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Subjectivité langagière dans le discours d'investiture du président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 24janvier 2019.


par Nestor MUNGUDJAKISA
Institut Supérieur et Pédagogique de Bunia (ISP/BUNIA)  -  Licence en pédagogie appliquée 2019
  

Disponible en mode multipage

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251655168ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

INSTITUT SUPERIEUR PEDAGOGIQUE DE BUNIA

(ISP/BIA)

B.P. 340 BUNIA

251689984 ispbunia2006@gmail.com

SECTION  : LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

« Subjectivité langagière dans le discours d'investiture du Président congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, 24 Janvier 2019 »

DEPARTEMENT  : FRANÇAIS

Par

NestorMUNGUDJAKISA UNG'EY

MEMOIRE

Présenté et soutenu pour l'obtention du Diplôme de Licence en Pédagogie Appliquée.

Option : Français- Langues africaines

Directeur :  M.Michel-Archange OSHIM ESINGA

Professeur

Encadreur : M.Faustin MATESO NGABU

Assistant

Année Académique : 2019-2020

(Première Session)

DEDICACE

A papa, le Docteur Tony OKA UKETY et, maman, Keren NYAMUNGU TSHANDIA,

Je dédie ce travail.

REMERCIEMENTS

Un travail aussi important qu'un mémoire de licence ne pourrait pas du tout être achevé sans l'aide et la bienveillance des autres.C'est pour cette raison que nous remercions tous ceux qui nousont apporté leurs conseils, leurs soutiens et leurs contributions tant matérielles, intellectuelles que morales. Les uns, nousont appris la rigueur scientifique pourl'organisation de notre travail ; les autres nousont apporté le soutien moral indispensable pour mener à terme ce projet. Ainsi, au terme de nos études, en vue de l'obtention du Diplôme de licence en Français-Langues africaines, nous leur réitérons sincèrement nos sentiments de gratitude.

Nos remerciements s'adressent, d'abord, à Monsieur le Professeur Michel- Archange OSHIM ESINGA, Directeur de cette recherche, pour son apport incessant et précieux en conseils et explications depuis l'instant où il nous avait donné legoût de la pragmatique et nous a accepté comme disciple dans ce domaine de recherche.

Nous n'oublions pas également, Monsieur l'Assistant Faustin MATESO NGABU,qui a accepté d'accompagner et surtout d'encadrer ce travail, malgré ses multiples occupations. Un grand merci pour son encadrement exceptionnel et sa disponibilité continue, ainsi que pour la grande source de motivation et de persévérance qu'il a été pour nous pendant toute la durée de la rédaction de ce mémoire.

Aussi, nos gratitudes s'adressent à tous les formateurs del'ISP/Bunia ; plus particulièrement,aux enseignants de ladite Institution, en général, et àceuxdu Département de Français, en particulier. Leurs riches enseignements, leurs qualités pédagogiques sont pour nous un modèle.

Ensuite, nous exprimons nossentiments de gratitude àla famille de Patrice MALO BASSA et àPatience BIRUNGI KABAGAMBE, du Sacré-Coeur de Jésus, qui nous ont également apporté leur soutien grâce auquel nous sommes arrivé à la fin de nos études. Nous remercions aussi les grands frère Alpha LETHY UNG'EY, Mechak MUGISA UWECI, Philémon BANGA DHEWI et Dominique BHAYO MERIKO de leur assistance louable et opportune, qui nous a permis de subvenir à nos multiples besoins.

Enfin, nous exprimons nos sentiments de reconnaissance à tous les amis et connaissances, qui nous ontsoutenu dans la réalisation de ce mémoire.

NestorMUNGUDJAKISA UNG'EY

ACRONYMES ET SIGLES

API :Alphabet Phonétique International

CENI :Commission Electorale Nationale Indépendante

COD : Complément d'Objet Direct

COI : Complément d'Objet Indirect

DLSL :Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du Langage

E : Enoncé

RDC :République Démocratique du Congo

S1 : Locuteur ou Sujet de l'énoncé

ti:Temps de l'événement

to :Temps d'énonciation

UA : Union africaine

UE : Union européenne

GMT : Temps moyen de Greenwich

UDPS : Union pour la Démocratie et le Progrès Social

Vs : « versus », « opposé à »

W: Relation de rupture entre ?o et S1 dans la règle ?o W S1 

?o : Enonciateur ou sujet d'énonciation

Ö : Vide ou (morphème zéro)

F.A.T.T. : Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

0.INTRODUCTION GENERALE

0.1. ETAT DE LA QUESTION

« Nihil novi sub sole », dit-on. Ce qui se traduit en français par la phrase suivante : « il n'y a rien de nouveau sous le soleil ». La Bible explique également en termes de « ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil », Ecclésiaste, 1 :9.

Ainsi, une recherche, quelle que soit sa projection, part toujours de ce qui existe, de ce quia été déjà réalisé dans le domaine d'étude.

En République Démocratique du Congo, d'après nos investigations, les discours politiques, en général, ont fait l'objet de nombreux travaux scientifiques. En témoigne la revue non exhaustive de la littérature scientifique suivante :

- OSHIM E., Analyse pragmatique du discours politique du Président MOBUTU SESE SEKO (1965-1969), mémoire de D.E.S. inédit, en Langue et Littérature françaises, UNIKIS, 2006.

- OSHIM E., Analyse du discours politique congolais. Cas du discours politique du Président MOBUTU SESE SEKO. (1965-1975), Thèse de doctorat inédite, UNIKIS, 2008.

Dans ces deux recherches, la question principale est la suivante : Pouvons-nous postuler l'isomorphisme du discours et de la politique dans le discours politique de MOBUTU SESE SEKO ? Certes, il y a isomorphisme du discours et de la politique de MOBUTU SESE SEKO. Ce qui revient à dire que MOBUTU instrumentalise son discours en le mettant au service de son action politique au Congo-Zaïre. Comme objectifs assignés, il s'agit de circonscrire les cadres théoriques, méthodologiques du discours politique de MOBUTU, démonter l'appareil formel de l'énonciation de ce discours dans le but de repérer les empreintes de différents protagonistes, celles du lieu, temps, et les relations lues en filigrane dans ledit discours, établir une relation entre l'énonciation, l'univers et les enjeux du discours, décrire « le faire » ou « l'agir » de MOBUTU à travers les actes illocutoires qu'il a posés par rapport à son ou ses interlocuteurs, interpréter également la manière dont le locuteur MOBUTU établit des relations avec ses allocutaires en respectant ou en violant les lois du discours. Et enfin, analyser le niveau d'adéquation entre l'action politique de MOBUTU et le cadre pragmatique de son discours. Comme résultat, ces deux travaux, nous affirment que l'hypothèse principale a été vérifiée et confirmée. En effet, il y a isomorphisme du discours et de la politique de MOBUTU SESE SESEKO, fondés sur son action de reconstruction nationale. Il va de soi que MOBUTU a doté son discours d'une compétence organisatrice à travers les actes essentiellement illocutoires. Cela n'a été possible que grâce à l'inscription de ce discours dans les cadres contextuel, énonciatif et illocutoire, d'une part, et au surgissement du sujet MOBUTU d'autre part, qui a mis en branle un ensemble de stratégies discursives.

- UKUMU D.,Force locutoire et illocutoire du verbe dans le langage ordinaire Alur. Thèse de doctorat en philosophies, inédit, UNIKIS, 2007.

La question principale qui est au centre de cette recherche est la suivante : Le langage ordinaire, le langage des langues naturelles, contient une multicanalité d'expressions ayant trait à la multicanalité et à la richesse de nos expériences, de sorte qu'il y a lieu de se demander : de quelle façon les mots se relient-ils à la réalité ? A cette question il se propose la réponse qu'un acte de langage ou les actes de langage réalisés dans l'énonciation d'une phrase, serait fonction de la signification d'une phrase en question. Ainsi, l'objectif principal assigné à cette recherche est d'examiner non seulement les mots, mais aussi les réalités dont nous parlons ; et ce, grâce à une conscience aiguisée des mots, en vue de rendre plus perspicace notre perception des phénomènes. C'est ce qui s'explique à travers les actes locutoire et illocutoire, deux actes intrinsèquement contenus dans le « verbe » (alors que l'acte perlocutoire est extrinsèque). Comme condensé de cette recherche, nous pouvons retenir que l'on peut se fier au langage ordinaire comme maître très érudit ; mais, qu'on a tout avantage à interroger critiquement. Nous avons vérifiécela en analysant pragmatiquement la force locutoire et illocutoire du verbe dans le langage ordinaire « Alur. »

- MATESO N.,Discours du cinquantenaire de l'indépendance du Congo par Joseph KABILA, Essai d'analyse pragmatique, mémoire de fin d'études inédit, Isp/Bunia, 2010.

Ce travail se pose la question principale suivante : Quelle est la force du dire dans ce discours combien historique du Président de la République du Congo à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance ? Comme réponse, le discours de son excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo est pragmatique, car il l'instrumentalise. En effet, il le met au service de ses actions politiques au pays. Autrement dit, ce qu'il énonce, il le fait, même s'il ne le fait pas totalement. Comme objectif principal de ce travail, il est question « de repérer la force du dire » dans ce discours combien historique du Président de la RDC à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance. En définitive il s'observe, dans ce mémoire,en premier lieu, la description du cadre énonciatif du discours de Joseph KABILA, le locuteur J. KABILA, son ou ses interlocuteurs potentiels et les types de relations qui les unissent dans l'espace et dans le temps ; il se note la description essentielle des actes illocutoires posés par J. KABILA, en situation de locuteur vis-à-vis de ses interlocuteurs. Notons également la description, à travers ces actes, des implicites sémantiques et pragmatiques. »

- MATESO N.,La subjectivité langagière dans le discours de l'indépendance du Congo par Joseph KABILA, article inédit, Isp/Bunia, 2018.

Ici, plus particulièrement, le centre de la réflexion se situe au niveau de cette question de la recherche : Comment se présente la subjectivité dans le cadre énonciatif du discours de l'indépendance du Congo prononcé par Joseph KABILA ? Sans doute, c'est à partir des procédés d'expressions linguistiques dans les énoncés de ce discours. C'est pourquoi l'objectif assigné à cet article se fonde sur l'approche énonciative, c'est-à-dire mettre les énoncés en relation avec l'utilisateur et les contextes dans lesquels ils sont produits. Comme résultat, il a été relevéles marques subjectives de l'appropriation du discours à travers les modalités énonciatives utilisées par Joseph KABILA KABANGE pour exprimer ses intentions communicatives.

En partant de cette revue de la littérature, nous inscrivons notre recherche dans la même approche, à savoir sémio-pragmatique. Nous nous démarquons de travaux antérieurs dans la mesure où nous nous proposons d'analyserl'expression de la subjectivité dans les énoncés du discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Ainsi, nous allons décrire les indices de la subjectivité langagière, à savoir les modalités d'énonciation et les modalités d'énoncé. En outre, nous cherchons à identifier l'intention communicative du Président à travers les actes illocutoires de persuasion, de dissuasion pour construire la démocratie et instaurer la bonne gouvernance. Car, personne d'autre avant nous, n'aencore osé l'analyser.

0.2.PROBLEMATIQUE

En pragmatique, le langage comme discours tient une part importante dans les actes du dire. Il représente le moteur des relations humaines. Tout individu, dans quelque condition qu'il soit, s'engage dans un réseau d'interactions sociales. Aussi, si les hommes interagissent par le langage, ils ne se comprennent ou ne se méprennent qu'à travers le discours. Attendu que l'homme est toujours un être d'intentions, il se permet de délibérer, d'agir dans le monde avec cette visée de convaincre, d'amener à l'adhésion par des arguments, à la pertinence de son raisonnement à travers les médias, les relations interpersonnelles ou socioprofessionnelles. Nous interagissons en laissant constamment des traces linguistiques, qui échappent aux modèles traditionnels d'interprétations des faits de communication. Ces traces langagières insaisissables, a priori, constituent la preuve que ce qui est dit, du point de vue de la communication, n'est pas nécessairement ce qui est suggéré au regard du discours, étant donné que le discours est une pratique finalisée, ancrée dans un contexte sociohistorique. Sa compréhension ou son interprétation passe par la connaissance des modes d'articulation et de dérivation. L'homme ne peut pas faire l'économie de ce savoir sous peine de ne pas accéder à l'essentiel de la communication langagière. C'est pourquoi, chaque parole est une parole de circonstance. Par conséquent, chaque mot est une histoire. Et comme le dit OSHIM (2006) : « Lorsqu'on aborde le domaine de la parole ou de la performance, on entre de plain-pied dans celui du discours et/ou de l'énoncé, objet de la pragmatique linguistique qui est de décrire non la signification de la proposition, mais la fonction de l'acte de langage réalisée par l'énoncé. » Ainsi, la conception que les pragmaticiens ont du langage, dira MOESCHLER (1985 :20), est « une conception instrumentale centrée sur le concept d'action. » Ainsi, l'homme fait usage de la langue pour s'exprimer, pour se faire comprendre, pour mobiliser et pour éventuellement trouver des solutions aux divers problèmes de la vie et des controverses dans la société. La République Démocratique du Congo, qui est le cadre de notre travail a, depuis son existence, connu plusieurs faits, à savoir des événements divers, des désinvoltures et des catastrophes. Elle a connu, dans son histoire, comme pratiquement dans les autres pays africains, le changement des Chefs d'Etats par une voie légale ou non. Autrement dit, les voies d'accès à la magistrature suprême sont multiples. On peut noter, par exemple, le coup d'Etat, les accords secrets après négociation, etc. En effet, le discours politique peut être comparé à une prise de parole qui s'inscrit dans une rétrospective par rapport au mandat à briguer. Il n'en demeure pas moins un fait historique.

D'autres indices également montrent que le discours est le seul porteur d'intention, d'espoir, lesquels donnent un sens à la vie. En effet, tout discours correspond à une circonstance. Il n'est jamais neutre. Il est toujours subjectif, intentionnel et est destiné à annoncer un message à un auditoire. Celui prononcé par son excellence le Président de la République Démocratique du Congo, Monsieur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, à l'occasion de son investiture n'échappe pas à cette exigence.

Aussi, le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO du 24 Janvier 2019 nous amène-t-il à formuler les questions de laproblématique de la manière suivante:

Question principale :

Ø Comment le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est-il subjectif dans son discours d'investiture en face de ses allocutaires ?

Questions spécifiques :

Ø Quels sont les indices de la subjectivité langagière qui se trouvent dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à la bonne gouvernance pour le développement du Congo ?

Ø Quelle est son intention communicative ?

0.3.HYPOTHESES

0.3.1. Hypothèse principale

Après une lecture attentive de ce discours, nous disons que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO serait subjectif à travers les modalités d'énonciation et celles d'énoncé en face de ses allocutaires.

0.3.2. Hypothèses spécifiques

Les indices de la subjectivité langagière qui se trouvent dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à la bonne gouvernance pour le développement du Congo seraient, d'une part, les phrases déclaratives, impératives et exclamatives, et, d'autre part, les expressions relatives à l'évaluation, au souhait et au jugement

L'intention communicative du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lors qu'il recourt à la subjectivité langagière dans son discours d'investiture serait de persuader et /ou de dissuader le peuple congolais en vue de l'engager comme il l'entend dans la voie de la démocratie et de la bonne gouvernance en RDC à travers les actes illocutoires, tels que l'invitation, le souhait, la requête, la promesse, l'interdiction et l'ordre.

0.4. OBJECTIFS ET INTERET DU TRAVAIL

0.4.1. Objectifs du travail

Objectif principal

Décrire l'expression de la subjectivité dans les énoncés du discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO ;

Objectifs spécifiques

- Décrire les indices de la subjectivité langagière, à savoir les modalités d'énonciation et les modalités d'énoncé ;

- Identifier l'intention communicative du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à travers les actes illocutoires de persuasion, de dissuasion pour construire la démocratie et instaurer la bonne gouvernance.

0.4.2. Choix et intérêt du travail

Etant donné que le langage est considéré comme un agir communicatif visant le dialogue ou le consensus social vrai, les théories de la pragmatique ne doivent pas rester lettres mortes. C'est dans ce cadre que nous avons préféré les appliquer à l'analyse de ce discours historique qui occupe une place de choix dans l'histoire du peuple congolais, qui a connu, pour la première fois, la passation possible du pouvoir entre un Président sortant et un Président entrant.

Notre étude s'inscrit donc, dans le cadre de la pragmatique, c'est-à-dire dans le cadre de la linguistique de la parole dont l'enseignement devient, depuis une vingtaine d'années, impératif dans la formation des étudiants non seulement des Lettres, mais aussi de ceux d'autres Départements, notamment ceux de la Philosophie. A l'Isp/Bunia, l'enseignement de la pragmatique linguistique n'est pas encore très développé. C'est ce que souligne MATESO N. (2010) en ces termes : « l'enseignement de cette branche est récent. »

Aussi, avons-nous jugé utile d'orienter notre travail sous cet angle étant donné que les études dans ledit domaine nous semblent encore insuffisantes. Ainsi, nous pensons que cette modeste contribution comportant des éléments d'initiation à la pragmatique appliquée à l'analyse du discours, pourra inciter d'autres à prospecter ce domaine. Nous présumons que les scientifiques et d'autres amateurs notamment trouveront dans cette recherche une occasion indiquée de se ressourcer en pragmatique linguistique et plus particulièrement en linguistique de l'énonciation.

0.5.METHODES ET TECHNIQUE DU TRAVAIL

0.5.1. Méthode

Toute étude scientifique fait asseoir au départ une méthode lors de la recherche, c'est-à-dire « une marche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration de la vérité » (MATESO LOCHA, 2019). C'est, autrement dit, la procédure logique d'une science, l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable. C'est donc l'ensemble des opérations intellectuelles permettant d'analyser, de comprendre et d'expliquer la réalité étudiée.

Elle est aussi, « un ensemble de démarches raisonnées suivies pour parvenir à un but. » (REY, 1992).

De ces différentes définitions de la « méthode », il convient de comprendre la méthode comme un ensemble de démarches ou de voies à suivre pour atteindre un objectif.

De ce fait, pour réaliser notre travail, nous recourons principalement à l'approche « sémio-pragmatique. » Cette double visée se structure de la manière suivante :elle est« sémiotique » parce que « le sens construit passe par des catégories de formes, c'est-à-dire les énoncés (des mots, des séquences de mots et leur agencement), qui signifient en tant que telles, et ne sont pas seulement des traces transparentes d'un certain contenu. » Etelle est « pragmatique », compte tenu du fait qu'il s'agit non seulement de l'étude des relations entre les signes et leurs usagers, mais aussi de la référence aux usagers de la langue, à l'usage qu'ils en font et au contexte. C'est ce que OSHIM (2008) explique en termes des actes de langage ou intention communicative manifeste utilisé par l'énonciateur dans le discours. Ainsi, par rapport au contenudu discours sous analyse,nous utilisons deux méthodes :la méthode« descriptive » pour des phénomènes que l'on connaît un peu et que l'on veut décrire en profondeur (le comment ? le qui ?) et la méthode« explicative » dans la mesure où, elle s'adapte mieux aux phénomènes déjà décrits, pour lesquels on veut comprendre pourquoi les choses sont comme telles (le pourquoi ?).

0.5.2. Technique

Plusieurs penseurs définissent le concept « technique » de leur manière. Cependant, nous reprenons ici, la considération de GREIMAS, A-J. (1970), qui dit que la technique est « l'ensemble de procédés employés pour produire une oeuvre ou obtenir un résultat déterminé. »

Ce mot « technique » est également considéré d'après MATESO L. (2019) comme : « l'ensemble de procédés exploités par le chercheur dans la phase de collecte de données qui intéressent son étude.»

Au regard de ces deux définitions, la « technique » est tout simplement l'ensemble de procédés ou moyens employés pour sélectionner les données ou les matériaux bruts, qui devront être décrits et expliqués.

Ainsi, nous allons recourir à la technique documentaire.Cette technique est considérée d'après DUBOIS et alii. (1994), comme la « représentation, au moyen de termes et de procédés syntaxiques conventionnels, d'un certain contenu des documents (articles, publications) scientifiques aux fins de classement, de recherche d'information. » Tenant compte de cette définition, la technique documentaire nous aideraàsélectionner les énoncés sous formes d'échantillons ;car elle nous permettra d'accéder directement au contenu du discours politique déjà évoqué. Elle nous a également permis d'interroger lalittérature portant sur cet objet d'étude et sur les méthodes. A cela, nous ajouterons l'analyse de contenu comme technique par rapport au corpus. Cette méthode d'après BERELSON cité par OSHIM, (2008) est « une démarche descriptive objective, systématique et quantitative, du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter. »

0.6. DELIMITATION DU TRAVAIL

La délimitation de ce travail s'articule autour de la thématique, de l'espace et du temps.

