sont pour le
moins assez bien conÁues, mais se heurtent malencontreusement
une mauvaise application. Au niveau national et local, la
participation se rÈsume líintÈgration aux
bÈnÈfices pÈcuniaires. Le souci de protection
Ètant moins prÈsent.
Par contre, la participation au niveau international concerne
beaucoup plus líassociation aux mÈcanismes de protection. La
coopÈration sous-rÈgionale de cogestion des ressources naturelles
se structure autour de la COMIFAC et malgrÈ des signaux forts,
il manque encore une volontÈ politique suffisante pour porter
vÈritablement cette cogestion. Aussi les difficultÈs
financiËres inhibent aussi les actions collectives de prÈservation
des ressources du Bassin du Congo.
En matiËre díenvironnement, les ONG internationales
considÈrÈes comme la conscience de
la sociÈtÈ internationale síinvitent
dans la gestion des ressources naturelles. Síappuyant sur le
dÈveloppement humain durable, et le plaidoyer environnemental
elles proposent une innovation institutionnelle prometteuse.
Mots clÈs
Gestion participative ñ Ressources naturelles ñ
Bassin du Congo ñ Cameroun, RDC
v
Sommaire
Pages
RemerciementsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.ii
Liste des
abrÈviationsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...iii
RÈsumÈÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..v
Introduction
GÈnÈraleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ1
PremiËre partie: La participation au niveau
LocalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.7
Chapitre I : La gestion communautaire des ressources
forestiËresÖÖÖÖÖÖÖÖ9
Chapitre II : La fiscalitÈ forestiËre
dÈcentralisÈeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.22
Conclusion Partielle premiËre
partieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...33
DeuxiËme partie : La participation au niveau
sous-rÈgional et global la gestion des ressources naturelles dans
le Bassin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...35
Chapitre I : CoopÈration sous-rÈgionale :
modalitÈ de gestion des ressources
naturelles dans le basin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...37
Chapitre II : La participation des acteurs internationaux de la
gestion des ressources naturelles du Basin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..49
Conclusion partielle deuxiËme
partieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..62
Conclusion
gÈnÈraleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ63
AnnexesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...66
BibliographieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...76
Table des
matiËresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...80
vi
Introduction gÈnÈrale
1
PrÈcisions terminologiques
La gestion participative est un concept nouveau qui est
entrain de faire du chemin. Elle consacre le rejet de la gestion
statocentrÈ des ressources. DÈsormais, ce níest plus
seulement lí...tat
et ses diffÈrentes institutions qui sont
intÈressÈs par la gestion des ressources naturelles.
Líaction de
gÈrer implique plusieurs degrÈs
díintervention. Il peut síagir soit de
líexploitation, de la conservation et de la protection.
Líexpression "gestion participative" (qui dÈsigne la mÍme
rÈalitÈ que la cogestion ou encore la gestion conjointe ou mixte,
gestion multipartenaire ou accord conjoint
de gestion) dÈcrit une forme de partenariat par
laquelle toutes les parties prenantes intÈressÈes
síaccordent partager les fonctions de gestion, les droits
et responsabilitÈs sur une portion de territoire ou une gamme
de ressources1. Plus spÈcifiquement, la
dÈfinition ÈnoncÈe ci haut síapplique
une forme de gestion des aires protÈgÈes. Ainsi selon
Grazia (1997), la gestion
participative intËgre une meilleure rÈpartition
des droits, des responsabilitÈs et des pouvoirs dans la gestion. C'est
dire que la gestion participative postule la fois un souci de
dÈveloppement durable et díÈquitÈ2.
La notion de ressource naturelle renvoie une
pluralitÈ de biens. Malafosse3, allant dans le mÍme
sens que la convention de Lugano4 considËre que les
'ressources naturelles' recouvrent les trois ÈlÈments biotiques
de la nature, savoir la faune, la flore, et les minÈraux auxquels
on a ajoutÈ líeau. Le IXe plan franÁais pour sa
part assimile les ressources naturelles au patrimoine naturel et au milieu
naturel5. Ainsi, le terme ressource naturelle recouvre une
signification plus ou moins large selon quíon la limite aux
considÈrations Èconomiques ou au considÈrations
Ècologiques. Pour les besoins de notre dÈmonstration, il
semble intÈressant de mettre en Èvidence líaspect
Èconomique
des ressources naturelles sans ignorer
complËtement les considÈrations Ècologiques. Nous
considÈrerons comme ressources naturelles non seulement les
ÈlÈments de la biotique, mais aussi
les minÈraux. De ce point de vue, il apparaÓt
que le Bassin du Congo et singuliËrement les deux
pays de notre Ètude constituent un important vivier
de ressources naturelles. Et leur gestion
intÈresse doublement la planËte. Díabord sur
un plan purement Ècologique, les forÍts du Bassin du
Congo sont, aprËs celle de líAmazonie, le premier
pourvoyeur díoxygËne nÈcessaire la survie de
la vie sur terre. Ensuite, sur le plan Èconomique, les
richesses du sol et du sous-sol du Bassin du
Congo et particuliËrement de la RDC ont conduit certains
dire de ce pays que cíest un scandale
gÈologique6.
Le Bassin du Congo se dÈploie sur toute
líÈtendue de líAfrique centrale. Díailleurs une
certaine dynamique tend identifier le Bassin du Congo
líespace politique que constitue la CommunautÈ ...conomique
et MonÈtaire de líAfrique Centrale (CEMAC). Cet espace
comprend entre autres pays le Cameroun, la RÈpublique
DÈmocratique du Congo, le Congo, le Gabon, la RÈpublique
Centre Africaine, le Tchad, la GuinÈe ...quatoriale, le Rwanda. Le
bassin du Congo est recouvert par une forÍt dense, qui jusqu' un
passÈ rÈcent Ètait encore vierge sur prËs de quatre
vingt pour cent de sa superficie. Depuis la colonisation
jusquí trËs rÈcemment, lí...tat
dÈtenait le monopole de la gestion des ressources
forestiËres dans le Bassin du Congo. Face
líÈchec des
1 BORRINI-FEYERABEND GRAZIA.- Gland, Gestion
participative des aires protÈgÈes: L'adaptation au
contexte, UICN, 1997.- 79p.- (SÈries sur les Politiques Sociales).
2 Ceci se justifie aussi par le dÈbat
croissant dans bien de pays sur la reconnaissance díun ' droit
de líhomme
líenvironnement .
3 MALAFOSSE, le droit de líeau. P8.
4 Convention de Lugano du 21 juin 1993 sur la
responsabilitÈ civile des dommages rÈsultants
díactivitÈs dangereuses pour líenvironnement, art 2 al.
11
5 Loi 83-645 du 13 juill. 1983 (2e partie, chap.
1-6, ' L'Èquilibre du territoire ).
6 BOBIA J, prÈsentation pendant la
ConfÈrence sur Le trÈsor naturel de la RDC, Bruxelles 23-24
novembre 2005.
2
mÈthodes classiques de gestion, la situation tend
Èvoluer depuis quelques dÈcades7. Au Sommet
de la terre, tenu RIO de Janeiro au
BrÈsil en 1992, une option sÈrieuse pour la cogestion de
l'environnement s'est dessinÈe. Ce Sommet a marquÈ un pas
dÈcisif vers la gestion participative dans ce sens qu'il
reprÈcise en l'Èlargissant les diffÈrents acteurs du Droit
de l'Environnement8. Cette logique sous-tend la
nÈcessitÈ díun partenariat impliquant toutes les parties
prenantes, en particulier
les communautÈs locales et les associations de
la sociÈtÈ civile, afin quíelles contribuent
la sauvegarde díun patrimoine qui constitue en mÍme temps leur
capital9. A la suite de Rio, díautres instruments juridiques
tels que la dÈclaration de Johannesburg ont
emboÓtÈ le pas pour Ètoffer davantage le cadre
institutionnel et juridique international de participation des
diffÈrentes parties
prenantes la gestion de líenvironnement.
Mais cíest vÈritablement la convention díAarhus sur
l'accËs l'information, la participation du public au processus
dÈcisionnel et l'accËs la justice en matiËre
environnemental, qui Ètablie les lignes directrices de líaspect
participatif du dÈveloppement durable10.
Les deux pays principalement concernÈs par notre
Ètude prÈsentent une diffÈrence de taille quíil
convient de prÈciser in liminÈ litis. La
comprÈhension des diffÈrences dans líÈvolution
juridique et institutionnelle en dÈpend. Tandis quíau Cameroun la
gestion des ressources naturelles
se passe dans un contexte de paix, de líautre
cÙtÈ, en RDC la question de la gestion des ressources naturelles
doit prendre en considÈration la situation
díinstabilitÈ ambiante. Ceci dit, le Bassin du Congo est
une vaste rÈgion forestiËre compacte díenviron 230
millions díhectares, qui constitue, aprËs líAmazonie, la
seconde forÍt tropicale au monde, en terme de surface. Il
reprÈsente environ 6
% de la surface forestiËre mondiale. Les forÍts du
Bassin du Congo se situent majoritairement au
Cameroun, au Gabon, en GuinÈe-Èquatoriale, au Congo
Brazzaville et en RÈpublique DÈmocratique
du Congo (RDC, ex-ZaÔre) et couvrent une petite partie de
la RÈpublique Centrafricaine11.
ProblÈmatique
Tel que prÈsentÈs, le Bassin du Congo, ses
ressources et la maniËre dont elles sont gÈrÈes
induisent un ensemble díinterrogations. On remarque qu'ici, le cadre
institutionnel de la gestion des ressources semble síouvrir la
gestion participative, seulement beaucoup díobstacles surgissent qui
freinent la nature participative de cette gestion. La question principale qui
se trouve au coeur de la gestion participative des ressources naturelles, et
qui fait líobjet de notre travail, c'est celle de la
rÈpartition des responsabilitÈs entre les diffÈrents
acteurs de cette gestion. Autrement dit il síagit de síinterroger
sur l'implication de toutes les parties prenantes dans la prise de
dÈcision concernant ces richesses naturelles. Simplement c'est
l'Èpineuse question de la dÈmocratie en matiËre de gestion
de
l'environnement. Depuis quelques annÈes12
cíest une exigence fondamentale posÈe par la
communautÈ internationale dans le cadre de l'assistance des pays en voie
de dÈveloppement. Il sera donc question d'identifier et
díÈprouver les mÈcanismes juridiques et institutionnels
qui gouvernent
la participation des diffÈrents acteurs la gestion
des ressources naturelles dans le Bassin du Congo.
De mÍme ce sera l'occasion de
síinterroge sur la capacitÈ des mÈcanismes
juridiques et institutionnels en oeuvre dans le Bassin du Congo,
assurer la participation la gestion de ces
ressources. Une interrogation particuliËre concerne
la question de líimplication des peuples autochtones et
indigËnes dans la gestion des ressources naturelles du milieu dans lequel
ils vivent.
7 MíBETE Roger Albert, La gestion
participative des aires protÈgÈes (faune et flore) en
Afrique. Etude de cas : la gestion participative du sanctuaire de
gorille de LOSSI au Congo Brazzaville, MÈmoire en vue de
líobtention du DiplÙme díEtudes SpÈcialisÈ
en gestion des ressources animales et vÈgÈtales en milieux
tropicaux, UniversitÈ de liËge
2002-2003.
8 DÈclaration de RIO Principes 20
22.
9 GAMI N. CrÈation du sanctuaire
gorille de LOSSI : cogestion et valorisation de la ressource gorille
travers le tourisme et par les ayants droits, 2000.
10 MÍme si elle a ÈtÈ
ÈlaborÈe dans le cadre du droit rÈgional europÈen,
cette convention mÈrite quíon síen inspire dans
le Bassin du Congo.
11 Voir annexes.
12 On prend le point de dÈpart au Sommet de
Rio.
3
Qu'en est-il dans les ordres juridiques internes du Cameroun et
de la RÈpublique DÈmocratique du
Congo ?
De prime abord, le champ des ressources naturelles est
trËs vaste. Et le bassin du Congo se rÈvËle Ítre une
mine de ressources naturelles. De ce point de vue, il semble bon propos
de nous focaliser sur la gestion participative des ressources ligneuses et des
ressources forestiËres animales.
En gros, il síagit des ressources naturelles
forestiËres renouvelables. Par ailleurs, il sera beaucoup
plus question de poser un regard critique sur les canaux
juridiques de participation des populations autochtones, riveraines des zones
forestiËres ; de mÍme que sur la prise en compte du travail des
ONG internationales dans la gestion des ressources dans le Bassin du Congo.
Aussi, notre travail se projettera sur une pÈriode qui remonte de 1994
nos jours. Ce choix n'est pas fortuit. En effet c'est
la date laquelle le Cameroun redÈfinit sa
politique environnementale et de ce fait reformÈ sa loi
forestiËre ; alors que la RDC se trouve un moment
important des consultations qui serviront de balises la reforme
prochaine de sa politique environnementale.
IntÈrÍt de
líÈtude
En dÈpit des nombreuses et intÈressantes
Ètudes rÈalisÈes sur le Bassin du Congo, la question
de la gestion participative des ressources naturelles
forestiËres renouvelables garde toute sa pertinence. Cet
intÈrÍt síexplore travers plusieurs canaux.
Sur le plan socio-Èconomique, la
gestion participative permettrait une bonne
rÈpartition du fruit de la croissance, dans une Afrique centrale
ocents la pauvretÈ sÈvit amËrement. Il est question
díexplorer les pistes capables de corriger une certaine injustice,
en faisant en sorte que les personnes qui vivent au contact des
ressources naturelles en bÈnÈficient aussi. Dans le
mÍme sens, ce travail permettra de dÈceler les
diffÈrents niveaux de blocages, líorigine du
disfonctionnement de la gestion partitive dans le Bassin du Congo. Par
ailleurs, il est dÈsormais admis que le dÈveloppement
durable implique que les gÈnÈrations prÈsentes
utilisent les ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins sans pour
autant
compromettre la capacitÈ des gÈnÈrations
venir de satisfaire les leurs13. De ce point de vue, notre
Ètude pourrait nous permettre de faire l'Ètat
des lieux de la gestion participative au Cameroun et en RDC, afin
Èventuellement díenvisager les mesures qui permettraient de
renforcer ce mode de gestion.
Du point de vue Ècologique, la gestion
participative des ressources naturelles permet une plus grande prise en
compte des mesures Ècologiquement rationnelles. On considËre
que la participation dans la gestion est une garantie de la durabilitÈ
des ressources. Ceci d'autant que les risques, de destruction de la
planËte, pËsent sur nos tÍtes comme une ÈpÈe de
DamoclËs.
Prenant en compte les considÈrations politiques, la
participation du plus grand nombre des acteurs concernÈs par la
gestion des ressources naturelles est indÈniablement une
avancÈe significative vers la dÈmocratisation des
sociÈtÈs dans le Bassin du Congo. Elle ouvre un champ
important au dÈbat public. De mÍme qu'elle offre une tribune
d'expression qui pourrait bien aller au del de la gestion des ressources
naturelles pour Èbranler tous les aspects de la vie en
communautÈ. Enfin et pas des moindres, le Bassin du Congo
prÈsente des expÈriences lÈgislatives et des
rÈflexions doctrinales qui au del des systËmes culturels,
Èconomiques et sociaux particuliers posent
en fait la mÍme question : Quel droit pour un meilleur
environnement ? Ainsi, líaspect comparÈ de notre Ètude est
la fois source et facteur d'unification ; c'est une nouvelle forme de
solidaritÈ des peuples14.
13 Rapport Brundtland ' La terre : notre
avenir tous , Commission Mondiale pour
líEnvironnement et le
DÈveloppement.
14 Les forÍts et l'environnement,
travaux du comitÈ international de DCE, PUF, 1984 ; et R
DRAGO citÈ par E PONTAVICE, RJE, 1978-2, p.147 ; ainsi que R
DRAGO association H Capitant, La protection du voisinage et
l'environnement, pps, 1979, p.459.
4
Revue de la littÈrature
La gestion des forÍts des ressources naturelles
forestiËres du bassin fait líobjet díune abondante
littÈrature. Elle mobilise les universitaires, les chercheurs et autres
membres de la sociÈtÈ civile.
en croire C. Doumengue : ' Du Cameroun la RDC,
líAfrique Centrale est le grenier
forestier du continent. (Ö) mais ces ressources
forestiËres sont en constant recul, [-2.300 km2/an soit -0.5%
-0,6%/an], principalement du fait des activitÈs agricoles et de celle de
collecte de bois, autour des villes et dans les zones rurales forte
densitÈ de population 15. Cependant, il pense que
ces forÍts sont encore trËs mal connues,
tant du point de vue de leur Ètat, de celui du potentiel
ligneux ou de la diversitÈ biologique, que des diverses valeurs
qui leurs sont attribuÈes. Ceci explique peut Ítre pourquoi
les auteurs vont beaucoup plus se prÈoccuper de la protection de ces
ÈcosystËmes.
Le Professeur Maurice KAMTO16 soutien que la
protection des ÈcosystËmes forestiers du
Bassin du Congo passe nÈcessairement par
líadoption et líapplication adÈquat des moyens
juridiques et institutionnels nationaux et internationaux existants.
Patrice BIGOMBE LOGO17 pense que la protection
des ÈcosystËmes forestiers díAfrique
...quatoriale nÈcessite la rÈconciliation entre les
politiques forestiËres et leurs populations. Líobjectif
de cette rÈconciliation est de tenir compte,
dÈs la conception de ces politiques, des mentalitÈs,
possibilitÈs technologiques nationales,
capacitÈs institutionnelles rÈelles, conditions socio-
Èconomiques et politiques de chaque pays.
Selon Marie madeleine Bassallang18, les
ÈcosystËmes forestiers du bassin du Congo doivent
faire líobjet díune protection
particuliËre. Cette protection doit tenir compte des
rÈalitÈs sociales, Èconomiques politiques, et
culturelles de chaque pays. Elle doit Ègalement impliquer tous
les acteurs de la conservation et, tenir compte des exigences internationales
de conservation des forÍts.
Ce quíil faut dire cíest quíon
síest beaucoup plus intÈressÈ la protection des
ressources du Bassin du Congo. Les auteurs et chercheurs se comportent comme si
la gestion ne prend en compte que la protection. Pourtant, la conservation
et líexploitation des composantes importantes sans lesquelles la
gestion ne fait pas sens.
Par ailleurs, certains chercheurs
síintÈressant seulement certains aspects de la
gestion participative en sont arrivÈs des conclusions
emprunt de lÈgËretÈ. Ainsi, pour Lowe19: '
La Gestion participative des ÈcosystËmes forestiers est une
rÈalitÈ en Afrique Centrale. Elle se dÈploie dans un cadre
autant normatif que pratique qui laisse intervenir non plus seulement les Etats
mais aussi et surtout les communautÈs locales, les associations, les ONG
et le secteur privÈ . la vÈritÈ,
ce postulat dÈnote díune analyse superficielle
de la pratique de la gestion participative dans le
Bassin du Congo.
HypothËses de travail
LíhypothËse de dÈpart est que dans le
Bassin de Congo les mÈcanismes juridiques et institutionnels sont
ouverts la participation, mais quíen rÈalitÈ ils
níassurent pas vÈritablement la participation de toutes les
parties prenantes de la gestion de líenvironnement et
prÈcisÈment les populations locales. Par ailleurs,
líimplication de ONG internationales va grandissante et elle offre des
perspectives intÈressantes pour le partage des revenus de
líexploitation des ressources et partant
15 C. Doumengue, La gestion des
ÈcosystËmes forestiers du Cameroun, Du Gabon, et de la
GuinÈe Equatoriale líaube
de lían 2000, UICN, p. 148, YaoundÈ, Cameroun
dÈcembre 1998.
16 Maurice KAMTO, Droit de líenvironnement en
Afrique, Edicef, p.110, 1996.
17 Patrice BIGOMBE LOGO, Le retournement de
líÈtat forestier : líendroit et líenvers des
processus de gestion forestiËre au Cameroun, Presses de
líUniversitÈ Catholique díAfrique Centrale, p.332,
YaoundÈ 2004.
18 BASSALANG Marie-Madeleine, La gestion des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique centrale,
MÈmoire Master en Droit de líHomme et action
humanitaire, UCAC 2005 ;
19 Patrick Juvet LOWE GNINTEDEM, Les ONG et la
protection de líenvironnement en Afrique Centrale, MÈmoire
Master DICE (M2), p.103, UniversitÈ de Limoges 2OO3
5
pour la gestion rationnelle des ressources.
MÈthodologie et plan
A líaide du paradigme descriptif, nous nous engageons
dans une approche intÈgrÈe. C'est-- dire quíen
mÍme temps que nous prÈsenterons les mÈcanismes de
gestion participative des ressources naturelles au Cameroun et en RDC,
nous nous attellerons du mÍme coup mener la
rÈflexion critique. Ce n'est peut Ítre pas une innovation,
tout de mÍme c'est une approche qui se veut originale. Par
ailleurs, les canons de notre analyse seront essentiellement
l'exÈgËse des textes, ainsi qu'une approche vÈritablement
critique. Notre travail veut rompre avec la mÈthode classique qui
consiste analyser dans une premiËre partie les concepts,
prÈsenter les notions avant d'en ressortir les limites dans une
seconde partie. Sous toutes les latitudes, on semble avoir pris la
mesure de la globalitÈ du phÈnomËne
environnemental. Depuis une trentaine d'annÈe, la
communautÈ internationale montre bien qu'elle a comprise qu'on
ne peut rÈpondre au dÈfi de la viabilisation de la
planËte qu'en menant des actions concertÈes. On assiste ainsi
une forte pression
de la sociÈtÈ des ...tats tant au niveau sous
rÈgional que global (DeuxiËme partie). Cependant
que la gestion participative et durable de l'environnement doit
fondamentalement commencer la base avec l'intÈgration des
acteurs locaux, et partant la prise en compte de leurs
intÈrÍts immÈdiats
(PremiËre partie).
6
PremiËre Partie : La participation au niveau
Local
7
On ne le dira jamais assez, le Bassin du Congo est le
gÓte díun trÈsor de ressources
naturelles. Cíest un important rÈservoir de
biodiversitÈ. On y trouve de nombreuses espËces
endÈmiques dissimulÈes dans une immense forÍt dense,
qui du fait de líaction des hommes perd chaque jour de sa
consistance. En effet, líexploitation des ressources naturelles du
bassin du Congo
va croissante. ParticuliËrement au Cameroun et en RDC
líexploitation des forÍts prend de líampleur
au fil des ans.
Le bassin du Congo níest pas que
líhabitat díespËces fauniques et floristiques
exceptionnelles, il abrite de mÍme des groupements humains singuliers.
Cíest le cas des peuples de
la haute forÍt quíon appelle communÈment et
de maniËre pÈjorative20 ' pygmÈes . Ce
cause de leur petite taille et de leur attachement viscÈral aux valeurs
que vÈhicule leur mode de vie ancestral.
Ils sont rÈputÈs pour Ítre les
premiers habitants de la forÍt. Ils se
caractÈrisent par leur
extraordinaire capacitÈ vivre en harmonie avec leur
milieu de vie. On les retrouve aussi bien dans
les forÍts du Sud et de líEst Cameroun que dans les
vastes Ètendues forestiËres de la RDC. Ils vivent
de chasse, de cueillette et de pÍche. Dans la
mÍme logique, nous ne saurions oublier de faire mention des
autres peuples, et principalement des Bantous.
La participation au niveau local la
gestion des ressources naturelles soulËve fondamentalement deux
ordres de questions. Il síagit díune part de la contribution
des ressources naturelles la lutte contre la pauvretÈ, la
prÈcaritÈ. Et de líautre il est question de la
gestion pÈrenne des dites ressources. En effet, comme le
dit EBERHARD : ' Avec le dÈbut de líexploitation
forestiËre il y a une trentaine díannÈe, de
nombreux habitants de pays en dÈveloppement ne sont plus pauvres
uniquement díaprËs les standards europÈens, tout en vivant
une
vie qui fasse sens pour eux et leur permet de satisfaire leurs
besoins en conformitÈ avec leur vision
du monde et de la sociÈtÈ. Ils sont devenus
misÈrables, c'est--dire placÈs dans des conditions ocents
ils
ne peuvent plus assurer leur propre survie de maniËre
digne en conformitÈ avec leurs valeurs, leurs aspirations et leurs
ressources 21. En tout Ètat de cause, les
lÈgislations des pays du bassin du Congo, notamment celles du
Cameroun et de la RDC, prÈvoient des mÈcanismes de participation
la gestion des ressources naturelles. Les plus importantes
concernent la gestion communautaire des ressources forestiËres (Chapitre
I), et la fiscalitÈ dÈcentralisÈe (chapitre II).
20 Cf. note n° 32 infra.
21 EBERHARD CH : Droit, gouvernance et
dÈveloppement durable : quelques rÈflexions prÈliminaires
; revue interdisciplinaires díÈtudes juridiques n°53,
dÈcembre 2004 (www.fgf.be/index2.php).
8
Chapitre I : La gestion communautaire des ressources
forestiËres
Le rapport des populations locales la gestion des
ressources naturelles dans le basin du
Congo síest prÈcisÈ avec le temps. Leur
implication est allÈe grandissante, la faveur de la prise de
conscience de la communautÈ internationale du risque que
constituait la dÈforestation. Les
cataclysmes Ècologiques se sont succÈdÈs
: le rÈchauffement continuel de la planËte, les ouragans de plus
en plus violents, et dans la foulÈ la hausse du niveau de la
mer avec la fonte des glaciers polaires. Ainsi, la
confÈrence de Stockholm en 1972, la prise de conscience est
dÈj effective et la volontÈ díintÈgrer toutes
les parties la gestion de líenvironnement se dessine
dÈj. Pour ce qui est des forÍts tropicales, líon va
assister la mise sur pied dans les annÈes 1972 du PAFT (Programme
díAction Forestier Tropicale). Mais cíest
vÈritablement la confÈrence des nations unies sur
líenvironnement et le dÈveloppement que la considÈration
effectivement du rÙle des acteurs locaux dans la gestion globale
de líenvironnement, et singuliËrement des ressources
forestiËres a juridiquement pris forme.
Ainsi, la fiËvre mondiale de prÈservation de
líenvironnement et de ses ressources va secouer
la conception traditionnelle de la gestion communautaire des
ressources dans le Bassin du Congo.
La gestion communautaire síentend comme le mode
díappropriation collective des ressources par
les groupements humains locaux sous le contrÙle
de líEtat. Avec la pression de la sociÈtÈ
internationale, les pays de la sous-rÈgion essaient, tant bien
que mal, d'adapter leurs lois et rËglements dans le sens de
líintÈgration, ou plus prÈcisÈment de
l'implication des populations locales. Que líon se trouve de
líun ou de líautre cotÈ du fleuve Congo, les
mÈcanismes de participation sont globalement identiques. Il
síagit essentiellement de la gestion communautaire de
la faune et de la flore (section II) et de la pratique des droits
díusage (section I).
9
Section I : Les droits díusage
Les droits d'usage se dÈfinissent essentiellement
comme des prÈrogatives coutumiËres reconnues des
populations riveraines des espaces forestiers. C'est une technique
juridique qui permet aux dites populations de continuer tirer leur
subsistance des espaces forestiers affectÈs des usages
particuliers. Il est important de prÈciser avant tout le contenu,
c'est--dire la signification des droits d'usage (I). Par ailleurs, dans
les deux pays, certaines limites (II) s'Èrigent qui semblent vider les
droits d'usage de leur intention originelle : garantir la participation
efficace des populations locales la gestion des ressources
naturelles.
I ñ Le contenu des droits díusage
La signification des droits d'usage varie selon que l'on soit
au Cameroun ou en RDC. En effet, alors que d'un cÙtÈ la loi
semble avoir consacrÈe une conception Ètroite des droits d'usage
(A),
de l'autre ces droits revÍtent une certaine consistance
(B).
A ñ La conception Ètroite du
Cameroun
C'est la loi forestiËre de 1994 qui dÈfinit le
concept de droits d'usage au Cameroun. Il s'agit
en rÈalitÈ des prÈrogatives
traditionnelles et sÈculaires reconnues aux communautÈs
villageoises
riveraines des forÍts pour continuer tirer leur
subsistance de leurs forÍts. Dans cette perspective il
est essentiel d'Èclairer tout d'abord, la notion de
communautÈ riveraine (1) avant de se pencher sur l'affectation que la
loi destine au produit des droits d'usage (2).
1- La notion de communautÈ riveraine
Les droits díusage sont Ètroitement liÈs
la communautÈ riveraine. La loi camerounaise22 parle
de communautÈ riveraine23, mais aucun moment
elle ne dÈfinit exactement ce qu'on doit entendre par l.
De ce point de vue, il y a un vide juridique, qui contribue
confondre les communautÈs villageoises. Cependant, la pratique tend
considÈrer les communautÈs riveraines des forÍts
comme les populations qui vivent dans et autour des espaces forestiers depuis
des gÈnÈrations
et qui ont l'habitude de tirer le support de leur vie dans ces
forÍts. Ainsi, l'on considËre deux critËres essentiels comme
Ètant opÈratoires dans la description des communautÈs
riveraines des forÍts.
Il s'agit tout d'abord de la proximitÈ
gÈographique. Ici il faut vivre dans ou autour de la forÍt. C'est
dire que toute personne qui ne se revendique pas cette proximitÈ et de
surcroÓt ne peut l'Ètablir
par les mÈcanismes coutumiers d'appartenance
un groupe sociologique ne peut pas, de ce fait,
bÈnÈficier des droits d'usage.
Il s'agit aussi de l'usage habituel ou sÈculaire du
produit de la forÍt comme support de vie. Il
convient ici díanalyser líhabitude en
considÈration des gÈnÈrations. De la sorte les
communautÈs qui revendiquent les droits díusage doivent pouvoir
Ètablir que leurs ascendants occupaient avant eux
ces espaces forestiers et en tiraient le produit de leur
subsistance. Aussi il faut comprendre que
líusage ne se limite pas
líapprovisionnement en produits comestibles. Il síÈtend
líutilisation de la forÍt pour la pratique des rites
sacrÈs et líexpression de la culture locale. Sans vraiment
exclure cet autre aspect de líusage des forÍts, la loi
níen fait pas expressÈment mention et síintÈresse
plutÙt líaffectation quíon doit faire des produits
forestiers comestibles.
2- Líaffectation limitÈe des droits
díusage
La loi prÈcise l'affectation qui doit Ítre faite du
produit des droits d'usage. En effet, ce sont des produits destinÈs
l'auto consommation. C'est--dire que les
bÈnÈficiaires de cette catÈgorie de
22 Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant
rÈgime des forÍts, de la faune et de la pÍche.
23 Article 8, loi du 20 janvier 1994.
10
droit sui gÈnÈris ne peuvent pas commercialiser
les produits qu'ils tirent de la forÍt dans le cadre de
líexercice de leurs droits coutumiers. Ils doivent juste en
user pour assurer leurs besoins dits fondamentaux. Les produits en
question concernent tout aussi bien les produits ligneux (le bois) que
les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL). Dans ce sens on fait
rÈfÈrence aux produits fauniques
et aux divers produits et fruits issus des arbres.
D'ailleurs, les droits d'usage sont reconnus
indÈpendamment de l'espace forestier dans lequel
on se trouve. Quíil síagit du domaine forestier
permanent, ou de celui non permanent. De la sorte,
mÍme les exploitants forestiers ne devraient pas
pouvoir s'opposer l'exercice des droits d'usage pour des produits
non mentionnÈes dans leurs titres d'exploitation24.
Cette pratique est symptomatique de la participation des populations
locales la gestion de l'environnement et cadre bien avec la
protection durable des ressources naturelles. Tout compte fait, la
RÈpublique
DÈmocratique du Congo offre une toute autre conception.
B ñ La conception plus large de la RDC
Les droits d'usage forestiers tels que dÈfinis dans la loi
congolaise permettent de dÈterminer
les bÈnÈficiaires classiques de ces droits
(1). Le lÈgislateur Congolais opËre une extension des
bÈnÈficiaires des droits d'usage (2).
1 ñ Les bÈnÈficiaires classiques des
droits díusage
Aux termes de l'article 36 de la loi forestiËre de la
RÈpublique DÈmocratique du Congo, les droits d'usage forestiers
des populations vivants l'intÈrieur ou
proximitÈ du domaine forestier sont ceux rÈsultants de
coutumes et traditions locales. Ici comme au Cameroun, les
critËres de revendication des droits d'usage forestiers semblent se
retrouver. Il s'agit alors des critËres gÈographiques : ceux
si se traduisent par la proximitÈ, ainsi que par le fait de vivre
effectivement de
la gÈnÈrositÈ des espaces forestiers
concernÈs.
D'un autre cotÈ, le systËme repose sur les
coutumes et traditions locales. Il s'agit d'une approche culturelle des
droits d'usage. En effet, les sociÈtÈs traditionnelles
africaines utilisent la forÍt comme un espace sacrÈ. Espace de
conservation des rites ancestraux. C'est le lieu de transition entre les
gÈnÈrations ; un endroit ocents l'on acquiert et ou l'on
peut perdre tout les pouvoirs. La coutume et la tradition s'analysent
aussi comme l'effet d'habitude. La rÈcurrence le long des
gÈnÈrations de l'usage de l'espace forestier comme pourvoyeur de
biens nÈcessaires la vie. Si les bÈnÈficiaires des
droits d'usage síidentifient aux mÍmes qu'au Cameroun, la
loi Congolaise revÍt une particularitÈ quant
l'Ètendue des droits d'usage.
2- Líextension des bÈnÈficiaires des
droits díusage
Contrairement la lÈgislation camerounaise
qui limite les droits d'usage aux seules populations riveraines des
espaces forestiers, la loi congolaise ouvre la possibilitÈ tout
congolais
de jouir des droits d'usage. En effet, l'art 41 de la loi
forestiËre de RDC dispose : ' tout Congolais peut exercer des droits
d'usage sur l'ensemble du domaine forestier protÈgÈ (...) . La
diffÈrence est nette. Ici la participation la gestion des
ressources naturelles n'est plus liÈe la situation
gÈographique, mais elle se base tout simplement sur la
nationalitÈ.
L'ouverture des droits d'usage ' tout congolais consacre
une vision plus altruiste de la
participation des populations la gestion des
ressources naturelles, et contribue manifester la volontÈ
de supprimer toute discrimination dans la gestion des ressources nationales de
la RDC. Il faut dire tout de mÍme que le droit de tous les congolais
de jouir des droits d'usage se concentre dans les forÍts
protÈgÈes. C'est--dire des forÍts qui font partie du
domaine privÈ de l'Etat congolais. C'est dire que dans les deux autres
domaines forestiers, ils sont limitÈs aux populations riveraines.
24 Art 62 et 155 de la loi du 20 janvier 1994
prÈvoit des sanctions l'encontre des exploitants forestiers qui
violent les droits d'usage des populations quand celles-ci recueillent
les produits non expressÈment mentionnÈs dans le titre
d'exploitation.
11
Cíest une avancÈe significative quíil
convient de relever, pour síen fÈliciter. Cependant, de
nombreuses entorses apparaissent pour relativiser cette volontÈ de
participation au niveau local.
II - Les limites des droits díusage
Les droits d'usage sont l'une des manifestations les plus
importante de la participation des populations locales la gestion des
ressources naturelles dans le Bassin du Congo. Les limites de
ces prÈrogatives sont de deux ordres. On peut distinguer
les limites liÈes l'affectation des espaces
forestiers (A), et les celles liÈes
l'Ètendue de ces droits l (B).
A ñ Les limites liÈes
líespace forestier considÈrÈ
PrÈcisons quíen RDC comme au Cameroun, les
espaces forestiers sont la propriÈtÈ de l'Etat25.
Une exÈgËse de la politique forestiËre du Cameroun
permet de dÈgager deux espaces forestiers distincts: le domaine
forestier permanent et le domaine forestier non permanent. Tandis que le
code forestier congolais partage le domaine forestier national en
forÍts classÈes, forÍts protÈgÈes et
forÍts de protection permanentes. Cette division de l'espace forestier
d'un cotÈ comme
de l'autre restreint considÈrablement les droits d'usage
des populations en gÈnÈrales (1) et procËde mÍme
d'une certaine nÈgation des droits des populations marginales que
constituent les ëpygmÈesí,
comme il est convenu de les appeler (2).
