251655168ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE
INSTITUT SUPERIEUR PEDAGOGIQUE DE BUNIA
(ISP/BIA)
B.P. 340 BUNIA
251689984
ispbunia2006@gmail.com
SECTION : LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
« Subjectivité langagière dans
le discours d'investiture du Président congolais Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO, 24 Janvier 2019 »
DEPARTEMENT : FRANÇAIS
Par
NestorMUNGUDJAKISA
UNG'EY
MEMOIRE
Présenté et soutenu pour l'obtention du
Diplôme de Licence en Pédagogie Appliquée.
Option : Français- Langues
africaines
Directeur : M.Michel-Archange
OSHIM ESINGA
Professeur
Encadreur : M.Faustin MATESO
NGABU
Assistant
Année Académique : 2019-2020
(Première Session)
DEDICACE
A papa, le Docteur Tony OKA UKETY et, maman, Keren NYAMUNGU
TSHANDIA,
Je dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Un travail aussi important qu'un mémoire de licence ne
pourrait pas du tout être achevé sans l'aide et la bienveillance
des autres.C'est pour cette raison que nous remercions tous ceux qui nousont
apporté leurs conseils, leurs soutiens et leurs contributions tant
matérielles, intellectuelles que morales. Les uns, nousont appris la
rigueur scientifique pourl'organisation de notre travail ; les autres
nousont apporté le soutien moral indispensable pour mener à terme
ce projet. Ainsi, au terme de nos études, en vue de l'obtention du
Diplôme de licence en Français-Langues africaines, nous leur
réitérons sincèrement nos sentiments de gratitude.
Nos remerciements s'adressent, d'abord, à Monsieur le
Professeur Michel- Archange OSHIM ESINGA, Directeur de cette recherche, pour
son apport incessant et précieux en conseils et explications depuis
l'instant où il nous avait donné legoût de la pragmatique
et nous a accepté comme disciple dans ce domaine de recherche.
Nous n'oublions pas également, Monsieur l'Assistant
Faustin MATESO NGABU,qui a accepté d'accompagner et surtout d'encadrer
ce travail, malgré ses multiples occupations. Un grand merci pour son
encadrement exceptionnel et sa disponibilité continue, ainsi que pour la
grande source de motivation et de persévérance qu'il a
été pour nous pendant toute la durée de la
rédaction de ce mémoire.
Aussi, nos gratitudes s'adressent à tous les formateurs
del'ISP/Bunia ; plus particulièrement,aux enseignants de ladite
Institution, en général, et àceuxdu Département de
Français, en particulier. Leurs riches enseignements, leurs
qualités pédagogiques sont pour nous un modèle.
Ensuite, nous exprimons nossentiments de gratitude àla
famille de Patrice MALO BASSA et àPatience BIRUNGI KABAGAMBE, du
Sacré-Coeur de Jésus, qui nous ont également
apporté leur soutien grâce auquel nous sommes arrivé
à la fin de nos études. Nous remercions aussi les grands
frère Alpha LETHY UNG'EY, Mechak MUGISA UWECI, Philémon BANGA
DHEWI et Dominique BHAYO MERIKO de leur assistance louable et opportune, qui
nous a permis de subvenir à nos multiples besoins.
Enfin, nous exprimons nos sentiments de reconnaissance
à tous les amis et connaissances, qui nous ontsoutenu dans la
réalisation de ce mémoire.
NestorMUNGUDJAKISA UNG'EY
ACRONYMES ET SIGLES
API :Alphabet Phonétique International
CENI :Commission Electorale Nationale Indépendante
COD : Complément d'Objet Direct
COI : Complément d'Objet Indirect
DLSL :Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du
Langage
E : Enoncé
RDC :République Démocratique du Congo
S1 : Locuteur ou Sujet de l'énoncé
ti:Temps de l'événement
to :Temps d'énonciation
UA : Union africaine
UE : Union européenne
GMT : Temps moyen de Greenwich
UDPS : Union pour la Démocratie et le Progrès
Social
Vs : « versus »,
« opposé à »
W: Relation de rupture entre ?o et S1 dans la
règle ?o W S1
?o : Enonciateur ou sujet d'énonciation
Ö : Vide ou (morphème zéro)
F.A.T.T. : Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
0.INTRODUCTION GENERALE
0.1. ETAT DE LA QUESTION
« Nihil novi sub sole », dit-on. Ce
qui se traduit en français par la phrase suivante : « il n'y a
rien de nouveau sous le soleil ». La Bible explique
également en termes de « ce qui a été,
c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de
nouveau sous le soleil », Ecclésiaste, 1 :9.
Ainsi, une recherche, quelle que soit sa projection, part
toujours de ce qui existe, de ce quia été déjà
réalisé dans le domaine d'étude.
En République Démocratique du Congo,
d'après nos investigations, les discours politiques, en
général, ont fait l'objet de nombreux travaux scientifiques. En
témoigne la revue non exhaustive de la littérature scientifique
suivante :
- OSHIM E., Analyse pragmatique du discours politique du
Président MOBUTU SESE SEKO (1965-1969), mémoire de D.E.S.
inédit, en Langue et Littérature françaises, UNIKIS,
2006.
- OSHIM E., Analyse du discours politique congolais. Cas
du discours politique du Président MOBUTU SESE SEKO. (1965-1975),
Thèse de doctorat inédite, UNIKIS, 2008.
Dans ces deux recherches, la question principale est la
suivante : Pouvons-nous postuler l'isomorphisme du discours et de la
politique dans le discours politique de MOBUTU SESE SEKO ? Certes, il y a
isomorphisme du discours et de la politique de MOBUTU SESE SEKO. Ce qui revient
à dire que MOBUTU instrumentalise son discours en le mettant au service
de son action politique au Congo-Zaïre. Comme objectifs assignés,
il s'agit de circonscrire les cadres théoriques, méthodologiques
du discours politique de MOBUTU, démonter l'appareil formel de
l'énonciation de ce discours dans le but de repérer les
empreintes de différents protagonistes, celles du lieu, temps, et les
relations lues en filigrane dans ledit discours, établir une relation
entre l'énonciation, l'univers et les enjeux du discours, décrire
« le faire » ou « l'agir » de MOBUTU
à travers les actes illocutoires qu'il a posés par rapport
à son ou ses interlocuteurs, interpréter également la
manière dont le locuteur MOBUTU établit des relations avec ses
allocutaires en respectant ou en violant les lois du discours. Et enfin,
analyser le niveau d'adéquation entre l'action politique de MOBUTU et le
cadre pragmatique de son discours. Comme résultat, ces deux travaux,
nous affirment que l'hypothèse principale a été
vérifiée et confirmée. En effet, il y a isomorphisme du
discours et de la politique de MOBUTU SESE SESEKO, fondés sur son action
de reconstruction nationale. Il va de soi que MOBUTU a doté son discours
d'une compétence organisatrice à travers les actes
essentiellement illocutoires. Cela n'a été possible que
grâce à l'inscription de ce discours dans les cadres contextuel,
énonciatif et illocutoire, d'une part, et au surgissement du sujet
MOBUTU d'autre part, qui a mis en branle un ensemble de stratégies
discursives.
- UKUMU D.,Force locutoire et illocutoire du verbe dans le
langage ordinaire Alur. Thèse de doctorat en philosophies,
inédit, UNIKIS, 2007.
La question principale qui est au centre de cette recherche
est la suivante : Le langage ordinaire, le langage des langues naturelles,
contient une multicanalité d'expressions ayant trait à la
multicanalité et à la richesse de nos expériences, de
sorte qu'il y a lieu de se demander : de quelle façon les mots se
relient-ils à la réalité ? A cette question il se
propose la réponse qu'un acte de langage ou les actes de langage
réalisés dans l'énonciation d'une phrase, serait fonction
de la signification d'une phrase en question. Ainsi, l'objectif principal
assigné à cette recherche est d'examiner non seulement les mots,
mais aussi les réalités dont nous parlons ; et ce,
grâce à une conscience aiguisée des mots, en vue de rendre
plus perspicace notre perception des phénomènes. C'est ce qui
s'explique à travers les actes locutoire et illocutoire, deux actes
intrinsèquement contenus dans le « verbe » (alors
que l'acte perlocutoire est extrinsèque). Comme condensé de cette
recherche, nous pouvons retenir que l'on peut se fier au langage ordinaire
comme maître très érudit ; mais, qu'on a tout avantage
à interroger critiquement. Nous avons vérifiécela en
analysant pragmatiquement la force locutoire et illocutoire du verbe dans le
langage ordinaire « Alur. »
- MATESO N.,Discours du cinquantenaire de
l'indépendance du Congo par Joseph KABILA, Essai d'analyse pragmatique,
mémoire de fin d'études inédit, Isp/Bunia, 2010.
Ce travail se pose la question principale suivante :
Quelle est la force du dire dans ce discours combien historique du
Président de la République du Congo à l'occasion du
cinquantenaire de l'Indépendance ? Comme réponse, le
discours de son excellence Monsieur le Président de la République
Démocratique du Congo est pragmatique, car il l'instrumentalise. En
effet, il le met au service de ses actions politiques au pays. Autrement dit,
ce qu'il énonce, il le fait, même s'il ne le fait pas totalement.
Comme objectif principal de ce travail, il est question « de
repérer la force du dire » dans ce discours combien historique
du Président de la RDC à l'occasion du cinquantenaire de
l'indépendance. En définitive il s'observe, dans ce
mémoire,en premier lieu, la description du cadre énonciatif du
discours de Joseph KABILA, le locuteur J. KABILA, son ou ses interlocuteurs
potentiels et les types de relations qui les unissent dans l'espace et dans le
temps ; il se note la description essentielle des actes illocutoires
posés par J. KABILA, en situation de locuteur vis-à-vis de ses
interlocuteurs. Notons également la description, à travers ces
actes, des implicites sémantiques et pragmatiques. »
- MATESO N.,La subjectivité langagière dans
le discours de l'indépendance du Congo par Joseph KABILA, article
inédit, Isp/Bunia, 2018.
Ici, plus particulièrement, le centre de la
réflexion se situe au niveau de cette question de la recherche :
Comment se présente la subjectivité dans le cadre
énonciatif du discours de l'indépendance du Congo prononcé
par Joseph KABILA ? Sans doute, c'est à partir des
procédés d'expressions linguistiques dans les
énoncés de ce discours. C'est pourquoi l'objectif assigné
à cet article se fonde sur l'approche énonciative,
c'est-à-dire mettre les énoncés en relation avec
l'utilisateur et les contextes dans lesquels ils sont produits. Comme
résultat, il a été relevéles marques subjectives de
l'appropriation du discours à travers les modalités
énonciatives utilisées par Joseph KABILA KABANGE pour exprimer
ses intentions communicatives.
En partant de cette revue de la littérature, nous
inscrivons notre recherche dans la même approche, à savoir
sémio-pragmatique. Nous nous démarquons de travaux
antérieurs dans la mesure où nous nous proposons
d'analyserl'expression de la subjectivité dans les énoncés
du discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO. Ainsi, nous allons décrire les indices de la
subjectivité langagière, à savoir les modalités
d'énonciation et les modalités d'énoncé. En outre,
nous cherchons à identifier l'intention communicative du
Président à travers les actes illocutoires de persuasion, de
dissuasion pour construire la démocratie et instaurer la bonne
gouvernance. Car, personne d'autre avant nous, n'aencore osé
l'analyser.
0.2.PROBLEMATIQUE
En pragmatique, le langage comme discours tient une part
importante dans les actes du dire. Il représente le moteur des relations
humaines. Tout individu, dans quelque condition qu'il soit, s'engage dans un
réseau d'interactions sociales. Aussi, si les hommes interagissent par
le langage, ils ne se comprennent ou ne se méprennent qu'à
travers le discours. Attendu que l'homme est toujours un être
d'intentions, il se permet de délibérer, d'agir dans le monde
avec cette visée de convaincre, d'amener à l'adhésion par
des arguments, à la pertinence de son raisonnement à travers les
médias, les relations interpersonnelles ou socioprofessionnelles. Nous
interagissons en laissant constamment des traces linguistiques, qui
échappent aux modèles traditionnels d'interprétations des
faits de communication. Ces traces langagières insaisissables, a priori,
constituent la preuve que ce qui est dit, du point de vue de la communication,
n'est pas nécessairement ce qui est suggéré au regard du
discours, étant donné que le discours est une pratique
finalisée, ancrée dans un contexte sociohistorique. Sa
compréhension ou son interprétation passe par la connaissance des
modes d'articulation et de dérivation. L'homme ne peut pas faire
l'économie de ce savoir sous peine de ne pas accéder à
l'essentiel de la communication langagière. C'est pourquoi, chaque
parole est une parole de circonstance. Par conséquent, chaque mot est
une histoire. Et comme le dit OSHIM (2006) : « Lorsqu'on
aborde le domaine de la parole ou de la performance, on entre de plain-pied
dans celui du discours et/ou de l'énoncé, objet de la pragmatique
linguistique qui est de décrire non la signification de la proposition,
mais la fonction de l'acte de langage réalisée par
l'énoncé. » Ainsi, la conception que les pragmaticiens
ont du langage, dira MOESCHLER (1985 :20), est « une conception
instrumentale centrée sur le concept d'action. » Ainsi,
l'homme fait usage de la langue pour s'exprimer, pour se faire comprendre, pour
mobiliser et pour éventuellement trouver des solutions aux divers
problèmes de la vie et des controverses dans la société.
La République Démocratique du Congo, qui est le cadre de notre
travail a, depuis son existence, connu plusieurs faits, à savoir des
événements divers, des désinvoltures et des catastrophes.
Elle a connu, dans son histoire, comme pratiquement dans les autres pays
africains, le changement des Chefs d'Etats par une voie légale ou non.
Autrement dit, les voies d'accès à la magistrature suprême
sont multiples. On peut noter, par exemple, le coup d'Etat, les accords secrets
après négociation, etc. En effet, le discours politique peut
être comparé à une prise de parole qui s'inscrit dans une
rétrospective par rapport au mandat à briguer. Il n'en demeure
pas moins un fait historique.
D'autres indices également montrent que le discours
est le seul porteur d'intention, d'espoir, lesquels donnent un sens à la
vie. En effet, tout discours correspond à une circonstance. Il n'est
jamais neutre. Il est toujours subjectif, intentionnel et est destiné
à annoncer un message à un auditoire. Celui prononcé par
son excellence le Président de la République Démocratique
du Congo, Monsieur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, à
l'occasion de son investiture n'échappe pas à cette exigence.
Aussi, le discours d'investiture du Président
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO du 24 Janvier 2019 nous
amène-t-il à formuler les questions de laproblématique de
la manière suivante:
Question principale :
Ø Comment le Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO est-il subjectif dans son discours d'investiture en
face de ses allocutaires ?
Questions spécifiques :
Ø Quels sont les indices de la subjectivité
langagière qui se trouvent dans le discours d'investiture du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à
la bonne gouvernance pour le développement du Congo ?
Ø Quelle est son intention communicative ?
0.3.HYPOTHESES
0.3.1.
Hypothèse principale
Après une lecture attentive de ce discours, nous
disons que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO serait
subjectif à travers les modalités d'énonciation et celles
d'énoncé en face de ses allocutaires.
0.3.2. Hypothèses
spécifiques
Les indices de la
subjectivité langagière qui se trouvent dans le discours
d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par
rapport à la bonne gouvernance pour le développement du Congo
seraient, d'une part, les phrases déclaratives, impératives et
exclamatives, et, d'autre part, les expressions relatives à
l'évaluation, au souhait et au jugement
L'intention communicative du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lors qu'il recourt
à la subjectivité langagière dans son discours
d'investiture serait de persuader et /ou de dissuader le peuple congolais en
vue de l'engager comme il l'entend dans la voie de la démocratie et de
la bonne gouvernance en RDC à travers les actes illocutoires, tels que
l'invitation, le souhait, la requête, la promesse, l'interdiction et
l'ordre.
0.4. OBJECTIFS ET INTERET DU
TRAVAIL
0.4.1. Objectifs du travail
Objectif
principal
Décrire l'expression
de la subjectivité dans les énoncés du discours
d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO ;
Objectifs
spécifiques
- Décrire les indices
de la subjectivité langagière, à savoir les
modalités d'énonciation et les modalités
d'énoncé ;
- Identifier l'intention
communicative du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
à travers les actes illocutoires de persuasion, de dissuasion pour
construire la démocratie et instaurer la bonne gouvernance.
0.4.2. Choix et
intérêt du travail
Etant donné que le langage est considéré
comme un agir communicatif visant le dialogue ou le consensus social vrai, les
théories de la pragmatique ne doivent pas rester lettres mortes. C'est
dans ce cadre que nous avons préféré les appliquer
à l'analyse de ce discours historique qui occupe une place de choix dans
l'histoire du peuple congolais, qui a connu, pour la première fois, la
passation possible du pouvoir entre un Président sortant et un
Président entrant.
Notre étude s'inscrit donc, dans le cadre de la
pragmatique, c'est-à-dire dans le cadre de la linguistique de la parole
dont l'enseignement devient, depuis une vingtaine d'années,
impératif dans la formation des étudiants non seulement des
Lettres, mais aussi de ceux d'autres Départements, notamment ceux de la
Philosophie. A l'Isp/Bunia, l'enseignement de la pragmatique linguistique n'est
pas encore très développé. C'est ce que souligne MATESO N.
(2010) en ces termes : « l'enseignement de cette branche est
récent. »
Aussi, avons-nous jugé utile d'orienter notre travail
sous cet angle étant donné que les études dans ledit
domaine nous semblent encore insuffisantes. Ainsi, nous pensons que cette
modeste contribution comportant des éléments d'initiation
à la pragmatique appliquée à l'analyse du discours, pourra
inciter d'autres à prospecter ce domaine. Nous présumons que les
scientifiques et d'autres amateurs notamment trouveront dans cette recherche
une occasion indiquée de se ressourcer en pragmatique linguistique et
plus particulièrement en linguistique de l'énonciation.
0.5.METHODES ET TECHNIQUE DU
TRAVAIL
0.5.1. Méthode
Toute étude scientifique fait asseoir au départ
une méthode lors de la recherche,
c'est-à-dire « une marche rationnelle de l'esprit pour
arriver à la connaissance ou à la démonstration de la
vérité » (MATESO LOCHA, 2019). C'est, autrement dit, la
procédure logique d'une science, l'ensemble des pratiques
particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses
démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident
et irréfutable. C'est donc l'ensemble des opérations
intellectuelles permettant d'analyser, de comprendre et d'expliquer la
réalité étudiée.
Elle est aussi, « un ensemble de démarches
raisonnées suivies pour parvenir à un but. » (REY, 1992).
De ces différentes définitions de la
« méthode », il convient de comprendre la
méthode comme un ensemble de démarches ou de voies à
suivre pour atteindre un objectif.
De ce fait, pour réaliser notre travail, nous
recourons principalement à l'approche
« sémio-pragmatique. » Cette double visée se
structure de la manière suivante :elle
est« sémiotique » parce que « le sens
construit passe par des catégories de formes, c'est-à-dire les
énoncés (des mots, des séquences de mots et leur
agencement), qui signifient en tant que telles, et ne sont pas seulement des
traces transparentes d'un certain contenu. » Etelle est
« pragmatique », compte tenu du fait qu'il s'agit non
seulement de l'étude des relations entre les signes et leurs usagers,
mais aussi de la référence aux usagers de la langue, à
l'usage qu'ils en font et au contexte. C'est ce que OSHIM (2008) explique en
termes des actes de langage ou intention communicative manifeste utilisé
par l'énonciateur dans le discours. Ainsi, par rapport au contenudu
discours sous analyse,nous utilisons deux méthodes :la
méthode« descriptive » pour des
phénomènes que l'on connaît un peu et que l'on veut
décrire en profondeur (le comment ? le qui ?) et la
méthode« explicative » dans la mesure où,
elle s'adapte mieux aux phénomènes déjà
décrits, pour lesquels on veut comprendre pourquoi les choses sont comme
telles (le pourquoi ?).
0.5.2. Technique
Plusieurs penseurs définissent le concept
« technique » de leur manière. Cependant, nous
reprenons ici, la considération de GREIMAS, A-J. (1970), qui dit que la
technique est « l'ensemble de procédés employés
pour produire une oeuvre ou obtenir un résultat
déterminé. »
Ce mot « technique » est également
considéré d'après MATESO L. (2019)
comme : « l'ensemble de procédés exploités
par le chercheur dans la phase de collecte de données qui
intéressent son étude.»
Au regard de ces deux définitions, la
« technique » est tout simplement l'ensemble de
procédés ou moyens employés pour sélectionner les
données ou les matériaux bruts, qui devront être
décrits et expliqués.
Ainsi, nous allons recourir
à la technique documentaire.Cette technique est considérée
d'après DUBOIS et alii. (1994), comme la
« représentation, au moyen de termes et de
procédés syntaxiques conventionnels, d'un certain contenu des
documents (articles, publications) scientifiques aux fins de classement, de
recherche d'information. » Tenant compte de cette définition,
la technique documentaire nous aideraàsélectionner les
énoncés sous formes d'échantillons ;car elle nous
permettra d'accéder directement au contenu du discours politique
déjà évoqué. Elle nous a également permis
d'interroger lalittérature portant sur cet objet d'étude et sur
les méthodes. A cela, nous ajouterons l'analyse de contenu comme
technique par rapport au corpus. Cette méthode d'après BERELSON
cité par OSHIM, (2008) est « une démarche descriptive
objective, systématique et quantitative, du contenu manifeste des
communications, ayant pour but de les interpréter. »
0.6. DELIMITATION DU
TRAVAIL
La délimitation de ce travail s'articule autour
de la thématique, de l'espace et du temps.
Ø Délimitation
thématique : Le thème de notre travail est :
« Subjectivité langagière dans le discours politique
d'investiture duPrésident congolais Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO, 24 Janvier 2019. »
Ø Délimitation spatiale :
Pour ce travail, notre champ d'investigation demeure la République
Démocratique du Congo située au coeur de l'Afrique.
Ø Délimitation
temporelle : Dans le temps, le présent travail
s'intéresse au discours d'investiture prononcé par le Chef de
l'Etat Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO en RDC, le 24 Janvier 2019.
0.7. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, cette recherche pivote
autour de trois chapitres suivants :
Le premier est consacré aux considérations
générales, qui portent sur le cadre conceptuel, le profil du
Président et le contexte de production de ce discours. Le
deuxième estaxé sur le cadre énonciatif du discours
politique du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
à l'occasion de son investiture au pouvoir, 2019. Et le troisième
porte sur l'illocution dans le discours d'investiture du Président
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
PREMIER CHAPITRE :
CONSIDERATIONS GERERALES
Introduction
De l'intitulé de notre sujet, nous avons retenu les
concepts-clés suivants que nous tenterons de définir :
subjectivité, langagière, discours et investiture. Par la suite,
nous tenterons de circonscrire le cadre théorique de la pragmatique,
à savoir la théorie des actes de langage et
l'énonciation,de présenter l'actuel Président de la
République Démocratique du Congo, Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO et de situer la République Démocratique du Congo sur le
plan géopolitique.
