I
EPIGRAPHE
« Tout est changement, non pour ne plus
être mais pour devenir ce qui n'est pas encore
».
Epictète
II
AVANT-PROPOS
L'histoire de la République Démocratique du
Congo est teintée de multiples affrontements entre les
intérêts tant nationaux qu'internationaux sur ses richesses
naturelles qui sont d'une extrême abondance. De ce fait, la gestion ainsi
que la répartition des richesses ont toujours posé
problème dans ce vaste Etat au coeur de l'Afrique. On y trouve
généralement une importante partie de la population vivant dans
des conditions d'extrêmes pauvreté et d'autre part, les
allégations de corruption, de mégestion et de
détournements font toujours aussi scandale. Ceci illustre à
suffisance l'état de santé économique d'un Etat en besoin
de développement. Dans la poursuite de cet idéal, la
présente étude a porté sur une possible opportunité
de développement qui s'offre à la RD Congo au travers de la
ratification à l'Accord instituant la Zone de Libre-Echange Continentale
Africaine (ZLECAf) dans le cadre de l'Union Africaine. Cette opportunité
constitue une énième interpellation tendant à remettre en
cause le fonctionnement des institutions du pays pour un développement
économique considérable. La RD Congo pourrait-elle faire face aux
enjeux d'une zone de libre-échange impliquant la suppression progressive
des barrières tarifaires et non tarifaires. Sachant que les recettes
douanières compte beaucoup pour ses finances. Ce sont ces
inquiétudes qui nous ont poussé à étudier les
contours juridiques et économiques de la ZLECAf dans le cadre du
présent mémoire de Licence.
III
REMERCIEMENTS
La réalisation d'une telle oeuvre n'a été
possible que par la mise en commun de différentes bonnes volontés
que nous tenons à mentionner ici. Nos vifs remerciements s'adressent de
ce fait :
Au Bon Dieu qui nous a accordé le
souffle de vie, la santé et la disposition nécessaire pour
répondre aux exigences de notre recherche.
A nos parents, SIMBA NYEMBO Dieudonné
et KABONVE LUMBU NYEMBO Marie dont l'assistance, le
dévouement et le sacrifice ont été sans failles à
notre égard.
A notre cher directeur de mémoire, Professeur
NGOY DJIBU Laurent pour la direction de qualité qu'il a
daigné apporter à notre mémoire.
Et enfin, à nos autorités académiques et
décanales qui nous ont disponibilisé les cadres de recherches
adéquats et aux personnes qui de loin ou de près, ont
contribué à la rédaction du présent
mémoire.
IV
DEDICACE
Le présent mémoire est dédié :
A l'univers scientifique composé de tous ceux qui sont
préoccupés par le développement économique de la
République Démocratique du Congo en particulier et de l'Afrique
en général ;
A mes frères et soeurs ; AZIZA NYEMBO Marie, SIMBA NYEMBO
Ange, AZIZA NYEMBO Véronique, KABONVE NYEMBO Louise, NYEMBO BONVE
Stella, LUMBU NYEMBO Noel et MATEMO NYEMBO Rubin ;
A mes ami(e)s et aux personnes qui n'ont jamais cessé de
me soutenir.
V
LISTE DES ABBREVIATIONS
1. AGCS : Accord général sur le
commerce des services
2. BAD : Banque Africaine de
Développement
3. BIRD : Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement
4. CEDEAO : Communauté Économique
des États d'Afrique de l'Ouest
5. Cen-Sad : Communauté des Etats
sahélo-sahariens
6. COMESA : Marché commun de l'Afrique
australe et orientale
7. CEEAC : Communauté Économique
des Etats de l'Afrique centrale
8. CEMAC : Communauté économique
et monétaire de l'Afrique centrale
9. CEPGL : Communauté Économiques
des Pays des Grands Lacs
10. CER : Communautés Economiques
Régionales
11. CNUCED : Conférence des Nations
Unies pour le Commerce et le Développement
12. CAE : Communauté de l'Afrique de
l'Est
13. CCI : Chambre de Commerce Internationale
14. CPI : Cellule d'études et de
Planification industrielle (CPI)
15. DPEA : Dix Principales Économies
d'Afrique
16. DGDA : Direction Générale des
Douanes et Accises
17. DD : Droit de Douane
18. DE : Droit d'Entrée
19. DC : Droit de Consommation
20. EAC : Communauté de l'Afrique de
l'Est
21. FPI : Fonds de Promotion de l'Industrie
22. FMI : Fonds monétaire
international
23. FONER : Fonds National d'Entretien
Routier
24. GATT : Accord Général sur les
Tarifs Douaniers et le Commerce (en anglais : General Agreement On Tarifs
and Trade « GATT »)
25. IGAD : Autorité Intergouvernementale
pour le Développement
26. NPF : Nation la Plus Favorisée
27. OHADA : Organisation pour l'Harmonisation
en Afrique du Droit des Affaires
28. OMC : Organisation Mondiale du Commerce
29. OI : Organisation Internationale
30.
VI
ODD : Objectifs de Développement
Durable
31. ORD : Organe de Règlement des
Différends
32. OA : Organe d'Appel
33. PNUD : Programme des Nations-Unies pour le
Développement
34. PIB : Produit Intérieur Brut
35. RD Congo : République
Démocratique du Congo
36. SADC, CDAA : Communauté pour le
développement de l'Afrique australe
37. TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
38. UMA : Union du Maghreb Arabe
39. UEMOA : Union Économique et
Monétaire Ouest-africaine
40. UA : Union Africaine
41. UNCITRAL : Commission des Nations Unies
pour le développement du commerce international
42. ZLECAf : Zone de Libre-Echange Continentale
Africaine
43. ZLE : Zones de Libre-Echange
1
INTRODUCTION GENERALE
I. OBJET D'ETUDE
En abord de notre objet d'étude, nous
présenterons les raisons qui contextualisent, à juste titre, le
cadre dans lequel les Etats africains en l'occurrence, s'adonnent aux
échanges commerciaux et à l'encadrement juridique de ces derniers
par la mise en place d'accords internationaux y relatifs et en vigueur dans les
espaces économiques donnés.
En effet, l'on a toujours considéré, depuis des
lustres, l'économie d'un pays comme étant la clef de voûte
de son développement. Celle-ci permet ainsi aux Etats de se distinguer
dans les relations économiques internationales selon qu'il s'agit d'un
« Etat à forte économie » ou d'un Etat
considéré comme « Etat économiquement
fragile1 ». On constatera donc que la prise en
compte de la différence de développement entre Etats sera
fustigée dès 1965 avec l'adoption de la résolution 2029
par laquelle, l'Assemblée Générale des Nations-Unies,
conjointement avec le Conseil Economique et Social créent le programme
des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) avec une annexe qui
différencie les pays économiquement plus développés
et les pays en voie de développement2.
Cependant, en dépit des différences qui existent et des
répartitions naturelles inégalitaires des richesses entre les
entités étatiques, aucunes d'entre elles ne peut prétendre
s'auto-suffire. Il est une évidence que le besoin de combler les
éventuelles insuffisances d'un domaine déterminé par les
avoirs d'un autre Etat est devenu plus que nécessaire et cela s'effectue
en général par des échanges économiques
internationaux.
On notera donc que certains Etats ont beaucoup de
matières premières, d'autres en ont très peu, certains
sont très développés, d'autres peu
développés. Pour résoudre les problèmes et pour
satisfaire les besoins de leurs populations, certains pays vendent et d'autres
achètent des matières premières, certains vendent et
d'autres achètent des biens d'équipement, certains vendent et
d'autres achètent des produits
alimentaires3.
1 Batyah SIERPINSKI, « Les Etats fragiles et
le droit international : la fragilité économique », dans
Civitas Europa, 2012, N°28, page 99.
2 Assemblée Générale, Fusion
du fond spécial et du programme élargi d'assistance technique en
un programme des Nations Unies pour le Développement, résolution
2029, 22 novembre 1965.
3 Adrien MULUMBATI NGASHA, Les relations
internationales, Édition Africa, Lubumbashi, 2005, page 22.
2
Dans le contexte de l'Afrique, les Etats étaient
généralement considérés comme moins
développés et moins avancés économiquement en
dépit de l'extrême richesse du continent en ressource naturelle.
La situation a du moins progressé car nous constatons, avec les
différents rapports annuels sur le développement en Afrique
publiés par la Banque Africaine de Développement (BAD), que les
économies de certains Etats africains émergent
considérablement en termes de produit intérieur brut (PIB).
Déjà, dans son rapport faisant état de l'économie
africaine de la période allant de 1990 à 2004, la BAD a fait
mention de « Dix Principales Économies d'Afrique (DPEA) » avec
leurs PIB respectifs. Il s'agissait notamment
de l'Afrique du Sud (160,800,000,000$),
|
Egypte
|
(78,700,000,000$),
|
Algérie
|
(65,700,000,000$),
|
Nigeria (48,000,000,000$),
|
Maroc
|
(44,700,000,000$),
|
Tunisie
|
(24,900,000,000$),
|
Lybie (21,400,000,000$),
|
Soudan
|
(14,600,000,000$),
|
Angola
|
(14,300,000,000$)
|
et le Kenya (14,200,000,000$). Les moyennes continentales des
|
performances économiques africaines étaient
largement tributaires de celles des Dix principales économies d'Afrique
4.
Ainsi, pour un meilleur développement
économique, harmonieux et pérennisé des Etats africains,
il y a eu au niveau régional des initiatives tendant à stimuler
le commerce intra-africain. À ce sujet, il sied de souligner les efforts
considérables des organisations internationales régionales et
sous régionales notamment dans l'intégration économique
des Etats africains.
Il s'agit entre autres de l'UMA (Union du Maghreb Arabe)
créée en février 1989, la CEDEAO (Communauté
Économique des États d'Afrique de l'Ouest) créée le
28 mai 1975, l'UEMOA (Union Économique et Monétaire
Ouest-africaine) créée en 1994, la Cen-Sad ( Communauté
des Etats sahélo-sahariens) créée le 4 février
1988, le COMESA (Marché commun de l'Afrique australe et orientale)
créée en décembre 1994, la CEEAC (Communauté
Économique des Etats de l'Afrique centrale) créée en
octobre 1983, la CEMAC (Communauté économique et monétaire
de l'Afrique centrale) créée le 16 mars 1994, la EAC
(Communauté de l'Afrique de l'Est) créée en 2001, la SADC
(Communauté pour le développement de l'Afrique australe)
créée le 17 août 1992, etc.
4 Banque Africaine de Développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2004, Economics, Paris,
2004, page 11.
3
4
5
6
Globalement, pour la plupart de ces organismes internationaux,
l'intention principale est de créer un marché commun
élargi et sécurisé pour les marchandises ainsi que les
services des Etats Parties grâce à une infrastructure
adéquate et à la réduction ou l'élimination
progressive des barrières tarifaires et l'élimination des
barrières non tarifaires au commerce et à
l'investissement5.
Les Etats africains ont ainsi relevé le défi de
l'intégration commerciale continentale par la mise en place d'un corps
de règles juridiques adaptées aux besoins et aux
réalités africaines. Adhérant à cet idéal
commun, la République Démocratique du Congo s'est résolue
à signer le 7 juillet 2019 (lancement opérationnel de la Zone de
Libre-Echange Continentale Africaine, ZLECAf) lors du 12ème
sommet de l'Union Africaine qui a eu lieu à Niamey (capitale du Niger),
l'acte d'engagement pour un marché libre africain (Bien avant, l'Accord
avait été signé par 44 pays le 21 mars 2018 à
Kigali lors d'un sommet extraordinaire de l'UA). C'est dans ce contexte que
l'on est arrivé à parler aujourd'hui des politiques
économiques telles que le libre-échange dans les relations
commerciales entre les Etats.
L'objet de notre étude porte ainsi sur la situation
typique de la République Démocratique du Congo pour qui la
difficulté demeure celle de savoir si l'économie pourrait se
prévaloir des Accords de libre-échange signés et en cours
de ratification, ainsi que de l'appartenance aux organisations internationales
économiques pour acquérir une autonomie en bonne et due forme et
se développer pour le bien de sa population. La question centrale est
donc celle de savoir si les objectifs des différentes organisations
internationales communautaires peuvent être atteints au regard de la
réalité économique de la République
Démocratique du Congo et si le libre-échange peut avoir un
réel impact sur l'accroissement de l'économie et du Produit
Intérieur Brut du pays. En d'autres termes, en quoi l'existence d'une
zone de libre-échange continentale africaine pourrait-elle offrir des
possibilités commerciales qui changeraient la situation du pays.
5 Préambule de l'Accord portant création
de la zone de libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018.
II. CHOIX ET INTÉRÊT
A. CHOIX
En effet, comme souligné en liminaire,
l'économie d'un Etat constitue un élément majeur dans le
développement et même dans la qualité du niveau de vie
d'une population. Dans le contexte de la République Démocratique
du Congo, la réputation est telle que l'économie du pays est
extravertie au détriment de la population qui se doit de survivre au
jour le jour. Il s'agit d'une approche purement sociale. Cependant, notre choix
est ainsi porté sur ce sujet pour apporter un regard, une analyse
scientifique et objective à cette question de droit au travers notamment
de l'efficacité des mesures économiques et des engagements
internationaux que prend le pays pour améliorer son économie.
B. INTERET
L'intérêt est autant personnel, juridique,
politique que social. En tant que chercheur en droit, nous apprenons de cette
étude scientifique qui contribue à notre formation. D'un point de
vue juridique et politique, nous espérons que la présente
étude combien modeste, soit une interpellation pour les organes
extérieurs de l'Etat qui engagent ce dernier dans les relations
internationales. En effet, il revient à ces organes de ratifier les
conventions susceptibles de contribuer au développement du pays et d'y
veiller. D'un point de vue social, l'intérêt est une
évidence car les bons choix des acteurs politiques retombent toujours
sur la société. Une bonne économie est donc une aubaine
pour une population en quête de stabilité économique et
sociale.
III. ETAT DE LA QUESTION
L'état de la question est en soi un relevé des
publications antérieures qui, de manière directe ou indirecte,
ont porté sur le même thème et non sur le même sujet
que celui abordé par l'auteur6.
En effet, les tenants et les aboutissants de la politique du
libre-échange sont, depuis biens des années, au centre des
débats entre courants scientifiques et ont déjà fait
couler ancres et salives. Ceci illustre que nous ne sommes manifestement pas
les premiers à aborder cette question d'ampleur mondiale et
régionale.
Tout d'abord, notons que deux tendances majeures se sont
toujours opposées sur cette matière. La première est pour
le libre-échange dans les relations commerciales entre Etats, dans la
seconde tendance, nous trouvons des auteurs qui rejettent cette théorie
au regard des risques qu'elle représenterait pour les économies
étatiques. C'est ainsi que les antagonistes du libre-échange la
confrontent en général à la politique du protectionnisme
qui à l'inverse, prône l'isolement économique et les
mesures douanières pour protéger la production nationale.
Sur ces entrefaites, pour Jean-Marie HARRIBEY, la politique du
libre-échange est destructrice car elle est née avec le
développement de l'économie capitaliste avide
d'élargissement des marchés et ne permet pas aux industries
naissantes de résister à la concurrence étrangère.
Il parle ainsi de la nécessité d'un « Protectionnisme
éducateur » pour conserver la production
nationale7.
Cet auteur se caractérise par un rejet total du
libre-échange car il constituerait un manque à gagner pour les
pays pauvres. Position qui s'appréhende mieux dans le cadre des pays
tiers-mondistes au regard de ceux dont les économies sont plus
développées.
Par ailleurs, Vandama SHIVA adopte une position
différente de l'auteur précédent. En effet, ce dernier
affirme que le commerce peut constituer un moteur puissant de croissance
économique et de réduction de la pauvreté. Mais pour que
ce moteur fonctionne, les pays pauvres doivent accéder aux
marchés des pays riches. Élargir cet accès aux
marchés peut aider ces pays à accélérer leur
croissance, tout en créant de nouvelles opportunités pour les
produits
6 Victor KALUNGA-TSHIKALA, Guide pratique
relatif à la rédaction des mémoires en Droit,
édition du col, Lubumbashi, 2012, page 9.
7 Jean-Marie HARRIBEY, « Libre-échange
ou protectionnisme : un faux dilemme ? », dans Le monde
Libertaire, Hors-série, N°54, mars-avril 2014, page 1.
agricoles et ceux ayant un fort contenu de main d'oeuvre car
ces secteurs concentrent la plus grande partie des populations situées
en dessous du seuil de pauvreté. L'accès aux marchés
apparaît ainsi comme la potion magique susceptible d'exterminer la grande
pauvreté. Il s'agit là d'une façon de designer le
développement tiré par les
exportations8.
Au regard de ces deux approches scientifiques, René De
SCHUTTER adopte une position plus mitigée.
En effet, ce dernier affirme qu'il est nécessaire de
créer des conditions d'un partage plus équitable des
énormes bénéfices tirés du commerce. Il affirme que
de la même manière que dans toute économie nationale,
l'intégration économique internationale peut être soit une
source de prospérité partagée et de réduction de la
pauvreté, soit une cause d'accroissement des inégalités et
de l'exclusion. Bien géré, affirme-t-il, le système
commercial international pourrait permettre à des millions de gens de
quitter leur état de pauvreté. Dans le cas contraire, il
aggraverait la marginalisation d'économies entières. Cela est
également vrai au niveau national, une bonne gouvernance pourrait
transformer le commerce en un instrument de lutte contre la pauvreté,
alors qu'une mauvaise gouvernance nuirait inéluctablement aux
intérêts des plus pauvres. Actuellement, le commerce est mal
géré au niveau mondial et, dans beaucoup de pays,
également au niveau national. Il n'est pas pensable de continuer dans
cette voie. L'isolationnisme ne serait pas plus satisfaisant car il priverait
les plus pauvres des opportunités offertes par le commerce et
neutraliserait une force de réduction de la
pauvreté9.
Au regard des deux précédents auteurs, ce
dernier ne prends pas de position extrême sur la question du
libre-échange. Il prône plutôt dans le même article,
un nouvel ordre commercial mondial fondé sur une nouvelle approche des
droits et responsabilités et une volonté réelle de mettre
la mondialisation au service des populations les plus démunies. La
manière de fonctionner du commerce international doit donc être
favorable aux pauvres.
Enfin, il sied également de noter une autre approche
tranchée qui est soulevée par le Professeur Laurent NGOY DJIBU
parlant du nécessaire pragmatisme. Il est ici soutenu qu'un
équilibre doit être trouvé entre un libre-échangisme
naïf et un protectionnisme frileux. Cet équilibre est d'autant plus
favorable au progrès global de l'économie mondiale qu'il est
plus
8 Vandama SHIVA, « A propos des recettes
d'OXFAM pour le tiers-monde », dans GRESEA ECHOS, N°37,
2003, page 11.
9 René De SCHUTTER, « À propos d'un
rapport controversé » dans Loc.cit., N°37, 2003, page
3.
7
tourné vers le libre-échange mais tout
excès dans ce domaine accentue inéluctablement le
déséquilibre entre les nations, au profit des plus forts et au
détriment des plus faibles10. Il s'agit ici
d'une considération neutre au regard des avantages et
inconvénients de l'une tout comme de l'autre théorie dans les
échanges commerciaux.
Cependant dans un article ultérieurement publié,
le même auteur affirme que pour le cas de la RD Congo, c'est le
libre-échange qui devrait être adopté en lieu et place du
protectionnisme qui fait peser les charges des barrières tarifaires sur
le consommateur considéré comme un tiers exclus dans la
démarche de maximisation de recettes douanières. Ainsi, en se
penchant sur le libre-échange, on pourrait éliminer ou
réduire sensiblement les barrières tarifaires ou encore limiter
les barrières tarifaires à certains produits d'utilité
secondaires ; et se contenter de la TVA qui est une taxe
généralisée sur la
dépense11.
Quant à nous, l'ambition de notre démarche ne
consiste pas à prendre position sur les théories du droit du
commerce international. C'est-à-dire laquelle est la plus favorable,
laquelle est défavorable ou faut-il envisager une application cumulative
des théories. Avant de l'illustrer, rappelons tout de même que
l'essentiel des considérations doctrinales se résume comme suite
: Jean- Marie HARRIBEY a pris une position contre le libre-échange car
étant un manque à gagner pour les pays pauvres ; Vandama SHIVA a
affirmé quant à lui que c'est l'accès au marché qui
permet de réduire la pauvreté et que le libre-échange est
opportun ; Pour René de SCHUTTER, quelle que soit la politique
adoptée, l'idéal est de bien gérer le système
commercial international pour l'intérêt des populations
démunies ; et enfin, le professeur Laurent NGOY DJIBU a plutôt
opté pour un équilibre entre le libre-échange et le
protectionnisme en considérations des avantages et inconvénients
de l'une tout comme de l'autre politique sans excès.
Contrairement à ces auteurs, nous estimons que
l'efficacité des politiques du commerce international doit être
analysée au cas par cas ; en d'autres termes, nous ne prétendons
pas ici opter pour une politique au détriment de l'autre car nous sommes
d'avis que pour le cas de la République Démocratique du Congo, le
rejet du libre-échange n'entrainerait pas de plein droit
l'efficacité du protectionnisme et vice versa car dans les deux
hypothèses
10Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit commercial
II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
faculté de Droit, université de Lubumbashi, année
académique 2019-2020, page 30.
11Laurent NGOY DJIBU, « La théorie du
protectionnisme en matière de commerce international », dans
ISSR Journals, Vol 24 No., 2018, page 1060.
8
l'accent est mis sur « Le produit ». Dans la
première politique on échange les produits et
dans la seconde, on protège les produits. Il est donc
difficile d'envisager l'efficacité de l'une ou l'autre théorie si
le produit est soit absent, soit très insuffisant. Nous
nous préoccupons donc de mener une étude objective et globale de
l'économie congolaise en analysant d'une part, les défis et
perspectives du droit interne, les atouts du pays découlant des
adhésions à différentes communautés
économiques internationales et l'accroissement de son Produit
Intérieur Brut. D'autre part, il est question d'étudier la
disposition du pays à appliquer les théories du
libre-échange prônées dans les instruments juridiques
communautaires signés et ratifiés.
IV. PROBLEME ET HYPOTHÈSE
A. PROBLEME
D'entrée de jeu, il sied de souligner que le droit
communautaire, à la différence du droit international
général, est l'ensemble des règles et pratiques qui
régissent les Etats au sein d'une communauté internationale
régionale ou sous régionale et pour des intérêts
communs ; ce droit est créé par les organisations internationales
communautaires. En Afrique, les organisations internationales dites
communautaires constituent des cadres au sein desquels se déroulent les
relations économiques des Etats membres et qui indiquent la
volonté de ces derniers à concerter leurs efforts en vue de
promouvoir le développement du continent.
C'est dans cette perspective que la RD Congo, soucieuse de
développer son économie a adhéré à
différentes communautés économiques régionales
telles que la Communauté Économique des États de l'Afrique
Centrale (CEEAC), la Communauté Économiques des Pays des Grands
Lacs (CEPGL), le COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa) la
Communauté de Développement d'Afrique Australe (CDAA ou SADC) et
même dans une certaine mesure l'Organisation pour l'Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires (OHADA). La RD Congo a également
signé, l'Accord du 21 mars 2018 créant la zone de Libre-Echange
du continent Africain, ZLECAf en sigle. En posant cet acte, elle a
exprimé son voeu, en accord avec les autres pays membres de l'Union
Africaine, à accélérer le processus d'intégration
régionale par la libéralisation des échanges.
9
10
11
12
13
14
Cet espace ambitionne de faire de l'Afrique le plus grand
marché unique du monde, avec comme objectif la réduction des
barrières et la promotion des échanges intra-africains. Les
objectifs fixés sont entre autres : créer un marché unique
pour les marchandises et les services facilités par la circulation des
personnes afin d'approfondir l'intégration économique du
continent africain et conformément à la vision panafricaine d'une
« Afrique intégrée, prospère et pacifique »
telle qu'énoncée dans l'Agenda 2063 ; créer un
marché libéralisé pour les marchandises et services
à travers des cycles successifs de négociations ; renforcer la
compétitivité des économies des États parties au
niveau continental et mondial12. En plus de cela,
notons également que l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à
laquelle la République Démocratique du Congo est membre vise
entre autres objectifs : la réduction du coût de la vie, le
relèvement du niveau de vie, la stimulation de la croissance
économique et même de l'emploi.
Cependant, la RD Congo est un pays à faible production
et à économie extravertie se caractérisant par un taux
élevé des importations. Et cela, paradoxalement aux objectifs que
se sont assignés les Etats membres des OI (Organisations
Internationales) précédemment mentionnées. Le rapport de
2019 de la BAD nous renseigne néanmoins qu'en 2018, son PIB a connu une
croissance réelle de 4 % sous l'impulsion d'une amélioration des
cours des produits de base et d'une hausse de la production minière. Le
secteur primaire étant le principal moteur de la
croissance13. On comprend ainsi que l'essentiel de
ses activités économiques repose principalement sur les
industries extractives et donc se retrouve beaucoup plus concentré dans
le secteur primaire correspondant aux activités liées à
l'extraction des ressources naturelles ou des matières brutes (Cuivre,
etc...). Ceci constitue un danger permanent d'autant plus que ces richesses
extraites dépendent généralement des cours mondiaux et
donc exposent l'économie du pays tout entier aux
imprévisibilités et caprices de la clientèle
internationale. Il faut d'ailleurs noter à ce sujet la récession
économique connue par le pays entre 2015 et mi-2017 suite à la
chute des cours mondiaux de ses principaux produits
d'exportations14.
D'autres Etats africains connaissent la même
dépendance vis-à-vis des ressources minières mais ils se
démarquent tout de même par certaines spécificités
qui seront mises en
12 Article 3, Accord portant création de la
zone de libre-échange continentale africaine, 21 mars 2018.
13 Groupe de la banque africaine de
développement, Rapport sur les perspectives économiques en
Afrique 2019, groupe de la banque africaine de développement,
Côte d'Ivoire, page 188.
14 Pierre MORGAN, Les richesses minières
de l'Afrique : Une malédiction ?, France info (Afrique), 2017,
www.franceinfo.fr,
consulté le 3 mars 2020 à 15h09.
relief plus loin dans le cadre de la présente
étude. Il s'agit notamment de la Zambie, de l'Afrique du
Sud15 etc...
Cette réalité de la RD Congo fait qu'au regard
des autres domaines de production (secteur secondaire notamment), le
pays vit plus des importations que des exportations. A ce sujet, en 2016 les
produits manufacturés (70,2%) et agricoles (21,4%) étaient les
principales importations de la RDC. La Zambie, l'Afrique du Sud, l'Europe et la
Chine sont les principaux pourvoyeurs des biens de l'économie
congolaise. Pourtant, il est une évidence qu'un pays a besoin de
produire et d'exporter pour renforcer son économie, son PIB et rompre
les dépendances16.
