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La contribution de la coopération décentralisée au processus du développement local au Tchad: le cas du jumelage entre les villes de Moundou (Tchad) et de Poitiers (France)


par Christian ALLANDIGUIM REOUMBAYE
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2013
  

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Paragraphe I : Décentralisation un concept nouveau

La décentralisation est un concept nouveau (A) au Tchad et surtout avec des origines étrangères (B) et quelques fois imputées à tort ou à raison aux colons.

A. La décentralisation : nouveau mode de gouvernance

Développé par la communauté des chercheurs depuis le début des années 1990, le concept de « gouvernance locale » repose, en opposition à celui de gouvernement, sur la multiplicité des acteurs, des rapports de pouvoir et des moyens engagés dans la résolution d'un problème touchant l'intérêt collectif. Ce mode de gouvernance se comprend à travers des innombrables actions entreprises par les populations pour l'amélioration de leur cadre de vie à la veille de l'adoption des lois sur la décentralisation. Il y a eu un déferlement des ONG et une multiplication des programmes et projets au rang desquels on peut citer PROADEL et PRODALKA qui sont les projets majeurs de proximité. Ces deux grands projets sont initiés pour lancer le développement depuis la base. Encore faut-il distinguer s'il s'agit d'un développement pour local ? Ou d'un développement local ?Tout ceci laisse dire que la décentralisation est une importation du modèle d'administration territoriale du nord vers le sud par les bailleurs de fonds avec pour argument principal le développement à travers la

bonne gouvernance et la démocratie. Si les politiques de municipalisation et de communalisation ont été mises en oeuvre bien avant la période des ajustements structurels y compris pendant la période coloniale, elles ont été le plus souvent été conçues par l'Etat central pour encadrer la société. La réforme des Etats pendant la première phase des ajustements structurels a perpétré cette logique : elle se limite à une déconcentration, les pouvoirs publics préservant la plupart des leurs prérogatives. Au cours de la deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des politiques de décentralisation complète en faisant pression sur les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maitriser au mieux les processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires des organisations locales.

Au nord, les acteurs locaux (institutions, secteurs prives et monde associatif) voient dans la décentralisation à l'échelle mondiale une opportunité formidable pour développer un nouveau modèle de coopération entre entités locales du nord et sud, et pour pallier ainsi les failles des Etats et des bailleurs internationaux en matière de développement.

B. Un processus né de l'inspiration coloniale

Selon Emmanuel MATTEUDI, il y avait à l'époque coloniale, des empires plus ou moins différents les uns des autres qui avaient des caractéristiques communes d'empêcher l'expression des populations locales et d'assurer un contrôle aussi efficace que possible des territoires occupés. Cette forme d'organisation s'est reproduite sur le modèle des gouvernements qu'a connu l'Afrique après les indépendances voire jusqu'à l'heure actuelle et a donné lieu à des régimes dictatoriaux et centralistes.

La colonisation a aussi eu un grand impact sur le mode d'administration du territoire actuel. En effet, les lois de la décentralisation mises en place et l'organisation territoriale qui en découle, dépendent des modèles imposés par la Grande Bretagne et la France qui ont continué d'entretenir des relations privilégiées avec les pays de leur ex empire.

Lors de son accession à l'indépendance et à la souveraineté, le Tchad a hérité de la puissance coloniale des structures politiques et administratives centralisées. Cette concentration des pouvoirs au centre a bloqué les énergies et les initiatives locales. Elle est l'une des causes du non-décollage économique du pays hormis les nombreux conflits internes et externes et a la mauvaise gouvernance.

De façon générale, en Afrique l'on identifie deux modèles de décentralisation correspondants à la France et a la Grande-Bretagne.

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Le modèle francophone, qui correspond à un transfert de pouvoir au profit d'institutions locales dont les capacités doivent être renforcées. Les collectivités territoriales se voient reconnaitre un certain nombre de responsabilités assurées jusqu'alors par l'Etat. Il s'agit d'un partage des affaires et des compétences entre le haut et le bas. Il se veut représentatif.

Le modèle Anglosaxon, il présente la décentralisation comme un processus graduel de transfert de pouvoir aux populations. Elle se rapproche à une démocratie participative.

Trois mouvements de décentralisation ressortent de ces modèles :

- Le modèle marqué par la décentralisation : il est développé en Afrique du nord ou la plupart des exécutifs locaux sont nommés par le gouvernement central, y compris dans la ville.