1.1. Définition de
quelques concepts-clés.
1.1.1. Subjectivité.
DansLePetit Larousse de langue française
(2013), le mot « subjectivité » est défini de
la manière suivante : « caractère de ce qui est
subjectif par opposition à l'objectivité ; domaine de ce qui
est subjectif ». Ce substantif a comme synonymes la
partialité, le sentimental, le parti pris, etc.
Selon le dictionnaire de la langue française, Le
Petit Robert (2016), la subjectivité se définit comme :
« caractère de ce qui appartient au sujet ; à
l'individu seul. »
L'adjectif dérivant de ce substantif est
« subjectif (ve) » signifiant : « Qui
relève du sujet défini comme un être pensant par opposition
à l'objectif » ; il se dit également de ce qui est
individuel et susceptible de varier en fonction de la personnalité de
chacun. C'est de cette façon que les interprétations des textes
littéraires, par exemple, sont souvent subjectives. Un discours
prononcé peut avoir des interprétations diverses suivant les
auditeurs. Bref, la subjectivité est définie
comme : « la présence du sujet parlant dans son
discours » (DUBOIS, J.et Alii. 1994). OSHIM, E. (2008), ajoute que
dans la trame énonciative, la subjectivité du discours se
manifeste notamment par les embrayeurs, les modalités de
l'énoncé et celles de l'énonciation.
Néanmoins en pragmatique, parler de la
subjectivité signifie principalement toucher l'énonciation
développée par Emile BENVENISTE (1966 :259), tout en
rappelant la place de l'homme dans la langue : « C'est dans
et par le langage que l'homme se constitue comme Sujet ; parce que le
langage seul représente, en réalité, dans sa
réalité qui est celle de l'être, le concept d'ego ».
Cette conception oriente le sujet vers l'identification et l'analyse des
marqueurs de subjectivité dans le discours. Les déictiques,
indices de personne, de temps et de lieu, retiennent
alorsl'intérêt du sujet. Toutefois, la langue offre de nombreuses
autres possibilités, certes parfois moins explicites, pour mettre en
scène le sujet dans sa relation à l'autre et au monde. Ces
indices de construction identitaire et de prise en charge du dire appartiennent
à la modalité et s'imposent à l'analyse comme traces de
l'activité d'énonciation.
De la sorte, nous pouvons retenir de la subjectivité,
la qualité de ce qui est subjectif. Il s'agit de ce qui appartient ou
qui est relatif au sujet, pris en opposition au monde externe. Par ailleurs, le
concept désigne notre façon de penser ou de ressentir, la
subjectivité et non pas l'objet en soi, d'après le trésor
de la langue française informatisée.
En ce sens, la subjectivité est la
propriété opposée à l'objectivité. La
subjectivité est la propriété des arguments basés
sur le point de vue du sujet et influencés par ses intérêts
particuliers. Elle correspond plutôt à un point de vue distant,
où les concepts sont traités en tant qu'objets.
Le thème de la subjectivité est analysé
à partir de la philosophie également. Pour cette science, la
notion désigne les interprétations faites sur n'importe quel
aspect de l'expérience. C'est pour cette raison qu'elles ne sont
accessibles qu'à la personne qui les expérimente, étant
donné qu'une même expérience peut être vécue
de différentes façons selon l'individu concerné. Ceci dit,
le sujet donne ses propres opinions ayant pour base ses expériences. Il
s'agit clairement d'opinions subjectives constituées par tous les faits
vécus.
La différence entre la subjectivité et
l'objectivité est claire lorsque plusieurs textes sont analysés.
Ceux qui explicitent l'avis de l'auteur sont subjectifs ; ceux qui
essayent de se limiter aux données concrètes et factuelles sont
objectifs. Par exemple, « Je souhaite impulser une meilleure
présence de notre pays dans les instances internationales, à la
hauteur de notre vocation naturelle. » (L420-421)est une phrase
subjective à cause du verbe souhaiter ; « Nous
tenons à exprimer pour la première fois devant vous, notre
reconnaissance au peuple congolais de nous avoir accordé à
travers son suffrage, ce grand honneur. Cette confiance sera pour nous un
soutien indispensable dans l'exercice de nos hautes
responsabilités. »(L17-19)est une phrase objective.
Car, le peuple a déjà réalisé à travers son
suffrage la réussite du Président aux élections.
Au-delà de ceci, la subjectivité est
« subject » en anglais signifiant en français
« sujet. »
1.1.2. Langagière
Selon, DUBOIS et alii. (1994), en linguistique, le concept
langagier est utilisé couramment, depuis les années 80,
l'adjectif langagier, à côté de
l'adjectif-linguistique. Passer du linguistique au langagier, c'est
prendre en compte le processus de production des discours en intégrant
les paramètres situationnels et humains. Linguistique renvoie
au principe d'immanence, qui consiste à étudier la langue comme
formant un ordre propre, autonome, dont il est possible de décrire les
structures par leurs seules relations. Langagier renvoie au principe
de réalité par lequel la structure va se confronter à des
besoins communicatifs, des enjeux discursifs, des représentations
sociales.
Cet adjectif qualificatif
« langagière » (langagier au masculin), il est
dérivé de « langage. » Il faut noter qu'il
est sujet à plusieurs controverses et définitions. En effet,
selon Paul Robert (1987), il est « La fonction
d'expression de la pensée et de communication entre les hommes mise en
oeuvre au moyen d'un système des signes vocaux (parole) et
éventuellement des signes graphiques (écriture) constituant une
langue. »
Poursuivant ce même ordre d'idées, DUBOIS et
alii. (1994), l'opposition langue parole est l'opposition
fondamentaleétablie par F.de Saussure. Le langage, qui est une
propriété commune à tous les hommes et qui relève
de leur faculté, de symboliser, présente deux composantes :
langue et parole. La langue est donc « une partie
déterminée du langage, mais une partie essentielle. Et la parole
est définie comme la composante individuelle du langage, comme un acte
de volontéet de l'intelligence. »
Cependant,parler du langage à ce niveau, rappelle
l'ensemble des moyens en langue à la disposition des sujets (par
exemple : leur niveau de maîtrise des systèmes phonologique,
morphosyntaxique, lexical, etc.), d'où, la compétence
langagière, lorsqu'il s'agira de l'utilisation de ces moyens
linguistiques dans des situations réelles d'interlocution où il
faudra convaincre, se défendre, rassurer, faire semblant, s'imposer
à l'autre, expliquer. Ainsi, le langage comme terme principal, duquel
découle langagier, nous situe dans le domaine de la linguistique de la
parole.
Le terme se définit comme :
Ø Faculté propre à l'homme d'exprimer et
de communiquer sa pensée au moyen d'un système de signes vocaux
ou graphiques. C'est de cette façon que plusieurs espèces de
langages se prêtent à l'homme : les langages visuel,
olfactif, tactile, auditif(Dubois et alii. (1994).
Ø Système structuré des signes
non-verbaux remplissant une fonction de communication. Tel est le cas du
langage gestuel, la mimique(Le Petit Robert (2009).
Ø Manière de parler propre à un groupe
social ou professionnel(Le petit Robert (2013).
Un exemple est celui du Jargon des étudiants qui dit
« Je vais à la baserie » pour dire :
« Je vais aux toilettes ».
1.1.3. Discours
Selon Dubois et alii. (1994) le discours est « Tout
texte lu ou propos improvisés devant un public. » il est
également considéré comme l'actualisation de la
langue ; suite de mots qu'on emploie concrètement pour exprimer sa
pensée.
En effet, le discours est un système de
« langage mis en action, la langue assumée par le sujet
parlant. » Tel qu'il est défini, le terme
« discours » entretient la relation de synonymie avec
« parole » et s'oppose ainsi au
« langage » au sens de F. de SAUSSURE. Cependant, dans la
« parole », on peut distinguer deux niveaux : le
niveau de discours et celui de la parole proprement dite. Ces
considérations nous amènent à expliciter le sens du
vocable « discours.»
Le niveau de la parole proprement dite se résume en
une « activité psychologique dont les produits sont d'ordre
physique et grâce à laquelle le locuteur peut se manifester dans
le monde. » Par contre, le « niveau de discours se
préoccupe de la façon dont le sujet parlant utilise le
système de la langue pour exprimer sa pensée personnelle, le
choix qu'il fait des éléments de la langue, guidée par ses
besoins de communication (Erreur ! Référence de lien
hypertexte non valide., consulté le 29 Janvier 2020, à
00h57').
La définition que W. BAL (1966 : 89) donne au
terme discours se rapproche de celle d'E., BENVENISTE. Ce dernier oppose
« récit » à « discours. »
D'après lui, « le récit représente le
degré zéro de l'énonciation ; c'est-à-dire,
dans le récit, tout se passe comme si aucun sujet ne parlait, les
événements semblent se raconter d'eux-mêmes. » Il
poursuit en soulignant le fait que le discours se caractérise, au
contraire, par une énonciation, supposant un locuteur et un auditeur, et
par la volonté du locuteur d'influencer son interlocuteur. »
Pour MAINGUENEAU, (1981 : 54), « ce qui
distingue le discours du récit, c'est que le premier est rapporté
à l'instance d'énonciation alors que le second en est totalement
coupé. » Ainsi défini, le vocable
« discours » est envisagé dans son acceptation
linguistique qui tranche nette avec toute considération relative
à la rhétorique ou à l'art oratoire, dont l'ultime but est
de persuader ou d'émouvoir en se conformant aux règles
précises. Aussi, le dictionnaire électronique de la langue
considère le discours comme « un développement oral
fait devant une audience, le plus souvent à l'occasion d'un
événement particulier (Erreur !
Référence de lien hypertexte non valide.,
consulté le 29 Janvier 2020, à 00h57 minutes).
Parlant toujours du discours, selon Dubois et alii., (1994)
nous pouvons retenir également que c'est :
Ø « Une suite de développements oratoires
déterminés à persuader ou émouvoir et
structurés selon des règles précises. »
Ø « Un langage mis en action, la langue
assumée par le sujet. »
Ø « Une unité égale ou
supérieure à la phrase ; il est constitué par une
suite formant un message ayant un commencement et une clôture. »
En ce qui nous concerne, le discours est
l'énoncé supérieur à la phrase,
considéré du point de vue de son enchaînement.
Dans le cadre de ce travail, il s'agit du discours
d'investiture prononcé par le Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO. En effet, ce discours annonce une nouvelle ère en
République Démocratique du Congo.
1.1.4. Investiture
Le Petit Robert, Dictionnaire de la langue,
définit ce mot comme « Acte par lequel on investit
quelqu'un d'un titre ou d'une dignité. »
On retient également qu'une cérémonie
d'investiture est une cérémonie formelle au cours de laquelle un
individu endosse des fonctions ou une position d'autorité et de pouvoir.
Le terme est généralement utilisé en
référence aux devoirs d'un chef de l'Etat ou chef de
gouvernement. Par exemple, on parlera de l'investiture du Président.
Les investitures politiques sont souvent accompagnées
d'une cérémonie somptueuse pendant laquelle le politicien
prononce publiquement son discours d'investiture devant un large public.
Comme élément supplémentaire, au canada,
le mot investiture est également utilisé pour désigner
l'assemblée durant laquelle une personne est choisie à titre de
candidat d'un parti politique pour une élection fédérale
ou provinciale
(https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Investiture,
02 Janvier 2020 à 13h7minutes).
1.2. Cadre
théorique
Ce sous-point s'appesantit sur la pragmatique, à savoir
la théorie des actes de langage et l'énonciation, qui constituent
le réflecteur théorique de ce travail.
1.2.1. La pragmatique
Il existe de nombreuses définitions de la pragmatique.
Après avoir exposé les origines de la pragmatique et ses
principales définitions, nous présenterons celle qui nous guidera
dans nos analyses.
La difficulté à définir la pragmatique
est constamment soulignée. Cependant, d'après OSHIM E. (2019),
longtemps peu estimée par les linguistes, la pragmatique a reçu
des qualificatifs disgracieux et peu favorables à une conceptualisation
sérieuse : « poubelle pragmatique »,
« auberge espagnole », « résidu de
l'analyse linguistique », « dépotoir
linguistique ». Née de réflexions d'horizons divers,
à savoir logique, philosophique et linguistique, elle ne reçoit
pas de définition unifiée. Un point commun rassemble pourtant ses
différentes origines : c'est la notion de sens ou plus
précisément le problème du sens. Il s'agit, à titre
illustratif des moyens d'analyser et de comprendre pourquoi
l'énoncé, par exemple, « J'ai mal à la
tête » engendre, selon son contexte d'occurrence, des
interprétations différentes. Ou encore, lors d'une soirée
agrémentée par musique, il signifiera la musique est trop
forte ; lors d'une conversation quelque peu houleuse,
« Tais-toi, tu parles trop, » ou selon l'interlocuteur,
Taisez-vous, vous parlez trop ; prononcée par un enfant sur le
chemin de l'école, Je ne veux pas aller à l'école. C'est
ce supplément d'information, qui exige de prendre en compte des
données non linguistiques, mais qui fournit l'interprétation
complète de l'énoncé, dont cherche à rendre compte
la théorie pragmatique.
A.La pragmatique et les autres disciplines
Le terme « pragmatique est très
ancien », c'est cependant au logicien philosophe Charles WILLIAM
MORRIS qu'est traditionnellement rattaché la naissance de la
pragmatique. A la suite,Charles SANDERS PEIRCEse consacre à
l'élaboration d'une théorie générale des signes, en
particulier, des signes linguistiques. Dès 1938, il définit une
sémiotique tripartite dans laquelle prennent place trois domaines,
dont
- la syntaxe, qui traite des relations des signes entre
eux ;
- la sémantique, qui traite des relations des signes
aux objets et
- la pragmatique, qui traite des relations des signes à
leurs interprètes ou utilisateurs.
Elle recouvre des phénomènes très vastes
d'ordre psychologique et sociologique déterminés par le
fonctionnement des signes. La pragmatique introduite par Charles W. Morris,
entant que partie intégrante d'une sémiotique, ne dispose pas
d'une portée strictement linguistique. Son essor considérable,
depuis une vingtaine d'années, ne débutera réellement
qu'à partir des années 1960. La tripartition introduite par
l'auteur annonçait déjà les débats qui
accompagneront la discipline dans les années qui suivent.
Par rapport à ses visées, on distingue la
pragmatique radicale de la pragmatique intégrée.
B. La pragmatique radicale.
Selon OSHIM E. (2019), la pragmatique radicale s'inscrit dans
la tradition philosophique et logicienne anglo-saxonne à laquelle
s'intègrent, par exemple, les travaux de Charles W. Morris ou encore
d'Herbert Paul Grice. Elle définit la pragmatique comme une discipline
autonome vis-à-vis de la sémantique, mais lui réserve une
place résiduelle. Nous reconnaissons une conception restreinte ou
minimaliste de la pragmatique, dont le domaine d'interprétation est
exclusivement la performance. Elle n'intervient, en effet, que lorsque le
traitement sémantique, qui prend lui-même le relais de la syntaxe,
a échoué dans l'élucidation du sens de certaines
unités linguistiques. L'analyse sémantique étudie le
contenu descriptif des énoncés en interrogeant leurs conditions
de vérité, elle traite des aspects vériconditionnels des
phrases. Certaines informations impliquées par l'utilisation
contextuelle des phrases échappent à ce critère. Leur
analyse relève alors du composant pragmatique. Par exemple,
l'interprétation de l'énoncé suivant, en particulier,
celle de l'adverbe « ici », nécessite de
connaître le lieu occupé par le sujet parlant. Soulignons que cet
énoncé ne véhicule pas une demande mais un ordre, il ne
saurait trouver comme réponse « Oui. » L'injonction ainsi
exprimée ne peut être évaluée en termes de
vérité ou de fausseté. Elle implique des critères
non vériconditionnels. Veux-tu venir ici ?
Cette conception radicale ouvre la voie à des travaux
qui s'inscrivent dans l'élaboration d'un modèle
d'interprétation des énoncés mettant en avant le
rôle de la connaissance du monde dans l'accès au sens non
explicite. La pragmatique emprunte alors un chemin différent, mais
complémentaire, celui de la linguistique.
C.La pragmatique intégrée
D'après OSHIM E. (2019), la pragmatique
intégrée s'inscrit dans la tradition francophone marquée
par les travaux notamment d'Emile BENVENISTE (1966) et d'Oswald DUCROT (1980).
Etudier le sens d'un énoncé, c'est accéder à son
contenu descriptif, mais également au sens véhiculé par sa
relation avec ses utilisateurs. Ce sens pragmatique n'est plus extérieur
aux formes linguistiques, il est inscrit conventionnellement dans les
énoncés sous la forme d'indices instructionnels. Il s'apparente
à l'information afférente à ce que le sujet fait quand il
parle. Selon RECANNATI F. (1981 :29) la pragmatique linguistique et la
sémantique partagent une zone d'intersection appelée la
pragmatique intégrée : elle recense les formes linguistiques
dont la signification est pragmatique plutôt que descriptive, et elle
explique leur signification en leur assignant des conditions d'emploi.»
La pragmatique intégrée, qui conçoit des
formes de détermination contextuelle du sens, s'intéresse
à la compétence. Cette pragma-sémantique est notamment
illustrée par la sémantique argumentative de Jean-Claude
ANSCOMBRE et Oswald DUCROT (1983). Intégrée ou non à la
sémantique, le recours à la pragmatique confirme l'existence dans
l'énoncé de quelque chose de plus qu'un contenu descriptif
sémantique. L'interprétation d'un énoncé ne peut
donc plus être conçue comme purement descriptive, elle
reflète également ses conditions d'utilisation.
En définitive, on retient de la pragmatique ce
qui suit : « l'étude de l'usage de la langue comme
pratique énonciative, subjective, intersubjective, contextuellement
située et dotée d'un pouvoir de faire », affirme OSHIM E. En
linguistique, elle est l'étude de l'utilisation (littérale,
figurée ou autres) des énoncés dans les actes
d'énonciation. Selon Le Larousse, Dictionnaire de la langue
(2013), elle est aussi une branche de la linguistique, qui s'intéresse
aux éléments du langage dont la signification ne peut être
comprise qu'en connaissant le contexte de leur emploi.
1.2.2.Théorie des actes
de langage
Ce point du cadre théorique est la théorie des
actes de langage. Elle s'articule autour des actes locutoires, illocutoires et
perlocutoires. Signalons que, dans ce travail, l'accent est mis sur les actes
illocutoirestels qu'ils sont classés par J.R. Searle (cf. sa taxinomie
des actes illocutoires).
1.2.2.1.Actes locutoires
LEROT (1983 :143) désigne par l'acte locutoire,
l'acte qu'effectue le locuteur en disant quelque chose. L'acte locutif est
directement lié au caractère physique de la parole.
Selon OSHIM (2019), l'acte locutoire, c'est l'acte de
prononcer certains sons (soit phonétique), certains mots et suites
grammaticales (soit l'acte phatique) et, enfin, certaines expressions pourvues
d'un sens et d'une référence (soit l'acte rhétique).
De ce qui précède, l'acte locutoire comprend
trois aspect particuliers : l'aspect phonétique, phatique et
rhétique. Ces trois aspects seront développés dans le
dernier chapitre de ce projet.
1.2.2.2. Actes
illocutoires
Par l'acte illocutoire, nous entendons tous les rapports qui
existent entre les interlocuteurs à l'occasion du discours, toutes les
manoeuvres dont la parole est le moyen.
Pour J.R. SEARLE (1972 :16), les actes illocutoires sont
déterminés par des règlesspécifiques du discours.
Ce sont les énoncés de telle forme, prononcés de telle
façon, s'ils sont adressés, dans tel type de circonstances,
à des auditeurs déterminés, obligent ces auditeurs
àrépondre ; leur énonciation, si les conditions
requises sont réalisées, constituent alors l'acte illocutoire.
J.LEROT (1983 :152) va plus loin en disant qu'on
désignepar-là, l'objectif poursuivi par le locuteur lorsqu'il dit
quelque chose, c'est-à-dire son intention communicative vis-à-vis
de son interlocuteur.
De ce fait, l'acte illocutoire est un acte, qui
manifeste l'intention de celui qui produit le message ; cette intention
est exprimée par l'acte locutoire. Par exemple, « La
force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la
réconciliation nationale. » (L81). Le dit de cet
énoncé reste : Je demande qu'on renforce la
solidarité et la réconciliation.
Rappelons que tous les actes de langage sont dominés
par une force, appelée illocutoire. Dans ce travail, la taxinomie de
Searle nous servira de fil conducteur.
John R. SEARLEclasse les énonciations à partir
des verbes illocutoires qu'ilintègre. Ses actes illocutoires sont les
représentatifs, les directifs, les promissifs, les expressifs et les
déclaratifs.
- Les représentatifspermettent au
locuteur de s'engager sur la vérité du contenu propositionnel
exprimé, de l'affirmer, de le nier ou de le garantir, par exemple. Ils
se caractérisent par un ajustement des mots avec le monde.
- Les directifs visent à faire quelque
chose à l'interlocuteur, dont l'état se trouve modifié.
Ils se réalisent à l'aide de verbes comme insister, ordonner,
prier, réclamer ou d'un énoncé à
l'impératif, par exemple.
- Les promissifssont des actespar lesquels le
locuteur s'engage vis-à-vis de son interlocuteur, à faire quelque
chose. La promesse illustre ce type d'acte illocutoire, qui se
caractérise par une direction d'ajustement du monde vers les mots.
- Les expressifscommuniquent une information
sur l'état psychologie du locuteur en fonction du contenu
exprimé : le locuteur peut féliciter, être heureux de,
regretter que, remercier, s'excuser, etc.
- Les déclaratifs correspondent aux
verbes performatifs.
1.2.2.3. Actes
perlocutoires
Par l'acte perlocutoire, on désigne l'effet produit
par la production de l'énoncé sur le co-énonciateurs (ou
les destinataires, récepteurs). D'où, un effet doit être
produit sur l'auditoire pour qu'un acte illocutoire puisse être tenu pour
achevé. La question resterait comment expliquer mieux cela ou bien
comment préciser ce qui se passe. A cette question J.L. AUSTIN
(1970 :124) répond de la manière suivante : l'effet
consiste, la plupart des temps, à provoquer la compréhension de
la signification et de la locution. L'exécution d'un acte illocutoire
inclut donc l'assurance d'avoir été bien compris.
En d'autres termes, par l'acteperlocutoire nous entendons
l'effet produit sur l'auditeur par l'acte illocutoire.