1 ñ Les restrictions des droits d'usage
collectifs
Les forÍts permanentes s'analysent essentiellement
comme des espaces forestiers destinÈs demeurer des forÍts
au cours des siËcles. C'est dire que ce sont des espaces ocents la
forÍt ne devrait jamais disparaÓtre. Dans ce registre, la
loi congolaise parle de forÍts classÈes et prÈvoit
des limitations aux droits d'usage selon que l'on considËre l'une ou
l'autre appellation. Il peut s'agir des rÈserves intÈgrales,
ocents toute activitÈ humaine est prohibÈe, des parcs nationaux
ou alors des forÍts vouÈes une protection fonctionnelle.
Dans les forÍts classÈes, les droits d'usage sont rÈduits
' au ramassage du bois mort et de la paille ; la cueillette
des fruits, des plantes alimentaires ou mÈdicinales ; la
rÈcolte des gommes, des rÈsines ou du miel ; au
ramassage des chenilles, des escargots ou grenouilles ; au
prÈlËvement du bois destinÈes la construction des
habitations et pour
usage artisanal 26.
Dans les forÍts protÈgÈes, la perspective
est ouverte au libre exercice de l'agriculture. Mais
cette derniËre dÈpend du bon vouloir du gouverneur
de la province concernÈe. Dans le mÍme ordre d'idÈe, il
est dit que le ministre de l'agriculture peut rÈglementer les produits
forestiers dont il juge utile de contrÙler l'exploitation.
Au Cameroun, on assiste une sorte de braderie des
droits d'usage coutumiers des populations locales. Dans le domaine
forestier permanent, ces droits sont considÈrablement limitÈs
du fait de l'affectation de ces espaces. En effet, il est
constituÈ des forÍts permanentes, domaniales
et communales. Les restrictions dans les forÍts
domaniales sont dues la nÈcessitÈ de protection qui
caractÈrise certaines espËces tant animales que floristiques.
Cependant, les limites liÈes aux forÍts communales
dÈcoulent de la visÈe Èconomique de ces espaces.
Ils doivent faire l'objet d'un plan díamÈnagement. Dans cette
perspective, les droits coutumiers sont alors restreints la
proportion congrue que leur laisse ces plans d'amÈnagements.
MÍme si la loi prÈvoit des consultations prÈalables
des populations lors de l'Èlaboration de ces plans de gestion, celles ci
n'ont jamais lieu et quand elles ont lieu, il s'agit juste des coquilles vides,
des caricatures de consultation. Ces laxismes
juridiques et factuels sont encore plus effarants quand il s'agit
des populations tribales27.
25 Article 7 Code forestier Congolais ; Loi de
politique gÈnÈrale de gestion de l'environnement au Cameroun.
26 Article 39 code forestier congolais.
27 Au sens du Projet de dÈclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones, 26 ao°t 1994.
12
2 ñ La nÈgation des droits coutumiers des
populations ëPygmÈesí
Dans le Basin du Congo, on doit l'histoire de rappeler
que les ëpygmÈesí sont les premiers habitants de la
forÍt. C'est dire que les droits d'usage coutumiers doivent
leurs Ítre reconnus en prioritÈ. Cependant, dans la pratique
on assiste une quasi-nÈgation des droits de ces populations
fragiles. Une analyse du plan de zonage du Cameroun permet de se
rendre líÈvidence que le
domaine forestier permanent, ocents les droits d'usage
sont strictement limitÈs, couvre en totalitÈ la haute
forÍt qui est le gÓte par excellence des
ëpygmÈesí. Ceci les pousse revenir vers les
axes routiers, endroits occupÈs par les bantous souvent hostiles, et
ocents les forÍts ont dÈj ÈtÈ sauvagement
exploitÈes. De ce point de vue, les pratiques de l'administration
causent ces ëpygmÈesí de sÈrieux
problËmes de survie et les exclues presque de la gestion des produits
forestiers. Ainsi, la base de líimplication dans la gestion des
ressources naturelles se trouve une autre question tout aussi digne
díintÈrÍt et qui concerne líappropriation de la
terre.
Ressource fondamentale, la propriÈtÈ
fonciËre fait líobjet díun cadre juridique
particulier.
Au Cameroun, cíest la loi de 1972 qui encadre la
question. Cette loi lie la propriÈtÈ de la terre
líinvestissement que líon a rÈalisÈ sur cette
derniËre. Au sens de cette loi líinvestissement est
caractÈrisÈ par des constructions ou des plantations. Elle
consacre ainsi la vision bantoue de líoccupation de
líespace. Ceci dÈcoule de leur tradition de sÈdentaire et
díagriculteur. Pourtant les ëpygmÈesí, peuples de
chasseurs ont une autre conception du marquage de líespace qui se
traduit
par des marques sur les arbres de la forÍt, par
exemple. Au bout du compte, les ëpygmÈesí se
retrouvent sans terre et donc sans vÈritables droits coutumiers.
En RDC le problËme se pose dans des termes presque
semblables. Il convient de dire que le
sol et le sous-sol sont la propriÈtÈ de
líEtat congolais, et comme líaccessoire suit le principal, les
ressources du sous-sol et du sol appartiennent toutes líEtat.
Ceci est un principe constitutionnel. Mais les craintes sont centrÈes
sur líaffectation des terres. Ici de plan de zonage n'est pas encore
dÈfinitif, cependant, les ëpygmÈesí n'en sont pas
mieux lotis28. C'est sur leurs terres que l'Etat passe
le plus de contrat de concession avec les exploitants forestiers.
Toute chose qui rÈduit leur accËs
ces espaces l. C'est aussi sur leurs territoires que sont
situÈes les forÍts classÈes, c'est--dire des
parcs nationaux, des rÈserves de toute sorte, dont
on sait que les besoins de protection limitent drÙlement les
droits d'usage.
B ñ Les limites liÈes
líÈtendue des droits díusage
L'Ètendue dont il est question concerne
l'Ètendue matÈrielle des droits coutumiers. Il est question
de rechercher les implications de l'affectation prÈcise que les lois
forestiËres des deux pays envisagent pour les droits coutumiers. Il
est dÈplorable que les droits d'usage forestiers soient
limitÈs l'autoconsommation au Cameroun (1) tandis qu'en RDC une
lÈgËre brËche est ouverte la commercialisation du
produit des droits coutumiers (2).
1 ñ LimitÈs líauto
consommation au Cameroun
Le moins que l'on puisse dire c'est que les droits d'usage
coutumiers sont des prÈrogatives extrÍmement prÈcaires.
La loi29 prÈvoit que les ministres chargÈes des
forÍts, de la faune et de la pÍche peuvent, pour cause
d'utilitÈ (...) suspendre temporairement ou titre
dÈfinitif l'exercice du droit d'usage lorsque la
nÈcessitÈ s'impose. MÍme s'il est fait mention de ce que
cette suspension obÈÓt au rÈgime
gÈnÈrale de l'expropriation pour cause d'utilitÈ
publique, reste quíen droit camerounais la notion d'ordre publique
est extrÍmement vague et laisse libre court toute sorte de
dÈrives.
Aussi, la restriction qui limite le plus l'aspect lutte contre la
pauvretÈ de la participation des populations riveraines la
gestion des ressources forestiËres c'est la limitation des droits
coutumiers
28 Organisation Autochtones PygmÈes et
accompagnant les autochtones PygmÈes en RÈpublique
DÈmocratique du
Congo, RequÍte adressÈe au panel d'inspection de la
Banque Mondiale, 30 octobre 2005, Kinshassa-RDC p 26.
29 Article 8 alinÈa 2 loi n°94/ 01du
20 janvier 1994 portant rÈgime des forÍts, de la faune et de la
pÍche.
13
l'autoconsommation. Le lÈgislateur se comporte
comme si les besoins des populations riveraines des forÍts se limitent
la nutrition. Pourtant líÈpanouissement de
líÍtre humain, quíil vive en ville
ou en campagne intËgre la satisfaction des autres
besoins vitaux. On peu citer entre autre
líÈducation, líaccËs aux
services sociaux de base, le revÍtement, la santÈ
et mÍme les divertissements. Díailleurs le DSRP30
est assez claire ce propos. En effet, les populations
riveraines des forÍts ne vivent pas que du donnÈ
immÈdiat que constitue la consommation personnelle. Elles ont besoin
de rÈpondre aux autres besoins vitaux de la vie, bref elles ont
besoin
de s'Èpanouir et ceci passe par les Èchanges :
le commerce. A ce propos, il serait intÈressant de leur permettre de
profiter des ressources de la forÍt pour combler ces autres
besoins. En outre, l'Èconomie mondiale repose sur les Èchanges,
rester en marge du mainstream est lapidaire.
2 ñ RDC : la commercialisation
conditionnÈe
Ici aussi, l'on a consacrÈ la prÈcaritÈ des
droits d'usage forestiers. partir du moment ocents l'on estime que l'exercice
du droit d'usage est toujours subordonnÈ l'Ètat et
la possibilitÈ des forÍts31,
on sous-entend que ces droits sont susceptibles de vaciller d'un
instant l'autre.
Le principe de base instituÈ par le
lÈgislateur congolais est celui de la prohibition de la
commercialisation des produits recueillis au titre des droits d'usage
forestiers32. Ceci procËde de la mÍme logique que
celle adoptÈe au Cameroun et dont nous venons de relever les
lacunes. Seulement, le lÈgislateur congolais semble un peu plus ouvert
que son homologue camerounais. En effet, l'article 37 in finÈ du code
forestier congolais envisage la commercialisation de certains fruits
et produits dont il laisse la dÈfinition la libre
apprÈciation du gouverneur de province.
MalgrÈ le caractËre Èvolutionniste de ce
texte, il n'en est pas moins lacunaire. Il n'Ètablit pas
les bases sur lesquels le gouverneur de province doit constituer
sa liste. Ainsi la dÈtermination du contenu de la liste est
laissÈe sa discrÈtion absolue. La RDC Ètant
plongÈe dans une pÈriode
d'instabilitÈ politique et sociale depuis quelques
dÈcennies, tous les dÈtenteurs des parcelles de pouvoir
ont tendance en abuser. De ce point de vue, les gouverneurs
de province seraient de vÈritables potentats investis du pouvoir de
restreindre la participation des populations locales la gestion des
ressources naturelles selon leur bon vouloir.
Au bout du compte, il apparaÓt bien que les droits d'usage
coutumiers comme ont les appelle
au Cameroun et les droits d'usage forestiers selon l'appellation
consacrÈe en RDC constituent bien
le premier rempart de la participation des populations locales
la gestion des ressources naturelles.
Ils connaissent de fortunes lÈgËrement
diffÈrentes dans les deux pays, mais le substrat de base est le
mÍme. La participation est entravÈe par les lacunes
factuelles et juridiques importantes. Le second rempart est la gestion
communautaire de la faune et de la flore.
Section II : La gestion communautaire de la faune et de la
flore
Líexploitation des forÍts du bassin du Congo a
commencÈ trËs tÙt, autour des annÈes 1960.
Il s'agissait alors fondamentalement de l'exploitation
industrielle. Avec le temps, la faveur aussi de
la prise de conscience de l'importance des
forÍts dans la survie de la planËte, des voix ont
commencÈ se lever pour dÈnoncer l'exploitation
abusive des ressources forestiËres par les industriels. cette
Èpoque s'est amorcÈ le processus d'intÈgration des
populations locales dans la gestion des ressources naturelles de la
rÈgion, particuliËrement de la forÍt et de son contenu.
Dans
ce sens, un vif intÈrÍt s'est vite portÈ
sur la foresterie communautaire (I) et corrÈlativement sur la gestion
communautaire de la faune (II).
I - La foresterie communautaire
30 Document de StratÈgie de RÈduction
de la PauvretÈ, Cameroun 2OO5.
31 Article 36, alinÈa 3 code forestier de
la RDC.
32 Article 37 code forestier de RDC.
14
Il s'agit de rendre compte des possibilitÈs que la
loi des deux pays laisse aux populations riveraines des forÍts de
s'investir dans l'exploitation des ressources de cette derniËre.
Les forÍts communautaires doivent síÈtendre au maximum
sur 5 000 hectares. Leur gestion est ouverte la communautÈ
aprËs la validation díun plan de gestion par
líadministration des forÍts. Un constat liminaire s'impose
: le lÈgislateur camerounais s'est montrÈ plus originale
dans l'implication des populations que son homologue congolais. Tandis
que celui-ci prÈvoit l'exploitation des forÍts communales et
des forÍts communautaires, celui l n'a considÈrÈ que
trËs timidement l'exploitation des forÍts par les
communautÈs. la vÈritÈ, si la foresterie communautaire
s'avËre Ítre un prÈcieux instrument d'Èpanouissement
des communautÈs (A), il n'en demeure pas moins qu'elle se heurte
de multiples obstacles qui relativisent sa visÈe
participative (B).
A ñ Un instrument d'Èpanouissement des
communautÈs forestiËres
Avec la loi de 199433, le lÈgislateur
camerounais franchi un pas dÈterminant dans l'ouverture
de la gestion des forÍts aux populations. Cette ouverture
est d'autant plus significative qu'elle revÍt une originalitÈ
(1) dont nous ne manquerons pas de faire mention. Par
contre, le mÍme
enthousiasme n'est pas encore manifeste en RDC. Ceci se ressent,
et marque la diffÈrence, sur les modalitÈs d'exploitation des
espaces forestiers communautaires (2) dans les deux pays.
1- L'originalitÈ de la foresterie
communautaire
Le lÈgislateur congolais ne parle pas
expressÈment de foresterie communautaire. Il se contente de faire
mention de ' l'exploitation des forÍts des communautÈs locales
34. Cette allusion Èvasive la foresterie
communautaire est symptomatique des rÈticences que le
gouvernement congolais a vis--vis de la cogestion des
forÍts avec les communautÈs locales. Par contre, au
Cameroun, lato sensu, la foresterie communautaire regroupe
deux concepts : la forÍt communautaire d'une part et la
forÍt communale de l'autre. ces concepts il convient d'ajouter les
divers permis de coupe de bois.
La forÍt communautaire ne peut Ítre
attribuÈe que dans le domaine forestier non permanent,
alors que la forÍt communale se trouve
confinÈe dans le domaine forestier permanent de líEtat.
LíoriginalitÈ de la foresterie communautaire est qu'elle
apprÈhende la communautÈ dans ses diverses manifestations.
Tandis que le concept de forÍt communautaire repose sur une
assise sociologique. C'est--dire sur sa vocation
impliquer les communautÈs entendues comme l'ensemble des
personnes physiques qui la compose. L'autre concept, c'est--dire,
celui de forÍt communale repose sur la manifestation
Èminemment politique et juridique de la sociÈtÈ
rurale. Puisquíil repose sur la considÈration de la mairie qui
est une collectivitÈ territoriale dÈcentralisÈe. Dans ce
sens, une fois classÈe comme forÍt communale, la commune en
question obtient un titre foncier sur líespace forestier ainsi
classÈ. Par consÈquent, la mise en oeuvre de la
foresterie communautaire permet une triple intÈgration des
communautÈs riveraines des forÍts.
D'abord une intÈgration politique, puisqu'elle
sert de forum ocents les populations viennent Èchanger leurs
idÈes sur la maniËre dont elles entrevoient leur avenir commun et
l'Èvolution de leur terroir dans le temps. Puis, elle facilite
une intÈgration Èconomique. cet Ègard, elle permet
de dÈgager des moyens financiers susceptibles de contribuer
l'Èpanouissement des dites communautÈs ;
travers l'augmentation du pouvoir d'achat des villageois. Enfin, elle
permet de rÈaliser une intÈgration environnementale, dans
ce sens que la foresterie communautaire met la communautÈ face
ses responsabilitÈs de protection de gestion durable de
la forÍt, comprise comme leur milieu de vie. Ainsi, en s'occupant de
prÈserver leur propre intÈrÍt, elles aboutissent
sur la sauvegarde d'un intÈrÍt commun toute
líhumanitÈ.
Les populations locales participent la mise en
úuvre de la ForÍt Communale de trois maniËres
successives : la rÈunion d'information sur les limites de la
FC en vue d'obtenir son
33 Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant
rÈgime des forÍts, de la faune et de la pÍche.
34 Article 111 code forestier de RDC.
15
classement, la prise en compte des usages locaux dans le plan
d'amÈnagement et la crÈation d'un comitÈ consultatif
dans le cadre du transfert de pouvoir de l'...tat aux communautÈs
rurales. Ceci est aussi valable pour les forÍts communautaires (FCt).
Pour ce qui est singuliËrement des FCt,
l'annÈe 2001 consacre l'engagement de l'...tat
camerounais faire des populations riveraines des
forÍts le maillon principal de la gestion de celles-
ci. En effet, c'est la date laquelle est
instituÈ le droit de prÈemption en faveur des communautÈs
locales. DÈsormais, toute forÍt susceptible d'Ítre
ÈrigÈe en forÍt communautaire est attribuÈe
en prioritÈ la communautÈ riveraine la plus proche qui en
fait la demande35. Ici, l'idÈe novatrice de base est
l'attribution l'exploitation en prioritÈ aux
communautÈs riveraines. Lí'arrÍtÈ de 2001
essaie de rÈtablir un Èquilibre que la loi de 1994 n'avait pas
jugÈ bon d'instituer entre les exploitants industriels et les
communautÈs locales. C'est une avancÈe majeure dans le processus
d'implication
des populations locales dans la gestion des forÍts au
Cameroun. La procÈdure jusque l en vigueur, d'accession
l'exploitation forestiËre, ne laissait aucune chance aux
communautÈs rurales,
gÈnÈralement dÈmunies, face aux richissimes
exploitants forestiers.
2 ñ Les modalitÈs d'exploitation des
espaces forestiers communautaires
La foresterie communautaire se veut un instrument de gestion
durable des forÍts et de ses multiples ressources. Il suffit de revenir
sur le contexte de l'adoption de ces diffÈrents concepts pour s'en
convaincre. Il Ètait question de limiter, tout au moins de
contrÙler davantage l'expansion des exploitations industrielles, pas
soucieuses de l'environnement et de la durabilitÈ des
ressources. Líexplique Ètant que les industriels sont des
commerÁants qui cherchent díabord maximiser leurs profits.
Ce faisant, l'on estimait que les populations locales prendraient mieux soin
des forÍts, car celles-ci sont en mÍme temps leur milieu de
vie.
Fondamentalement, mÍme s'il n'y a pas de grandes
diffÈrences dans la gestion des espaces
forestiers communautaires au Cameroun et en RDC, il persiste
tout de mÍme quelques disparitÈs notables. Aussi, elles
procËdent toutes deux de la mÍme cacophonie. Au Cameroun,
l'exploitation des forÍts communales ainsi que des forÍts
communautaires doit se faire suivant le respect du Plan Simple de Gestion
(PSG) d°ment validÈ par l'administration des forÍts.
Elle peut se faire soit en rÈgie, soit par vente de coupe, ou
alors permis d'exploitation ou par autorisation personnelle de
coupe36. De la mÍme maniËre, le code forestier de
RDC prÈvoit que l'exploitation des forÍts des communautÈs
locales peut Ítre faite soit par elles-mÍmes, soit par
l'intermÈdiaire d'exploitants
privÈs artisanaux, ou en vertu d'un accord
Ècrit37.
De ce qui prÈcËde, on remarque qu'il y a
amalgame. On comme l'impression que les lÈgislateurs
camerounais et congolais raisonnent par l'absurde. En effet, comment peut-on
admettre
en mÍme temps que la foresterie communautaire vise une
gestion durable des forÍts en limitant le
rÙle des exploitants industriels, et permettre que les
espaces forestiers communautaires puissent Ítre gÈrÈs par
ces mÍmes industriels. MÍme si la loi congolaise semble plus
logique en n'admettant que
les exploitants privÈs artisanaux38, un
doute subsiste cependant sur la capacitÈ du gouverneur de
province s'assurer effectivement que ces derniers soient
des exploitants artisanaux. Ces insuffisances tÈmoignent
souhait des difficultÈs que rencontre la mise oeuvre de la
foresterie
communautaire dans le Bassin du Congo.
B ñ Un instrument exposÈ de
multiples blocages
La foresterie communautaire est une institution qui
cherche encore ses marques dans le Bassin du Congo. Dans la
rÈgion, les entraves socioculturelles (1) s'associent un
balbutiement juridique qui cherche lui aussi ses marques (2) dans les
dÈdales des intÈrÍts particuliers.
35 Article 1er arrÍtÈ n°
0518/MINEF/CAB fixant les modalitÈs d'attribution en prioritÈ aux
communautÈs villageoises riveraines de toute forÍt susceptible
d'Ítre ÈrigÈe en forÍt communautaire.
36 Article 95 alinÈa 1 dÈcret
n° 95/531/PM du 23 ao°t 1995 fixant les modalitÈs
d'application du rÈgime des forÍts.
37 Art 112, alinÈa 2
38 Article 112, alinÈa 3
16
1 ñ Les entraves socioculturelles
La foresterie communautaire mobilise d'Ènormes
ressources financiËres. La gestion de ces ressources est
subordonnÈe une organisation minimale des communautÈs.
l'occasion, on assiste
la naissance de conflits fratricides. C'est la
quÍte du leadership villageois. Des pÙles se constituent
autour de quelques Èlites plus ou moins
fortunÈes qui essaient de s'approprier les processus qui
conduisent la gestion des espaces forestiers
destinÈes la communautÈ.
Dans le mÍme Èlan, les communautÈs
forestiËres du Cameroun et de la RDC, se fondant sur
la tradition, consacrent non seulement un mode de gouvernement
gÈrontocratique, mais aussi une
certaine forme de misogynie. De ce fait, les femmes et les
jeunes sont presque toujours relÈguÈs au second plan. Mieux
encore, le problËme se pose en des termes plus sÈrieux quand
il s'agit de la participation des populations marginales tels que les
' pygmÈes 39. L'essentiel des FCt est concentrÈ
dans des villages des Bantous - qui sont les ' dominants . C'est aussi le cas
pour les FC, d'ailleurs aucun village ëpygmÈeí ne
constitue une commune. Par ailleurs, ces populations sont
systÈmatiquement mises cotÈ quand il s'agit de
constituer les entitÈs juridiques chargÈes de conduire le
processus d'acquisition de la forÍt et plus tard de la gÈrer.
Cette marginalisation n'est pas
que le fait des populations Bantous, elle se confirme
par la maniËre dont l'Etat se comporte par exemple au Cameroun. En
effet, le plan de zonage ne tient pas compte de la position des villages
des ëpygmÈesí que l'on appelle du reste '
campement , pour signifier le peu de cas qu'on fait de
leurs conditions de vie. A cet Ègard, l'Ètude des
aspirations profondes des populations du Cameroun que l'...tat camerounais a
fait rÈaliser, et qui a aboutit sur le Document de StratÈgie de
RÈduction de
la PauvretÈ (DSRP) ne prend pas en compte les
aspirations des populations ëpygmÈesí du
Cameroun40. Cette mise l'Ècart des
populations tribales est assez contradictoire avec la
reconnaissance par tous de ce que les ëpygmÈesí sont
les premiers habitants de la forÍt. ces entraves
socioculturelles s'ajoutent des obstacles juridiques.
2 ñ Les blocages juridiques
Sur le terrain du droit, on peut recenser plusieurs entraves qui
restreignent la participation
la gestion des ressources travers la foresterie
communautaire. Au Cameroun, alors que depuis
2001 l'on semblait voguer sur un nuage, un arrÍtÈ
de mars 200541 est venu rompre la sÈrÈnitÈ. En
effet, cette disposition impose dÈsormais la rÈalisation
d'une Etude d'Impact Environnemental
comme prÈalable l'acquisition d'une
FCt42. On s'inscrit ainsi dans la logique contraire celle
que
les autoritÈs adoptaient jusque l ;
savoir encourager la gestion des forÍts par les populations
locales. Le vÈritable problËme quoique juridique
des implications plutÙt Èconomiques et
financiËres. En effet, l'acquisition d'une forÍt
communautaire ou d'une forÍt communale nÈcessite
dÈj beaucoup d'argent43. Argent que les
villageois n'ont pas toujours. La rÈalisation d'une Ètude
d'impact sur l'environnement co°te substantiellement
chËre44. En imposer une comme prÈalable
l'acquisition d'une FCt participe simplement de la volontÈ d'exclure les
populations de la gestion des ressources ligneuses. Ceci est d'autant plus
flagrant que cette mÍme obligation n'est pas supportÈe
par les industriels qui ont beaucoup plus de ressources
financiËres, et qui plus est, sont le plus susceptibles de causer
des dommages graves et irrÈversibles l'environnement.
Pour ce qui est de la RDC, le lÈgislateur se
comporte comme si la reconnaissance aux
communautÈs locales du droit d'exploiter
elles-mÍmes leurs forÍts est un moyen de tirer les marrons
du feu. En effet, consciente de l'inexpÈrience des
populations locales dans cette entreprise, la loi prÈvoit la
possibilitÈ pour ces communautÈs de recourir
l'assistance de l'administration.
39 BASSALANG Marie Madeleine, La gestion des
ÈcosystËmes (Ö) Op. Cit, lire la note de bas de page n°14
p.5
40 Belmond T : Indigenous and tribal people and
poverty reduction strategies in Cameroon
41 ArrÍtÈ n°0069/MINEP du 08
mars 2005 Fixant les diffÈrentes catÈgories d'opÈrations
dont la rÈalisation est soumise
une Ètude d'impact environnemental.
42 Article 3, alinÈa IV D de
l'arrÍtÈ n°0069.
43 Trois millions de FCFA part l.
44 Entre trois et sept millions de FCFA.
17
Seulement, cette mÍme loi fait vite de rappeler
que cette assistance doit Ítre
rÈmunÈrÈe45. On remarque ici une
disparitÈ avec la loi camerounaise qui prÈcise bien que
l'administration doit assister les communautÈs qui en manifestent
l'intÈrÍt dans la gestion de leurs ressources
forestiËres,
et que, par ailleurs, cette assistance doit Ítre
gratuite46.
A la vÈritÈ ces obstacles se
rÈpercutent aussi sur les autres mÈcanismes qui permettent
la participation des populations la gestion des ressources ligneuses et
d'autres produits forestiers non ligneux l'exception de la faune qui
connaÓt un rÈgime particulier.
II - La gestion communautaire de la faune
La faune est un ÈlÈment indispensable dans
le maintien de l'Èquilibre des ÈcosystËmes forestiers.
Les forÍts du bassin du Congo abritent une impressionnante
variÈtÈ d'espËces animales. Celles-ci sont menacÈes
en grande partie par le braconnage; de mÍme que par la destruction de
leur habitat naturel. Les pays du Bassin du Congo ont, dans leur grande
majoritÈ, procÈdÈ la rÈception
de la CITES (Convention sur le commerce
international des espËces sauvages menacÈes d'extinction)
relative la protection des espËces menacÈes de disparition.
De ce fait, ils mettent sur pied certains mÈcanismes de protection
participative de la faune. Ainsi, au sens de la loi camerounaise, ce
mode de gestion s'entend comme toute approche de gestion des
ressources fauniques qui, dans toutes les phases de son Èlaboration et
de sa mise en oeuvre, intËgre de faÁon optimale les populations
locales et tous les autres intervenants47. A cet
Ègard, il est intÈressant d'apprÈcier leur
juste valeur les mÈcanismes de participation (A). Cependant,
force est de
constater que ces mÈcanismes participent pour
líessentiel d'un vaste amalgame (B).
A ñ Les mÈcanismes de
participation
Les mÈcanismes dont s'agit concernent les canaux par
lesquels la loi organise la participation des communautÈs la
gestion de la faune. Alors quíau Cameroun ces canaux regroupent
la fois des mÈcanismes communautaires (1) et les
procÈdÈs individuels (2), le lÈgislateur congolais
s'est arrÍtÈ seulement sur le deuxiËme mode de
participation.
1 ñ Les mÈcanismes
communautaires
Ici il est essentiellement question des Territoires de Chasse
Communautaires (TCC) et des
Zones d'IntÈrÍt CynÈgÈtiques
Gestion Communautaire (ZICGC).
Au sens de la loi camerounaise, un TCC ' est un territoire du
domaine forestier permanent faisant l'objet d'une convention de gestion
entre une communautÈ riveraine et l'administration chargÈe
de la faune 48. Il faut dire que le dÈcret
n°95/466/ PM du 20 juillet 1995 fixant les modalitÈs
d'application du rÈgime de la faune, est assez complet en
lui-mÍme. Il institut le droit de
prÈemption en faveur des communautÈs riveraines.
Le TCC est gÈrÈ par la communautÈ suivant les orientations
du plan díamÈnagement validÈ par
líadministration en charge des questions d'environnement, de la
forÍt et de la faune. Le plan díamÈnagement est le
document qui permet de concilier líexploitation des ressources et leur
protection. TrËs souvent líon a adoptÈ la politique des
quotas pour limiter une exploitation abusive des espËces.
Les ZICGC sont des espaces classÈs, eux aussi, en
faveur de la communautÈ riveraine la plus proche de la zone
concernÈe qui en fait la demande. Leur procÈdure de classement
est semble
celle des territoires de chasse communautaire et des
forÍts communautaires. Ils permettent de mener des activitÈs de
chasse sportives tout en percevant une taxe pour le compte de la
communautÈ.
Seulement, líexploitation des ZICGC se heurte au
braconnage qui va grandissant dans les forÍts
díAfrique Centrale. Par ailleurs les quotas
díabatages ne font pas particuliËrement líobjet de
45 Article 113, alinÈa 1 code forestier
congolais.
46 Article 31, alinÈa paragraphe 2, loi de
94.
47 Article 14, loi dÈcret n°95/466/
PM du 20 juillet 1995 (Ö) Op. Cit.
48 Article 19, loi dÈcret n°95/466/
(Ö) Op. Cit.
18
publication, ainsi les gestionnaires des ZICGC ne les
maÓtrisent pas toujours et mettent ainsi en pÈril des
espËces en voie de disparition. Ceci rÈvËle alors la
difficultÈ cruciale de la communication entre líadministration
et les autres acteurs de la protection de líenvironnement.
Aussi se pose le problËme de la gestion des revenus issus de la
gestion des ZICGC. Líon assiste des conflits internes aux
communautÈs.
2 ñ La participation individuelle
Parler de la participation individuelle
líexploitation de la faune renvoi líimplication par
le biais de divers permis de chasse. Cíest une
donnÈe que les lÈgislateurs camerounais et congolais ont
effectivement prise en compte.
Au Cameroun, on part sur le principe que la chasse traditionnelle
est libre sur toute líÈtendue
du territoire, sauf dans la propriÈtÈ des
tiers, dans une aire protÈgÈe ocents elle est soumise
une rÈglementation particuliËre tenant compte du plan
díamÈnagement. Pour contourner les limitations
du droit de chasse dues des protections
particuliËres, le lÈgislateur institue la technique des
permis. Il síagit essentiellement des permis de chasse, des
permis de captures, des permis de dÈtention des produits de la
faune, des permis de recherche a but scientifique, díune licence et
díun permis de game-ranching ou de game-farming, des
permis et des licences de chasse
cinÈmatographique et photographique49.
Cíest dire que la loi se veut ouverte une cogestion des
ressources fauniques, encore que ces titres
díexploitations confËrent leurs titulaires le droit
díexercer leurs activitÈs de chasse sur tout ou partie du
territoire national.
Pour sa part, le lÈgislateur congolais
prÈvoit les permis de petite, de moyenne chasse, les
permis de guide forestier, les permis de chasse
scientifique. Si dans líensemble, la gestion de la faune montre
une certaine disposition inclure les populations, líon se
rend compte que la loi forestiËre du Cameroun et celle de la RDC
participent toutes deux díun vaste amalgame.
B ñ La participation locale : un vaste
amalgame
Líamalgame dont il est question se
caractÈrise par le dÈsintÈrÍt des
lÈgislateurs pour la rÈglementation du secteur de la faune, et
de ses rapports avec les populations autochtones. Dans un premier temps,
líobservation permet de se rendre compte que la loi forestiËre
du Cameroun níest quíune ple copie de la loi forestiËre (1).
Par ailleurs, la technique de zonage qui est la base de la protection
des espËces est une immense source de conflit dans la pratique que ce soit
au Cameroun quíen RDC (2).
1 ñ La loi sur la faune : une ple copie de la loi
forestiËre
Le dÈcret díapplication du rÈgime de la
faune est ce que líon pourrait appeler un ' copier- coller de la loi
relative la faune. Cíest sous ce prisme que les droits
díusage dans les espaces respectifs de protection de la faune, les
mÈcanismes de participation des communautÈs riveraines de tels
espaces font sens. De ce point de vue, il est constant que le
lÈgislateur níait pas fait beaucoup díefforts pour adapter
la protection de la faune aux contextes locaux et aux nÈcessitÈs
spÈcifiques
sa protection. On comprend alors pourquoi la
dÈfinition de la chasse artisanale comporte le vice
d'impraticabilitÈ des mÈthodes traditionnelles de chasse que la
loi prÈvoit.
Par ailleurs, la gestion des forÍts faisant appelle
de gros sous, les institutions et les
diffÈrents titres de chasse excluent, ou
prÈcisÈment restreignent la participation des populations
locales, pour consacrer ' le privilËge des nantis . L'acquisition des
titres et autre permis de chasse
est soumise une procÈdure onÈreuse et
tortueuse. Les diffÈrentes politiques forestiËres ont toujours
marginalisÈ líaspect faune et les autres PFNL,
tÈmoin du peu díintÈrÍt accordÈ ces
secteurs. Les rËgles de gestion de la faune dans les rÈserves
forestiËres et les forÍts de production ne sont pas toujours
bien dÈfinies. A cause de cette faible perception de
líimportance du secteur faune, les dispositions rÈpressives
qui le rÈgissent sont peu contraignantes et peu dissuasives. Il en va
ainsi de
49 Article 34 alinea dÈcret n°95/466,
Idem.
19
la fiscalitÈ, peu incitative pour sa valorisation.
Líabsence de clartÈ, dans la dÈfinition
des droits consentis lÈgalement aux populations, entretient un
conflit larvÈ entre les populations et les responsables des eaux et
forÍts sur le terrain.
En effet les notions de chasse de subsistance, chasse
traditionnelle et de droits díusage se
confondent largement dans líinterprÈtation des uns
et des autres. Les dispositions actuelles des lois,
quelques exceptions prËs, tendent mettre les
populations hors jeu du fait que ces droits ne sont pas en
rÈalitÈ bien dÈfinis. Líinsuffisance
díeffort de mise en cohÈrence des conventions et accords
ratifiÈs avec les lÈgislations nationales
engendre les difficultÈs de divers ordres : financement des
contributions, mise en oeuvre des dispositions lÈgales et
partage des retombÈes. Parfois líinadÈquation des
dispositions des lois et des textes díapplication, quand
ceux-ci existent, complique leur mise en oeuvre (financement, logistique,
personnel). La faible cohÈrence entre les codes forestiers, et la vision
traditionnelle d'appropriation des terres est aussi un facteur important
de discorde dans la gestion des ressources
fauniques50.
La gestion des aires protÈgÈes en RDC est
rÈgie par líordonnance loi n°69-041 du 22 Ao°t
1969 relative la conservation de la nature. Le
problËme que soulËve la loi rÈgissant la chasse est
son applicabilitÈ, en líabsence de texte
díapplication devant faciliter les mesures díexÈcution.
En effet, Seul un arrÍtÈ ministÈriel pris chaque
annÈe permet de rÈglementer la chasse pendant cette
pÈriode. Mais une latitude est accordÈe aux autoritÈs
administratives et responsables de la faune sur
le terrain pour la mise en oeuvre de cette loi focalisÈe
essentiellement sur líexploitation de la faune
et les restrictions y affÈrentes.
