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Cartographie participative et plan de zonage pour la conservation de la biodiversite: cas de la foret d'Ebo arrondissement de Yingui (littoral - Cameroun)


par Manual Venceslas PROSSIE
Université de Yaoundé I - Master en geomatique (Cartographie SIG et Télédétection appliqués à la gestion durable des territoires)  2021
  

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3.1.2 Cartographie participative de la communauté Ndotoun

Ndotoun est un village du Cameroun situé dans le département de Nkam, arrondissement de Yingui. Ndotoun a une superficie d'environ 1010 hectares. La Fig. 8 nous présente les usages de l'espace de Ndotoun. C'est une forêt dense humide dont la composition végétale sempervirente diffère suivant l'altitude. À l'Ouest, elle est située à basse altitude (0 à 300 m) et caractérisée par une série d'essence ; à l'Est-elle se trouve à moyenne altitude (300 - 500 m). Cette formation forestière, reconnue surtout pour sa richesse en biodiversité, procure des ressources forestières à une population locale très pauvre qui vit à proximité.

Les échanges à travers le corridor forestier s'établissent entre les populations de l'Ouest et les populations de l'Est grâce à l'existence des sentiers (Fig.8) qui traversent le corridor d'Ouest en est. L'enquête a été réalisée dans plusieurs villages du corridor forestier qui ont déjà fait l'objet de nombreuses recherches, et où la confiance instaurée permet d'assurer la fiabilité des données. Deux villages sont situés en lisière ouest du corridor.

Des enquêtes individuelles ont été menées auprès des villageois vivant dans ou à proximité de la forêt, en basant l'échantillonnage sur une typologie qui rend compte du fonctionnement spatial des exploitations et de la sensibilité des ménages aux mesures de conservation (Toillier et al., 2011). L'impact des mesures de conservation sur les stratégies de survie des familles est évalué selon la structure de l'exploitation et la taille de la famille, la distribution spatiale des parcelles et leur éloignement de la forêt, la répartition du travail et les sources de revenu. Leur statut conféré par leur activité se traduit par des intérêts, un pouvoir de décision et un niveau d'étude différents.

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Source : Données de terrain, INC

Figure 8 : Usages de l'espace à Ndotoun

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La cartographie participative que nous avons réalisée à Ndotoun nous montre que les activités de subsistance couvrent environ 30% de la tenure foncière coutumière du village. Entre autres, nous avons des zones de chasse, des champs, des sites de collecte des PFNL, des zones de pêche. Des infrastructures telles que la chefferie et l'Église catholique occupent également une partie du territoire de Ndotoun. Ndotoun est délimitée au nord-ouest par Ndokmem Nord, au sud-ouest par Beyamb, au sud par Londeng et à l'est par Mosse. Ndotoun a un potentiel hydrographique important avec les grands cours d'eau tels que Manguend, Nouye, Bolo, Hianga, Makongon, Soka et Mouandja. La chute sur la rivière Mouandja est une attraction touristique pour la communauté Ndotoun. La forêt d'Ebo limite Ndotoun au sud-ouest. Due à cette proximité, il y a une forte pression anthropique que le village de Ndotoun exerce sur la biodiversité de la forêt d'Ebo. La faune et la flore sont menacées en permanence par les activités de subsistance menées par la population de Ndokmem Nord.

Les séances de travail et de collecte de données avec les cartographes locaux ont permis d'identifier les habitats des primates à Ndotoun (Fig. 9). Cette première confrontation à la carte permet de franchir un pas supplémentaire dans l'appréhension de la perception de l'espace rural par les habitants. Plus généralement, cette confrontation permet d'encourager les habitants à faire le lien entre leur discours sur l'espace et le repérage cartographique. À ce stade, les habitants ont en même temps pu produire du discours sur leur propre subjectivité spatiale, et être confrontés aux subjectivités des autres enquêtés, tout en initiant une discussion de groupe sur la carte, ce qui les amenait à la carte collective produite en atelier. La co-construction d'une dernière carte, collective, portant spécifiquement sur cet espace. L'idée est ici de définir précisément les contours de ces villages, ce qui fait consensus et les points qui divergent.

Pour arriver à cette précision, nous partons à nouveau de la pratique en demandant aux enquêtés d'indiquer les contours « comme s'il devait le longer sans jamais y entrer ». Le résultat cartographique - réalisé a posteriori - permet de mesurer l'ampleur des différences de perception des différents villages.

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Source : Données de terrain, INC

Figure 9 : Habitat de primates à Ndotoun

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La faune que l'on retrouve est la même que celle retrouvée dans la forêt d'Ebo. Ceci est évidemment justifié par la proximité de la forêt d'Ebo. Les animaux migrent de la forêt d'Ebo vers la communauté pour se nourrir des produits agricoles (principalement dans les plantations de cacao et de bananes). La forte concentration de faune se trouve au sud du village, dans cette partie bordant la forêt d'Ebo. Mais aussi au nord du village et surtout loin des maisons de Ndotoun.

L'agriculture est très peu développée car, non seulement elle est le plus souvent destinée à la consommation locale, mais aussi il se pose un réel problème d'évacuation ses produits en cas de nécessité dû au manque d'infrastructures routières, et au mauvais état de la route existante. Les activités agricoles s'étalent presque sur toute l'année et sont pratiquées en majorité des populations. Les cultures pratiquées dans cette zone sont notamment :

- les cultures vivrières (le macabo, la banane plantain, le manioc, le concombre, le maïs...) qui se font dans le cadre des champs familiaux de taille modeste. Cette activité est généralement menée par toute la famille (père, mère et enfants) ;

- et les cultures de rente, dont la principale est la cacao culture l'on a remarqué que les plantations cacaoyères créées par les populations autochtones sont très souvent louées (contre rémunération) aux étrangers (Bamiléké, Bamoun, Haoussa) qui assurent leur production.

L'extension et/ou la création de nouvelles plantations s'effectue en période de saison sèche (Juillet à Août et Décembre à Février). Les superficies de forêt vierge défrichées dépendent de la capacité (main d'oeuvre) et des objectifs de chaque individu qui veut créer ou étendre sa plantation. L'abattage des arbres est fait au moyen de la machette, de la hache, de la tronçonneuse. Il faut signaler que la technique agricole couramment utilisée ici est la culture itinérante sur brûlis en fonction des saisons.

La chasse est essentiellement pratiquée par les hommes. Le matériel utilisé est fonction de la technique de chasse pratiquée. Le piège qui se fait souvent avec un fil de fer est la technique de chasse la plus répandue. Les différents types de pièges identifiés ici sont : le piège à collet, le piège à patte. L'usage du fusil et du câble en acier est généralisé. La chasse au fusil, pratiquée par de nombreux ménages, vise principalement la capture du gros gibier. On pratique également le ramassage dans le cas par exemple des tortues. De manière globale, la chasse est l'activité principale dans cette zone. Elle est pratiquée en temps plein.

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Tableau 2 : Primates identifiés à Ndotoun

Codé

Nom commun

Nom scientifique

Fréquence de contact visuel

Variation de la

population

Dernière observation

Période d'observation

Emplacement dans le village

Chassés ?

1d

Galago à griffes d'aiguilles du Nord

Euoticus pallidus talboti

Vu

fréquemment

Grandissant

10/10/2021

Nuit

Partout

Non

.3d

Milne

Edwardspotto

Perodicticus Edwards

Pas

fréquemment

Descendant

10/10/2020

Nuit

Partout

Oui

4c

Mangabey à tête rouge

Cercocebustorquatos

Pas

fréquemment

Descendant

03/09/2021

Jour

Sud

Oui,

excessivement

7c

Le singe de Preuss

Allochrocebuspreussipreussi

Vu

fréquemment

Grandissant

8/10//2021

Jour

Loin des ménages

Oui

9d

Singe couronné à ventre doré

Sous-espèce Cercopithecus pogonias

Vu

fréquemment

Grandissant

08/10/2021

Jour

Partout

Oui

12 c

Singe à croupion rouge

Cercopithecus nictitansludio

Vu

fréquemment

Grandissant

12/10/2021

Jour

Partout

Oui

16d

Chimpanzé

nigérian Cameroun

Pan troglodytes eliotti

Rare

Descendant

08/10/2021

Jour

Zones de haute altitude

Non

Source : Données de terrain, 2021

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Le tableau ci-dessus (tableau 2) est le résultat d'une identification participative avec la population de primates vivant à Ndotoun. Elle nous présente le statut des primates à Ndotoun. En conséquence, la chasse est une activité qui a un impact négatif sur la population de primates à Ndotoun. Néanmoins, les chimpanzés ne sont pas chassés à Ndotoun car la communauté est consciente de son statut d'espèce protégée.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault