I.2. Problématique
La répartition des espèces et la dynamique des
populations animales sont essentielles pour comprendre les processus
sous-jacents qui permettront de mieux préserver ces ressources (Koh et
Wich, 2012). Ces éléments soulignent l'importance de
développer de nouvelles approches de gestion efficaces basées sur
des techniques innovantes, abordables et multifonctionnelles. Plusieurs
études ont déjà été réalisées
sur les hippopotames au Cameroun au cours desquelles l'évaluation de la
taille de la population faisait partir des objectifs. En effet, d'avril
à juin 2001, (Nchanji et al. 2007) ont compté les
indices d'hippopotames communs le long des rives, et les individus qui
émergeaient de la rivière Djérem, dans le parc national du
Mbam et Djérem. En avril, 18 hippopotames ont été
comptés contre 79 entre mai et juin sur le Djérem, ce qui
suggère qu'il y avait des effectifs différents à chaque
période, mais que les individus réagissaient différemment
aux stimuli physiologiques ou au bruit utilisés lors du scenario de
comptage. D'où la nécessité de développer une
nouvelle approche de comptage. Quelques aspects de l'écologie de
l'hippopotame amphibie dans le PNB réalisée par Bakowé
(2012) dont l'approche méthodologique était basée sur le
comptage le long du cours d'eau Bénoué. Le dénombrement se
faisait chaque fois qu'un individu ou groupe d'individus était
aperçu. Les observations se faisaient en journée et le temps
d'observation
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était fonction du nombre d'individus présent
dans la mare. En 2013, Scholte a réalisé une étude sur le
déclin de la population d'hippopotame commun au PNB entre 1976 et 2013.
La méthodologie de comptage était celle appliquée par Ngog
Njie (1988). Tous les comptages sauf un ont eu lieu vers la fin de la saison
sèche, lorsque la rivière Bénoué était la
seule source d'eau du parc et que la région était facilement
accessible. La seule exception était le décompte de juillet 2013
effectué pendant la saison des pluies au cours de laquelle le comptage
fut quelque fois perturbé par les pluies et la montée des eaux
qui n'était pas favorable car les hippopotames étaient
immergés. Un dénombrement d'hippopotames a aussi
été réalisé dans le PNB par Maha (2012). Du fait
des détours et des rebroussements de chemins, l30 km étaient
parcourus en 11 jours. Pour ce qui est du travail d'inventaire, il s'est fait
dans les cours d'eau qui arrosent le PNB. Ce dénombrement s'est
effectué en début de saison de pluies, ce qui a
représenté quelquefois, une difficulté majeure du fait des
crues des cours d'eaux par endroits, d'où l'immersion des hippopotames.
La méthode de comptage utilisée est celle du comptage à
pied le long du cours d'eau (Ngog Njé, 1988). Par ailleurs, la
navigation sur le cours d'eau à l'aide de la pirogue présente des
risques d'attaques d'hippopotames qui pourraient avoir des dégâts
d'ordre matériels et humains. De même, aucune de ces études
n'avait utilisé des nouvelles technologies telles les drones ou alors
les cameras-pièges dans le processus de dénombrement.
Après l'interdiction du commerce de l'ivoire
d'éléphant en 1989, on a noté une augmentation de
l'exploitation des canines d'hippopotames (UICN, 2006). Suite à cette
augmentation, l'UICN (2006) affirme que cette croissance du commerce des dents
du cheval de l'eau a atteint la barre de 53% du nombre d'exportation initial et
s'est traduit par la baisse considérable de la population de l'amphibie
en Afrique (7 à 20%). D'autre part, l'UICN (2006) souligne que la chasse
illégale et la dégradation des habitats sont les principales
menaces à la survie de cet amphibie. Dans ce sens, pour justifier
l'ampleur des menaces, Dibloni et al. (2010) affirment qu'en
République Démocratique du Congo, la population d'hippopotames
était estimée à 30.000 individus dans le Parc National des
Virunga (Delvingt, 1978), et qu'aujourd'hui celle-ci est passée à
3000 individus, soit un taux de décimation de 90%. Au Cameroun,
l'hippopotame est une espèce à haute valeur
éco-touristique. Le plan de gestion élaboré par le MINFOF
en 2015 prévoit un quota de prélèvement attribué
après élaboration d'un plan de tir qui fixe les quotas relatifs
à chaque espèce. La méthode d'estimation des quotas
d'exploitation théorique de Martin et Thomas (1991), fixe un taux
d'exploitation maximum de l'hippopotame à 10% de son effectif total. Le
prélèvement par la
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chasse sportive sanctionnée par l'obtention d'une
autorisation spéciale délivrée par le Ministre des
Forêts et de la Faune est estimé à 5% (MINFOF) alors
même que l'effectif total d'hippopotame reste méconnu.
Au niveau local, les populations riveraines du PNB
constituées pour une grande partie des immigrants, sont pauvres et
tirent l'essentiel de leurs ressources de la nature en pratiquant entre autre
l'orpaillage, la pêche, l'élevage sédentaire et la coupes
abusive du bois (MINFOF, 2009). Les conséquences plus ou moins directes
sont la dégradation de l'habitat faunique en général et
des hippopotames en particulier, à travers les fosses creusées
sur le lit du fleuve Bénoué. Pendant les périodes
d'étiage, seules les mares permanentes sont les zones de pêche.
Les problèmes restants de l'exploitation de ces ressources halieutiques
sont des conflits hippopotames-pêcheurs avec des pertes en vie humaine.
C'est le cas par exemple au lac Lagdo au nord du PNB où on a
enregistré deux décès des pêcheurs résultant
de l'affrontement avec les hippopotames (MINFOF, 2011).
Afin d'améliorer les connaissances sur les hippopotames
dans le temps et dans l'espace, dans le but d'assurer leur gestion durable, le
conservateur du PNB intègre les drones et cameras-pièges dans le
processus d'inventaires de ceux-ci afin d'apporter une plus-value sur les
méthodes de comptages existantes. Afin de mener à bien la
présente étude, la question principale est de savoir :
Quelle est la contribution de l'utilisation des drones et
cameras-piège dans l'amélioration des inventaires des
hippopotames au Nord Cameroun en général et dans l'UTO
Bénoué en /particulier afin d'assurer une gestion durable de
cette espèce ?
Les questions secondaires suivantes ont été
formulées pour répondre à cette question.
- Quelle est la structure de la population d'hippopotames dans
l'UTO Bénoué ?
- Quelles sont les stratégies efficaces pour la bonne
gestion des hippopotames dans l'UTO Bénoué ?
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