Cette problématique nous pousse ainsi à nous
interroger sur les réels impacts de la zone de libre-échange
continentale, en cours de ratification, sur l'économie congolaise en
particulier. Car dans cet espace économique idéalisant la
libéralisation du commerce international, le pays se retrouverait plus
au rang de consommateur au grand avantage des Etats producteurs membres de ces
organisations internationales.
B. HYPOTHÈSE
L'hypothèse est une proposition qui anticipe une
relation entre deux termes qui, selon les cas, peuvent être des concepts
ou des phénomènes. Elle est donc une proposition provisoire, une
présomption qui demande à être vérifiée. Des
lors, l'hypothèse sera confrontée, dans une étape
ultérieure de la recherche, aux données
d'observation17. Elle servira de fil conducteur,
car elle est une conjecture ou « une proposition de réponse
à la question posée
»18.
Eu égard aux définitions susmentionnées,
notre hypothèse sera donc une réponse provisoire à la
question centrale de notre objet d'étude. C'est-à-dire en partant
de la possibilité d'atteindre les objectifs économiques
prônés par les différentes organisations internationales
communautaires auxquelles la RD Congo est Etat partie et la possibilité
d'un impact
15 Banque africaine de développement,
Rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2019, op.
cit., page 150.
16 Madimba KADIMA-NZUJI, Selon l'OMC, la RDC
doit accélérer les réformes pour que la croissance
deviennent sociale, 2016,
www.agenceecofin.com,
consulté le 25 mai 2020 à 16h21.
17 Luc Van CAMPENHOUDT et RAYMOND QUIVY, Manuel
de recherche en science sociales, DUNOD, 4ème édition,
Paris, 2015, page 200.
18 Louis MPALA MBABULA, Pour vous chercheur,
directives pour rédiger un travail scientifique, Ed. MPALA,
6ème édition, Lubumbashi, mars 2011. Page 59
considérable et profitable de la zone de
libre-échange continentale sur l'accroissement de l'économie et
du PIB congolais.
En effet, cette question centrale est substantiellement
tributaire en amont de l'état économique général du
pays qui doit diversifier ses productions en les transférant peu
à peu vers des secteurs plus importants. La diversification
économique étant appréhendée comme la
création de nouvelles lignes d'exportations à
promouvoir19, l'industrialisation
doit être envisagée. Au cas contraire, la faiblesse
économique du pays pourrait s'envenimer dans de tels espaces tout comme
elle pourrait être élaguée si l'Etat fournissait des
efforts pour encourager la production nationale en vue de concurrencer les
marchandises étrangères.
Notons qu'encourager la production nationale ne relève
pas que du discours. Il s'agit entre autre d'impulser les cadres
institutionnelles établis dans les secteurs clefs du
développement économique en RD Congo. Notamment le Fonds national
de développement agricole destiné à financer l'agriculture
(de vaste étendue du Park agro-industrielle de Bukangalonzo sont
négligées voire non exploitées), le Fonds spécial
pour la promotion de l'entrepreneuriat et l'emploi des jeunes (qui d'ailleurs
n'est toujours pas effectif en dépit de la publication au journal
officiel du décret N°18/035 du 19 novembre 2018 portant sur sa
création) ainsi que le Fonds de Promotion de l'Industrie (FPI). Il
s'agit également de créer un environnement favorable à la
naissance en masse des entreprises locales et à l'exportation des
produits locaux. En d'autres termes, l'Etat peut revoir d'une part sa politique
fiscale à l'égard des entreprises naissantes et même
à l'égard de celles qui sont déjà implantées
car l'état de santé des sociétés congolaises
privées ou non susceptibles de produire dépend également
de l'environnement fiscal.
D'un autre coté notre hypothèse rejoint
l'idée d'André CHARLES ; affirmant que la demande des produits de
base tels que les ressources premières a dans l'évolution du
commerce mondial, le taux le plus faible20,
ceci renforce la nécessité de la diversification. C'est
ainsi que pour le Botswana par exemple, la croissance du PIB réel a
atteint 4,2 % en 2018 contre 2,4 % en 2017 principalement grâce à
la reprise de l'exploitation minière et surtout de
19Patricia MAKAYA GABOUA, La stratégie
de diversification économique des pays des Grands Lacs, facteur de
stabilité et de développement : une analyse du Burundi, du Congo
et de la République Démocratique du Congo (RDC), 2017, page
68.
20André CHARLES, « Le
libre-échange et les pays sous-développés : stimulant ou
frein de la croissance économique ? », dans Revue
économique, volume 19, n°3, 1968, page 475.
l'expansion à grande échelle des
activités non minières21 ;
pour le Libéria, la croissance du PIB réel a rebondi
pour s'établir à 3,2 % en 2018 contre 2,5 % en 2017
principalement grâce aux activités minières et
manufacturières22.
Au regard de ces cas illustratifs nous pouvons souligner la
nécessité pour la RD Congo de fournir d'avantages d'efforts pour
élargir ses domaines d'activités. A défaut, l'atteinte des
objectifs des organisations communautaires et l'impact du libre-échange
ne peuvent être que négatifs pour la RD Congo ; car si cet Etat se
limite à être consommateur et reste cantonné dans un seul
domaine de production, la zone de libre-échange continental ne serait
qu'une aubaine pour le maintenir dans cet état au profit des autres
Etats producteurs de l'espace continental.
Contrairement aux approches antagonistes qui soutiennent que
cette adhésion à la ZLECAf engendrerait un déficit
budgétaire pour les Etats d'Afrique en général (pour la
RDC en particulier) et ce, d'un point de vue douanier, nous sommes d'avis avec
le Fonds Monétaire International que les pertes des recettes
budgétaires dues à la ZLECAf devraient être limitées
; car un faible pourcentage des recettes douanières en Afrique
dépend du commerce régional23. D'où, nous
soulignons la pertinence des exhortations faites par la Banque Mondiale quant
à pousser les Etats africains à adopter des lois et
réglementations permettant aux marchandises de traverser librement les
frontières, à adopter des politiques visant à mieux
préparer leurs mains-d'oeuvre à tirer parti des nouvelles
opportunités liée à la
ZLECAf24.
V. MÉTHODES ET TECHNIQUES
Soulignons ici que le cadre méthodologique constitue
l'architecture d'une recherche et est une étape indispensable de
justification des différents choix épistémologiques et
méthodologiques, car d'elle dépeint la manière de conduire
dans le concret la recherche25.
21Banque africaine de développement,
Rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2019, op.
cit, page 154.
22Ibidem, page 175.
23 Fonds Monétaire
International, La zone de libre-échange continentale changera-t-elle
la donne en Afrique ?, Page 54.
24 Banque mondiale, Zone de
libre-échange : effects économiques et redistributifs, 27
juillet 2020,
www.banquemondiale.org,
consulté le 15 octobre 2020 à 15h12.
25 Raymond-Alain THIETART, Méthodes de
recherche en management, DUNOD, 4 ème édition, Paris, 1999,
page 2.
Nous allons donc ici présenter différentes
méthodes et techniques de recherche en les définissant et en
démontrant en quoi elles ont été utiles à
l'échafaudage de la présente étude scientifique ; chacune
avec sa particularité et selon les nécessités de notre
sujet.
A. MÉTHODE
La méthode est l'ensemble des règles permettant
de conduire raisonnablement et logiquement nos pensées. En d'autres
mots, c'est la voie à suivre pour atteindre le but
fixé26.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons
eu recours aux méthodes suivantes : La méthode
exégétique et la méthode comparative.
1. La méthode exégétique
L'exégèse est un effort qui vise la
compréhension du texte original restitué dans le contexte au sens
large (contexte culturel, géographique, historique, syntaxique,
littéraire etc.)27. C'est
également celle par laquelle on recherche l'esprit du législateur
par une étude des travaux préparatoires ; c'est-à-dire de
tous les débats qui se sont déroulés devant le parlement
lors de la discussion du texte ou par une étude du texte lui-même,
en dégageant sa « ratio legis » (la raison
d'être de la loi)28.
Cette méthode nous a été utile pour
comprendre l'essence et la raison d'être des différents
instruments juridiques internationaux ratifiés par la RD Congo et qui
régissent les rapports économiques entre Etats au niveau mondial,
régional et même sous régional. Il s'agit entre autres de
l'Accord portant création de la zone de libre-échange
continentale africaine et différents statuts des organisations
internationales communautaires à vocation économique.
Organisations dans lesquelles la RD Congo est Etat partie.
2. La méthode comparative
La méthode comparative est une démarche
cognitive par laquelle on s'efforce à comprendre un
phénomène par la confrontation à des situations
différentes29, elle permet ainsi
26 Louis MPALA MBABULA, Pour vous chercheur,
directives pour rédiger un travail scientifique, op. cit, page
62.
27 DEMOLOMBE, Cours de Code Napoléon,
3ème édition, Paris, 1865, page 6.
28 Muriel PARQUET, Introduction
générale au droit, Edition Bréal, 4ème
édition, Paris, 2007, page 33.
29 Maurice REUCHLIN, Les méthodes en
psychologie, 12ème édition, PUF, Paris, 2002, page 33.
de ne pas agir au hasard, en aveugle, intuitivement, mais de
rechercher, à la lumière d'exemples fournis par d'autres
phénomènes30.
Cette méthode nous a été utile dans la
confrontation des impacts du libre-échange pour certains pays d'Afrique
et pour d'autres par l'analyse du produit intérieur brut et du taux
d'exportations ; elle nous a ainsi permis de mener notre étude de
manière objective.
B. TECHNIQUE
Dans le cadre de notre travail, nous aurons recours aux
techniques suivantes : la technique documentaire et la technique
d'observation directe.
1. La technique documentaire
La présente technique consiste à étudier
et à analyser les documents pour enrichir la question de la
recherche31. En effet, la question
du libre-échange continental, comme mentionné dans le point
consacré à l'état de la question, est une question
très débattue et controversée. C'est par le biais de cette
technique que nous procèderons à l'étude de ces
différentes prises de position et notions qui tournent autour de notre
sujet. Il s'agit plus précisément du recours aux textes
légaux, ouvrages, articles, etc.
2. Technique d'observation directe
Cette technique est entendue comme celle par laquelle,
l'auteur, dans une observation directe, procède directement
lui-même au recueil des informations. Il observe donc le groupe en train
de vivre, l'action qui nait, les processus pendant qu'ils se déroulent
et non après coup32.
Dans le souci d'apporter le réalisme et le pragmatisme
nécessaire à notre étude, cette technique nous a permis
d'observer non seulement le fonctionnement des institutions appelées
à engager l'Etat au niveau international mais aussi les Accords qui
découlent de ces
30 Langrod G., « Quelques réflexions
méthodologiques sur la comparaison en science juridique »,
dans Revue internationale de droit comparé, volume 9, N°2,
avril-juin, 1957, page 356.
31 Sem MBIMBI PASCAL et Cornet ANNIE,
Méthodes de recherche en science économiques et de
gestion, Edition universitaire européenne, presse universitaire de
Lubumbashi, Lubumbashi, 2018, page 57.
32 Luc Van CAMPENHOUDT et Raymond QUIVY, Manuel de
recherche en science sociales, op. cit, 203.
15
engagements et leurs retombées sur la vie
économique et même sociale du pays et cela constituera dans une
certaine mesure un témoignage des réalités
constatées.
VI. DELIMITATION DU SUJET
Pour le besoin de la précision et de la concision, il
est nécessaire de délimiter la portée de notre travail.
C'est ainsi que nous nous sommes proposés d'y apporter une
délimitation temporelle, spatiale et même scientifique.
A. DELIMITATION TEMPORELLE
Il est certes évident que la présente
étude comporte des réalités et des notions largement
antérieures à notre époque. Cependant pour des besoins de
précisions, il sied de noter que celle-ci se focalisera sur la
période allant de 2015 à 2020.
B. DELIMITATION SPATIALE
En guise de délimitation spatiale, nous nous limiterons
principalement au territoire de la RD Congo (sous réserve des analyses
comparatives avec d'autres Etats). Car quand bien même ce dernier serait
subdivisé en provinces et villes, au niveau international, les
engagements pris s'appliquent à l'ensemble du territoire congolais.
A. DELIMITATION SCIENTIFIQUE
En effet, le domaine de la science est vaste ; d'où la
nécessité de préciser le cadre scientifique qui nous
intéresse pour notre travail. La question de l'impact du
libre-échange continental sur l'accroissement de l'économie et du
produit intérieur brut congolais en appelle à la
complémentarité des matières juridiques telles que : le
droit communautaire, le droit du commerce international, les relations
économiques internationales, le droit des organisations internationales
et même des matières spécifiques économiques ayant
trait à la notion de produit intérieur brut.
Outre l'introduction ainsi que la conclusion
générale, la présente étude s'étalera sur
deux chapitres. Le premier chapitre portera sur les considérations
générales du libre-échange
VII. SUBDIVISION DU TRAVAIL
16
continental et des autres notions influant sur la bonne marche
du commerce international ainsi que le produit intérieur brut. Le
deuxième chapitre quant à lui abordera la question relative
à l'encadrement juridique du libre-échange continental et son
impact sur l'accroissement de l'économie de la RD Congo au regard des
secteurs d'activité du pays.
17
18
Chapitre I. CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE COMMERCE
INTERNATIONAL, LE LIBRE-ECHANGE CONTINENTAL ET LE PRODUIT INTERIEUR BRUT
Le présent chapitre constitue une étape
indispensable dans l'intériorisation de notre sujet. Il offre en effet
une vue panoramique du contexte terminologique dans lequel évoluent et
se concrétisent les notions principales du commerce international, du
libre-échange et bien entendu, du produit intérieur brut. Le
sujet ne saurait donc être compris à juste titre sans cette
explication des termes essentiels.
Section 1. LE COMMERCE INTERNATIONAL
Le commerce international fait appel à
différentes disciplines tant juridiques qu'économiques pour son
agencement. La discipline juridique apporte l'encadrement institutionnel et
règlementaire nécessaire pour la sécurité des
opérations et des acteurs par la mise sur pied d'Accords et
Traités pertinents, tandis que celle économique apporte les
théories et politiques qui ont de tout temps régi les rapports
commerciaux parfois indépendamment de toute règlementation ou
codification juridique. Ce faisant, outre la définition en liminaire,
cette section présente les théories et principes essentiels du
commerce international, les acteurs ainsi que les sources qui assurent
adéquatement sa mise oeuvre.
§1. Définition du commerce international
Sans la composante internationale, « Le commerce »
est généralement défini comme étant un
échange de produits et services en vue de réaliser un
bénéfice pour les personnes qui entreprennent l'opération
d'échange proprement dite 33.
Pour ce qui est de la notion du « commerce international
», deux sens retiennent notre attention quant à sa
définition. Dans un sens strict, le commerce international fait
référence aux échanges des marchandises entre un pays et
le reste du monde. Cependant, dans un sens beaucoup plus large, ladite notion
renvoie tout simplement aux échanges des biens et
services34.
33 A. VERHULST, Organisation et documents de
commerce intérieur-arithmétique commerciale, CRP, Kinshasa,
1985, page 9.
34 CAPUL, J.Y. et GARNIER O., Dictionnaire
d'économie et de Sciences sociales, édition Hatier, Paris,
1999, page 67.
Dans le cadre de cette étude, l'intérêt
sera particulièrement porté sur le sens strict de la notion du
commerce international ; faisant ainsi référence aux
échanges des marchandises entre la République Démocratique
du Congo et les pays de la zone de libre-échange continentale en
particulier et ceux de l'espace non communautaire en général.
En outre, il sied d'affirmer que le commerce international est
devenu une variable importante dans le monde économique contemporain ;
il manifeste la complémentarité, l'imbrication des producteurs et
des consommateurs des différents pays et il affecte l'autonomie des
politiques économiques des
Etats35.
Au regard de ce qui précède, on peut bien se
demander qu'elle est la raison d'être de cette notion et comment a-t-elle
évolué dans les relations internationales des Etats.
1. Raison d'être du commerce international
Tout d'abord, il est essentiel que l'on s'accorde sur le fait
que la nature des produits échangés entre les Etats dépend
étroitement de la nature des productions et des richesses naturelles de
ces Etats36. Ainsi, on peut affirmer que la raison
d'être du commerce entre nations se rapporte à deux grands motifs
(selon que l'on cogite sur les importations ou sur les exportations). Le
premier principe explicatif est celui de l'indisponibilité des
biens. C'est-à-dire qu'un pays importe ce qu'il ne peut produire,
en général pour des raisons d'ordre climatique ou bien en
l'absence de certains minéraux sur le territoire national. Le second
principe justificatif est celui de la recherche de débouchés
pour les productions nationales. On constate donc l'évidence selon
laquelle le commerce international est indispensable aux
Etats37.
2. Evolution des relations commerciales
internationales
En effet, la question des relations commerciales n'est pas une
invention de l'époque contemporaine. Ces relations ont toujours
existé entre les peuples. L'humanité n'a donc pas eu besoin
d'attendre les théories de l'économiste anglais David Ricardo
pour comprendre que lorsqu'un bien n'était pas produit dans un endroit,
il fallait l'y importer, c'est ainsi que depuis la haute antiquité, des
circuits commerciaux reliaient les différentes parties du monde. En
35 Michel RAINELLI, Le commerce international :
un véritable tour de force, édition La découverte,
9ème édition, Paris, 2003, page 4.
36 Ibidem, page 10.
37 Ibidem, page 7.
19
38 Vincent P., Economie internationale,
Larcier, Bruxelles, 2013, page 26.
39 Debourse, Economie de développement,
informations à l'économie politique, CRP, Kinshasa, 2005,
page 79.
Europe et dans le bassin méditerranéen,
Athènes exportait ses vases et son huile, Chypre le cuivre, la
Cornouaille, l'étain ; l'Egypte le blé, le lin et le papyrus ; le
Liban le bois ; en Afrique, particulièrement pour la République
Démocratique du Congo et ce depuis l'époque coloniale,
l'exploitation minière est et a toujours été la base de
ses relations commerciales à
l'exportation38.
La fin de la seconde guerre mondiale verra également la
mise en place d'un ordre économique international fondamentalement
novateur. En 1947, un Accord Général sur les Tarifs Douaniers et
le Commerce (en anglais : General Agreement On Tarifs and Trade « GATT
») fut signé afin d'imposer aux pays des principes du commerce
international et organiser par ce fait les échanges et
négociations commerciaux entre les Etats membres sans entraves.
Après une série de négociations consécutives aux
difficultés engendrées par cette organisme, le GATT est
remplacé le 1er janvier 1995 par l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) ; cette dernière sera mise sur pied afin d'assurer un bon
climat des affaires et la sécurité des opérations
commerciales entre Etats en application des Accords y relatifs. Elle
régit le commerce international mondial jusqu'à nos jours. Bien
qu'ayant rempli son rôle dans le domaine de la réduction des
droits de douane dans les échanges de biens industriels notamment, les
Accords du GATT ne sont intervenus que très récemment dans le
domaine des barrières non tarifaires et par ailleurs, les
négociations n'ont que très progressivement tenté
d'intégrer les échanges de services ou de produits agricoles.
Cette faille à contribuer à l'échec du GATT et à la
mise sur pied de l'OMC qui a innové avec un cadre institutionnel plus
imposant. L'Afrique va également se lancer dans le processus
d'intégration économique des Etats en vue de faciliter les
échanges. Ceci se constate notamment par les ratifications d'Accords et
création des organisations internationales communautaires. La zone de
libre-échange du continent africain mise sur pied par l'Union Africaine
est une manifestation contemporaine de l'action africaine pour de meilleures
relations commerciales internationales au sein du
continent39.
Cette initiative africaine nous conduit donc à nous
interroger sur la spécificité des rapports que le droit du
commerce international entretient avec le droit communautaire.
20
3. Droit communautaire et commerce international
L'influence du droit communautaire sur le commerce
international peut être perçue à deux niveaux majeurs. Il
s'agit du droit matériel et du droit international
privé40.
A. Droit matériel
Au niveau du droit matériel, l'influence du droit
communautaire s'exerce lorsque des règles de droit matériel sont
adoptées par les organes des communautés dans le cadre de leurs
compétences41. Ces
règles peuvent alors être rendues directement applicables
(règlements) ou peuvent conduire à une harmonisation du droit des
Etats membres par le biais des directives communautaires. Sur le plan des
relations commerciales internationales, l'influence de ces règles
s'exerce seulement par l'entremise de la compétence du droit d'un Etat
membre de la communauté qui est tenu d'appliquer ce
droit42.
Pour ce qui est de la ZLECAf, en tant qu'espace
communautaire, nous verrons dans le cadre du deuxième chapitre qu'il
existe un certain nombre d'organes chargés de faire appliquer l'Accord
communautaire instituant le libre-échange dans le cadre des relations
commerciales des Etats Parties.
B. Droit international privé
Le droit du commerce international présente des liens
étroits avec le droit international privé. Le droit communautaire
exerce une fois de plus ici une influence croissante. Cette influence s'observe
d'abord au niveau des conventions internationales jouant un rôle
important en droit international privé. C'est ainsi qu'a
été adoptée, sur le fondement de l'article 220 du
traité de Rome, la convention de Bruxelles du 27 septembre 1968 sur la
compétence judiciaire et l'effet des jugements en matière civile
et commerciale, plusieurs fois modifiée, et étendue aux Etats
membres de l'AELE par la convention de Lugano du 16 septembre 1988. Bien
qu'adoptée dans un cadre international traditionnel, la convention de
Rome du 19 juin sur la loi applicable aux obligations contractuelles, ne lie
que les Etats membres de
l'Union43.
40 Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et
Sabine CORNELOUP, Droit du commerce international, Dalloz, Paris,
2011, page 44.
41 S. Poillot PERUZZETTO et M. LUBY, Le droit
communautaire appliqué à l'entreprise, Dalloz, Paris, 1998,
page 18.
42 V., B. AUDIT, Droit international privé,
4ème édition, Economica, 2006, page 48.
43 Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et Sabine
CORNELOUP, op. cit, page 45.
21
22
23
La pluralité des acteurs qui interviennent dans le
commerce international (Nous le verrons dans les paragraphes suivants)
rend indispensable le recours au droit international privé car le
commerce international n'est pas que l'apanage d'entités
étatiques, mais aussi des sociétés et personnes
privées situées sur des territoires différents et
poussées à échanger les biens et services dans un espace
que le droit communautaire régit.
§2. Principes du commerce international
La question du commerce international est organisée par
des principes fondamentaux consacrés initialement par l'Accord
Général sur les Tarifs Douaniers et prônés ensuite
par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ceux-ci régissent les
rapports commerciaux entre les Etats membres de ladite organisation et peuvent
être catégorisés en deux prémisses, dont la
première consacre le principe de la non-discrimination et la seconde, le
principe de réduction des droits de douanes et leur consolidation.
1. Principe de la non-discrimination
La non-discrimination est un principe fondamental prévu
par l'OMC. Celui-ci se concrétise à travers l'application du
principe de la nation la plus favorisée et de celui du traitement
national.
A. La clause de la nation la plus favorisée
En vertu de ce principe, tout Etat membre de l'OMC et
signataire du GATT s'engage donc à étendre à tous les
Etats membres l'avantage qu'il a pu accorder à un autre Etat membre du
GATT. Ainsi, si un Etat « A » a consenti à un Etat « B
» une réduction de 2 % de ses droits de douane sur un produit
déterminé, il doit automatiquement consentir la même
diminution pour l'entrée sur son territoire du même produit en
provenance de tout autre signataire du traité. La clause de la nation la
plus favorisée, en répercutant tout avantage consenti
conventionnellement à un autre Etat aux autres Etats membres, est donc
un puissant instrument de libéralisation des échanges et le
principal attrait pour les Etats afin d'entrer à
l'OMC44.
44 A. GUZMAN, J. H. B. PAUWELYN, International
Trade Law, Aspern Publishers, 2009, page 288.
B. Le principe du traitement national
Le principe du traitement national interdit de réserver
un traitement moins favorable aux produits ou aux services étrangers par
rapport aux produits ou services nationaux. Il n'interdit pas les
barrières (droits de douane ou taxes) à l'entrée dans le
pays mais il impose, lorsque ces barrières ont été
franchises, que le produit étranger ne soit pas pénalisé,
en tant que tel, par rapport au produit national. Il ne doit donc pas
être assujetti à des mesures qui rendent plus difficile ou plus
onéreuse sa commercialisation par rapport aux produits issus de la
production nationale (taxes intérieures ou normes obligatoires relatives
à la sécurité du produit, sa vente ou sa distribution
commerciale)45. Une autre
particularité réside dans le fait que les marchandises
concernées doivent être comparables ; c'est-à-dire
similaires. La similarité se dégage par le fait que les
marchandises concernées présentent les mêmes
propriétés physiques pouvant permettre leur
substitution46.
2. Le principe de réduction des droits de
douanes et leur consolidation
La protection du marché et de la production nationale
d'un Etat, tout en n'étant pas encouragée, n'est nullement
illégitime aux yeux du GATT. Tout Etat membre est en effet libre
d'adopter le niveau de protection qu'il désire. Mais parmi les nombreux
moyens de protection susceptibles d'être mis en oeuvre, les droits de
douane sont privilégiés, tant en raison de leur transparence
qu'en raison de la nocivité mesurée de leurs effets, par
comparaison avec d'autres mesures47.
Il est donc prévu la réduction et, dans la mesure du
possible, la suppression des droits de douane au moyen des négociations
multilatérales entre les pays membres. Les droits ainsi réduits
sont mentionnés, au niveau de la ligne tarifaire, dans la liste des
concessions de chaque pays. Ces droits réduits doivent être
consolidés, les pays sont tenus de ne pas les relever
ultérieurement48.
Le corollaire de la protection reposant seulement sur les
droits de douane est aussi l'élimination des restrictions
quantitatives. Ce principe est énoncé par l'article
XI du GATT. En conséquence, les Etats doivent s'abstenir de recourir aux
contingents qui consistent en des
45 Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et Sabine
CORNELOUP, op. cit, page 105.
46 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit
commercial II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
op. cit, page 54.
47 A. GUZMAN, J. H. B. PAUWELYN, op. cit, page 165.
48 Laila MKIMER-BENGELOUNE, Modélisation
des barrières non tarifaires et leur impact sur les échanges
internationaux : une application aux pays méditerranéens,
Economies et finances, Université de Toulon, 2013, page 34.
restrictions sur le nombre, le volume ou la valeur des
produits importés. Ils doivent également s'abstenir de conclure
des « accords d'autolimitation
»49.