2 ñ Le zonage : source de conflit
Pour bien comprendre La gestion des espaces de protection de
la faune au Cameroun et en RDC, il faut s'en rÈfÈrer au zonage.
En effet, le zonage est la technique juridique qui procËde du
dÈcoupage des l'espaces forestiers national en de zones destinÈes
des usages divers. Au Cameroun
les contours juridiques du zonage sont
dÈj tracÈs51, cependant qu'en RDC le
processus d'Èlaboration d'un cadre juridique consensuel est en cours de
maturation. Ce qu'il faut dire c'est que
dans les deux pays il se dÈgage une tendance forte
diviser les zones forestiËres en deux grands blocs52 :
les zones de protection intÈgrales et les zones de protection
partielles. Cette distinction permet de planifier la protection long
terme des ressources naturelles. La philosophie qui est la base de
cette technique níest que trËs louable. Seulement de
nombreuses insuffisances dans la
pratique sont líorigine des conflits sociaux.
Un rapport de l'Union mondiale pour la conservation de la nature
(UICN) relevait dÈj pour
la rÈserve du Dja, en 1993, que l'un des
problËmes gÈnÈrateurs de conflits et d'attitudes
revendicatrices concernait le manque de communication et de
concertation entre l'...tat et la
population locale. Nombre de dÈcisions ayant un impact
rÈel sur la vie de ces populations avaient souvent ÈtÈ
prises arbitrairement par des personnes extÈrieures la
rÈgion et sans consultation prÈalable des
villageois53. Depuis lors les choses níont pas vraiment
ÈvoluÈes. La dÈlimitation du parc national de
Campoío Man pose aujourdíhui le mÍme problËme du
manque de communication.
En RDC, la sociÈtÈ civile dÈnonce de en plus
le processus díÈlaboration du plan de zonage
de ce pays54. Sous líimpulsion de la
banque mondiale, le gouvernement congolais a adoptÈ de
maniËre prÈcipitÈ des mesures, sans consulter les
populations autochtones55, et de ce fait compromis
toute chance pour la nouvelle loi forestiËre
díúuvre pour le bien Ítre de ces populations. Tout
compte fait, ce sont peut prËs les mÍmes erreurs que celles
observÈes dans le
50 Ibrahima ly yadji bello, Etude sur les lois et
politiques sur la faune dans les pays d'Afrique centrale, Rapport final
CITES bwg / uicn mars 2003.
51 DÈcret n° 95/678 du 18 dÈcembre
1995, fixant le cadre d'utilisation des terres en zone forestiËre
mÈridionale.
52 Lois portant codes forestiers du Cameroun et de
RDC.
53 Article paru dans CanopÈe n° 12 -
Ao°t 1998.
54 Organisation Autochtones PygmÈes et
accompagnant les autochtones PygmÈes en RDC, RequÍte
adressÈe au panel d'inspection de la Banque Mondiale, p.26, 30 octobre
2005, Kinshassa-RDC.
55 Norbert YambaYamba Shuku, Rapport díappui
la revue Èconomique du secteur forestier, quelques observations
relatives aux interactions entre populations rurales et concessions
forestiËres en RDC, Banque Mondiale, Novembre
2003.
20
processus qui síest dÈroulÈ au Cameroun.
La participation la gestion se dÈcline ainsi travers les
droits d'usage, la gestion communautaire de la faune et de la flore.
Mais la fiscalitÈ forestiËre dÈcentralisÈe permet
d'apprÈhender un autre niveau de participation.
21
Chapitre II : La fiscalitÈ forestiËre
dÈcentralisÈe
Pour comprendre aisÈment la problÈmatique de
la fiscalitÈ dÈcentralisÈe, il faut se situer
dans le contexte gÈnÈral díallËgement
des charges de l'...tat en cours un peu partout sur la planËte. Avec
líadhÈsion au capitalisme triomphant, sous la pression des
institutions de Bretton Woods et les
partenaires financiers du Nord, les ...tats du Bassin du
Congo se sont engagÈs dans la voie de la dÈcentralisation.
Ceci impliquant de plus grandes marges de manúuvre pour les
communautÈs locales. Quoique participant de la mÍme
dÈmarche, la fiscalitÈ dÈcentralisÈe en
matiËre de gestion des ressources naturelles va plus loin. Elle va
au-del de líunitÈ administrative pour prendre en
compte la notion de communautÈ riveraine. Cíest un aspect propre
au secteur forestier.
En Afrique Centrale, l'exploitation industrielle du bois est une
activitÈ Èconomique majeure, qui contribue trËs
grande proportion au budget des ...tats de la sous-rÈgion. Elle est la
deuxiËme source de recette de ces pays aprËs les
hydrocarbures et les mÈtaux prÈcieux56. Tout
comme les droits díusage, la gestion communautaire de la faune et
de la flore, la fiscalitÈ environnementale vise
contribuer la lutte contre la pauvretÈ et au
dÈveloppement rural. Cet autre mÈcanisme díouverture
est tout aussi bien usitÈ au Cameroun quíen RDC.
MÍme si elle prÈsente quelques
disparitÈs ici et l, elle connaÓt les
mÍmes vicissitudes Áa et l.
A la vÈritÈ, la fiscalitÈ
forestiËre intËgre un nombre assez variÈ de taxes et
de redevances. Il est question dans le cadre du prÈsent travail
de ressortir les aspects de cette fiscalitÈ qui marquent
directement líassociation des populations riveraines des forÍts
au partage de la manne financiËre. Il síagit essentiellement de la
redevance forestiËre annuelle (RFA) (section I) et des rÈalisations
socio- Èconomiques (section II) que les exploitants forestiers sont
tenus díeffectuer pendant la durÈe de leur exploitation. Au
Cameroun comme en RDC, la question de la fiscalitÈ
dÈcentralisÈe soulËve le problËme de son fondement.
Aussi, un certain nombre de lacunes grËvent sa mise en úuvre.
56 KARSENTY Alain, le rôle controversé
de la fiscalité forestière dans la gestion des forêts
tropicales, l'état du débat et
les perspectives en Afrique centrale, Cahiers d'économie
et sociologie rurales, n° 64, 2002.
22
Section I : La redevance forestiËre annuelle (RFA)
Dans le cadre de la rÈforme de leurs lois
forestiËres respectives, le Cameroun et la RDC ont donnÈ une
nouvelle orientation leur fiscalitÈ forestiËre. Les
objectifs nationaux en matiËre de politique forestiËre repose
dÈsormais sur la gestion durable des ressources naturelles,
líaboutissement díune industrie de transformation efficace et
forte valeur ajoutÈe, et la crÈation díune
rÈpartition Èquitable des revenus
gÈnÈrÈs par líexploitation57. Quoique
marginale, si on considËre la fiscalitÈ globale de ses deux
pays, la part de RFA destinÈe aux communautÈs rurales est
une vÈritable bouffÈe díoxygËne pour
ces derniËres.
Au sens strict du terme, c'est--dire au sens du
droit fiscal, la redevance est une somme demandÈe des
usagers en vue de couvrir les charges d'un service public
dÈterminÈ ou les frais d'Ètablissement et d'entretien
d'un ouvrage public qui trouve sa contrepartie directe dans les
prestations fournies par le service ou dans l'utilisation de l'ouvrage. Il faut
qu'il y ait une corrÈlation entre le montant de la redevance et le
co°t rÈel du service rendu. Mais le montant de la redevance ne doit
pas Ítre l'exacte Èquivalent du service rendu. partir
de l on s'aperÁoit que la redevance forestiËre annuelle
n'est pas une vÈritable redevance. Ce terme est donc utilisÈ
improprement. La RFA s'analyse plutÙt comme une rente que les
exploitants forestiers versent cause des bÈnÈfices qu'ils
tirent de l'exploitation de la forÍt. Fondamentalement, les bases de la
rÈpartition de la RFA (I)
ne diffËrent pas beaucoup que líon soit au Cameroun
ocents en RDC. Plus encore cette redevance est au
centre díune controverse (II) qui mÍle les
considÈrations propres la politique fiscale et les
problËmes liÈs sa gestion.
I ñ La rÈpartition de la redevance
forestiËre annuelle
La redevance forestiËre annuelle est le principal outil
de la fiscalitÈ dÈcentralisÈe. Selon les mots du
Professeur FOMETE, son objectif gÈnÈral stipule que ' en
vue du dÈveloppement des communautÈs villageoises riveraines
de certaines forÍts du domaine national mises en exploitation, une
partie des revenus tirÈs de la vente des produits forestiers doit
Ítre reversÈe au profit des dites
communautÈs selon les modalitÈs fixÈs par
dÈcret 58. Cette mise au point permet de dÈfinir
díune part líassiette de la RFA (A), et díautre
part díapprÈcier les modalitÈs de rÈpartition
de cette
redevance, ou plus prÈcisÈment la part des
communautÈs riveraines dans la RFA (B).
A ñ Líassiette de la RFA
Asseoir líimpÙt, cíest dÈterminer
les bases de líimposition. On pourrait dire Ètablir la cause
immÈdiate de líimposition. Sa cause mÈdiate Ètant
l'ensemble des charges publiques. Líassiette de líimpÙt
apparaÓt comme le fait gÈnÈrateur de
líimpÙt. La redevance forestiËre concerne tous les
titres concÈdÈs suite un appel díoffre. On peut
citer les UnitÈs ForestiËres díAmÈnagement (UFA)
et les Ventes de Coupe (VC). Au Cameroun comme en RDC, la
dÈtermination de la RFA s'appuie principalement sur la superficie
des espaces exploitÈs. Cependant, mÍme si les
mÈcanismes
juridiques líúuvre dans les deux pays
visent atteindre le mÍme objectif, ils prÈsentent quelques
divergences. De ce point de vue il est nÈcessaire de les analyser
sÈparÈment. Il ressort que díune part, de jure
líassiette de la RFA est assez consistante au Cameroun,
seulement de fait elle est restreinte (1) ; une fois encore, le
lÈgislateur congolais síest arrÍtÈ au strict
minimum (2).
1- Une restriction de fait au Cameroun
La RFA laquelle les communautÈs ont
droit devrait provenir de diffÈrents postes budgÈtaires et
de diffÈrentes exploitations. En effet, il est prÈvu
quíune proportion de la taxe díabattage doit revenir
la communautÈ. Il en est de mÍme pour les revenus issus de
líexploitation
57 Voir La politique forestiËre du Cameroun;
document de politique gÈnÈrale, YaoundÈ 30 juin 1993.
58 TimothÈe FomÈtÈ, La
fiscalitÈ forestiËre et líimplication des communautÈs
locales la gestion des forÍts, document
du rÈseau 25b, juillet 2001.
23
de la faune. Seulement les dÈcrets
díapplication qui doivent en dÈterminer les
modalitÈs restent toujours attendus. Le lÈgislateur procËde
par renvoie et laisse la tche au pouvoir rÈglementaire de
dÈfinir, par dÈcrets, les modalitÈs pratiques de mise en
úuvre de la participation des communautÈs
ces autres instruments fiscaux. Seulement, depuis 1994, les
autoritÈs compÈtentes níont jamais pris
la peine de se pencher sur la question. De la sorte elles
privent les populations de la jouissance díun droit qui leur est
lÈgalement reconnu. On en arrive ainsi une situation
ocents la RFA provient seulement des concessions forestiËres et des
ventes de coupe.
Il convient de relever que les concessions forestiËres
sont díabord attribuÈes pour une durÈe provisoire de
trois ans. Pendant cette pÈriode, la redevance forestiËre
annuelle est calculÈe uniquement sur la base du prix plancher
fixÈ par la loi des finances59. Par la suite, si les
critËres díamÈnagement sont satisfaits, il est alors
accordÈ un titre dÈfinitif sur 15 ans, renouvelable une
fois. La RFA est alors calculÈe sur la base de la superficie, du prix
plancher et de líoffre financiËre faite par líadjudicataire.
Le prix plancher est un prix fixÈ par les autoritÈs en charge de
la gestion du secteur forestier60. Cíest un taux fixe qui,
appliquÈ la superficie de líespace exploiter donne
le
montant exacte de la redevance forestiËre annuelle.
Pour ce qui est de la vente de coupe, elle est
attribuÈe par le ministre en charge des forÍts aprËs avis
díune commission compÈtente, pour une pÈriode maximum
díun an. Elle doit couvrir une superficie maximale de 2500 ha.
2- En RDC
Selon la loi de la RDC, la fiscalitÈ
forestiËre dÈcentralisÈe concerne uniquement la
redevance de superficie concÈdÈe61. Ici, la redevance
forestiËre síassoie aussi sur la superficie et se multiplie par
líoffre plancher imposÈe par líadministration, ainsi que
par líoffre financiËre faite par líadjudicataire. On le voit
bien, le procÈdÈ est exactement le mÍme que celui
pratiquÈ au Cameroun, sauf que le lÈgislateur congolais
síest confondu dans une vision minimaliste de la redevance
forestiËre la quelle les populations locales peuvent aspirer. Il ne
síest pas encombrÈ díÈtendre la participation aux
diffÈrentes taxes qui constituent la fiscalitÈ
forestiËre au Cameroun. Cíest ainsi
que la taxe díabatage est exclusivement destinÈe
líEtat par exemple.
Cette attitude est dÈplorable. Ce
díautant plus que la RDC est un pays vaste.
Líadministration síavËre trËs
souvent ÈloignÈe des administrÈs, de ce point de
vue, la fiscalitÈ dÈcentralisÈe et notamment la
redevance forestiËre annuelle est un moyen efficace de lutte contre la
pauvretÈ et la rÈduction des faussÈes sociaux. A bien des
Ègards, le lÈgislateur congolais a procÈdÈ
mimÈtisme partiel. Ceci se ressent aussi dans la rÈpartition de
la redevance forestiËre annuelle.
B ñ Les modalitÈs de
rÈpartition
Dans une perspective de gestion participative, la
rÈpartition de la redevance forestiËre annuelle pose la
question de la dÈtermination de la part des communautÈs
locales. Il síagit, concrËtement díapprÈhender le
montant exacte auquel ces populations doivent síattendre. Si
les modalitÈs de calcul sont pratiquement les mÍmes au
Cameroun et en RDC, les personnes et les entitÈs
concernÈes par cette rÈpartition ne sont pas les mÍmes que
líon soit dans un pays ou dans líautre. Il importe de ce
fait de considÈrer díabord la situation au Cameroun (1)
avant de síappesantir sur celle de la RDC (2).
1- La part des communautÈs riveraines au
Cameroun
Tout comme dans la gestion communautaire de la faune et de la
flore, la fiscalitÈ forestiËre
au Cameroun considËre la communautÈ riveraine jusque
dans sa plus simple expression. Cíest dire
59 Au Cameroun la loi de finance depuis
l'annÈe budgÈtaire 1994-1995 fixe successivement le prix plancher
pour les ventes de coupe 2500 FCFA/ha/an et pour les concessions
1500 FCFA/ha/an.
60 Article 66, alinÈa 1 loi de 94, pour le
Cameroun.
61 Ceci ressort de la combinaison des articles 93 et
122, alinÈa 1 du code forestier RDC.
24
quíelle prend en compte son aspect sociologique et celui
politique. On peut penser de ce fait que le lÈgislateur camerounais a
vÈritablement intÈgrÈ líesprit des recommandations
de Rio 92.
La rÈpartition de la redevance forestiËre
síeffectue entre líEtat, en tant que propriÈtaire de
toutes les richesses du territoire nationale, la commune
en tant que pÙle du pouvoir dÈcentralisÈ
local et les communautÈs riveraines des
forÍts exploitÈes. Le code forestier dispose que la
redevance forestiËre doit Ítre attribuÈe
hauteur de 50% líEtat. La commune dans laquelle se situe
líexploitation forestiËre concernÈe doit
bÈnÈficier de 40% et 10% de cette rente revient la
communautÈ locale. L'affectation de la part de 40% de la RFA
destinÈe aux communes est dÈterminÈe par l'article
93 nouveau de la loi n°95/21 du 08 ao°t 1995 modifiant
certaines dispositions de la loi n° 74/23 du 5 dÈcembre 1974,
portant organisation communale, qui stipule que celle-ci soit de 40% est une
recette communale. De fait, cette part relËve du cadre
gÈnÈral de leurs attributions, de leur mode de fonctionnement et
de leur organisation. Seule l'affectation de la part de
la RFA62.
En dÈfinitive cinquante pour cent de la redevance
forestiËre annuelle concoure donner tout son sens la
fiscalitÈ forestiËre dÈcentralisÈe. MÍme si au
bout du compte il níy a que dix pour cent
de cette redevance qui est octroyÈe aux populations
riveraines, il faut considÈrer que ce sont des montants
significatifs qui sont mÍme de participer
effectivement au dÈsoeuvrement des communautÈs
forestiËres. Seulement, toutes les lÈgislations du Bassin du Congo
ne considËrent pas
au mÍme point líimportance des populations
villageoises.
2- La rÈpartition en RDC
La fiscalitÈ dÈcentralisÈe en RDC
suit les canons classiques de la dÈcentralisation. Elle consiste
beaucoup plus renforcer líautoritÈ de líEtat sur le
territoire national. Dans ce cens le code forestier prÈcise que cette
redevance de superficie concÈdÈe est destinÈe
proportion de 40% aux entitÈs administratives de provenance des bois ou
des produits forestiers et 60% au trÈsor public63.
Pour ce qui est de la part qui revient aux entitÈs
administratives, il est prÈcisÈ plus loin que
les quarante pour cent reviennent de droit, raison
de vingt cinq pour cent la province et de
quinze pour cent líentitÈ
dÈcentralisÈe concernÈe. Cíest dire que
finalement, les communautÈs locales ne reÁoivent que 15% de la
redevance.
Deux grandes diffÈrences par rapport ce qui se
passe au Cameroun. Díabord, sur les entitÈs qui doivent
participer au partage de la redevance de superficie. Alors quíici on
prend en compte la province comme unitÈ de base, et marginalise
les populations locales, l-bas une place non nÈgligeable
est faite aux communautÈs riveraines prise dans tous ses
aspects. En suite, la participation de líentitÈ
dÈcentralisÈe semble tout fait dÈrisoire en
RDC, quinze pour cent seulement, si on la compare celle des
communautÈs locales camerounaises. Tout compte fait, cette
rÈpartition de la redevance forestiËre annuelle augure du
rÙle controversÈ que joue cette derniËre.
II - Le rÙle controversÈ de la redevance
forestiËre annuelle
Tout ce qui touche la fiscalitÈ, au partage des
revenus issus de la rente forestiËre entre les opÈrateurs
Èconomiques, les populations riveraines, les collectivitÈs
locales, et líEtat demeure éminemment complexe et
sensible64. C'est tout l'enjeu de la controverse qui
grève la RFA. Les termes de la controverse sont centrés d'une
part, sur l'opacité des circuits de diffusion de la RFA
(A), et d'autre part sur les dysfonctionnements qu'on observe
ça et là dans l'usage effectif de cette redevance par les
communautés (B).
A- LíopacitÈ des circuits de gestion de la
RFA
62 Cf. Article 68 loi de 94 et
ArrÍtÈ conjoint n°000122/MINEF/MINAT du 29 avril 1998 fixant
les modalitÈs d'emploi des revenus provenant de l'exploitation
forestiËre et destinÈes aux communautÈs villageoises
riveraines.
63 Article 122 code forestier RDC, Op. Cit.
64 Voir dans ce sens : FiscalitÈ
forestiËre et gestion durable : quelques ÈlÈments de
rÈflexion, Article paru dans
CanopÈe n° 11 - Mars 1998.
25
Au Cameroun comme au Congo DÈmocratique, il y a
finalement commune mesure dans l'art que l'Etat à de donner sans
donner. En effet, certes les populations participent à la gestion de la
redevance forestière annuelle par des mécanismes juridiques bien
ficelés. Cependant, à regarder de plus près, on se rend
à l'évidence que ce n'est qu'une participation de façade.
Cet altruisme béa se confond et se limite par la sous information des
populations sur la RFA (1). Il en est de même de la tutelle encombrante
de líEtat dans la gestion de la RFA (2).
1 - La sous information des populations sur la
RFA
Líun des problËmes majeurs de la participation des
populations et des communautÈs rurales
la gestion des ressources naturelles forestiËres
renouvelables et plus gÈnÈralement la gestion de
líenvironnent reste líaccËs
líinformation utile. En effet, les populations locales,
bÈnÈficiaires cibles de la fiscalitÈ forestiËre
dÈcentralisÈe, selon Professeur
FomÈtÈ65, níont pas accËs direct
líinformation sur les sommes mobilisables pour leur
compte. De la mÍme faÁon, elles ne connaissent pas les
mÈcanismes et procÈdures díappropriations collectives que
la loi prÈvoit en leur
faveur. Les communes, collectivitÈs territoriales
dÈcentralisÈes qui ont pour mandat de gÈrer les
revenus destinÈs aux populations ne disposent pas des
donnÈes nÈcessaires líestimation des sommes
attendues et par ailleurs les sommes recouvrÈes au niveau de la commune
sont quasiment inconnues, y compris des personnes supposÈes participer
la gestion des communes.
Lí...tat lui-mÍme, ne possËde pas toute
líinformation nÈcessaire pour assurer une application
effective de la loi relative la fiscalitÈ
forestiËre, dans le sens díassurer une taxation optimale de la RFA.
A ceci, un certain nombre de raisons peuvent Ítres invoquÈes.
Líinsuffisance du personnel de líEtat sur le terrain.
Líenclavement des zones forestiËres dans le Bassin du Congo. Le
manque de moyen de financier pour effectuer des dÈcentes dans la
forÍt. La RÈpublique DÈmocratique du Congo
connaÓt une situation particuliËre, du fait de
líinstabilitÈ politique qui líÈbranle depuis
quelques dÈcennies.
Finalement, on assiste une certaine asymÈtrie dans
la diffusion de líinformation, díautant que les professionnels de
la foresterie connaissent trËs bien les bases de la taxation, parce
quíayant
les moyens de la rechercher, tandis que les populations sont
sous informÈes. Dans ce contexte, on comprend bien que les exploitants
ne fassent pas díeffort pour propager líinformation, quand ils ne
líoccultent pas tout simplement. La controverse autour de la redevance
forestiËre síanalyse aussi par líomniprÈsence de
lí...tat dans líacheminement de celle-ci.
2 ñ La tutelle encombrante de líEtat dans
la gestion de la RFA
Tout commence par le recouvrement de la redevance. Au Cameroun
comme en RDC cíest lí...tat qui est chargÈ du
recouvrement de la RFA. Dans la mouvance de la reforme de la loi
forestiËre, les autoritÈs camerounaises ont voulu adapter des
institutions fiables líacheminement
de la RFA. En 1999, un Programme de SÈcurisation des
Recettes ForestiËres (PSRF) a ÈtÈ crÈe pour
centraliser les dÈclarations et les paiements de la RFA et de la Taxe
díAbatage (TA). Ce programme
caractËre inter-institutionnel est coordonnÈ
par la Direction des ImpÙts. A travers cette institution
transparaÓt le souci de garantir la
traÁabilitÈ des fonds issus de la foresterie. Reste que
dans la pratique on a plutÙt obtenu líeffet contraire.
Dans le contexte de corruption
gÈnÈralisÈe66, qui caractÈrise les
pays de la rÈgion, ceci a permit le dÈveloppement des
circuits complexes de distraction des fonds destinÈs aux
communautÈs. Plus il y a díintermÈdiaires, plus le
risque est
grand que les sommes soient distraites.
DËs que la caisse de stabilisation des recettes
forestiËre perÁoit líargent, elle Èmet trois avis
de virement vers les comptes du trÈsor public de la marie
et de la communautÈ locale. Cependant, tous ses comptes sont
finalement indissociables puisque le droit public camerounais
consacre
líunitÈ des caisses de lí...tat. Ainsi,
ce sont encore les responsables locaux du MINEFI qui
65 FomÈtÈ TimothÈe, La
fiscalitÈ forestiËre (Ö) Op. Cit. p 5.
66 Voir Amnesty International, rapport sur
líÈtat de la corruption dans le monde 2001.
26
perÁoivent líargent destinÈ aux
communautÈs. On a l un autre intermÈdiaire,
reprÈsentant de lí...tat. Par la suite, le Maire de la
commune de localisation de líexploitation perÁoit la part
rÈservÈe líentitÈ
dÈcentralisÈe en mÍme temps que celle
rÈservÈes aux populations locales.
A ce niveau, il y a une incohÈrence juridique qui
fait en sorte que le maire soit aussi
líordonnateur des dÈpenses effectuÈes
par les communautÈs locales. Le principe de l'unicitÈ des
caisses de l'Etat fait que les fonds caractÈristiques de la
fiscalitÈ forestiËre dÈcentralisÈe, ne sont pas
dissociables des autres revenus de la commune. Pourtant les communautÈs
locales sont organisÈes
en comitÈs locaux de dÈveloppement, et
pourraient bien percevoir elles-mÍmes et gÈrer ces fonds. Tout
au moins la part des 10% qui leur est consentie par la loi. Bien
s°r avec un encadrement minimal de la commune. Aussi, assiste-t-on
trËs souvent des frictions entre le maire et les
populations villageoises. Celui-l rÈpugnant
libÈrer les sommes dues aux populations locales, quand celles-ci
ont des projets.
En RDC cíest le TrÈsor Public qui perÁoit en
amont les sommes dues au titre de la redevance
de superficie. Contrairement ce qui se passe au Cameroun,
il faut le soulever pour síen fÈliciter, il níy a pas
trop díintermÈdiaires. Une fois recouvrÈs, les fonds
sont versÈs dans les comptes
respectifs de líadministration de la province et de la
ville du territoire dans le ressort duquel síopËre
líexploitation. Ainsi il semble bien que la situation soit nettement
meilleure. Ceci síexplique aussi
par les simple fait que ce níest finalement que
líEtat et ses dÈmembrements qui sont concernÈs.
Aussi, la RDC souffre díune grande faiblesse des
mÈcanismes de transferts budgÈtaires et de la faiblesse de
gestion des collectivitÈs67. Ces diffÈrentes
lacunes induisent des dysfonctionnements dans la gestion de la RFA.
B - Les dysfonctionnements de la RFA
Les lois du Cameroun et de la RDC sont assez claires sur
líusage que líon doit faire de la redevance forestiËre
annuelle68. Elle doit servir la rÈalisation des
infrastructures de base et díintÈrÍt communautaire, en
vue du dÈveloppement des communautÈs bÈnÈficiaires.
Seulement, les observateurs síaccordent dire que les
rÈsultats obtenus en une dÈcade de gestion de la RFA sont
mitigÈs (1). En mÍme temps, la controverse plane autour de la RFA
amËne une certaine remise ne cause de líÈquitÈ
recherchÈe dans le fondement de celle-ci (2).
1 ñ Les rÈsultats
mitigÈs
En dix ans de gestion de la RFA, il n'y a pas eu
de vÈritable changement dans les communautÈs rurales.
Líouverture de la fiscalitÈ la participation
síest plus concentrÈe dans les discours que dans les faits.
De fait, de nombreux circuits de corruption et de distraction des fonds
revenants aux communautÈs se sont btis sur le dos de la misËre, de
líignorance et de líimpuissance
de ces communautÈs. Dans ce sens un rapport d'audit du
secteur forestier effectuÈ sur la demande
du MINEFI (Cameroun) montre bien que moins de 20% de
la RFA seraient utilisÈs pour le financement effectif des
rÈalisations sociales ou des services collectifs au
bÈnÈfice des communes et des populations rurales, ce depuis la
mise en oeuvre de ces dispositions par le MINEFI69.
A cause de cet Ètat de fait, il síest
dÈveloppÈ une importante exploitation illÈgale de bois,
avec la complicitÈ des populations locales. Celles-ci
prÈfÈrant laisser libre cours líexploitation
illÈgale et recevoir des exploitants une sorte de taxe informelle.
Ainsi, une menace forte pËse sur la conservation des ressources qui se
retrouvent ainsi sacrifiÈes sur líautel de la cupiditÈ des
uns et des intÈrÍts ÈgoÔstes des autres.
Par ailleurs la RFA, quand elle est parvenue dans les mains de
ses destinataires, a souvent suscitÈ de graves crises dans les
communautÈs. L'enjeu du dÈveloppement a alors laissÈ la
place
67 MinistËre de líEnvironnement,
Conservation de la Nature, Eaux et ForÍts, Rapport national Forum des
Nations Unis
sur les forÍts, RÈpublique DÈmocratique du
Congo, 13 janvier 2004.
68 Article 122, alinÈa 4, paragraphe
1 code forestier RDC ; ArrÍtÈ conjoint
n°000122/MINEF/MINAT du 29 avril
1998 (Ö) Op. Cit. Article 3.
69 KARSENTY Alain et E et Pousse et al, Audit
Èconomique et financier du secteur forestier au Cameroun, rapport final,
fÈvrier 2000, p 73.
27
des conflits fratricides pour le contrÙle de cette
ressource financiËre. Ceci tÈmoigne du manque
díencadrement des communautÈs rurales la base par les
services compÈtents de lí...tat. Les agents
de líEtats prÈfÈrant concentrer leurs
efforts sur les circuits de distribution de la RFA que díorganiser
les communautÈs dans la gestion de ces revenus. En effet,
mÍme si les lois des deux pays prÈvoient
líencadrement des populations locales par
líadministration dans la gestion des ressources tirÈes de
líexploitation forestiËre, cette assistance est quasiment nulle
dans la pratique et est subordonnÈe des magouilles diverses.
Finalement, il níy a pas une Èvolution des infrastructures
communautaires dans les villages riverains des zones díexploitation
intensive des forÍts. DËs lors on commence
síinterroger sur líÈquitÈ la base de la
RFA.
2 ñ La remise en cause de
líÈquitÈ que sous-tend la RFA
On se souvient que líune des ambitions de la RFA
Ètait de restaurer une certaine ÈquitÈ entre
líexploitation de líhabitat des communautÈs et la
pauvretÈ criante dans laquelle celles-ci vivent. En dÈpit de
cette noble intention, on a comme líimpression quíil subsiste une
politique de deux poids deux mesures. Ce sentiment se justifie en partie par la
situation des peuples indigËnes et tribaux qui habitent la forÍt
aux cotÈs des bantous. Líexemple du Cameroun est symptomatique
de ce qui se passe dans la sous-rÈgion Afrique Centrale et
prÈcisÈment dans le Bassin du Congo.
En effet, quand on fait une dÈcente sur le
terrain dans les zones forestiËres, celles qui
perÁoivent des redevances forestiËres, un constat
s'impose. Le long des routes forestiËres ocents sont installÈes
les populations bantoues, il y a des rÈalisations caractËre
communautaires construites70
sur financement des redevances forestiËres. Cependant
aucune rÈalisation níest faite dans les
villages des ëpygmÈesí, qui sont
implantÈs un peu plus líintÈrieur des
forÍts. De ce point de vue,
de fait díÈquitÈ, il níen est
rien. Seule une portion de la communautÈ jouit des
retombÈes de
líexploitation forestiËre, pourtant líautre
composante, qui est de loin celle qui est la plus fragilisÈe
par cet exploitation ne tire pratiquement pas de profit de cette
activitÈ.
Par ailleurs, la rÈflexion est en train de
m°rir sur la ' gÈographicitÈ de la redevance
forestiËre. Certains estiment en effet que cíest une
injustice sociale que díaffecter la redevance
forestiËre au dÈveloppement de la seule
rÈgion ocents provient le bois. Ils supputent quíelle
devrait servir au dÈveloppement Èquitable de tout le pays, un peu
líimage des autres ressources naturelles telles que le
pÈtrole ocents les mÈtaux prÈcieux, qui ne font
pas líobjet díune dotation financiËre particuliËre
aux communautÈs locales de leur provenance. On va ainsi vers un droit de
pÈrÈquation. Dans ce sens, la loi de finance 2000/2001
prÈvoit la crÈation d'un fond de pÈrÈquation
pour
' rationaliser la rÈpartition du produit de la RFA
revenant aux communes et communautÈs villageoises 71.
En tout Ètat de cause, la redevance forestiËre
annuelle est sans doute líinstrument de fiscalitÈ
dÈcentralisÈ le plus important mais, Áa
níen pas moins líunique. Il y a aussi la contribution
la rÈalisation des úuvres socio-Èconomiques.
Section II : Les rÈalisations
socio-Èconomiques
Les rÈalisations socio-Èconomiques
constituent le deuxiËme outil fiscal de rÈpartition des
revenus tirÈs de l'exploitation forestiËre. C'est un concept fiscal
aussi original qu'Ètonnant. En tout cas, il contribue
Ètoffer un corps de normes et de pratiques fiscales propres au Bassin du
Congo.
La consistance juridique des rÈalisations
socio-Èconomiques est avÈrÈe (I), cependant que leur
mise
en oeuvre prend plutÙt des allures de
prestidigitation (II). Ce qui occulte malheureusement le
substrat philosophique qui a prÈsidÈ leur
adoption.
I ñ Le fondement juridique des rÈalisations
socio-Èconomiques
70 Il síagit des Ècoles, des foyers
communautaires et souvent díhÙpitaux.
71 MINEFI (CAMEROUN)/DEFID, ...tude sur les
modalitÈs de la mise en oeuvre du fonds de pÈrÈquation de
la part
de la RFA revenant aux communes et communautÈs
villageoises; rapport final 26 juin 2006.
28
Les rÈalisations socio-Èconomiques sont des
ouvrages qui contribuent líÈpanouissement social des
communautÈs rurales en mÍme temps quíelles
permettent une meilleure intÈgration Èconomique de celles-ci.
Ils sont fonction de la richesse de la forÍt exploitÈe.
IntÈressons nous aux divers mÈcanismes juridiques qui
rÈgissent la rÈalisation des infrastructures
socio-Èconomiques, pour en sortir la consistance et les
interprÈtations qui peuvent en Ítre faites. Les lois
camerounaise
et congolaise consacrent la catÈgorie des
rÈalisations socio-Èconomiques. Une fois encore, le
lÈgislateur congolais adopte une position minimaliste (2). Tandis que
líassise lÈgale des rÈalisations
socio-Èconomiques est plus large au Cameroun (1).
A- L'assise lÈgale des rÈalisations
socio-Èconomiques au Cameroun
Cíest la loi de 199472 qui consacre la
contribution la rÈalisation des úuvres sociales. Avec
l'adaptation constante de la rÈglementation, elle est maintenant
constituÈe de la taxe de 1000 F CFA
(1) et des prescriptions du cahier des charges (2).
1 ñ La taxe de 1000 FCFA
La taxe des 1000 FCFA síest mise en place la
fin de líexercice 1996/1997, suite une lettre circulaire
du ministre en charge des forÍts, puis elle síest
gÈnÈralisÈe au cours de líexercice
1997/1998. Elle correspond une contribution
financiËre que líexploitant forestier reverse la
communautÈ par le truchement de la mairie pour la rÈalisation des
díúuvres caractËre social. Elle concerne les ventes
de coupe et est calculÈe sur le volume de bois
dÈbitÈ concurrence de 1000
FCFA par mettre cube, díocents son nom de taxe de 1000
FCFA. Cet outil de dÈcentralisation de la fiscalitÈ
forestiËre doit cependant Ítre considÈrÈ comme une
mesure parafiscale73.
Avec la RFA la taxe de 1000 FCFA constitue une rente
financiËre importante que les communautÈs forestiËres
reÁoivent chaque annÈe pour soutenir le dÈveloppement.
Comme la RFA, cette derniËre pose le problËme de son acheminement
jusquíaux bÈnÈficiaires lÈgitimes. Elle est tout
autant au centre díun important tissu de corruption et de
dÈtournement de fonds. En tout Ètat de cause, elle est
complÈtÈe par les prescriptions contenues dans le cahier des
charges dressÈ lors de la conclusion des contrats de concession des
espaces forestiers.