- Un modèle ou la décentralisation et déconcentration vont de pair : c'est en Afrique centrale et de l'Ouest francophone que l'on rencontre principalement ces modèles.

- Un modèle ou la déconcentration est en nette recule : celui -ci donne naissance à des

collectivités locales titulaires des missions dévolues jusqu'alors aux services
déconcentrés de l'Etat. C'est le cas en Afrique centrale et de l'Est.

En ce concerne le Tchad, le pays a hérité de la colonisation ses structures administratives et politiques. La décentralisation en place est calquée sur le modèle francophone. Elle concilie déconcentration et décentralisation. Le pouvoir central a transféré des compétences qui jusque-là étaient dévouées en créant des collectivités locales. A cote de ce cadre structurel existant, des élections locales ont été organisées pour exécuter les lois et règlements adoptés. Ces élections n'ont concerné que les communes, au niveau départemental et régional se préparent, après ces élections, le transfert des compétences verra son effectivité à tous les niveaux de division territoriale. Les premières tentatives de décentralisation ont toutes échoué pour des diverses raisons : manque de volonté politique, instabilité institutionnelle et politique, contraintes socioculturelles, etc. Parti d'une commune créée le 08 novembre 1919, Fort Lamy actuellement N'Djamena, le Tchad comptait déjà sept communes de moyen exercice lors de son accession à l'indépendance. L'ordonnance no 07/INT du 13 novembre 1960 a permis la création des communes urbaines et communes rurales comme étant des collectivités territoriale organisant démocratiquement un ensemble de villages d'une zone géographiquement déterminée .La loi no 15 du 22 mai 1962 consacre le plein exercice de ces collectivités locales. Les communes existantes furent supprimées en 1975 après le coup

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d'Etat militaire. Seule va subsister la commune de N'Djamena qui a été réorganisée par l'ordonnance no23/PR du 22 septembre 1975. Cette « mise en veille » des institutions municipales va durer jusqu'à la publication de l'ordonnance no17/INT/SE du 24 juillet 1985 portant l'organisation des communes de moyen exercice.

Le nouveau processus de décentralisation découle d'une résolution de la conférence nationale souveraine de 1993, au cours de laquelle se sont opposés les tenants d'un Etat fédéral et ceux d'un Etat unitaire centralisé. D'après les auteurs Hilke RODDER et Djatto DJONATA, en vue de concilier les deux thèses, les participants de cette rencontre constituée de toutes les couches de la société tchadienne ont pris une résolution pour la création d'un « Etat unitaire fortement décentralisé »42.

La décentralisation est donc une idée lancée depuis les années 1960, mais réactualisée lors de la conférence nationale souveraine (CNS) de 1993.

Paragraphe II : La décentralisation : pilier du développement local et de la coopération décentralisée

La décentralisation offre des espaces propices de synergie aux initiatives locales de développement (A) et à la pratique de la coopération décentralisée (B).

A. Territoire : espace de synergie entre la décentralisation, le développement local et la coopération décentralisée

Selon Christel ALVERGNE43, la mondialisation du système économique, les

bouleversements des modèles sociaux qui lui sont corollaires, la quête des nouveaux modes d'organisation et de gestion du territoire donnent un aspect particulier à la réflexion sur des territoires.

Dans cette mouvance de décentralisation, cette décentralisation apparait comme un nouveau mode d'organisation territoriale pour le fait qui a été déjà précédemment élucidé un peu plus haut. Les politiques classiques en aménagement du territoire, basées sur l'organisation administratives des territoires et sur des modèles centralisés et descendant de l'action publique se sont essoufflés (les dysfonctionnements territoriaux, la remise en cause de la centralité de l'Etat, la participation marginale des acteurs locaux dans les projets

42Hilker RODDER, Djatto DJONATA, Recueil de loi et règlement sur la décentralisation, N'Djamena, Cefod, 2008, P. 293.

