UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF
YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU
CAMEROUN B.P. 1637 Yaoundé Tél: (237) 22 31 03 05 Fax:
(237) 22 31 89 99
E-mail:iric@uycdc.unicet.cm
|
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INTERNATIONAL RELATIONS INSTITUTE OF
CAMEROUN P.O. Box 1637 Yaoundé Phone : (237) 22 31 03 05 Fax :
(237) 22 31 89 99
E-mail:iric@uycdc.unicet.cm
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Master « Coopération internationale, Action
humanitaire et Développement durable
» Spécialité : Coopération internationale et
coopération décentralisée pour le
développement
La Contribution de la coopération
décentralisée au processus du
développement local au Tchad : le cas du jumelage
entre les
villes de Moundou (Tchad) et de Poitiers
(France)
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Project work:
Projet d'Assainissement et de Gestion de
l'Environnement dans la Ville de
Moundou
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Diplôme de Master en
Relations Internationales Option/ Coopération Internationale
et Coopération Décentralisée
au Développement
Par :
ALLANDIGUIM REOUMBAYE Christian
Matricule : 13J016E Sous la direction de :
Pr Pascal Charlemagne MESSANGA NYAMNDING
Maître de Conférences en Sciences Politiques
et en Droit Public des Universités Chef de Département
d'Intégration et de Coopération au Développement à
l'IRIC
|
Master blended mis en oeuvre en collaboration avec le
Centre International d'Etudes pour la Recherche
Didactique/ Département de Philosophie et Biens Culturels de
l'Université Cà Foscari de Venise (Italie)
|
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Année Académique 2013-2014
AVERTISSEMENT
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC)
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les mémoires. Celles-ci doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs.
DEDICACE
II
A mes parents:
? Mon cher père, GUEMDJE Léon
? Ma chère mère, KEIMBAYE Berthe
REMERCIEMENTS
III
Je voudrais du fond du coeur marquer ma reconnaissance et
adresser mes remerciements les plus sincères à tous ceux qui
d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin m'ont
apporté leur soutien. Il s'agit, entre autres, de :
V' Pr Pascal Charlemagne MESSANGA NYAMDING, Directeur de
mémoire pour sa disponibilité ainsi que son sens de
l'écoute et du partage qui m'ont permis de bénéficier d'un
encadrement sans faille ;
V' Mes remerciements aux enseignants et aux personnels
administratifs de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun,
l'Université Ca Foscari de Venise pour leur dévouement à
notre formation et aux membres du jury qui ont bien voulu consacrer leur
précieux temps à lire, à évaluer et à
apporter leur contribution à l'amélioration de ce travail ;
V' Tout le personnel de l'AAMP pour l'accueil chaleureux et
l'encadrement dont j'ai bénéficié, en particulier
DJIMASNGAR DJEBOLO et Théodore MBAISIRI respectivement président
de l'AAMP et responsable de la commission « Education-culture, jeunesse et
Sport » de l'AAMP ;
V' Tous les étudiants de la troisième promotion
Master « Coopération internationale, Action humanitaire et
Développement durable (CA2D) à l'IRIC ;
V' Les familles DOBIAN et DOKOUBOU, pour leur soutien
multiforme ;
V' Ma grande DENERAMBAYE GUEMDJE Marie-Laure dont le soutien
moral, matériel et financier a été déterminant dans
le cursus académique; GUEMDJE Patricia, GUEMDJE Armel et GUEMDJE
Gisèle, GUEMDJE Armand, GUEMDJE Arsène ;
V' Mes amis, cousins et compatriotes NGARGOUN Aristophane,
DOBIAN Carine, NADJILENGAR Lucien, DJIMODOUM Bertrand, KARNDIL Yagoua, DJIMASRA
Séverin, NENDEDJIYO Henri, NGARMARI Eric, AIBA PADOUM Aristide, HASSAN
Abakar Ahmat, MOUHAMAD Al-MOUKHTAR Abbo, MAHAMAT Al Hassan DOUTOUM, BEREBIA
Moise, MBAIHOROUM Eric, TOGOUM Benjamin, KOUMANTOLDE Casimir, SAWADOGO
Pascaline, MINGAMADJI Eveline et DJIM Black pour le soutien moral,
matériel et financier.
V' Mes aînés académiques TOGNAY Parfait,
ALNODJI Aimé et RIMINGAYE HOINATY Rodrigue, pour leurs conseils et
orientations.
RESUME
iv
Le Tchad s'est engagé sur la voie de la
décentralisation à travers la constitution issue de la
conférence nationale souveraine de 1993 et réaffirmer dans celle
de 1996. La mission inouïe dévolue à la
décentralisation consiste à la promotion des énergies et
les initiatives locales de développement a travers la proximité
de l'administration et l'implication des populations dans la gouvernance
locale. La coopération décentralisée et autres formes de
partenariats constituent les opportunités qu'offre la
décentralisation aux collectivités locales pour soutenir leur
développement. C'est dans cette disposition juridique et
réglementaire que la commune de Moundou a signé avec sa soeur de
Poitiers un protocole de jumelage en 1989 à Moundou. Une étude
évaluative du partenariat entre ces deux villes a permis de mettre en
relief l'apport de ce partenariat dans le développement de la ville de
Moundou. Les enquêtes effectuées sur le terrain ont permis de
réaliser combien de fois les actions du jumelage ont contribué
à améliorer substantiellement les besoins de base de la
population de Moundou, en effet il faut signaler que 50% des personnes
interrogées estiment que les actions du jumelage répondent
à leur besoin. Cependant, le jumelage entre les villes de Moundou et
Poitiers est confronté aux nombreuses difficultés dues à
la méconnaissance de cette pratique par la population, le poids
politiques, le déficit de communication, absence de cohérence, de
réciprocité et d'appui. La réponse à toutes ces
insuffisances permettra au jumelage d'être un véritable levier de
développement local.
Mots clés : Moundou, Poitiers,
Tchad, Coopération décentralisée, Jumelage,
Développement local, Contribution.
ABSTRACT
V
Chad got committed on the road of decentralization through a
constitution issue from the National Sovereign Conference of 1993 and
reasserted in that of 1996. The amaring mission awarded at the decentralization
constituted the promotion of energy and the local development initiatives
through the proximity of administration and the implication of the population
in the local governance. The decentralized cooperation and other forms of
partner constitute the opportunities which offers decentralization to the local
authorities to support development. Is in this legal and approval arrangement
that the council of Moundou with her sister of Poitiers signed an agreement of
paired running in 1989 at Moundou. The evaluative study of partner-ship between
their two towns permitted to put the contribution of these partners in the
development of the town of Moundou. The investigations carried out permitted to
realize how many times the action of paired running has contributed to improve
substantially on the basic needs of the population of Moundou. As a result of
this, we indicated 50% of persons interviewed appraised that the actions of
paired running is an answer to their needs. However, the paired running between
the towns of Moundou and Poitiers confronted a number of difficulties dw to
lack of knowledge of this practice or exercise by the population, political
weighs, communication deficit, absence of inconsistency, reciprocity and
support. The answer to all these insufficiency permitted the paired running to
be the read lever of local development.
Key words: Moundou, Poitiers,
Chad, Decentralized cooperation, paired running, local development,
Contribution.
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Figure
vi
Figure 1: Localisation de la zone d'étude 23
Figure 2: Précipitation mensuelle en mm à
Moundou 24
Figure 3: Temperature moyenne mensuelle en mm à Moundou
25
Figure 4: Evolution de la population de Moundou (1950-2009)
30
Figure 5: Evolution de la population de Moundou et tendance de
1964 - 2025 38
Figure 6: Structures de l'AAMP 67
Figure 7: nombre de PVVIH et de décès dus au
SIDA au Tchad 69
Figure 8 : diagramme mettant en relief le niveau d'implication
de la population au projet 84
Figure 8: Diagramme mettant en relief l'importance des projets
du jumelage 86
Figure 9: Diagramme mettant en relief les retombées du
jumelage 87
Tableau
Tableau 1: Situation alimentaire à Moundou entre 2007
et 2012 26
Tableau 2: Evolution de la production cotonnière au
Tchad de 2008-2012 28
Photos
Photo 1: Danseurs Ngambaye au festival SEM TA DOUA 32
Photo 2: vue montrant le blocage du drainage des eaux vers le
lac Taba 34
Photo 3: le feu maire de Moundou à Poitiers 65
Photo 4: plaque symbolisant le partenariat entre CHU de
Poitiers et HR 72
Photo 5: Professionnels de santé de HRM formés
par le CHU de Poitiers 75
Photo 6 : bibliothèque fruit du jumelage
Moundou-Poitiers 79
Photo 7 : Borne fontaine réalisée grâce au
jumelage 82
Photo 6: Borne fontaine défectueuse 95
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
VII
AAMP : Association des Amis de
Moundou-Poitiers
AMP : Association Moundou-Poitiers
AMAC : Association des Maires d'Afrique
Centrale
AIMF : Association Internationales des Maires
Francophones
ANCT : Association Nationale des Communes du
Tchad
BF : Borne Fontaine
CEFOD : Centre d'Etude et de Formation pour
le Développement
CFA : Communautés Financières
d'Afrique
CHU : Centre Hospitalier et Universitaire
COOPDEC : Coopération
décentralisée
CNDC : Conseil National pour le
Développement des Communes
DSRP : Document de la Stratégie pour
la Réduction de la Pauvreté
FAO : Food and Agriculture Organization
FMCU : Fédération Mondiale des
Cités Unies
HRM : Hôpital Régional de
Moundou
ID : Initiative Développement
INSSED : Institut National de la Statistique
des Etudes Economiques et
Démographiques
ITRAD : Institut Tchadien de Recherche pour
le Développement Agronomique
KM : Kilomètre
KM2 : Kilomètre
carré
MAE : Ministère des Affaires
Etrangère
MARPP : Méthodes Actives de Recherche
et de Planification Participative
VIII
MCT : Manufacture de Cigarette du Tchad
MM : Millimètre
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONASA : Office National de
Sécurité Alimentaire
ONU : Organisation des Nations Unies
ONDR : Office National de
Développement Rural
PADUR : Projet d'Appui au
Développement Urbain
PAR : Participatory Action Research
PDAU : Plan Directeur d'Aménagement et
d'Urbanisme
PDUT : Projet de Développement Urbain
du Tchad
PROADEL : Projet d'Appui au
Développement Local
PUR : Plan Urbain de
Référence
PSSA : Programme Spécial pour la
Sécurité Alimentaire
PNSA: Programme National de
Sécurité Alimentaire
PIP : Programme d'Investissement
Prioritaire
PVVIH : Personne Vivant avec le Virus de
l'Immunodéficience Humaine
RESACOOP : Réseau Rhône-Alpes
d'Appui à la Coopération
RGPH2 : Recensement General de la Population
et de l'Habitat 2
SIDA : Syndrome d'Immunodéficience
Acquise
STE : Société Tchadienne
d'Eau
SNE : Société Nationale
d'Electricité
SOTRADA : Société de Traitement
de Déchets et d'Assainissement
VIH : Virus de l'Immunodéficience
Humaine
SOMMAIRE
ix
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME iv
ABSTRACT v
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii
SOMMAIRE ix
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LA LEGITIMATION DE LA COOPERATION
DECENTRALISSE
DANS L'ESPACE JURIDIQUE TCHADIEN 20
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 21
Section I : Moundou ville aux nombreux atouts 22
Section II : Moundou, une ville limitée tant sur le plan
humain que physique 32
CHAPITRE II : CADRE INSTITUTIONNEL ET REGLEMENTAIRE DU
JUMELAGE
MOUNDOU-POITIERS 44
Section I : Cadre juridique et réglementaire de la
coopération décentralisée au Tchad 45
Section II : La décentralisation : un contexte favorable
aux pratiques de la coopération
décentralisée et à l'éclosion du
développement local 52 DEUXIEME PARTIE : LE JUMELAGE ENTRE LES VILLES
DE MOUNDOU ET
POITIERS ET LE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE DE MOUNDOU
62 CHAPITRE III : L'APPORT DU JUMELAGE AU DEVELOPPEMENT DE LA
COMMUNE DE MOUNDOU 63 Section I : présentation du
jumelage Moundou-Poitiers ; ses actions et réalisations dans la
commune de Moundou 64
Section II- L'évaluation de l'impact du jumelage sur le
développement 83
CHAPITRE 4 : LES LIMITES DU JUMELAGE MOUNDOU-POITIERS 89
Section I : un jumelage entravé par des nombreuses
difficultés 90
Section II: Les perspectives pour un jumelage plus fructueux
99
CONCLUSION GENERALE 105
BIBLIOGRAPHIE 109
ANNEXE 114
TABLE DES MATIERES 124
PROJECT WORK 1
INTRODUCTION GENERALE
1
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
Les échecs de la politique classique de
coopération entre les Etats et d'aide au développement ainsi que
la globalisation des échanges, ont permis dans les années 70
l'émergence de l'action extérieure des collectivités
locales. L'émergence de cette action extérieure des
collectivités comme l'estiment certains spécialistes de la
question, est intervenue dans un contexte où les logiques
traditionnelles de l'aide au développement sont remises en cause et au
début de la grande époque de mondialisation. L'émergence
de cette action extérieure est apparue comme rupture avec la
coopération classique et mode d'intervention en faveur du
développement et de la solidarité internationale, constitue un
phénomène particulier très intéressant pour
décrypter les relations internationales notamment les différents
acteurs, leurs rôles et vision dans la société
contemporaine.
En effet, le mouvement de décolonisation et les grandes
sécheresses des années 70 en Afrique Subsaharienne, ont permis
aux collectivités territoriales françaises d'élaborer une
nouvelle forme de coopération axée sur la solidarité et
l'éducation au développement. En élaborant ainsi cette
nouvelle forme de coopération, ces collectivités proposent une
deuxième solution pour aborder la question du développement dans
les pays du Sud. Elles profitent pour s'imposer en tant que nouveaux acteurs en
relations internationales avec ce que l'on appellera plus tard la diplomatie
des villes. Cette émergence de l'action extérieure des
collectivités locales redéfinit le paysage national et même
international en matière de relations entre les Etats dans la mesure
où elle est procède à l'aménagement de la
souveraineté des Etats et d'un point de vue plus large à la
problématique d'aide au développement.
En France, le terme juridique consacré et adopté
pour désigner cette nouvelle forme d'action internationale et vision de
l'aide au développement conduite par les collectivités
territoriales est « la coopération décentralisée
». Le bien-fondé de la coopération
décentralisée n'est plus à prouver dans la mesure
où elle soutient le développement des pays pauvres et consolide
la démocratie. La coopération décentralisée
accompagne avant tout le processus de décentralisation amorcée
dans les pays du sud à partir des années 901. Elle
1L'avènement du multipartisme au Tchad.
2
renforce la gouvernance locale où les différents
acteurs de la vie territoriale sont associés à la prise de
décision ou à la mise en oeuvre de politiques publiques,
territoriales et partenariale. La coopération
décentralisée avec sa vision promeut la démocratie locale,
participative et le développement territorial dans une dynamique de
partage d'expériences et de technologies. La coopération
décentralisée renforce également la proximité entre
les peuples à travers le jumelage- partenariat. Dans le paysage
français d'aujourd'hui, les collectivités sont
considérées comme des acteurs incontournables de la diplomatie
française. Avec leur vision basée sur la solidarité, le
partage, la réciprocité, les échanges et
l'éducation au développement, les collectivités
territoriales ont réussi à définir et à donner du
contenu à la problématique du développement en tenant
avant tout compte de l'amélioration des conditions de vie des
populations concernées par un partenariat ou une coopération
décentralisée. Elles redessinent le paysage politique en
clarifiant les rôles de différentes institutions publiques dans un
contexte de mondialisation, de démocratisation et de
décentralisation plus accru dans les pays en voie de
développement. La ville de Poitiers n'est pas restée en dehors de
ce vaste mouvement de diplomatie des villes et a travaillé pour
manifester son attachement à la solidarité internationale et au
développement des pays du Sud. C'est ainsi que dans un élan de
solidarité, elle a noué, entretenu et développé un
partenariat de jumelage avec la ville de Moundou le 06 janvier 1989.
II. CLARIFICATION DES CONCEPTS
Le sujet que nous traitons présentement convoque
quelques concepts dont la compréhension peut ne pas être forcement
celle couramment entendue ou que se représentait le lecteur. Aussi
est-il intéressant, avant toute littérature au fond a propos du
sujet ci-dessus évoquée, qu'un certain nombre de notions soient
clarifiées, question d'accorder les entendements sur leur usage et le
sens qui seront les leurs. Entre autres concepts utilisés au fil des
diverses pages du présent document, il est nécessaire, afin de
faciliter la compréhension et la lecture, de se familiariser aux termes
ci-après comme leur définition en est libellée. Car en
réalité, « le savant doit d'abord définir ce dont
il parle afin que l'on sache et qu'il sache de quoi il parle
»2.
2 Emile DURKHEIM, les règles de la
méthode sociologique, Paris, P.U.F, 1968.
3
A. Coopération décentralisée
Deux thèses s`affrontent dans cette tentative de
circonscrire la réalité de la coopération
décentralisée, à savoir la thèse anglo-saxonne et
la thèse francophone comme l`ont souligné Adda
BEKKOUCHE3 et Bertrand GALLET4(2010), deux
spécialistes de la coopération décentralisée.
? Thèse anglo-saxonne
Appelée aussi approche extensive, celle-ci pense que
les associations et des organisations de solidarité internationale
jouent un rôle central dans l`émergence des collectivités
et autorités territoriales de coopération. Ainsi, pour cette
conception, la coopération décentralisée comprend toute
action internationale mise en oeuvre par des acteurs infra-étatiques,
pas nécessairement territoriales. Tel est le cas de la
coopération entre universités ou ONG. Comme l`on peut s`en
apercevoir, cette approche met l`accent sur le secteur ou le domaine
d`activités et est défendue par les pays anglophones et l`Union
européenne.
? Thèse francophone
Qualifiée de restrictive, cette dernière accorde
la qualité et le statut d`agent de coopération
décentralisée uniquement aux collectivités et
autorités territoriales, car l`on considère qu`il s`agit de
relations décentralisées au sens étroite de l`expression.
Les acteurs de la coopération, dans ce cadre, sont les
collectivités décentralisées et leurs groupements. Ainsi,
toute collectivité ou institution publique, disposant d`une
assemblée élue au suffrage universel, peut mener les actions de
coopération décentralisée
En dépit de toutes les mutations que connait le monde ,
nous estimons que la coopération décentralisée peut
être définie comme la mise en commun des moyens humain, technique
et financier pour la réalisation des projets communs de part et d'autre
entre deux collectivités locales, ou des associations locales des deux
Etats différents, par ailleurs, elle est aussi un carrefour de brassage
de découverte des diverses cultures et des peuples.
3Adda BEKKOUCHE, Bertrand GALLET, La
coopération décentralisée : l'émergence des
collectivités et autorités Territoriales sur la scène
internationale, Annuaire Français de Relations Internationales,
2001 Volume II, p.383,
http://www.afri-ct.org/La-cooperation-decentralisee
consulté le 4 juin 2014 à 16h03mins. 4 Rapport de
projet, « la coopération décentralisée dans
l'espace francophone », document no 12, session de l'APF,
Abidjan (Cote d'Ivoire) 9-12 juillet 2013. pp. 2-3.
4
5
B-Contribution
La contribution est entendue comme une aide que chacun
apporte à une oeuvre commune5, c'est avoir recours au
service de quelqu'un. Il est donc dans notre travail de préciser dans le
cadre de notre travail de sortir toute l'étendue de l'aide que la
coopération décentralisée apporte au processus de
développement local au Tchad, plus précisément le cas du
jumelage Moundou-Poitiers dans la commune de Moundou.
C-Jumelage
Le jumelage représente un contrat moral entre deux
communes sans limite dans le temps qui recouvre un champ d'action
pluridisciplinaire et la participation directe des personnes ou de leurs
groupements aux échanges. Le jumelage est ouvert à toutes les
catégories de population et d'acteurs locaux et qui s'inscrit dans un
objectif politique précis .Ainsi, le jumelage est une relation
d'amitié durable entre deux communes, scellée entre les citoyens
en collaboration avec leurs autorités et les associations locales.
D-Développement local
Selon les auteurs Jacqueline MENGIN, Gérard MASSON,
« le développement local est comme un processus de
diversification et d'enrichissement des activités économiques et
sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la
coordination de ses ressources et de ses énergies
»6.
III. OBJECTIFS DE L'ETUDE
La coopération décentralisée est mise en
oeuvre dans le seul but de mener conjointement d'action entre une ou plusieurs
autorités locales de deux États dans un intérêt
commun. Elle vise comme objectifs la consolidation de ces collectivités
locales et le renforcement de leur capacité à répondre aux
aspirations de leurs populations, dans le respect des traditions et
spécificités de la société
bénéficiaire de l'appui.
Ce choix s'explique par le fait que la coopération
décentralisée constitue l'un des leviers pour
l'amélioration des conditions de vie des populations. C'est ainsi que la
politique territoriale du Tchad est pensée de manière à
laisser la possibilité aux collectivités locales de s'engager
dans les relations de jumelage. Malgré la présence abondante de
la littérature (ouvrages,
5 Le Petit Larousse illustré, 2000, Page
258.
6 Jacqueline MENGIN, Gérard MASSON, Guide
du développement local et du développement social, Paris,
l'Harmattan, 2012, p. 20.
rapports, articles...) sur la coopération
décentralisée en Afrique, la plupart ne s'intéresse pas au
cas du Tchad, ce qui laisse croire que le traitement actuel de ce sujet ouvrira
le débat y affairent. C'est au regard de toutes ces observations qu'est
né l'idée de cette étude sur : La contribution
de la coopération décentralisée au processus du
développement local au Tchad : le cas du jumelage entre les villes de
Moundou (Tchad) et Poitiers (France). Il parait des lors
intéressant de voir le cadre organique et les mécanismes
opérationnels de cette coopération mais également de
dresser son bilan entre 1993 et 2013 et présenter des perspectives. Au
terme de notre étude, il conviendra d'apporter notre contribution
susceptible de renforcer cette coopération. Dès lors quel est
l'intérêt d'une telle recherche ?
IV. INTERET DU SUJET
Par nature, la portée d'une oeuvre scientifique est de
contribuer à la compréhension du phénomène social
qu'elle s'est assigné la mission d'étudier.
Aussi, la présente analyse portant sur la contribution
de la coopération décentralisée dans le processus de
développement local dans la ville de Moundou présente-elle
plusieurs intérêts, tant du point de vue scientifique que social
et technique qui méritent ici d'être relevés.
Du point de vue de son intérêt, le thème
revêt un intérêt purement scientifique et pratique.
A. Intérêt scientifique
Sur le plan scientifique, ce thème permet de se rendre
compte de la diplomatie des collectivités locales et montre son
importance pour le processus de décentralisation dans les pays d'Afrique
subsaharienne. Dans le cas de notre étude, cette diplomatie des
collectivités locales revêt un enjeu de développement
économique, social et culturel pour la commune de Moundou. En plus, ce
travail est un apport important car peu de chercheurs se sont appesantis sur la
coopération décentralisée en Afrique centrale et donc sur
le Tchad. C'est pourquoi cette entreprise de recherche vient apporter une
contribution nouvelle sur la coopération décentralisée, de
ses avancées et de son stagnation au niveau national. Il permet aussi,
grâce aux outils théoriques et pratiques utilisés dans le
cadre de réalisation de ce travail de proposer des nouvelles pistes de
réflexions pouvant permettre aux élus locaux de capitaliser ce
jumelage d'une part et d'en assurer la pérennité des projets
réalisés.
B. Intérêt Pratique
Sur le plan pratique, il permet d'accroître les
capacités d'actions des structures accompagnant la mise en place de la
coopération à travers une professionnalisation de plus en
6
plus nécessaire et une relation entièrement
développé et entretenue entre territoires et pour leurs
différentes populations. Les services techniques, les comités de
jumelage ou les organisations de la société civile pourront
s'inspirer de cette étude pour être plus efficace sur le terrain
et affirmer le bien-fondé de leurs actions.
Celles-ci doivent viser avant tout l'amélioration des
conditions de vie des populations et favoriser la connaissance mutuelle des
deux peuples. Sur le plan technique, ce travail offre d'une part au
gouvernement tchadien et aux autorités locales des outils indispensable
leur permettant d'améliorer la pratique de coopération
décentralisée au Tchad, d'autre part de permettre aux bailleurs
de fonds, grâce aux propositions de réorienter leur
stratégie d'accompagnement et surtout aux populations
bénéficiaires de s'approprier les projets. La prise en compte des
recommandations énumérées dans ce travail pourrait
permettre à mettre sur pied des mécanismes de gestion
pérenne des retombées du jumelage.
C. Intérêt social
Ce travail présente un intérêt majeur pour
les populations cibles et bénéficiaires du
jumelage.il permet de proposer des
pistes permettant l'implication des populations bénéficiaires
directement dans la prise des décisions, de saisir les
opportunités qu'offre la coopération décentralisée,
les aider à s'approprier des retombés et de les
pérenniser.
V.DELIMITATION DU SUJET
La particularité des faits sociaux étant de se
donner à observer différemment selon que l'on se trouve à
un endroit déterminé, il convient par conséquent de fixer
les délimitations de la présente production scientifique.
1. Délimitation temporelle
Notre travail se situe dans la fourchette de temps allant de
1993 à 2013. En effet, le 15 janvier 1993 marque la tenue de la
conférence nationale souveraine au Tchad. Cette conférence marque
le point de départ d'une nouvelle constitution au Tchad. A la sortie de
la conférence, le caractère décentralisé et
laïc de l'Etat tchadien est réaffirmé et
proclamé7. En suite, 1993
7Constitution de la République du Tchad,
consultée le 26 octobre 2014 à 12h24mins. La
Conférence Nationale Souveraine, tenue à N'Djaména du 15
Janvier au 7 Avril 1993 et ayant réuni les partis politiques, les
associations de la société civile, les corps de l'État,
les autorités traditionnelles et religieuses, les représentants
du monde rural et les personnalités ressources, a proclamé
solennellement le caractère républicain et démocratique du
Tchad.
7
est l'année où il a été
crée l'AAMP à Moundou, chargée d'animer le jumelage
Moundou-Poitiers.
Par ailleurs, 2013 est le premier anniversaire du conseil
communal démocratiquement élu, car par le passé le maire
et le conseil communal sont nommés selon leur appartenance au parti au
pouvoir. Les élections communales se sont tenues pour la première
fois dans l'histoire du Tchad en 2012.
2. Délimitation spatiale
Notre espace d'étude est la ville de Moundou,
située au sud du Tchad, entre les latitudes, 8°30' et 8°40'
Nord et les longitudes, 16° et 16°10' Est. S'étendant sur plus
de 7 km2 du sud au nord, Moundou qui compte 24 quartiers
répartis en quatre arrondissements, est, en même temps, la ville
économique du Tchad et le chef-lieu du département de Lac Wey
ainsi que de la région du Logone occidental.
VI. REVUE DE LA LITTERATURE
Pour Olivier LAURENCE, Guy BEDARD, et Julie FERRON, la revue
de la littérature consiste à « identifier les acteurs,
les ouvrages et les articles scientifiques qui ont façonné la
connaissance dans la discipline donnée sur un sujet précis
»8 le but est de montrer en quoi, la littérature
sur un sujet soulève des questionnements.
L'élaboration d'une revue de la littérature
permet de faire l'état de la question traitée .Il s'agit d'un
tour d'horizon relatif au domaine de l'étude envisagée, de sorte
que l'on puisse situer celle -ci la question de coopération
décentralisée, compte tenu de son importance ne pouvait laisser
indifférent le monde de chercheurs. Certes, beaucoup ce sont
prononcés sur la question mais très peu ont donné des
mesures concrètes permettant une coopération
décentralisée profitable aux bénéficiaires
locaux.
Iris BOINVILLIERS voit en la coopération
décentralisée « la participation d'acteurs variés
des pouvoirs publics comme de la société civile à la
discussion des priorités et la mise en oeuvre d'actions de
développement, sur la base d'initiative émanant de ces
acteurs»9.
Dans la même logique, Mohammed ZAOUI souligne que «
le développement d'un espace déterminé ne peut se
faire d'une manière intégrée sans un environnement propice
et sans
8 Olivier LAURENCE, Guy BADARD, Julie FERRON,
l'élaboration d'une problématique de recherche, Paris,
l'Harmattan, 2005, p. 24.
9 Iris BOINVILLIERS, Coopération
décentralisée, Acteurs, Pratiques, Procédures, Paris,
GRET, 1996, p. 7.
8
9
l'effort de chacun »10. C'est dire
que certaines conditions doivent être nécessairement remplies et
la participation citoyenne doit être déterminante. L'implication
de la société civile peut aider à optimiser les
résultats ; car, quelle que soit la finesse des programmes menés
par les collectivités, ils ne peuvent accéder à toutes les
poches de la pauvreté, celles-ci ne pouvant être atteintes que par
la souplesse et par la proximité des associations.
Selon Alain LE SAUX, « La coopération
décentralisée est une aventure politique [...], car elle
procède de décisions prises par des élus de deux
collectivités désireux de travailler ensemble, de partager des
projets et des ambitions, d'oeuvrer conjointement à
l'amélioration de la vie quotidienne des
populations»11. De cette façon, le choix d'un
partenaire se fait sur la base d'un diagnostic croisé des deux
partenaires et d'un accord entre les deux collectivités, de principes
fondamentaux (valeurs partagées, même vision de la
coopération décentralisée, etc.) La coopération
décentralisée est basée sur une démarche
participative. Cette conception est partagée par Jean Cassius Sossou
BIADJA, Pour lui, « la coopération décentralisée
consiste à la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs
autorités locales de deux États dans un intérêt
commun. Elle vise comme objectifs, la consolidation de ces collectivités
locales, et le renforcement de ces capacités à répondre
aux aspirations de leurs populations, dans le respect des traditions et
spécificités de la société
bénéficiaire de l'appui. »12.
JAGLIN Sylvy soutient quant à elle que: «dans
les expertises internationales, la gestion urbaine n'est encore souvent qu'un
"prêt-à-penser" et une bannière idéologique de
politiques opérationnelles en quête de réconciliation avec
les réalités sociales urbaines des pays en développement.
Elle ne parvient ni à un modèle crédible d'administration
des cités, à la fois légitime et efficace, ni à une
prise en compte pertinente de la vitalité des sociétés
africaines, rebelles aux carcans normatifs à l'intégration
urbaine standardisée, à la promotion de citadins contribuables,
répertoriés et fiscalisés.»13
L'intérêt qu'elle donne à son étude sur la gestion
urbaine à Ouagadougou porte moins sur l'analyse des échecs
répétés de projets, que sur celles des dispositions qui
assurent, en dépit des carences de l'encadrement officiel, comme la
crise aiguë des finances publiques, le fonctionnement des cités.
Elle reconnait avec
10Mohammed ZAOUI, Orientation et fondation pour
optimiser la coopération décentralisée, Oujda 24,
no 98, mars 2014, p. 8.
11Alain LE SAUX, coopération
décentralisée et professionnels du développement
urbain, http//:www.cités-unies-france.org, consulté le
23/11/2014
12 Jean Cassius Sossou BIADJA, « la
législation coopérative au Benin: Etat des lieux et propositions
de reforme », mémoire de Maitrise, université nationale du
Benin, 1998.
13Sylvy JAGLIN, Gestion partagée à
Ouagadougou, pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala, 1995,
p. 57.
nombre d'auteurs qu'à travers la
décentralisation, les collectivités locales sont partiellement
investies d'une nouvelle responsabilité car étant animatrices du
développement, elles sont en effet supposées orchestrer des
dynamismes catalyseurs jusqu'alors occultés par des bureaucraties
technocratiques et centralisées.
Pour Jean Pierre ELONG14 souligne, que les villes
et la manière dont elles croissent en dehors de tout contrôle,
sont un aveu d'échec des politiques de développement et
d'aménagement du territoire énoncées. Dans cette logique,
l'auteur soutient que la communauté internationale n'est plus en mesure
de proposer des solutions globales comme cela se faisait dans les années
1970 pour canaliser la maîtrise de l'urbanisation. Laisser les villes
africaines évoluer en pilotage automatique comme c'est globalement le
cas actuellement dans la plupart des pays serait selon lui, courir le risque
d'avoir une Afrique ingouvernable à terme. Les politiques de
décentralisation se présentent dès lors comme le pilote
dans cet avion. Leur nécessité est encore plus évidente
quand on sait que la population urbaine se double chaque 18 an et qu'en 2020,
les villes africaines devraient accueillir une population semblable à
celle qui s'est installée en ville depuis les 50 dernières
années. Or, près de 60% des citadins vit dans des quartiers
urbains peu aménagés et sous équipés. Jean Michel
SEVERINO15 affirme que d'ici 2030, le monde comptera cinq milliards
d'urbains, soit 60% de la population totale. La majeure partie de cette
croissance urbaine se manifestera dans les pays en développement
à cause de la « désertification du milieu rural». En
l'espace d'une génération, le nombre d'habitants des villes
augmentera de plus d'un milliard en Asie et de 400 millions en Afrique. Son
inquiétude porte particulièrement sur les cités urbaines
débordées par l'exode rural où, selon lui, « les
gourbis l'emportent de plus en plus ; véritables bidonvilles voire
"bidon villages" sans voirie existante ou possible, celles-ci demeurent
ingérables sinon dans la dépendance étroite de
"l'ingérence humanitaire" selon le modèle de nos Etats eux
mêmes adonnés au sérum conditionnel des bailleurs
extérieurs. » L'auteur dénonce ici la fuite de
responsabilité de l'Etat qui semble jeter en pâture les communes
nouvellement créées en proie à une démographie
galopante, à une technologie exponentielle et à un monde
globalisant et en perpétuelle mutation vers des cités
démiurgiques.
14 Quelle gouvernance pour les villes d'Afrique
? in Bulletin Ville en développement, N° 67-68, Juin-Juillet,
2005, p 6-7
15 Décentralisation et développement
urbain, in Ville et développement, n°77, 2007
VII.