1.2.3. Théorie de
l'énonciation
Les éléments fondamentaux de la théorie
de l'énonciation sont : l'énonciation, les protagonistes, le
lieu, le temps, le contexte d'énonciation, les relations dans le
contexte d'énonciation, les modalités d'énoncé et
les modalités d'énonciation. C'est pourquoi H. PARRET
(1986 :151) pose le fondement de la situation d'énonciation en ces
termes : l'introduction du concept d'énonciation ne transforme pas
nécessairement la théorie du discours en une théorie du
sujet psychologique autonome. La théorie du discours ne devrait pas
être une théorie du sujet avant qu'il énonce mais, une
théorie de l'instance d'énonciation qui est, en même temps
et intrinsèquement, un effet d'énoncé.
En d'autres termes, c'est dans le discours que le locuteur
est le plus contemporain, contrairement au récit. Ainsi,
l'énonciation nous permet d'étudier l'utilisation de la langue
(le français dans le cas qui nous concerne) dans des situations
concrètes d'utilisation comme une conversation, une lettre, un discours
ou tout simplement un texte.
De ce qui précède, l'énonciation implique
que le locuteur mobilise la langue pour la mettre à son profit. Cela
revient à considérer l'énonciation comme un processus
individuel d'actualisation (ou de mise en action) de la langue dans une
situation précise ou bien déterminée.
Dans les lignes qui suivent,nous tiendrons compte de
l'énonciation, des protagonistes, du lieu, du temps, du contexte
d'énonciation, des relations dans le contexte d'énonciation, des
modalités d'énoncé et des modalités
d'énonciation.
1.2.3.1. Enonciation
Selon J. LEROT (1983 :139), l'énonciation est la
mise en oeuvre par le locuteur de sa compétence linguistique et
communicative. L'énonciation est l'acte social de communication
utilisant des procédés linguistes. Par la compétence
linguistique, nous avons la faculté d'utiliser correctement le code,
c'est-à-dire de comprendre et denous exprimer correctement ;
l'énonciation est, en fait, considérée comme un acte de
langage, qui est produit par un locuteur vers un destinataire, dans certaines
circonstances.
Pour OSHIM (2008), l'énonciation est définie
comme « la recherche des procédés linguistiques (...)
par lesquels le locuteur imprime sa marque à l'énoncé,
s'inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) et se situe par
rapport à lui (...). L'énonciation est un acte produit
actuellement, et auquel sont attachés à la fois le contenu de
l'énoncé et celui qui découle de l'interprétation
dudit énoncé par rapport au producteur et aux circonstances de
production de l'énoncé. »
Selon DUBOIS et alii. (2007), la notion de
l'énonciation est un acte individuel d'utilisation de la langue (...).
L'énonciation est constituée par l'ensemble des facteurs et des
actes qui provoquent la production d'un énoncé. Elle englobe la
communication, qui n'en est forcément qu'un cas particulier. Ici,
l'obligation de différencier l'énonciation de
l'énoncé s'avère très importante.
D'après Dominique MAINGUENEAU (1999 :9),
l'énonciation est considérée comme l'acte individuel
d'utilisation de la langue pour s'opposer à l'énoncé,
objet linguistique résultant de cette utilisation.
L'énoncé est le résultat linguistique, c'est- à-
dire la parole énoncée ou le texte écrit, tandis que
l'énonciation est l'acte linguistique par lequel les
éléments de langage sont orientés et rendus
spécifiquement signifiants par l'énonciateur (et son
co-énonciateur, qui n'est pas un simple destinataire) en vue de produire
ledit énoncé : on dit généralement que
l'énoncé est « le dit », tandis que
l'énonciation est « dire. » Pour résumer,
l'énonciation est l'acte individuel de production, dans un contexte
déterminé, ayant pour résultat un énoncé.
1.2.3.2. Les protagonistes
Par « protagonistes », nous entendons
« l'énonciateur et le (s) destinataire(s). »
L'énonciateur est celui qui émet l'énoncé. Cet
énoncé s'adresse à quelqu'un que l'on appelle destinataire
ou récepteur. Ainsi, le destinataire est celui à qui s'adresse
l'énoncé. Selon DUBOIS et alii. (2007), le destinataire est celui
à qui est destiné l'action exprimée par le verbe ou celui
au bénéfice de qui se fait l'action indiquée par le verbe.
1.2.3.3. Le lieu
L'espace ou le lieuest la place occupée par les acteurs
pendant la communication. Selon LEROT (1983 :180), ce sont des
procédés linguistiques utilisés pour situer les objets
dans l'espace par référence au lieu d'énonciation
où se trouve nécessairement le locuteur.
Généralement le lieu d'énonciation est marqué par
l'adverbe « ici. »
Un discours peut présenter des lieux diversifiés
ou bien un espace restreint et un milieu unique. L'espace donne un sens au
discours. Le choix effectué par un énonciateur peut offrir de
nombreux aspects représentatifs. Un lieu, par exemple, peut incarner
l'isolement, etc.
1.2.3.4. Le temps
Le temps est le moment de la passation de l'action. C'est
ainsi que le locuteur situe le temps par rapport au moment présent de
l'énonciation. Autrement dit, il localise les évènements
par rapport au temps de l'énonciation. L'action peut se passer, soit
avant le moment de l'énonciation, c'est le passé, soit
après le moment de l'énonciation, c'est le futur. Cependant, on
devra se garder de ne pas confondre la catégorie sémantique du
temps avec les temps grammaticaux. En ce qui nous concerne, nous tiendrons
compte du temps sémantique que LEROT (1983 :183) considère
comme une dimension qui peut être exprimée par des
procédés grammaticaux (désinences verbales,
prépositions) et également par des procédés
lexicaux (adjectifs et adverbes). En un mot, ce sont des embrayeurs
temporels.
1.2.3.5. Le contexte d'énonciation
Notons que, les messages sont émis dans une situation
de communication donnée. Et pour accéder à ces messages,
il est nécessaire de connaître cette situation de communication
afin d'identifier leurs indices ou marqueurs.
Selon DUBOIS et alii. (2007), le contexte de situation est
constitué par l'ensemble des conditions naturelles, sociales et
culturelles dans lesquelles se situe un énoncé, un discours. Ce
sont les données communes à l'émetteur et au
récepteur sur la situation culturelle et psychologique, les
expériences et les connaissances de chacun de deux.
Parallèlement aucontexte, d'après MATESO N.
(2010), le cotexte est l'interprétation des énoncés
immédiatement précédents, servant ainsi de
prémisses à la production d'un énoncé donné.
De cette définition,nous retenons que le cotexte explique
l'environnement d'un fait de langue en tant que zone linguistique et les
éléments concrets de discours.
1.2.3.6. Les relations dans le contexte
d'énonciation
Les relations qui existent dans le contexte
d'énonciation se passent, d'une part, entre le locuteur Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires et, d'autre part, entre lui
et ses énoncés.
Il faut donc établir des relations entre les faits
linguistiques (énoncés), les utilisateurs (locuteur et auditeur)
et les contextes dans lesquels les actes sont produits. L'objet du discours
d'un locuteur, quel qu'il soit, n'est pas objet de discours pour la
première fois dans l'énoncé donné, et le locuteur
n'est pas le premier à parler. L'objet est le lieu où se
croisent, se rencontrent et se séparent des points de vue
différents, des visions du monde, des tendances, pense UKUMU (2007).
Le langage comme une faculté qu'ont les hommes de
s'entendre au moyen de signes vocaux est considéré sous trois
orientations : la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. Cette
dernière est, comme le dit MEYER cité par UKUMU (2007), l'analyse
des rapports qu'instaure le discours entre les interlocuteurs,
l'établissement du sens et de vérité en tenant compte du
rôle des interlocuteurs et de l'interférence des contextes.
Par rapport à ce travail, nous nous
référons également à J. LEROT et Jean CORRASSE dans
nos analyses.
D'après J. LEROT (1983 :10), la pragmatique
étudie le sens complexe des énoncés, les conditions de
productions des actes de langages et établit des relations entre les
expressions linguistiques, les utilisateurs et les contextes dans lesquels ils
sont produits. Autrement dit, la pragmatique linguistique étudie les
conditions de l'énonciation. Elle met les énoncés en
relation avec leurs utilisateurs et les contextes dans lesquels ils sont
produits. Elle étudie la structure et les formes de la communication
linguistique.
Quant à Jean CORRASSE, cité par MATESO N.
(2010), la pragmatique peut être envisagée de deux points de
vue :
- Une pragmatique qui s'occupe de l'influence et des
conséquences du langage sur le contexte (extralinguistique),
optique proche d'AUSTIN. Comment modifier le monde en disant quelque chose,
comment agir sur le monde en disant quelque chose.
- Une pragmatique qui s'occupe de l'influence et des
conséquences du contexte sur le langage (dans quelle mesure ce qui est
dit, dépend des circonstances dans lesquelles cela est dit). Cette
perspective nous permet également de rendre compte de ce que l'on
appelle « la communication verbale », distincte des
comportements non verbaux.
Somme toute, l'énoncé considéré
comme une unité du discours, est l'élément clé de
la pragmatique. C'est pour cela que Jacques LEROT (1983 :10) le
définit comme unité du discours, c'est-à-dire une
unité communicative complète et unique.
- émise par un locuteur donné,
- adressée à un auditeur déterminé
(ou à des auditeurs),
- à un moment donné,
- à un endroit donné,
- procédant d'une intention communicative.
Pour notre cas, le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO, le Président de la RDC, s'adresse au peuple congolais,
considéré comme son interlocuteur pendant son discours
d'investiture comme Président de la République. Il s'agit d'une
prise de position ou d'engagement à travers ce discours.
S'agissant de la subjectivité langagière, ce
cadre théorique s'inscrit aussi dans les modalités
d'énoncé et celles d'énonciation.
1.2.3.7. Les modalités d'énoncé.
HELBO A. (1983 :82) affirme que c'est par rapport au
concept de « modalisation » que le terme de modalité
doit être compris. En effet, la modalisation peut
êtreconsidérée comme « l'adhésion que
donne à son discours le sujet qui l'émet.» Selon OSHIM E.
(2008), cette adhésion peut être ressentie par l'interlocuteur
tantôt comme soulignée,tantôt comme allant de soi,
tantôtcomme en baisse. En d'autres termes, c'est « le point de
vue du sujet parlant » ou encore « l'attitude de
l'énonciateur par rapport à son
énoncé. »
Les modalités d'énoncé, D'après
(OSHIM 2019), « jugent le dictum par rapport aux domaines
d'évaluation logique comme la vérité, la
nécessité, la possibilité, et leurs contraires, et par
rapport aux domaines d'évaluation appréciative. »
1.2.3.8. Les modalités d'énonciation
Selon OSHIM (2019), les modalités d'énonciation
sont attachées aux marqueurs syntaxiques, typographiques, et prosodiques
nécessairesà la réalisation des types de phrase assertif,
interrogatif, et injonctif. Chaque acte d'énonciation implique
obligatoirement la sélection de l'une d'elles à l'exclusion des
autres. On peut donc les qualifier d'obligatoires et d'exclusives. C'est sous
cet angle que Emile BENVENISTE (1966 :30) précise leur
rôle en disant : « ces trois modalités ne
font que refléter les trois comportements fondamentaux de l'homme
parlant et agissant par le discours sur son interlocuteur : il veut lui
transmettre un élément de connaissance, ou obtenir de lui une
information ou lui intimer un ordre. »
I.4. Présentation de
Félix AntoineTSHISEKEDI TSHILOMBO
Nous nous proposons, dans ce point de présenter
la biographie du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et
de donner le contexte du dire de son discours.
1.4.1 Biographie du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, naquit le 13juin
1963 à Léopoldville. Il est l'un de cinq enfants d'Etienne
TSHISEKEDI WA MULUMBA. Il vit à Bruxelles (Belgique). Il a
été le Secrétaire national de l'Union pour la
Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti de son
père, fondé le 15 février 1982. Il est l'héritier
politique d'Etienne TSHISEKEDI, qui fut d'abord proche de MOBUTU SESE SEKO KUKU
NGBENDU WAZA BANGA, puis, l'un des opposants farouches aux régimes de
MOBUTU, de KABILA Laurent Désiré et de Joseph KABILA. Il
entreprend ses études secondaires à Kinshasa, puis il travaille
plus tard dans des entreprises qu'il a cofondées avec son frère.
Il rejoint les rangs de l'Union pour la Démocratie et le Progrès
Social, parti dirigé par son père, et en devient l'un des cadres,
fin 2008. Il est nommé Secrétaire national de l'UDPS,
chargé de l'extérieur.
En novembre 2011, il est élu député
national à Mbuji-Mayi. N'ayant jamais siégé, il est
déchu de son mandat dès le 18juin 2013. En octobre 2016, il est
nommé Secrétaire Général Adjoint de l'UDPS. Il est
homme d'Etat congolais et devient aujourd'hui Président de la
République Démocratique du Congo, lors de l'élection
présidentielle de décembre 2018.
Au-delà de ceci, il convient de signaler que la
volonté de Joseph KABILA de repousser indéfiniment
l'élection présidentielle et de prolonger son mandat, a
créé une situation de crise politique en République
Démocratique du Congo. L'opposition, réunie au sein du
rassemblement de l'opposition (dont l'UDPS fait partie), négocie avec
Joseph KABILA la tenue de nouvelles élections. Etienne TSHISEKEDI
WAMULUMBA dirige les négociations pour le rassemblement et son fils fait
partie de la délégation, qui négocie. Les
négociations aboutissent aux « accords de la
Saint-Sylvestre » signés le 31 décembre 2016. A
l'issue de ces accords, l'opposition proposera un candidat au poste de premier
ministre en la personne de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. En mars
2017, Pierre LUMBI est nommé président du Conseil des sages du
Rassemblement de l'opposition, et est co-président du Rassemblement avec
Félix Antoine TSHISEKEDI TSILOMBO.
Le 7avril 2017, c'est finalement Bruno TSHIBALA qui est
nommé premier ministre de la République Démocratique du
Congo. Ce qui fait perdurer la crise au sein de l'opposition. Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est donc Président de la République
Démocratique du Congo à partir de 2018. Il est le
cinquième Président de la République Démocratique
du Congo. Il est élu deuxième vice-président de l'Union
Africaine, à l'issue du 32ème sommet qui s'est tenu le samedi 09
février 2019 à Addis-Ababa (Erreur !
Référence de lien hypertexte non valide.Consulté,
06 Décembre 2019 à 1h23 minutes).
1.4.2. Le contexte du dire du
discours du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
Cette partie annonce la présentation du contexte du
discours et la transmission des symboles du pouvoir entre l'ancien
Président Joseph KABILA et l'actuel Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de la RDC.
1.4.2.1 Présentation
du contexte du discours
Avec MOESCHLER nous disons que l'intention liéeà
un acte de langage ou à discours n'est jamais complément
accessible. Pour qu'un auditeur fasse sienne cette intention, il doit à
tout prix connaître le contexte cognitif de ce discours. Et que signifie
le contexte ?
Selon D. MAINGUENEAU, le contexte est le cadre intellectuel
relativement constant qui participe à la constitution de la trame du
discours du locuteur, et auquel ce dernier doit se référer ;
au cas contraire, son discours n'aurait pas de sens.
Félix TSHISEKEDI va officiellement devenir le
cinquièmePrésident de la RDC le jeudi 24 janvier 2019 et
succéderà Joseph KABILA, au pouvoir depuis 2001. Il s'agit de la
première alternance pacifique du pouvoir en RDC.
La journée s'annonce historique. Aux alentours de 12
heures GMT, Félix Antoine TSHISEKEDI, 55ans, doit prêter serment
au palais de la nation, siège de l'actuelle présidence, au bord
du fleuve Congo, où l'indépendance avait été
proclamée le 30 juin 1960.
La cérémonie doit avoir lieu en présence
de « Chefs d'Etats, des gouvernements et de
délégations », selon les autorités. Pour
l'heure, l'incertitude planait encore sur leur nombre. Dès le 20 janvier
2019, plusieurs chefs d'Etats africains avaient salué l'élection
de Félix TSHISEKEDI (l'Afrique du Sud, le Kenya, le Burundi et la
Tanzanie), tandis que d'autres s'étaient faits attendre un peu plus
longtemps.
L'Union africaine (UA) et l'Union européenne, dans un
communiqué conjoint, avaient plus froidement « pris
note » du résultat de l'élection toujours
contesté par l'opposant Martin FAYULU. L'UA et l'UE, tout comme les
Etats-Unis, se sont toutefois déclarés prêts à
travailler avec le nouveau président. Washington et Paris doivent ainsi
être représentés par leurs ambassadeurs en poste en RDC
https://www.jeuneafriquecom/174646/politique/rdc-felix-tshisekedi-didit-preterserement,
consulté le 01 octobre 2020 à 23h39'.
Comme indice dans le discours en voici
l'illustration :
L1 : Ce jeudi 24 janvier 2019
est un jour historique. C'est un jour rêvé par tous les acteurs
qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il a de noble, tout en
éveillant nos consciences.
Pour ce qui est de l'univers de cette déclaration du
Président de la RDC, son contexte pourrait se rapporter à
l'investiture au pouvoir depuis le 24janvier 2019. C'est ce qui se retrace
automatiquement à travers certains énoncés du discours. En
effet, il reconnaît les efforts fournis par ses
prédécesseurs depuis leur succession au pouvoir. Nous
retiendrons aussi les présupposés politiques liés au
même contexte :désormais, l'unité et
l'intégralité du pays connaîtront une nouvelle allure entre
ses mains. Le pays a connu la paix à l'intérieur autant que les
voisins ; la réconciliation nationale, le multipartisme politique.
Mais un moment, il a connu desdéchirements. Aujourd'hui, grâce aux
efforts de tout un chacun, tout est reconstitué. Il y a ce
bénéfice d'avoir vaincu les élections
présidentielles du 30decembre 2018.
1.4.2.2. Transmission des
symboles du pouvoir
Pendant la cérémonie d'investiture, le
Président élu a reçu « les symboles du
pouvoir » des mains de Joseph KABILA KABANGE, avant de prononcer un
discours. A 14heures, le Président sortant s'est retiré de son
bureau avec son épouse, tandis que le nouveau Président et la
première dame sont entrés dans la salle VIP, avant un
« entretien en tête-à-tête » à la
« fin de la cérémonie. »
Certes, cette description nous faitcomprendre clairement que
le discours du 24 janvier 2019 se situe dans le contexte d'investiture
du Président congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
I.4. Situation
géopolitique de la RDC
I.4.1.
Généralités
La République
Démocratique du Congo inclut la plus grande partie du bassin du fleuve
Congo, qui couvre une superficie de plus d'un million de kilomètres
carrés. Le seul débouché maritime du pays est un
étroit territoire sur la rive nord du fleuve (région de Moanda
dans la province du Congo central).
La vaste zone de basse altitude du centre du pays est un
plateau façonné par le bassin du fleuve s'écoulant vers
l'ouest, et couvert d'une importante forêt tropicale. Cette zone est
entourée de terrasses montagneuses telles que les monts Mitumba,
à l'Est, et les montagnes de Virunga, au nord, de plateaux couverts de
savanes, au Sud et Sud-Ouest, le Nord étant bordé au-delà
du fleuve par laforêt dense. De hautes montagnes se trouvent à
l'extrémité orientale du pays (région du Grand-rift).
La République Démocratique du Congo est
traversée par l'équateur, avec un tiers du pays se trouvant au
Nord de cette ligne. Le climat est chaud et humide dans la région du
bassin fluvial, et plus sec et plus frais vers le sud. Au sud de
l'équateur, la saison des pluies dure d'octobre à mai, et, au
nord, d'avril à novembre. Au niveau de l'équateur, les
précipitations sont relativement constantes tout au long de
l'année. Durant la saison des pluies, les orages sont violents, mais ne
durent que quelques heures. Le niveau de précipitation moyen pour
l'ensemble du pays est de 107 centimètres d'eau.
I.4.2. La Géographie
physique
La République Démocratique du Congo, avec ses
2345 410km², est le deuxième plus grand pays d'Afrique,
après l'Algérie. Elle est environ 33 fois plus grande que le
Benelux et quatre fois plus que la France, quatre-vingts fois plus grande que
la Belgique et de superficie légèrement inférieure au
quart de celle des Etats-Unis. Elle est occupée en grande partie par le
bassin du Congo et ses affluents, avec sa superficie de 2345 410km². Par
sa superficie, elle occupe la 11e place au monde.
I.4.3. Structure du
territoire
Partageant sa frontière avec neuf pays d'Afrique, la
RDC est limitée, au nord, par la République Centrafricaine et le
Soudan du Sud ; à l'Est, par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la
Tanzanie ; au Sud, par la Zambie et l'Angola et, à l'Ouest,
parl'enclave angolaise de Cabinda et la République du Congo (Congo
Brazzaville).
A l'Est, la frontière suit l'axe tectonique de ses
grands lacs sur une largeur de 1400kms dans une direction à peu
près Nord-sud. Avec l'Ouganda, la limite est marquée par le lac
Albert, la rivière Lubirihia, le Ruwenzori et le lac Eduard ; avec
le Rwanda, par le lac Kivu ; avec le Burundi, par le Ruzizi et le nord du
lac Tanganyika ;avec la Tanzanie, par les 600kms du lac Tanganyika et,
enfin, avec la Zambie par le lac Moero et le Luapula. A l'Ouest, le fleuve
Congo départage la RD Congo et la République du Congo. Son
territoire se déploie entre 5degrés 30 minutes de latitude Nord
et 13 degrés 50 minutes de latitude Sud. En longitude Est de Greenwich,
il va de 12 degrés 15minutes à 31degrés 15minutes.
I.4.4. Relief et
géomorphologie
Le relief de la République Démocratique du
Congo est nettement caractérisé. La cuvette est une immense
dépression, traversée par le fleuve Congo et ses affluents. Elle
a une altitude moyenne de 400 mètres ; son point le plus bas (340
mètres) est situé dans la région des lacs Tumba et
Maindombe. Des plaines et plateaux étagés la raccordent au
bourrelet périphérique. Celui-ci ne dépasse pas 600
mètres sur son rebord nord. Il atteint 1000 mètres dans les monts
de cristal (Maindombe) parallèles à la côte atlantique en
aval de Kinshasa. Bien que peu élevés, ces monts constituent un
obstacle majeur à l'écoulement du fleuve qui y a creusé un
passage étroit en formant trente-deux chutes et rapides.
Plutôt étroite, la plaine côtière
est formée par l'estuaire du Congo et les terres alluviales
déposées par ce fleuve, qui est le deuxième d'Afrique par
la longueur. L'énorme territoire congolais ne communique avec
l'océan Atlantique que par cet étroit couloir d'à peu de
chose près, 40 kilomètres de large. Cette zone
s'élève progressivement vers l'Est. Sur le plan
géographique, on note une prédominance de roches gréseuses
et calcaires. Elles ont été abandonnées par la mer.