Ø Délimitation thématique : Le thème de notre travail est : « Subjectivité langagière dans le discours politique d'investiture duPrésident congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, 24 Janvier 2019. »

Ø Délimitation spatiale : Pour ce travail, notre champ d'investigation demeure la République Démocratique du Congo située au coeur de l'Afrique.

Ø Délimitation temporelle : Dans le temps, le présent travail s'intéresse au discours d'investiture prononcé par le Chef de l'Etat Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO en RDC, le 24 Janvier 2019.

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion, cette recherche pivote autour de trois chapitres suivants :

Le premier est consacré aux considérations générales, qui portent sur le cadre conceptuel, le profil du Président et le contexte de production de ce discours. Le deuxième estaxé sur le cadre énonciatif du discours politique du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à l'occasion de son investiture au pouvoir, 2019. Et le troisième porte sur l'illocution dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS GERERALES

Introduction

De l'intitulé de notre sujet, nous avons retenu les concepts-clés suivants que nous tenterons de définir : subjectivité, langagière, discours et investiture. Par la suite, nous tenterons de circonscrire le cadre théorique de la pragmatique, à savoir la théorie des actes de langage et l'énonciation,de présenter l'actuel Président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et de situer la République Démocratique du Congo sur le plan géopolitique.

1.1. Définition de quelques concepts-clés. 

1.1.1. Subjectivité.

DansLePetit Larousse de langue française (2013), le mot « subjectivité » est défini de la manière suivante : « caractère de ce qui est subjectif par opposition à l'objectivité ; domaine de ce qui est subjectif ». Ce substantif a comme synonymes la partialité, le sentimental, le parti pris, etc.

Selon le dictionnaire de la langue française, Le Petit Robert (2016), la subjectivité se définit comme : « caractère de ce qui appartient au sujet ; à l'individu seul. »

L'adjectif dérivant de ce substantif est « subjectif (ve) » signifiant : « Qui relève du sujet défini comme un être pensant par opposition à l'objectif » ; il se dit également de ce qui est individuel et susceptible de varier en fonction de la personnalité de chacun. C'est de cette façon que les interprétations des textes littéraires, par exemple, sont souvent subjectives. Un discours prononcé peut avoir des interprétations diverses suivant les auditeurs. Bref, la subjectivité est définie comme : « la présence du sujet parlant dans son discours » (DUBOIS, J.et Alii. 1994). OSHIM, E. (2008), ajoute que dans la trame énonciative, la subjectivité du discours se manifeste notamment par les embrayeurs, les modalités de l'énoncé et celles de l'énonciation.

Néanmoins en pragmatique, parler de la subjectivité signifie principalement toucher l'énonciation développée par Emile BENVENISTE (1966 :259), tout en rappelant la place de l'homme dans la langue : « C'est dans et par le langage que l'homme se constitue comme Sujet ; parce que le langage seul représente, en réalité, dans sa réalité qui est celle de l'être, le concept d'ego ». Cette conception oriente le sujet vers l'identification et l'analyse des marqueurs de subjectivité dans le discours. Les déictiques, indices de personne, de temps et de lieu, retiennent alorsl'intérêt du sujet. Toutefois, la langue offre de nombreuses autres possibilités, certes parfois moins explicites, pour mettre en scène le sujet dans sa relation à l'autre et au monde. Ces indices de construction identitaire et de prise en charge du dire appartiennent à la modalité et s'imposent à l'analyse comme traces de l'activité d'énonciation.

De la sorte, nous pouvons retenir de la subjectivité, la qualité de ce qui est subjectif. Il s'agit de ce qui appartient ou qui est relatif au sujet, pris en opposition au monde externe. Par ailleurs, le concept désigne notre façon de penser ou de ressentir, la subjectivité et non pas l'objet en soi, d'après le trésor de la langue française informatisée.

En ce sens, la subjectivité est la propriété opposée à l'objectivité. La subjectivité est la propriété des arguments basés sur le point de vue du sujet et influencés par ses intérêts particuliers. Elle correspond plutôt à un point de vue distant, où les concepts sont traités en tant qu'objets.

Le thème de la subjectivité est analysé à partir de la philosophie également. Pour cette science, la notion désigne les interprétations faites sur n'importe quel aspect de l'expérience. C'est pour cette raison qu'elles ne sont accessibles qu'à la personne qui les expérimente, étant donné qu'une même expérience peut être vécue de différentes façons selon l'individu concerné. Ceci dit, le sujet donne ses propres opinions ayant pour base ses expériences. Il s'agit clairement d'opinions subjectives constituées par tous les faits vécus.

La différence entre la subjectivité et l'objectivité est claire lorsque plusieurs textes sont analysés. Ceux qui explicitent l'avis de l'auteur sont subjectifs ; ceux qui essayent de se limiter aux données concrètes et factuelles sont objectifs. Par exemple, « Je souhaite impulser une meilleure présence de notre pays dans les instances internationales, à la hauteur de notre vocation naturelle. » (L420-421)est une phrase subjective à cause du verbe souhaiter ; « Nous tenons à exprimer pour la première fois devant vous, notre reconnaissance au peuple congolais de nous avoir accordé à travers son suffrage, ce grand honneur. Cette confiance sera pour nous un soutien indispensable dans l'exercice de nos hautes responsabilités. »(L17-19)est une phrase objective. Car, le peuple a déjà réalisé à travers son suffrage la réussite du Président aux élections.

Au-delà de ceci, la subjectivité est « subject » en anglais signifiant en français « sujet. » 

1.1.2. Langagière

Selon, DUBOIS et alii. (1994), en linguistique, le concept langagier est utilisé couramment, depuis les années 80, l'adjectif langagier, à côté de l'adjectif-linguistique. Passer du linguistique au langagier, c'est prendre en compte le processus de production des discours en intégrant les paramètres situationnels et humains. Linguistique renvoie au principe d'immanence, qui consiste à étudier la langue comme formant un ordre propre, autonome, dont il est possible de décrire les structures par leurs seules relations. Langagier renvoie au principe de réalité par lequel la structure va se confronter à des besoins communicatifs, des enjeux discursifs, des représentations sociales.

Cet adjectif qualificatif « langagière » (langagier au masculin), il est dérivé de « langage. » Il faut noter qu'il est sujet à plusieurs controverses et définitions. En effet, selon Paul Robert (1987), il est « La fonction d'expression de la pensée et de communication entre les hommes mise en oeuvre au moyen d'un système des signes vocaux (parole) et éventuellement des signes graphiques (écriture) constituant une langue. »

Poursuivant ce même ordre d'idées, DUBOIS et alii. (1994), l'opposition langue parole est l'opposition fondamentaleétablie par F.de Saussure. Le langage, qui est une propriété commune à tous les hommes et qui relève de leur faculté, de symboliser, présente deux composantes : langue et parole. La langue est donc « une partie déterminée du langage, mais une partie essentielle. Et la parole est définie comme la composante individuelle du langage, comme un acte de volontéet de l'intelligence. »

Cependant,parler du langage à ce niveau, rappelle l'ensemble des moyens en langue à la disposition des sujets (par exemple : leur niveau de maîtrise des systèmes phonologique, morphosyntaxique, lexical, etc.), d'où, la compétence langagière, lorsqu'il s'agira de l'utilisation de ces moyens linguistiques dans des situations réelles d'interlocution où il faudra convaincre, se défendre, rassurer, faire semblant, s'imposer à l'autre, expliquer. Ainsi, le langage comme terme principal, duquel découle langagier, nous situe dans le domaine de la linguistique de la parole.

Le terme se définit comme :

Ø Faculté propre à l'homme d'exprimer et de communiquer sa pensée au moyen d'un système de signes vocaux ou graphiques. C'est de cette façon que plusieurs espèces de langages se prêtent à l'homme : les langages visuel, olfactif, tactile, auditif(Dubois et alii. (1994).

Ø Système structuré des signes non-verbaux remplissant une fonction de communication. Tel est le cas du langage gestuel, la mimique(Le Petit Robert (2009).

Ø Manière de parler propre à un groupe social ou professionnel(Le petit Robert (2013).

Un exemple est celui du Jargon des étudiants qui dit « Je vais à la baserie » pour dire : « Je vais aux toilettes ».

1.1.3. Discours 

Selon Dubois et alii. (1994) le discours est « Tout texte lu ou propos improvisés devant un public. » il est également considéré comme l'actualisation de la langue ; suite de mots qu'on emploie concrètement pour exprimer sa pensée.

En effet, le discours est un système de « langage mis en action, la langue assumée par le sujet parlant. » Tel qu'il est défini, le terme « discours » entretient la relation de synonymie avec « parole » et s'oppose ainsi au « langage » au sens de F. de SAUSSURE. Cependant, dans la « parole », on peut distinguer deux niveaux : le niveau de discours et celui de la parole proprement dite. Ces considérations nous amènent à expliciter le sens du vocable « discours.»

Le niveau de la parole proprement dite se résume en une « activité psychologique dont les produits sont d'ordre physique et grâce à laquelle le locuteur peut se manifester dans le monde. » Par contre, le « niveau de discours se préoccupe de la façon dont le sujet parlant utilise le système de la langue pour exprimer sa pensée personnelle, le choix qu'il fait des éléments de la langue, guidée par ses besoins de communication (Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide., consulté le 29 Janvier 2020, à 00h57').

La définition que W. BAL (1966 : 89) donne au terme discours se rapproche de celle d'E., BENVENISTE. Ce dernier oppose « récit » à « discours. » D'après lui, « le récit représente le degré zéro de l'énonciation ; c'est-à-dire, dans le récit, tout se passe comme si aucun sujet ne parlait, les événements semblent se raconter d'eux-mêmes. » Il poursuit en soulignant le fait que le discours se caractérise, au contraire, par une énonciation, supposant un locuteur et un auditeur, et par la volonté du locuteur d'influencer son interlocuteur. »

Pour MAINGUENEAU, (1981 : 54), « ce qui distingue le discours du récit, c'est que le premier est rapporté à l'instance d'énonciation alors que le second en est totalement coupé. » Ainsi défini, le vocable « discours » est envisagé dans son acceptation linguistique qui tranche nette avec toute considération relative à la rhétorique ou à l'art oratoire, dont l'ultime but est de persuader ou d'émouvoir en se conformant aux règles précises. Aussi, le dictionnaire électronique de la langue considère le discours comme « un développement oral fait devant une audience, le plus souvent à l'occasion d'un événement particulier (Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide., consulté le 29 Janvier 2020, à 00h57 minutes).

Parlant toujours du discours, selon Dubois et alii., (1994) nous pouvons retenir également que c'est :

Ø « Une suite de développements oratoires déterminés à persuader ou émouvoir et structurés selon des règles précises. »

Ø « Un langage mis en action, la langue assumée par le sujet. »

Ø « Une unité égale ou supérieure à la phrase ; il est constitué par une suite formant un message ayant un commencement et une clôture. »

En ce qui nous concerne, le discours est l'énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue de son enchaînement.

Dans le cadre de ce travail, il s'agit du discours d'investiture prononcé par le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. En effet, ce discours annonce une nouvelle ère en République Démocratique du Congo.

1.1.4. Investiture

Le Petit Robert, Dictionnaire de la langue, définit ce mot comme « Acte par lequel on investit quelqu'un d'un titre ou d'une dignité. »

On retient également qu'une cérémonie d'investiture est une cérémonie formelle au cours de laquelle un individu endosse des fonctions ou une position d'autorité et de pouvoir. Le terme est généralement utilisé en référence aux devoirs d'un chef de l'Etat ou chef de gouvernement. Par exemple, on parlera de l'investiture du Président.

Les investitures politiques sont souvent accompagnées d'une cérémonie somptueuse pendant laquelle le politicien prononce publiquement son discours d'investiture devant un large public.

Comme élément supplémentaire, au canada, le mot investiture est également utilisé pour désigner l'assemblée durant laquelle une personne est choisie à titre de candidat d'un parti politique pour une élection fédérale ou provinciale (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Investiture, 02 Janvier 2020 à 13h7minutes).

1.2. Cadre théorique

Ce sous-point s'appesantit sur la pragmatique, à savoir la théorie des actes de langage et l'énonciation, qui constituent le réflecteur théorique de ce travail.

1.2.1. La pragmatique

Il existe de nombreuses définitions de la pragmatique. Après avoir exposé les origines de la pragmatique et ses principales définitions, nous présenterons celle qui nous guidera dans nos analyses.

La difficulté à définir la pragmatique est constamment soulignée. Cependant, d'après OSHIM E. (2019), longtemps peu estimée par les linguistes, la pragmatique a reçu des qualificatifs disgracieux et peu favorables à une conceptualisation sérieuse : « poubelle pragmatique », « auberge espagnole », « résidu de l'analyse linguistique », « dépotoir linguistique ». Née de réflexions d'horizons divers, à savoir logique, philosophique et linguistique, elle ne reçoit pas de définition unifiée. Un point commun rassemble pourtant ses différentes origines : c'est la notion de sens ou plus précisément le problème du sens. Il s'agit, à titre illustratif des moyens d'analyser et de comprendre pourquoi l'énoncé, par exemple, « J'ai mal à la tête » engendre, selon son contexte d'occurrence, des interprétations différentes. Ou encore, lors d'une soirée agrémentée par musique, il signifiera la musique est trop forte ; lors d'une conversation quelque peu houleuse, « Tais-toi, tu parles trop, » ou selon l'interlocuteur, Taisez-vous, vous parlez trop ; prononcée par un enfant sur le chemin de l'école, Je ne veux pas aller à l'école. C'est ce supplément d'information, qui exige de prendre en compte des données non linguistiques, mais qui fournit l'interprétation complète de l'énoncé, dont cherche à rendre compte la théorie pragmatique.

A.La pragmatique et les autres disciplines

Le terme « pragmatique est très ancien », c'est cependant au logicien philosophe Charles WILLIAM MORRIS qu'est traditionnellement rattaché la naissance de la pragmatique. A la suite,Charles SANDERS PEIRCEse consacre à l'élaboration d'une théorie générale des signes, en particulier, des signes linguistiques. Dès 1938, il définit une sémiotique tripartite dans laquelle prennent place trois domaines, dont

- la syntaxe, qui traite des relations des signes entre eux ;

- la sémantique, qui traite des relations des signes aux objets et

- la pragmatique, qui traite des relations des signes à leurs interprètes ou utilisateurs.

Elle recouvre des phénomènes très vastes d'ordre psychologique et sociologique déterminés par le fonctionnement des signes. La pragmatique introduite par Charles W. Morris, entant que partie intégrante d'une sémiotique, ne dispose pas d'une portée strictement linguistique. Son essor considérable, depuis une vingtaine d'années, ne débutera réellement qu'à partir des années 1960. La tripartition introduite par l'auteur annonçait déjà les débats qui accompagneront la discipline dans les années qui suivent.

Par rapport à ses visées, on distingue la pragmatique radicale de la pragmatique intégrée. 

B. La pragmatique radicale.

Selon OSHIM E. (2019), la pragmatique radicale s'inscrit dans la tradition philosophique et logicienne anglo-saxonne à laquelle s'intègrent, par exemple, les travaux de Charles W. Morris ou encore d'Herbert Paul Grice. Elle définit la pragmatique comme une discipline autonome vis-à-vis de la sémantique, mais lui réserve une place résiduelle. Nous reconnaissons une conception restreinte ou minimaliste de la pragmatique, dont le domaine d'interprétation est exclusivement la performance. Elle n'intervient, en effet, que lorsque le traitement sémantique, qui prend lui-même le relais de la syntaxe, a échoué dans l'élucidation du sens de certaines unités linguistiques. L'analyse sémantique étudie le contenu descriptif des énoncés en interrogeant leurs conditions de vérité, elle traite des aspects vériconditionnels des phrases. Certaines informations impliquées par l'utilisation contextuelle des phrases échappent à ce critère. Leur analyse relève alors du composant pragmatique. Par exemple, l'interprétation de l'énoncé suivant, en particulier, celle de l'adverbe « ici », nécessite de connaître le lieu occupé par le sujet parlant. Soulignons que cet énoncé ne véhicule pas une demande mais un ordre, il ne saurait trouver comme réponse « Oui. » L'injonction ainsi exprimée ne peut être évaluée en termes de vérité ou de fausseté. Elle implique des critères non vériconditionnels. Veux-tu venir ici ?

Cette conception radicale ouvre la voie à des travaux qui s'inscrivent dans l'élaboration d'un modèle d'interprétation des énoncés mettant en avant le rôle de la connaissance du monde dans l'accès au sens non explicite. La pragmatique emprunte alors un chemin différent, mais complémentaire, celui de la linguistique.

C.La pragmatique intégrée

D'après OSHIM E. (2019), la pragmatique intégrée s'inscrit dans la tradition francophone marquée par les travaux notamment d'Emile BENVENISTE (1966) et d'Oswald DUCROT (1980). Etudier le sens d'un énoncé, c'est accéder à son contenu descriptif, mais également au sens véhiculé par sa relation avec ses utilisateurs. Ce sens pragmatique n'est plus extérieur aux formes linguistiques, il est inscrit conventionnellement dans les énoncés sous la forme d'indices instructionnels. Il s'apparente à l'information afférente à ce que le sujet fait quand il parle. Selon RECANNATI F. (1981 :29) la pragmatique linguistique et la sémantique partagent une zone d'intersection appelée la pragmatique intégrée : elle recense les formes linguistiques dont la signification est pragmatique plutôt que descriptive, et elle explique leur signification en leur assignant des conditions d'emploi.»

La pragmatique intégrée, qui conçoit des formes de détermination contextuelle du sens, s'intéresse à la compétence. Cette pragma-sémantique est notamment illustrée par la sémantique argumentative de Jean-Claude ANSCOMBRE et Oswald DUCROT (1983). Intégrée ou non à la sémantique, le recours à la pragmatique confirme l'existence dans l'énoncé de quelque chose de plus qu'un contenu descriptif sémantique. L'interprétation d'un énoncé ne peut donc plus être conçue comme purement descriptive, elle reflète également ses conditions d'utilisation.

En définitive, on retient de la pragmatique ce qui suit : « l'étude de l'usage de la langue comme pratique énonciative, subjective, intersubjective, contextuellement située et dotée d'un pouvoir de faire », affirme OSHIM E. En linguistique, elle est l'étude de l'utilisation (littérale, figurée ou autres) des énoncés dans les actes d'énonciation. Selon Le Larousse, Dictionnaire de la langue (2013), elle est aussi une branche de la linguistique, qui s'intéresse aux éléments du langage dont la signification ne peut être comprise qu'en connaissant le contexte de leur emploi.

1.2.2.Théorie des actes de langage

Ce point du cadre théorique est la théorie des actes de langage. Elle s'articule autour des actes locutoires, illocutoires et perlocutoires. Signalons que, dans ce travail, l'accent est mis sur les actes illocutoirestels qu'ils sont classés par J.R. Searle (cf. sa taxinomie des actes illocutoires).

1.2.2.1.Actes locutoires

LEROT (1983 :143) désigne par l'acte locutoire, l'acte qu'effectue le locuteur en disant quelque chose. L'acte locutif est directement lié au caractère physique de la parole.

Selon OSHIM (2019), l'acte locutoire, c'est l'acte de prononcer certains sons (soit phonétique), certains mots et suites grammaticales (soit l'acte phatique) et, enfin, certaines expressions pourvues d'un sens et d'une référence (soit l'acte rhétique).

De ce qui précède, l'acte locutoire comprend trois aspect particuliers : l'aspect phonétique, phatique et rhétique. Ces trois aspects seront développés dans le dernier chapitre de ce projet.

1.2.2.2. Actes illocutoires

Par l'acte illocutoire, nous entendons tous les rapports qui existent entre les interlocuteurs à l'occasion du discours, toutes les manoeuvres dont la parole est le moyen.

Pour J.R. SEARLE (1972 :16), les actes illocutoires sont déterminés par des règlesspécifiques du discours. Ce sont les énoncés de telle forme, prononcés de telle façon, s'ils sont adressés, dans tel type de circonstances, à des auditeurs déterminés, obligent ces auditeurs àrépondre ; leur énonciation, si les conditions requises sont réalisées, constituent alors l'acte illocutoire.

J.LEROT (1983 :152) va plus loin en disant qu'on désignepar-là, l'objectif poursuivi par le locuteur lorsqu'il dit quelque chose, c'est-à-dire son intention communicative vis-à-vis de son interlocuteur.

De ce fait, l'acte illocutoire est un acte, qui manifeste l'intention de celui qui produit le message ; cette intention est exprimée par l'acte locutoire. Par exemple, « La force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation nationale. » (L81). Le dit de cet énoncé reste : Je demande qu'on renforce la solidarité et la réconciliation.

Rappelons que tous les actes de langage sont dominés par une force, appelée illocutoire. Dans ce travail, la taxinomie de Searle nous servira de fil conducteur.

John R. SEARLEclasse les énonciations à partir des verbes illocutoires qu'ilintègre. Ses actes illocutoires sont les représentatifs, les directifs, les promissifs, les expressifs et les déclaratifs.

