IN MEMORIAM
A mon très cher oncle MWAMBA MPOYI DJENTO qui nous a
quitté, je garde ton immortalité à travers ce
travail. Que ton âme repose en paix
II
KASONGO YOSHWA EVEN
DEDICACE
A ma très chère tante Ivonne MWILA NGANDUE et ma
très chère amie ORNELLA SHAKO qui n'ont en aucun cas cessé
de me soutenir et m'encourager tant sur le plan spirituel que moral durant mon
parcours universitaire.
Je dédie ce travail
III
REMERCIEMENTS
Nous ne pouvons pas arriver au bout de nos études
universitaires sans la contribution des autres. Ces propos nous permettent
d'adresser nos sincères remerciements à ceux qui, de loin ou de
près ont contribué à la réalisation de ce
travail.
Dans un premier temps, nous tenons à remercier
l'Eternel Dieu tout puissant pour sa protection et sa miséricorde
à notre faveur.
Nous remercions le professeur Associé SERUGUNDO KIFENDE
Célestin, Directeur de ce mémoire, pour son encadrement, ses
encouragements, ses remarques et ses conseils malgré ses multiples
préoccupations.
Nos gratitudes s'adressent aux autorités
académiques de l'Ecole de Criminologie pour leur accompagnement durant
notre cursus universitaire. Entre autre le Professeur BADY KABUYA Gabin,
Professeur Associé KANTENGA MWAMBA Dieudonné, le professeur
Associé N'KULU NGOY Hugo, le professeur LUPITSHI WA-NUMBI Norbert, le
professeur Ordinaire TSHINYAMA KADIMA Ildephonse, le professeur NGOIE MWENZE
Honoré et le professeur Associé MBALE KIZEKIELE Allen.
Notre gratitude la plus sincère s'adresse
également à la division de la conservation des titres immobiliers
du cadastre « Est », qui nous a accordé ce privilège
d'y effectuer notre stage de recherche. Nous citons Mr. Trésor, notre
encadreur, Mr. John du bureau domaine foncier, Mr. Michel du bureau
d'enregistrement et notariat, Mr. Tony chargé de la technique
(géologue).
A vous mes parents Louis et Tina, pour votre amour, soutien
moral et spirituel pour la réussite de nos études universitaires.
Et mes mes frères et soeurs : Cédric MWAMBA, Serges MWAMBA,
Soleil MUSWAMBA, Aubain MANGI, Nana MANGI, pour vos conseils et
encouragements.
Nous disons merci à nos ainés scientifiques,
collègues et amis qui ont été pour nous un sujet
d'encouragement, conseils et motivation : NEDI PALANGA Nestor, KINKOBO TENGA
Nérée, MALOBA NGOIE Rick, KYOMBA KATEBA Trésor, KAZINGUVU
BOMA Yves et MOKE KAPEND Ken.
Je tiens à remercier les personnes ayant accepté
de participer à cette étude, de m'avoir reçu et
donné de leur temps pour répondre au questionnaire.
IV
TABLE DES MATIERES
IN MEMORIAM I
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 3
Section 1 : Construction de l'objet de recherche 3
Constat à base de la recherche 3
1.1. Objet de recherche 4
1.3. Question de recherche 4
Section 2 : Revue de la littérature 5
Section 3 : Inscription de l'objet d'étude en criminologie
10
Section 4 : Problématique de la recherche 11
4.1. Grille de l'acteur et le système (Michel Crozier
& Erhard Friedberg) 11
4.2. Théorie de l'interactionnisme symbolique 13
CHAPITRE II : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 15
Section 1 : approche qualitative et la démarche inductive
15
Section 2 : Présentation du champ d'investigation 16
2.1. Délimitation du terrain 16
2.2. Aperçu historique de la division des titres
immobiliers/ cadastre Est 17
Section 3 : Constitution de l'échantillon 23
V
Section 4 : Techniques de recueil et d'analyse des données
24
4.1. Récolte des données 24
4.2. Analyse des données empiriques 29
Section 5 : la dimension éthique de la recherche 29
Section 6 : Difficultés rencontrées et les
stratégies de contournement 30
CHAPITRE III : RESULTATS DE LA RECHERCHE 32
Section 1 : Acteurs impliqués dans les interactions 32
1.1. Les acteurs visibles 32
1.2. Les acteurs invisibles : les responsables de cadastre 35
Section 2. Nature des interactions 36
2.1. Interaction de coopération 36
2.2. Interaction conflictuelle 39
Section 3 : Stratégies des acteurs 41
3.1. La négociation ou la coopération 42
3.2. Les relations sociales 43
3.3. L'absence du requérant 44
Section 4. Pratiques problématiques sur le lotissement
foncier du cadastre 45
4.1. La pratique « Tumu pangiye kitabu » en
français « frappe » 45
4.2. La pratique « Funga richo » en français
« fermer l'oeil » 46
4.3. La pratique « Fania paka vile » en francais «
fait tel qu'on se dit » 46
4.4. Pratique « kula na chefu » en français
« manger avec le chef » 47
VI
4.5. Pratique « kusumburiya» en français «
causer » 47
4.6. La pratique «Bulongo bwaba kambo » en
français « la terre des ancêtres » 48
4.7. La pratique « ku mongezeha kaloko » en
français « agrandir un peu » 48
Section 5 : Enjeux des pratiques observées 49
5.1. Les enjeux économiques 49
5.2. Les enjeux sécuritaires 50
Section 6. Représentations sociales des acteurs 51
6.1. Les représentations sociales des agents de cadastre
vis-à-vis des requérants 51
6.2. Les représentations des requérants insolvable
vis-à-vis des agents cadastre 53
CONCLUSION GENERALE 55
BIBLIOGRAPHIE 58
1
INTRODUCTION GENERALE
Cette étude est consacrée aux «
interactions entre les agents du cadastre et les requérants, dits
demandeurs de terrain au cadastre ». La construction de cet objet
d'étude est partie du constat qui nous a amené à en faire
une préoccupation en criminologie afin d'analyser, de comprendre et
d'élucider les situations-problèmes observées.
Ainsi, le cadastre c'est une société publique
qui désigne un système national permanent qui enregistre et
partage publiquement le statut physique et les droits légaux sur des
biens immobiliers (terrains et bâtiments) et gère les
modifications apportées à ces informations. Une fois
validé par le propriétaire du terrain, ce document est
envoyé à la Division de conservation des titres immobiliers qui
permettent d'obtenir de nouveaux numéros de parcelles. Ceux-ci sont
alors communiqués au notaire chargé de la vente des lots. Cette
opération est obligatoire pour effectuer la vente des lots. Ainsi, nous
avons remarqué que la division des titres immobiliers du cadastre-Est
est confrontée à des divers cas d'intrusion et des acteurs venant
des différentes périphérique de l'ex-province du
Haut-Katanga qu'on appelle communément « requérants
».
Pour ce faire, le cadastre a mis en place un arsenal
sécuritaire pour obtenir un terrain et pour avoir un titre de
propriété, dans le but de sécuriser le sol de l'Etat. Il
comprend la Division de conservation des titres immobiliers, la division de
l'urbanisme environnementale et la police foncier afin que les intrus ne
puissent pas occuper frauduleusement une concession, empiéter dans la
parcelle voisine ou occuper une espace qui n'est pas permis à
construire, etc.
Malgré la mise en place de cet arsenal
sécuritaire d'obtention d'un terrain, les requérants
communément appelés « demandeur de terre » occupent les
terrains, les autres empiètent, spolient clandestinement dans le nouveau
lotissement cadastral où ils occupent les terrains sans l'autorisation
du lotisseur. Or, sur le plan légal, le lotissement cadastral n'a pas le
statut d'une zone d'occupation illégale, ou des empiétements
publics. Au-delà de morcellement illicite du sol de l'Etat lorsque ces
requérants occupent sur le sol, il résulte un conflit qu'on
appelle « conflit foncier » entre eux ou entre les agents du
cadastre:
2
dépassement des bornes pour les empiétements de
l'avenue ou de la parcelle voisine en cas de son absence, ... ils s'adonnent
à de l'ignorance de la loi foncière, des actes de vandalisme,
etc.
A cet effet, nous nous avons porté notre dévolu
sur les interactions entre les agents du cadastre et les requérants.
L'idée derrière cette formulation est de comprendre la
façon dont les agents du cadastre entretiennent leurs relations avec les
requérants lorsque ces derniers veulent avoir un terrain ou l'agrandir.
Cette étude fournit également une vue d'ensemble sur les
pratiques qui se développent au cours des interactions entre les
protagonistes.
Hormis l'introduction générale et la conclusion
générale, ce travail est subdivisé en trois chapitres :
Le premier chapitre est consacré au cadre
théorique de la recherche ; il s'agit de démontrer le processus
et le paramètre que nous avons opté, pour construire l'objet de
recherche jusqu'au questionnement, l'appartenance de l'objet d'étude en
criminologie, la revue de la littérature et enfin la
problématique de la recherche.
Le deuxième chapitre est consacré aux
dispositifs méthodologiques de la recherche ; il s'agit bien de
démontrer la démarche et l'approche de notre objet de recherche,
les outils et les techniques de récolte des données, la
constitution de l'échantillon, la présentation du champ
d'investigation, la dimension éthique de la recherche et enfin les
difficultés rencontrées et leurs modes de contournement.
Le troisième chapitre est consacré au
résultat de la recherche ; il traite des acteurs impliqués, la
nature des interactions, les stratégies des acteurs, les pratiques
problématiques, les enjeux sous-entendus et les représentations
sociales des acteurs.
3
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
Ce présent chapitre est constitué des points
suivants : la construction de l`objet de recherche et la question de recherche,
la revue de la littérature, l'inscription de l'objet de recherche en
criminologie et la problématique.
Section 1 : Construction de l'objet de recherche Constat
à base de la recherche
La construction de notre objet de recherche est parti d'un
constat qui nous a incité à en faire une recherche criminologique
afin d'élucider les situations observées.
D'abord, nous avons constaté que le cadastre est
confronté par des divers cas d'intrusions et toute forme des pratiques
déviantes sur le lotissement parcellaire. Pour faire face à ce
problème, le cadastre, ont mis en place une division de conservation des
titres immobiliers dans l'objectif d'instaurer la sécurité
foncière qui permettent aux requérants d'obtenir le contrat de
propriété et le certificat parcellaire qui doivent
également être approuvés par le conservateur du site.
Ensuite, nous avons observé que partant des dispositifs
de l'octroi des titres de propriété cités ci-dessus,
étant des agents de collaboration, le chef de division du cadastre et le
chef d'urbanisme doivent mettre leurs services aux fins de préparer le
terrain au conservateur pour l'octroi des terres moyennant des contrats ou pour
l'enregistrement de ces terres tant d'une manière formelle
qu'informelle. Toute ces procédures dès l'octroi des titres des
propriétés tel que les contrats de concession ordinaire,
emphytéose, perpétuelle, transfère et mutation de nom d'un
terrain, concessions est contrôlé et surveillé par la
division des titres immobiliers (conservateur).
En fin, le constat fait sur terrain montre que malgré
la mise en place de la loi des affaires foncières et les
procédures de l'octroi des titres de propriétés, la
division du cadastre et le service d'urbanisme ont tendance à se
comporter comme des services à part alors qu'ils doivent travailler sous
l'autorité du conservateur. Plus grave, ces services interviennent dans
les missions du conservateur en accordant des terres à la population
et
4
décident de la nécessité du lotissement
voire de passer des contrats de location sans pour autant contacter le
conservateur.
1.1. Objet de recherche
Selon Luc Albarello (2012 : 38), c'est au chercheur qu'incombe
la charge de choisir un thème dans lequel il se sent bien, qui
l'intéresse, qui le motive et le passionne selon sa propre psychologie,
sa propre histoire personnelle et professionnelle, son propre état
d'avancement intellectuel et selon sa sensibilité aux interpellations en
provenance de son environnement social comme il en est de notre thème de
recherche.
Les rapports entre les agents de cadastre et les
requérants insolvables sur le lotissement parcellaire ont attiré
notre attention. Ces rapports constituent notre objet de recherche. Comme les
disent Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt (2006 : 17), si nous choisissons de
traiter un sujet donné, c'est forcément parce qu'il nous
intéresse. Nous en avons presque toujours une connaissance
préalable et souvent une expérience plus ou moins
concrète. Peut-être même nous sommes désireux de
réaliser notre recherche pour mettre au jour un problème
social.
Cette étude se fonde sur les données empiriques
et consiste à faire une analyse compréhensive sur les relations
que les agents de cadastre entretiennent avec les requérants insolvables
sur le lotissement foncier, Notre intérêt est d'éclairer
les pratiques, les impacts, les enjeux et les représentations qui
découlent des interactions entre les différents acteurs.
Voyons dans la partie qui suit le constat qui a incité
de faire de cette thématique une étude criminologique.
1.2. Question de recherche
Pour Raymond Quivy et Luc Van Campenoudt (2006 : 24-26), la
bonne manière de s'y prendre dans la recherche scientifique consiste
à s'efforcer d'énoncer son projet de recherche sous forme d'une
question de départ par laquelle le chercheur tente d'exprimer le plus
exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider,
à mieux comprendre. Et une
5
bonne question de départ doit posséder trois
qualités : la clarté, la faisabilité et la pertinence.
Par rapport à la pertinence, François Depelteau
(2000 : 115) précise que la question de départ mène
à une recherche pertinente. À cet égard, elle n'est pas
moralisatrice, elle est une vraie question et elle porte sur quelque chose qui
existe ou qui peut exister. On peut dire qu'une question est moralisatrice
lorsque la réponse qu'on y apporte n'a de sens que par rapport au
système de valeurs de celui qui la formule Raymond Quivy & Luc Van
Campenoudt (2011 : 31).
Tenant compte du contexte actuel, nous faisons évoluer
notre thème de recherche, nous nous sommes posé plusieurs
questions parmi lesquelles nous retenons une seule que nous considérons
comme notre fil conducteur. Elle est formulée de la manière
suivante : Comment comprendre les pratiques autour des interactions
entre les agents du cadastre et les requérants sur le lotissement
parcellaire dans la ville de Lubumbashi (division Lubumbashi Est) ?
Cette question a l'avantage de comprendre la façon dont
les agents de cadastre entretiennent leurs relations avec les requérants
insolvables dans le lotissement parcellaire étant donné que le
bureau de sécurisation et de numérisation des titres fonciers est
un service privé qui travaille avec l'Etat Congolais dans les
traitements des dossiers parcellaires et de percevoir des montants exorbitants
qui ne profitent pas au trésor public. Ce qui rend difficile la
mobilisation des recettes par les services fonciers, notamment, le cadastre et
les titres immobiliers.