A l'Est, d'importantes chaînes montagneuses ou de
puissants massifs montagneux le long de grands lacs d'Afrique, notamment, les
lacs Tanganyika, Kivu, Edouard et Albert, constituent la bordure occidentale.
En raison de séisme et de guerre, ce coin de la RDC est moins
peuplé que d'autres. Cette partie montagneuse continue vers le Sud- Est
du pays avec des montagnes, comme l'Uogoma, le Virunga le long de la
frontière Rwandaise, dont certains sommets atteignent plus de 3100
mètres, d'une part, entre les rivières Kwango et Kwilu, d'autre
part, au Sud du Katanga ou les monts Kundelungu, à l'Ouest du lac Moero,
atteignent 1600 mètres. (
https://www.universalis.fr-/congo/1-geographie-rdc,
consulté, le 03 Décembre 2019, à 00h52minutes).
Conclusion partielle
Nous voici à la fin de ce chapitre. Nous nous sommes
d'abord attelé à définir quelques concepts-clés qui
soutiennent notre sujet. Ces concepts sont : subjectivité,
langagière, discours et investiture. Sous le même dédale,
nous avions, ensuite, touché le cadre théorique relatif à
la pragmatique, à la théorie de l'énonciation et à
celle des actes de langages. Puis, nous avons présenté le
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Enfin, la situation
géographique de la République Démocratique du Congo a
été notre préoccupation. C'est ce qui a mis fin à
ce premier chapitre.
Le deuxième chapitre s'attèlera à
développer le cadre énonciatif du discours.
DEUXIEME CHAPITRE :
CADRE ENONCIATIF DU DISCOURS POLITIQUE D'INVESTITURE DE Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO.
II. 0. Introduction
Ce cadre se rapporte tout singulièrement à ce
queE. BENVENISTE et J. LEROT appellent respectivement « cadre
énonciatif », « appareil formel de
l'énonciation » et « contexte
d'énonciation », affirme OSHIM, E., (2006). Il nous place dans
l'instance même du discours. En ce qui nous concerne, c'est celui de
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lors de son investiture.
Dans cet environnement, il se construit plusieurs rapports
entre les éléments constitutifs. Il y a notamment le rapport que
le locuteur, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOétablit entre lui
et son interlocuteur (peuple congolais), celui qu'il noue avec son
énoncé età travers celui-ci,pour aboutir aux
modalités. Nous nous proposons icid'examiner ces rapports.
II. 1.Appareil formel de
l'énonciation
II. 1.1. Les protagonistes
D'aprèsMAINGUENEAU (1976 :99), « dans
le rapport qui est souvent établi entre énonciateur et
allocutaire, le langage est considéré comme une
activité entre deux protagonistes.»
Nous tenterons d'analyser le rapport entretenu entre le
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et son interlocuteur (peuple
congolais) ; le rapport avec son énoncé, comme nous l'avions
dit supra.Rappelons que le langage est un acte individuel parlequel la langue
est utilisée. Le Président Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBOest le sujet de l'énoncé et de l'énonciation dans
la plupart des énoncés. Par ailleurs, Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBOrecourt au discours rapporté. Par rapport au
discours rapporté, prenons les exemples suivants :
L37-38 : Ensuite, au premier Ministre Patrice EMERY
LUMUMBA qui déclara je cite : « Pour la
dignité de l'Afrique, j'accepte ma mort.»
L41-42 : Enfin, au Président
Laurent-Désiré KABILA particulièrement attaché
à l'idéologie de « Ne jamais trahir le Congo.
»
II.1.1.1.L'énonciateur
Dans ce discours, le Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO est énonciateur. Nous savons qu'en parlant, chaque
personne a sa manière spécifique d'exprimer ses propres
pensées. Ainsi, un énoncé est souvent le résultat
duchoix des mots opérés par l'énonciateur sur le plan
phrastique et conceptuel. Considérons les phrases suivantes :
L 7-9 : Nous voulons construire un Congo fort
dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère
patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et la
sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa
place.
L 14-16 : Cinquante-neuf ans après notre
indépendance, le peuple congolais réalise par son engagement
démocratique, une transition du pouvoir entre un président
élu sortant et un Président élu entrant.
L 4-6 : Nous ne célébrons pas la
victoire d'un camp contre un autre. Nous honorons un Congo
réconcilié. La République Démocratique du Congo que
nous formons ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du
tribalisme.
A travers ces énoncés, «
nous »renvoie à l'énonciateur et au sujetFélix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
Dans ce discours d'investiture, le «
moi-TSHISEKEDI » s'exprime de plusieurs manières et selon
sa position syntaxique dans l'énoncé.
Dans les exemples ci-dessous, le « je »
remplit la fonction du sujet.
a. « je » (ou j')
L415-417 : Je
souhaite bénéficier de l'expérience et de la sagesse
individuelle et collective des collègues Chefs d'Etats présents
ou représentés afin de matérialiser notre engagement
commun pour la Renaissance africaine.
L418-419 : Je
suis déterminé par ailleurs...plus forte et
autonome.
b.
« ma »
Remarquons que dans ces extraits,« je »
devient « ma » qui est alors un adjectif possessif.
L448-450 : Au nom du peuple congolais que je
représente en ma qualité de Président de
la République, je tiens à vous réitérer toute
ma gratitude pour avoir rehaussé de votre
présence cette cérémonie d'investiture.
c.
« nous » -- je +Ö
Ici, c'est le cas de « nous » de
majesté qui ne désigne que le Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO seul.C'est le « nous »
exclusif.
L17-19 : Nous
tenons à exprimer pour la première fois devant vous, ...
Cette confiance sera pour nous un soutien indispensable dans
l'exercice.
L28-29 : Nous
tenons à rendre hommage à tous nos héros, tous nos
martyrs, à nos compatriotes qui sont tombés sur le champ
d'honneurpour la cause de la démocratie et de
l'alternance.
Il faut noter que le « nous
» pronom personnel représentant « je
+Ö » est soit, sujet de l'énoncé ; soit
C.O.I.
251646976d. « nous »,
« je » +« tu », « vous »
Sous ce point, le
« nous » représente le Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et le peuple congolais. C'est donc le «
nous » inclusif. En voici, quelques énoncés qui
illustrent notre propos :
L125-127 : Nous
n'oublions rien de nos combats politiques, des moments difficiles
traversés. Nousavons vécu au cours des
décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes
tensions dans un climat politique non apaisé.
251645952e. « Nous
» -- « je » locuteur + tu + il (non-personne)
« Nous » peut aussi
désigner la 1e, la 2eet 3ème
personne, c'est-à-dire aller au-delà du locuteur
«je » et de l'allocutaire « tu ». La
grammaire nous rappelle, lorsque « nous » est adjectif
possessif, il a la forme de « notre » ou
« nos » suivi d'un mot qui peut être un adjectif ou
un nom.
C'est ce qui transparaîtdans les lignes
ci-dessous :
e.1. Avec « notre »
Ce qui est à remarquer dans ces différentes
phrases, est que les adjectifs possessifs avec les mots dont ils sont
déterminants peuvent remplir diverses fonctions : sujets ou
compléments. En voici quelques énoncés :
L24-27 : A cet instant où une...
notre peuple, ce vaillant peuple combattif n'a jamais perdu
espoir. Notre force collective réside dans
notre attachement aux valeurs universelles de paix, ...
citoyen.
Au regard du premier énoncé,
notredans les deux premiers contextes avec les mots qu'il
précèdeest considéré comme groupe
« sujet »et dans le cas suivant, il est groupe
ou« complément circonstanciel de
lieu. »
L33 : Ce moment inédit de
notre histoire est aussi un instant
privilégié.
Dans le deuxième énoncé,
notre+ nom (GN) estconsidéré comme
« complément déterminatif. »
e.2. Avec
« nos »
L46-47 : ...Nos pensées
se dirigent vers tous les candidats qui ont participé à
l'élection présidentielle du 30 Décembre
2018. L87 : Outre nos citoyens civils,... sont
nos forces de défense...
L164 : En communion avec nos
pères fondateurs...
Force est de noter que la plupart des énoncés
constituant ce discours incluent le Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses compatriotes congolais, c'est-à-dire
« moi- Félix TSHISEKEDI » et vous, mes
frères congolais. Ce qui revient à« nous »
inclusif comme nous l'avons relevé plus haut.
II.1.1.2. Le destinataire (l'allocutaire, le
récepteur)
D'après DUBOIS et alii. (1994), on appelle parfois
allocutaire le sujet parlant considéré à la fois comme
celui qui reçoit des énoncés produits par un locuteur et
comme celui qui y répond (V. interlocuteur) ; au sens plus
précis de « celui qui se voit adresser le message »,
on emploie le plus souvent le terme de destinataire. « Toute
énonciation est allocution. » Cette relation postule un
« je » ou « tu », un
« tu » ou « vous. »
Notre attention portera ici sur l'étude des indices de
présence de l'allocutaire. Car comme, le dit TIBASIMA J. (2017),
« La fonction conative est attachée au destinataire à
qui le locuteur adresse un message pour l'informer ou pour lui faire prendre
connaissance de quelque chose. »
Le discours sous analyse est destiné aux personnes
diverses que le Chef de l'Etat énumère de la manière
suivante : Majestés, messieurs, Chefs d'Etats, de différentes
délégations, Union Africaine, différents invités
venus de divers coins du monde sans oublier les compatriotes congolais.
A présent, voici les indices que nous avons
relevés par rapport à l'allocutaire :
a. Selon sa position syntaxique dans
l'énoncé.
L'allocutaire peut désigner une seule ou plusieurs
personnes selon le cas.
En effet, le Président Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO, remercie tous les congolais ainsi que les étrangers
présents ou non à cette grande cérémonie.
251625472 « Vous »
« te » + « te
L32 : Je vous
remercie.
« Vous », qui est pronom
personnel, remplit la fonction de complément d'objet direct. «
Vous » est allocutaire ici.
En nous référant à KERBRAT- ORECCHIONI
(1980 :23), schématisons les récepteurs ou allocutaires dans
le discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de la
manière suivante :
251627520
Non-allocutaire(s)
(Selon les cas)
251629568
Allocutaire(s)
(Selon les cas)
251628544251626496
Récepteurs
251639808
-Compatriotes (congolais)
- Majestés
-Le Secrétaire Général des Nations-Unies
- Les chefs d'Etats,
-Distingués invités
- Compatriotes (congolais)
- L'union Africaine
- L'Union Européenne
- La MONUSCO
- Etc.
251630592
Prévus par le locuteur
(F.A.T.T.)
251631616
Non-prévus par le locuteur
(F.A.T.T.)
251632640
251641856
Récepteurs additionnels ou aléatoires
251634688
Destinaires indirects
251633664
251635712
251644928
- Peuple congolais
- Gouvernement
- Politiciens
- Etudiants
- Etc.
251636736
-Etrangers
-Belgique
-France
- Etc.
251637760
Commentaire
Dans ce schéma, les récepteurs sont
constitués des allocutaires, d'un côté, et de non-
allocutaires, de l'autre. Ces derniers, selon les cas, sont divisés en
non-allocutaires prévus par le locuteur et en non- allocutaires non
prévus, c'est-à-dire ceux qui sont absents à la
cérémonie d'investiture.
II.1.2. Hic et nunc
Dans le discours, il existe toute une série des moyens
pour désigner l'endroit où je se trouve :
c'est « ici », et le moment où
« je » parle : c'est
« maintenant. » Ces moyens constituent des
marqueurs de positions spatiale et temporelle, affirme OSHIM (2008).
Relevons-les dans les lignes qui suivent.
II.1.2.1. Marqueurs de position temporelle
Pour décrire l'axe temporel du discours du
Président, nous avons emprunté à J. LEROT sa projection
déictique à travers laquelle le locuteur, centre de
l'énonciation, situe les événements par rapport au temps
d'énonciation « to » et les considère
rétrospectivement, simultanément ou prospectivement selon que le
temps de l'évènement
« ti » est
antérieur, contemporain ou postérieur à (to)
La projection schématisée se présente de
la manière suivante :
251652096251653120 to
251649024
251651072
251650048
ti
251657216
ti
251658240
Exemples : hier maintenant
demain
Ce sous-point consiste à repérer les marqueurs
ou les indices temporels du discours du Président, avec le double
objectif de les catégoriser et de les interpréter en fonction de
la projection déictique ci-dessus.
Catégorisations des marqueurs de position
temporelle
Le cadre temporel de référence étant le
temps d'énonciation, nous établissons une tripartition du temps
selon que (ti) se situe avant, pendant ou après.
A. Selon que (ti) se situe pendant (to) (c'est ce
qu'on appelle simultanéité en grammaire)
L24 : À cet instant ou
une partie de l'aboutissement de ce combat prend toute sa dimension historique,
...
L33 :Ce moment inédit de
notre histoire est aussi un instant privilégié pour
célébrer différents acteurs présents et
passés...
L1 : Ce jeudi 24 janvier 2019
est un jour historique. C'est un jour rêvé par tous les acteurs
qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il a de noble, tout en
éveillant nos consciences.
B. Selon que ti se situe après to (la
postériorité en grammaire)
Relativement au temps futur, les marqueurs des temps sont
souvent exprimés en grammaire à l'aide de la flexion temporelle.
L187-188 : Nous ferons de la
réconciliation nationale l'une de nos priorités. Nous sommes
convaincus de l'urgence de mettre en place rapidement une véritable
procédure...qui réunira toutes forces
vives.
L321-322 : Nous travaillerons
pour rendre le climat des affaires plus attractif et compétitif
notamment par l'aménagement de la fiscalité en faveur du
développement.
C. Selon que ti se situe avant to
(Antériorité en grammaire)
L125-126 : Nous n'oublions rien de combats
politiques, des moments difficiles traversés.Nous avons
vécu au cours des décennies des périodes
d'incertitudes et d'extrêmes tensions dans un climat politique non
apaisé.
L46 : Nos pensées se dirigent
également vers tous les candidats qui ont
participé à l'élection présidentielle
du 30 décembre 2018.
II.1.2.2. Marqueurs de position spatiale
OSHIM (2019), souligne que par marqueurs de position
spatiale, il faut entendre : « un ensemble de
procédés linguistiques utilisés pour situer les objets
dans l'espace, par référence au lieu. » Il s'agit ici
du lieu d'énonciation. Ce lieu est exprimé à travers la
deixis spatiale.
Selon LEROT (1983 :180),la deixis spatiale constitue un
ensemble de « procédés linguistiques utilisés
pour situer les objets dans l'espace par référence au lieu
d'énonciation où se trouve nécessairement le
locuteur. »
En effet, « ces indices de lieu ou d'ostension,
n'ont d'existence que par la relation avec la présente instance de
discours.
Pour décrire ces marqueurs, nous nous appuyons ici sur
le lieu d'énonciation, la proximité des interlocuteurs et les
propriétés spatiales des objets.
A. Le lieu d'énonciation
« ici » et
« où »
« Le lieu d'énonciation est une constance
linguistique. Cependant, cette constance est devenue une variable pragmatique
puisque son interprétation référentielle varie en fonction
des instances de l'énonciation. »
Dans le discours du Président, le lieu
d'énonciation est exprimé par l'adverbe
« ici »
et« où », ce dernier,
considéré comme adverbe interrogatif désignant à
quel endroit, dans quel endroit etc. Néanmoins, une précision
relative caractérise le lieu désigné par
« ici ». C'est le contexte interne de la
phrase ou l'énoncé, c'est-à-dire son environnement qui
détermine son extension. Cependant
« ici » représente soit un locatif,
référent réel et matériel, soit un locatif qui
réfère plus précisément au contexte ou tout
simplement au référent cotextuel. Examinons-le dans les
énoncés suivants :
B. Au premier niveau
« ici »
Notons que si l'on
interprétait « ici » dans le sens de maintenant
il serait considéré comme un déictique temporel. Et il ne
représenterait pas un vrai locatif.
En témoignent les exemples suivants :
L52-55 : C'est ici,
également l'occasion de témoigner notre profond respect et
sincère admiration à l'endroit de notre frère Martin
FAYULU MADIDI, avec lequel nous avons mené ce combat politique depuis
plusieurs années. L'engagement de ce véritable « soldat
du peuple » est un exemple pour la vitalité de notre
démocratie et la responsabilité civique de chaque
congolais.
L115 : Nous voudrions ici lui
témoigner toute notre affection et la reconnaissance de la nation toute
entière.
Au second niveau, considérons «
où »
C'est ici que
« où » est considéré
comme vrai locatif indiquant la République Démocratique du Congo.
Et signifiant « dans lequel. »
L162 : Un Etat où chaque
institution va jouer son rôle dans un cadre du principe de
séparation des pouvoirs.
II. 2. Rapport entre le
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses
énoncés
La notion de distance est définie comme « un
rapport établi par le locuteur entre lui et son
énoncé, ou encore comme une distance relative que le sujet met
entre lui et son énoncé » (MAINGUENEAU, 1976
:119). Cette distance peut tendre vers zéro ou être maximale.
II.2.1. La distance tendant vers
zéro
Nous rappelons que le moment où un
« discours tend vers zéro, c'est quand le sujet prend
totalement en charge son énoncé : cette prise en charge
apparaît à partir du moment où le « Je/
Nous » de l'énoncé et le
« je/nous » de l'énonciation s'identifient
parfaitement (MAINGUENEAU, 1976 : 119)
Autrement dit, le sujet de l'énonciation
équivaut au sujet de l'énoncé,
Soit ?o =S1.
Illustrons cette distance par les exemples suivants :
L159 : Ainsi, j'invite
chaque citoyen congolais à concrétiser les piliers de notre
projet...ou de ses responsabilités, ...
L35 : Nouspensons tout d'abord au Président
Joseph KASA-VUBU.
L7 : Nous voulons, construire
un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à
la mère patrie. Un Congo tourné vers le développement dans
la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun
mérite sa place.
Le « Je- TSHISEKEDI » dans le premier
exemple et le « Nous- TSHISEKEDI » dans le
deuxième exemple voiretroisième sont à la fois les sujets
de l'énoncé et ceux de l'énonciation. En effet, le
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est en même temps
locuteur et énonciateur. Ce rapport peut être
représenté symboliquement de la manière suivante :
?o= S1= Je, nous
II.2.2. La distance maximale
A présent, le locuteur ou l'énonciateur n'est
pas sujet de l'énoncé. Il raconte les événements
passés dans lesquels il n'intervient pas. A côté du
locuteur, Antoine Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO se projette d'autres
énonciateurs, à savoir les Héros, ...Pour l'illustrer,
nous avons retenu les passages suivants:
L37 : Ensuite, au Premier Ministre EMERY LUMUMBA
qui déclara je le cite « pour la dignité de l'Afrique,
j'accepte la mort.
L41 : « Enfin, au Président
Joseph-DESIRE KABILA particulièrement attaché à
l'idéologie de « ne jamais trahir le Congo. »
Ce sont les hommages que le Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO adresse aux illustres disparus, à savoir
les héros, Patrice Emery LUMUMBA et Joseph DESIRE KABILA. Il relate les
faits passés sans prendre position.
Le sujet reste les braves personnes citées dans
ces exemples. Ils sont en relation de rupture avec le sujet
d'énonciation qui est le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO.
A ce niveau, voici lareprésentation de la relation de
rupture :
Soit ?o w S1
Mais alors, quelles sont les marques de subjectivité
que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a
imprimées sur ces énoncés ?
II. 3. Modalités
D'après DUBOIS et alii. (1994),la
« modalité » a comme synonyme mode ; elle
définit le statut de la phrase : assertion, ordre ou
interrogation.
En grammaire générative, la modalité
est, avec le noyau, constituant immédiat de la phrase de base. Ce
constituant de modalité (Mod)représente les
éléments obligatoires suivants : Déclaratif,
Interrogatif, Exclamatif et Impératif, et les éléments
facultatifs : Emphase, Négatif (ou affirmatif), Passif (ou Act).
Nous disons, dans ce même ordre d'idées que
l'action peut être mise en doute, affirmée, comme réelle ou
éventuelle. Les modes verbaux se combinentà la sémantique
des verbes et par là créent les aspects. Ce qui justifie, leurs
répartitions en modalités d'énonciation et en
modalités d'énoncé.
II.3.1. Les modalités
d'énonciation
Pour Le Querler (1996 :63), les modalités
d'énonciation sont la marque de rapport entre le sujet
énonciateur et un autre sujet. A travers ces modalités, le
locuteur ordonne, conseille, suggère, demande, ... à quelqu'un
d'autre de faire quelque chose. Pour ce faire, nous rappelons que l'emploi des
modalités énonciatives laisse transparaître la
présence d'une communication intersubjective entre des sujets.
Dans le même ordre d'idées, RIEGEL et alii.
(2009 :580) affirment que les modalités d'énonciation
renvoient au sujet de l'énonciation en marquant l'attitude
énonciative de celui-ci dans sa relation à son allocutaire,
tandis que les modalités d'énoncé renvoient au locuteur en
marquant son attitude vis-à-vis du contenu de l'énoncé.
Au regard des définitions suscitées, nous
constatons que les modalités d'énonciation et les
modalités d'énoncé s'opposent sur plusieurs plans.
Par ailleurs les modalités d'énonciation et les
modalités d'énoncé,reviennent à
reconsidérer, d'une part, l'attitude du locuteur dans sa relation
interpersonnelle avec le destinataire de son discours, et, d'autre part,
l'attitude du locuteur face à son énoncé.
S'agissant des modalités d'énoncé, elles
établissent un lien entre le locuteur et son discours,
c'est-à-dire elles expriment les jugements qu'un locuteur émet
sur son propre énoncé. Et puis les modalités
d'énonciation mettent en relation le locuteur avec son allocutaire, ce
qui revient à direqu'elles privilégient la relation
interpersonnelle entre le locuteur et son allocutaire.
En linguistique de l'énonciation, il existe quatre
types d'énoncés (tout énoncé ou phrase appartenant
au moins à l'une des modalités). Il y a l'énoncé
déclaratif ou assertif, l'énoncé impératif ou
injonctif, l'énoncé interrogatif et l'énoncé
exclamatif.
Il convient de noter qu'en parcourant le discours sous
analyse, nous n'avons pas repéré le cas d'énoncé
interrogatif. Et même le cas d'énoncé injonctif qui
n'apparaît pas clairement.
II.3.1.1. Enoncés déclaratifs
En considérant le Petit Robert (2016), ces
énoncés sont appelés également,
énoncés assertifs. Ils affirment quelque chose sur le monde
réel. »
A ce propos, OSHIM (2019) affirme que ces
énoncés déclaratifs, par convention, sont des actes
d'assertion (affirmer quelque chose).
C'est ce que nous découvrons dans les exemples suivants
:
L22-23. Le peuple congolais a fait de chacun d'entre nous
des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat
quotidien.