- Les représentatifspermettent au locuteur de s'engager sur la vérité du contenu propositionnel exprimé, de l'affirmer, de le nier ou de le garantir, par exemple. Ils se caractérisent par un ajustement des mots avec le monde.

- Les directifs visent à faire quelque chose à l'interlocuteur, dont l'état se trouve modifié. Ils se réalisent à l'aide de verbes comme insister, ordonner, prier, réclamer ou d'un énoncé à l'impératif, par exemple.

- Les promissifssont des actespar lesquels le locuteur s'engage vis-à-vis de son interlocuteur, à faire quelque chose. La promesse illustre ce type d'acte illocutoire, qui se caractérise par une direction d'ajustement du monde vers les mots.

- Les expressifscommuniquent une information sur l'état psychologie du locuteur en fonction du contenu exprimé : le locuteur peut féliciter, être heureux de, regretter que, remercier, s'excuser, etc. 

- Les déclaratifs correspondent aux verbes performatifs. 

1.2.2.3. Actes perlocutoires

Par l'acte perlocutoire, on désigne l'effet produit par la production de l'énoncé sur le co-énonciateurs (ou les destinataires, récepteurs). D'où, un effet doit être produit sur l'auditoire pour qu'un acte illocutoire puisse être tenu pour achevé. La question resterait comment expliquer mieux cela ou bien comment préciser ce qui se passe. A cette question J.L. AUSTIN (1970 :124) répond de la manière suivante : l'effet consiste, la plupart des temps, à provoquer la compréhension de la signification et de la locution. L'exécution d'un acte illocutoire inclut donc l'assurance d'avoir été bien compris.

En d'autres termes, par l'acteperlocutoire nous entendons l'effet produit sur l'auditeur par l'acte illocutoire.

1.2.3. Théorie de l'énonciation

Les éléments fondamentaux de la théorie de l'énonciation sont : l'énonciation, les protagonistes, le lieu, le temps, le contexte d'énonciation, les relations dans le contexte d'énonciation, les modalités d'énoncé et les modalités d'énonciation. C'est pourquoi H. PARRET (1986 :151) pose le fondement de la situation d'énonciation en ces termes : l'introduction du concept d'énonciation ne transforme pas nécessairement la théorie du discours en une théorie du sujet psychologique autonome. La théorie du discours ne devrait pas être une théorie du sujet avant qu'il énonce mais, une théorie de l'instance d'énonciation qui est, en même temps et intrinsèquement, un effet d'énoncé.

En d'autres termes, c'est dans le discours que le locuteur est le plus contemporain, contrairement au récit. Ainsi, l'énonciation nous permet d'étudier l'utilisation de la langue (le français dans le cas qui nous concerne) dans des situations concrètes d'utilisation comme une conversation, une lettre, un discours ou tout simplement un texte.

De ce qui précède, l'énonciation implique que le locuteur mobilise la langue pour la mettre à son profit. Cela revient à considérer l'énonciation comme un processus individuel d'actualisation (ou de mise en action) de la langue dans une situation précise ou bien déterminée.

Dans les lignes qui suivent,nous tiendrons compte de l'énonciation, des protagonistes, du lieu, du temps, du contexte d'énonciation, des relations dans le contexte d'énonciation, des modalités d'énoncé et des modalités d'énonciation.

1.2.3.1. Enonciation

Selon J. LEROT (1983 :139), l'énonciation est la mise en oeuvre par le locuteur de sa compétence linguistique et communicative. L'énonciation est l'acte social de communication utilisant des procédés linguistes. Par la compétence linguistique, nous avons la faculté d'utiliser correctement le code, c'est-à-dire de comprendre et denous exprimer correctement ; l'énonciation est, en fait, considérée comme un acte de langage, qui est produit par un locuteur vers un destinataire, dans certaines circonstances.

Pour OSHIM (2008), l'énonciation est définie comme « la recherche des procédés linguistiques (...) par lesquels le locuteur imprime sa marque à l'énoncé, s'inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) et se situe par rapport à lui (...). L'énonciation est un acte produit actuellement, et auquel sont attachés à la fois le contenu de l'énoncé et celui qui découle de l'interprétation dudit énoncé par rapport au producteur et aux circonstances de production de l'énoncé. »

Selon DUBOIS et alii. (2007), la notion de l'énonciation est un acte individuel d'utilisation de la langue (...). L'énonciation est constituée par l'ensemble des facteurs et des actes qui provoquent la production d'un énoncé. Elle englobe la communication, qui n'en est forcément qu'un cas particulier. Ici, l'obligation de différencier l'énonciation de l'énoncé s'avère très importante.

D'après Dominique MAINGUENEAU (1999 :9), l'énonciation est considérée comme l'acte individuel d'utilisation de la langue pour s'opposer à l'énoncé, objet linguistique résultant de cette utilisation. L'énoncé est le résultat linguistique, c'est- à- dire la parole énoncée ou le texte écrit, tandis que l'énonciation est l'acte linguistique par lequel les éléments de langage sont orientés et rendus spécifiquement signifiants par l'énonciateur (et son co-énonciateur, qui n'est pas un simple destinataire) en vue de produire ledit énoncé : on dit généralement que l'énoncé est « le dit », tandis que l'énonciation est « dire. » Pour résumer, l'énonciation est l'acte individuel de production, dans un contexte déterminé, ayant pour résultat un énoncé.

1.2.3.2. Les protagonistes

Par « protagonistes », nous entendons « l'énonciateur et le (s) destinataire(s). » L'énonciateur est celui qui émet l'énoncé. Cet énoncé s'adresse à quelqu'un que l'on appelle destinataire ou récepteur. Ainsi, le destinataire est celui à qui s'adresse l'énoncé. Selon DUBOIS et alii. (2007), le destinataire est celui à qui est destiné l'action exprimée par le verbe ou celui au bénéfice de qui se fait l'action indiquée par le verbe.

1.2.3.3. Le lieu

L'espace ou le lieuest la place occupée par les acteurs pendant la communication. Selon LEROT (1983 :180), ce sont des procédés linguistiques utilisés pour situer les objets dans l'espace par référence au lieu d'énonciation où se trouve nécessairement le locuteur. Généralement le lieu d'énonciation est marqué par l'adverbe « ici. »  

Un discours peut présenter des lieux diversifiés ou bien un espace restreint et un milieu unique. L'espace donne un sens au discours. Le choix effectué par un énonciateur peut offrir de nombreux aspects représentatifs. Un lieu, par exemple, peut incarner l'isolement, etc.

1.2.3.4. Le temps

Le temps est le moment de la passation de l'action. C'est ainsi que le locuteur situe le temps par rapport au moment présent de l'énonciation. Autrement dit, il localise les évènements par rapport au temps de l'énonciation. L'action peut se passer, soit avant le moment de l'énonciation, c'est le passé, soit après le moment de l'énonciation, c'est le futur. Cependant, on devra se garder de ne pas confondre la catégorie sémantique du temps avec les temps grammaticaux. En ce qui nous concerne, nous tiendrons compte du temps sémantique que LEROT (1983 :183) considère comme une dimension qui peut être exprimée par des procédés grammaticaux (désinences verbales, prépositions) et également par des procédés lexicaux (adjectifs et adverbes). En un mot, ce sont des embrayeurs temporels.

1.2.3.5. Le contexte d'énonciation

Notons que, les messages sont émis dans une situation de communication donnée. Et pour accéder à ces messages, il est nécessaire de connaître cette situation de communication afin d'identifier leurs indices ou marqueurs.

Selon DUBOIS et alii. (2007), le contexte de situation est constitué par l'ensemble des conditions naturelles, sociales et culturelles dans lesquelles se situe un énoncé, un discours. Ce sont les données communes à l'émetteur et au récepteur sur la situation culturelle et psychologique, les expériences et les connaissances de chacun de deux.

Parallèlement aucontexte, d'après MATESO N. (2010), le cotexte est l'interprétation des énoncés immédiatement précédents, servant ainsi de prémisses à la production d'un énoncé donné. De cette définition,nous retenons que le cotexte explique l'environnement d'un fait de langue en tant que zone linguistique et les éléments concrets de discours.

1.2.3.6. Les relations dans le contexte d'énonciation

Les relations qui existent dans le contexte d'énonciation se passent, d'une part, entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires et, d'autre part, entre lui et ses énoncés.

Il faut donc établir des relations entre les faits linguistiques (énoncés), les utilisateurs (locuteur et auditeur) et les contextes dans lesquels les actes sont produits. L'objet du discours d'un locuteur, quel qu'il soit, n'est pas objet de discours pour la première fois dans l'énoncé donné, et le locuteur n'est pas le premier à parler. L'objet est le lieu où se croisent, se rencontrent et se séparent des points de vue différents, des visions du monde, des tendances, pense UKUMU (2007).

Le langage comme une faculté qu'ont les hommes de s'entendre au moyen de signes vocaux est considéré sous trois orientations : la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. Cette dernière est, comme le dit MEYER cité par UKUMU (2007), l'analyse des rapports qu'instaure le discours entre les interlocuteurs, l'établissement du sens et de vérité en tenant compte du rôle des interlocuteurs et de l'interférence des contextes.

Par rapport à ce travail, nous nous référons également à J. LEROT et Jean CORRASSE dans nos analyses.

D'après J. LEROT (1983 :10), la pragmatique étudie le sens complexe des énoncés, les conditions de productions des actes de langages et établit des relations entre les expressions linguistiques, les utilisateurs et les contextes dans lesquels ils sont produits. Autrement dit, la pragmatique linguistique étudie les conditions de l'énonciation. Elle met les énoncés en relation avec leurs utilisateurs et les contextes dans lesquels ils sont produits. Elle étudie la structure et les formes de la communication linguistique.

Quant à Jean CORRASSE, cité par MATESO N. (2010), la pragmatique peut être envisagée de deux points de vue :

- Une pragmatique qui s'occupe de l'influence et des conséquences du langage sur le contexte (extralinguistique), optique proche d'AUSTIN. Comment modifier le monde en disant quelque chose, comment agir sur le monde en disant quelque chose.

- Une pragmatique qui s'occupe de l'influence et des conséquences du contexte sur le langage (dans quelle mesure ce qui est dit, dépend des circonstances dans lesquelles cela est dit). Cette perspective nous permet également de rendre compte de ce que l'on appelle « la communication verbale », distincte des comportements non verbaux.

Somme toute, l'énoncé considéré comme une unité du discours, est l'élément clé de la pragmatique. C'est pour cela que Jacques LEROT (1983 :10) le définit comme unité du discours, c'est-à-dire une unité communicative complète et unique.

- émise par un locuteur donné,

- adressée à un auditeur déterminé (ou à des auditeurs),

- à un moment donné,

- à un endroit donné,

- procédant d'une intention communicative.

Pour notre cas, le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, le Président de la RDC, s'adresse au peuple congolais, considéré comme son interlocuteur pendant son discours d'investiture comme Président de la République. Il s'agit d'une prise de position ou d'engagement à travers ce discours.

S'agissant de la subjectivité langagière, ce cadre théorique s'inscrit aussi dans les modalités d'énoncé et celles d'énonciation.

1.2.3.7. Les modalités d'énoncé.

HELBO A. (1983 :82) affirme que c'est par rapport au concept de « modalisation » que le terme de modalité doit être compris. En effet, la modalisation peut êtreconsidérée comme « l'adhésion que donne à son discours le sujet qui l'émet.» Selon OSHIM E. (2008), cette adhésion peut être ressentie par l'interlocuteur tantôt comme soulignée,tantôt comme allant de soi, tantôtcomme en baisse. En d'autres termes, c'est « le point de vue du sujet parlant » ou encore « l'attitude de l'énonciateur par rapport à son énoncé. »

Les modalités d'énoncé, D'après (OSHIM 2019), « jugent le dictum par rapport aux domaines d'évaluation logique comme la vérité, la nécessité, la possibilité, et leurs contraires, et par rapport aux domaines d'évaluation appréciative. »

1.2.3.8. Les modalités d'énonciation

Selon OSHIM (2019), les modalités d'énonciation sont attachées aux marqueurs syntaxiques, typographiques, et prosodiques nécessairesà la réalisation des types de phrase assertif, interrogatif, et injonctif. Chaque acte d'énonciation implique obligatoirement la sélection de l'une d'elles à l'exclusion des autres. On peut donc les qualifier d'obligatoires et d'exclusives. C'est sous cet angle que Emile BENVENISTE (1966 :30) précise leur rôle en disant : « ces trois modalités ne font que refléter les trois comportements fondamentaux de l'homme parlant et agissant par le discours sur son interlocuteur : il veut lui transmettre un élément de connaissance, ou obtenir de lui une information ou lui intimer un ordre. »

I.4. Présentation de Félix AntoineTSHISEKEDI TSHILOMBO

Nous nous proposons, dans ce point de présenter la biographie du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et de donner le contexte du dire de son discours.

1.4.1 Biographie du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, naquit le 13juin 1963 à Léopoldville. Il est l'un de cinq enfants d'Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA. Il vit à Bruxelles (Belgique). Il a été le Secrétaire national de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti de son père, fondé le 15 février 1982. Il est l'héritier politique d'Etienne TSHISEKEDI, qui fut d'abord proche de MOBUTU SESE SEKO KUKU NGBENDU WAZA BANGA, puis, l'un des opposants farouches aux régimes de MOBUTU, de KABILA Laurent Désiré et de Joseph KABILA. Il entreprend ses études secondaires à Kinshasa, puis il travaille plus tard dans des entreprises qu'il a cofondées avec son frère. Il rejoint les rangs de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social, parti dirigé par son père, et en devient l'un des cadres, fin 2008. Il est nommé Secrétaire national de l'UDPS, chargé de l'extérieur.

En novembre 2011, il est élu député national à Mbuji-Mayi. N'ayant jamais siégé, il est déchu de son mandat dès le 18juin 2013. En octobre 2016, il est nommé Secrétaire Général Adjoint de l'UDPS. Il est homme d'Etat congolais et devient aujourd'hui Président de la République Démocratique du Congo, lors de l'élection présidentielle de décembre 2018.

Au-delà de ceci, il convient de signaler que la volonté de Joseph KABILA de repousser indéfiniment l'élection présidentielle et de prolonger son mandat, a créé une situation de crise politique en République Démocratique du Congo. L'opposition, réunie au sein du rassemblement de l'opposition (dont l'UDPS fait partie), négocie avec Joseph KABILA la tenue de nouvelles élections. Etienne TSHISEKEDI WAMULUMBA dirige les négociations pour le rassemblement et son fils fait partie de la délégation, qui négocie. Les négociations aboutissent aux « accords de la Saint-Sylvestre » signés le 31 décembre 2016. A l'issue de ces accords, l'opposition proposera un candidat au poste de premier ministre en la personne de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. En mars 2017, Pierre LUMBI est nommé président du Conseil des sages du Rassemblement de l'opposition, et est co-président du Rassemblement avec Félix Antoine TSHISEKEDI TSILOMBO.

Le 7avril 2017, c'est finalement Bruno TSHIBALA qui est nommé premier ministre de la République Démocratique du Congo. Ce qui fait perdurer la crise au sein de l'opposition. Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est donc Président de la République Démocratique du Congo à partir de 2018. Il est le cinquième Président de la République Démocratique du Congo. Il est élu deuxième vice-président de l'Union Africaine, à l'issue du 32ème sommet qui s'est tenu le samedi 09 février 2019 à Addis-Ababa (Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.Consulté, 06 Décembre 2019 à 1h23 minutes).

1.4.2. Le contexte du dire du discours du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

Cette partie annonce la présentation du contexte du discours et la transmission des symboles du pouvoir entre l'ancien Président Joseph KABILA et l'actuel Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de la RDC.

1.4.2.1 Présentation du contexte du discours

Avec MOESCHLER nous disons que l'intention liéeà un acte de langage ou à discours n'est jamais complément accessible. Pour qu'un auditeur fasse sienne cette intention, il doit à tout prix connaître le contexte cognitif de ce discours. Et que signifie le contexte ?

Selon D. MAINGUENEAU, le contexte est le cadre intellectuel relativement constant qui participe à la constitution de la trame du discours du locuteur, et auquel ce dernier doit se référer ; au cas contraire, son discours n'aurait pas de sens.

Félix TSHISEKEDI va officiellement devenir le cinquièmePrésident de la RDC le jeudi 24 janvier 2019 et succéderà Joseph KABILA, au pouvoir depuis 2001. Il s'agit de la première alternance pacifique du pouvoir en RDC.

La journée s'annonce historique. Aux alentours de 12 heures GMT, Félix Antoine TSHISEKEDI, 55ans, doit prêter serment au palais de la nation, siège de l'actuelle présidence, au bord du fleuve Congo, où l'indépendance avait été proclamée le 30 juin 1960.

La cérémonie doit avoir lieu en présence de « Chefs d'Etats, des gouvernements et de délégations », selon les autorités. Pour l'heure, l'incertitude planait encore sur leur nombre. Dès le 20 janvier 2019, plusieurs chefs d'Etats africains avaient salué l'élection de Félix TSHISEKEDI (l'Afrique du Sud, le Kenya, le Burundi et la Tanzanie), tandis que d'autres s'étaient faits attendre un peu plus longtemps.

L'Union africaine (UA) et l'Union européenne, dans un communiqué conjoint, avaient plus froidement « pris note » du résultat de l'élection toujours contesté par l'opposant Martin FAYULU. L'UA et l'UE, tout comme les Etats-Unis, se sont toutefois déclarés prêts à travailler avec le nouveau président. Washington et Paris doivent ainsi être représentés par leurs ambassadeurs en poste en RDC https://www.jeuneafriquecom/174646/politique/rdc-felix-tshisekedi-didit-preterserement, consulté le 01 octobre 2020 à 23h39'.

Comme indice dans le discours en voici l'illustration :

L1 : Ce jeudi 24 janvier 2019 est un jour historique. C'est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il a de noble, tout en éveillant nos consciences.  

Pour ce qui est de l'univers de cette déclaration du Président de la RDC, son contexte pourrait se rapporter à l'investiture au pouvoir depuis le 24janvier 2019. C'est ce qui se retrace automatiquement à travers certains énoncés du discours. En effet, il reconnaît les efforts fournis par ses prédécesseurs depuis leur succession au pouvoir. Nous retiendrons aussi les présupposés politiques liés au même contexte :désormais, l'unité et l'intégralité du pays connaîtront une nouvelle allure entre ses mains. Le pays a connu la paix à l'intérieur autant que les voisins ; la réconciliation nationale, le multipartisme politique. Mais un moment, il a connu desdéchirements. Aujourd'hui, grâce aux efforts de tout un chacun, tout est reconstitué. Il y a ce bénéfice d'avoir vaincu les élections présidentielles du 30decembre 2018.

1.4.2.2. Transmission des symboles du pouvoir

Pendant la cérémonie d'investiture, le Président élu a reçu « les symboles du pouvoir » des mains de Joseph KABILA KABANGE, avant de prononcer un discours. A 14heures, le Président sortant s'est retiré de son bureau avec son épouse, tandis que le nouveau Président et la première dame sont entrés dans la salle VIP, avant un « entretien en tête-à-tête » à la « fin de la cérémonie. »

Certes, cette description nous faitcomprendre clairement que le discours du 24 janvier 2019 se situe dans le contexte d'investiture du Président congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

I.4. Situation géopolitique de la RDC

I.4.1. Généralités

La République Démocratique du Congo inclut la plus grande partie du bassin du fleuve Congo, qui couvre une superficie de plus d'un million de kilomètres carrés. Le seul débouché maritime du pays est un étroit territoire sur la rive nord du fleuve (région de Moanda dans la province du Congo central).

La vaste zone de basse altitude du centre du pays est un plateau façonné par le bassin du fleuve s'écoulant vers l'ouest, et couvert d'une importante forêt tropicale. Cette zone est entourée de terrasses montagneuses telles que les monts Mitumba, à l'Est, et les montagnes de Virunga, au nord, de plateaux couverts de savanes, au Sud et Sud-Ouest, le Nord étant bordé au-delà du fleuve par laforêt dense. De hautes montagnes se trouvent à l'extrémité orientale du pays (région du Grand-rift).

La République Démocratique du Congo est traversée par l'équateur, avec un tiers du pays se trouvant au Nord de cette ligne. Le climat est chaud et humide dans la région du bassin fluvial, et plus sec et plus frais vers le sud. Au sud de l'équateur, la saison des pluies dure d'octobre à mai, et, au nord, d'avril à novembre. Au niveau de l'équateur, les précipitations sont relativement constantes tout au long de l'année. Durant la saison des pluies, les orages sont violents, mais ne durent que quelques heures. Le niveau de précipitation moyen pour l'ensemble du pays est de 107 centimètres d'eau.