Il s'agit en d'autres termes de la suppression des obstacles
au commerce. Parlant des obstacles, on fait la distinction entre les obstacles
tarifaires (droit de douane) et les obstacles non tarifaires tels que les
contingentements, les licences à l'importation et à
l'exportation, les subventions et les prescriptions discriminatoires en
matière de sécurité, de protection de l'environnement et
de la santé des
consommateurs50.
§3. Acteurs et sources du commerce
international
1. Les acteurs
A. Les Etats
Les Etats sont considérés comme des acteurs de
premier plan du droit commercial international puisqu'on les retrouve à
tous les stades du processus c'est-à-dire, dans les relations
commerciales internationales : les législations nationales comprennent
toujours des dispositions du droit international privé qui visent tant
leurs ressortissants que les étrangers qui investissent ou commercent
sur leur territoire ; chaque pays délègue dans les organisations
internationales ses représentants qui défendront leur conception
politique et économique ; tous les Etats, des moins
développés aux plus puissants, sont des opérateurs
économiques internationaux, soit directement, soit via des
sociétés mixtes ou publiques et les tribunaux nationaux
connaissent une grande partie du contentieux commercial international (sans
exclusivité puisque ce rôle peut être dévolu aux
arbitres) et la totalité des mesures d'exécution visant à
rendre applicable sur leur territoire les jugements ou ordonnances
arbitrales51.
De ce qui précède, on peut bien affirmer que
l'implication des Etats est donc d'une importance remarquable dans l'animation
du commerce internationale.
49Article XI du GATT.
50Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit commercial
II : Droit du commerce international et contrats commerciaux, op. cit,
page 43.
51PISSOORT W., SAERENS P., Droit commercial
international, Larcier, Bruxelles, 2003, page 4.
24
B. Les organisations internationales
Dans une acception générale, l'organisation
internationale se définit comme une institution de caractère le
plus souvent permanent, fondée sur un traité dont la
dénomination particulière varie selon les cas (Pacte, charte,
statuts). Ce traité, qui est la charte constitutive de l'organisation
internationale, est conclu entre ses Etats membres, et définit les
missions dont elle est investie. Ces missions, qui obéissent au principe
de spécialité, doivent satisfaire un besoin
d'intérêt commun. L'organisation internationale, enfin, est
dotée de la personnalité juridique, tant de droit interne que de
droit international ; elle possède les organes et les pouvoirs qui sont
nécessaires à l'accomplissement des missions qui lui sont
confiées par sa charte
constitutive52.
Dans le cadre de la présente étude, notre
attention est portée sur les organisations internationales à
vocation économique. Ces dernières se distinguent de
l'organisation internationale que par la nature des missions dont elles sont
investies et visent ainsi à la satisfaction des besoins
d'intérêt commun dans le seul domaine économique. A cet
égard, un nombre important d'organisations internationales
économiques opèrent dans le domaine commercial et dans le domaine
financier. Ces organisations à vocation commerciale se rencontrent tant
sur le plan mondial (OMC : organisation mondiale du
commerce, institutions onusiennes,...) ; régional
(UA : l'union africaine,...) que sur le plan sous
régional (CER : les communautés économiques
régionales) et celles à vocation financière
répondent au même schéma (FMI ou BIRD sur le plan mondial
et Banques régionales de développement sur le plan
régional)53. Ces
organisations internationales jouent un rôle fondamental dans la
codification et l'harmonisation des textes en
vigueur54.
Ayant une importante part dans la mise en oeuvre du
libre-échange, l'OMC et l'UA seront prioritairement
présentées. Par la suite, nous nous pencherons davantage sur l'UA
qui constitue le cadre institutionnel principal de la ZLECAf faisant objet de
notre étude.
52 Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et Sabine
CORNELOUP, op. cit, page 31.
53 Idem.
54 PISSOORT W., SAERENS P., op. cit, page 5.
25
1). Organisation mondiale du commerce (OMC)
L'organisation mondiale du commerce est née en 1995.
Elle est la seule organisation internationale qui s'occupe des règles
régissant le commerce entre les pays (sous réserve des
initiatives régionales nées par la suite). Sa principale fonction
est de favoriser autant que possible la bonne marche, la
prévisibilité et la liberté des échanges.
Succédant à l'Accord Général sur les Tarifs
Douaniers (GATT), il sied de noter que l'OMC est créée au
lendemain de la seconde guerre
mondiale55.
Comme indiqué précédemment, celle-ci est
l'organisation principale oeuvrant sur le plan universel et disposant d'un
pouvoir de sanction en matière de droit commercial international, les
accords conclus au sein de l'OMC constituent donc des règles juridiques
de base pour le commerce international et la politique
commerciale56. Conformément
à l'article III de son statut, cette dernière assure les
fonctions suivantes57 :
? Faciliter la mise en oeuvre, l'administration et le
fonctionnement de son accord et des Accords commerciaux multilatéraux et
favoriser la réalisation de leurs objectifs, et servir aussi de cadre
pour la mise en oeuvre, l'administration et le fonctionnement des Accords
commerciaux plurilatéraux ;
? Etre l'enceinte pour les négociations entre les
Membres au sujet de leurs relations commerciales multilatérales
concernant des questions visées par les accords figurant dans les
Annexes de son accord. L'OMC pourra aussi servir d'enceinte pour d'autres
négociations entre ses Membres au sujet de leurs relations commerciales
multilatérales, et de cadre pour la mise en oeuvre des résultats
de ces négociations, selon ce que la Conférence
ministérielle pourra décider ;
? Administrer le Mémorandum d'accord sur les
règles et procédures régissant le règlement des
différends ;
? Administrer le Mécanisme d'examen des politiques
commerciales ;
? Coopérer en vue de rendre plus cohérente
l'élaboration des politiques économiques au niveau mondial, selon
qu'il sera approprié, avec le Fonds monétaire international et
avec
55 Organisation Mondiale du Commerce,
L'Organisation Mondiale du Commerce, Genève, 2014, page 4.
56 Laila MKIMER-BENGELOUNE, op cit, page 45.
57 Article 3 de l'Accord instituant l'organisation
mondiale du commerce du 15 avril 1994.
26
58 Laurent NGOY NDJIBU, Cours des relations
économiques internationales, faculté de droit,
Université de Lubumbashi, année académique 2018-2019, page
12.
la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement et ses institutions affiliées.
Aux fins des articles IV, V et VI de son statut, le cadre
institutionnel de l'OMC comporte :
· Une Conférence ministérielle
composée des représentants de tous les Membres. Elle se
réunit au moins une fois tous les deux ans. La Conférence
ministérielle exerce les fonctions de l'OMC, et prend les mesures
nécessaires à cet effet. La Conférence
ministérielle est habilitée à prendre des décisions
sur toutes les questions relevant de tout Accord commercial
multilatéral, si un Membre en fait la demande ;
· Un Conseil général
composé des représentants de tous les Membres. Le
Conseil général conclut des arrangements appropriés pour
assurer une coopération efficace avec les autres organisations
intergouvernementales qui ont des fonctions en rapport avec celles de l'OMC, il
se réunit, selon qu'il est approprié, pour s'acquitter des
fonctions de l'Organe de règlement des différends prévu
dans le Mémorandum d'accord sur le règlement des
différends. Le Conseil général se réunit, selon
qu'il sera approprié, pour s'acquitter des fonctions de l'Organe
d'examen des politiques commerciales.
· Un Conseil du commerce des marchandises ;
· Un Conseil du commerce des services ;
· Un Conseil des aspects des droits de
propriété intellectuelle ;
· Et le Secrétariat dirigé par un
directeur général.
Il existe d'autres institutions internationales qui encadrent
le commerce international mais tout en étant rattachées aux
Nations-Unies.
2). Institutions onusiennes
Pour ce qui est des institutions onusiennes, nous
retrouvons58 :
- Le conseil économique et social qui est
chargé des questions relevant des domaines économiques, sociaux,
culturels et de la santé ainsi que des droits de l'Homme et des
libertés fondamentales ;
27
- La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et
le Développement (CNUCED) qui sert de forum sur les questions relatives
à la lutte contre les inégalités économiques entre
les Etats et vise la garantie d'un développement équilibré
du commerce ;
- La Commission des Nations Unies pour le
développement du commerce international (UNCITRAL) qui est une
institution technique de l'ONU dont la mission est l'unification et
l'harmonisation du droit du commerce international.
3). Union africaine (UA)
L'Union africaine a été fondée
officiellement en juillet 2002 à Durban en Afrique du sud à la
suite d'une décision prise en septembre 1999 par son
prédécesseur, « L'Organisation de l'Unité
africaine (OUA) » visant à créer une nouvelle
organisation continentale qui poursuivrait son travail. Elle a ainsi pour
vision de bâtir : une Afrique intégrée,
prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une
force dynamique sur la scène mondiale. L'agenda 2063, que la
conférence des chefs d'Etats et de gouvernement de l'UA a officiellement
adopté en 2015, présente une vision et feuille de route pour
bâtir une Afrique prospère et unie fondée sur des valeurs
partagées et un destin
commun59.
Dès 2018, il y a eu, par la signature d'un Accord,
l'établissement d'une zone de libre-échange continentale entre 49
Etats africains afin de promouvoir et faciliter les échanges
commerciaux. L'UA a, par cette initiative, accepté de contribuer
à une meilleure et concrète application des ambitions de l'OMC ;
cette fois, par le biais de l'intégration
communautaire.
En vertu de l'article 3 de l'Acte constitutif de l'Union
africaine, cette dernière poursuit les objectifs
suivants60 :
? Réaliser une plus grande unité et
solidarité entre les pays africains et entre les peuples d'Afrique ;
? Défendre la souveraineté,
l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats
membres ;
? Accélérer l'intégration politique et
socio-économique du continent ;
59 Union Africaine, Guide de l'Union africaine
2019, 6ème édition, Commission de l'Union
africaine, Addis-Abeba, 2014, page 13.
60 Article 3 de l'Acte constitutif de l'Union
africaine du 11 juillet 2000.
·
28
Promouvoir et défendre les positions africaines
communes sur les questions d'intérêt pour le continent ;
· Favoriser la coopération internationale, en
tenant dûment compte de la charte des nations Unies et de la
déclaration des droits de l'homme ;
· Promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité sur le continent ;
· Promouvoir les principes et institutions
démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;
· Promouvoir et protéger les droits de l'homme et
des peuples conformément à la charte africaine des droits de
l'Homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits
de l'Homme ;
· Créer les conditions appropriées
permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans
l'économie mondiale et dans les négociations internationales ;
· Promouvoir le développement durable au plan
économique, social et culturel, ainsi que l'intégration des
économies africaines ;
· Coordonner et harmoniser les politiques entre les
communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ;
· Accélérer le développement du
continent par la promotion de la recherche dans les domaines, en particulier en
science et en technologie ;
· OEuvrer de concert avec les partenaires internationaux
de la santé sur le
continent ;
· Assurer la participation des femmes au processus de prise
de décisions, notamment dans les domaines politique, économique
et socio-culturel ;
· Développer et promouvoir des politiques communes
sur le commerce, la défense et les relations extérieures en vue
d'assurer la défense du continent et le renforcement de ses positions de
négociation ;
· Inviter et encourager la participation effective des
africains dans la diaspora, en tant que partie importante de notre continent,
à la construction de l'Union Africaine.
4). Communautés économiques régionales
(CER)
Les communautés économiques régionales sont
des regroupements régionaux d'Etats africains. Leur création
précède celle de l'UA. Elles ont évolué
individuellement et ont des structures et des rôles différents. De
manière générale, leur objectif est de faciliter
29
l'intégration économique régionale entre
les membres de chacune des régions. L'Union africaine reconnait
huit CER à savoir61
:
- L'Autorité intergouvernementale pour le
développement (IGAD) ;
- La Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) ;
- La Communauté de développement de l'Afrique
australe (SADC) ;
- La Communauté économique des Etat de l'Afrique
centrale (CEEAC) ;
- La Communauté économique des Etats
sahélo-sahariens (CEN-SAD) ;
- La Communauté économique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (CEDEAO) ;
- Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe
(COMESA) ;
- L'Union du Maghreb arabe (UMA).
C. Les organisations privées
Certaines initiatives privées ont su répondre
à une attente des opérateurs internationaux sans faire trop
d'ombres à la souveraineté des Etats. C'est ainsi que la Chambre
de Commerce Internationale de Paris (CCI), créée à
l'initiative d'hommes d'affaires après la première guerre
mondiale, est une organisation sans but lucratif qui oeuvre dans le cadre de la
mise en application des sources du droit du commerce international (La lex
mercatoria en l'occurrence). Cette institution a voulu pallier l'absence
de tribunaux internationaux en créant dès 1923 une « Cour
internationale d'arbitrage » permettant aux milieux d'affaires de
régler leurs différends en dehors des prétoires. La CCI se
veut institutionnelle ; raison pour laquelle elle dispose d'organes
permanents62.
D. Les commerçants et les sociétés
commerciales
D'entrée de jeu, il faut souligner l'évidence
selon laquelle le droit commercial ressort du champ du droit privé car
celui-ci est essentiellement entre les mains des personnes physiques
(commerçants) ou morales en quête du besoin d'internationaliser
leurs activités soit par l'exportation, soit par l'implantation à
l'extérieur63.
61 Union Africaine, op. cit, page 17.
62 PISSOORT W., SAERENS P., op. cit, page 11.
63 Idem.
30
31
Pour ce qui est des personnes physiques, notons qu'il est
incontestable que dans le commerce international évoluent des personnes
physiques qui font des transactions à titre personnel et individuel.
Mais compte tenu des enjeux et des risques importants mais surtout compte tenu
de la crédibilité qu'exige ce milieu, les personnes physiques en
tant qu'actrices se trouvent assez fragiles parce que c'est un milieu beaucoup
plus complexe que ce que l'on a dans l'ordre interne. C'est la raison pour
laquelle les acteurs préfèrent souvent traiter avec une personne
morale plutôt qu'avec une personne physique. En effet les personnes
morales semblent plus crédibles et sont plus
pérennes64.
S'agissant des personnes morales, notre analyse va consister
enfin en l'étude des critères permettant de déterminer
leurs nationalités. A première vue, on serait tenté de se
demander quelle importance et quelle répercussion la nationalité
d'une personne morale aurait dans le commerce international. Nous avons
évoqué dans le paragraphe précédent la question de
la « crédibilité » des personnes morales ;
ceci implique le fait pour ces dernières d'être viables et
fiables. Elles doivent se voir rattachées au droit d'un pays qui
déterminera par exemple : les conditions de validité ou les
règles de son organisation interne ; les conditions d'obtention de la
personnalité juridique permettant à celles-ci d'être
reconnues tant au niveau interne qu'international ; tout ceci,
conformément à la lex societatis de l'Etat de
rattachement65.
Si pour les personnes physiques, la détermination de la
nationalité est facilement établie, pour les personnes morales
oeuvrant dans le commerce international, la gymnastique n'est pas la
même. Nous trouvons ainsi des critères déterminant et
d'autres qui sont subsidiaires. Le critère déterminant est le
siège social et les critères subsidiaires seront analysés
par la suite.
1). Le siège social comme critère
déterminant
On distingue sur ce point le siège statutaire et le
siège social réel. Le premier est pour la personne morale ce
qu'est le domicile pour les personnes physiques. Il s'agit du lieu du principal
établissement de la personne. Ce siège est prévu dans les
statuts, c'est pour cette raison que l'on fait usage de l'appellation «
Siège sociale statutaire ». D'un autre côté, le
siège
64 Ibrahima KHALIL DIALLO, Cours de droit du
commerce international, Licence III, FSJP, 2010-2011, page 5.
65 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit
commercial II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
op cit, page 32.
social réel est simplement le lieu du véritable
siège social. C'est-à-dire, l'endroit où siègent
les organes de direction d'où partent les décisions. C'est dans
ces endroits que la société est effectivement administrée
et qu'elle a un lien effectif et réel avec un
pays66.
2). Les critères subsidiaires
Dans le cadre de la détermination d'une
société, d'autres critères peuvent être
subsidiairement soulevés. Il s'agit de la nationalité des
associés ; du contrôle du capital (on affirme ici que la
société aurait la même nationalité que ceux qui
déterminent la majorité du capital) et le lieu d'exercice des
activités67. Le
caractère très discutable de cet autre groupe de critère
nous pousse à affirmer que le critère par excellence dans la
détermination de la nationalité d'une personne morale oeuvrant
dans le commerce international reste le siège social.
NB : La société multinationale
a quant à elle la nationalité, non de plusieurs Etats, mais celle
de l'Etat de son siège social. Par ailleurs la société
internationale n'a pas la nationalité de l'Etat de son siège
social encore moins celle de l'Etat de sa constitution puisque les Etats
associés de cette société internationale procèdent
généralement par la signature d'une convention bilatérale
ou multilatérale. Celle-ci prévoit aussi les règles
d'organisation et le fonctionnement de la société. Il peut aussi
être simplement fait recours au droit de l'un des Etats
fondateurs68.
2. Les sources
Les opérations commerciales internationales ne seraient
sécurisées s'il n'existait un tant soit peu une once
d'encadrement juridique. Les échanges seraient par moment
inégalitaires et générateurs de multiples conflits entre
les différents acteurs du commerce international. D'où
l'intérêt pour nous de présenter les sources du droit du
commerce international qui encadrent cette notion. D'une part, le droit du
commerce international fait appel à différentes branches du droit
interne qui interagissent ; d'autre part nous retrouvons le droit international
et la lex mercatoria.
66 Ibrahima KHALIL DIALLO, op. cit, page 6.
67 Ibidem, page 7.
68 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit
commercial II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
op cit, page 33.
A.
32
Les sources nationales
Les différents droits privés étatiques
constituent la source fondamentale du droit du commerce international, un peu
comme le socle d'une maison. Ceci se justifie par le fait que les
systèmes juridiques étatiques comportent
généralement des règles matérielles (de fond)
applicables en tant que telles aux opérations du commerce international
; le principal apport des droits nationaux, il faut le souligner, réside
dans les solutions qu'ils apportent aux conflits des lois et de juridictions
qu'impliquent la plupart du temps les opérations du commerce
international69.
C'est ainsi qu'il existe au niveau interne des Etats, des
lois qui traitent non seulement de la procédure, de la compétence
et la saisine des juridictions, mais aussi des questions liées à
la constitution des sociétés et de leur personnalité
juridique permettant à celles-ci d'agir tant à l'interne
qu'à l'international. Encore faut-il ajouter à cela, la
jurisprudence des cours et tribunaux et la doctrine qui par moment, influence
les décisions dans le traitement des questions liées au droit du
commerce international70.
B. Les sources internationales
1). Les conventions et traités internationaux
Aux fins de l'article 2 de la convention de Vienne de 1969 sur
le droit des traités, l'expression « traité » s'entend
d'un accord international conclu par écrit entre Etats et régi
par le droit international, qu'il soit consigné dans un instrument
unique, dans deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa
dénomination
particulière71.
Il sied de préciser que l'existence de cette source est
due à la nécessité d'assurer une certaine cohérence
dans l'univers du commerce international souvent disparate de systèmes
juridiques étatiques auxquels conduisent les règles de droit
international privé relatives aux conflits de lois, il convient de
tenter un rapprochement (coordination ou harmonisation), voire une
uniformisation (ou unification), de ces systèmes, sinon en ce qui
concerne les règles matérielles, du moins au niveau des
règles de conflit. D'une part, nous pouvons souligner
69 Gilles J. GUGLIEMI, Droit du commerce
international, Drôle d'en-Droit,
www.guglielmi.fr,
consulté le 21 mars 2020 à 21H00, page 5
70 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit
commercial II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
op. cit, page 13
71 Article 2 de la Convention de Vienne de 1969 sur le
droit des traités.
33
34
l'aspect matériel de ces sources ; cet aspect consiste
en l'adoption de conventions internationales de droit uniforme. Les questions
du commerce international peuvent ainsi être réglées
à l'aide de la principale source du droit international qu'est le
traité. Traités et conventions internationaux doivent être
mis en oeuvre par les Etats parties dans leurs ordres juridiques respectifs
(droit interne) ; le but principal n'est donc pas d'unifier les
règles matérielles étatiques à l'égard d'une
opération précise de droit privé envisagée dans une
perspective purement interne, comme la vente ou le louage, mais plutôt
d'introduire dans l'ordre juridique des Etats signataires des règles
matérielles prenant en compte de manière spécifique
l'aspect international de l'opération. En effet, dans la plupart des
cas, les règles matérielles des systèmes juridiques
étatiques relatives à une opération de droit privé
ne prennent en compte que l'aspect interne, ignorant la perspective
internationale72.
Aussi, en matière de commerce international, il existe
très peu de conventions impératives. Toutes celles qui existent
sont en général supplétives de la volonté
même pour les pays qui sont appelés à les ratifier.
D'où on affirme que la source essentielles des normes en l'occurrence,
sont les usages commerciaux
internationaux73.
2). La lex mercatoria
En effet, il y a lieu de souligner l'importance qu'ont les
usages (ou pratiques répétés) des opérateurs, qui
s'expriment souvent par des contrats types, qu'il s'agisse des usages propres
à une communauté déterminée de commerçants
ou de ceux qui sont communs à l'ensemble des opérateurs du
commerce international. A cet égard, certaines associations
privées, représentatives des opérateurs du commerce
international, se sont données entre autres pour mission de
procéder, à des fins de clarté et de
sécurité juridique, à la codification de ces usages ; il
en va ainsi de la chambre de commerce internationale (CCI) et des arbitres
internationaux qui assurent sa mise en
oeuvre74.
L'examen des sources du droit du commerce international auquel
on vient de procéder démontre que certaines sources,
habituellement délaissées ou vouées à un rôle
secondaire, ont acquis une place de premier plan dans le corpus du droit du
commerce
72 Gilles J. GUGLIEMI, op. cit, page 6.
73 Ibrahima KHALIL DIALLO, op cit, page 4.
74 Ibidem, page 4.
international75.
Ainsi, les pratiques ont pu, plus aisément qu'ailleurs,
produire leurs conséquences au niveau des contrats et des usages du
commerce. L'extraordinaire développement du commerce international qui a
suivi la fin de la seconde guerre mondiale et a conduit à l'actuelle
mondialisation a été extrêmement favorable au dynamisme du
milieu « mercatique
»76.
Section 2. LA POLITIQUE DU LIBRE-ECHANGE ET SES
FONDEMENTS THEORIQUES
1) Définition du libre-échange
Le libre-échange est une politique économique
qui consiste en la libre circulation des produits et des services au sein d'une
même zone géographique par la suppression progressive des
barrières douanières (droits et taxes) et plus
généralement de tout ce qui peut entraver le commerce. Etant
adoptée par un nombre grandissant de gouvernements, cette politique se
manifeste par différents types d'accords internationaux : accords
bilatéraux de réciprocité commerciale entre deux pays,
création de zone de libre-échange (Union européenne,
ALENA, MERCOSUR, ZLECAf...), et même accords multilatéraux
négociés au niveau de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC)77.
De la présente définition nous pouvons ressortir
l'aspect géographique qui nous permet ainsi d'affirmer que le
libre-échange continental est celui qui concerne un espace continental
donné à l'instar du continent africain.
2) Historique de la notion
En 1769, les physiocrates Quesnay et Turgot préconisent
le libre-échange. Mais son premier théoricien est Adam Smith
(1723-1790) qui publie en 1776 un ouvrage sur « La
recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations
». Il est l'inventeur de la parabole de « La main
invisible », selon laquelle chaque individu, en ne suivant que ses
fins propres, est conduit par une main invisible à remplir une fin qui
n'est nullement dans ses
75 V., Ph. KAHN, « Droit international
économique, droit du développement, lex mercatoria, concept
unique ou pluralisme des ordres juridiques ? », in Mélanges B.
Goldman, Litec, 1982, page 97.
76 Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et Sabine
CORNELOUP, op. cit, page 57.
77 Raphael WINTREBERT, Libre-échange,
protectionnisme : comment sortir d'un faux dilemme ?, Fondation pour
l'innovation politique (FP), Paris, septembre 2007, page 4.
35
78 Christian SCHNEIDER, L'Histoire du
Libre-échange et du protectionnisme, Midi Insoumis, Populaire et
Citoyen, septembre 2019,
www.gauchemip.org,
consulté le 24 mars 2020 à 17h57.
intentions (l'intérêt général
en l'occurrence). La première application de ses théories
fut la signature du traité de commerce anglo-français de 1786. Ce
traité favorisait l'exportation des vins du bordelais mais ce fut une
catastrophe pour l'industrie française, moins développée
que sa concurrente anglaise. Le 18ème siècle se
termina donc par un retour au protectionnisme à cause des espoirs
déçus du traité de 1786 ainsi que de la guerre.
Après l'ébauche d'Adam Smith vient celui de David Ricardo
(1772-1823) considéré comme véritable
théoricien du libre-échange avec la théorie des «
Avantages comparatifs ». Il affirme que le commerce enrichit les
deux partenaires, car rapidement chacun fait ce pourquoi il est le plus
doué. En bref, l'histoire économique du monde (incluant celle du
libre-échange par ricochet) développé de 1815 à
1914 peut être découpée en cinq phases selon
l'économiste belge Paul Bairoch (1930-1999)78 :
? 1ère phase : 1815-1846 : adoption
graduelle du libre-échange au Royaume-Uni, mais maintien du
protectionnisme dans le reste de l'Occident ;
? 2ème phase : 1846-1860 : efforts du
Royaume-Uni afin d'étendre la politique libérale à
l'Europe continentale ;
? 3ème phase : 1860-1879 : phase
libre-échangiste dans la plupart des pays européens ; mais
accentuation du protectionnisme dans les pays développés
d'outre-mer ;
? 4ème phase : 1879-1892 : retour de
l'Europe au protectionnisme ;
? 5ème phase : 1892-1914 : accentuation de
la pression protectionniste au Royaume-Uni et renforcement du protectionnisme
en Europe continentale et dans les pays de peuplement européen.