10
LA PROBLEMATIQUE
La problématique est la recherche ou l'identification
de ce qui pose problème .En d'autres termes, c'est la recherche d'une
difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est pas
encore trouvée. Selon BEAUD. M, elle est « l'ensemble construit
autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des
lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet »16 De
fait, la problématique de développement cause un énorme
souci, la coopération décentralisée semble être un
instrument supplémentaire pour apporter un début
d'amélioration des conditions de vie des populations de certaines zones
oubliées de la ville de Moundou. Moundou étant la deuxième
ville du Tchad après N'djamena, en termes de démographie, demande
plus d'effort dans le sens d'amélioration des besoins de base. Cela
étant :
Quel est l'apport réel du jumelage Moundou-Poitiers au
processus de développement de la ville de Moundou ?
Pour répondre à cette préoccupation, il
est indispensable d'étudier en profondeur les actions du jumelage
Moundou-Poitiers dans l'accompagnement du processus de développement de
la ville de Moundou. De cette question principale se greffent trois (03)
questions secondaires:
? Quel est le cadre institutionnel et réglementaire de
la coopération décentralisée entre les villes de Moundou
et Poitiers ?
? Quelle est l'incidence de ce jumelage dans les conditions
de vie de la population de Moundou ?
? Quelles sont les limites de cette coopération
décentralisée ?
VIII. LES HYPOTHESES
Selon GRAWITZ Madeleine, une hypothèse est «
une proposition de réponse à la question posée qui tend
à formuler une relation entre les faits significatifs
»17 Il s'agit en fait d'une réponse provisoire
à l'interrogation soulevée par la problématique et que
l'on doit soit confirmer, soit infirmer. De la sorte, l'hypothèse
constitue à la fois un potentiel résultat, et le point de
départ de toute vérification. Ainsi dans
l'hypothèse principale : nous pouvons affirmer que la
contribution du jumelage au processus de développement de la commune de
Moundou serait marquée par la mise en place d'instrument, de
stratégies et mécanismes
16 Michel BEAUD, L'Art de la thèse,
Paris, La Découverte, 1985, p. 31.
17 Madeleine GRAWITZ, op .cit, p. 382.
11
susceptibles de rendre plus efficace les actions entreprise
dans le cadre du jumelage. Cette contribution se matérialiserait par
l'appui au projet d'adduction potable, à la formation du personnel
soignant de centres hospitalier et centres de santé, aux
activités culturelles. De cette hypothèse principale
découle trois hypothèses secondaires :
? Hypothèse 1 : Plusieurs textes
nationaux et internationaux légitiment le jumelage entre les villes de
Moundou et Poitiers.
? Hypothèse 2 : Par une approche
participative d'échange et de renforcement de capacités, le
jumelage contribue significativement à l'amélioration des
conditions de vie de la population.
? Hypothese 3 : l'incohérence des
approches mises en oeuvre par les intervenants (communes de Moundou, Poitiers,
l'Etat tchadien et ONG internationales et nationales) explique le faible
rendement des actions de développement dans la commune de Moundou.
VIII. CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Il conviendra ici de préciser à la fois le choix du
cadre théorique, méthodologique et technique de collecte des
données.
A. Cadre théorique
La théorie peut être entendue comme une
boîte à outil, mise à la disposition de l'analyste,
grâce à laquelle il peut proposer une interprétation de la
réalité nationale ou internationale. Pour
DAIGNEAULT18, la théorie constitue une lentille conceptuelle
qui permet de simplifier le réel en distinguant ce qui est important de
ce qui ne l'est pas. L'étude des théories existantes nous apprend
à réfléchir et à ne pas prendre nos opinions pour
des vérités. Elle nous incite à prendre une distance
critique et à nous méfier des apparences et des impressions
subjectives. Le cadre théorique qui sous-tend notre étude est
celui du transnationalisme et du développement local participatif. Le
modèle de représentation transnationaliste s'est d'abord
imposé à nous par le sujet choisi. En étudiant les
stratégies déployées par des citoyens d'un Etat en dehors
de leur territoire national, encore dans les relations
transfrontalières, nous tombions directement dans le champ de la
théorie transnationale. Celle-ci voit en l'Etat un acteur parmi tant
d'autres des relations internationales. Il y a dans le transnational, la
transcendance, le dépassement et le
18 Pierre-Marc DAIGNEAUL, Les approches
théoriques en évaluation, Cahiers de la performance et
de l'évaluation. Printemps, N°4, 2011, p.12.
12
contournement de l'Etat; mais aussi une centralité ou
une prééminence de l'étatique qui en est le facteur
régulateur et le cadre de déploiement à
priori.
1. La théorie du transnationalisme
La théorie transnationaliste est née dans le but
de dépasser « l'égoïsme des intérêts
nationaux par l'intégration de ces intérêts dans une
société internationale inédite »19.
En effet le transnationalisme regroupa quatre écoles distinctes mais
unies par le même souci de se différencier du réalisme. Il
s'agit du fonctionnalisme, l'école de l'interdépendance complexe,
l'école de l'impérialisme, et surtout l'école du
mondialisme, puisque c'est cette dernière qui est davantage
explorée dans cette étude. L'école du mondialisme
constitua la plus fondamentale remise en cause du réalisme. INIS L.
Claude ouvrit la voie en 1962 en publiant Power and International
relations, une dénonciation véhémente de la politique
de puissance20. C'est à sa suite que John BURTON21
formalisa sa théorie de la « société-monde »
destinée à briser le monopole étatique. L'auteur posa
comme principe que l'Etat ne pouvait plus être considéré
comme l'acteur unique, ou seulement essentiel de la vie internationale. Une
pluralité d'acteurs aux statuts très divers, allant des
organisations aux firmes multinationales, des organisations non
gouvernementales aux mouvements de libération nationale entretient des
liens multiples qui ne peuvent pas être envisagés à travers
l'unique critère défini en termes de puissance. L'idée
centrale de John BURTON réside dans la représentation de
multiples liens transnationaux sous forme d' « une toile d'araignée
», où chaque acteur est uni à tous les autres par un
enchevêtrement d'interactions très diverses. Celle-ci permettrait
de mieux saisir la multitude des transactions échappant aux
rigidités des frontières physiques. De même, son recours
aux instruments de la systémique donne la possibilité de diviser
la « société-monde » prise dans son ensemble, en
petites unités analysables. Les transactions héritées des
"issued systems" permettent également de s'intéresser aux
interactions multiples qui constituent la « toile d'araignée
». La société-monde de John BURTON nous a paru
intéressante dans la mesure où, l'échange devient le
paramètre central de l'analyse et vise à satisfaire les "besoins
fondamentaux" qui ne sont plus représentés par l'Etat, mais par
les individus. La publication française en 1987 de la «
société des individus » de Norbert ELIAS a
réhabilité dans une grande mesure cette «
société-monde » trop marquée par le climat
intellectuel des années 1960 et 1970. Repensant les rapports entre les
individus et la société, la démarche de Norbert
19 Jean-Jacques ROCHE, Théories des
relations internationales, Paris, l'Harmattan, 2001.
20 Claude INIS, Power and International relations,
New-York, Random House, 1962.
21 John BURTON, world society, Londre, Oxford
University Press, 1972.
13
ELIAS repose sur le postulat selon lequel, « plus large
est l'environnement social, plus nombreuses sont les possibilités
d'individualisation offertes à l'homme. Le monde que l'auteur
décrit n'est pas sans ressemblance avec la « toile
d'araignée » de BURTON. En prenant l'exemple du filet pour
illustrer son propos, Norbert ELIAS affirme : « un filet est fait de
multiples fils reliés entre eux. Toutefois ni l'ensemble de ce
réseau, ni la forme qu'y prend chacun des différents fils ne
s'expliquent à partir d'un seul de ces fils, ni de tous les
différents fils en eux-mêmes ; ils s'expliquent uniquement par
leur association ; leur relation entre eux. Cette relation crée un champ
de forces dont l'ordre se communique à chacun des fils, et se communique
de façon plus ou moins différente selon la position et la
fonction de chaque fil dans l'ensemble du filet. La forme de chaque fil se
modifie lorsque se modifient la tension et la structure de l'ensemble du
réseau. Et pourtant ce filet n'est rien d'autre que la réunion de
différents fils ; et en même temps chaque fil forme à
l'intérieur de ce tout une unité en soi, il y occupe une place
particulière et prend une forme spécifique ». 22
Les relations de dépendance réciproque entre les
individus et la société se retrouvent à l'échelle
planétaire dans l'interdépendance des Etats qui, rapportée
à l'échelle des individus, suscite le sentiment d'appartenance
à une humanité globale. Téléphones, radios,
charters, et tous les réseaux d'interdépendance entre les Etats
ont abouti à ce que « les mailles du filet se sont
resserrées à vue d'oeil au cours du XXème
siècle »23.
2. La théorie du développement local
participatif
Le concept de développement local est apparu dans un
contexte où la vision centralisée de l'Etat était
critiquée par certains acteurs locaux. Ces deniers considéraient
que le développement d'un territoire devait prendre en compte les
besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d'autonomie est
alors revendiquée vis-à-vis des centres
décisionnels, politiques ou économiques. Le
développement local se rapporte ainsi à des actions
partenariales entre des acteurs intéressés à
l'amélioration des conditions de vie dans leur environnement
immédiat. C'est vers la fin des années 50 que prend forme la
théorie du développement endogène, par les chercheurs John
FRIEDMAN et Walter STÖHR. Une approche volontariste, qui conçoit le
développement comme une démarche partant du bas,
privilégiant les ressources endogènes. Elle fait appel aux
traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la
prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des
22 Norbert ELIAS, La société des
individus, Paris, Fayard, 1991. 23Ibid, p. 216.
14
15
modalités coopératives (KOLOSY, 1997).L'approche
participative du développement local insiste sur l'importance de la
participation et de la responsabilisation des populations dans toutes les
actions de développement. Le concept participation est à
l'origine des préoccupations actuelles de la prise en compte du
`'local".Depuis la fin des années soixante, selon Mohammed Sidi SECK et
Patrick AQUINO24, la conception de démarches participatives a
connu un développement important. Même si l'idée n'est en
soi pas nouvelle, elle a acquis un droit international de cité ces
dernières, dans toutes les institutions internationales du
développement, affirme LARAREV (1993) cité par Mohammed Sidi
SECK. Dépassant le sens strict des approches participatives stricto
sensu PAR (participatory Action Research), PRA (participatory rural appraisal),
MARPP (méthodes actives de recherche et de planification participative),
ce concept est maintenant à la base de la plupart des méthodes et
des outils mis au point ces dernières décennies pour l'appui au
développement (recherche-développement, développement
local, gestion des ressources naturelles...) qu'ils s'en réclament
explicitement ou pas. D'abord, simples méthodes de recueil des
informations auprès des locaux, les premières expériences
participatives ont progressivement intégré une participation de
plus en plus active des acteurs locaux, dans des méthodes toujours plus
formalisées de diagnostic participatif, pour la construction de la
concertation avec les populations rurales. L'approche participative a
rapidement dépassé le diagnostic pour s'instituer en
méthode de concertation pour l'intervention, jusqu'à aboutir
à des outils de planification locale de développement. (Mohammed
Sidi SECK et Patrick AQUINO, 2001).
Mohammed BAJEDDI25, suivant la même
idée soutient que l'approche participative, est une approche de
concertation, d'ajustement continu et de compromis contractuels qui accompagne
une action de développement rural depuis la gestation de l'idée
de base, et qui entre dans les moeurs des populations bien au-delà d'une
première tentative. C'est une succession de pratiques dictées par
des impératifs temporels spécifiques et définies à
travers un vécu réels sur le terrain. Quant à TREMBLAY,
cité par Adeline CHERIF26, il estime que l'approche
participative du développement local repose sur une démarche
volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire à taille
humaine pour envisager l'avenir de leur territoire. Cela en
24 Mohammed Sidi SECK, Patrick AQUINO, et si
les approches participatives étaient inadaptées à la
gestion décentralisée, Géocarrefour, vol 763,
2001.
25 Mohammed BAJEDDI, La décentralisation
et la mise en oeuvre de la stratégie participative de
développement rural au Maroc en 2002, Géocarrefour, vol 783,
2002.
26 Adeline CHERIFF, Pour en savoir plus sur la
vie municipale,
http://www.bougenais.fr,
consulté le 23/11/2014 à 13h12min.
perspective avec d'autres niveaux d'administration et d'autres
échelons politiques de la Nation. C'est une vision du local dans le
global, qui voit le territoire comme un système de relation avec
d'autres systèmes et d'autres acteurs. Pour cet auteur, les acteurs
oeuvrent à l'amélioration des conditions de vie de leurs
populations, ce qui passe, notamment par le développement des
activités de production, de la santé, de l'éducation et
l'approfondissement de la démocratie et la gouvernance locale. Du point
de vue juridique, l'ONU, dans son article 1 de la déclaration sur le
droit au développement de l'assemblée générale du 4
Décembre 1986, stipule que « Le droit au développement
est un droit inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne
humaine et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer
à un développement économique, social, culturel et
politique dans lequel tous les droits de l'homme et toutes les libertés
fondamentales puissent être pleinement réalisés et
bénéficier de ce développement ». Et selon la
Banque Mondiale « le développement participatif est à la
fois une fin et un moyen de développement »27. En
avançant l'idée que le développement participatif est une
fin, elle entend se référer à une sorte d'objectif
idéal selon lequel le développement durable résulterait de
l'action responsable de citoyens politiquement mûrs et qui agiraient
à travers d'institutions électives, d'associations ou
d'organismes, dans le cadre d'une société démocratique et
libre. Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un processus
continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer sans cesse
la capacité des communautés à s'autogérer. La
seconde idée est celle du développement participatif conçu
comme un moyen de développement. Cette idée est beaucoup plus
familière car c'est sous cette forme qu'elle est apparue, il y a deux
décennies, dans les politiques de développement. Cependant cette
idée contiendrait une nouveauté: celle d'en replacer les
approches dans le contexte d'une responsabilisation politique des
communautés concernées, alors que précédemment, la
responsabilisation politique ne concernait que la gestion d'une activité
et n'avait donc qu'un sens opérationnel (Adeline CHERIFF). Malgré
ses avancées considérables, la démarche participative
soulève plusieurs critiques. La première interrogation,
posée par Mohammed Sidi SECK et Patrick AQUINO, est dans le
caractère participatif, sur le terrain, des démarches
développées. La méthode " participative" telle
qu'employée sur le terrain se traduit trop souvent à des simples
dialogues "participatifs", échanges ritualisés où les
acteurs locaux ne font que valider, au mieux alimenter, les analyses et les
choix faits par les agents extérieurs. En réalité, une
grande partie de ces problèmes est due à l'ambiguïté
constitutive du
27 Banque mondiale, Dans quels cas les projets de
développement participatif donnent-ils des résultats ?,
http://www.banquemondiale.org,
consulté le 23/11/2014 à 13h36min.
16
concept de la "participation". Par définition, celui-ci
spécifie la présence obligatoire et centrale d'une intervention
exogène, à laquelle participent les acteurs locaux, cette
situation est peu adaptée à l'émergence d'une dynamique
endogène de décision et de planification. L'autonomie des acteurs
locaux est en fait loin d'être totale, que ce soit dans la formulation
des problèmes, dans le choix des priorités ou dans la prise de
décisions. La participation est par essence différente de
l'autonomie : c'est toujours la formule d'un agent extérieur qui fait
participer aux diagnostics et aux politiques les acteurs locaux. Par ailleurs
comme solution à ce problème, un nouveau principe participatif
est soutenu par Mohammed Sidi SECK et Patrick AQUINO, le principe
d'endogénéité. Ce principe consiste à transformer
l'acteur local en décideur local dont la règle est que
l'accompagnement technique ne fixe aucun objectif préalable à sa
démarche d'appui, si ce n'est d'être disponible pour une dynamique
endogène de prise de décision concertée sur le territoire.
Ici ce sont les acteurs locaux qui fixent ce qu'ils considèrent comme
une priorité dans cette nouvelle prise ou reprise de pouvoir sur leur
espace et leurs ressources que la démarche leur propose. La seconde
règle est que la planification territoriale est avant tout une oeuvre
politique et non technique, ce qui implique que devant l'incertitude de
l'avenir, la responsabilité de choix, avant tout, politiques et
éthiques doit être laissée aux décideurs politiques
légitimes, selon le principe d'une démocratie
représentative, et aux populations, selon une démocratie
participative. La grande réussite de ces évolutions est dans la
reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant,
c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance
entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat,
basé sur une reconnaissance des savoirs, perceptions et de la
légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique
réellement endogène pourra se pérenniser et se
démultiplier à une échelle raisonnable sans appui
extérieur lourd et permanent. Ceci vise à l'installation d'un
processus local et collectif de prise de décision. Elle permet aux
populations d'installer en amont un cadre stratégique de
développement local plus axé sur leurs propres aspirations.
Nous avons retenu cette approche du fait que notre travail se
situe dans une perspective de développement local. Elle nous permettra
d'expliquer le processus par lequel le jumelage Moundou-Poitiers permet
d'améliorer les conditions de vie de la population de la commune de
Moundou.
17
B. Cadre méthodologique et techniques de
recherche
1. Méthodologie
Epistémologiquement, une connaissance n'est
scientifique que si elle est rationnelle, méthodique et pertinente. La
méthodologie est au coeur de toute production scientifique. Reprenant
Madeleine GRAWITZ, la « méthode est constituée de
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie»28
Dans le cadre de ce travail, nous allons aborder quelques
méthodes, notamment l'approche historique, descriptive et
évaluative. La méthode historique nous permettra de
montrer la base de la naissance du Jumelage Moundou-Poitiers, la
méthode descriptive quant à elle permettra de faire la
description de son domaine d'intervention ou de ses actions et la
méthode évaluative est une « approche
»qui peut également être qualifiée de «
propositionnelle », permettra, en se basant sur les
réalités empiriques, de formuler quelques propositions quant
à un modèle de politique de coopération
décentralisée plus adapté au Tchad.
2. Techniques de recherche
Cette étude fait référence à un
ensemble d'outils qui se situent à trois niveaux. Il s'agit de
l'enquête documentaire, des entretiens et des interviews.
Au premier niveau, l'enquête documentaire est une
étude qui se matérialise par un travail de collecte des
informations préalablement disponibles sur le sujet. Pour Pierre N'DA,
c'est une technique qui consiste « à rechercher et à
découvrir des informations là où elles se trouvent,
à disposer des documents, à les dépouiller et à en
user »29C'est une étape du travail de recherche qui
consiste à trouver des sources afin de s'informer sur un sujet, de
répondre à une question ou de réaliser un travail. Elle a
consisté tout au long de notre recherche à nous documenter sur la
pratique de la coopération décentralisée en
général et sa contribution au développement local
politique en particulier. Nous nous sommes servi à cet effet des
ouvrages généraux, des revues et surtout des documents techniques
qui abordent notre thème d'étude (cf. bibliographie). Elle s'est
déroulée à :
28 Madeleine GRAWITZ, op.cit, p.
378.
29 Pierre N'DA, Méthodologie et guide
pratique du mémoire de recherché et de la thèse de
doctorat, Paris, l'Harmattan, 2007, p. 95.
18
> Yaoundé, dans les bibliothèques de l'IRIC
où nous avons consulté les ouvrages sur les relations
internationales et la bibliothèque de l'ex Centre Culturel
Français aujourd'hui Institut Français du Cameroun où nous
nous sommes inspiré des documents traitant de la politique agricole et
environnementale ;
> Moundou, à la bibliothèque de «
Moundou ville citoyenne », aux archives de la Mairie, au bureau de l'AAMP,
et au domicile familial du feu Maire de Moundou (DOKOUBOU Joseph) où
nous avons consulté les ouvrages, articles et revues traitant de la
coopération décentralisée, le développement local,
nous avons aussi eu accès au protocole d'accord du jumelage et aux
images photographiques ;
> N'Djaména au Tchad, à la
bibliothèque du Centre d'Etude et de Formation pour le
Développement (CEFOD), où nous avons
complété nos recherche en consultant les ouvrages, articles et
revues traitant de l'agriculture tchadienne et des pesticides.
Au deuxième niveau, nous avons l'entretien qui est une
technique de collecte d'information.
Pour Madeleine GRAWITZ, « il s'agit d'un
tête-à-tête et d'un rapport oral entre deux personnes, dont
l'une transmet à l'autre les informations »30. Nous
avons eu des entretiens avec des personnes ressources de la coopération
décentralisée. Il s'agit entre autres :
> Chef de service de coordination nationale des ONG au
Ministère de l'administration du territoire et de la
sécurité publique ;
> Au chargé de relations internationales et de la
communication à la mairie de Moundou ; > Au président de
l'Association des Amis de « Moundou-Poitiers » ;
> Au responsable de la commission « Education-culture,
Jeunesse et Sport » de l'AAMP.
Au troisième et dernier niveau, nous avons
utilisé l'interview qui selon GRAWITZ« revêt un aspect
journalistique, souvent spectaculaire, alors que l'entretien conserve un
caractère confidentiel et sérieux
»31L'interview nous a permis d'entrer en contact avec les
intervenants et la population pour enquêter sur la manière dont
ces derniers rendent opérationnel le partenariat, l'élaboration
des projets et la pérennisation des actions du jumelage Ce qui nous a
permis de nous rendre compte des limites de cette pratique.
30 Madeleine GRAWITZ, op.cit, p.643.
31 Madeleine GRAWITZ, op.cit, p.647.
19
Cependant, comme toute étude scientifique ne peut se
faire sans difficultés, nous n'en avons pas été
épargné car l'insuffisance des centres de documentations relatifs
au thème choisi a rendu quelque peu difficile la recherche. A cela
s'ajoute l'éloignement de notre champ de recherche qui n'était
pas de nature à faciliter la recherche sachant qu'elle a
nécessité la mobilisation des moyens financiers pour faire une
descente sur le terrain.
IX. PLAN D'ÉTUDE
Le présent travail se subdivise en deux parties dont
chacune comporte deux chapitres. La première partie portera sur la
légitimation de la coopération décentralisée dans
l'espace juridique tchadien. Il sera question dans un premier chapitre de
présenter la zone d'étude. Au deuxième chapitre, nous
parlerons du cadre institutionnel et réglementaire de la
coopération décentralisée au Tchad.
La deuxième partie mettra en exergue le jumelage
Moundou-Poitiers et le processus du développement de la commune de
Moundou. Nous évoquerons au titre du troisième chapitre, le
jumelage Moundou-Poitiers et son apport au développement de la commune
de Moundou. Enfin, le quatrième chapitre consistera à ressortir
les limites du jumelage Moundou Poitiers et de proposer quelques pistes de
solutions.
PREMIERE PARTIE : LA LEGITIMATION DE LA
COOPERATION
DECENTRALISSE DANS L'ESPACE JURIDIQUE
TCHADIEN
20
La première partie de ce travail est consacrée
à l'aspect géographique et au cadre juridico-institutionnel de la
coopération décentralisée au Tchad. Tout au long de deux
chapitres nous mettrons l'accent sur les dimensions géographiques de la
ville de Moundou et aussi le cadre réglementaire et institutionnel de la
coopération décentralisée au Tchad.
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
21
22
23
La ville de Moundou dans sa marche vers le progrès a connu
beaucoup de mutations que ce soit au plan humain, physique et naturel qui ont
impacté sur son développement.
Section I : Moundou ville aux nombreux atouts
La ville de Moundou présente des nombreuses
potentialités (naturelles et humaines) pouvant contribuer à
l'essor économique et être une véritable transformation de
cadre de vie local et même avoir une influence considérable de la
croissance de l'économie nationale vu sa fonction capitale
économique et ville industrielle du Tchad.
Paragraphe I : Un milieu naturel aux nombreuses
opportunités
La situation géographique de la ville de Moundou
constitue un atout facilitateur pour l'impulsion de la communication et des
échanges entre les villes du Tchad, mais aussi avec l'extérieure
plus de cette position stratégique (A), la région est
dotée d'un climat et des sols propices aux activités
agro-pastorales le positionnant comme un grand bassin de production. Bref un
milieu naturel riche (B)
A-Position stratégique
La ville de Moundou est situé sur un grand axe routier
distant de 500km de la capitale, N'Djamena, elle est reliée à la
capitale centrafricaine Bangui sur un tronçon de 500km et 100km la
sépare de l'embouchure du chemin de fer du Cameroun sur le plateau de
l'Adamaoua soit environ 1500km du port autonome de Douala. Moundou tient sa
position de capitale économique « portière de la zone
méridionale » du pays et son tissu industriel dominant sur
l'armature nationale faisant d'elle un pôle d'échange par
excellence et son Aéroport International favorisant son contact avec
l'extérieur. Chef-lieu du département du Lac Way, la ville de
Moundou émet une forte attraction malgré la présence des
pôles urbains riverains qui montre l'ampleur d'influence de cette ville
comme capitale régionale. La ville de Moundou est située dans une
région polycentrique avec un rayonnement important. Le
développement de Moundou est base sur les pôles d'appui dit aussi
villes satellites. Logée en plein coeur du pays Ngambaye, Moundou fait
l'objet des nombreux enjeux, car elle regorge une panoplie de «
trésors » pour son « rayonnement », zone
arachidière, bassin pétrolier, capitale cotonnière, etc.
Tous ces facteurs justifient la présence variée d'entreprises
nationales et multinationales et d'autres acteurs de la société
civile. La commune de Moundou est située au sud du Tchad, entre les
latitudes, 8°30' et 8°40' Nord et les longitudes, 16° et
16°10' Est. Eloignée de plus de 400 km de la capitale, Moundou est
limitée
au nord par la sous-préfecture de Déli, à
l'ouest par la sous-préfecture de Bah et le lac Wey, à l'est par
le lac Taaba et au sud par la sous préfecture de Mbaïkoro.
S'étendant sur plus de 7 km du sud au nord, Moundou qui compte 24
quartiers répartis en sept arrondissements, est, en même temps, la
ville économique du Tchad et le chef-lieu du département de Lac
Wey ainsi que de la région du Logone occidental. « Simple
village de cultivateurs et de pêcheurs avant 1914, sous le nom de
Yérokol» ; « Moundou est créée le 08
novembre 1923 par le sergent RUSSEL »32 après
l'installation de son poste de commandement qui a fini par être
érigé cinquante cinq (55) années après, en commune
de moyen exercice par l'arrêté n° 769/INT/ADG du 20
novembre1958. Trois années plus tard, Moundou est érigé en
commune de plein exercice par le Décret N°115/INT.-ADG. DU 19 JUIN
1961 érigeant les communes de moyen exercice d'Abéché,
Bongor, Doba, Fort-Archambault, Koumra, Moundou et Pala, en communes de plein
exercice.
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude
Source : Djimasra Séverin
32Djérambété ALL-YOM, Magloire
MADJI, Gestion du foncier dans la commune de Moundou : Etat des lieux,
Ndjamena, CEFOD, 2012, pp. 2-3.
24
B- Un milieu naturel riche
La ville de Moundou est située en zone soudano -
guinéenne avec des précipitations annuelles allant de 1200 mm
à 900 mm avec quelques irrégularités. La saison de pluies,
dure 6 à 7 mois, de mai à novembre et la saison sèche dure
5 à 6 mois, de novembre à avril. Le climat qui règne sur
Moundou est celui du genre tropical semi humide.
Figure 2: Précipitation mensuelle en mm à
Moundou
Source : PUR
Les variations climatiques sont coordonnées par les
déplacements, au cours de l'année, de deux masses d'air : l'air
continental du Nord-est qui donne naissance à l'harmattan et l'air
humide du Sud-ouest, dont l'avancée détermine la saison des
pluies, c'est la mousson. La température moyenne annuelle dans cette
région est de 27o, comprise entre 10o et
31o.
25
Figure 3: Temperature moyenne mensuelle en mm à
Moundou
.
Source: PUR 2010
Le phenomene atmosphérique sur le territoire qui
déjà beneficie d'une localisation strategique donnant lieu
à des échanges variés est en plus salutaires aux
activités agropastorales.Bien qu'enclavée parce que batie sur une
cuvette plane en bordure du logone entre le lac Taba au Nord-Est, le lac Wey
à l'Ouest et le fleuve logone au Sud qui communique entre les deux lacs,
la pédologie de Moundou prédisposée à une gamme
variée des produits des cultures et pratiques agricoles (maraichages,
jacheres, arboriculture...).
Les facteurs climatiques,hydrologiques et pédologiques
sont propices à l'agriculture et ont permis la production de gamme
variée des produits ceréaliers et des tubercules stabilisant
ainsi la situation alimentaire dans la région.
Paragraphe II : Un bassin au rendement agricole
abondant
Située dans une zone climatique assez clémente avec
des précipitations pluviométriques abondantes, la ville de
Moundou constitue un bassin de production agricole (A) très important
dans la partie méridionale du pays, les principales cultures
vivrières (B) servent aussi au commerce et d'autres activités
économiques.
A. un bassin de production agricole
De facon generale, la région du logone occidentale
selon le découpage administratif compte 563 villages, 433 dans le
departement de lac Wey dont 20 cantons et 7 sous - préfectures pour une
population de 331 496 habitants et 689 044 habitants pour la région
avec
26
près de 99% pourcent de sedentaire. Cette région
occupe une zone d'environ 8000km2, si l'on considère le
découpage administratif pour une maximale d'environ
100ha/km2. En ajouts aux conditions démographiques et
naturelles tres clement,cette région est dotée d'une
énorme ferme agricole sur l'axe allant vers N'Djamena à Deli.
Cette ferme bénéficie de l'expérience de l'ONDR, de
l'ITRAD, l'ONASA, du FAO et des nombreuses autres structures installées
dans la commune de Moundou avec pour vision de faire de l'agriculture le pilier
du développement en garantissant la sécurite alimentaire. Ainsi,
les agriculteurs de cette région bénéficient d'un appui
technique et materiel en termes de crédit pour fonds de fonctionnement
ou de subvention quant aux intrants et ventes des récoltes. Ceci a une
incidence évidente sur la production agricole. Les rapports fournis par
l'ONDR ces dernières années sur les différentes campagnes
agricoles laissent apparaitre une situation alimentaire calme bien qu'il y a eu
flambée des prix des denrees alimentaires et déficience de la
situation pluviométrique. Nul cas de famine n'a été
mentionné au sein de la RDRCS dont fait partie Moundou.
Tableau 1: Situation alimentaire à Moundou entre
2007 et 2012
Année
|
Production
céréalière en tonne
|
Nombre d'habitants
|
Besoin de la population
|
Bilan céréalier
|
2012
|
57 867
|
300 369
|
59 332
|
-1464
|
2007
|
21 329
|
266 933
|
40 846
|
30 983
|
Source : rapports ONDR 2007 et 2012
Sur ce tableau nous remarquons que la situation de production
céréalière est croissante de 2007 à 2012 ainsi le
nombre d'habitant et le besoin de la population.
B. principales cultures vivrières
Les principales cultures vivrières destinées
à la commercialisation sont le sésame et l'arachide. Ces cultures
constituent l'essentiel de l'investissement des populations villageoises, le
haricot, le riz et le manioc ne sont pas exclus. Il faut également noter
que l'extraction de l'huile d'arachide et du sésame prend de l'ampleur
grâce à l'industrie « Al Douria33 » et
entrainant ainsi la reconversion des nombreux producteurs de coton. La
production animale enregistrée auprès des Agro-éleveurs,
puis que la population étant par
33 Industrie locale d'extraction de l'huile
d'arachide
27
extrapolation essentiellement agricole, avait des traits
positifs et ceci à la même période aout 2012. Les
estimations des espèces sont en progression pour les bovins 15%, ovins
5%, caprins 22% et volailles 7%, seul chez les porcins ou on a
enregistré une variation négative de 31%34.
Toutes ces potentialités du milieu physique justifient
l'accroissement de la population et sont à l' origine des conflits
fonciers.
- Un cadre économique et urbain
favorable
La ville de Moundou a été érigée en
capital économique du Tchad après l'accession à la
souveraineté internationale, ce qui lui a permis de
bénéficier d'un léger investissement dans le secteur
économique et urbain.
- Un tissu économique dynamique mais
restreint
Moundou demeure la plus grande ville industrielle du Tchad,
elle compte un germe assez restreint mais dynamique d'unité
industrielle, ce sont des unités essentiellement agricoles.
? La filière coton
La société cotonnière (COTONTCHAD SN) est
l'acteur principal de la filière et partenaire des producteurs de coton.
A sa naissance en 1930, elle était sous le label de
société cotonnière franco-belge (Coton CO). En 1960, la
France devient le propriétaire unique de la société, elle
prend alors l'étiquette de société cotonnière
française. La date du 07 juin 2012 marque la dissolution
véritable de la cotontchad suite à la décision du pouvoir
centrale de restructurer la société, la cotonnière du
Tchad Société Nouvelle (COTONTCHAD SN) a donc été
créée le 18 janvier 2012, elle est dite de droit prive tchadien
au capital de 5,01 milliards de francs CFA. De 1997 à 2010, la
production a chuté de 263 000 t à 35 000 t, cette filière
fait vivre 1/3 de la population tchadienne soit 4 millions d'âmes et est
le second pourvoir d'emplois après l'Etat. Elle embauche plus de 2 500
âmes, sa zone de production s'étend d'environ 750km2 de
long sur 250km2 de large au sud du pays.
34 Source: rapport 2013 de l'ONDR
28
Tableau 2: Evolution de la production cotonnière
au Tchad de 2008-2012
Années
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Surface (ha)
|
44 487
|
2054
|
29303
|
30883
|
50143
|
Production (t)
|
33779
|
7499
|
19088
|
15609
|
254 993
|
Rendements (Kg / ha)
|
759
|
374
|
651
|
505
|
507
|
Source : différents rapports de l'ONDR de 2008
à 2012.
A travers ce tableau nous remarquons que la production
cotonnière au 2008 à 2012 est croissante malgré la chute
du prix de ce dernier sur le marché mondial.
? La filière Tabac
La manufacture des cigarettes du Tchad (MCT) est la principale
usine de fabrication et commercialisation des cigarettes fondée le 9 mai
1968. Elle emploie 160 habitants dont 80 à Moundou. La MCT est l'une des
principales filiales du Groupe Imperial Tobacco, elle est l'usine la plus
grande d'Afrique centrale avec une production annuelle d'un milliard cinq cent
millions d'unités (1 500 000 000d'unité).