I.4.2. La Géographie physique

La République Démocratique du Congo, avec ses 2345 410km², est le deuxième plus grand pays d'Afrique, après l'Algérie. Elle est environ 33 fois plus grande que le Benelux et quatre fois plus que la France, quatre-vingts fois plus grande que la Belgique et de superficie légèrement inférieure au quart de celle des Etats-Unis. Elle est occupée en grande partie par le bassin du Congo et ses affluents, avec sa superficie de 2345 410km². Par sa superficie, elle occupe la 11e place au monde.

I.4.3. Structure du territoire

Partageant sa frontière avec neuf pays d'Afrique, la RDC est limitée, au nord, par la République Centrafricaine et le Soudan du Sud ; à l'Est, par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ; au Sud, par la Zambie et l'Angola et, à l'Ouest, parl'enclave angolaise de Cabinda et la République du Congo (Congo Brazzaville).

A l'Est, la frontière suit l'axe tectonique de ses grands lacs sur une largeur de 1400kms dans une direction à peu près Nord-sud. Avec l'Ouganda, la limite est marquée par le lac Albert, la rivière Lubirihia, le Ruwenzori et le lac Eduard ; avec le Rwanda, par le lac Kivu ; avec le Burundi, par le Ruzizi et le nord du lac Tanganyika ;avec la Tanzanie, par les 600kms du lac Tanganyika et, enfin, avec la Zambie par le lac Moero et le Luapula. A l'Ouest, le fleuve Congo départage la RD Congo et la République du Congo. Son territoire se déploie entre 5degrés 30 minutes de latitude Nord et 13 degrés 50 minutes de latitude Sud. En longitude Est de Greenwich, il va de 12 degrés 15minutes à 31degrés 15minutes.

I.4.4. Relief et géomorphologie

Le relief de la République Démocratique du Congo est nettement caractérisé. La cuvette est une immense dépression, traversée par le fleuve Congo et ses affluents. Elle a une altitude moyenne de 400 mètres ; son point le plus bas (340 mètres) est situé dans la région des lacs Tumba et Maindombe. Des plaines et plateaux étagés la raccordent au bourrelet périphérique. Celui-ci ne dépasse pas 600 mètres sur son rebord nord. Il atteint 1000 mètres dans les monts de cristal (Maindombe) parallèles à la côte atlantique en aval de Kinshasa. Bien que peu élevés, ces monts constituent un obstacle majeur à l'écoulement du fleuve qui y a creusé un passage étroit en formant trente-deux chutes et rapides.

Plutôt étroite, la plaine côtière est formée par l'estuaire du Congo et les terres alluviales déposées par ce fleuve, qui est le deuxième d'Afrique par la longueur. L'énorme territoire congolais ne communique avec l'océan Atlantique que par cet étroit couloir d'à peu de chose près, 40 kilomètres de large. Cette zone s'élève progressivement vers l'Est. Sur le plan géographique, on note une prédominance de roches gréseuses et calcaires. Elles ont été abandonnées par la mer.

A l'Est, d'importantes chaînes montagneuses ou de puissants massifs montagneux le long de grands lacs d'Afrique, notamment, les lacs Tanganyika, Kivu, Edouard et Albert, constituent la bordure occidentale. En raison de séisme et de guerre, ce coin de la RDC est moins peuplé que d'autres. Cette partie montagneuse continue vers le Sud- Est du pays avec des montagnes, comme l'Uogoma, le Virunga le long de la frontière Rwandaise, dont certains sommets atteignent plus de 3100 mètres, d'une part, entre les rivières Kwango et Kwilu, d'autre part, au Sud du Katanga ou les monts Kundelungu, à l'Ouest du lac Moero, atteignent 1600 mètres. ( https://www.universalis.fr-/congo/1-geographie-rdc, consulté, le 03 Décembre 2019, à 00h52minutes).

Conclusion partielle

Nous voici à la fin de ce chapitre. Nous nous sommes d'abord attelé à définir quelques concepts-clés qui soutiennent notre sujet. Ces concepts sont : subjectivité, langagière, discours et investiture. Sous le même dédale, nous avions, ensuite, touché le cadre théorique relatif à la pragmatique, à la théorie de l'énonciation et à celle des actes de langages. Puis, nous avons présenté le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Enfin, la situation géographique de la République Démocratique du Congo a été notre préoccupation. C'est ce qui a mis fin à ce premier chapitre.

Le deuxième chapitre s'attèlera à développer le cadre énonciatif du discours.

DEUXIEME CHAPITRE : CADRE ENONCIATIF DU DISCOURS POLITIQUE D'INVESTITURE DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

II. 0. Introduction

Ce cadre se rapporte tout singulièrement à ce queE. BENVENISTE et J. LEROT appellent respectivement « cadre énonciatif », « appareil formel de l'énonciation » et « contexte d'énonciation », affirme OSHIM, E., (2006). Il nous place dans l'instance même du discours. En ce qui nous concerne, c'est celui de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lors de son investiture.

Dans cet environnement, il se construit plusieurs rapports entre les éléments constitutifs. Il y a notamment le rapport que le locuteur, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOétablit entre lui et son interlocuteur (peuple congolais), celui qu'il noue avec son énoncé età travers celui-ci,pour aboutir aux modalités. Nous nous proposons icid'examiner ces rapports.

II. 1.Appareil formel de l'énonciation

II. 1.1. Les protagonistes

D'aprèsMAINGUENEAU (1976 :99), « dans le rapport qui est souvent établi entre énonciateur et allocutaire, le langage est considéré comme une activité entre deux protagonistes.»

Nous tenterons d'analyser le rapport entretenu entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et son interlocuteur (peuple congolais) ; le rapport avec son énoncé, comme nous l'avions dit supra.Rappelons que le langage est un acte individuel parlequel la langue est utilisée. Le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOest le sujet de l'énoncé et de l'énonciation dans la plupart des énoncés. Par ailleurs, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOrecourt au discours rapporté. Par rapport au discours rapporté, prenons les exemples suivants :

L37-38 : Ensuite, au premier Ministre Patrice EMERY LUMUMBA qui déclara je cite : « Pour la dignité de l'Afrique, j'accepte ma mort.»

L41-42 : Enfin, au Président Laurent-Désiré KABILA particulièrement attaché à l'idéologie de « Ne jamais trahir le Congo. »

II.1.1.1.L'énonciateur

Dans ce discours, le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est énonciateur. Nous savons qu'en parlant, chaque personne a sa manière spécifique d'exprimer ses propres pensées. Ainsi, un énoncé est souvent le résultat duchoix des mots opérés par l'énonciateur sur le plan phrastique et conceptuel. Considérons les phrases suivantes :

L 7-9 : Nous voulons construire un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place. 

L 14-16 : Cinquante-neuf ans après notre indépendance, le peuple congolais réalise par son engagement démocratique, une transition du pouvoir entre un président élu sortant et un Président élu entrant. 

L 4-6 : Nous ne célébrons pas la victoire d'un camp contre un autre. Nous honorons un Congo réconcilié. La République Démocratique du Congo que nous formons ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme. 

A travers ces énoncés, « nous »renvoie à l'énonciateur et au sujetFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

Dans ce discours d'investiture, le « moi-TSHISEKEDI » s'exprime de plusieurs manières et selon sa position syntaxique dans l'énoncé.

Dans les exemples ci-dessous, le « je » remplit la fonction du sujet.

a. « je » (ou j')

L415-417 : Je souhaite bénéficier de l'expérience et de la sagesse individuelle et collective des collègues Chefs d'Etats présents ou représentés afin de matérialiser notre engagement commun pour la Renaissance africaine.

L418-419 : Je suis déterminé par ailleurs...plus forte et autonome. 

b. « ma » 

Remarquons que dans ces extraits,« je » devient « ma » qui est alors un adjectif possessif.

L448-450 : Au nom du peuple congolais que je représente en ma qualité de Président de la République, je tiens à vous réitérer toute ma gratitude pour avoir rehaussé de votre présence cette cérémonie d'investiture.

c. « nous » -- je +Ö

Ici, c'est le cas de « nous » de majesté qui ne désigne que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO seul.C'est le « nous » exclusif.

L17-19 : Nous tenons à exprimer pour la première fois devant vous, ... Cette confiance sera pour nous un soutien indispensable dans l'exercice.

L28-29 : Nous tenons à rendre hommage à tous nos héros, tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont tombés sur le champ d'honneurpour la cause de la démocratie et de l'alternance. 

Il faut noter que le « nous » pronom personnel représentant « je +Ö » est soit, sujet de l'énoncé ; soit C.O.I.

251646976d. « nous », « je » +« tu », « vous »

Sous ce point, le « nous » représente le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et le peuple congolais. C'est donc le « nous » inclusif. En voici, quelques énoncés qui illustrent notre propos :

L125-127 : Nous n'oublions rien de nos combats politiques, des moments difficiles traversés. Nousavons vécu au cours des décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes tensions dans un climat politique non apaisé.

251645952e. « Nous » -- « je » locuteur + tu + il (non-personne)  

« Nous » peut aussi désigner la 1e, la 2eet 3ème personne, c'est-à-dire aller au-delà du locuteur «je » et de l'allocutaire « tu ». La grammaire nous rappelle, lorsque « nous » est adjectif possessif, il a la forme de « notre » ou « nos » suivi d'un mot qui peut être un adjectif ou un nom.

C'est ce qui transparaîtdans les lignes ci-dessous :

e.1. Avec « notre »

Ce qui est à remarquer dans ces différentes phrases, est que les adjectifs possessifs avec les mots dont ils sont déterminants peuvent remplir diverses fonctions : sujets ou compléments. En voici quelques énoncés :

L24-27 : A cet instant où une... notre peuple, ce vaillant peuple combattif n'a jamais perdu espoir. Notre force collective réside dans notre attachement aux valeurs universelles de paix, ... citoyen.

Au regard du premier énoncé, notredans les deux premiers contextes avec les mots qu'il précèdeest considéré comme groupe « sujet »et dans le cas suivant, il est groupe ou« complément circonstanciel de lieu. » 

L33 Ce moment inédit de notre histoire est aussi un instant privilégié.

Dans le deuxième énoncé, notre+ nom (GN) estconsidéré comme « complément déterminatif. » 

e.2. Avec « nos » 

L46-47 : ...Nos pensées se dirigent vers tous les candidats qui ont participé à l'élection présidentielle du 30 Décembre 2018. L87 : Outre nos citoyens civils,... sont nos forces de défense...  

L164 : En communion avec nos pères fondateurs...

Force est de noter que la plupart des énoncés constituant ce discours incluent le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses compatriotes congolais, c'est-à-dire « moi- Félix TSHISEKEDI » et vous, mes frères congolais. Ce qui revient à« nous » inclusif comme nous l'avons relevé plus haut.

II.1.1.2. Le destinataire (l'allocutaire, le récepteur)

D'après DUBOIS et alii. (1994), on appelle parfois allocutaire le sujet parlant considéré à la fois comme celui qui reçoit des énoncés produits par un locuteur et comme celui qui y répond (V. interlocuteur) ; au sens plus précis de « celui qui se voit adresser le message », on emploie le plus souvent le terme de destinataire. « Toute énonciation est allocution. » Cette relation postule un « je » ou « tu », un « tu » ou « vous. »

Notre attention portera ici sur l'étude des indices de présence de l'allocutaire. Car comme, le dit TIBASIMA J. (2017), « La fonction conative est attachée au destinataire à qui le locuteur adresse un message pour l'informer ou pour lui faire prendre connaissance de quelque chose. »

Le discours sous analyse est destiné aux personnes diverses que le Chef de l'Etat énumère de la manière suivante : Majestés, messieurs, Chefs d'Etats, de différentes délégations, Union Africaine, différents invités venus de divers coins du monde sans oublier les compatriotes congolais.

A présent, voici les indices que nous avons relevés par rapport à l'allocutaire :

a. Selon sa position syntaxique dans l'énoncé.

L'allocutaire peut désigner une seule ou plusieurs personnes selon le cas.

En effet, le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, remercie tous les congolais ainsi que les étrangers présents ou non à cette grande cérémonie.

251625472 « Vous » « te » + « te 

L32 : Je vous remercie.  

« Vous », qui est pronom personnel, remplit la fonction de complément d'objet direct. « Vous » est allocutaire ici.

En nous référant à KERBRAT- ORECCHIONI (1980 :23), schématisons les récepteurs ou allocutaires dans le discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de la manière suivante :

251627520

Non-allocutaire(s)

(Selon les cas)

251629568

Allocutaire(s)

(Selon les cas)

251628544251626496 Récepteurs

251639808

-Compatriotes (congolais)

- Majestés

-Le Secrétaire Général des Nations-Unies

- Les chefs d'Etats,

-Distingués invités

- Compatriotes (congolais)

- L'union Africaine

- L'Union Européenne

- La MONUSCO

- Etc.

251630592

Prévus par le locuteur

(F.A.T.T.)

251631616

Non-prévus par le locuteur

(F.A.T.T.)

251632640

251641856

Récepteurs additionnels ou aléatoires

251634688

Destinaires indirects

251633664

251635712

251644928

- Peuple congolais

- Gouvernement

- Politiciens

- Etudiants

- Etc.

251636736

-Etrangers

-Belgique

-France

- Etc.

251637760

Commentaire

Dans ce schéma, les récepteurs sont constitués des allocutaires, d'un côté, et de non- allocutaires, de l'autre. Ces derniers, selon les cas, sont divisés en non-allocutaires prévus par le locuteur et en non- allocutaires non prévus, c'est-à-dire ceux qui sont absents à la cérémonie d'investiture.

II.1.2. Hic et nunc

Dans le discours, il existe toute une série des moyens pour désigner l'endroit où je se trouve : c'est « ici », et le moment où « je » parle : c'est « maintenant. » Ces moyens constituent des marqueurs de positions spatiale et temporelle, affirme OSHIM (2008). Relevons-les dans les lignes qui suivent.

II.1.2.1. Marqueurs de position temporelle

Pour décrire l'axe temporel du discours du Président, nous avons emprunté à J. LEROT sa projection déictique à travers laquelle le locuteur, centre de l'énonciation, situe les événements par rapport au temps d'énonciation « to » et les considère rétrospectivement, simultanément ou prospectivement selon que le temps de l'évènement « ti » est antérieur, contemporain ou postérieur à (to)

La projection schématisée se présente de la manière suivante :

251652096251653120 to

251649024

251651072

251650048

ti

251657216

ti

251658240

Exemples : hier maintenant demain

Ce sous-point consiste à repérer les marqueurs ou les indices temporels du discours du Président, avec le double objectif de les catégoriser et de les interpréter en fonction de la projection déictique ci-dessus.

Catégorisations des marqueurs de position temporelle

Le cadre temporel de référence étant le temps d'énonciation, nous établissons une tripartition du temps selon que (ti) se situe avant, pendant ou après.

A. Selon que (ti) se situe pendant (to) (c'est ce qu'on appelle simultanéité en grammaire)

L24 : À cet instant ou une partie de l'aboutissement de ce combat prend toute sa dimension historique, ...  

L33 :Ce moment inédit de notre histoire est aussi un instant privilégié pour célébrer différents acteurs présents et passés...  

L1 : Ce jeudi 24 janvier 2019 est un jour historique. C'est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il a de noble, tout en éveillant nos consciences.  

B. Selon que ti se situe après to (la postériorité en grammaire)

Relativement au temps futur, les marqueurs des temps sont souvent exprimés en grammaire à l'aide de la flexion temporelle.

L187-188 : Nous ferons de la réconciliation nationale l'une de nos priorités. Nous sommes convaincus de l'urgence de mettre en place rapidement une véritable procédure...qui réunira toutes forces vives.  

L321-322 : Nous travaillerons pour rendre le climat des affaires plus attractif et compétitif notamment par l'aménagement de la fiscalité en faveur du développement.

C. Selon que ti se situe avant to (Antériorité en grammaire)

L125-126 : Nous n'oublions rien de combats politiques, des moments difficiles traversés.Nous avons vécu au cours des décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes tensions dans un climat politique non apaisé.

L46 : Nos pensées se dirigent également vers tous les candidats qui ont participé à l'élection présidentielle du 30 décembre 2018.

II.1.2.2. Marqueurs de position spatiale

OSHIM (2019), souligne que par marqueurs de position spatiale, il faut entendre : « un ensemble de procédés linguistiques utilisés pour situer les objets dans l'espace, par référence au lieu. » Il s'agit ici du lieu d'énonciation. Ce lieu est exprimé à travers la deixis spatiale.

Selon LEROT (1983 :180),la deixis spatiale constitue un ensemble de « procédés linguistiques utilisés pour situer les objets dans l'espace par référence au lieu d'énonciation où se trouve nécessairement le locuteur. »

En effet, « ces indices de lieu ou d'ostension, n'ont d'existence que par la relation avec la présente instance de discours.

Pour décrire ces marqueurs, nous nous appuyons ici sur le lieu d'énonciation, la proximité des interlocuteurs et les propriétés spatiales des objets.

A. Le lieu d'énonciation « ici » et « où »

« Le lieu d'énonciation est une constance linguistique. Cependant, cette constance est devenue une variable pragmatique puisque son interprétation référentielle varie en fonction des instances de l'énonciation. »

Dans le discours du Président, le lieu d'énonciation est exprimé par l'adverbe « ici » et« où », ce dernier, considéré comme adverbe interrogatif désignant à quel endroit, dans quel endroit etc. Néanmoins, une précision relative caractérise le lieu désigné par « ici ». C'est le contexte interne de la phrase ou l'énoncé, c'est-à-dire son environnement qui détermine son extension. Cependant « ici » représente soit un locatif, référent réel et matériel, soit un locatif qui réfère plus précisément au contexte ou tout simplement au référent cotextuel. Examinons-le dans les énoncés suivants :

B. Au premier niveau « ici »

Notons que si l'on interprétait « ici » dans le sens de maintenant il serait considéré comme un déictique temporel. Et il ne représenterait pas un vrai locatif.

En témoignent les exemples suivants :

L52-55 : C'est ici, également l'occasion de témoigner notre profond respect et sincère admiration à l'endroit de notre frère Martin FAYULU MADIDI, avec lequel nous avons mené ce combat politique depuis plusieurs années. L'engagement de ce véritable « soldat du peuple » est un exemple pour la vitalité de notre démocratie et la responsabilité civique de chaque congolais. 

L115 : Nous voudrions ici lui témoigner toute notre affection et la reconnaissance de la nation toute entière. 

Au second niveau, considérons « où » 

C'est ici que « où » est considéré comme vrai locatif indiquant la République Démocratique du Congo. Et signifiant « dans lequel. »

L162 : Un Etat chaque institution va jouer son rôle dans un cadre du principe de séparation des pouvoirs.

II. 2. Rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses énoncés

La notion de distance est définie comme « un rapport établi par le locuteur entre lui et son énoncé, ou encore comme une distance relative que le sujet met entre lui et son énoncé » (MAINGUENEAU, 1976 :119). Cette distance peut tendre vers zéro ou être maximale.

II.2.1. La distance tendant vers zéro

Nous rappelons que le moment où un « discours tend vers zéro, c'est quand le sujet prend totalement en charge son énoncé : cette prise en charge apparaît à partir du moment où le « Je/ Nous » de l'énoncé et le « je/nous » de l'énonciation s'identifient parfaitement (MAINGUENEAU, 1976 : 119)

Autrement dit, le sujet de l'énonciation équivaut au sujet de l'énoncé,

Soit ?o =S1.

Illustrons cette distance par les exemples suivants :

L159 : Ainsi, j'invite chaque citoyen congolais à concrétiser les piliers de notre projet...ou de ses responsabilités, ... 

L35 : Nouspensons tout d'abord au Président Joseph KASA-VUBU.

L7 :  Nous voulons, construire un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers le développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place.

Le « Je- TSHISEKEDI » dans le premier exemple et le « Nous- TSHISEKEDI » dans le deuxième exemple voiretroisième sont à la fois les sujets de l'énoncé et ceux de l'énonciation. En effet, le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est en même temps locuteur et énonciateur. Ce rapport peut être représenté symboliquement de la manière suivante :

?o= S1= Je, nous

II.2.2. La distance maximale

A présent, le locuteur ou l'énonciateur n'est pas sujet de l'énoncé. Il raconte les événements passés dans lesquels il n'intervient pas. A côté du locuteur, Antoine Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO se projette d'autres énonciateurs, à savoir les Héros, ...Pour l'illustrer, nous avons retenu les passages suivants:

L37 : Ensuite, au Premier Ministre EMERY LUMUMBA qui déclara je le cite « pour la dignité de l'Afrique, j'accepte la mort.

L41 : « Enfin, au Président Joseph-DESIRE KABILA particulièrement attaché à l'idéologie de « ne jamais trahir le Congo. »

Ce sont les hommages que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO adresse aux illustres disparus, à savoir les héros, Patrice Emery LUMUMBA et Joseph DESIRE KABILA. Il relate les faits passés sans prendre position.