§3. Fondements théoriques de la politique du
libre-échange
1. Théorie de l'avantage absolu
Considéré comme le père de la science
économique moderne par son oeuvre la « Richesse des nations »
en 1776, Adam Smith (5/06/1723-17/07/1790), dans ses recherches nous
révèle que la maxime de tout chef de famille avisé est de
ne pas essayer de faire chez soi la chose qui lui couterait moins cher à
acheter qu'à faire. Il ne faut donc pas hésiter pour un pays
d'acheter à l'extérieur les biens qu'il produit lui-même
à un prix plus élevé et à se spécialiser
dans les biens pour lesquels il a un coût moindre (ou pour lesquels il
dispose
36
37
38
39
40
41
42
d'avantages). Ces avantages peuvent être agricoles,
miniers, technologiques, etc. On affirme ainsi que chaque pays doit se
spécialiser dans les biens et les services qu'il parvient à
produire à un coût de production inférieur à celui
du reste du monde. Cette théorie sous-tend la politique du
libre-échange dans la mesure où l'échange entre deux
Nations permet à chacune d'elles d'écouler les excédents
de production de ses activités compétitives et donne ainsi une
valeur à ce qui serait sans cela inutile. En élargissant le
marché au-delà des frontières nationales, il permet
d'augmenter la production, donc le
revenu79. Cette oeuvre fut un
évènementiel important pour ce qui est de l'analyse du commerce
et interdépendance
internationaux80.
2. Théorie de l'avantage comparatif
Elaborée par l'économiste anglais, David RICARDO
(19/04/1772-11/09/1823) à travers son oeuvre « Principes de
l'économie politique et de taxation » en 1817. David RICARDO,
inspiré par le texte d'Adam SMITH, montre qu'un pays peut se
spécialiser non pas dans les productions de biens et services
exportables où il a un avantage absolu, cependant il a
intérêt à se spécialiser dans la production pour
laquelle il est relativement le plus efficace. Cet avantage est issu des
rapports des couts de production des biens ou services exportables
respectivement dans chacun des
pays81.
La question du libre-échange est ainsi née des
efforts de la mondialisation qui est un terme fourre-tout qui s'est
imposé dans les années 1980. La mondialisation exprime en
réalité une idée globale. C'est-à-dire
l'interdépendance croissante des économies et des cultures au
niveau mondial et trois processus distincts dont : l'abaissement progressif des
barrières aux marchandises (biens et services), la
dérégulation des marchés financiers et les bouleversements
technologiques (communication, transports)82. En conséquence,
il y a eu un accroissement spectaculaire des échanges internationaux
depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale aussi bien en termes de
volumes échangés qu'en termes de degré d'ouverture
extérieure des économies nationales. L'accélération
et l'intensification des flux transfrontaliers des biens, des services,
d'investissements, des capitaux, d'informations et d'idées sont
particulièrement nets depuis les années 1980. En 1979, selon le
Fonds monétaire international
79 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit
commercial II : Droit du commerce international et contrats commerciaux,
op. cit, page 25.
80 BARRE, Economie politique, PUF, Paris,
1956, page 640.
81 Ibidem, pp 640-641.
82 Raphael WINTREBERT, op. cit, page 3.
(FMI), les exportations mondiales de biens et de services
pesaient à peine 12% du PIB mondial. A l'heure actuelle, elles
représentent 29%83.
Au-delà de cette application plus ou moins
généralisée du libre-échange, certaines
controverses nécessitent néanmoins d'être
soulignées. En effet, on assiste depuis quelques années à
une critique de plus en plus forte du modèle de développement
fondé sur le libre-échange généralisé.
Certaines approches doctrinales estiment que cette politique ne servirait
qu'aux intérêts des Etats industrialisés au
détriment de ceux dont l'industrie manufacturière tarde à
émerger et donc est peu favorable aux exportations à grande
échelle pour rentabiliser les échanges.
§4. Libre-échange et protectionnisme
Il ressort de la brève analyse historique faite ci-haut
que l'application du libre-échange dans les relations commerciales
internationales ne fait pas toujours l'unanimité. Il faut croire que les
bienfaits attribués à la concurrence internationale ne s'imposent
pas à tous de manière évidente, particulièrement
aux groupes sociaux touchés par des importations qui remettent en cause
leur activité ou aux nations déficitaires. Ainsi, on constate que
certaines approchent penchent pour le protectionnisme qui est l'antinomie du
libre-échange84.
Rappelons cependant que le libre-échange ou même
le protectionnisme ne peuvent en aucun cas être considérés
comme des fins en soi. Il ne s'agit en effet que d'instruments à la
disposition des Etats pour atteindre leurs grands objectifs
macroéconomiques (plein emploi, stabilité des prix et croissance
économique). Le choix de l'une des politiques par rapport à
l'autre dépendra de l'orientation politique du gouvernement en place et
de ses priorités macroéconomiques. Depuis plusieurs
siècles, la controverse fait rage entre les économistes sur les
mérites supposés de la libéralisation des échanges
internationaux ou, au contraire, de la protection des marchés. Cette
querelle est d'une importance capitale pour le sujet qui nous intéresse.
Elle conditionne en effet les décisions prises par les gouvernements,
soit unilatéralement, soit au sein des organisations internationales de
coopération
économique85.
83 Raphael WINTREBERT, op. cit, page 5.
84 Michel RAINELLI, op cit, page 67.
85 Vincent P, op cit, page 14.
Sachant qu'avec le libre-échange, les échanges
commerciaux sont libres de toute entrave douanière ou d'autres
règlementations commerciales
restrictives86, le protectionnisme
vise à protéger les marchés intérieurs et
à limiter les importations par la mise en place des barrières aux
échanges. Ces barrières se présentent sous diverses formes
dont87 :
? Les barrières tarifaires qui consistent à
prélever des droits de douane ou d'autres taxes à l'importation
;
? Les restrictions quantitatives, ou quotas qui consistent
à imposer des limitations au volume des importations pouvant être
effectuées pendant une certaine période l'objectif de ces mesures
est de cadenasser les parts du marché national ouvertes à
l'importation. Les contingents tarifaires, qui consiste à accorder des
réductions de droits de douane sur une certaine quantité de
produits importés, avec rétablissement du droit de douane normal
lorsque le contingent est atteint, ne peuvent être assimilés aux
restrictions quantitatives, car ils n'empêchent pas les importations une
fois les contingents épuisés ;
? Les barrières non tarifaires. Ceux-ci sont des
obstacles aux échanges qui ne constituent ni droits de douane ni des
restrictions quantitatives. Elles peuvent concerner aussi bien la
présentation (emballage, étiquetage...) que le contenu du produit
importé, ou consister en des démarches administratives inutiles
et dilatoires88.
1. Approche libre-échangiste
Pour Ricardo, considéré comme l'un des
précurseurs de la théorie du libre-échange, cette
dernière présente les avantages suivant : les entreprises
disposant des marchés plus large pourront faire des économies
d'échelle, réduisant par-là leurs coûts de
production ; les entreprises doivent se montrer plus efficaces pour
concurrencer les importations et investir sans cesse dans la recherche ; les
consommateurs du pays importateur peuvent se procurer des marchandises à
meilleur compte ; le libre-échange entrainera une égalisation du
coût des facteurs (notamment salariaux), augmentant le bien-être et
le pouvoir d'achat de toutes les nations participant au commerce
international89.
86 J. SALMON, Dictionnaire de droit international
public, Bruylant, Bruxelles, 2001, page 662.
87 Ibidem, page 905.
88 Vincent P, op cit, page 15.
89 Ibidem, page 18.
Il sied également de présenter les failles du
protectionnisme soulevées par les protagonistes du libre-échange
pour décourager son application au profit de la libéralisation du
commerce international. Ainsi, on prétend que le protectionnisme
engendre entre autres90 :
? L'accroissement du coût des importations dans
le cadre d'une politique protectionniste : les consommateurs doivent
payer plus cher les marchandises importées, ce qui réduit leur
niveau de vie ; l'accroissement du coût des inputs
importés se répercute sur les industries les utilisant, le
produit fini sera plus cher, le rendant moins compétitif sur la
scène internationale ;
? Le maintien des secteurs d'activité non
concurrentiels : le protectionnisme aurait pour conséquence le
maintien des secteurs d'activité non concurrentiels,
préjudiciable à l'économie générale de
l'Etat. Les entreprises, assurées d'écouler leur production sur
le marché national, ne sont pas incitées à investir dans
la recherche et le développement, ce qui cause la limitation du
progrès technique. Les marchandises produites ne sont plus
concurrentielles qualitativement sur le marché international, entrainant
une baisse des exportations.
2. Approche protectionniste
Au sujet du protectionnisme, il n'est pas rare de rencontrer
l'argument selon lequel cette politique est un important facteur
d'indépendance national permettant la protection des industries
naissantes et fragiles au regard de la concurrence étrangère.
Sur ce point, nous retenons beaucoup de l'économiste
Keynes qui a basé ses réflexions sur l'avantage du
protectionnisme en matière d'emploi. Après ce que l'on
considère comme la grande crise du 20ème siècle
(la crise de 1929), Keynes avait réemployé ses talents de
polémiste en défendant la mise en place d'un système
protecteur au nom de la priorité nationale à l'emploi. Cette
conversion d'un jadis ardent défenseur du libre-échange en avocat
du protectionnisme s'était justifiée par les difficultés
économiques rencontrées par la Grande-Bretagne à la suite
de la crise de 1929. Au sortir de la première guerre mondiale, jusqu'en
1920, l'économie britannique connait l'euphorie ; le chômage
devient un problème économique majeur et son taux atteint 22% en
193291.
90 Vincent P, op. cit, pp 18-19
91 Max MAURIN, « J.M. Keynes, le
libre-échange et le protectionnisme », dans
L'actualité économique, volume 86, N°1, HEC
Montréal, mars 2010, page 113.
Pour y remédier, Keynes propose le protectionnisme en
accroissant l'investissement intérieur (public et privé). Il
affirme que dans une économie où le plein emploi n'est pas
assuré, l'instauration d'un tarif peut conduire à une hausse
nette de la production et de l'emploi générée par les
entreprises nationales
privées92.
Outre cet avantage lié à l'emploi que nous
propose Keynes, d'autres arguments sont également avancés en
faveur du protectionnisme. Il s'agit notamment de :
? L'impossibilité pour les pays du sud de
renoncer aux recettes douanières : les recettes
douanières constituent souvent pour les pays du sud une source
indispensable de revenus dont ils ne peuvent se priver. De nombreuses
études ont effectivement démontré que le pourcentage des
recettes de l'Etat provenant des impôts directs est proportionnel
à son niveau de développement
économique93. Un pays en
développement dépend par conséquent essentiellement des
impôts indirects, notamment des droits de douane, pour son budget. De
plus, les droits de douane sont souvent exigés en devises. Cela
constitue pour de nombreux pays l'un des seuls moyens dont ils disposent pour
s'en procurer. L'application des droits de douane ne découle dès
lors pas en premier lieu d'une volonté protectionniste dans leur chef,
mais d'un impératif budgétaire. Les pays en développement
peuvent par conséquent difficilement accepter le fait de réduire
leurs droits de douane, ce qui leur est de plus en plus demandé par
leurs partenaires développés94 et
même les organisations internationales telles que l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) ;
? Les demandes de protection des secteurs pour
lesquels l'Etat ne dispose pas d'un avantage comparatif : il faut sur
ce point retenir que les facteurs de production ne bénéficiant
pas d'un avantage comparatif doivent, en vertu de la théorie
libérale classique, être délaissés par les Etats.
Cela entraine dans leur chef une réduction des investissements, et donc
des salaires et emplois. Les travailleurs employés dans ces secteurs
vont dès lors réclamer une protection de la part de leurs
autorités nationales. Il y a toujours, comme on peut le constater, des
gagnants et des perdants dans le
libre-échange95.
92 Max MAURIN, op. cit, page 117.
93 M. TODARO, Economic Development,
6ème edition, Longman, Londres, 1997, pp. 620-624.
94 Vincent P, op cit, page 21.
95 Ibidem, page 25.
Section 3. PRODUIT INTERIEUR BRUT
1) Définition du produit intérieur brut
Le Produit Intérieur Brut (PIB), est non seulement un
agrégat de la comptabilité nationale d'un Etat, mais aussi une
mesure de la richesse créée sur le territoire national pendant
une période déterminée (généralement une
année) par tous les agents économiques résidents
(entreprises nationales, étrangères et administrations). Il
inclut ainsi tous les biens et services qui sont produits pendant la
période courante96.
2) Rôle du produit intérieur brut
Cette notion est née après la crise de 1929 (le
4 janvier 1934), pour mesurer la richesse d'un pays. Son inventeur,
l'économiste Simon Kuznets avait été chargé, un an
auparavant par les sénateurs du congrès américain, de
fournir des informations économiques sur les Etats-Unis toujours
impactés par la crise de 1929. L'idée était
déjà de savoir ce qui compte. Depuis, en matière
économique, le PIB joue le rôle « D'indicateur
». Ce dernier est censé mesurer la quantité de
richesses (biens et services) produites chaque année dans un pays (ou
une région, ou une
ville)97.
Pour obtenir le produit intérieur brut, les
économistes s'accordent sur les composantes de la méthode
d'évaluation du PI3 par les dépenses qui est la plus
sollicitée. Ces composantes sont les suivantes : dépenses de
consommation (C) : il s'agit des dépenses des ménages et
services, à l'exception de l'achat de biens immobiliers neufs ;
dépenses d'investissement (I) : inclut les investissements privés
et publics ; achats du gouvernement (G) : les dépenses en biens et en
services effectuées par les différentes composantes du
gouvernement et les exportations moins les importations (X-M).
Ceci s'illustre par la formule suivante :
C+I+G+(X-M)98.
NB : la notion de PIB par habitant fait
référence à la valeur obtenue de la division du PIB par le
nombre d'habitant d'un Etat donné. Cependant, celle-ci reste
critiquée par certaines approches doctrinales selon lesquelles, le PI3
par habitant n'est souvent pas le reflet de la
96 Mohammed ABDELLAOUI, Cours de
Macro-économie, faculté des sciences juridiques,
économiques et sociales, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah,
année académique 2014-2015, page 31.
97 RESEAU FINANCITE, PATERNOTTE et Valery, «
Pour changer la finance, apprendre à compter : le PIB c'est quoi »,
dans Analyse, Réseau Financité, 25 septembre 2918, page
2.
98 Mohammed ABDELLAOUI, op. cit, page 36.
répartition des richesses produites au sein de la
population ni sur la qualité des infrastructures publiques et sociales
du pays en question99.
Dans le cadre de cette étude, nous ne nous
appesantirons pas sur toutes les procédures et données prises en
compte pour l'obtention du PIB. Sous réserve des données
essentielles à notre travail.
Par ailleurs, nous pouvons constater avec grand
intérêt, dans la brève présentation du P11B faite
ci-haut, que les exportations et les importations font parties
des données essentielles dans l'indication de l'Etat de santé
économique d'un pays et dans son évolution. D'où, dans les
relations commerciales internationales, les productions et exportations des
sujets du droit du commerce international valent leur pesant d'or et se
répercutent considérablement sur l'état de santé de
l'économie du pays exportateur. Ceci dit, l'impact du
libre-échange dans l'espace communautaire africain est d'une certaine
manière tributaire des capacités d'exportations des Etats
africains ayant ratifié l'Accord régional de libre-échange
et pour la RD Congo en particulier.
Sur ce, le prochain paragraphe se propose, essentiellement
à titre comparatif, de présenter l'évolution des P11B des
Etats africains membres de l'UA.
§3. Evolution des PIB des Etats africains de la zone
de libre-échange du continent africain selon le rapport de 2019 de la
banque africaine de développement
(BAD)
Depuis sa création en 1963, la Banque africaine de
développement a pour mandat de faire de l'intégration
régionale le pilier d'un développement économique et
humain global. C'est également une priorité essentielle pour
l'union africaine dans le cadre du nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique, de l'agenda 2063, et pour les
communautés économiques régionales. Ainsi, cette
institution fait annuellement des rapports de la situation économique
des Etats africains et contribue de ce fait à l'éveille de la
conscience des autorités africaines sur les principaux enjeux du
développement de leurs Etats en particulier et du continent en
général 100.
99 Alain LAMBERT, PIB, PIB par habitant, niveau
de vie, pouvoir d'achat, bien-être : quelques explications,
Economie&Finances, 24 aout 2005,
www.alain-lambert.org,
consulté le 29 mars 2020 à 17h30.
100 Groupe de la banque africaine de développement,
Perspectives économiques en Afrique 2019, Banque africaine de
développement, Côte d'Ivoire, 2019, page 112.
43
101 Groupe de la banque africaine de développement,
Perspectives économiques en Afrique 2019, op. cit, pp.
178232.
Le rapport de la BAD de 2019 est opportun pour le
présent travail non seulement parce qu'il est contemporain à la
ratification par les Etats africains de l'Accord mettant en place une zone de
libre-échange africaine, mais aussi parce qu'il nous permet d'avoir une
vue d'ensemble de la situation économique de ces Etats et dans qu'elle
mesure le libre-échange continental pourrait être une
opportunité car, nous le constaterons, les exportations ont permis
à certains Etats de redynamiser leurs P11B. Ce point nous permettra donc
de mener une étude comparative en analysant les facteurs d'influence du
P11B dans les Etats africains101
:
· REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : le
taux de croissance du P11B réel était estimé à 4%
en 2018, contre 3,7% en 2017 sous l'impulsion d'une amélioration des
cours des produits de base et d'une hausse de la production minière. Le
secteur primaire reste donc le principal moteur de croissance en 2018, soutenu
par le dynamisme de la branche « extraction » ;
· AFRIQUE DU SUD : la croissance du
P11B réel était de 0,7% en 2017 et en 2018, contre 1,3% en 2016
et 2017 avec une estimation de 2,0% en 2019 ;
· ALGERIE : la croissance du P11B
réel atteint 2,5% en 2018 contre 1,4% en 2017, avec une estimation de
2,7% en 2019 ;
· ANGOLA : la forte baisse des prix du
pétrole depuis 2014 a nui à l'économie tributaire du
pétrole et le taux de croissance du P11B réel a diminué de
0,2% en 2017 et d'environ 0,7% en 2018 ;
· BENIN : la croissance du P11B
réel a été estimée à 6,0 % en 2018, contre
5,4% en 2017 en raison des bonnes performances de l'agriculture ;
· BOTSWANA : la croissance du P11B
réel atteint 4,2% en 2018 contre 2,4% en 2017 principalement grâce
à l'exploitation minière et de l'expansion à grande
échelle des activités non minières ;
· BURKINA FASO : la croissance du P11B
réel a atteint 6,7% en 2017 et 7,0% en 2018 principalement grâce
à l'agriculture alimentaire, l'industrie extractive et l'égrenage
;
· BURUNDI : après une baisse de
-2% en 2017, la croissance du P11B réel atteint environ 1,4% en 2018
grâce à l'augmentation de la production de café et de
thé, au
44
45
46
47
redressement du secteur des services et aux performances du
secteur des industries manufacturières et agroalimentaires ;
· CAMEROUN : en 2018, la croissance du
P113 réel atteint 3,8% contre 3,5% en
2017 ;
· CENTRAFRIQUE : le P113 réel a
progressé de 4,3% en 2018 contre 4,0% en 2017 tiré par le secteur
primaire grâce à une reprise de l'exploitation forestière,
des activités agricoles et de l'extraction minière ;
· COTE D'IVOIRE : la croissance du P113
réel a atteint, selon les estimations, 7,4% en 2018, contre 7,7% en
2017, soutenue par la demande extérieure de produits agricoles et
pétroliers et par une demande intérieure accrue résultant
de grands projets d'investissement et de la consommation des ménages
;
· DJIBOUTI : la croissance
économique de Djibouti est estimée à 5,6% en 2018, contre
4,1 en 2017 en raison de l'investissement massif dans le secteur des
infrastructures ;
· EGYPTE : le taux de croissance du
P113 réel estimé à 5,3% en 2018 ;
· ERYTHREE : la croissance du P113
réel a été estimée à 4,2% en 2018, en
légère baisse par rapport à 5,0% en 2017 ;
· GABON : en 2018, son P113 réel
a augmenté de 2 % contre 0,5% en 2017 ;
· GAMBIE : la croissance du P113
réel est de 5,4% en 2018, supérieur aux 3,5%
de 2017 ;
· GHANA : entre 2014 et 2016, la
croissance du P113 réel est anémique et repart à 8,5% en
2017, pour s'établir à environ 6,2% en 2018 tirée
principalement par le secteur pétrolier ;
· GUINEE : la croissance du P113
réel était estimée à 5,9% en 2018, elle est
attribuée au secteur industriel dominé par l'exploitation
minière
· GUINEE-BISAU : la croissance du P113
réel, stabilisée à environ 5,3% en 2018 contre 5,9% en
2017 ; soutenue par une agriculture et une industrie de pèche solide
;
· ILE-MAURICE : l'économie
poursuit sa croissance avec un P11B réel estimé à 4,1% en
2018, par rapport à celui de 3,8% enregistré en 2017 ;
· KENYA : la croissance du P113
réel atteint environ 5,9% en 2018 contre 4,9%
en 2017 ;
· LIBERIA : la croissance du P11B
réel a rebondi pour s'établir à 3,2% en 2018 contre 2,5%
en 2017 grâce aux activités minières et
manufacturières ;
· MADAGASCAR : la croissance du PIB
réel a atteint environ 5,0% en 2018, contre 4,2% en 2017 ;
· MALAWI : la croissance du PIB
réel estimée à 3,7% en 2018 contre une baisse de 5,1%
enregistrée entre 2016 et 2017 ;
· MALI : la forte croissance de
l'économie se poursuit avec une croissance du PIB réel
estimée à 5,0% en 2018, en légère baisse par
rapport aux 5,3% en 2017 ;
· MAURITANIE : le taux de croissance du
PIB réel était estimé à 3,5% en 2017 et 2018 contre
1,8% en 2016 grâce à l'agriculture irriguée, la
pêche, les bâtiments et travaux publics ;
· MOZAMBIQUE : la croissance du PIB
réel a était estimée à 3,5% en 2018, contre 7% en
moyenne au cours de la période de 2004-2015 ;
· NAMIBIE : après une vigoureuse
croissance de 5,6% en moyenne entre 2010 et 2016, la croissance du PIB
réel s'est contractée de 0,9% en 2017 et d'environ 0,1% en 2018
;
· NIGER : la croissance du PIB
réel était estimée à 5,2% en 2018 en hausse par
rapport à 4,9% en 2017 indiquant la performance accrue du secteur
agricole ;
· NIGERIA : la croissance du PIPB
réel était estimée à 1,9% en 2018, reflétant
une reprise dans les services et l'industrie, en particulier les mines, les
carrières et la fabrication ;
· OUGANDA : la croissance du PIB
réel atteint 5,3% en 2018 contre 5,0% en
2017 ;
· REPUBLIQUE DE GUINEE EQUATORIALE : le
taux de croissance du PIB réel a poursuivi son déclin en 2018,
tombant à -7,9%, contre -2,9% en 2017, suite à la chute de la
production pétrolière due à une baisse des rendements des
puits en exploitation ;
· RWANDA : la croissance atteint 6,1%
en 2017 et environ 7,2% en 2018, soutenue par les services et l'industrie,
particulièrement la production industrielle ;
· SAO TOME-ET-PRINCIPE : la croissance
du PIB réel a été estimée à 4,1% en 2018,
contre 3,9% en 2017 grâce à la hausse des investissements
étrangers directs soutenant le secteur de la construction dans les
projets de développement ;
· SENEGAL : la croissance
estimée du PIB réel reste forte à 7,0% en 2018,
légèrement inférieure aux 7,2% de 2017 avec une croissance
du secteur primaire grâce à l'agriculture et aux activités
connexes ;
· SEYCHELLES : la croissance du P11B
réel atteint environ 3,6% en 2018, un taux inférieur aux 5,3% de
2017 ;
· SIERRA LEONE : la croissance du P11B
réel à environ 3,4% en 2018 et plus basse que celle de 5,8%
enregistrée en 2017 ;
· SOMALIE : la croissance du P11B
réel était estimée à 2,9% en 2018 ;
· SOUDAN : la croissance du P11B
réel était estimée à 4,1% en 2018, en
légère hausse par rapport aux 3,3% enregistrés en 2017
;
· SUD-SOUDAN : le P11B s'est
contracté de 3,8% en 2018 contre 6,3% en 2017 ;
· ESWATI : le taux de croissance du
P11B réel a diminué à environ -0,5% en 2018 après
un taux de 1,9% en 2017 ;
· TANZANIE : la croissance du P11B
réel est 6,7% en 2018, elle enregistre un ralentissement par rapport
à son niveau de 7,1% en 2017 ;
· TCHAD : la croissance s'est
établie à 2,8% contre -3,8% en 2017 ;
· TUNISIE : la croissance réel
du P11B devrait poursuivre le rebond amorcé en 2017 (1,9%) pour
atteindre 2,6% en 2018 ;
· ZAMBIE : la croissance du P11B
réel s'est poursuivie. Elle était de 4,0% en 2018 contre 4,1%
2017 ;
En définitive, nous pouvons constater que
l'année 2018 a été, pour bon nombre d'Etats africains en
général et la République Démocratique du Congo en
particulier, marquée par une importante croissance économique. Un
autre fait plus important et remarquable à tirer de cette
présentation des P11B africains est que l'expansion vers les secteurs
d'activités autres que ceux primaires s'est constituée en une
véritable porte de sortie vers l'émergence et
l'indépendance économique progressive. Ceci se constate notamment
avec le Rwanda, le Botswana, le Libéria, etc. ; qui
plus est la ratification de l'Accord de libre-échange continental le 21
mars 2018 pourrait bien être une aubaine pour échanger d'avantage
des produits et redonner plus d'allure à ces économies.
Cependant, on ne peut en dire autant pour la RD Congo. En
effet, son économie a certes repris du poil de la bête en 2018 ;
ceci n'est pas dû à l'expansion des secteurs d'activités
mais ceci s'explique par l'amélioration des cours des produits de base
et d'une hausse de la production minière. Ce qui reste, à notre
analyse, un handicap à élaguer.
NB : le PIB de la RD Congo était
évalué à 47, 23 milliards USD en 2018 et 48,46 milliards
USD en 2019 pour 97,88 millions d'habitants ; soit 495USD par habitants. La
Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque mondiale sont les
plus actives dans l'étude et la vulgarisation de cet indicateur pour ce
qui est des Etats africains.
48
102 Article 18 alinéa 3 de l'Accord portant
création de la zone de libre-échange continentale africain du 21
mars 2018.
Chapitre II. DE L'IMPACT DU LIBRE-ECHANGE CONTINENTAL
SUR L'ACCROISSEMENT DE L'ECONOMIE ET DU PIB DE LA RDC
Après l'analyse des contours
juridico-économiques de cette étude, le présent chapitre
vient porter un regard plus attentif au cas particulier de la République
Démocratique du Congo en analysant tout d'abord l'essentiel des
instruments juridiques internationaux de la ZLECAf qui désormais la
régissent dans ses échanges commerciaux internationaux, l'impact
que cela pourrait avoir sur son économie et son PIB au regard de ses
secteurs économiques et enfin, quelques perspectives (défis)
seront faites dans l'optique d'un impact sûr et avantageux du
libre-échange continental pour le pays.