? La filière Sésame
Moundou abrite une usine d'exploitation de sésame
dénommée « Sésame Tchad », c'est une jeune
filière née sur les cendres de « Gomme Tchad », exporte
ses produits vers Londres, Paris et Bombay. En 2012, la société a
produit 6 000 t de sésames, elle emploie 600 habitants environ.
? La filière pétrole
Dans le secteur pétrolier, une usine de traitement des
boues hydrocarbures, solides d'une capacité de 10 080 t et une usine de
recyclage des eaux usées d'une capacité de 116 640 t sont en
train d'être montées à Moundou. La société
est appelée SOTRADA (Société de Traitement de
Déchets et d'Assainissement). Elle est dotée d'une usine
complète de recyclage des eaux usées d'une capacité
respective de 1440 t/an et 8640 t/an pour les deux incinérateurs
arrimés aux normes européennes et asiatiques. La SOTRADA est le
fruit de la filiale BOCOM internationale du Cameroun et la
société des hydrocarbures du Tchad. Ce projet est l'expression de
la capacité de Moundou à s'ouvrir à une coopération
sud-sud.
29
? Le secteur bancaire en pleine
expansion
Le secteur bancaire du Tchad est constitué de huit (08)
banques dont Moundou abrite toutes les agences, ces banques sont les suivantes
: Banque agricole et commerciale du Chari, Banque commercial du Chari, Ecobank
Tchad, Banque sahélo saharienne pour l'investissement et le commerce,
Commercial bank Tchad, Financial bank Tchad, Société
générale de banque et United bank for Africa Tchad. A cote ces
filières, l'on constate une panoplie d'entreprises opérant dans
le domaine des BTP (ENCOBA, SETUBA, SOLVET etc.). Avec une part importante dans
le développement socio-économique de la cite moundoulaise.
? Une population jeune et
cosmopolite
La population du Tchad en général et celle de
Moundou en particulier est caractérisée par sa jeunesse selon les
résultats du recensement général de l'habitat et de la
population.
Une population jeune et dynamique
Les données du RGPH2 publiées en 2009 par
l'INSSED permettent d'avoir une idée sur le profil démographique
de la population tchadienne en général, du département de
lac Wey donc de Moundou en particulier.
D'après les résultats de ce recensement, le
Tchad en 2008 avait 11.039.873 habitants dont plus de la moitié
était formée de femmes avec un pourcentage de 50.6% et taux de
croissance moyenne de 3.6% pour une densité de 8.6 habitants au
Km2. La population effectivement dénombrée
était de 10.941.682 habitants avec un taux d'accroissement de la
population nomade de 0.3%. Il faut tout de même souligner que 50% de
cette population était âgée de moins de 15 ans et 68% de
plus 25 ans.
On remarque donc que la population tchadienne est fortement
jeune et dominée par les femmes, on compte 98 hommes pour 100 femmes.
Cette population de 1993 à 2009 a pratiquement doublé de
densité qui est passée respectivement de 4.9 à 8.6
habitants au Km2. Cette croissance se justifie par la
stabilité relative (il y a eu des troubles en 2006, 2007, et 2008) que
le pays est en train de retrouver depuis près d'une décennie. Il
y a lieu de prendre en compte les multiples efforts consentis pour faciliter
l'accès à l'eau potable, à la sante et à
l'éducation des populations. Durant la période de 1993 à
2009 le pays n'a pas connu de famine à l'instar de celles des
années 1970 ou 80.
30
La population de Moundou quant à elle est
dénombrée à 150 115 habitants en 2009. Elle se
caractérise par un pourcentage élevé de la population
masculine soit 75 817 hommes contre 74 298 femmes. Ceci s'explique par le fait
qu'une bonne partie de la population est constituée des jeunes gens
venus des régions périphériques à la quête
d'un emploi. Le taux de chômage y est de 15% avec 45% des actifs si l'on
considère les actifs comme les domestiques, les commerçants
ambulants et occasionnels, les pousseurs, les cireurs, les menuisiers, les
maçons occasionnels, les chauffeurs des véhicules et
moto-taxis.
Figure 4: Evolution de la population de Moundou
(1950-2009)
Source : INSEED
L'évolution de la population de Moundou tel que
représentée sur l'histogramme de la figure no 5, est très
accélérée. En 60 ans la population s'est multipliée
par huit. Entre 1975 et 1993 malgré les troubles politiques, la
population a doublé parce que Moundou était en ce temps
relativement calme. La sécheresse au Nord a également
contribué à une forte migration vers le Sud, ce qui peut
expliquer d'ailleurs la présence des autres communautés comme les
Gouran, les Zaghawa et les Ouaddaien etc à Moundou.
Par ailleurs, Moundou en tant que chef-lieu de région
représente le troisième poids démographique national et
renferme la plus forte densité du pays évaluée à
100 habitants au Km2 pour une densité brute de 97 habitants
par hectare. Cette densité s'explique par le fait que la population est
essentiellement sédentaire. C'est un atout pour la production agricole
vu que la région est un bassin de production, ceci est pareillement
avantageux.
31
? Une diversité de richesses
culturelles
L'appellation « Moundou » qui veut dire « botte
de paille » en Ngambaye renferme en soi une richesse culturelle immense.
L'on peut déjà constater le peuple Ngambaye est autochtone de
cette ville, même si beaucoup de langues laissent croire que les Baguirmi
seraient les premiers occupant du site de la commune. On dénombre au
total une soixantaine d'ethnies au sein de cette collectivité. La
commune de renferme un creuset de populations. Une partie est venue du sud du
pays, on peut citer les Sara, les Mbay, les Kaba et les Gore etc. une autre
partie est venue du nord du pays, on peut citer les peuples tels que les
Baguirmi, les Ouaddaiens, le Bornou, les Arabes, les Gouranes etc, il y'a aussi
un nombre important de ressortissants nigérians. Bien que cette
diversité soit à l'origine des conflits identaires, elle
revête tout de même une
hétérogénéité culturelle socle du
développement et des échanges culturels. Plusieurs manifestations
culturelles permettent de connaitre les potentialités culturelles du
peuple Ngambaye autochtone de la région et celle des autres qui
cohabitent avec elle.
Du point de vue de l'éducation, il existe une pratique
initiatique appelée « Laou » ou tous les garçons de 18
ans y vont pour recevoir une éducation traditionnelle qui prépare
à devenir « homme » et à être apte à
diriger son foyer. En ce qui concerne la danse, on dénombre un certain
nombre de festival servant de cadre d'expression.
Nous avons le festival d'art et de la culture Ngambaye
dénommé « NDO NAIN LE NGAMBAYE DJE » dont la
première édition s'est tenue en décembre 2012 a
réuni les Ngambaye du Tchad et de la diaspora, cette rencontre
culturelle contribue à renforcer le tourisme régional au travers
les expositions d'oeuvres d'art et du savoir-faire local.
L'autre festival majeur qui subsiste encore de nos jours est le
festival « SEM TA DOUA »
La deuxième édition du festival culturel «
SEM TA DOUA » est l'initiative de l'association « Tchad
héritage », la deuxième édition s'était tenue
aux abords de BEAC de Moundou. Ce rendez vous culturel a réuni les
artistes traditionnels venus de plusieurs régions du pays.
Il existe dans le même sillage un conservatoire de la
culture Ngambaye où sont gardés les objets d'art, des images et
des documents sur le peuple en question constituant ainsi une
potentialité touristique pour satisfaire la curiosité des
visiteurs lors des grandes manifestations.
32
Photo 1: Danseurs Ngambaye au festival SEM TA
DOUA
Source : Djim Black
Section II : Moundou, une ville limitée tant sur
le plan humain que
physique
Bien que la capitale du Logone occidentale regorge
d'énormes potentialités naturelles et humaines pour son
développement, des nombreuses contraintes s'érigent sur la voie
de son développement.
Ses préoccupations s'étendent des
réalités naturelles aux réalités humaines.
Paragraphe I : Un milieu naturel contraignant
Le milieu naturel en dépit des avantages qu'il offre
pour la transformation de la ville de Moundou, apparait tel qu'une ronce au
milieu de laquelle pousse une rose. Ainsi la dynamique tant sociale que
démographique se heurte à des nombreuses limites au rang
desquelles un site contraignant(A) avec des précipitations très
abondantes sur des sols hydromorphes (B).
A. Un site contraignant
33
Le site d'une ville est le terrain sur lequel celle-ci est
bâtie. C'est l'emplacement ou est localisée la ville. Il
conditionne la communication et les diverses activités qui s'y
développent bref, il est un facteur clé pour le
développement parce qu'il peut être facilitateur ou limitant.
Un site est le lieu précis sur lequel la ville a
été construite. C'est l'assiette de la ville. Le site d'une ville
est toujours et souvent caractérisé par un ensemble de conditions
physiques sinon topographiques ayant présidées à son
implantation et qui déterminent son extension future.
Dans la partie sud du territoire tchadien, les fleuves
entaillent profondément leurs cours dans les formations
sédentaires anciennes et le paysage se présente sous la forme de
plateaux très étendus alternant avec des larges vallées
encaissées de 40 à 60 m (vallées des Logone occidental et
occidental, de la Tandjilé, de l'Ouham, du Chari).
Le site de la ville de Moundou est une cuvette plate en
bordure du fleuve Logone. Le plateau sur lequel s'est développé
le pays Ngambaye est découpé par des vallées d'altitude de
+ 450m à + 627m. Cette topographie plate a contribué à la
densification du réseau hydrographique provoquant ainsi des inondations
abondantes pendant la saison de pluies. Ces inondations sont dues aux
débordements du lit du fleuve Logone.
La ville est enclavée entre le Lac Taba au Nord-est, le
Lac Wey à l'Ouest et le fleuve Logone au sud. Les eaux dessinent une
couronne sous la forme d'un « U » au tour de la ville. La partie
ouverte du « U » constitue la partie surélevée de la
ville située à l'Ouest vers ou peut s'étendre la ville.
Cette partie forme la zone de contournement vers les zones inondables et sert
de trait d'union entre le Lac Wey au Nord-ouest et le Lac Taba à
l'Ouest. Tout le long de cet élément du relief de la ville, se
sont développés des secteurs inondables. Ce sont les quartiers
Doumbeur, Dokab, et Djarabé connu pour la recrudescence des
inondations.
34
Photo 2: vue montrant le blocage du drainage des eaux
vers le lac Taba
Source : Google Earth 2012.
B. Des précipitations très abondantes sur
des sols hydromorphes Le Tchad se situe dans une gamme de climats
très variés.
« La pluviométrie de Moundou est en moyenne de
1000mm/an avec des précipitations journalières allant à
plus de 12mm en un jour. Compte tenu de la structure hydromorphe des sols, les
eaux ne peuvent que couler en surface après les précipitations
»35
La genèse des sols et leur évolution sont la
résultante de divers facteurs parmi lesquels les conditions climatiques
régnant dans le lieu de formation sont particulièrement
importantes. Il faut rappeler que « les unités
géologiques du Tchad restent dominées par des terrains
sédimentaires sur lesquels les dépôts continentaux
tertiaires et quartenaires occupent une place prépondérante en
dehors de la partie du Nord du pays ou les grès primaires et secondaires
forment l'essentiel du sous-sol »
La structure géologique de Moundou est également
comprise dans cette zone sédimentaire. Il résulte de sa
composition trois types des sols caractéristiques de la zone soudanienne
dont
35 Fluctuations de la pluviométrie de Moundou
(2007 à 2011). Source : données services météo
Aéroport de Moundou
35
deux sont très favorables à l'écoulement
en surface des eaux de pluie et donc favorisant les inondations.
Ce sont : premièrement les sols hydromorphes, ils sont
recouverts d'alluvion récente et ancienne dans les plaines inondables.
La texture de ce sol est beige et composée d'argile sableux et limoneux
qui en saison de pluie est très tôt saturée par les eaux et
entraine le débordement de la plaine. La voie est alors ouverte aux
inondations puisque la pente est faible et la problématique de la
canalisation n'est pas encore maitrisée.
Les sols ferralitiques lessivés constituent le
deuxième type, ils se situent dans les parties exondées de
couleur gris brun, très sableuse en surface et argileux sableux en
profondeur. La couche superficielle provient du phénomène
d'érosion précisément fluviale. Ce sol est fortement
vulnérable à l'érosion fluviale et éolienne qui
transporte les matières organiques lorsque la surface est nue c'est pour
quoi l'on dit qu'il est fortement lessivé. La seconde couche qui est
mélangée à l'argile se sature très vite et facilite
l'écoulement en surface des eaux qui lessive le sol. Ce sol est alors
réputé pour son infertilité et n'est pas prospère
pour l'agriculture, car nécessitent également beaucoup
d'années de jachère.
Paragraphe II : Un environnement confronté aux
divers risques
Pour faire face aux obstacles (inondations, forets) à leur
épanouissement et subvenir à leurs besoins fondamentaux
(aliments, bois de chauffes et matériaux de construction). Les
populations ont entrepris un certain nombre d'actions (coupe du bois de
chauffe, production du charbon, fabrication de briques en terre cuite etc.) qui
ont eu des incidences graves et voire irrésistible pour l'environnement,
les inondations multiples aux énormes conséquences (A). A
coté de l'agression de la nature par les hommes, l'environnement parait
peu maitrisé par ceux qui y agissent et cela entraine des
conséquences sérieuses, il y a aussi une dynamique urbaine
difficile à maitriser (B).
A. Des inondations multiples aux énormes
conséquences
Les inondations que connaisse la ville de Moundou constituent
un réel problème. Les causes de ces inondations ne se limitent
pas à la structure des sols.
En effet, au vu du profil du site de la ville, Moundou est
logée dans une l'une des vallées qui s'entrecoupent le Logone
occidental. Cette vallée est fortement drainée par la
présence des deux lacs et un grand fleuve le Logone. Ces cours d'eaux
sont alimentés par des précipitations abondantes. La saison des
pluies, s'étale sur six à sept mois avec des
36
37
précipitations moyennes comprises entre 900 mm et 1200
mm comptant des relevés de plus de 280mm pour le mois d'aout qui marque
généralement la monté culminante des eaux ainsi que leur
débordement avec une incidence désastreuse.
Nous retenons deux arguments pour expliquer le
phénomène des inondations :
La ville pour le drainage des eaux n'est dotée que d'un
seul collecteur principal qui traverse le périmètre
urbanisé du Sud-ouest vers le Nord-ouest pour se jeter dans le Lac Taba.
Au regard de la qualité insignifiante des pentes, l'eau ne peut que
stagner après la saturation du sol. Egalement, l'ancienneté du
réseau d'assainissement affaibli par un manque de maintenance amplifie
l'occupation des zones basses de la ville par les eaux.
La ville s'étire sur la cuvette de la rive droite du
Logone. Compte tenu des facteurs climatiques et topographiques
développés dans les paragraphes précédents, la crue
du Logone. Compte tenu des facteurs climatiques et topographiques
développés dans les paragraphes précédents, le
débordement du Lac wey envahit le quartier Doyon et Dokab dans sa partie
Nord. Il découle de ces inondations plusieurs conséquences dont
certaines constituent des sources des dépenses pour les ménages
de la cité.
? La destruction inéluctable des habitations
en période de grande crue . ·
Nul ne peut ignorer la force de l'eau. Le lac Wey est
situé à une altitude de 399 mètres tandis que le lac Taba
à une altitude de 390 mètres. Empêcher le
déversement des eaux excédentaires du lac Wey vers le lac Taba et
les affluents du Logone ne fera qu'accroitre le volume du lac Wey, qui un jour
débordera et cela aura des conséquences désastreuses sur
la ville de Moundou notamment sur les habitations situées sur les voies
naturelles de drainage des eaux.
? La recrudescence du paludisme en saison pluvieuse
. ·
Le non drainage de l'eau conduit à sa stagnation,
vecteur de paludisme. D'un côté l'Etat investit des sommes
importantes pour lutter contre le paludisme (distribution de moustiquaires
imprégnées à la population, prise en charge
médicale des populations etc.), et de l'autre côté ce
même Etat créée des conditions pour que la maladie se
perpétue en installant par voie de bornage et d'urbanisation sa propre
population dans un espace inondé et infesté de moustiques.
La ville de Moundou est dépourvue de réseaux
d'assainissement des eaux usées. En fait, au sein des habitations, il
existe des latrines pour la majorité avec des puisards « sauvages
» installées au-dehors des concessions et débouchant dans
les caniveaux lorsque ceux-ci existent, et tout simplement sur les rues quand
il n'y en a pas. Ces eaux impures stagnent alors sous forme des flaques d'eaux
favorisant le développement des vecteurs des maladies.
Les déchets issus des unités industrielles de la
ville ne sont pas bien traités avant d'être versés dans
l'eau. Pour la plupart des industries localisées dans la ville sont
installées le long du fleuve Logone, ceci pour faciliter leur
approvisionnement en eau.
La gestion des déchets ménagers demeure un
problème complexe d'assainissement. Réellement, un certain nombre
d'efforts a été fourni pour mettre à la disposition des
populations les matériels nécessaires à la collecte des
ordures : des bacs à ordure ont été déposés
au sein des quartiers et d'autres en construit en bétons pour faciliter
la collecte bien qu'il n'existe pas de dépôts ménagers et
de cadre pour le stockage en vue du traitement des déchets. Des
comités d'assainissement ont été installés dans les
quartiers pour assurer la salubrité et hygiène.
? Un environnement dégradé par
l'érosion et le déboisement
La coupe du bois et la production du charbon à partir
du bois vert constituent la première source d'énergie pour
l'utilisation domestique dans la ville de Moundou. Ce phénomène a
contribué au déboisement et voire à la
désertification, car la proximité avec le désert amplifie
le processus. Sur le plan culturel, le bois sert aussi de matière
première dans la fabrication des oeuvres d'art. La matière
utilisée est généralement le tronc mur des espèces
endémiques qui se renouvelle très difficilement dont un grand
nombre est considéré comme disparu ou en voie de disparition.
Ceci met en danger la biodiversité dont l'enjeu présent et futur
fait l'objet de beaucoup d'attention de la part des chercheurs et même du
politique.
B. Une dynamique urbaine difficile à
maîtriser
La ville de Moundou connait une forte dynamique urbaine au
point de phagocyter même certains villages voisins, les raisons
dermographiques peuvent justifier cela.
? Une population croissante, jeune et
paupérisée
La région du Logone Occidental, dans le
découpage actuel, est la plus petite région administrative du
pays avec une superficie d'environ huit mille (8.000) km2. Par
contre c'est
38
la région qui a la plus forte densité de
population, environ 100ha/km2. Selon les données du rapport
provisoire du deuxième recensement général de la
population et de l'habitat de 2009 (RGPH2), le taux national d'urbanisation est
de 21,7%, celui de la région du Logone Occidental est de 23,9%,
deuxième taux après celui de la région du Borkou (34,4%).
Le chef-lieu de la région Moundou a vu sa population tripler en vingt
(20) ans ; elle est passée de 50.000 habitants dans les années
1980 à 187.000 habitants en 2010.
Depuis plus de deux décennies, certaines zones de la
région du Logone Occidental (département de Ngourkousso) sont
confrontées à la rareté de terres agricoles. Un
phénomène de migration à la recherche de terres de culture
s'est installé dans ces zones. Bien que la région soit
très petite par sa taille, son dynamisme économique attire les
populations d'autres contrées du pays qui viennent s'y installer. Etant
donné que ces nouveaux venus ne sont pas des migrants temporaires, ils
recherchent des espaces pour une installation durable aussi bien pour les
activités agro-pastorales que pour le négoce. Les conflits
agriculteurs-éleveurs,
souvent meurtriers, ont pris des dimensions
inégalées nulle part dans le pays, menaçant ainsi de
manière durable la paix sociale.
Peuplée d'environ 187.000 habitants1 en 2010, Moundou a
connu au fil des années une croissance démographique rapide.
Cette croissance de la population s'est accompagnée d'une demande
croissante de terrains à bâtir. Il en résulte, une
expansion spatiale considérable à l'origine de la phagocytose de
certains villages avec son corollaire d'insécurité
foncière, ponctuée de nouveaux rapports entre les acteurs de la
ville.
Figure 5: Evolution de la population de Moundou et
tendance de 1964 - 2025
Source : Association Ngaoubourandi
39
D'après les résultats définitifs du RGPH,
le taux de croissance moyenne au Tchad est de 3.6% alors que la population de
1995-2009 a doublé. Elle est passée respectivement de 99 530
à 172 54436 habitants tandis que les infrastructures
nécessaires pour sa prise en charge n'ont pas augmenté, à
titre d'exemple : l'absence totale des logements sociaux, système
d'adduction d'eau potable limité, pourtant, la ville connait une
dynamique très perceptible tant spatiale que démographique.
Vu les statistiques existantes, la population active est
estimée à 45% pour un taux de chômage estimatif aussi de
15%. Ce taux fait abstraction du secteur privé tchadien composé
d'un secteur informel large et dynamique et d'un secteur formel embryonnaire et
englobe des actifs comme les domestiques, les commerçants ambulants et
occasionnels, les pousseurs, les cireurs, les menuisiers, les maçons
occasionnels, les chauffeurs de véhicules et moto-taxis.
Selon les données du dernier RGPH2, la ville
dénombre dans la tranche de 0 à 14 ans révolus, 66 702
âmes pour une population totale de 150 155 habitants37, c'est
pratiquement la moitié de la population locale avec au total un effectif
de jeunes à 24 ans dénombrée à 33 397 âmes.
Le constat qui se dégage une fois de plus de ces chiffres est que la
population de Moundou est très jeune. Une population assez jeune dans
une région ou le taux de pauvreté est estime à 34.4% soit
1.8% de la population pauvre et 2.9% de la population nationale, ou on
déduit à 34% le nombre des locataires, et à 18% le nombre
des personnes logées gratuitement avec 60%38 de ménage
vivant dans des conditions précaires.
Une population jeune fait appel à un certain nombre de
mesure à prendre pour constituer une main d'oeuvre efficace à la
construction de la ville. En plus, la ville de Moundou est confrontée
aux énormes déficits d'approvisionnement en eau potable.
? Une urbanisation mal conçue
Les projets de développement de la commune ont
été réalisés sans prêter attention aux
besoins des habitants de la ville qui n'ont pas été au
préalable mis au courant de ces réalisations. C'est ainsi que
certains habitants affirment qu'ils n'ont ni été informés
ni consultés au préalable avant la détermination du
nouveau périmètre de la ville et des constructions des
infrastructures comme le cas du lycée de la forêt de Koutou.
36 Estimation pour 2012 selon RGPH2
37 Selon le RGPH2 de 2009.
38 Données de l'INSSED
40
En effet, pour les techniciens de la délégation
rencontrés, la gestion de l'urbanisation et donc du foncier a
été conçue disent -ils pour être simple car les
textes et les procédures sont assez claires pour les gestionnaires.
Cependant, le manque d'un plan d'ensemble pour la ville, la volonté de
certains gestionnaires d'évoluer dans le flou, le tout couplé
à la mauvaise gestion des ressources humaines à l'échelle
nationale a fini par rendre plus que complexe, de nos jours, la gestion du
foncier à Moundou.
Une dynamique spatiale difficile à
maitriser
L'urbanisation de la ville de Moundou s'est faite au
début, par tache d'huile avant de s'opérer vers les années
2000 de façon tentaculaire. De l'avis des personnes âgées
et des personnes ressources rencontrées dans le cadre de cette
étude, cinq grandes étapes peuvent être retenues en ce qui
concerne l'urbanisation de la ville.
? La première étape a concerné
la ville originelle: 1930 - 1960
Elle a consisté pour l'administration coloniale
à entreprendre des simples travaux de restructuration surtout dans les
quartiers autochtones. Ce qui a donné lieu à l'éviction
desdits quartiers au profit du quartier administratif d'aujourd'hui. Cette
première étape consacre la ville qui s'étend des berges du
Logone à l'Avenue Ngarta Tombalbaye. Il s'agit ni plus ni moins de
l'urbanisme que nous pouvons qualifier de colonial. C'est donc sur cette
lancée coloniale motivée par le souci de contrôler aussi
mieux que possible la population locale par l'organisation de l'espace, que les
actuels quartiers comme Baguirmi, Haoussa, Bornou, Mbomia, Guelkoura, une
partie de Quinze ans et une autre de Doyon (Cotontchad) ont pu être
restructurés. L'irrégularité des rues dans ces quartiers
démontre le caractère non planifié des actions
urbanistiques qui y ont été entreprises. Cette tranche de
l'urbanisation coloniale représente une aire de 296,8 ha. Les autres
portions de la ville comme le site abritant la Cotontchad et les villas de
l'huilerie ont été restructurées juste après 1960
notamment dans les années 61 et 62.
? La deuxième étape a
concerné la tranche délimitée par l'Avenue Ngarta et
l'Avenue Négor: 1965 - 1985
Regroupant aujourd'hui les quartiers Mbombaya, Dombao et
Djarabé, cette tranche de la ville a bénéficié des
techniques urbanistiques modernes. On peut dire que c'est la vraie
période de la naissance des aménagements fonciers prenant en
compte le minimum possible des besoins présents et futurs de la ville.
Il s'agit en fait d'un urbanisme assisté. En effet, grâce au
SMUH
41
(Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat) la
tranche a fait l'objet d'une étude préalable à base de
photographies aériennes, ce qui a permis de déterminer la
vocation des terres et penser à leur habitabilité et leur usage
à caractère public. La régularité des rues qui la
sillonnent et la localisation des réserves foncières à la
charge de l'administration locale démontrent le sérieux qui a
accompagné les travaux techniques liés à cet
aménagement de la tranche concernée. Si l'administration
coloniale a pu contenir l'occupation anarchique de l'espace par les hommes,
lequel espace a été restructuré à ce dessein, ce
phénomène a véritablement commencé à Moundou
notamment au cours de la deuxième période de l'urbanisation que
nous venons de décrire. Il a été marqué par
l'afflux massif des hommes ayant fuit N'Djaména à cause des
événements de 1979.
? La troisième étape s'est
intéressée à l'interfluve du plateau intérieur
délimité par l'Avenue Négor et la voie de contournement :
1985 - 1990
L'assistance technique étant arrêtée alors
que l'installation anarchique de la population prenait le pas sur
l'investissement urbain, l'administration locale chargée de la gestion
foncière et de l'aménagement urbain se devait de s'assumer en
dépit des entraves d'ordre technique, matériel, financier et
humain.
C'est ainsi que les agents de l'Etat instruits de
l'expérience de l'urbanisme assisté de 1965 ont pris en main les
aménagements fonciers à Moundou. C'était en fait
l'époque d'une vie difficile caractérisée par
l'insécurité généralisée qu'entretenait
l'implacable dictature de Hissène Habré. Une période de
vie difficile parce que les populations meurtries des campagnes ont
été poussées à un exode vers Moundou tantôt
pour leur sécurité, tantôt dans l'espoir de
décrocher de l'emploi rémunéré dans les usines de
la place, quitte à être embauché comme simple manoeuvre. Ce
phénomène, a fini par conforter sinon imprimer une vitesse
à l'occupation anarchique des terrains urbains selon les gestionnaires
de la cité et autres personnes ressources rencontrées.
L'administration foncière et domaniale étouffée, n'avait
plus d'autres possibilités que de procéder par des essaims de
morceaux de villes dans l'espace quitte à les recoller par un plan
d'arpentage après. Toute porte à admettre que les
aménagements fonciers ne visaient pas autre chose que la
délimitation ou l'endiguement des occupations anarchiques du domaine
privé de l'Etat par des rues.
42
? La quatrième étape: 1990 -
2000
Elle a été marquée par l'aube d'une
urbanisation vraiment anarchique avançant sur la base du non-respect des
lois de la République. C'était l'époque d'un
véritable télescopage entre la vision coutumière de la
terre comme mère nourricière, comme lien entre les vivants et les
morts et la vision libérale qui prend la terre uniquement comme bien
marchand en milieu urbain et périurbain. Cette étape qui a
consacré l'existence officielle des nouveaux quartiers comme Doumbeur,
Dokab et une partie de Djarabé a préparé le terrain
à l'anarchie totale dans l'urbanisation où tout devient
compliqué tant dans la mise en oeuvre des instruments d'urbanisme
opérationnel que ceux de contrôle de l'urbanisme. Elle a donc
consacré l'étalement de la ville, de la voie de contournement
à la zone inondable qui nourrit la ville en produits maraîchers et
qui sert de trait d'union entre le lac Wey et le lac Taaba.
? La cinquième étape: 2000 -
2011
C'est la période des spéculations
foncières ouverte à Moundou et ses environs. Une période
de prévarication généralisée dans l'administration
foncière et domaniale dont les services techniques sont «
submergés » par la charge de travail et donc des demandes, à
telle enseigne que pour les agents du cadastre, il n'y a plus d'horaires de
travail, de jours ouvrables et non ouvrables. On assiste ainsi à des
lotissements la nuit grâce à l'éclairage des phares des
véhicules.
Bref, jusqu'à ce jour des litiges à
caractère répétitif sur le foncier entre population et les
responsables de services déconcentrés de l'Etat et les
autorités traditionnelles, et entre les populations elles
mêmes.
Il faut remarquer que la délimitation du
périmètre urbain reste toujours contestée par le pouvoir
traditionnel.
En somme, durant tout ce premier chapitre, nous avons fait une
présentation sommaire de notre zone d'études qu'est la commune de
Moundou.
Un constat se dégage, la ville de Moundou
présente un visage contrasté des facteurs de son
épanouissement socio-économique, culturel et humain. De par sa
position géographique, Moundou bénéficie d'un milieu
naturel favorable pour les activités agro-pastorales et pour
l'implantation des industries. Sa position charnière entre le Nord et le
Sud profond, mais aussi sa proximité avec la ville camerounaise de
N'Gaoundéré lui permet de jouer un rôle crucial dans des
échanges internes et externes attirant ainsi des nombreux
investisseurs.
43
Mais la ville connait aussi des sérieux
problèmes dus à la situation de paupérisation de sa
population et aux autres aléas climatiques telles les inondations.
Jusqu'ici nous avons focalisé notre analyse sur la
situation géographique de la ville de Moundou. Le second chapitre
à l'inverse sera consacré au cadre institutionnel et
réglementaire du jumelage Moundou-Poitiers.
CHAPITRE II : CADRE INSTITUTIONNEL ET
REGLEMENTAIRE
DU JUMELAGE MOUNDOU-POITIERS
44
45
En vue de bien mener cette étude, il semble au tant
plus précieux de présenter le cadre institutionnel et
réglementaire qui régit la coopération
décentralisée entre la ville de Moundou et celle de Poitiers.
Cette démarche nous amènera à faire un rappel historique
et l'état actuel du processus de décentralisation et ses
implications avec le jumelage et le développement local.
Section I : Cadre juridique et réglementaire de
la coopération décentralisée
au Tchad
La décentralisation au Tchad reste une construction
perpétuelle marquée par des étapes et des
évolutions remarquables.
Paragraphe I : L'évolution historique du
processus de décentralisation au Tchad
La décentralisation au Tchad est une vieille construction
historique avec plusieurs facteurs et acteurs, pour cette raison nous nous
pencherons sur l'historique de la décentralisation(A) et surtout
l'influence externe(B) de la mise en oeuvre de cette pratique.
A. Aux origines de la décentralisation au Tchad
La décentralisation prône la répartition
des compétences administratives, politiques entre l'Etat et les
collectivités territoriales ou collectivités locales.
Historiquement, la décentralisation administrative territoriale a fait
son entrée au Tchad à partir de la période coloniale, vers
le début des années 1900 et ce, en trois périodes
successives : pendant et après la colonisation et à partir du
coup d'état militaire du 13 avril 1975.
De 1900 à 1960 : l'administration coloniale
française pour la gestion des affaires de la métropole d'abord et
en suite pour les intérêts des populations autochtones avait
créé des unités administratives territoriales
dénommées : Régions, Départements et
Arrondissements devenus plus tard Régions, Départements,
Sous-préfectures et Postes de contrôle administratifs
transformés en suite en Poste administratifs. On ne parlait pas en cette
période de commune en Afrique et singulièrement au Tchad qui
était alors territoire militaire avant de devenir plus tard Territoire
d' Outre-mer d'expression française.
Il y a lieu de noter que, de 1900 à 1919,
l'année où la commune mixte de Fort-Lamy, actuelle N'Djamena
avait été créée, les circonscriptions
administratives territoriales furent à la fois d'espaces
régionaux de représentation de l'Etat français
(unités administratives territoriales et
46
des collectivités territoriales, les administrateurs
territoriaux français étaient à la fois des gestionnaires
des affaires générales françaises et des exécutifs
des collectivités territoriales).
A partir de 1956 sont créées les communes de
plein exercice à Fort-Lamy (N'Djamena) Abéché, Moundou et
Fort-Archambault (Sarh). Celles de moyen exercice étaient
créées à Lai, Pala, Doba, Koumra, ces communes
étaient dirigées par des administrateurs maires nommés par
les administrateurs territoriaux qui furent les autorités de tutelle.
Le cadre juridique de la décentralisation était
constitué de textes ci-après : Le décret du 19/03/1903,
mettant en place une administration territoriale ;
Le décret du 12/03/1909, confie le territoire militaire
du Tchad à un officier relevant du gouvernement de l'Oubangui Chari ;
Le décret du 5/09/1910, portant création du
territoire militaire et des protectorats du Tchad ;
Le décret du 07/03/1920, créant la colonie du
Tchad indépendante du territoire de l'Oubangui Chari ;
L'ordonnance no 01/PR/85 du 24/07/1985, portant
création et organisation des communes de moyen exercice :
Le cadre législatif et réglementaire actuel de
la décentralisation administration territoriale au Tchad est
constitué de :
La loi organique no 02/PR/2000, portant statuts des
collectivités territoriales ;
La loi organique no 03/PR/2000, portant régime
électoral des collectivités territoriales ; La loi organique
no 07/PR/2002 du 5/6/2002, portant statuts des communautés
rurales. Les collectivités territoriales décentralisées de
la république du Tchad sont constituées : - Les communes rurales
;
- Les communes ;
- Les régions.
Selon l'article 203, les collectivités territoriales
décentralisées sont dotées de la personnalité
morale, leur autonomie administrative, financière, patrimoniale et
économique est garantie par la constitution de la république du
Tchad.