L164-165 :En communion avec nos pères
fondateurs, nous pouvons valablement formuler pour les
générations futures les promesses qui inspirent notre
engagement.
L187-189 : La réalisation de ces
engagements se traduit par la mise en place d'un plan coordonné de
gouvernance avec des actions immédiates et déterminations sur le
plan militaire, politique, diplomatique, socio-économique, humanitaire
et environnemental.
II.3.1.2.Enoncés injonctifs
Les énoncés injonctifs ou tout simplement les
phrases impératives servent à donner un ordre, un conseil ou une
interdiction. Elles se terminent par un point ou un point d'exclamation.
Ces énoncés sont associés habituellement
à un acte d'intimation ou d'injonction (ordonner à quelqu'un de
faire quelque chose, au sens large, de la prière à l'ordre vif,
en passant par le conseil). Ils se caractérisent par l'absence de sujet
du verbe quand celui-ci est au mode impératif. Disons que les injonctifs
apparaissent ici à travers le verbe modal :
« devoir » et le verbe
« demander » qui expriment un ordre
explicite dans énoncés.
En voici quelques illustrations :
L318-320 : « Le gouvernement
devra réaménager le code des investissements
afin de favoriser de nouveaux projets ayant un impact sur des zones
géographiques ou des secteurs d'activités cibles définis
en fonction des propriétés nationales. »
L366-368 : « Nous demandons
au gouvernement de prendre des mesures rapides pour la
réhabilitation des hôpitaux de référence, la
construction de plateforme de santé et la mise d'un système de
couverture sanitaire à travers des mutuelles de
santé. »
II.3.1.3. Enoncés exclamatifs
Les énoncés exclamatifs sont ce que la grammaire
considère comme des phrases exclamatives. Ils sont souvent
caractérisés par l'emploi de mots exclamatifs et par une
intonation descendante.Ces énoncés peuvent traduire la joie ou la
tristesse, la fierté, ou l'étonnement, l'indignation ou la
colère et l'intensité du sentiment.(
https://www.espacefancais.com/les-modalites-dans-la-phrase,
Consulté le 23 Février 2020 à 23h41 minutes).
L452 : Vive la République
Démocratique du Congo.
L453 : Vive la Renaissance africaine.
Le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
exprime sa joie d'être venu après une longue attente. Son
sentiment consisterait en une simple manifestation de reconnaissance envers les
différentes personnes, qui ont rehaussé de leur présence
la cérémonie d'investiture. Les énoncés rappellent
également la considération du Chef de l'Etat au peuple congolais
età l'Union africaine.
II.3.2. Les modalités de
l'énoncé
A en croire Nølke et alii. (1993 :43), les
modalités d'énoncé expriment le regard porté par le
locuteur sur le contenu de son message.
D'après OSHIM (2019),elles renvoient au sujet de
l'énonciation en marquant son attitude vis-à-vis du contenu de
l'énoncé.
Les modalités d'énoncé expliquent
l'aspect que l'énonciateur évalue dans le contenu de
l'énoncé.
Ainsi, il est important de relever la subjectivité du
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, à travers les
modalités soit appréciatives, soit logiques.
II.3.2.1. Les modalités logiques
D'après OSHIM E. (2019), les modalités logiques
sont parfois complétées par d'autres valeurs modales qui font
intervenir la subjectivité du sujet dans le jugement de
vérité.
Les modalités logiques peuvent traduire la
probabilité, (probablement), le doute (peut-être), l'obligation
(falloir) ou la certitude (sûrement). Leurs marques sont notamment les
verbes modaux commesavoir, pouvoir, vouloir, croire, etc.Analysons dans les
énoncés du discours du Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO.
II.3.2.2. Probabilité Vs possibilité,
à l'aide des verbes modaux.
L131-132 : Mais chacun de ces moments n'a
pu altérer votre détermination à
permettre au peuple congolais de se choisir librement ses
dirigeants.
L369-369' : Nous ne
pouvons pas accepter un système de santé
défaillant au péril de la vie de nos concitoyens.
Le verbe modal « pouvoir », dans
les énoncés, exprime la probabilité.
II.3.2.3. Contingence vs nécessité
Le mot « contingent » selon Le Petit
Robert (2016), se définit comme : « Qui peut se
produire ou non » et le « nécessaire » :
« ce qui est indispensable pour, qui arrive infailliblement. »
C'est ce qui justifie la production des énoncés suivants :
L96-97 : Nous voulons valoriser par
une plus forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux
valeurs républicaines qui régissent notre nation.
L7 : Nous voulons construire un
Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la
mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans
la paix et sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun
mérite sa place.
Dans ces exemples, le verbe
modal « vouloir » suivi des
infinitifs« valoriser » et
« construire » ont servi d'expression de sentiment, de
souhait du Chef de l'Etat, celui qui consiste à assurer le
développement etla sécurité du pays.
II.3.2.4. Les modalités affectives et
appréciatives
Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980 : 71) propose autour
de termes « modalités affectives et
« appréciatives », deux notions pour les
comprendreà savoir la notion d'objectif et celle de subjectif. Il y
ad'une part, la notion d'« objectif », dont la classe
dénotative a des contours relativement stables ; d'autre part,
celle de « subjectif », dont l'ensemble est flou. Par
rapport au dernier terme, il s'établit la distinction entre les
modalités affectives, qui relèvent de la réaction
émotionnelle, correspondant à tout jugement ou évaluation
du locuteur et les modalités axiologiques, qui impliquent un jugement de
valeur, positif ou négatif, autrement dit, une appréciation en
termes de bon et mauvais (axiologique) ou en modalisations, selon le vrai, le
faux ou l'incertain (épistémique). Notons également
leséléments adverbiaux variés tels
que« également », « aussi »,
etc. Enfin, signalons sur le plan morphologique les désinences
verbales.
Illustrons ces notions par les exemples suivants :
Par rapport à l'affectivité
Quoi qu'il en soit, le concept affectivité
émerge dans le cadre de l'institution moderne du sujet et de la
subjectivité. Le mot signifie « ensemble des sentiments, par
opposition à ce qui relève du raisonnement ;
sensibilité. En effet, le discours du Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO relève d'un choix lexical particulier dans
un sens donné.
Ø Des verbes.
L1-2 : « rêvé » dans
l'énoncé : C'est un jour
rêvé par tous les acteurs qui ont porté
notre beau pays dans ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos
consciences.
L48 : « Saluer » dans
l'énoncé : Nous saluons la
participation importante des femmes candidates aux différents
scrutins...
Le verbe « saluer » fait allusion
à une série d'encouragement qu'exprime le Chef de l'Etat
vis-à-vis de la candidature féminine ; c'est pourquoi, il
témoigne qu'il existait une déconsidération à ce
niveau-là.
L56 : « Partager » dans l'extrait
suivant : Nous partageons aussi un sentiment
patriotique commun avec le camarade Emmanuel RAMAZANI SHADARY et les
autres...
A ce niveau, le verbe partager prouve davantage la passion
qu'éprouveFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOenvers ses camarades
avec qui, ils ont mené ensemble la course électorale ; bien
qu'il ait réussi, sa considérationenvers eux est certaine.
L52 : « Témoigner » dans le
passage : C'est ici, également l'occasion de
témoigner notre profond respect et sincère admiration à
l'endroit de notre frère Martin FAYULU MADIDI, avec lequel...
Ici, également le Président Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO éprouveun amour fraternel à l'égard
de son frère Martin FAYULU MADIDI avec qui ils ont mené la course
électorale ensemble.
Ø Des adjectifs
L96-97 : « Nous voulons valoriser par une
forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes
aux valeurs républicaines qui régissent notre
nation. »
L22-23 : « Le peuple congolais a fait de chacun
d'entre nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes
dans la souffrance de leur combat quotidien. »
L96-97 : Nous voulons, valoriser
par une plus forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux
valeurs républicaines qui régissent notre nation.
« Cher » et
« beau » dans :
« Chers compatriotes. »
(p.2)
L1-2 : « c'est un jour rêvé
par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans
ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos consciences. »
On peut également signaler l'insertion des
éléments linguistiques dans le discours :
Ø L'adverbe modal appelé autrement adverbe
d'énonciation
« Egalement »
L43 : « Nos pensées se dirigent
également vers tous les candidats qui ont
participé à l'élection présidentielle du 30
décembre 2018. »
« Particulièrement »
L41 : « Enfin, au Président
Laurent-Désiré Kabila particulièrement
attaché à l'idéologie de « ne jamais
trahir le Congo. »
Il y a également le choix lexical particulier pour
exprimer notamment le regret avec le verbe modal
« pouvoir » et la négation dans :
L64-65 : Nous ne pouvons, nous permettre de
faire l'économie d'un travail exhaustif d'évaluation.
Cela étant, que disons-nous alors des relations
entretenues par Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, entre
sesallocutaires et lui ?
II.3.3. Relation dans les
contextes d'énonciation
II.3.3.1. La relation de symétrie conventionnelle
entre Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses allocutaires
- « Nous » est inclusif.
Il s'agit de « je » ou « nous »
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et « tu »
ou « vous » peuple congolais.
Illustrations:
L125 : « Nous n'oublions rien de nos
combats politiques, des moments difficiles traversés. Nous avons
vécu au cours des décennies des périodes d'incertitudes et
d'extrêmes tensions dans un climat politique non
apaisé. »
L422-423 : « A la communauté
internationale, nous tenons à dire que dans le respect
de notre souveraineté, nous sommes un membre actif de
l'organisation des Nations Unies. »
II.3.3.2. La relation d'asymétrie formelle entre
TSHISEKEDI-nous et ses interlocutaires.
Pourcette relation, nous disons qu'il y a un
seulPrésidentde la République Démocratique du Congo,
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO,ayant le seul monopole de diriger le
pays, lui le tenant du pouvoir, quidécide et le peuple n'a qu'à
se soumettre à sa volonté.
Le pronom personnel « nous » est
« nous de majesté » représenté par le
« je » +Ö », considérant le
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dans un autre cadre
de déictique. C'est la raison pour laquelle le pays ne fait que subir
les conséquences de ses décisions.
En voici quelques énoncés :
L98-100 : Nous appelons les
détenteurs de l'autorité, à tous les échelons de
notre pays, au respect strict et infaillible des droits des personnes et de
leurs biens conformément à la Déclaration Universelle des
Droits de l'homme, en leur demandant de réaliser leur mission dans le
cadre légal.
L201-203 : Nous avons
la forte détermination d'éradiquer tous les groupes armés
nationaux et étrangers qui continuent à sévir cette partie
de la République, plus particulièrement à l'est de notre
territoire.
II.3.3.3. La relation entre les partenaires et
l'action
Par ailleurs, certains passages du discours nous montrent que
le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOconsidère
l'effort abattu aussi bien par le peuple congolais que parles étrangers
pour la réussite, la paix jusqu'à organiser cette étape
des élections. Aussi, il promet de créer des emploispour les
jeunes, (peuple congolais) et de développer le pays sur les plans
économique et sécuritaire.
Illustrons cette relation par les exemples suivants :
L308-309 : Nos jeunes diplômés
doivent disposer de tous les atouts pour rejoindre le marché du travail
ou celui de l'entrepreneuriat.
L310-311 : Nous allons demander au gouvernement
d'innover dans l'accès aux marchés publics pour les jeunes
diplômés.
L321-322 : Nous travaillerons pour rendre le climat
des affaires plus attractif et compétitif notamment par
l'aménagement de la fiscalité en faveur du développement.
L226-227 : Un cadre juridique efficace permet de
renforcer en premier lieu la lutte contre la corruption, fléau qui
dévaste notre pays, ses institutions et ne protègent pas les
créateurs de richesse.
Conclusion partielle
Nous voici arrivéà la fin du deuxième
chapitre intitulé Cadre énonciatif du discours politique
d'investiture deFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
Essentiellement, il a porté sur la reconstitution du cadre
énonciatif de ce discours.Nous y avons relevé les
stratégies discursives, qui sont les marques subjectives contenues dans
le discours du locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Comme
énonciateur, ses empreintes ont été repérées
ainsi que celles de ses allocutaires. C'est ainsi que nous avons
distingué, d'une part, les variables je/nous, le locuteur et/ou
l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et vous/ nous
inclusif, l'allocutaire ; d'autre part, la troisième personne, le
non-allocutaire : « il »et
« elle » dans toutes ses formes.
Nous avons aussi tenté de situer le pronom dans
l'espace réel « ici », par rapport à
l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, dans le temps
présent « maintenant »,dans le futur
« demain » et dans le passé « hier ».
Relativement au rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO et ses énoncés, nous avons relevé des cas
où la distance entre lui, locuteur, et ses énoncés tendait
vers zéro ou était maximale. Par rapport aux modalités,
nous avons relevé le probable et le possible, le contingent et le
nécessaire.
En outre, nous avons décrit, le rapport entre le
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires. A ce
niveau, nous avons dégagé le rapport de symétrie
conventionnelle entre Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses
allocutaires, d'une part, et la relation d'asymétrie formelle entre lui
et ses allocutaires, et la relation entre les partenaires et l'action, d'autre
part.
Enfin, quant à certaines marques de sentiments de
l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI par rapport aux
énoncés occurrences de son discours, les moyens utilisés
sont fort nombreux. Nous avons été intéressé par
les procédés d'expression des marques affectives et
appréciatives de ce discours.
Cette appropriation du discours selon KERBRAT
(1980 :120), à travers quelques procédés
linguistiques constitue un ensemble des stratégies mises en place par
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO pour mieux communiquer ses
intentions. D'un côté, il nuance son attitude en utilisant la
probabilité opposée à celle de la possibilité, de
la contingence à celle de la nécessité.
CHAPITRE TROISIEME :
L'ILLOCUTION DANS LE DISCOURS DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
III.0. Introduction
L'objet dece chapitreporte sur les actes illocutoires
accomplis parFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dans son discours. Pour
y parvenir, nous nous inscrivons dans la perspective de l'allocutaire que nous
sommes.
Parl'acte de langage, nous entendons l'utilisation du
langage comme une action, et non plus seulement comme un
message(JAKOBSON1963 :213). D'après DUCROT et alii., (1972 :
31), l'acte illocutoire est « un acte institutionnel à
travers lequel sont reconnus les droits et les obligations des interlocuteurs,
obligation de répondre dans le cas de la question, obligation de
réaliser l'action dans le cas de l'ordre, obligation de prouver dans le
cas de l'assertion. » Ces obligations sont imposées en tant
que normes ; autrement dit,elles sont soumises soit au respect, soit
à la violation.
SelonAUSTIN, tout homme qui parle, réalise l'acte
locutoire, l'acte illocutoire et l'acte perlocutoire. Ainsi, au lieu d'opposer
la parole à l'action, il convient de considérer que la parole est
une force ou une action. C'est ce que montrent les énoncés
performatifs qui ont la propriété de pouvoir accomplir l'acte
qu'ils dénomment, c'est-à-dire, faire ce que le verbe
désigne par le fait même de le dire. Enoncer « je
promets de venir » c'est ipso facto accomplir l'acte de promettre. Et
dans cet énoncé, le premier acte est locutoire ou
« acte de dire quelque chose », le deuxième est
illocutoire ou « acte effectué en disant quelque
chose » et le troisième est perlocutoire ou « acte
dérivé par le fait de dire quelque chose et qui est compris comme
la modification de l'état du destinataire. »
En d'autres termes, l'acte locutoire se réfère
à la grammaire d'une langue et aux objets extralinguistiques,
l'illocutoire se réfère à l'énonciation, l'acte
perlocutoire concerne les conséquences réelles de la parole chez
le destinataire. Nouspouvons comprendre facilement que si l'énonciation
est considérée comme un fait, elle peut faire
référence à d'autres énonciations
antérieures.
III.1. Le locutoire
L'acte locutoire en linguistique est le fait de produire un
énoncé. Le terme fait autant référence à la
structure de surface d'un énoncé. En effet, selon John Langshaw
AUSTIN (1962) : How to do Things with words (Quand dire, c'est
faire), est d'abord et avant tout un acte locutoire. C'est la forme
matérielle de l'énoncé, sa structure et son sens. Ces
trois éléments constituent les actes phonétique, phatique
et rhétique.
III.1.1. Acte
phonétique
A en croire BARDOSI VILMOS (2006 :51), la
phonétique renvoie à l'étude des sons du langage dans leur
réalisation concrète, indépendamment de leur fonction
sémantique. Disons également que la phonétique, dans son
étude, tient aux éléments qui suivent : la
production des sons par l'appareil phonateur, les caractéristiques
physiologiques et acoustiques des sons et la transcription des sons par des
signes spéciaux de l'Alphabet Phonétique International (API).
Au regard du premier élément faisant l'objet de
la phonétique, c'est-à-dire la production des sons par l'appareil
phonateur, nous disons qu'une énonciation est avant tout une
phonation.
Illustrons l'acte phonétique par des exemples
suivants :
L69 : « Néanmoins, notre
dispositif électoral mérite des ajustements appropriés.
»
[neãmw?/n?tRdispozitifel?kt?RalmeRitdeza?yst?mãapR?pRije//]
L81 : « La force et l'unité
d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation
nationale. »
[laf?rselynitedoepoeplR?pozsyRlas?lidaRiteelaRek?siljasj?nasj?nal//]
III.1.2. Acte phatique
D'après KERBRAT-ORECCHIONI (1980 : 26),l'acte phatique
est un moyen d'expression verbo-vocal utilisé par les participants d'une
interaction verbale. Elle est généralement située aux
frontières d'une unité de tour de parole et intervient sur le
plan de la co-production du discours (dimension procédurale) ainsi que
sur le plan de l'élaboration coopérative de liens socioaffectifs
(dimension relationnelle) dans le but d'assurer la « bonne entente »
entre les interactants. Le locuteur assure cette « bonne entente » en
recourant à des procédures de pilotage visant à assurer la
compréhension de sa production dans le cadre d'une « modification
réciproque des protagonistes du discours. »
Selon Dubois et alii. (1994), dans une grammaire de
compétence linguistique, en l'occurrence la Grammaire
Générative et Transformationnelle, les modalités et phrase
(ou le noyau) se rapportent à la syntaxe dont les deux grandes parties
sont, d'une part, la base, qui se définit les structures fondamentales
et les relations entre les termes concaténés définis par
leurs traits et, d'autres part, les « règles
transformationnelles. »
Par exemple, dans cet énoncé :
« A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur est
reconnaissante. »
Le président pose un acte phatique. Il est question
d'un énoncé « Déclaratif, affirmatif et Actif.
Les lexèmes utilisés dans ceténoncé sont
« compatriotes émérites »,
« patrie », « être
reconnaissante », etc.
En simplifiant la structure profonde de l'énoncé,
nous avons : Déclaratif+ Affirmatif+ Actif+ [Je/Nous suis/sommes
reconnaissant(s) compatriotesémérites de la patrie.]
Soit en recourant à l'analyse fonctionnelle nous
aurons :
« A tous ces compatriotes émérites, la
patrie leur est reconnaissante. »
A touscescompatriotesémérites,
Est= base/la patrie= Groupe sujet/ reconnaissante= attribut du
sujet/ à tous ces compatriotes émérites= Groupe
complément d'objet indirect.
251677696251682816251681792251679744251684864251683840251680768251678720251676672251671552251670528251669504
251691008251668480251688960
leur
Groupe COI
Lapatrie
251687936251686912251664384
Reconnaissante
est
251661312
251667456251666432251665408
Base
251685888
Groupe Sujet
Attribut du Sujet
251672576
Nous disons que « l'énoncé est
constitué de la suite des mots appartenant chacun à un paradigme
au sein duquel ils demeurent commutables... » C'est cette
liberté de choix à travers les différents paradigmes qui
justifie la présence des synonymes. Ces notions grammaticales
relèvent de la compétence linguistique du Chef de l'Etat.
Sur l'axe syntagmatique, c'est l'enchaînement des
termes ; sur l'axe paradigmatique, c'est la sélection des termes.
Toutes ces opérations ont été réalisées
mentalement par le Président de la RDC. Schématisons les deux
axes de la manière suivante :
251654144Axe syntagmatique : A tous ces
compatriotes émérites,la patrie leur
estreconnaissante.
Axe paradigmatique : citoyens
remarquables,le pays vous sembleobligé.
Concitoyens incomparables, la nation nous paraît
sincère.
III.1.3.Acte rhétique
Notons que l'acte rhétiqueéquivaut à la
prononciation de certaines expressions dotées d'une
représentativité et d'un fondement. En d'autres termes, l'acte
rhétique se rapporte à la signification ou sens de
l'énoncé. La locution « Etre reconnaissante »
constitue l'expression d'un contenu propositionnel « aucune personne ne
contredit que nous avons un même pays qui considère chacun de
nous, à sa juste valeur. Il est donc uniquement une information.
Passons maintenant à l'acte illocutoire.
III.2. L'illocutoire
D'après OSHIM (2008), l'illocution découle du
principe pragmatique selon lequel : « énoncer
quelque chose, ce n'est pas seulement transférer des informations, c'est
aussi agir. »Nous nous proposons ici de décrire les actes
illocutoires dans le discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO. Notre description s'inscrit dans la taxinomie des actes illocutoires
de J.R. Searle.
III.2.1. Structure interne ou
sémantique des actes illocutoires dans le discours de Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
Considérant la structure interne, soit
sémantique, l'acte illocutoire est constitué d'une part, de ce
que AUSTIN et SEARLE (1972) appellent respectivement « contenu
propositionnel » et « acte propositionnel » et,
d'autre part, d'une force ou valeur illocutoire.
Ainsi, dans ce discours, on peut relever ce qui
suit :
o Actes illocutoires représentatifs
v Assertion
D'après Dubois et alii. (1994), l'assertion est le
mode de communication institué par le sujet parlant entre lui et son (ou
ses) interlocuteur (s) et consistant à faire dépendre ses
positions d'une phrase implicite « Je te dis que »
(« Je porte à ta connaissance le fait que »),
énonçant une vérité, déclarant un fait.
L'interrogation dépend de la phrase implicite « Je te demande
si » et l'impératif ou injonction de la phrase « Je
t'ordonne que. » Tel est le cas dans les énoncés
ci-dessous :
L22-23 : Le peuple congolais a fait de chacun d'entre
nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur
combat quotidien.
L24-27 : A cet instant où une partie de
l'aboutissement de ce combat prend toute sa dimension historique, notre peuple,
ce vaillant peuple combatif n'a jamais perdu espoir. Notre force collective
réside dans notre attachement aux valeurs universelles de paix, d'un
Etat de droit au service de chaque citoyen.
o Actes illocutoires directifs
v Ordre
Dubois et alii. (1994), appellent
« ordre » le mode, ou le type de communication
institué par le sujet parlant entre lui et son ou (ses) interlocuteur
(s) et consistant à faire dépendre ses propositions d'une phrase
implicite « Je t'ordonne que » (=Je te donne l'ordre de
faire). L'assertion dépend de la phrase implicite « Je te dis
que » et l'interrogation de la phrase « Je te demande si.