Section 1. LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE
AFRICAINE
(ZLECAf)
La ZLECAf est régie par 4 instruments juridiques qui se
complètent. Il s'agit de : l'Accord portant création de la
ZLECAf, le Protocole sur le commerce des marchandises, le Protocole sur le
commerce des services et le Protocole sur les règles et
procédures relatives au règlement des différends. Sur ce,
cette section consiste en une présentation des points saillants de cet
encadrement juridique. Il est question d'éplucher les objectifs de ces
textes de droit ainsi que les organes qui en assurent la mise en oeuvre.
§1. Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018 et ses
protocoles
Le présent instrument juridique constitue le socle
même du libre-échange continental africain car il codifie non
seulement les objectifs et les principes directeurs de cet espace
communautaire, mais aussi le cadre institutionnel de la mise en oeuvre du
libre-échange continental africain.
Cet Accord n'annule, ne modifie ni n'abroge les droits et
obligations découlant des Accords commerciaux préexistants que
les États parties ont conclus avec des tierces
parties102 et en cas de conflit et
d'incompatibilité entre le présent Accord et tout autre Accord
régional, le présent Accord prévaut ; aussi, les Etats
parties qui sont membres d'autres communautés
49
50
51
52
économiques régionales, d'autres Accords
commerciaux régionaux et d'autres unions douanières, et qui ont
atteint entre eux des niveaux d'intégration régionale plus
élevés que ceux prévus par le présent Accord,
maintiennent ces niveaux entre
eux103.
1. Champ d'application
Aux fins de l'article 6 de l'Accord portant création
de la ZLECAf, cet accord régit plus précisément le
commerce des marchandises, le commerce des services, les investissements, les
droits de propriété intellectuelle et politique de
concurrence.
2. Objectifs
La mise sur pied de la ZLECAf réponds à des
objectifs généraux et des objectifs spécifiques,
dont104 :
A. Objectifs généraux :
· Créer un marché unique pour les
marchandises et les services facilité par la circulation des personnes
afin d'approfondir l'intégration économique du continent africain
et conformément à la vision panafricaine d'une « Afrique
intégrée, prospère et pacifique » telle
qu'énoncée dans l'Agenda 2063 ;
· Créer un marché libéralisé
pour les marchandises et services à travers des cycles successifs de
négociations ;
· Contribuer à la circulation des capitaux et des
personnes physiques et faciliter les investissements en s'appuyant sur les
initiatives et les développements dans les Etats parties et les CER ;
· Poser les bases de la création d'une union
douanière continentale à un stade ultérieur;
· Promouvoir et réaliser le développement
socio-économique inclusif et durable, l'égalité de genres
et la transformation structurelle des Etats parties ;
· Renforcer la compétitivité des
économies des Etats parties aux niveaux continental et mondial ;
103 Article 19 alinéa 3 de l'Accord portant
création de la zone de libre-échange continentale africaine du 21
mars 2018.
104 Article 3 et 4, Idem.
· Promouvoir le développement industriel à
travers la diversification et le développement des chaînes de
valeurs régionales, le développement de l'agriculture et la
sécurité alimentaire ; et
· Résoudre les défis de l'appartenance
à une multitude d'organisations qui se chevauchent, et
accélérer les processus d'intégration régionale et
continentale.
B. Objectifs spécifiques
:
· Eliminer progressivement les barrières
tarifaires et non-tarifaires au commerce des marchandises ;
· Libéraliser progressivement le commerce des
services ;
· Coopérer en matière d'investissement, de
droits de propriété intellectuelle et de politique de concurrence
;
· Coopérer dans tous les domaines liés au
commerce ;
· Coopérer dans le domaine douanier et dans la
mise en oeuvre des mesures de facilitation des échanges ;
· Etablir un mécanisme de règlement des
différends concernant leurs droits et obligations ; et ;
· Etablir et maintenir un cadre institutionnel de mise
en oeuvre et de gestion de la
ZLECAf.
3. Principes
La ZLECAf est régie par les
principes105 suivants :
· Action conduite par les États membres de l'Union
africaine ;
· Les Zones de libre-échange (ZLE) des CER
(Communauté Economique Régionale) comme piliers de la ZLECAf ;
· Flexibilité et traitement spécial et
différencié ;
· Transparence et diffusion de l'information ;
· Préservation des acquis ;
· Traitement de la nation la plus favorisée (NPF)
;
105 Article 5 de l'Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018.
· Traitement national ;
· Réciprocité ;
· Libéralisation substantielle ;
· Consensus dans la prise de décision ; et
· Prise en compte des meilleures pratiques au sein des
CER et dans le cadre des conventions internationales applicables à
l'Union africaine.
4. Cadre institutionnel de mise en oeuvre de la
ZLECAF
Pour assurer l'administration, la mise en oeuvre, le suivi et
l'évaluation de la ZLECAF, il est prévu le cadre institutionnel
composé d'organes ci-après : la Conférence ; le Conseil
des ministres ; le Comité des hauts fonctionnaires du commerce et le
Secrétariat106.
A. La Conférence
La Conférence, en tant qu'organe suprême de
prise de décision de l'UA, exerce un contrôle et donne des
orientations stratégiques sur le fonctionnement de la ZLECAf, y compris
le Plan d'action pour stimuler le commerce intra-africain (BIAT). La
Conférence a autorité exclusive pour adopter les
interprétations du présent Accord sur recommandation du Conseil
des ministres. L'adoption d'une interprétation est faite par
consensus107.
B. Le Conseil des ministres
Il est créé un Conseil des ministres
composé des ministres africains en charge du commerce, ou d'autres
ministres, autorités ou fonctionnaires dûment
désignés par les Etats parties. Le Conseil des ministres rend
compte à la Conférence par l'intermédiaire du Conseil
exécutif. Le Conseil des ministres, dans le cadre de son
mandat108 :
· Prend des décisions conformément au
présent Accord ;
· Assure et veille à la mise en oeuvre effective de
l'Accord ;
· Prend les mesures nécessaires pour la promotion
des objectifs du présent Accord et d'autres instruments y
afférents ;
106 Article 9 de l'Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018.
107 Article 10, Idem.
108 Article 11, Idem.
· Travaille en collaboration avec les organes et
institutions compétents de l'UA ;
· Encourage l'harmonisation des politiques,
stratégies et mesures appropriées pour la mise en oeuvre
effective du présent l'Accord ;
· Institue des comités, groupes de travail ou
groupes d'experts ad hoc ou permanents et leur délègue des
responsabilités ;
· Elabore son propre règlement intérieur
ainsi que celui de ses organes subsidiaires créés pour faciliter
la mise en oeuvre de la ZLECAf, et les soumet au Conseil exécutif pour
approbation ;
· Supervise les travaux de tous les comités et
groupes de travail qu'elle peut créer en application du présent
Accord ;
· Examine les rapports et activités du
Secrétariat et prend les mesures appropriées;
· Elabore les règlements, émet des
directives et fait des recommandations conformément aux dispositions de
l'Accord ;
· Examine et propose, pour adoption par la
Conférence, le statut du personnel et le règlement financier du
Secrétariat ;
· Examine et soumet pour adoption par la
Conférence, par l'intermédiaire du Conseil exécutif, la
structure organisationnelle du Secrétariat;
· Approuve les programmes de travail de la ZLECAf et de
ses organes ;
· Examine les budgets de la ZLECAf et de ses organes et
les soumet à la conférence par l'intermédiaire du Conseil
Exécutif ;
· Formule des recommandations à la
Conférence pour l'adoption de l'interprétation faisant
autorité ;
· Exerce toute autre fonction conformément au
présent accord ou toute autre fonction qui pourrait lui être
confiée par la Conférence ;
· Le Conseil des ministres se réunit au moins
deux fois par an en session ordinaire et, en temps de besoin, en sessions
extraordinaires ;
· Les décisions prises par le Conseil des
ministres, dans l'exercice de son mandat, sont contraignantes pour les Etats
parties ;
· Les décisions ayant une incidence juridique,
structurelle ou financière sont, dès leur adoption par la
Conférence, contraignantes pour les Etats parties ;
· Les Etats parties prennent les mesures
nécessaires en vue de mettre en oeuvre les décisions du Conseil
des ministres.
53
54
55
C. Le Comité des hauts fonctionnaires du
commerce
Le Comité des Hauts fonctionnaires du commerce est
composé des secrétaires généraux ou directeurs
généraux, ou de tout autre fonctionnaire désigné
par chaque État partie. Cet
organe109 :
· Met en oeuvre les décisions du Conseil des
ministres ;
· Est responsable du développement des programmes
et plans d'actions pour la mise en oeuvre de l'Accord ;
· Assure le suivi, examine en permanence et s'assure du
bon fonctionnement et du développement de la ZLECAf, conformément
aux dispositions du présent Accord ;
· Crée des comités ou d'autres groupes de
travail, en temps de besoin ;
· Supervise la mise en oeuvre des dispositions du
présent Accord et, à cette fin, peut demander à un
Comité technique d'étudier toute question particulière
;
· Instruit le Secrétariat de la ZLECAf de mener
des missions spécifiques ; et
· Assume toutes autres fonctions conformément au
présent Accord ou qui peuvent être requises par le Conseil des
ministres.
Sous réserve de toutes directives émanant du
Conseil des ministres, le Comité des Hauts fonctionnaires du commerce se
réunit au moins deux fois par an et fonctionne conformément au
règlement intérieur, tel qu'adopté par le Conseil des
ministres. Il soumet au Conseil des ministres, à l'issue de chacune de
ses réunions, un rapport pouvant contenir des
recommandations110.
D. Le Secrétariat
La Conférence crée le Secrétariat
décide de sa nature, sa localisation et approuve sa structure ainsi que
son budget. Le Secrétariat est un organe institutionnel du
système de l'Union africaine ayant une autonomie fonctionnelle et
doté d'une personnalité juridique indépendante. Le
Secrétariat est autonome vis-à-vis de la Commission de l'Union
africaine. Les fonds du Secrétariat proviennent du budget annuel global
de l'Union africaine. Les
109 Article 11 de l'Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018.
110 Idem.
pouvoirs et les fonctions du Secrétariat sont
déterminés par le Conseil des ministres du
Commerce111.
S'agissant des décisions de ces organes, il sied de
préciser qu'elles sont prises par consensus. Nonobstant les dispositions
de l'alinéa 1, le Comité des hauts fonctionnaires du commerce
renvoie pour examen, par le Conseil des ministres, les questions sur lesquelles
il n'a pu parvenir à un consensus. Le Conseil des ministres renvoie les
questions à la Conférence en cas d'absence de consensus. Les
décisions sur les questions de procédure sont prises à la
majorité simple des Etats parties ayant le droit de vote. Les
décisions visant à déterminer si une question est de
procédure ou non sont également prises à la
majorité simple des Etats parties ayant le droit de vote. L'abstention
d'un Etat partie habilité à voter n'empêche pas l'adoption
des décisions112.
Dans des circonstances exceptionnelles, le Conseil des
ministres peut accorder une dérogation à un Etat partie au
présent Accord, à la demande d'un Etat partie, à condition
qu'une telle décision soit prise à la majorité des
trois-quarts des Etats parties, en l'absence de consensus. Une demande de
dérogation émanant d'un Etat partie concernant le présent
Accord est soumise à l'examen du Conseil des ministres, en vertu de la
pratique relative à la prise de décision par consensus. Le
Conseil des ministres fixe un délai, qui ne doit pas dépasser
quatre-vingt-dix (90) jours, pour examiner la demande. Si le consensus n'est
pas obtenu dans ce délai, la décision d'accorder une
dérogation est prise à la majorité des trois-quarts des
Etats parties113.
Une décision du Conseil des ministres accordant une
dérogation précise les circonstances exceptionnelles justifiant
cette décision, les conditions et modalités régissant
l'application de ladite dérogation et la date à laquelle cette
dérogation prend fin. Toute dérogation accordée pour une
période de plus d'un an doit être réexaminée par le
Conseil des ministres, un (1) an au plus tard après son octroi, et
ensuite annuellement jusqu'à la fin de la dérogation. Lors de
chaque examen, le Conseil des ministres vérifie si les circonstances
exceptionnelles justifiant la dérogation existent toujours et, si les
conditions et modalités de la dérogation ont été
respectées. Sur la base de l'examen annuel, le Conseil des ministres
peut prolonger, modifier ou mettre fin à la
dérogation114.
111 Article 12 de l'Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018.
112 Article 14, Idem.
113 Article 15, Idem.
114 Idem.
§2. Protocole sur le commerce des marchandises de
2018
Le protocole sur le commerce des marchandises codifie les
règles et principes essentiels relatifs à l'échange des
marchandises (tel que prévu en son article 3 alinéa 1) dans la
zone de libre-échange continentale africaine ; il complète ainsi
l'Accord portant création de la ZLECAf dont les dispositions concernent
l'organisation générale de cet espace communautaire. Ainsi, pour
ce qui est du protocole sur le commerce des marchandises, nous
présenterons successivement les objectifs, les principes posés et
les exceptions y relatives.
1. Objectifs
L'objectif principal du présent Protocole est de
créer un marché libéralisé pour le commerce des
marchandises. L'objectif spécifique quant à lui est de stimuler
le commerce intra-africain des marchandises
par115 :
· L'élimination progressive des tarifs douaniers
;
· L'élimination progressive des barrières
non-tarifaires ;
· L'amélioration de l'efficacité des
procédures douanières, la facilitation des échanges et du
transit ;
· Le renforcement de la coopération dans le
domaine des obstacles techniques au commerce et des mesures sanitaires et
phytosanitaires ;
· Le développement et la promotion des chaines de
valeurs aux niveaux régional et continental ; et
· Le renforcement du développement
socio-économique, de la diversification et de l'industrialisation en
Afrique.
2. Principes
A la lumière du présent protocole, deux
principes fondamentaux régissent le commerce des marchandises. Il s'agit
du principe de la non-discrimination (avec comme corollaire : le traitement
national et le traitement de la nation la plus favorisée) et celui
de la libéralisation du commerce (impliquant : l'élimination
des obstacles au commerce).
115 Article 2 du Protocole sur le commerce des marchandises du
21 mars 2018.
56
Avant d'analyser les exceptions à ces principes, il
sied de rappeler brièvement les contenus de ces principes
déjà analysés dans le cadre du premier chapitre. Il s'agit
des principes suivants116 :
? Le principe de « La non-discrimination »
en appel à l'application du principe « Du traitement national
» qui, au fin de l'article 5 du Protocole, suppose que chaque Etat
partie accorde aux produits importés d'autres Etats parties un
traitement non moins favorable que celui qu'il accorde aux produits similaires
domestiques d'origine nationale, après que les produits importés
auront été dédouanés.
? Le deuxième corolaire, « Le traitement de
la nation la plus favorisée » prévu à l'article
4 alinéa 2 du Protocole, prévoit qu'aucune disposition du
présent Protocole n'empêche un Etat partie de conclure ou de
maintenir des arrangements commerciaux préférentiels avec des
parties tierces, à condition que ces arrangements commerciaux
n'entravent ou ne compromettent la réalisation des objectifs du
présent Protocole et que tout avantage, concession ou privilège
accordé à une partie tierce en vertu de tels arrangements soit
accordé à tous les autres Etats parties, sur la base de la
réciprocité.
? Enfin, le principe de la « Libéralisation
du commerce » suppose, aux fins des dispositions des articles 7 et 9
du Protocole, l'élimination des obstacles au commerce et restrictions
quantitatives aux importations ou aux exportations.
3. Exceptions
Les exceptions prévues en cette matière sont les
suivantes117 :
? Traitement spécial et différencié
: l'article 6 du Protocole dispose que
conformément aux objectifs de la ZLECAf et aux fins d'assurer un
commerce des marchandises global et mutuellement bénéfique, les
Etats parties accordent des flexibilités aux autres Etats parties
à différents niveaux de développement économique ou
qui ont des spécificités individuelles reconnues par d'autres
Etats parties. Ces flexibilités comprennent, entre autres, des
considérations spéciales et périodes transitoires
additionnelles dans la mise en oeuvre de l'Accord au cas par cas.
116 Article 4 alinéa 2, 5, 7 et 9 du Protocole sur le
commerce des marchandises du 21 mars 2018.
117 Articles 6, 24 et 19, Idem.
57
? Industries naissantes : l'article 24 du Protocole
dispose à ce sujet qu'afin de protéger une industrie naissante
ayant une importance stratégique au niveau national, un Etat partie
peut, à condition de prendre des mesures raisonnables visant à
surmonter les difficultés auxquelles une telle industrie est
confrontée, imposer des mesures de protection d'une telle industrie. De
telles mesures s'appliquent sur une base non discriminatoire et pour une
période de temps déterminée.
? Mesures de sauvegarde préférentielles
: il est aussi prévu par l'article 19 du Protocoles que les Etats
parties peuvent appliquer des mesures de sauvegarde aux situations dans
lesquelles il y a une augmentation soudaine des importations d'un produit dans
un Etat partie dans des conditions qui causent ou menacent de causer un dommage
grave aux producteurs nationaux de produits similaires ou directement
concurrents sur le territoire.
Cette dernière situation exceptionnelle est celle
envisagée dans le cas où les intérêts de l'Etat sont
en périls de suite d'un solde négatif de sa balance commerciale.
Cette dernière est définie comme la différence entre les
exportations et les importations. Lorsque cette différence est
négative, on en conclut que les importations priment sur les
exportations, a contrario lorsque la différence est
positive118.
NB : la balance commerciale est une partie
de la balance de paiement. Cette dernière est un document comptable qui
retrace sous forme comptable l'ensemble des échanges de biens et
services et capitaux pendant une période donnée entre agents
économiques résidents d'un pays et le reste du
monde119.
118 Mathilde DAMGE, Comprendre le déficit
commercial en trois graphiques, Le Monde, 4 mars 2014,
www.lemonde.fr,
consulté le 8 avril 2020 à 13h34.
119 Laurent NGOY NDJIBU, Cours des relations
économiques internationales, op cit, page 18.
58
Notons que l'article 26 du Protocole prévoit d'autres
exceptions plus générale sous réserve qu'elle ne soient
pas appliquées d'une manière à constituer un moyen de
discrimination arbitraire ou injustifiable entre les Etats parties où
les mêmes conditions existent, ou une restriction déguisée
au commerce international. Ainsi il n'est pas interdit aux Etats Parties
l'adoption ou l'application des mesures120
:
· Nécessaires à la protection de la
moralité publique ou au maintien de l'ordre
public ;
· Nécessaires à la protection de la vie ou
de la santé des personnes et des animaux ou à la
préservation des végétaux ;
· Se rapportant à l'importation ou à
l'exportation de l'or ou de l'argent ;
· Se rapportant aux articles fabriqués dans les
prisons ;
· Nécessaires pour assurer le respect des lois ou
règlements qui ne sont pas incompatibles avec les dispositions du
présent Protocole, y compris ceux portant sur l'application des mesures
douanières, la protection des brevets, marques de fabrique et droits
d'auteur et de reproduction, et aux mesures propres à empêcher les
pratiques de nature à induire en erreur ;
· Imposées pour la protection des trésors
nationaux ayant une valeur artistique, historique ou archéologique ;
· Se rapportant à la conservation des ressources
naturelles épuisables, si de telles mesures sont appliquées
conjointement avec des restrictions à la production ou à la
consommation nationales ;
· Prises en exécution d'engagements
contractées en vertu d'un Accord intergouvernemental sur un produit de
base approuvé par les Etats parties ;
· Comportant des restrictions à l'exportation des
matières premières nécessaires pour assurer à une
industrie nationale de transformation les quantités essentielles
desdites matières premières pendant les périodes où
le prix national en est maintenu au-dessous du prix mondial en exécution
d'un plan gouvernemental de stabilisation, sous réserve que ces
restrictions n'aient pas pour effet d'accroître les exportations ou de
renforcer la protection accordée à cette industrie nationale et
qui ne soient pas contraire aux dispositions du présent Protocole
relatives à la non-discrimination ; et
120 Article 26 du Protocole sur le commerce des marchandises du
21 mars 2018.
59
? Essentielles à l'acquisition ou à la
répartition des produits alimentaires ou tout autres produits en
général pour lesquels se fait sentir une pénurie
générale ou locale, à condition que ces mesures soient
compatibles avec le principe selon lequel tous les Etats parties ont droit
à une part équitable de l'approvisionnement international de ces
produits, et que les mesures qui sont incompatibles avec les dispositions du
présent Protocole soient supprimées dès que les
circonstances qui les ont motivées auront cessé d'exister.
Au regard des exceptions ci-haut présentées, il
sied tout de même de souligner la forte controverse qui pèse sur
la question des « Barrières non tarifaires ».
Celles-ci se présentent comme étant infranchissables,
délicates à déceler et entrainant très souvent un
effet protectionniste quoiqu'ayant un but légitime. Il s'agit de toute
mesure ou pratique d'origine publique ou privée dont l'objet ou l'effet
est de freiner l'accès des produits étrangers sur un
marché national donné que ce soit au stade de l'importation ou de
la commercialisation121. Certaines
de ces mesures non-tarifaires sont jugées pertinentes, qui plus est,
classifiées par le système de codification de la CNUCED
(Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement)122.
En effet, le recours de façon légale à
des barrières non tarifaires a été souvent justifié
par le respect de « La sécurité des consommateurs et de
l'environnement »123.
Dans le cadre de l'OMC, pour éviter les usages
subjectifs et abusifs de ces barrières non tarifaires au point
d'instituer un protectionnisme latent, deux accords ont été
adoptés pour règlementer l'usage de ces obstacles. Il s'agit
respectivement de l'Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires et
l'Accord sur les obstacles techniques au commerce légitimant le droit
des Etats d'adopter les mesures obstacles techniques au commerce au niveau
qu'ils considèrent approprié124.
121 Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit commercial II :
Droit du commerce international et contrats commerciaux, op. cit, page
50.
122 Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement, Classification internationale des mesures non
tarifaires, Nations-Unies, Genève, 2012, page 1.
123 Laila MKIMER-BENGELOUNE, op. cit, page 46.
124 Laurent NGOY NDJIBU op. cit, page 53.
60
§3. Protocole sur le commerce des services de
2018
1. Objectifs
L'article 3 du présent Protocole consacre un objectif
général et des objectifs spécifiques. L'objectif principal
est de soutenir les objectifs de la ZLECAf particulièrement à
travers la création d'un marché unique et
libéralisé du commerce des services.
Les objectifs spécifiques sont les
suivants125 :
· Renforcer la compétitivité des services
grâce aux économies d'échelle, à la réduction
des coûts des affaires, à l'amélioration de l'accès
au marché continental et à une meilleure affectation des
ressources, notamment le développement des infrastructures liées
au commerce ;
· Promouvoir le développement durable
conformément aux objectifs de développement durable (ODD) ;
· Favoriser les investissements nationaux et
étrangers ;
· Accélérer les efforts de
développement industriel pour promouvoir le développement des
chaînes de valeur régionales ;
· Libéraliser progressivement le commerce des
services sur le continent africain sur la base des principes
d'équité, d'équilibre et d'avantages mutuels, en
éliminant les barrières au commerce des services ;
· Assurer la cohérence et la
complémentarité entre la libéralisation du commerce des
services et les différentes annexes dans les secteurs de services
spécifiques ;
· Poursuivre la libéralisation du commerce des
services conformément à l'article V de l'Accord
général sur le commerce des services (AGCS) en élargissant
et en approfondissant la libéralisation, en accroissant, en
améliorant et en développant l'exportation des services, tout en
préservant pleinement le droit de réglementer et d'introduire de
nouvelles réglementations ;
· Promouvoir et renforcer la compréhension
mutuelle et la coopération dans le domaine du commerce des services
entre les États parties afin d'améliorer la capacité,
l'efficacité et la compétitivité de leurs marchés
de services ; et
125 Article 3 du Protocole sur le commerce des services de
2018.
61
? Promouvoir la recherche et le progrès technologique
dans le domaine des services afin d'accélérer le
développement économique et social.
NB : les principes qui régissent la
ZLECAf en général sont les mêmes qui régissent ces
protocoles.
§4. Protocole sur les règles et
procédures relatives au règlement des différends de
2018
L'article 3 du présent Protocole dans ses
alinéas 1, 3 et 4 dispose qu'il s'applique aux différends
survenant entre les Etats parties concernant leurs droits et obligations en
vertu des dispositions de l'Accord. A cet effet, une procédure de
règlement de différend est considérée comme ayant
été initiée lorsqu'un Etat partie plaignant introduit une
requête en consultation et un Etat partie qui invoque les règles
de procédures de ce Protocole en relation avec une question
spécifique, ne doit pas recourir à un autre forum de
règlement des différends sur la même
affaire126.
Avant d'aborder brièvement ce qu'il en est de la
procédure, il sied de présenter le cadre institutionnel
intervenant dans le processus de règlement des différends.
1. Cadre institutionnel du règlement des
différends A. L'Organe de règlement des différends
(ORB)
L'ORD est un organe institué par l'article 20 de
l'Accord de la ZLECAf et se charge de la mise en oeuvre du présent
Protocole ; il est constitué des représentants des Etats parties.
Aux fins de l'article 5 alinéa 3 du Protocole, les compétences
ci-après lui sont
reconnues127:
? Créer des groupes spéciaux de
règlement des différends et un organe d'appel
(OA) ;
? Adopter les rapports des groupes spéciaux et de l'OA
;
? Assurer la surveillance de la mise en oeuvre des
décisions et recommandations des groupes spéciaux et de l'OA ;
et
126 Article 3, alinéas 1, 3 et 4 du protocole sur les
règles et procédures relatives au règlement des
différends de 2018.
127 Article 5, Idem.
62
? Autoriser la suspension des concessions et
autres obligations qui résultent de
l'Accord.
2. Procédure
Lorsqu'un différend survient entre les Etats parties,
ceux-ci font recours en premier lieu à la procédure des
consultations en vue de trouver une solution à l'amiable.
Lorsqu'une solution à l'amiable n'est pas trouvée, une partie au
différend, après avoir notifié aux autres parties au
différend, saisit l'ORD de l'affaire, à travers le
président de l'ORD et demande la mise en place d'un Groupe
spécial de règlement du différend. L'ORD adopte le
Règlement de procédure pour la sélection des membres du
Groupe spécial, y compris les questions de conduite pour assurer leur
impartialité. Le Groupe spécial met en marche le processus de
résolution formelle du différend conformément au
présent Protocole et les parties au différend s'engagent à
observer de bonne foi et en temps utile, les orientations, les décisions
et les prescriptions du Groupe spécial en ce qui concerne les questions
de procédure. Les parties présentent leurs conclusions, arguments
et objections dans la forme fixée par le Groupe
spécial128.