Section 2 : Revue de la littérature
Selon Lupitshi Wa Numbi Norbert (2019 : 8), la proposition
d'un thème de recherche n'est pas un fruit du hasard. Il est tributaire
des plusieurs éléments dont la source d'inspiration que certains
auteurs qualifient de « constats ». Parmi les sources d'inspiration,
nous pouvons citer : le vécu quotidien ; les notes de cours ; les
discussions scientifiques ; les lectures personnelles ; les résultats
des recherches scientifiques antérieures (pour leur nuance,
déconstruction, complément et/ou approfondissement).
6
Musevu Vould Kawele (2014 : 12) souligne dans le meme ordre
d'idées que Les travaux antérieurs déjà
effectués sur l'objet de recherche permettent au chercheur de se fixer
sur ce qui a été déjà dit sur l'objet en question,
s'y inspirer et faire une démarcation. Dans ce même cadre
d'idées, Pierre Paillé & Alex Mucchielli (2005 : 38) poursuit
que l'homme ne naît pas seul et ne connait pas seul. Il lui est
impossible de faire l'expérience de quoi que ce soit en l'absence d'un
univers de référence, lequel forme le creuset de son
expérience.
Dans cette perspective, notre objet de recherche s'inscrit
dans un continuum, et sa source d'inspiration relève d'un constat et des
résultats scientifiques antérieurs pour son approfondissement et
son redressement scientifique. Parmi travaux scientifiques recensés nous
avons lu :
Pour Laurent Lacherez (2013), il existe deux types de conflits
intérieurs : ceux qui agissent comme un ressort et ceux qui paralysent.
Le premier est constitué de ceux qui agissent sur nous comme une sorte
de tension exercée entre deux polarités, tel un ressort ; cette
forme de dualité, loin d'être paralysante, est une invitation
à se déplacer pour s'améliorer. Pour le second, le
défi diffère lorsqu'un déchirement intérieur
s'exprime entre des parties de nous qui veulent absolument conserver leurs
avantages respectifs. Ce mélange d'élan vers l'avant et
d'immobilisme peut exercer une force aussi puissante qu'un vortex qui fait tout
disparaitre à proximité.
Dans cette perspective, Jean-Jacques Rousseau (1990) tente de
comprendre les raisons des conflits en entreprise. Pour lui, une organisation
qui dure est celle qui sait traverser les crises et affronter les agressions
dont elle est l'objet. Longtemps, les conflits organisationnels ont
été niés par certains, considérés comme
néfastes par d'autres. Aujourd'hui les crises sont jugées
inévitables et constituent souvent l'occasion de réajustements et
de réadaptations mutuels d'éléments dont
l'évolution non synchrone ou même divergente constitue le
cheminement même de l'organisation dans son ensemble.
Cependant, les conflits n'ont de caractère constructif
que s'ils sont résolus pour certains, prévenus pour d'autres,
maitrisés pour tous. En fait, les conflits n'ont de vertu
créatrice que dans la mesure où ils sont résolus par une
restructuration de l'organisation
7
dans le sens des changent révélés
nécessaires. Le conflit n'a donc pas de vertu créatrice en soi ;
ce qui est créateur, c'est de comprendre le conflit d'une part, et de le
gérer d'autre part.
Dans son étude sur les facteurs liés à
l'émergence des conflits fonciers au Katanga » Alkassoum Maiga
(2006) pense que la mauvaise gestion des ressources naturelles est à la
base de nombreux heurts dans les zones d'accueil des transhumants, lesquels les
espaces seraient à la fois disputés par les agriculteurs, les
peuls et les transhumants.
Pour l'auteur, l'évolution des conflits fonciers sont
à rapprocher des conditions écologiques. De ce fait,
l'hétérogénéité des conditions naturelles,
la variabilité des sols et la répartition
déséquilibrée de la pluviométrie (allant de 350mm
à 1250mm de pluie par an) sont les facteurs qui expliquent
l'évolution spatio-temporelle des conflits fonciers au Katanga.
Selon Jean Marcel Kouamékan Koffi, Boniface Kouadio
Komena et Jérôme Ballet (2009), les inégalités
socioéconomiques observées en RDC font désormais l'objet
d'analyse dans leurs relations avec la gestion des ressources naturelles. Cette
inégalité se retranscrit par l'accès inéquitable
des ruraux, aux ressources. Ainsi, l'émergence de nombreux conflits
fonciers ces dernières années serait la résultante de
cette structuration inégalitaire de l'accès au foncier.
De ce fait, ces auteurs font ressortir que la contribution du
milieu rural à la pauvreté nationale en 2008 était de
75,4% contre 24,6% en milieu urbain (INS, 2008), révélant d'une
part que, plus de trois quarts des populations pauvres vivent en milieu rural
et d'autre part, que la pauvreté est donc plus rurale qu'urbaine en
raison de la difficulté des pauvres à accéder aux
ressources non renouvelables.
Pour Etienne Le Roy et Alain Durand Lasserve (2012), la
situation foncière actuelle de l'Afrique est le résultat d'une
évolution. Elle est caractérisée à la fois par une
forte croissance de la population, l'intégration à
l'économie mondiale, une augmentation significative des surfaces mises
en culture, la fragilisation des milieux naturels, une tendance à
l'épuisement des sols et des ressources en eau et enfin, l'extension des
superficies occupées par les villes. L'accroissement de la demande de
terres agricoles se
8
traduit par une pression générale sur le foncier
mettant en présence, exploitants agricoles (paysannerie locale),
investisseurs nationaux et investisseurs étrangers.
Pour Jean Marcel Kouamékan Koffi (2013), il existe un
lien entre l'ampleur des conflits fonciers et les occupations massives de
plantations de cacao et de café. Ce sont ces occupations de plantations
qui déterminent l'ampleur ou l'extension des conflits fonciers. Cela
s'explique par le fait que les logiques économiques et politiques
englobent une juxtaposition d'intérêts contradictoires qui, non
seulement conditionnent les stratégies des acteurs, mais aussi et
surtout complexifient les conflits fonciers.
Dans cette même dynamique, l'auteur souligne que les
cours et tribunaux sont engorgés de dossiers de conflits fonciers,
trahissant la faible efficacité du système judiciaire. A cela, il
faut ajouter une justice inaccessible pour les pauvres, en raison des couts
élevés des procédures, des lenteurs administratives et de
la faible couverture judiciaire du territoire national. Les systèmes
judiciaires en principe chargé de régler les conflits fonciers se
révélé incapable de trouver des solutions efficaces dans
le contexte caractéristique des pays africains, où des
législations nationales et des coutumes se côtoient.
Dans un autre regard, Quentin Gausset, (2008) affirme que le
sud-ouest du Burkina faso, relativement fertile et peu peuplé, attire
depuis quelques décennies un grand nombre de migrants internes cherchant
à améliorer leurs conditions de vie. Ce phénomène a
pris une telle ampleur que dans plusieurs localités, les
«migrants» sont aujourd'hui plus nombreux que les
«autochtones». Un tel flux migratoire en milieu rural ne va pas sans
poser des problèmes de cohabitation entre différents groupes,
particulièrement au niveau de la gestion du pouvoir et des terroirs. On
assiste dès lors à une lutte permanente entre les autochtones et
ces migrants.
Selon Jean Noel Pacome Kana (2009), La procédure de
gestion des litiges fonciers par les autorités administratives de SIFRA
se limite généralement à la médiation, la
négociation et la renonciation. Le sucées de cette
démarche suppose dans beaucoup de cas, le rétablissement des
relations inter-rurales, la préservation de la réputation des
acteurs, ou
9
l'image des parties prenantes et l'adhésion des parties
a un ensemble des valeurs communes.
Cette idée de pression démographique est
d'autant plus soutenue par Paul Kakule (2010) qui estime que la
problématique foncière en république démocratique
du Congo continue toujours de susciter des inquiétudes. Les pressions
démographique et commerciale ainsi que les mouvements de retour des
déplacés internes et des réfugiés dans la
période post-conflit, engendrent une compétition très
ardue pour l'accès et le contrôle de la terre. Ces faits
occasionnent très souvent des conflits fonciers qui perturbent la paix
sociale.
Dans un autre regard, Florence Ferrari et Anaclet Tshimbalanga
(2015) pensent que la faible représentation de l'Etat, surtout dans
l'administration foncière, l'appât du gain, la faible protection
des droits fonciers, l'attribution des concessions par l'Etat sans
enquête préalable de vacance de terre, la facilité de
corrompre l'administration foncière pour avoir de faux documents ( ou de
« vrais documents» obtenus sans respect de la procédure et
avec contrepartie financière), l'usurpation de pouvoir par les
entités et autorités politico-administratives ( délivrance
de titres de titres de propriété par les services n'en ayant pas
la compétence) sont les principales causes des conflits fonciers au
Congo.
Dans un schéma géographique différent, Le
Roman Bourgeois (2009) soutient que le village est le point de départ de
la majorité des conflits qui touchent de près ou de loin la
propriété de la terre. Etant donné que les terres rurales
sont toutes sous la propriété d'un chef coutumier, on peut tout
d'abord affirmer que les conflits sont particuliers et qu'ils ne se
règlent pas toujours selon les lois d'Etat, ainsi que par la justice des
provinces. L'échelle du village est pour autant un angle d'analyse qui
semble restreint.
Pour Catherine Machozi, Jacqueline Borve, Claude Lonzama Jilo,
Jérémie Kahigwa Bady et Aurélien Tobie (2010),
gérer les conflits de terre, c'est réunir certaines
qualités indispensables à cette fonction d'acteur de gestion :
Etre capable de comprendre et d'appliquer les grands principes qui doivent
guider l'action des acteurs dans la résolution des conflits fonciers (
rapidité, disponibilité, justice, acceptation, durabilité,
patience), être capable de stimuler une réflexion au niveau local
sur les possibilités de modes de
10
résolution des conflits fonciers et explorer des
stratégies pour renforcer le travail des structures de bases dans le
monitoring et la gestion des conflits fonciers.
Les travaux antérieurs évoqués ci-dessus
ont traité sur différents conflits concessionnaires des affaires
foncières et mettent en exergue les divers conflits qui découlent
dans les opérations sur le lotissement cadastral. Quant à ce qui
nous concerne, notre objet d'étude se distingue des autres dans le
contexte où nous ne tenons pas seulement des activités qu'ils
effectuent dans l'octroi des titres des propriétés d'une
manière clandestine, mais également les formes d'interactions qui
se naissent entre les acteurs en vue d'accomplir leurs besoins financiers ou
matériels, et les représentations sociales qui en
découlent.
Section 3 : Inscription de l'objet d'étude en
criminologie
Pour Lupitshi Wa Numbi Norbert (2019 : 8), l'objet
d'étude envisagé doit trouver une bonne place dans la discipline
d'appartenance, pour notre cas d'espèce la criminologie. Sinon on peut
évoluer hors discipline. Donc le thème à traiter doit
avoir un lien avec la discipline scientifique dans laquelle on
évolue.
D'une manière générale, la
compréhension et l'élucidation des situations-problèmes
s'inscrivent dans deux paradigmes criminologiques : celui du passage à
l'acte et celui de la réaction sociale.
Dans le premier cas, le crime existe en soi et le point focal
c'est « l'individu ». On l'appelle aussi l'étiologie du crime
parce qu'il étudie les facteurs ou les causes de la délinquance
du passage à l'acte. Et dans le deuxième cas, le crime n'existe
pas en soi, il est le produit de la construction juridique.
Notre objet de recherche a une place en criminologie dans le
sens où les pratiques que les acteurs effectuent sur les lotissements
parcellaires sont criminalisées par la législation des affaires
foncières congolaises et par les règlements internes du cadastre,
l'urbanisme et de la conservation des titres immobiliers. Parmi les pratiques
problématiques nous pouvons citer : L'occupation illégale des
terres et parcelles, faux en écriture, le stellionat, les
empiétements, la spoliation, le non-respect des avenues dans le
morcellement, etc.
11
En outre, la législation foncière congolaise
autorise l'obtention des titres des propriétés qu'aux seules
personnes détentrice d'un certificat d'enregistrement, dans une zone
agrée (Code des affaires foncière et la cour suprême de
justice a réaffirmé ce principe de base en indiquant : Viole la
constitution et l'art. 53 de la loi foncière, la décision qui
reconnaît au défendeur en cassation la propriété de
la parcelle litigieuse parce que la propriété du sol appartient
depuis l'entrée en vigueur des textes précités, au seul
Etat congolais.
Section 4 : Problématique de la recherche
Selon Raymond Quivy et Luc Van Campenoudt (1995 : 21-35), nous
avons deux approches d'une problématique : La première consiste
à faire le point des diverses approches du problème et
élucider leurs caractéristiques essentielles de base. Et la
seconde conçoit la problématique comme le principe d'orientation
théorique de la recherche, elle est l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé par la question de départ. En d'autres termes, la
problématique est l'angle théorique adoptée pour approcher
un objet d'étude, elle constitue le socle théorique de la
recherche.
Pour rendre intelligible les interactions que les acteurs
impliqués entretiennent sur le lotissement, nous avons mobilisé
deux approches théoriques que nous avons trouvé pertinentes
à savoir : la grille de l'acteur et le système de Michel Crozier
& Erhard Friedberg et la théorie de l'interactionnisme
symbolique.
4.1. Grille de l'acteur et le système (Michel
Crozier & Erhard Friedberg)
Est acteur tout individu ou groupe d'individu qui participe
à une action. Il est donc engagé dans un système d'action
concret et doit découvrir, avec la marge de liberté dont il
dispose, sa véritable responsabilité (1977). Il s'agit d'un
ouvrage classique, essentiel dans l'histoire de l'école française
de la sociologie des organisations et de l'analyse stratégique.
Dans le cadre de notre objet d'étude, la division du
cadastre est constituée d'une diversité de personnes (des
employés, l'urbanisme et la conservation des immobiliers), elle est
affrontée a des diverses formes d'intégration des comportements
des acteurs tant internes qu'externes dont chacun a ses objectifs à
atteindre. Pour certains acteurs,
12
particulièrement les requérants, même s'il
faut changer la manière de faire, le recours à la mini
application ou à la négociation avec les agents du cadastre est
un atout fondamental (Michel Crozier et Erhard Friedberg, 1977 : 24).
Par cette grille, nous essayons de comprendre que les
relations entre les agents de cadastre et les requérants sont
interdépendante et réciproque ; chaque personne a une influence
sur l'autre étant donné que, d'une part, les agents du cadastre
détiennent le pouvoir de morcellement, de lotir a qu'il veut, à
quand il veut et à n'importe quelle circonstance qu'il se trouve dans
l'octroi des affaires foncière qui y sont, et les requérants ont
le pouvoir d'achat et monétaire d'autre part. Et pour y arriver, ils
engagent une coopération et négociation en vue d'atteindre leurs
objectifs. Michel Crozier et Erhard Friedberg (1977) soutiennent que « les
problèmes de coopération (et donc d'intégration) des
acteurs sociaux poursuivant des objectifs multiples, et d'incertitude
liée au caractère indéterminé des ressources
(technologiques, économiques) seraient redéfinis et
résolus en vue de l'amélioration des résultats. Car il n'y
a pas d'actions sans relation ou sans pouvoir.