43 Christel ALVERGNE, Le défis des territoires. Comment dépasser les disparités spatiales en Afrique de l'Ouest et du Centre ? , Paris, Karthala, 2008, p.27.

d'aménagement), il y a donc en effet eu nécessité que les Etats ne soient plus les seuls acteurs de l'aménagement du territoriale. Désormais, les collectivités territoriales décentralisées, de même que les autres acteurs économiques et sociaux, occupent un rôle et une place de plus en plus primordiale dans les programmes de développement. La décentralisation conduit donc par voie de conséquence à « un apprentissage de la démocratie locale, mais également a la définition des politiques de développement s'appuyant sur la proximité et la valorisation du territoire » d'après Christel ALVERGNE44, l'objectif visé par tout ceci étant le développement territoriale que l'on considère comme « une démarche de mobilisation des acteurs locaux pour l'élaboration et la mise en oeuvre d'un projet commun à un territoire donné en vue de le construire durablement » d'après A. Diop.

B. Décentralisation : cadre de développement local et de la pratique de la coopération décentralisée

Franck PETITEVILLE fait remarquer que « la décentralisation a accru l'autonomie des collectivités locales et la dynamique de l'extension de leurs activités hors des frontières nationales »45 par ceci il est dire que la coopération décentralisée découle des effets induits par la décentralisation, partout où elle a été développée, la coopération décentralisée a bénéficié d'un contexte déterminant de décentralisation territoriale, puisque les collectivités le font différemment de l'Etat.

De ce fait, la décentralisation constitue un cadre fondamental pour la coopération décentralisée. Cela semble évident, puisque les relations entre territoire à territoire jusqu'à l'événement de la coopération décentralisée restaient un domaine de prédilection de l'Etat central. Le Tchad par les textes46 juridiques adoptés s'est engagé définitivement dans le processus de décentralisation administrative et politique. Dans la plupart de cas, ces réformes ont visé une plus grande démocratie et un meilleur accès aux services publics pour les habitants. Elle constitue un changement majeur dans les relations entre citoyens et Etat et dans les pratiques d'exercice du pouvoir. Par ailleurs, les collectivités territoriales deviennent les animatrices principales du développement local avec pour rôle, entre autres, de fédérer les initiatives des acteurs locaux, publics et privés en faveur du développement des territoires concernés. L'apport de la décentralisation au processus du développement à l'échelle

44 Christel ALVERGNE, op cit, p. 32.

45 Franck PETITEVILLE, la coopération décentralisée: les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud, Paris, l'Harmattan, 1995

46 La constitution de 1993 et 1996.

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territoriale se révèle incontestable, le développement local est ainsi en même temps un objectif et une conséquence de la décentralisation. La décentralisation a conduit à la reconnaissance aux pouvoirs locaux, des prérogatives qui ont permis aux bailleurs et aux agents de développement de venir en aide des collectivités locales à des échelles multiples. On constate à ce niveau que les rapports entre décentralisation, coopération décentralisée et développement local sont liés de sorte qu'il est même difficile d'envisager l'un sans l'autre.

Par ailleurs, selon beaucoup de spécialistes, la décentralisation appelle à une démocratie de proximité, c'est un moyen d'expulser le développement qui est « une interpellation, il interpelle tous les acteurs de développement, au moins pour deux raisons. D'une part, il a pour ambition de démystifier les approches de développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir l'autopromotion des populations, de libérer les énergies populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et à la satisfaction des populations locales, et d'autre part, il vise une transformation profonde des sociétés locales », comme l'a bien souligné Joël DABIRE47.

Bien adapter les politiques publiques au plus près des besoins de la population est l'une des principales visions de la décentralisation. Par la même voie, c'est reconnaitre aux pouvoirs locaux la possibilité d'entreprendre les actions pour la résolution des problèmes existants et accorder aux bénéficiaires des actions l'occasion d'apporter leur participation en les impliquant dans les activités ou simplement en les consultant. La décentralisation favorise le développement local par la proximité des institutions qui permet aux populations de s'approprier le développement de leurs zones respectives. Elles participent alors activement à la mise en place des institutions et à la prise de décision à travers les élections locales. La décentralisation vise à assurer une plus grande démocratie à la base. Elle permet à l'Etat de renforcer sa légitimité auprès des populations. Par le biais du rapprochement entre le citoyen du politique et d'une échelle spatiale raisonnable et adaptée, la décentralisation favorise une approche territoriale du développement à partir d'une vision globale et intégrée des problèmes. Elle contribue à promouvoir l'emploi en suscitant les moyens pour la valorisation de la filière de production locale.