2 ñ Le cahier des charges des concessions
forestiËres
Les travaux díenvergure sont toujours soumis un
certain nombre de prÈcautions. Il síagit
de dÈterminer les responsabilitÈs des
exploitants forestiers relatifs líamÈlioration du cadre de
vie des populations. Au Cameroun, toute exploitation but lucratif est
assortie díun cahier des charges comportant des clauses
gÈnÈrales et particuliËres. Les clauses
gÈnÈrales concernent les charges financiËres, ainsi que
celles en matiËre díinstallations industrielles et de
rÈalisations sociales. La rÈdaction du cahier des charges
est subordonnÈe la rÈalisation non seulement
díun inventaire forestier, mais aussi díune Ètude
socio-Èconomique. Les clauses particuliËres sont celles qui
contiennent les exigences liÈes líamÈnagement du
territoire et spÈcifiquement la rÈalisation des ouvrages
sociaux. Il síagit en rÈalitÈ des obligations
complÈmentaires des exploitants industriels.
La consistance des obligations complÈmentaires des
exploitants forestiers dÈpend de la perspicacitÈ des agents
de líEtat chargÈs de valider les contrats de concession
forestiËre. De tels contrats ne doivent Ítre conclus
quíaprËs la rÈalisation des Ètudes
socio-Èconomiques, afin de connaÓtre les besoins
rÈels de la population cible. PrÈcaution dont
líEtat ne síencombre pratiquement jamais avant la
conclusion des contrats de concession forestiËre. Líessentiel
semble Ítre de renflouer les caisses. Quelques fois, les ONG
locales se charges de faire ce travail, mais compte tenu de la
modicitÈ de leurs moyens, les rÈsultats ne sont pas
toujours fiables, et quand
72 Voir la combinaison des articles 61 et 66 de la
loi.
73 MINEFI (Cameroun), Volet additionnel de
l'audit Èconomique et financier du secteur forestier, impact de la
fiscalitÈ dÈcentralisÈe sur le dÈveloppement
local et les pratiques d'utilisation des ressources forestiËres au
Cameroun, Rapport final, novembre 2004.
29
mÍme ils le seraient les administrations
chargÈes de la gestion des forÍts et de
líamÈnagement du territoire níen feront pas grand
cas. Ainsi, les populations locales ne peuvent pas vraiment influencer
le contenue de ces instruments.
B- Le cahier des charges et rÈalisations
socio-Èconomiques en RDC
Le cahier des charges de l'exploitation forestiËre
comporte aussi des clauses gÈnÈrales et des clauses
particuliËres. Les clauses gÈnÈrales touchent les
conditions techniques relatives líexploitation des
produits concernÈs. Les clauses particuliËres sont celles qui
nous intÈressent le plus. SpÈcialement dans la
catÈgorie des clauses, une disposition relative la
rÈalisation díinfrastructures socio-Èconomiques au
profit des communautÈs locales est prÈvue. Il síagit
entre autre díencadrer, et ceci la charge de
líexploitant forestier, la construction, líamÈnagement
des routes ; la rÈfection, líÈquipement des installations
hospitaliËres et scolaires ; les facilites en matiËre
de transport de personnes et des biens. Toute chose qui ressortie
en temps normal la responsabilitÈ
d líEtat.
Finalement, les cahiers de charges des concessions
forestiËres apparaissent comme des Èchappatoires que
líEtat utilise pour se dÈdouaner de ses fonctions
rÈgaliennes. Cíest ainsi que dÈplorant cette
Ètat des choses, les experts de la FIDH74 citÈ par un
rapport de Greenpeace soutient que ' Dans les rÈgions
reculÈes, les Etats fantÙmes du Bassin du Congo
dÈfËrent souvent leurs devoirs envers leurs citoyens et leurs
responsabilitÈs vis--vis du dÈveloppement local et
rÈgional
aux opÈrateurs Èconomiques 75. La
prÈgnance des opÈrateurs Èconomiques ainsi
consacrÈe, leur confËre une certaine influence la fois sur
les populations et les agents gouvernementaux, entravant
par ce fait le bon fonctionnement des mÈcanismes de
contrÙle et de suivi des rÈalisations socio-
Èconomiques. De la sorte, on abouti líinefficacitÈ
de líinstitution de ces rÈalisations.
II ñ L'efficacitÈ problÈmatique des
rÈalisations socio-Èconomiques
Si de plus en plus la protection de líenvironnement se
fonde sur la nÈcessitÈ de sauvegarder
le patrimoine naturel, Áa nía pas toujours
ÈtÈ ainsi. Líhomme a toujours ÈtÈ au
centre de la protection. Líobjectif Ètant
díamÈliorer le cadre et la qualitÈ de vie des
gÈnÈrations prÈsentes et
prÈvoir un cadre de vie acceptable pour les
gÈnÈrations venir. Cíest dans ce sens
quíil faut comprendre líÈmergence des rÈalisations
socio-Èconomiques.
Le cadre de vie renvoie l'ensemble des
ÈlÈments qui contribuent de maniËre immÈdiate
faciliter l'existence. La qualitÈ de vie quant elle prend en
compte non seulement le niveau de vie matÈriel mais aussi des facteurs
plus subjectifs qui participent agrÈmenter la vie humaine,
comme
les loisirs, la sÈcuritÈ, les ressources
culturelles, la santÈ mentale, etc. Pour mesurer le bien-Ítre,
des moyens plus complexes doivent Ítre employÈs mais ils
sont souvent politiques et donc sujets controverse. Les
rÈalisations socio-Èconomiques dont on fait
líexpÈrience dans le Bassin du Congo, posent le problËme de
leur consistance (A) et de leur adÈquation aux besoins des populations
des zones forestiËres (B).
A ñ Des rÈalisations
inconsistantes
En une dÈcennie díexploitation
forestiËre soumise líexigence lÈgale de
rÈalisation díouvrages socio-Èconomiques, et en
considÈration des revenus approximatifs dÈgagÈs
pendant cette pÈriode au titre des rÈalisations
socio-Èconomiques, on peut faire le triste constat selon lequel
les rÈalisations socio-Èconomiques ne sont pas
la hauteur des attentes. Non seulement elles ne sont pas
quantitativement convaincantes (2), mais encore leurs caractÈristiques
qualitatives suscite des
inquiÈtudes (1).
74 FIDH, la gestion de la rente pÈtroliËre
au Congo Brazzaville, 2OO4.
75 Greenpeace, Rapport de mission visite dans les
sites de la CIB au Congo Brazzaville, p 104, dÈcembre 2004
30
1 ñ Líinsuffisance qualitative
Au Cameroun comme en RDC, deux exemples patents permettent de
ressortir les faiblesses qualitatives des quelques úuvres
socio-Èconomiques que líon trouve sur le terrain. Il
síagit du cas des Ècoles et des centres de santÈ.
Ce sont presque toujours des coquilles vides, qui níont pas
vÈritablement les moyens de remplir les fonctionnalitÈs pour
lesquelles elles sont construites.
En effet, pour ce qui est des Ècoles, on en rencontre,
au plein cúur de la forÍt Èquatoriale, díocents
partent des volumes impressionnants de grumes, qui manquent des tables
bancs. Ce qui est assez paradoxale. Par ailleurs, quand bien mÍme ses
Ècoles sont pourvues de tables bancs, cíest la craie qui manque
; quand tout simplement ce ne sont pas les enseignants qui
manquent76. Ceci tÈmoigne de la mauvaise volontÈ des
personnes chargÈes díeffectuer ces ouvrages et du laxisme de
celles qui sont chargÈes de les rÈceptionner et de les
contrÙler.
En ce qui concerne la couverture mÈdicale, celle
ouverte au commun des villageois est essentiellement prÈcaire. Ce
qui tient trËs souvent lieu de case de santÈ níest que
líarbre qui cache la
forÍt. On níy manque de tout, mÍme de
líalcool 90° pour dÈsinfecter une plaie ou encore du
coton pour arrÍter une hÈmorragie. Cíest aussi le cas des
molÈcules de base de lutte contre le paludisme, pourtant tout le monde
sait que les zones tropicales et Èquatoriales sont les zones par
excellence de dÈploiement de líanophËle femelle vecteur de
cette maladie.
Le contraste est parfait si on considËre les infirmeries
crÈes sur les sites des exploitations
forestiËres. Bien s°r leurs moyens leur permettent
de construire et díÈquiper des infirmeries de trËs bonne
qualitÈ et díemployer des mÈdecins de faÁon
permanente pour rÈpondre aux problËmes de santÈ du
personnel. Seulement ces structures ne sont ouvertes quíaux seuls
employÈs des sociÈtÈs forestiËres. A ce dÈfaut
de qualitÈ, s'ajoute aussi un vÈritable problËme de
quantitÈ des rÈalisations socio-Èconomiques.
2 ñ Líinsuffisance quantitative
Au Cameroun, le couvert forestier reprÈsente
peu prËs 60% de la surface du territoire national. Pourtant
cíest peine si on trouve un centre de santÈ ou une
Ècole tous les 250 km la ronde. Ceci est particuliËrement
vrai pour la province de líEst qui est, par ailleurs, le pourvoyeur
principal des recettes forestiËres de líEtat. Pour ce qui est des
infrastructures routiËres, elles naissent
et disparaissent au grÈ des exploitations. Il
níy a pas un rÈel souci de dÈsenclavement des zones
forestiËres, mais la prioritÈ est faite
líÈvacuation des produits forestiers. De ce fait,
dËs que líexploitation est achevÈe dans un secteur,
ce dernier est abandonnÈ et líexubÈrance de la
forÍt referme sur elle ses voies díÈvacuations.
La RDC ne fait pas exception ce constat
dÈplorable. Pis encore, son instabilitÈ politique ajoutÈ
des contrats de concessions forestiËres signÈs la va
vite font en sorte que les exploitants
forestiers se dÈrobent facilement des obligations
socio-Èconomiques auxquelles les astreignent les cahiers des charges
de leur(s) exploitation(s). Tout ce qui prÈcËde augure de
líaboutissement inÈvitable sur la rÈalisation des ouvrages
inadaptÈs aux besoins des populations locales.
B ñ Des investissements inadaptÈs aux
besoins des populations
Les rÈalisations socio-Èconomiques si elles
ont le mÈrite díÍtre consacrÈ par la loi au
Cameroun et en RDC et díexister sur le terrain, ne síillustrent
pas moins par leur incohÈrence et leur inadaptation au contexte des
zones rurales et des aspirations des populations77 en quÍte
díun cadre
de vie et díune qualitÈ de vie meilleure. Elles ne
sont pas adaptÈes aux cultures locales, elles ne sont pas plus
adaptÈes aux besoins primordiaux des populations.
L'une des raisons pour lesquelles les rÈalisations
effectuÈes sont inadaptÈes aux besoins rÈels
76 Ces informations ressortent díune
descente sur le terrain que nous avons faite dans les zones forestiËres de
líEst et
du Sud Cameroun.
77 Cf. MINEFI, Actualisation de l'audit de la
fiscalitÈ dÈcentralisÈe du secteur forestier
camerounais, Institutions et
DÈveloppement, p 137, novembre 2004.
31
des populations est l'absence de consultation vÈritable de
celles-ci sur leur conception du bonheur et
de la pauvretÈ. En effet, selon le Document de
StratÈgie de RÈduction de la PauvretÈ (DSRP) au
Cameroun, par exemple, la pauvretÈ aux yeux des populations des zones
forestiËres de l'Est et du Sud du pays renvoie trois
ÈlÈments principaux : le manque de ressources
matÈrielles ou financiËres pour satisfaire les besoins essentiels
des individus au nombre desquels l'alimentation, le logement, les soins de
santÈ l'Èducation, l'approvisionnement en eau potable ;
l'indisponibilitÈ des services relatifs ces besoins
essentiels ; le dysfonctionnement social qui englobe un certain nombre
de dÈchÈances non liÈes au matÈriel. Il s'agit de
la perte de valeurs morales, de l'absence de considÈration sociale, de
la perte de la solidaritÈ familiale, des pratiques de
sorcellerie, de la thÈsaurisation du patrimoine matÈriel dans
certaines rÈgions et les prÈjugÈs l'encontre de
certains groupes sociaux culture et mode de vie
diffÈrents. Pendant ce temps les exploitants forestiers
amÈnagent des aires de jeux, les terrains de football. De la sorte,
l'inadÈquation est flagrante. Tandis que les paysans ont besoin des
centres de santÈ dignes de ce nom, tandis qu'ils
rÈclament de la considÈration pour eux-mÍmes et pour
leurs enfants, on leur offre des aires de jeux et les encourage
construire des dÈbits de boisons. Ce
processus d'infantilisation se traduit aussi par des
distributions saisonniËres des produits de premiËre
nÈcessitÈ.
La RDC abrite quelques 52 millions dímes, dont au
moins 60% vie en milieu rural et
principalement de líagriculture traditionnelle, de
la chasse et la pÍche artisanale. Du fait de la guerre, ce pays
connaÓt díÈnormes difficultÈs. Elles se ressentent
dans toutes les couches sociales. Comme tous les secteurs de la vie,
líÈconomie forestiËre connaÓt une crise profonde. Il
níexiste pas
de statistiques fiables qui puissent nous permettre
díanalyser la situation des rÈalisations socio-
Èconomiques sur le terrain. Cíest díailleurs ce qui
ressort du DSRP-I (Document IntÈrimaire de StratÈgie de
RÈduction de la PauvretÈ) 78.
78 Document IntÈrimaire de StratÈgie de
RÈduction de la pauvretÈ, RÈpublique DÈmocratique
du Congo, p 97, Kinshasa mars 2003.
32
Conclusion partielle premiËre partie
A mi chemin, il ressort que le Cameroun et la RDC ont
consacrÈ des mÈcanismes
d'intÈgration des populations la gestion des
ressources naturelles de leurs forÍts respectives. En gros, ces
mÈcanismes sont essentiellement les mÍmes que l'on soit dans
líun ou dans l'autre pays.
Ce qui dÈnote de l'influence que la loi camerounaise,
vielle d'une dizaine d'annÈe, a eu sur le droit congolais en
quÍte de son authenticitÈ. Les mÈcanismes de
cogestion prenant en compte la participation des populations locales
concernent d'abord et principalement la gestion communautaire de la faune et de
la flore. Dans ce sens il est constant de remarquer que les droits d'usage
coutumiers, la gestion communautaire de la faune et de la flore
permettent effectivement une prise ne compte des droits et des besoins de ces
populations. Seulement certains obstacles assez pertinents amËnent
considÈrer que la participation des populations riveraines n'est
en dÈfinitive qu'un vaste amalgame.
Cet amalgame est entretenu par une mauvaise mise en oeuvre des
lois, qui en elles-mÍmes prÈsentent un trËs grand
intÈrÍt. C'est ainsi qu'au lieu de favoriser
l'intÈgration sociopolitique et mÍme Èconomique des
communautÈs, certains mÈcanismes de gestion collective des
ressources naturelles sont plutÙt l'origine des luttes
fratricides. Au-del des entraves sociologiques la
participation, les lois respectives des deux pays, elles-mÍmes
entretiennent une certaine incohÈrence dans leur maniËre de
procÈder. C'est le cas avec les droits d'usage qui
sont limitÈs l'autoconsommation d'un cÙtÈ et
dont le produit peut Ítre commercialisÈ de maniËre
restrictive de l'autre. Il en est de mÍme du processus d'affectation des
terres travers le plan de zonage. Le bien fondÈ d'un plan
d'affectation des terres est terni par l'absence de consultations
prÈalables des populations riveraines, qui devraient prÈsider la
dÈlimitation des divers domaines forestiers. Un cas particulier est
celui des femmes, mais aussi et surtout des ëpygmÈesí
premiers habitants de la forÍt, qui curieusement se retrouvent sans
terre et ne bÈnÈficient pratiquement pas des prÈrogatives
lÈgales qui tendent impliquer les diffÈrents acteurs dans
la gestion des ressources de leur milieu de vie au titre des droits coutumiers.
Tout ceci nous fait penser que la participation des populations locales
la gestion des ressources naturelles est faite de maniËre
minimale au Cameroun et en RDC. Ce point
de vue se conforte quand l'on aborde le second aspect
de la participation qui est la fiscalitÈ
dÈcentralisÈe.
Le second instrument d'association des populations a la
gestion des ressources naturelles et plus prÈcisÈment des
ressources financiËres tirÈes de l'exploitation des
ressources naturelles forestiËres renouvelables est la
fiscalitÈ dÈcentralisÈe. A l'Èvidence, de
fiscalitÈ il n'en est rien. Il s'agit plutÙt d'une appellation
impropre de la parafiscalitÈ. Une impropriÈtÈ qui
caractÈrise aussi bien la terminologie lÈgale de la RDC que
celle du Cameroun. Cette fiscalitÈ, comme il est convenu
33
de l'appeler, est constituÈe de deux bras
sÈculiers: la RFA et la contribution la
rÈalisation des oeuvres socio-Èconomiques. A l'occasion nous
avons relevÈ les diffÈrences qui existent dans la
formulation de ces deux mÈcanismes de parafiscalitÈ dans
les lÈgislations camerounaise et congolaise.
Dans sa conception, la fiscalitÈ
dÈcentralisÈe est un vÈritable instrument de lutte
contre la pauvretÈ. Son affectation la rÈalisation des
projets d'intÈrÍt communautaire lui donne vocation
soutenir le dÈveloppement local et de promouvoir la gestion
durable des ressources naturelles. Cependant, de nombreuses
dÈfaillances surgissent dans sa mise en oeuvre, qui
relativisent profondÈment sa portÈe79. Entre autre,
il est dÈplorer les multiples rÈseaux de corruption qui
se sont tissÈs le long du cheminement des fonds, depuis
les exploitants forestiers jusqu'aux bÈnÈficiaires finaux
que sont les communautÈs. Il en va de mÍme pour les
rÈalisations faites au titre
de la contribution la rÈalisation des oeuvres
socio-Èconomiques. Cette derniËre catÈgorie prend les
allures de prestidigitation tant les ouvrages rÈalisÈs sont
inadaptÈs au contextes et au besoins rÈels des populations
rurales quand elles ne sont tout simplement pas insignifiantes.
En dÈfinitive, il serait appropriÈ
díamÈliorer les lois forestiËres du Cameroun et de la RDC,
qui sont maints Ègards trËs proches. Une telle entreprise
aurait le mÈrite de mieux amÈnager la participation des
populations locales la gestion des ressources. Ce faisant, les
lÈgislateurs diminueraient les risques de rixes nÈes
l'occasion de l'exploitation de ces ressources. Ainsi nous avons explorÈ
l'un des maillons de base de la cogestion des ressources naturelles dans le
Bassin du Congo. Il s'est beaucoup plus agit d'analyser les
mÈcanismes d'intÈgration des populations riveraines des
forÍts la jouissance des fruits de la gestion desdites
forÍts. L'environnement Ètant une donnÈe universelle, sa
gestion durable intËgre les actions concertÈes, non seulement des
acteurs
la base telle que les populations riveraines, les
exploitants forestiers, les sociÈtÈs civiles des pays,
mais aussi de la sociÈtÈ internationale tant au
niveau rÈgional qu'au niveau global.
79 Voir Actualisation de l'audit de la
fiscalitÈ dÈcentralisÈeÖOp. Cit. p 35.
34
DeuxiËme partie :
La participation au niveau sous-rÈgional et
global la gestion des ressources naturelles dans le Bassin du Congo
35
La gestion des ressources naturelles forestiËres est
l'ensemble plus grand qui intËgre
l'exploitation et la protection de ces ressources. C'est
d'ailleurs tout le sens de la notion de gestion durable. L'importance des
ressources naturelles forestiËres du Bassin du Congo dÈpasse
le seul cadre local et national pour intÈresser la planËte
toute entiËre. L'orientation vers le modËle participatif
s'inscrit dËs lors dans la recherche collective des solutions aux
problËmes posÈs par l'exploitation agressive de ces
ressources. Les Etats ne pouvant pas assurer tout seuls la gestion
efficace de ces ressources environnementales, le contexte politique et
institutionnel international dominÈ par la dÈmocratie, la
dÈcentralisation et la prise de conscience des risques que
líutilisation immodÈrÈe des ressources de la planËte
font peser sur la vie des gÈnÈrations prÈsentes et de
celles venir, font en sorte que finalement ont assiste une
certaine synergie mondiale dans la gestion des ressources naturelles du bassin
du Congo et principalement des ressources forestiËres.
Au niveau africain, des actions concertÈes sont
menÈes pour la gestion des ressources naturelles. Cíest
ainsi quíon peut citer le NEPAD (New Partnership for Africa's
Development), dont
la protection de líenvironnement est une
composante importante. Díailleurs, la gestion
transfrontiËre des ressources occupe une place de choix dans le
plan díaction du NEPAD80. Le Bassin du Congo
prÈsente un intÈrÍt particulier. Il concentre la
proportion de loin la plus importante
de forÍt dense en Afrique. Il y foisonne de nombreux
mÈcanismes juridiques et institutionnels qui visent assurer
une plus grande intÈgration des politiques de gestion commune
des ressources naturelles. Cette gestion s'impose comme une question
Èminemment internationale. La sociÈtÈ internationale
est de plus en plus impliquÈe dans la rÈpartition des
rÙles au sujet de líexploitation des ressources
forestiËres. On est frappÈ par la variÈtÈ des
outils juridiques et les formes de coopÈration mises en place dans
le cadre continental et sous-rÈgional. Toutefois, beaucoup
díentre elles sommeillent et ne demandent quí
Ítre rÈactivÈs. Les aires protÈgÈes en
constituent un bon exemple. Quelles sont les modalitÈs de la
participation internationale au Cameroun et en RDC ? Par ailleurs qu'elle est
l'impact de cette participation sur les ressources naturelles
elles-mÍmes, sur les deux ...tats et sur les populations ?
Si au niveau local la gestion participative fait
beaucoup plus ressortir le fait que la participation des populations est
plus centrÈe sur la prise en compte des intÈrÍts
pÈcuniaires, aux niveaux sous-rÈgional et global, il est
simplement question de sauvegarder le patrimoine forestier mondial. Il n'est
pas Ètonnant de constater l'affluence d'un certain nombre d'acteurs
internationaux qui portent la question de la gestion des ressources
naturelles du Bassin du Congo sur la place publique internationale.
De fait, depuis quelques dÈcennies dÈj, ces
ressources naturelles influencent avec plus ou moins de succËs
les relations que les pays du Bassin du Congo entretiennent avec les
autres sujets du Droit International. A la vÈritÈ, la
coopÈration sous-rÈgionale
est une des modalitÈs de participation internationale
la gestion des ressources naturelles dans le Bassin du Congo (Chapitre
I). Aussi l'on ne saurait perdre de vue la contribution du degrÈ
ultime que constitue l'Èchelon global (Chapitre II).
80 DÈveloppement díun plan
díaction sur líenvironnement du NEPAD, domaine
díintervention 1 et
6, lutte contre la dÈgradation des sols, la
sÈcheresse et la dÈsertification et gestion transfrontiËres
des ressources naturelles. A lire sur www.environment-directory.org/nepad
36
Chapitre I :
CoopÈration sous-rÈgionale :
modalitÈ de gestion des ressources naturelles dans le basin du Congo
Le Bassin du Congo est certes une rÈgion riche en
ressources naturelles, mais c'est aussi un
espace politique plus ou moins bien organisÈ. Il se
structure autour des pays de l'Afrique Centrale regroupÈs dans la
CEMAC Ètendue aux pays des grands lacs. Environ cent millions
d'habitants vivent dans cet espace de cinq cent vingt millions
d'hectares81. Ces pays font des expÈriences diverses de
la dÈmocratie.
La coopÈration sous-rÈgionale en Afrique
Centrale date d'avant les indÈpendances. Pour l'essentiel, les
pays de la sous-rÈgion ont massivement accÈdÈ
l'indÈpendance dans les annÈes
1960. ImmÈdiatement, en 1964 l'UDEAC (Union
DouaniËre et Economique de líAfrique Centrale) allait jeter les
bases de la coopÈration sous-rÈgionale entre ses pays. L'UDEAC
avait pour ambition d'Ètablir une union de plus en plus Ètroite
entre les peuples des ...tats membres en vue de raffermir leur
solidaritÈ gÈographique et humaines ; promouvoir les
marchÈs nationaux actuels, grce l'Èlimination des
entraves du commerce intercommunautaire, la coordination des programmes
de dÈveloppement des diffÈrents secteurs de production, la
rÈpartition et l'harmonisation des projets industriels ;
renforcer l'union de leurs Èconomies et d'en assurer le
dÈveloppement harmonieux par l'adoption des dispositions tenant
compte des intÈrÍts de tous et de chacun, et compensant
de maniËre adÈquate et par des mesures appropriÈes,
la situation spÈciale des pays de moindre dÈveloppement
Èconomique ; participer la crÈation d'un
vÈritable marchÈ commun africain et consolider l'unitÈ
africaine. Ces objectifs expriment clairement la volontÈ des Chefs
d'...tat des pays concernÈs d'unir leurs efforts, afin de btir un espace
Èconomique optimal, susceptible d'impulser un dÈveloppement
Èconomique solidaire et de crÈer des pÙles de
dÈveloppement tout en facilitant
l'intÈgration de leurs Èconomies
nationales82. L'UDEAC ne se prÈoccupait pas plus que
Áa de
l'environnement. Ceci peut bien se comprendre compte tenu du
contexte international de l'Èpoque et des dÈfis auxquels
Ètaient confrontÈs les jeunes ...tats de la
sous-rÈgion. Par la suite, la CEMAC
(CommunautÈ Economique et MonÈtaire de
líAfrique Centrale) va prendre le relais, dËs son entrÈe
en vigueur en 1999, pour marcher sensiblement sur les pas de
l'UDEAC.
Les mutations observÈes dans le processus de
l'intÈgration mondiale placÈe sous l'Ègide de
la dÈcentralisation, des nouvelles technologies de
l'information et de la communication, et de la protection de
l'environnement ont contribuÈ accroÓtre
l'intÈrÍt d'une coopÈration sous-rÈgionale sur
la protection des ÈcosystËmes majeurs dans le
Bassin du Congo. Le 17 mars 1999, les Chefs dí...tat díAfrique
Centrale, tirant les leÁons des expÈriences passÈes,
se sont engagÈs úuvrer pour une gestion
concertÈe des forÍts du Bassin du Congo afin de tirer le maximum
de profit de la forÍt au triple plan Èconomique,
Ècologique et socioculturel. La dÈclaration de
YaoundÈ se prÈsente donc comme la fondation contemporaine
de la coopÈration sous-rÈgionale en matiËre de
gestion des ressources naturelles. Elle s'appuie sur le plan de
convergence (section II) pour asseoir la vision commune de la gestion des
ressources. Aussi la traduction de ce plan en actions concrËtes incombe
un appareil institutionnel sous-rÈgional dense
(section I).
81 Cf.
http://www.congo-site.com/pub/fr/v4x/actualites/article.php?num=2725
82 Cf.
http://www.izf.net/izf/Institutions/Integration/AfriqueCentrale/Historique.htm
37
Section I : L'appareil institutionnel sous-rÈgional
de gestion des ressources naturelles
A l'observation, le Bassin du Congo pullule d'institutions
de gestion des ressources naturelles forestiËres renouvelables. Ces
institutions s'appliquent chacune pour ce qui la concerne
la gestion et la protection d'une fonctionnalitÈ
particuliËre de la forÍt. Ceci participe de ce que le professeur
Alexandre KISS appelle la protection fonctionnelle des forÍts. S'il est
vrai que les pays
du Bassin du Congo sont passÈs ' d'une simple
coopÈration classique une plus dense intÈgration
en mettant le secteur environnement / forÍt la
premiËre loge 83, il n'en reste pas moins qu'il faille
davantage Ètoffer le cadre institutionnel et normatif84
de la protection des forÍts. Dans un pareil contexte, il
est intÈressant de s'arrÍter sur la valeur probante de
ces institutions. En effet, leur
organisation, leur fonctionnement, les moyens dont elles
disposent leur permettent-ils d'assurer une vÈritable
coopÈration entre les diffÈrents pays ? Qu'elles en sont
les impacts Èventuels sur les ressources et les populations locales
au Cameroun et en RDC. Au demeurant, ces deux pays sont tout aussi bien
profondÈment impliquÈs qu'il s'agisse de l'institution de
coordination (I) ou alors des institutions de mise en oeuvre (II) de la gestion
concertÈe.
I ñ L'institution de coordination : la
COMIFAC
La COMIFAC (Commission des ForÍts d'Afrique Centrale)
est un organe d'orientation, de coordination et de dÈcision. Elle est
issue du sommet des Chefs d'...tat d'Afrique Centrale sur les forÍts
tenue YaoundÈ le 17 mars 1999, ayant elle-mÍme aboutit sur
une dÈclaration connue sous le nom de ' DÈclaration de
YaoundÈ . Dans líune des rÈsolutions de cette
derniËre, les Chefs d'...tat donnent mandat aux ministres en charge des
forÍts des pays respectifs pour coordonner et veiller
la mise en oeuvre de la dÈclaration.
Cependant, la COMIFAC ne sera vÈritablement
institutionnalisÈe qu'au terme de la deuxiËme session ordinaire des
ministres, organisÈe en juin 2002
YaoundÈ. La catÈgorie d'institution
de coordination fait rÈfÈrence celles qui sont
perchÈes au sommet de la nomenclature de prise de
dÈcisions au niveau sous-rÈgional. Il s'agit de celles qui
impulsent les actions de gestion durable des ressources. De part la
volontÈ des chefs d'...tats cristallisÈe dans la
dÈclaration de YaoundÈ, la COMIFAC est la seule instance
sous-rÈgionale de coordination, d'orientation et de dÈcision en
matiËre de gestion durable des ÈcosystËmes forestiers et
de savane d'Afrique Centrale. De part ce statut
privilÈgier, la COMIFAC est constituÈe d'organes
qui a priori garantissent la participation (A). Cependant,
on peut relever quelques obstacles la participation efficiente de
tous les ...tats membres (B).
A ñ Des organes ouverts la
participation
La COMIFAC est constituÈe de plusieurs organes.
Son organisation rÈvËle en rÈalitÈ la
volontÈ des chefs d'...tats d'Ítre particuliËrement
impliquÈs dans la gestion des forÍts du Bassin du Congo ainsi
que leurs diffÈrentes ressources. La COMIFAC se structure de
maniËre hiÈrarchique autour du sommet des Chefs d'...tat, le
conseil des ministres, du secrÈtariat exÈcutif et s'appuie sur le
forum sous-rÈgional et des fora nationaux. Ce dispositif
consacre en mÍme temps le dÈsir d'impliquer toutes les
composantes nÈcessaires la gestion durable des
ÈcosystËmes forestiers d'Afrique Centrale. Il serait
intÈressant d'analyser d'une part le Sommet des chefs d'...tat
(1), et d'autre part le secrÈtariat exÈcutif et les forums
d'Èchange (2)
1- Le sommet des chefs d'...tat et le conseil de
ministres
Comme son nom líindique, cíest une instance
qui regroupe les chefs d'...tat et de
Gouvernement des Etats membres de la COMIFAC ou leurs
reprÈsentants. C'est lui qui arrÍte les
83 NGANMINI Jean Marie, le cadre institutionnel et
normatif (Ö) Op. Cit., p.18.
84 Cf. Maurice KAMTO, Droit de
líenvironnement en Afrique (Ö) Op. Cit.
38
orientations de l'organisation pour la mise en úuvre
des engagements tels que dÈfinis l'article 1, Titre I du
traitÈ instituant la COMIFAC. Le Sommet se tient la demande
des chefs d'...tat ou celle du Conseil des Ministres. Ses
dÈcisions sont prises par consensus. A dÈfaut, elles le sont
la majoritÈ simple des membres. Les rÈunions du
Sommet des chefs d'...tat comportent, en accord entre les chefs d'...tat,
une rÈunion huis clos.
Jusquí prÈsent, deux sommets des chefs
d'...tat et de gouvernement ce sont tenus. Il s'agit
du sommet de YaoundÈ en Mars 1999 et de celui de
Brazzaville tenue au Congo en fÈvrier 2005.
Par leur participation effective, il ressort clairement que
le Cameroun et la RDC sont rÈsolument engagÈs dans le
processus de coopÈration sous rÈgionale. Ils ont
ÈtÈ reprÈsentÈs tous les sommets des chefs
d'...tat et de gouvernement.
Le Conseil des Ministres quant lui regroupe les Ministres
en charge des forÍts des pays membres. C'est la cheville ouvriËre
de la COMIFAC, c'est ce niveau que se prÈparent toutes les
dÈcisions qui seront soumises
l'apprÈciation suprÍme des chefs d'...tat et de
gouvernement. Le Conseil des Ministres se tient de maniËre
rotative tous les deux ans dans chaque pays membre suivant l'ordre
alphabÈtique de langue franÁaise. Chaque session fixe la date du
prochain conseil. Il
y a dÈj eu quatre sessions du conseil des ministres
de la COMIFAC, avec trois sessions ordinaires
et une session extraordinaire. Le Cameroun en a abritÈ les
deux premiËres sessions ordinaires et la
premiËre session extraordinaire. Tout ceci traduit
souhait le dynamisme et la collaboration effective des
diffÈrents pays de la sous rÈgion
Le conseil des Ministres a un rÙle central dans l'action
de l'organisation sous-rÈgional. Il
nomme les membres du SecrÈtariat ExÈcutif,
oriente l'action du SecrÈtariat ExÈcutif, examiner et adopte
les budgets du SecrÈtariat ExÈcutif ; approuver les comptes,
exerce conjointement avec le SecrÈtariat ExÈcutif, le pouvoir
disciplinaire et enfin rÈvise les statuts.
2 - Le secrÈtariat exÈcutif et les
fora
Le SecrÈtariat ExÈcutif de la COMIFAC en
est le bras sÈculier. C'est lui qui assure la fonction de
reprÈsentation permanente de l'organisation. De ce point de vue,
il sert de passerelle entre les ...tats membres d'une part et entre les
...tats membres et le tiers d'autre part. Il assure, par ailleurs, au plan
technique l'exÈcution des dÈcisions de la COMIFAC,
notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du Plan de Convergence
sous-rÈgional. Il est composÈ d'un SecrÈtaire
ExÈcutif, d'un SecrÈtaire ExÈcutif adjoint - coordinateur
technique, d'un Responsable Administratif
et financier et d'un personnel d'appui. Son siËge est
fixÈ YaoundÈ au Cameroun.
Pour ce qui est des fora, il sont au nombre de deux.
Les statuts de la COMIFAC et notamment l'article 34 institut un forum
sous-rÈgional et des fora nationaux. En rÈalitÈ,
les fora
rÈgionaux sont des plates forme de discussion ocents les
responsables des diffÈrentes administrations en charge des
forÍts, dans les pays concernÈs, se retrouvent pour partager sur
les problËmes rencontrÈs
sur le terrain, et essayer díen rechercher ensemble des
solutions. A ce niveau se manifeste l'un des
aspects les plus d'importants de la collaboration entre les pays
membres de la COMIFAC.
Les Fora Nationaux sont organisÈs une deux
fois par an dans chaque pays membre et
regroupent líensemble des parties prenantes :
sociÈtÈ civile, populations et parlementaires, ONG,
administrations, partenaires au dÈveloppement, bailleurs de fonds et
secteur privÈ. L'organisation et líanimation de ces fora sont
laissÈes aux diffÈrentes institutions partenaires de la
COMIFAC85 que nous Ètudierons plus bas. Mais bien
avant attelons nous relever les obstacles mÍme
de
restreindre considÈrablement les efforts de la
coopÈration sous-rÈgionale dans l'optique de la gestion
durable des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique centrale.
B ñ Les obstacles la participation
efficiente des pays de la sous rÈgion
Toute la bonne volontÈ des chefs d'...tat et de
gouvernement des pays membres de la COMIFAC ne suffit pas elle
seule pour assurer une gestion commune et durable des ressources naturelles des
ÈcosystËmes forestiers d'Afrique Centrale. Il surgit encore un
ensemble d'obstacles
85 Sur l'ensemble de la question, s'en
rÈfÈrer au site web officiel de la COMIFAC: www.comifac.org
39
qui mettent mal la coopÈration
sous-rÈgionale consacrÈe cette fin. Ces Obstacles
peuvent essentiellement Ítre cataloguÈs sous deux labels.