De ce fait, cette relation n'est possible que si l'un de
membre d'un groupe dispose des Moyens disponibles (possibilités de
morcellement, de lotir a qu'il veut, quand il veut et à n'importe quelle
circonstance qu'il se trouve dans l'octroi des affaires foncière qui y
sont que les agents des cadastre doivent assurer aux requérants, et la
motivation financière que les requérants possèdent) que
chacun dispose pour accomplir ses besoins sans intermédiaire d'une autre
personne mais face à face. C'est dans cette logique que Michel Crozier
et Erhard Friedberg : (1977 : 65) soutiennent qu'au cours des interactions
entre les acteurs, le pouvoir est une possibilité pour certains
individus ou groupes d'individus d'agir sur d'autres. C'est une relation
d'échange et de négociation entre les acteurs sur un but qui
n'est pas transitive (elle est directe, pas d'intermédiaire), et qui est
réciproque.
En outre, les interactions entre les acteurs internes (agents
du cadastre, la division de l'Urbanisme et la conservation des titres
immobiliers) et les acteurs externes (la hiérarchie politique et
administrative en l'occurrence les requérants), sont fonction de quatre
sources Michel Crozier et Erhard Friedberg (1977 p. 66) énumèrent
comme fondamentales que les acteurs possèdent pour accomplir leurs
besoins matériels ou financiers. Parmi ces sources
13
des interactions nous avons : 1). La possession d'une
compétence ou d'une spécialité pour les acteurs, 2). Les
relations entre l'organisation et son environnement, 3). Le contrôle de
la communication interne et 4). L'utilisation des règles
organisationnelles (les règles sont en quelques sorte un couloir pour
les acteurs d'accomplir leurs besoins que nous aurons à démontrer
dans le résultat de la recherche).
4.2. Théorie de l'interactionnisme symbolique
Selon David Breton (2004 : 46), la société est
un réseau ouvert de divers acteurs collaborant autour d'une
activité spécifique et unis par étroit tissu de relation,
il établit une liaison entre les aspects micro et macrosociologique du
fait social. En d'autres termes l'interactionnisme est un champ mutuel
d'influence. Le social n'est pas une donnée préexistante aux
acteurs, mais une mise en forme commune et un ordre négocié.
L'individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux,
il construit son univers de sens à travers une activité
délibérée de donation de sens.
La pertinence de cette approche théorique survient dans
le contexte où elle nous permet de comprendre la manière dont les
acteurs mobilisent des moyens disponibles pour réaliser leurs objectifs
sur le lotissement. Pour les agents du cadastre l'octroi d'un titre foncier, du
bornage de terrain ; du plan de masse, le plan de situation et leur protection
contre toute occupation illicite est une préoccupation primordiale, et
pour y arriver ils sont obligés dans certaines circonstances à
recourir à la négociation et la coopération avec les
requérants.
Quant aux requérants, lorsqu'ils sont loti, ils font
usage de la manipulation, l'intimidation voire la négociation et la
coopération pour atteindre leurs objectifs. C'est dans cette logique que
David Le Breton (2004, 53) pense que la négociation formelle ou
informelle est une modalité de l'interactionnisme dans la vie sociale,
même si pour changer les manières de faire de l'autre la
séduction, la contrainte, la manipulation, la force sont toujours
disponibles.
Dans l'autre facette, c'est à travers cette perspective
théorique nous avons compris que dans les interactions entre les agents
du cadastre et les requérants que nous nous
14
sommes donné la tache de comprendre, il n'existe
d'autres acteurs à doubles visages qui sont impliqués dans les
pratiques problématiques sur le Morcellement parcellaire. Voilà
pourquoi l'auteur David Breton (2004 P. 52) estime que les interactions
n'englobent pas seulement les acteurs en coprésence, mais ils englobent
une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au
monde.
15
CHAPITRE II : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
Ce chapitre retrace le processus méthodologique
auxquels nous étions soumis pour récolter et analyser les
données sans élucider. Il comprend six sections à savoir
:
1) L'approche qualitative et la démarche inductive ;
2) La présentation du champ d'investigation ;
3) La constitution de l'échantillon ;
4) Les techniques de recueil et d'analyse des données
;
5) La dimension éthique de la recherche ;
6) Les difficultés rencontrées et les
stratégies de contournement
Section 1 : approche qualitative et la démarche
inductive
Cette étude s'inscrit dans une démarche
inductive et l'approche qualitative. La démarche inductive consiste
à partir du travail de terrain (l'empirisme) pour remonter
jusqu'à la formulation des stéréotypes d'ancrages qui
puissent rendre intelligible les faits qu'un chercheur se propose
d'étudier. Howard Becker (2002 : 303) note que la démarche
inductive semble être une démarche adaptée pour le
traitement des questions de recherche qui ont trait aux processus des faits, en
l'occurrence les interactions entre les agents de cadastre et les
requérants sur le morcellement que nous proposons d'analyser dans la
présente étude.
En ce qui concerne l'approche qualitative, Ngoie Mwenze
Honoré (2000 : 6) estime que cette dernière s'inscrit dans une
démarche inductive, c'est-à-dire qu'elle cherche à
explorer le réel, sans hypothèses de départ fortes, avec
seulement un thème d'enquête, mais sans présupposés
sur les résultats. C'est dans le même contexte que Yves
Fréderic Livian (2015 : 41) pense que l'approche qualitative a pour but
d'observer ou de faire parler de plus près les individus, les discours,
les témoignages, une expérience ou un phénomène
social qu'il s'agit de reformuler et d'expliquer.
De tout ce qui précède, notre démarche
méthodologique a consisté à ne pas partir des
hypothèses sur les interactions entre les agents de cadastre et les
requérants. La réalisation de cette démarche s'est
effectuée en trois étapes : Nous avons commencé
premièrement par
16
l'exploration du Site de recherche qui nous a permis de nous
informer le mieux possible auprès des « personnes-ressources »
sur la question à étudier.
Ensuite, nous avons cherché à approcher les
perspectives des acteurs au moyen des techniques de recueil des données
précis (L'entretien semi-directif et l'observation directe) et les
outils de recueil des données (La grille d'entretien et la grille
d'observation) qui nous ont facilité d'observer ou de parler et
d'approcher de plus près les personnes-ressources en vue d'avoir
accès aux données en rapport avec notre thématique. Et
enfin nous avons progressivement construit des stéréotypes
d'ancrage à partir des données empiriques susceptibles de rendre
intelligibles le rapport ou les interactions entre les requérants et les
agents du cadastre.
Section 2 : Présentation du champ
d'investigation
Dans cette section, nous délimitons dans le temps et
dans l'espace notre terrain de recherche et l'aperçu historique de la
division des titres immobiliers/ cadastre Est.
2.1. Délimitation du terrain
Le champ d'étude renvoie au terrain, le thème
d'étude en criminologie doit nécessairement renvoyer à un
terrain. Le terrain peut être entendu comme un lieu, un cadre, un milieu
ou un espace, une institution d'observation pour le recueil des données
sur un objet d'étude (Lupitshi Wa Numbi Norbert, 2018-2019 : 39). En
effet, tout travail qui se veut scientifique doit avoir un cadre
géographique dans lequel se bornent ses activités, c'est ainsi
que pour bien préciser le cadre d'étude de notre travail, nous
nous sommes fixés des limites tant spatiales que temporelles.
Du point de vue spatial, notre objet d'étude
étant l'analyse et la compréhension des interactions entre les
agents du cadastre et les requérants, le site de notre recherche est la
division des titres immobiliers/cadastre-Est, une société
foncière de l'Etat traitant à recenser l'ensemble des
propriétés foncières bâties et non bâties, en
accordant des droits réels fonciers et immobiliers aux personnes. La
division des titres immobiliers de Lubumbashi/cadastre-Est est située au
centre-ville de Lubumbashi, dans la commune de Lubumbashi sur avenue
Kambove/coin Mama YEMO en face du collège IMARA.
17
Du point de vue temporel, il s'agit de limiter le sujet dans
le temps. Donc notre étude s'étend sur une période allant
du 25 Juin au 30 juillet 2020, la période à laquelle nous avons
eu à récolter les données sur le terrain.
2.2. Aperçu historique de la division des titres
immobiliers/ cadastre Est
Comme nous venons de le souligner précédemment,
la division des titres immobiliers est la gestion du domaine foncier
privé de l'Etat, surtout son intervention qui s'impose depuis la
naissance jusqu'au transfert des droits fonciers et immobiliers le
confèrent un poids à la division du cadastre et celui
d'urbanisme. Sur le plan historique, du régime foncier peut s'analyser
à travers quatre périodes : avant l'EIC, pendant l'EIC, pendant
la colonie belge et après l'indépendance.
? Avant l'EIC
Avant la constitution de l'Etat indépendant du Congo, il
existait deux types de terre : - Les terres occupées par les
autochtones, c'est-à-dire les communautés locales, et
régies par la coutume,
- Celles occupées par les non indigènes,
Hollandais, Portugais et Anglais, en vertu des contrats passés avec les
chefs indigènes.
? Pendant l'EIC
Le 1e août 1885, l'administrateur
général au Congo prendra une ordonnance précisant
qu'à partir de la proclamation de l'EIC, aucun contrat ni convention
passé avec les indigènes pour l'occupation, à un titre
quelconque, de parties du sol ne sera reconnu par le gouvernement, ni
protégé par lui. Ainsi, dans le premier temps, l'EIC reconnut
trois sortes de terres :
a) Les terres occupées par les autochtones,
c'est-à-dire celles qu'ils occupaient à titre collectif soit
individuel conformément à leurs pratiques traditionnelles :
agriculture extensive et nomadisant, habitation. Ces terres furent soumises
à la coutume ;
b) Les terres en possession des non indigènes, les
contrats y afférents datant d'avant le 1er juillet 1885 furent reconnues
valables. Ces terres furent enregistrées et soumises à la
législation de l'état ;
18
c) Tout le reste de terres, constitué de terres
vacantes, forma le domaine de l'état et une partie constitua le domaine
privé.
? Pendant la colonie belge
A l'annexion de l'EIC à la Belgique, cette
dernière s'est engagée à respecter les fondations
existantes au Congo, ainsi que les droits acquis légalement reconnus
à des tiers, indigènes et non-indigènes. On peut noter
toutefois que nonobstant ses diverses modifications, l'article 15 de la charte
coloniale signée le 18 octobre 1908 a fait intervenir le parlement dans
la procédure d'octroi des concessions d'une certaine étendue.
Pour la détermination de l'étendue requise ; il est tenu compte
des cessions et concessions des biens domaniaux dont le cessionnaire ou le
concessionnaire a bénéficié antérieurement : c'est
le système de totalisation. L'époque de la colonie belge a connu
4 pouvoirs concédant : la colonie, le comité spécial du
Katanga (CSK), le comité national du Kivu (CNK), les compagnies de
chemin de fer du Congo aux grands lacs africains.
? Après l'independance
Le régime foncier de notre pays après son
accession à l'indépendance est marqué par deux grandes
étapes: le maintien du régime foncier colonial et la rupture.
? Le maintien :
L'article 2 de la loi fondamentale du 19 mai 1960 disposait
que les lois, décret et ordonnance législative leurs mesures
d'exécution ainsi que toutes les dispositions réglementaires
existantes au 30 juin 1960, reste en vigueur tant qu'ils n'auront pas
été expressément abrogés. Cette disposition a
pratiquement reconduit le régime foncier hérité de la
colonie.
Cependant, quelques textes pris pendant cette période
méritent d'être signalés. Il s'agit entre et autre de
l'ordonnance loi N° 66 / 343 du 07 juin 1966 communément
appelé loi BAKAJIKA ; elle annulait toutes les cessions et concessions
successivement accordées par l'état indépendant du Congo,
par la colonie belge et par tous les autres pouvoirs
19
concédant avant le 30 juin 1960. Cette loi a
été complété par une ordonnance d'exécution
qui invitait les bénéficiaires à introduire des nouvelles
demandes dans un délai déterminé.
Les fonds pour lesquels il n'avait pas eu des demandes ont
été déclarés comme biens abandonnés, par le
ministre du plan conformément à un texte qui lui a donnait le
pouvoir.
? Rupture
La proposition de l'actuelle loi foncière a
été promulguée par le Président de la
République le 20 juillet 1973 sous le n° 73-021 et publié au
journal officiel de la République du 1èr avril 1974. Ainsi donc,
la loi n° 73 - 021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime de sûreté constitue la base de l'actuel
régime foncier congolais. Elle a été modifiée et
complétée par la loi n° 80 - 008 du 18 juillet 1980. En
attribuant à l'Etat le sol comme sa propriété exclusive,
inaliénable et imprescriptible, et abolissant en conséquence
l'appropriation privative du sol, le nouveau régime foncier et
immobilier a cessé de poursuivre l'évolution du régime
foncier colonial.
A l'époque la province du Katanga comptait une seule
circonscription provinciale des affaires foncières à Lubumbashi,
cette circonscription représentée tous les districts et
territoire qui entouré la province. C'est dans le but de rapprocher
l'administration foncière auprès des usages, que le ministre
national des affaires foncières a pris une décision en 1993 de
créer d'autres circonscriptions des affaires foncières dans
chaque district et territoires pour faciliter la tâche au conservateur de
bien travaillé.
Et en 2005, vu l'épanouissement de la ville de
Lubumbashi, l'autorité de tutelle a signé l'arrêté
ministériel numéro 075/CAB/MIN/AFF.FDNC/2005 du 16/08/2005
à la création des deux circonscriptions des affaires
foncières à savoir :
- la circonscription des affaires foncières de Lubumbashi
EST
- la circonscription des affaires foncières de Lubumbashi
OUEST
Et en 2008, l'autorité de tutelle a signé un
autre arrêté et crée une troisième circonscription
des affaires foncières de Lubumbashi Plateau.
20
Le conservateur est l'administrateur d'une circonscription
foncière, comme dispose l'art.223 de la loi foncière : «
Chaque circonscription est administrée par un fonctionnaire
appelé « conservateur des titres immobiliers ». Il en ressort
que le conservateur est la seule autorité ayant la maîtrise de la
politique foncière de l'Etat dans sa circonscription. Pour mener
à bien son travail, le conservateur est conduit par des textes.
Ces évaluations foncières déterminent le
revenu foncier d'un bien, appelé valeur
locative.
Pour parvenir à matérialise ses missions la
division a parvenu à se doter une équipe Technique qui s'occupe
de faire une descente sur terrain pour prélever les données
cadastrales et apporter les résultats au bureau domaine
foncière.