»
Illustrons cet acte par les énoncés suivants
:
L92-95 : Nos forces de défense et de
sécurité doivent être porteuses du
dialogue entre civils et leurs différents corps de métiers. La
gestion de nos forces de défense et de sécurité
doit se faire sans la moindre discrimination ethnique ou
sociale. A compter de ce jour, elles doivent
se sentir pleinement intégrés dans la nation par leurs
actes.
Le mot « devoir » est à comprendre
ici dans le sens d'une exhortation et d'un ordre. Il est repris trois fois par
le Président, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Autrement dit,
le Chef de l'Etat exhorte les agents de sécurité de bien vouloir
faciliter la tâche de collaboration entre civils et les corps de
métiers ; et cela sans discrimination.
v Interdiction
Par rapportà l'interdiction, OSHIM ESINGA (2006) dit
que l'expression sous-entendue de cette valeur illocutoire est
« je vous interdis ». En effet, l'interdiction, c'est
l'action de défendre. C'est ce que le Président exprime à
travers cet énoncé :
L201-203 : Nous avons la forte détermination
d'éradiquer tous les groupes armés nationaux et
étrangers qui continuent à sévir cette partie de la
République, plus particulièrement à l'Est de notre
territoire.
Au regard à cet énoncé, le Chef de
l'Etat a la détermination d'éliminer toutes les forces
négatives, qui sèment la désolation au sein de la
population sur toute l'étendue de la République et, plus
singulièrement, dans la partie Est du pays. En cherchant à
éradiquer tous ces groupes armés, il interdit donc implicitement
leur existence.
o Actes expressifs
v Souhait
D'après DUBOIS et alii. (1994), le mot vient du
verbe « souhaiter » signifiant « faire des voeux
pour quelqu'un, dans une formule de compliments ou de politesse. »
En partant de cette définition, nous disons que le
terme « souhait » a comme synonyme
le « voeu. » C'est une sorte de désir que
quelque chose s'accomplisse. C'est ce que nous lisons dans les lignes
suivantes :
L196-197 : Nous souhaitons que ces
objectifs se traduisent par l'adoption d'une nouvelle loi électorale
garante de l'équité pour tous les citoyens.
L420-421 : Je souhaite impulser
une meilleure présence de notre pays dans les instances internationales,
à la hauteur de notre vocation naturelle.
Dans ces deux énoncés, il ressort clairement la
volonté du Président de la RDC, d'intégrer le pays dans
les instances internationales, tenant compte de la richesse que renferme son
sol. En plus, il entrevoit l'adoption d'une nouvelle loi électorale afin
de bien conduireson pays dans la modernisation.
v Félicitation
D'après le Petit Robert (2016), la
félicitation est « le fait de complimenter quelqu'un sur un
succès, sur un évènement heureux, sur une conduite. »
..., c'est le cas dans les passages suivants :
L70-72 : Nous saluons la
contribution de différentes Confessions religieuses de notre pays dans
la considération du processus électoral, avec une mention
particulière à l'Église Catholique dont l'Accord de Saint
Sylvestre a été déterminant.
o Actes illocutoires promissifs
v Promesse
Selon Le petit Larousse (2013), ce substantif
signifie le fait de s'engager verbalement ou par écrit à faire,
à dire et à donner quelque chose à quelqu'un. Cela
transparaît dans les phrases suivantes :
L296-298 : Nous appliquerons des mesures
urgentes de modernisation des infrastructures, d'allègement des frais
académiques, d'actualisation des programmes et d'amélioration des
conditions de vie des étudiants et enseignants.
De cet énoncé, il ressort une pluralité
d'interprétations. D'emblée, le Chef de l'Etat promet urgemment
la modernisation des infrastructures au niveau national par l'utilisation du
futur en début de cet énoncé. Il a également promis
la réduction des frais académiques et l'amélioration des
conditions de vie coûteuses des étudiants et des enseignants.
En parcourant minutieusement le discours du Président
de la République Démocratique du Congo, à l'occasion de
son investiture, on lit en filigrane les soins que le Président a pris
pour recenser les atouts du moment (éléments positifs) et les
faiblesses éventuelles (éléments négatifs) du
gouvernement après son investiture à la présidence, ce24
Janvier 2019. Ainsi, nous les relevons dans les lignes qui suivent.
Par rapport aux atouts.
Dicos Encarta électronique (2009)
définit le mot « atout » comme avantage de quelqu'un
ou de quelque chose, éléments de succès.
Dansle Petit Larousse (2013),
« atout » signifie « la chance de réussir,
soit avantage de quelqu'un ou de quelque chose ; élément de
succès. » Ce succès se laisse entrevoir dans les
lignes suivantes.
v Remerciements.
Le remerciement, c'est le fait de reconnaître un
bienfait, un service qui a été rendu. Le Président
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO le reconnaît à
traversles lignes suivantes :
L28-31 : Nous tenons à rendre hommage à
tous nos héros, tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont
tombés sur le champ d'honneur pour la cause de la démocratie et
de l'alternance. Par reconnaissance, nous vous prions de vous lever une minute
de silence en leur mémoire.
L32 : Nous vous remercions.
L448-450 : Au nom du peuple Congolais que je
représente en ma qualité du Président de la
République, Je tiens à vous réitérer toute ma
gratitude pour avoir rehaussé de votre présence cette
cérémonie d'investiture.
A travers cet énoncé, le Président
remercie une fois de plusle peuple congolais et le félicited'avoir pris
part à la cérémonie de son investiture comme
Président de la RDC.
L4-6 : Nous ne célébrons pas
la victoire d'un camp contre un autre. Nous honorons un Congo
réconcilié.
Dans cet énoncé, la réconciliation du
peuple congolais face à son destin constitue un atout pour le
développement de la République.
Par rapport aux faiblesses
Dans Le Petit Robert (2013), « une
faiblesse est un état de ce qui est faible, de ce qui est
médiocre, insuffisant. » C'est ce que le Président
souligne implicitement à travers l'énoncé :
L394-395 : Nous comptons apporter une innovation
dans le cadre de projets communs en coopérant avec tous les pays de la
région, en commençant par nos voisins.
A travers cet énoncé, il se lit l'absence d'une
coopération entre les pays voisins.
Dans ce discours, force est de constater que le
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a exprimé ses
visées communicatives en recourant à la fois à l'explicite
et à l'implicite.
III.2.2. Modes d'expression de
l'illocution dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
3.2.2.1. L'illocution directe
D'après J.R Searle (1985 :329), dans l'illocution
directe, il faut entendre l'acte illocutoire dont la force illocutoire est
directement exprimé grâce à un verbe performatif. Ainsi, la
force de cet acte résulte de la signification conventionnelle de la
phrase au niveau de la structure de surface.
v Le souhait
L196-197 : Nous
souhaitonsque ces objectifs se traduisent par l'adoption d'une
nouvelle loi électorale garante de l'équité pour tous les
citoyens.
L415-417 : Je souhaite
bénéficier de l'expérience et de la sagesse individuelle
et collective des collègues Chefs d'Etats présents ou
représentés afin de matérialiser notre engagement commun
pour la renaissance africaine.
Ces deux énoncés, expriment, d'une part, la
volonté du Président de la RDC d'adopter une loi novatrice qui
pourrait reconnaître à chacun ses droits et d'autre part, la
volonté de profiter de la maturité de ses homologues pour faire
en sorte qu'ensemble, ils puissent contribuer à la renaissance de
l'Afrique.
v Ordre
L244-248 : Nous devons
renforcer et augmenter la productivité de notre secteur
privé, encourager l'entrepreneuriat par le congolais, ... et la
protection de l'environnement.
L249-250 : Nous ferons
appliquer avec rigueur sur l'ensemble du territoire, la loi sur le
petit commerce réservé aux nationaux dans le cadre du principe du
privilège national.
Ces énoncées utilisent le verbe modal et le
« faire » factitif au futur simple pour intimer l'ordre.
III.2.2.2. L'illocution indirecte
Avec J. LEROT (1983 :149), il est question de
l'expression indirecte de la force illocutoire.A titre d'exemple prenons les
énoncés suivants :
v Déclaration
L81 : La force et l'unité d'un peuple repose
sur la réconciliation nationale.
Cette allégation met la réconciliation au
centre de l'unité et de la force. En d'autres termes, c'est la
réconciliation qui ramène la paix et donne la force.
v Requête
Le petit Robert (2016) considère le
mot « requête » comme
une « demande écrite, présentée à
qui de droit et selon certaines formes établies. »
L81 : La force et l'unité d'un peuple repose
sur la solidarité et la réconciliation nationale.
De cet énoncé, il se dégage une
requête du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
formulée d'une manière implicite qu'on pourrait structurer de la
façon suivante :
Je demande que le peuplecongolais renforce la
solidarité et la réconciliation. Autrement dit, l'union et la
fraternité doivent caractériser le peuple congolais. C'est une
invitation à la solidarité et à la réconciliation
nationale. Donc, « je demande au peuple congolais de s'unir,
d'être solidaire, de se réconcilier car l'union fait la
force. »
L69 : Néanmoins, notre dispositif
électoral mérite des ajustements appropriés.
Ce détour prouve que le Chef de l'Etat demande au
gouvernement de repenser la loi électorale dans le but
d'améliorer prochainement le processus électoral.
v Regret
Dicos Encarta (2009) définit le terme
« regret » comme : « le chagrin que
cause la perte, la mort d'une personne. Et la même source ajoute que le
mot est considéré comme « un déplaisir d'avoir
perdu un bien qu'on possédait, ou de n'avoir pu obtenir celui qu'on
désirait. »
Exemple :
L30-31 : Par reconnaissance à leur
sacrifice, nous vous prions de vous lever et d'observer une minute de silence
en leur mémoire.
Cet énoncé montreque le Chef de l'Etat,
regrette la disparition de ceux qui ont lutté pour la paix et le
développement du Congo.
III.4. Les implicites
On parle de l'implicite en linguistique lorsqu'il s'agit d'un
énoncé ou d'un discours dont la force illocutoire ne figure pas
explicitement et dont l'interprétation nécessite le recours
à des éléments situationnels extralinguistiques (DUBOIS et
alii., 1970).
La notion d'implicite est une de ces catégories dans
laquelle sont regroupés des phénomènes
hétérogènes dont la propriété commune est
d'exprimer un contenu, qui ne constitue pas l'objet appartenant au dire,
affirme OSHIM (2019). Ce contenu « non-dit », mais
exprimé, est appelé « implicite. » Il
se distingue du contenu « dit » de
l'énoncéappelé « explicite ». On peut
répartir ces informations implicites en trois catégories :
le présupposé, le sous-entendu et les actes de langage indirects
que nous envisagerons en termes « d'implicature.»
Selon John Rogers SEARLE et Herbert Paul GRICE, philosophie
de l'école d'Oxford cités par OSHIM (2019), l'acte de langage
peut receler une dimension communicative « implicite », qui
vient s'ajouter au « dit ».
En somme, parler d'implicites revient à évoquer
« le non-dit, le sous-entendu. » Soit le contenu du
discours non expriméou sous-entendu est, cependant, non formulé
expressément, immédiatement compris de tous.
C'est pourquoi Maingueneau, à la suite de Ducrot,
pense que l'implicite a une double utilité : « exprimer
quelque chose sans risquer d'être considéré comme
responsable de l'avoir dit, mais aussi d'avancer une idée en la
soustrayant aux objections.
Dans ce discours, nous avons seulement relevé quelques
cas d'implicite à titre exemplatif.
III.4.1. Implicite
sémantique : Présupposition
D'après MOESCHLER (1985 :193),
« l'implication sémantique » est une relation
« sémantique implicite » entre deux propositions
variant sous l'effet de la négation. Comme la présupposition,
elle fait également partie intégrante du mécanisme de
communication dans le discours politique de F.A.T.T.
En voici quelques énoncés :
L244-248 : Nous devons renforcer et
augmenter la productivité de notre secteur privé, encourager
l'entrepreneuriat par le congolais, mobiliser nos efforts dans les secteurs
à forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois pour la
jeunesse de notre pays, particulièrement l'agriculture, les nouvelles
technologies, l'innovation, les industries de transformation et la protection
de l'environnement.
Cet énoncé présuppose que la RDC n'est
pas développée : la productivité est inexistante,
l'entrepreneuriat affaibli, la jeunesse n'a pas d'emplois, etc.
L159-160 : Ainsi, j'invite chaque citoyen
congolais à concrétiser les piliers de notre projet de
société dans la sphère de ces activités, de ses
actions ou de ses responsabilités.
Cet énoncéprésuppose que les
piliers de notre projet de société ne sont pas
concrétisés.
Considérons aussi, ces énoncés qui
explicitent davantage cette notion :
L67-68 : En effet, pour la première
fois, notre pays a organisé sur fonds propres, sans la moindre
contribution financière extérieure, une triple consultation
électorale.
Notons comme présupposé, dans cet
extrait,l'incapacité du pays de ne pas avoir réussi à
organiser les élections sur son fond propre depuis un certain temps, et
pour la première fois, il réussit à le faire.
L85-86 : Par ces vertus, l'épisode
douloureux des conflits tribaux et locaux qui ont endeuillé notre pays,
ne sera qu'un lointain et triste souvenir.
En d'autres termes, avant son investiture, le pays baignait
dans le sang suite aux conflits tribaux. C'est pourquoi le Président
tient informé sa population qu'il n'y aurait plus question de
désolation dans le pays, cela restera comme une histoire.
III.4.2. Implicite
pragmatique
« Un implicite est dit pragmatique ou discursif
lorsque son contenu n'est pas déterminé par le sens des
constituants de l'assertion, mais plutôt par une loi du discours qui
indique que toute information pertinente doit être
donnée. »
Dans le cadre de ce travail, nous avons retenu l'implicite
illocutoire.
III.4.2.1. Implicite illocutoire
En voici l'exemple :
L81 : La force et l'unité d'un peuple repose
sur la solidarité et la réconciliation nationale.
De cet énoncé, il se dégage une
requête du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
formulée d'une manière implicite. Il veut que le peuple congolais
cultive les valeurs qui se rapportent à la solidarité et à
la réconciliation nationale.
L69 : Néanmoins, notre dispositif
électoral mérite des ajustements appropriés.
Dans cet énoncé, il convient de souligner qu'il
est question de la présupposition et de l'implicite illocutoire. Comme
présupposition, notons le dispositif électoral est mauvais.
Conclusion partielle
L'illocution dans le discours politique du Président
de la République Démocratique du Congo, qui a fait l'objetde
notre troisième chapitre,nous a permis de découvrir les
intentions ou les visées communicatives du locuteur à travers
l'illocution explicite et implicite.
En effet, nous avons défini l'illocution par rapport
àla locution et à la perlocution, pour la locution nous avons
décrit les actes phonétiques, phatiques, et rhétique.
S'agissant de l'illocution, nous l'avions abordéeconformément
à la taxinomie de Searle, laquelle nous a permis de relever la
subjectivité à travers quelques actes illocutoires.
Au sujet de l'implicite, nous avons focalisé notre
attention surl'implicite sémantique et l'implicite pragmatique.Il s'agit
de la présupposition, du sous-entendu et de l'implicite illocutoire. Au
succès de la taxinomie des actes illocutoires de Searle, nous avons
relevé les actes suivants :l'assertion, l'ordre, le souhait, la
requête, l'interdiction, la promesse, la félicitation et le
remerciement.
CONCLUSION GENERALE
Ce travail a porté
essentiellement surla subjectivité langagière dans le
discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDITSHILOMBO
du24 Janvier 2019.
Notre
question principale de la recherche était formulée en ces
termes :
-Comment le Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est-il subjectif dans son discours
d'investiture en face de ses allocutaires ?
Cette
question principale a été explicitée par les questions
spécifiques suivantes :
-Quels sont les indices de la
subjectivité langagière qui se trouvent dans le discours
d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par
rapport à la bonne gouvernance pour le développement du
Congo ?
-Quelle est son intention
communicative ?
Par rapport à ces
questions, nos réponses en guise d'hypothèses sont les
suivantes :
-Hypothèse principale : le Président
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO serait subjectif à travers les
modalités d'énonciation et celles d'énoncé en face
de ses allocutaires.
Comme hypothèses spécifiques :
-Les indices de la subjectivité langagière, qui
se trouvent dans le discours d'investiture du Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à la bonne gouvernance pour le
développement du Congo seraient, d'une part, les phrases
déclaratives, impératives et exclamatives, et, d'autre part, les
expressions relatives à l'évaluation, au souhait et au
jugement
-L'intention communicative du Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lorsqu'il recourt à la subjectivité
langagière dans son discours d'investiture serait de persuader et /ou de
dissuader le peuple congolais en vue de l'engager comme il l'entend dans la
voie de la démocratie et de la bonne gouvernance en RD Congo à
travers les actes illocutoires, tels que l'invitation, le souhait, la
requête, la promesse, l'interdiction et l'ordre.
A cette recherche, nous avons assigné les objectifs
suivants :
-décrire l'expression de la
subjectivité dans les énoncés du discours d'investiture du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO ;
-décrire les indices de la
subjectivité langagière, à savoir les modalités
d'énonciation et les modalités d'énoncé ;
-identifier l'intention communicative du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à travers les
actes illocutoires de persuasion, de dissuasion pour construire la
démocratie et instaurer la bonne gouvernance.
Pour réaliser notre travail, nous avons recouru
à l'approche « sémio-pragmatique. » ;
« sémiotique, » parce que « le sens
construit passe par des catégories de formes, c'est-à-dire les
énoncés (des mots, des séquences de mots et leur
agencement) qui signifient en tant que telles, et ne sont pas seulement des
traces transparentes d'un certain contenu. » ; et
« pragmatique », compte tenu du fait qu'il s'agit non
seulement de l'étude des relations entre les signes et leurs usagers,
mais aussi de la référence aux usagers de la langue, à
l'usage qu'ils en font et au contexte. C'est ce que OSHIM (2008) explique en
terme des actes de langage ou intention communicative, manifeste,
utilisée par l'énonciateur dans le discours. Ainsi, Par rapport
au contenu du discours, nous avons usé deux méthodes :
descriptive pour des phénomènes que l'on connaît un peu et
que l'on veut décrire en profondeur (le comment ? et le qui ?)
et explicative, dans la mesure où, elle convient mieux aux
phénomènes déjà décrits, pour lesquels on
veut comprendre pourquoi les choses sont comme telles (le pourquoi ?).
Deux techniques nous ont également
intéressé. C'est, en premier lieu, la
technique« documentaire », pour sélectionner les
énoncés sous forme de corpus. Elle nous a donc permis
d'accéder directement au contenu du discours politique et avons
interrogé également la littérature portant sur l'objet et
sur les méthodes. Endeuxième lieu, nous avons
utilisé« l'analyse de contenu » comme technique pour
accéder au contenu des énoncés.
Trois chapitres ont constitué l'ossature de notre
travail : Le premier est consacré aux considérations
générales, qui portent sur le cadre conceptuel et
théorique, sur le profil du Président et sur le contexte de
production de ce discours. Le deuxième est axé sur le cadre
énonciatif du discours politique du Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à l'occasion de son investiture au pouvoir,
2019. Et le troisième portesur l'illocution dans le discours
d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
Après avoir décrit et expliqué les
énoncés du corpus grâce aux méthodes et aux
techniques appropriées et conformément à nos
problèmes, à nos hypothèses et aux objectifs
assignés à cette recherche, nous avons obtenu les
résultats suivants :
- Tout d'abord, nous avons défini quelques
concepts-clés qui soutiennent notre sujet. Ces concepts sont :
subjectivité, langagière, discours et investiture. Sous le
même dédale, nous avonstouché au cadre théorique
relatif à la pragmatique, à la théorie de
l'énonciation et à celle des actes de langages. Nous avons aussi
présenté le Président Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO. La situation géographique de la République
Démocratique du Congo a été notre préoccupation
pour mettre un terme à ce point.
- Ensuite, le cadre énonciatif dudit discours nous
a intéressé.Il a essentiellement portésur la
reconstitution du cadre énonciatif de ce discours. Nous y avons
relevé les stratégies discursives, qui sont les marques
subjectives contenues dans le discours du locuteur. Comme énonciateur,
ses empreintes ont été repérées ainsi que celles de
ses allocutaires. C'est ainsi que nous avons distingué, d'une part, les
variables je/nous, le locuteur et/ou l'énonciateur Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO et vous, l'allocutaire ; d'autre part, la
troisième personne, le non-allocutaire : « il »
et « elle » dans toutes ses formes.
- Nous avons aussi tenté de situer le pronom dans
l'espace réel « ici », par rapport à
l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, dans le temps
présent « maintenant », dans le futur
« demain » et dans le passé « hier ».
Relativement au rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO et ses énoncés, nous avons relevé des cas
où la distance entre lui, locuteur, et ses énoncés tendait
vers zéro ou était maximale. Par rapport aux modalités,
nous avons relevé le probable et le possible, le contingent et le
nécessaire.
- En outre, nous avons décrit, le rapport entre le
locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires. A ce
niveau, nous avons dégagé le rapport de symétrie
conventionnelle entre lui et ses allocutaires, d'une part, et la relation
d'asymétrie formelle entre lui et ses allocutaires, et la relation entre
les partenaires et l'action, d'autre part.
- Quant à certaines marques de sentiments de
l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI par rapport aux
énoncés occurrences de son discours, les moyens utilisés
sont fort nombreux. Nous avons été intéressé par
les procédés d'expression des marques affectives et
appréciatives de ce discours.
- Tout compte fait, il ressort de nos analyses que le locuteur
est à la fois sujet de l'énoncé et de l'énonciation
car pratiquement toutes les phrases qui constituent le présent discours
sont les siennes à part quelques cas isolés.
Par rapport à notre première hypothèse,
nous affirmons qu'elle a été vérifiée et
confirmée.
- A la fin, l'illocution dans le discours politique du
Président de la République Démocratique du Congo, nous a
permis de découvrir les intentions ou les visées communicatives
du locuteur à travers l'illocution explicite et implicite.En effet, nous
avons défini l'illocution par rapport à la locution et à
la perlocution, pour la locution nous avons décrit les actes
phonétiques, phatiques, et rhétiques. S'agissant de l'illocution,
nous l'avions abordée conformément à la taxinomie de
Searle, laquelle nous a permis de relever la subjectivité à
travers quelques actes illocutoires.
- Au sujet de l'implicite, nous avons focalisé notre
attention sur l'implicite sémantique et l'implicite pragmatique. Il
s'agit de la présupposition, du sous-entendu et de l'implicite
illocutoire. Par rapport à la taxinomie des actes illocutoires de
Searle, nous avons relevé les actes suivants : l'assertion,
l'ordre, le souhait, la requête, l'interdiction, la promesse, la
félicitation et le remerciement.