Il s'agit des obstacles institutionnels (1) et des obstacles financiers
(2).
1 ñ Les obstacles institutionnels
Nous entendons par obstacles institutionnels l'ensemble des
barriËres qui dÈcoulent soit de
la nature mÍme des institutions existantes, ou
alors des dÈficiences de leur fonctionnement. Ces barriËres
se dressent tant au niveau de l'institution centrale qu'est la COMIFAC, qu'au
niveau des
institutions partenaires.
Quoique devenue acteur incontournable de la gestion des
ÈcosystËmes forestiers d'Afrique
Centrale, la COMIFAC pose fondamentalement la question de sa
nature juridique. MÍme si elle a
ÈtÈ mise sur pied par les ...tats de la
sous-rÈgion, elle est ce qu'on pourrait appeler une ëorganisation
internationale inachevÈeí. En effet, une organisation
internationale est constituÈe sur la base d'un
traitÈ86 d°ment ratifiÈ par les
pays signataires. Le traitÈ sur la COMIFAC a ÈtÈ
adoptÈ au cours de la troisiËme session ordinaire du conseil des
ministres, tenue Libreville en juillet 2004. Cependant il n'est pas
encore entrÈ en vigueur87. Pour ce faire, il doit d'abord
Ítre signÈ par les chefs d'...tat et
faire l'objet d'une procÈdure de ratification par
chacun des ...tats signataires. Pour l'heure, seul le
Cameroun et la guinÈe Èquatoriale ont
dÈj procÈdÈ la ratification de ce
traitÈ. Le fait que ce traitÈ
ne soit pas encore pleinement entrÈ en vigueur limite,
certains Ègards, la portÈe juridique de cet instrument de
coopÈration sous-rÈgional.
Les Ècueils liÈs aux institutions partenaires se
manifestent dans plusieurs aspects. Il se pose
un problËme de dÈtermination de l'espace de
compÈtence de ces institutions. En effet, comme le montre
Nganmigni: ' Chaque institution ou initiative sous-rÈgionale
adapte sa conception de líÈtendue de líAfrique
Centrale, ou y ajoute des critËres multiples selon les
intÈrÍts qui peuvent Ítre Ècologiques,
linguistiques, politiques ou Èconomiques 88 . Il en
dÈcoule que ces institutions ne couvrent pas le mÍme
espace gÈographique, ce qui constitue un rÈel handicap
pour une bonne organisation. Cette difficultÈ provient de la
multiplicitÈ mÍme de ces institutions. On en arrive un
point ocents finalement on ne sait plus exactement qui fait quoi. C'est
d'ailleurs pour palier ce manque
de coordination que les Chefs d'Etat et de gouvernement
ont jugÈ bon de mettre sur pied la
COMIFAC. NÈanmoins, il persiste toujours un
foisonnement d'organismes, de projets et de programmes dont les actions ne
sont pas vÈritablement coordonnÈes.
Sur le plan national, les institutions posent tout autant la
question de leur coordination et de
leur animation. Le relais de ses institutions est
assurÈ par une plÈthore de points focaux, correspondants
nationaux qui Èvoluent en vase clos et sont dispersÈs,
car il níexiste aucun mÈcanisme au plan local pour assurer
leur coordination. A tout cela s'ajoutent d'Ènormes contraintes
financiËres.
2 ñ Les obstacles d'ordre financier
Les pays du Bassin du Congo pour l'essentiel sont des pays
sous-dÈveloppÈs. De ce fait, ils Èprouvent tous de
sÈrieux problËmes de trÈsorerie. Les organismes
interÈtatiques en ressentent les effets, attendu que les ressources de
ces organisations proviennent pour líessentiel des cotisations
des ...tats membres. Alors que pour BANA89 les
...tats díAfrique Centrale sont des Èternels criards
sur le plan financier, on doit concÈder que ces
pays connaissent une crise Èconomique qui dure depuis la fin
des annÈes 1970. Ceci Ètant, il reste assez paradoxale
que les institutions sous-
rÈgionale en ptissent ce point, Ètant
donnÈ que le secteur forestier contribue pour beaucoup dans
les Èconomies des pays du Bassin du Congo. Les
institutions de mise en oeuvre de la gestion des
ressources naturelles du basin du Congo n'Èchappent pas
ces problËmes.
86 Tel qu'il dÈcoule de la combinaison des
articles 2a et 5 de la convention de Vienne sur le droit des traitÈs.
87 DeuxiËme sommet des chefs d'Etat
d'Afrique centrale sur la conservation et la gestion durable des
forÍts, note d'information, p.6, Brazzaville 04-05 fÈvrier
2005.
88 NGANMINI Jean Marie, Le cadre institutionnel et
normatif (Ö) Op.cit, p.18.
89 BANA FranÁois Díassise, Droit
rÈgional de líenvironnement (Ö) Op. Cit. p 51.
40
II ñ Les institutions de mise en
oeuvre
Afin de mener terme son ambition d'unification des
politiques de gestion forestiËre dans
le Bassin du Congo, la COMIFAC s'est entourÈe d'un certain
nombre d'institutions partenaires. C'est prÈcisÈment l'article
34 de ses statuts qui dÈsigne nommÈment les partenaires
en question et
dÈtermine la nature des relations que les
diffÈrentes entitÈs doivent entretenir. MÍme si les
statuts de
la COMIFAC ne nÈgligent pas les rapports avec les
projets et programmes, ils instituent des relations prioritairement avec
quatre partenaires sous-rÈgionaux. Il s'agit de l' OCFSA, de OAB, de
la CEFDHAC et du RAPAC. Cette derniËre semble plus commode
d'analyser ensemble l' OCFSA
et l' OAB d'un cotÈ (A), le RAPAC et la CEFDHAC de
l'autre (B).
A - L' OCFSA et l'OAB
Ces deux organismes de part leur champs de compÈtence
mÈritent que nous les Ètudiions sÈparÈment, il
sera question de voir dans quelles mesures elles participent la
dÈmocratisation de la gestion des ressources naturelles dans le
Bassin du Congo. En premier lieu penchons-nous sur l'OCFSA
(líorganisation pour la conservation de la faune sauvage en Afrique)
(1), avant de prÍter l'attention sur OAB (l'organisation Africaine du
bois) (2).
1- L'Organisation pour la Conservation de la Faune
Sauvage en Afrique
Aux termes de l'article 34 des statuts de la COMIFAC, il est
prÈvu que líOrganisation pour
la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique (OCFSA)
prenne en charge le suivi des composantes BiodiversitÈ et
Aires ProtÈgÈes TransfrontaliËres90.
LíOCFSA est la premiËre initiative de coopÈration
sous-rÈgionale. CrÈÈe en 1983 sous forme díun
accord de coopÈration et de concertation entre les pays díAfrique
Centrale, elle a pour sphËre d'intervention la conservation de
la faune sauvage et la mise en place díun fonds
spÈcial pour la conservation91. A la
vÈritÈ, cet organisme joue aussi un grand rÙle en
matiËre de facilitation de la coopÈration entre les pays de la
sous rÈgion pour les questions de faune sauvage.
D'ailleurs, elle a rÈcemment participÈ une
rÈunion sur les nÈgociations en cours en Afrique centrale
devant aboutir la signature d'un protocole d'accord sur la viande
de brousse.
2 ñ LíOrganisation Africaine du
Bois
L'organisation africaine du Bois (OAB) a commencÈ
Ítre envisagÈ en 1974, mais ce níest quíen
mai 1976 que les divers accords ont ÈtÈ signÈs par les
...tats membres. Elle est un organisme international de coopÈration et
de consultation dans les domaines de líÈconomie
forestiËre et du commerce du bois92. Les misions a elle
assignÈes sont de veiller líÈchange
díinformations
continue et de soutenir l'effort commun
díharmonisation des politiques commerciales des pays membres ;
díassurer la promotion des bois africains et des Ètudes
de marchÈ ; de veiller líharmonisation des politiques
de reboisement et díamÈnagement ; díassurer le suivi et
líÈvaluation des principes, critËres et indicateurs
díoutils et de standards de performances ; díassurer la
coordination des politiques de formation et la promotion de la
coopÈration entre ...tats membres
dans tous les domaines relatifs líÈconomie
forestiËre. Il ressort des statuts93 de la COMIFAC, le
SecrÈtariat ExÈcutif doit entretenir des
relations avec l'Organisation Africaine du Bois (OAB) en particulier sur
les questions d'Èconomie forestiËre, de certification et de
commerce des produits forestiers.
90 Article 34, paragraphe 3.
91 NGANMINI Jean Marie, Le cadre institutionnel et
normatif (Ö) 0p.cit, p.12.
92 Pasca T M, L'emploi, in Revue
internationale des fors et des industries forestiËres vol.28n.14 ;
lire sur le site
http://www.fao.org/docrep/k1100f/k1100f06.htm#b3-L&146;Organisation%20africaine%20du%20bois
93 Article 34, paragraphe 5.
41
B ñ La CEFDHAC et le RAPAC
La CEFDHAC et le RAPAC constituent les deux points d'ancrage
les plus importants de la cogestion des ressources naturelles
forestiËres dans le Basin du Congo. En effet, ce sont ces
organismes qui sont les maillons essentiels de la prise de
dÈcision relative la gestion des ressources naturelles.
Elles son de ce fait, au coeur de la diffusion de
l'information environnementale, de l'Èchange et du partage des
idÈes, des mÈthodes et des moyens d'action dans
la sous-rÈgion De part son importance dans le systËme
de coopÈration sous-rÈgional de gestion des
ressources naturelles dans le Bassin du Congo, la CEFDHAC (1) est
beaucoup plus structurÈe que
le RAPAC (2).
1- La ConfÈrence sur les EcosystËmes
Forestiers Denses et Humides díAfrique Centrale
La ConfÈrence sur les ...cosystËmes Forestiers
Denses et Humides d'Afrique Centrale
(CEFDHAC) concrÈtise la volontÈ des parties
prenantes de parvenir une vision commune de la conservation et de
líutilisation des ÈcosystËmes de forÍts denses
et humides de la sous-rÈgion.
Autrement connu sous líappellation de processus de
Brazzaville, elle est une immense tribune de dÈbat qui
síanalyse la fois comme un forum d'orientation
travers l'articulation de tous les groupes d'acteurs intervenant dans
la sous-rÈgion ; un forum de concertation et
díÈchange díexpÈriences ouvert tous les
intervenants du secteur forestier en vue díune gestion Èquitable
et durable des ÈcosystËmes forestiers díAfrique Centrale ;
enfin elle est un forum dont líensemble des idÈes et des
rÈflexions concourent la prise de dÈcision par des
autoritÈs politiques impliquÈes dans
les questions environnementales et forestiËres en Afrique
Centrale. Dans ce sens, le statut94, charte
de la COMIFAC, prÈvoit que la CEFDHAC prenne en
charge la gestion des processus de
concertation au sein des Fora Sous-rÈgionaux et
Nationaux et de leurs commissions spÈcialisÈes sur
l'Èconomie forestiËre, la biodiversitÈ et le renforcement
des capacitÈs de bonne gouvernance et de mise sur pied des institutions
adÈquates.
Líobjectif global de la CEFDHAC est
díencourager les acteurs de la gestion des forÍts
díAfrique Centrale, conserver leurs ÈcosystËmes
forestiers et veiller une utilisation durable et Èquitable
des ressources quíils recËlent. Dans le cadre de son
action, la CEFDHAC síappuie essentiellement sur le
PrÈsident en exercice, les groupes de contact nationaux et son
agence de facilitation. Toutes les actions conÁues, et menÈes
de faÁon concertÈe, sont la traduction concrËte des
dÈcisions et recommandations des confÈrences biennales. Les
rencontres entre le PrÈsident en
exercice, les groupes de contact et líagence de
facilitation95 permettent de mieux gÈrer le processus.
Líaction de la CEFDHAC síinscrit fondamentalement dans le
processus de cogestion, en
tÈmoigne les axes stratÈgiques de
líorganisation sous-rÈgionale : Dialogue politique ; Paix
et sÈcuritÈ ; EcosystËmes forestiers et lutte contre la
pauvretÈ ; BiodiversitÈ ; AmÈnagement Forestier
et partenariat ; Suivi Evaluation ; Gouvernance environnementale
; Communication ; Partenariat ;
Connaissance ; MÈcanisme de Financement.
Au bout du compte, mÍme si la CEFDHAC connaÓt les
mÍmes problËmes díordre financier
que toutes les autres institutions de la sous-rÈgion, elle
apparaÓt tout de mÍme comme líinstrument
le plus adaptÈ de gestion participative des
ressources naturelles dans le bassin du Congo. Ces rÈalisations
sur le terrain parlent díelles-mÍmes.
2- Le RÈseau des Aires ProtÈgÈes
díAfrique Centrale
Le RÈseau des aires protÈgÈes
díAfrique centrale (RAPAC), fut crÈÈ le 30 mai
2000 YaoundÈ par les administrations en charge des aires
protÈgÈes de sept pays díAfrique Centrale. Son siËge,
de par les statuts, se trouve Libreville, Gabon. Le RAPAC
est une structure de type
94 Article 34, paragraphe 1.
95 LíAgence de facilitation de la CEFDHAC
c'est l'UICN (Union mondiale pour la Nature)
42
associatif regroupant les directions en charge de la gestion des
aires protÈgÈes au Gabon, au Congo,
en Centrafrique, au Cameroun, en
GuinÈe-Equatoriale, au Tchad, et So TomÈ et
PrÌncipe. Il travail pour l'instant dans huit aires
protÈgÈes dont la rÈserve de faune du Dja (Cameroun). Il
est remarquer que la RDC n'est pas partie cet autre
instrument de participation pour le moins important dans la gestion des
ressources fauniques dans le Bassin du Congo.
Le rÈseau est nÈ de líexpÈrience du
programme ECOFAC96 et de la volontÈ de maintenir une
structure technique, pour poursuivre la mise en place díune
stratÈgie concertÈe et globale de
gestion rationnelle des ressources naturelles en Afrique
Centrale, mettant notamment profit la concertation et les
Èchanges díinformations, de compÈtences et
d'expÈriences testÈes tout au long de
la premiËre phase du programme ECOFAC97.
Síil est dÈplorer que la RDC ne soit pas
partie au RAPAC, il ne faut croire que ce pays reste en marge de tout processus
de cogestion des espaces de protection de la biodiversitÈ dans son
ensemble et des espËces animales en particulier. Il
suffit cet Ègard de considÈrer les cas de gestion des
parcs nationaux transfrontiËres. Cíest le cas avec le Parc National
des Virunga (PNVi). Le Parc National des Virunga se situe dans la partie Est de
la RDC, dans la province du Nord Kivu, le long des bordures frontaliËres
du Rwanda et de líOuganda. Il est ' (Ö) logÈ dans la branche
occidentale
de la grande famille díAfrique appelÈe aussi Rift
Est Africain 98. Il síÈtend sur une superficie de
800 Km×, et a le statut díune
rÈserve naturelle intÈgrale. Sa gestion est
rÈglementÈe par líOrdonnance ñ Loi N° 69
ñ 041 du 22 ao°t 1969 relative la conservation. Du fait de
líaction des hommes et des phÈnomËnes naturels, la
gestion de ce parc connaÓt beaucoup de difficultÈs.
Notamment la prise en compte des populations riveraines de ce parc.
Toutefois, malgrÈ ces difficultÈs, certaines organisations
internationales, gouvernementales ou non, de conservation travaillent sans
relche aux cÙtÈs de líInstitut Congolais pour la
Conservation de la Nature (ICCN) pour líutilisation durable de la
biodiversitÈ du PNVi. Toutefois, le tendon díAchille de
cette cogestion reste les mauvaises relations que la RDC entretient
avec ses voisins le Rwanda et le Burundi. Les relations tumultueuses
de la RDC avec ses voisins tranche avec la perspective unificatrice
et harmonieuse du plan de convergence sous-rÈgional de gestion
des ressources naturelles.
Section II : Le plan de convergence
sous-rÈgional
Le plan de convergence est le document de base qui doit orienter
la politique de gestion des ressources forestiËres en Afrique Centrale et
plus exactement du Bassin du Congo. Plus connu sous
le vocable Plan de Convergence, il síintitule en
rÈalitÈ plan de convergence pour la conservation et
la gestion durable des ÈcosystËmes forestiers
díAfrique Centrale. Il fut adoptÈ par la CEFDHAC
lors de sa premiËre session en dÈcembre 2000
yaoundÈ.
Ce Plan síÈtend sur une durÈe de dix
ans avec des phases triennales díÈvaluation. Líon a
procÈdÈ un toilettage du plan de
convergence 2OO3 pour quíil cadre mieux avec les aspirations des pays de
la sous-rÈgion. Cíest dire que le tout premier plan de
convergence adoptÈ en 2000 et rÈamÈnagÈ en 2003
servira de cadre díaction jusquíen 2013. Le plan de
convergence consacre vÈritablement la volontÈ de gestion
intÈgrÈe des forets díAfrique Centrale travers
líharmonisation des politiques forestiËres et líinstitution
díun rÈseau díaires protÈgÈes
reprÈsentatifs de la diversitÈ
biologique et des ÈcosystËmes, pour le bien
Ítre des populations et líÈquilibre de la
planËte99. Síil
constitue une base de coopÈration
sous-rÈgionale inÈdite en matiËre de gestion
concertÈe des ressources de part son caractËre ambitieux (1),
il níen est pas moins une base thÈorique la mise
96 Plus díinformation sont donnÈes
Infra p.54.
97 CanopÈe n° 18, Les forÍts
d'Afrique centrale se vident tíelles ? Une structure originale pour la
conservation des
ressources naturelles dans leur sous rÈgion : le
rÈseau des aires protÈgÈes díAfrique centrale.
Octobre 2000. consultable sur le site
http://www.ecofac.org/Canopee/N18/N1811-ConservationAfriqueCentrale.htm
98 DELVINGT, W., et alii, Guide du parc des Virunga,
Commission des communautÈs europÈennes, p. 12, Bruxelles
1990.
99 Cf. COMIFAC, Plan de Convergence pour la
conservation et la gestion durable des ÈcosystËmes
forestiers díAfrique Centrale, YaoundÈ juillet 2004 ; consultable
sur le Site de la COMIFAC.
43
úuvre difficile (2).
I- Un plan de gestion ambitieux
En mai 2004 YaoundÈ au Cameroun, une
premiËre confÈrence extraordinaire de la
COMIFAC a ÈtÈ convoquÈe en vue de l'adoption
du plan de convergence sous-rÈgional actualisÈ.
En effet, il a ÈtÈ jugÈ
nÈcessaire de procÈder un toilettage du plan de
convergence adoptÈ en dÈcembre 2000, afin de faciliter son
utilisation dans le cadre des programmes de partenariat en cours.
Cette actualisation tient compte des initiatives et processus nouveaux. Le
plan a ÈtÈ aussi restructurÈ en dix axes
stratÈgiques pour en amÈliorer la lisibilitÈ et la
traduction opÈrationnelle. Cet instrument remis au go°t du
jour dÈvoile ses ambitions travers ses axes
stratÈgiques. Son originalitÈ porte sur sa flexibilitÈ
díune part (B) et sur sa pertinence de líautre (A).
A- La pertinence du plan de convergence
LittÈralement, la convergence signifie líaction
de tendre vers un mÍme but, une mÍme aspiration
commune100. Depuis quelque temps dÈj toute la
planËte semble s'Ítre mise d'accord sur
la nÈcessitÈ d'une gestion durable des
ressources naturelles. A travers le plan de convergence, et
pour la premiËre fois, les pays du Bassin du Congo se
mettent d'accord sur une vision commune de
la gestion de leurs ressources forestiËres.
PrÈcisÈment il s'agit de sauvegarder le bien-Ítre
des populations de la sous rÈgion ; la conservation de la
diversitÈ biologique. L'ambition fÈdÈratrice du plan de
convergence ne manque pas de pertinence. De fait, la nÈcessitÈ
d'une action sous-rÈgionale concerte s'impose (1), et la
diversitÈ des axes stratÈgiques (2) semble bien y
rÈpondre.
1- La nÈcessite díune action
sous-rÈgionale concertÈe
Les ressources naturelles du Bassin du Congo constituent un
bloc compact qui se moque bien des frontiËres qui sÈparent les
pays. Elles font l'objet d'une pression poussÈe de toute part. Leur
gestion concertÈe peut Ítre la fois un gage de
durabilitÈ et de dÈveloppement pour les ...tats de la
sous-rÈgion. La convergence des actions de protection est
d'autant plus importante que le dÈsert frappe de plus en plus aux
portes de l'Afrique Centrale.
De faÁon plus significative, la gestion
sous-rÈgionale concertÈe des ressources forestiËres
du Bassin du Congo devrait permettre de juguler les
phÈnomËnes croissants de trafic illÈgal de bois
et de gibier dans cet espace. C'est le cas pour des
ressources naturelles forestiËres renouvelables
qui, illÈgalement et irrationnellement
exploitÈes en RÈpublique Centrafricaine, au Gabon ou en
RÈpublique du Congo, s'Ècoulent travers les
circuits illicites par le Cameroun jusqu' des destinations
inconnues dans le monde. Plus ptant est le cas des ressources naturelles de la
RDC qui sont impunÈment pillÈes par des hordes en mal de
puissance, et en provenance des pays voisins de líEst. Rappelons
cet Ègard, que la RDC est le seul pays díAfrique qui
partage des frontiËres avec neuf autres Etats. Au bout du compte, c'est
uniquement une coopÈration de plus en plus intÈgrÈe dans
la gestion des ressources naturelles qui pourra permettre la lutte efficace
contre la criminalitÈ transfrontaliËre axÈe sur les
ressources naturelles et les personnes.
En plus de ces problËmes locaux et sous-rÈgionaux, la
pertinence du plan de convergence
est entiËrement ÈprouvÈe si l'on
considËre la vision plus globale du maintien des Èquilibres
mondiaux. LíactualitÈ rÈcente et quotidienne conforte le
bien fondÈ de la mobilisation qui sous-tend
la vision concertÈe de la gestion des forÍts
d'Afrique Centrale. Les spÈcialistes les plus aguerries en
la matiËre ne cessent d'attirer l'attention des
politiques sur les irrÈgularitÈs et les consÈquences
dramatiques de la gestion irrationnelle des ÈcosystËmes forestiers
du monde. En rÈalitÈ, les pays du
Bassin du Congo ont vÈritablement pris conscience
de la nÈcessitÈ d'une action sous-rÈgionale
collective pour la conservation et l'utilisation planifiÈe de
leurs ressources forestiËres, ceci se manifeste aussi avec force dans
la diversitÈ des axes stratÈgiques que le plan prÈvoit.
100 Cf. Petit Larousse IllustrÈ 2OO5.
44
2- La diversitÈ des axes
stratÈgiques
Les axes stratÈgiques sont les balises de la
convergence. Il s'agit des lignes directrices qui servent de point de chute des
objectifs que la coopÈration sous-rÈgionale se fixe dans le cadre
de la protection et de la conservation des ressources forestiËres.
Depuis le toilettage du plan de convergence, il existe dÈsormais
dix axes stratÈgiques. Au dÈpart, tel que prÈvue dans le
plan adoptÈ
par les travaux de dÈcembre 2000 YaoundÈ, il
y en avait seulement six. Cíest dire que celui adoptÈ
en 2004 s'est enrichi de quatre nouveaux points d'ancrage de
l'action de la COMIFAC.
Ces axes prioritaires de travail sont entre autres
l'harmonisation des politiques forestiËres
et fiscales ; la connaissance de la ressources ;
l'amÈnagement des ÈcosystËmes et le reboisement
forestier ; la conservation de la diversitÈ biologique ; la
valorisation des ressources forestiËres; le dÈveloppement des
activitÈs alternatives et la rÈduction de la
pauvretÈ ; le renforcement des capacitÈs, la
participation, l'information et la formations des acteurs ; la
recherche et le dÈveloppement ; le dÈveloppement des
mÈcanismes de financement ; la coopÈration et les
partenariats.
Cette ÈnumÈration montre bien que le plan de
convergence intËgre le dÈsir de ratisser large dans le domaine de
la dÈmocratie environnementale. En effet, le systËme de gestion
quíil dÈcrit est
sans doute la meilleure chose qui puisse effectivement
arriver aux ressources de la sous-rÈgion. L'accent est mis
sur la prÈpondÈrance des mÈcanismes de
concertation et de partage des responsabilitÈs et des droits.
En effet, des dix axes stratÈgiques, pas moins de six
concernent de faÁon formelle les bases de la collaboration entre
...tats d'une part et entre les ...tats et les autres acteurs d'autre
part. Cette prise en compte transversale des points de vue de tous participe
aussi de
la flexibilitÈ qui caractÈrise ce plan.
B- La flexibilitÈ du Plan de
Convergence
Le plan de convergence offre l'avantage de la souplesse.
On peut le remarquer dans la gestion de cet instrument sur le temps ;
c'est alors l'occasion d'apprÈcier sa planification triennale
(2). Dans le mÍme sens, il s'accommode bien des
particularismes nationaux (1).
1- Líadaptation aux spÈcificitÈs
nationales
Au del de l'objectif commun toute l'humanitÈ
de procÈder une gestion des ressources qui garantisse long
terme la prÈservation des intÈrÍts des
gÈnÈrations venir, l'ambition immÈdiate
de la COMIFAC est de parvenir une harmonisation des
lÈgislations dans les pays membres. Afin d'assurer une protection plus
efficace du massif forestier d'Afrique Centrale. Il faut le souligner pour s'en
fÈliciter, le plan de convergence est assez lucide sur ce point,
l'harmonisation ne signifie pas l'uniformisation. Autrement dit, il n'est
pas question díentretenir le leurre de vouloir instituer
exactement les mÍmes lois et les mÍmes procÈdures dans
tous les pays, mais bien plus d'Ètablir un cadre de travail incitatif
et consensuel, en mÍme temps que de respecter le rythme des
rÈformes propres chaque pays101.
Les particularismes de chaque pays concernent entre autre les
conditions Èconomiques, les prÈoccupations liÈes la
stabilitÈ, mais encore líappropriation effective du processus
díintÈgration
par tous les acteurs. Il síagit non seulement du
renforcements des cadres juridiques et institutionnels
dans les ...tats eux-mÍmes, mais davantage de la
maturation de ce qui est dÈsormais convenu
díappeler la sociÈtÈ civile locale. Tout
compte fait, les dÈtails de la mise en úuvre des activitÈs
pour líatteinte des rÈsultats intermÈdiaires sont
laissÈs au jugement des responsables nationaux.
Díautre part, il faut bien reconnaÓtre que les
particularismes ne peuvent ou ne devraient pas
constituer des obstacles dirimants la
construction díune úuvre commune comme celle que les pays
de la sous-rÈgion se sont engagÈs suivre. Tout au
moins ils peuvent ralentir le processus, mais en aucun cas ils ne devraient
endiguer la marcher vers líobjectif final. Ceci explique un peu pourquoi
il a ÈtÈ instituer une planification triennale.
101 Cf. PrÈambule du plan de convergence de
2003.
45
2- La planification triennale
Comme nous líavons vu plus haut, le plan de convergence
est Ètabli pour une durÈe de dix ans. Cette pÈriode
dÈcennale est entrecoupÈe des temps díarrÍts tout
les trois ans, pour le suivi et líÈvaluation des actions
menÈs jusque l. Le suivi et líÈvaluation constituent
deux Ètapes important dans la vie de tout projet. Ils consistent
jeter un regard rÈtrospectif sur le chemin parcouru afin que tirant les
leÁons du passÈ, líon balise mieux les chemins
suivre dans líavenir.
La planification triennale revÍt un autre
intÈrÍt. Il síagit en fait díun
instrument
díorganisation qui permet díavancer en suivant les
Ètapes les unes aprËs les autres. Dans la mesure
ou le point de chute triennale permet de se fixer des objectifs
spÈcifiques atteindre au bout de cette
pÈriode, ainsi de proche en proche on fini par arriver
líobjectif final fixÈ au dÈpart. Dans ce sens, pour
les trois premiËres annÈes, on peut noter la signature
díun accord de coopÈration pour la crÈation de la
tri-nationale de la Sangha (complexe transfrontalier) en vue de la
gestion et de la conservation des aires protÈgÈes
transfrontaliËres entre la RCA, le Congo et le
Cameroun102. Cet accord consiste en une collaboration de gestion
díune Ètendue de 28 000 Km2 des forÍts díAfrique
Centrale, et reprÈsente une Ètape majeure dans la lutte
contre le braconnage et líexploitation forestiËre
illÈgale dans la sous-rÈgion.
Au final, si le plan de convergence pour la conservation
et la gestion durable des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique Centrale
prÈsente une assez grande cohÈrence dans ses ambitions
et dans sa pertinence. Il donne le sentiment que de belles
perspectives sont envisageables grce la gestion participative et donc
durable des ressources naturelles forestiËres dans le Bassin. Mais
la
vÈritÈ, líimage de la COMIFAC, le
plan de convergence pose essentiellement le problËme de sa mise en
úuvre. Il suscite un certain nombre de difficultÈs quíil
nous sied maintenant díanalyser.
II- La mise en úuvre du plan de
convergence
AssurÈment, les institutions Africaines sont toutes des
joyaux dont líÈclat vu de líextÈrieur contraste mal
avec leur traduction en actions concrËtes. Au Cameroun et en RDC, la
logique des initiatives de líorientation communautaire est assez
perceptible. Cependant ce dernier pays du fait
de son instabilitÈ politique, connaÓt une somme
de problËmes supplÈmentaires. Tout compte fait, le plan de
convergence tel que nous venons de líanalyser rÈunit autour du
mÍme idÈal les pays de la sous-rÈgion. Sa mise en
úuvre implique de surmonter un certain nombre de difficultÈs
(A). Ici il sera aussi question díexplorer les conditions díune
mise en úuvre adÈquate de ce plan díaction (B).
A- La difficile mise en úuvre du plan de
convergence
Le plan de convergence rÈalise une sorte de
compromis de raison entre les diffÈrentes visions nationales de
gestion des ressources naturelles forestiËres dans le Bassin du Congo. De
ce point de vue, il est forcÈment exposÈ des tensions
multiples. Tensions qui síexpliquent par des difficultÈs
financiËres (1). Aussi líinefficience des relais locaux fragilise
la mise úuvre du plan de convergence (2).
1- Les difficultÈs financiËres
La mise en úuvre du plan de convergence nÈcessite
díÈnormes moyens financiers. Le plan
de convergence Èmarge au budget de la COMIFAC. Il
nía pas un mÈcanisme de financement
autonome. Les pays de líAfrique Centrale ont pu
obtenir de leurs partenaires internationaux une contribution la mise
en úuvre de ce plan, reste que son financement repose hauteur de
40% sur
les Èpaules de ces pays. Malheureusement, la situation de
trÈsorerie des ...tats níest pas trËs bonne
dans la Bassin du Congo, ceci síassocient
lípretÈ des procÈdures de dÈcaissement et les
retards
102 Voir annexe III.
46
observÈs par les ...tats dans le rËglement de leur
cotisation103.
Pour remÈdier cette situation, les ministres
de la CEFDHAC ont adoptÈ en septembre
20045 Libreville, la mise en place díun
fonds sous-rÈgional alimentÈ par un pourcentage de recette
des produits forestiers et fauniques exportÈs104. Mais
cet autre instrument nía pas fait líunanimitÈ. Une
fois encore les intÈrÍts particuliers des uns et des autres
ont primÈ sur líintÈrÍt collectif. Il ne pouvait
en Ítre autrement attendu quíil síanalyse comme une
complexification et un
alourdissement des mÈcanismes financiers. Il
serait plutÙt prÈfÈrable de chercher des voies et
moyens pour amÈliorer non seulement la consistance des cotisations
ordinaires des pays membres, mais aussi les moyens de recouvrement de
cette participation. A ces difficultÈs de financement
síajoute un suivi inadÈquat des relais locaux de
mise en úuvre du plan de convergence.
2- Líinefficience des relais locaux
A proprement parler, le plan de convergence
níexonËre pas les pays de leurs responsabilitÈs
individuelles. Il organise uniquement un cadre de travail consensuel dans
lequel les uns et les autres peuvent partager. Sous ce rapport, on serait bien
fondÈ penser quíil apporte mÍme
un surcroÓt de travail. Cíest dire que ce plan ne
peut vÈritablement contribuer la gestion durable
des ressources naturelles que si les ...tats font bien leur
travail la base. Ce qui níest pas toujours le cas. La faiblesse
des relais locaux se manifeste tout aussi bien travers la
rÈception du cadre juridique communautaire que dans la gestion des
aires de protection.
Pour ce qui est du cadre lÈgislatif,
líobjectif communautaire est clair : aboutir sur
líharmonisation des lÈgislations nationales relatives
la protection et la conservation des
ressources forestiËres et plus globalement de leur
gestion durable. Les pays sont plus ou moins rÈticents. Le
Cameroun a reformÈ sa loi forestiËre il y a
dÈj plus díune dÈcade. Seulement de nombreuses
voix se font de plus en plus haute pour dÈnoncer les lacunes de cette
loi, et mÍme la pratique confirme de nombreux manquements la
prise en compte des droits de toutes les parties dans le processus de gestion
des ressources naturelles. Le cas le plus rÈcent est celui du pipeline
Tchad Cameroun. En RDC un dÈveloppement du cadre normatif
semblable celui suivi au Cameroun est entrain díÍtre
mis en place sous la pression des mÍmes acteurs qui ont
ÈlaborÈs la loi
de ce dernier pays. Les organisations de la sociÈtÈ
civile dÈnoncent les erreurs qui se reproduisent
en RDC. Cíest le cas avec le plan de zonage qui
ne semble pas vÈritablement tenir compte de líimplication
des populations riveraines des forÍts.
La gestion des diffÈrentes ressources forestiËres et
principalement des aires de protection
ne garantie pas toujours la durabilitÈ de ces ressources.
On assiste la persistance du Braconnage et
la dÈmultiplication des cas de coupes
illÈgales de bois. Le contrÙle forestier est trËs peu
efficace
du fait de líinsuffisance du personnelle et de la
dÈmotivation du personnel existant cause des
conditions de travail trËs peut stimulantes. Les
administrations camerounaise et congolaise ne parviennent pas offrir
des alternatives la chasse illicite des espËces menacÈes
díextinction.
Sur un autre aspect, les Etats ne manifestes pas un
empressement sur la mise sur pied des points focaux locaux et nationaux,
díocents sont sensÈes partir les propositions indispensables
une prise de dÈcision en connaissance de cause. Face ces
difficultÈs, il semble cohÈrent díenvisager des conditions
díune mise en úuvre efficace du plan de convergence.
B- Les conditions díune mise en úuvre
efficace du plan de convergence
La mise en úuvre efficace du plan de
convergence pour la conservation et la gestion durable des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique Centrale comme toute action
qui se veut sÈrieuse doit satisfaire certains prÈalables
indispensables. Il síagit de la manifestation díune
rÈelle volontÈ politique (1) et de líÈlaboration
des mÈcanismes de financement sous-rÈgionaux (2).
1- Une rÈelle volontÈ politique
103 COMIFAC, notre díinformation,
deuxiËme Sommet des chefs díEtat díAfrique (Ö) Op.cit
p.5
104 Ibid.
47
Líinstitution de la COMIFAC de la CEFDHAC et
líadoption du plan de convergence consacre le signal fort que les
pays du Bassin du Congo ont fait un pas dÈcisif dans la
coopÈration
en matiËre de gestion des ressources forestiËres. Tous
les chefs dí...tat de la sous-rÈgion ont adhÈrÈ
avec enthousiasme cette dynamique. Cependant, on a comme
líimpression quíils níont pas suivi díune oreille
attentive líÈvolution de ces diffÈrents instruments.
En clair, líefficacitÈ du plan de convergence passe
par un engagement positif et plus accru
des chefs dí...tat dans le sens díassurer
non seulement le bon fonctionnement de ces instituions, mais aussi et
surtout pour contribuer la dÈfinition et la mise sur pied des
mÈcanismes viables de financement pour assurer la
pÈrennitÈ de líinitiative de gestion durable des
ressources naturelles.
