(d) 3.2.2.
Perspective liée à la faiblesse du marché
monétaire
Des mesures pour l'approfondissement financier permettraient
d'accroître la part de la population ayant accès au système
bancaire formel, et donc d'améliorer le mécanisme de transmission
de la politique monétaire.
La confiance dans le système bancaire peut être
confortée en améliorant la supervision bancaire et en assurant le
bon fonctionnement du système de résolution des
défaillances bancaires. Apporter des services financiers à tous
les niveaux de la société, avec un choix de services plus large
adaptés à tous, est toutefois un lent processus. Compte tenu de
la modicité des montants et du coût élevé des
transactions, le secteur bancaire est peu enclin à servir les segments
les plus pauvres et les plus nombreux de la population.
Le paiement des salaires de la fonction publique par
l'intermédiaire du système bancaire est une nécessaire
première étape, qui doit être complétée par
un cadre solide pour la micro finance.
(e) 3.2.3.
Perspective liée à la faiblesse institutionnelle et
administrative des autorités monétaires
Une Banque centrale bénéficiant d'une
indépendance de facto se consacrant à l'application rigoureuse de
sa mission de base, une amélioration de la disponibilité des
données et de la capacité de recherche de la Banque centrale, des
marchés financiers plus profonds, ainsi que des mesures incitatives de
dé-dollarisation permettraient progressivement d'améliorer
l'efficacité et l'indépendance de la politique monétaire
de la RDC à long terme.
De telles mesures permettraient un cadre de politique
monétaire plus flexible et modernisé, axé sur une
stratégie cohérente et anticipatrice dans laquelle les
agrégats monétaires sont suivis et analysés
systématiquement de même qu'un large éventail d'indicateurs
macroéconomiques et financiers, notamment l'inflation, la production,
les taux d'intérêt et le taux de change. Mais la plupart de ces
réformes sont longues à mettre en oeuvre, et les contraintes
opérationnelles actuelles devraient perdurer un certain temps.Des
réformes opérationnelles relativement simples permettraient de
bien aligner les incitations et d'avoir une structure de responsabilités
adéquate, ainsi que de renforcer la capacité de gestion de la
liquidité, de recherche et d'analyse des données. La BCC a en
particulier besoin de mieux développer son cadre opérationnel de
Banque centrale et ses instruments de gestion de liquidité.
Les opérations de gestion de liquidité supposent
habituellement deux types de mécanismes d'adjudication : (i) les actifs
de court terme (titres vendus à terme sec, ou prise en pension ou
dépôts à terme) émis au taux directeur (le montant
de l'adjudication est déterminé par la demande du marché,
et la Banque centrale accepte toutes les soumissions); et les actifs de plus
long terme (le montant de l'adjudication est prédéterminé
par la Banque centrale et dépend de la prévision de
liquidité, tandis que les banques doivent décider du montant et
du taux d'intérêt dans leurs soumissions).
La BCC doit aussi renforcer sa capacité technique
à évaluer les fluctuations de l'inflation grâce à
une compilation et une analyse systématiques de données à
haute fréquence caractérisant l'activité
économique.
3.2.4. Perspective
liée à la dépendance de l'économie
congolaise
Toutefois, la RDC n'a pas un historique très ancien de
discipline macroéconomique et le niveau de ses réserves
internationales est encore bas, ce qui met le franc à la merci
d'attaques spéculatives. En outre, la fréquence relative des
chocs d'origine nationale et externe pourrait conduire à des ajustements
répétés du taux de change, ce qui affaiblirait encore la
crédibilité de ses initiatives. Pour protéger le pays
contre les attaques spéculatives, les autorités monétaires
choisissent souvent de renforcer encore l'arrimage par une politique
d'autolimitation : créer une caisse d'émission, adhérer
à une union monétaire; ou, comme on l'a vu, établir la
dollarisation complète.
3.2.5. Perspective
liée au manque de capacités et de crédibilité des
autorités monétaires
L'indépendance de la Banque centrale et l'adoption d'un
ensemble ambitieux de réformes(institutionnelles, politiques et
opérationnelles)sont nécessaires pour renforcer la
crédibilité et améliorer l'efficacité de la
politique monétaire. Ces réformes doivent cibler les contraintes
de la politique monétaire évoquées
précédemment, remédier à la faiblesse
institutionnelle et administrative, à la fragmentation du secteur
financier et s'accompagner de mesures pour réduire le niveau de
dollarisation.
L'indépendance de la Banque centrale et une
hiérarchisation claire de ses objectifs nécessitent qu'elle soit
financièrementindépendante de l'Etat ce qui, pour la BCC, passe
par la poursuite de sa recapitalisation. Pour cela, il faudrait que les bons de
recapitalisation aient un rendement prévisible et soient
rémunérés soit au taux du marché soit, au
minimum,à un taux fixe garanti jusqu'à échéance.
L'amélioration de l'indépendance de la Banque centrale
présente aussi l'avantage de limiter le risque de
prééminence de la politique budgétaire et
d'améliorer la discipline budgétaire, parce que l'Etat aurait
plus de difficultés à obtenir des rallonges de la Banque centrale
pour couvrir le déficit budgétaire.
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