Au Tchad, une panoplie de textes sur la décentralisation permet de créer un cadre institutionnel pour l'organisation et la gestion du territoire. Au rang de ces textes, on peut citer à titre d'exemple, la loi organique du 16 février 2000 portant statuts des collectivités

47 Consultant en développement local (Burkina Faso)

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territoriales décentralisées au Tchad, donne compétence aux élus locaux d'assurer la sécurité publique, l'administration et l'aménagement du territoire, le développement socio-économique, culturel et scientifique, et la protection de l'environnement. Elle autorise de voter et de gérer leur budget tout en définissant les ressources dont les CTD disposent pour leur épanouissement. Il ressort un constat selon lequel la décentralisation est au service du développement endogène. Par ce même dispositif, la décentralisation offre un cadre idoine de coopération à l'échelle internationale, régionale, communale, et département, susceptible de promouvoir le développement local.

Face à l'échec du système classique des relations internationales inter-état, des nouvelles théories tendent à privilégier des nouvelles relations qui contournent les pouvoirs centraux, et pour ce fait, la décentralisation reste un cadre approprié de cette nouvelle forme de coopération internationale. En effet, l'action internationale est une compétence qui a été décentralisée de fait assez tôt, mais reconnue aux collectivités par les textes assez tardivement. La coopération des collectivités démarre après la seconde guerre mondiale, avec la mise en place de jumelage entre les villes françaises et leurs consoeurs allemandes.

- La décentralisation : une démarche soutenue par la coopération

La décentralisation revêt plusieurs enjeux, elle permet aux collectivités d'entreprendre des actions extérieures et de renforcer la démocratie tout ceci dans un cadre réglementaire dont dispose le Tchad.

- Le développement local : enjeu de la coopération décentralisée

De façon globale, la coopération internationale par ses actions inouïes joue un rôle très important dans le processus de décentralisation et leurs politiques de mise en oeuvre et pour cause, c'est d'elle qu'elle est partie. Selon Husson, les actions des collectivités du nord peuvent contribuer à construire la crédibilité des collectivités du sud en les aidant à se penser et se structurer. Les actions des collectivités territoriales, qui sont des collectivités publiques trouveront leur pleine raison d'être si elles sont construites en complémentarité avec les politiques nationales.

Ainsi, « Si la décentralisation permet aux collectivités d'entreprendre des actions extérieures, ces actions extérieures permettent aux collectivités et aux acteurs locaux d'exprimer la marge de liberté que leur accorde le pouvoir central. La décentralisation est ainsi mise en oeuvre par le moyen de la coopération menée de territoire à territoire. Cette

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coopération permet aux collectivités locales de manifester les prérogatives qui leur sont nouvellement ».48

Par ailleurs, d'après Emmanuel MATTEUDI, « la coopération internationale doit jouer à ce jour un rôle, c'est donc assurément sur ce point : celui d'accompagner le mouvement de territorialisation ou de reterritorialisation du développement et d'appuyer l'émergence de dynamiques économiques, sociales et politiques territoriales nouvelles, dans un contexte de mondialisation qui l'a jusqu'ici, trop souvent marginalisée, voire balayer. C'est à ce prix que les politiques de lutte contre la pauvreté pourront enfin bénéficier des leviers adéquats pour reculer de manière significative »49.Ainsi, la coopération internationale est déterminante dans l'effectivité du processus de décentralisation enclenché depuis bientôt près de deux décennies en Afrique. Elle donne à la décentralisation les moyens de son accomplissement à travers l'appui technique, financier, matériel, voire humain, apportés par les partenaires extérieurs que sont les collectivités décentralisées, l'organisation des sociétés civiles étrangères et les ONG. A même temps que ces actions contribuent à l'effectivité de la décentralisation grâce à la démocratie, elles facilitent également le développement de ces collectivités aux moyens des projets dont les partenaires étrangers pour la plupart sont jusque-là porteurs.

- Le développement local : enjeu de la coopération décentralisée

Le développement local est considéré comme le résultat de collaboration de plusieurs instruments et acteurs dans l'optique de répondre de façon efficace aux besoins des populations. De fait, la coopération décentralisée s'inscrit aussi dans la politique visant la construction de ressources spécifiques des acteurs locaux gage d'un développement local plus autonome. Les institutions publiques ont un rôle imminent à jouer dans ces différents processus. Seule la décentralisation dans un contexte de démocratisation peut faciliter la mise sur pied d'une telle politique ou à l'échelle même du territoire des actions peuvent être initiées par des acteurs locaux et soutenus par l'action extérieure des collectivités étrangères pour créer une transformation endogène. Selon Bah Karyom, « l'action internationale a longtemps été réservée aux Etats, et l'aide au développement aux oeuvres caritatives et l'Eglise, la coopération internationale est aujourd'hui défendue par les grandes instances internationales qui font la promotion du rôle des collectivités et de l'efficacité des projets

48 Bah Karyom MOURBE, « jumelage-coopération : apports et enjeux pour le développement de Moundou », Master II, Université de N'Gaoundéré, 2013, p.64.