47
En Afrique, l'avènement de la décentralisation
rime avec les crises des années 1980. Selon Christel ALVERGNE (2008),
les modèles existant sur le continent africain dérivent des
valeurs et principes fondamentalement différents quant au rôle que
les collectivités locales doivent jouer, donc la question qu'on se pose
est celle de savoir si la décentralisation n'est-elle pas une imposition
étrangère ?
B. Une décentralisation influencée par les
partenaires externes
La fin des années 1980 et le début des
années 90 sont marqués par une crise à la fois
économique et politique des évolutions majeures dont l'un des
principaux effets à l'échelle africaine conduit à la
reforme décentralisatrice. La crise économique des 1980 suite
à l'éclatement de la dette et la mise sur pied des politiques
d'ajustement structurel sensées assainir les économies malades
des pays pauvres, le surendettement sont mis sur le dos des Etats taxés
de corrompus avec des dirigeants incapables de générer les
finances publiques. Tout ceci met au premier rang des responsabilités de
l'Etat. Il faut donc une solution pour contrebalancer le rôle trop
important des Etats. La chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc
communiste ont contribué à mettre en perspective une autre
manière de penser la relation avec l'Afrique.
Ainsi, Patrick BOTTAZZI estime que pour les bailleurs de
fonds, la décentralisation apparait comme « une panacée
à même de résoudre les problèmes de
développement par la démocratisation »39. La
décentralisation administrative, et la décentralisation de l'aide
ont permis de contourner l'Etat central au nord comme au sud.
Certains auteurs, tels que Patrick BOTTAZZI et Camille
COURGER40dénoncent la décentralisation comme
étant un instrument politique des bailleurs internationaux visant
à encourager le désengagement des Etats dans le programme
d'ajustement structurel. Ils encouragent les entités locales des pays en
développement à favoriser la « gouvernance locale »
afin d'engager leur population sur la voie du développement
économique et social.
Paragraphe II : Etat de lieu de la
décentralisation au Tchad
La décentralisation au Tchad est marqué par
plusieurs étapes avec des avancés notoires et des actions
concrètes au niveau national sur l'effectivité du processus (A)
sans oublier des actions au niveau national et international (B).
39 Patrick BOTTAZZI, La décentralisation
à la lumière de la gouvernance, Paris, Karthala,
2012.
40 Camille COURGER, Décentralisation et
urbanisation galopante,
www.franceamuamsud.org,
consulté le 25/11/2014 à 14h32min.
A.
48
Un processus effectif
Dans la préface du « Recueil
de la loi et règlement sur la décentralisation
», Hilke RODDER affirme qu' « aujourd'hui,
tous les textes de bases pour la mise en oeuvre d'une décentralisation
conforme à la constitution du 31 mars 1996 sont en place ».
Cette déclaration démontre à souhait l'effectivité
de la décentralisation au Tchad. Cette effectivité a
été couronnée par l'organisation des premières
élections législatives en 2012 et la création des
régions et départements. Les collectivités territoriales
décentralisées sont communes, les chefs lieux des régions,
des départements et des sous préfectures. Le territoire du Tchad
est réparti en 23 régions, 67 départements et 270 sous
préfectures soit un nombre total de 23 Conseils régionaux, 67
Conseils départementaux et 370 Conseils Municipaux. Les premières
élections locales se sont déroulées en janvier 2012 et
n'ont concerné que 42 communes (23 communes chefs lieu de région,
9 communes chefs lieu de département et 10 Arrondissements de
N'Djamena). 22% de la population tchadienne est urbaine.
Du point de vue technique, il a été
rédigé un schéma directeur de la décentralisation
et une lettre de politique générale de la décentralisation
au Tchad pour la période 2006-2011, il y a eu, une mobilisation des
ressources pour la mise en oeuvre de la décentralisation.
Au niveau politique, un ministère en charge de la
décentralisation rattaché auprès du gouvernement a
été créé. D'autres ministères comme celui de
l'intérieur et de la sécurité publique d'une part, et
celui chargé de l'aménagement du territoire d'autre part
interviennent également dans la mise en oeuvre de la
décentralisation au Tchad. En plus, on peut constater
l'élaboration et la révision du cadre juridique ainsi que le
choix des options décisionnelles. Au sein même du territoire, l'on
a assisté à la création des collectivités
territoriales décentralisées et des services
déconcentrés avec quatre niveaux d'organisation
de l'Etat : les régions, les départements, les
communes et les communautés rurales. Bien que des avancées
notoires aient été opérées dans le cadre de la mise
en oeuvre de la décentralisation, il existe certes quelques points
d'achoppements.
B. Actions concrètes ? Au
niveau national
La coopération décentralisée au Tchad
trouve son fondement juridique dans les lois de la décentralisation de
1996, qui ont donné une plus grande autonomie aux collectivités
locales : régions, communes, et communautés rurales. A cet effet,
les collectivités locales tchadiennes
49
peuvent dans le cadre de leur compétence propre
entreprendre des actions de coopération qui donnent lieu à des
conventions avec des collectivités locales des pays étrangers ou
des organismes internationaux publics ou privée de
développement.
En effet, au niveau communal, l'article 92 adopté par
l'Assemblée nationale réunie en congrès lors de la
séance du 17 janvier 2000 proclame que la coopération et les
ententes intercommunales mentionnées précédemment se
composent de la maniérer suivante :
- Conseil national pour le développement des communes
(CNDC) est composé des maires, des représentants des services
communaux et des partenaires au développement, le CNDC est
habilité à donner des avis sur la législation et
réglementation touchant les CTD et proposer au gouvernement les moyens
à mettre en oeuvre pour le développement des communes.
- Conférence intercommunale au plan national (CICN),
elle regroupe les maires de toutes les communes et a pour but d'échanger
les expériences et de faire de recommandations à
l'autorité de tutelle en vue de l'amélioration du fonctionnement
des organes communaux.
- Jumelage des communes tchadiennes avec les communes
étrangères, plusieurs communes ont établit des accords de
jumelage avec des collectivités étrangères que ce soit
avec l'ancienne puissance coloniale ou d'autres pays.
- Regroupement des communes d'un même département
pour obtenir des empreints garanties par l'Etat, de mutualiser certains
services qui peuvent être menés ensemble sur les
différentes communes ;
- L'Association nationale des communes du Tchad (ANCT): elle
est créée par l'Assemblée Générale
constitutive des 6 et 7 novembre 1997, l'Association Nationale des Communes du
Tchad est régie par l'ordonnance N°027/INT/SUR du 28 juillet 1962,
sur initiative des Maires des Communes du Tchad.
Ses actions s'articulent autour de : la formation et l'appui
conseil auprès du personnel des institutions communales, le
développement et la gestion, la capitalisation des expériences et
la diffusion de l'information.
Son fonctionnement est assuré par quatre (4) organes :
l'Assemblée Générale, le Bureau Exécutif, les
Bureaux Régionaux et le Secrétariat Permanent.
50
? Au niveau international
Au niveau international, conformément aux dispositions
juridiques en vigueur au Tchad, la ville de Moundou est membre de l'Association
Internationale des Maires et Responsables des Capitales et Métropoles
partiellement ou entièrement Francophones (AIMF), de la
Fédération Mondiale des Cités Unies et Villes
jumelées (FMCU) et de l'Association des Maires de l'Afrique Centrale
(AMAC).
L'Association Internationale des Maires Francophones
(AIMF).
L'Association internationale de maires francophones se trouve
parmi les quatre operateurs de la Francophonie, elle est créée en
1979 à l'initiative du maire de Paris, Jacques CHIRAC et celui du
Québec Jean Pelletier. L'AIMF est le réseau des élus
locaux francophones de plus de 200 villes dans 49 pays, elle est l'expression
de la solidarité qui unit et promeut les valeurs qu'ils partagent : le
renforcement de la démocratie locale, que représentative.
Parallèlement à l'AIMF la ville de Moundou est
aussi tour à tour membre de la Fédération mondiale des
cités unies.
Fédération Mondiale des Cités Unies
(FMCU)
Elle fut créée le 27avril1957, à
Aix-les-Bains par Jean-marie Bressand , sous le nom de
Fédération Mondiale des Villes Jumelées,
association de collectivités locales, réparties dans plus de 80
pays, particulièrement en Europe, Afrique et Amérique latine. Le
nom anglais de la FMCU était United Towns Organisation(UTO).
Dès son origine, la FMCU a joué un rôle important dans le
développement du jumelage entre cités, conçu comme moyen
de progresser vers des relations internationales apaisées.
À la fin des années 1980, la
Fédération Mondiale des Cités Unies et Villes
Jumelées est devenue la FMCU. En mai 2004, lors d'un grand
congrès international à Paris, la FMCU a fusionné avec
l'International Union of Local Authorities (IULA), anglophone et
METROPOLIS, pour devenir Cités et gouvernements locaux unis (United
Cities and Local Governments). En fin, la ville de Moundou est
représentée par son maire à la rencontre de maires et
gouverneurs des villes francophones d'Afrique centrale. La première
rencontre des maires, gouverneurs et autorités locales des villes ayant
en partage la langue française, membres de l'Association internationale
des maires francophones (AIMF) dans la zone Afrique centrale, s'est tenu
à Brazzaville pour réfléchir sur le développement
local de la sous-région.
51
Nombreuses difficultés
En dépit de tous les progrès
réalisés dans la démarche de mise en oeuvre de la
décentralisation au Tchad il reste encore de blocus.
- Des nombreux blocus
Les ressources de collectivités locales ont sans doute
une importance dans la mise en oeuvre de la politique de la
décentralisation. Le développement des collectivités
locales appelle d'importantes ressources financières et de ressources
humaines qualifiées. Ceci étant, la décentralisation au
Tchad est confrontée à plusieurs défis donc y compris ceux
liés à la finance et aux mains d'oeuvres qualifiées. Bien
que qu'il y ait des avancées notoires, le processus connait de nombreux
blocages tels que les instabilités politiques qu'ont connues le pays, et
les changements perpétuels des ministres en charge de la
décentralisation. Ceci constitue le principal blocage. Selon
NDJOULOU41, depuis sa création en 2001, le ministère
en charge de la décentralisation a connu déjà près
d'une dizaine de ministres. « Cette
instabilité fait que les techniciens de ce
département sont obligés de revoir constamment leurs copies pour
former, sensibiliser les nouveaux chefs de leur département aux
réalités. En clair, il faut du temps à chaque nouveau pour
comprendre les enjeux de son institution avant de relancer les dossiers
retirés du circuit à cause des nouvelles nominations. Comment
faire évoluer un projet d'envergure nationale dans ce contexte
d'instabilité récurrente ? » L'insuffisance des
ressources humaines et financières pour la mise en oeuvre de cette
politique en république du Tchad. Comment traduire en acte une telle
politique sans fournir des moyens conséquent ? Ce manque de moyens,
problème crucial, peut expliquer la difficulté de l'appropriation
de la décentralisation et de ces enjeux aussi bien par ceux sont
chargés de sa mise en oeuvre que par la population du Tchad.
Par ailleurs, il faut souligner que la décentralisation
reste à tout temps un processus, voire un long processus. Mais il y a
lieu de relativiser qu'au Tchad cette formule politique est une volonté
populaire contrairement aux autres pays qui en ont fait une imposition. En
outre, si c'est une volonté populaire, cela suppose que l'idée
soit partagée par les différentes couches sociales, et que sa
mise en oeuvre ne poserait pas de problème majeur à moins que les
pouvoirs publics ne soient pas de cet avis. En plus, la majorité de la
population tchadienne est analphabète, cette analphabétisme est
du aux différentes crises qu'a vécues le Tchad. Cet
41Expert en gouvernance et management public au
ministère de l'administration du territoire et de la
sécurité publique (Tchad). Propos recueillis le 15/08/2014.
52
53
analphabétisme compromet sérieusement
l'accomplissement de cette politique, vu que la décentralisation vise
à associer les populations de la base à la prise des
décisions. Alors, pour remédier à cette situation un
certain nombre de mesures s'impose en passant par la sensibilisation et
à l'éducation à la perception et compréhension du
concept et à sa mise en oeuvre. Le développement endogène
représente des enjeux plus que jamais offensifs avec plusieurs
défis à relever au rang desquels l'agriculture, les
infrastructures routières et socio-économique, des logements
sociaux, des services publics de base, de l'éducation, proposer des
offres d'emploi etc. A l'effet de trouver des solutions à toutes ces
préoccupations, il en faut une certaine ingéniosité et la
créativité de la part des autorités locales. Donc le
développement local serait le résultat de toutes ces
capacités réunies
Section II : La décentralisation : un contexte
favorable aux pratiques de la coopération décentralisée et
à l'éclosion du développement local
Le vent de la décentralisation qui souffle sur le Tchad
est en quelque sorte un tremplin pour les initiatives locales de
développement ainsi plusieurs initiatives sont développées
à travers les collectivités territoriales
décentralisées.
Paragraphe I : Décentralisation un concept
nouveau
La décentralisation est un concept nouveau (A) au Tchad et
surtout avec des origines étrangères (B) et quelques fois
imputées à tort ou à raison aux colons.
A. La décentralisation : nouveau mode de
gouvernance
Développé par la communauté des
chercheurs depuis le début des années 1990, le concept de «
gouvernance locale » repose, en opposition à celui de
gouvernement, sur la multiplicité des acteurs, des rapports de pouvoir
et des moyens engagés dans la résolution d'un problème
touchant l'intérêt collectif. Ce mode de gouvernance se comprend
à travers des innombrables actions entreprises par les populations pour
l'amélioration de leur cadre de vie à la veille de l'adoption des
lois sur la décentralisation. Il y a eu un déferlement des ONG et
une multiplication des programmes et projets au rang desquels on peut citer
PROADEL et PRODALKA qui sont les projets majeurs de proximité. Ces deux
grands projets sont initiés pour lancer le développement depuis
la base. Encore faut-il distinguer s'il s'agit d'un développement pour
local ? Ou d'un développement local ?Tout ceci laisse dire que la
décentralisation est une importation du modèle d'administration
territoriale du nord vers le sud par les bailleurs de fonds avec pour argument
principal le développement à travers la
bonne gouvernance et la démocratie. Si les politiques
de municipalisation et de communalisation ont été mises en oeuvre
bien avant la période des ajustements structurels y compris pendant la
période coloniale, elles ont été le plus souvent
été conçues par l'Etat central pour encadrer la
société. La réforme des Etats pendant la première
phase des ajustements structurels a perpétré cette logique : elle
se limite à une déconcentration, les pouvoirs publics
préservant la plupart des leurs prérogatives. Au cours de la
deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des
politiques de décentralisation complète en faisant pression sur
les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maitriser au mieux les
processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires
des organisations locales.
Au nord, les acteurs locaux (institutions, secteurs prives et
monde associatif) voient dans la décentralisation à
l'échelle mondiale une opportunité formidable pour
développer un nouveau modèle de coopération entre
entités locales du nord et sud, et pour pallier ainsi les failles des
Etats et des bailleurs internationaux en matière de
développement.
B. Un processus né de l'inspiration
coloniale
Selon Emmanuel MATTEUDI, il y avait à l'époque
coloniale, des empires plus ou moins différents les uns des autres qui
avaient des caractéristiques communes d'empêcher l'expression des
populations locales et d'assurer un contrôle aussi efficace que possible
des territoires occupés. Cette forme d'organisation s'est reproduite sur
le modèle des gouvernements qu'a connu l'Afrique après les
indépendances voire jusqu'à l'heure actuelle et a donné
lieu à des régimes dictatoriaux et centralistes.
La colonisation a aussi eu un grand impact sur le mode
d'administration du territoire actuel. En effet, les lois de la
décentralisation mises en place et l'organisation territoriale qui en
découle, dépendent des modèles imposés par la
Grande Bretagne et la France qui ont continué d'entretenir des relations
privilégiées avec les pays de leur ex empire.
Lors de son accession à l'indépendance et
à la souveraineté, le Tchad a hérité de la
puissance coloniale des structures politiques et administratives
centralisées. Cette concentration des pouvoirs au centre a bloqué
les énergies et les initiatives locales. Elle est l'une des causes du
non-décollage économique du pays hormis les nombreux conflits
internes et externes et a la mauvaise gouvernance.
De façon générale, en Afrique l'on
identifie deux modèles de décentralisation correspondants
à la France et a la Grande-Bretagne.
54
Le modèle francophone, qui correspond à
un transfert de pouvoir au profit d'institutions locales dont les
capacités doivent être renforcées. Les collectivités
territoriales se voient reconnaitre un certain nombre de responsabilités
assurées jusqu'alors par l'Etat. Il s'agit d'un partage des affaires et
des compétences entre le haut et le bas. Il se veut
représentatif.
Le modèle Anglosaxon, il présente la
décentralisation comme un processus graduel de transfert de pouvoir aux
populations. Elle se rapproche à une démocratie participative.
Trois mouvements de décentralisation ressortent de ces
modèles :
- Le modèle marqué par la
décentralisation : il est développé en Afrique du nord ou
la plupart des exécutifs locaux sont nommés par le gouvernement
central, y compris dans la ville.
- Un modèle ou la décentralisation et
déconcentration vont de pair : c'est en Afrique centrale et de l'Ouest
francophone que l'on rencontre principalement ces modèles.
- Un modèle ou la déconcentration est en nette
recule : celui -ci donne naissance à des
collectivités locales titulaires des missions
dévolues jusqu'alors aux services déconcentrés de
l'Etat. C'est le cas en Afrique centrale et de l'Est.
En ce concerne le Tchad, le pays a hérité de la
colonisation ses structures administratives et politiques. La
décentralisation en place est calquée sur le modèle
francophone. Elle concilie déconcentration et décentralisation.
Le pouvoir central a transféré des compétences qui
jusque-là étaient dévouées en créant des
collectivités locales. A cote de ce cadre structurel existant, des
élections locales ont été organisées pour
exécuter les lois et règlements adoptés. Ces
élections n'ont concerné que les communes, au niveau
départemental et régional se préparent, après ces
élections, le transfert des compétences verra son
effectivité à tous les niveaux de division territoriale. Les
premières tentatives de décentralisation ont toutes
échoué pour des diverses raisons : manque de volonté
politique, instabilité institutionnelle et politique, contraintes
socioculturelles, etc. Parti d'une commune créée le 08 novembre
1919, Fort Lamy actuellement N'Djamena, le Tchad comptait déjà
sept communes de moyen exercice lors de son accession à
l'indépendance. L'ordonnance no 07/INT du 13 novembre 1960 a
permis la création des communes urbaines et communes rurales comme
étant des collectivités territoriale organisant
démocratiquement un ensemble de villages d'une zone
géographiquement déterminée .La loi no 15 du 22
mai 1962 consacre le plein exercice de ces collectivités locales. Les
communes existantes furent supprimées en 1975 après le coup
55
56
d'Etat militaire. Seule va subsister la commune de N'Djamena
qui a été réorganisée par l'ordonnance
no23/PR du 22 septembre 1975. Cette « mise en veille » des
institutions municipales va durer jusqu'à la publication de l'ordonnance
no17/INT/SE du 24 juillet 1985 portant l'organisation des communes
de moyen exercice.
Le nouveau processus de décentralisation découle
d'une résolution de la conférence nationale souveraine de 1993,
au cours de laquelle se sont opposés les tenants d'un Etat
fédéral et ceux d'un Etat unitaire centralisé.
D'après les auteurs Hilke RODDER et Djatto DJONATA, en vue de concilier
les deux thèses, les participants de cette rencontre constituée
de toutes les couches de la société tchadienne ont pris une
résolution pour la création d'un « Etat unitaire
fortement décentralisé »42.
La décentralisation est donc une idée
lancée depuis les années 1960, mais réactualisée
lors de la conférence nationale souveraine (CNS) de 1993.
Paragraphe II : La décentralisation : pilier du
développement local et de la coopération
décentralisée
La décentralisation offre des espaces propices de synergie
aux initiatives locales de développement (A) et à la pratique de
la coopération décentralisée (B).
A. Territoire : espace de synergie entre la
décentralisation, le développement local et la coopération
décentralisée
Selon Christel ALVERGNE43, la mondialisation du
système économique, les
bouleversements des modèles sociaux qui lui sont
corollaires, la quête des nouveaux modes d'organisation et de gestion du
territoire donnent un aspect particulier à la réflexion sur des
territoires.
Dans cette mouvance de décentralisation, cette
décentralisation apparait comme un nouveau mode d'organisation
territoriale pour le fait qui a été déjà
précédemment élucidé un peu plus haut. Les
politiques classiques en aménagement du territoire, basées sur
l'organisation administratives des territoires et sur des modèles
centralisés et descendant de l'action publique se sont essoufflés
(les dysfonctionnements territoriaux, la remise en cause de la
centralité de l'Etat, la participation marginale des acteurs locaux dans
les projets
42Hilker RODDER, Djatto DJONATA, Recueil de loi
et règlement sur la décentralisation, N'Djamena, Cefod,
2008, P. 293.
43 Christel ALVERGNE, Le défis des
territoires. Comment dépasser les disparités spatiales en Afrique
de l'Ouest et du Centre ? , Paris, Karthala, 2008, p.27.
d'aménagement), il y a donc en effet eu
nécessité que les Etats ne soient plus les seuls acteurs de
l'aménagement du territoriale. Désormais, les
collectivités territoriales décentralisées, de même
que les autres acteurs économiques et sociaux, occupent un rôle et
une place de plus en plus primordiale dans les programmes de
développement. La décentralisation conduit donc par voie de
conséquence à « un apprentissage de la démocratie
locale, mais également a la définition des politiques de
développement s'appuyant sur la proximité et la valorisation du
territoire » d'après Christel ALVERGNE44,
l'objectif visé par tout ceci étant le développement
territoriale que l'on considère comme « une démarche de
mobilisation des acteurs locaux pour l'élaboration et la mise en oeuvre
d'un projet commun à un territoire donné en vue de le construire
durablement » d'après A. Diop.
B. Décentralisation : cadre de
développement local et de la pratique de la coopération
décentralisée
Franck PETITEVILLE fait remarquer que « la
décentralisation a accru l'autonomie des collectivités locales et
la dynamique de l'extension de leurs activités hors des
frontières nationales »45 par ceci il est dire que
la coopération décentralisée découle des effets
induits par la décentralisation, partout où elle a
été développée, la coopération
décentralisée a bénéficié d'un contexte
déterminant de décentralisation territoriale, puisque les
collectivités le font différemment de l'Etat.
De ce fait, la décentralisation constitue un cadre
fondamental pour la coopération décentralisée. Cela semble
évident, puisque les relations entre territoire à territoire
jusqu'à l'événement de la coopération
décentralisée restaient un domaine de prédilection de
l'Etat central. Le Tchad par les textes46 juridiques adoptés
s'est engagé définitivement dans le processus de
décentralisation administrative et politique. Dans la plupart de cas,
ces réformes ont visé une plus grande démocratie et un
meilleur accès aux services publics pour les habitants. Elle constitue
un changement majeur dans les relations entre citoyens et Etat et dans les
pratiques d'exercice du pouvoir. Par ailleurs, les collectivités
territoriales deviennent les animatrices principales du développement
local avec pour rôle, entre autres, de fédérer les
initiatives des acteurs locaux, publics et privés en faveur du
développement des territoires concernés. L'apport de la
décentralisation au processus du développement à
l'échelle
44 Christel ALVERGNE, op cit, p. 32.
45 Franck PETITEVILLE, la coopération
décentralisée: les collectivités locales dans la
coopération Nord-Sud, Paris, l'Harmattan, 1995
46 La constitution de 1993 et 1996.
57
territoriale se révèle incontestable, le
développement local est ainsi en même temps un objectif et une
conséquence de la décentralisation. La décentralisation a
conduit à la reconnaissance aux pouvoirs locaux, des prérogatives
qui ont permis aux bailleurs et aux agents de développement de venir en
aide des collectivités locales à des échelles multiples.
On constate à ce niveau que les rapports entre décentralisation,
coopération décentralisée et développement local
sont liés de sorte qu'il est même difficile d'envisager l'un sans
l'autre.
Par ailleurs, selon beaucoup de spécialistes, la
décentralisation appelle à une démocratie de
proximité, c'est un moyen d'expulser le développement qui est
« une interpellation, il interpelle tous les acteurs de
développement, au moins pour deux raisons. D'une part, il a pour
ambition de démystifier les approches de développement, de donner
le pouvoir à la base, de promouvoir l'autopromotion des populations, de
libérer les énergies populaires, de contribuer à
l'enracinement de la démocratie et à la satisfaction des
populations locales, et d'autre part, il vise une transformation profonde des
sociétés locales », comme l'a bien souligné
Joël DABIRE47.
Bien adapter les politiques publiques au plus près des
besoins de la population est l'une des principales visions de la
décentralisation. Par la même voie, c'est reconnaitre aux pouvoirs
locaux la possibilité d'entreprendre les actions pour la
résolution des problèmes existants et accorder aux
bénéficiaires des actions l'occasion d'apporter leur
participation en les impliquant dans les activités ou simplement en les
consultant. La décentralisation favorise le développement local
par la proximité des institutions qui permet aux populations de
s'approprier le développement de leurs zones respectives. Elles
participent alors activement à la mise en place des institutions et
à la prise de décision à travers les élections
locales. La décentralisation vise à assurer une plus grande
démocratie à la base. Elle permet à l'Etat de renforcer sa
légitimité auprès des populations. Par le biais du
rapprochement entre le citoyen du politique et d'une échelle spatiale
raisonnable et adaptée, la décentralisation favorise une approche
territoriale du développement à partir d'une vision globale et
intégrée des problèmes. Elle contribue à promouvoir
l'emploi en suscitant les moyens pour la valorisation de la filière de
production locale.
Au Tchad, une panoplie de textes sur la
décentralisation permet de créer un cadre institutionnel pour
l'organisation et la gestion du territoire. Au rang de ces textes, on peut
citer à titre d'exemple, la loi organique du 16 février 2000
portant statuts des collectivités
47 Consultant en développement local (Burkina
Faso)
58
territoriales décentralisées au Tchad, donne
compétence aux élus locaux d'assurer la sécurité
publique, l'administration et l'aménagement du territoire, le
développement socio-économique, culturel et scientifique, et la
protection de l'environnement. Elle autorise de voter et de gérer leur
budget tout en définissant les ressources dont les CTD disposent pour
leur épanouissement. Il ressort un constat selon lequel la
décentralisation est au service du développement endogène.
Par ce même dispositif, la décentralisation offre un cadre idoine
de coopération à l'échelle internationale,
régionale, communale, et département, susceptible de promouvoir
le développement local.
Face à l'échec du système classique des
relations internationales inter-état, des nouvelles théories
tendent à privilégier des nouvelles relations qui contournent les
pouvoirs centraux, et pour ce fait, la décentralisation reste un cadre
approprié de cette nouvelle forme de coopération internationale.
En effet, l'action internationale est une compétence qui a
été décentralisée de fait assez tôt, mais
reconnue aux collectivités par les textes assez tardivement. La
coopération des collectivités démarre après la
seconde guerre mondiale, avec la mise en place de jumelage entre les villes
françaises et leurs consoeurs allemandes.
- La décentralisation : une démarche
soutenue par la coopération
La décentralisation revêt plusieurs enjeux, elle
permet aux collectivités d'entreprendre des actions extérieures
et de renforcer la démocratie tout ceci dans un cadre
réglementaire dont dispose le Tchad.
- Le développement local : enjeu de la
coopération décentralisée
De façon globale, la coopération internationale
par ses actions inouïes joue un rôle très important dans le
processus de décentralisation et leurs politiques de mise en oeuvre et
pour cause, c'est d'elle qu'elle est partie. Selon Husson, les actions des
collectivités du nord peuvent contribuer à construire la
crédibilité des collectivités du sud en les aidant
à se penser et se structurer. Les actions des collectivités
territoriales, qui sont des collectivités publiques trouveront leur
pleine raison d'être si elles sont construites en
complémentarité avec les politiques nationales.
Ainsi, « Si la décentralisation permet aux
collectivités d'entreprendre des actions extérieures, ces actions
extérieures permettent aux collectivités et aux acteurs locaux
d'exprimer la marge de liberté que leur accorde le pouvoir central. La
décentralisation est ainsi mise en oeuvre par le moyen de la
coopération menée de territoire à territoire.
Cette
59
coopération permet aux collectivités locales
de manifester les prérogatives qui leur sont nouvellement
».48
Par ailleurs, d'après Emmanuel MATTEUDI, « la
coopération internationale doit jouer à ce jour un rôle,
c'est donc assurément sur ce point : celui d'accompagner le mouvement de
territorialisation ou de reterritorialisation du développement et
d'appuyer l'émergence de dynamiques économiques, sociales et
politiques territoriales nouvelles, dans un contexte de mondialisation qui l'a
jusqu'ici, trop souvent marginalisée, voire balayer. C'est à ce
prix que les politiques de lutte contre la pauvreté pourront enfin
bénéficier des leviers adéquats pour reculer de
manière significative »49.Ainsi, la
coopération internationale est déterminante dans
l'effectivité du processus de décentralisation enclenché
depuis bientôt près de deux décennies en Afrique. Elle
donne à la décentralisation les moyens de son accomplissement
à travers l'appui technique, financier, matériel, voire humain,
apportés par les partenaires extérieurs que sont les
collectivités décentralisées, l'organisation des
sociétés civiles étrangères et les ONG. A
même temps que ces actions contribuent à l'effectivité de
la décentralisation grâce à la démocratie, elles
facilitent également le développement de ces collectivités
aux moyens des projets dont les partenaires étrangers pour la plupart
sont jusque-là porteurs.
- Le développement local : enjeu de la
coopération décentralisée
Le développement local est considéré
comme le résultat de collaboration de plusieurs instruments et acteurs
dans l'optique de répondre de façon efficace aux besoins des
populations. De fait, la coopération décentralisée
s'inscrit aussi dans la politique visant la construction de ressources
spécifiques des acteurs locaux gage d'un développement local plus
autonome. Les institutions publiques ont un rôle imminent à jouer
dans ces différents processus. Seule la décentralisation dans un
contexte de démocratisation peut faciliter la mise sur pied d'une telle
politique ou à l'échelle même du territoire des actions
peuvent être initiées par des acteurs locaux et soutenus par
l'action extérieure des collectivités étrangères
pour créer une transformation endogène. Selon Bah Karyom,
« l'action internationale a longtemps été
réservée aux Etats, et l'aide au développement aux oeuvres
caritatives et l'Eglise, la coopération internationale est aujourd'hui
défendue par les grandes instances internationales qui font la promotion
du rôle des collectivités et de l'efficacité des
projets
48 Bah Karyom MOURBE, «
jumelage-coopération : apports et enjeux pour le développement de
Moundou », Master II, Université de
N'Gaoundéré, 2013, p.64.
49 Emmanuel MATTEUDI, les enjeux du
développement local en Afrique ou comment repenser la lutte contre la
pauvreté, Paris, l'Harmattan, 1996, p.97.
60
décentralisés ».50 Au
travers, donc de l'action extérieure des collectivités
décentralisées européenne, celle du sud
bénéficie d'un développement qui fait de la
proximité, la préoccupation première des décideurs
et des développeurs, pour penser des nouvelles formes de gouvernance et
participation de la société civile, mais aussi, la promotion
d'une économie centrée sur la valorisation des ressources et de
savoir-faire locaux. Même si cette idée prônée
principalement par Emmanuel MATTEUDI51 n'est pas du tout à
fait traduite dans les faits, elle commence à porter des fruits.
- Un cadre règlementaire favorable au
développement local
La loi fondamentale du Tchad du 31 mars 1996 définit la
décentralisation dans son article 2 et son titre XII. Elle articule la
nouvelle décentralisation autour de quatre collectivités
territoriales dont le statut est définit par la loi organique
no002/PR/2000 du février 2000 avec des nombreux principes
fondamentaux.
En effet, l'article 202 de la loi suprême de l'Etat
tchadien définit quatre (4) formes de collectivités territoriales
décentralisées : les communautés rurales, les communes,
les départements et les régions.
Selon l'article 203, ces collectivités territoriales
sont dotées de la personnalité morale. La loi fondamentale
garantie l'autonomie administrative, financière, patrimoniale et
économique des collectivités territoriales
décentralisées, ce qui de fait, offre des possibilités
d'entreprenariat et des initiatives locales dans le sens du
développement.
Par ailleurs, les ressources des collectivités
territoriales décentralisées sont fondées par l'article
211. En effet, ces ressources sont constituées des impôts et taxes
votés par les assemblées des collectivités territoriales
décentralisées et perçus directement par elle ; de la part
qui leur revient de droit sur le produit des impôts et taxes
perçus au profit du budget de l'Etat ; des produits des dotations et les
subventions attribuées par l'Etat ; du produit des emprunts
contractés par les collectivités territoriales
décentralisées, soit sur le marché intérieur, soit
sur le marché extérieur après accord des autorités
monétaires nationales, avec ou sans garantie de l'Etat ; les dons et
legs ; les revenus de leur patrimoine ; le pourcentage sur le produit des
ressources du sol et sous-sol exploitées sur leur territoire, permet
ainsi des ressources locales son développement.
50 Bah Karyom, op. cit, p. 80.
51 Emmanuel MATTEUDI, op. cit , pp. 45-70
61
La première partie de ce travail, plus
particulièrement « la légitimation de la coopération
décentralisée dans l'espace juridique tchadien » a
été l'occasion de présenter notre zone d'étude et
de montrer le cadre constitutionnel et réglementaire de la
coopération décentralisée au Tchad.
Par ailleurs, quant à la deuxième partie qui est
trop technique, elle va nous permettre de mieux voir l'apport du jumelage entre
les villes de Moundou et Poitiers au développement local à
Moundou.
DEUXIEME PARTIE : LE JUMELAGE ENTRE LES VILLES
DE MOUNDOU ET POITIERS ET LE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE DE
MOUNDOU
62
Le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers est l'un
des plus anciens du paysage de la coopération
décentralisée au Tchad, nous tacherons d'étudier son
apport durant les deux décennies au développement de la commune
de Moundou.
CHAPITRE III : L'APPORT DU JUMELAGE AU
DEVELOPPEMENT
DE LA COMMUNE DE MOUNDOU
63
64
Le développement local renvoie aux capacités des
acteurs locaux à mobiliser les ressources locales ou extérieures
pour promouvoir le développement de leur terroir. Ce
développement nécessite plusieurs synergies dont les partenaires
étrangers ; ainsi, il serait important d'étudier l'apport de la
coopération décentralisée à ce processus de
développement de la commune de Moundou.