L'origine foncière en RDC est une adaptation real PRO
PARTY ACT du 2 juillet 1858, popularisée sous le nom d'ACTE TORRENS. Cet
acte consiste à la transcription dans registre foncier, la convention
entre parties et les données techniques du cadastre.
Ce régime repose sur la doctrine juridique selon
laquelle, les contrats sont impuissants à opérer par
eux-mêmes, le transfert de droit réel même entre parties
contractes ; d'où la nécessité absolue et constante de
l'intervention du gouverneur au titre immobilier pour une transmission des
propriétés et toute constitution modification et transmission de
droits réels.
La propriété ne s'établit donc que par un
certificat d'enregistrement et les mutations de propriété ne
s'opèrent que par un certificat nouveau d'une personne morale. Le
certificat d'enregistrement constitue ainsi le véritable titre de
propriété. De ce fait, il doit décrire de manière
aussi exacte que possible l'immeuble auquel il se rapporte, en mentionnant
également la superficie et en produisant le croquis.
Cette description nécessite l'opération de
mesurage et de bornage officiels des propriétés ainsi que des
terres domaniales qui faut l'objet d'un contrat de concession ordinaire tel que
le bail, l'emphytéose ou la superficie. Le mesurage et le bornage
officiels ne peuvent être effectués que par les
géomètres du cadastre, agrées ou assermentés
conformément à l'ordonnance N° 98 du 13/05/1963.
21
Il fut souligné que sous l'emprise de la
législation constituant ce code civil. Ce certificat d'enregistrement ne
pouvait se rapporter qu'à la propriété du sol, les
propriétaires de celui-ci étant aussi et nécessairement
propriétaire des immeubles par incorporation.
Par contre, la loi foncière n° 73/02/ du 20
juillet 1973 est venue supprimer le droit de propriété sur le sol
et a créé un nouveau droit réel appelé concession
perpétuelle ou ordinaire, concession perpétuelle non renouvelable
pour les nationaux et concession ordinaire pour les personnes morales et
étrangères renouvelables après 25 ans.
Dès l'entrée en vigueur de ladite loi, le sol et
le sous-sol sont devenues des propriétés absolues,
inaliénables et imprescriptibles de l'Etat congolais (art 53 de la loi
foncière). La question du cadastre se présente sous des aspects
différents d'un pays à l'autre, suivant certaines circonstances
de fait, la nature des difficultés rencontrées et à
résoudre et l'objet à poursuivre.
Dans tous les pays du monde, où règne le droit
écrit, il ne se conçoit pas que l'état assure la question
du domaine foncier et immobilier des particuliers sans qu'ils en tiennent
simultanément un inventaire complet de toutes les terres du territoire
national. C'est cet inventaire qu'on appelle cadastre et dans lequel les terres
sont représentées par leur projection dessinée sur un plan
horizontal avec leur limite
? Les valeurs de la division des titres immobiliers/cadastre
Est
Le cadastre/ Division de titres immobiliers prône ces
valeurs :
- Le Bureau du conservateur : un bureau dans lequel sont
déposés tous les actes portant sur les droits réels
immobiliers ou certains actes générateurs de droits personnels
dont un immeuble est indirectement l'objet
- Le Bureau Domaine foncier : Ce bureau est même le
moteur de la Division des titres immobiliers, c'est à travers ce bureau
que toutes les procédures d'attribution de terre et d'obtention de
titres immobiliers commencent et se terminent toujours ici au bureau domaine
foncier.
- Bureau d'Enregistrement et Notariat : Dans le bureau
d'Enregistrement Nous voyons en premier le certificat d'enregistre, c'est un
document Authentique délivré par le conservateur des titres
immobilier lui-même.
22
- Le travail en équipe ; le cadastre/division des
titres immobiliers Est, travaille en collaboration avec tout le monde sans
discrimination raciale et ethnique.
- L'intégrité : il fait ce qu'il dit.
- Faire toujours mieux (le progrès).
? Le Bureau du conservateur
Le conservateur des titres immobiliers est le chef d'un
service appelé « la conservation des titres immobiliers », Le
conservateur est à ce fait, un agent public de l'Etat qui assume la
garde des pièces déposées et rassemble les fichiers
personnels et réels. Il délivre copies ou extraits des actes
publiés sur l'état des inscriptions des droits réels
(hypothèques, privilèges) grevant un immeuble
déterminé. Il concourt à la gestion et à la
distribution des terres du domaine privé de l'Etat.
? Le Bureau Domaine
Dans ce bureau C'est-à-dire si quelqu'un veut avoir une
portion de terrain d'après la loi, la personne doit s'adresser au
Conservateur des titres immobilier suivant sa compétence dans le
lotissement, et le conservateur fait entrer une lettre au bureau domaine
foncier et le bureau domaine foncier donne une suite à cette lettre, ou
le bureau domaine foncier demande au conservateur de mettre cette personne en
contact avec le bureau domaine foncier et donne les lotissements
disponibles.
? Bureau d'enregistrement et notariat
Le bureau d'Enregistrement et Notariat a pour objectif des :
- Livré le certificat d'enregistrement
- Inscrire le certificat d'enregistrement
- Occupation de vente publique des immeubles
-Consultations écrites et ordinaire
Pour faire face à des divers cas d'intrusion des
inciviques et à toutes formes de
déviance, le cadastre/division des titres immobiliers
travaille en synergie avec la division
de l'urbanisme dans l'objectif d'instaurer la
sécurité foncière au bien pour les investisseurs
que pour les particuliers.
23
Section 3 : Constitution de l'échantillon
Lupitshi Wa Numbi Norbert (2009 : 131) fait remarquer que quel
que soit le type de recherche que l'on effectue, la question de
l'échantillonnage constitue toujours un problème fondamental dans
toute recherche où l'enquêteur ne sait pas atteindre l'ensemble de
la population soumise à l'étude. Les enquêtés
sélectionnés et interrogés constituent un
échantillon quelle que soit la manière dont ce groupe peut
être désigné. Les questions fondamentales mais, qu'on
jugerait, peut-être, banales, méritent d'être posées
: Qui va-t-on interroger et pourquoi ? Qui va-t-on exclure et pourquoi ?
Où va-ton trouver les sujets de l'enquête ?
Comme le notent Alami et al, cité par Ngoie Mwenze
Honoré (2009 : 80), les critères de sélection des
personnes à rencontrer n'ont donc pas pour objectif la
représentativité de la population mais la recherche de leur
significativité sociale, les variables d'appartenance ayant peu de sens
à l'échelle microsociale où l'effet de situation est
dominant.
Dans le cadre de ce travail, notre échantillon est du
type qualitatif car nous ne mettons pas l'accent sur la quantité des
acteurs mais sur leur qualité, c'est pourquoi sa construction s'inscrit
dans la logique de la saturation. Dans ce type d'échantillon, on
distingue les échantillons par cas unique qui peuvent se traduire par un
site particulier ou une personne et des échantillons par cas multiples.
En se focalisant sur la catégorisation des échantillons
établie par Alvaro Pires (1997 : 20), nous optons pour
l'échantillon par cas multiple qui, selon François Depelteau,
cité par Fidel Ayule (2018 : 33), permet de repérer et de
sélectionner les acteurs pertinents impliqués dans le
phénomène sous-étude.
Du point de vue diversification, Bernadette Charlier et Luc
Van Campenhoudt (2014 : 94-97) soulignent ceci : afin que les résultats
de la recherche soient plus significatifs, pertinents et efficaces du point de
vue de la compréhension sociologique, le chercheur doit construire un
échantillon des personnes les plus diversifiées possibles.
Le principe de diversification nous a facilité de faire
une différence sur les profils des personnes-ressources (acteurs) en
tenant compte de leur l'âge, de leur sexe, de leur fonction et de la
durée.
24
Quant à la saturation : l'on distingue la saturation
théorique et la saturation empirique ; la première s'applique
plus aux données elles-mêmes, ou aux aspects du monde empirique
pertinents pour l'analyste, qu'aux propriétés des concepts en
tant que telles. Tandis que la seconde, elle apparaît lorsque le
chercheur constate que les dernières informations recueillies
n'apportent plus des valeurs significatives par rapport à celles
recueilles précédemment. Tout entretien supplémentaire
n'apporte plus guère de nouvelle connaissance. Dès lors, le
chercheur peut décider de mettre fin aux entretiens.
Ce principe s'est appliqué à cette recherche
dans le contexte où la récolte des données s'est
clôturée avec la saturation empirique, c'est-à-dire les
nouvelles données recueillies n'apportaient plus de nouvelles
informations sur notre recherche.
Partant de notre recherche, nous avons réalisé
le choix de l'échantillon après avoir ciblés une trilogie
d'acteurs pertinents sur le terrain. Entre autre les agents de la division du
cadastre/la conservation des titres immobiliers-Est, les requérants et
la division de l'urbanisme.
Section 4 : Techniques de recueil et d'analyse des
données
4.1. Récolte des données
Cette partie du chapitre comporte les outils et les techniques de
recueil des données.
4.1.1. Les outils de collecte des données
Nous avons recouru à deux outils de collecte des
données qui nous ont permis de recueillir des données : le guide
d'entretien et le guide d'observation.
§. Le guide d'observation
Selon Stéphane Michaud et Florence Delay (1998), toute
recherche doit commencer par la préparation d'un guide d'entretien ou
grille d'entretien. Le guide n'entretien permet de recenser les
éléments factuels importants pour le sujet traité : lieu
de la pratique, personnes présentes, interactions, gestes
effectués, etc.
Dans cet optique, la première des choses que nous avons
pu faire lorsque nous étions admis au sein de la Division des titres
Immobilier/ Cadastre-Est, pour effectuer notre stage
§. Le guide d'entretien
25
de recherche ; nous avons commencé par une visite des
Nouveaux Lotissements Cadastraux au cours duquel notre guide contenait des
éléments suivants : les lieux d'observation, les angles
d'observation, les concessions (Terrains) observés, le temps et la
durée d'observation et les notations d'observation.
a) Lieux d'observation
Nous avons effectué des descentes dans les
différents endroits des nouveaux lotissements cadastraux en vue
d'observer comment les agents du cadastre interagissent avec les
requérants. Entre autre les lotissements Kasangiri (au quartier Joli
site) et e lotissement Kigoma.
b) Les angles d'observation
Comme il existe certains endroits dans le lotissement
cadastral où il n'y a pas la possibilité d'arriver dans les Zones
d'action, particulièrement dans le lotissement Kilobelobe et Kamasaka ;
d'où nous faisons recours aux cahiers d'enregistrements des dossiers de
la division du cadastre/conservation des titres immobilier et le logiciel «
Geofoncier.fr» ou soit «
www.cadastre.gouv.fr » en
vue d'identifier la limite de morcellements des parcelles ou les numéro
d'ordre et des avenues qui ont été empiétées ou
spoliées ainsi que l'utilisation des GPS peut exiger une descente
à partir du système de géolocalisation par satellite,
etc.
c) Temps et durée d'observation
En termes de timing, généralement les
observations des différents endroits de lotissement cadastral se sont
réalisées pendant la journée. Et la durée
d'observation allait de 45 minutes à 1 heure dans chaque endroit
ciblé pour observer. Et cela dépendait de la disponibilité
des géomètres et d'autres agents qui seront dans les
opérations des morcellements (Bornage, mesurage).
d) Notation d'observation
Lors des opérations consacrées aux observations,
nous étions munis d'un carnet des notes dans lequel nous mentionnons les
besoins et Empiètements ou encore les occupations illégales des
terres et parcelles par les requérants, etc.
26
En effet, pour avoir accès aux données
empiriques en rapport avec notre objet de recherche, nous avons
procédé de prime à bord à l'élaboration d'un
guide d'entretien constitué de la consigne de la recherche et les
relances avant de rencontrer les enquêtés. Alain Blanchet et Anne
Gotman (2007 : 78-80) estiment que chaque entretien est constitué de
deux grandes parties la consigne et les relances.
o La consigne est une intervention visant à
définir le thème du discours des interviewés,
c'est-à-dire la reformulation du thème principal de la recherche
d'une façon simple et compréhensive sous forme d'une question
indirecte afin de permettre à l'interviewé de fournir des
informations fiables sur l'objet d'étude (Nedi Palanga Nestor, 2019 :
20). Notre consigne était formulée comme suit : Je voudrais
que vous me parliez des relations entre les agents de cadastre et les
requérants.
A partir de cette consigne, nous l'avons reformulé de
la manière suivante :
-Voudriez-vous me raconter comment les agents de Cadastre
entretiennent leurs relations ou rapports avec les requérants,
- J'aimerais que l'on parle de la manière dont les
nouveaux lotissements du cadastre les avenues ne sont pas respecter (Elles sont
encore petites) par exemple : comment les requérants mobilisent les
stratégies pour Empiété, spolier sans être
poursuivie par le service de l'urbanisme en l'occurrence de la division du
cadastre et la conservation des titres immobiliers ?
o Les relances sont les sous-thèmes de la recherche.
Ngoie Mwenze Honoré (2009 : 82) note que les relances viennent à
la rescousse pour maintenir l'élan de l'entretien, préciser les
faits racontés ou poursuivre le discours (en abordant d'autres
sous-thèmes). Selon Nedi Palanga Nestor (2019 :21), les thèmes et
sous-thèmes formulés permettent de relancer lors des entretiens
avec l'enquêté. en ce qui nous concerne, voici quelques
thèmes et sous-thèmes que nous avons formulé :
- la nature des interactions,
- les acteurs impliqués,
- les pratiques observables,
- les stratégies ou les méthodes des acteurs,
27
- les enjeux des pratiques,
- l'impact des pratiques,
- les représentations sociales acteurs, etc.
4.1.2. Techniques de recueil des données
Selon Loubet del Bayle Jean Louis (2000 : 52), Les techniques
retenues sont en fonction de leur efficacité, en choisissant celles qui
permettront au chercheur de collecter les informations les plus pertinentes
pour atteindre l'objectif fixé, en tenant compte de la quantité
et de la qualité des informations qui pourront être recueillies et
de leur adéquation au terrain et au but de la recherche.
Sur ce, nous avons recouru aux deux techniques de recueil des
données à savoir l'observation directe et l'entretien
semi-directif.
§. L'observation directe ou in situ
Pour Loubet del Bayle Jean Louis (2000 : 40) : l'observateur
doit être le photographe des phénomènes, son observation
doit représenter exactement la nature. Il faut observer sans idée
préconçue ; l'esprit de l'observateur doit être passif,
c'est-à-dire se taire ; il écoute la nature et écrit sous
sa dictée.
Selon Ngoie Mwenze Honoré (2009 :85), l'observation
directe ou in situ ou en situation consiste à être le
témoin des comportements sociaux d'individus ou des groupes dans les
lieux mêmes de leurs activités ou de leurs résidences sans
en modifier le déroulement ordinaire.