Le sujet reste les braves personnes citées dans ces exemples. Ils sont en relation de rupture avec le sujet d'énonciation qui est le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

A ce niveau, voici lareprésentation de la relation de rupture :

Soit ?o w S1

Mais alors, quelles sont les marques de subjectivité que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a imprimées sur ces énoncés ?

II. 3. Modalités

D'après DUBOIS et alii. (1994),la « modalité » a comme synonyme mode ; elle définit le statut de la phrase : assertion, ordre ou interrogation. 

En grammaire générative, la modalité est, avec le noyau, constituant immédiat de la phrase de base. Ce constituant de modalité (Mod)représente les éléments obligatoires suivants : Déclaratif, Interrogatif, Exclamatif et Impératif, et les éléments facultatifs : Emphase, Négatif (ou affirmatif), Passif (ou Act).

Nous disons, dans ce même ordre d'idées que l'action peut être mise en doute, affirmée, comme réelle ou éventuelle. Les modes verbaux se combinentà la sémantique des verbes et par là créent les aspects. Ce qui justifie, leurs répartitions en modalités d'énonciation et en modalités d'énoncé.

II.3.1. Les modalités d'énonciation

Pour Le Querler (1996 :63), les modalités d'énonciation sont la marque de rapport entre le sujet énonciateur et un autre sujet. A travers ces modalités, le locuteur ordonne, conseille, suggère, demande, ... à quelqu'un d'autre de faire quelque chose. Pour ce faire, nous rappelons que l'emploi des modalités énonciatives laisse transparaître la présence d'une communication intersubjective entre des sujets.

Dans le même ordre d'idées, RIEGEL et alii. (2009 :580) affirment que les modalités d'énonciation renvoient au sujet de l'énonciation en marquant l'attitude énonciative de celui-ci dans sa relation à son allocutaire, tandis que les modalités d'énoncé renvoient au locuteur en marquant son attitude vis-à-vis du contenu de l'énoncé.

Au regard des définitions suscitées, nous constatons que les modalités d'énonciation et les modalités d'énoncé s'opposent sur plusieurs plans.

Par ailleurs les modalités d'énonciation et les modalités d'énoncé,reviennent à reconsidérer, d'une part, l'attitude du locuteur dans sa relation interpersonnelle avec le destinataire de son discours, et, d'autre part, l'attitude du locuteur face à son énoncé.

S'agissant des modalités d'énoncé, elles établissent un lien entre le locuteur et son discours, c'est-à-dire elles expriment les jugements qu'un locuteur émet sur son propre énoncé. Et puis les modalités d'énonciation mettent en relation le locuteur avec son allocutaire, ce qui revient à direqu'elles privilégient la relation interpersonnelle entre le locuteur et son allocutaire.

En linguistique de l'énonciation, il existe quatre types d'énoncés (tout énoncé ou phrase appartenant au moins à l'une des modalités). Il y a l'énoncé déclaratif ou assertif, l'énoncé impératif ou injonctif, l'énoncé interrogatif et l'énoncé exclamatif.

Il convient de noter qu'en parcourant le discours sous analyse, nous n'avons pas repéré le cas d'énoncé interrogatif. Et même le cas d'énoncé injonctif qui n'apparaît pas clairement.

II.3.1.1. Enoncés déclaratifs

En considérant le Petit Robert (2016), ces énoncés sont appelés également, énoncés assertifs. Ils affirment quelque chose sur le monde réel. »

A ce propos, OSHIM (2019) affirme que ces énoncés déclaratifs, par convention, sont des actes d'assertion (affirmer quelque chose).

C'est ce que nous découvrons dans les exemples suivants :

L22-23. Le peuple congolais a fait de chacun d'entre nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat quotidien.

L164-165 :En communion avec nos pères fondateurs, nous pouvons valablement formuler pour les générations futures les promesses qui inspirent notre engagement. 

L187-189 :  La réalisation de ces engagements se traduit par la mise en place d'un plan coordonné de gouvernance avec des actions immédiates et déterminations sur le plan militaire, politique, diplomatique, socio-économique, humanitaire et environnemental.  

II.3.1.2.Enoncés injonctifs

Les énoncés injonctifs ou tout simplement les phrases impératives servent à donner un ordre, un conseil ou une interdiction. Elles se terminent par un point ou un point d'exclamation.

Ces énoncés sont associés habituellement à un acte d'intimation ou d'injonction (ordonner à quelqu'un de faire quelque chose, au sens large, de la prière à l'ordre vif, en passant par le conseil). Ils se caractérisent par l'absence de sujet du verbe quand celui-ci est au mode impératif. Disons que les injonctifs apparaissent ici à travers le verbe modal : « devoir » et le verbe « demander » qui expriment un ordre explicite dans énoncés.

En voici quelques illustrations :

L318-320 : « Le gouvernement devra réaménager le code des investissements afin de favoriser de nouveaux projets ayant un impact sur des zones géographiques ou des secteurs d'activités cibles définis en fonction des propriétés nationales. » 

L366-368 : « Nous demandons au gouvernement de prendre des mesures rapides pour la réhabilitation des hôpitaux de référence, la construction de plateforme de santé et la mise d'un système de couverture sanitaire à travers des mutuelles de santé. »

II.3.1.3. Enoncés exclamatifs

Les énoncés exclamatifs sont ce que la grammaire considère comme des phrases exclamatives. Ils sont souvent caractérisés par l'emploi de mots exclamatifs et par une intonation descendante.Ces énoncés peuvent traduire la joie ou la tristesse, la fierté, ou l'étonnement, l'indignation ou la colère et l'intensité du sentiment.( https://www.espacefancais.com/les-modalites-dans-la-phrase, Consulté le 23 Février 2020 à 23h41 minutes).

L452 :  Vive la République Démocratique du Congo. 

L453 :  Vive la Renaissance africaine.

Le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO exprime sa joie d'être venu après une longue attente. Son sentiment consisterait en une simple manifestation de reconnaissance envers les différentes personnes, qui ont rehaussé de leur présence la cérémonie d'investiture. Les énoncés rappellent également la considération du Chef de l'Etat au peuple congolais età l'Union africaine.

II.3.2. Les modalités de l'énoncé

A en croire Nølke et alii. (1993 :43), les modalités d'énoncé expriment le regard porté par le locuteur sur le contenu de son message.

D'après OSHIM (2019),elles renvoient au sujet de l'énonciation en marquant son attitude vis-à-vis du contenu de l'énoncé.

Les modalités d'énoncé expliquent l'aspect que l'énonciateur évalue dans le contenu de l'énoncé.

Ainsi, il est important de relever la subjectivité du locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, à travers les modalités soit appréciatives, soit logiques.

II.3.2.1. Les modalités logiques

D'après OSHIM E. (2019), les modalités logiques sont parfois complétées par d'autres valeurs modales qui font intervenir la subjectivité du sujet dans le jugement de vérité.

Les modalités logiques peuvent traduire la probabilité, (probablement), le doute (peut-être), l'obligation (falloir) ou la certitude (sûrement). Leurs marques sont notamment les verbes modaux commesavoir, pouvoir, vouloir, croire, etc.Analysons dans les énoncés du discours du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

II.3.2.2. Probabilité Vs possibilité, à l'aide des verbes modaux.

L131-132 :  Mais chacun de ces moments n'a pu altérer votre détermination à permettre au peuple congolais de se choisir librement ses dirigeants.  

L369-369' :  Nous ne pouvons pas accepter un système de santé défaillant au péril de la vie de nos concitoyens.

Le verbe modal « pouvoir », dans les énoncés, exprime la probabilité.

II.3.2.3. Contingence vs nécessité

Le mot « contingent » selon Le Petit Robert (2016), se définit comme : « Qui peut se produire ou non » et le « nécessaire » : « ce qui est indispensable pour, qui arrive infailliblement. » C'est ce qui justifie la production des énoncés suivants :

L96-97 : Nous voulons valoriser par une plus forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux valeurs républicaines qui régissent notre nation.  

L7 : Nous voulons construire un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place.  

Dans ces exemples, le verbe modal « vouloir » suivi des infinitifs« valoriser » et « construire » ont servi d'expression de sentiment, de souhait du Chef de l'Etat, celui qui consiste à assurer le développement etla sécurité du pays.

II.3.2.4. Les modalités affectives et appréciatives

Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980 : 71) propose autour de termes « modalités affectives et « appréciatives », deux notions pour les comprendreà savoir la notion d'objectif et celle de subjectif. Il y ad'une part, la notion d'« objectif », dont la classe dénotative a des contours relativement stables ; d'autre part, celle de « subjectif », dont l'ensemble est flou. Par rapport au dernier terme, il s'établit la distinction entre les modalités affectives, qui relèvent de la réaction émotionnelle, correspondant à tout jugement ou évaluation du locuteur et les modalités axiologiques, qui impliquent un jugement de valeur, positif ou négatif, autrement dit, une appréciation en termes de bon et mauvais (axiologique) ou en modalisations, selon le vrai, le faux ou l'incertain (épistémique). Notons également leséléments adverbiaux variés tels que« également », « aussi », etc. Enfin, signalons sur le plan morphologique les désinences verbales.

Illustrons ces notions par les exemples suivants :

Par rapport à l'affectivité

Quoi qu'il en soit, le concept affectivité émerge dans le cadre de l'institution moderne du sujet et de la subjectivité. Le mot signifie « ensemble des sentiments, par opposition à ce qui relève du raisonnement ; sensibilité. En effet, le discours du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO relève d'un choix lexical particulier dans un sens donné.

Ø Des verbes.

L1-2 : « rêvé » dans l'énoncé : C'est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos consciences.

L48 : « Saluer » dans l'énoncé :  Nous saluons la participation importante des femmes candidates aux différents scrutins... 

Le verbe « saluer » fait allusion à une série d'encouragement qu'exprime le Chef de l'Etat vis-à-vis de la candidature féminine ; c'est pourquoi, il témoigne qu'il existait une déconsidération à ce niveau-là.

L56 : « Partager » dans l'extrait suivant :  Nous partageons aussi un sentiment patriotique commun avec le camarade Emmanuel RAMAZANI SHADARY et les autres... 

A ce niveau, le verbe partager prouve davantage la passion qu'éprouveFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOenvers ses camarades avec qui, ils ont mené ensemble la course électorale ; bien qu'il ait réussi, sa considérationenvers eux est certaine.

L52 : « Témoigner » dans le passage :  C'est ici, également l'occasion de témoigner notre profond respect et sincère admiration à l'endroit de notre frère Martin FAYULU MADIDI, avec lequel...

Ici, également le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO éprouveun amour fraternel à l'égard de son frère Martin FAYULU MADIDI avec qui ils ont mené la course électorale ensemble.

Ø Des adjectifs

L96-97 : « Nous voulons valoriser par une forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux valeurs républicaines qui régissent notre nation. »

L22-23 : « Le peuple congolais a fait de chacun d'entre nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat quotidien. »

L96-97 : Nous voulons, valoriser par une plus forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux valeurs républicaines qui régissent notre nation.  

« Cher » et « beau » dans :

« Chers compatriotes. » (p.2)

L1-2 : « c'est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos consciences. »

On peut également signaler l'insertion des éléments linguistiques dans le discours :

Ø L'adverbe modal appelé autrement adverbe d'énonciation

« Egalement »

L43 : « Nos pensées se dirigent également vers tous les candidats qui ont participé à l'élection présidentielle du 30 décembre 2018. »

« Particulièrement »

L41 : « Enfin, au Président Laurent-Désiré Kabila particulièrement attaché à l'idéologie de « ne jamais trahir le Congo. »

Il y a également le choix lexical particulier pour exprimer notamment le regret avec le verbe modal « pouvoir » et la négation dans :

L64-65 : Nous ne pouvons, nous permettre de faire l'économie d'un travail exhaustif d'évaluation.

Cela étant, que disons-nous alors des relations entretenues par Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, entre sesallocutaires et lui ?

II.3.3. Relation dans les contextes d'énonciation

II.3.3.1. La relation de symétrie conventionnelle entre Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses allocutaires

- « Nous » est inclusif. Il s'agit de « je » ou « nous » Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et « tu » ou « vous » peuple congolais.

Illustrations:

L125 : « Nous n'oublions rien de nos combats politiques, des moments difficiles traversés. Nous avons vécu au cours des décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes tensions dans un climat politique non apaisé. »

L422-423 : « A la communauté internationale, nous tenons à dire que dans le respect de notre souveraineté, nous sommes un membre actif de l'organisation des Nations Unies. » 

II.3.3.2. La relation d'asymétrie formelle entre TSHISEKEDI-nous et ses interlocutaires.

Pourcette relation, nous disons qu'il y a un seulPrésidentde la République Démocratique du Congo, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO,ayant le seul monopole de diriger le pays, lui le tenant du pouvoir, quidécide et le peuple n'a qu'à se soumettre à sa volonté.

Le pronom personnel « nous » est « nous de majesté » représenté par le « je » +Ö », considérant le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dans un autre cadre de déictique. C'est la raison pour laquelle le pays ne fait que subir les conséquences de ses décisions.

En voici quelques énoncés :

L98-100 :  Nous appelons les détenteurs de l'autorité, à tous les échelons de notre pays, au respect strict et infaillible des droits des personnes et de leurs biens conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l'homme, en leur demandant de réaliser leur mission dans le cadre légal. 

L201-203 : Nous avons la forte détermination d'éradiquer tous les groupes armés nationaux et étrangers qui continuent à sévir cette partie de la République, plus particulièrement à l'est de notre territoire.

II.3.3.3. La relation entre les partenaires et l'action

Par ailleurs, certains passages du discours nous montrent que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBOconsidère l'effort abattu aussi bien par le peuple congolais que parles étrangers pour la réussite, la paix jusqu'à organiser cette étape des élections. Aussi, il promet de créer des emploispour les jeunes, (peuple congolais) et de développer le pays sur les plans économique et sécuritaire.

Illustrons cette relation par les exemples suivants :

L308-309 : Nos jeunes diplômés doivent disposer de tous les atouts pour rejoindre le marché du travail ou celui de l'entrepreneuriat.

L310-311 : Nous allons demander au gouvernement d'innover dans l'accès aux marchés publics pour les jeunes diplômés.

L321-322 : Nous travaillerons pour rendre le climat des affaires plus attractif et compétitif notamment par l'aménagement de la fiscalité en faveur du développement.

L226-227 : Un cadre juridique efficace permet de renforcer en premier lieu la lutte contre la corruption, fléau qui dévaste notre pays, ses institutions et ne protègent pas les créateurs de richesse.

Conclusion partielle

Nous voici arrivéà la fin du deuxième chapitre intitulé Cadre énonciatif du discours politique d'investiture deFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Essentiellement, il a porté sur la reconstitution du cadre énonciatif de ce discours.Nous y avons relevé les stratégies discursives, qui sont les marques subjectives contenues dans le discours du locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Comme énonciateur, ses empreintes ont été repérées ainsi que celles de ses allocutaires. C'est ainsi que nous avons distingué, d'une part, les variables je/nous, le locuteur et/ou l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et vous/ nous inclusif, l'allocutaire ; d'autre part, la troisième personne, le non-allocutaire : « il »et « elle » dans toutes ses formes. 

Nous avons aussi tenté de situer le pronom dans l'espace réel « ici », par rapport à l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, dans le temps présent « maintenant »,dans le futur « demain » et dans le passé « hier ». Relativement au rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses énoncés, nous avons relevé des cas où la distance entre lui, locuteur, et ses énoncés tendait vers zéro ou était maximale. Par rapport aux modalités, nous avons relevé le probable et le possible, le contingent et le nécessaire. 

En outre, nous avons décrit, le rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires. A ce niveau, nous avons dégagé le rapport de symétrie conventionnelle entre Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses allocutaires, d'une part, et la relation d'asymétrie formelle entre lui et ses allocutaires, et la relation entre les partenaires et l'action, d'autre part.

Enfin, quant à certaines marques de sentiments de l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI par rapport aux énoncés occurrences de son discours, les moyens utilisés sont fort nombreux. Nous avons été intéressé par les procédés d'expression des marques affectives et appréciatives de ce discours.

Cette appropriation du discours selon KERBRAT (1980 :120), à travers quelques procédés linguistiques constitue un ensemble des stratégies mises en place par Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO pour mieux communiquer ses intentions. D'un côté, il nuance son attitude en utilisant la probabilité opposée à celle de la possibilité, de la contingence à celle de la nécessité.

CHAPITRE TROISIEME : L'ILLOCUTION DANS LE DISCOURS DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

III.0. Introduction

L'objet dece chapitreporte sur les actes illocutoires accomplis parFélix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dans son discours. Pour y parvenir, nous nous inscrivons dans la perspective de l'allocutaire que nous sommes.

Parl'acte de langage, nous entendons l'utilisation du langage comme une action, et non plus seulement comme un message(JAKOBSON1963 :213). D'après DUCROT et alii., (1972 : 31), l'acte illocutoire est « un acte institutionnel à travers lequel sont reconnus les droits et les obligations des interlocuteurs, obligation de répondre dans le cas de la question, obligation de réaliser l'action dans le cas de l'ordre, obligation de prouver dans le cas de l'assertion. » Ces obligations sont imposées en tant que normes ; autrement dit,elles sont soumises soit au respect, soit à la violation.

SelonAUSTIN, tout homme qui parle, réalise l'acte locutoire, l'acte illocutoire et l'acte perlocutoire. Ainsi, au lieu d'opposer la parole à l'action, il convient de considérer que la parole est une force ou une action. C'est ce que montrent les énoncés performatifs qui ont la propriété de pouvoir accomplir l'acte qu'ils dénomment, c'est-à-dire, faire ce que le verbe désigne par le fait même de le dire. Enoncer « je promets de venir » c'est ipso facto accomplir l'acte de promettre. Et dans cet énoncé, le premier acte est locutoire ou « acte de dire quelque chose », le deuxième est illocutoire ou « acte effectué en disant quelque chose » et le troisième est perlocutoire ou « acte dérivé par le fait de dire quelque chose et qui est compris comme la modification de l'état du destinataire. »

En d'autres termes, l'acte locutoire se réfère à la grammaire d'une langue et aux objets extralinguistiques, l'illocutoire se réfère à l'énonciation, l'acte perlocutoire concerne les conséquences réelles de la parole chez le destinataire. Nouspouvons comprendre facilement que si l'énonciation est considérée comme un fait, elle peut faire référence à d'autres énonciations antérieures.

III.1. Le locutoire

L'acte locutoire en linguistique est le fait de produire un énoncé. Le terme fait autant référence à la structure de surface d'un énoncé. En effet, selon John Langshaw AUSTIN (1962) : How to do Things with words (Quand dire, c'est faire), est d'abord et avant tout un acte locutoire. C'est la forme matérielle de l'énoncé, sa structure et son sens. Ces trois éléments constituent les actes phonétique, phatique et rhétique.

III.1.1. Acte phonétique

A en croire BARDOSI VILMOS (2006 :51), la phonétique renvoie à l'étude des sons du langage dans leur réalisation concrète, indépendamment de leur fonction sémantique. Disons également que la phonétique, dans son étude, tient aux éléments qui suivent : la production des sons par l'appareil phonateur, les caractéristiques physiologiques et acoustiques des sons et la transcription des sons par des signes spéciaux de l'Alphabet Phonétique International (API).

Au regard du premier élément faisant l'objet de la phonétique, c'est-à-dire la production des sons par l'appareil phonateur, nous disons qu'une énonciation est avant tout une phonation.

Illustrons l'acte phonétique par des exemples suivants :

L69 : « Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des ajustements appropriés. »

[neãmw?/n?tRdispozitifel?kt?RalmeRitdeza?yst?mãapR?pRije//]

L81 : « La force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation nationale. »

[laf?rselynitedoepoeplR?pozsyRlas?lidaRiteelaRek?siljasj?nasj?nal//]

III.1.2. Acte phatique

D'après KERBRAT-ORECCHIONI (1980 : 26),l'acte phatique est un moyen d'expression verbo-vocal utilisé par les participants d'une interaction verbale. Elle est généralement située aux frontières d'une unité de tour de parole et intervient sur le plan de la co-production du discours (dimension procédurale) ainsi que sur le plan de l'élaboration coopérative de liens socioaffectifs (dimension relationnelle) dans le but d'assurer la « bonne entente » entre les interactants. Le locuteur assure cette « bonne entente » en recourant à des procédures de pilotage visant à assurer la compréhension de sa production dans le cadre d'une « modification réciproque des protagonistes du discours. »

Selon Dubois et alii. (1994), dans une grammaire de compétence linguistique, en l'occurrence la Grammaire Générative et Transformationnelle, les modalités et phrase (ou le noyau) se rapportent à la syntaxe dont les deux grandes parties sont, d'une part, la base, qui se définit les structures fondamentales et les relations entre les termes concaténés définis par leurs traits et, d'autres part, les « règles transformationnelles. »

Par exemple, dans cet énoncé : « A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur est reconnaissante. »

Le président pose un acte phatique. Il est question d'un énoncé « Déclaratif, affirmatif et Actif. Les lexèmes utilisés dans ceténoncé sont « compatriotes émérites », « patrie », « être reconnaissante », etc.