Section I : présentation du jumelage
Moundou-Poitiers ; ses actions et réalisations dans la commune de
Moundou
Paragraphe I : Aux origines du jumelage
Moundou-Poitiers
Le partenariat entre la ville de Moundou et celle de Poitiers est
l'un des plus anciens dans l'histoire de la coopération
décentralisée au Tchad qui nécessite un bref aperçu
(A) sur ses approches(B).
A. Bref aperçu sur le Jumelage Moundou-Poitiers
L'histoire du jumelage était au départ
intimement liée à l'histoire de l'Europe et
précisément à la première et seconde guerre
mondiale. De ce fait, Jean BARETH52 le définit comme «
la rencontre de deux communes qui entendent proclamer qu'elles s'associent
pour agir dans une perspective européenne, pour confronter leurs
problèmes et pour développer entre elles des liens
d'amitié de plus en plus étroits », mais le jumelage
s'est concrétisé pour la première fois entre les villes
françaises et allemandes .
En ce qui concerne, le jumelage entre les villes de Moundou et
Poitiers, il est à signaler que c'est à l'initiative de Baniara
Yoyana (ancien étudiant à Poitiers de 1979 à 1982), alors
ministre de l'agriculture, que Marc Van der Meersch découvre Moundou
pour la première fois à l'occasion d'une mission au Tchad. En
effet, le 31 mars 1988, Gérard Voyer, conseiller municipal de Poitiers,
propose aux Préfet et Maire de Moundou un jumelage et une
coopération. Une proposition à laquelle le maire de Moundou
répondra favorablement. Ensemble et avec le préfet du Logone
occidental, ils définissent les besoins en équipements publics,
enseignement, culture et santé. En effet, du 27 décembre au 10
janvier 1989, Gérard Voyer et Marc Van der Meersch arrivent à
N'Djamena et à Moundou. Les bornes-fontaines seront la priorité
de cette première mission. Une mission ponctuée par la signature,
le 6 janvier 1989, d'un protocole d'accord pour un jumelage entre les deux
villes. Quelques
52 L'un des fondateurs du Conseil des Communes
d'Europe (Aujourd'hui Conseil des Communes et Régions d'Europe)
65
semaines plus tard, l'association Poitiers-Moundou est
créée et il est mis en place trois commissions : Santé,
Education et culture, Economie et action sociale.
Photo 3: le feu maire de Moundou à
Poitiers
Source : Doukoubou Juliette
B- Différentes approches du jumelage
Moundou-Poitiers
La coopération décentralisée
contemporaine s'inscrit dans trois approches globales. En effet, dans le souci
de répondre efficacement aux besoins des populations, la
coopération décentralisée s'articule autour des approches
suivantes : à savoir l'approche humanitaire ou la
coopération container, l'approche développement ou
solidarité et l'approche « appui institutionnel
».
En effet, l'approche humanitaire ou la coopération
contenaire est un type d'action souvent à l' origine de tout projet
de coopération décentralisée. Motivée par
l'émotion, cette approche vise à pallier des manques, grâce
à l'envoi d'objets en nature (livres, matériel médical,
matériel de transport etc.). Ce type de positionnement est de moins en
moins fréquent.
66
Ensuite, il y a l'approche développement ou
solidarité, qui est plutôt une réponse à des
demandes sociales, mais elle reste surtout dans une logique de l'offre : il
s'agit du financement d'infrastructures principalement, avec des
résultats recherchés à échéance
approchée. Elle intervient dans le cadre des projets concernant
prioritairement la santé, l'éducation, l'hydraulique, en
direction des publics cibles. Ce type d'action participe au renforcement du
partenariat, et reste très présent aujourd'hui dans les projets
de coopération.
En fin, l'approche « appui institutionnel
»représente en quelque sorte la professionnalisation du
partenariat. Elle vise à appuyer la collectivité partenaire dans
un rôle de soutien aux dynamiques économiques pour la mise en
place et la gestion du service public. Ce type d'approche plus
réfléchie et réalisée sur le long terme.
Le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers est
mené dans la logique de ces approches développées
ci-dessus.
- Principes et valeurs du Jumelage
Moundou-Poitiers
Conformément aux principes élaborés par la
fédération mondiale des villes
jumelées (FMVJ), un jumelage-coopération permet
à deux communautés, l'une d'un pays du nord, l'autre d'un pays du
sud d'établir les liens d'amitiés et de solidarité. En
effet, les villes de Moundou et de Poitiers demeurent sur un pied
d'égalité. Le jumelage entre ces deux villes obéit aux
valeurs de transparence, de concertation mutuelle, de solidarité
réciproque, de liberté, de fraternité et de
fidélité.
- Animation du jumelage
Le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers est
animé par l'AAMP. En effet, dans le souci d'associer la population de
Moundou au jumelage, il a été juge nécessaire de
créer un cadre assez large et autonome de la mairie pour animer et
réfléchir sur l'opportunité du jumelage. Ainsi, il a
été crée en 1993 l'AAMP et reconnu par le ministère
de l'intérieur et de la sécurité publique en 1995, il faut
souligner en passant que l'AAMP est une organisation à but non lucratif,
laïc et apolitique.
67
Figure 6: Structures de l'AAMP
Source : AAMP
Les actions de l'AAMP visent à instaurer un changement
radical de mentalité, développer une nouvelle vision de la
coopération internationale, mais tout autant de favoriser
l'échange scolaire par les activités parascolaires, des
expériences pédagogiques par la formation continue des
enseignants de la ville de Moundou, bref, assurer une qualité de vie
meilleure à la population moundoulaise. Pour atteindre tous ces
objectifs beaucoup de stratégies sont mises en oeuvre. Ces
stratégies tournent au tour de l'approche participative,
transfère des compétences du nord vers le sud, le parrainage et
le développement des projets spéciaux et l'émergence d'un
nouveau leadership.
En effet, pour les auteurs Jacqueline MENGIN, Gérard
MASSON53, le développement appelle à une approche
globale des problèmes du territoire, un territoire, un quartier ne
peut
53 Jacqueline MENGIN, op cit, p. 20.
68
69
se développer s'il n'y a pas une intervention
simultanée dans tous les secteurs. Le processus de développement
suppose l'élaboration des projets ou d'un programme. Chaque groupe se
forme autour de l'élaboration d'un projet qui le concerne, l'ensemble
des projets est ensuite réuni au sein d'une programmation d'ensemble.
L'élaboration des projets se fait sur la base des préoccupations
collectives. De ce fait, plusieurs projets sont menés dans la commune de
Moundou avec l'appui de Poitiers par le biais du jumelage.
Paragraphe II : L'apport de la coopération
décentralisée au développement de la commune de
Moundou
Le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers contribue
à améliorer substantiellement le niveau de vie de la population
moundoulaise notamment dans les domaines de sante (A), et de l'éducation
(B).
A. Appui au secteur de la santé
Dans le domaine de la santé, la commune de ville de par
sa position est sollicitée par des populations des raisons voisines, ce
qui met en exergue le problème du personnel soignant qualifié, et
aussi des structures d'accueil des malades. Depuis 2000 la vulgarisation des
OMD au Tchad et comme un peu partout en Afrique met en lumière beaucoup
de dysfonctionnement dans le système de santé au Tchad.
L'apport de la ville de Poitiers constitue un
élément très important dans la concrétisation des
OMD (objectifs 4, 5 et 6)54.
- Lutte contre le VIH /sida
Le VIH/SIDA reste l'une des causes majeures du taux de
mortalité dans la commune de Moundou. Ceci peut s'expliquer par sa
situation géographique. En effet, la commune de Moundou est
située dans une zone charnière entre le sud profond et la partie
centre et septentrionale du Tchad, depuis 2003 avec l'événement
de l'exploitation du pétrole de Doba, un nombre important des personnes
en transit pour la recherche du travail sur le site pétrolier avait
comme point de transite Moundou, et cela sans oublier les ressortissants des
autres pays de la sous-région à la recherche de
l'Eldorado55.
54 OMD 4: Réduire la mortalité des
enfants de moins de 5 ans. OMD 5: Améliorer la santé
maternelle.
OMD 6: Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres
maladies.
55 Pays imaginaire où l'on était
censé devenir très riche et mener une vie merveilleuse.
- Situation épidémiologique du VIH/SIDA
au Tchad
Selon les données de l'État tchadien,
recoupées par celles de l'ONUSIDA, le taux de prévalence au VIH
en 2004 est de 3,3% de la population âgée de 15 à 49 ans,
ce qui positionne le Tchad au 20ème rang mondial des pays les
plus touché. Entre 2003 et 2004, plusieurs indicateurs montraient une
recrudescence des nouvelles infections (+33%) et du nombre de
décès dus au sida (+29%). Parmi les régions les plus
touchées, on retrouvait le Logone Occidental, en particulier dans la
ville de Moundou.
Figure 7: nombre de PVVIH et de décès dus
au SIDA au Tchad
Source : ID
? Lutte contre le VIH/SIDA appuyée par
Initiative Développement
- Centre Djenadoum Naasson : un programme de lutte contre
le sida : de la conception à la réalité du
terrain
En guise de rappel en 1989, les villes de Poitiers, où
ID siège, et de Moundou signent un protocole de jumelage. Celui-ci
débouche sur des actions de coopération pour l'accès
à l'eau potable, l'éducation, la santé. Dans ce cadre et
sur la base des statistiques liées à l'épidémie de
SIDA à Moundou. En 2000, les tchadiens interpellent fortement les
poitevins sur la question du sida qui touche gravement toutes les couches de la
société moundoulaise. En juin 2002,
70
l'Assemblée Générale d'ID approuve le
lancement d'un programme Sid'espoir, pour renforcer la lutte contre le SIDA en
sollicitant des parrainages qui permettent d'assurer la gratuité des
soins. Les traitements antirétroviraux sont alors très
coûteux pour les malades en Afrique. A cette époque à
Moundou, il n'y a aucun centre de soins spécialisé et les
trithérapies ne sont pas encore accessibles. En février 2004, ID
conduit une première mission médicale. Celle-ci permet de se
rendre compte que la population n'est pas informée, en particulier les
femmes et les jeunes filles. A cela s'ajoute la problématique des
nombreuses « femmes libres » (prostituées) qui gravitent
autour du chantier d'exploitation du pétrole et qui s'exposent à
des relations sexuelles non protégées. ID constate
également l'absence de véritable centre de dépistage,
fiable et gratuit dans la ville. A l'hôpital Régional de Moundou,
il n'y a pas de protocole pour réduire la transmission du VIH des
mères contaminées à leur bébé ou lors des
transfusions et les médecins ne sont pas formés à la
prescription des trithérapies. Enfin, les associations de malades sont
très impliquées, mais peu structurées. Face à ces
difficultés, ID amorce en 2004 un programme de " lutte contre le
VIH/SIDA par le renforcement de la réponse associative et
institutionnelle ". Le diagnostic pré-programme avait mis en
évidence : « le manque d'information et de dépistage de
la population » le manque de prise en charge PVVIH. Les soins,
prodigués à l'HRM étaient payant et ciblés sur les
maladies opportunistes et non sur le VIH/SIDA. Pour enrayer la situation, sur
un territoire où les moyens font défaut, où les croyances
et la discrimination des malades sont fortes et où la population est
sans ressources, ID a agi, entre 2005 et 2009 sur 2 axes « des actions
immédiates par le renforcement des moyens, » la
pérennité des actons par le renforcement des capacités des
acteurs locaux de la santé. Un programme de lutte contre le SIDA. Durant
la première année, il va beaucoup évoluer au contact de la
réalité locale. Par exemple, l'accompagnement des femmes libres
n'est pas simple car ce phénomène est très dilué
dans la population : la vulnérabilité des femmes en
général explique que la prostitution soit souvent occasionnelle.
Face à ces difficultés, ID lance en décembre 2004 un
programme de lutte contre le sida. Durant la première année, il
va beaucoup évoluer au contact de la réalité locale. Par
exemple, l'accompagnement des femmes libres n'est pas simple car ce
phénomène est très dilué dans la population : la
vulnérabilité des femmes en général explique que la
prostitution soit souvent occasionnelle. Il a été
décidé d'appuyer les associations locales, dont certaines sont
déjà en lien avec des femmes libres, pour qu'elles puissent
apporter un véritable soutien psychosocial à tous les malades et
insister aussi sur la sensibilisation des jeunes, filles et garçons,
à l'école. Les soins étant payants à
l'hôpital et les conditions
71
d'accueil des malades du sida encore médiocres, il est
décidé d'ouvrir un centre communautaire de soins gratuits,
à proximité de l'hôpital et de renforcer par ailleurs les
services hospitaliers. Ce centre est appelé « Djenadoum Naasson
» La naissance de ce programme a résulté tout autant d'une
nécessité locale que des liens déjà existants entre
la population de Moundou et celle de Poitiers. Aujourd'hui le centre Naasson
est entièrement géré par une association tchadienne dont
plusieurs responsables sont des membres du jumelage: il accueille gratuitement
plus de 2 000 malades.
- Partenariat entre le CHU de Poitiers et
l'hôpital régional de Moundou
Dans le cadre du jumelage entre les villes de Moundou et de
Poitiers un partenariat a été scellé entre le CHU de
Poitiers et le HRM. Un appui dans la formation des agents de santé, les
échanges d'expérience à travers le stage dans l'un ou
l'autre centre hospitalier et surtout le renforcement du plateau technique sont
entre autres les objectifs visés à travers ce partenariat. En
effet, ce partenariat est les voeux des autorités de la ville de
Moundou. Les premiers contacts et la rédaction conjointe d'un
pré-projet sur trois ans date de 1997, il en ressort trois principaux
objectifs qui sont :
- La diminution de la mortalité infantile ;
- L'amélioration de l'hygiène hospitalière ;
et
- L'état nutritionnel des enfants de la ville. En 2011,
l'Agence Française de Développement lance un appel à
candidatures pour des partenariats sur le thème « la
prévention de la mortalité maternelle et infantile », ainsi
la ville de l'Association des amis de Moundou-Poitiers monte un dossier et il
est retenu. Un programme sur trois ans est ficelé et qui va permettre de
redynamiser le partenariat hospitalier entre le CHU et HRM.
Photo 4: plaque symbolisant le partenariat entre CHU de
Poitiers et HR
72
Source : BESSANE Rodolphe
Par le concours du jumelage de Moundou-Poitiers l'hôpital
régional de Moundou a bénéficié de la part du CHU
de Poitiers de matériels pour la stérilisation des outils dans
les blocs de la maternité et de la chirurgie. Des équipements de
traitement et d'élimination des déchets ont également
été remis ce qui a permis de renfoncer l'hygiène au sein
de l'hôpital de Moundou.
- Lutte contre la malnutrition
Conformément aux objectifs du partenariat entre le CHU de
Poitiers et le HRM, la lutte contre la malnutrition n'a pas été
perdue de vue.
Un programme nutritionnel, de prévention et de prise en
charge des enfants malnutris fait suite aux réalités.
73
Par ailleurs, la malnutrition fragilise les enfants et aggrave
toutes les pathologies des rencontres, qui à leur tour entravent leur
avenir et retentissent sur l'équilibre familial. Des professionnels de
santé de Poitiers sont alors dépêchés en aide
à Moundou pour le besoin.
En effet, pour pallier au problème de malnutrition qui
sévit dans certains foyers de la ville de Moundou, il a
été proposé des mets équilibrés au prix
préférentiel. Ces mets équilibrés sont
préparés par les mamans qui fréquentent l'hôpital,
les plats sont faits à base de mélange de lait, d'huile et du
sucre à cause de sa facilité à être avalé par
les nourrissons malnutris. Cette bouillie adaptée aux besoins
calorifiques des enfants malnutris faisait également partie des
ordonnances. Elle est appelée « bouillie enrichie »
formée de farine de mil, de haricot, de pate d'arachide pour sa valeur
protéique, du sucre et du jus de citron pour les vitamines.
- Formation du personnel soignant et les
stagiaires
Le partage d'expérience et le transfert de
compétences qui sont deux éléments les plus exaltés
dans une coopération décentralisée sont mis en exergue
dans le cadre précis du jumelage Moundou-Poitiers. Le partenariat entre
le CHU de Poitiers et le HRM datant de 1997 a permis le recyclage et le stage
de perfectionnement pour beaucoup des agents de santé de Moundou, et
aussi d'envoyer et de recevoir des stagiaires poitevins permettant une
émulsion et partage d'expérience. Ainsi, des actions suivantes
sont entreprises :
Un infirmier spécialiste et une Sage-femme de
l'hôpital régional de Moundou ont bénéficié
de deux mois de formation et de stage à la maternité du CHU de
Poitiers d'avril à juin 2008 ;
Le médecin chef de la maternité de
l'hôpital régional de Moundou a bénéficié
également d'une formation de deux mois durant la même
période ;
Deux Sages-femmes bénéficient de la même
formation au CHU de Poitiers d'octobre à décembre 2000 ;
En 2002, un gynécologue et une Sage-femme ont
passé trois mois de stage à la maternité de Poitiers ;
2004, un gynécologue a bénéficié d'une formation
à Poitiers.
- Dotation en matériel
En dehors du renforcement de la capacité du personnel
soignant de l'hôpital régional de Moundou et l'appui au centre de
formation sanitaire, ce partenariat a aussi permis l'amélioration des
infrastructures physiques hospitalières de l'hôpital
régional de Moundou.
74
Dans cette réflexion, des petits matériels comme
les trousses de pansement, champs opératoires, les seringues, des
aiguilles, des gants, des matériels de perfusion et d'autres
équipements hospitaliers ont été convoyés par le
CHU de Poitier à son partenaire de Moundou.
Un don de 25 lits hospitaliers sont venus en complément
aux équipements existants, il faut aussi mentionner l'envoi d'un
appareil d'échographie. En raison de l'incapacité de la
société nationale d'eau et d'électricité à
assurer une couverture continue en eau et en électricité, des
minis châteaux ont été installés dans chaque
bâtiment question d'assurer la fourniture en eau ainsi que des groupes
électrogènes pour les mêmes raisons.
- Sensibilisation radiodiffusée sur le
paludisme
Le paludisme reste l'une des causes majeures de mortalité
dans la commune de Moundou.
Ainsi, dans le cadre du jumelage Moundou et Poitiers, une
vaste campagne de sensibilisation sur le paludisme était
coorganisée avec les agents sanitaires de Moundou. Les canaux de
sensibilisation utilisés par les partenaires restent les
émissions radio et les projections cinématographiques. En octobre
2012, la projection cinématographique a mobilisé les
professionnels et étudiants des écoles de santé, mais
aussi des chefs de quartiers et de carrés. Les messages passés
par ces campagnes portaient sur la santé de la mère, de l'enfant
et des questions liées au paludisme. En plus, un nombre important de
matériel d'ophtalmologie a été offert à ce dit
service à l'hôpital régional de Moundou ainsi que la
formation de l'ophtalmologue de cet hôpital à Poitiers. Les
échanges culturels et l'appui à l'éducation sont aussi
concernés par cette coopération décentralisée.
Photo 5: Professionnels de santé de HRM
formés par le CHU de Poitiers
75
Source : AAMP
Tableau 3: récapitulatif des actions du
partenariat hospitalier entre le CHU de Poitiers et HRM
Année
|
Réalisations et actions
|
1997
|
Présentation d'un projet santé entre les villes de
Moundou et Poitiers 1997-2000 Création d'une commission santé au
sein de l'APM avec le partenariat entre l'hôpital de Moundou et le CHU de
Poitiers. Objectif principal : améliorer la formation du personnel de la
santé avec quatre pôles de coopération ont
été envisagés comme prioritaires pour la période
1997-2000 :
MATERNITE : Objectif : améliorer le suivi des grossesses
et l'accouchement, diminuer la mortalité périnatale.
ECOGRAPHIE : Objectif : équiper l'hôpital d'un
appareil à échocographie et former deux médecins, dont un
gynéco-obstétricien.
SERVICE DES URGENCES : Objectifs : équiper le service des
urgences en matériel médical.
MAINTENANCE : Objectif : permettre au personnel hospitalier de
Moundou d'assurer
|
76
|
la maintenance et les petites réparations du
matériel biomédical utilisé sur place.
|
1998
|
Mission de la commission santé en février puis
d'une délégation du CHU en mars ; Avril-juin : formation de deux
mois à la maternité du CHU de Poitiers d'un infirmier
spécialiste et d'une Sage-femme ;
Octobre-décembre, envoi de 123 kg de matériel
médical à l'hôpital régional de Moundou ;
Formation de deux mois du médecin-chef de la
maternité de l'hôpital.
|
1999
|
Mise en place des poubelles au sein de l'hôpital
régional de Moundou ;
Envoi d'un four « poupinel » pour désinfecter
les instruments médicaux et d'autres matériels.
|
2000
|
Janvier : mission médicale d'évaluation de la
maternité de l'hôpital de Moundou ; Mars ; envoi des petits
matériels (pansements, champs opératoires, seringues, aiguilles,
gants, matériels de perfusion...), et des lits ;
Octobre-décembre : formation de deux Sages-femmes à
Poitiers ;
Novembre : mission d'évaluation et d'audit par le CHU et
signature d'une convention entre les deux hôpitaux.
|
2001
|
Envoi de 2,7 kg de matériels (échographie,
appareils de radiologie, respirateurs,...) et d'autres équipements.
|
2002
|
Formation d'une Sage-femme et d'un médecin
gynécologue à la maternité du CHU de Poitiers.
|
2003
|
Renouvellement de la convention à Moundou.
|
2004
|
Formation d'un gynécologue au CHU de Poitiers pendant
trois mois.
|
2007
|
Signature d'une convention tripartite avec l'ONG Esther pour la
lutte contre le VIH/SIDA.
|
Source : ALLANDIGUIM REOUMBAYE CHRISTIAN
Ce tableau est le récapitulatif des actions menées
dans le cadre du partenariat entre les villes de Moundou et Poitiers pendant
une décennie (1997à 2007).
77
? Appui au secteur éducatif, à
l'assainissement urbain, et au projet d'eau
Conscient du rôle de l'éducation dans le
développement d'une société, la coopération
décentralisée entre les villes de Moundou et Poitiers a fait de
cet aspect l'un de ses centres d'intérêts, la ville de Poitiers
apporte son expérience au système éducatif et au
développement de la culture à la commune partenaire de Moundou,
ainsi qu'aux initiatives culturelles à l'assainissement et au projet
hydraulique.
- L'expérience de Poitiers dans l'éducation
et le développement culturel à Moundou
Le Tchad reste l'un des pays de la sous-région ayant un
système d'éducation assez délabré et ceci est du
aux années de conflits armés qu'a connu le pays.
Ainsi l'éducation reste l'un des secteurs prioritaires des
différents gouvernements avec des budgets colossaux mais sans
résultat satisfaisant. La souscription aux OMD est une raison de plus
pour améliorer le cadre éducatif.
En effet, la déclaration du millénaire
adoptée en septembre 2000 à New York par les Chefs d'Etat et de
Gouvernement des pays membres de l'ONU a jeté les bases de nouvelles
stratégies de développement auxquelles le Tchad a
adhéré. L'atteinte de l'OMD no256 reste une
épine dorsale de différents gouvernements qui se sont
succédés, ce pendant tous ces efforts ne suffisent pas et que de
temps à autre sollicitent l'appui des partenaires internationaux, dans
cette même philosophie, le jumelage s'est aussi penché sur
l'éducation et la culture, qui est bien définie par Roland BODT
« comme l'ensemble des imaginaires, des représentations du
monde, des constructions symboliques, des expressions du langage et de
comportement de vie individuels et collectifs qui y sont liés
»57 de fait, l'échange culturel serait beaucoup
privilégié par le côté moundoulais car la conception
du développement met en relief la portée incontournable du
développement humain et culturel dans tout le processus du
développement, ce qui peut justifier la place de choix accordée
par ce jumelage à l'éducation et la culture. Dans ces deux
secteurs l'appui des partenaires de Poitiers reste assez important dans la
commune de Moundou, de tout cela il faut en retenir que la pauvreté de
l'esprit est un frein au développement c'est ainsi qu'il faut combattre
la pauvreté d'esprit par l'éducation.
56OMD 2: Réaliser l'éducation primaire
pour tous.
57Roland de BODT, Le Cercle ouvert, Lettre ouverte
au Parlement de la Communauté française, Racines, Bruxelles,
1998.
78
79
80
- Au niveau de l'éducation
La ville jumelle de Poitiers appuie les écoles de
Moundou à travers les équipements des bibliothèques par
des livres adaptés au système éducatif tchadien,
collectés dans les écoles de Poitiers. En 2010, la commission
Education-Culture-Jeunesse-Sport de l'APM a doté le lycée de
Djarabe de Moundou d'une bibliothèque bien garnie des livres. Les livres
reçus ont été référencés puis
rangés dans les rayonnages confectionnés sur place sur
financement local. La bibliothèque est ouverte de 7h30 à 16h30.
La fréquentation est de 30 élèves par jour. La
consultation a lieu actuellement sur place. Il est envisagé
d'expérimenter dans quelques temps le prêt, pendant la même
période une trentaine d'enseignants ont suivi un stage pendant les
vacances. Les écoles primaires, les collèges et les lycées
ont eu des équipements tels que les livres :
- Aux écoles Primaire
Concernant les cartons destinés au primaire avec
notamment les multiples manuels 6 écoles ont été retenues
comme prioritaires : Ecoles Quinze ans, Dombao, Bellevue, Dombeur,
Djarabé, Ecole d'Application. Collèges : Pour les séries
de livres collectés les établisements prioritaires sont : LYCAM,
Djarabé, Le Palais du Savoir, A Dallah, Guelkol, Dombeur II, d'autres
cartons ont été étiquetés AAMP et attribués
aux collèges Doyon, Dombeur I, Lac Taba, Enfants Unis, Le Héros,
Communal, Gary. Des manuels scolaires de programme africain en Math et
Français de 6ème à 3ème (éditions Edicef et
Hatier international) destinés aux enseignants ont été
achetés. Ils seront attribués aux collèges Djarabé,
Le Palais du Savoir, LYCAM, Guelkol, A Dallah et à l'AAMP à
l'intention des enseignants des autres établissements.
- Aux lycées
Des manuels scolaires au programme africain et Tchadien en
Math et Français de 2nde à Terminale (éditions Edicef et
Hatier international) destinés aux enseignants ont été
achetés et attribués aux lycées Djarabé, Le Palais
du Savoir, LYCAM, et à l'AAMP à l'intention des enseignants des
autres établissements notamment Adoum DALLAH. Ces mêmes
établissements sont également prioritaires pour les livres des
oeuvres aux programmes de Français de 2nde à Terminale. Les
années 2008-2009 sont marquées par d'importants appuis en
infrastructures scolaires ; il faut citer à titre d'exemple, la
réalisation des toitures du lycée Lycam et COMANES. Cette
bibliothèque avec son éclairage par panneaux
photovoltaïques,
son équipement informatique est un précieux lieu
de travail pour les élèves et enseignants. Le lycée de
Djarabe est aussi équipé des panneaux photovoltaïques, des
photocopieuses et d'autres consommables scolaires. Mais d'autres
bibliothèques de la ville ont été appuyées en
dotation ainsi les bibliothèques du centre de la jeunesse de Dombao,
celle de l'Assemblée de Dieu, de l'ATNV, de l'ASTBEF, et de
l'AAMP58 .
Photo 6 : bibliothèque fruit du jumelage
Moundou-Poitiers
Source : AAMP
- Appui aux initiatives culturelles
Des appuis ponctuels ont permis de soutenir des
activités culturelles dans des écoles ou des quartiers. Des
concours de théâtres inter-établissements sont
organisés, ainsi six (06) établissements étaient
engagés, finalement quatre ont participé : Lycée
Djarabé, Lycée technique commercial lycée le « Palais
du Savoir » (ex COMANES). Ce concours s'est déroulé à
la Maison de la Culture « MAOUNDOE NAINDOUBA » de Moundou. Chaque
participant à versé une somme de 5 000 CFA pour sa participation.
L'objectif visé ici est de relancer cette manifestation culturelle qui a
disparu de la ville depuis un bon moment.
Des nombreux liens d'échange scolaire et de partenariat
sont tissés au tour du jumelage Moundou-Poitiers. Les échanges
concernés sont : école de Biard/école Dombeur -
école
58 Données du rapport des activités,
2013.
Condorcet/écoles Djarabé et Bellevue -
collège J Verne/LYCAM - IRJS/école des Sourds Lycée
Kyoto/AAMP - PB86/Centre Espoir Basket -Université
Poitiers/Université Moundou.
La ville de Moundou, malgré la pression
démographique dont elle est victime ne profite pas d'investissement
conséquent dans l'adduction d'eau potable et de l'assainissement, ce
domaine bénéficie aussi de l'appui des partenaires de
Poitiers.
B.Fourniture en eau et l'assainissement urbain
L'accès à l'eau douce et propre a
été l'un des principaux pôles d'activité du
partenariat entre les villes de Moundou et Poitiers. Depuis, son importance
s'est confirmée d'année en année, le problème de
l'accès à l'eau potable concerne encore aujourd'hui plus d'1,3
milliard de personnes dans le monde. A Moundou, il y a quatre forages qui
alimentent un château d'eau souterrain, construit par les Allemands en
1989. Celui-ci mesure 11m de profondeur et à une capacité de 3000
mètres cube et pourtant le besoin en consommation et de 10 000
mètres cube/jour. Les actions menées dans le cadre d'adduction
d'eau potable visent à desservir les nouveaux quartiers n'ayant pas
bénéficié des installations de la société
tchadienne d'eau. La loi Oudin59 en vigueur en France, a permis le
financement de plusieurs projets d'adduction d'eau potable et d'assainissement
dans la ville de Moundou. Des quartiers reculés de la ville de Moundou
sont dotés des points d'eau potable, ainsi des quartiers suivants ont eu
des installations.
Au quartier Guelkol en 2007, un forage a été
réalisé au niveau du collège, Cet ouvrage a
été inauguré en février 2009. La margelle a
été remontée, dans le cadre des travaux, par l'entreprise
SETUBA, pour mettre l'ouvrage hors inondation. Ce forage est géré
par un système de perception. Ce système de perception par
redevance est un forfait de 250 FCFA par foyer et par mois. Cette redevance est
récoltée par le chef de carré concerné et
versée au Directeur du Collège pour assurer la maintenance de la
pompe.
Au lycée LYCAM en 2009, des travaux d'adduction d'eau
comprenant la pose en tranché de 450 ml de canalisations en PVC à
110 mm, raccordés sur le réseau public de 150 mm qui alimente la
borne fontaine n° 10 et un branchement de 40 mm sur 50 ml, ont
été réalisés en octobre 2009 par le bureau
d'étude privé du contremaitre de la STEE sous contrôle de
l'AAMP.
59 Loi Oudin adoptée le 9 février
2005, rend possible le prélèvement jusqu'à 1% des budgets
des collectivités locales françaises, pour l'affecter à
une coopération ou un projet de solidarité internationale
concernant l'eau et l'assainissement.
81
A l'école de Lac Taba, en 2008, des travaux de
raccordement ont été réalisés sous contrôle
d'Initiative Développement et comprenant 820 ml de canalisation en PVC
de 90 mm à 63 mm, mais en attente de la mise en service du mini
réseau de Doumbeur 1 sur lesquelles elles sont raccordées.
Au quartier Doumbeur I, pendant cette même année
les travaux sont réalisés sous contrôle d'Initiative
Développement, il s'agit du Forage, du château d'eau et de mini
réseau. Cet ensemble n'est toujours pas en service en raison de
défauts d'étanchéité du réservoir. ID
s'engage à tout mettre en oeuvre pour résoudre ce problème
le plus rapidement possible.
Par ailleurs, à l'heure actuelle on dénombre dix
bornes fontaines mises en place sur l'extension du réseau d'eau potable
réalisé dans les années 1998 à 2001 par les villes
de Moundou et de Poitiers, l'AAMP et l'APM avec l'aide financière de
Cités Unies France et de l'Agence Française de
Développement.
La gestion de ces points d'eau se fait de façon suivante :
BF n° 4 : Gérée par le Collège Henri Dunant ;
BF n° 5, 6, 7, 8 : Confiées au quartier de Gueldjem ;
BF n° 9 : Confiée au quartier de 15 Ans ;
BF n° 1, 2, 3, 10 : Abandonnées après
examen de leur situation. Cette gestion se fait sous la supervision des chefs
d'arrondissement.
Il faut relever que la maîtrise d'ouvrage de tous ces
projets est toujours relayée à l'association locale du jumelage
sous la coordination de la mairie. En ce qui concerne la gestion des bornes
fontaines et des forages, elle est assurée par le comité
d'exécution et de gestion de la borne fontaine (CEGBF) mise sur pied
dans le cadre de cette coopération, son rôle consiste aussi
à la sensibilisation la population sur le bon usage des bornes fontaines
et des forages.
Du point de vue de la maintenance de ces ouvrages, il est mis
sur pied des comités de quartiers constitués essentiellement des
populations riveraines des points d'eau. Afin d'assurer la durabilité
des ouvrages, un forfait mensuel de 250 F CFA est prélevé aux
usagers pour assurer la maintenance. En tout, 103 bornes fontaines sont en
projet.
Photo 7 : Borne fontaine réalisée
grâce au jumelage
82
Source : AAMP
L'assainissement de la ville de Moundou demeure un
problème préoccupant pour les autorités de la commune. Il
est habituel surtout en saison de pluie de voir des déchets de tout
genre jonchés les caniveaux et les voies publiques, la première
conséquence de cette insalubrité est la recrudescence du cholera
et du paludisme et ce dernier reste la première cause de
mortalité dans cette commune.
Au vu de tout cela, le volet assainissement est aussi
prisé dans le programme de ce jumelage, ainsi la ville de Poitiers est
sollicitée en appui pour soutenir la mairie de cette lourde mission, cet
engagement est en relief à travers la construction des latrines, l'appui
en matériel.
En 2011, une vaste campagne de sensibilisation à
l'hygiène dans les établissements scolaires à l'aide des
marionnettes subventionnées par Poitiers a été
initiée. Les années 20112012 sont matérialisées par
la construction de quarante-deux latrines avec au moins des blocs de latrines
dans les établissements suivants : lycée Adoum Dallah,
école belle vue, école 15 ans, et l'école Lac Taba, ce
projets a bénéficié du financement de la ville de
Poitiers, en plus, il y a l'installation des robinets d'eau près des
latrines pour promouvoir l'hygiène et de lutter contre les maladies.