Le contexte dans lequel nous évoluons, le contact
direct sans intermédiaire nous a paru une meilleure voie pour
acquérir une connaissance des faits et comportements des acteurs
entendus comme des sujets ayant certaines prétentions.
§. L'entretien semi-directif
Pour Alain Blanchet et Anne Gotman (2001 : 27),
l'enquête par entretien est ainsi particulièrement pertinente
lorsqu'on veut analyser le sens que les acteurs donnent à leurs
pratiques, aux évènement dont ils ont pu être
témoins actifs, lorsqu'on veut mettre en
28
évidence le système des valeurs et les
repères normatifs à partir desquels ils s'orientent et se
déterminent .
Au cours de cette étape Claude Dargent (2011 : 122)
conseille au chercheur de faire preuve d'empathie, c'est-à-dire
s'efforcer de comprendre le point de vue de la personne avec qui il
s'entretient, de façon à l'encourager à l'exprimer. Il
doit créer un climat de confiance. Mais il ne doit évidemment pas
aller jusqu'à approuver pour autant les opinions qu'il recueille, ni
à l'inverse faire transparaître un jugement négatif : il ne
doit jamais laisser apparaître ses opinions personnelles.
Dans ce contexte, c'est au moyen de notre grille d'entretien
que nous avons eu l'intérêt d'interagir et d'échanger avec
les enquêtés facilement. La pertinence de cette démarche
survient dans le sens où nous n'avons pas procédé à
élaborer un modèle de questionnaire ou à poser les
questions directes aux interviewés, mais plutôt à partir de
notre consigne principale ; qui nous a aidé d'entrer en conversation
avec nos enquêtés tout en les accordant une marge de
liberté possible pour y répondre. A partir du discours, les
paroles et les gestes que les enquêtés manifestaient nous avons pu
relancer d'autres formulations des questions.
Ainsi, pour réaliser nos entretiens nous, nous sommes
fixé les points suivants : le lieu d'entretien, la durée
d'entretien, la langue d'entretien et l'ombre d'entretien.
a. Lieux d'entretien
Pour entretenir avec les requérants, nous allions au
niveau du quartier Kasangiri (sur l'arrêt Chinois, Station, etc.) et au
quartier Kigoma après chaque prestation. En ce qui concerne les agents
du cadastre la majorité d'entretiens se sont réalisé
à la division du cadastre/ la conservation des titres immobilier-Est, et
d'autres nous prenions de rendezvous à la cité.
b. Temps et durée d'entretien
Les entretiens avec les personnes-ressources se sont
réalisés pendant la journée et cela dépendait de la
disponibilité des enquêtés. Nos entretiens avec les acteurs
de terrains (agents cadastre et requérants) prenaient au moins 30
à 45 minutes.
29
c. Langue d'entretien
En termes de la langue, nous étions obligés
d'utiliser le Swahili et le français dans nos entretiens sur le terrain
afin de mener bien notre recherche étant donné que c'est sont eux
qui pourront nous permettre de récolter des données fiables
relatives à notre objet de recherche.
d. Nombre d'entretien
En général nous avons réalisé
vingt-deux (22) entretiens dont neuf (5) avec les agents de cadastre, sept (7)
avec les requérants, quatre (4) avec la division de l'urbanisme de
l'environnement, et deux des requérants victimes de leurs
concessions.
4.2. Analyse des données empiriques
Dans ce travail, pour analyser les données
récoltées, nous avons choisi la technique d'analyse
thématique. Selon Pierre Paillé et Alex Mucchielli (2012 : 232),
l'analyse thématique a deux fonctions principales : la première
concerne le travail de saisie de l'ensemble des thèmes d'un corpus. La
tâche est de soulever tous les thèmes pertinents, en lien avec les
objectifs de la recherche à l'intérieur du matériau
d'étude. Et la seconde concerne la capacité de tracer des
parallèles ou de documenter des oppositions entre les thèmes. Il
s'agit en somme de construire un panorama au sein duquel les grandes tendances
du phénomène vont se matérialiser dans un
schéma.
Dans le cadre de note recherche, l'analyse thématique
est pertinente car elle permet de regrouper les discours des interlocuteurs en
les scindant en morceau afin de ressortir les thèmes et les
sous-thèmes de la recherche.
Section 5 : la dimension éthique de la
recherche
La recherche exige au criminologue le respect de la personne
humaine, considérée comme finalité et jamais seulement
comme moyen. Pour André Akoun et Pierre Ansart (1999), cette exigence
éthique doit être observée en faisant attention au fait que
le chercheur doit s'assurer après avoir obtenu le consentement
éclairé des enquêtés...et de la
confidentialité des données recueillies.
30
Nous avons fait face aux exigences éthiques et
déontologiques lors de la récolte des données sur le
terrain parmi lesquelles nous avons fait recours au respect de la personne
humaine envers les enquêtés.
L'exigence éthique du respecte la dignité de la
personne humaine, se précise comme une exigence de la promotion mutuelle
des personnes. Il ne s'agit pas de la tendance à utiliser autrui pour
s'approprier seul les richesses du monde matériel, mais il s'agit de
s'investir pour la promotion et la valorisation mutuelle des personnes.
Lors de la collecte des données sur le terrain, nous
avons rencontré diverses personnes, nous n'avons pas tenu compte de leur
différence mais, au nom de la dignité de la personne humaine nous
respectons tout le monde sans distinction de la couleur de peau, de la tribu,
de l'ethnie ou encore du niveau social auquel appartient
l'enquêté. Nos enquêtés ont accepté de nous
fournir des informations pertinentes en rapport avec notre objet, et à
notre tour nous leur avons donné la promesse de respecter l'anonymat et
toute consigne liée à la dignité de leur
personnalité sans pour autant modifier les données.
Section 6 : Difficultés rencontrées et
les stratégies de contournement
La première difficulté que nous avons
rencontrée est d'ordre technique; avec la casquette de criminologue, il
ne nous a pas été facile d'interagir avec nos
enquêtés, en l'occurrence les requérants clandestins et les
agents du cadastre/ titres immobiliers qui nous considéraient comme des
espions ou des agents de renseignement pour les livrer aux mains des
autorités politique des affaires foncières afin qu'ils soient
arrêtés ou sanctionnés. D'où, nous étions
obligés de partir au niveau des quartiers en tenue de la cité
pour interagir avec les requérants clandestins (des fois nous
étions soumis à des conditions telles que : payer deux bouteilles
des bières a chaque rencontre et les unités, etc.). Sans ces
conditions aucun requérants clandestin ne pouvait accepter de
répondre aux questions. Ou encore dans certains cas prendre rendez-vous
à partir de téléphone avec les agents de cadastre afin de
s'entretenir avec eux en dehors du lieu de service, parce qu'ils avaient peur
d'être sanctionné, au cas où ils donnaient des
informations.
La deuxième difficulté est relative à la
distance ; les sites ou ont récolté les données
étant éloigné presqu'à 15 voire 20 Km de la ville
de Lubumbashi, nous étions obligé de
31
parcourir de longues distances à bord des
véhicules, à bord des motos dans le cas où nous sommes
dans des routes impraticables avec le bus. Voire des longues distances à
pieds pour atteindre les enquêtés.
Malgré les difficultés auxquelles nous
étions butés, nous ne nous sommes pas découragé ;
nous les avons surmontés en persuadant nos enquêtés que
nous n'étions pas des détectives.
32
CHAPITRE III : RESULTATS DE LA RECHERCHE «
PRATIQUES OBSERVABLE AUTOUR DES INTERACTIONS ENTRE LES AGENTS DU CADASTRE-Est
ET LES REQUERNATS DANS LA VILLE DE LUBUMBASHI »
Au regard de l'analyse des données empiriques, les
thèmes et les sous-thèmes
suivants émergent de l'analyse :
1°. Les acteurs impliqués ;
2°. La nature des interactions ;
3°. Les stratégies des acteurs
4°. Les pratiques observables ;
5°. Les enjeux sous-entendus des pratiques ;
6°. Les représentations sociales des acteurs
Section 1 : Acteurs impliqués dans les
interactions
Dans cette section, nous montrons les acteurs qui sont
impliqués dans des lotissements illicites. Sur ce nous avons deux types
d'acteurs : les acteurs visibles et invisibles. Au-delà de ce qui
précède, nous avons également les acteurs à doubles
visage ; c'est-à-dire ceux qui sont indirectement impliqués dans
les interactions entre les agents du cadastre et les requérants
insolvables. Entre autre la division des titres immobilier, la
hiérarchie politique administrative. Commençons par les agents du
cadastre.
1.1. Les acteurs visibles
Parmi les acteurs visibles nous pouvons citer : les agents du
cadastre, les requérants et les agents la division de l'urbanisme.
1.1.1. Les agents de cadastres
Le cadastre c'est une division publique qui permet de recenser
les parcelles, leurs délimitations et leurs éventuelles
constructions sous forme de plan, il désigne un système national
permanent qui enregistre et partage publiquement le statut physique et les
droits légaux sur des biens immobiliers (terrains et bâtiments) et
gère les modifications apportées
33
à ces informations. Selon les règles
déontologiques de la loi foncière cadastrale aux termes de
l'article 53, « le sol est la propriété exclusive,
inaliénable et imprescriptible de l'Etat ». C'est-à-dire
l'Etat est le seul titulaire ou propriétaire du sol et du sous-sol.
Toute appropriation individuelle du sol n'est pas autorisée. Voici
l'extrait d'entretien d'un requérant :
« Souvent ont négocié avec les agents
du cadastre pour les morcellements d'un terrain ; souvent on a peur d'aller
à la division du cadastre parce que nous n'avons pas le moyen de tout
payes pour avoir le document mais avec les agents du cadastre c facile de
négocie avec eux ».
Selon les données empiriques, les agents de cadastre
sont impliqués dans les pratiques problématiques en interaction
ou en complicité avec les requérants. Selon le code administratif
du cadastre, si un agent se trouve impliqué dans le cas des
empiètements, spoliation, etc. en complicité avec les
requérants par exemple, il sera sanctionné, et dans le cas
échéant, il sera transféré au parquet.
1.1.2. Les journaliers dits « bakalombas
»
C'est toute personne engagée pour un travail
rémunéré journalièrement au sein de la division du
cadastre. Ils sont des agents de cadastre non matriculés. Selon les
informations récoltées au terrain, les journaliers sont
appelés « Bakalomba ». C'est un mot swahili qui signifie en
français « le mendiant ». Selon le dictionnaire Robert, un
mendiant est une personne qui sollicite, recherche avec insistance, d'une
manière servile ou importune. Autrement dit, c'est une personne qui
passe du temps à quémander pour survivre. Les autres acteurs de
terrain les appellent « Bakatuma ». Un requérant explique :
« Ce sont souvent les agents non matriculer qui
travaillent journalièrement ici qui se transforment en clandestins pour
aller agrandir les terrains certains requérants en entrant beaucoup plus
dans les avenues bien retracer, empiété, spolier dans les
concession d'autrui, ces journaliers connaissent presque tous les coins du
nouveau lotissements ; ils peuvent agrandir les terrains dans les mafia,
dès qu'ils arrivent au cadastre malgré cette empiétement,
sur le
34
document cadastral reconnais votre morcellement normal, et
ces journaliers sont en commutation avec les chefs ».
Dans le contexte qui nous concerne, cette catégorie de
personnes a une connaissance
du nouveau lotissement dans presque toutes ses facettes du
fait qu'ils font le tour de ces milieux loti. Ces journaliers sont
également impliqués dans les pratiques de morcellement et
spoliation des parcelles. Les résultats du terrain
révèlent que lorsque les requérants sont en
déplacement, les journaliers et les agents de cadastre matriculé
repassent après lotissement des pour morceler illégalement une
partie du terrain à un autre requérant sans son insu. Certains
arrivent même à empiéter les parcelles des certains
requérants qui sont en déplacement. Un agent de la conservation a
explicité en ces termes :
« souvent les agents du cadastres fonts après
avoir lotis les requérants frauduleusement ; ils s'est retournent
à la division pour aller donner les stratégies aux agents non
matriculer d'aller passer dans les enquête en nouveau ; du nouveau
lotissements pour revérifier les requérants qui sont en ordre
dans le lotissement en identifiant ceux qui ont étaient lotis
frauduleusement par les agents du cadastre ; pour leurs créer des
infraction pour donner l'argents en nouveau aux agents non matriculer, et les
requérant après avoir donné l'argents au non
matriculé ; les non matriculés arrive avec agents du cadastre
pour se partager l'argent qu'ils vont trouver dans ce deal ».
1.1.3. Les acteurs à contrôler : les
Requérants
Dans le cadre de l'occupation parcellaire sur le sol de
l'Etat, l'art.222 et suivant de la loi foncière autorise toute personne
après acquisition d'aller à la conservation des titres immobilier
pour s'enregistrer et prendre l'octroi de titres de propriété, en
lui établissant un certificat d'enregistrement qui est un acte par
lequel un fonctionnaire ou un agent public atteste l'existence d'un droit sur
une chose ou une valeur. Il en ressort que le caractère authentique est
attribué au certificat d'enregistrement du fait qu'il est établi
par un officier
35
public, à la personne du conservateur, qui a
reçu de loi le pouvoir d'instrumenter, puis réalisé dans
les conditions de solennité requises.
Ainsi, à travers nos enquêtes sur terrain, nous
avons réalisé que les acteurs ne sont pas des requérants
proprement dits ; dans le sens où ils ne possèdent pas le
certificat d'enregistrement Foncier et ils effectuent leurs opérations
des lotissements d'une manière clandestine. C'est-à-dire des gens
qui occupent de terrain sans détenir les documents officiels. Des gens
qui possèdent des terrains sans aucun document de l'Etat ou sans payer
des frais liés à l'occupation d'un terrain. Grace à leur
complicité avec les agents de cadastre, ils sont impliqués dans
les cas des empiétements, d'occupation illicite, etc. En pratique, les
requérants obtiennent des terrains de manière officieuse en
complicité avec les agents de cadastre.
De toutes les idées qui précèdent, les
individus qui occupe une concession sans le certificat d'enregistrement
approuver par les conservateurs des titres immobiliers sont des «
requérants clandestins ou insolvable » parce qu'ils occupent une
concession de façon illégale dans une zone des affaires
foncière de l'état, et ne possèdent pas d'autorisation
d'êtres loti par le conservateur de titres immobiliers. Pire est de
constater que lorsqu'ils occupent les terrains, ils se donnent à des
pratiques pour obtenir en offusque un contrat de location, etc.
1.2. Les acteurs invisibles : les responsables de
cadastre
Les acteurs invisibles dans ce contexte sont les responsables
de cadastre, c'est les chefs hiérarchiques qui sont en première
position impliqués indirectement aux pratiques informelles dans le
morcellement, d'empiètements, spoliation, etc. en connivence avec les
requérants insolvables. Pour rendre intelligible cette argumentation,
voici les propos d'un requérant :
« Souvent nos chefs interviennent dans les affaires
qui ne les concerne
pas. Vous pouvez être sur terrain en mission du
travail, tu trouves
effectivement que quelqu'un a occupé
illégalement une parcelle ou
soit il ne veut appuyer les documents, lorsque vous lui
demander, du
36
coup il appelle un chef et celui-ci vous donne de
recommandations pour oublier ce problème. Ça énerve
vraiment ».