Líengagement des chefs dí...tat doit aussi
portÈe sur la finalisation des institutions sous- rÈgionales
chargÈes de mener le processus díintÈgration de
gestion des ressources tant dans la
collaboration sous rÈgionale que dans la
consultation des populations locales. Dans ce sens, ils devraient
avancer davantage en signant les accords de coopÈration pour la
gestion des aires protÈgÈes transfrontiËres. Prendre
en compte líarrimage avec le NEPAD et la problÈmatique
de líeau105. Enfin veiller líexistence et au
fonctionnement effectif des point focaux nationaux.
2- La mobilisation des financements
sous-rÈgionaux
Líargent cíest le nerf de la guerre a-t-on
coutume de dire. Comme nous líavons constater plus haut, líun
des problËmes qui se pose avec acuitÈ dans les instituions
africaines est leur dÈpendance financiËre vis--vis des
partenaires extÈrieurs. Il serait donc intÈressant
díimaginer des solutions locales au financement des
diffÈrents rÈgimes participatifs de gestion durable et de
protection des ressources naturelles forestiËres dans le Bassin du Congo.
Il est question de mettre contribution les revenus tirÈs de
líexploitation de ces ressources pour en assure la gestion
dÈmocratique. Dans cette optique on pourrait bien penser
la valorisation de la transformation locale des produits forestiers
afin de leurs donner une plus-value qui pourrait constituer la base
díune imposition commune tous les pays du Bassin du
Congo, et destinÈe aux opÈrations de cogestion.
En somme, la coopÈration sous-rÈgionale est un
puissant vecteur de gestion participative
des ressources naturelles dans le Bassin du Congo. Elle
síappuie sur des institutions au centre de laquelle se trouve la
COMIFAC, et le substrat philosophique de cette coopÈration gÓt
dans le plan de convergence. MÍme si ces deux bases de cogestion se
heurtent un certain nombre de difficultÈs qui tiennent tant
leur nature juridique quí leur mode de financement,
il reste quíun travail formidable est en train de progresser
vers une vÈritable dÈmocratie de la gestion des
ressources naturelles forestiËres de la sous-rÈgion. Cet
Èlan de gÈnÈrositÈ environnementale serait
inachevÈ
sans la participation du niveau global.
105 Le Rapporteur GÈnÈral, pour la
ConfÈrence Extraordinaire des ministres en charge des forets
díAfrique centrale, de líorganisation pour la conservation
de la faune sauvage díAfrique (OCFSA) et de
líassociation pour le dÈveloppement de líinformation
environnementale (ADIE), communiquÈ final de la session
extraordinaire de la COMIFAC, YaoundÈ, le 29 Mai 2004.
48
Chapitre II :
La participation des acteurs internationaux la
gestion des ressources naturelles du Basin du Congo
La gestion des ressources naturelles et notamment des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique
Centrale intÈresse la planËte toute entiËre et
ce plus díun titre. Líenvironnement entendu comme
' líespace dans lequel vivent des Ítres humains
et dont dÈpend la qualitÈ de leur vie, leur santÈ, y
compris pour les gÈnÈrations venir 106.
Justement, líun des particularismes les plus poussÈs du Droit
International contemporain de líEnvironnent est que cíest un
Droit essentiellement altruiste. Non seulement il consacre la protection des
ressources pour la pÈrennitÈ de celles-ci, mais aussi
pour líÈpanouissement des gÈnÈrations
prÈsentes et venir. Il suffit de se rappeler dans ce sens que
le Bassin du Congo est le second pourvoyeur de la planËte en
oxygËne aprËs líAmazonie.
DËs lors quíon considËre la
sociÈtÈ internationale comme acteur de la gestion des
ressources naturelles, et principalement de la gestion des
ÈcosystËmes forestiers, il se pose fondamentalement deux
ordres de problËmes : díabord celui du fondement de cette
participation. Autrement dit, il síagit de savoir au nom de quoi est-ce
que la sociÈtÈ internationale doit síimmiscer dans la
gestion des ressources. En effet, líimpression se dÈgage,
selon laquelle, ce sont les plus grands destructeurs de
líenvironnement mondial qui, se fondant sur
líintÈrÍt gÈnÈral de
líhumanitÈ, síÈrigent en donneur de leÁons.
Des ...tats qui se sont appuyÈs sur leurs ressources forestiËres
pour
se dÈvelopper et continue aujourdíhui
encore de polluer líenvironnement global avec leurs industries.
Ceci crÈe des ressentiments dans les pays en dÈveloppement et
dont líexploitation des ressources forestiËres est une source
substantielle de revenue. Aussi pertinent que soient les dÈbats
sur ce champ, nous níen faisons pas notre objet
díÈtude. Il est constant, et cíest ce qui nous
intÈresse, que la sociÈtÈ internationale participe
effectivement la gestion des ressources forestiËres
du Bassin du Congo. Ce qui nous amËne au
deuxiËme aspect, celui qui sera au centre de nos
prÈoccupations. En effet, il síagit de rechercher et
díÈprouver les modalitÈs de cette participation.
Avant 1992, la communautÈ internationale Ètait
uniquement constituÈe des ...tats, du moins pour ce qui concerne la
gestion de líenvironnement. Le sommet de Rio sur la protection
de la biodiversitÈ a opÈrÈ une sorte díextension
de la notion de communautÈ internationale. DÈsormais il faudra
compter avec les Organisations Non Gouvernementales (ONG). Aussi, il
semble bon propos díenvisager díune part líaction
de la sociÈtÈ des ...tats sur la gestion des ressources
naturelles
du Bassin du Congo (section I) avant díanalyser la
participation des ONG internationales cette gestion l (section
II).
106 CIJ, avis du 8 juillet 1996, sur la
licÈitÈ de la menace ou de líemploi díarmes
nuclÈaires. ConfirmÈ par líArrÍt du 25
09 1997, projet gabcikovo-nagymaros entre la Slovaquie et la
Hongrie.
49
Section I : La sociÈtÈ des ...tats et les
ressources naturelles forestiËres du Bassin du Congo
La sociÈtÈ des ...tats constitue
líobjet principal du Droit International classique. Nous
assimilons les organismes intergouvernementaux la manifestation de la
volontÈ des ...tats. Dans cette section il est question de ressortir
clairement le rapport que la sociÈtÈ internationale entretien
avec les ressources naturelles forestiËres du Bassin du congo. De fait,
Les pays de la sous-rÈgion bÈnÈficient de
líassistance multiforme des partenaires bilatÈraux et
multilatÈraux pour la gestion de leurs ressources forestiËres. La
participation de la sociÈtÈ internationale touche les domaines
variÈs, mais il convient de les regrouper sous les deux aspects les
plus saillants que sont la participation normative (I) et la
coopÈration agissante (II).
I - La participation normative
La sociÈtÈ des ...tats participe
líÈdification díun corpus normatif propre la
gestion durable des ressources naturelles forestiËres. La normalisation
environnementale ' apparaÓt comme líexpression de
líauto-respect des exigences environnementales en vigueur et peut
Ítre analysÈe comme une traduction concrËte du principe de
responsabilitÈ qui doit guider líexercice des activitÈs
humaines lorsquíelles sont porteuses díun
risque pour la santÈ humaine et líenvironnement
107. Tout compte fait, la normalisation environnementale peut
prendre líaspect díune normalisation
technique (A) et díune normalisation juridique (B).
A ñ Les normes techniques
A notre sens, la normalisation technique concerne les
aspects pratiques relatifs la quantitÈ et la qualitÈ
de líexploitation des ressources naturelles. Les sources de cette
normalisation environnementale remonte dans le temps. Elle a commencÈ
Ècrire ses lettres de noblesse avec la norme ISO 9000, mais
cíest vÈritablement avec la norme ISO 1400 quíelle a
acquise toute la valeur internationale quíon lui reconnaÓt
aujourdíhui. Ces normes sont le fait soit
díorganismes indÈpendants de contrÙle (OIBT), soit
díun ensemble de pays fabricants ou consommateurs. On peut citer
dans ce sens les normes instituÈes par líUnion
EuropÈenne. Les normes techniques se caractÈrisent par leur
grande diversitÈ (1). Il importe de síinterroger sur la
portÈe juridique de ces normes (2).
1- La diversitÈ des normes techniques
Les normes techniques dans líensemble se
caractÈrisent par leur grande diversitÈ. Elles concernent
les secteurs díactivitÈs aussi variÈs que
líÈlectronique, les tÈlÈcommunications (Ö)
et sont issues des organismes tels que les institutions
financiËres, les ...tats, les institutions internationales (FAO,
OMS). Cependant, les normes relatives la gestion des ressources
naturelles environnementales, qui nous intÈressent ici au premier
plan, sont les normes de procÈder, les normes dites de labels et
les normes de certification. Les normes de procÈder sont des indications
que les produits en question ont ÈtÈ exploitÈs
par des moyens techniques Ècologiquement rationnelles. Il
síagit díimposer aux exploitants forestiers des
techniques díexploitation qui correspondent une certaine
idÈe de la gestion durable. Les normes dites de labels sont des signes
distinctifs apposÈs sur un produit et attestant des fins
commerciales, que ce produit est conforme
des spÈcifications techniques et a fait líobjet
díun contrÙle prÈalable par un organisme
compÈtent108.
Ici líaccent est plutÙt mis sur la valeur marchande
de la notoriÈtÈ acquise par certains producteurs
bien dÈterminÈs. Les normes de certification, quant
elles sont celles qui attestent la demande du
107 DOUMBE BILLE StÈphane, la normalisation
environnementale in recueil des communications sÈminaire relatif
la formation aux textes juridiques, YaoundÈ, p.130, Brain
Trust 2003.
108 Idem.
50
fabricant ou du producteur díun produit que celui-ci
des caractÈristiques techniques dÈcrÈtÈes
dans
un rÈfÈrentiel technique tel quíun cahier
des charges ou une charte de qualitÈ et faisant líobjet
díun contrÙle. Cíest aussi un procÈdÈ
qui permet díattester de líorigine du produit et du
respect des exigences pratiques de production109. Cíest dans
ce sens quíil faut apprÈcier le processus AFLEG
(Application de la LÈgislation ForestiËre et la
Gouvernance en Afrique) initiÈ dans le Bassin du congo. En tout
Ètat de cause, penchons nous sur la valeur probante de ces normes.
Au-del de cette aspect finaliste de la
normalisation, on classe gÈnÈralement les normes
suivant leur mode díÈlaboration. Cette
classification se fonde sur la pratique belge. Il peut soit síagir des
normes homologuÈes ou des normes enregistrÈes. Les normes
homologuÈes sont celles produites par une institution
spÈcialisÈe sur la base díune proposition Ètablie
par un membre effectif
ou une commission technique existante, soit sur un document
normatif díorigine international. Le texte dÈfinitif est
rÈdigÈ par la commission compÈtente. Il est tenu compte
des remarques formulÈes
lors des enquÍtes publiques. Par contre,
une norme enregistrÈe est une norme díorigine
internationale qui avec líaccord de la commission
compÈtente, composÈe des reprÈsentants des
producteurs, des consommateurs, des administrateurs publiques et des
milieux scientifiques et commerciaux est soumise au comitÈ de
direction pour líadoption comme norme belge. Ces normes sont des
Èquivalents des normes europÈennes. Cependant on
síinterroge sur leur portÈe juridique dans un espace
gÈopolitique comme le Bassin du Congo.
2- La portÈe juridique de la normalisation
technique
Les normes belges et europÈennes peuvent Ítre
considÈrÈes comme des rËgles de l'art ou
de savoir-faire. Le cas ÈchÈant, on peut y faire
rÈfÈrence dans les rÈglementations. La
rÈfÈrence aux normes peut Ègalement Ítre
utilisÈe dans les cahiers des charges et est mÍme obligatoire
dans les cas
ocents la rÈglementation de l'Union
EuropÈenne (UE), pour l'octroi des marchÈs publics,
est
d'application. Il s'agit d'une rÈfÈrence
indicative. Toutefois, dans des cas exceptionnels, une norme homologuÈe
peut Ítre rendue obligatoire par simple rÈfÈrence
explicite son indicatif dans la rÈglementation
Les normes qualitatives et quantitatives de gestion des
ressources forestiËres tendent garantir la conformitÈ de
celle-ci une finalitÈ díexploitation durable et une
nÈcessitÈ de certaines spÈcifications des produits
forestiers. Elles sont cependant imprÈgnÈes du vice
díunilatÈralisme. En effet, aussi pertinentes que soient ces
normes, elles sont trËs souvent líÈmanation de
líunique volontÈ des pays consommateurs. Sous ce rapport, elles
apparaissent comme la manifestation díun rapport de force
dÈsÈquilibrÈ entre les pays producteurs et les ...tats
consommateurs. Autrement dit,
ces normes pourraient síanalyser comme un paravent pour
lÈgitimer le productivisme contemporain. Mais il faut tout de
mÍme dire que ces normes permettent díamÈliorer les
mÈthodes díexploitation
des ressources forestiËres et de ce fait de contribuer
la gestion durable de celles-ci. Tout compte fait, cette normalisation
ne doit pas occulter líaspect le plus important de la
normalisation qui se manifeste sous le prisme du droit.
B ñ La normalisation juridique
Cet autre mode de participation de la
sociÈtÈ des ...tats est principalement le fait de la
construction du DIE, Droit qui influence tout aussi bien la gestion des
ressources naturelles dans le bassin du Congo que níimporte
ocents sur la planËte. Líaccession la
juridicitÈ, cíest--dire líacquisition du statut de
norme juridique peut suivre des voies et des mÈcanismes juridiques
variÈs. Elle peut prendre la forme des conventions
bilatÈrales ou des conventions multilatÈrales. De nos jours,
il existe plus de 500 traitÈs et autres accords internationaux
relatifs líenvironnement. LíÈdification
díun ordre juridique environnemental international est
marquÈ par sa dualitÈ (1) et prÈsente une
spÈcificitÈ quíil convient díanalyser (2).
109 Les conditions techniques
díexploitation concernent le respect des diamËtres minimum
de coupe de bois par exemple et líexemption des petits et des
úufs des animaux lors de la chasse.
51
1- La dualitÈ de la normalisation
juridique
On peut classer les rËgles de DIE dans deux grandes
catÈgories. Les normes juridiquement contraignantes et les
rËgles juridiquement non contraignantes. Cette distinction se
justifie par le volontarisme qui irrigue les relations entre ...tat et
notamment tout le Droit International. Les normes juridiquement contraignantes
sont gÈnÈralement ÈlaborÈes sous
líÈgide des Nations Unis. Il síagit essentiellement du
respect des engagements que les ...tats prennent dans le cadre du
Droit international conventionnel. Cíest dire que ceux-ci
manifestent leur volontÈ Ítre liÈ dans un
document officiel. Le consentement Ítre liÈ se manifeste
par la ratification des traitÈs, la signature des conventions et leur
validation parlementaire. Evidemment, pour quíils puissent avoir des
effets dans líordre juridique interne du pays concernÈ, le
traitÈ ou la convention internationale doit au prÈalable
faire líobjet díune publication dans le journal officiel, ou tout
autre moyen institutionnel prÈvu par les Droits Constitutionnels
des pays. De ce point de vue, les ...tats ne peuvent pas se
soustraire leurs obligations. Sous peine díy Ítre
contraints par la communautÈ internationale dont
le bras sÈculier est le Conseil de SÈcuritÈ
des Nations Unis.
Globalement, les ...tats du Bassin du Congo et
singuliËrement le Cameroun et la RDC sont tous parties aux conventions
majeures de protection et de conservation des ressources naturelles
dans le monde. On peut citer dans ce sens la convention des
Nations Unis relative la protection de
la BiodiversitÈ adoptÈe Rio le 13 juin1992
et entrÈe en vigueur le 29 septembre 1994. Cíest aussi
le cas pour la convention CITES adoptÈ
Washington le 3 mars 1973 et entrÈe en vigueur le 1er
juillet 1975 ; qui rÈglemente líimportation,
líexportation, la rÈexportation et líintroduction en
provenance de la mer des spÈcimens des diffÈrentes espËces
inscrites dans ses annexes.
Les normes juridiquement non contraignantes font partie de la
normalisation lege ferenda, c'est--dire le droit en devenir. Elles
constituent pour leur part des dÈclarations de principes qui
visent orienter líaction des gouvernements et ont vocation
accÈder la juridicitÈ. A travers les canaux classiques
díÈlaboration des rËgles internationales. Dans ce
sens, il suffit de rappeler la dÈclaration sur les forÍts et
líagenda 21, issue de la dÈclaration de RIO. TrËs souvent,
elles sont le fait des institutions internationales. Celles-ci ne
peuvent adopter que des rÈsolutions, des dÈclarations,
des programmes díactions qui constituent la soft law. Aussi, il
faut mentionner líapport de la doctrine. La contribution des
intellectuels et des scientifiques la construction díun DIE plus
efficace et surtout plus juste. Reste quand mÍme que ces
normes juridiquement non contraignantes ont une grande importance. Elles
síimposent la communautÈ internationale comme
rËgle de conduite.
2- La spÈcificitÈ de cette
normalisation
La normalisation technique et la normalisation juridique
souffrent toutes deux du manque díun organe universel de coordination de
líúuvre commune de construction díun corps de normes
universellement acceptÈes. Le seul organe qui joue ce
rÙle sur le terrain du droit est le PNUE
(Programme des Nations Unis pour líEnvironnement).
Cependant la vÈritable spÈcificitÈ de la
normalisation environnementale se situe sur un tout autre terrain
et ne concerne vÈritablement que
la normalisation juridique.
Il síagit de la technique mÍme de
construction de ces normes. Le DIE contemporain
procËde par la technique des traitÈs cadres.
Un traitÈ cadre est un systËme conventionnel qui
síÈchelonne dans le temps. Il est constituÈ díun
traitÈ principal et prÈvoit un ou plusieurs protocoles
ou accords complÈmentaires, qui síy rattachent
tout en gardant une certaine autonomie. Sous ce
rapport, le traitÈ principal contient des
orientations majeures. A la vÈritÈ il síagit dans ces
traitÈs principaux de dÈfinir la philosophie qui prÈsidera
la dÈfinition des normes pratiques de gestion. Au nombre des
traitÈs cadres on peut citer la convention de New York
relative aux changements climatique signÈe dans la ville qui
porte le mÍme nom. Aussi les traitÈs cadres permettent
aux parties de prendre líengagement de continuer nÈgocier.
De ce point vu, ils crÈent gÈnÈralement un cadre de
travail qui permettra ultÈrieurement aux parties de poursuivre
les nÈgociations. La convention cadre sur les changements
climatiques en donne une parfaite illustration. Elle remet presque
entiËrement líaction entre les mains de la confÈrence des
parties.
52
Le deuxiËme axe du systËme conventionnel mis
sur pied par le traitÈ cadre est bien Èvidement le
protocole ou líaccord additionnel. Ces instruments juridiques sont
plus pratiques. Ils contiennent les rËgles directement applicables.
Il síagit vÈritablement des normes de fonds qui peuvent
Ítre considÈrÈes comme des normes self exÈcutives.
La technique des traitÈs cadre participe
du volontarisme qui caractÈrise le Droit
International, dans ce sens que tous les ...tats parties la convention
de base ne sont pas nÈcessairement parties aux
dÈveloppements successifs sur la question. Il suffit de
rappeler cet effet le cas du protocole de Kyoto. Les
...tats-Unis, originairement partie la convention principale
(convention de new York sur les changements climatiques), ont
refusÈ de ratifier le protocole additionnel adoptÈ
Kyoto.
Tout compte fait, le DIE síappui principalement sur
la technique des traitÈs cadres. Ceci síexplique un peu du fait
que toute rÈglementation visant protÈger
líenvironnement a sa finalitÈ dans líavenir.
MÍme síil existe actuellement une vingtaine de
traitÈs cadre dans le DIE, on peut dÈplorer quíil
níen existe aucun spÈcifique la gestion des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique Centrale et partant
des ressources naturelles forestiËres renouvelables du Bassin du
Congo. On assiste plutÙt une prolifÈration de
conventions vocation universelle. Cette úuvre normative
contribue avec la coopÈration toujours grandissante assurer la
participation de la sociÈtÈ des ...tats
la gestion des ressources naturelles du Bassin du Congo
II ñ La coopÈration agissante
Nous entendons par coopÈration agissante les
pressions directes que les partenaires bilatÈraux et
multilatÈraux exercent sur les pays du Bassin du Congo dans le
sens díune gestion durable des ressources naturelles
forestiËres. LíAfrique noire entretien avec la
communautÈ internationale et principalement avec les pays
europÈens, depuis la colonisation, une coopÈration
ciblÈe sur líexploitation des ressources naturelles. Les
conditionnalitÈs environnementales (A) ont survÈcues aux
politiques díajustement structurel des annÈes 1980. Mais il faut
bien rendre compte
de la mobilisation internationale qui se manifeste dans les
programmes et projets de gestion durable des ressources forestiËres du
Bassin du Congo (B).
A- Les conditionnalitÈs
environnementales
Le terme conditionnalitÈ est la base un terme de
la science Èconomique. Il est líapanage des organisations
financiËres internationales. Mais il faut dire que ce substantif ne
recouvre aucune dÈfinition, ou plus prÈcisÈment : '
(Ö) ne fait líobjet díaucune codification en droit
international 110. Pour le professeur Maurice
Kamto111, ce terme a nÈanmoins fait florËs dans
le
langage international actuel et connaÓt une
utilisation intensive dans des domaines variÈs. La doctrine
essaie de donner une dÈfinition juridiquement intelligible de
cette notion. Cíest dans ce sens que VANDERVORST estime que ' La
conditionnalitÈ environnementale est le fait pour une organisation
financiËre internationale de considÈrer une ou plusieurs mesures
liÈes la protection de líenvironnement comme
nÈcessaire ou souhaitable au dÈclenchement ou au maintien
díune ou plusieurs de ses opÈrations 112. Ainsi,
il semble intÈressant de síarrÍter sur le contenue
de cette conditionnalitÈ (A) avant díen apprÈcier
les implications sur la gestion des ressources naturelles
dans le Basin du Congo (B).
1- Le contenue de la conditionnalitÈ
environnementale
La conditionnalitÈ environnementale est
díapparition rÈcente, elle apparaÓt dans le monde
en dÈveloppement avec la crise Èconomique des
annÈes 70 et 80, dans le cadre des plans
110 VANDERVORST Alain, Contenu et portÈe
du concept de conditionnalitÈ environnementale : vers un nouvel
instrument au service du droit et de la protection de líenvironnement en
Afrique ? UniversitÈ de Rouen 2OO3.
111 KAMTO MAURICE, ProblÈmatique de la
conditionnalitÈ en droit international et dans les relations
internationales,
in La conditionnalitÈ en droit international, pp 10-11.
112 VANDERVORST, Contenu et portÈe du
concept de conditionnalitÈ (Ö) Op. Cit. p.4
53
díajustement structurel visant líorigine
líassainissement des finances des ...tats en crise113. Elle
fait son lit dans les mÈcanismes de líaide au
dÈveloppement. Dans ce contexte, son contenu est encore assez diffus. Il
va se prÈciser avec le temps jusqu' revÍtir les habits
quíon lui connaÓt aujourdíhui.
La pratique de la conditionnalitÈ
environnementale síencre dans les principes de
prÈcautions et de prÈvention. Il est question de
subordonner le financement díun projet la garanti que ce
dernier ne constituera pas une source de dommage environnemental
irrÈparable. Dans ce sens les bailleurs de fonds amËne les pays
en dÈveloppement principalement procÈder la
refonte
de leurs cadres juridiques, afin de les adapter aux exigences
de protection de líenvironnement. Les outils les plus utilisÈs
sont les Ètudes díimpacts environnementales et la consultation
prÈalable des populations riveraines des sites des projets de grande
envergure.
LíEIE encore appelÈe Ètude
díincidence sur líenvironnement síanalyse comme
líapprÈciation prÈventive des effets nocifs que peut
receler, pour la santÈ de líhomme et/ou pour
líenvironnement, la rÈalisation de certaines
activitÈs qui sont de nature perturber la qualitÈ et le
cadre de vie. LíEIE níest pas une simple formalitÈ, elle
doit permettre aux dÈcideurs de prendre une dÈcision
ÈclairÈe. Elle doit ressortir líÈtat de
líenvironnement avant le projet, dÈcrire les risques
quíencourent ledit environnement du fait de la rÈalisation
du projet et enfin dÈfinir les voies et moyens prÈvus
pour remÈdier ses consÈquences. Sur cette base, la
viabilitÈ du projet est plus mesurable.
Líautre canal privilÈgiÈ de la
conditionnalitÈ environnementale est líexigence de
consultation des populations. Cíest dire que la
conditionnalitÈ environnementale intËgre aussi les
exigences de participation la gestion des ressources et
plus simplement líexigence de dÈmocratie environnementale.
.
2- Líimpact de la conditionnalitÈ
environnementale dans le bassin du
Congo
La coopÈration agissante trouve un terreau fertile dans
les pays du Bassin Congo. Ceux-ci entretiennent des relations
poussÈes avec les principaux bailleurs de fonds de la
planËte. La consÈquence se fait ressentir. Les institutions
internationales sont trËs impliquÈes dans
líamÈlioration des cadres juridiques locaux de gestion des
ressources naturelles. Dans ce sens la Banque Mondiale a
ÈtÈ la base de la reforme de la loi forestiËre du
Cameroun qui a abouti sur la
loi de 1994. Cette loi est fondamentalement meilleure
que celle díavant 94 et elle sert mÍme de
rÈfÈrence pour les pays de la rÈgion et de la
sous-rÈgion114. Seulement, cette reforme aussi pertinente
que soit elle des fissures et impose une nouvelle rÈforme au
risque díaboutir líobjectif contraire. En fait ce nouveau
texte fait la part belle aux industrielles et níassure pas
vÈritablement la mise des úuvres des dispositions de la loi.
Par ailleurs, la mÍme institution conduit la RDC sur
les traces de ce qui síest passÈe au
Cameroun. De ce point de vue, il est urgent de prendre beaucoup
de prÈcaution pour ne pas finir
díembraser ce pays qui souffre dÈj
beaucoup des difficultÈs nÈes des frustrations díune
rÈpartition inÈquitable de ses ressources. La
sociÈtÈ civile congolaise quoique peu organisÈe
síest dÈj mobilisÈe pour limiter les
dÈrapages, mais le gouvernement de la RDC semble pris entre les
mailles
de la conditionnalitÈ environnementale.
Il ne faut pas croire que la coopÈration
agissante se limite aux conditionnalitÈs
environnementales et leurs limites. Elle ne
concerne pas que les institutions financiËres internationales,
et touche aussi les ...tats, Elle intËgre de mÍme les programmes et
projets de gestion durable des ressources forestiËres.
B ñ Les programmes et projets de gestion
durable
La gestion des ressources naturelles dans le Bassin du
Congo suit des processus aussi
113 TCHEUWA Jean Claude, in La
conditionnalitÈ en droit international (Ö) Op.cit, p.84.
114 Cf. DOUMBE-BILLE StÈphane, le droit
forestier en Afrique centrale et occidentale : analyse comparÈe,
Etude juridique en ligne 41, p. 34, Fao dÈcembre 2004.
54
diffÈrents que variÈs. Elle est
líúuvre des partenariats dÈveloppÈs pour les
besoins de cette cause. Les deux pans les plus significatifs de cette
coopÈration mÈritent lÈgitimement de retenir notre
attention de part leur envergure et leur capacitÈ
mobiliser les acteurs internationaux les plus importants. Il
síagit díune part de action universellement soutenue, dans
le cadre du Partenariat pour les ForÍts du Bassin du Congo
(PFBC) (2) et de líautre de la coopÈration avec
líUnion EuropÈenne pour la gestion durable des EcosystËmes
Forestiers díAfrique Centrale (ECOFAC) (1).
1- Líapport de líUnion
EuropÈenne
Les objectifs spÈcifiques de la coopÈration
UE-Afrique Centrale dans le secteur de la gestion durable des
ressources naturelles renouvelables portent sur une prise de conscience
du potentiel Èconomique et scientifique de la richesse
biologique de la rÈgion ; la formulation de politiques nationales
et rÈgionales durables, la gestion rationnelle des
ÈcosystËmes forestiers et la conservation des diversitÈs
biologiques. Deux programmes sont mis en oeuvre dans ce secteur,
ECOFAC (ÈcosystËmes forestiers díAfrique centrale), le plus
important, et DABAC115
(DÈveloppement díAlternatives au Braconnage en
Afrique Centrale).
ECOFAC est un programme de conservation de la
biodiversitÈ et de renforcement des
capacitÈs de gestion des aires protÈgÈes
qui complËte des actions financÈes par le FED dans certains pays
du Bassin du Congo. Il utilise aussi bien des ressources du PIR que
díautres sources de financement, comme par exemple la ligne
budgÈtaire ForÍts tropicales. Le programme ECOFAC constitue
la plate-forme des actions de conservation des ÈcosystËmes
forestiers et díappui la gestion de six aires
protÈgÈes díAfrique Centrale. Ce programme síest
dÈroulÈ pendant douze ans et
a atteint la fin de sa troisiËme phase. FinancÈ
par le Fonds EuropÈen de dÈveloppement ; rËglement
communautaire du 10 juillet 1994 CEE relatif aux cations communautaires dans le
domaine de la protection des forÍts tropicales dËs 1989. La
communautÈ síy engage apporte son appui financier
et sa compÈtence technique aux actions allant dans la
protection des forÍts tropicales, et díautre part
articuler ses cations dans ce domaine sur les programmes
nationaux et internationaux existants. DABAC est un programme de
DÈveloppement d'Alternatives au Braconnage en Afrique
Centrale. Dans cette sous-rÈgion, la chasse commerciale
de gibier en destination des grands centres urbains a perturbÈ les
Èquilibres ancestraux dans les forÍts. Bien des populations
animales sont en rÈgression dans un nombre croissant de rÈgions.
Le projet DABAC propose aux populations de trois pays d'Afrique Centrale
(Gabon, Cameroun et Congo) des activitÈs alternatives pour contrecarrer
la progression du braconnage. Le principal objectif vise la diffusion
de l'Èlevage d'aulacodes, gros rongeurs apprÈciÈs des
consommateurs. Cela implique la mise en place de stations de production de
gÈniteurs et la formation des candidats Èleveurs. Un
programme de sensibilisation permet aux populations de connaÓtre les
principaux enjeux de cette nouvelle activitÈ. Il est dÈplorable
que cette autre initiative ne couvre que trois pays. A notre sens un tel
programme devrait síÈtendre sur tout le Bassin du Congo.
2 - Líimplication universelle : le
PFBC
Le Partenariat pour les ForÍts du Bassin du Congo
(PFBC) est une association regroupant une trentaine díorganisations
gouvernementales et non gouvernementales. Le PFBC est une initiative de
type II dans la classification de la coopÈration. Les initiatives de
type II sont destinÈes mettre en úuvre líAgenda 21
adoptÈ au Sommet de la Terre de Rio en 1992 et ont constituÈ un
des rÈsultats majeurs du Sommet Mondial pour le DÈveloppement
Durable (SMDD) de Johannesburg,
fin ao°t 2002. Le PFBC a pour objectifs
d'amÈliorer la communication entre ses membres et la coordination
entre leurs projets, programmes et politiques afin de promouvoir une gestion
durable des forÍts du Bassin du Congo et d'amÈliorer la
qualitÈ de vie des habitants de la rÈgion. Les 29 membres
fondateurs du PFBC rentrent dans trois grandes catÈgories :
gouvernements, organisations intergouvernementales et organisations non
gouvernementales. Pour la premiËre fois une action collective
adoptÈe líÈchelle mondiale est mise en
úuvre pour la gestion durable des ressources
115 Sur líensemble de la question, visiter
le site de ECOFAC et DABAC.
55
naturelles renouvelables du Bassin Congo.
La facilitation, aspect sensible qui assure la participation
effective de tous les acteurs, a ÈtÈ assurÈe par le
gouvernement amÈricain de 2002 2005. Au Sommet des Chefs
d'...tat de Brazzaville116, la France,
reprÈsentÈe par le PrÈsident Chirac, a pris en
charge la Facilitation du PFBC. Il a placÈ líaction de
son pays sous le signe de trois objectifs prioritaires : renforcer
le
dialogue entre les acteurs du Bassin, afin de crÈer une
dynamique qui encouragera les bailleurs de fonds síengager
davantage pour la rÈalisation d'objectifs convergents ; lutter contre le
commerce illicite du bois tropical, travers le renforcement des moyens
humains et logistiques de surveillance des forÍts, le renforcement
des contrÙles douaniers, tant en Afrique qu'en Europe; favoriser
le renforcement des capacitÈs nÈcessaires une gestion
durable des forÍts.
Au bout du compte, la sociÈtÈ des ...tats
est vÈritablement intÈressÈe par la gestion des
ressources naturelles du Bassin du Congo et principalement des ressources
forestiËres
renouvelables. Ceci tÈmoigne síil en Ètait
encore besoin de líimportance de ces ressources et de la
nÈcessiter díassurer leur pÈrennitÈ travers
les mÈcanismes de gestion participative, qui impliquent
par ailleurs les Organisations Non Gouvernementales assise
internationale.
Section II : Les ONG internationales et la gestion des
ressources naturelles dans
le Bassin du Congo
On parle de plus en plus de la sociÈtÈ
civile internationale. En Droit International cette notion níest
pas encore codifiÈe, mais la pratique lui reconnaÓt une
certaine consistance : il síagit des Organisations Non
Gouvernementales (ONG), de divers groupes de pression et souvent des
individus. Les ONG díenvironnement sont encore, dans leur grande
majoritÈ, trop faibles dans le Bassin du Congo. Cíest la
raison pour laquelle nous focalisation notre attention sur les ONG
internationales. Les ONG internationales sont des entitÈs
indÈpendantes des ...tats, des institutions financiËres
internationales et des industrielles. A ce titre, elles peuvent Ítre
considÈrÈes comme la conscience de la sociÈtÈ
internationale dans la mesure ocents elles se positionnent comme des tribunes
díexpression pour des milliers de personnes dans le monde.
Les ONG internationales prÈsentes des
caractÈristiques trËs diffÈrentes qui vont du nombre
de leurs membres jusquí leur spÈcialisation
en passant par leur mode de financement. Cependant
elles comprennent le besoin de síunir afin
díÍtre plus fortes. Cíest dans ce sens que la coalition
des ONG pour líenvironnement a organisÈ une rencontre
regroupant 148 reprÈsentants díassociations venus de 38 pays
diffÈrents Bled (SlovÈnie) le 10 novembre 1997. Il
níest pas possible de rendre compte de maniËre exhaustive du
travail de toutes les ONG internationales tant elles sont nombreuses.
Nous nous proposons díobserver les plus importantes. Il sera question de
ressortir les modalitÈs de leur participation (I) et
díapprÈhender les garanties de leur efficacitÈ (II).
I - Les modalitÈs de leur
participation
Dans le Bassin du Congo, parmi les ONG internationales les
plus actives, nous pouvons dÈnombrer entre autre WWF-AFRIQUE
CENTRALE, GREENPEACE, CARE, RAINFOREST, GLOBAL WITHNESS, GLOBAL FOREST
WATCH, FOREST MONITOR, WILDLIFE CONSERVATION SOCIETY (WCS). Ce
quíil faut dire cíest que ces ONG contribuent
líinnovation institutionnelle dans la sous-rÈgion (A), en
mÍme temps quíelles síimpliquent plus ardemment dans
líaccompagnement des autres acteurs qui interviennent dans la
gestion des ressources naturelles forestiËres (B).
A- Líoffre de líinnovation
institutionnelle
La reconnaissance du rÙle important des ONG dans la
construction du DIE a commencÈ
116 Sommet des chefs díEtat et de
gouvernement sur la conservation et la gestion durables des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique centrale tenu
Brazzaville en fÈvrier 2005 (Gabon).