83
Section II- L'évaluation de l'impact du jumelage
sur le développement
Dans cette sous-partie, nous tacherons de faire une petite
évaluation et de présenter l'impact des activités du
jumelage sur le niveau de vie de la population.
Paragraphe I : Evaluation et opinions de la
population
Dans les projets de développement, l'évaluation
constitue l'une des étapes majeures de toute la chaîne du projet.
Ainsi, elle permet de mettre à l'évidence les avancées et
les limites, l'évaluation (A) est capitale pour mesurer l'importance du
projet et de savoir l'implication de la population au projet (B).
A. Evaluation du jumelage
Pour Jacqueline MENGIN « l'évaluation est un
élément du processus de développement. Dans le domaine de
l'action sociale on a longtemps répugné à compter. Dans
les années 1960 sont apparues des tentatives pour élaborer des
méthodes afin d'évaluer l'impact de différentes politiques
sociales »60 en effet, l'évaluation demeure un pan
très important de l'ingénierie des projets moderne, vouloir
évaluer l'impact des projets de ce jumelage revient à mettre en
relief quelques approches. Un projet reste une solution à un
problème donné, cette solution doit prendre en compte le besoin
d'une société, l'état d'implication de cette
société et en fin le niveau de satisfaction de cette
dernière.
Par ailleurs, l'étude d'échantillons nous permet de
mener cette évaluation.
En effet, Les études d'échantillons (ou
enquêtes par sondage) complètent les méthodes qualitatives
et participatives telles que les entretiens semi-dirigés ou semi
structurés et les discussions de groupes et sont souvent
informées par celles-ci. Pour que les études de notre
échantillons soient efficaces, nous avons procéder a une
enquête de terrain et par la distribution des guides d'entretiens et des
interviews de la population de Moundou. Cela nous a permis de réaliser
un travail d'enquête plus précis et plus efficace. Nous avons
enquêté sur un échantillon composé de cent (100)
personnes prises dans les 24 quartiers que compte la ville, repartis dans les
quatre (04) arrondissements.
B. Une faible implication de la population aux
projets
Pour Emmanuel MATTEUDI « si la coopération
internationale doit jouer un rôle en ce jour un rôle, c'est
d'accompagner le mouvement de territorialisation du développement
et
60 Jacqueline MENGIN, op. cit, p. 20.
84
d'appuyer l'émergence des dynamiques
économiques, sociales et politiques territoriales nouvelles »
selon cette approche, les projets de coopération doivent être les
résultats des besoins exprimés. Dans une même optique, l'un
des enjeux les plus significatifs du développement local « est
de miser sur un développement territorialisé, proche des
populations et de leurs besoins. Ainsi un développement qui fait de la
proximité, la préoccupation première des décideurs
et de développeurs, pour penser de nouvelles formes de gouvernance et de
participation de la société civile »61 a
laissé entendre Jean -Michel SEVERINO dans le préface de
l'ouvrage d'Emmanuel MATTEUDI, se situant dans cette approche qui consiste
à impliquer la population locale dans la réalisation des
objectifs du Jumelage Moundou-Poitiers, les textes de base du statut de l'AAMP
et surtout l'article 2 de ce statut stipule que le rôle de l'AAMP est de
« conscientiser les habitants de Poitiers aux problèmes des
pays en voie de développement et les amener à être des
partenaires actifs des habitants de Moundou, acteurs de leur
développement » selon Bah Karyom MOURBE. Selon les
enquêtes menées sur le terrain à Moundou, il ressort que
les populations et bien d'autres couches sociales sont relativement moins
impliquées dans l'animation du jumelage dont les réalisations des
projets qui y découlent, ceci est vérifié car 30%
seulement des personnes interrogées se disent être
associées aux projets.
Figure 8 : diagramme mettant en relief le niveau
d'implication de la population au projet
Source : Enquête
61 Emmanuel MATTEUDI, op. cit, p. 2.
85
86
Sur les personnes enquêtées juste 30,95% disent
être associées au projet, beaucoup de personnes ignorent
l'existence du jumelage.
Ce faible taux d'implication de la population dans les actions
du jumelage pourrait s'expliquer par plusieurs raisons dont l'aspect
communicationnel et le caractère trop élitiste de cette
coopération décentralisée.
En effet, au vu des enquêtes réalisées sur
le terrain à Moundou, le constat global fait ressortir une absence
totale de communication, peu de personnes sont au courant de l'existence de ce
jumelage, et le bureau de l'AAMP ne fonctionne pas en plein temps, car les
responsables de cette association sont en même temps fonctionnaires de
l'Etat qui exercent d'autres tâches alors leur engagement pour le
jumelage est ponctuel et circonstanciel. Un autre aspect est le
caractère trop élitiste des responsables en charge du jumelage.
La coopération décentralisée est animée par un
petit cercle clos de personnes travaillant pour d'autres corporations
étatiques, et ceci laisse peut de possibilité aux personnes
considérées comme bénéficiaires des
réalisations du jumelage et pourtant l'AAMP est créée pour
favoriser la proximité avec la population et l'indépendance
vis-à-vis des autorités communales.
Paragraphe II : Des actions répondant aux
aspirations de la population
Les actions menées dans le cadre du jumelage s'appuient
sur les besoins de base de la population (A) mais restent cependant de moins en
moins visibles (B) ceci pourrait trouver des explications dans la croissance
démographique de la ville et surtout la naissance des nouveaux
quartiers.
A. Un jumelage répondant aux besoins de la
population
L'une des missions de la coopération
décentralisée consiste en l'accompagnement par échanges
d'expériences, appui dans la réalisation des projets communs pour
l'amélioration des conditions de vie des populations, même si cet
objectif n'est pas souvent mis en relief par les personnes en charge du
jumelage, très précisément de l'AAMP. Ainsi dans le cadre
de cette coopération entre les villes de Moundou et Poitiers,
Gérard VOYER, déclare : « la coopération doit
aider à sa modeste place, au développement pour tous et aux
priorités pour les plus démunis. La sortie du mal
développement doit être décidée, organisée
par les intéressées eux-mêmes et mise en route sans
attendre »62.
62 Extrait du discours de la signature de la charte du
jumelage Moundou-Poitiers.
A travers cette déclaration, on entrevoit un
désir de voir la population de Moundou s'approprier le jumelage avec des
projets de développement émanant des besoins fondamentaux de
cette dernière grâce à des consultations préalables.
Selon les enquêtes faites à Moundou concernant les projets
réalisés dans le cadre de cette coopération. Il en ressort
que ces projets répondent bel et bien aux besoins fondamentaux
exprimés ou non par la population de la commune de Moundou. A ce niveau,
vu les résultats des enquêtes 50% des personnes
interrogées, pensent que les réalisations dans la ville de
Moundou à travers le jumelage Moundou-Poitiers aux certains besoins des
ménages.
Figure 8: Diagramme mettant en relief l'importance des
projets du jumelage
Source : Enquête
Depuis la convention du jumelage en 1990, les problèmes
identifiés au niveau de Moundou semblent faire l'unanimité car
étant une ville en pleine expansion, les besoins d'adduction d'eau
potable, d'amélioration de la santé, de l'assainissement urbain
et de la formation de la jeunesse se pose avec acquitté.
Consulté le 12 novembre 2014 à 12h57mins.
87
B. Un jumelage aux retombées moins
visibles
La coopération décentralisée a pour
objectif de contourner les pouvoirs centraux d'être plus proche des
populations, les faire partager des expériences et de s'appuyer
mutuellement dans la réalisation des projets communs. Par ailleurs, la
coopération décentralisée est pensée pour combler
un vide, compléter et corriger les dispositifs de coopération
bilatérale et multilatérale qui existaient entre les pays du Nord
et ceux du Sud et qui avaient commencé à s'essouffler et à
montrer, dès les années 1980, de sérieuses limites et
faiblesses, la coopération décentralisée vise la
proximité avec la population, la visibilité des actions ou
réalisations, des solutions concrètes aux problèmes sans
passer par l'Etat central. Pourtant, une coopération
décentralisée n'a de sens que si elle s'inscrit dans une
perspective d'améliorer les conditions de vie de la population.
Cependant, force est de constater que dans le cadre du jumelage
Moundou-Poitiers, les réalisations restent moins visibles vu les
résultats des enquêtes faites sur le terrain à Moundou. Sur
les personnes interrogées, 9,52% seulement disent avoir
bénéficié des retombées de cette coopération
décentralisée. Ce faible pourcentage pourrait s'expliquer par
l'immensité de la ville et par le manque de communication réel
autour du jumelage.
Figure 9: Diagramme mettant en relief les
retombées du jumelage
Source : Enquete
88
Les retombées de ce jumelage existent mais tardent
à se faire voir car l'immensite de la ville et le manque de
communication aidant rend moins visible les actions et realisations de ce
partenariat.
En sommme, ce chapitre nous a permis de jetter un regard sur
les actions et realisations faites dans le cadre de cette cooperation
decentralisee entre les villes de Moundou au Tchad et celle de Poitiers en
France et aussi d'en faire une petite etude d'evaluation. Par ailluers, le
dernier chapitre de notre travail sera consacré aux limites du jumelage
Moundou-Poitiers et la proposition de quelques recommandations pour une belle
perspective de la cooperation décentralisee.
CHAPITRE 4 : LES LIMITES DU JUMELAGE
MOUNDOU-POITIERS
89
90
Dans le quatrième et dernier chapitre de ce travail,
nous nous attelerons à ressortir les difficultées auxquelles fait
face cette coopération decentralisée et de proposer quelques
pistes de solution.
Section I : un jumelage entravé par des
nombreuses difficultés
Aucune pratique de la coopération
décentralisée ne peut être propice aux populations sans
avoir réuni certaines conditions nécessaires. En effet,
certaines conditions doivent être nécessairement remplies pour que
le jumelage puisse véritablement porter des fruits cependant ce n'est
pas le cas concernant le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers.
Plusieurs difficultés ont mis en mal cette
coopération et l'ont empêchée de se déployer de
façon efficace pour pouvoir apporter un changement au niveau de vie de
la population. Les difficultés que rencontre le jumelage se situent
à plusieurs niveaux.
Paragraphe I : Absence de co-financement et les
entraves politiques
Le partenariat entre les villes de Moundou et Poitiers
souffrent de plusieurs maux entre autres le manque de moyens financiers pour le
co-financement des projets(A) et le poids politique (B) qui freinent les bonnes
volontés des intervenants au jumelage.
A. Le manque des moyens financiers
Le domaine de la coopération
décentralisée au Tchad n'est pas bien organisé à
l'exemple de certains pays de l'Afrique de l'ouest, comme le Burkina-Faso, le
Sénégal et le Mali.
En effet, le problème ici peut être
partagé entre l'Etat tchadien et la mairie de Moundou. Depuis des
décennies les communes du Tchad ne sont pas dotées des enveloppes
financières conséquentes pour leurs activités. Même
les fonds levés par le biais des impôts, des taxes directes et
indirectes, et d'autres amendes forfaitaires sont partagés entre le
trésor public et la caisse de la mairie. Par conséquent la
commune n'a pas un budget consacré à la coopération
décentralisée. Ainsi beaucoup d'actions souffrent par le manque
de moyen financier et pour les projets importants, la commune de laisse au bon
vouloir de son partenaire de Poitiers. Et pourtant dans la coopération
décentralisée ou dans l'ingénierie des projets, il existe
le principe de co-financement. Le cofinancement permet de garder une certaine
indépendance vis-à-vis des partenaires et de l'Etat.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le contexte de restriction
budgétaire du ministère des affaires étrangères en
France, diminution des subventions consacrées à la
coopération de 20% en moyenne, ne met donc pas
91
forcement en avant les actions des collectivités
locales, car elles répercutent aussi sur les actions internationales,
ainsi le financement des projets dans les pays du sud semble compris, par
ricochet la ville de Moundou subie directement les effets de cette crise
économique en France, car la commune de Poitiers ne peut tout faire
seule dans la ville de Moundou sans recourir à la contre-partie
budgétaire ou au cofinancement de certains projets d'envergure mais il
se trouve que la commune de Moundou ne dispose pas d'une ligne
budgétaire pour le cofinancement dans la coopération
décentralisée et attend qu'on lui donne tout comme cadeau. Ceci
peut s'expliquer par la méconnaissance des enjeux de la
coopération décentralisée. A priori, cette pratique n'est
pas aperçue comme un outil de développement par les acteurs , et
ceci se traduit dans les propos de DJIMASGAR DJEBOLO63« la
coopération décentralisée entre les villes est avant tout
le contact entre les hommes et de femmes de cultures différentes, de
mode de vie différent, ceux-ci partagent leurs expériences leurs
expériences de vie, leurs succès et leurs échecs
» par ailleurs, la coopération décentralisée de
nos jours constitue une opportunité assez efficace pour répondre
aux demandes sociales dans la mesure où cette coopération est
dotée des moyens humains, techniques et financiers conséquents.
La coopération décentralisée est une opportunité
pour la collectivité locale de Moundou pour réduire le niveau de
pauvreté et des inégalités sociales. Les programmes du
partenariat ou de coopération entretenus par la ville de Moundou avec
son homologue français , ont permis à l'amélioration des
conditions de vie des populations.
B. Le poids politique
La coopération décentralisée est
menée par les collectivités locales, ce qui signifie qu'elle
relève nécessairement des choix et des priorités des
élus locaux. Mais l'Etat en tout état de cause devrait mettre en
place une agence nationale de coopération décentralisée,
une structure neutre qui se chargerait de toutes les questions relatives au
jumelage. D'autre fait majeur au Tchad est l'instabilité des
institutions étatiques ainsi dans un passé récent des
maires étaient nommés directement depuis la capitale, et pourtant
la coopération décentralisée doit accompagner la
démocratie. Ainsi le maire de la ville qui arrive est étranger
aux questions du jumelage et n'en fait pas une priorité. De fait,
pendant une longue période, le jumelage entre les villes de Moundou et
Poitiers était dans une léthargie, il a fallu attendre les
élections
63 Président de l'Association des Amis de
Moundou-Poitiers. Propos recueillis le 12/09/2014 à 9h7min à
Moundou.
92
communales de 2012 pour que le maire démocratiquement
élu donne un coup d'accélérateur au jumelage en 2013.
Paragraphe II : l'incohérence des programmes et
manque de vision stratégique
Il existe une panoplie de programmes de développement au
Tchad, cependant ces programmes sont conçus de façon disparate
sans une aucune idée de concertation ceci entraine des chevauchements et
des répétitions, cette absence de cohérence entre les
projets et programmes (A) fait perdre assez de temps aux exécutions de
ces derniers, ce partenariat souffre également d'un manque de vision
stratégique (B) de la part de ses animateurs ce qui conduit à une
relation à sens unique de courte portée.
A. Manque de cohérence entre les différents
programmes de développement
La coopération décentralisée entre les
villes de Moundou et Poitiers souffre de plusieurs ambiguïtés dues
au problème d'adaptation de ces objectifs aux programmes nationaux de
développement qui sont constamment retouchés et pensés
directement par les cadres du ministère pour tout le territoire sans
prendre les différentes spécificités régionales. En
deux décennies, nous avons remarqué que le Tchad a
élaboré plusieurs documents de lutte contre la pauvreté
soit avec la collaboration des institutions internationales telle que le FMI et
d'autres partenaires comme l'Union européenne ou l'Agence
française de développement. Au rang de ces plans de
développement, nous pouvons ressortir la « Stratégie de
réduction de la pauvreté », élaboré et
présentée en 2002 qui a pour objectif principal
d'accélérer la mise à jour rapide du « Document de la
Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté » (DSRP)
qui est selon certains analystes africains est une copie collée pour
tous les pays africains.
En 2005 le gouvernement tchadien avait élaboré
conjointement avec l'IDA, un projet appelé « Projet d'Appui au
Développement Local » en abrégé PROADEL. Le PROADEL
est doté d'une enveloppe financière de 52 million de dollars.
L'objectif global assigné à ce projet est de réduire la
pauvreté et de promouvoir un développement durable en milieu
rural en intensifiant, d'une part, la participation des communautés
locales et des collectivités territoriales décentralisées
et d'autre part, en améliorant l'accès aux services de base au
niveau local. Les objectifs spécifiques du projet sont d'aider le
Gouvernement tchadien à concevoir et établir un mécanisme
de financement à la fois participatif et décentralisé qui
visera à donner plus de pouvoirs aux communautés rurales et aux
collectivités territoriales
93
décentralisées qui auront à gérer
des financements de façon transparente et selon leurs propres
priorités.
Tous ces programmes et projets sont élaborés sur
des mêmes critères pour tout l'ensemble du territoire tchadien
dont la commune de Moundou sans prendre compte des besoins spécifiques
de chaque région. Ainsi dans le cadre des projets de la
coopération décentralisée, il est constaté quelques
fois des chevauchements dans les projets sur le terrain. De ce fait, il arrive
parfois que les autorités locales de Moundou convoquent les acteurs de
la coopération décentralisée et les
délégations régionales pour essayer d'uniformiser certains
projets et les rendre cohérents. Globalement, les actions de la
coopération décentralisée ne sont pas cohérentes
avec les principales orientations politiques du gouvernement tchadien, cela est
du au manque de concertation.
En mars 2009, les modifications ont été
apportées au projet d'extension du réseau d'eau potable de
Moundou en concertation avec AAMP, APM, STEE et Mairie de Moundou ont
été adoptées par le programme PADUR, il faut signaler que
le PADUR est un projet du programme du ministère de l'Aménagement
du Territoire et de l'Urbanisme. Cet exemple illustre à suffisance le
manque de concertation avant l'élaboration de projets et met en exergue
le déficit de communication de la part des acteurs de la
coopération décentralisée.
B. Manque de vision stratégique
Les enjeux du partenariat issu du jumelage sont mal compris
par les intervenants, car l'AAMP qui est l'organe chargé de l'animation
et gestion de la coopération décentralisée ne communique
pas assez et appréhendent de moins en moins les véritables
opportunités qu'offre une pratique comme la coopération
décentralisée.
? Absence de communication et d'une véritable
stratégie de pérennisation
Les enquêtes menées entre la fourchette de temps
allant de 1993 à 2013 ont montré les limites du jumelage entre
les communes Moundou et de Poitiers, ces limites se situent au niveau
structurel et du personnel. D'emblée, il ressort que les
activités du jumelage sont menées sans un mode de communication
bien structuré pour permettre une grande visibilité des
retombées de ce dernier. En effet, le jumelage entre les communes de
Moundou et de Poitiers est carrément méconnu de la population
moundoulaise et ceci est du à une absence criarde de communication
interne et externe. La communication est un instrument très important
pour impliquer la population dans la coopération
décentralisée et de s'approprier de ses acquis, elle
94
a le mérite de privilégier la proximité,
le développement à la base qui sont aussi les principes du
développement local.
Par ailleurs, dans le cadre du jumelage Moundou-Poitiers, il
faut souligner qu'il n'existe pas une cellule de communication avec des experts
de coopération décentralisée, néanmoins la mairie
de Moundou dispose d'une direction de relations internationales et de
communication mais puisque le jumelage est géré en plein
temps par l'AAMP. La promotion de cette coopération
décentralisée et de sa portée doit passer par la
communication externe mais il est aussi important de garder un climat de
sérénité, d'associer les acteurs à toutes les
actions du jumelage et de faire en sorte qu'ils sentent leur opinion pris en
compte et reconnus c'est le rôle de la communication interne. Si l'on
admet que les acteurs du jumelage constituent le premier vecteur d'image vers
l'extérieur c'est la théorie de l'agent ambassadeur d'image, il
devient une logique de communiquer vers lui afin que la portée du
jumelage trouve écho chez la population.
En effet, il nous a été donné
d'être confronté à un réel problème lors de
la collecte d'information, car tous les acteurs en charge du jumelage vers qui
nous sommes allés sont incapables de nous informer sur le jumelage et
nous orientés directement vers le président de l'AAMP. Par
ailleurs, le bureau de l'AAMP, comme nous l'avons souligné ci-dessus,
est géré par des personnes exerçant à la fonction
publique, n'est pas ouvert de façon permanente pour permettre à
la population d'y venir pour s'informer.
Au niveau de la communication externe, le même constat
se dégage, les agents de la mairie et de l'AAMP ne communiquent
quasiment pas sur les activités du jumelage. En effet, quelque rares
fois ou on parle de la coopération décentralisée
coïncide soit avec l'arrivée des partenaires de Poitiers à
Moundou ou à la veille du voyage de la délégation de
Moundou à Poitiers. Comme conséquence, la population n'est pas
vraiment associée aux activités qui sont menées à
travers cette coopération avec la ville de Poitiers. Pour
s'enquérir des activités menées dans le cadre de ce
jumelage, nous étions obligés de consulter plutôt le site
web de l'AAMP qui est animé par les partenaires de la ville de
Poitiers.
Concernant la politique de pérennisation des
retombées du jumelage, il faut souligner que la stratégie
adoptée jusqu'à présent comporte encore quelques failles.
En effet, en ce qui concerne l'entretien et la maintenance, à titre
d'exemple, de bornes fontaines sous la supervision des chefs d'arrondissements
et de certaines écoles, il faut souligner que ces derniers sont
occupés avec d'autres taches et du coup laissent les bornes fontaines au
bon-
95
vouloir des usagers, ainsi les bornes fontaines se retrouvent
dans un état délabré parce que le suivi n'est constant. De
ce fait, il arrive de voir des robinets défectueux sinon des bornes
fontaines abandonnées ou purement transformées en lieu de repos
par les badauds du quartier.
Photo 6: Borne fontaine défectueuse
Source : ALLANDIGUIM REOUMBAYE Christian
Ces photos ci-dessus, montrent des bornes fontaines mal
entretenues et abandonnées, elles sont confiées au 4e
arrondissement.
96
? Méconnaissance des enjeux de la
coopération décentralisée et la persistance de l'esprit
d'assistanat
La prise de conscience de la situation de pauvreté dans
laquelle se trouve beaucoup d'Etats sur la planète pousse les dirigeants
des pays avancés, les acteurs étatiques de la
société civile, les acteurs des Organisations
Intergouvernementales, les Organisations non-gouvernementales ainsi que les
individus à penser à un moyen par lequel l'on pourrait aider les
pays pauvres à atteindre le stade de développement. Ainsi le 05
juin 1947, Georges Marshall64 lance le plan
Marshall65à travers un discours qui marque le
début de l'histoire de la coopération au développement
même si la période de la guerre froide a laissé entrevoir
une autre visée. Cette aide n'était pas seulement philanthropique
puisqu'elle devait également stimuler l'économie
Américaine.
Après la seconde guerre mondiale, plusieurs instruments
sont mis au service du développement au départ des pays de
l'Europe de l'est ravagés par la guerre et en suite les étendre
à tous les autres pays qualifiés de pauvre. Dès lors, le
développement devient une entreprise commune.
Plusieurs décennies ont été
consacrées par l'Organisation des Nations unies au développement
et ceci en faisant de la coopération internationale le cheval de
bataille. En 2000, l'Assemblée générale de l'ONU adopte la
Déclaration du Millénaire66. Le
développement par la coopération est réaffirmé par
l'OMD 867 de ce texte d'où la coopération
internationale en générale et la coopération
décentralisée en particulier doit être
considérée comme un levier de développement par les pays
du sud.
Par contre, l'enjeu de la coopération
décentralisée pour la ville de Moundou ne doit plus se limiter au
niveau des échanges culturels et des voyages ponctuels d'ici et
là, les enjeux de la coopération décentralisée sont
plus importants que la réalisation de quelques bornes fontaines et
autres. En ce qui concerne les enjeux de cette pratique pour la ville de
Moundou, il faut souligner qu'à travers la coopération
décentralisée l'on pourrait faire beaucoup de chose tendant
améliorer le niveau de vie de la population moundoulaise.
64 George Marshall fut secrétaire d'Etat des
Etats-Unis d'Amérique.
65 Plan à travers lequel une importante aide
financière et économique a été octroyée
à toute l'Europe après la seconde guerre mondiale (1947) par les
Etats-Unis d'Amérique.
66 Résolution adoptée par
l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2000 qui
proclame l'atteinte des 10 OMD d'ici à l'horizon 2015.
67Objectif 8. Mettre en place un partenariat mondial
pour le développement.
97
La coopération décentralisée est une
opportunité certaine pour la collectivité territoriale de Moundou
pour la réduction de la pauvreté et des inégalités
sociales. Si les programmes de partenariat arrêtés par la
collectivité de Moundou avec son homologue français sont bien
conçus , ils pourront permettre à contribuer significativement
à la réduction de la pauvreté à travers
l'amélioration des conditions de vie des populations mais aussi à
renforcer la démocratie et accompagner la collectivité de Moundou
dans le processus d'apprentissage de la gouvernance locale. Elle peut soutenir
alors la dynamique de démocratisation engagée depuis les
élections communales historiques de 2012.
La commune de Moundou gagnerait avec le soutien de son
homologue de Poitiers à se former au montage des projets internationaux
ce qui renforcera sa capacité à aller capter des financements
internationaux sans passer par des intermédiaires. Il faut souligner que
dans la plupart des cas les collectivités locales du Nord captent ses
financements internationaux à travers les projets pour leur homologue du
Sud et n'investissent qu'une partie du budget au Sud.
Un autre problème majeur au niveau de la
collectivité locale de Moundou est la persistance de l'esprit
d'assistanat. Comme José Hipolito dos Santos déclare« un
des traits culturels les plus persistants au changement que représente
une action de développement est sans doute l'attente des bienfaits venus
d'en haut. »68En effet, la commune de Moundou est
de plus en plus assistée dans cette pratique du jumelage, le
développement en principe dans cette vision doit être une
entreprise commune, et dans la logique de projets de développement, il y
a le principe de cofinancement qui est pratiqué. Dans les projets la
contrepartie du bénéficiaire dans le financement d'un projet de
développement peuvent osciller entre 15% à 20% mais dans les
copies des projets présentées par la commune de Moundou aux
partenaires de Poitiers que nous avons eu ne laisse aucune trace de la part du
budget amorti par la partie moundoulais. Ceci peut s'expliquer par l'absence
d'une enveloppe budgétaire allouée à la pratique de la
coopération décentralisée au niveau de la mairie de
Moundou sinon au niveau de l'Etat tchadien, d'emblée le jumelage
Moundou-Poitiers est à sens unique et confondu à l'assistanat.
68 José Hipolito dos santos, les femmes au
Coeur du développement, Paris, l'Harmattan, pp. 7-8, 2013.
98
? Un jumelage confronté aux difficultés
opérationnelles de la décentralisation
Malgré l'existence des textes et des structures, la
décentralisation peine à se mettre
véritablement en place, les hésitations et les
mauvais choix politique liés à la décentralisation ne
favorisent pas vraiment une large autonomie des régions, ce qui entraine
un manque de ressources au niveau local dont absence de
réciprocité dans les partenariats.
- Des hésitations dues à
l'ineffectivité de la décentralisation au Tchad
L'histoire de la coopération
décentralisée est intimement liée au processus de
décentralisation au Tchad. La pratique de la coopération
décentralisée est rythmée par la mise en place de la
décentralisation. En rappel, il faut dire que le processus de
décentralisation est enclenché au Tchad sur la base des
résolutions de la conférence Nationale Souveraine du 15 janvier
1993. Ces résolutions ont été confirmées par la
constitution du 31 mars 1996 révisée par la loi constitutionnelle
du 15 juillet 2005. La loi fondamentale en son article 2 a institué la
décentralisation comme mode de gestion du pouvoir : « la
République du Tchad est organisée en collectivités
territoriales décentralisées dont l'autonomie est garantie par la
présente constitution ». Ainsi, les résolutions issues de
toute la disposition constitutionnelle ont mis beaucoup de temps pour
être traduites dans les faits. Avec les premières élections
locales qui se sont déroulées en janvier 2012 et n'ont
concerné que 42 communes (23 communes chefs lieu de région, 9
communes chefs lieu de département et 10 Arrondissements de
N'Djaména). Toutes ces hésitations ont un peu freiné
l'évolution de la coopération décentralisée au
Tchad, car les partenaires hésitaient de travailler avec les
autorités locales qui ne sont pas l'émanation de la
volonté populaire, plusieurs maires de la ville de Moundou ont
été nommés par les autorités de N'Djamena sans
consulter la population à la base juste avec le premier maire élu
en 2012. En effet, une décennie est marquée par la
léthargie du Jumelage Moundou-Poitiers, car cette période est
caractérisée par une instabilité à la tête de
la mairie de Moundou, ceci a semblé perturber la vie de cette
coopération décentralisée.
- Absence de réciprocité
Beaucoup de concept sont nés autour de la
coopération décentralisée. L'émergence de la
coopération décentralisée pour un développement
durable69 vient une fois de plus mettre en lumière les
sacrés principes qui caractérisent cette pratique.
69Le Point sur, n° 146,
Octobre 2012.
99
La coopération décentralisée est une
forme de partenariat entre deux collectivités de pays différents,
unies dans un intérêt commun. Dans cette option de
durabilité, une démarche de coopération
décentralisée doit dans une démarche de demande de projet
territorial de développement durable tel qu'un Agenda 2170
pour favoriser la rencontre des dimensions locale et globale. Ces
démarches répondent toutes deux aux enjeux locaux, et la synergie
entre elles renforcent l'action en faveur de l'émergence de territoires
plus durables, ici et là. Cette coopération
décentralisée est basée sur les quatre principes
d'égalité, de solidarité, de réciprocité
fixée par la Charte de la coopération décentralisée
en 2004. Elle est matérialisée par une convention et peut prendre
plusieurs formes : jumelage, aide au développement, relation technique
d'appui à la décentralisation. Reliant des territoires à
l'échelle infra nationale, la coopération
décentralisée permet l'adaptation et la réactivité
ainsi qu'une grande proximité avec les citoyens et une
démultiplication des actions.
De tout ce qui précède, depuis la signature de
convention de cette coopération décentralisée en janvier
1989, il faut signaler qu'il y a une seule rencontre culturelle entre les
jeunes de Poitiers et Moundou, ce concours théâtral inter
établissement date de 1992.
Bref, la coopération décentralisée entre
les villes de Moundou et Poitiers marche à sens unique.
À la suite des limites identifiées, nous
tacherons à émettre quelques propositions pour permettre à
la redynamisation de la coopération décentralisée. Ces
propositions seront adressées à l' endroit de l'Etat tchadien et
aux autorités locales de la commune de Moundou.
Section II: Les perspectives pour un jumelage plus
fructueux
La coopération décentralisée, en tant que
vecteur des valeurs de démocratie locale est considérée
par les nouveaux spécialistes du développement comme un
modèle alternatif moins formaliste sur le plan institutionnel, moins
bureaucratique dans sa gestion et moins coûteux en terme
budgétaire semble mal appréhendée au niveau du Tchad par
l'absence d'une dynamique structurelle au niveau national et sa
méconnaissance par les élus locaux. Pour un jumelage plus
prospère nous proposerons quelques pistes de réflexions.
70 L'agenda 21 local est un projet territorial de
développement durable, qui articule enjeux internationaux tels
qu'affirmés depuis la Déclaration de Rio de 1992, et
spécificités locales. Il comporte un diagnostic, une
stratégie et un plan d'actions pluriannuel et couvre l'ensemble des
champs de compétences des collectivités de façon
transversale.
100
Paragraphe I : La création d'une structure
spécialisée
Pour rendre bénéfique la coopération
décentralisée, il serait impérative pour l'Etat tchadien
de créer et doter une agence spécialisée (A) dans la
gestion de la pratique de coopération internationale au Tchad, et
surtout d'intensifier la communication (B) pour que ce dernier soit un
partenariat de proximité et non d'élite.
A. Agence Tchadienne de Coopération
Décentralisée
A la différence des pays du Nord, il n'existe aucun
organisme chargé de la coopération internationale. Les
collectivités locales s'engagent avec des moyens modestes en s'appuyant
sur des liens personnels qu'ils entretiennent avec leur homologue
étranger. Les partenariats se font au hasard des rencontres et les
projets échouent ou réussissent.
Pour cette raison, il serait impérative pour l'Etat
tchadien de mettre en place une structure dotée des moyens financiers,
humains et logistiques nécessaires pour servir de transmission entre les
collectivités locales tchadiennes et étrangères.
En effet, les missions dévolues à cette
structure sont : de doter les collectivités locales de stratégies
en vue de leur permettre de se lancer sur la scène internationale. Ceci
se fera par la formation des élus locaux, la disponibilité d'un
fond pour appuyer les collectivités locales dans les actions de
coopération avec leurs homologues étrangères.
B. Intensification de la communication
Pour communiquer, les acteurs de Moundou, le bureau de l'AAMP
devraient, autant que possible, recourir à des moyens de communication
gratuits comme la visioconférence et avoir recours à des
plateformes qui, utilisés à bon escient, permettent d'approfondir
et d'actualiser les échanges, ce qui permettrait peut-être de
susciter plus d'intérêt auprès du grand public.
L'accent serait alors mis sur :
y' Un état des lieux sur l'utilisation d'un site web ou de
visioconférences ;
y' La possibilité de créer et d'actualiser
régulièrement un site web commun partageant la même charte
visuelle mais avec des contenus différents. Dans l'objectif, d'une
plateforme d'échange d'informations pour les citoyens: les informations
sur les manifestations futures ainsi que sur la commune de Moundou, les
informations sur des sujets d'actualité comme le protocole et le
programme de jumelage; les comptes rendus de réunions, les bilans
d'activité annuels, d'un échange d'informations entre les
101
responsables (protégé par mot de passe) : les
échanges sur la future programmation, l'échange sur les
expériences respectives, les « bonnes pratiques » dans
d'autres jumelages, création de synergies, etc.,
? D'une meilleure visibilité dans les médias
locaux et nationaux. Il faut aussi envisage l'utilisation commune d'un site
web71 régional comme plateforme destinée à
l'échange d'expérience entre les parties prenantes, renforcement
du réseau avec d'autres institutions bilatérales en profitant de
synergies lors de la préparation et de l'organisation de manifestations.