Comme David Breton (2004 : 52) l'estime : « l'interaction
n'englobe pas seulement les acteurs en coprésence, mais une multitude
d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au monde ». Dans
cette perspective, Kantenga Mwamba cité par Nedi Palanga (2019) soutient
que « le crime n'est pas l'oeuvre d'une seule personne, mais plutôt
d'une chaîne d'individus qui se font et défont au gré des
opportunités. Il s'agit des employés non matriculer et la
hiérarchie politique administrative ».
Section 2. Nature des interactions
Les observations faites sur le terrain font état
d'énormes difficultés que rencontrent les agents du cadastre, en
collaboration avec le conservateur des titres immobiliers dans la gestion d'une
circonscription foncière. Ces agents se trouvent face à un
dilemme : soit de respecter les règles et les consignes
foncières, soit d'emprunter d'autres voies illégitimes ou non
institutionnelles pour gérer l'enregistrement des titres fonciers.
Ainsi, répondant à la question de savoir comment les agents du
cadastre entretiennent leur rapport avec les requérants sur le
lotissement, les points de vue des agents du cadastre sont diversifiés ;
les uns font recours au respect des normes et les consignes de la loi
foncières et les autres font appel à d'autres voies non
institutionnalisées. Au cours de ces confrontations entre les agents de
cadastre et les requérants, nous avons dégagé deux types
d'interactions : les interactions conflictuelles et de coopération de
collaboration.
2.1. Interaction de coopération
Par ce type d'interaction, les agents de de cadastre
entretiennent des bonnes relations dites de « bon voisinage » ou de
« solidarité » avec les requérants dans la mesure
où ils (agents cadastres) devient les normes qui régissent les
affaires foncières pour maintenir leurs rapports. Ces rapports sont
fondés sur les enjeux économiques ou financiers qui
régissent les rapports entre les protagonistes. Dans ce type
d'interaction, Gariepy cité par Nedi Palanga Nestor (1947 : 81) soutient
que lorsque les voies légitimes du succès et de la
réussite paraissent bloquées, il en résulte chez
l'individu un état de tension qui peut
37
dégénérer en comportements illicites.
Certains individus choisissent alors de se joindre à
des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de
rejeter la société qui, à leurs yeux,
ne les accepte pas. Donc, elle fait appel à la
fraternité ou la solidarité comme mode de
régulation des problèmes en matière de
lotissements. Voici les propos d'un agent cadastre : « Il y a certains
requérants qui sont compliqués. En cas d'un petit problème
comme ça ils appellent toujours leurs gens qui sont mieux placés
dans la ville ici (ministre, colonel, major, etc.) soit ils ont des relations
avec nos chefs, si tu essayes de les bouger, directement vous recevez l'appel
d'un tel ou tel autre chef oh ! Celui-là c'est mon cousin, mon neveu...
oh vous pouvez seulement causer ; trop d'histoire. Comme il est chef, je vais
faire ce qu'il me dit ».
En outre, ce type d'interaction naissent entre les agents de
cadastre et les requérants lorsque par exemple ces derniers
(requérants) ont des liens avec certaines autorités de la ville.
Sur ce, l'agent cadastre, peu importe la rigueur de la loi foncière, se
trouve obligé de coopérer avec celui-ci sans tenir compte du
respect des lois foncières meme si les requérants sont en
situation d'irrégularité ou d'illégalité
(occupation illégale des terres et parcelles, les faux en
écriture, le stellionat, et les empiétements des avenues, etc.).
Cette analyse repose sur les « propos du chef de la division du cadastre
et urbanisme, qui s'est exprimé en ces termes :
« Certains fonctionnaires publics qui n'ont pas de
bonnes manières de communiquer avec la hiérarchie ont
risqué de perdre leur boulot, récemment un géomètre
a perdu son boulot toujours dans le cas pareil : souvent quand le cadastre loti
les concessions sont identique de même dimension des de nouveau
lotissement si c'est 50/50 ils morcellent partout 50/50 pour respecter les
avenues et les endroit des espace vert, cas d'un requérant du quartier
Kasangiri qui était des parentés avec l'un de nos chef de la
division »
38
Selon les agents de cadastre, leur coopération avec les
requérants s'inscrit dans une
dynamique de protection de leurs postes étant
donné que certains d'entre eux [les requérants] tissent des
relations humaines avec leurs chefs hiérarchiques. D'où, pour ne
pas subir des conséquences d'ordre relationnelles avec leurs chefs ou
perdre un poste de travail, certains agents de cadastre préfèrent
mieux communiquer avec les requérants insolvables (qui sont en lien avec
les autorités hiérarchiques par exemple) plutôt que
d'appliquer la rigueur de la loi foncière. Car, il suffit qu'un
requérant fasse appel à son « parapluie » qui peut
être le chef directe ou indirecte de l'agent de cadastre, ce dernier est
obligé de coopérer ou collaborer avec celui-ci. Un agent de
cadastre s'est confié à nous en ces termes :
« Le Monsieur (requérant) avait besoin d'un
terrain de 75/75 et le milieu loti était de réserver de 50/50,
alors que MUTOMBO était comme notre Chef d'équipe du camps de
techniciens de ce lotissement Kasangiri (joli site), lui ne savait rien de tout
ce qui s'est passé, un papa est venu pour qu'il soit à morceler
dans ce lotissement Kasangiri ,que dans ce nouveau lotissement ce qui
était tracé de loti etait 50/50, pas plus des 50/50, le papa a
insisté, MUTOMBO était catégorique, le papa est parti
après tous les travaux des mesurages et bornage, quand nous sommes
rentré au bureau, on pensait que le problème devrait se taire
par-là, Mais on est rentré au bureau le problème
était encore très sérieux, le papa est allé dire
comment on l'a répondu bêtement, M. Mutombo a refusé de
morceler pour lui un terrain de son choix c'était long, vue que le papa
était le parenté avec le Gouverneur, tout le mal était
tombé sur notre ami MUTOMBO, on l'a poursuivi jusqu'à tel point
on l'a mis à la porte la division du cadastre, c'est un exemple et une
leçon à tirer à tous ».
Dans tout ce qui précède, en termes des
requérants qui ont des liens avec les autorités
hiérarchiques, les agents de cadastre estiment qu'ils
préfèrent communiquer très bien avec le requérants
malgré les exigences de la loi foncière mais cela avec trop de
tactiques en
39
vue de protéger leurs postes et embellir leurs
relations avec les chefs hiérarchiques. Au cas contraire, ils encourent
les risques de perdre leur poste à la division. Autrement dit, lorsque
les agents de cadastre sont conformistes à la loi foncière, cela
crée des conflits avec les requérants, et voire avec leurs chefs
de la hiérarchie, d'où, au cas où ils font face à
ces derniers, ils manifestent un bon sens et meilleure façon de
communiquer de peur qu'ils ne soient pas viré de leur poste ou du
travail.
2.2. Interaction conflictuelle
Comme nous venons de le souligner précédemment,
lorsque les agents de cadastre sont conformistes aux normes foncières
face aux requérants dans le lotissement parcellaire, cela engendrent des
conflits à deux niveaux : avec les requérants d'une part, et les
conflits d'ordre professionnels (avec les chefs hiérarchiques) d'autres
part.
2.2.1. Conflit avec les requérants
Les résultats récoltés sur terrain
révèlent que les conflits entre les agents de cadastre et les
requérants s'installent lorsque ces derniers parviennent à
morceler une partie de la parcelle d'un requérant à un autre sans
l'avis de celui-ci. C'est-à-dire il y a certains requérants
sollicitent un morcèlement d'une parcelle d'un autre requérant
sans son insu auprès des agents de cadastre moyennant une somme
d'argent. Et lorsque le requérant dont on a soutiré une une
partie de sa parcelle remarquera, cela crée des mésententes entre
les agents de cadastre avec le requérant de la parcelle morcelée.
En outre outre, cela engendre également des conflits entre le
requérant qui a sollicité un morcellement d'une parcelle d'autrui
et celui dont on a soutiré une partie de la parcelle. Voici l'extrait
d'entretien d'un agent :
« Il y a certains personnes qui demandent un
morcèlement auprès des agents de cadastre à partir de la
parcelle d'autrui si le propriétaire de la parcelle est en voyage ? Et
lorsque le propriétaire revenait, il peut perdre sa partie de la
parcelle s'il n'a pas des parapluies. Et surtout s'il n'avait pas des
documents, il n'a pas des preuves qui prouvent qu'ils est détenteur de
la parcelle ».
40
En effet, l'analyse approfondie des données de terrain
démontre que les agents des cadastre plongent les requérants dans
les conflits dans la mesure où lorsque les agents de cadastres
cèdent une partie de la parcelle à un requérant sans
l'avis du propriétaire. Et ces derniers peuvent avoir comme
conséquence la perte d'une partie de la parcelle ou d'une parcelle toute
entière étant donné que certains n'ont pas des documents
officiels de cadastre ou n'ont pas des relations de protection en cas de
problèmes. Un agent explique en ces mots :
« Vous pouvez être sur terrain entrain de lotir
,brusquement vous voyez un requérant qui viennent vers vous avec de
l'argents en vous disant : « Ingénieur niko lazima ya kunikatiyako
kipande kia lupango mu yi concession iko apa karibu na pangu nyongeze ku yangu
sa vile mwenye yi concession anesha kudji deplacer kama weye unakatala ta ita
ba chefu yako bata kuya kuni katiya mina penda niku saidiya weye au lié
ni patiyeyo ba chefu yako nikupeyo weye kale kaloko katakusaidiya kunyumba na
ba toto »( Ingénieur je besoin d'une portion de terre chez le
voisin et lui comme il est en déplacement, morcelle-moi une partie pour
ajouter à ma parcelle, tu prends cet argents qui va t'aider avec les
enfants à la maison au lié que j'aille donner cela à tes
chefs, je vais que toi tu en a profité), si vous hasardez de dire non ah
!!!! Pale amutapana naye (il y aura mésententes avec lui, il fera
toujours le tout d'aller voir mes chefs) ».
2.2.2. Conflits d'ordre professionnel
Les conflits d'ordre professionnels peuvent être compris
comme des rivalités qui s'imposent entre les agents de cadastre et leurs
chefs hiérarchiques ou d'autres autorités
politico-administratives, militaires, policières. Lorsqu'un agent du
cadastre est catégoriquement conformiste ou lorsqu'il manifeste un refus
à la demande des requérants, d'un chef hiérarchique ou
d'une terse autorité, cela crée des télescopages ou des
rivalités dans le contexte où ils ont défié les
ordres émanant de leurs autorités. Monsieur ALLY,
requérant, il nous a éclaircis en ces termes :
41
« Si le chef me demande de lui donner quelque chose
et que je n'ai rien, je peux perdre mon poste de travail car eux pensent
toujours que lorsque nous sommes sur terrain, nous trouvons toujours l'argent.
En plus, si par exemple un chef me demande de coopérer avec un
requérant et que moi je ne veux pas, je serai viré de mon poste,
ou soit on m'envoyer pas dans des missions sur terrain, soit ils peuvent me
créer des plaintes pour me renvoyer du travail ».
De tout ce qui précède, la conformité aux
normes foncières ou d'ordre intérieurs
suscitent des conflits soit avec les requérants soit
avec les autorités hiérarchiques de la division de cadastre, soir
avec les requérants insolvables, en l'occurrence ceux qui tissent des
liens humains avec les dites autorités. Il y a coopération entre
les requérants et les agents de cadastre lorsque ces derniers acceptent
des pots de vin devant n'importe quelle soc licitation ou face à
certaines irrégularités. Notamment sur les requérants
insolvables.
Section 3 : Stratégies des acteurs
Dans cette partie, nous démontrons d'une part les
méthodes des contournements que les requérants insolvables
mobilisent pour obtenir un terrain ou avoir un contrat de location et les
stratégies que les agents de cadastre mobilisent pour conduire une
personne à obtenir le certificat d'enregistrement à la division
des titres immobiliers et également les mécanismes pour
entretenir leurs relations avec les requérants insolvables et sa
hiérarchie lorsque ces derniers les menacent ou les agressent dans les
lotissements d'autre part.
Robert Agnew, cité par José Gariepy (1947 : 81)
soutient dans le même cadre d'idées que, « Lorsque les voies
légitimes du succès et de la réussite paraissent
bloquées, il en résulte chez l'individu un état de tension
qui peut dégénérer en comportements illicites. Certains
individus choisissent alors de se joindre à des pairs délinquants
qui partagent leurs valeurs et de rejeter la société qui,
à leurs yeux, ne les accepte pas.
La loi accorde ou attribue la gestion d'une circonscription
foncière au CTI d'où une responsabilité administrative lui
a été confié, pour permettre aux requérants de s'y
identifier facilement auprès de la division des titres immobiliers pour
obtenir un contrat de location et un certificat d'enregistrement.
42
3.1. La négociation ou la coopération
La négociation ou la coopération est l'une des
techniques que les requérants insolvables mobilisent pour entrer en
contact direct avec les agents cadastre pour obtenir certains documents
légaux de cadastre, entre autre le contrat de location, autrement dit,
les requérants qui n'ont pas des documents cadastraux font recours
à la négociation avec les agents de cadastre, en leur donnant une
somme d'argent afin que ces derniers leurs accordent des documents.
Le grand problème que joue le conservateur dans la
gestion du domaine foncier privé de l'Etat, surtout son intervention qui
s'impose depuis la naissance jusqu'au transfert des droits fonciers et
immobiliers, en l'occurrence le conservateur des titres immobiliers, qui en le
délivrant, opère la constitution et la transmission de la
propriété immobilière. C'est un écrit qui atteste
un droit dans tous ses contours » c'est pour ça que les
requérants préfère mieux collaborer ou traiter avec les
agents que le conservateurs CTI. Le requérant IMACHAMA explique en ces
mots :
« Tuna pendaka kusuburiya na bas batu ya cadastre
parceque bo abalombake mingi u a pata document yako que ku conservation, kama
cas ni yanguvu tunendaka paka konana naba chef ya cadastre juyaku suburiya nabo
».
La traduction française
« Souvent on aime négocier avec les agents de
cadastre ou leurs chefs parce que eux demande peu et ils sont un peu rapide
pour obtenir un document. Et chez le CTI c'est très cher pour avoir les
documents on n'a pas l'argent ».