56
la confÈrence de Stockholm en 1972. Elle
síest poursuivie dans la phase prÈparatoire de la
confÈrence de Rio en 1992, et síest confirmÈe dans la
dÈclaration finale de cette mÍme confÈrence.
La participation des ONG internationales dans la gestion
des ressources naturelles du Bassin du
Congo revÍt des aspect multiformes et se situe
plusieurs niveaux díintervention qui intËgrent
líappui de la coopÈration sous-rÈgionale
en matiËre de gestion des ÈcosystËmes forestiers (1), mais
aussi le renforcement des organisations nationale et locales
constitutives de la sociÈtÈ civile nationale (2),
savoir les ...tats, les industriels et les ONG locales et les
communautÈs riveraines des espaces et rÈserves
forestiËres.
1- Líappui de la coopÈration
sous-rÈgionale
Líappui que les ONG internationales donnent aux
Etats recouvre principalement deux aspects. Il síagit de
sensibiliser les pays de la sous-rÈgion sur la
nÈcessitÈ de mener des actions concertÈes dans le
sens de la gestion durable des ressources. Les ONG facilitent les
processus díintÈgration sous-rÈgionaux en matiËre
de gestion des ressources naturelles forestiËres renouvelables.
Elles contribuent la mise sur pied des institutions communautaires de
gestion des ressources naturelles et des instruments juridiques
subsÈquents. Elles ont activement contribuÈ la
dÈfinition, aux cotÈs des ...tats, du plan de convergence
de la COMIFAC. Entendu que nombre díentre elles sont des
partenaires dans divers processus mis sur pied par les ...tats. Dans ce sens,
on peut relever que dans le cadre de la COMIFAC, du Central African Programme
for Environnement
(CARPE), et du PFBC les ONG impliquÈes incluent le
Jane Goodall Institute, Conservation
International (CI), la Wildlife Conservation Society (WCS),
le Fonds mondial pour la nature
(WWF), le World Resources Institute (WRI), Forest
Trends, la Society of American Foresters, l'American Forest and Paper
Association (AFPA), l'Association Technique et Internationale des Bois
Tropicaux (ATIBT) et le Center for International Forestry Research (CIFOR)
Par la suite, elles sont chargÈes au mÍme
titre que les autres acteurs de contribuer líanimation
des mÈcanismes et institutions communautaires. Dans le cadre de
la CEPDHAC les ONG sont notamment membre part entiËre des
fora. Une place particuliËre doit Ítre faites
certaines ONG internationales dans le chalenge de la gestion participative et
durable des ressources naturelles dans le Bassin du Congo. Il
síagit en particulier de WWF et de la SNV. Elles se
distinguent de toutes les autres par la taille de leur projet et part
la durabilitÈ de leur implication dans les processus de facilitation
de la cogestion. Cíest en partie grce leur effort quíon se
dirige dans le Bassin du Congo vers une harmonisation des
lÈgislations forestiËres. Les ONG internationales ne
travaillent pas quíavec les Etats, elles sont aussi impliquÈes
dans le renforcement des capacitÈs institutionnelles des
sociÈtÈs civiles de la sous-rÈgion.
2- Le renforcement des institutions locales de
participation
Les pays de la sous-rÈgion font des expÈriences
diverses de la dÈmocratie entendue dans le sens politique de ce terme.
Ceci a eu des consÈquences directes sur la structuration de la
sociÈtÈ civile dans son ensemble et particuliËrement sur les
organisations et associations de conservation et
de protection de líenvironnement. A tout ceci il faut
ajouter líenclavement des terroirs forestiers. Cette somme de
rÈfÈrents fait en sorte que les principaux concernÈs,
les populations riveraines et
leur collectivitÈs ne soient pas mÍme de
comprendre tous les enjeux environnementaux et encore moins de profiter
amplement des dispositions lÈgales qui prennent en compte leurs
intÈrÍts et leurs besoins díimplication dans la
gestion des ressources. Ainsi en partenariat avec les ONG et
associations nationales et locales, les ONG internationales sensibilisent,
informent et forment les populations riveraines des espaces
forestiers sur les mÈcanismes juridiques, les techniques
associatives et les recours quíelles ont pour influencer la gestion des
ressources.
Avec les Etats et les industrielles, les ONG internationales
mettent sur pied des partenariats dans le sens de líamÈlioration
de la gouvernance forestiËre. Cíest dans ce sens que líONG
WWF est
le principal pilier de la mise en úuvre du programme
ECOFAC, tant au Cameroun quíen RDC. Elle
se charge notamment de former les Èco-gardes et de
fournir la logistique nÈcessaire pour le dÈroulement du
projet.
57
Sur un tout autre plan, ces ONG font des pressions
constantes sur les opÈrateurs Èconomiques qui exploitent
les ressources forestiËres renouvelables dans le Bassin du Congo.
Il síagit de les amener adhÈrer aux divers
mÈcanismes de certification de leurs produits. Il suffit
cet Ègard de faire mention des partenariats
instituÈs dans ce sens entre autres par WWF et la
sociÈtÈ
R. Pallisco117 au Cameroun. De part et
díautre, il síagit non seulement de síassurer que la coupe
du bois respecte les normes minimales118 díabattage, mais
aussi que cette coupe ne fragilise pas les gÓtes díanimaux
sauvages et les exposes ainsi au braconnage, et mÍme il est
question de faire en
sorte que les employÈes des sociÈtÈs
forestiËres ne se transforment pas eux-mÍmes en braconniers. Dans
tous les cas de figure qui prÈcËdent, on voit bien que les ONG
internationales parviennent plus
ou moins impulser une dynamique de rÈnovation
des institutions concernÈes par la cogestion des ressources naturelles
de la sous-rÈgion. Cette offre díinnovation
institutionnelle se double díun accompagnement sur le terrain.
B- Líaccompagnement des processus de gestion
participative
Les processus de gestion participative des ressources naturelles
posent essentiellement le problËme de leur mise en úuvre. La
raison en est simple : les acteurs majeurs de ces processus sont
les Etats et les industriels. TrËs souvent ils ne
manifestent pas un grand intÈrÍt
líexploitation durable des ressources, leurs prÈoccupations
immÈdiates est la rentabilitÈ Èconomique. Mais
souvent aussi cíest d° aux difficultÈs techniques et
financiËres. Ces difficultÈs induisent la souma divisio
suivre : líanalyse de líappui la gestion des ressources
(1) et le monitorage des processus
de gestion participative (2).
1- Líappui de la gestion durable des
ressources
Les missions principales dont síacquittent les
ONG peuvent Ítre ramenÈes quatre fonctions : la
sensibilisation, líalerte, la gestion et la participation. La
sensibilisation est líactivitÈ principale des ONG, il
síagit díinformer les dÈcideurs et les populations sur les
enjeux Ècologiques majeurs. Líalerte est une fonction
prÈventive qui consiste dÈvoiler les risques de
dommages environnementaux ou les atteintes líenvironnement ;
líalerte peut aussi prendre la forme díune revendication
contentieuse líoccasion díactions en justice que les ONG
peuvent intenter dans le cadre de la dÈfense de líenvironnement,
sans avoir nÈcessairement Ètablir líexistence
díun intÈrÍt directe.
La gestion quant elle consiste confier
líadministration directe des espaces de protection
ou de conservation des ONG par les voies contractuelles
normales. Cíest un procÈdÈ assez courant
dans le Bassin du Congo. Nous pensons cet Ègard
aux cas des Parcs Nationaux de VIRUNGA, KAHUZI-YEGA en RDC ocents plusieurs
types de programmes ont ÈtÈ dÈveloppÈs grce
aux organismes de coopÈration que sont la GTZ, la fondation allemande
HEISDEN et le WWF avec le programme ' paix vie .cíest aussi le cas de la
rÈserve du Dja au Cameroun dont la conservation est confiÈe au
WWF.
Les ONG internationales sont des organisations
bien structurÈes qui possËdent un personnel compÈtent
et souvent des moyens financiers consÈquents. En outre, elles
entretiennent de relations assez poussÈes avec les instituts de
recherche et les Ètablissements la pointe des
connaissances scientifiques et technologiques. Cíest ainsi que
líONG international WWF, dans sa composante du Cameroun appui les
sociÈtÈs forestiËres dans líoptique de leur
proposer des alternatives aux braconnages et de les accompagner dans le
processus de certification du bois. De
la mÍme maniËre en RDC, LíICCN (Institut
Congolais pour la Conservation de la Nature) est
ÈpaulÈ par des ONG et des organisations
internationales. Cíest notamment le cas de WWF/PNVi,
le WCS et le Parc pour la Paix qui participent la
dÈmarcation des limites du PNVi. On notera aussi la prÈsence
des SociÈtÈs Zoologiques de Londres et Frankfurt ainsi que celle
de líUNESCO.
117 SociÈtÈ forestiËres de
nationalitÈ franÁaise qui concessionnaires de plusieurs
UFA (UnitÈ ForestiËres díamÈnagements)
líEst Cameroun.
118 Il peut síagir du respect des
diamËtres minimum de coupes autorisÈes.
58
2- Le monitorage des processus de gestion
participative
Le mot monitorage ou monitoring est un anglicisme qui
renvoie la surveillance permanente119. Les ONG
internationales effectuent un travail de contrÙle permanent de
líÈvolution
des procÈdÈs et des processus de gestion durable
des ressources forestiËres. Cet aspect permet de
parler de la spÈcialisation des ONG. Il síagit
des ONG spÈcialisÈs dans le contrÙle et
líobservation forestiËre. Celles qui síillustrent le plus
dans ce domaine sont entre autres Forest Monitor, Global Forest Watch, Global
Withness, Wildlife Conservation Society.
Le monitoring des processus consiste faire un
suivie et une Èvaluation constante de líexploitation des
diffÈrents massifs forestiers. Il est couronnÈ par la
publication des rapports, suivant des pÈriodicitÈs plus ou
moins constantes. Ces rapports contiennent des dÈnonciations de
mauvaises pratiques díexploitation. Ces rapports ne sont pas des
instruments juridiquement contraignants, seulement ils influencent trËs
fortement líaide au dÈveloppement et les investissements
privÈs Ètrangers. De ce point de vue, les pays font attention de
ne pas Ítre accrochÈs
par les rapports de ONG internationales. Le Cameroun
dÈj ÈtÈ ÈpinglÈ plusieurs
fois par les rapports de Global Withness, observateur indÈpendant des
forÍts au Cameroun en 2003, de la mÍme
faÁon la RDC níÈchappe aux incrimination
de mauvaises pratiques forestiËres dans les rapports des divers
observateurs forestiers. Ceci síexplique sans doute, mais ne se
justifie par la ëinstabilitÈ politique que se pays
connaÓt.
II - Les moyens díaction des ONG
internationales
La principale force du monde associatif internationale
cíest la conscience quíil a de ses forces et de ses
faiblesses. A ce propos, IrËne Khan, SecrÈtaire
gÈnÈrale d'Amnesty International affirme : ' La
lÈgitimitÈ des ONG internationales consiste agir en se
fondant sur (Ö) la confiance
du public et sur les valeurs que nous cherchons
promouvoir. Les ONG jouent un rÙle de plus en
plus important dans l'Ètablissement des
prioritÈs dans notre environnement mondialisÈ. Nous avons donc
clairement la responsabilitÈ d'agir de maniËre transparente et
responsable 120. Leur principale force rÈside dans
le plaidoyer environnemental (A) et le dÈveloppement humain durable
(B).
A- Le plaidoyer environnemental
Les ONG internationales influencent la gestion des
ressources naturelles du Bassin du Congo par leurs denses activitÈs
de lobbying. Cet autre anglicisme dÈsigne líintercession
auprËs des dÈcideurs en faveur díune cause. Il se traduit en
franÁais par ' plaidoyer . Selon F. J. Farnel, ' le lobbying est une
activitÈ qui consiste procÈder des
interventions destinÈes influencer directement ou
indirectement les processus d'Èlaboration, d'application ou
d'interprÈtation de mesures lÈgislatives, normes,
rËglements et plus gÈnÈralement, de toute intervention ou
dÈcision des
pouvoirs publics 121. Le travail de plaidoyer
environnemental effectuÈ par les ONG síapprÈcie
deux niveaux. Tout díabord au niveau national (1)
et ensuite et principalement au niveau international (2).
1- Le plaidoyer environnemental au niveau
national
Au niveau national, le plaidoyer environnemental des ONG consiste
sensibiliser les ...tats
et les acteurs environnementaux nationaux sur les enjeux
de líenvironnement. Les actions de
lobbying des ONG internationales sont centrÈes sur
lí...tat, ces dÈmembrements et ces partenaires.
119 Voir Le Petit Larousse IllustrÈ 2005.
120 Amnesty International, Des ONG internationales
montrent líexemple en signant une charte de responsabilitÈ,
communiquÈ de presse, bulletin n°145 du 06 juin 2006, Cf.
http://web.amnesty.org/library/Index/FRAIOR800052006.
121 F. J. Farnel, Le lobbying : stratÈgies et
techniques d'intervention, ...ditions d'Organisation, 1994.
59
Cíest dans ce sens quíil faut apprÈhender
líaction des ONG comme Rainforest Foundation et Les Amis de la Terre au
Cameroun et en RDC dans le sens de la redÈfinition des rËgles de
gestion des ressources naturelles. Aussi les pressions sont dirigÈes sur
les exploitants forestiers, pour les amener
respecter les normes díexploitation
Ècologiquement rationnelles.
Les ONG internationales procËdent aussi par
líÈducation environnementale des populations rurales. Il
síagit díapporter líinformation environnementale utile
ces personnes qui níont pas les moyens díaller la
chercher l ocents elle se trouve, du fait de leurs ressources
limitÈes. Pour ce faire, elles síappuient trËs souvent
sur les relais locaux. Il peut síagir díONG locales ou
alors díassociations plus ou moins bien organisÈes.
Il faut dire que ce travail díÈducation est plus
poussÈ au Cameroun quíen RDC, la raison une fois de plus en
est simple. La RDC ne prÈsente pas les mÍmes garanties
de sÈcuritÈ que le Cameroun. Tout compte fait, lorsque ce
travail fait la base se heurte des blocages politiques,
elles continuent leur action sur la scËne internationale.
2- Le plaidoyer environnemental au niveau
international
La scËne internationale est le terreau fertile pour le
plaidoyer des ONG international. Ici il síagit de procÈder
par des pressions indirectes sur les ...tats et les
sociÈtÈs industrielles díexploitation des ressources
forestiËres. Ce plaidoyer prend la forme des campagnes
de sensibilisation fort renfort díargumentation,
díimages et síoriente singuliËrement vers les
crÈanciers bilatÈraux et multilatÈraux des pays
concernÈs, de mÍme que vers les principaux consommateurs
des produits provenant de ces pays. Dans ce sens, líONG les Amis de la
Terre en partenariat avec une ONG nationale camerounaise le
Centre pour líEnvironnement et le DÈveloppement, la
Fondation Bruno Manser, la Garance Voyageuse, Survie et WWF France ont
entamÈ une grande campagne pour stopper líexploitation abusive de
líespËce vÈgÈtale connue sous
le nom de Moabi122.
Les pays font de plus en plus attention leur image
internationale. Leur crÈdibilitÈ sur la
scËne internationale dÈpend justement, pour
beaucoup, de ce que les ONG en pense. Il suffit ce sujet de rappeler
que les ONG travaillent en Ètroite collaboration avec
les institutions internationales financiËres et les organisations
internationales. TrËs souvent elles ont un rÙle
díexpert ou de consultant dans ces organisations. De la mÍme
faÁon, les sociÈtÈs forestiËres tiennent
ÈnormÈment leur image commerciale. La
compÈtitivitÈ de leurs produits sur les marchÈs
internationaux en dÈpend. Attendu que les consommateurs des pays
dÈveloppÈs sont de plus en plus acquis la cause du
dÈveloppement durable. Síexplique alors la montÈ en
puissance du commerce Èquitable. Un concept commercial rÈcent qui
encourage la consommation des produits issus díune exploitation
Ècologiquement rationnelle.
En tout Ètat de cause, les ONG internationales ont bien
compris que le travail de veille et díÈveil Ècologique
durable doit Ítre centrÈ non seulement sur les
ressources mais plus
significativement sur les Ítres humains qui sont la
base de la gestion de ces ressources.
B ñ Le dÈveloppement humain
durable
Le dÈveloppement humain durable met
líaccent sur les personnes plutÙt que sur la croissance
Èconomique en soi. Il vise amÈliorer la
qualitÈ de vie actuelle des gens, en leur transfÈrant
les compÈtences nÈcessaires pour síÈpanouir
durablement. Les responsables du Programme des Nations Unies pour le
DÈveloppement (PNUD) approfondissent ce concept dans
leur document annuel123. Líaction des ONG
locales dans le sens du dÈveloppement humain durable intËgre
líÈducation environnementale rurale et le financement des projets
de dÈveloppement.
LíÈducation environnementale pose le
problËme de la diffusion de líinformation
environnementale. A ce sujet il est dÈplorÈ
quíil níexiste pas un cadre juridique spÈcifique
la gestion de líinformation environnementale qui contraigne les
...tats assurer la transmission de
122 Cette campagne est nommÈe :
protÈgeons les forÍts tropicales humides ! Moabi, arbre de vie ou
arbre de profit ?
123 Le rapport mondial sur le dÈveloppement
humain, qui est publiÈ toutes les annÈes par le PNUD.
60
líinformation et líaccËs des individus
la justice pour les questions environnementales. Dans ce
contexte, une entreprise díÈducation environnementale est
díautant plus pÈrilleuse quíil síagit des
populations rurales. Il est alors question de dÈvelopper les techniques
participatives díÈducation qui prennent en compte le confort
intellectuel des populations cibles.
Par ailleurs, líun des piliers du
dÈveloppement humain durable, reste líautonomie
financiËre. Ainsi dans les zones forestiËres du Bassin du Congo, les
ONG internationales conduisent des projets qui tendent
líautonomisation des populations. Dans ce sens, elles financement
elles- mÍmes ou facilitent le financement des projets locaux de gestion
durable de ressources forestiËres renouvelables.
61
Conclusion partielle deuxiËme partie
Les forÍts du Bassin du Congo sont au
centre des prÈoccupations de la sociÈtÈ
internationale, notion laquelle la cour
internationale de justice donnÈ une consistance depuis
líaffaire du sud ouest africain en 1972. Cette deuxiËme
partie aura ÈtÈ líoccasion de se rendre
compte que la gestion des ressources naturelles
renouvelables du Bassin du Congo intËgre la participation de la
communautÈ internationale, vu sous le double prisme de la
coopÈration sous- rÈgionale et de la mobilisation de tous les
acteurs environnementaux au niveau universelle.
Les ÈcosystËmes forestiers díAfrique
Centrale, au-del de leur grande richesse et de leur immense
diversitÈ, forment un massif forestier díune extraordinaire
unitÈ physique. Ces ressources
se jouent des frontiËres conventionnelles Ètablies
par les hommes. Leur gestion appelle des actions
concertÈes de la part de tous les ...tats de
la sous-rÈgion. Au niveau sous-rÈgional justement, un
ensemble de mÈcanismes juridiques et díinstitutions
communautaires sont mis en úuvre pour assurer la cogestion des
ressources forestiËres. Ces mÈcanismes concernent aussi bien les
ressources ligneuses que celles animales.
Líengouement sous-rÈgional pour la gestion
concertÈe des ressources naturelles se
cristallise autour de la COMIFAC et du plan de convergence
adoptÈ par la confÈrence des ministres
en charge des forÍts díAfrique Centrale. Ce sont au
fond deux puissants instruments díintÈgration qui prÙnent
une vision commune de la gestion des ressources forestiËres renouvelables.
Líobjectif
terme Ètant díaboutir
líharmonisation des politiques de gestions forestiËres
basÈe sur la gouvernance rationnelle. Reste que cette vision, pour
lÈgitime et mÍme nÈcessaire quíelle soit, se
heurte un manque de volontÈ politique manifeste. En effet, les
chefs dí...tats et de gouvernement
ont enclenchÈ un processus quíils ont pratiquement
abandonnÈe mi-chemin.
Le financement de la dynamique sous-rÈgionale de cogestion
est une Èpine dans le dos de
la participation la gestion des ressources
naturelles dans le Bassin du Congo. MalgrÈ la forte
rentabilitÈ Èconomique des ressources forestiËres, les
pays de líAfrique Centrale sont toujours rÈticents quand
il síagit de contribuer au financement des activitÈs
communes de gestion des ressources naturelles. Cíest ainsi que
les procÈdures de dÈcaissement de líargent
vouÈ aux institutions sous-rÈgionales de cogestion sont encore
trËs complexes et sont líorigine des retards
de cotisation.
Il est constant de rappeler que les forÍts du Bassin du
Congo sont díun intÈrÍt mondial. Par consÈquent,
leur gestion mobilise la sociÈtÈ internationale prise dans sa
composition traditionnelle,
cíest--dire dans le tÍte
tÍte que les ...tats se tiennent entre eux, de mÍme que dans
líextension que líarticle 27 de la dÈclaration de Rio 92
fait des acteurs du DIE, et singuliËrement les ONG. A ce propos, nous
pouvons structurer la participation de la sociÈtÈ
internationale la gestion des ressources naturelles autour de
trois grands pÙles. Le premier pÙle est constituÈ
par líUnion EuropÈenne avec son support au Projet ECOFAC.
Fait partie du second pÙle, líinitiative nÈe au
sommet de Johannesburg en 2002 et qui prend líallure díune
action concertÈe universelle. Elle se matÈrialise par le PFBC.
Enfin le troisiËme pÙle est formÈ par les ONG
internationales. Elles interviennent au travers des actions multiformes.
Elles sont notamment líavant-garde de la
prÈservation des droits de participation des populations riveraines des
forÍts.
62
Conclusion GÈnÈrale
SituÈ au cúur de líAfrique et
constituÈ essentiellement díun ensemble
díÈcosystËmes
forestiers, le bassin du Congo joue un rÙle
important dans le maintien des macro-Èquilibres du globe
terrestre. Cíest une zone de transition entre líAfrique de
líOuest et líAfrique Australe, qui renferme une part
importante de la diversitÈ biologique encore existante sur le globe. On
y retrouve
le plus grand nombre díespËces endÈmiques.
Tout au long de ce travail, nous nous sommes attelÈs visiter les
contours que la gestion participative prend dans le bassin du Congo.
Sans prÈtendre líexhaustivitÈ, il ressort au bout
du compte que le postulat selon lequel les mÈcanismes de gestion des
ressources naturelles semblent ouverts la participation ressort
confortÈ. Aussi, il apparaÓt de maniËre constante que la
cogestion est dÈsormais le credo de tous les acteurs de
líenvironnement dans notre espace gÈographique. Cet Ètat
des choses síobserve tant au Cameroun, en RDC que dans
les relations interÈtatiques et les partenariats avec les
ONG internationales. En mÍme temps que des obstacles divers jonchent ce
chemin.
Líanalyse comparative des lÈgislations du
Cameroun et de la RDC montre la fois une certaine
asymÈtrie et une convergence dans líouverture de ces deux pays
la gestion participative.
Au Cameroun le bilan de dix annÈes de pratique de la
nouvelle loi forestiËre produit un sentiment mitigÈ, fait
díavancements et de lacunes flagrantes. En effet, la loi de 1994 apporte
de nombreuses innovations sur le plan juridique. Dans ce sens, on
pense au droit de prÈemption tant dans la foresterie que dans la
gestion des ressources fauniques. Aussi, cette loi revalorise la
dÈcentralisation
de la rÈpartition des fruits de
líexploitation des ressources naturelles forestiËres, et
prÈvoit des
mÈcanismes assez originaux pour impliquer toutes les
composantes de la sociÈtÈ dans la rÈpartition.
La parfaite illustration est la fiscalitÈ forestiËre
dÈcentralisÈe. LíÈpine dorsale de la loi
forestiËre en vigueur au Cameroun se situe deux niveaux : dans
la problÈmatique du zonage et dans la mise
úuvre des dispositions lÈgales. La
rÈparation et surtout la dÈlimitation des zones de protection ne
tiennent pas compte des exigences et des caractÈristiques
sociologiques des populations qui y vivent. Un cas typique est celui
des ëpygmÈesí, qui sont pratiquement exclus de la
gestion institutionnelle des ressources forestiËres. En outre, la
corruption et les dÈtournements de deniers publics rendent impossible
la saine Èmulation des communautÈs locales. Ce quíil faut
dire cíest que
le cadre juridique de líexploitation des ressources
naturelles au Cameroun renouvelÈ en 1994, le fut sous la pression
des institutions financiËres internationales et
singuliËrement de la Banque Mondiale. Aujourdíhui, cette loi
est sujette une forte contestation des organisations de la
sociÈtÈ civile, qui estiment que celle-ci fait la part belle aux
exploitants forestiers. De ce fait, elles appellent
une refonte du cadre juridique de la gestion des
ressources naturelles
La RÈpublique DÈmocratique du Congo enlise
son processus díouverture dans une certaine anarchie. Ceci
Ètant sans doute d° líinstabilitÈ politique et
sociale que connaÓt ce pays, que díaucuns disent non sans raison
que cíest un ' dÈsordre gÈologique . Dans le mÍme
temps, le groupe de la Banque Mondiale et les partenaires
multilatÈraux de la RDC tirent les ficelles díun processus
similaire celui suivi au Cameroun. La sociÈtÈ civile
congolaise quoique encore trËs peu structurÈe appelle la
prÈcaution et la prudence pour que les mÍmes erreurs ne se
reproduisent pas dans ce pays. Seulement, les dirigeants de la RDC, faisant fi
de ces revendications, continuent leur
63
processus en omettant prÈcisÈment
díeffectuer les consultations nÈcessaires, ou alors en le faisant
la va vite, mettant ainsi en pÈril les
intÈrÍts des populations locales. Ces consultations sont le plus
nÈcessaires dans le cadre du zonage et de líamÈnagement
des aires de conservation. Cependant, il faut reconnaÓtre que la RDC
fait beaucoup díefforts dans la cogestion ressources
transfrontiËres. Au demeurant, le Cameroun et la RDC
prÈsentent beaucoup de similitudes quíil síagissent
de leurs forces que de leur faiblesses. Et ceci se transpose aussi sur la
scËne sous-rÈgionale.
En effet, il existe dans le Bassin du Congo une
dynamique assez forte de gestion participative des ressources naturelles.
RassemblÈs autour des institutions communautaires comme
la COMIFAC et la CEFDHAC, le plan de convergence sert de ligne
de mire aux pays de líAfrique Centrale. Il síagit plus
ou moins longue ÈchÈance díaboutir sur
líharmonisation des politiques forestiËres. La
coopÈration sous-rÈgionale constitue un vÈritable
instrument de conduite díune politique sous-rÈgionale
intÈgrÈe de gestion des ressources naturelles. Cette gestion
intÈgrÈe pour bras sÈculier la mise sur pied des
rÈseaux transfrontiËres de protection des ressources. Cíest
le cas avec le RAPAC et díautres rÈseaux et programmes de
protection transfrontiËres des animaux. Contrairement au niveau
national, la coopÈration sous-rÈgionale en matiËre
de gestion des problËmes environnementaux ne souffre pas díune
faiblesse institutionnelle. Il existe une multitude díinstitutions de
gestion, mais elles síentremÍlent cause díune
mauvaise coordination. Par ailleurs,
la coopÈration sous-rÈgionale fait face
líinconstance et líinconsistance de ses sources
de financement. Líexplication peut venir de la jeunesse des divers
processus díagrÈgation. De ce point
de vue, cíest en síinscrivant dans la durÈe
quíils parviendront sans doute trouver les automatismes
nÈcessaires leur bon fonctionnement. Il en est de mÍme des
partenaires qui contribuent la mise
en úuvre des politiques communautaires. La solution de ce
problËme passe par le dÈveloppement
de líautofinancement des processus de gestion
participative. Cíest dire que la coopÈration de
matiËre de gestion des ressources naturelles doit Ítre
indÈpendante la fois des partenaires du
dÈveloppement et des pays de la sous rÈgion eux-mÍmes. On
pense ici líinstitution díune taxe ou díun
impÙt communautaire qui serait assis sur la líimportation des
produits forestiers, recouvrÈ par
les Etats et affectÈs la support de la
coopÈration internationale. Mais avant toute chose il est
essentiel de rappeler que la gestion concertÈe
entre les pays du Bassin du Congo ne peut que síappuyer sur la
manifestation effective díune forte volontÈ politique des Chefs
díEtat de la rÈgion, afin de stimuler les autres acteurs.
La gestion des ressources naturelles du bassin Congo
mobilise aussi les divers acteurs internationaux. Ils se manifestent par le
truchement de líaccompagnement des processus nationaux
et sous-rÈgionaux, de mÍme que par des
initiatives qui leur sont propres. En somme cíest le fruit
díune coopÈration qui remonte jusqu' la colonisation.
La communautÈ des ...tats influence de maniËre significative
la gestion des ressources naturelles dans le Bassin du Congo, ce par
divers moyens. Quíil síagisse des actions collectives ou des
initiatives propres certains acteurs isolÈs. Dans ce sens il
est apprÈcier la coopÈration agissante de
líUnion EuropÈenne dans le cadre de líECOFAC. Aussi,
comment ne pas mentionner la dynamique initiÈe par líAfrique du
Sud pendant
le Sommet de Johannesburg de 2002. Pour la premiËre
fois, une action caractËre universelle concerne les
ressources naturelles du Bassin du Congo. La communautÈ internationale
fonde sont
action sur la structuration normative des relations
internationales centrÈes sur líenvironnement, de mÍme que
sur líaide au dÈveloppement.
Du point de vue normatif, le DIE procËde
spÈcifiquement par le mÈcanisme des traitÈes cadres.
Cíest--dire díun systËme conventionnel deux
Ètages qui consiste conclure díabord des lois
díorientations auxquels beaucoup dí...tats sont parties, et par
la suite adopter des protocoles ou des accords additionnels auxquels
certaines parties seulement sont intÈressÈes. Pour
líheure, il níexiste aucun traitÈ cadre
spÈcifique la gestion et la protection des
ressources naturelles forestiËres renouvelables du Bassin du
Congo. Ce qui est assez paradoxale lorsquíon sait
líimportance de cet espace forestier dans le maintien des grands
Èquilibres de la planËte. Au de la CITES, la communautÈ
internationale devrait adopter une convention cadre sur la gestion
pÈrenne des ressources naturelles du Bassin du Congo.
64
Pour ce qui est de líaide au dÈveloppement et de
son bras sÈculier : la conditionnalitÈ, elles posent le
problËme de líunilatÈralitÈ de la vision de la
protection que les bailleurs de fonds imposent aux gouvernements et de ce fait
aux populations. Il est acceptÈ de tous que líaide au
dÈveloppement
est líune des voies par lesquelles on pourra diminuer le
fausser qui existe entre le dÈveloppement des pays du Nord et ceux des
pays du Sud, cependant il ne faut pas que cette aide soit subordonnÈe
líadoption des politiques et des lois qui
manifestement ne rÈpondent pas entiËrement aux besoins
des populations et mÍme de la gestion des
ressources elles-mÍmes. Les acteurs de la gestion des ressources
forestiËres dans leur grande diversitÈ doivent savoir tirer
les leÁons du passÈ, afin de mieux orienter líaide
au dÈveloppement et Èviter que les erreurs se
rÈpËtent dans tous pays du Bassin du Congo. Ceci passe aussi
par le respect de la vision que la sociÈtÈ civile des pays de la
rÈgion a de la gestion des ressources
Enfin líexploration de la sociÈtÈ
internationale permet de se rendre líÈvidence que
les
ONG internationales sont un maillon essentiel de la gestion des
ressources naturelles dans le Bassin
du Congo. Avec les moyens qui sont les leurs, elles
proposent une innovation institutionnelle, en mÍme temps
quíelles accompagnent les diffÈrents processus mis en place par
les autres acteurs. Les ONG internationales ont des sensibilitÈs
diffÈrentes, et leurs actions síinscrivent dans le cadre du
plaidoyer environnemental et du dÈveloppement humain durable. Sur
ce dernier point, elles sont avant-gardistes, puisque finalement la gestion
des ressources naturelles ne sera jamais que líimage des personnes qui
en ont la charge.
65
Annexe I : carte du Basin du Congo
Source : FAO Global Forest Ressources Assessment, 2000 - chapitre
15 : Afrique Centrale. Voir le site
WWW.diplomatie.gv.fr
66
ANNEXE II : zone díintervention du projet
RAPAC
Source : Site de la COMIFAC : www.comifac.org
67
Annexe III :
DECLARATION DES CHEFS DíETAT DE LíAFRIQUE
CENTRALE SUR
LA CONSERVATION ET LA GESTION DURABLE DES
FORETS
***
CONFERENCE DES MINISTRES EN CHARGE DES FOR
TS
DE LíAFRIQUE CENTRALE - COMIFAC
PLAN DE CONVERGENCE
ACTIONS PRIORITAIRES
2003 - 2005
YaoundÈ, le 28 mai 2002
68
OpÈrationnalisation du plan de
convergence
et articulation avec les autres programmes en
cours.
PLAN DE CONVERGENCE ñ ACTIONS PRIORITAIRES 2003-2005
Cadre logique de mise en úuvre
1 ñ Vision :
' Les Etats de líAfrique Centrale assurent
díune maniËre souveraine la conservation, la restauration, le
dÈveloppement et líutilisation durable de leurs ressources
biologiques dans le cadre díune gestion concertÈe pour le
dÈveloppement Èconomique social et culturel de leurs
populations
et pour la sauvegarde de líenvironnement mondial.
2 ñ Objectif
gÈnÈral
' Les pays souverains díAfrique Centrale gËrent de
maniËre durable les diffÈrents ÈcosystËmes de
la rÈgion par une utilisation rationnelle des
ressources renouvelables du domaine forestier et la planification
díun rÈseau díaires protÈgÈes
reprÈsentatif de la biodiversitÈ et contribuant
leur dÈveloppement Èconomique, social et culturel.
3 ñ Axes stratÈgiques de mise en oeuvre
:
A. MaÓtrise de la connaissance de la ressource et des
dynamiques des ÈcosystËmes
B. Conservation de la biodiversitÈ
C. Valorisation durable des ressources naturelles
D. Participation de tous les acteurs, notamment des populations,
et rÈduction de la pauvretÈ
E. AmÈlioration de la collaboration entre les parties
prenantes
o Renforcement de la coopÈration sous-rÈgionale, de
la recherche, des capacitÈs et du cadre institutionnel et
rÈglementaire.
F. DÈveloppement díalternatives la
pression/utilisation des ressources naturelles.
4 ñ RÈsultats attendus et principales
activitÈs
A. La base de donnÈes sur les ressources naturelles de
la sous-rÈgion est Ètablie.
B. Un domaine forestier permanent comportant un
rÈseau díaires protÈgÈes reprÈsentatif
des diffÈrents ÈcosystËmes de la sous-rÈgion est
dÈfini/circonscrit.
C. Les ressources naturelles sont mises en valeur et
utilisÈes díune maniËre durable
D. Les populations riveraines sont impliquÈes dans la
gestion durable des ressources forestiËres
et fauniques et dans des activitÈs alternatives et
en tirent des revenus et des bÈnÈfices
rÈguliers et substantiels ;
E. La coopÈration en matiËre de
forÍts et environnement entre les Etats de la
Sous-rÈgion
Afrique Centrale est effective.