En simplifiant la structure profonde de l'énoncé, nous avons : Déclaratif+ Affirmatif+ Actif+ [Je/Nous suis/sommes reconnaissant(s) compatriotesémérites de la patrie.]

Soit en recourant à l'analyse fonctionnelle nous aurons :

« A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur est reconnaissante. »

A touscescompatriotesémérites,

Est= base/la patrie= Groupe sujet/ reconnaissante= attribut du sujet/ à tous ces compatriotes émérites= Groupe complément d'objet indirect.

251677696251682816251681792251679744251684864251683840251680768251678720251676672251671552251670528251669504

251691008251668480251688960

leur

Groupe COI

Lapatrie

251687936251686912251664384

Reconnaissante

est

251661312

251667456251666432251665408

Base

251685888

Groupe Sujet

Attribut du Sujet

251672576

Nous disons que « l'énoncé est constitué de la suite des mots appartenant chacun à un paradigme au sein duquel ils demeurent commutables... » C'est cette liberté de choix à travers les différents paradigmes qui justifie la présence des synonymes. Ces notions grammaticales relèvent de la compétence linguistique du Chef de l'Etat.

Sur l'axe syntagmatique, c'est l'enchaînement des termes ; sur l'axe paradigmatique, c'est la sélection des termes. Toutes ces opérations ont été réalisées mentalement par le Président de la RDC. Schématisons les deux axes de la manière suivante :

251654144Axe syntagmatique : A tous ces compatriotes émérites,la patrie leur estreconnaissante.

Axe paradigmatique : citoyens remarquables,le pays vous sembleobligé.

Concitoyens incomparables, la nation nous paraît sincère.

III.1.3.Acte rhétique

Notons que l'acte rhétiqueéquivaut à la prononciation de certaines expressions dotées d'une représentativité et d'un fondement. En d'autres termes, l'acte rhétique se rapporte à la signification ou sens de l'énoncé. La locution « Etre reconnaissante » constitue l'expression d'un contenu propositionnel « aucune personne ne contredit que nous avons un même pays qui considère chacun de nous, à sa juste valeur. Il est donc uniquement une information.

Passons maintenant à l'acte illocutoire.

III.2. L'illocutoire

D'après OSHIM (2008), l'illocution découle du principe pragmatique selon lequel : « énoncer quelque chose, ce n'est pas seulement transférer des informations, c'est aussi agir. »Nous nous proposons ici de décrire les actes illocutoires dans le discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Notre description s'inscrit dans la taxinomie des actes illocutoires de J.R. Searle.

III.2.1. Structure interne ou sémantique des actes illocutoires dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

Considérant la structure interne, soit sémantique, l'acte illocutoire est constitué d'une part, de ce que AUSTIN et SEARLE (1972) appellent respectivement « contenu propositionnel » et « acte propositionnel » et, d'autre part, d'une force ou valeur illocutoire.

Ainsi, dans ce discours, on peut relever ce qui suit :

o Actes illocutoires représentatifs

v Assertion

D'après Dubois et alii. (1994), l'assertion est le mode de communication institué par le sujet parlant entre lui et son (ou ses) interlocuteur (s) et consistant à faire dépendre ses positions d'une phrase implicite « Je te dis que » (« Je porte à ta connaissance le fait que »), énonçant une vérité, déclarant un fait. L'interrogation dépend de la phrase implicite « Je te demande si » et l'impératif ou injonction de la phrase « Je t'ordonne que. » Tel est le cas dans les énoncés ci-dessous :

L22-23 : Le peuple congolais a fait de chacun d'entre nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat quotidien.

L24-27 : A cet instant où une partie de l'aboutissement de ce combat prend toute sa dimension historique, notre peuple, ce vaillant peuple combatif n'a jamais perdu espoir. Notre force collective réside dans notre attachement aux valeurs universelles de paix, d'un Etat de droit au service de chaque citoyen.

o Actes illocutoires directifs

v Ordre 

Dubois et alii. (1994), appellent « ordre » le mode, ou le type de communication institué par le sujet parlant entre lui et son ou (ses) interlocuteur (s) et consistant à faire dépendre ses propositions d'une phrase implicite « Je t'ordonne que » (=Je te donne l'ordre de faire). L'assertion dépend de la phrase implicite « Je te dis que » et l'interrogation de la phrase « Je te demande si. »

Illustrons cet acte par les énoncés suivants :

L92-95 : Nos forces de défense et de sécurité doivent être porteuses du dialogue entre civils et leurs différents corps de métiers. La gestion de nos forces de défense et de sécurité doit se faire sans la moindre discrimination ethnique ou sociale. A compter de ce jour, elles doivent se sentir pleinement intégrés dans la nation par leurs actes.

Le mot « devoir » est à comprendre ici dans le sens d'une exhortation et d'un ordre. Il est repris trois fois par le Président, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Autrement dit, le Chef de l'Etat exhorte les agents de sécurité de bien vouloir faciliter la tâche de collaboration entre civils et les corps de métiers ; et cela sans discrimination.

v Interdiction

Par rapportà l'interdiction, OSHIM ESINGA (2006) dit que l'expression sous-entendue de cette valeur illocutoire est « je vous interdis ». En effet, l'interdiction, c'est l'action de défendre. C'est ce que le Président exprime à travers cet énoncé :

L201-203 : Nous avons la forte détermination d'éradiquer tous les groupes armés nationaux et étrangers qui continuent à sévir cette partie de la République, plus particulièrement à l'Est de notre territoire.

Au regard à cet énoncé, le Chef de l'Etat a la détermination d'éliminer toutes les forces négatives, qui sèment la désolation au sein de la population sur toute l'étendue de la République et, plus singulièrement, dans la partie Est du pays. En cherchant à éradiquer tous ces groupes armés, il interdit donc implicitement leur existence.

o Actes expressifs

v Souhait

D'après DUBOIS et alii. (1994), le mot vient du verbe « souhaiter » signifiant « faire des voeux pour quelqu'un, dans une formule de compliments ou de politesse. »

En partant de cette définition, nous disons que le terme « souhait » a comme synonyme le « voeu. » C'est une sorte de désir que quelque chose s'accomplisse. C'est ce que nous lisons dans les lignes suivantes :

L196-197 : Nous souhaitons que ces objectifs se traduisent par l'adoption d'une nouvelle loi électorale garante de l'équité pour tous les citoyens.

L420-421 : Je souhaite impulser une meilleure présence de notre pays dans les instances internationales, à la hauteur de notre vocation naturelle. 

Dans ces deux énoncés, il ressort clairement la volonté du Président de la RDC, d'intégrer le pays dans les instances internationales, tenant compte de la richesse que renferme son sol. En plus, il entrevoit l'adoption d'une nouvelle loi électorale afin de bien conduireson pays dans la modernisation.

v Félicitation

D'après le Petit Robert (2016), la félicitation est « le fait de complimenter quelqu'un sur un succès, sur un évènement heureux, sur une conduite. » ..., c'est le cas dans les passages suivants :

L70-72 : Nous saluons la contribution de différentes Confessions religieuses de notre pays dans la considération du processus électoral, avec une mention particulière à l'Église Catholique dont l'Accord de Saint Sylvestre a été déterminant. 

o Actes illocutoires promissifs

v Promesse

Selon Le petit Larousse (2013), ce substantif signifie le fait de s'engager verbalement ou par écrit à faire, à dire et à donner quelque chose à quelqu'un. Cela transparaît dans les phrases suivantes :

L296-298 : Nous appliquerons des mesures urgentes de modernisation des infrastructures, d'allègement des frais académiques, d'actualisation des programmes et d'amélioration des conditions de vie des étudiants et enseignants. 

De cet énoncé, il ressort une pluralité d'interprétations. D'emblée, le Chef de l'Etat promet urgemment la modernisation des infrastructures au niveau national par l'utilisation du futur en début de cet énoncé. Il a également promis la réduction des frais académiques et l'amélioration des conditions de vie coûteuses des étudiants et des enseignants.

En parcourant minutieusement le discours du Président de la République Démocratique du Congo, à l'occasion de son investiture, on lit en filigrane les soins que le Président a pris pour recenser les atouts du moment (éléments positifs) et les faiblesses éventuelles (éléments négatifs) du gouvernement après son investiture à la présidence, ce24 Janvier 2019. Ainsi, nous les relevons dans les lignes qui suivent.

Par rapport aux atouts.

Dicos Encarta électronique (2009) définit le mot « atout » comme avantage de quelqu'un ou de quelque chose, éléments de succès.

Dansle Petit Larousse (2013), « atout » signifie « la chance de réussir, soit avantage de quelqu'un ou de quelque chose ; élément de succès. » Ce succès se laisse entrevoir dans les lignes suivantes.

v Remerciements.

Le remerciement, c'est le fait de reconnaître un bienfait, un service qui a été rendu. Le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO le reconnaît à traversles lignes suivantes :

L28-31 : Nous tenons à rendre hommage à tous nos héros, tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont tombés sur le champ d'honneur pour la cause de la démocratie et de l'alternance. Par reconnaissance, nous vous prions de vous lever une minute de silence en leur mémoire.

L32 :  Nous vous remercions.

L448-450 : Au nom du peuple Congolais que je représente en ma qualité du Président de la République, Je tiens à vous réitérer toute ma gratitude pour avoir rehaussé de votre présence cette cérémonie d'investiture. 

A travers cet énoncé, le Président remercie une fois de plusle peuple congolais et le félicited'avoir pris part à la cérémonie de son investiture comme Président de la RDC.

L4-6 :  Nous ne célébrons pas la victoire d'un camp contre un autre. Nous honorons un Congo réconcilié.

Dans cet énoncé, la réconciliation du peuple congolais face à son destin constitue un atout pour le développement de la République.

Par rapport aux faiblesses

Dans Le Petit Robert (2013), « une faiblesse est un état de ce qui est faible, de ce qui est médiocre, insuffisant. » C'est ce que le Président souligne implicitement à travers l'énoncé :

L394-395 : Nous comptons apporter une innovation dans le cadre de projets communs en coopérant avec tous les pays de la région, en commençant par nos voisins.

A travers cet énoncé, il se lit l'absence d'une coopération entre les pays voisins.

Dans ce discours, force est de constater que le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a exprimé ses visées communicatives en recourant à la fois à l'explicite et à l'implicite. 

III.2.2. Modes d'expression de l'illocution dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

3.2.2.1. L'illocution directe

D'après J.R Searle (1985 :329), dans l'illocution directe, il faut entendre l'acte illocutoire dont la force illocutoire est directement exprimé grâce à un verbe performatif. Ainsi, la force de cet acte résulte de la signification conventionnelle de la phrase au niveau de la structure de surface.

v Le souhait

L196-197 :  Nous souhaitonsque ces objectifs se traduisent par l'adoption d'une nouvelle loi électorale garante de l'équité pour tous les citoyens.

L415-417 : Je souhaite bénéficier de l'expérience et de la sagesse individuelle et collective des collègues Chefs d'Etats présents ou représentés afin de matérialiser notre engagement commun pour la renaissance africaine.

Ces deux énoncés, expriment, d'une part, la volonté du Président de la RDC d'adopter une loi novatrice qui pourrait reconnaître à chacun ses droits et d'autre part, la volonté de profiter de la maturité de ses homologues pour faire en sorte qu'ensemble, ils puissent contribuer à la renaissance de l'Afrique.

v Ordre

L244-248 :  Nous devons renforcer et augmenter la productivité de notre secteur privé, encourager l'entrepreneuriat par le congolais, ... et la protection de l'environnement.

L249-250 :  Nous ferons appliquer avec rigueur sur l'ensemble du territoire, la loi sur le petit commerce réservé aux nationaux dans le cadre du principe du privilège national.

Ces énoncées utilisent le verbe modal et le « faire » factitif au futur simple pour intimer l'ordre.

III.2.2.2. L'illocution indirecte

Avec J. LEROT (1983 :149), il est question de l'expression indirecte de la force illocutoire.A titre d'exemple prenons les énoncés suivants :

v Déclaration

L81 : La force et l'unité d'un peuple repose sur la réconciliation nationale.

Cette allégation met la réconciliation au centre de l'unité et de la force. En d'autres termes, c'est la réconciliation qui ramène la paix et donne la force.

v Requête

Le petit Robert (2016) considère le mot « requête » comme une « demande écrite, présentée à qui de droit et selon certaines formes établies. »

L81 : La force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation nationale. 

De cet énoncé, il se dégage une requête du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO formulée d'une manière implicite qu'on pourrait structurer de la façon suivante :

Je demande que le peuplecongolais renforce la solidarité et la réconciliation. Autrement dit, l'union et la fraternité doivent caractériser le peuple congolais. C'est une invitation à la solidarité et à la réconciliation nationale. Donc, « je demande au peuple congolais de s'unir, d'être solidaire, de se réconcilier car l'union fait la force. »

L69 : Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des ajustements appropriés.

Ce détour prouve que le Chef de l'Etat demande au gouvernement de repenser la loi électorale dans le but d'améliorer prochainement le processus électoral.

v Regret

Dicos Encarta (2009) définit le terme « regret » comme : « le chagrin que cause la perte, la mort d'une personne. Et la même source ajoute que le mot est considéré comme « un déplaisir d'avoir perdu un bien qu'on possédait, ou de n'avoir pu obtenir celui qu'on désirait. »

Exemple :

L30-31 :  Par reconnaissance à leur sacrifice, nous vous prions de vous lever et d'observer une minute de silence en leur mémoire.

Cet énoncé montreque le Chef de l'Etat, regrette la disparition de ceux qui ont lutté pour la paix et le développement du Congo.

III.4. Les implicites

On parle de l'implicite en linguistique lorsqu'il s'agit d'un énoncé ou d'un discours dont la force illocutoire ne figure pas explicitement et dont l'interprétation nécessite le recours à des éléments situationnels extralinguistiques (DUBOIS et alii., 1970).

La notion d'implicite est une de ces catégories dans laquelle sont regroupés des phénomènes hétérogènes dont la propriété commune est d'exprimer un contenu, qui ne constitue pas l'objet appartenant au dire, affirme OSHIM (2019). Ce contenu « non-dit », mais exprimé, est appelé « implicite. »  Il se distingue du contenu « dit » de l'énoncéappelé « explicite ». On peut répartir ces informations implicites en trois catégories : le présupposé, le sous-entendu et les actes de langage indirects que nous envisagerons en termes « d'implicature.»

Selon John Rogers SEARLE et Herbert Paul GRICE, philosophie de l'école d'Oxford cités par OSHIM (2019), l'acte de langage peut receler une dimension communicative « implicite », qui vient s'ajouter au « dit ».

En somme, parler d'implicites revient à évoquer « le non-dit, le sous-entendu. » Soit le contenu du discours non expriméou sous-entendu est, cependant, non formulé expressément, immédiatement compris de tous.

C'est pourquoi Maingueneau, à la suite de Ducrot, pense que l'implicite a une double utilité : « exprimer quelque chose sans risquer d'être considéré comme responsable de l'avoir dit, mais aussi d'avancer une idée en la soustrayant aux objections.

Dans ce discours, nous avons seulement relevé quelques cas d'implicite à titre exemplatif.

III.4.1. Implicite sémantique : Présupposition

D'après MOESCHLER (1985 :193), « l'implication sémantique » est une relation « sémantique implicite » entre deux propositions variant sous l'effet de la négation. Comme la présupposition, elle fait également partie intégrante du mécanisme de communication dans le discours politique de F.A.T.T.

En voici quelques énoncés :

L244-248 :  Nous devons renforcer et augmenter la productivité de notre secteur privé, encourager l'entrepreneuriat par le congolais, mobiliser nos efforts dans les secteurs à forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois pour la jeunesse de notre pays, particulièrement l'agriculture, les nouvelles technologies, l'innovation, les industries de transformation et la protection de l'environnement.

Cet énoncé présuppose que la RDC n'est pas développée : la productivité est inexistante, l'entrepreneuriat affaibli, la jeunesse n'a pas d'emplois, etc.

L159-160 : Ainsi, j'invite chaque citoyen congolais à concrétiser les piliers de notre projet de société dans la sphère de ces activités, de ses actions ou de ses responsabilités.

Cet énoncéprésuppose que les piliers de notre projet de société ne sont pas concrétisés.

Considérons aussi, ces énoncés qui explicitent davantage cette notion :

L67-68 :  En effet, pour la première fois, notre pays a organisé sur fonds propres, sans la moindre contribution financière extérieure, une triple consultation électorale.

Notons comme présupposé, dans cet extrait,l'incapacité du pays de ne pas avoir réussi à organiser les élections sur son fond propre depuis un certain temps, et pour la première fois, il réussit à le faire.

L85-86 : Par ces vertus, l'épisode douloureux des conflits tribaux et locaux qui ont endeuillé notre pays, ne sera qu'un lointain et triste souvenir.

En d'autres termes, avant son investiture, le pays baignait dans le sang suite aux conflits tribaux. C'est pourquoi le Président tient informé sa population qu'il n'y aurait plus question de désolation dans le pays, cela restera comme une histoire.

III.4.2. Implicite pragmatique

« Un implicite est dit pragmatique ou discursif lorsque son contenu n'est pas déterminé par le sens des constituants de l'assertion, mais plutôt par une loi du discours qui indique que toute information pertinente doit être donnée. »

Dans le cadre de ce travail, nous avons retenu l'implicite illocutoire.

III.4.2.1. Implicite illocutoire

En voici l'exemple :

L81 : La force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation nationale. 

De cet énoncé, il se dégage une requête du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO formulée d'une manière implicite. Il veut que le peuple congolais cultive les valeurs qui se rapportent à la solidarité et à la réconciliation nationale.

L69 : Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des ajustements appropriés.

Dans cet énoncé, il convient de souligner qu'il est question de la présupposition et de l'implicite illocutoire. Comme présupposition, notons le dispositif électoral est mauvais.

Conclusion partielle

L'illocution dans le discours politique du Président de la République Démocratique du Congo, qui a fait l'objetde notre troisième chapitre,nous a permis de découvrir les intentions ou les visées communicatives du locuteur à travers l'illocution explicite et implicite.

En effet, nous avons défini l'illocution par rapport àla locution et à la perlocution, pour la locution nous avons décrit les actes phonétiques, phatiques, et rhétique. S'agissant de l'illocution, nous l'avions abordéeconformément à la taxinomie de Searle, laquelle nous a permis de relever la subjectivité à travers quelques actes illocutoires.

Au sujet de l'implicite, nous avons focalisé notre attention surl'implicite sémantique et l'implicite pragmatique.Il s'agit de la présupposition, du sous-entendu et de l'implicite illocutoire. Au succès de la taxinomie des actes illocutoires de Searle, nous avons relevé les actes suivants :l'assertion, l'ordre, le souhait, la requête, l'interdiction, la promesse, la félicitation et le remerciement.

CONCLUSION GENERALE

Ce travail a porté essentiellement surla subjectivité langagière dans le discours d'investiture de Félix Antoine TSHISEKEDITSHILOMBO du24 Janvier 2019.

Notre question principale de la recherche était formulée en ces termes :

-Comment le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est-il subjectif dans son discours d'investiture en face de ses allocutaires ?

Cette question principale a été explicitée par les questions spécifiques suivantes :

-Quels sont les indices de la subjectivité langagière qui se trouvent dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à la bonne gouvernance pour le développement du Congo ?

-Quelle est son intention communicative ?

Par rapport à ces questions, nos réponses en guise d'hypothèses sont les suivantes :

-Hypothèse principale : le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO serait subjectif à travers les modalités d'énonciation et celles d'énoncé en face de ses allocutaires.

Comme hypothèses spécifiques :

-Les indices de la subjectivité langagière, qui se trouvent dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO par rapport à la bonne gouvernance pour le développement du Congo seraient, d'une part, les phrases déclaratives, impératives et exclamatives, et, d'autre part, les expressions relatives à l'évaluation, au souhait et au jugement

-L'intention communicative du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO lorsqu'il recourt à la subjectivité langagière dans son discours d'investiture serait de persuader et /ou de dissuader le peuple congolais en vue de l'engager comme il l'entend dans la voie de la démocratie et de la bonne gouvernance en RD Congo à travers les actes illocutoires, tels que l'invitation, le souhait, la requête, la promesse, l'interdiction et l'ordre.

A cette recherche, nous avons assigné les objectifs suivants :

-décrire l'expression de la subjectivité dans les énoncés du discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO ;

-décrire les indices de la subjectivité langagière, à savoir les modalités d'énonciation et les modalités d'énoncé ;

-identifier l'intention communicative du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à travers les actes illocutoires de persuasion, de dissuasion pour construire la démocratie et instaurer la bonne gouvernance.