Vu ces résultats, par rapport à notre
deuxième hypothèse, celle-ci a également été
vérifiée et confirmée.
Certes, cette démarche nous a permis de
décortiquer les recettes pragmatiques. Toutefois, les pistes de
recherche restent toujours ouvertes. Par exemple, on pourrait orienter à
l'avenir une recherche sur la lecture sémiotique du discours du
Président congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO sur les
plans syntaxique, sémantique et pragmatique. Comme tout travail
scientifique, le nôtre a ses limites. Toutefois, nous estimons qu'il est
toujours perfectible.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
v
Ouvrages généraux et spécifiques
AUSTIN J L., (1970)Quand dire, c'est faire.
Paris : Seuil.
ANSCOMBRE, J. C. et DUCROT, O., (1983) L'argumentation
dans la langue Liège, Paris.
BAL, W., (1966)Introduction aux études de
linguistique romane avec considération spéciale de la
linguistique française, Paris, Didier.
BENVENISTE, E., (1974)Problèmes de linguistique
générale II, paris, Gallimard.
BRUN, J.L., (1987)L'homme et le langage, Paris,
P.U.F.
BORDOSI VILMOS, (2006),La phonétique
française, Budapest.
COSNIER, J., (1987) Ethologie du dialogue. In. J.
Cosnier, KERBRAT-ORECCHIONI (eds), Décrire la conversation
(pp.290-315). Lyon : Pul.
GREIMAS, A-J., (1970)Du sens, Paris, Seuil.
Analyse pragmatiques. Dans O., DUCROT., J-C ASCOMBRE,
B. CORNULIER, NEF, FREDERIC, F. RECANATI, J VERCHUEREN, les actes du
discours, Paris : Larousse, 1981.
JAKOBSON, R.O., (1981)Essais de linguistique
générale, Paris ; Editions de minuit.
JOKOBSON, R., (1963) Essais de linguistique
générale, Trad. Fr. Paris : Seuil.
LEROT, J., (1976)Les systèmes de communication.
Approche socio- anthropologique, Paris, Hatier.
HELBO, A., (1982)Sémiologie des messages sociaux.
Du texte à l'image, Paris, Edilig.
LEROT, J., (1983)Abrégé de linguistique
générale, Louvain-la -Neuve, Cabay.
MAINGUENEAU, D., (1976) Initiation aux méthodes de
l'analyse du discours ; problème et perspectives, Paris,
classiques, Hachettes.
MAINGEUEAU, D., (1981)Approche de l'initiation en
linguistique française.
Embrayeurs « temps» Discours
rapporté, Paris, Hachettes.
MAINGUENEAU, D., (1998)Analyser les textes de
communication,Paris, Nathan université.
MOESCHLER, J., (1985)Argumentation et conversation.
Eléments pour une analyse pragmatique du discours, Paris,
Hatier.
MALINOWISKI, B., (1972) The problem of meaning in
primitive languages. In Ck. Ogeden, I. A. Richards, (éds) the meaning of
mining. Londres Routledge and kegen Paul.
Nølkeet alii., (1993)Modalités,
évidentialité et autres friandises langagières,
Mélanges offerts à Hans Kronning à l'occasion de ses
soixante ans.
KERBRAT-ORECCHIONI, (1980)L'énonciation. De la
subjectivité dans le langage, Paris, Armand Colin.
RECANNATI, F., (1981) La transparence de
l'énonciation, Paris, Seuil.
RECANATI, F., (1981) Les énoncés
performatifs. Contribution à la pragmatique, Paris, Les Editions de
Minuit.
SEARLE J. R., (1972)Les actes de langage, Hermann.
SEARLE J.R., (1985) L'intentionnalité. Essai de
philosophie des états mentaux, Paris Editions de Minuit.
PARRET, H., (1987) Prolégomènes à la
théorie de l'énonciation. De Hussel à la pragmatique,
Berne, Peter Lang.
v Encyclopédies et Dictionnaires
Dicos Encarta : 2009.
DUCROT, O., SCHAEFFER, J-M., (1995)Nouveau Dictionnaire
encyclopédique des sciences du langage, avec la collaboration de
Marielle Abrioux, Dominique Bassaro, Georges Boulakia, Michel de Fornel,
Philippe Roussin et Tzevetan Todorov, Paris : Seuil.
DUCROT, O., TODOROV.T., (1972)Dictionnaire
encyclopédique des Sciences du langage, Paris : Seuil.
Dubois J., GIACOMO, M., GUESPIN, L., MARCHELLESSI, C.,
MARCELLESI, J-B., ET MEVEL, J-P., (1994)Dictionnaire de linguistique et
sciences du langage, Paris : Larousse.
Dubois et alii. (1979) Dictionnaire du français
langue étrangère. Niveau 2. Paris : Larousse.
Paul R., (1987) Dictionnaire alphabétique et
analogique de la langue française. Sous la direction de A. Rey et
J. Rey-Debove. Dictionnaires. Le Robert : Paris.
LAROUSSE, P., (2013)Larousse, Paris, Sappi.
DUBOIS J., MAINGEUNEAU, J., GIACOMO., GUESPIN, L., MARCELLSI,
C., MARCELLESI, J-B., MEVEL, J-P, (2007)Dictionnaire de linguistique,
Paris Larousse.
Le petit Robert, (2016)Dictionnaire
Alphabétique et analogique de la langue Française Nouvelle
Edition du petit Robert et alli., Paris ; SEJER.
REY, A., Micro-Robert, (1992)Dictionnaire d'apprentissage
de langue française, Paris, Robert.
v D.E.S, D.E.A, Thèses et
Mémoires
OSHIM ESINGA M-A., (2006)Analyse pragmatique du discours
politique du Président MOBUTU SESE SEKO 1965-1969, mémoire
de D.E.S en langue et littérature françaises, Inédit,
Université de Kisangani.
OSHIM ESINGA, M-A., (2008)Analyse du discours politique
congolais. Cas du discours politique du Président MOBUTU SESE SEKO.
(1965-1975), Thèse inédite, Université de Kisangani.
NIJIMBERE, B. (2010)Le narrateur multiple dans l'oeuvre
romanesque de Pius NGANDU NKASHAMA, Thèse de doctorat,
Université de Limoges, Inédit.
UKUMU, M, D., (2007)Force locutoire et illocutoire du
verbe dans le langage ordinaire Alur. Essai d'analyse critique et
pragmatique, Thèse, Inédit, Université de
Kisangani.
MATESO NGABU, F., (2010) Discours du cinquantenaire de
l'indépendance du Congo par Joseph KABILA. Essai d'analyse
pragmatique, mémoire, Inédit, ISP/BUNIA.
RAKOTOMALALA Jean Robert, (2007)Trace narrative de
l'illocution : exemple du français et du malgache,
Université de Toliara, Inédit.
v Cours
DHEDYA BUNGANDE V., (2019) La stylistique du
français, cours inédit, L1A, FLA,ISP/BUNIA.
MATESO LOCHA E., (2019) Techniques et Méthodes de
recherche en linguistique et en littératures,cours inédit,
L1A, FLA,ISP/BUNIA.
Idem, (2016)La littérature congolaise, cours
inédit, L1A, FLA, ISP/BUNIA.
OSHIM ESINGA M-A., (2019) La pragmatique
linguistique, cours inédit, L1A, FLA, ISP/BUNIA.
OSHIM ESINGA M-A., (2019)La syntaxe du français, cours
inédit, L1A, FLA,ISP/BUNIA.
TIBASIMA SALIRE, J-V., (2017) L'expression orale
écrite en français, cours inédit, G1A, FLA,
ISP/BUNIA.
v Article
MATESO NGABU F. « La subjectivité
langagière dans le discours du cinquantenaire de l'indépendance
du Congo par JOSEPH KABILA. Essai d'analyse pragmatique » Article,
ISP/BUNIA, 2018.
WEBOGRAPHIE
Erreur ! Référence de lien
hypertexte non valide., consulté le 29 Janvier 2020, à
00h57'.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Investiture,
02 Janvier 2020 à 13h7'.
Erreur ! Référence de lien
hypertexte non valide.Consulté, 06 Décembre 2019
à 1h23'.
https://www.universalis.fr-/congo/1-geographie-rdc,
consulté, le 03 Décembre 2019, à 00h52'.
https://www.espacefancais.com/les-modalites-dans-la-phrase,
consulté le 23 Février 2020 à 23h41'.
https://www.jeuneafriquecom/174646/politique/rdc-felix-tshisekedi-didit-preterserement,
consulté le 01 octobre 2020 à 23h39'.
TABLE DE MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
i
ACRONYMES ET SIGLES
i
0.INTRODUCTION GENERALE
1
0.1. ETAT DE LA QUESTION
1
0.2. PROBLEMATIQUE
1
0.3. HYPOTHESES
1
0.3.1. Hypothèse principale
1
0.3.2. Hypothèses spécifiques
1
0.4. OBJECTIFS ET INTERET DU TRAVAIL
1
0.4.1. Objectifs du travail
1
Objectif principal
1
Objectifs spécifiques
1
0.4.2. Choix et intérêt du travail
1
0.5. METHODES ET TECHNIQUE DU TRAVAIL
1
0.5.1. Méthode
1
0.5.2. Technique
1
0.6. DELIMITATION DU TRAVAIL
1
0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
1
PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS GERERALES
1
1.0.Introduction
1
1.1. Définition de quelques
concepts-clés.
1
1.1.1. Subjectivité.
1
1.1.2. Langagière
1
1.1.3. Discours
1
1.1.4. Investiture
1
1.2. Cadre théorique
1
1.2.1. La pragmatique
1
1.2.2. Théorie des actes de langage
1
1.2.2.1. Actes locutoires
1
1.2.2.2. Actes illocutoires
1
1.2.2.3. Actes perlocutoires
1
1.2.3. Théorie de l'énonciation
1
I.4. Présentation de Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO
1
1.4.1 Biographie du Président Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
1
1.4.2. Le contexte du dire du discours du
Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
1
1.4.2.1 Présentation du contexte du
discours
1
1.4.2.2. Transmission des symboles du pouvoir
1
I.4. Situation géopolitique de la RDC
1
I.4.1. Généralités
1
I.4.2. La Géographie physique
1
I.4.3. Structure du territoire
1
I.4.4. Relief et géomorphologie
1
Conclusion partielle
1
DEUXIEME CHAPITRE : CADRE ENONCIATIF DU
DISCOURS POLITIQUE D'INVESTITURE DE Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO.
1
II.0. Introduction
1
II.1. Appareil formel de l'énonciation
1
II. 1.1. Les protagonistes
1
II.1.2. Hic et nunc
1
II. 2. Rapport entre le locuteur Félix
Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses énoncés
1
II.2.1. La distance tendant vers zéro
1
II.2.2. La distance maximale
1
II. 3. Modalités
1
II.3.1. Les modalités
d'énonciation
1
II.3.2. Les modalités de
l'énoncé
1
II.3.3. Relation dans les contextes
d'énonciation
1
Conclusion partielle
1
CHAPITRE TROISIEME : L'ILLOCUTION DANS LE DISCOURS
DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO
1
III.0. Introduction
1
III.1. Le locutoire
1
III.1.1. Acte phonétique
1
III.1.2. Acte phatique
1
III.1.3. Acte rhétique
1
III.2. L'illocutoire
1
III.2.1. Structure interne ou sémantique des
actes illocutoires dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO.
1
III.2.2. Modes d'expression de l'illocution dans le
discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
1
III.4.1. Implicite sémantique :
Présupposition
1
III.4.2. Implicite pragmatique
1
Conclusion partielle
1
CONCLUSION GENERALE
1
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
1
WEBOGRAPHIE
1
TABLE DE MATIERES
1
ANNEXE
ANNEXE
'
LE DISCOURS D'INVESTITURE DE Félix Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO
'
Ce jeudi 24 Janvier 2019 est un jour historique. C'est un jour
rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays
dans ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos consciences. Un
grand jour pour notre volonté commune de franchir ensemble les rivages
de notre destin.
Nous ne célébrons pas la victoire d'un camp
contre un autre. Nous honorons un Congo réconcilié. La
République Démocratique du Congo que nous formons ne sera pas un
Congo de la division, de la haine ou du tribalisme.
Nous voulons construire un Congo fort dans sa diversité
culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo
tourné vers son développement dans la paix et la
sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa
place.
Si cette étape de la transition démocratique
peut être considérée comme l'aboutissement d'un combat,
nous devons aussi y voir l'horizon d'une ère nouvelle. Sans aucun doute
le commencement d'un autre combat dans lequel nous voulons engager tout le
peuple congolais, le combat pour le mieux-être de chaque citoyenne et
citoyen de ce beau pays.
Chers Compatriotes,
Cinquante-neuf ans après notre indépendance, le
peuple congolais réalise par son engagement démocratique, une
transition du pouvoir entre un Président élu sortant et un
Président élu entrant.
Nous tenons à exprimer pour la première fois
devant vous, notre reconnaissance au peuple congolais de nous avoir
accordé à travers son suffrage, ce grand honneur. Cette confiance
sera pour nous un soutien indispensable dans l'exercice de nos hautes
responsabilités.
Nous nous engageons donc à nous conformer
scrupuleusement à nos obligations constitutionnelles susdites.
Excellences Messieurs les Présidents,
Distingués invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Chers compatriotes,
Le peuple Congolais a fait de chacun d'entre nous des citoyens
fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat
quotidien.
A cet instant où une partie de l'aboutissement de ce
combat prend toute sa dimension historique, notre peuple, ce vaillant peuple
combatif n'a jamais perdu espoir. Notre force collective réside dans
notre attachement aux valeurs universelles de paix, d'un Etat de droit au
service de chaque citoyen.
Nous tenons à rendre hommage à tous nos
héros, tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont
tombés sur le champ d'honneur pour la cause de la démocratie et
de l'alternance.
Par reconnaissance à leur sacrifice, nous vous prions
de vous lever et d'observer une minute de silence en leur mémoire.
Nous vous remercions.
Chers compatriotes,
Ce moment inédit de notre histoire est aussi un instant
privilégié pour célébrer différents acteurs
présents et passés, qui ont contribué à
l'avènement de cette transition démocratique.
Nous pensons tout d'abord au Président Joseph
KASA-VUBU, réputé pour sa droiture et sa gestion saine des
deniers publics.
Ensuite, au Premier Ministre Patrice EMERY LUMUMBA qui
déclara je le cite « Pour la dignité de l'Afrique,
j'accepte la mort ».
Puis, au Président Joseph-Désiré MOBUTU,
déterminé dans la recherche de l'unité du peuple congolais
et l'affirmation de notre authenticité.
Enfin, au Président Laurent-Désiré Kabila
particulièrement attaché à l'idéologie de
« Ne jamais trahir le Congo ».
Pour ces architectes de notre souveraineté, la noblesse
de leur combat demeurera à jamais dans notre conscience collective
nationale. Elle est une exigence qui nous impose de réussir dans notre
mission au service de notre peuple.
Nos pensées se dirigent également vers tous les
candidats qui ont participé à l'élection
présidentielle du 30 décembre 2018.
Nous saluons la participation importante des femmes comme
candidates aux différents scrutins du récent processus
électoral. Nous les encourageons à s'engager davantage lors des
prochaines échéances électorales afin de promouvoir la
parité homme-femme prônée par l'article 14 de notre
constitution.
C'est ici également l'occasion de témoigner
notre profond respect et sincère admiration à l'endroit de notre
frère Martin Fayulu Madidi, avec lequel nous avons mené ce combat
politique depuis plusieurs années. L'engagement de ce véritable
« soldat du peuple » est un exemple pour la
vitalité de notre démocratie et la responsabilité civique
de chaque congolais.
Nous partageons aussi un sentiment patriotique commun avec le
Camarade Emmanuel Ramazani Shadary et tous les autres citoyens qui ont su
apporter engagements et contributions par leurs idées pour un Congo
meilleur.
A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur
est reconnaissante.
Par la consultation, le dialogue et la prise en
considération de leurs idées, nous sommes enclins à les
associer à la gouvernance de notre pays.
Chers compatriotes,
L'animation de notre processus démocratique a
bénéficié de l'apport déterminant de plusieurs
institutions, organismes et acteurs de la société civile.
Nous voulons aussi mettre en exergue l'important rôle de
la Commission Nationale Electorale Indépendante CENI, des Confessions
religieuses dans toute leur diversité, des organisations civiles et
mouvements citoyens.
En effet, pour la première fois, notre pays a
organisé sur fonds propres, sans la moindre contribution
financière extérieure, une triple consultation
électorale.
Néanmoins, notre dispositif électoral
mérite des ajustements appropriés.
Nous saluons la contribution de différentes Confessions
religieuses de notre pays dans la consolidation du processus électoral,
avec une mention particulière à l'Eglise Catholique dont l'Accord
de Saint Sylvestre a été déterminant.
Chers compatriotes,
Cette campagne a été aussi pour nous l'occasion
de valider le patriotisme de certains de nos concitoyens disposés
à surpasser toute ambition individuelle pour privilégier
l'intérêt supérieur de la nation. Nous avons une
pensée émue pour notre frère, ami et colistier de la
coalition « Cap pour le changement », en sigle CACH, nous
citons Monsieur Vital Kamerhe.
Ancien Président de notre assemblée nationale,
Vital Kamerhe, président du parti « Union pour la Nation
Congolaise » (UNC), bien qu'initialement candidat à la
présidentielle de 2018, a su mettre les intérêts du peuple
congolais au-dessus de ses ambitions personnelles en formant avec
nous-même et notre formation politique UDPS, le ticket gagnant.
Chers compatriotes,
La force et l'unité d'un peuple repose sur la
solidarité et la réconciliation nationale.
Aussi, dans le cadre d'une action concertée, nous
entendons engager le Gouvernement et toutes les autorités
coutumières de notre pays à oeuvrer pour la paix et la
tolérance en vue d'une cohabitation pacifique entre nos
différentes communautés.
Par ces vertus, l'épisode douloureux des conflits
tribaux et locaux qui ont endeuillé notre pays, ne sera qu'un lointain
et triste souvenir.
Outre nos citoyens civils, les premiers garants de notre
cohésion nationale sont nos forces de défense et de
sécurité qui assurent un rôle primordial dans la protection
et l'intégrité du territoire ainsi que dans celle des personnes
et de leurs biens.
Nous leur offrirons un cadre de travail digne de leur mission
pour en faire une institution véritablement républicaine.
Nos forces de défense et de sécurité
doivent être porteuses du dialogue entre civils et leurs
différents corps de métiers. La gestion de nos forces de
défense et de sécurité doit se faire sans la moindre
discrimination ethnique ou sociale. A compter de ce jour, elles doivent se
sentir pleinement intégrés dans la nation par leurs actes.
Nous voulons valoriser par une plus forte
responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux valeurs
républicaines qui régissent notre nation.
Chers compatriotes,
Nous appelons les détenteurs de l'autorité,
à tous les échelons de notre pays, au respect strict et
infaillible des droits des personnes et de leurs biens conformément
à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, en leur
demandant de réaliser leur mission dans le cadre légal.
Dans ce contexte, le Gouvernement initiera une campagne de
sensibilisation de tous les agents de l'Etat sur leurs responsabilités
vis-à-vis de nos populations.
Ainsi, le Ministre de la Justice sera chargé de
recenser tous les prisonniers politiques, d'opinion ou assimilés sur
l'ensemble du territoire national en vue de leur prochaine
libération.
Sous notre mandat, nous veillerons à garantir à
chaque citoyen le respect de l'exercice de ses droits fondamentaux. Nous nous
engageons à bannir toutes formes de discriminations.
Nous bénéficions à chaque étape de
l'inspiration de ceux qui orientent notre vision. A ce titre, nous voulons
rendre un hommage héroïque à celui qui a orienté et
façonné notre lutte politique durant quatre décennies
avant de nous quitter au coeur du combat le 1er février
2017. Nous avons cité le Président Etienne Tshisekedi Wa
Mulumba.
Cet Homme d'exception, dont le sort personnel est
indéniablement lié à l'histoire contemporaine de notre
pays, a su par son charisme, sa rigueur morale, sa ténacité et
son dévouement, incarner les profondes aspirations du peuple congolais
pour la démocratie et le progrès social.
Nous voudrions ici lui témoigner toute notre affection
et la reconnaissance de la Nation toute entière.
Le Président Etienne Tshisekedi nous a inculqué
les valeurs de la lutte politique au service de chaque congolais quelle que
soit son opinion, son origine et son parcours. Nous allons appliquer ces
enseignements dans nos actes au service de notre peuple.
Chers compatriotes,
Dans le plus grand respect de la tradition
républicaine, nous rendons hommage à celui qui aura
été l'un des acteurs de la matérialisation de l'alternance
démocratique et pacifique.
Monsieur le Président Joseph Kabila
Kabange,
Nous portons dans notre tradition le long combat pour
l'émancipation et la souveraineté du peuple congolais par
l'instauration d'un véritable Etat de droit. A ce titre, nous avons
été votre fervent adversaire politique, Monsieur le
Président.
Nous n'oublions rien de nos combats politiques, des moments
difficiles traversés. Nous avons vécu au cours des
décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes
tensions dans un climat politique non apaisé.
Dans votre exercice du pouvoir, vous avez pu engager le pays
dans une transition qui avait abouti à la réunification du
Territoire national alors divisé.
Mais aucun de ces moments n'a pu altérer votre
détermination à permettre au peuple congolais de se choisir
librement ses dirigeants.
Votre action s'inscrit ainsi dans l'héritage de vos
prédécesseurs et autres dirigeants historiques.
Veuillez accepter, Monsieur le Président, toutes nos
félicitations.
Chers compatriotes,
Par sa situation géographique et en
considération des enjeux géostratégiques de ses richesses
naturelles et de son capital humain, la République Démocratique
du Congo porte une espérance pour l'Afrique et le monde.
En effet, avec ses quatre-vingts millions d'habitants, ses
diverses et innombrables ressources naturelles, son bassin hydrographique
riche, sa forêt équatoriale dense ; capable d'apporter une
solution aux enjeux climatiques, notre pays est un véritable atout pour
les pays de la région, pour l'Afrique et pour notre planète.
A titre d'exemple, différentes études
d'organismes internationaux de référence démontrent que le
potentiel de notre pays peut éradiquer la faim dans le monde.
Avec ses 80 millions d'hectares de terres arables accessibles
et ses 40 millions d'hectares de terres irrigables, doté d'un programme
agricole innovant, le Congo peut atteindre l'autosuffisance alimentaire et
nourrir deux milliards de personnes en résorbant ainsi deux fois le
déficit alimentaire mondial.
Dans le cadre de l'industrie automobile, la production
mondiale des voitures électriques dépassera dans un futur proche
celle des voitures à moteur polluant.