Un autre requérant renchérit :
« Si nous sommes à 4,5 ont choisi une personne
parmi nous, pour nous représenter au cadastre, après cette
négociation, un agent viendra pour nous morceler et à la fin on
lui paye le transport et la sommes de tout un chacun serait déjà
déposer bien avant, mais le document pour sortir il faut beaucoup plus
marcher à leurs bureaux,
43
ça prend du temps et personne jusque-là n'a
jamais eu un vrai document. Ils nous promettent toujours que cela va sortir
».
En outre, cette technique est utilisée par les agents
de cadastre ; meme lors du contrôle, si les agents remarquent que tel ou
tel requérant n'est pas en ordre, ils préfèrent recourir
à la négociation ou la coopération avec les
requérants insolvables sans pour autant appliquer les normes
foncières. Un agent explique :
« Souvent, il ya des certains requérants qui
sont tellement compliqués, surtout ceux qui veulent toujours appeler ns
chefs ou leurs relations, a ce moment on préfère causer
tranquillement avec eux pourvu que nous ayons quelque chose. Parce que si on
reste toujours au bureau, là-bas il n'ya rien, il faut toujours aller
auprès des requérants coopérer avec eux, si par exemple
ils ont besoin d'un morcèlement ».
3.2. Les relations sociales
Les relations sociales constituent le fondement des
interactions entre les requérants et les agents de cadastre. Ils
préfèrent tisser des bonnes relations avec certains responsables
de la division de cadastre pourvu que ces derniers puissent intervenir en cas
des problèmes. En d'autres termes, lorsqu'un requérant est dans
une situation d'irrégularité et que les agents veulent appliquer
la rigueur de la loi, les requérants exploitent ou font recours à
leurs relations sociales qui peuvent être en l'occurrence les chefs de
cadastre afin qu'ils interviennent pour eux. Un requérant explique :
« Moi, si un agent de cadastre ose seulement me
tracasser dans ma parcelle, oh montre nous tel ou tel document, je vais
seulement appeler leur chef comme ça lui-même va finir cette
situation. Moi je n'ai pas l'argent, alors vous voulez que perde mon terrain
à cause des documents ? Jamais mon frère »
Selon les requérants insolvables, cette technique
s'applique quand ta concession a été prise par un cadre
(militaire etc..) pendant que le premier occupant n'avait pas construit,
après quelques années il trouve sa concession déjà
occuper, ou spolier, quand le premier
44
occupant à ces documents et le deuxième en a
aussi le document de la même parcelle, là la loi va trancher et
donner en faveur du premier occupant. Si tu n'as pas une connaissance à
la hiérarchie administrative ou politique la raison serait tombée
au deuxième occupant parce que le premier n'a pas construit et le
deuxième a construit.
« Cette erreur est encore aux agents de cadastre , il
y a de
requérants qui se trouvent deux, trois tous lotis
dans une même
parcelle, le fort remporte (celui qui négocie mieux
avec le cadastre
remporte), souvent il `Ya certaine autorités peu
toute fois allez au
cadastre et propose la concession déjà
acheter par une personne,
l'endroit où s'est trouvé cette concession
lui plait, c'est un bon
endroit, mais les agents n'ont pas mot à dire
devant cette autorité,
comme moyen affaire ils sont obligés de changer la
place au premier
acheteur ».
Quant aux agents de cadastre, lorsqu'ils se trouvent en
conflits avec certains requérants insolvables qui ont des liens avec les
chefs de cadastres, ils exploitent également leurs relations
socioprofessionnelles afin de protéger leur boulot. Car, au cours de
leurs interactions avec les requérants insolvables, certains d'entre eux
font toujours appel à certains responsables de cadastre. C'est pourquoi
les agents également préfèrent protéger leurs
relations avec les chefs hiérarchiques afin d'améliorer leurs
rapports sociaux.
3.3. L'absence du requérant
Comme nous l'avons souligné supra, certains
requérants, lorsqu'ils ont besoins d'un morcèlement, ils
profitent pendant l'absence de son voisin pour solliciter auprès des
agents un morcèlement. Comme l'argent est au centre de toute relation
entre les protagonistes, les agents cèdent un morcèlement
à ce requérant pendant l'absence d'un
autre.au retour du propriétaire,
cela engendre des mésententes entre les deux requérants.
Autrement dit, l'absence d'un requérant constitue une technique de
fragilisation que les agents de cadastre utilisent pour morceler a d'autres
requérants qui expriment le besoins.
45
Le cadastre Etant des agents de collaboration, le chef de
division du cadastre et le chef d'urbanisme mettent leurs services aux fins de
préparer le terrain au conservateur pour l'octroi des terres moyennant
des contrats ou pour l'enregistrement de ces terres. Jusque-là une zone
d'ombre persiste, certes, sur la question d'organisation et de gestion du
domaine privé par l'Etat congolais. Mais il se fait que les
requérants mobilisent aussi leurs stratégies et mécanismes
pour l'obtention du contrat de location. Dans cette optique, la
négociation est l'une des stratégies que les requérants
insolvables mobilisent pour être loti ou avoir un terrain, en
s'arrangeant avec les Agents de cadastre. Elle permet aussi aux Agents de
cadastre de négocier avec leurs hiérarchies lorsqu'ils loties
afin qu'ils ne soient pas mis à la disposition du parquet. Tandis
qu'elle est une stratégie de protection du travail par les agents de
cadastre d'une part, et une stratégie d'améliorations des bonnes
relations avec les requérants d'autres part.
Section 4. Pratiques problématiques sur le
lotissement foncier du cadastre
En effet, les pratiques dont nous développons dans
cette section sont perçue du point de vue criminologique comme des
situations-problèmes dans la mesure où elles sont
criminalisées sur le plan légal et sur le plan professionnel.
C'est-à-dire qui portent atteintes aux règlements d'ordre
intérieur de cadastre et à la législation foncière
en vigueur. Au cours des interactions entre les requérants et les agents
de cadastre, nous avons détecté les pratiques
problématiques suivantes : La pratique « Tumu pangihe kitabu »
ou « frappe », la pratique « Funga Richo », la pratique
« Fania paka vile », la pratique « Kula na chefu », la
pratique « Kusumburihe », la pratique « Bulongo bua ba Kambo
» et la pratqiue « kumongezeha Kaloko ».
4.1. La pratique « Tumu pangiye kitabu » en
français « frappe »
Le concept « tumu pangiye kitabu» est un jargon
utilisé par les enquêtés spécialement les agents de
cadastre pour designer « l'escroquerie» ou « les avantages du
service». Notamment dit, c'est l'ensemble des pratiques qui permettent aux
acteurs d'avoir un bien matériel ou financier dans un morcèlement
d'un terrain. En d'autres termes, ce
46
concept est pris au sens de « frap » pour designer
toutes sortes des magouilles engagés par les agents de cadastre pour
soutier un gain financier ares d'un requérant. Un Agent du Bureau
Domaine foncier s'est exprimé en ces termes :
« Nous avons parfois certains termes que nous
utilisons comme code lorsque nous sommes entre nous, par exemple Tumupangiye
kitabu (...) » partout dans chaque entreprise il y a toujours des frappes
donc minezi kusema ni buivi (je peux dire que c'est le vol). Les autres
utilisent même Rythmer quelqu'un ».
4.2. La pratique « Funga richo » en
français « fermer l'oeil »
Ce concept dérive en swahili. Il veut dire
littéralement « fermer l'oeil ». Du point de vue empirique,
les agents de cadastre utilisent ce terme pour désigner le fait de faire
semblant dans une situation donnée. Si par exemple l'agent cadastre a
vendu un certificat d'enregistrement auprès d'un requérant
à 1.000$, et pourtant c'est 800 $, au cas où le requérant
va au bureau d'enregistrement, l'agent signalera d'avance son chef de «
fermer l'oeil » ou de « faire semblant » étant
donné qu'il a demandé l'argent avec surplus.
Par ailleurs, après avoir reçu la somme d'argent
auprès d'un requérant pour l'obtention du certificat
d'enregistrement, l'agent de cadastre doit signaler à son
collègue ou son chef du bureau d'enregistrement et notariat de traiter
de manière rapide son cas sans beaucoup d'exigences et questions.
4.3. La pratique « Fania paka vile » en francais
« fait tel qu'on se dit »
Ce concept est utilisé en swahili par les agents de
cadastre pour signifier littéralement le fait de signaler à son
chef u collègue de faire tel qu'ils ont l'habitude de faire.
C'est-à-dire après avoir reçu la somme d'argent
après du rémunérant, les agents de cadastre partagent
ladite somme aux différents chefs des bureaux afin qu'ils
bénéficient une protection en cas d'un problème.
Dans cette logique, lorsque l'argent est perçu, les
agents ne font pas arriver toute la totalité à la destination,
ils enlèvent une partie de la somme pour leur intérêt, et
le reste ils
47
font rapport au bureau. C'est la raison pour laquelle les
agents rappellent à celui qui détient la somme de faire tel
qu'ils ont la coutume de faire, c'est-à-dire de se partager des miettes
perçues lors de morcèlement ou d'achat des documents.
4.4. Pratique « kula na chefu » en
français « manger avec le chef »
Le concept est utilisé en swahili pour designer
littéralement « manger avec le chef ». Selon les agents de
cadastre, ce concept est utilisé dans leur jargon pour signifier le fait
de réserver une enveloppe (une somme d'argent) à leur chefs
après morcelé de manière informelle une parcelle, ou
âpres avoir vendu les documents avec surplus auprès des
requérants.
L'enjeu dans cette pratique constitue selon les agents de
cadastre de sécuriser leur travail et d'améliorer leurs relations
professionnelles avec leurs chefs hiérarchiques. Au cas contraire,
Par conséquent, cette pratique donne naissance à
celle dite «« anasabu » ou « oublié » dans le
sens où si les agents ne donnent pas le « rapport » aux chefs,
ces derniers vont créer des motifs afin que ces agents aient des
dossiers judiciaires ou de cas violation de règlement intérieur,
étant donné que ce sont eux qui ont le droit d'envoyer les agents
sur terrain.
4.5. Pratique « kusumburiya» en français
« causer »
Tel que le concept l'indique, cette pratique constitue selon
les requérants insolvables de solliciter auprès des agents de
cadastre un morcèlement de sa parcelle ou d'avoir des documents de
manière officieuse ou clandestine moyennant une somme d'argent d'argent.
Par ailleurs, les requérants insolvables obtiennent des documents
parcellaires de manière clandestine auprès des agents de cadastre
moyennant une somme d'argent sans que la hiérarchie soit au courant.
Autrement dit, c'est une pratique consiste à utiliser abusivement le
fond public pour les intérêts individuels.
48
4.6. La pratique «Bulongo bwaba kambo » en
français « la terre des ancêtres »
Dans le contexte de notre étude, le concept «
Bulongo bwaba kambo» est un mot
swahili, un langage ou un jargon utilisé par les
enquêtés spécialement les requérants pour
designer « le droit d'occupation de la terre ». Voici
l'extrait d'entretien d'un requérant : « Tuko apa tangu
kasangiri tanguzamani mais leo bantu bananza kuyenga, ba cadastre bananza
kufiya kututosha parce que atuna document, or que shiye djo bakwaza ifashi iyi,
shiye atutatoka ni bulongo bwaba kamboyetu na shiye tuko ba congolais, bana
fiya kututosha itshi buyetu tutayenda wapi »
Traduction en français
« Nous sommes ici il ya longtemps depuis que ce
milieu étais encore un village mais aujourd'hui le gens commence
à construire le gens du cadastre veut nous faire sortir pour nous dire
que nous n'avons pas le document, nous, nous n'allons pas quitter c'est la
terre de nos ancêtres, nous sommes tous congolais, ou es-ce que nous
allons partir lorsqu'ils vont nous faire sortir »
Selon les données récoltées sur terrain,
les requérants se disent insolvable, c'est-à-dire ils s'opposent
aux payements des documents cadastraux en estimant qu'ils occupent le solde
leurs ancêtres. Autrement dit, les terrains qu'ils occupent constituent
l'héritage de leurs ancêtres.
4.7. La pratique « ku mongezeha kaloko » en
français « agrandir un peu »
Le concept est un mot swahili que les agents cadastre utilisent
pour désigner le fait
d'agrandir. Un agent Du bureau Technique explique en ces termes
:
« Nous les agents du cadastre ont lotis selon les normes
cadastrales
mais ce sont les requérants eux meme qui viole en
empiétant chez
autrui ou en fraudent une partie de la terre qui ne lui
appartient
pas ».
49
Souvent ce sont les requérants proposent aux agents du
cadastre d'agrandir leurs terrains ; de fois les agents du cadastre quand un
requérant leurs propose une sommes d'argents pour agrandir le terrain du
demandeur, ils sont près meme de morceler une partie de la parcelle
voisine ou de la route sans respecter le traçage des avenue et respecter
les espaces loisir pour enfant « un terrain sport », espaces
verts.
Section 5 : Enjeux des pratiques observées
L'analyse des informations récoltées sur terrain
montre que les pratiques que les acteurs impliqués développent
sur les lotissements sont orientées à trois types d'enjeux que
nous avons trouvés comme pertinents à savoir : les enjeux
économiques, sécuritaires et les enjeux règlementaires.
5.1. Les enjeux économiques
Selon Allen Mbale Kizekiele (2019 : 20), l'économie est
une science de l'équilibre et de l'échange ; elle étudie
le comportement humain, et les humains ont constamment besoin
d'échanger. Les avis des certains agents et requérants insolvable
sont partagés par rapport à l'exécution des
activités rémunératrices dans le plan de lotissement. Ces
agents justifient leur présence dans le lotissement clandestin et
frauduleux de terrain et considèrent l'exécution des
activités de lotir comme la solution permettant de résoudre les
difficultés financières qu'ils font face.
Pour les agents, ils avouent de ne plus avoir un autre choix
pour trouver l'argents à donner chaque fois à la
hiérarchie tant qu'ils ne sont pas mieux payés par l'Etat,
à part celle de l'acquisition des terrains. Certains, en l'occurrence
les agents non-mécanisés reconnaissent que ces activités
sont favorables pour leur épanouissement et l'amélioration du
cadre de vie. Peu importe les conséquences néfastes qu'ils
courent derrière ces pratiques, mais pour des raisons
pécuniaires, ils recourent à ces dernières afin de
répondre aux besoins quotidiens. Un agent du bureau domaine foncier et
de taxation partagent la même idée :
« Mon frère, ce qui nous pousse parfois
à coopérer avec les
requérants c'est le manque d'argent, nous avons des
familles et des
50
enfants pour répondre à leurs besoins ; le
cadastre paye dans le
compte du tresor public beaucoup d'argent, mais le salaire
que nous
touchons ne permet pas de répondre suffisamment
à nos besoins »
L'agent du bureau technique renchérit en ces termes :
« Ventre à famé n'a point d'oreille, il
`faut manger pour bien
travailler lorsque ces autorités viennent avec des
menaces constitué un avantage pour moi d'aller voir les personnes de
coopérer pour
qu'ils soient loti. »
Dans cette perspective d'idées, l'emploi obtenu par les
agents de cadastre ne leur permet pas un encadrement adéquat ni de faire
des apprentissages, ce qui accroît les risques d'instabilités sur
le plan professionnel (Gariepy José 1947 : 57). C'est dans cette
même logique qu'Edwin Sutherland cité par Pierre Lascoumes et
Carla Nagels (2014 : 144) pense que l'organisation d'une structure sociale et
le poids des inégalités économiques seraient
criminogènes. Les mécanismes économiques formels ne
permettent pas à tous d'accéder légalement à la
richesse, il s'ensuit donc des phénomènes de déviance afin
de s'adapter et améliorer les conditions de vie.