Pour réaliser notre travail, nous avons recouru à l'approche « sémio-pragmatique. » ; « sémiotique, » parce que « le sens construit passe par des catégories de formes, c'est-à-dire les énoncés (des mots, des séquences de mots et leur agencement) qui signifient en tant que telles, et ne sont pas seulement des traces transparentes d'un certain contenu. » ; et « pragmatique », compte tenu du fait qu'il s'agit non seulement de l'étude des relations entre les signes et leurs usagers, mais aussi de la référence aux usagers de la langue, à l'usage qu'ils en font et au contexte. C'est ce que OSHIM (2008) explique en terme des actes de langage ou intention communicative, manifeste, utilisée par l'énonciateur dans le discours. Ainsi, Par rapport au contenu du discours, nous avons usé deux méthodes : descriptive pour des phénomènes que l'on connaît un peu et que l'on veut décrire en profondeur (le comment ? et le qui ?) et explicative, dans la mesure où, elle convient mieux aux phénomènes déjà décrits, pour lesquels on veut comprendre pourquoi les choses sont comme telles (le pourquoi ?).

Deux techniques nous ont également intéressé. C'est, en premier lieu, la technique« documentaire », pour sélectionner les énoncés sous forme de corpus. Elle nous a donc permis d'accéder directement au contenu du discours politique et avons interrogé également la littérature portant sur l'objet et sur les méthodes. Endeuxième lieu, nous avons utilisé« l'analyse de contenu » comme technique pour accéder au contenu des énoncés.

Trois chapitres ont constitué l'ossature de notre travail : Le premier est consacré aux considérations générales, qui portent sur le cadre conceptuel et théorique, sur le profil du Président et sur le contexte de production de ce discours. Le deuxième est axé sur le cadre énonciatif du discours politique du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à l'occasion de son investiture au pouvoir, 2019. Et le troisième portesur l'illocution dans le discours d'investiture du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

Après avoir décrit et expliqué les énoncés du corpus grâce aux méthodes et aux techniques appropriées et conformément à nos problèmes, à nos hypothèses et aux objectifs assignés à cette recherche, nous avons obtenu les résultats suivants :

- Tout d'abord, nous avons défini quelques concepts-clés qui soutiennent notre sujet. Ces concepts sont : subjectivité, langagière, discours et investiture. Sous le même dédale, nous avonstouché au cadre théorique relatif à la pragmatique, à la théorie de l'énonciation et à celle des actes de langages. Nous avons aussi présenté le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. La situation géographique de la République Démocratique du Congo a été notre préoccupation pour mettre un terme à ce point.

- Ensuite, le cadre énonciatif dudit discours nous a intéressé.Il a essentiellement portésur la reconstitution du cadre énonciatif de ce discours. Nous y avons relevé les stratégies discursives, qui sont les marques subjectives contenues dans le discours du locuteur. Comme énonciateur, ses empreintes ont été repérées ainsi que celles de ses allocutaires. C'est ainsi que nous avons distingué, d'une part, les variables je/nous, le locuteur et/ou l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et vous, l'allocutaire ; d'autre part, la troisième personne, le non-allocutaire : « il » et « elle » dans toutes ses formes. 

- Nous avons aussi tenté de situer le pronom dans l'espace réel « ici », par rapport à l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, dans le temps présent « maintenant », dans le futur « demain » et dans le passé « hier ». Relativement au rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses énoncés, nous avons relevé des cas où la distance entre lui, locuteur, et ses énoncés tendait vers zéro ou était maximale. Par rapport aux modalités, nous avons relevé le probable et le possible, le contingent et le nécessaire. 

- En outre, nous avons décrit, le rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses destinataires. A ce niveau, nous avons dégagé le rapport de symétrie conventionnelle entre lui et ses allocutaires, d'une part, et la relation d'asymétrie formelle entre lui et ses allocutaires, et la relation entre les partenaires et l'action, d'autre part.

- Quant à certaines marques de sentiments de l'énonciateur Félix Antoine TSHISEKEDI par rapport aux énoncés occurrences de son discours, les moyens utilisés sont fort nombreux. Nous avons été intéressé par les procédés d'expression des marques affectives et appréciatives de ce discours.

- Tout compte fait, il ressort de nos analyses que le locuteur est à la fois sujet de l'énoncé et de l'énonciation car pratiquement toutes les phrases qui constituent le présent discours sont les siennes à part quelques cas isolés. 

Par rapport à notre première hypothèse, nous affirmons qu'elle a été vérifiée et confirmée.

- A la fin, l'illocution dans le discours politique du Président de la République Démocratique du Congo, nous a permis de découvrir les intentions ou les visées communicatives du locuteur à travers l'illocution explicite et implicite.En effet, nous avons défini l'illocution par rapport à la locution et à la perlocution, pour la locution nous avons décrit les actes phonétiques, phatiques, et rhétiques. S'agissant de l'illocution, nous l'avions abordée conformément à la taxinomie de Searle, laquelle nous a permis de relever la subjectivité à travers quelques actes illocutoires.

- Au sujet de l'implicite, nous avons focalisé notre attention sur l'implicite sémantique et l'implicite pragmatique. Il s'agit de la présupposition, du sous-entendu et de l'implicite illocutoire. Par rapport à la taxinomie des actes illocutoires de Searle, nous avons relevé les actes suivants : l'assertion, l'ordre, le souhait, la requête, l'interdiction, la promesse, la félicitation et le remerciement.

Vu ces résultats, par rapport à notre deuxième hypothèse, celle-ci a également été vérifiée et confirmée.

Certes, cette démarche nous a permis de décortiquer les recettes pragmatiques. Toutefois, les pistes de recherche restent toujours ouvertes. Par exemple, on pourrait orienter à l'avenir une recherche sur la lecture sémiotique du discours du Président congolais Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO sur les plans syntaxique, sémantique et pragmatique. Comme tout travail scientifique, le nôtre a ses limites. Toutefois, nous estimons qu'il est toujours perfectible.

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Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide., consulté le 29 Janvier 2020, à 00h57'.

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Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.Consulté, 06 Décembre 2019 à 1h23'.

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TABLE DE MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS i

ACRONYMES ET SIGLES i

0.INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. ETAT DE LA QUESTION 1

0.2. PROBLEMATIQUE 1

0.3. HYPOTHESES 1

0.3.1. Hypothèse principale 1

0.3.2. Hypothèses spécifiques 1

0.4. OBJECTIFS ET INTERET DU TRAVAIL 1

0.4.1. Objectifs du travail 1

Objectif principal 1

Objectifs spécifiques 1

0.4.2. Choix et intérêt du travail 1

0.5. METHODES ET TECHNIQUE DU TRAVAIL 1

0.5.1. Méthode 1

0.5.2. Technique 1

0.6. DELIMITATION DU TRAVAIL 1

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL 1

PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS GERERALES 1

1.0.Introduction 1

1.1. Définition de quelques concepts-clés. 1

1.1.1. Subjectivité. 1

1.1.2. Langagière 1

1.1.3. Discours 1

1.1.4. Investiture 1

1.2. Cadre théorique 1

1.2.1. La pragmatique 1

1.2.2. Théorie des actes de langage 1

1.2.2.1. Actes locutoires 1

1.2.2.2. Actes illocutoires 1

1.2.2.3. Actes perlocutoires 1

1.2.3. Théorie de l'énonciation 1

I.4. Présentation de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO 1

1.4.1 Biographie du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO 1

1.4.2. Le contexte du dire du discours du Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO 1

1.4.2.1 Présentation du contexte du discours 1

1.4.2.2. Transmission des symboles du pouvoir 1

I.4. Situation géopolitique de la RDC 1

I.4.1. Généralités 1

I.4.2. La Géographie physique 1

I.4.3. Structure du territoire 1

I.4.4. Relief et géomorphologie 1

Conclusion partielle 1

DEUXIEME CHAPITRE : CADRE ENONCIATIF DU DISCOURS POLITIQUE D'INVESTITURE DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. 1

II.0. Introduction 1

II.1. Appareil formel de l'énonciation 1

II. 1.1. Les protagonistes 1

II.1.2. Hic et nunc 1

II. 2. Rapport entre le locuteur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et ses énoncés 1

II.2.1. La distance tendant vers zéro 1

II.2.2. La distance maximale 1

II. 3. Modalités 1

II.3.1. Les modalités d'énonciation 1

II.3.2. Les modalités de l'énoncé 1

II.3.3. Relation dans les contextes d'énonciation 1

Conclusion partielle 1

CHAPITRE TROISIEME : L'ILLOCUTION DANS LE DISCOURS DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO 1

III.0. Introduction 1

III.1. Le locutoire 1

III.1.1. Acte phonétique 1

III.1.2. Acte phatique 1

III.1.3. Acte rhétique 1

III.2. L'illocutoire 1

III.2.1. Structure interne ou sémantique des actes illocutoires dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. 1

III.2.2. Modes d'expression de l'illocution dans le discours de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. 1

III.4.1. Implicite sémantique : Présupposition 1

III.4.2. Implicite pragmatique 1

Conclusion partielle 1

CONCLUSION GENERALE 1

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 1

WEBOGRAPHIE 1

TABLE DE MATIERES 1

ANNEXE

ANNEXE

' LE DISCOURS D'INVESTITURE DE Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

'

Ce jeudi 24 Janvier 2019 est un jour historique. C'est un jour rêvé par tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu'il avait de noble, tout en éveillant nos consciences. Un grand jour pour notre volonté commune de franchir ensemble les rivages de notre destin.

Nous ne célébrons pas la victoire d'un camp contre un autre. Nous honorons un Congo réconcilié. La République Démocratique du Congo que nous formons ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme.

Nous voulons construire un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place.

Si cette étape de la transition démocratique peut être considérée comme l'aboutissement d'un combat, nous devons aussi y voir l'horizon d'une ère nouvelle. Sans aucun doute le commencement d'un autre combat dans lequel nous voulons engager tout le peuple congolais, le combat pour le mieux-être de chaque citoyenne et citoyen de ce beau pays.

Chers Compatriotes,

Cinquante-neuf ans après notre indépendance, le peuple congolais réalise par son engagement démocratique, une transition du pouvoir entre un Président élu sortant et un Président élu entrant.

Nous tenons à exprimer pour la première fois devant vous, notre reconnaissance au peuple congolais de nous avoir accordé à travers son suffrage, ce grand honneur. Cette confiance sera pour nous un soutien indispensable dans l'exercice de nos hautes responsabilités.

Nous nous engageons donc à nous conformer scrupuleusement à nos obligations constitutionnelles susdites.

Excellences Messieurs les Présidents, Distingués invités

Excellences, Mesdames et Messieurs

Chers compatriotes,

Le peuple Congolais a fait de chacun d'entre nous des citoyens fiers de leur histoire et dignes dans la souffrance de leur combat quotidien.

A cet instant où une partie de l'aboutissement de ce combat prend toute sa dimension historique, notre peuple, ce vaillant peuple combatif n'a jamais perdu espoir. Notre force collective réside dans notre attachement aux valeurs universelles de paix, d'un Etat de droit au service de chaque citoyen.

Nous tenons à rendre hommage à tous nos héros, tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont tombés sur le champ d'honneur pour la cause de la démocratie et de l'alternance.

Par reconnaissance à leur sacrifice, nous vous prions de vous lever et d'observer une minute de silence en leur mémoire.

Nous vous remercions.

Chers compatriotes,

Ce moment inédit de notre histoire est aussi un instant privilégié pour célébrer différents acteurs présents et passés, qui ont contribué à l'avènement de cette transition démocratique.

Nous pensons tout d'abord au Président Joseph KASA-VUBU, réputé pour sa droiture et sa gestion saine des deniers publics.

Ensuite, au Premier Ministre Patrice EMERY LUMUMBA qui déclara je le cite « Pour la dignité de l'Afrique, j'accepte la mort ».

Puis, au Président Joseph-Désiré MOBUTU, déterminé dans la recherche de l'unité du peuple congolais et l'affirmation de notre authenticité.

Enfin, au Président Laurent-Désiré Kabila particulièrement attaché à l'idéologie de « Ne jamais trahir le Congo ».

Pour ces architectes de notre souveraineté, la noblesse de leur combat demeurera à jamais dans notre conscience collective nationale. Elle est une exigence qui nous impose de réussir dans notre mission au service de notre peuple.

Nos pensées se dirigent également vers tous les candidats qui ont participé à l'élection présidentielle du 30 décembre 2018.

Nous saluons la participation importante des femmes comme candidates aux différents scrutins du récent processus électoral. Nous les encourageons à s'engager davantage lors des prochaines échéances électorales afin de promouvoir la parité homme-femme prônée par l'article 14 de notre constitution.

C'est ici également l'occasion de témoigner notre profond respect et sincère admiration à l'endroit de notre frère Martin Fayulu Madidi, avec lequel nous avons mené ce combat politique depuis plusieurs années. L'engagement de ce véritable « soldat du peuple » est un exemple pour la vitalité de notre démocratie et la responsabilité civique de chaque congolais.

Nous partageons aussi un sentiment patriotique commun avec le Camarade Emmanuel Ramazani Shadary et tous les autres citoyens qui ont su apporter engagements et contributions par leurs idées pour un Congo meilleur.

A tous ces compatriotes émérites, la patrie leur est reconnaissante.

Par la consultation, le dialogue et la prise en considération de leurs idées, nous sommes enclins à les associer à la gouvernance de notre pays.

Chers compatriotes,

L'animation de notre processus démocratique a bénéficié de l'apport déterminant de plusieurs institutions, organismes et acteurs de la société civile.

Nous voulons aussi mettre en exergue l'important rôle de la Commission Nationale Electorale Indépendante CENI, des Confessions religieuses dans toute leur diversité, des organisations civiles et mouvements citoyens.

En effet, pour la première fois, notre pays a organisé sur fonds propres, sans la moindre contribution financière extérieure, une triple consultation électorale.

Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des ajustements appropriés.

Nous saluons la contribution de différentes Confessions religieuses de notre pays dans la consolidation du processus électoral, avec une mention particulière à l'Eglise Catholique dont l'Accord de Saint Sylvestre a été déterminant.

Chers compatriotes,

Cette campagne a été aussi pour nous l'occasion de valider le patriotisme de certains de nos concitoyens disposés à surpasser toute ambition individuelle pour privilégier l'intérêt supérieur de la nation. Nous avons une pensée émue pour notre frère, ami et colistier de la coalition « Cap pour le changement », en sigle CACH, nous citons Monsieur Vital Kamerhe.

Ancien Président de notre assemblée nationale, Vital Kamerhe, président du parti « Union pour la Nation Congolaise » (UNC), bien qu'initialement candidat à la présidentielle de 2018, a su mettre les intérêts du peuple congolais au-dessus de ses ambitions personnelles en formant avec nous-même et notre formation politique UDPS, le ticket gagnant.

Chers compatriotes,

La force et l'unité d'un peuple repose sur la solidarité et la réconciliation nationale.

Aussi, dans le cadre d'une action concertée, nous entendons engager le Gouvernement et toutes les autorités coutumières de notre pays à oeuvrer pour la paix et la tolérance en vue d'une cohabitation pacifique entre nos différentes communautés.

Par ces vertus, l'épisode douloureux des conflits tribaux et locaux qui ont endeuillé notre pays, ne sera qu'un lointain et triste souvenir.

Outre nos citoyens civils, les premiers garants de notre cohésion nationale sont nos forces de défense et de sécurité qui assurent un rôle primordial dans la protection et l'intégrité du territoire ainsi que dans celle des personnes et de leurs biens.

Nous leur offrirons un cadre de travail digne de leur mission pour en faire une institution véritablement républicaine.

Nos forces de défense et de sécurité doivent être porteuses du dialogue entre civils et leurs différents corps de métiers. La gestion de nos forces de défense et de sécurité doit se faire sans la moindre discrimination ethnique ou sociale. A compter de ce jour, elles doivent se sentir pleinement intégrés dans la nation par leurs actes.

Nous voulons valoriser par une plus forte responsabilité l'attachement de nos compatriotes aux valeurs républicaines qui régissent notre nation.

Chers compatriotes,

Nous appelons les détenteurs de l'autorité, à tous les échelons de notre pays, au respect strict et infaillible des droits des personnes et de leurs biens conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, en leur demandant de réaliser leur mission dans le cadre légal.

Dans ce contexte, le Gouvernement initiera une campagne de sensibilisation de tous les agents de l'Etat sur leurs responsabilités vis-à-vis de nos populations.

Ainsi, le Ministre de la Justice sera chargé de recenser tous les prisonniers politiques, d'opinion ou assimilés sur l'ensemble du territoire national en vue de leur prochaine libération.

Sous notre mandat, nous veillerons à garantir à chaque citoyen le respect de l'exercice de ses droits fondamentaux. Nous nous engageons à bannir toutes formes de discriminations.

Nous bénéficions à chaque étape de l'inspiration de ceux qui orientent notre vision. A ce titre, nous voulons rendre un hommage héroïque à celui qui a orienté et façonné notre lutte politique durant quatre décennies avant de nous quitter au coeur du combat le 1er février 2017. Nous avons cité le Président Etienne Tshisekedi Wa Mulumba.

Cet Homme d'exception, dont le sort personnel est indéniablement lié à l'histoire contemporaine de notre pays, a su par son charisme, sa rigueur morale, sa ténacité et son dévouement, incarner les profondes aspirations du peuple congolais pour la démocratie et le progrès social.

Nous voudrions ici lui témoigner toute notre affection et la reconnaissance de la Nation toute entière.

Le Président Etienne Tshisekedi nous a inculqué les valeurs de la lutte politique au service de chaque congolais quelle que soit son opinion, son origine et son parcours. Nous allons appliquer ces enseignements dans nos actes au service de notre peuple.

Chers compatriotes,

Dans le plus grand respect de la tradition républicaine, nous rendons hommage à celui qui aura été l'un des acteurs de la matérialisation de l'alternance démocratique et pacifique.

Monsieur le Président Joseph Kabila Kabange,

Nous portons dans notre tradition le long combat pour l'émancipation et la souveraineté du peuple congolais par l'instauration d'un véritable Etat de droit. A ce titre, nous avons été votre fervent adversaire politique, Monsieur le Président.

Nous n'oublions rien de nos combats politiques, des moments difficiles traversés. Nous avons vécu au cours des décennies des périodes d'incertitudes et d'extrêmes tensions dans un climat politique non apaisé.

Dans votre exercice du pouvoir, vous avez pu engager le pays dans une transition qui avait abouti à la réunification du Territoire national alors divisé.

Mais aucun de ces moments n'a pu altérer votre détermination à permettre au peuple congolais de se choisir librement ses dirigeants.

Votre action s'inscrit ainsi dans l'héritage de vos prédécesseurs et autres dirigeants historiques.

Veuillez accepter, Monsieur le Président, toutes nos félicitations.

Chers compatriotes,

Par sa situation géographique et en considération des enjeux géostratégiques de ses richesses naturelles et de son capital humain, la République Démocratique du Congo porte une espérance pour l'Afrique et le monde.

En effet, avec ses quatre-vingts millions d'habitants, ses diverses et innombrables ressources naturelles, son bassin hydrographique riche, sa forêt équatoriale dense ; capable d'apporter une solution aux enjeux climatiques, notre pays est un véritable atout pour les pays de la région, pour l'Afrique et pour notre planète.

A titre d'exemple, différentes études d'organismes internationaux de référence démontrent que le potentiel de notre pays peut éradiquer la faim dans le monde.

Avec ses 80 millions d'hectares de terres arables accessibles et ses 40 millions d'hectares de terres irrigables, doté d'un programme agricole innovant, le Congo peut atteindre l'autosuffisance alimentaire et nourrir deux milliards de personnes en résorbant ainsi deux fois le déficit alimentaire mondial.

Dans le cadre de l'industrie automobile, la production mondiale des voitures électriques dépassera dans un futur proche celle des voitures à moteur polluant.

Or comme vous le savez tous, les matières premières essentielles pour cette industrie sont le Cobalt et le Lithium, dont le Congo est la première réserve mondiale.

Plusieurs industries de technologie de pointe dépendent de notre sous-sol. Le bien-être de chaque congolais est le garant d'une bonne gestion de nos ressources naturelles.

En considération de ces éléments, nous sommes conscients des attentes du monde entier sur l'utilisation rationnelle de nos réserves en matières premières, notamment face aux enjeux des énergies renouvelables et des changements climatiques.

C'est pourquoi, conscient de cet immense défi, en accédant à la plus haute charge de mon pays, le sentiment qui m'anime est celui d'une grande humilité face aux lourdes responsabilités qui sont les miennes.

Ainsi, j'invite chaque citoyen congolais à concrétiser les piliers de notre projet de société dans la sphère de ses activités, de ses actions ou de ses responsabilités.

Chers compatriotes,

Nous nous engageons à ériger un Etat moderne, pacifique, démocratique et soucieux de chaque citoyen. Un Etat où chaque institution va jouer son rôle dans le cadre du principe de séparation des pouvoirs. Un Etat qui garantira le bonheur de tous.