NB : Tout État partie à un
différend peut à tout moment entreprendre volontairement les
procédures de bons offices, conciliation ou de médiation. Ces
procédures sont confidentielles et sans préjudice des droits des
États parties dans toutes autres procédures. Les bons offices, la
conciliation ou la médiation peuvent être demandés à
tout moment par l'une des Parties à un différend. Ces
procédures peuvent commencer à tout moment et il peut y
être mis fin à tout moment. Lorsqu'il est mis fin aux
procédures de bons offices, de conciliation ou de médiation, la
Partie plaignante peut demander la mise en place d'un Groupe
spécial129. Les parties
à un différend peuvent recourir à l'arbitrage sur la base
d'un accord mutuel et conviennent de la procédure à suivre. Les
parties qui soumettent un différend à l'arbitrage au titre du
présent article ne peuvent soumettre simultanément la même
question à l'ORD. La convention d'arbitrage est notifiée à
l'ORD130. Les
délibérations du Groupe spécial sont
confidentielles131.
128 Article 6 alinéas 1, 2, 3, 4 du protocole sur les
règles et procédures relatives au règlement des
différends de 2018.
129 Article 8 alinéas 1 et 2, Idem.
130 Article 27 alinéas 1, 2, 3, Idem.
131 Idem.
63
L'appel intenté contre la décision du Groupe
spécial est présenté devant l'Organe d'Appel (OA) dont
l'exécution de la décision est assurée par
l'ORD132.
Ce sont là les principaux instruments juridiques qui
encadrent les rapports commerciaux au sein de la ZLECAf. Le point suivant
analyse la situation économique de la RDC et l'impact que cette
adhésion à la ZLECAf pourrait avoir sur celle-ci.
§5. Opportunités économiques de
l'adhésion à la ZLECAf
Malgré les obstacles que peuvent présenter la
ratification de l'Accord instituant la ZLECAf, il est indéniable que les
opportunités de croissance et de développement qui en
découlent sont certains. En effet, selon une étude menée
par la Banque Mondiale, il ressort que la ZLECAf pourrait entre
autres133 :
· Sortir 30 millions d'africains de l'extrême
pauvreté et augmenter les revenus de près de 68 millions d'autres
personnes qui vivent avec moins de 5.50dillaes par jours ;
· Augmenter les revenus de l'Afrique de 450 milliards de
dollars d'ici à 2035 ;
· Accroitre de 560 milliards de dollars les exportations
africaines, essentiellement dans le secteur manufacturier ;
· Augmenter de 10% le salaire des travailleurs non
qualifiés et de 9% celui des travailleurs qualifiés ;
· L'Afrique centrale connaitrait une baisse du nombre de
personnes vivant dans l'extrême pauvreté de 9.3 millions ;
· Faciliter la création de chaines
d'approvisionnement régionales qui ont été des moteurs de
développement dans d'autres régions du monde et l'Union Africaine
estime que la ZLECAf permettra d'augmenter de près de 60 pourcent d'ici
2022 le commerce intra-africain et donner un coup de fouet à l'ensemble
de ses économies. Les pays doivent ainsi mettre en place des politiques
pour faire face aux défis de cette adhésion ; entre autres
d'énormes investissements dans les infrastructures permettant
l'interconnexion des aéroports, des chemins de fer, routes et
systèmes de télécommunication. De plus, des experts notent
que les effets négatifs liés à la diminution des recettes
budgétaires
132 Article 20 alinéa 1 du Protocole sur les
règles et procédures relatives au règlement des
différends de 2018. 133Banque mondiale, Zone de
libre-échange : effects économiques et redistributifs,
27 juillet 2020,
www.banquemondiale.org,
consulté le 15 octobre 2020 à 15h12.
64
65
due à la baisse des droits de douane seront probablement
faibles mais qu'un protectionnisme prononcé produirait des effets plus
nocifs134.
Ayant présenté les opportunités
qu'offraient la ZLECAf, le point suivant se propose de confronter lesdites
opportunités aux particularités de l'économie congolaise
afin d'en ressortir les principaux enjeux.
Section 2. L'ESSENTIEL DE L'ECONOMIE CONGOLAISE
Pour toute entité étatique, l'activité
économique est généralement divisée en 3 grands
secteurs représentatifs ; dont le secteur primaire, le secteur
secondaire et le secteur tertiaire.
§1. Au niveau du secteur primaire
De manière générale, le secteur primaire
concerne les activités liées à l'exploitation des
ressources naturelles et des activités extractives entre autres :
l'agriculture, la chasse, l'élevage, l'exploitation forestière et
minière135. D'autres
auteurs comme Alfred Sauvy et Jean Fourastié renchérissent en
disant que l'exploitation des ressources naturelles qui aboutit à la
production d'aliments ou de matières premières constitue
également le secteur primaire. Ce secteur représente le support
général de toute
économie136.
Pour ce qui est de la RD Congo, il faut tout d'abord noter
qu'elle renferme le plus grand couvert forestier d'Afrique centrale, avec 128
millions d'hectares de forêts humides, soit 47 pour cent du massif
forestier tropical. Le bois qui peut contribuer davantage au revenu du pays,
est malheureusement exporté à l'état brut en outre le
Cuivre, le diamant, le bois, le cobalt, l'argent, l'uranium, le coltan, l'or,
l'étain, le tungstène, le manganèse font partie de ses
principales productions137. Le
pays compte parmi les géants miniers actuels du monde. En effet, il est
un secret de polichinelle que son sol et son sous-sol regorgent
d'énormes potentialités
134 Yasuyoshi CHIBA, « Le libre-échange en
Afrique, au-delè des obstacles, la croissance », in Le Monde
Afrique, économie, 2019,
www.lemonde.fr, consulté le
15 octobre 2020 à 14h39.
135 Gérard BOUCHARD, Christian POUYEZ et Raymond ROY,
« Le classement des professions par secteurs d'activité :
aperçu critique et présentation d'une nouvelle grille », in
Actualité économique, volume 55, N°4, HEC
Montréal, 1979, page 586.
136 Alfred SAUVY, Progrès technique et
répartition professionnelle de la population, Population, volume 4,
N°1, 1949, page 59.
137 Patricia MAKAYA GABOUA, op. cit, pp 60-62.
inégalement réparties sur l'ensemble du
pays138. A titre illustratif, nous
trouvons dans ce secteur des sous catégories telles
que139 :
? Les entreprises agricoles d'élevages et de
pèche : fermes, plantations ; ? Les entreprises d'extraction des
produits pétroliers ou hydrocarbures ;
? Les entreprises de production minières : GECAMINES,
MIBA, BOSS Minning, AMB Mining, ASHANTI GOLDFIELD, BANRO SARL, etc.
Comme souligné dans le point relatif à la
présentation évolutive des PIB des Etats africains, il sied de
rappeler que ce secteur extractif a constitué pour la RD Congo, en 2018
notamment, le principal moteur de l'économie du pays. En 2017, le
secteur extractif a contribué à 99% aux exportations et à
34% aux recettes de l'Etat140.
Plus de 90% de ses exportations sont donc des matières
premières et 40% le sont à la direction de la Chine, ce qui rend
son économe très dépendante à la fois de
l'évolution du cycle des matières premières et de la
demande chinoise141.
§2. Au niveau du secteur secondaire
Le secteur secondaire, selon Colin Clark, consiste en «
la transformation continue », sur une grande échelle, des
matières premières en produits
finis142 ; il s'agit donc des
activités liées à la manufacture et la
construction143. D'une
manière explicite, Clark ne conserve dans le secondaire que les
activités à haut potentiel de mécanisation et il fait de
ce secteur le baromètre du développement. Ce qui justifie, comme
évoqué dans le premier chapitre, le développement en 2018
des Etats africains dont les secteurs secondaires ont été
redynamisés 144.
138 Patricia MAKAYA GABOUA, op. cit, page 65.
139 Prince-Marck MUDIMBI NGOY, Etude par secteur
économique des activités des petites et moyennes entreprises et
leur apport dans le développement de la ville de Lubumbashi en RDC,
mémoire de licence en économie publique, Université de
Lubumbashi, 2011.
140 Groupe de la banque africaine de développement,
Perspectives économiques en Afrique 2019, op. cit, page 188.
141 Ministère de l'économie et des finances,
L'économie de la RD Congo, Trésor Direction
générale, 16 janvier 2020,
www.tresor.economie.gouv.fr,
consulté le 11 avril 2020 à 14h27.
142 Colin CLARK, Les conditions du progrès
économique, PUF, Paris, 1960, page 153.
143 HERSHBERG, M. KATZ, S. BLUMIN et alii, «Occupation
and Ethnicity in Five Nineteenth-Century Cities: A collaborative Inquiry»,
Dans Historical Methods Newsletter, volume 8, N°3, 1974, pp
188-189.
144 Gérard BOUCHARD, Christian POUYEZ et Raymond ROY,
« Art.Cit », dans Loc.Cit, page 587.
66
Sur ce point, nous évoquerons le répertoire et
la cartographie des industries qui est un document essentiel nouvellement
instauré et permettant à l'Etat de mieux orienter sa politique
industrielle. Pour ce secteur, au regard de la RD Congo, il faut souligner
d'entrée de jeu que connaitre le nombre des entreprises industrielles,
leurs activités et leur localisation est un prérequis quand on
veut gérer au mieux le développement industriel d'un pays. Ainsi,
la cellule d'études et de planification industrielle (CPI) du
ministère chargé de l'industrie, a publié la
quatrième édition du répertoire et de la cartographie des
entreprises industrielles en RDC. Le document présente différents
établissements industriels actifs, exerçant dans 16 branches
d'activités et implantés dans 23 provinces. La capitale Kinshasa
abrite 36,5% des unités industrielles contre 13,7% pour la province du
Haut-Katanga et 11,6% pour la province du Nord-Kivu. Il en ressort que 3
activités dominent l'industrie manufacturière en RDC, à
savoir la branche produits alimentaires représentée par 179
unités, la fabrication de boissons avec 82 usines et la branche produits
chimiques forte de 45 unités. Il faut tout de même préciser
que certaines branches sont en voie de disparition. Il ne reste plus qu'une
usine en activité dans la transformation du cuir contre 3 dans la
fabrication de textile, de plus, 99 usines ont disparu de l'annuaire alors que
33 sont en arrêt de
production145.
Sur cette même lancée, nous avons
procédé pour ce secteur et au vu de son importance
particulière par rapport aux autres secteurs, à un recensement de
quelques sociétés industrielles (manufacturières) actives
que regorge la RD Congo. Il s'agit notamment
de146 :
· BAT CONGO SARL (industrie de Tabac) ;
· BRACONGO (Brasserie et Limonaderie) ;
· BRALIMA SARL (Brasserie et Limonaderie) ;
· CILU SARL (Cimenterie) ;
· CONGO FUTUR (Plastique, biscuiterie, laiterie) ;
· DOVER COSMETICS (Cosmétique) ;
· MAFRICOM (Conditionnement et distribution de lait, et
de savons en poudre) ;
· MARSAVCO SARL (Savonnerie, Huile & Margarine) ;
145AfricaExclusive, Les données sur les
Entreprises industrielles Mises à jours, 2018, consulté sur
www.africaexclusive.net,
le 16 mai 2020 à 13h45.
146Congo virtuel, Entreprises privées
RDC,
www.congovirtuel.com,
consulté le 15 mai 2020 à 11h32.
·
67
MIDEMA (Minoterie) ;
· PERENCOREP (Production hydrocarbure) ;
· SOCIR SARL (Raffinage Pétrole Brut) ;
· FEMCO (Industrie cosmétique) ;
· GHANDOUR INDUSTRIE (Industrie cosmétique) ;
· MINOCONGO (Minoterie) ;
· NOVA PRODUCT SARL (Huile & Margarine, Biscuiterie,
Cosmétique, Eau minérale) ;
· PLASTICA (Plastique) ;
· TISSAKIN (Emballages) ;
· BOUKIN (Bouteillerie) ;
· CARRIGRES SARL (Matériaux de construction) ;
· CARTOMO (Cartonnerie) ;
· COBEGA (Bouchons) ;
· FRANCOPLAST (Plastique) ;
· PEGAL (Papier et Cartons) ;
· PLASTINOVA (Plastique) ;
· SAFBOIS (Transformation du Bois) ;
· SAVCOKI (Savonnerie) ;
· SOCIETE INDUSTRIELLE DES PLASTIQUES (Plastique) ;
· SOGALKIN (Métallurgie) ;
· AMA Ets (Production de Yaourt) ;
· COMPAGNIE SUCRIERE KWILU NCONGO SARL (Sucrière)
; Etc.
Il sied de renseigner en outre que la RD Congo est le
4ème producteur mondial de diamant. De plus, les cimenteries
dont elle dispose dans le Bas-Congo et dans la Province ex KATANGA ont
dynamisé le secteur secondaire notamment avec la construction en 2017.
On note également la présence des industries
manufacturières en particulier celles des boissons et celles du tabac
dont le dynamisme a impulsé le secteur secondaire en
2016147.
147 Patricia MAKAYA GABOUA, op. cit, page 60.
68
Après ce bref recensement qui vient d'être fait,
on serait tout à fait tenté de se demander pourquoi le pays
demeure dépendant des autres économies et n'exporte en grande
partie que les produits du secteur primaire. La cause est tout à fait
évidente. En abord de ce point nous avons souligné que certaines
branches de production étaient en voie de disparition (celle du textile
notamment) et que certaines usines connaissaient des arrêts de
production. Qui plus est, l'on s'accordera certainement sur le fait que si la
production n'est pas suffisante au niveau national, la tendance sera de combler
le reste par les importations ; ce qui justifierait à notre analyse le
fait que les exportations dans le secteur primaire sont prédominantes
(Au regard des avantages du pays dans ce domaine) et les importations sont de
plus en plus importantes.
§3. Au niveau du secteur tertiaire
Le secteur tertiaire quant à lui regroupe les
activités relatives au commerce ; au transport ; au service public ; au
service domestique (ou personnel) ; aux professions ; à
l'éducation et à la fonction
publique148. Les entités de
ce secteur ne produisent rien issu de la transformation, n'exploitent aucun
élément naturel, mais rendent, soit des services ou
commercialisent les produits fabriqués par les autres secteurs. Ainsi,
les entreprises du tertiaire sont de 3 ordres : les entreprises de
prestation des services marchands (CAA, HEWABORA,...), les
administrations ou entreprise de prestation des services non marchands
(Les divisions provinciales, ...) et les entreprises de
distribution149. Il faut
souligner ici que la croissance économique a été
impulsée en 2016 notamment par ce secteur tertiaire, essentiellement
tiré par la branche des transports et
télécommunications150.
Nous avons ainsi procédé à la même
démarche que pour le secteur secondaire, en relevant, sans trop
s'étendre, quelques sociétés (beaucoup plus celles de
prestation de services marchands et de la distribution) qui dépendent de
ce secteur et qui donnent de ce fait une idée de l'économie
congolaise vue sous l'angle du tertiaire. Il s'agit notamment
de151 :
? BELTEXCO (Importation et distribution produits divers en gros)
;
148 HERSHBERG, M. KATZ, S. BLUMIN et alii, « Art. cit
», dans Loc.cit, pp 188-189.
149 Prince-Marck MUDIMBI NGOY, op. cit, page
150 Confédération suisse (Représentation
suisse à KINSHASA), Rapport économique annuel :
République Démocratique du Congo, Département
fédéral des affaires étrangères, 2017, page 4.
151 Congo virtuel, Entreprises privées RDC,
www.congovirtuel.com,
consulté le 15 mai 2020 à 11h32.
·
69
Pour ce qui est de la RD Congo, on ne peut pas si vite
affirmer que le libre-échange constitue une parfaite aubaine de
développement ; encore moins le protectionnisme. Sans
ORGAMAN (Importation & distribution en gros poissons,
volailles, viandes congelés) ;
· AGTRAF SDV SARL (Transport, transitaire & agent
maritime) ;
· ATC SARL (Importation et distribution automobiles et
pièces de rechange) ;
· CAA (Transport aérien) ;
· MULYKAP (Transport routier) ;
· CFAO (Importation et distribution véhicules
automobiles et camions) ;
· COTRACO (Transport routier) ;
· CONGO OIL (Importateur en hydrocarbure) ;
· ELF/SCP (Importation et distribution d'hydrocarbure)
;
· FINA CONGO (Importation et distribution
d'hydrocarbure) ;
· PREMIUM FOOD (Importation et distribution de lait)
;
· SHELL CONGO (Importateur et distributeur
d'hydrocarbures) ;
· SOKIN (Importateur et distributeur en gros produits
divers) ;
· ALLGLASS (Importation et distribution verre à
vitre) ;
· IVECO (Importation et distribution automobile et
camion) ; Etc.
NB : il existe un quatrième secteur
qui regroupe les activités très élaborées
liées aux nouvelles technologies, à l'information, l'informatique
et à la communication.
§4. Difficulté d'un impact du
libre-échange au regard des secteurs économiques du pays
Pour rappel, le libre-échange dont il est question
dans la présente étude, vise le développement des Etats
dans un espace économique (universel, régional ou sous
régional) bien déterminé. Ceci se concrétise par la
suppression des obstacles au commerce pour ainsi faciliter les échanges
des marchandises entre acteurs et opérateurs économiques
situés dans différents Etats. Il y a tout à gagner pour
les Etats dont les économies sont dynamiques. Celles-ci se verront
bénéficier d'une politique proposant des marchés plus
large favorables à un écoulement à grande échelle
des marchandises.
70
152 Lepetit BAENDE, « La RDC va importer 5 millions de
tonnes de maïs de la Zambie » in Actualités, Deskeco,
Kinshasa, 2019,
www.deskeco.com,
consulté le 16 mai 2020 à 12h16.
prétendre à l'exhaustivité, les secteurs
économiques qui ont été ci-haut présentés
sont suffisamment illustratifs de l'état de santé du pays ; qui
plus est, ces données sont issues, pour la majorité, des
enquêtes et études effectuées par des organismes
internationaux habilités à la tâche.
On constate donc de toute évidence que le secteur
primaire sous-tend l'économie congolaise avec tous les enjeux qui en
découlent. Tout d'abord, l'écoulement des matières
premières et sa rentabilité sont tributaires des cours mondiaux ;
c'est-à-dire de la demande internationale. Pour preuve, nul n'ignore
sans doute les moments sombres de l'économie congolaise avec notamment
la chute du prix du cuivre dans les années 2015. Si la situation a
semblé se redresser en 2018 comme nous l'avons montré
précédemment, c'est grâce à la hausse du prix du
cuivre et du cobalt. L'état de santé économique est donc
précaire et très vulnérable au regard de cette
dépendance. Plus alarmant, la demande chinoise est la plus importante en
cette matière et la situation pandémique due au COVID-19 de 2020
ayant entrainé la fermeture des frontières et l'interruption de
certains échanges n'a pas manqué de réduire la performance
économique de la RD Congo.
L'impact positif du libre-échange est donc difficile
à envisager pour ce pays car comme souligné dans notre
hypothèse, en paraphrasant André Charles, la demande des produits
de base tels que les ressources premières a dans l'évolution du
commerce mondial, le taux le plus faible. Et donc le libre-échange n'est
pas animé par le secteur primaire, principalement, mais par la
diversification de tous les secteurs avec notamment le secteur
secondaire qui doit être capitalisé pour permettre
d'avantages d'exportations. Ce qui n'est pas de toute évidence
disponible en RD Congo ; d'où, le très faible taux d'exportation
des produits manufacturés. Les relations commerciales entre RD Congo et
Zambie sont éloquentes sur le sujet. Quoique dépendante de ses
ressources naturelles, le développement du secteur secondaire zambien a
longtemps nourri la RD Congo en toute une kyrielle de produits alimentaires
notamment : les poulets, cochons, canards, poissons frais, boites de conserves,
allumettes, huiles de cuissons, légumes, haricots, pommes de terre,
boissons gazeuses, fruits piments, farine. A ce sujet, il y a même eu le
02 octobre 2019 à Lusaka en Zambie la signature du Protocole d'accord
sur les importations du maïs de la Zambie vers la RD
Congo152.
71
72
73
74
75
76
77
Ces importations de produits alimentaires ont aujourd'hui pour
effet de couper les producteurs agricoles congolais des marchés
principaux pour leurs produits, ce qui a entraîné une baisse de la
productivité agricole, la grande majorité des producteurs ayant
opté pour une stratégie d'autosuffisance, ne commercialisant que
le surplus occasionnel de leur
production153. Pourtant, la RD
Congo est en mesure de s'auto-suffire sur le plan agricole car elle
possède une réserve importante des terres arables après le
Brésil, les Etats-Unis d'Amérique, la Russie, la Chine et
l'Inde154.
Ainsi, l'important arsenal juridique que la ZLECAf, et les
communautés économiques régionales (CER) reconnues par
l'Union africaine offrent à cet Etat ne saurait servir aux
intérêts du pays quoique les protocoles de la ZLECAf contiennent
des exceptions visant à conforter les pays en difficulté pour une
meilleure intégration. Ces exceptions sont cependant limitées
dans le temps et sont accordées en attendant que l'Etat se stabilise.
Qui plus est, il sied de fustiger l'importante carence en mesures
concrètes visant à réaliser les objectifs contenus dans
l'Accord instituant la ZLECAf.
Nous épinglons ici deux objectifs
généraux (précédemment énoncés) qui
semblent non concrétisés : renforcer la
compétitivité des économies des Etats parties aux niveaux
continental et mondial et promouvoir le développement industriel
à travers la diversification et le développement
des chaînes de valeurs régionales, le développement de
l'agriculture et la sécurité alimentaire. Au-delà de
cet aspect lié à la réalisation des objectifs, il est
important de souligner le fait qu'en général, l'appartenance
à une organisation internationale engendre l'obligation de prendre part
financièrement à son fonctionnement. Ce qui veut dire, qu'autant
la RD Congo adhère à des organisations internationales, autant
elle se doit d'engager des fonds (des contingents) qui lui donnent droit
à la parole et à la décision au sein de ces
communautés internationales. Ceci, vous en conviendrez, gonfle le passif
du pays sans offrir des garanties nécessaires et concrètes en
termes d'actifs.
Ce sont donc là les principales raisons justifiant ce que
nous considérons comme étant « L'impossibilité
d'un impact du libre-échange continental » sur
l'économie de la République Démocratique du Congo.
153 Philippe LEBAILLYA, Baudouin MICHELA et Roger NTOTOC,
Quel développement agricole pour la RDC ?, ERAIFT-ULG,
Kinshasa, 2015, page 10.
154 Jean-René BOMPOLONGA, « Importation des
produits alimentaires : la RDC perd plus d'un milliard des dollars par an
», in Lephare, Kinshasa, 2011,
www.Lephareonline.net,
consulté le 16 mai 2020 à 11h36.
Section 3. DEFIS A RELEVER POUR UN MEILLEUR IMPACT DU
LIBRE-
ECHANGE
Nous abordons cette dernière section par une
pertinente approche de Paul Krugman. Ce dernier affirme que si les politiques
commerciales stratégiques sont souvent utilisées par les Etats
dans leurs relations c'est généralement pour corriger les
imperfections du marché. Cependant, les gouvernements devraient en
priorité se demander quelles sont les origines de ces imperfections.
Ainsi, pour Paul Krugman, ces imperfections sont essentiellement d'origine
nationale et donc internes155.
C'est pour cette raison que la présente section se
propose non de focaliser l'attention sur la zone de libre-échange
continentale, mais sur l'analyse du régime en vigueur en RD Congo
(Un protectionnisme latent) et sur le défi majeur de la
diversification (dont l'ébauche a été faite dans notre
hypothèse) que nous jugeons utile pour éradiquer tant bien
que mal les imperfections internes qui nuisent aux opportunités
internationales.
§1. Le poids du protectionnisme de la RD Congo
En effet, notre démarche a consisté sur ce
point en une étude des règles protectionnistes et de
l'effectivité du libre-échange en République
Démocratique du Congo. Pour mener à bien cette démarche,
nous avons fait une décente sur terrain à la DGDA (Direction
Générale des Douanes et Accises).
Pour rappel, la DGDA est une institution congolaise qui a vu
le jour en 1979 et a depuis été en charge de la perception des
taxes sur tous les produits importés par la RDC et exportés
depuis ce pays156. On la retrouve
ainsi à différents postes frontaliers du pays ; notamment celui
de Kasumbalesa qui est connu pour son importance stratégique en volume
de trafic. Il s'agit en effet de l'un des points de transit les plus
stratégiques entre l'Afrique centrale et l'Afrique australe. Cette ville
constitue la principale porte d'entrée pour toutes les marchandises
destinées à la province du Haut-Katanga et aux deux Kasaï,
tout comme elle sert
155 Paul KRUGMAN, Pedding Prosperity: Economic Sense and
Nonsense in the Age of Diminished Expectations, W.W. Norton&Compagny,
New York, 1994, page 27.
156 T. TREFON et B. NGOY, Parcours administratifs dans un
Etat en faillite : récits populaires de Lubumbashi (RDC),
l'Harmattan, Paris, 2007, pp 70-71.
aussi de point de sortie pour les produits congolais
destinés à l'Afrique australe, et en dehors du
continent157.
En approchant les services de la DGDA (Province du
Haut-Katanga/Lubumbashi), nous avons procédé à des
échanges avec un agent de douane sur 2 points. Notamment celui des taxes
perçues à l'importation en RD Congo et celui de
l'effectivité du libre-échange.
1. Taxes en vigueur et perçues par la DGDA
à l'importation
L'action de la DGDA en tant qu'institution douanière
s'exerce sur l'ensemble du territoire douanier de la RD Congo et les
marchandises qui entrent dans le territoire douanier ou qui en sortent sont
passibles des droits et taxes à l'importation dans l'état
où elles se trouvent au moment où elles se trouvent et au moment
où ceux-ci leurs deviennent applicables. Cette
institution est également chargée de l'application des mesures
relatives aux prohibitions et aux restrictions à l'importation et
à l'exportation158.
A. Barrières tarifaires
Eu égard à la présentation faite
ci-haut, l'agent de douane consulté nous a renseigné que
certaines taxes (barrières tarifaires) étaient perçues par
la DGDA à l'importation, telles que :
· Le droit de douane (DD) ou droit d'entrée (DE)
;
· La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ;
· Le droit de consommation (DC) ;
· La caution pour une marchandise en transit traversant la
RDC ;
· Taxe par le canal du FONER (Fonds National d'Entretien
Routier) évaluée à 100 USD le mètre cube pour les
véhicules terrestres ;
· Les droits d'accises (pour les marchandises
fabriquées localement et circulant sur le territoire
national tels que les produits de la Brasimba, les produits de la Bralima, les
produits des sociétés fabriquant les cigares, lait de
beauté, etc.)