L' outil tel que la Visioconférence pourrait être utilisée
pour fluidifier les communications, et notamment pour faciliter les
échanges sur les projets communs ou la mise en pratique d'initiatives et
de projets communs ainsi que pour traiter les questions d'actualité
d'intérêt commun.
Paragraphe II : Passer d'une coopération
décentralisée globale à une coopération
spécialisée
Pour que les actions soient efficaces, il serait
préférable de choisir un modèle de planification
adéquat lequel modèle peut être un Agenda 21 local, et
passer d'une coopération décentralisée globale à
une coopération spécialisée (B) dans le domaine de l'eau,
à titre d'exemple.
A. Mise en place d'un Agenda 21 local
Le développement s'inscrit donc comme un processus
que s'approprient les individus et la collectivité pour répondre
à leurs besoins. Il ne peut y avoir de
développement durable sans que celui-ci soit porté et
valorisé par les personnes concernées, par des
collectivités mobilisées et organisées, en vue de mieux
maîtriser les moyens et les ressources permettant d'améliorer
leurs conditions de vie.
Le développement de la ville de Moundou souffre d'une
grande incohérence née du manque d'harmonisation entre les
différents programmes, à savoir celui contenu dans le projet de
société sur la base de laquelle l'exécutif de la mairie
est élu par la population, les actions dispersées de la
coopération décentralisée, les projets menés par et
les partenaires internationaux, ne favorisent pas la mise en place des
synergies conjuguées.
71 De l'anglais «website»,
littéralement «site de la toile» en français, c'est un
ensemble de pages web liées et accessible via une adresse web.
102
En effet, selon le Pr. MESSANGA NYAMDING Pascal Charlemagnes
« la logique socio-anthropologique se
révèle comme un excellent espace d'observation, de la domination,
de l'identification et de la représentation. Elle véhicule ainsi
une culture qui n'est rien d'autre q' un ensemble d'usages et de coutumes qui
fixent des modèles de comportements. Elle s'organise dans des
règles communes (institutions et règlements) imposant des valeurs
et construisant des schémas d'action et de pensée
»72, ainsi l'élaboration de l'Agenda 21 local de la
ville de Moundou permettra de mettre en relief et de véhiculer la
culture et la coutume du peuple Ngambaye de Moundou.
B. Passer d'une coopération
décentralisée globale à une coopération
spécialisée
Le jumelage Moundou-Poitiers nécessite un recadrage
pour des actions de grande portée. En effet, le système de
jumelage consistant à se fixer plusieurs objectifs semble
obsolète, c'est pourquoi il est de plus en plus souhaitable de nouer de
relation de coopération décentralisée dans un domaine
précis pour pouvoir mobiliser des synergies et aboutir aux
résultats concrets. Il est possible de passer d'une coopération
décentralisée globale à une coopération
décentralisée pour l'eau à Moundou par exemple. L'avantage
de cibler le domaine de l'eau est très important car travaillant pour
l'adduction on resoud en même temps plusieurs problèmes
transversaux tel que l'assainissement et la lutte contre les maladies hydrides.
Mais l'intérêt majeur repose sur la mobilisation des moyens
financiers car en plus des sources de financements communes à tous les
secteurs d'intervention, et provenant principalement des conseils
généraux, des conseils régionaux ainsi que du MAE, les
actions de coopération décentralisée dans le secteur de
l'eau peuvent bénéficier de financements complémentaires.
Les syndicats d'eau et d'assainissement et les agences de l'eau peuvent ainsi
apporter un appui financier significatif à des actions initiées
par des collectivités situées sur leur bassin. Certaines actions
de coopération décentralisée peuvent également
être financées via les ONG porteuses des projets. C'est par
exemple le cas du Syndicat des Eaux d'Île-de-France (SEDIF) qui ne
finance que des projets portés par des ONG françaises dans le
secteur de l'eau.
72 Pascal Charlemagnes MESSANGA NYAMDIN, Droit
coutumier et anthropologie juridique africaine, cours dispensé en
Master « Coopération internationale, Action humanitaire et
Développement Durable » (CA2D), IRIC, 2013, cours en ligne,
http://www.univirtual.it/CA2D/
, dernière consultation le 20/11/ 2014.
103
? Renforcement du cadre d'animation
L'absence d'un cadre juridique et réglementaire
cohérent dans l'arsenal juridique du Tchad constitue handicap
sérieux pour une pratique sereine de la coopération
décentralisée en général et du jumelage entre les
villes de Moundou et Poitiers en particuliers. Le cadre juridique et structurel
de la coopération décentralisée mérite une
réflexion profonde de la part de l'autorité publique.
- Cadre juridique et réglementaire
Le cadre juridique et réglementaire de la
coopération décentralisée au Tchad reste assez
limité. En effet, à part quelques passages de la loi de 1996 qui
consacre l'autonomie de collectivités territoriales et les autorisent
à nouer des relations de coopération décentralisée,
il n'existe aucun instrument juridique opérationnel en cas de litiges
entre les partenaires. Ainsi, il serait souhaitable pour les élus locaux
tchadiens de doter les collectivités locales d'un instrument juridique
assez permettant à ces dernières de faire face aux mutations
perpétuelles que connaissent les entités engagées dans les
jumelages.
- Cadre structurel
Il est à rappeler que le jumelage entre les villes de
Moundou au Tchad et Poitiers est animé par la mairie de Moundou par le
biais de l'Association des Amis de Moundou-Poitiers(AAMP) créé
depuis 1993. Par ailleurs, il s'avère que les acteurs et intervenants
dans le cadre la coopération décentralisée à
travers la structure de l'AAMP sous tutelle de la mairie ne dispose d'aucun
expert en coopération décentralisée, en suite la
coopération décentralisée ne figure guère en bonne
place dans l'organigramme de la mairie de Moundou, car il existe un
chargé de communication qui joue en même temps le rôle de
chargé des relations internationales, ce qui entraine la mauvaise
perception de ce concept. Il serait recommandable de recruter un expert en
coopération internationale et décentralisée pour le
développement car ce dernier dispose des éléments
théoriques et pratiques du domaine.
Retour aux Hypothèses :
Nous faisons le constat que nos hypothèses sont
confirmées. Il est donc établi que :
Hypothèse principale : Les
interventions multiples opérées dans le cadre du jumelage entre
les villes de Moundou et Poitiers, particulièrement dans le cadre des
projets de coopération décentralisée pour le
développement ont permis une réelle amélioration de
conditions de vie
104
des habitants de la commune de Moundou en matière de la
santé, de l'éducation, de l'eau et assainissement et de la
culture .
? Hypothèse 1 : Plusieurs textes
nationaux et internationaux légitiment le jumelage entre les villes de
Moundou et Poitiers.
La coopération décentralisée au Tchad est
pratiquée dans un cadre institutionnel et réglementaire strict,
nous pouvons citer les textes nationaux (constitution, arrêtés et
décisions) et les instruments internationaux tels que le traité
de l'AIMF et de la francophonie.
? Hypothèse 2 : Par une approche
participative d'échange et de renforcement de capacités, le
jumelage contribue significativement à l'amélioration des
conditions de vie de la population.
Le jumelage Moundou-Poitiers est pratiqué dans une
approche participative conformement à l'esprit du développement
local et de la décentralisation, ainsi le partenariat est animé
par des associations qui servent de plate forme d'échange, à
travers cette approche beaucoup d'échanges ont permis d'élever un
peu le niveau de vie de la population de ville de Moundou.
? Hypothese 3 : l'incohérence des
approches mises en oeuvre par les intervenants (communes de Moundou, Poitiers,
l'Etat tchadien et ONG internationales et nationales) expliquerait le faible
rendement des actions de développement dans la commune de Moundou.
Cependant quelques limites sont relevées. Celles-ci
s'expliquent par l'inefficacité des stratégies et des actions
mises en oeuvre par les différents intervenants et l'incohérence
des approches mises en oeuvre par les intervenants, d'où la
nécessité d'élaborer des stratégies d'action
basée sur la communication(interne et externe) ,un plan d'action
cohérent (Agenda 21 local ), la disponibilité des moyens humain,
technique et financier conséquents et ceci en tenant compte du contexte
socioculturel et de la collaboration des pratiquants et
bénéficiaires.
CONCLUSION GENERALE
105
La problématique de la contribution de la
coopération décentralisée au processus du
développement local au Tchad, notamment le cas du jumelage entre les
villes de Moundou (Tchad) et Poitiers (France). La coopération
décentralisée entre les villes de Moundou et Poitiers porte
l'espoir des résultats favorables pour la réduction de la
pauvreté et l'assurance du bien-être des populations. C'est dans
ce sens que la coopération décentralisée est
envisagée comme un instrument d'appui au développement les villes
de Moundou et Poitiers. Des lors, la signature de la convention du jumelage
entre les villes de Moundou et Poitiers, le 29 janvier 1989, en tant qu'un
outil de partage d'expérience et d'appui au développement, a-t-il
permis de contribuer réel au développement local de la ville de
Moundou ?En d'autres termes, le fonctionnement actuel et les moyens mis en
place dans le cadre de cette coopération décentralisée
sont-ils efficaces ?Ou encore son bilan actuel et ses perspectives de
développement peuvent permettre d'atteindre les objectifs fixés,
et donc contribuer au développement socio-culturel et économique
de la ville de Moundou ?
La recherche des réponses à cette question
centrale nous a permis de conclure que le jumelage Moundou-Poitiers est
considéré comme un outil promoteur et un levier de
développement de la ville de Moundou. Cette expérience de
coopération fonctionnelle peut servir de base d'appui pour les autres
collectivités locales du Tchad encore retard dans ce domaine.
Malgré ces efforts, beaucoup reste à faire pour
rendre cette coopération décentralisée plus efficace et
espérer atteindre les objectifs fixés.
Karl POPPER73 a souligné dans son ouvrage
intitulé « la connaissance objective » que : « les
théories sont des filets dont on se sert pour saisir la
réalité » Ainsi, pour réaliser ce travail, nous
avons mobilisé deux théories, notamment, le transnationalisme et
le développement local participatif.
Le transnationalisme met l'accent sur les actions
extérieures des structures privées, des collectivités
territoriales décentralisées et les ONG sans passer les Etats
centraux. Il nous a permis d'expliquer le processus par lequel les
collectivités locales coopèrent sur des projets
73Karl POPPER, La connaissance objective,
Paris, Université de Paris IX Dauphine, 1971, p. 45.
106
communs, et aussi d'étudier le mécanisme par
lequel les ONG interviennent dans les pays étrangers.
Quant à la théorie du développement local
participatif, elle nous a permis de cerner le mécanisme participation de
la population locale aux projets et aussi processus d'intervention des
structures privées et ONG au processus du développement local, en
fin de comprendre les modes de coordination qui sous-tendent les diverses
activités de développement.
Il convient de retenir à l'issue de cette étude
que pour répondre à la problématique posée, les
points suivants ont été traités :
- Nous avons procédé à la
présentation de la zone d'étude qu'est la commune de Moundou,
notamment en présentant les nombreux atouts et les limites au niveau
tant humain que physique de la commune de Moundou ;
- Nous avons ressortis le cadre institutionnel et
réglementaire de la coopération décentralisée au
Tchad ;
- Nous avons indiqué à travers les
hypothèses qu'il existe pour les deux villes engagées dans le
jumelage des avantages certains de coopération autour de la
problématique du développement local ;
- Nous avons constaté, après analyse et
évaluation, que le jumelage Moundou-Poitiers a réalisé,
dans une certaine mesure, ou elle est en train de réaliser et
réalisera encore à l'avenir de nombreux avantages pour
l'amélioration des conditions de la population de Moundou à
travers l'appui à la santé, aux projets d'adduction d'eau
potable, à l'assainissement urbain, à l'éducation et
à la culture.
- Nous avons noté, en dépit des
difficultés rencontrées et des défis majeurs à
relever, la ferme détermination des autorités de la commune de
Moundou à travailler avec diligence pour atteindre les objectifs
fixés dans le cadre de la coopération
décentralisée.
- Nous pouvons ainsi constaté que le jumelage entre les
villes de Moundou et Poitiers se trouve sur le chemin de la
concrétisation de sa vision sur l'amélioration des conditions de
vie et pour le bien-être des populations ; mais pour que cette vision
devienne une réalité, il est plus que nécessaire que
l'Etat tchadien et la commune de Moundou participent pleinement à sa
réalisation en pourvoyant à l'action du jumelage des moyens
financiers conséquents, en fournissant un appui qualitatif à la
recherche d'autres partenaires en
107
développement diversifiés ainsi que un
renforcement des capacités en matière de ressources humaines.
Il convient également de tirer quelques enseignements de
cette étude notamment :
- Il n'existe pas une structure nationale chargée
d'encadrer, de gérer et d'appui la pratique de la coopération
décentralisée au Tchad ;
- Une absence criarde de la communication rendant ainsi
difficile la perception des actions du jumelage entre les villes de Moundou et
Poitiers et de l'existence même de cette coopération
décentralisée ;
- La ville de Moundou ne contribue pas significativement
(contribution financière) aux du jumelage, l'on remarque une
coopération décentralisée à sens unique, avec un
esprit d'assistance ;
- Une absence de réciprocité et d'un plan
d'action détaillé.
Toutes ces difficultés constituent un énorme
handicap à la bonne marche du jumelage et ralentit
considérablement la réalisation de certains de
développement en faveur de la population de Moundou et rend moins
visible les actions de ce jumelage. Toutefois, pour renforcer cette
coopération et la prise en compte des besoins de la population de
Moundou dans les activités du jumelage, il faut prendre un certain
nombre mesure.
En terme de perspectives sur la question, il est important de
:
? Mettre en place une structure dotée des moyens
financiers, humains et logistiques nécessaires pour servir de croie de
transmission entre les collectivités locales tchadiennes et
étrangères.
En effet, les missions dévolues à cette
structure sont par ailleurs, de doter les collectivités locales de
stratégies en vue de leur permettre de se lancer sur la scène
internationale. Ceci se fera par la formation des élus locaux, la mise
en disponibilités d'un fonds spécial pour appuyer ces
collectivités locales dans leurs actions avec leurs homologues
étrangères, et sur à permettre à celles qui ne sont
pas jumelées de se trouver des partenaires étrangères. Il
faut souligner que dans un pays comme le Sénégal où il
existe une agence nationale de coopération décentralisée
à faciliter le drainage des fonds importants pour financer le
développement.
? Recourir à des moyens de communication gratuits comme
la visioconférence et avoir recours à des plateformes qui,
utilisés à bon escient, permettent d'approfondir et
108
d'actualiser les échanges, ce qui permettrait
peut-être de susciter plus d'intérêt auprès du grand
public et de faire découvrir cette pratique.
? Mettre en place un Agenda 21 local, qui servira d'un plan
d'action de développement local, celui-ci permettra à tous les
projets de s'y accrocher pour plus de cohérence et des résultats
visibles.
Enfin, nous avons longuement parlé de la
coopération décentralisée entre les villes de Moundou et
Poitiers, ses problèmes, ses réalisations et ses perspectives
d'avenir. Nous avons démontré l'appui de la coopération
décentralisée au processus du développement local à
Moundou à travers, l'appui à la santé, à
l'assainissement urbain, à l'éducation et à la culture.
Nous avons rappelé dans ce travail la volonté de deux partenaires
de ce jumelage à oeuvrer davantage pour les échanges et l'appui
dans divers domaines.
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http://www.coopdec.org
http://www.ceracoop.org/images/pdc/CoopDec/guide_coopdec_adf-f3e.pdf,
http://www.resacoop.org/Boite
Outils/se-documenter/dossiers-
thématiques/pdf/transverses/pdf
ANNEXE
114
115
ANNEXE I: Questions aux autorités de la commune
de Moundou: UNIVERSITE DE YAOUNDE II UNIVERSITY OF YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU CAMERO
B.P.: 1637 Yaoundé
Tél.: 22 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
|
|
INTERNATIONAL
RELATIONS INSTITUTE OF CAMEROON
P.O Box: 1637 Yaoundé Tél.: 22 31 03 05 Fax: (237)
22 31 89 99
|
|
MASTER EN RELATIONS INTERNATIONALES
Filière : Coopération
internationale, Action humanitaire et Développement durable (CA2D)
Spécialité : Coopération
internationale et coopération décentralisée pour le
développement
« 3e promotion
»
GUIDE D'ENTRETIEN
(Avec les autorités de la commune de
Moundou:
Le Maire, les Maires-adjoints, les Conseillers municipaux,
chargés de coopération
internationale)
ALLANDIGUIM REOUMBAYE Christian
Mobile : +
Courriel:allandchristian@yahoo.fr
Année 2014-2015
116
Bonjour/Bonsoir Monsieur/Madame. Dans le cadre de la
réalisation de notre mémoire de fin d'études de Master en
« Coopération internationale, Action humanitaire et
Développement durable » (CA2D), à l'Institut des Relations
internationales du Cameroun (IRIC), sur le thème « La
Contribution de la coopération décentralisée au processus
du développement au local au Tchad : le cas du jumelage entre les villes
Moundou (Tchad) et Poitiers (France) »
Nous souhaiterions avoir un entretien avec vous à
l'effet de trouver réponses à certaines de nos
préoccupations. Merci pour le précieux temps vous nous
accordé pour la réalisation de cet entretien.
1. A quoi renvoi la coopération
décentralisée selon vous?
2. Comment et pour quelle(s) raison(s) votre commune est
entrée en relation de coopération décentralisée
avec la ville de Poitiers?
a- Qui en a eu l'initiative, votre ville ou le partenaire ?
b- Est-il important de solliciter l'avis et s'enquérir
des besoins des populations avant de conclure un partenariat?
3. Quels sont les difficultés que votre commune
rencontre dans la réalisation des objectifs du jumelage?
4. Quels peuvent être les bénéfices pour
les populations, du jumelage avec cette ville française et que peut
apporter la commune en échange pour la concrétisation du
partenariat?
5. Comment appréciez-vous cette relation de
coopération décentralisée Nord-Sud en
général, d'ailleurs très développée au Tchad
?
6. Pouvez-vous en quelques lignes faire le bilan de cette
coopération dans le développement local dans la ville de Moundou
?
7. A votre avis, pourquoi les autorités de votre
commune s'intéressent-ils peu à la coopération
décentralisée Sud-Sud, et africaine en particulier?
8. Avec la baisse de l'aide publique au développement,
du fait d'une crise mondiale qui a réduit les budgets des
collectivités locales, françaises notamment, pensez-vous que la
coopération décentralisée avec Poitiers est encore
utile?
9.
117
Sur les Objectifs du jumelage, quels sont ceux prioritaires
pour la ville de Moundou exprimant les besoins des populations de cette ville
en termes de développement local ?
10. Disposez-vous un document portant sur la stratégie
internationale ou de l'Agenda 21 de la ville de Moundou ?
118
ANNEXE II : Questions à la population de
Moundou
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
« COOPERATION DECENTRALISEE Moundou-Poitiers
» Enquête réalisée auprès des populations de
Moundou
Dans le cadre de la réalisation de notre mémoire
de fin d'études de Master en « Coopération internationale,
Action humanitaire et Développement durable » (CA2D), à
l'Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC), sur le
thème « La Contribution de la coopération
décentralisée au processus du développement local au Tchad
:le cas du jumelage entre les villes de Moundou (Tchad) et Poitiers (France)
», nous souhaiterions nous entretenir avec vous à l'effet
de trouver réponses à certaines de nos préoccupations.
Nous vous remercions d'avance de votre disponibilité.
LOCALISATION DU DOMICILE OU LIEU DE RESIDENCE
1. Situation géographique
Pays (préciser)
Région (préciser)
Département (préciser) Ville ou village
(préciser)
Quartier (préciser)
INFORMATIONS GENERALES
2. Age
21 ans 22-29 ans 30-40 ans 41-49 ans 50 ans
et
plus
Nom et Prénom(s) : (Facultatif)
Profession/Fonction
Niveau d'instruction
119
LA COOPERATION DECENTRALISEE ENTRE LES VILLES DE MOUNDOU
ET
POITIERS
3. Pratique-t-on la coopération
décentralisée dans votre commune ? OUI/NON/Aucune
idée (Nous cocherons la case correspondante à chaque
fois)
Avec qui?
Et pourquoi ?
.
4. Avez-vous déjà
bénéficié des retombées de la coopération
décentralisée?
OUI/NON
Si oui, dans quels domaines?
5. Etes -vous associé à
l'élaboration des projets de développement initiés dans le
cadre du jumelage dans la ville de Moundou?
OUI/NON/Aucune idée
Si oui, pourquoi ?
.
6. Votre commune est jumelée à la ville
de Poitiers depuis 1993, ce qui signifie entre autres que vous pouvez
désormais partager votre culture et vos valeurs avec vos frères
et soeurs de Poitiers. En tant que Tchadiens, ressortissant de Moundou et en
principe bénéficiaire de ce partenariat, pouvez-vous leur
apporter quelque chose en retour?
120
OUI/NON
Si oui, (Cocher la case correspondante ou ajouter vos
idées)
ELeur montrer en quoi consiste l'hospitalité
tchadienne dans la culture Ngambaye
EPartager avec eux les traditions, cultures et savoirs faires
des peuples de Moundou EInvestir dans des Activités
Génératrices de Revenus à Moundou
E Voici ma propre idée sur la
question......................................................................
...............................................................................................................................
7. Pensez-vous que les actions entreprises dans le cadre
du jumelage Moundou-Poitiers répondent à vos besoins fondamentaux
et prennent en compte vos valeurs culturelles ?
OUI/NON/Aucune idée
8. Existe-il des besoins particuliers que vous
désirez faire prendre en compte dans le jumelage ?
OUI/NON
Lesquels ?
9. Si votre avis était demandé pour
conclure un partenariat avec une collectivité locale d'autres pays
:
Quel (s) pays ou quelle (s) collectivité(s) locales(s)
proposeriez-vous et pourquoi?
.
Dans quel(s) domaine(s) ?
Annexe III : Modalité d'animation du
jumelage
121
122
123
Annexe IV: Déclaration de l'accord du jumelage
à Poitiers
124
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME iv
ABSTRACT v
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii
SOMMAIRE ix
INTRODUCTION GENERALE 1
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE 1
II. CLARIFICATION DES CONCEPTS 2
A.Coopération décentralisée 3
B-Contribution 4
C-Jumelage 4
D-Développement local 4
III. OBJECTIFS DE L'ETUDE 4
IV. INTERET DU SUJET 5
A.Intérêt scientifique 5
B.Intérêt Pratique 5
C. Intérêt social 6
V.DELIMITATION DU SUJET 6
1. Délimitation temporelle 6
2. Délimitation spatiale 7
VI. REVUE DE LA LITTERATURE 7
VII. LA PROBLEMATIQUE 10
VIII. LES HYPOTHESES 10
VIII. CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 11
A. Cadre théorique 11
1. La théorie du transnationalisme 12
2. La théorie du développement local
participatif 13
B. Cadre méthodologique et techniques de recherche
17
1.
125
Méthodologie 17
2. Techniques de recherche 17
IX. PLAN D'ÉTUDE 19
PREMIERE PARTIE : LA LEGITIMATION DE LA
COOPERATION
DECENTRALISSE DANS L'ESPACE JURIDIQUE TCHADIEN
20
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
21
Section I : Moundou ville aux nombreux atouts
22
Paragraphe I : Un milieu naturel aux nombreuses
opportunités 22
A-Position stratégique 22
B- Un milieu naturel riche 24
Paragraphe II : Un bassin au rendement agricole abondant 25
A. un bassin de production agricole 25
B. principales cultures vivrières 26
Section II : Moundou, une ville limitée tant sur
le plan humain que physique 32
Paragraphe I : Un milieu naturel contraignant 32
A. Un site contraignant 33
B. Des précipitations très abondantes sur des sols
hydromorphes 34
Paragraphe II : Un environnement confronté aux divers
risques 35
A. Des inondations multiples aux énormes
conséquences 35
B. Une dynamique urbaine difficile à maîtriser
37 CHAPITRE II : CADRE INSTITUTIONNEL ET REGLEMENTAIRE
DU
JUMELAGE MOUNDOU-POITIERS 44
Section I : Cadre juridique et réglementaire de la
coopération décentralisée au Tchad 45
Paragraphe I : L'évolution historique du processus de
décentralisation au Tchad 45
A. Aux origines de la décentralisation au Tchad 45
B. Une décentralisation influencée par les
partenaires externes 47
Paragraphe II : Etat de lieu de la décentralisation au
Tchad 47
A. Un processus effectif 48
B. Actions concrètes 48 Section II : La
décentralisation : un contexte favorable aux pratiques de la
coopération
décentralisée et à l'éclosion
du développement local 52
Paragraphe I : Décentralisation un concept nouveau 52
A. La décentralisation : nouveau mode de gouvernance 52
126
B. Un processus né de l'inspiration coloniale 53
Paragraphe II : La décentralisation : pilier du
développement local et de la coopération
décentralisée 55
A. Territoire : espace de synergie entre la
décentralisation, le développement local et la
coopération décentralisée 55
B. Décentralisation : cadre de développement local
et de la pratique de la coopération
décentralisée 56 DEUXIEME PARTIE : LE
JUMELAGE ENTRE LES VILLES DE MOUNDOU ET
POITIERS ET LE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE DE MOUNDOU
62 CHAPITRE III : L'APPORT DU JUMELAGE AU DEVELOPPEMENT DE LA
COMMUNE DE MOUNDOU 63 Section I : présentation
du jumelage Moundou-Poitiers ; ses actions et réalisations
dans
la commune de Moundou 64
Paragraphe I : Aux origines du jumelage Moundou-Poitiers 64
A. Bref aperçu sur le Jumelage Moundou-Poitiers 64
B- Différentes approches du jumelage Moundou-Poitiers
65
Paragraphe II : L'apport de la coopération
décentralisée au développement de la commune
de Moundou 68
A. Appui au secteur de la santé 68
B.Fourniture en eau et l'assainissement urbain 80
Section II- L'évaluation de l'impact du jumelage
sur le développement 83
Paragraphe I : Evaluation et opinions de la population 83
A. Evaluation du jumelage 83
B. Une faible implication de la population aux projets 83
Paragraphe II : Des actions répondant aux aspirations de
la population 85
A. Un jumelage répondant aux besoins de la population
85
B. Un jumelage aux retombées moins visibles 87
CHAPITRE 4 : LES LIMITES DU JUMELAGE MOUNDOU-POITIERS
89
Section I : un jumelage entravé par des nombreuses
difficultés 90
Paragraphe I : Absence de co-financement et les entraves
politiques 90
A. Le manque des moyens financiers 90
B. Le poids politique 91
Paragraphe II : l'incohérence des programmes et manque de
vision stratégique 92
A.
127
Manque de cohérence entre les différents programmes
de développement 92
B. Manque de vision stratégique 93
Section II: Les perspectives pour un jumelage plus
fructueux 99
Paragraphe I : La création d'une structure
spécialisée 100
A. Agence Tchadienne de Coopération
Décentralisée 100
B. Intensification de la communication 100 Paragraphe II :
Passer d'une coopération décentralisée globale à
une coopération
spécialisée 101
A. Mise en place d'un Agenda 21 local 101
B. Passer d'une coopération décentralisée
globale à une coopération spécialisée 102
CONCLUSION GENERALE 105
BIBLIOGRAPHIE 109
ANNEXE 114
TABLE DES MATIERES 124
PROJECT WORK 1
INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES DU CAMEROUN
MASTER « COOPERATION INTERNATIONALE, ACTION HUMANITAIRE
ET DEVELOPPEMENT DURABLE »
**Filière : COOPERATION INTERNATIONALE ET
COOPERATIONDECENTRALISEE**
Project Works/ Projet d'Assainissement et de Gestion
de l'Environnement dans la Ville de Moundou
ALLANDIGUIM REOUMBAYE Christian
Matricule : 13J016E
Master blended mis en oeuvre en collaboration avec le
Centre International d'Etudes pour la Recherche Didactique
/ Département de Philosophie et Biens Culturels de
l'Université Cà
Foscari de Venise (Italie)
Année Académique 2013-2014
1
PROJECT WORK
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU PROJET
L'accès à l'assainissement représente un
combat quotidien pour des centaines de milliers de citadins qui vivent
principalement dans les pays en développement. A ce propos selon un
rapport de l'OMS (2006), 1,1milliard de personnes soit 17% de la population
mondiale n'ont pas accès à l'eau potable et 2,6 milliards soit
42% de la population mondiale n'ont pas accès à un assainissement
adéquat.
Par ailleurs, de nombreux ménages urbains ont recours
aux méthodes traditionnelles pour leur approvisionnement en eau et
à l'assainissement autonome pour l'évacuation des
excrétas. La majorité de ces citadins vivent dans des quartiers
précaires dépourvus d'eau courante et de systèmes
d'assainissement adéquats, ce qui constitue des menaces pour leur
santé (UNESCO, 2003). Des milliers de personnes souffrent chaque jour
des maladies diarrhéiques, du paludisme, des infections parasitaires
intestinaux débilitantes et d'autres maladies causées par des
insectes (SATTERTHWAITE, 1996 ; OMS, 2006).
Depuis la promulgation sur la mise en comptabilité des
investissements avec l'environnement, on note un plus grand
intérêt des gens pour la préservation de l'environnement
« Qu'il s'agisse des dirigeants, des opérateurs et même de la
population, les enjeux environnementaux sont désormais au centre des
débats quel que soit le projet à entreprendre ». C'est
pourquoi, le problème d'assainissement des eaux usées et des eaux
pluviales se pose avec acuité aujourd'hui dans toutes les villes surtout
celles des pays en développement.
Situation environnementale
La ville de Moundou d'un un réseau d'égout
public de moins de 15 km couvrant juste une petite partie de la ville, plus de
la moitié des ménages utilisent des systèmes
d'assainissement
individuels (fosses septiques et latrines ailleurs) peu
viables. Avec l'explosion démographique des villes du tiers monde,
l'insalubrité ne fait que s'agrandir avec la prolifération de
l'habitat précaire, l'absence et l'inefficacité des
systèmes d'assainissement des eaux usées et des eaux pluviales et
la collecte et l'élimination des déchets solides. Cela rend ainsi
difficile la vie des citadins en matière d'assainissement bien qu'il
s'agisse d'un service nécessaire et vital non seulement pour le bien
être des citadins, mais également pour la bonne marche et
l'efficacité de l'économie urbaine.
2
3
Le site originel est un plateau surplombant la rive gauche du
fleuve Logone. Il s'agit d'un terrain très peu accidenté, aux
pentes douces, entouré de plaines inondables, situé en face du
village Ngara. C'est en fait un replat de la rive gauche du Logone
consolidée par un cuirassement ferrugineux dont la corniche domine le
fleuve. Cette forme dominante du relief de la ville, ce plateau est faiblement
incliné du sud-est vers le nord-ouest et se trouve drainé par une
vallée intérieure. Ce modelé géomorphologique
expose la ville de Moundou à des inondations périodiques. La
difficulté d'évacuation des eaux du fait de très faibles
pentes de terrain et compte tenu du sable à plus grande teneur en argile
et de la proximité de la nappe phréatique amène la
saturation du sol et du sous-sol. Ces contraintes ont de nombreuses
conséquences:
? Les maisons en terre s'écroulent, du fait du manque
d'ouvrages de drainage. Les caniveaux existants sont à ciel ouvert et
non maçonnés. Ils sont toujours bouchés par les ordures
ménagères et autres déchets solides que déposent
les femmes et les enfants inconscients. Dans certains quartiers, l'incivisme
règne en maitre, ainsi les ordures sont déposées dans les
caniveaux obstruant le passage de l'eau.
? Les ordures ménagères s'entassent dans les
rues et habitations. Elles posent de sérieux problèmes compte
tenu des moyens limités de la Mairie. La ville ne dispose que de
quelques «bacs à ordures » mis en place grâce au projet
« Moundou ville citoyenne » financé par l'Union
Européenne. Cependant ces « bacs à ordures » sont
insuffisants pour toute l'étendue de la ville, car quelques rares rues
commerciales en ont bénéficié.
? déchets liquides (excréta) posent des
problèmes de santé. La plupart des ménages pauvres se
servent de trous dans le sol pour leurs déchets liquides Les. Ces trous
s'écroulent en saison des pluies compte tenu de la nature du sol et de
la remontée de la nappe phréatique. Les ménages ne
disposant pas de latrines dans leur concession (près de la moitié
dans certains quartiers) défèquent dans la nature pendant le jour
ou discrètement la nuit dans les espaces tels que les zones non
construites et les constructions en ruine plus ou moins abandonnées par
leurs propriétaires. Cette situation présente sans aucun doute
des risques sanitaires. L'hygiène n'est pas assurée ce qui a pour
conséquence la propagation des maladies infectieuses et parasitaires
telles que l'amibiase, l'ankylostomiase, la fièvre typhoïde et le
choléra.
? Le problème d'appauvrissement des différents
cours d'eau de Moundou se pose aussi très fortement. Les brasseries de
Moundou et la Savonnerie déversent dans les eaux de
Moundou leurs déchets sans pouvoir les traiter au
préalable, le plus inquiétant est le cas de la soude
versée par la COTONTCHAD SN dans le Logone. Comme conséquence ces
eaux improductives mettant des dizaines de pêcheurs au chômage.
? Malgré la présence de la
délégation régionale de l'environnement, la coupe abusive
d'arbre n'est pas jugulée ainsi la foret primaire se trouvant à
l'entrée nord de Moundou (Koutou) en a pris un sacre-coup.
Cette insalubrité est devenue si critique à
Moundou où elle constitue une réelle menace pour l'environnement
et la santé des populations que la mairie s'est engagé, à
travers le projet « Moundou ville de citoyenne » à assainir la
ville.
Moundou est une commune à vocation agricole et
industrielle au sud du Tchad n'est pas en marge de cette situation alarmante
d'insalubrité liée aux systèmes d'assainissement et
demande qu'on y prête attention. C'est dans ce cadre que nous mettions en
place ce projet pour répondre aux préoccupations
hygiéniques de la population. Située dans le sud du Tchad, la
commune de Moundou compte 24 quartiers et 7 arrondissements. La ville de
Moundou est située entre les latitudes, 8°30' et 8°40' Nord et
les longitudes, 16° et 16°10' Est. Eloignée de plus de 400 km
de la capitale, Moundou est limitée au nord par la
sous-préfecture de Déli, à l'ouest par la
sous-préfecture de Bah et le lac Wey, à l'est par le lac Taaba et
au sud par la sous-préfecture de Mbaïkoro. S'étendant sur
plus de 7 km du sud au nord.