En communion avec nos pères fondateurs, nous pouvons valablement formuler pour les générations futures les promesses qui inspirent notre engagement.

Le Gouvernement que nous allons nommer prochainement et qui sera investi par le parlement va décliner son action politique sur plusieurs priorités.

- La pacification de tout le territoire national en accélérant la lutte contre l'éradication des groupes armés qui sévissent et sèment la désolation auprès de nos populations ;

- La lutte contre la pauvreté par des actions sociales et une politique novatrice de cohésion nationale ;

- La réhabilitation et la consolidation d'un état de droit à travers des institutions solides, de proximité et équitables au service de l'emploi, de la jeunesse, de l'éducation, de la santé et de tous nos enjeux économiques et sociaux ;

- Une lutte efficace et déterminée contre la corruption et les anti-valeurs notamment l'impunité, la mauvaise gouvernance, le tribalisme et autres ;

- La promotion de la presse et des médias pour en faire véritablement un quatrième pouvoir ;

- La valorisation de notre capital humain par la promotion des jeunes et des femmes ;

- Le développement des milieux ruraux par la construction des infrastructures sociales de base pour mieux maîtriser l'exode rural ;

- La simplification des procédures administratives dans les secteurs clé de la vie nationale pour favoriser le climat des affaires, le développement du tourisme, la libre circulation des biens et des personnes et l'accessibilité du citoyen à tous les services de l'Etat.

Chers compatriotes,

La réalisation de ces engagements se traduit par la mise en place d'un plan coordonné de gouvernance avec des actions immédiates et déterminantes sur le plan militaire, politique, diplomatique, socio-économique, humanitaire et environnemental.

Nous ferons de la réconciliation nationale l'une de nos priorités. Nous sommes convaincus de l'urgence de mettre en place rapidement une véritable procédure d'écoute et de dialogue dans l'ensemble du pays en prélude à un Forum de réconciliation qui réunira toutes nos forces vives.

Chers compatriotes,

La Paix repose aussi sur la capacité de chaque citoyen à être le pilier de notre système démocratique basé sur un fonctionnement sain et efficace des institutions.

Nous sommes favorables à une véritable modernisation de notre système politique.

Les formations politiques doivent transcender les clivages ethniques et sociologiques. Les modes de scrutin doivent mieux s'adapter à nos réalités tout en préservant nos capacités financières. Le financement public des partis politiques doit être appliqué.

Nous souhaitons que ces objectifs se traduisent par l'adoption d'une nouvelle loi électorale garante de l'équité pour tous les citoyens.

Chers compatriotes,

A cet instant de célébration de notre engagement démocratique, notre pensée profonde va vers les populations de BENI, BUTEMBO dans le Nord Kivu, et du Kasaï Central qui continuent à subir des pertes en vie humaines.

Nous avons la forte détermination d'éradiquer tous les groupes armés nationaux et étrangers qui continuent à sévir cette partie de la République, plus particulièrement à l'Est de notre territoire.

Que nos compatriotes de Beni, Butembo et Yumbi, soient assurés de notre détermination de les voir remplir leur devoir civique comme prévu par la CENI.

Nous devons également l'admettre : l'absence prolongée de l'autorité locale légitimée par des élections constitue un véritable frein à la mise en oeuvre de nos politiques publiques, notamment en matière d'état-civil, d'éducation, de santé, d'assainissement et d'environnement.

Le dernier recensement de la population date de 34 ans. Nous avons accepté une situation dans laquelle plusieurs de nos compatriotes ne disposent pas de carte d'identité ou d'état civil.

Nous comptons engager le Gouvernement à réaliser très rapidement un recensement sur tout le territoire. L'information démographique fiable est nécessaire à la planification de notre développement dans l'ensemble du pays, province par province.

Nos provinces souffrent car notre système de transfert des recettes fiscales est inégalitaire. L'alinéa 2 de l'article 175 de la Constitution relatif au principe de la rétrocession à la source de 40% des recettes fiscales aux provinces constitue une source de déséquilibre.

Un rééquilibrage est donc nécessaire sur base de critères objectifs applicables à l'ensemble des provinces. Parmi ces critères figurent la démographie, le niveau de développement et la capacité de gestion et d'absorption des allocations financières.

Renforcer les moyens de nos provinces pourra garantir l'accès du citoyen à une justice équitable et de proximité. Notre pays compte un magistrat pour environ 26.000 habitants.

Ce déficit fragilise l'équité et l'efficacité de la justice de notre pays tout en légitimant la défiance des citoyens congolais.

Les actes de procédures judiciaires sont parfois rendus en contrepartie de divers paiements pour certains, en dehors de toutes règles établies. La grande majorité des justiciables est désemparée.

Un cadre juridique efficace permet de renforcer en premier lieu la lutte contre la corruption, fléau qui dévaste notre pays, ses institutions et ne protègent pas les créateurs de richesse.

Nous allons initier une stratégie de lutte contre la corruption dans l'ensemble des rouages de l'Administration publique. Un accent particulier sera porté sur la lutte contre la délinquance fiscale.

Afin de valoriser l'Etat de droit, nous allons procéder au renforcement de la sensibilisation au civisme fiscal.

Chaque année, nous subissons entre 16 et 20 milliards de dollars d'évasion fiscale, soit quatre fois notre budget annuel. Nous devons inverser cette tendance.

Un mécanisme de guichet unique attrayant, une simplification des procédures fiscales et douanières seront institués afin de permettre à l'ensemble de nos acteurs nationaux et étrangers de s'inscrire dans une démarche légale bénéfique pour toutes les parties.

Nous comptons ouvrir des perspectives nouvelles afin de renforcer la dynamique du développement économique et social de notre nation.

Suivant des critères établis par les organismes internationaux, le Congolais est indexé dans la catégorie des citoyens vivant avec un revenu annuel moyen par habitant de moins de 400 Dollars, soit un des revenus les plus faibles de la planète. Nous devons faire évoluer favorablement ce paramètre pour nos concitoyens.

Nous devons renforcer et augmenter la productivité de notre secteur privé, encourager l'entrepreneuriat par les congolais, mobiliser nos efforts dans des secteurs à forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois pour la jeunesse de notre pays, particulièrement l'agriculture, les nouvelles technologies, l'innovation, les industries de transformation et la protection de l'environnement.

Nous ferons appliquer avec rigueur sur l'ensemble du territoire, la loi sur le petit commerce réservé aux nationaux dans le cadre du principe du privilège national.

Afin de combler son retard en rapport au standard des pays en voie de développement, le Congo doit consacrer 6 milliards de dollars annuellement sur dix ans aux infrastructures, dont 1 milliard de dollars seulement pour la maintenance. En réalisant cet objectif, le gouvernement consolidera, notre croissance économique.

Ces infrastructures, base de notre développement, sont nécessaires pour garantir la reconquête de notre économie, particulièrement les infrastructures routières, les ports, les aéroports, l'accès à l'eau et à l'électricité, les nouvelles technologies sous toutes leurs formes.

Nous demanderons au Gouvernement de réaliser un plan d'investissement des plus ambitieux avec les partenaires nationaux et internationaux en usant de toutes les techniques financières sécurisées possibles, y compris les Partenariats Publics Privé et des financements innovants.

Notre pays dispose du potentiel hydroélectrique le plus élevé au monde. Plus de cent mille Mégawatts sont disponibles sur 217 sites de production d'Hydroélectricité pouvant permettre aussi bien la construction des micro-barrages à de plus grandes infrastructures.

Pourtant, Seul 2,6% de ce potentiel est exploité. Nous devons atteindre les 50% en une décennie.

Le taux d'accès de la population congolaise à l'énergie électrique est de moins de 9% contre une moyenne de 30% en Afrique et de 80% dans le monde. Pourtant, des études du PNUD démontrent que 76 000 villages du Congo peuvent s'auto-suffire en énergie grâce à leurs cours d'eau. Nous devons agir et innover.

Notre déficit énergétique impacte sur la productivité dans tous les secteurs de notre économie. Suivant les normes modernes, nous allons initier, toutes les gammes de projets d'hydroélectricité dans toutes les provinces du pays.

Par ailleurs, les projets Inga III et Grand Inga seront réalisés avec une ouverture plus transparente vers les partenaires en tenant compte de l'importance stratégique et mondiale de ce site.

Ce mouvement de production électrique sera renforcé par toutes les formes de production de nouvelles énergies. Une nouvelle loi sur l'électricité sera instaurée.

L'accès à l'eau potable est aussi un important défi. Nous devons tous réaliser que le Congo dispose de 53% des réserves d'eau du continent africain.

Pourtant, moins de 10% de nos concitoyens ont accès à l'eau potable. Ce secteur bénéficiera d'une véritable stratégie d'investissement d'urgence pour augmenter drastiquement le taux d'accès à l'eau potable de nos populations.

Notre système éducatif doit être en phase avec nos grands défis économiques et humains. Nous devons offrir une meilleure formation technique et professionnelle à notre jeunesse pour faire de notre pays un solide pôle d'attractivité et d'implémentation technologique.

Aussi, il est injuste d'exiger aux familles le paiement d'une « prime des parents » consistant à les voir payer le salaire des enseignants. Nous devons trouver rapidement une alternative à cette situation injuste.

Conformément à notre constitution, la gratuité de l'enseignement fondamental doit être une réalité. Nous allons veiller à améliorer les conditions des enseignants du primaire, secondaire et universitaire.

S'agissant des étudiants, des universités et des instituts supérieurs, nous sommes conscients des difficultés dans lesquelles ils évoluent, notamment les coûts élevés des frais d'inscription, l'insuffisance des frais de fonctionnement des établissements publics de l'Etat et la détérioration des infrastructures.

Nous appliquerons des mesures urgentes de modernisation des infrastructures, d'allégement des frais académiques, d'actualisation des programmes et d'amélioration des conditions de vie des étudiants et enseignants.

Nous entendons aussi améliorer les conditions de travail des fonctionnaires et agents de l'Etat. Dans cette optique, nous souhaitons initier des échanges avec les différents syndicats socio professionnels afin de trouver des solutions à toutes ces préoccupations.

Chers Compatriotes,

L'implication des Femmes dans l'ensemble des activités de la vie de notre nation mérite une politique plus volontariste d'encadrement, d'encouragement et de meilleure visibilité.

Outre l'impact indéniable des femmes dans notre vie sociale et dans plusieurs pôles économiques, il est essentiel de réaliser la promotion véritable de nos talents féminins à des postes de décision dans notre pays.

Nos jeunes diplômés doivent disposer de tous les atouts pour rejoindre le marché du travail ou celui de l'entrepreneuriat. Nous allons demander au gouvernement d'innover dans l'accès aux marchés publics pour les jeunes diplômés.

Le Gouvernement initiera un partenariat entre l'Etat, les provinces, le secteur privé, la société civile et nos partenaires au développement en vue d'engager un vaste programme national de promotion de l'entrepreneuriat pour les jeunes.

La réussite de ces engagements sera soutenue par un financement ambitieux et maîtrisé garant de notre développement. Cette démarche implique une politique monétaire volontariste, un cadre d'investissement des entreprises plus élaboré, un accès aux crédits pour les entreprises et les particuliers moins contraignants.

Le gouvernement devra réaménager le code des investissements afin de favoriser de nouveaux projets ayant un impact sur des zones géographiques ou des secteurs d'activités cibles définis en fonction des priorités nationales.

Nous travaillerons pour rendre le climat des affaires plus attractif et compétitif notamment par l'aménagement de la fiscalité en faveur du développement.

Nous engagerons une véritable concertation avec l'ensemble des composantes de notre tissu économique pour redéfinir un environnement propice.

Cet engagement se traduira par une profonde restructuration de l'ANAPI. Notre agence nationale de la promotion de l'investissement doit véritablement jouer un rôle de leadership dans ce domaine.

Chers Compatriotes,

Garant de l'exemplarité, le gouvernement adoptera une politique de stabilité macroéconomique s'appuyant sur une gestion rigoureuse de la dépense publique assortie d'une politique budgétaire prudente.

Notre stratégie d'endettement à moyen et long terme verra notre pays bannir toute dette publique ayant comme contrepartie le gage d'actifs miniers ou d'actifs publics. Nous devons nous protéger et épargner pour les générations futures.

Nous allons privilégier la dette concessionnelle à long terme orientée vers le financement des infrastructures et le renforcement du capital humain. Cette rigueur financière doit nous permettre de mieux sécuriser la gestion des revenus de nos matières premières.

Dans le secteur des mines, la rente minière devrait participer à hauteur de 45% de nos recettes. Ce qui est la norme dans les pays situation identique.

En République Démocratique du Congo ce taux n'est que de 10%. Dans notre intérêt et celui des opérateurs du secteur, nous appliquerons une politique concertée pour neutraliser ce déséquilibre.

Nous comptons renforcer la traçabilité dans l'exploitation des minerais, redéfinir le cadre de fonctionnement du secteur et promouvoir avec tous les acteurs une nouvelle politique de développement et d'environnement de notre industrie extractive. Il est impératif d'avoir une politique extractive qui soit source de développement pour nos territoires et nos concitoyens.

Eradiquer les minerais du sang est une nécessité, notamment à L'Est de notre pays. Nous allons structurer toutes les chaînes de valeur de notre industrie extractive.

Notre objectif est de doubler en une décennie la part de la valeur ajoutée générée sur le territoire congolais par plus de transformation au niveau provincial et national.

A ce titre, nous allons initier une rencontre avec les leaders mondiaux dont la réussite industrielle dépend de notre sous-sol, afin d'adopter un plan d'implémentation et de transformation de nos minerais qui servent de matière de base à leurs industries.

Cet engagement favorisera l'émergence d'acteurs nationaux d'envergure tout en renforçant la création d'emplois. Cette démarche favorisera l'émergence d'une classe moyenne.

Chers compatriotes,

La lutte contre le chômage est un immense défi national. Sur 80 millions de citoyens, plus de 43 millions sont en âge de travailler. Pourtant notre pays ne compte que 4 millions 9 cent mille de salariés ayant un emploi formel et de type moderne.

Trente-deux millions de congolais en âge de travailler disposent d'emplois précaires ou sont en sous-emploi, tandis que plus de 6 millions sont des chômeurs en situation de détresse.

Nous devons réhabiliter le secteur formel, réformer le plafonnement de l'Impôt professionnel sur les rémunérations et promouvoir le respect dans toutes les branches du SMIG, dont le salaire minimum est établi à 5 dollars par jour.

Environ 50 millions de congolais représentant 60% de la population n'ont pas accès au système de santé. La vaillance et la bravoure de notre personnel du secteur mérite le renforcement des moyens humains et matériels adéquats.

Nous demanderons au gouvernement de prendre des mesures rapides pour la réhabilitation des hôpitaux de référence, la construction de plateforme de santé et la mise en place d'un système de couverture sanitaire à travers des mutuelles de santé. Nous ne pouvons pas accepter un système de santé défaillant au péril de la vie de nos concitoyens.

Le gouvernement aura pour mission d'accroître de 10 % par an le taux de couverture des populations par un système d'assurance maladie abordable et efficace jusqu'à l'atteinte de la couverture maladie universelle.

Nous réformerons en ce sens la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et allons promouvoir la mise en place d'un écosystème de couverture santé adapté couvrant l'ensemble des catégories sociales.

Les défis que nous devons mener sont nombreux. Aucun secteur n'échappe à une véritable politique d'urgence. Le Gouvernement devra adopter une démarche novatrice pour résorber le déficit en logements sociaux, renforcer l'artisanat, développer le tourisme, la culture, les sports, créer des centres d'invention et d'innovation et renforcer la protection de l'environnement.

Cette projection de notre action vise surtout à mettre en valeur le génie créatif de la jeunesse congolaise. Son dynamisme montre que notre pays est en pleine transformation.

Excellences Messieurs les Présidents, Distingués invités

Excellences, Mesdames et Messieurs

Chers compatriotes,

Le monde entier a les yeux rivés sur la République démocratique du Congo. Pour notre développement harmonieux, nous allons mener une politique de coopération économique basée sur l'investissement et l'amélioration de l'image de notre pays.

Notre meilleur ambassadeur est la diaspora dynamique car elle est dotée de compétences et de ressources diverses. En effet nos compatriotes de l'étranger disposent d'expériences diverses. Nous connaissons leur patriotisme et entendons les associer plus fortement à notre vision du Congo par une série d'initiatives.

Notre pays est un carrefour au coeur de l'Afrique. A ce titre, il fait la jonction entre toutes les zones géographiques du continent

L'intégration régionale est l'une des premières sources de diversification de notre économie. Cette intégration sera renforcée au cours de notre mandat dans le plus grand respect des intérêts de nos pays respectifs.

Nous comptons apporter une innovation dans le cadre de projets communs en coopérant avec tous les pays de la région, en commençant par nos voisins.

Le développement de l'industrie minière, manufacturière et agro-alimentaire de notre pays ne peut se concevoir que dans le cadre d'un programme gouvernemental qui intègre les aspects liés à la protection de l'environnement dans un contexte régional.

Dans cette optique, nous envisageons l'intégration de la République démocratique du Congo à la Communauté des États d'Afrique de l'Est - la CEA- dont la majorité des pays membres sont frontaliers et avec lesquels nos citoyens, à l'Est du pays, engagent des échanges économiques importants depuis plusieurs décennies.

En effet, ces opérateurs économiques de l'Est exportent et importent leurs marchandises à partir du port de Mombassa au Kenya et de Dar-es-Salaam en Tanzanie. La Communauté économique de l'Afrique de l'Est offre des avantages tarifaires et douaniers. Nous devons désormais en faire un atout pour notre développement.

Excellences Messieurs les Présidents, Distingués invités

Excellences, Mesdames et Messieurs

Congolaises et Congolais

Chers compatriotes,

Notre politique étrangère sera désormais axée sur une véritable approche de partenariat stratégique au bénéficie de la population congolaise.

A l'Union Africaine, à tous ses Etats membres nous disons merci d'avoir toujours été à nos côtés. Qu'il s'agisse de la pacification de notre pays ou des différents dialogues pour nous réconcilier, notre organisation continentale a toujours su nous accompagner.

Nous engagerons une politique plus ambitieuse au sein de l'Union Africaine afin que le Congo puisse contribuer au développement de l'Afrique à la hauteur de l'indéfectible soutien que nous avons toujours reçu.

Je souhaite bénéficier de l'expérience et de la sagesse individuelle et collective des collègues Chefs d'Etat présents ou représentés afin de matérialiser notre engagement commun pour la Renaissance africaine.

Je suis déterminé par ailleurs à soutenir les récentes réformes engagées au sein de l'Union Africaine pour rendre notre organisation plus forte et autonome.

Excellences Messieurs les Présidents, Distingués invités,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Chers compatriotes,

Je souhaite impulser une meilleure présence de notre pays dans les instances internationales, à la hauteur de notre vocation naturelle.

A la communauté internationale, nous tenons à dire que dans le respect de notre souveraineté, nous sommes un membre actif de l'organisation des Nations Unies.

Nous sommes disposés à entretenir des relations étroites de coopération avec tous les pays du monde en commençant par nos partenaires traditionnels. Nous allons redynamiser notre présence dans les organismes multilatéraux.

La République démocratique du Congo, soucieuse d'une non-ingérence dans sa politique interne, doit devenir un exemple de coopération internationale équilibrée, plus particulièrement avec les Etats et les organisations disposant avec nous d'une relation historique.

Pour symboliser cette vision, nous aimerions que des discussions déjà entamées avec l'Union Européenne, l'un de nos partenaires majeurs, qui tiennent compte de nos intérêts, puissent aboutir et favoriser la réouverture de la Maison Schengen.

Sous ce chapitre de coopération internationale, nous saluons le rôle joué par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) en termes de pacification.

Nous prenons ici l'engagement de favoriser une coopération étroite, entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo et la MONUSCO en vue d'éradiquer toutes les forces négatives actives dans notre pays.

Car l'important travail de développement que nous entendons entreprendre avec tous les acteurs ne peut avoir de sens ni d'effet escompté sans la paix et la sécurité.

La République Démocratique du Congo commence une nouvelle ère de son histoire politique, en adéquation avec ses attentes et son potentiel.

C'est une oeuvre grandiose de servir son pays. Je le mesure encore plus à cet instant précis. J'invite chaque congolaise et chaque congolais à contribuer à l'édification et au développement de notre pays. Le chantier de construction de la République est immense. Votre implication en fera une réussite collective.

Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,

Distingués Invités, en vos rangs et qualités,

Au nom du Peuple Congolais que je représente en ma qualité de Président de la République, Je tiens à vous réitérer toute ma gratitude pour avoir rehaussé de votre présence cette cérémonie d'investiture.

Que Dieu bénisse notre Nation.

Vive la République démocratique du Congo.

Vive la Renaissance africaine.

Je vous remercie.






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