49 Emmanuel MATTEUDI, les enjeux du développement local en Afrique ou comment repenser la lutte contre la pauvreté, Paris, l'Harmattan, 1996, p.97.

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décentralisés ».50 Au travers, donc de l'action extérieure des collectivités décentralisées européenne, celle du sud bénéficie d'un développement qui fait de la proximité, la préoccupation première des décideurs et des développeurs, pour penser des nouvelles formes de gouvernance et participation de la société civile, mais aussi, la promotion d'une économie centrée sur la valorisation des ressources et de savoir-faire locaux. Même si cette idée prônée principalement par Emmanuel MATTEUDI51 n'est pas du tout à fait traduite dans les faits, elle commence à porter des fruits.

- Un cadre règlementaire favorable au développement local

La loi fondamentale du Tchad du 31 mars 1996 définit la décentralisation dans son article 2 et son titre XII. Elle articule la nouvelle décentralisation autour de quatre collectivités territoriales dont le statut est définit par la loi organique no002/PR/2000 du février 2000 avec des nombreux principes fondamentaux.

En effet, l'article 202 de la loi suprême de l'Etat tchadien définit quatre (4) formes de collectivités territoriales décentralisées : les communautés rurales, les communes, les départements et les régions.

Selon l'article 203, ces collectivités territoriales sont dotées de la personnalité morale. La loi fondamentale garantie l'autonomie administrative, financière, patrimoniale et économique des collectivités territoriales décentralisées, ce qui de fait, offre des possibilités d'entreprenariat et des initiatives locales dans le sens du développement.

Par ailleurs, les ressources des collectivités territoriales décentralisées sont fondées par l'article 211. En effet, ces ressources sont constituées des impôts et taxes votés par les assemblées des collectivités territoriales décentralisées et perçus directement par elle ; de la part qui leur revient de droit sur le produit des impôts et taxes perçus au profit du budget de l'Etat ; des produits des dotations et les subventions attribuées par l'Etat ; du produit des emprunts contractés par les collectivités territoriales décentralisées, soit sur le marché intérieur, soit sur le marché extérieur après accord des autorités monétaires nationales, avec ou sans garantie de l'Etat ; les dons et legs ; les revenus de leur patrimoine ; le pourcentage sur le produit des ressources du sol et sous-sol exploitées sur leur territoire, permet ainsi des ressources locales son développement.

50 Bah Karyom, op. cit, p. 80.

51 Emmanuel MATTEUDI, op. cit , pp. 45-70

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La première partie de ce travail, plus particulièrement « la légitimation de la coopération décentralisée dans l'espace juridique tchadien » a été l'occasion de présenter notre zone d'étude et de montrer le cadre constitutionnel et réglementaire de la coopération décentralisée au Tchad.

Par ailleurs, quant à la deuxième partie qui est trop technique, elle va nous permettre de mieux voir l'apport du jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers au développement local à Moundou.

DEUXIEME PARTIE : LE JUMELAGE ENTRE LES VILLES DE
MOUNDOU ET POITIERS ET LE DEVELOPPEMENT DE LA
COMMUNE DE MOUNDOU

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Le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers est l'un des plus anciens du paysage de la coopération décentralisée au Tchad, nous tacherons d'étudier son apport durant les deux décennies au développement de la commune de Moundou.

CHAPITRE III : L'APPORT DU JUMELAGE AU DEVELOPPEMENT

DE LA COMMUNE DE MOUNDOU

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Le développement local renvoie aux capacités des acteurs locaux à mobiliser les ressources locales ou extérieures pour promouvoir le développement de leur terroir. Ce développement nécessite plusieurs synergies dont les partenaires étrangers ; ainsi, il serait important d'étudier l'apport de la coopération décentralisée à ce processus de développement de la commune de Moundou.

Section I : présentation du jumelage Moundou-Poitiers ; ses actions et réalisations dans la commune de Moundou

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry