Incidence de l'aide humanitaire sur la réduction de la vulnérabilité des personnes déplacées internes à Mahagi cas de l'ONG WHH de 2020 à 2021par Dieu Merci ADUBANG'O THUAMBE Institut Supérieur de Développement Rural de Bunia, ISDR/Bunia - Licence en Planification régionale et nationale 2021 |
0.2. PROBLEMATIQUEChaque année, la vie des millions de personnes est bouleversée par les conséquences de phénomènes dangereux liés au temps et au climat. L'Observatoire des situations de déplacement interne(IDMC) a estimé qu'en moyenne, entre 2008 et 2014, au moins 22,5 millions de personnes fuient chaque année la menace directe ou les conséquences d'inondations, de glissements de terrain, de tempêtes, d'incendies et de températures extrêmes sur leur sécurité, leur logement et leurs moyens de subsistance1(*). Les chiffres varient sensiblement d'une année à l'autre selon cette organisation météorologique mondiale, ils vont de 13,9 millions de personnes déplacées en 2011 à 38,3 millions en 2010. Un tel écart s'explique surtout par les catastrophes de grande ampleur, qui sont plutôt rares etimprévisibles mais déclenchent le mouvement des millions de personnes. En 2014, par exemple,les dix événements les plus importants, tous dus à des tempêtes ou des crues en Asie, ont chacun déplacé entre 500.000 et 3 millions de personnes aux Philippines, en Inde, au Pakistan, en Chine, au Japon et au Bangladesh. Le Rapport statistique intitulé : «Tendances mondiales du Haut-Commissariat pour les réfugiés »,publiéen 2015 présente qu'environs 65,3 millions de personnes, soit une personne sur 113,étaient déracinées par le conflit et la persécution à travers le monde. Ce rapport indique que 2 personnes en moyenne ont été forcées de fuir chaque minute en 2015, soit quatre fois plus que dix ans plus tôt quand six personnes fuyaient toutes les 60 secondes. C'est la première foisdepuis la création du HCR que le seuil de 60 millions est franchi. Mais les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là pour des millions d'hommes, de femmes et d'enfants ayant fui pour sauverleur vie. Par rapport à la population totale de la planète terre comptant environs 7,4 milliards d'habitants,un être humain sur 113 est aujourd'hui déraciné ; il est demandeur d'asile, déplacé interne ou réfugié, ce qui le place à un niveau de risque sans précédent dans toute l'histoire du HCR Ce décompte est supérieur à la population du Royaume-Uni ou à celles du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande réunis. Il est composé de 3,2 millions de personnes dans les pays industrialisés qui, à la fin 2015, attendaient des décisions en matière d'asile, soit le plus grandtotaljamais enregistré par le HCR2(*). Le son de cloche est le même du côté de l'Amérique latine, où le Brésil a expliqué avoir mis en place une politique : « bras ouverts » qui permet, chaque jours, à près de 1.000 réfugiésvénézuéliens de traverser la frontière entre les deux pays. La Colombie est également intervenue pour préciser qu'elle accueille plus de 1,4 million de citoyens vénézuéliens, soit environ 34% des migrants en provenance de ce pays, auxquels s'ajoutent 400.000 Colombiens rentrés au pays à la suite de la crise multidimensionnelle au Venezuela. Alors que plusieurs pays, tels que le Koweït, ont partagé le montant de leur contribution au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour manque de financement pour faire face à la crise des réfugiés3(*).Les États-Unis ont encouragé les États-Membres à revoir leurscontributions au HCR, tandis que l'Union européenne, préoccupée par le fossé de plus de 50% entre les besoins et les ressources de l'agence, a appelé le HCR à élargir sa base de donateurs, y compris au secteur privé. Dans plusieurs pays d'Afrique, la plus grande partie des déplacements est due à un regain de conflits et de violences intercommunautaires en Afrique de l'Ouest (Nigeria, Cameroun, Mali) ainsi qu'aux conflits et crises politiques qui perdurent depuis plusieurs années en Éthiopie, en Somalie, en RDC, en Centrafrique et au Soudan du Sud. L'Afrique compte aujourd'hui plus de 7 millions de réfugiés, soit un tiers environ du totalmondial, et plus de 16 millions de personnes déplacées dans leur propre pays, dont certaines setrouvent dans une situation très grave. La seule crise au Rwanda a engendré quelque deux millions de réfugiés et provoqué le déplacement interne d'une forte proportion de la population. Par ailleurs, les causes mêmes du déplacement peuvent entraver les mesures de protection etl'acheminement d'assistance humanitaire, faire obstacle au rapatriement des réfugiés, prolongerl'exil, voire mettre en danger la paix et la sécurité sur le plan régional4(*). Plus de 29 millions de personnes ont été déplacées de force (déplacés internes, réfugiés, demandeurs d'asile). Cela représente une augmentation de 16% par rapport à l'année dernière. La reprise des hostilités et l'augmentation de la violence en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine (RCA), en Ethiopie et au Sahel sont la cause de cette augmentation avec 72 % des déplacés internes. Le Soudan du Sud (35 %), la RCA (28 %), la Somalie (22 %), l'Erythrée (16 %), la RDC (7 %) sont les pays africains avec la plus grandeproportion de déplacés de force par rapport à leur population totale. Le Soudan du Sud, l'Erythrée et la RCA,sont, par ailleurs, trois des cinq pays au monde dont le pourcentage de la population qui estréfugiée est le plus élevé5(*). Comme il l'est au niveau mondial, le déplacement de force en Afrique a tendance à être une expérience de longue haleine. Les conflits qui perdurent empêchent en effet les réfugiés de rentrer chez eux que de s'installer ailleurs. Certains des pays africains catégorisés comme étant les « moins développés », l'Ouganda, le Soudan, l'Ethiopie, la RDC, le Tchad et le Soudan du Sud, accueillent la grande majorité des réfugiés en Afrique. Les contraintes qui leur en sont imposées soulignent davantage le coût élevé des conflits en Afrique6(*). Pour résoudre la crise de déplacement en Afrique et en renverser la tendance, il faudra enrésoudre non seulement les symptômes mais aussi les principaux facteurs, c'est à dire le conflit et la gouvernance répressive. Pour le cas de la République Démocratique, les mouvements de la population ont commencé par la guerre de l'occupation suite à la faiblesse du régime politique du président Mobutu. La fin d'une guerre civile longue et coûteuse avait suscité des espoirs en 2003, mais le pays reste le théâtred'éruptions sporadiques de violence,en particulier dans l'est du pays. Depuis 2016, de nouvelles violences ont également secoué le Kasaï, une vaste région au centre et au sud du paysa l'est, les groupes de Laurent Nkunda de 2007-2009 n'ont pas laissé la population dans la quiétude, des vagues d'agitation communautaires dans les régions du Kasaï, du Tanganyika, de l`Ituri et des Kivus ont provoqué encore les déplacement de plus de 5 millions de personnes entre 2017 et 2019 et des milliers de réfugiés ont aussi fui vers l'Angola, la Zambie et d'autres paysvoisins7(*). Bien que de nombreuses personnes soient retournées au Kasaï et dans d'autres régions, elles ont souvent trouvé leurs biens, leurs commerces et leurs écoles en ruines, et des membres de leurfamille assassinés. Des nouveaux réfugiés continuent d'arriver du Burundi, de la République centrafricaine et duSoudan du Sud. Le risque de déplacements supplémentaires est élevé, car des conflits affectent des nombreuses zones. Les besoins de protection sont énormes, en particulierpour les personnes lesplus vulnérables, et les défis en termes d'acheminement de l'aide vers les personnes dans le besoin continuent d'augmenter. En république démocratique du congo, en cas de catastrophes naturelles ou artificielles comme éruption volcanique, inondation, montée des eaux, guerres, conflits et autres situations d'urgence se produisant sur un territoire causant des crises humanitaires, le devoir primordial incombe au gouvernement de prendre soin des victimes, déplacés internes, les refoulés en leur assurant une protection, une assistance et une réinsertion socioéconomique rapide, efficace et durable, c'est pourquoi, un ministère est créé pour gérer les actions humanitaires de l'Etat en République Démocratique du Congo. Pour renforcer ce ministère, il est institué en 2018, une Agence de gestion des fonds humanitaires, en sigle « » AGFH en sigle8(*). Mais, de fois sur terrain, la population est laissée à son triste sort par le même Etat en cas de besoins d'assistance. Les ONGs internationales, nationales et locales viennent en rescousse, parfois leurs actions ne sont pas concertées, orientées vers les vrais bénéficiaires. Depuis décembre 2017, la province de l'Ituri, plus spécifiquement le territoire de Djugu est affecté par des violences de grande ampleur ainsi que des violations et atteintes aux droits de l'homme commises dans un contexte de tensions interethniques entre les communautés Lendu et Hema notamment, et qui ont occasionné plusieurs victimes ainsi que des déplacements massifs de population. La ramification de ces tensions a atteint également le territoire de Mahagi avec les mêmes conséquences9(*). Les enquêtes menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH) ont permis d'établir que, de décembre 2017 à septembre 2019, au moins 701 personnes ont été tuées, 168 autres blessées et 142 personnes ont été victimes de violences sexuelles dans ce contexte. De plus, le BCNUDH a documenté au moins 218 cas d'extorsion, de pillage et/ou de destruction de maisons, écoles et centres de santé dans différents villages du territoire de Djugu qui ont également affecté le territoire voisin de Mahagi causant des mouvements internes des populations dépourvues de tous moyens de subsistance. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), près de 57.000 personnes réfugiées en Ouganda et plus de 556.356 autres se seraient déplacées vers les territoires de Mahagi, Aru et à proximité de la ville de Bunia depuis février 2018. Vue l'ampleur des destructions matérielles et l'insécurité qui prévaut dans les zones affectées, un retour à court terme n'était pas envisagé par les déplacés qui ont perdu tous leurs biens et autres moyens de subsistance10(*). Malgré le déploiement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC) en février 2018 et juin 2019, les violences se sont poursuivies et des mesures supplémentaires urgentes ont été prises afin de restaurer l'autorité de l'Etat dans le territoire de Djugu et favoriser le retour volontaire et sécurisé des personnes déplacées et réfugiées11(*). En territoire de Mahagi, le regain de ces violences a causé des déplacement d'environs115.812 ménages en internes et de milliers de maisons incendiées principalement dans les régions frontalières entre les chefferies de walenduWatsi et des Aghal II aux villages de Luma,Ndimalo, Ngelengele, Ngele, Usigo, ulobo, Talitali, Nzinzi, Godawizi.Certains villages des WalenduWatsi comme Thoyikiya,Kambala, Plantation Yagu, Rimba, Jumali, Puna, Awu, Jupalangu 2, Katanga, Anyaka, Jupazaga, ang'hal II, Djupakanya, Koch, Lala, Anyola, Ndama, Ale et Aleza et autres ont été également déserts12(*). Ces mouvements involontaires ontcausés des pertes de biens de la population au ménage suite aux incendies des maisons, des récoltes abandonnées aux champs, des produits d'élevages(chèvres, vaches, poules,...)pillés par les assaillants, des conditions de vie déplorable dans des familles d'accueil causant une conjoncture économique avec comme impact direct l'insécurité alimentaire. Dans cette crise en Ituri, Les ONG tant internationales que nationales ont contribué aux programmes d'urgence humanitaire non négligeable en faveur des Personnes Déplacées Internes des atrocités de la CODECO en territoire de Djugu et Mahagi et ce, conformément à la Déclaration et programme d'action de Vienne qui affirme que « conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international humanitaire, on souligne combien il est important et nécessaire de fournir une assistance humanitaire aux victimes de toutes les catastrophes, naturelles ou causées par l'homme » 3. De l'observation menée dans l'assistance humanitaire aux populations en territoire de Mahagi par les ONGI dans divers projets notamment de foires agricoles, assistances directe en cach et autres, nous nous sommes rendu compte que, l'aide humanitaire ne réduirait pas la vulnérabilité de ces personnes déplacées internes. Nous nous posons la question de savoir si quel est l'impact réelde l'assistance humanitaire ? Dans le souci d'apporter notre contribution sur l'incidence de l'aide humanitaire sur la réduction de la vulnérabilité des personnes déplacées internes, dans le cas spécifique de l'ONG Welthungerhilfe, depart les impacts de ses interventions humanitaires en faveur de la population déplacée en territoire de Mahagi depuis 2020 avec son «projet d'assistance multisectorielle aux personnes déplacées et familles d'accueil», notre étude cherchera à répondre aux questions suivantes : 0. L'aide humanitaire réduit-elle la vulnérabilité des personnes déplacées internes et familles d'accueils ? 1. Quel est le degré d'appréciation, de satisfaction des bénéficiaires face à cette aide ? 2. Existe-t-il des mécanismes de collaboration entre les acteurs (l'Etat, les structures de santé, les bénéficiaires et l'ONG)dans l'exécution du projet ?, la distribution et gestion de ces aides humanitaires ont il fait objet d'une participation collective ? * 1Organisation météorologique mondiale /Bulletin de déplacement de population lies aux catastrophes climatiques * 2www.public.int/fr/ressources/asile/refugies * 3 www.un.org/press-refugiés-et-déplacés-causes-défis-et-perspectives/ * 4 www.africacenter.org/fr/conflit-gouvernance/ * 5Document-Addis-Abeba-sur-les-refugies-et-les-déplacements-forces-de-la-population-en-afrique-10-septembre-1994/ * 6 https://www.refworld.org/docid/3ae68438.html[consulte le 03 avril 2021 * 7 www.unhcr.org/fr/urgence/humanitaire/en rdc/ * 8) décret n° 18/015 portant création, organisation et fonctionnement d'un organisme public dénommé agence de gestion des fonds humanitaires (j.o.rdc., 1er juillet 2018, n° 13, col. 8) * 9Rapport public de 2019 du bureau conjoint des nations unies aux droits de l'homme hcdh - monusco sur les conflits en territoire de Djugu, province de l'Ituri de décembre 2017 à septembre 2019 * 10Sungura, A., Van Soest, B. et Kitonga. L, (2018) « Résurgence des violences en Ituri ? La Crise de Djugu de 2018 * 11Van Leeuwen, M., Mvano, C. et Kikwaya G. (2019) Une étude comparative sur le fonctionnement des Structures de Paix en Ituri et au Nord Kivu restant à finaliser * 12 Rapport de monitoring de protection de intersos et UNHCR/Ituri d'Avril 2020 |
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