Or comme vous le savez tous, les matières
premières essentielles pour cette industrie sont le Cobalt et le
Lithium, dont le Congo est la première réserve mondiale.
Plusieurs industries de technologie de pointe dépendent
de notre sous-sol. Le bien-être de chaque congolais est le garant d'une
bonne gestion de nos ressources naturelles.
En considération de ces éléments, nous
sommes conscients des attentes du monde entier sur l'utilisation rationnelle de
nos réserves en matières premières, notamment face aux
enjeux des énergies renouvelables et des changements climatiques.
C'est pourquoi, conscient de cet immense défi, en
accédant à la plus haute charge de mon pays, le sentiment qui
m'anime est celui d'une grande humilité face aux lourdes
responsabilités qui sont les miennes.
Ainsi, j'invite chaque citoyen congolais à
concrétiser les piliers de notre projet de société dans la
sphère de ses activités, de ses actions ou de ses
responsabilités.
Chers compatriotes,
Nous nous engageons à ériger un Etat moderne,
pacifique, démocratique et soucieux de chaque citoyen. Un Etat où
chaque institution va jouer son rôle dans le cadre du principe de
séparation des pouvoirs. Un Etat qui garantira le bonheur de tous.
En communion avec nos pères fondateurs, nous pouvons
valablement formuler pour les générations futures les promesses
qui inspirent notre engagement.
Le Gouvernement que nous allons nommer prochainement et qui
sera investi par le parlement va décliner son action politique sur
plusieurs priorités.
- La pacification de tout le territoire national en
accélérant la lutte contre l'éradication des groupes
armés qui sévissent et sèment la désolation
auprès de nos populations ;
- La lutte contre la pauvreté par des actions sociales
et une politique novatrice de cohésion nationale ;
- La réhabilitation et la consolidation d'un
état de droit à travers des institutions solides, de
proximité et équitables au service de l'emploi, de la jeunesse,
de l'éducation, de la santé et de tous nos enjeux
économiques et sociaux ;
- Une lutte efficace et déterminée contre la
corruption et les anti-valeurs notamment l'impunité, la mauvaise
gouvernance, le tribalisme et autres ;
- La promotion de la presse et des médias pour en faire
véritablement un quatrième pouvoir ;
- La valorisation de notre capital humain par la promotion des
jeunes et des femmes ;
- Le développement des milieux ruraux par la
construction des infrastructures sociales de base pour mieux maîtriser
l'exode rural ;
- La simplification des procédures administratives dans
les secteurs clé de la vie nationale pour favoriser le climat des
affaires, le développement du tourisme, la libre circulation des biens
et des personnes et l'accessibilité du citoyen à tous les
services de l'Etat.
Chers compatriotes,
La réalisation de ces engagements se traduit par la
mise en place d'un plan coordonné de gouvernance avec des actions
immédiates et déterminantes sur le plan militaire, politique,
diplomatique, socio-économique, humanitaire et environnemental.
Nous ferons de la réconciliation nationale l'une de nos
priorités. Nous sommes convaincus de l'urgence de mettre en place
rapidement une véritable procédure d'écoute et de dialogue
dans l'ensemble du pays en prélude à un Forum de
réconciliation qui réunira toutes nos forces vives.
Chers compatriotes,
La Paix repose aussi sur la capacité de chaque citoyen
à être le pilier de notre système démocratique
basé sur un fonctionnement sain et efficace des institutions.
Nous sommes favorables à une véritable
modernisation de notre système politique.
Les formations politiques doivent transcender les clivages
ethniques et sociologiques. Les modes de scrutin doivent mieux s'adapter
à nos réalités tout en préservant nos
capacités financières. Le financement public des partis
politiques doit être appliqué.
Nous souhaitons que ces objectifs se traduisent par l'adoption
d'une nouvelle loi électorale garante de l'équité pour
tous les citoyens.
Chers compatriotes,
A cet instant de célébration de notre engagement
démocratique, notre pensée profonde va vers les populations de
BENI, BUTEMBO dans le Nord Kivu, et du Kasaï Central qui continuent
à subir des pertes en vie humaines.
Nous avons la forte détermination d'éradiquer
tous les groupes armés nationaux et étrangers qui continuent
à sévir cette partie de la République, plus
particulièrement à l'Est de notre territoire.
Que nos compatriotes de Beni, Butembo et Yumbi, soient
assurés de notre détermination de les voir remplir leur devoir
civique comme prévu par la CENI.
Nous devons également l'admettre : l'absence
prolongée de l'autorité locale légitimée par des
élections constitue un véritable frein à la mise en oeuvre
de nos politiques publiques, notamment en matière d'état-civil,
d'éducation, de santé, d'assainissement et d'environnement.
Le dernier recensement de la population date de 34 ans. Nous
avons accepté une situation dans laquelle plusieurs de nos compatriotes
ne disposent pas de carte d'identité ou d'état civil.
Nous comptons engager le Gouvernement à réaliser
très rapidement un recensement sur tout le territoire. L'information
démographique fiable est nécessaire à la planification de
notre développement dans l'ensemble du pays, province par province.
Nos provinces souffrent car notre système de transfert
des recettes fiscales est inégalitaire. L'alinéa 2 de l'article
175 de la Constitution relatif au principe de la rétrocession à
la source de 40% des recettes fiscales aux provinces constitue une source de
déséquilibre.
Un rééquilibrage est donc nécessaire sur
base de critères objectifs applicables à l'ensemble des
provinces. Parmi ces critères figurent la démographie, le niveau
de développement et la capacité de gestion et d'absorption des
allocations financières.
Renforcer les moyens de nos provinces pourra garantir
l'accès du citoyen à une justice équitable et de
proximité. Notre pays compte un magistrat pour environ 26.000
habitants.
Ce déficit fragilise l'équité et
l'efficacité de la justice de notre pays tout en légitimant la
défiance des citoyens congolais.
Les actes de procédures judiciaires sont parfois rendus
en contrepartie de divers paiements pour certains, en dehors de toutes
règles établies. La grande majorité des justiciables est
désemparée.
Un cadre juridique efficace permet de renforcer en premier
lieu la lutte contre la corruption, fléau qui dévaste notre pays,
ses institutions et ne protègent pas les créateurs de
richesse.
Nous allons initier une stratégie de lutte contre la
corruption dans l'ensemble des rouages de l'Administration publique. Un accent
particulier sera porté sur la lutte contre la délinquance
fiscale.
Afin de valoriser l'Etat de droit, nous allons procéder
au renforcement de la sensibilisation au civisme fiscal.
Chaque année, nous subissons entre 16 et 20 milliards
de dollars d'évasion fiscale, soit quatre fois notre budget annuel. Nous
devons inverser cette tendance.
Un mécanisme de guichet unique attrayant, une
simplification des procédures fiscales et douanières seront
institués afin de permettre à l'ensemble de nos acteurs nationaux
et étrangers de s'inscrire dans une démarche légale
bénéfique pour toutes les parties.
Nous comptons ouvrir des perspectives nouvelles afin de
renforcer la dynamique du développement économique et social de
notre nation.
Suivant des critères établis par les organismes
internationaux, le Congolais est indexé dans la catégorie des
citoyens vivant avec un revenu annuel moyen par habitant de moins de 400
Dollars, soit un des revenus les plus faibles de la planète. Nous devons
faire évoluer favorablement ce paramètre pour nos concitoyens.
Nous devons renforcer et augmenter la productivité de
notre secteur privé, encourager l'entrepreneuriat par les congolais,
mobiliser nos efforts dans des secteurs à forte valeur ajoutée et
créateurs d'emplois pour la jeunesse de notre pays,
particulièrement l'agriculture, les nouvelles technologies,
l'innovation, les industries de transformation et la protection de
l'environnement.
Nous ferons appliquer avec rigueur sur l'ensemble du
territoire, la loi sur le petit commerce réservé aux nationaux
dans le cadre du principe du privilège national.
Afin de combler son retard en rapport au standard des pays en
voie de développement, le Congo doit consacrer 6 milliards de dollars
annuellement sur dix ans aux infrastructures, dont 1 milliard de dollars
seulement pour la maintenance. En réalisant cet objectif, le
gouvernement consolidera, notre croissance économique.
Ces infrastructures, base de notre développement, sont
nécessaires pour garantir la reconquête de notre économie,
particulièrement les infrastructures routières, les ports, les
aéroports, l'accès à l'eau et à
l'électricité, les nouvelles technologies sous toutes leurs
formes.
Nous demanderons au Gouvernement de réaliser un plan
d'investissement des plus ambitieux avec les partenaires nationaux et
internationaux en usant de toutes les techniques financières
sécurisées possibles, y compris les Partenariats Publics
Privé et des financements innovants.
Notre pays dispose du potentiel hydroélectrique le plus
élevé au monde. Plus de cent mille Mégawatts sont
disponibles sur 217 sites de production d'Hydroélectricité
pouvant permettre aussi bien la construction des micro-barrages à de
plus grandes infrastructures.
Pourtant, Seul 2,6% de ce potentiel est exploité. Nous
devons atteindre les 50% en une décennie.
Le taux d'accès de la population congolaise à
l'énergie électrique est de moins de 9% contre une moyenne de 30%
en Afrique et de 80% dans le monde. Pourtant, des études du PNUD
démontrent que 76 000 villages du Congo peuvent s'auto-suffire en
énergie grâce à leurs cours d'eau. Nous devons agir et
innover.
Notre déficit énergétique impacte sur la
productivité dans tous les secteurs de notre économie. Suivant
les normes modernes, nous allons initier, toutes les gammes de projets
d'hydroélectricité dans toutes les provinces du pays.
Par ailleurs, les projets Inga III et Grand Inga seront
réalisés avec une ouverture plus transparente vers les
partenaires en tenant compte de l'importance stratégique et mondiale de
ce site.
Ce mouvement de production électrique sera
renforcé par toutes les formes de production de nouvelles
énergies. Une nouvelle loi sur l'électricité sera
instaurée.
L'accès à l'eau potable est aussi un important
défi. Nous devons tous réaliser que le Congo dispose de 53% des
réserves d'eau du continent africain.
Pourtant, moins de 10% de nos concitoyens ont accès
à l'eau potable. Ce secteur bénéficiera d'une
véritable stratégie d'investissement d'urgence pour augmenter
drastiquement le taux d'accès à l'eau potable de nos
populations.
Notre système éducatif doit être en phase
avec nos grands défis économiques et humains. Nous devons offrir
une meilleure formation technique et professionnelle à notre jeunesse
pour faire de notre pays un solide pôle d'attractivité et
d'implémentation technologique.
Aussi, il est injuste d'exiger aux familles le paiement d'une
« prime des parents » consistant à les voir payer le
salaire des enseignants. Nous devons trouver rapidement une alternative
à cette situation injuste.
Conformément à notre constitution, la
gratuité de l'enseignement fondamental doit être une
réalité. Nous allons veiller à améliorer les
conditions des enseignants du primaire, secondaire et universitaire.
S'agissant des étudiants, des universités et des
instituts supérieurs, nous sommes conscients des difficultés dans
lesquelles ils évoluent, notamment les coûts élevés
des frais d'inscription, l'insuffisance des frais de fonctionnement des
établissements publics de l'Etat et la détérioration des
infrastructures.
Nous appliquerons des mesures urgentes de modernisation des
infrastructures, d'allégement des frais académiques,
d'actualisation des programmes et d'amélioration des conditions de vie
des étudiants et enseignants.
Nous entendons aussi améliorer les conditions de
travail des fonctionnaires et agents de l'Etat. Dans cette optique, nous
souhaitons initier des échanges avec les différents syndicats
socio professionnels afin de trouver des solutions à toutes ces
préoccupations.
Chers Compatriotes,
L'implication des Femmes dans l'ensemble des activités
de la vie de notre nation mérite une politique plus volontariste
d'encadrement, d'encouragement et de meilleure visibilité.
Outre l'impact indéniable des femmes dans notre vie
sociale et dans plusieurs pôles économiques, il est essentiel de
réaliser la promotion véritable de nos talents féminins
à des postes de décision dans notre pays.
Nos jeunes diplômés doivent disposer de tous les
atouts pour rejoindre le marché du travail ou celui de
l'entrepreneuriat. Nous allons demander au gouvernement d'innover dans
l'accès aux marchés publics pour les jeunes
diplômés.
Le Gouvernement initiera un partenariat entre l'Etat, les
provinces, le secteur privé, la société civile et nos
partenaires au développement en vue d'engager un vaste programme
national de promotion de l'entrepreneuriat pour les jeunes.
La réussite de ces engagements sera soutenue par un
financement ambitieux et maîtrisé garant de notre
développement. Cette démarche implique une politique
monétaire volontariste, un cadre d'investissement des entreprises plus
élaboré, un accès aux crédits pour les entreprises
et les particuliers moins contraignants.
Le gouvernement devra réaménager le code des
investissements afin de favoriser de nouveaux projets ayant un impact sur des
zones géographiques ou des secteurs d'activités cibles
définis en fonction des priorités nationales.
Nous travaillerons pour rendre le climat des affaires plus
attractif et compétitif notamment par l'aménagement de la
fiscalité en faveur du développement.
Nous engagerons une véritable concertation avec
l'ensemble des composantes de notre tissu économique pour
redéfinir un environnement propice.
Cet engagement se traduira par une profonde restructuration de
l'ANAPI. Notre agence nationale de la promotion de l'investissement doit
véritablement jouer un rôle de leadership dans ce domaine.
Chers Compatriotes,
Garant de l'exemplarité, le gouvernement adoptera une
politique de stabilité macroéconomique s'appuyant sur une gestion
rigoureuse de la dépense publique assortie d'une politique
budgétaire prudente.
Notre stratégie d'endettement à moyen et long
terme verra notre pays bannir toute dette publique ayant comme contrepartie le
gage d'actifs miniers ou d'actifs publics. Nous devons nous protéger et
épargner pour les générations futures.
Nous allons privilégier la dette concessionnelle
à long terme orientée vers le financement des infrastructures et
le renforcement du capital humain. Cette rigueur financière doit nous
permettre de mieux sécuriser la gestion des revenus de nos
matières premières.
Dans le secteur des mines, la rente minière devrait
participer à hauteur de 45% de nos recettes. Ce qui est la norme dans
les pays situation identique.
En République Démocratique du Congo ce taux
n'est que de 10%. Dans notre intérêt et celui des
opérateurs du secteur, nous appliquerons une politique concertée
pour neutraliser ce déséquilibre.
Nous comptons renforcer la traçabilité dans
l'exploitation des minerais, redéfinir le cadre de fonctionnement du
secteur et promouvoir avec tous les acteurs une nouvelle politique de
développement et d'environnement de notre industrie extractive. Il est
impératif d'avoir une politique extractive qui soit source de
développement pour nos territoires et nos concitoyens.
Eradiquer les minerais du sang est une
nécessité, notamment à L'Est de notre pays. Nous allons
structurer toutes les chaînes de valeur de notre industrie extractive.
Notre objectif est de doubler en une décennie la part
de la valeur ajoutée générée sur le territoire
congolais par plus de transformation au niveau provincial et national.
A ce titre, nous allons initier une rencontre avec les leaders
mondiaux dont la réussite industrielle dépend de notre sous-sol,
afin d'adopter un plan d'implémentation et de transformation de nos
minerais qui servent de matière de base à leurs industries.
Cet engagement favorisera l'émergence d'acteurs
nationaux d'envergure tout en renforçant la création d'emplois.
Cette démarche favorisera l'émergence d'une classe moyenne.
Chers compatriotes,
La lutte contre le chômage est un immense défi
national. Sur 80 millions de citoyens, plus de 43 millions sont en âge de
travailler. Pourtant notre pays ne compte que 4 millions 9 cent mille de
salariés ayant un emploi formel et de type moderne.
Trente-deux millions de congolais en âge de travailler
disposent d'emplois précaires ou sont en sous-emploi, tandis que plus de
6 millions sont des chômeurs en situation de détresse.
Nous devons réhabiliter le secteur formel,
réformer le plafonnement de l'Impôt professionnel sur les
rémunérations et promouvoir le respect dans toutes les branches
du SMIG, dont le salaire minimum est établi à 5 dollars par
jour.
Environ 50 millions de congolais représentant 60% de la
population n'ont pas accès au système de santé. La
vaillance et la bravoure de notre personnel du secteur mérite le
renforcement des moyens humains et matériels adéquats.
Nous demanderons au gouvernement de prendre des mesures
rapides pour la réhabilitation des hôpitaux de
référence, la construction de plateforme de santé et la
mise en place d'un système de couverture sanitaire à travers des
mutuelles de santé. Nous ne pouvons pas accepter un système de
santé défaillant au péril de la vie de nos concitoyens.
Le gouvernement aura pour mission d'accroître de 10 %
par an le taux de couverture des populations par un système d'assurance
maladie abordable et efficace jusqu'à l'atteinte de la couverture
maladie universelle.
Nous réformerons en ce sens la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale et allons promouvoir la mise en place d'un
écosystème de couverture santé adapté couvrant
l'ensemble des catégories sociales.
Les défis que nous devons mener sont nombreux. Aucun
secteur n'échappe à une véritable politique d'urgence. Le
Gouvernement devra adopter une démarche novatrice pour résorber
le déficit en logements sociaux, renforcer l'artisanat,
développer le tourisme, la culture, les sports, créer des centres
d'invention et d'innovation et renforcer la protection de l'environnement.
Cette projection de notre action vise surtout à mettre
en valeur le génie créatif de la jeunesse congolaise. Son
dynamisme montre que notre pays est en pleine transformation.
Excellences Messieurs les Présidents,
Distingués invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Chers compatriotes,
Le monde entier a les yeux rivés sur la
République démocratique du Congo. Pour notre développement
harmonieux, nous allons mener une politique de coopération
économique basée sur l'investissement et l'amélioration de
l'image de notre pays.
Notre meilleur ambassadeur est la diaspora dynamique car elle
est dotée de compétences et de ressources diverses. En effet nos
compatriotes de l'étranger disposent d'expériences diverses. Nous
connaissons leur patriotisme et entendons les associer plus fortement à
notre vision du Congo par une série d'initiatives.
Notre pays est un carrefour au coeur de l'Afrique. A ce titre,
il fait la jonction entre toutes les zones géographiques du continent
L'intégration régionale est l'une des
premières sources de diversification de notre économie. Cette
intégration sera renforcée au cours de notre mandat dans le plus
grand respect des intérêts de nos pays respectifs.
Nous comptons apporter une innovation dans le cadre de projets
communs en coopérant avec tous les pays de la région, en
commençant par nos voisins.
Le développement de l'industrie minière,
manufacturière et agro-alimentaire de notre pays ne peut se concevoir
que dans le cadre d'un programme gouvernemental qui intègre les aspects
liés à la protection de l'environnement dans un contexte
régional.
Dans cette optique, nous envisageons l'intégration de
la République démocratique du Congo à la Communauté
des États d'Afrique de l'Est - la CEA- dont la majorité des pays
membres sont frontaliers et avec lesquels nos citoyens, à l'Est du pays,
engagent des échanges économiques importants depuis plusieurs
décennies.
En effet, ces opérateurs économiques de l'Est
exportent et importent leurs marchandises à partir du port de Mombassa
au Kenya et de Dar-es-Salaam en Tanzanie. La Communauté
économique de l'Afrique de l'Est offre des avantages tarifaires et
douaniers. Nous devons désormais en faire un atout pour notre
développement.
Excellences Messieurs les Présidents,
Distingués invités
Excellences, Mesdames et Messieurs
Congolaises et Congolais
Chers compatriotes,
Notre politique étrangère sera désormais
axée sur une véritable approche de partenariat stratégique
au bénéficie de la population congolaise.
A l'Union Africaine, à tous ses Etats membres nous
disons merci d'avoir toujours été à nos
côtés. Qu'il s'agisse de la pacification de notre pays ou des
différents dialogues pour nous réconcilier, notre organisation
continentale a toujours su nous accompagner.
Nous engagerons une politique plus ambitieuse au sein de
l'Union Africaine afin que le Congo puisse contribuer au développement
de l'Afrique à la hauteur de l'indéfectible soutien que nous
avons toujours reçu.
Je souhaite bénéficier de l'expérience et
de la sagesse individuelle et collective des collègues Chefs
d'Etat présents ou représentés afin de
matérialiser notre engagement commun pour la Renaissance africaine.
Je suis déterminé par ailleurs à soutenir
les récentes réformes engagées au sein de l'Union
Africaine pour rendre notre organisation plus forte et autonome.
Excellences Messieurs les Présidents,
Distingués invités,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Je souhaite impulser une meilleure présence de notre
pays dans les instances internationales, à la hauteur de notre vocation
naturelle.
A la communauté internationale, nous tenons à
dire que dans le respect de notre souveraineté, nous sommes un membre
actif de l'organisation des Nations Unies.
Nous sommes disposés à entretenir des relations
étroites de coopération avec tous les pays du monde en
commençant par nos partenaires traditionnels. Nous allons redynamiser
notre présence dans les organismes multilatéraux.
La République démocratique du Congo, soucieuse
d'une non-ingérence dans sa politique interne, doit devenir un exemple
de coopération internationale équilibrée, plus
particulièrement avec les Etats et les organisations disposant avec nous
d'une relation historique.
Pour symboliser cette vision, nous aimerions que des
discussions déjà entamées avec l'Union Européenne,
l'un de nos partenaires majeurs, qui tiennent compte de nos
intérêts, puissent aboutir et favoriser la réouverture de
la Maison Schengen.
Sous ce chapitre de coopération internationale, nous
saluons le rôle joué par la Mission des Nations Unies pour la
stabilisation du Congo (MONUSCO) en termes de pacification.
Nous prenons ici l'engagement de favoriser une
coopération étroite, entre les Forces armées de la
République Démocratique du Congo et la MONUSCO en vue
d'éradiquer toutes les forces négatives actives dans notre
pays.
Car l'important travail de développement que nous
entendons entreprendre avec tous les acteurs ne peut avoir de sens ni d'effet
escompté sans la paix et la sécurité.
La République Démocratique du Congo commence une
nouvelle ère de son histoire politique, en adéquation avec ses
attentes et son potentiel.
C'est une oeuvre grandiose de servir son pays. Je le mesure
encore plus à cet instant précis. J'invite chaque congolaise et
chaque congolais à contribuer à l'édification et au
développement de notre pays. Le chantier de construction de la
République est immense. Votre implication en fera une réussite
collective.
Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de
Gouvernement,
Distingués Invités, en vos rangs et
qualités,
Au nom du Peuple Congolais que je représente en ma
qualité de Président de la République, Je tiens à
vous réitérer toute ma gratitude pour avoir rehaussé de
votre présence cette cérémonie d'investiture.
Que Dieu bénisse notre Nation.
Vive la République démocratique du Congo.
Vive la Renaissance africaine.
Je vous remercie.
|