Chapitre 2: Les facteurs socio-
démographiques
La composition socio - démographique de notre zone
d'étude fait ressortir divers groupes ethniques présents dans la
zone d'étude. Cette composition est liée à l'un des
objectifs de la vallée du Sourou qui est la sédentarisation de la
population burkinabé. Par le mariage ethnique et interreligieux, les
différents groupes sociaux ont fini par se familiariser mais autochtones
comme migrants ont gardé leurs pratiques coutumières.
2.1. La structure par âge et par sexe de la
population
Ces deux variables sont déterminantes dans la pratique
de l'agro-business. Elles rendent compte de la disponibilité en main
d'oeuvre potentielle pour les agro-businessmen et probablement des risques qui
les attendent.
L'étude de ces variables a pour objet d'évaluer
les moyens humains à la disposition des agro-businessmen pour servir
d'ouvriers agricoles. Le nombre d'adulte au sein de cette population retiendra
plus notre attention. Le tableau n°2.1 donne la composition :
Tableau n°2.1: Structure par sexe et par âge
des localités de notre d'étude
|
Population résidente par sexe
|
Population résidente par âge
|
|
Nombre de ménages
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
% femmes
|
0-14 ans
|
15-64 ans
|
65 ans et +
|
Age ND
|
Commune rurale de Di
|
4152
|
12 319
|
11 544
|
23 863
|
48,38
|
11 573
|
11 457
|
698
|
135
|
Villages
|
Débé
|
912
|
2 768
|
2 468
|
5 236
|
47, 14
|
2 463
|
2 644
|
85
|
44
|
Di
|
128
|
381
|
363
|
744
|
48,79
|
372
|
357
|
15
|
0
|
Niassan
|
865
|
2 386
|
2 126
|
4 512
|
47
|
2 221
|
2 206
|
66
|
19
|
Commune rurale de Lanfièra
|
3 229
|
9 548
|
9 269
|
18 817
|
49,26
|
8 819
|
8 819
|
9 175
|
86
|
Gouran
|
494
|
1 370
|
1 357
|
2 727
|
50
|
1 312
|
1 312
|
1 333
|
2
|
Source: INSD, (2009)
De ce tableau, il ressort que la proportion des hommes est
supérieure à celle des femmes (respectivement 51,62% et 48,38%
des effectifs). D'une commune rurale à l'autre ou d'un village à
un autre, c'est le même constat. Cette disparité se rencontre
aussi au niveau des âges. Cela serait lié au fait que l'aventure
est surtout l'affaire des hommes que des femmes. La main d'oeuvre des
agro-businessmen sera plus dominée par ceux-ci. D'autre part, la
pauvreté pourrait expliquer le nombre élevé d'hommes par
rapport aux femmes car se marier c'est prendre en charge les avantages ou les
problèmes qui y sont liés. En effet, pour la région de la
Boucle du Mouhoun comportant six provinces, dont le Sourou, l'incidence de la
pauvreté est de
30
60,4%. Cela représente 21,3% du taux national de
pauvreté et 9,6% à sa profondeur (CSLP, 2004: p.18).
2.2. Historique du peuplement et des mouvements
migratoires
Le peuplement des rives du Sourou s'est fait de façon
progressive. Chronologiquement, on trouve les Pana. Ils auraient occupé
d'abord la rive Ouest puis la rive Est. Ils sont aussi à l'origine des
villages de Poro, de Bounawé. Entre le XVè et le
XVIè siècle, ils seront rejoints par les Samo ou San
venus du Mandé comme les Pana. Actuellement, l'aire de peuplement des
Samo s'étend de la province du Sourou à la province du Nayala
principalement.
Quant aux Marka ou Dafing, ils sont à l'origine de la
création du village de Niassan et du Marché de Gouran. Leurs
activités principales sont l'agriculture et le commerce.
Au XXè siècle, la vallée
servira d'exécutoire aux fortes densités de la plaine centrale
suite à la famine qui a servi de prétexte pour la suppression de
la colonie de Haute Volta en 1932 et aux vallées infestées par
l'onchocercose. Les Sana sont aussi présents dans le Sourou. Leur zone
d'occupation est le village de Di où ils représentent 15 % de la
population (CISSE, 1999).
Les Peul et Rimaïbé sont aussi dans la composition
de la population du Sourou. L'élevage et l'agriculture sont leurs
principales activités. Les Dogons, les moosé ont
été aussi accueillis. Cette colonisation agricole des
Moosé de Yatenga en pays San commencée depuis le début du
XXè siècle s'accentuera en 1956 avec l'afflux massif
de migrants (27 000 personnes dans le cercle de Tougan et 4 000 dans celui de
Nouna). Pour accueillir les rapatriés de l'office du Niger en 1965, le
premier périmètre irrigué de la vallée du Sourou a
été créé avec le soutien de la Croix Rouge. Cette
colonisation sera aussi nourrie par le rêve des migrants et l'ignorance
sur les potentialités réelles du Sourou. Cela a été
motivé par l'Etat et les entreprises qui faisaient de la vallée
du Sourou, « la Côte d'ivoire d'à côté
» (BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, 2003). La recherche de l'argent
par les exploitants est aussi l'un des éléments de peuplement du
Sourou principalement après l'aménagement des 50 ha et des 500 ha
de Débé, les 203 ha des 610 ha aménagés à
Gouran pour l'agro-business. La pression démographique est aussi
évoquée. Enfin, la vision capitaliste de l'espace hydraulique par
les différents gouvernements est aussi un élément de
l'historique du peuplement de la vallée du Sourou. Elle a
favorisé le secteur privé avec l'introduction d'autres
catégories d'acteurs : les agro-businessmen.
Tous ces éléments imbriqués donnent un
taux de migrants internes compris entre 1,6 et 2,2% en 1996. Les communes
rurales de Di, et Lanfiéra, situées à la rive Est
rassemble le plus de personnes. Au total dans ces deux départements
entre 1986 - 1996, 15 000 personnes se sont ainsi établies.
Débé a vu sa population se multiplier par douze et Niassan par 8.
La population
31
dans ces villages s'est accrue à un rythme moyen de 70
- 102 % de 1985 à 1996. Di qui a bénéficié des plus
forts contingents a doublé sa démographie. La densité de
la population de la province est passée de 41 habitants à 68
habitants au km2 entre 1985 à 1996. Aussi, sur les 5 768
km2 de superficie des 171 villages de la province non seulement la
population a augmenté de 22 % mais aussi sa densité est
passée de 18 à 38 habitants au km2. La rive orientale
concentrait à elle seule 80 habitants au km2 de 1985 à
1996. Cette augmentation de la population est nettement supérieure
à celle du Mouhoun qui est de 3,9%.
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