5 ñ CritËres de choix des actions
prioritaires court terme (< 3 ans)
69
# ' Menaces / urgences / nÈcessitÈs
# Actions en cours (engagÈes)
# OpportunitÈs de dÈveloppement de partenariats
(techniques et financiers)
# Actions de conservation caractËre
rÈgional
# PossibilitÈs díaccËs au financement
# FaisabilitÈ
6 - ActivitÈs
entreprendre
( PrioritÈ court terme < 3 ans)
A. La base de donnÈes sur les ressources
naturelles de la sous-rÈgion est Ètablie.
a. Harmoniser les normes díinventaires
b. Poursuivre les inventaires de reconnaissance
gÈnÈrale
c. Mettre en place un systËme de gestion et de diffusion
des donnÈes sur les ressources
B. Un domaine forestier permanent comportant un
rÈseau díaires protÈgÈes reprÈsentatif des
diffÈrents ÈcosystËmes de la sous-rÈgion est
dÈfini/circonscrit.
a. Identifier les zones prioritaires de conservation
b. Elaborer le zonage du territoire forestier en
sÈcurisant les terroirs des populations autochtones et notamment des
pygmÈes
c. CrÈer de nouvelles aires protÈgÈes
nationales et/ou transfrontaliËres
d. Elaborer et mettre en úuvre les plans de gestion des
aires protÈgÈes nationales et transfrontaliËres ;
C. Les ressources naturelles sont mises en valeur et
utilisÈes díune maniËre durable
a. Mettre en place les normes officielles
díÈlaboration, díapprobation, de mise en úuvre et
de suivi des plans díamÈnagement, en y intÈgrant la
faune
b. Soumettre les concessions forestiËres et autres
forÍts affectÈes líamÈnagement
c. DÈvelopper un systËme de certification et de
traÁabilitÈ des produits forestiers
d. Lutter contre líexploitation frauduleuse et le
commerce illÈgal des ressources et produits forestiers et fauniques.
e. DÈvelopper une industrie forestiËre locale de
transformation maximale et diversifiÈe des produits ligneux
f. Appuyer le dÈveloppement des filiËres et la
gestion durable des produits forestiers non ligneux.
g. Intensifier les opÈrations de reboisement et de
rÈgÈnÈration des ressources ligneuses
et non ligneuses
h. Intensifier dans les zones Ècologie fragile
les opÈrations forestiËres de lutte contre les effets de la
dÈsertification, de la sÈcheresse et autres calamitÈs
naturelles, notamment par les techniques agro-forestiËres et de
dÈfense et de restauration des
sols.
i. Promouvoir líÈcotourisme et
líÈcodÈveloppement ;
70
D. Les populations riveraines sont impliquÈes
dans la gestion durable des ressources forestiËres et fauniques et dans
des activitÈs alternatives, et en tirent des revenus et des
bÈnÈfices rÈguliers et substantiels ;
a. DÈvelopper et mettre en oeuvre des mÈcanismes
de cogestion des ressources forestiËres et fauniques
b. AccroÓtre la part des revenus tirÈs de
líexploitation des ressources forestiËres et fauniques
destinÈs aux populations locales, y compris les pygmÈes, et
dÈvelopper et mettre en úuvre des mÈcanismes
appropriÈs de rÈtrocession (lutte contre la pauvretÈ)
c. DÈvelopper et mettre en úuvre des
activitÈs alternatives, notamment proximitÈ des aires
protÈgÈes.
d. DÈfinir et faire adopter un cadre
rÈglementaire rassurant les populations quant
líaccËs et la gestion des ressources naturelles.
E. La coopÈration en matiËre de
forÍts et environnement entre les Etats de la
Sous-rÈgion
AC est effective.
a. Harmoniser les politiques, lÈgislations et
fiscalitÈs forestiËres
b. Mettre en place des mÈcanismes de financement des
opÈrations de coopÈration sous- rÈgionale
c. Mettre en place des programmes de renforcement des
capacitÈs
d. Promouvoir la crÈation díun observatoire
rÈgional des ÈcosystËmes forestiers et un rÈseau
opÈrationnel díÈchanges (networking)
e. Redynamiser la recherche forestiËre et faunique
sous-rÈgionale
f. Assurer la coordination, le suivi et
líÈvaluation permanente des opÈrations de
coopÈration sous-rÈgionale
g. Mettre en cohÈrence les initiatives nationales de
planification sectorielle avec le plan
de convergence
h. DÈfinir une stratÈgie nationale de financement
des actions prioritaires
Plan díactions prioritaires
$ Au plan rÈgional
ñ Prend en compte les programmes en cours et les
initiatives sous-rÈgionales
ñ Connaissance de la ressource et dynamiques des
ÈcosystËmes forestiers
ñ Conservation de la biodiversitÈ avec
dÈveloppement des Aires protÈgÈes
transfrontaliËre.
ñ Valorisation durable des ressources naturelles
ñ AmÈnagements forestiers et gestion
participative
ñ DÈveloppement díinitiatives
pression/utilisation
ñ CohÈrence initiatives nationales de planification
sectorielle avec le plan de convergence
$ Au plan national:
ñ Programme díactions prioritaires national
financÈ en prioritÈ sur ressources propres des Etats
ñ Soutien additionnel des bailleurs dans certains cas y
compris contributions au titre des PPTE
ñ Lutte contre líexploitation frauduleuse des
ressources forestiËres
ñ Lutte contre le braconnage
ñ Implication des populations locales
71
ñ Cadre transversal de coordination des actions
prioritaires
Co°ts par pays :
Financement des actions prioritaires nationales sur ressources
propres des Etats (doc. de
Brazzaville)
ñ CAMEROUN: 5.667.000.000 Fcfa
ñ CONGO: 865.000.000 Fcfa
ñ GABON: 1.295.000.000 Fcfa
ñ RCA: 5.893.000.000 Fcfa
ñ RDC: 854.000.000 Fcfa
ñ TCHAD: 478.000.000 Fcfa
ñ RGE: (non chiffrÈe)
Financements gÈnÈralement sur fonds forestiers
72
PROGRAMMES TRANSFRONTALIERS EN AFRIQUE
CENTRALE
N
°
|
Programme transfrontalier
|
Pays partenai
res
|
Responsable national
/ planification/
programmation
|
Partenaire (s)
de mise en
oeuvre
|
Actions spÈcifiques entreprendre
|
Date
|
Indicateurs/
rÈsultats
intermÈdiaires
|
1
|
Tri-nationale
De la Sangha
|
RCA
|
Min Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
Projet Dzanga- Sangha /
WWF-GTZ
|
Ratification de líaccord TNS
|
|
Accord ratifiÈ
|
Dynamiser les organes prÈvus dans líaccord de
coopÈration
|
|
Organes dynamisÈs et
fonctionnels
|
DÈvelopper la concertation entre les hauts
responsables des administrations et les partenaires (exploitation
forestiËre)
|
|
Cadre de
concertation fonctionnel et rÈunions pÈriodiques
|
CONGO
|
Min Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
WCS
Projet Nouabali et PROGEPP
|
Elaborer un plan díaction TNS
|
|
Plan ÈlaborÈ
|
Identifier les mÈcanismes de financement
durable et mobiliser les fonds
|
|
MÈcanismes
identifiÈs
|
Mise en úuvre du plan díaction et mise en place
de la structure de coopÈration
|
|
Plan díaction et
structures de coopÈration mis en úuvre
|
Camerou
n
|
MINEF
DFAP
|
Projet GTZ-
WWF-FEM
|
Evaluation du plan díaction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
ODZALA ñ
MINKEBE ñ
DJA
|
CONGO
|
Min. EFPRH
DG Eaux et ForÍts
|
ECOFAC/UE/
FEM/PNUD
|
PrÈparer et signer líaccord de coopÈration
entre
le Cameroun, le Congo et le Gabon
|
Dec 01
|
Accord signÈ
|
Mettre en úuvre un avant projet
|
Oct 01
|
Contrat signÈ
|
GABON
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
WWF/ FEM/PNUD/
UE
|
|
|
|
|
|
|
Camerou
n
|
MINEF
DFAP
|
WWF
FEM/PNUD
|
|
|
|
|
|
|
3
|
MINKEBE
MENGAME
|
GABON
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
OIBT
OpÈrateurs privÈs
|
PrÈparer et signer líaccord entre le Cameroun et
le Gabon
|
|
Accord signÈ
|
DÈvelopper et mettre en úuvre le volet du projet
concernant le Gabon
|
|
Volet mis en
oeuvre
|
|
|
|
Camerou
n
|
MINEF
DFAP
|
OIBT
OpÈrateurs privÈs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
MAYUMBA -
CONKOUATI
|
CONGO
|
Min. EFPRH
DG Eaux et ForÍts
|
WCS
|
Concertation directe
|
|
|
Elaborer un projet díaccord
|
|
|
Signature et ratification de líaccord
|
DÈc 05
|
Accord signÈ et
ratifiÈ
|
GABON
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
WCS
ECOFAC/UE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
CAMPO
MAíAN CAMPO
|
Cameroun
|
MINEF / DFAP
|
DGIS /
TROPENBOS FEM
|
Echanges des lettres officielles entre le
Cameroun et la GuinÈe Equatoriale
|
Nov 01
|
Lettre ÈchangÈe
|
Faire une/des rÈunions officielles pour fixer les
plans de travail
|
|
RÈunions
rÈalisÈes
|
Engager les Ètudes de part et díautre/ engager des
concertation et actions communes
|
|
Etudes rÈalisÈes
|
GuinÈe
Equato
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
UE / CUREF
|
Faire les Ètudes de faisabilitÈ et identifier les
financements
|
|
Etudes disponibles
|
Signer la convention bi-nationale
|
DÈc 02
|
Convention
signÈe
|
|
|
|
6
|
ZAKOUMA
MANOVO- GOUNDA ñ St FLORIS
|
RCA
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
UNESCO / FEM
/ IUCN
|
Missions díinformation et de concertation entre
les 2 pays
|
|
Missions
rÈalisÈes
|
Elaboration et adoption de líAccord Bi-National
|
|
|
Signature de líaccord Bi-National
|
|
Accord signÈ
|
TCHAD
|
Min. de
líEnvironnement / DG
|
UE /
FEM/PNUD
|
Ratification de líAccord Bi-National
|
|
Accord ratifiÈ
|
Elaboration et adoption díun plan díaction
|
|
Document
disponible
|
Mobilisation des fonds et mise en oeuvre
|
|
Fonds
disponibles et programme engagÈ
|
73
7
|
Mont FOUARI
|
GABON
|
Min. Eaux et ForÍts
DG Eaux et ForÍts
|
OIBT
|
Missions díinformation et de concertation
|
|
Missions
rÈalisÈes
|
Elaboration et adoption díun accord bi-national
|
|
|
CONGO
|
Min EFPRH
DG Eaux et ForÍts
|
OIBT
|
Signature et ratification de líaccord
|
DÈc 05
|
Accord signÈ et
ratifiÈ
|
Elaboration et adoption díun plan díaction
|
|
Plan díaction
adoptÈ
|
Mobilisation des fonds et mise en úuvre du
plan
|
|
Fonds mobilisÈs
et plan engagÈ
|
8
|
Bi- Nationale
Gabon ñ GuinÈe
Equatoriale
(Estuaire du Rio-
Muni)
|
GuinÈe-
Equato
|
MinistÈrio de bosques y
medio ambiante
DG de bosques
|
ECOFAC/UE
|
RGE : Etudes biologiques en cours
|
|
Poursuite
des Ètudes bio encore
1 an
|
|
Gabon : Etudes biologiques en cours
|
Echange de lettres officielles Gabon/RGE
|
Nov 01
|
Echange de lettres rÈalisÈ
|
GABON
|
Min E & ForÍts
DG EF
|
WCS
ECOFAC/UE
|
Engager la procÈdure de classement
|
Nov 02
|
Missions de
sensibilisation
/ etc, rÈalisÈes
|
Elaboration díun plan de conservation des
tortues
|
Nov 02
Jan 03
|
Document
disponible
03/03
|
Signature dí1 convention de collaboration entre
RGE et Gabon
|
Mars 03
|
Convention
bi-nationale signÈe
|
9
|
BOUMBADJID
A ñ
BINDER-LERE- LAM
|
TCHAD
|
Min. de
LíEnvironnement/DG
|
GTZ
|
Mission díinformation et de concertation auprËs
des autoritÈs des 2 pays
|
|
Missions
rÈalisÈes
|
Elaboration et adoption díun accord bi-national
|
|
|
Signature et ratification de líaccord
|
|
Accord signÈ
et ratifiÈ
|
Camero
un
|
MINEF / DFAP
|
WWF
|
Elaboration et adoption díun plan díaction
|
|
Plan ÈlaborÈ
et disponible
|
Mobilisation des fonds
|
|
Fonds
disponibles
|
Mise en oeuvre du plan díaction
|
|
ExÈcution en cours
|
1
0
|
- BILI UERE
BANGASSOU
|
RDC
|
ICCN
|
A rechercher
|
Mission díinformation et de concertation des
autoritÈs des 2 pays
|
|
Missions
rÈalisÈes
|
Elaboration et adoption díun accord bi-
nationale
|
|
|
Signature de líaccord bi-national
|
|
Accord signÈ
|
RCA
|
Min. Eaux et ForÍts
DG E&F
|
FEM RCA /
PNUD/CECI
+ONG Int.RFC
|
Ratification de líaccord bi-national
|
|
Accord ratifiÈ
|
Elaboration díun plan díaction
|
|
Plan ÈlaborÈ
|
Mobilisation des fonds et mise en oeuvre
|
|
Fonds
mobilisÈs
|
1
1
|
Prog. Bi- National de
MAYOMBE
|
CONGO
|
Min. EFPRH DG E&F
|
A rechercher
|
Missions díinformation auprËs des autoritÈs
des
2 pays
|
|
Missions rÈalisÈes
|
Elaboration díun projet díaccord par les experts
des 2 pays
|
|
|
Signature de líaccord par les ministres
concernÈs
|
DÈc 05
|
Accord signÈ
|
RD
Congo
|
SG/DGFC
|
A rechercher
|
Ratification de líaccord
|
|
Accord ratifiÈ
|
DÈlimitation du site aprËs mission de
reconnaissance
|
|
Site dÈlimitÈ
et cartes disponibles
|
Elaboration plan díaction
|
|
Plan díaction
disponible
|
1
2
|
Prog. Bi-
National de LAC TELA ñ
LAC TOMBA
|
CONGO
|
Min.EFPRH
DG Eaux et ForÍts
|
WCS
|
Missions díinformation auprËs des autoritÈs
des
2 pays
|
|
Missions
rÈalisÈes
|
A rechercher
|
Elaboration díun projet díaccord par les experts
des 2 pays
|
|
|
|
Signature de líaccord par les ministres
concernÈs
|
|
Accord signÈ
|
RDC
|
SG / DGFC
|
|
Ratification de líaccord
|
|
Accord ratifiÈ
|
|
DÈlimitation du site aprËs mission de
reconnaissance
|
|
Site dÈlimitÈ
et cartes disponibles
|
|
Elaboration plan díaction
|
|
Plan díaction
disponible
|
74
PROGRAMMES PRIORITAIRES NATIONAUX
CAMEROUN CENTRAFRIQUE CONGO
CONGO DEMOCRATIQUE GABON
GUINEE EQUATORIALE TCHAD
Voir pour les programmes prioritaires nationaux
dÈtaillÈs le rapport gÈnÈral de líatelier
de
Brazzaville de septembre 2001 (157 pages).
75
Bibliographie
· Ouvrages
gÈnÈraux
! Amnesty International, Rapport sur líÈtat de la
corruption dans le monde 2001 ;
! Droit de l'Environnement et dÈveloppement durable,
Pulim 1994 ;
! DRSP Cameroun 2OO5
! Document IntÈrimaire de StratÈgie de
RÈduction de la pauvretÈ, RÈpublique
DÈmocratique du
Congo, p 97, Kinshasa mars 2003 ;
! ...volution et perspectives du droit de l'environnement en
droit comparÈ CIDCF, 1986 ;
! GAMI N., CrÈation du sanctuaire gorille de LOSSI
: cogestion et valorisation de la ressource gorille travers le tourisme
et par les ayants droits, 2000.
! Kamto Maurice, Droit de l'environnement en Afrique,
Èdicef AUPELF, p.416, Paris 1996 ;
! Michel Prieur, Le Droit de líEnvironnement, 5e
Èdition;
! Malafosse, Le droit de líeau. ;
! Tourisme, Èthique, environnement et
dÈveloppement durable, Limoges mai 2001 ;
! Le Petit Larousse IllustrÈ 2005.
· Ouvrages spÈcialisÈs
! Alexandre Kiss, La protection fonctionnelle des
forÍts, cours introduction au droit de l'environnement,
UniversitÈ de Limoges, Master (M 2) DICE 2006 ;
! Amnesty internationale, Renonciation contractuelle aux
droits humains: le projet d'olÈoduc
Tchad-Cameroun ;
! Amnesty International, Des ONG internationales montrent
líexemple en signant une charte de
responsabilitÈ, communiquÈ de presse, bulletin
n°145 du 06 juin 2006 ;
! Belmond T : Indigenous and tribal people and poverty reduction
strategies in Cameroon ;
! BOBIA J, prÈsentation pendant la confÈrence sur
le trÈsor naturel de la RDC, Bruxelles 23-24
novembre 2005 ;
! BORRINI-FEYERABEND GRAZIA.- Gland, Gestion
participative des aires protÈgÈes:
L'adaptation au contexte, UICN, 1997.- 79p.- (SÈries sur
les Politiques Sociales FPP) ;
! CanopÈe n°11 (revue), FiscalitÈ
forestiËre et gestion durable : quelques ÈlÈments de
rÈflexion,
Mars 1998 ;
! C. Doumengue, La gestion des ÈcosystËmes
forestiers du Cameroun, Du Gabon, et de la GuinÈe
Equatoriale líaube de lían 2000, UICN, p.
148, YaoundÈ, Cameroun dÈcembre 1998
! CanopÈe n°18 (revue), Les forÍts
d'Afrique centrale se vident tíelles ? Une structure originale pour
la conservation des ressources naturelles dans leur sous rÈgion
: le rÈseau des aires protÈgÈes díAfrique
centrale, Octobre 2000 ;
! DeuxiËme sommet des chefs d'Etat d'Afrique Centrale sur
la conservation et la gestion durable
des forÍts, Note d'information, p.6, Brazzaville 04-05
fÈvrier 2005 ;
! DELVINGT, W., et alii, Guide du parc des Virunga, Commission
des communautÈs
europÈennes, p.12, Bruxelles 1990 ;
! DOUMBE BILLE StÈphane, La normalisation
environnementale in recueil des communications
sÈminaire relatif la formation aux textes
juridiques, YaoundÈ, p.130, Brain Trust 2003 ;
! DOUMBE-BILLE StÈphane, Le droit forestier en
Afrique centrale et occidentale : analyse comparÈe, Etude juridique
en ligne 41, p. 34, Fao dÈcembre 2004 ;
! E PONTAVICE, RJE, 1978-2, p147 ;
! EBERHARD CH : Droit, gouvernance et
dÈveloppement durable : quelques rÈflexions
prÈliminaires, Revue interdisciplinaires
díÈtudes juridiques n°53, dÈcembre 2004
(www.fgf.be/index2.php) ;
! F. J. Farnel, Le lobbying : stratÈgies et techniques
d'intervention, ...ditions d'Organisation, 1994 ;
76
! FIDH, La gestion de la rente pÈtroliËre au Congo
Brazzaville, 2OO4 ;
! FomÈtÈ TimothÈe, La fiscalitÈ
forestiËre et líimplication des communautÈs locales
la gestion des forÍts, document du rÈseau 25b, juillet 2001 ;
! Greenpeace, Rapport de mission visite dans les sites
de la CIB au Congo Brazzaville,
p.104, dÈcembre 2004;
! Ibrahima ly yadji bello, Etude sur les lois et
politiques sur la faune dans les pays díAfrique
centrale, Rapport final CITES bwg / uicn mars 2003 ;
! KARSENTY Alain, Le rôle controversé de
la fiscalité forestière dans la gestion des forêts
tropicales, l'état du débat et les perspectives en
Afrique centrale, Cahiers d'économie et sociologie rurales, n°
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! KAMTO MAURICE, ProblÈmatique de la
conditionnalitÈ en droit international et dans les
relations internationales, in La conditionnalitÈ en droit
international, pp 10-11 ;
! KARSENTY Alain et E et Pousse et al, Audit Èconomique
et financier du secteur forestier au
Cameroun, rapport final, p.73, fÈvrier 2000 ;
! La protection des sols en droit comparÈ, Limoges 1993
;
! Le Rapporteur GÈnÈral pour la
ConfÈrence Extraordinaire des ministres en charge des
forÍts díAfrique Centrale, de líorganisation pour la
conservation de la faune sauvage díAfrique
(OCFSA) et de líassociation pour le dÈveloppement
de líinformation environnementale (ADIE),
CommuniquÈ final de la session extraordinaire de la
COMIFAC, YaoundÈ, le 29 Mai 2004 ;
! Les forÍts et l'environnement en droit comparÈ,
limoges avril 1983 ;
! ComitÈ international de DCE, Les forÍts et
l'environnement, PUF, 1984 ;
! MINEFI (Cameroun), Actualisation de l'audit de la
fiscalitÈ dÈcentralisÈe du secteur forestier
camerounais, Institutions et DÈveloppement, p.137,
novembre 2004 ;
! MINEFI (CAMEROUN)/DEFID, ...tude sur les modalitÈs
de la mise en oeuvre du fonds de
pÈrÈquation de la part de la RFA revenant aux
communes et communautÈs villageoises; rapport final 26 juin 2006 ;
! MINEFI (Cameroun), Volet additionnel de l'audit
Èconomique et financier du secteur forestier,
impact de la fiscalitÈ dÈcentralisÈe sur
le dÈveloppement local et les pratiques d'utilisation des ressources
forestiËres au Cameroun, Rapport final, novembre 2004 ;
! MinistËre de líEnvironnement, Conservation de
la Nature, Eaux et ForÍts, Rapport national
Forum des Nations Unis sur les forÍts, RÈpublique
DÈmocratique du Congo, 13 janvier 2004 ;
! R DRAGO association H Capitant, La protection du voisinage et
l'environnement, p. 459, 1979 ;
! L'...tat des forÍts dans le monde, Rome rapport Fao,
2005 ;
! Norbert YambaYamba Shuku, Rapport díappui
la revue Èconomique du secteur forestier, quelques
observations relatives aux interactions entre populations rurales
et concessions forestiËres en RDC, Banque mondiale, Novembre 200 ;
! Rapport Brundtland ' La terre : notre avenir tous ,
Commission Mondiale pour
líEnvironnement et le DÈveloppement ;
! Organisation Autochtones PygmÈes et accompagnant
les autochtones PygmÈes en RÈpublique
DÈmocratique du Congo, RequÍte adressÈe
au panel d'inspection de la Banque Mondiale, 30
octobre 2005, Kinshassa-RDC p 26.
! Pasca T M, L'emploi, in Revue internationale des fors et des
industries forestiËres vol.28n.14 ;
lire sur le site de la FAO ;
! Patrice BIGOMBE LOGO, Le retournement de
líÈtat forestier : líendroit et líenvers
des
processus de gestion forestiËre au Cameroun, Presses
de líUniversitÈ Catholique díAfrique
Centrale, p.332, YaoundÈ 2004.
! VANDERVORST Alain, Contenu et portÈe du concept
de conditionnalitÈ environnementale : vers un nouvel
instrument au service du droit et de la protection de
líenvironnement en Afrique ? UniversitÈ de Rouen 2OO3.
· MÈmoires
! BANA FranÁois Díassise, Droit
rÈgional de líenvironnement : líapport des
organisations internationales pour la protection de
líÈcosystËme forestier díAfrique Centrale,
mÈmoire Master
(M2) DICE, p.100, Limoges septembre 2005 ;
77
! BASSALANG Marie-Madeleine, La gestion des
ÈcosystËmes forestiers díAfrique centrale, MÈmoire
Master en Droit de líHomme et action humanitaire, UCAC 2005 ;
! Gaignier Armelle, Le rÙle des peuples
autochtones et des communautÈs locales dans le
dÈveloppement durable : figurants ou acteurs?
MÈmoire DEA Droit de l'Environnement et de
l'Urbanisme, p.165, Limoges 2001 ;
! MíBETE Roger Albert, La gestion participative des
aires protÈgÈes (faune et flore) en Afrique. Etude de cas : la
gestion participative du sanctuaire de gorille de LOSSI au Congo
Brazzaville,
MÈmoire en vue de líobtention du
DiplÙme díEtudes SpÈcialisÈ en gestion des
ressources animales et vÈgÈtales en milieux tropicaux,
UniversitÈ de LiËge 2003 ;
! NGANMINI Jean Marie, Le cadre institutionnel et
normatif de gestion des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique
centrale, MÈmoire Master DICE (M2), p.18, Limoges Ao°t 2005 ;
! Patrick Juvet LOWE GNINTEDEM, Les ONG et la protection de
líenvironnement en Afrique
Centrale, MÈmoire Master DICE (M2), UniversitÈ de
Limoges 2OO3.
· Textes internationaux
! CIJ, avis du 8 juillet 1996, sur la
licÈitÈ de la menace ou de líemploi díarmes
nuclÈaires. ConfirmÈ par líArrÍt du 25 09
1997, projet gabcikovo-nagymaros entre la Slovaquie et la Hongrie ;
! Convention de Lugano du 21 juin 1993 sur la
responsabilitÈ civile des dommages rÈsultants
díactivitÈs dangereuses pour líenvironnement
;
! Convention de Vienne sur le droit des traitÈs 1969 ;
! Convention sur le commerce international des espËces
sauvages menacÈes d'extinction ;
! Convention de New York sur les changements climatiques ;
! DÈclaration de Rio sur la biodiversitÈ, et sur
la dÈsertification ;
! DÈclaration de Johannesburg 2OO2 ;
! DÈclaration de Stockholm sur líenvironnement du
15 dÈcembre 1972 ;
! DÈclaration de YaoundÈ ;
! Loi franÁaise 83-645 du 13 juill. 1983 (2e partie,
chap. 1-6, ' L'Èquilibre du territoire ) ;
! Plan de convergence de gestion durable des ressources
naturelles dans le Bassin du Congo ;
! Statuts de la COMIFAC.
· LÈgislation du Cameroun
! Loi n°96/12 du 5 ao°t 1996 portant loi cadre
relative la gestion de l'environnement
! La politique forestiËre du Cameroun; document de
politique gÈnÈrale, YaoundÈ 30 juin 1993
! Code forestier du Cameroun ;
! Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant rÈgime des
forÍts, de la faune et de la pÍche ;
! Ordonnance n° 74/1; 74/2 ; 74/3 du 06 juillet
1974 et leurs dÈcrets d'application n°76/165 ;
76/166 ; 76/167 du 27 avril 1976.
! DÈcret 200/1577/PM du 23 fÈvrier 2005
fixant les modalitÈs de la rÈalisation des Ètudes
d'impacts environnementales ;
! DÈcret n°95/531/PM du 23 ao°t 1995 fixant les
modalitÈs d'application du rÈgime des forÍts ;
! DÈcret n° 95/466/PM du 20 juillet 1995 fixant les
modalitÈs d'application du rÈgime de la faune
! DÈcret n° 95/678 du 18 dÈcembre 1995,
fixant le cadre d'utilisation des terres en zone forestiËre
mÈridionale ;
! ArrÍtÈ n°0518/MINEF/CAB fixant les
modalitÈs d'attribution en prioritÈ aux
communautÈs
villageoises riveraines de toute forÍt susceptible
d'Ítre ÈrigÈe en forÍt communautaire
! ArrÍtÈ conjoint n°000122/MINEF/MINAT du
29 avril 1998 fixant les modalitÈs d'emploi des
revenus provenant de l'exploitation forestiËre et
destinÈes aux communautÈs villageoises riveraines ;
! ArrÍtÈ n°0069/MINEP du 08 mars 2005
Fixant les diffÈrentes catÈgories d'opÈrations dont
la
rÈalisation est soumise une Ètude d'impact
environnemental.
78
· LÈgislation RÈpublique
DÈmocratique du Congo
! Loi n°011/2002 du 29 ao°t 2002 portant code
forestier.
· Sites web
! www.forestsmonitor.org
! www.globalforestwatch.org
! www.cabemery.org
! WWW.diplomatie.gv.fr
! www.fao.org
!
http://www.congo-site.com/pub/fr/v4x/actualites/article.php?num=2725
!
http://www.izf.net/izf/Institutions/Integration/AfriqueCentrale/Historique.htm
! www.comifac.org
!
http://www.ecofac.org/Canopee/N18/N1811-ConservationAfriqueCentrale.htm
!
http://web.amnesty.org/library/Index/FRAIOR800052006.
79
Table des matiËres
Pages
RemerciementsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...ii
Liste des
abrÈviationsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖiii
RÈsumÈÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.v
SommaireÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...vi
Introduction
GÈnÈraleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.
..1
PremiËre partie: La participation au niveau
LocalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.7
Chapitre I : La gestion communautaire des
ressources
forestiËresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.9
Section I: Les droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.10
I- Le contenu des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ10
A- La conception Ètroite du
CamerounÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..10
1- La notion de communautÈ
riveraineÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..10
2- Líaffectation des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.....................10
B- La conception plus large de la
RDCÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ......................11
1- Les bÈnÈficiaires classiques
des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.....................11
2- Líextension des
bÈnÈficiaires des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...11
II- Les limites des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...12
A- Les limites liÈes
líespace forestier
considÈrÈÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.12
1- Les restrictions des droits d'usage
collectifsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..12
2- La nÈgation des droits coutumiers des
populations
PygmÈesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ13
B- Les limites liÈes
líÈtendue des droits
díusageÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ13
1- LimitÈs líauto
consommation au
CamerounÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...13
2- RDC : la commercialisation
conditionnÈeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.14
Section II : La gestion communautaire de la
faune et de la
floreÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..14
I- La foresterie
communautaireÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..14
A- Un instrument d'Èpanouissement des
communautÈs rurales
forestiËresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ15
1- L'originalitÈ de la foresterie
communautaireÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..15
2- Les modalitÈs d'exploitation des
espaces forestiers
communautairesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ16
B- Un instrument exposÈ de
multiples
blocagesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.16
1- Les entraves
socioculturellesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..17
2- Les blocages
juridiquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..18
II- La gestion communautaire de la
fauneÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.18
A- Les mÈcanismes de
participationÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...18
1- Les mÈcanismes
communautairesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..18
2- La participation
individuelleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..19
B- La participation locale : un vaste
amalgameÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.19
1- La loi sur la faune : une ple copie de la
loi
forestiËreÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.19
2- Le zonage : source de
conflitÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.20
Chapitre II : La fiscalitÈ
forestiËre
dÈcentralisÈeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.22
Section I : La redevance forestiËre
annuelleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..23
I- La rÈpartition de la redevance
forestiËre
annuelleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.23
A- Líassiette de la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..23
1- Au Cameroun une restriction de
faitÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..23
2- En
RDCÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..24
B- Les modalitÈs de rÈpartition
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.....24
1- La part des communautÈs riveraines au
CamerounÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ24
2- La rÈpartition en
RDCÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ25
II- Le rÙle controversÈ de la
redevance forestiËre
annuelleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...........25
A- LíopacitÈ des circuits de
gestion de la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..25
1- La sous information des populations sur la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...26
2- La tutelle encombrante de líEtat dans
la gestion de la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..26
B- Les dysfonctionnements de la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...27
1- Les rÈsultats
mitigÈsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...27
80
2- La remise en cause de
líÈquitÈ que sous-tend la
RFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.......28
Section II : Les rÈalisations
socio-Èconomiques
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..28
I- Le fondement juridique des
rÈalisations
socio-ÈconomiquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.28
A- L'assise lÈgale des
rÈalisations socio-Èconomiques au Cameroun
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...29
1- La taxe de 1000
FCFAÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...29
2- Le cahier des charges des concessions
forestiËresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.29
B- Le cahier des charges et rÈalisations
socio-Èconomiques en
RDCÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.......30
II- L'efficacitÈ problÈmatique
des rÈalisations
socio-ÈconomiquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..30
A- Des rÈalisations
inconsistantesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..30
1- Líinsuffisance
qualitativeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...31
2- Líinsuffisance
quantitativeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.31
B- Des investissements inadaptÈs aux
besoins des
populationsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.31
Conclusion Partielle premiËre
partieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..33
DeuxiËme partie : La participation au
niveau sous-rÈgional et global la gestion des ressources
naturelles dans le Bassin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ35
Chapitre I : CoopÈration
sous-rÈgionale : modalitÈ de gestion des ressources naturelles
dans le
basin du Congo
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..37
Section I : L'appareil institutionnel
sous-rÈgional de gestion des ressources
naturellesÖÖÖÖ...38
I- L'institution de coordination : la
COMIFACÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..38
A- Des organes ouverts la
participationÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...38
1- Le Sommet des chefs d'...tat et le conseil de
ministresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...38
2- Le secrÈtariat exÈcutif et les
foraÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...39
B- Les obstacles la participation
efficiente des pays de la sous
rÈgionÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...39
1- Les obstacles
institutionnelsÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...40
2- Les obstacles d'ordre
financierÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...40
II- Les institutions de mise en
úuvreÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.41
A- L' OCFSA et
l'OABÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...41
1- L'Organisation pour la Conservation de la
Faune Sauvage en
AfriqueÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.41
2- L' Organisation Africaine du
Bois.ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.41
B- La CEFDHAC et le
RAPACÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.42
1- La ConfÈrence sur les EcosystËmes
Forestiers Denses et Humides díAfrique Centrale
.ÖÖÖ.42
2- Le RÈseau des Aires
ProtÈgÈes díAfrique
CentraleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...42
Section II : Le plan de convergence
sous-rÈgionalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ43
I- Un plan de gestion
ambitieuxÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.44
A- La pertinence du plan de
convergenceÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..44
1- La nÈcessite díune action
sous-rÈgionale concertÈe
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.44
2- La diversitÈ des axes
stratÈgiquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..45
B- La flexibilitÈ du Plan de
ConvergenceÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..45
1- Líadaptation aux
spÈcificitÈs
nationalesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ45
2- La planification
triennaleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...46
II- La mise en úuvre du plan de
convergenceÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..46
A- La difficile mise en úuvre du plan de
convergenceÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..46
1- Les difficultÈs
financiËresÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..46
2- Líinefficience des relais
locauxÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ47
B- Les conditions díune mise en
úuvre efficace du plan de
convergenceÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.47
1- Une rÈelle volontÈ
politiqueÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...47
2- La mobilisation des financements
sous-rÈgionauxÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...48
Chapitre II : La participation des acteurs
internationaux la gestion des ressources naturelles du
Basin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..49
Section I : La sociÈtÈ des ...tats
et les ressources naturelles forestiËres du Bassin du
CongoÖÖÖ50
I- La participation
normativeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..50
A- Les normes
techniquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..50
1- La diversitÈ des normes
techniquesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ50
2- La portÈe juridique de la
normalisation
techniqueÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ51
81
B- La normalisation juridique
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...51
1- La dualitÈ de la normalisation
juridiqueÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ52
2- La spÈcificitÈ de cette
normalisationÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.52
II- La coopÈration
agissanteÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..53
A- Les conditionnalitÈs
environnementalesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...53
1- Le contenue de la conditionnalitÈ
environnementaleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ53
2- Líimpact de la conditionnalitÈ
environnementale dans le bassin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖ..54
B- Les programmes et projets de gestion
durableÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..54
1- Líapport de líUnion
EuropÈenne
ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..55
2- Líimplication universelle : le
PFBCÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..55
Section II : Les ONG internationales et la
gestion des ressources naturelles dans le Bassin du
CongoÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.56
I- Les modalitÈs de leur
participationÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.56
A- Líoffre de líinnovation
institutionnelleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.56
1- Líappui de la coopÈration
sous-rÈgionaleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..57
2- Le renforcement des institutions locales de
participationÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..57
B- Líaccompagnement des processus de
gestion
participativeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..58
1- Líappui de la gestion durable des
ressourcesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.....58
2- Le monitorage des processus de gestion
participativeÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...59
II- Les moyens díaction des ONG
internationalesÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.....59
A- Le plaidoyer
environnementalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...59
1- Le plaidoyer environnemental au niveau
nationalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.59
2- Le plaidoyer environnemental au niveau
internationalÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..60
B- Le dÈveloppement humain
durableÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...60
Conclusion partielle deuxiËme
partieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ.62
Conclusion
gÈnÈraleÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ..63
AnnexesÖÖÖ
Ö..ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...66
BibliographieÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ
.ÖÖÖÖÖÖÖ...76
Table des
matiËresÖ.ÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖÖ...80
82