3. Dschang : Chef-lieu de la Circonscription de Dschang
sous l'administration française (1920-1960)
Le statut du Cameroun changea lors du Traité de
Versailles ; il passa de protectorat allemand à territoire sous-mandat
de la SDN et confié aux puissances mandataires qu'étaient la
France et la Grande Bretagne. L'importance de ce nouveau statut juridique pour
la ville de Dschang, sur le plan administratif, était très
visible aux yeux des Français, car ces derniers ne tardèrent pas
à lui donner la place qu'elle occupait pendant la période
allemande. Ainsi, le Chef lieu de la circonscription fut
transféré de Bana à Baré en juin 1920, puis
à Dschang en septembre 1920, avec pour Chef lieu Dschang. Cette
circonscription fut organisée à partir de Baré en
subdivisions, de Dschang, Foumban, Bana et Baré2.
Comme nous pouvons le constater, les Français
ont changé à deux reprises le Chef-lieu de la circonscription
pour enfin se mettre toujours sur le chemin tracé par les Allemands. La
ville de Dschang restera Chef-lieu de la circonscription de Dschang jusqu'en
19343, date à laquelle les circonscriptions sont
remplacées par les régions4. C'est aussi à ce
moment que la circonscription de
1 Berlise Nguedia Dongmo,
« Les investissements agricoles dans la subdivision de Dschang 1909-1957
», Mémoire de Master en Histoire, Université de Dschang,
2012-13, p.43.
2 Jean Marie Tchinda,
« Grandeur, Décadence et Renaissance d'une ville camerounaise :
Dschang (1903-2007) », Université de Dschang, Mémoire de
Master en Histoire, 2008/2009, p. 37.
3 1935 pour Pauline
Tchipezi, « Le fait colonial et l'économie dans la
société Bamboutos (ouest-Cameroun) : changements et permanences
de 1916 à 1970 "cas du village Babadjou"
», Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université
de Yaoundé, septembre 1990, p.48.
4 Jean Marie Tchinda, «
Grandeur, Décadence ... p.38.
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Dschang est restructurée pour donner deux
régions à savoir la région bamiléké avec
Dschang comme capitale et la région du Noun avec pour capitale
Foumban.
Les Français ne vont pas beaucoup investir sur
le plan infrastructurel pour deux raisons principales. D'une part,
l'équipement militaire de la Première Guerre Mondiale,
coûtant cher, les a complètement ruinés et ils ne
comptaient plus que sur le pillage des ressources dans les colonies pour se
relever et reprendre leur place sur la scène internationale. René
Tourte l'exprime en ces termes :
de l'épouvantable boucherie qui ensanglante
l'Europe de 1914 à 1918, la France sort profondément meurtrie
dans sa chair, ses biens et son aura. Consolider son empire [colonial], assurer
la mise en valeur de ses possessions d'outre mer, favoriser
l'épanouissement de ses populations lui semble être des voies
privilégiées pour le maintien de sa place sur la scène
internationale1.
D'autre part, ils se sont engagés dans une
lutte contre les indigènes germanophiles, surtout en sabotant l'oeuvre
allemande dans la région (voir annexe n°5). Il faudra attendre la
fin de la Deuxième Guerre Mondiale particulièrement en 1947 pour
voir la France investir dans les infrastructures étant presque sûr
qu'un probable retour des Allemands au Cameroun était impossible. Ceci
se vérifie d'ailleurs par les infrastructures construites avant 1939 qui
étaient surtout d'ordre administratif. Le social s'est intensifié
avec le soutien du FIDES à partir de 1947.
Les infrastructures françaises sont plus
nombreuses dans la ville de Dschang pour la simple raison qu'ils ont mis plus
de temps que les colons allemands. En outre, l'oeuvre allemande qui avait
échappé à la jalousie des Français avait tout
simplement été réhabilitée par ceux-ci.
En somme, la ville de Dschang est une création
allemande. Au cours de son histoire ; elle a connu plusieurs modifications
infrastructurelles, modifications qui constituent une réalité
même dans le cadre de l'élargissement de son espace urbain. Elle
aura joué un rôle indéniable dans l'histoire de l'actuelle
Région de l'Ouest. La construction des infrastructures coloniales dans
cette cité n'aura donc pas été un fait du hasard. Ces
constructions étaient édifiées pour jouer d'importants
rôles.
1 René Tourte,
Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone, volume
6, De l'empire colonial à l'Afrique indépendante 1945 - 1960,
Montpellier, Décembre 2011, p.987.
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