5.2. Les enjeux sécuritaires
Les enjeux sécuritaires sont perçus dans ce
contexte en deux volets : d'une part, pour protéger ou sécuriser
leur travail, les agents de cadastre préfèrent donner des «
rapports » ou « une somme d'argent » à leurs chefs
hiérarchiques pourvu d'améliorer leurs relations
socioprofessionnelles.
D'autre part, les requérants insolvables
préfèrent recourir à la négociation et
coopération avec les agents de cadastrent pour obtenir leurs documents
cadastraux (certificat d'enregistrement,) afin de sécuriser ou
protéger leurs parcelles. C'est-à-dire pour éviter que
leurs parcelles soient spoliées par des individus ou les agents de
cadastre à l'intérêt des autres requérants, ils
mobilisent des mécanismes negociatifs ou coopératifs pour acheter
de manière clandestine les documents sans que la hiérarchie soit
tenue informée.
51
Section 6. Représentations sociales des
acteurs
Selon les informations récoltées sur le terrain,
les enquêtés rencontrés ont une autre interprétation
vis-à-vis des uns et des autres. C'est dans cette logique Pour Denise
Jodelet (1984 : 366-368), « la représentation sociale quel que soit
la forme à savoir [...] est une manière d'interpréter et
de penser notre réalité quotidienne, une forme de connaissance
sociale et corrélativement l'activité mentale
déployée par les individus et les groupe pour fixer les positions
par rapport à des situations, évènement , objet et
communication qui s'établit entre eux par le cadre de
l'appréhension que fournit leur bagage culturel: à travers les
codes de valeur et idéologie liées aux position, au appartenance
sociales spécifique ».
Pour ce même auteur Denise Jodelet (1989 : 53), «
les représentations sociales sont des systèmes
d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres
qui orientent et organisent les conduites et les communications sociales. Les
représentations sociales sont des phénomènes cognitifs
engageant l'appartenance sociale qui sont les individus par
l'intériorisation des pratiques et d'expériences, de
modèle de conduite et de pensée ».
Dans le cadre de notre étude, nous avons relevé
les présentations sociales des agents de cadastre vis-à-vis des
requérants insolvables, et celles des requérants insolvables
à l'égard des agents de cadastre et aux autorités
administrative politique (hiérarchie).
6.1. Les représentations sociales des agents de
cadastre vis-à-vis des requérants
Comme le titre l'indique, il s'agit de comprendre la
perception qu'ont les agents de cadastre vis-à-vis leurs
hiérarchies et des requérants insolvable. C'est ainsi que, pour
Sara Liwerant (2015 : 81), les constructions symboliques donnent sens aux actes
et aux discours. Se pencher sur les perceptions des acteurs, pour le chercheur,
a donc pour but d'appréhender la perception des acteurs face à
l'objet d'étude, un phénomène qu'ils vivent et pour lequel
ils ont aussi une forme de connaissance.
6.1.1. Les requérants comme des
frères
Comme nous l'avons souligné ci-dessus, la
fraternité est l'un des éléments qui permet aux acteurs
d'interagir dans le lotissement. Il consiste à recourir à des
normes non institutionnelles (la morale, l'éthique, la religion, etc.)
pour améliorer leurs situations
52
économiques et régler des conflits. Car le droit
n'est pas seulement les textes, mais tous les mécanismes que la
société mobilise pour la cohésion sociale. D'où les
agents de cadastre manifestent le sentiment de solidarité envers le
requérants, en les considérant non pas comme des ennemis mais
plutôt comme des frères congolais du fait qu'ils ne sont pas le
même, il y a certains qui ont des grandes responsabilités. C'est
pourquoi ils veulent bien coopérer avec les requérants pour bien
améliorer leurs relations peu importe les normes qui régissent le
secteur foncier.
« Je peux refuser de négocier avec eux
aujourd'hui et demain personne ne connais qui serait cette personne demain, car
toute est vanité le sol et le sous-sol appartient à Dieu, je ne
peux pas mourir avec la terre ou les concessions mais ce sont ces gens qui vont
m'enterrer. Tout le monde a besoin d'argent, si nous sommes ici c'est pour
l'argent, certains entres nous sont des responsables ; ils ont des familles
à nourrir, L'état nous paye difficilement, si je suis seulement
dans le bureau alors je vais nourrir comment ma famille ? Lorsqu'on loti juste
une personne dans une concession de 30 sur 30 qu'est-ce que l'Etat va perdre,
tu sais combien de Hg de terrains vide que la RDC A....ou tu connais
l'étendu de la brousse que le Congo a ? Lorsqu'ils viennent pour
négocier, je considère certains comme mes frères
congolais, toute est vanité nous allons tout le laisser, nous devons
avoir l'amour de son prochain, pourquoi alors se compliquer ? Ce sont me
frère congolais ils ont cas même aussi droit même s'ils
n'ont pas tout le document de la division de titres immobiliers à quoi
cela fait ... ».
6.1.2. Les chefs hiérarchiques comme une menace
aux agents
Les représentations que certains interviewés ont
sur la hiérarchie de la division est critique, sur le plan de
recrutement des agents, certains après avoir était recruter
considèrent cette hiérarchie de la division comme une menace que
les agents doivent gérer, des fois quand nous sommes dans le bureau ils
nous font trop des appels pour leurs donner
53
les plans de lotir et dire à la fin ne m'oublié
pas. Cette analyse repose sur l'explication de
l'agent du bureau technique :
« La hiérarchie sont une menace qu'il faut
gérer pour ne pas risquer se crée de conflit pour rien, s'ils
demandent ou s'ils ont besoin de quelque chose nous sommes obligées de
leurs répondre poliment pour Garder et protéger son travail.
Parfois nous nous sentons très mal alaise quand ils vous appellent
pendant le service nocturne et surtout si tu parles avec quelqu'un dans le
bureau, donc nous travaillons avec un grand coeur de supporter ».
6.2. Les représentations des requérants
insolvable vis-à-vis des agents cadastre
Etant donné qu'ils considèrent le sol comme un
héritage ancestral, les requérants considèrent les agents
cadastre comme des escrocs, c'est la raison pour laquelle ils
préfèrent n'est pas payer les documents officielles de
cadastre.
6.2.1. Les agents comme des escrocs
Les agents de cadastre sont étiquetés selon les
requérants comme des escrocs du fait
que les actes qu'ils posent sont inhumains, sans coeur ; ils
vendent les terrains ils sensibilisé
les gens en récoltant l'argents pour qu'ils leurs
fassent des documents de l'octroi de titres
des propriétés quand ils cotisent leurs argents
une fois les donner ils ne reviennent plus.
Parlant des agents de cadastre comme des escrocs, le
requérant Kilongo explique en ces
mots :
« Souvent, quand les agents descendent sur terrains
pour récolter l'argents du quartier pour ceux qui n'ont pas le document
de l'octroi de titres de propriété, quand on leurs donnent ils ne
reviennent plus pour nous livrer de document, des nous meme on n'a pas
l'argents d'aller payer tous ces documents qu'ils demandent à la
division des titres immobilier, souvent c'est à travers les agents des
cadastre que beaucoup négocie pour avoir sont documents ».
54
6.2.2. Les agents comme des criminels et des
voleurs
Les agents cadastre sont considérés comme des
voleurs ou des criminels parce qu'ils
lotissent dans une concession deux, trois personne dans une
même concession, et cela
arrive a créé des conflits et parmi ceux qu'ils
lotissent personne n'a une preuve de l'octroi
qui prouve le vrai propriétaire. Le propos de Ken un
requérant du quartier Kamasaka :
« Les agents de cadastre sont vraiment des voleurs,
lorsqu'ils lotissent les gens aucun preuve d'acquisition qu'ils donnent aux
requérant à part un jeton qu'ils donnent aux gens et ont par
à la division pour réclamer nos documents ils nous disent que
nous ne sommes pas reconnues et ils ne reconnaissent pas avoir loti ce milieu
».
55
CONCLUSION GENERALE
Au cours de ce travail, nous nous sommes forcé de
passer un séjour au sein de la division de la conservation des titres
immobiliers/ cadastre « Est » auprès des personnes-ressources
pour analyser les interactions entre les agents du cadastre et les
requérants insolvables. Pour mener cette étude, nous nous sommes
posé la question principale de la manière suivante : comment
comprendre les interactions entre les requérants insolvables et les
agents de cadastre ?
Au premier chapitre de ce travail, nous avons montré
comment nous sommes parvenu à construire notre objet de recherche et la
formations de la question principale ainsi que les questions subsidiaires.
Cette étude a une place en criminologie car les pratiques que les
acteurs impliqués développement ont un impact négatif sur
l'économie nationale, sur l'environnement et sur le plan professionnel.
Autrement dit, elles sont criminalisées par la légation
foncière en vigueur de la république démocratique du
Congo. Comme tout phénomène social, sa compréhension
suscite un recours à des grilles de lecture. Le choix de
l'interactionnisme symbolique ainsi que l'acteur et le système se sont
avérées pertinentes dans la compréhension de l'objet
d'étude dans la mesure où elles fournissent une vue d'ensemble,
sur la façon dont les agents du cadastre font face aux requérants
clandestins ou insolvables lorsque ces derniers occupent une concession avec
l'ignorance de la loi foncière et des stratégies mobilisables
pour protéger leurs parcelles.
Pour parvenir à la récolte des données
sur cette étude, nous nous sommes d'abord servi de la démarche
inductive qui prône la descente sur le terrain, et l'approche qualitative
qui prône la qualité des données et non la quantité.
L'échantillonnage par cas multiple et du type quantitatif nous ont
permis de sélectionner une diversité d'acteurs pouvant nous
procurer des informations relative à notre recherche. Ensuite
l'entretien semi-directif et l'observation directe nous ont facilité la
tâche pour entrer en contact direct avec les personnes-ressources en vue
d'avoir les informations fiables. Et enfin l'analyse thématique nous a
permis d'analyser les données récoltées ; en scindant les
discours des enquêtés en morceau pour enfin dégager les
thèmes et les sous-thèmes.
56
Les résultats de recherche sont structurés
autour des sept sections :
La première section montre qu'il existe des acteurs
invisibles et visibles qui sont impliqués directement ou indirectement
dans les pratiques problématiques pratiques problématiques. Il
s'agit des agents de cadastre, les journaliers et les requérants qui
sont des agents visibles. Et les chefs hiérarchiques de cadastre qui
sont impliqués de manière invisible par le fait qu'ils donnent
des ordres aux agents afin de protéger leurs frères
requérants. La deuxième section révèle que les
interactions entre les protagonistes sont de nature conflictuelle entre les
agents et les requérants d'une part, et entre les agents et leurs chefs
d'autres part. Et collaborative ou coopérative entre les agents et les
requérants.
La troisième section montre les stratégies des
acteurs. Nous avons la négociation ou la coopération qui permet
aux requérants de dialoguer avec les agents de cadastres pour obtenir un
morcèlement dans une parcelle d'autrui, ou dans une avenue, et leur
permet également d'obtenir les documents de manière frauduleuse
auprès des agents de cadastre. L'absence du requérant est la
stratégie utilisée par les acteurs pour profiter de morceler une
partie de sa parcelle à l'intérêt d'un autre
requérant par les agents. Et les relations sociale constituent le
fondement des interactions car les requérants préfèrent
maintenir des relations avec de chefs pour protéger leurs parcelles.
La quatrième section étale les
différentes pratiques problématiques observable autour des
interactions entre les acteurs. Il s'agit de la pratique « tumu pangiye
kitabu » qui est l'ensemble des pratiques qui permettent aux acteurs
d'avoir un bien matériel ou financier dans un morcèlement d'un
terrain. La pratique « Funga richo » où les agents de cadastre
utilisent ce terme pour désigner le fait de faire semblant dans une
situation donnée. La pratique «Fania paka vile » qui consiste
pour les agents de rappeler à celui qui détient la somme de faire
tel qu'ils ont la coutume de faire, c'est-à-dire de se partager des
miettes perçues lors de morcèlement ou d'achat des documents. La
pratique « kula na chefu » qui le fait de réserver une
enveloppe (une somme d'argent) à leur chefs après morcelé
de manière informelle une parcelle, ou âpres avoir vendu les
documents avec surplus auprès des requérants.
57
Dans la même logique, nous avons la pratique «
kusumburiya» ou « causer » qui consiste pour les
requérants insolvables de solliciter auprès des agents de
cadastre un morcèlement d'une parcelle ou d'avoir des documents de
manière officieuse ou clandestine moyennant une somme d'argent d'argent.
La pratique «Bulongo bwaba kambo » ou «la terre des
ancêtres » où les requérants se disent insolvable,
c'est-à-dire ils s'opposent aux payements des documents cadastraux en
estimant qu'ils occupent le solde leurs ancêtres. Autrement dit, les
terrains qu'ils occupent constituent l'héritage de leurs ancêtres
et la pratique « Ku mongezeha kaloko » ou « agrandir un peu
» qui consiste selon les requérants de proposer aux agents du
cadastre d'agrandir leurs terrains ; de fois les agents du cadastre quand un
requérant leurs propose une sommes d'argents pour agrandir le terrain du
demandeur.
La cinquième section étale les enjeux
sous-entendus des pratiques observables. Il s'agit des enjeux
économiques car les agents n'ont pas d'autre choix que de
coopérer avec les requérants afin d'avoir un peu d'argent qui
leur permet de subvenir à leurs besoins étant donné
certains ne sont pas mécanisés. Les enjeux sécuritaires
dans le contexte où les agents de cadastre visent à
protéger leur emploi et améliorer leurs rapports
socioprofessionnels avec leurs chefs et les requérants. Les
requérants quat à eux visent à protéger leurs
parcelles contre toute sorte de spoliation ou morcellement illicites.
La dernière section étale les diverses
représentations sociales des acteurs. D'une part, les agents de cadastre
considèrent les requérants comme leurs frères, et les
chefs hiérarchiques comme une menace. D'autre part, les
requérants considèrent les agents comme des escrocs et criminels
et voleurs.
Pour clore, ce présent travail laisse un champ libre
pour les autres chercheurs d'entamer d'autres aspect non mobilisés pour
les recherches futures.
58
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