Typologie du problème d'assainissement dans la
ville de Moundou Les eaux usées domestiques
Les eaux usées domestiques sont de deux types. D'une
part, nous avons les eaux usées ménagères (eaux grises)
qui renferment une pollution peu concentrée qui dépend des modes
de vie et des quantités d'eaux consommées. De manière
générale, 80% de l'eau consommée est rejetée.
D'autre part, nous pouvons mentionner les déjections humaines (eaux
noires ou eaux vannes) ou encore les escreta. Elles présentent des
dangers importants pour l'hygiène : la propagation de maladies par la
contamination du sol ou des sources d'approvisionnement, la
prolifération d'insectes, de rongeurs et de vermines. On peut adopter
une valeur moyenne de 1Kg par personne et par jour, soit environ 1littre.
Toutefois, convient-il de le souligner, les escreta peuvent
être mélangés à l'eau pour former les eaux noires
qui peuvent être dispersées sur place à condition de
prendre certaines précautions ou évacuées par
réseaux.
4
Les eaux usées industrielles
Elles peuvent contenir des pollutions très diverses :
POLLUTIONS CHIMIQUES, dangereuses pour
l'environnement et la santé des populations. Elles sont difficilement
traitées par le milieu naturel ;
POLLUTIONS BACTERIOLOGIQUES, provenant
d'industries en particulier, qui peuvent être traitées en
même temps que les effluents des ondes d'habitats. On peut imposer aux
industries de rejeter dans le réseau, des eaux ayant des
caractéristiques comparables à celles des eaux domestiques. A
l'exemple de la Cotontchad.
Les eaux pluviales
Si l'eau pluviale n'est pas correctement
évacuée, l'eau non absorbée reste à la surface et
ruisselle si le terrain est en pente, ce qui provoque une érosion
nuisible pour les constructions (risques d'affouillement) et la voirie
(ravinement).
Si le terrain est plat, ou creux, cette eau stagne et
entraîne la pollution (mélange avec les déchets) et
prolifération de moustiques ou autres vecteurs de maladies.
Les eaux de ruissellement sont en principe peu
polluées. Mais l'eau qui ruisselle en début de
précipitation est chargée de poussière, de déchets
et produits chimiques découlant de l'activité humaine. Cette eau
peut être également charge en déchets solides au moment des
premières pluies de la saison humide ou dans certains quartiers. En zone
urbaine, les eaux pluviales transportent de nombreux résidus
spécifiques hydrocarburés, gomme de pneus, etc.
Objectifs
Les objectifs se déclinent deux catégories,
à savoir un Objectif général et des Objectifs
spécifiques.
Objectif général :
Promouvoir l'hygiène en milieu urbain pour améliorer
les conditions de vie de la population
Objectifs spécifiques
Objectif 1 : former des comités de
sensibilisation de la population
Objectif 2 : inciter la population
à s'organiser en vue de gérer elle-même l'environnement en
matière d'assainissement
5
Objectif 3 : tisser des
relations avec des organisations privées pour la réalisation
d'habitats économiques à moindre coût
Activités réalisées
Phase 1 : Analyse de la situation et diagnostic
participatif
Identification des problèmes majeurs avec les cibles ;
- Analyse des forces et faiblesses de la zone du projet ; - Identification des
acteurs pouvant être parties prenantes au projet; - Elaboration du
planning d'activités ; etc.
Phase 2 : Sensibilisation et renforcement des
capacités des bénéficiaires
Identification des bénéficiaires finaux ; -
Rencontre et sensibilisation des autorités locales, religieuses et
traditionnelles ; - Discussion avec des bénéficiaires finaux ; -
Formation des bénéficiaires et renforcement des capacités
techniques des groupements ; etc.
Phase 3 : Suivis, évaluation et
reporting
Participation aux réunions communautaires des
bénéficiaires ; - Visites sur les terrains et rencontrent avec la
population pour apprécier l'évolution des activités ; -
Identification des difficultés rencontrées par les
bénéficiaires du projet ; - Elaboration des termes de
références pour l'évaluation des actions menées par
les bénéficiaires et les acteurs au projet afin de
connaître son efficacité et son impact sur la population ; -
Elaboration des rapports de suivis et d'évaluation des activités
menées par les bénéficiaires et les partenaires au projet
; etc.
Résultats obtenus
24 comités des quartiers formés pour la
sensibilisation ;
9 journalistes et animateurs de radio formés ;
Réduction des maladies liées à
l'insalubrité ;
100 toilettes publiques construites dans 24 quartiers ;
100 bacs à ordure installés dans 24 quartiers ;
1 entrepreneur
500 ménages soit environ 3000 personnes ;
100 professionnels formés : maçons, vidangeurs,
agriculteurs ;
100 000 personnes sensibilisées par les canaux de mass
média.
Administration contractante: Commission
européenne
6
Développement social et humain:
ASSAINISSEMENT URBAIN, SENSIBILISATION ET
FORMATION
L'EMPLOI ET LA COHÉSION SOCIALE
FAVORISER LA CAPACITE DES COLLECTIVITES LOCALES POUR
AMÉLIORER LES CONDITIONS DE VIE DE LA POPULATION EN MILIEU URBAIN PAR
L'ASSAINISSEMENT ET LA GESTION DE L'ENVIRONNEMENT
Formulaire de demande de subvention Lignes
budgétaires 21.05.01.02-21.05.01.03 Référence:
Europe Aid/135181/C/ACT/Multi
Date limite de soumission de la note succincte de
présentation: 21 avril 2015 à 16:00 heures (date et
heure de Bruxelles)
7
Intitulé de l'action
|
Projet d'Assainissement et de Gestion
de l'Environnement dans la ville de Moundou (PAGEVM)
|
Lieu(x) de l'action
|
Moundou - Logone Occidentale - (Tchad)
|
Nom du demandeur
|
AK (Association Koulamadjibé)
|
Nationalité du demandeur74
|
Tchadienne
|
Dossier N°
(pour usage interne seulement)
Numéro d'identification EuropeAid75
|
|
8802112005
|
Contrat en cours/Numéro de fichier d'entité
juridique (s'il est disponible)76
|
|
S.O
|
Statut juridique77
|
|
Association sans but lucratif
|
Codemandeur78
|
?
?
?
|
La Mairie de Moundou ;
Association « Moundou Cité Propre » (AMCP),
n°4516738709, Tchad, association sans but lucrative ; Entreprise des
Travaux Publics du Tchad (ETPT)
|
74Les statuts d'une organisation doivent montrer que
cette dernière a été
crééeconformément à la législation nationale
du pays concerné et que son siège social est situé dans un
pays éligible. Toute organisation établie dans un pays
différent ne peut être considérée comme une
organisation locale éligible. Voir les notes de bas de page des lignes
directrices de l'appel.
75À insérer si l'organisation est
enregistrée dans PADOR (Service d'enregistrement en ligne des demandeurs
potentiels). Pour de plus amples informations et s'enregistrer, veuillez
consulter le site suivant :
http://ec.europa.eu/europeaid/onlineservices/pador.
76 Si un demandeur a déjà signé
un contrat avec la Commission européenne et/ou s'il a été
informé de son numéro de fichier d'entité juridique. Dans
le cas contraire, indiquer «S.O.» (sans objet).
77 Par exemple association sans but lucratif,
entité gouvernementale, organisation internationale.
78Veuillez utiliser une ligne pour chaque codemandeur.
Entité affiliée79
Nom, numéro d'identification EuropeAid, nationalité
et date de création, statut juridique, liens avec le demandeur ou
codemandeur
8
Coordonnées du demandeur à utiliser dans le cadre
de la présente action
|
Adresse postale:
|
BP : 6918 Tchad
|
Numéro de téléphone:(fixe
et mobile) indicatif pays + indicatif ville + numéro
|
(235) 60440688
|
Numéro de fax: indicatif pays + indicatif
ville + numéro
|
(235) 60440605
|
Personne de contact pour cette action:
|
ALLANDIGUIM REOUMBAYE Christian
|
Adresse électronique de la personne de
contact:
|
allandchristian@yahoo.fr
|
Adresse:
|
N'Djamena
|
Site web de l'organisation:
|
http://www.ak.org/
|
Tout changement relatif aux adresses, numéros de
téléphone, numéros de fax et à l'adresse E-mail
doit être notifié par écrit l'administration contractante.
L'administration contractante ne sera pas tenue pour responsable s'il n'est pas
en mesure de contacter le demandeur.
79 Veuillez utiliser une ligne pour chaque
entité affiliée.
9
NOTE succincte de prÉsentation
Résumé de l'action80
Prière de compléter le tableau ci-dessous, qui ne
doit pas dépasser 1 page.
Titre de l'action:
|
Projet d'Assainissement et de Gestion de
l'Environnement dans la ville de Moundou (PAGEVM)
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Lieu(x) de l'action: - indiquez le(s) pays et/ou la/les
région(s) qui bénéficieront de l'action
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Moundou - Logone Occidentale - (Tchad)
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Durée totale de l'action (mois):
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36 mois
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Financement de l'UE demandé (montant)
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FCFA
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Financement de l'UE demandé en tant que pourcentage du
budget total de l'action (indicatif)
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20%
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Objectifs de l'action
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Objectif général : Promouvoir
l'hygiène en milieu urbain pour améliorer les conditions de vie
de la population
Objectifs spécifiques :
1 former des comités de sensibilisation de la population ;
2 inciter la population à s'organiser en vue de gérer
elle-même l'environnement en matière d'assainissement ; 3 tisser
des relations avec des organisations privées pour la réalisation
d'habitats économiques à moindre coût.
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Groupe(s) cible(s)81
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La population de Moundou
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80 Il convient d'annexer également la page de
couverture conformément au modèle figurant à la page 1.
81Les«groupes cibles»sontles groupes/entités qui
bénéficieront directement de l'action au niveau de l'objectif de
cette dernière.
10
Bénéficiaires finaux82
|
Les habitants des quartiers insalubres de Moundou.
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24 comités des quartiers formés pour la
sensibilisation ;
|
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9 journalistes et animateurs de radio formés ;
|
Résultats estimés
|
Réduction des maladies liées à
l'insalubrité ;
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100 toilettes publiques construites dans 24 quartiers ;
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100 bacs à ordure installés dans 24 quartiers ;
|
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1 entrepreneur
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500 ménages soit environ 3000 personnes ;
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100 professionnels formés : maçons, vidangeurs,
agriculteurs ;
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100 000 personnes sensibilisées par les canaux de mass
média.
|
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Phase 1-Analyse de la situation et diagnostic
participatif :
|
|
Identification des problèmes majeurs avec les cibles ; -
Analyse des forces et faiblesses de la zone du projet ; - Identification des
acteurs pouvant être parties prenantes au projet; - Elaboration du
planning d'activités ; etc.
|
Activités principales
|
Phase 2-Sensibilisation et renforcement des
capacités des bénéficiaires :
|
|
Identification des bénéficiaires finaux ; -
Rencontre et sensibilisation des autorités locales, religieuses et
traditionnelles ; - Discussion avec des bénéficiaires finaux ; -
Formation des bénéficiaires et renforcement des capacités
techniques des groupements ; etc.
|
|
Phase 3-Suivis, évaluation et reporting
:
|
|
Participation aux réunions communautaires des
bénéficiaires ; - Visites sur les terrains et rencontrent avec la
population pour apprécier l'évolution des activités ; -
Identification des difficultés rencontrées par les
bénéficiaires du projet ; - Elaboration des termes de
références pour l'évaluation des actions menées par
les bénéficiaires et les acteurs au projet afin de
connaître son efficacité et son impact sur la population ; -
|
|
Elaboration des rapports de suivis et d'évaluation des
activités menées par les bénéficiaires et les
partenaires au projet ; etc.
|
82 Les«bénéficiaires
finaux»sont ceux qui tireront un profit à long terme de l'action au
niveau de la société ou du secteur au sens large.
11
Description de l'action
Veuillez fournir toutes les informations suivantes:
Des informations générales sur la
préparation de l'action.
La commune de Moundou est située au sud du Tchad, entre
les latitudes, 8°30' et 8°40' Nord et les longitudes, 16° et
16°10' Est. Eloignée de plus de 400 km de la capitale, Moundou est
limitée au nord par la sous-préfecture de Déli, à
l'ouest par la sous-préfecture de Bah et le lac Wey, à l'est par
le lac Taaba et au sud par la sous préfecture de Mbaïkoro.
S'étendant sur plus de 7 km du sud au nord, Moundou qui compte 24
quartiers répartis en quatre arrondissements, est, en même temps,
la ville économique du Tchad et le chef-lieu du département de
Lac Wey ainsi que de la région du Logone occidental. Au cours de
l'année 2012, ID a réalisé une étude sur la
filière de l'assainissement dans la ville de Moundou. Cette étude
fait ressortir qu'une part importante des ménages n'est pas
équipée en latrines s'exposant ainsi fortement aux risques de
maladies hydriques (diarrhées, choléra, etc.) qui figurent encore
parmi les principales causes de mortalité des enfants au Tchad. La
population semble consciente des risques liés à la
défécation à l'air libre et la volonté des
ménages d'acquérir une latrine semble réelle. Le prix des
ouvrages et la durabilité de l'investissement sont aujourd'hui les
principales contraintes qui freinent les ménages dans cette
démarche.
Les objectifs de l'action indiqués dans le tableau
figurant au point 1.1.
L'objectif général c'est des promouvoir
l'hygiène en milieu urbain pour améliorer les conditions de vie
de la population. Les objectifs spécifiques sont : 1
former des comités de sensibilisation de la population ; 2 inciter la
population à s'organiser en vue de gérer elle-même
l'environnement en matière d'assainissement ; 3 tisser des relations
avec des organisations privées pour la réalisation de latrines et
d'habitats économiques à moindre coût.
Une description des principales parties prenantes, de
leur attitude vis-à-vis de l'action et de toute consultation
engagée avec elles.
Les partenaires ciblés pour la composition du
consortium et qui devront piloter ce projet sont composés de :
Association Koulamadjibé, Mairie de Moundou ; Association « Moundou
Cité Propre » (AMCP), Entreprise des Travaux Publics du
12
Tchad (ETPT). En effet, AK ; Association Koulamadjibé
sera responsable de la coordination de l'ensemble des actions à mener,
l'appui technique et matériel lui seront confiés et il sera
l'intermédiaire et le distributeur des informations entre les autres
partenaires et les bénéficiaires, Mairie de Moundou ayant la
charge de la gestion urbaine tacherait d'appuyer les autres partenaires dans
l'identification des sites insalubres Entreprise des Travaux Publics du Tchad
(ETPT) se charge de l'exécution des infrastructures physiques (Latrines,
caniveaux etc.) et en fin Association « Moundou Cité Propre »
se charge de la diffusion de la sensibilisation dans les quartiers insalubres,
notamment quartiers Djarabé I et II, Mbombaya , Guelkoura , Ngara ,
Haoussa, Baguirmi , Gueldjem I et II et Doyon I et II.
Des informations succinctes sur le type
d'activités proposées, en précisant les
réalisations et résultats correspondants et en décrivant,
notamment, les liens/rapports entre les différents groupes
d'activités.
Notre action est structurée en trois phases
d'activités comprenant chacune des actions à mener :
Phase 1- Analyse de la situation et diagnostic participatif :
- Identification des problèmes majeurs avec les cibles ; -
Analyse des forces et faiblesses de la zone du projet ; - Identification des
acteurs pouvant être parties prenantes au projet; - Elaboration du
planning d'activités ; etc. Phase 2-Sensibilisation et
renforcement des capacités des bénéficiaires : -
Identification des bénéficiaires finaux ; - Rencontre et
sensibilisation des autorités locales, religieuses et traditionnelles ;
- Discussion avec des bénéficiaires finaux ; - Formation des
bénéficiaires et renforcement des capacités techniques des
comités des quartiers etc .Phase 3- Suivis, évaluation et
monitoring : - Participation aux réunions communautaires des
bénéficiaires ; - Identification des
difficultés rencontrées par les bénéficiaires ;
- Elaboration des termes de références pour
l'évaluation des actions menées par les
bénéficiaires et les acteurs au projet afin de connaître
son efficacité et son impact ; - Elaboration des
rapports de suivis et d'évaluation des activités menées
par les bénéficiaires et les partenaires au projet ; etc. Ces
activités sont programmées de manière chronologique, les
prochaines phases d'activités ne pourraient être atteintes sans la
réalisation des activités précédentes. C'est ainsi
que la première phase permet de mieux atteindre les
13
résultats des actions prévues à la phase
2. C'est après la mise en oeuvre des deux premières phases que la
3è phase interviendra pour obtenir les résultats attendus.
Une indication du calendrier indicatif de l'action
accompagnée d'une description de tout facteur spécifique pris en
compte.
Notre action est élaborée sur une période
de 36 mois (trois ans) repartie en 3 phases présentées ci-haut.
Du mois 1 au mois 3, visite des zones insalubres et identification des besoins
et contraintes avec les groupes cibles ; Du mois 4 au mois 7, identification
des bénéficiaires finaux et rencontre avec les autorités
locales, religieuses et traditionnelles ; Du mois 8 au mois 10, réunions
de sensibilisation avec les comités des quartiers, formation des
formateurs ou moniteurs qui interviendront sur le terrains, encadrement des
bénéficiaires et renforcement des capacités des
journaliste et animateurs de radio; du mois 11 au mois 20, élaboration
du budgets prévisionnel des activités choisies, octrois des
latrines adaptées aux ressources des ménages ainsi qu'au contexte
hydrogéologique de la zone.; Du mois 21 au mois 36, suivi,
évaluation et publication des rapports.
Pertinence de l'action
Pertinence par rapport aux
objectifs/secteurs/thèmes/priorités spécifiques de l'appel
à propositions
Veuillez fournir toutes les informations suivantes:
Décrire la pertinence de l'action au regard de
l'/des objectif(s) et de la/des priorité(s) de l'appel à
propositions.
Le projet que nous soumettons est pertinent dans la mesure
où il vise à sensibiliser la population de la ville de Moundou
sur les conséquences de l'insalubrité et de proposer les
mécanismes permettant à rendre l'espace urbain sain et vivable
pour les citadins. Le renforcement des capacités des comités des
quartiers, formation des journalistes et animateurs des radios et mise place
des latrines a moindre cout contribuent à rendre l'environnement urbain
assaini. Ce projet s'inscrit d'une part dans les objectifs visés par cet
appel à proposition notamment i) favoriser la capacité des
collectivités des collectivités pour améliorer les
conditions de vie de la population en milieu urbain par l'assainissement et la
gestion de l'environnement de
14
l'amélioration des moyens de lutte contre
l'insalubrité dans les quartiers, les marches, les restaurants, les
centres hospitaliers et lieu de vie commune. Ce projet permettra en même
temps l'auto-employabilité, en ce sens que le projet va initier la
fabrication des latrines à des couts accessibles à tous.
Décrire la pertinence de l'action par rapport
à tout thème sous-jacent/secteur/zone spécifique et
à tout autre besoin spécifique indiqué dans les lignes
directrices de l'appel à propositions, comme, par exemple,
l'appropriation locale, etc.
L'action qui est proposée ici est pertinente
conformément aux deux objectifs visés dans les lignes directrices
de l'appel à proposition à savoir : i) favoriser la
capacité des collectivités des collectivités pour
améliorer les conditions de vie de la population en milieu urbain par
l'assainissement et la gestion de l'environnement, le soutien aux
activités d'assainissement des coins de vie commune
l'amélioration des moyens de subsistance des personnes dépendant
de l'économie informelle, notamment grâce au développement
des compétences de la population des différents quartiers de la
ville, à la formation et l'éducation professionnelles et au
soutien des initiatives visant à développer les activités
manuelles d'utilité publique. Le projet vise les principaux objectifs
spécifiques suivants : 24 comités des quartiers formés
pour la sensibilisation ; 9 journalistes et animateurs de radio formés
pour les quatre radios de la ville a savoir la radio Kar Uba, radio Duji
Lookar, radio Bonne Nouvelle et la Radio Moundou ; Réduction des
maladies liées à l'insalubrité ; 100 toilettes publiques
construites dans 24 quartiers a usage payant; 100 bacs à ordure
installés dans 24 quartiers qui permettront de rassembler les
saletés et les évacuer hors de la ville ; 1 entrepreneur pour
aider a la fabrication des latrines; 500 ménages soit environ 3000
personnes ; 100 professionnels formés : maçons, vidangeurs,
agriculteurs ; 100 000 personnes sensibilisées par les canaux de mass
média. La sensibilisation des autorités locales, religieuses et
collectivités territoriales nous permettra de mieux coordonner les
activités et d'atteindre ces objectifs.
15
Décrire quels résultats particuliers
attendus visés dans les lignes directrices de l'appel à
propositions seront abordés.
Conformément aux résultats consignés dans
les lignes directrices et dont cet appel à proposition vise à
atteindre, cette action proposée à escompter les résultats
suivants : 24 comités des quartiers formés pour la
sensibilisation en 18 mois; 9 journalistes et animateurs de radio formés
; Réduction des maladies liées à l'insalubrité ;
100 toilettes publiques construites dans 24 quartiers en 12 mois ; 100 bacs
à ordure installés dans 24 quartiers ; 1 entrepreneur ; 500
ménages soit environ 3000 personnes ; 100 professionnels formés
en 4 mois : maçons, vidangeurs, agriculteurs ; 100 000 personnes
sensibilisées par les canaux de mass média en 8 mois.
Pertinence par rapport aux besoins et contraintes
particuliers du/des pays cibles, de la/des région(s) cible(s) et/ou des
secteurs concernés (y compris les synergies avec d'autres initiatives de
l'UE et l'absence de double emploi)
Veuillez fournir toutes les informations suivantes:
Définir clairement la situation
spécifique de l'avant-projet dans le(s) pays ou région(s)
cible(s) et/ou secteurs (inclure, si possible, des données d'analyses
chiffrées).
L'urbanisation de la ville de Moundou s'est faite au
début, par tache d'huile avant de s'opérer vers les années
2000 de façon tentaculaire. La première étape a
concerné la ville originelle: 1930 - 1960. Elle a consisté
pour l'administration coloniale à entreprendre des simples travaux de
restructuration surtout dans les quartiers autochtones. La deuxième
étape a concerné la tranche délimitée par l'Avenue
Ngarta et l'Avenue Négor: 1965 - 1985. Regroupant aujourd'hui les
quartiers Mbombaya, Dombao et Djarabé, cette tranche de la ville a
bénéficié des techniques urbanistiques modernes. La
troisième étape s'est intéressée à
l'interfluve du plateau intérieur délimité par l'Avenue
Négor et la voie de contournement : 1985 - 1990. La quatrième
étape: 1990 - 2000. Elle a été marquée par
l'aube d'une urbanisation vraiment anarchique avançant sur la base du
non-respect des lois de la République. La cinquième
étape: 2000 - 2011. C'est la période des
spéculations foncières ouverte à Moundou et ses environs.
Malgré l'existence d'un ministère de l'habitat et
16
d'urbaniste, les villes tchadiennes en générale
succombent toujours sous le poids de la saleté et des inondations
montres. Il faut que depuis les élections locales en 2012 l'Etat n'a
déboursé qu'une seule fois une somme de 32 millions de Fcfa
orientée a l'assainissement, cette somme est insignifiante au vu des
besoins. Ainsi il faut aussi signaler l'appui de l'Union européenne dans
ce secteur. Malgré cette volonté du gouvernement tchadien et des
ONG et association de développement, la situation n'est guère
reluisant.
Notre action vise donc à renforcer d'avantage les
actions qui ont été entreprises en nous basant sur une approche
participative et sur le renforcement des capacités des associations et
des comités des quartiers à mieux lutter contre
l'insalubrité.
Décrire et définir les groupes cibles et
bénéficiaires finaux, leurs besoins et leurs contraintes et
indiquer comment l'action abordera ces besoins
Veuillez fournir toutes les informations suivantes:
Donner une description de chaque groupe cible and et
de chaque bénéficiaire final (si possible quantifiée), y
compris les critères de sélection.
Le projet vise les groupes-cibles suivants : La population de
Moundou
Aux personnes pouvant bénéficier directement du
projet 500 ménages soit environ 3000 personnes ; 100 professionnels
formés : maçons, vidangeurs, agriculteurs ; 100 000 personnes
sensibilisées par les canaux de mass média.
Déterminer les besoins et les contraintes de
chaque groupe cible et de chaque bénéficiaire final.
Le groupe cible c'est-à-dire la population de Moundou,
les comités des quartiers et les menages de cette ville femmes, et les
autorités locales ont besoin des informations fiables, des outils et
capacités nécessaires pour participer aux actions qui seront
entreprises. Ils n'ont pas de ressources financières suffisantes pour
couvrir les besoins de leurs actions ; il y a des difficultés de
transports car il faut parcourir de longues distances pour toucher la
population cible dispersée dans les zones rurales et
périurbaines. Le niveau d'instruction de la population est très
faible et la plupart des habitatnts vivant dans ces milieux insulabres sont
très pauvres, ce qui pourrait bien constituer des limites aux actions
qui seront entreprises. Il y a
17
également un besoin non satisfait en renforcement des
capacités techniques des organisations non gouvernementales et
associations. Les bénéficiaires finaux ont également
besoin des renforcements des capacités en gestion du projet et en
technique de pérennisation des résultats.
Démontrer la pertinence de la proposition par
rapport aux besoins et contraintes des groupes cibles et
bénéficiaires finaux.
Pour pallier à ces difficultés, la proposition
sera pertinente dans la mesure où un système d'information sera
mis sur pied à travers l'organisation forums , et la désignation
des représentants de chaque comités et d'arrondissement de la
commune de Moundou qui se chargeront de relayer les informations fiables
à la base ; quant aux difficultés financières, chaque
membre du comités sera appelé à cotiser des petites sommes
pour répondre aux besoins ponctuels du groupement mais, une recherche
des fonds sera faite auprès des organismes publics et privés pour
financer les activités qui seront entreprises. Pour les besoins de
transport des véhicules seront acquises et permettront le transport des
personnes qui interviendront sur les terrains et permettront également
le transport des matériels et outils de travail destinés aux
quartiers nécessiteux. Des cours d'alphabétisation fonctionnelle
seront initiés pour améliorer le niveau d'instruction des
bénéficiaires.
18
Expliquer tout processus participatif qui assure une
participation des groupes cibles et bénéficiaires
finaux.
Pour une implication active du groupe cible et des
bénéficiaires finaux, l'action est basée sur une approche
participative. Cette approche consiste à travailler avec les
bénéficiaires et du groupe cible, ces derniers seront
représentés par leurs leaders communautaires ou leurs
représentants qui se chargeront de relayer des informations à la
base ou transmettre les connaissances et techniques acquises lors des
séminaires de formations aux autres bénéficiaires directs
ou indirects. L'analyse des besoins avec les groupes cibles et l'implication
participative à travers des réunions de sensibilisation ou des
forums communaux sont indispensables à la mise en place des phases 1 et
2 de l'action. Les suivis des bénéficiaires permettent de
déceler les difficultés, des évaluations semestrielles
seront également faites et nous permettront de voir si les objectifs
fixés ont été atteints, les informations qui seront
obtenues, seront publiées sous formes de rapports. Ces
éléments sont nécessaires pour la réalisation de la
phase 3 de l'action.
Éléments avec une valeur ajoutée
particulière
Cette action a une particularité du faite qu'elle est
basée d'abord sur une approche participative qui permettra de mettre les
bénéficiaires au centre des décisions
19
Budget de l'Action1
|
Toutes les années
|
|
|
Année 12
|
|
|
|
Coûts
|
Unité
|
# d'unités
|
Coût unitaire (en FCFA)
|
Coûts (en FCFA)3
|
Unité
|
# d'unités
|
Coût unitaire (en FCFA)
|
Coûts (en
FCFA)
|
1. Ressources humaines
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.1 Salaires (montants bruts incluant les charges de
sécurité sociale et les autres coûts correspondants,
personnel local) 4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.1.1 Technique
|
Par mois
|
2
|
|
200
|
000,00
|
14
|
400
|
000,00
|
Par mois
|
2
|
|
200
|
000,00
|
|
400
|
000,00
|
1.1.2 Administratif/ personnel de soutien
|
Par mois
|
10
|
|
120
|
000,00
|
43
|
200
|
000,00
|
Par mois
|
10
|
|
120
|
000,00
|
1
|
200
|
000,00
|
1.2 Salaires (montants bruts incluant les charges de
sécurité sociale et les autres coûts correspondants,
personnel expatrié/international)
|
Par mois
|
|
|
|
|
|
|
|
Par mois
|
|
|
|
|
|
|
|
1.3.1 A l'étranger (personnel affecté à
l'Action)
|
Per diem
|
|
|
|
|
|
|
|
Per diem
|
|
|
|
|
|
|
|
1.3.2 Sur place (personnel affecté à l'Action)
|
Per diem
|
2
|
|
15
|
000,00
|
|
30
|
000,00
|
Per diem
|
|
|
|
|
|
|
|
1.3.3 Participants aux séminaires/conférences
|
Per diem
|
8
|
|
15
|
000,00
|
|
120
|
000,00
|
Per diem
|
|
|
|
|
|
|
|
Sous-total Ressources humaines
|
|
|
57
|
750
|
000,00
|
|
|
|
1
|
600
|
000,00
|
2.Voyages 6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2.2. Trajets locaux
|
Par mois
|
2
|
|
30
|
000,00
|
1
|
080
|
000,00
|
Par mois
|
2
|
|
30
|
000,00
|
|
60
|
000,00
|
Sous-total Voyages
|
|
|
1
|
080
|
000,00
|
|
|
|
|
60
|
000,00
|
3. Equipement et fournitures 7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3.1 Achat ou location de véhicules
|
Par véhicule
|
4
|
|
200
|
000,00
|
7
|
200
|
000,00
|
Par véhicule
|
4
|
|
200
|
000,00
|
|
800
|
000,00
|
3.2 Mobilier, matériel d'ordinateur
|
|
8
|
|
500
|
000,00
|
40
|
000
|
000,00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3.3 Machines, outils etc.
|
|
24
|
3
|
000
|
000,00
|
72
|
000
|
000,00
|
|
24
|
3
|
000
|
000,00
|
72
|
000
|
000,00
|
3.4 Pièces déttachées/matériel pour
machines, outils
|
|
|
9
|
000
|
000,00
|
324
|
000
|
000,00
|
|
|
9
|
000
|
000,00
|
9
|
000
|
000,00
|
Sous-total equipement et
fournitures
|
|
|
443
|
200
|
000,00
|
|
|
|
81
|
800
|
000,00
|
4. Bureau local
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4.1 Coût du/des véhicules
|
Par mois
|
|
|
|
|
|
|
|
Par mois
|
|
|
|
|
|
|
|
4.2 Location de bureaux
|
Par mois
|
1
|
|
100
|
000,00
|
3
|
600
|
000,00
|
Par mois
|
1
|
|
100
|
000,00
|
|
100
|
000,00
|
4.3 Consommables - fournitures de bureau
|
Par mois
|
|
|
100
|
000,00
|
3
|
600
|
000,00
|
Par mois
|
|
|
100
|
000,00
|
|
100
|
000,00
|
4.4 Autres services (tél/fax,
électricité/chauffage, maintenance)
|
Par mois
|
|
|
200
|
000,00
|
7
|
200
|
000,00
|
Par mois
|
|
|
700
|
000,00
|
|
700
|
000,00
|
Sous-total Bureau local
|
|
|
14
|
400
|
000,00
|
|
|
|
|
900
|
000,00
|
5. Autres coûts, services 8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
20
5.1 Publications 9
|
Trimestre
|
3
|
900
|
000,00
|
81 000 000,00
|
3
|
|
900
|
000,00
|
3
|
600
|
000,00
|
5.2 Etudes, recherche 9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5.3 Coûts de vérification
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5.4 Coûts d'évaluation
|
Semestre
|
2
|
600
|
000,00
|
3 600 000,00
|
|
2
|
|
600
|
000,00
|
1
|
200
|
000,00
|
5.5 Traduction, interprètes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sous-total Autres coûts,
services
|
|
84 600 000,00
|
|
|
|
4
|
800
|
000,00
|
6. Autres
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Démarches administratives
|
|
|
|
|
|
|
|
|
500
|
000,00
|
|
500
|
000,00
|
Inauguration
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
000
|
000,00
|
1
|
000
|
000,00
|
Sous-total Autres
|
|
|
|
|
|
1
|
500
|
000,00
|
7. Sous-total des coûts directs éligibles
de l'Action (1 à 6)
|
|
601 030 000,00
|
|
|
|
90
|
660
|
000,00
|
8. Provision pour imprévus (maximum 5 % de 7,
sous-total des coûts directs éligibles de l'Action)
|
|
|
30 051 500,00
|
|
|
|
4
|
533
|
000,00
|
9. Total des coûts directs éligibles de
l'Action (7+8)
|
|
631 081 500,00
|
|
|
|
95
|
193
|
000,00
|
10. Coûts administratifs (maximum 7 % de 9, total des
coûts directs éligibles de l'Action)
|
|
|
44 175 705,00
|
|
|
|
6
|
663
|
510,00
|
11. Total des coûts éligibles
(9+10)
|
|
675 257 205,00
|
|
|
|
101
|
856
|
510,00
|
12. Taxes11
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
13. Total des coûts acceptés11
de l'Action (11+12)
|
|
675 257 205
|
|
|
|
101
|
856
|
510,00
|
|
21
CADRE LOGIQUE DE L'ACTION
Logique
Promouvoir l'hygiene
|
Indicateurs objectivement d'intervention
|
Sources et moyens de vérification
|
Hypothèses
|
l'amélioration des conditions de vie
|
rapports de suivi du projet enquête par sondage
|
les avantages du projet ne sont pas compensés
|
former les comités des quartiers Organiser la
population
Tisser des relations
|
|
|
|
1-100 toilettes publiques construites 2-100 bacs à ordures
installés 3-9 journalistes formés
4-100 000 personnes sensibilisées 5-100 professionnels
formes
|
|
|
|
analyse de la situation et diagnostic participatif
sensibilisation et renforcement de capacité suivi, evaluation et
monitoring
|
|
|
|
|