157 Jeroen CUVELIER et Philémon MUAMBA MUMBUND, «
Réforme douanière néolibérale, fragilité
étatique et pluralisme normatif : le cas du guichet unique à
Kasumbalesa », in Politique africaine, N°129, 2013, pp
93112.
158 Articles 20 alinéa 1, 52 alinéa 1 et 74 de
l'ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes
congolais.
Il faut noter également que la nomenclature des tarifs
des droits et taxes à l'importation et à l'exportation est
basée sur la convention internationale sur le Système
Harmonisé de désignation et de codification des
marchandises159 qui, en son article 9 dispose
qu'elle ne régit pas les taux des droits de douane. Celle-ci se propose
tout simplement de donner une désignation et une codification
universellement utilisée dans le commerce
mondial160.
Le taux quant à lui est fixé par le droit
interne des Etats. Pour la RD Congo, nous avons identifié quelques
instruments juridiques contenant les taux des droits et taxes à
l'importation. Il s'agit notamment :
? De l'Ordonnance-loi N°011-2012 instituant un nouveau
tarif des droits et taxes à l'importation du 21 septembre 2012 qui
contient une importante liste des produits dont les taux des droits de douane
à l'importation ont été revus à la hausse dans ses
annexes ;
? Du Décret N°11/47 du 30 décembre 2011
modifiant et complétant l'ordonnance N°91065 du 4 avril 1991
portant création d'une redevance administrative à l'importation
(L'article premier de ce texte dispose qu'il est créé pour
rémunérer les services rendus par la douane, une redevance
administrative à l'importation des marchandises admises en franchise
totale des droits et taxes à l'importation quelle que soit leur
destination. Ladite redevance est de
2%)161.
? De l'Arrêté interministériel
N°008.CAB/MIN/COM EXT/2019/118 du 08 novembre 2019 portant fixation des
taux des droits, taxes et redevances à percevoir à l'initiative
du ministère du commerce extérieur notamment sur : l'octroi du
numéro import/export pour les personnes physique (commerçante et
non) et pour les personnes morales de différentes catégories, sur
la taxe concernant l'autorisation annuelle d'exportation des mitrailles et sur
les amendes transactionnelles pour violation de la législation en
matière de commerce162.
NB : Il est également prévu par
le Décret N°011/46 du 24 décembre 2011 portant mesures
d'application de l'Ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010 portant code
des douanes
159Article 53 de l'ordonnance-loi N°10/002 du 20
aout 2010 portant code des douanes congolais.
160Article 9 de la convention internationale sur le
système harmonisé de désignation et de codification des
marchandises du 14 juin 1983.
161Articles 1 et 2 Décret N°11/47 du 30
décembre 2011 modifiant et complétant l'ordonnance N°91-065
du 4 avril 1991 portant création d'une redevance administrative à
l'importation.
162Article 1 de l'Arrêté
interministériel N°008.CAB/MIN/COM EXT/2019/118 du 08 novembre 2019
portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir
à l'initiative du ministère du commerce extérieur.
congolais, des droits compensateurs
et droit antidumping contre les
importations de certaines marchandises qui causent ou menace de causer des
effets défavorables sur les intérêts économiques du
pays, notamment un dommage à une branche de production
nationale163.
Les droits compensateurs ou antidumping sont perçus en
sus des montants des droits de douane à l'importation sans
discrimination sur les importations desdites marchandises, quelle que soit leur
provenance ou origine164.
B. Barrières non tarifaire
Le Décret susmentionné (24 décembre 2011)
contient en son article 44, une disposition légalisant et
légitimant le recourt aux barrières non tarifaires. Cet article
dispose que la restriction quantitative (prohibée d'ailleurs par les
règles de l'OMC) pour les marchandises dont l'importation est faite
à des quantités et dans les conditions telles qu'elles causent ou
menacent de causer, par rapport à la production nationale, un danger
grave à la branche de production nationale des produits similaires ou
directement concurrents. Ces mesures peuvent courir durant la période
nécessaire pour prévenir ou réparer le dommage grave et
faciliter l'ajustement165.
Le Décret N°12/041 du 02 octobre 2012 portant
réglementation de l'importation des véhicules d'occasion en
République Démocratique du Congo interdit en son article 7
l'importation de tout véhicule d'occasion ne remplissant pas les
conditions exigées en son article 3. Ces conditions sont liées
notamment à l'état technique du véhicule. Celles-ci
doivent être satisfaisantes et attestées par un centre de
contrôle du pays de provenance ; le véhicule doit avoir
été mis en circulation sur une période n'excédant
pas 10 ans pour les véhicules à usage personnel (voitures et bus
de moins de 10 places) et pour les poids lourds ; pour les véhicules
utilitaires autres que les poids lourds (bus de plus de 10 places et
camionnettes) la durée de mise en circulation ne doit pas être
supérieure à 7
ans166.
163 Article 42 du Décret N°011/46 du 24
décembre 2011 portant mesures d'application de l'ordonnance-loi
N°10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes congolais.
164 Article 43, Idem.
165 Article 44 alinéas 1, 2 et 4 du Décret
N°011/46 du 24 décembre 2011 portant mesures d'application de
l'ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes
congolais.
166 Articles 3 et 7 Décret N°12/041 du 02 octobre
2012 portant réglementation de l'importation des véhicules
d'occasion en République Démocratique du Congo
En outre il sied de souligner la présence de certaines
autres barrières non tarifaires (Sous forme de mesures sanitaires,
phytosanitaires et sous forme d'obstacles techniques au commerce) dans
l'Ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes
congolais. Il s'agit notamment de167
:
? L'interdiction d'exporter ou d'importer toute marchandise
pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique, de
moralité publique, d'hygiène et de santé publique, de
préservation de l'environnement, de protection des trésors
nationaux, de protection de la propriété intellectuelle, de
défense des consommateurs ;
? L'interdiction à l'importation (entrainant
l'interdiction de l'entrepôt, du transit et de la circulation) de tout
produit étranger, naturel ou fabriqué, portant sur soi ou sur
l'emballage, caisses, ballots, enveloppes, bandes ou étiquettes, etc.,
une marque de fabrique ou de commerce, un nom, un signe ou une indication
quelconque de nature à faire croire qu'ils ont été
fabriqués en RD Congo ou qu'ils en sont originaires ;
? L'interdiction à l'importation (entrainant
l'interdiction de l'entrepôt, du transit et de la circulation) de tout
produit étranger, naturel ou fabriqué, obtenu dans une
localité de même nom qu'une localité de la RD Congo, qui ne
porte pas, en même temps que le nom de cette localité, le nom du
pays d'origine et la mention « Importé », en caractères
manifestement apparents ;
? L'interdiction à l'importation (entrainant
l'interdiction de l'entrepôt, du transit et de la circulation) de tout
produit étranger, naturel ou fabriqué qui ne satisfait pas aux
obligations imposées par la réglementation de la
République Démocratique du Congo en matière d'indication
d'origine.
2. Ineffectivité du libre-échange en RD
Congo
En abordant les agents étant de service à la
DGDA, nous avons pu constater que l'Accord instituant la ZLECAf et ses
différents protocoles ne sont pas vulgarisés aux près de
ceux-ci. Pourtant, il s'agit d'un organe majeur de sa mise en oeuvre qui
devrait être informé en bonne et due forme des
répercussions économiques et juridiques de cette adhésion
du pays. Cela pourrait bien se justifier du fait de la non promulgation au
journal officiel congolais de la loi autorisant la ratification dudit Accord
quoique déjà signé par la RDC.
167 Articles 73, 76 et 77 de l'ordonnance-loi N°10/002 du 20
aout 2010 portant code des douanes congolais.
Pour rappel, les traités multilatéraux
prévoient habituellement que les signatures, appelées «
signatures simples », se font sous réserve de ratification,
d'acceptation ou d'approbation. L'Etat signataire ne s'engage donc pas
véritablement d'un point de vue juridique au moment de la signature du
traité. Cependant, par sa signature, l'État indique son intention
de prendre les mesures requises afin d'exprimer son consentement à
être lié par le traité à une date ultérieure.
La signature d'un traité entraîne aussi pour un Etat l'obligation,
entre le moment de la signature et celui de la ratification, de l'acceptation
ou de l'approbation, de s'abstenir en bonne foi d'actes qui priveraient le
traité de son objet et de son but168 ainsi
que le prévoit l'article 18 de la Convention de Vienne de
1969169.
Eu égard à cela, l'Article 214 de la
constitution de la RDC dispose : « Les traités de paix, les
traités de commerce, les traités et accords relatifs aux
organisations internationales et au règlement des conflits
internationaux, ceux qui engagent les finances publiques, ceux qui modifient
les dispositions législatives, ceux qui sont relatifs à
l'état des personnes, ceux qui comportent échange et adjonction
de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu'en
vertu d'une loi »170.
Sur ce, conformément à la procédure
requise par cette disposition, il s'est tout d'abord tenu le vendredi
1er novembre 2019 à la cité de l'union africaine
à Kinshasa, la huitième réunion ordinaire du Conseil des
ministres à l'issue de laquelle le projet de la loi autorisant la
ratification par la RD Congo de l'Accord portant création de la ZLECAf a
été adopté par le gouvernement sous la présidence
du chef de l'Etat, par la suite, le 10 décembre 2019, le ministre d'Etat
au commerce extérieur, Jean-Lucien BUSSA a présenté
à l'Assemblée nationale, le projet de loi autorisant la
ratification, par la République Démocratique du Congo, de
l'Accord instituant la ZLECAf. En motivation de ce projet, le ministre a non
seulement souligné les avantages de cette ratification mais a aussi
affirmé que pour ce qui est de la RD Congo, les recettes
douanières ne dépendent presque pas des échanges
régionaux intra-africains car le pays échange plus avec l'Asie,
l'Europe et l'Amérique. Ce, pour rassurer les inquiétudes sur la
réduction des recettes douanières par l'adhésion effective
à la ZLECAf. Au terme d'un
168 Organisations des Nations-Unies, Manuel des
traités, ONU, 2013, page 5.
169 Article 18 de la Convention de Vienne de 1969.
170 Article 214 de la constitution de la République
Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que
modifiée par la loi N°11/002 du 20 janvier 2011 portant
révision de certains articles.
78
grand débat au parlement, la plénière a
décidé d'approfondir le projet de loi au niveau d'une commission
ad hoc171.
§2. Les défis majeurs de la diversification
économique en RD Congo
Nous basant sur l'approche de Paul Krugman
sus-évoquée, nous jugeons que l'état de santé et la
rentabilité du droit du commerce international et le
libre-échange pour la RD Congo sont tout à fait tributaires de sa
situation interne. Quelle que soit la pertinence de l'encadrement juridique du
libre-échange (mondial ou régional) ou le taux de participation
du pays au commerce international il ne saurait profiter à un pays dont
l'économie stagne dans le secteur primaire sans connaitre une importante
diversification vers les autres secteurs d'activités. Ce faisant, notre
démarche consistera sur ce point à épingler les secteurs
économiques congolais qui, d'après les analyses de la banque
africaine de développement offrent d'importantes opportunités
d'amélioration de l'économie. Il s'agit : de
l'agriculture et de l'industrie
qui doivent attirer le plus important flux
d'investissements172.
En appendice à ces deux secteurs clefs, nous proposons
pour la RD Congo, les défis à soulever pour mettre à
profit ses domaines d'activités dans l'optique de dynamiser la
participation du pays au commerce international et de rompre la
dépendance aux exportations des matières premières et aux
importations. Nous répartissons ces défis selon qu'il s'agit du
secteur agricole et celui de l'industrie.
1. Défis du secteur agricole
Le potentiel agricole de la RDC est unanimement reconnu comme
étant considérable ; le pays disposerait d'une superficie
cultivable estimée à quelque 75 millions d'hectares dont moins de
10 millions d'hectares seraient exploités. Cette disponibilité
foncière et les énormes ressources en eau et l'énorme
potentiel en matière de pêche et d'élevage dont dispose le
pays avec le bassin hydrographique du fleuve Congo permettent d'entretenir
l'espoir d'une meilleure autosuffisance alimentaire réclamée avec
insistance par les Congolais.
171 Le Petit BAENDE, « Les députés
renvoient en commission le projet de loi sur la ZLECAf et adoptent un autre
accord de crédit de 250 millions USD », in
Actualités, Deskeco, 11 décembre 2019,
www.deskeco.com consulté le
19 mai 2020 à 21h09.
172 Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2015 : croissance,
pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire, page
3.
79
Malheureusement, son inertie éventuelle
représente un facteur de blocage, alors qu'elle se doit de contribuer au
décollage de l'économie et au financement du
développement'73.
Dans l'optique d'une capitalisation de cet avantage absolu
(théorisée par Adam Smith), quelques défis méritent
d'être relevés par la RD Congo.
A. L'agro-industrie
La RD Congo devrait d'avantage investir dans l'agro-industrie
en créant de nouvelles opportunités pour les produits agricoles
et ceux ayant un fort contenu de main d'oeuvre car ces secteurs concentrent la
plus grande partie des populations situées en dessous du seuil de
pauvreté'74, de plus, cet investissement
augmentera la productivité et la valeur de ces produits. A ce sujet,
certains points de vue défendent l'idée que l'agriculture
paysanne enfermée dans ses traditions est condamnée à
disparaître, car elle est non compétitive sur les marchés
internationaux. Elle doit laisser la place à de véritables
entreprises agricoles spécialisées, mécanisées et
recrutant une main-d'oeuvre salariée. Dans la compétition
internationale qui prévaut pour les matières premières
agricoles, ce type d'exploitation est le seul à pouvoir gagner la course
à la productivité et à la
compétitivité'75 ;
B. Renforcer les capacités techniques et
organisationnelles des institutions publiques et privées d'appui
à la production
Les institutions publiques et privées d'appui à
la production ont un rôle non négligeable en cette
matière'76. En effet, l'agriculture est un
enjeu stratégique pour la République démocratique du
Congo. Malheureusement, les actions engagées par l'État ainsi que
par des bailleurs sont encore disparates, peu concertées et faiblement
soutenues dans leur mise en oeuvre. De nombreux projets existent, mais faute de
s'intégrer dans une politique sectorielle robuste et équitable,
l'impact de ces interventions reste faible, voire
nul'77.
Sur cette même lancée, le point suivant se
propose d'analyser le cadre juridique en vigueur en RD Congo et organisant les
institutions ad hoc. C'est-à-dire en matière agricole.
173 Philippe LEBAILLYA, Baudouin MICHELA et Roger NTOTOC, op.
cit, pp1-2.
174 Vandama SHIVA, « Art.Cit », in Loc.Cit,
N°37, 2003, page 11.
175 Philippe LEBAILLYA, Baudouin MICHELA et Roger NTOTOC, op.
cit, page 12
176 Ibidem, page 6.
177 Ibidem, pp 3-6.
80
C. Redynamiser le cadre institutionnel posé par la
loi N°11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à l'agriculture.
La RD Congo a intégré en 2011 dans son arsenal
juridique, une loi protégeant le secteur agricole. Il s'agit très
précisément de la loi N°11/022 du 24 décembre 2011
portant principes fondamentaux relatifs à l'agriculture. Celle-ci a pour
vocation d'appuyer par une législation susceptible d'impulser le
développement, les politiques agricoles souvent lettre mortes. Elle
traite ainsi de l'exploitation, de la formation et de la recherche agricole, du
financement de l'activité agricole ainsi qu'à la
commercialisation des produits agricoles, à la protection de
l'environnement et aux régimes douaniers et
fiscaux178.
D'après le Fonds Monétaire International (FMI),
compléter la ZLECAF par des formes structurelles renforcerait
considérablement ses effets sur le PIB des pays en développement
et des pays principalement agricoles179. Ainsi, dans le cadre du
présent travail et en paraphrasant les dispositions de la loi
sus-indiquée, nous soulèverons quelques responsabilités
qui incombent à l'Etat congolais et quelques innovations qui doivent
être pérennisées par les acteurs étatiques.
1). Responsabilités de l'Etat
congolais
Aux fins de la loi précitée, nous tenons
à souligner qu'il revient à l'Etat, entre autre obligations,
de180 :
? Promouvoir les investissements publics et privés dans
le domaine agricole par des mesures incitatives et l'octroi des crédits
pour le développement de l'agriculture, des infrastructures de
stockages, de transport et de commercialisation des produits agricoles ;
? Prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer
la couverture totale des besoins nationaux en intrants agricoles de
qualité ;
? Prendre toutes les mesures nécessaires pour le
développement des infrastructures agricoles de base en prévoyant
pour chaque entité territoriale décentralisée, une
178 Article 2 de la loi N°11/022 du 24 décembre 2011
portant principes fondamentaux relatifs à l'agriculture.
179 Fonds Monétaire International, op cit, Page 52.
180 Articles 10, 28, 31, 62, 63, 65 de la loi N°11/022 du
24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à
l'agriculture.
81
allocation budgétaire destinée à la
construction et à l'entretien des infrastructures
collectives de base notamment les routes de desserte agricole et
voie navigable ;
? Prendre des mesures incitatives en vue d'améliorer et
de promouvoir les filières agricoles d'exportation.
2). Les innovations à
pérenniser
La loi N°11/022 du 24 décembre 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à l'agriculture contient certaines
innovations utiles à la promotion de l'agriculture en RD Congo. Il
s'agit de181 :
? La création du Fonds national de développement
agricole destiné à financer l'agriculture. Les ressources du
Fonds sont constituées des redevances prélevées sur les
produits agricoles et denrées alimentaires importés, des
allocations budgétaires de l'Etat, des dons et legs et des contributions
des bailleurs de fonds ;
? L'exonération, à l'exclusion des redevances
administratives, des droits et taxes à l'importation des intrants
agricoles ;
? L'exonération de droits et taxes à
l'exportation des produits agricoles, les redevances et frais en
rémunération des services rendus par les organismes publics
intervenant aux postes frontaliers ne peuvent dépasser 0,25% de la
valeur des produits exportés.
On affirme ainsi que si le gouvernement congolais affectait
les milliards de dollar américains dépensés pour
l'importation des produits alimentaires au secteur agricole et à celui
des infrastructures, la RD Congo atteindrait facilement la
sécurité alimentaire tant convoitée par sa
population182.
2. Défis du secteur de l'industrie
En effet, pour ce secteur, l'on admet qu'il est
impérieux de mettre en place des politiques favorisant la
création au niveau national des industries. Sur ce sujet, la RD Congo
entend accroitre le nombre de ses entreprises industrielles à plus de
1000 d'ici 2023. C'est l'une des missions fixées par le document de la
politique et stratégies industrielles validées à l'issu
181 Articles 56, 57, 72 et 73 de la loi N°11/022 du 24
décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à
l'agriculture.
182 Jean-René BOMPOLONGA, « Art.Cit », in
Loc.Cit.
82
de l'atelier national de trois jours organisé par le
ministre de l'industrie en février 2020 à
Kinshasa183.
Il s'agit d'une noble mission qui demandera une forte
mobilisation des fonds et une bonne volonté politique dans la gestion de
ces ressources. En ce sens, le point suivant se propose d'analyser les
défis relatifs au Fonds de Promotion de l'Industrie (F.P.I) qui vaut son
pesant d'or dans cet idéal industriel pour la RD Congo et donc
mérite une bonne gestion de la part de ses administrateurs.
A. Orienter les actions du Fonds de Promotion de
l'Industrie vers les secteurs stratégiques de la RD Congo
Notons que le besoin pour la RD Congo de s'industrialiser ne
date pas d'aujourd'hui. Le 15 aout 1989, il a été publié
au journal officiel du Zaïre, l'ordonnance 89171 du 7 aout 1989 portant
création et statuts d'une entreprise publique dénommée
Fonds de promotion de l'industrie en abrégé « F.P.I ».
Il s'agit plus précisément d'une entreprise à vocation
économique et financière dont les missions principales sont de
promouvoir les industries nouvelles en veillant à réaliser
l'équilibre industriel au plan national ; promouvoir la petite et
moyenne industrie ; promouvoir l'intégration industrielle et
l'implantation des industries de production des produits semi-finis ;
promouvoir des activités de recherche appliquée permettant de
développer et d'améliorer le secteur
industriel184.
Dans l'optique de remplir convenablement les missions
sus-indiquées, le F.P.I se charge en outre
de185 :
? Constituer et gérer les ressources financières
générées par les entreprises commerciales et
industrielles, en exécution de l'ordonnance-loi 89-031 du 7 aout 1989
portant création de la taxe de promotion de l'industrie ;
? Promouvoir la production des matières
premières que ces entreprises consomment ou des produits qu'elles
commercialisent ;
? Promouvoir la production des produits locaux concurrents aux
biens importés ;
183 Amédée MWARABU, « Albert Yuma sceptique
sur les gains que la RDC peut tirer de la Zone économique de
libre-échange continental », in Actualités,
Deskeco, 2 mars 2020,
www.deskeco.com,
consulté le 19 mai 2020 à 2020.
184 Articles 1 et 4 l'ordonnance 89-171 du 7 aout 1989 portant
création et statuts d'une entreprise publique dénommée
Fonds de promotion de l'industrie en abrégé « F.P.I
».
185 Idem.
83
84
85
? Soutenir les exportations industrielles,
particulièrement les produits manufacturés ;
? Contribuer à la construction et à la remise en
état des installations reconnues d'utilité publique dans les
zones d'opération des entreprises concernées ;
? Effectuer toutes autres opérations qui se rattachent
directement ou indirectement à son objet social.
Le secteur de l'agro-industrie analysé
précédemment (Section 3, §2, 1 : Défis du secteur
agricole) et même celui minier (Section 2, 1§ : Secteur
primaire) sont des secteurs stratégiques pour le pays. Une
orientation et une action assouplie des activités du F.P.I dans ces
secteurs ne manquera pas de donner des résultats profitables et utiles
aux exigences de la ZLECAf. C'est pour cette raison que nous avions
souligné plus haut qu'une action plus souple du F.P.I et une bonne
volonté politique seraient très avantageuses pour la RD Congo. La
difficulté majeure à souligner est celle liée aux
conditions d'obtention du financement qui sont très rudes et ne peuvent
être facilement remplies que par les entreprises existantes suffisamment
expérimentées comparativement à celle en cours
d'émergence qui ne sont souvent pas en mesure de supporter les charges
administratives et fiscales en amont de l'obtention du prêt.
NB : les interventions du Fonds se font soit
sous forme de prêts à court, moyen et long termes ; prises de
participation, dans les projets présentant un grand intérêt
économique ou concourant à l'amélioration du tissu
industriel. Tout projet à financer doit nécessairement faire
l'objet d'une évaluation technique, économique et
financière par les services du Fonds pour s'assurer de sa
viabilité et le cas échéant, de sa rentabilité. Le
financement des projets retenus fera l'objet des contrats de prêt ou de
subvention entre les opérateurs économiques et le
Fonds186.
Ainsi, nous sommes d'avis que pour s'industrialiser, la RD
Congo doit également améliorer ses capacités de production
en investissant dans l'infrastructure et la productivité de
son capital humain187. Ceci
implique d'intégrer dans son plan de développement des
stratégies d'éducation et de développement des
compétences et aptitude des travailleurs pour améliorer la
productivité des entreprises. En gros, il s'agit de former la main
d'oeuvre congolaise par l'amélioration de la qualité de
l'éducation.
186 Articles 6 et 7 de l'ordonnance 89-171 du 7 aout 1989
portant création et statuts d'une entreprise publique
dénommée Fonds de promotion de l'industrie en
abrégé « F.P.I ».
187 Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2015 : croissance,
pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, op cit, page 3
3. Autres défis
socio-politico-économique
Outre les deux principaux ordres de défis
soulevés ci-haut (Défis du secteur agricole et Défis
du secteur de l'industrie) dans l'optique d'une capitalisation du
libre-échange continental, nous avons relevés d'autres
défis qui accompagnent les précédents et qui sont à
notre analyse, tout aussi pertinent. Il s'agit de :
? Diversifier les exportations du secteur primaire sans se
contenter des industries extractives mais aussi promouvoir les industries de
transformations ;
? Encourager au maximum la création des PME (Petite et
Moyenne Entreprise) et PMI (Petite et Moyenne Industrie) ;
? Attirer d'avantage d'investisseurs pour la création
d'entreprises industrielles en mettant l'accent sur la coopération et
l'intégration internationale. Lorsqu'une entreprise
étrangère se contente d'extraire les ressources naturelles et les
exporter après, cela n'est pas toujours autant bénéfique
que lorsque l'entreprise étrangère transforme les matières
extraites au niveau national et les exporte par la suite ;
? Assurer le sérieux des institutions et la bonne
gouvernance en luttant contre la corruption qui est néfaste au climat
des affaires, qui plus est, cette lutte pourrait permettre de dégager
d'importantes sommes à injecter dans le développement du pays
;
Ce sont là les défis considérables
à relever pour que la RD Congo ait une place confortable dans les
échanges commerciaux universels en général et
communautaires en particulier. Le prochain paragraphe aborde les initiatives
communautaires qui peuvent être prises dans l'optique de permettre
à la RD Congo de tirer profit des filons de l'intégration
économique.
§3. Propositions pour une concrétisation des
objectifs clefs de la ZLECAf et de l'intégration communautaire.
S'il est un fait qui différencie les organisations
internationales universelles de celles communautaires, c'est indubitablement
« La solidarité ». Les organisations internationales
universelles se limitent généralement à la simple
coopération. Tandis que les organisations dites communautaires naissent
généralement entre des communautés étatiques
animées par le besoin de l'intégration outre la
coopération. C'est ainsi qu'en Afrique, les organisations
internationales communautaires constituent des cadres au sein desquels se
déroulent les relations économiques des Etats
membres et qui indiquent la volonté de ces derniers à concerter
leurs efforts en vue de promouvoir le développement du continent. Le
droit communautaire est ainsi pris comme instrument de réalisation de
l'intérêt commun des Etats. Dans cette optique de
solidarité et dans le souci d'atteindre un tant soit peu les objectifs
généraux de la ZLECAf, notre proposition consiste à
adapter les stratégies et politiques d'intégration aux
besoins ainsi qu'aux réalités des pays
africains188.
Ceci implique, pour la RD Congo, une aide visant à
développer les secteurs clefs pour une meilleure intégration.
Nous pouvons l'illustrer par un exemple : la BAD a aidé les
gouvernements du Mozambique et de la Tanzanie à élaborer et
à mettre en oeuvre des stratégies nationales de domestication du
gaz et a fourni à la Tanzanie des conseils pour la création d'un
environnement favorable aux investissements étrangers directs dans le
secteur gazier189.
Le rôle de cette institution partenaire de l'UA est non
négligeable d'autant plus que c'est la plus active dans l'étude
des facteurs de développement du continent africain. Il faut rappeler
qu'elle a lancé en novembre 2018, le Forum pour l'investissement en
Afrique qui s'est tenu à Johannesburg. Ce forum a fait de la BAD
aujourd'hui le chef de file de la mobilisation des financements du secteur
privé en faveur du continent190.
Dans cette optique, renforcer les liens de partenariat et de
coopération « RD Congo, UA et BAD » dans la perspective
d'accroitre la productivité des secteurs clefs de la RD Congo serait une
démarche profitable pour rentabiliser le libre-échange
continental africain et une façon réaliste d'adapter
l'intégration économique prônée par la ZLECAf aux
besoins de l'économie congolaise.
188 Gérard KATAMBWE MALIPO, Cours de Droit
communautaire économique africain, faculté de Droit,
Université de Lubumbashi, année académique 2018-2019, pp
1-2.
189 Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2017 :
croissance, pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire, page
4.
190 Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2018 :
croissance, pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire, page
20.
86
En résultat, nous avons conclu que pour un
meilleur impact de la ZLECAf, la diversification de l'économie devrait
passer par une amplification des secteurs majeurs. Selon
CONCLUSION GENERALE
Avant de conclure la présente recherche, il sied de
rappeler que notre objet d'étude a consisté en une analyse des
opportunités qui s'offraient à la RD Congo et des enjeux de son
appartenance aux organisations internationales communautaires et l'impact que
l'adhésion à la ZLECAf aurait sur son économie et son
produit intérieur brut.
Dans cet ordre idée, notre problématique s'est
précisément située sur le fait que la RD Congo
était l'un des Etats d'Afrique les moins industrialisés et moins
enclins à se lancer sur le marché international qui exige un
grand dynamisme. Avec une économie soutenue en majorité par
l'exportation des matières premières non transformées et
une dépendance des importations des produits manufacturés et ceux
agricoles, la RD Congo s'exposerait à une concurrence fatale. Ainsi,
l'Accord de libre-échange signé en juillet 2019 dans le cadre de
l'Union Africaine (UA) offre certes des opportunités alléchantes,
mais par ailleurs, ces dernières laissent un énorme doute sur
leur rentabilité eu regard à la réalité
congolaise.
Pour répondre à cette problématique,
notre hypothèse s'est axée sur les défis majeurs de la
diversification économique. Cette dernière, a-t-on dit, suppose
le développement considérable des secteurs économiques. Il
s'agit en d'autres termes d'intensifier les actions du secteur primaire en les
transférant vers celui secondaire. Nous avons justifié cela par
le fait que l'avancement du commerce international était prioritairement
dû aux secteurs secondaires des Etats avec la commercialisation des
produits finis.
La réalisation d'une telle démarche n'a
été possible que par la réunion de certaines
méthodes et techniques scientifiques. Sur ce, nous avons recouru
à la méthode exégétique dans l'analyse et la
compréhension des lois internationales et celles nationales portant sur
les questions du commerce international et celles douanières. Nous avons
également eu recours à la méthode comparative pour nous
donner une vue panoramique des différentes économies d'Afrique et
leurs facteurs de développement respectifs dont la RD Congo pourrait
bien s'inspirer. Quant aux techniques, nous avons eu recours à la
technique documentaire par la consultation des textes ainsi que des documents
utiles ; la technique d'observation nous a aussi servi.
87
Le deuxième chapitre a porté sur l'impact de la
zone de libre-échange sur l'économie congolaise. En ce sens, nous
avons premièrement procédé à l'analyse de
la Banque Africaine de Développement (dans son rapport
de 2015), le secteur de l'agriculture et celui de l'industrie sont les portes
de sortie de l'économie de la RD Congo. En analysant la
législation nationale en la matière, nous avons trouvé que
le droit congolais avait déjà posé un cadre institutionnel
propice à cet idéal sous condition d'un bon fonctionnement et
d'une redynamisation. Nous avons donc mis en relief les responsabilités
de l'Etat congolais en matière d'agriculture et celles du Fonds national
de développement agricole destiné à financer l'agriculture
et le rôle de cette institution qui est une institution nationale qui
finance la mise sur pied des industries. En outre, il a été fait
mention de la nécessité d'adapter les stratégies et
politiques d'intégration aux besoins des pays pour ainsi
concrétiser les objectifs de ces organisations internationales
communautaires.
En somme, outre l'introduction et la présente
conclusion, notre travail s'est étalé sur 2 chapitres. Le premier
chapitre a porté sur les considérations générales
relatives aux terminologies principales du sujet. Dans cet ordre
d'idées, nous avons tout d'abord présenté le commerce
international en le définissant, en épinglant ses
théories, ses principes, ses acteurs et les sources juridiques
pertinentes de sa mise en oeuvre. Ceci a permis de comprendre le contexte dans
lequel se réalisent les échanges commerciaux internationaux des
Etats en général et les règles en vigueur dans ces
échanges.
Par la suite, nous avons présenté la notion du
libre-échange en la définissant également et en mettant en
exergue les différentes controverses qui ont toujours porté sur
ce sujet. Nous avons achevé notre premier chapitre par l'analyse du
produit intérieur brut. Nous avons eu recours à ce dernier car il
est l'indicateur par excellence de l'état de santé d'un Etat.
Pour ce qui est de sa relation avec le libre-échange, nous avons
démontré que les exportations et les importations des
marchandises étaient prises en compte par cet indicateur. Qui plus est,
les exportations ont permis à beaucoup d'Etats de redonner de l'allure
à leurs P113. En ce sens, nous l'avons défini et avons
présenté les P113 des Etats africains à l'ère des
années 2016 à 2018 pour donner une vue globale de la
manière dont les autres économies africaines ont
émergé grâce au renforcement de la productivité des
secteurs économiques et la diversification (pour les uns) et grâce
à la demande grandissante des matières premières (pour les
autres) à l'instar de la RD Congo.
88
l'encadrement juridique de cet espace communautaire par la
mise en relief des principaux textes. Il s'agit de : l'Accord portant
création de la zone de libre-échange du 21 mars 2018 et ses 3
protocoles dont le Protocole sur le commerce des marchandises, le protocole sur
le commerce des services et le protocole sur les règles
procédures relatives au règlement des différends. Le
dernier chapitre a été achevé par l'analyse des secteurs
économiques de la RD Congo ainsi que des défis à relever
pour faire face tant bien que mal au libre-échange.
89
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES LEGAUX INTERNES ET INTERNATIONAUX
A. Textes internationaux
1. Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018 ;
2. Accord instituant l'organisation mondiale du commerce du 15
avril 1994 ;
3. Acte constitutif de l'Union africaine du 11 juillet 2000 ;
4. Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités
;
5. Convention internationale sur le système
harmonisé de désignation et de codification des marchandises du
14 juin 1983 ;
6. Protocole sur les règles et procédures
relatives au règlement des différends de 2018 ;
7. Protocole sur le commerce des marchandises du 21 mars 2018
;
8. Protocole sur le commerce des services de 2018.
B. Textes internes
1. Arrêté interministériel
N°008.CAB/MIN/COM EXT/2019/118 du 08 novembre 2019 portant fixation des
taux des droits, taxes et redevances à percevoir à l'initiative
du ministère du commerce extérieur ;
2. Constitution de la République Démocratique du
Congo du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
N°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains
articles.
3. Décret N°11/47 du 30 décembre 2011
modifiant et complétant l'ordonnance N°91-065 du 4 avril 1991
portant création d'une redevance administrative à l'importation
;
4. Décret N°011/46 du 24 décembre 2011
portant mesures d'application de l'Ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010
portant code des douanes congolais ;
5. Loi N°11/022 du 24 décembre 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à l'agriculture ;
6. Ordonnance-loi N°10/002 du 20 aout 2010 portant code des
douanes congolais ;
7. Ordonnance-loi N°011-2012 instituant un nouveau tarif
des droits et taxes à l'importation du 21 septembre 2012 ;
8. Ordonnance 89-171 du 7 aout 1989 portant création et
statuts d'une entreprise publique dénommée Fonds de promotion de
l'industrie en abrégé « F.P.I ».
90
II. RAPPORTS DES INSTITUTIONS
INTERNATIONALES
1. Assemblée Générale, Fusion du fond
spécial et du programme élargi d'assistance technique en un
programme des Nations Unies pour le Développement, résolution
2029, 22 novembre 1965 ;
2. Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement, Classification internationale des mesures non
tarifaires, Nations-Unies, Genève, 2012 ;
3. Confédération suisse (Représentation
suisse à KINSHASA), Rapport économique annuel .
République Démocratique du Congo, Département
fédéral des affaires étrangères, 2017 ;
4. Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2004, Economics, Paris,
2004 ;
5. Groupe de la banque africaine de développement,
Perspectives économiques en Afrique 2019, Banque africaine de
développement, Côte d'Ivoire, 2019 ;
6. Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2017 .
croissance, pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire,
2017.
7. Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2018 .
croissance, pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire, 2018
;
8. Groupe de la banque africaine de développement,
Rapport sur le développement en Afrique 2015 . croissance,
pauvreté, inégalités, lever les obstacles au
développement durable, Phoenix Design AidA/S, Cote d'Ivoire,
2015.
III. OUVRAGES
1. Adrien MULUMBATI NGASHA, Les relations
internationales, Édition Africa, Lubumbashi, 2005 ;
2. A. VERHULST, Organisation et documents de commerce
intérieur-arithmétique commerciale, CRP, Kinshasa, 1985 ;
3. A. GUZMAN, J. H. B. PAUWELYN, International Trade Law,
Aspern Publishers, 2009 ;
4.
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Alfred SAUVY, Progrès technique et
répartition professionnelle de la population, Population, volume 4,
N°1, 1949 ;
5. BARRE, Economie politique, PUF, Paris, 1956 ;
6. CAPUL, J.Y. et GARNIER O., Dictionnaire
d'économie et de Sciences sociales, édition Hatier, Paris,
1999 ;
7. DEMOLOMBE, Cours de Code Napoléon,
3ème édition, Paris, 1865 ;
8. Colin CLARK, Les conditions du progrès
économique, PUF, Paris, 1960 ;
9. Debourse, Economie de développement,
informations à l'économie politique, CRP, Kinshasa, 2005
;
10. Jean-Michel JACQUET, Philippe DELBECQUE et Sabine
CORNELOUP, Droit du commerce international, Dalloz, Paris 2011 ;
11. J. SALMON, Dictionnaire de droit international
public, Bruylant, Bruxelles, 2001 ;
12. Jeroen CUVELIER et Philémon MUAMBA MUMBUND, «
Réforme douanière néolibérale, fragilité
étatique et pluralisme normatif : le cas du guichet unique à
Kasumbalesa », in Politique africaine, N°129, 2013 ;
13. KALUNGA-TSHIKALA Victor, Guide pratique relatif
à la rédaction des mémoires en Droit, édition
du col, Lubumbashi, 2012 ;
14. Luc Van CAMPENHOUDT et RAYMOND Quivy, Manuel de
recherche en science sociales, DUNOD, 4ème édition, Paris,
2015 ;
15. Louis MPALA MBABULA, Pour vous chercheur, directives
pour rédiger un travail scientifique, Ed. MPALA,
6ème édition, Lubumbashi, mars 2011 ;
16. Muriel PARQUET, Introduction générale
au droit, Edition Bréal, 4ème édition, Paris, 2007
;
17. Maurice REUCHLIN, Les méthodes en
psychologie, 12ème édition, PUF, Paris, 2002 ;
18. Michel RAINELLI, Le commerce international : un
véritable tour de force, édition La découverte,
9ème édition, Paris, 2003 ;
19. M. TODARO, Economic Development, 6ème
edition, Longman, Londres, 1997;
20. Organisation Mondiale du Commerce, L'Organisation
Mondiale du Commerce, Genève, 2014 ;
21. Organisations des Nations-Unies, Manuel des
traités, ONU, 2013.
22. Paul KRUGMAN, Pedding Prosperity: Economic Sense and
Nonsense in the Age of Diminished Expectations, W.W. Norton&Compagny,
New York, 1994 ;
23.
92
Patricia MAKAYA GABOUA, La stratégie de
diversification économique des pays des Grands Lacs, facteur de
stabilité et de développement : une analyse du Burundi, du Congo
et de la République Démocratique du Congo (RDC), 2017 ;
24. Philippe LEBAILLYA, Baudouin MICHELA et Roger NTOTOC,
Quel développement agricole pour la RDC ?, ERAIFT-ULG,
Kinshasa, 2015 ;
25. PISSOORT W., SAERENS P., Droit commercial
international, Larcier, Bruxelles, 2003 ;
26. Raymond-Alain THIETART, Méthodes de recherche
en management, DUNOD, 4 ème édition, Paris, 1999 ;
27. Raphael WINTREBERT, Libre-échange,
protectionnisme : comment sortir d'un faux dilemme ?, Fondation pour
l'innovation politique (FP), Paris, septembre 2007 ;
28. S. Poillot PERUZZETTO et M. LUBY, Le droit
communautaire appliqué à l'entreprise, Dalloz, Paris, 1998
;
29. Sem MBIMBI Pascal et Cornet Annie, Méthodes de
recherche en science économiques et de gestion, Edition
universitaire européenne, presse universitaire de Lubumbashi,
Lubumbashi, 2018 ;
30. T. TREFON et B. NGOY, Parcours administratifs dans un
Etat en faillite : récits populaires de Lubumbashi (RDC),
l'Harmattan, Paris, 2007.
31. Union Africaine, Guide de l'Union africaine 2019,
6ème édition, Commission de l'Union africaine,
Addis-Abeba, 2014
32. Vincent P., Economie internationale, Larcier,
Bruxelles, 2013 ;
33. V., B. AUDIT, Droit international privé,
4ème édition, Economica, 2006.
IV. THESE
1. Laila MKIMER-BENGELOUNE, Modélisation des
barrières non tarifaires et leur impact sur les échanges
internationaux : une application aux pays méditerranéens,
Economies et finances, thèse, Université de Toulon, 2013.
V. ARTICLES DES REVUES
1. André CHARLES, « Le libre-échange et les
pays sous-développés : stimulant ou frein de la croissance
économique ? », dans Revue économique, volume 19,
n°3, 1968, page 475.
2.
93
94
Batyah SIERPINSKI, « Les Etats fragiles et le droit
international : la fragilité économique », dans Civitas
Europa, 2012, N°28 ;
3. Gérard BOUCHARD, Christian POUYEZ et Raymond ROY,
« Le classement des professions par secteurs d'activité :
aperçu critique et présentation d'une nouvelle grille »,
dans Actualité économique, volume 55, N°4, HEC
Montréal, 1979 ;
4. Jean-Marie HARRIBEY, « Libre-échange ou
protectionnisme : un faux dilemme ? », dans Le monde Libertaire,
Hors-série, N°54, mars-avril 2014 ;
5. HERSHBERG, M. KATZ, S. BLUMIN et alii, «Occupation
and Ethnicity in Five Nineteenth-Century Cities: A collaborative Inquiry»,
dans Historical Methods Newsletter, volume 8, N°3, 1974.
6. Langrod G., « Quelques réflexions
méthodologiques sur la comparaison en science juridique », dans
Revue internationale de droit comparé, volume 9, N°2,
avril-juin, 1957 ;
7. Laurent NGOY DJIBU, « La théorie du
protectionnisme en matière de commerce international », dans
ISSR Journals, Vol 24 No., 2018 ;
8. Max MAURIN, « J.M. Keynes, le libre-échange et
le protectionnisme », dans L'actualité
économique, volume 86, N°1, HEC Montréal, mars 2010.
9. RESEAU FINANCITE, PATERNOTTE et Valery, « Pour
changer la finance, apprendre à compter : le PIB c'est quoi », dans
Analyse, Réseau Financité, 25 septembre 2918 ;
10. Vandama SHIVA, « A propos des recettes d'OXFAM pour
le tiers-monde », dans GRESEA ECHOS, N°37, 2003 ;
11. V., Ph. KAHN, « Droit international
économique, droit du développement, lex mercatoria, concept
unique ou pluralisme des ordres juridiques ? », dans Mélanges
B. Goldman, Litec, 1982, page 97.
VI. COURS
1. Gérard KATAMBWE MALIPO, Cours de Droit
communautaire économique africain, faculté de Droit,
Université de Lubumbashi, année académique 2018-2019 ;
2. Ibrahima KHALIL DIALLO, Cours de droit du commerce
international, Licence III, FSJP, 2010-2011 ;
3. Laurent NGOY DJIBU, Cours de Droit commercial II :
Droit du commerce international et contrats commerciaux, faculté de
Droit, université de Lubumbashi, année académique
2019-2020 ;
4. Laurent NGOY NDJIBU, Cours des relations
économiques internationales, faculté de droit,
Université de Lubumbashi, année académique 2018-2019 ;
5. Mohammed ABDELLAOUI, Cours de Macro-économie,
faculté des sciences juridiques, économiques et sociales,
université Sidi Mohammed Ben Abdellah, année académique
2014-2015.
VII. MEMOIRES
1. Prince-Marck MUDIMBI NGOY, Etude par secteur
économique des activités des petites et moyennes entreprises et
leur apport dans le développement de la ville de Lubumbashi en RDC,
mémoire de licence en économie publique, Université de
Lubumbashi, 2011.
VIII. ARTICLES ET DOCUMENTS CONSULTES EN
LIGNE
1. AfricaExclusive, Les données sur les
Entreprises industrielles Mises à jours, 2018, consulté
sur
www.africaexclusive.net,
le 16 mai 2020 à 13h45.
2. Alain LAMBERT, PIB, PIB par habitant, niveau de vie,
pouvoir d'achat, bien-être : quelques explications,
Economie&Finances, 24 aout 2005,
www.alain-lambert.org,
consulté le 29 mars 2020 à 17h30 ;
3. Amédée MWARABU, « Albert Yuma sceptique
sur les gains que la RDC peut tirer de la Zone économique de
libre-échange continental », in Actualités,
Deskeco, 2 mars 2020,
www.deskeco.com,
consulté le 19 mai 2020 à 2020.
4. Congovirtuel, Entreprises privées RDC,
www.congovirtuel.com,
consulté le 15 mai 2020 à 11h32.
5. Christian SCHNEIDER, L'Histoire du
Libre-échange et du protectionnisme, Midi Insoumis, Populaire et
Citoyen, septembre 2019,
www.gauchemip.org,
consulté le 24 mars 2020 à 17h57 ;
6. BANQUE MONDIALE, Libre-échange, effects
économiques et redistributifs, 27 juillet 2020,
www.banquemondiale.org,
consulté le 15 octobre 2020 à 15h12 ;
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Gilles J. GUGLIEMI, Droit du commerce international,
Drôle d'en-Droit,
www.guglielmi.fr,
consulté le 21 mars 2020 à 21H00 ;
8. Jean-René BOMPOLONGA, Importation des produits
alimentaires : la RDC perd plus d'un milliard des dollars par an, Iephare,
2011,
www.Iephareonline.net,
consulté le 16 mai 2020 à 11h36.
9. Lepetit BAENDE, « La RDC va importer 5 millions de
tonnes de maïs de la Zambie » in Actualités, Deskeco,
Kinshasa, 2019,
www.deskeco.com,
consulté le 16 mai 2020 à 12h16.
10. Le Petit BAENDE, « Les députés
renvoient en commission le projet de loi sur la ZLECAF et adoptent un autre
accord de crédit de 250 millions USD », in
Actualités, Deskeco, 11 décembre 2019,
www.deskeco.com consulté le
19 mai 2020 à 21h09.
11. Mathilde DAMGE, Comprendre le déficit
commercial en trois graphiques, Le Monde, 4 mars 2014,
www.lemonde.fr,
consulté le 8 avril 2020 à 13h34 ;
12. Ministère de l'économie et des finances,
L'économie de la RD Congo, Trésor Direction
générale, 16 janvier 2020,
www.tresor.economie.gouv.fr,
consulté le 11 avril 2020 à 14h27.
13. Madimba KADIMA-NZUJI, Selon l'OMC, la RDC doit
accélérer les réformes pour que la croissance deviennent
sociale, 2016,
www.agenceecofin.com,
consulté le 25 mai 2020 à 16h21.
14. Pierre Morgan, les richesses minières de l'Afrique
: Une malédiction ?, France info (Afrique), 2017,
www.franceinfo.fr,
consulté le 3 mars 2020 à 15h09.
15. Yasuyoshi CHIBA, « Le libre-échange en
Afrique, au-delè des obstacles, la croissance », in Le Monde
Afrique, économie, 2019,
www.Lemonde.fr, consulté le
15 octobre 2020 à 14h39.
96
97
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE I
AVANT-PROPOS II
REMERCIEMENTS III
DEDICACE IV
LISTE DES ABBREVIATIONS V
INTRODUCTION GENERALE 1
I. OBJET D'ETUDE 1
II. CHOIX ET INTÉRÊT 4
A. CHOIX 4
B. INTERET 4
III. ETAT DE LA QUESTION 5
IV. PROBLEME ET HYPOTHÈSE 8
A. PROBLEME 8
B. HYPOTHÈSE 10
V. MÉTHODES ET TECHNIQUES 12
A. MÉTHODE 13
1. La méthode exégétique 13
2. La méthode comparative 13
B. TECHNIQUE 14
1. La technique documentaire 14
2. Technique d'observation directe 14
VI. DELIMITATION DU SUJET 15
A. DELIMITATION TEMPORELLE 15
B. DELIMITATION SPATIALE 15
C. DELIMITATION SCIENTIFIQUE 15
VII. SUBDIVISION DU TRAVAIL 15
Chapitre I. CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE COMMERCE
INTERNATIONAL,
LE LIBRE-ECHANGE CONTINENTAL ET LE PRODUIT INTERIEUR BRUT
17
Section 1. LE COMMERCE INTERNATIONAL 17
§1. Définition du commerce international 17
1. Raison d'être du commerce international 18
2. Evolution des relations commerciales internationales 18
3. Droit communautaire et commerce international 20
A. Droit matériel 20
B. Droit international privé 20
§2. Principes du commerce international 21
1. Principe de la non-discrimination 21
A. La clause de la nation la plus favorisée 21
B. Le principe du traitement national 22
2. Le principe de réduction des droits de douanes et
leur consolidation 22
§3. Acteurs et sources du commerce international 23
1. Les acteurs 23
A. Les Etats 23
B. Les organisations internationales 24
1). Organisation mondiale du commerce (OMC) 25
2). Institutions onusiennes 26
3). Union africaine (UA) 27
4). Communautés économiques
régionales (CER) 28
C. Les organisations privées 29
D. Les commerçants et les sociétés
commerciales 29
1). Le siège social comme critère
déterminant 30
98
2). Les critères subsidiaires 31
2. Les sources 31
A. Les sources nationales 32
B. Les sources internationales 32
1). Les conventions et traités internationaux
32
2). La lex mercatoria 33
Section 2. LA POLITIQUE DU LIBRE-ECHANGE ET SES FONDEMENTS
THEORIQUES
34
§1. Définition du libre-échange 34
§2. Historique de la notion 34
§3. Fondements théoriques de la politique du
libre-échange 35
1. Théorie de l'avantage absolu 35
2. Théorie de l'avantage comparatif 36
§4. Libre-échange et protectionnisme 37
1. Approche libre-échangiste 38
2. Approche protectionniste 39
Section 3. PRODUIT INTERIEUR BRUT 41
§1. Définition du produit intérieur brut
41
§2. Rôle du produit intérieur brut 41
§3. Evolution des PIB des Etats africains de la zone de
libre-échange du continent africain selon
le rapport de 2019 de la banque africaine de
développement (BAD) 42
Chapitre II. DE L'IMPACT DU LIBRE-ECHANGE CONTINENTAL SUR
L'ACCROISSEMENT DE L'ECONOMIE ET DU PIB DE LA RDC 48
Section 1. LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE AFRICAINE
(ZLECAf) 48
§1. Accord portant création de la zone de
libre-échange continentale africaine du 21 mars 2018
et ses protocoles 48
1. Champ d'application 49
99
100
2. Objectifs 49
A. Objectifs généraux : 49
B. Objectifs spécifiques : 50
3. Principes 50
4. Cadre institutionnel de mise en oeuvre de la ZLECAF 51
A. La Conférence 51
B. Le Conseil des ministres 51
C. Le Comité des hauts fonctionnaires du commerce
53
D. Le Secrétariat 53
§2. Protocole sur le commerce des marchandises de 2018
55
1. Objectifs 55
2. Principes 55
3. Exceptions 56
§3. Protocole sur le commerce des services de 2018 60
1. Objectifs 60
§4. Protocole sur les règles et procédures
relatives au règlement des différends de 2018 61
1. Cadre institutionnel du règlement des
différends 61
A. L'Organe de règlement des différends (ORD)
61
2. Procédure 62
§5. Opportunités économiques de
l'adhésion à la ZLECAf 63
Section 2. L'ESSENTIEL DE L'ECONOMIE CONGOLAISE 64
§1. Au niveau du secteur primaire 64
§2. Au niveau du secteur secondaire 65
§3. Au niveau du secteur tertiaire 68
§4. Difficulté d'un impact du
libre-échange au regard des secteurs économiques du pays 69
Section 3. DEFIS A RELEVER POUR UN MEILLEUR IMPACT DU
LIBRE-ECHANGE
72
§1. Le poids du protectionnisme de la RD Congo 72
1. Taxes en vigueur et perçues par la DGDA à
l'importation 73
A. Barrières tarifaires 73
B. Barrières non tarifaire 75
2. Ineffectivité du libre-échange en RD Congo
76
§2. Les défis majeurs de la diversification
économique en RD Congo 78
1. Défis du secteur agricole 78
A. L'agro-industrie 79
B. Renforcer les capacités techniques et
organisationnelles des institutions publiques et
privées d'appui à la production 79
C. Redynamiser le cadre institutionnel posé par la loi
N°11/022 du 24 décembre 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à l'agriculture. 80
1). Responsabilités de l'Etat congolais 80
2). Les innovations à pérenniser 81
2. Défis du secteur de l'industrie 81
A. Orienter les actions du Fonds de Promotion de l'Industrie
vers les secteurs stratégiques de
la RD Congo 82
3. Autres défis socio-politico-économique 84
§3. Propositions pour une concrétisation des
objectifs clefs de la ZLECAf et de l'intégration
communautaire. 84
CONCLUSION GENERALE 86
BIBLIOGRAPHIE 89
TABLE DES MATIERES 96
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